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Ensilage 2009 : à chacun son maïs ! Cette année, les résultats d’analyses sont très hétérogènes. Les années précédentes il était assez facile de sortir des moyennes par région naturelle. Pour 2009, nous préférons vous donner des points de repères (ce que l’on aimerait voir comme optimum sur une analyse afin d’obtenir une bonne efficacité alimentaire). Page 1/3 EMC2 - En cas de mauvaise réception de ce fax, contacter le service Agronomie et Développement au 03 29 83 28 51 - Les Informations Techniques Régionalisées d’EMC2 PRODUCTIONS ANIMALES numéro 64 mercredi 14 octobre 2009 Analyse sur 250 échantillons récoltés en vert : A la lecture de ce tableau, il est difficile de tirer des conclusions générales. Seules, les analyses de chacun permettent d’adapter efficacement le conseil. On remarque toutefois que la teneur en cellulose brute est élevée et que celle en sucre est faible cette année. L’équilibre alimentaire dépend de la qualité des maïs mais aussi de la présence d’autres fourrages ou co- produits dans la ration. Aussi, il est nécessaire de faire appel à votre conseiller nutrition animale afin d’optimiser la ration en fonction : • du système d’alimentation (ration complète ou semi complète) • du niveau de production • du stade de lactation • du volume de lait qu’il reste à produire • des fourrages disponibles. Matière sèche : un taux élevé (> 33) entraîne une baisse de consommation Des taux de matières sèches élevés entraînent d’abord des problèmes de tassement de silos. Le taux de sucres solubles, très faible cette année dans la plante, ralentit l’acidification et provoque des échauffements importants des fronts d’attaques et à l’auge. Conséquence directe de ces taux de MS élevés : une baisse de l’ingestion et de l’efficacité alimentaire. En effet, des taux de MS > 33 % entraînent une baisse de la consommation de 1 à 2 kg de MS, donc une baisse du nombre d’UF consommés, une moindre production (inférieure de 2 à 4 litres) avec des effets directs sur les taux (TB et TP). Comment y remédier ? Utiliser de l’aliment concentré liquide qui favorise l’ingestion. L’aliment liquide a 2 gros avantages : • Il apporte des sucres rapidement fermentescibles qui vont manquer cruellement dans les rations. • Une valeur UF au kilo de MS qui est souvent au dessus de 1 UF et ce, sans encombrement. MS MAT CB NDF ADF (NDF-ADF) / NDF Sucres Solubles DMO GLUCIDES RUMINAUX AMIDON UFL UFV Moyenne 2009 34 7,34 20,4 45,5 24,4 46% 2,1 71 439 31,7 0,87 0,76 Mini 26 5.8 17,6 41,7 21 42% 0,5 68,7 398 24 0,80 0,70 Maxi 48 9 24,4 52 29 49% 8 73,5 500 39,6 0,91 0,84 Rappel 2008 32 7,5 18,2 41 21 47,5% 7,5 72,4 452 30,3 0,90 0,79 Objectif 32 7,5 18,5 43 22 49% 7,5 72,5 450 30 0,92 0,80 MS : Matière Sèche - MAT : Matière Azotée Totale - CB : Cellulose Brute - NDF : Neutral Detergent Fiber - ADF : Acid Detergent Fiber - DMO : Digestibilité de la Matière Organique - UFL : Unité Fourragère Lait - UFV : Unité Fourragère Viande.

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Ensilage 2009 : à chacun son maïs !Cette année, les résultats d’analyses sont très hétérogènes. Les années précédentes ilétait assez facile de sortir des moyennes par région naturelle. Pour 2009, nous préféronsvous donner des points de repères (ce que l’on aimerait voir comme optimum sur uneanalyse afin d’obtenir une bonne efficacité alimentaire).

Page 1/3EMC2 - En cas de mauvaise réception de ce fax, contacter le service Agronomie et Développement au 03 29 83 28 51 -

L e s I n f o r m a t i o n s T e c h n i q u e s R é g i o n a l i s é e s d ’ E M C 2PRODUCTIONS ANIMALESnuméro 64mercredi 14 octobre 2009

Analyse sur 250 échantillons récoltés en vert :

A la lecture de ce tableau, il est difficile de tirer des conclusions générales. Seules, les analyses de chacunpermettent d’adapter efficacement le conseil. On remarque toutefois que la teneur en cellulose brute est élevéeet que celle en sucre est faible cette année.L’équilibre alimentaire dépend de la qualité des maïs mais aussi de la présence d’autres fourrages ou co-produits dans la ration.Aussi, il est nécessaire de faire appel à votre conseiller nutrition animale afin d’optimiser la ration enfonction :• du système d’alimentation (ration complète ou semi complète)• du niveau de production• du stade de lactation• du volume de lait qu’il reste à produire• des fourrages disponibles.

Matière sèche : un taux élevé (> 33) entraîne une baisse de consommationDes taux de matières sèches élevés entraînentd’abord des problèmes de tassement de silos. Le tauxde sucres solubles, très faible cette année dans laplante, ralentit l’acidification et provoque deséchauffements importants des fronts d’attaques et àl’auge.

Conséquence directe de ces taux de MS élevés :une baisse de l’ingestion et de l’efficacité alimentaire.En effet, des taux de MS > 33 % entraînent unebaisse de la consommation de 1 à 2 kg de MS,donc une baisse du nombre d’UF consommés, unemoindre production (inférieure de 2 à 4 litres) avecdes effets directs sur les taux (TB et TP).

Comment y remédier ? Utiliser de l’alimentconcentré liquide qui favorise l’ingestion.L’aliment liquide a 2 gros avantages :

• Il apporte des sucres rapidement fermentesciblesqui vont manquer cruellement dans les rations.

• Une valeur UF au kilo de MS qui est souvent audessus de 1 UF et ce, sans encombrement.

MS MAT CB NDF ADF (NDF-ADF) /NDF

SucresSolubles DMO GLUCIDES

RUMINAUX AMIDON UFL UFV

Moyenne 2009 34 7,34 20,4 45,5 24,4 46% 2,1 71 439 31,7 0,87 0,76Mini 26 5.8 17,6 41,7 21 42% 0,5 68,7 398 24 0,80 0,70Maxi 48 9 24,4 52 29 49% 8 73,5 500 39,6 0,91 0,84

Rappel 2008 32 7,5 18,2 41 21 47,5% 7,5 72,4 452 30,3 0,90 0,79Objectif 32 7,5 18,5 43 22 49% 7,5 72,5 450 30 0,92 0,80

MS : Matière Sèche - MAT : Matière Azotée Totale - CB : Cellulose Brute - NDF : Neutral Detergent Fiber - ADF : Acid Detergent Fiber- DMO : Digestibilité de la Matière Organique - UFL : Unité Fourragère Lait - UFV : Unité Fourragère Viande.

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Page 2/3FlashInfo Technic Productions Animales n°64 du 14/10/09 - EMC2.

Taux de cellulose, NDF, ADF, DMO : une attention très particulièreAu-delà du taux de cellulose, il est important de bienconnaître la digestibilité de ses maïs. En effet, sil’amidon peut se dégrader dans le rumen et dansl’intestin, ce n’est pas le cas de la cellulose qui nepeut se dégrader que dans le rumen.

Les taux de cellulose élevés n’augurent pasnécessairement d’une bonne digestibilité.Pour cela, NDF, norme corrélée très fortement au tauxde cellulose, donne l’intégralité des différentescelluloses (hémicellulose, cellulose et lignine).Par contre, ADF, indique la partie de cellulose et delignine peu digestes.

Aussi, il est important de déterminer la proportiond’hémicellulose et de cellulose rapidementdégradable dans le rumen et contenue dans la plante.Ensuite, il est intéressant de la traduire en % du NDF.Plus cette part est importante plus le maïs estdigestible.

L’hémicellulose est un sucre “rapide” nécessaire quiaccompagne la dégradation de l’azote soluble ou nonprotéique dans le rumen. Il a en quelque sorte un effet“starter” qui conditionne l’efficacité de la dégradationde l’ensemble de la famille cellulose et de la ration.

Maïs 1 : Maïs 2 :Cellulose: 19.6 Cellulose : 19.8NDF : 43.3 et ADF : 23.5 NDF : 45.8 et ADF 23.8NDF – ADF = 19.8 NDF – ADF = 22(NDF-ADF)/NDF = 45.7% (NDF-ADF)/NDF = 48%

A première vue, ces 2 maïs sont identiques et tropélevés en terme de taux de cellulose.Comment y remédier ? Augmenter la fraction decellulose digestible et de sucre.Tout se joue entreNDF et ADF.

Dans le premier cas, il n’y a pas assez de cellulosedigestible (45,7 %). Un apport de pulpe de betteraves’avère donc nécessaire pour compléter le tauxd’hémicellulose et de sucre dans le rumen (malgré unapport de 1 l d’aliment liquide) afin d’apporter l’énergieindispensable pour les synthèses protéiques.Par contre, si vous disposez d’ensilage d’herberécolté avant le 20 mai, un apport de 3 à 4 kg dematière sèche sera suffisant. L’effet sera identique àl’apport de pulpe de betterave. L’écart NDF-ADF esten général suffisant pour combler le déficit du maïs.

Dans le cas du maïs 2, l’apport de sucre de l’alimentliquide est suffisant.Dans le même temps, un apport d’azote rapidementdégradable dans le rumen est indispensable afind’alimenter les bactéries cellulolytiques.

Sucres de l’aliment concentré liquide +hémicelluloses et pectines de la pulpe debetteraves ou ensilage d’herbe + une fractiond’azote soluble assurent une bonne dégradationde la cellulose donc une bonne efficacitéalimentaire.

Rappelons à ce niveau qu’il est très important dechoisir des variétés de maïs très digestes. Notreservice agronomie travaille en synergie avec leservice technique PA de COPAM et attache uneattention très particulière à ce critère dans le choixdes variétés testées sur les plates formesd’essais. Un faible DINAG (unité de valeur quiindique la digestibilité de la cellulose) , c’est unevaleur UF diminuée, qui entraîne une moindreproduction de lait et une perte de marge brute àl’hectare de maïs qui peut atteindre plusieurscentaines d’euros à l’hectare.

Quelques euros de moins à la dose peuvent avoirdes répercussions nutritionnelles et économiquesgraves.

Amidon, sucres et glucides ruminauxLes maïs de cette année sont en général bien pourvusen amidon et pauvres en sucres.Cependant, il ne faut pas oublier quelques règles ouprincipes :

• Qualité de l’amidon : cette année, comme lemontrent bien les 250 résultats d’analyses de maïsen vert, les taux de sucres sont bas. Une bonnepartie des maïs récoltés a subi un déficit de

pluviométrie en août avec un coup de chaud. De cefait, les sucres contenus dans la plante ont migrérapidement vers l’épi afin d’achever la formation dugrain et assurer ainsi un bon taux d’amidon.Seulement, cet amidon a évolué très vite pourdevenir vitreux. De ce fait, il est peu disponible dansle rumen, peu ou moins digeste et ce, jusqu’à la finde stabilisation des silos en janvier.

2 exemples de maïs

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Page 3/3FlashInfo Technic Productions Animales n°64 du 14/10/09 - EMC2.

Matière azotée totale : diversifier les sources de protéines

Les glucides ruminaux qui figurent sur votre résultatd’analyse sont de bons indicateurs des glucidesdisponibles dans le rumen. Cependant, dans dessituations un peu exceptionnelles comme expliqué ci-dessus, le calcul ne tient pas compte de la qualitéréelle de l’amidon (il n’y a pas de moyen exact de lecalculer, ce n’est qu’un indicateur à prendre avecprécaution).

• Amidon et cellulose : une question d’équilibre !Posséder de l’amidon c’est bien, trop cela peut êtretrès dangereux ! Aussi, il est important de bienrespecter en plus de l’équilibre énergie-azote, unéquilibre dans le rumen qui permette à la floreamylolytique et cellulolytique de cohabiter de façonharmonieuse dans un milieu favorable. Pour cela, il

faut éviter l’acidose et ne pas avoir un pH trop bas. Ilest donc impératif de ne pas dépasser ce fameuxrapport Amidon/Cellulose de 1,5. Au delà, unapport de cellulose sera impératif même en platunique.En tout état de cause, n’ajoutez pas de céréales oude maïs grain humide a du maïs plat unique. Bienentendu, si le rapport Amidon/Cellulose est < 1,5 iln’y a pas de contre indication à l’apport d’ensilaged’herbe.

Ce n’est pas parce que l’énergie amidon descéréales est économiquement intéressante qu’ilfaut l’utiliser à tout prix et à mauvais escient.Cela ne peut qu’entraîner une mauvaiseefficacité alimentaire.

Au-delà des valeurs en MAT du maïs qui, de toutefaçon, sont toujours basses, il faut attacher del’importance à la qualité et à la diversité des protéinesque vous apportez. L’alimentation azotée est aussiune clé de réussite de l’efficacité alimentaire. Onpeut la comparer à une fusée à étages, avec desmoteurs et des carburants différents qui sedéclenchent tout au long du voyage pour la mise enorbite.Trop ou pas assez de l’un ou de l’autre et c’estl’échec. Aussi, le choix de la protéine ne seraisonne pas uniquement à partir du prix du pointde protéine. En effet et encore plus cette année, ilest indispensable de disposer de différentes sourcesazotées, pour une bonne efficacité alimentaire et enpriorité une bonne valorisation des fourrages (ce quicoûte le moins cher à produire).

1) Azote rapidement dégradable comme l’urée, pour“lancer” le bol alimentaire, à condition de ne pasdépasser 25 g/100 kg de poids vif (150 g environpour une vache) et d’apporter l’énergie rapidementfermentescible nécessaire. Sinon, il y a excèsd’ammoniaque, taux d’urée élevé, gaspillage del’azote et des risques sanitaires (liés souvent à lareproduction). Il faut donc veiller à ce que lerapport (PDIN-PDIE)/UFL n’excède pas 4.

2) Vient ensuite le tourteau de colza rapidementdégradable qui accompagne la dégradation despectines et des hémicelluloses.

3) Le tourteau de soja qui accompagne la dégradationd’une partie des hémicelluloses, de la cellulose etde l’amidon.

4) Enfin, des protéines protégées (PDIA) quipermettent une production laitière améliorée avecune dégradation dans l’intestin.

Un manque d’azote dans la ration limite aussil’ingestion.

Bien entendu, et au préalable à tout bon équilibrealimentaire, il est indispensable de vérifier la fibrositéde votre ration (finesse de hachage du maïs au silomais aussi de la ration passée dans la mélangeuse).Pour cela, les techniciens nutrition animale COPAMdisposent de tamis. Il est aussi indispensabled’observer et “d’écouter les vaches” car ce sontelles qui ont raison :

• 60 % au moins des vaches doivent ruminer au repos• 60 coups de gueule (minimum) par bol alimentaire• observation, lavage et tamisage des bouses pourcomprendre ou valider le fonctionnement du rumen.

• Contrôler les taux (TB et TP)• Vérifier l’efficacité alimentaire (lait produit par lesfourrages)

• Contrôler le taux d’urée dans le lait

Il y a encore bien d’autres paramètres à prendre encompte, aussi, n’hésitez pas à appeler votretechnicien nutrition Copam. Il est impératif demaximiser l’efficacité alimentaire, de produire aumaximum le lait par les fourrages. Pour cela, il fautréussir la bonne combinaison de tous les élémentsque nous avons évoqués tout au long de cet article etqui sont à géométrie variable.

Il n’y a pas de “recette miracle” c’est pourquoi nous sommes à votre disposition pourtrouver les solutions les mieux adaptées à votre exploitation.