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UNE MARQUE INCONNUES

DU TYPOGRAPhE CLAUDE GARNIER

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René FAGE

ixtiaiL (lu Bulletin de la Societé arClHOtOffiqUe et historique du Limousin

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IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE LIMOUSINESDtJCOURTIEUX ET GOTJT

Librakes d la Société Archéologique du Limousin et de ta Suciété Gay-Lussac

RUE DES ARÈNES, 71913

Document

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UNE IMPRESSION

UNE MARQUE INCONNUES

du typographe Claude Garnier

Dans la notice que le savant et regretté Glaudiri a consacrée,en 1894, à l'imprimeur Glande Garnier (1), nous trouvons l'énuinération cL la description (le tous les ouvrages, connus jusqu'alors, sortis des presses de cet habile typographe limousin.La liste n'en est pas longue onze livres datés, de 1520 à 1557,et quatre ne portant pas de date.

En voici les titres rangés par ordre chronologique1520. - Breviarium celebris Monaslerii Sancli 1Jarcialis

(Martin Berton et Claude Garnier sont associés).1522. - Couslumier du pays (le Poilou.1523. - Mjssale insignis ecclesie Xanlonensis.

(1) Notes pour servir à l'histoire de l'imprimerie à Limoges L'imprimeuClaude Garnier et ses pérégrinations (1520-1557), par M. A. Claudin (dansle Bibliophile limousin, octobre 1893 et janvier 1894).

Sur Claude Garnier et ses impressions, voir Le Bréviaire de l'Abbaye deSaint-Martial de Limoges (1520), par M. Fray-Fournier (dans le BibliophileLimousin; janvier 1893); - Les Manuscrits et imprimés à l'exposition deLimoges, par M. Paul Ducourtieux (dans le Bull. de la Société archéol. ehist. du Limousin, T. XXXV, pp. 122-123); - Les premiers imprimeurs deLimoges, par Louis Guibert (1893), p. 41; - Les Garnier elles Berton, parFranck Delage (Bibliophile limousin 1905, p. 07); -Voir aussi Les Marquestypographiques des imprimeurs de Limoges, par Paul Ducourtieux (1890),P. 8.

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1523. - ? .fissale ad usum insignis ecclesie En golismensis (com-mencé en 1523, ce livre ne sortit de l'atelier de Garnier qu'en1525).

1524, - Missale Piclaviense.1524. - S!Jnlaxis Johannis Despauterii.1526. - Breviarium A ginnense.1528. -- Ordinurium devolarrim inedilalion uni.1528. - - Opus ,nf)ralitalurn.1553. -- Missale percelebris Lernovicensis ecclesie.1555. -- BreL'iarium ad usum ecclesie Lernovicensis. (Ce livre

ne fut livré qu'eu 1557.)

SANS DATE

- - Extraits de plusieurs saincis docteurs.•Recueil de prières et cérémonies à l'usage des cordeliers.

Manière de se conduire d'une femme séculière.- Anciennes (sic) et oraisons des saincis et saincles.Nous savons, par un registre de la confrérie de Notre-Dame-

la-Joyeuse, qu'en outre des ouvrages dont les titres précèdent,Claude Garnier a imprimé, de 1545 à 1562, pour le compte (leladite confrérie, un certain nombre de Chansons de Nol et deChansons des Rois (1).

On remarquera qu'entre les années 1528 et 1545, il n'est faitmention d'aucun produit des presses de Garnier. Les quatreouvrages sans date ne suffiraient pas à combler ce vide; ilsparaissent, d'ailleurs, avoir été imprimés entre 1550 et 1557.Claude Garnier avait quitté Limoges en 1529 et n'y était revenuque vers 1545. Pendant ses pérégrinations dans le Midi, sonatelier de Limoges resta fermé; la réouverture en est marquéepar ces mentions du registre de la confrérie de Notre-Dame-la-Joyeuse : « (1545-1546 - A Claudo Garnier, pour enprymnarlas chansous dous vet. X s. --- (1550-1551) : -- Pour faire impri-mer les chansons du ceir rie Noel, bailhé à Glaude Granier (sic),XV s. VII d. (2) . et par l'impression du Missel de 1553. Ledernier ouvrage à date connue de cette seconde période est leBréviaire de Limoges, imprimé en 1555, mais dont le titre ne futcomposé qu'en 1557, après l'obtention de l'autorisation épisco-pale.

(1) Les Garnier et les Berlon, par M. Franck Delage.(2) Ibid.

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En terminant sa notice, M. Claudin laissait entendre que,malgré ses très minutieuses recherches, la liste des impressionsde Garnier ne pouvait être définitivement close et il émettait lesouhait qu'une circonstance heureuse nous fit découvrir quelquenouveau produit de ses presses.

Cette circonstance vient de se produire. M. Eusèbe Bombai,le poète et l'érudit bien connu, l'historien d'Argcntat, me mon-trait dernièrement quelques-uns des livres précieux de sa collec-tion. Mon attention fut attirée par les caractères gothiquesd'un in-80 incomplet du titre et des premiers feuillets. Le colo-pilori me prouva que j'avais en main une impression, non encoresignalée, de Claude Garnier.

Voici le texte du colophon qui nous fait connattre le titre del'ouvrage, le nom de l'imprimeur et la date de l'impression

Finit officiarum curatoruni secundum usum ecclesic calhedralisbeali plhonarlyris et archiler'ite Siephani et dioce.çis Lemovicensisfideli studio revisum correctuin diligenter ernendaiu,n, et peropiirneordinalum et complelum, et plu ra officia couva de novo composilaImpressum que Lemovicis per Claudium Garnier in crie impres-soria non minime experlurn co,nmoranlem prope Sanclum Mi-chaelen de Leonibus. Anno ab incarnatione Domini ,nillesimoquingenlesimo qit inquagesiino quarto.

Le livre a 0.195 de hauteur sur 0,137 de largeur. Il se com-pose de 87 feuillets paginés. Le titre et les 15 premiers feuilletsmanquent dans l'exemplaire de M. Bombai; le surplus est enbon état de conservation. Vingt-trois lettres ornées, disséminéesdans le texte, sont sur fond noir pointillé. Il y a de nombreusesrubriques en rouge. Certaines parties de l'ouvrage contiennentle chant noté sur des portées de quatre lignes rouges.

Quoique la majeure partie du texte soit en latin, on peut rele-ver un certain nombre de passages en français, tels que desprières et des recommandations à faire aux prônes. En voici quel-ques exemples

s Bonnes gens les commandemens de Dieu et de nostre mèresaincte église je vous les recommande tant comme je puis etscays.» Les commandements de l'église ne sont qu'au nombrede cinq; le sixième, ajouté par le concile de Trente, n'était pasencore promulgué.

« Nous prierons pour tous loyaulx marchans et marchandes,pour tous bourgcoys et bourgeoyses et pour tout le peuplecommun que notre Seigneur par sa grâce doint a ung chascun

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si bonnement et si loyalement maintenir son estait et sa mar-chandise et tellement user des biens temporeiz et transitoires dece monde, que finalement, ils en puissent acquérir les bienseterneiz et pardurables de la gloire du Paradis. »

« Nous prierons pour toutes femmes grosses que nostre sei-gneur par sa grace leur doint briesve et joyeuse délivrance etque le fruict quelles ont par devers elles puisse parvenir ausainctz fons de bapterne et que les sainctz sieges en puissentestre pares et remplis. »

L'ouvrage tient du Rituel et du Formulaire; il donne les règlesà observer dans les cérémonies religieuses et dans l'administra-tion des sacrements, et aussi des formules d'actes, de rescrits,de lettres et de certificats. La table des matières reproduit lestitres des cinquante chapitres qui le composent.

Sur le verso du dernier feuillet., on voit une vignette de 0,065de hauteur sur 0,045de largeur, qui ne ressemble pas aux mar-ques déjà connues de Claude Garnier. La marque du Bréviairede Saint-Martial, qu'il imprima avec Mart.in Berton en 1520,représente les patrons des deux associés, saint Claude et. saint'Martin. Le bas de cette gravure, dans le seul exemplaire connu,est déchiré et devait porter sur un écu les initiales des deux im-primeurs, C. G. et M. B. (1).

Quand l'association eut pris fin, Claude Garnier n'en continualias moins l'emploi de cette marque, niais il fit disparaître del'écu les lettres M. B. (2).

Dans la seconde période de son exercice à Limoges, il adopteune nouvelle marque que nous voyons sur le Breviarium ad usumeccles je lemovicensjs de 1557. Dans les airs, au-dessus d'unesphère, ou globe du monde, deux cigognes luttent et se dispu-tent un poisson. Le sujet est encadré dans un cartouche où onlit : honora pairem e! enalrem (3). Avec quelques variantes cette

(1) Voir in reproduction de cette marque dans le Bibliophile limousind'avril 1893.

(2) Cf. Ordinarium devoiarrzm rnedilalionum, 1528; Opus nuoralilalum1528. Voir la reproduction de la marque dans le Bibliophile limousin d'oc-tobre 1893 cl ci-contre.

(3) La reproduction de cette marque est dans le Bibliophile limousin dejanvier 1894. Nous la donnons plus loin.

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marque devint celle de Sébastien Nivelle, libraire cL imprimeurParis de 1550 à 1603 (les cigognes se disputent un serpent),

et celle de Martin Nuvt.s, libraire et imprimeur à Anvers de. 1542

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à 1620 (les cigognes tiennent un poisson dans leurs becs): madans ces deux marques la sphère terrestre n'exisLe pas (I).

(1) Cf. L.-C. SILVESTRE, Marques typographiques, 1867, 2 vol. in-8.

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L'Officiaruin curalorum que possède M. B]nba1 a, sur ic versodu dernier feuillet, une marque ou vignette dont le sujet allé-gorique, difficile à comprendre, est absolument différent de ceux

Breuiarium ad vfumecclelie LemouiccnLis,authorita-te & iuffu reuerc'tidi dommi epif.copi3c confilio & opera venerabuis Capituli eiufdern ecdcLiie ac.curare excuffum.

Honora pat rem & matrem.Exo. xx.

Lemouicis in Tdi busClaudij Garnier.

M. D LVMarque du Breviarium de 1555

qui avaient été signalés jusqu'à présent. Sur un piédestal cu-bique, s'élève une colonne cylindrique dont le chapiteau sert desupport à deux bras de potence formés d'arabesques et de feuil-lages. Au bout de chacun des bras pend une couronne avec unefleur centrale. Derrière la colonne, deux personnages, armés degrands sabres et en aLtitude de combat , cherchent à se frap-per ou plutôt tâchent d'atteindre et de pourfendre une sphèreterrestre qui tombe du ciel et va rejoindre trois autres sphèresjonchant déjà le sol.

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Dans la marque de Garnier aux deux cigognes, nous avonsdéjà vu la sphère du monde. La sphère joue un rôle plus impor-tant dans la marque de l'Officiarurn. Quel est son sens? Ou latrouve, vers la même époque, dans les marques de Jean Saint-Denis, libraire è Paris, de Louis Grandin, imprimeur è Paris,des frères Huguetaii et des frères Trechsel, imprimeurs à Lyon,de Jean Steelsius, imprimeur à Anvers (1). Généralement, ellen'est qu'une pièce accessoire de la vignette, comme dans la

Marque te (officia mot e rIra(oru ni

marque aux deux cigognes. Sur le nouveau livre de Garnier,elle est, au contraire, l'objet principal trois sphères sont déjàà terre, et il semble que c'est à l'occasion de la quatrième queles deux personnages brandissent leurs sabres. Je renonce à dé-couvrir le sens de cette allégorie, mais je suppose que ClaudeGarnier a dû la composer lorsqu'il apprit que Sébastien Ni-velle et. Martin Nuyts faisaient usage de la vignette aux deuxcigognes.

Je ne suis pas surpris de voir figurer, dans la marque nou-velle, des couronnes suspendues aux bras de la potence, car noussavons par le registre de la Confrérie de Notre-Dame-la-Joyeuse

(1) SILVESTRZ, Marques typographiques.

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et les commentaires (le M. Franck Delage. qu'en 1560. Garnieret ses fils étaient diLs « ceux de la couronne e, probablementParce que leur atelier avait pour enseigne une couronne (1).

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Avant d'entrer dans la collection de M. Eusèbe Bombai. l'O//i-ciarum curalorum avait appartenu i M. Marcelin Gaze d'Argen-tat. Il provient, paraît-il, de la chapelle de Grafeuille. dans lacommune de Flautefage.

L'exemplaire parait unique. Brunet n'a pas connu cet ou-vrage, et il n'existe pas à la Bibliothèque Nationale. La vignetteimprimée sur le dernier feuillet ne figure sur aucun catalogue demarques typographiques. A ces divers points de vue, le livreque possède M. Bombai doit être signalé comme un des spéci-mens les plus précieux de l'imprimerie en Limousin.

(1) Au bas du titre des Ordonnances du Boy, imprimées par Michel Gar-nier nu 1567, on lit : On les vend à Limoges en la maison et boutique (leMichel Gantier, dit de la Couronne. (Le Bibliophile Limousin, janvier 1897et juillet 1905.)

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1.,soges, - irnp. Ducaurtieux et Gout, 7. roc des Arènes.