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Référence électronique VALTON Florie, « L’École de dessin de Pau », Les papiers d’ACA-RES, Brefs historiques, mis en ligne en avril 2017. 1 Florie VALTON Université Toulouse Jean Jaurès L’École de dessin de Pau Le projet d’une école gratuite de dessin à Pau est formulé en 1765 par un certain « Sieur Greny », sous-ingénieur des ponts et chaussées et architecte de Pau. Il reste sans suite pendant quatorze ans, avant d’aboutir le 13 février 1779, à la suite de la proposition du dessinateur et graveur Jean-Baptiste Dumont (Paris, 1738-Pau, 1812). Ce dernier, ancien élève de l’Académie royale de peinture et sculpture, nommé professeur au collège royal de Pau, juge sa création nécessaire vu « l’état d’enfance où les arts sont encore dans ce pays ». L’historien Christian Desplat, dans son ouvrage sur l’Académie royale de Pau (1971), évoque un contexte culturel peu favorable aux développements des arts. Le but principal de l’école est d’améliorer la formation aux arts mécaniques, les élèves pouvant se destiner à l’orfèvrerie, la serrurerie, la gravure, etc. Il n’existe pas de leçons d’après le modèle vivant. Les cours commencent le 1 er avril 1779 dans une salle des salles du couvent des Cordeliers, donnée par les États de Béarn. Les modèles acquis par le professeur témoignent de la pédagogie adoptée. Elle suit l’exemple mis en place par Jean-Jacques Bachelier à Paris, que reprennent plusieurs autres écoles provinciales. Ainsi, les élèves ont accès à des planches anatomiques, des cahiers d’ornement, des manuels « de principes du paysage ». Puis, à la suite d’une demande des syndics en 1781, les élèves sont initiés à l’architecture civile. Le nombre d’élèves est variable, mais ceux-ci, âgés entre 8 et 15 ans, sont en moyenne une douzaine à suivre les leçons données par Jean-Baptiste Dumont. En 1787, ils sont treize, en 1788, quatorze, et seulement huit en 1783. Cette année-là, Dumont adresse une lettre au comte d’Angiviller pour solliciter son soutien, car les États de Béarn ont suspendu le financement des enseignements. La rétribution du professeur est normalement fixée à 40 sols par mois, somme qui comprend l’acquisition des modèles destinés à la copie. La délibération du 12 février 1787 confirme l’attribution. En 1788, des prix (porte-crayons en argent) sont distribués aux élèves les plus méritants. Par ailleurs, à partir de 1780, une exposition annuelle des dessins des élèves est organisée, afin de permettre aux États et aux habitants de Pau de juger des progrès des élèves et de l’utilité de l’école. État des sources Pau, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques C 803, Administration provinciale, États de Béarn : proposition de Sieur Grény pour l’établissement d’une école gratuite de dessin à Pau. C 814, Administration provinciale, États de Béarn : étude du projet d’établissement d’une école gratuite de dessin par Dumont, dessinateur et graveur ; acceptation du projet de Sieur Dumont et donation d’une salle au couvent des Cordeliers pour les leçons. C 1519, Administration provinciale, États de Béarn : mandats de paiement du Sieur Dumont ;

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Référence électronique VALTON Florie, « L’École de dessin de Pau », Les papiers d’ACA-RES, Brefs historiques, mis en ligne en avril 2017.

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Florie VALTON Université Toulouse – Jean Jaurès

L’École de dessin de Pau

Le projet d’une école gratuite de dessin à Pau est formulé en 1765 par un certain « Sieur Greny », sous-ingénieur des ponts et chaussées et architecte de Pau. Il reste sans suite pendant quatorze ans, avant d’aboutir le 13 février 1779, à la suite de la proposition du dessinateur et graveur Jean-Baptiste Dumont (Paris, 1738-Pau, 1812). Ce dernier, ancien élève de l’Académie royale de peinture et sculpture, nommé professeur au collège royal de Pau, juge sa création nécessaire vu « l’état d’enfance où les arts sont encore dans ce pays ». L’historien Christian Desplat, dans son ouvrage sur l’Académie royale de Pau (1971), évoque un contexte culturel peu favorable aux développements des arts.

Le but principal de l’école est d’améliorer la formation aux arts mécaniques, les élèves pouvant se destiner à l’orfèvrerie, la serrurerie, la gravure, etc. Il n’existe pas de leçons d’après le modèle vivant. Les cours commencent le 1er avril 1779 dans une salle des salles du couvent des Cordeliers, donnée par les États de Béarn. Les modèles acquis par le professeur témoignent de la pédagogie adoptée. Elle suit l’exemple mis en place par Jean-Jacques Bachelier à Paris, que reprennent plusieurs autres écoles provinciales. Ainsi, les élèves ont accès à des planches anatomiques, des cahiers d’ornement, des manuels « de principes du paysage ». Puis, à la suite d’une demande des syndics en 1781, les élèves sont initiés à l’architecture civile.

Le nombre d’élèves est variable, mais ceux-ci, âgés entre 8 et 15 ans, sont en moyenne une douzaine à suivre les leçons données par Jean-Baptiste Dumont. En 1787, ils sont treize, en 1788, quatorze, et seulement huit en 1783. Cette année-là, Dumont adresse une lettre au comte d’Angiviller pour solliciter son soutien, car les États de Béarn ont suspendu le financement des enseignements. La rétribution du professeur est normalement fixée à 40 sols par mois, somme qui comprend l’acquisition des modèles destinés à la copie. La délibération du 12 février 1787 confirme l’attribution.

En 1788, des prix (porte-crayons en argent) sont distribués aux élèves les plus méritants. Par ailleurs, à partir de 1780, une exposition annuelle des dessins des élèves est organisée, afin de permettre aux États et aux habitants de Pau de juger des progrès des élèves et de l’utilité de l’école. État des sources Pau, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques C 803, Administration provinciale, États de Béarn : proposition de Sieur Grény pour l’établissement d’une école gratuite de dessin à Pau. C 814, Administration provinciale, États de Béarn : étude du projet d’établissement d’une école gratuite de dessin par Dumont, dessinateur et graveur ; acceptation du projet de Sieur Dumont et donation d’une salle au couvent des Cordeliers pour les leçons. C 1519, Administration provinciale, États de Béarn : mandats de paiement du Sieur Dumont ;

Page 2: Florie VALTON Université Toulouse Jean Jaurès L’École de … ·  · 2017-04-21L’historien Christian Desplat, dans son ouvrage sur l’Académie royale de Pau (1971), évoque

Référence électronique VALTON Florie, « L’École de dessin de Pau », Les papiers d’ACA-RES, Brefs historiques, mis en ligne en avril 2017.

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acquisition d’estampes pour le cours public de dessin ; achat de porte-crayons d'argent pour distribuer aux meilleurs élèves de l’école de dessin. C 1341, Administration provinciale, États de Béarn : mémoire du Sieur Dumont, dessinateur et graveur, élève de l’Académie de peinture de Paris, qui offrait ses services à la province pour l’établissement d'une école gratuite de dessin ; contrat passé entre les États et le Sieur Dumont ; note des modèles acquis par le Sieur Dumont ; notes données par le professeur sur ses élèves. C 1339, Administration provinciale, États de Béarn : lettre de Necker aux syndics de Béarn approuvant la gratification de Dumont pour l’achat de matériel nécessaire à l’école de dessin ; demande par les syndics de Béarn au Sieur Dumont de fournir un enseignement dans le genre de l’architecture civile aux élèves de l’école de dessin et dévotion de Dumont pour l’école de dessin ; bail à loyer au Sieur Dumont chez le Sieur Cabaré ; mandat de paiement pour logement de Sieur Dumont. C 163, Administration provinciale, États de Béarn : lettres de d’Ormesson à Gravier de Vergennes, intendant, sur un projet de salle de spectacle à construire à Pau, présenté par le Sieur Greny.

C 369, Administration provinciale, États de Béarn : lettres de Trudaine à l’intendant d’Aine concernant la nomination de Jean-Louis Pouilly de La Tour et Grény, sous-ingénieurs des ponts et chaussées. Bibliographie indicative DESPLAT Christian, L’Académie royale de Pau : un milieu socio-culturel provincial, Pau, Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1971. LAHALLE Agnès, Les écoles de dessin au XVIIIe siècle : Entre arts libéraux et arts mécaniques. Nouvelle édition, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006. SOULICE Léon, LOIRETTE Gabriel, Catalogue de la bibliothèque de la ville de Pau. "Histoire : 1ère partie, Pau, Impr. de Garet, 1900 (disponible sur Gallica).