134
FOCALE ALTERNATIVE Frédéric Pauwels Gaëtan Nerincx Virginie Nguyen Hoang Magazine 26 Cult/Mag Mai 2012 Collectif Huma

Focale Alternative #26

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Numéro 26 du magazine Focale Alternative, consacré au Collectif Huma

Citation preview

Page 1: Focale Alternative #26

FOCALEALTERNATIVE

Frédéric PauwelsGaëtan NerincxVirginie Nguyen Hoang

Magazine

26

Cult/MagMai2012

CollectifHuma

Page 2: Focale Alternative #26

F

Page 3: Focale Alternative #26

27.05 Edito

C'est avec grand plaisir que je vous proposece magazine. Une fois n'est pas coutume, c'est unnuméro conséquent qui vous est offert en ce moisde mai. 136 pages inédites où chaque auteur s'estinvesti de manière très personnelle pour vousproposer une vison intime de leur travail.

Le numéro est divisé en deux grands axes.Le premier axe vous explique l'envie de sortir unnuméro papier, à tenir de vos petites mains. Nedisposant pas de fonds mais ne voulant absolumentpas proposer des publicités inutiles etencombrantes, nous avons décidé de lancer unecampagne d'investissement via une plateforme deprojets participatifs. Je vous invite à lire ce dossieravec attention et à soutenir notre "rêve papier",après deux années de gratuité, de travail et debénévolat pour proposer chaque mois un numéro deFocale Alternative Magazine depuis 2010.

La seconde partie s'axe entièrement sur lecollectif Huma et ses trois protagonistes. Un travailde fond a été mené où chaque photojournaliste s'estconfié de manière personnelle au sein des pagesproposées. Comme son nom l'indique, le collectifHuma place l'humain au centre de ses actionsphotographiques. Il mise sur l'espoir, sur letémoignage et la mise en avant de la réalité qu'offrenotre société au quotidien. Certains reportages vousferont sourire, mûrir ou tout simplement réfléchir.Un collectif où le travail se centre sur l'humain auservice de l'humain.

Comme vous pourrez le constater, j'ai revula manière de penser la maquette. C'est aussi àcause de cette volonté d'évoluer que le magazinesort avec quelques jours de retard. Essayanttoujours d'atteindre l'objectif fondateur qui est lamise en avant de la démarche et de son auteur que

P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P

Fa vous attendP Focale-alternative.be/magazinePP http://twitter.com/ApertureCorp

P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P P

j'ai essayé d'épurer les pages de différents signesparasites. Ai­je réussi mon pari ? Cela sera à vousde me le dire et je vous invite sincèrement à le fairevia les réseaux sociaux ou directement sur le siteinternet du magazine.

Je profite de ces dernières lignes pourremercier tous les lecteurs, anciens ou nouveaux,qui soutiennent et diffusent cette revue gratuite auservice de la démarche autour d'eux. Sans vous,cette aventure ne serait pas possible et n'hésitez pasà promouvoir le concept de FA Magazine auprès devos amis.

Je ne vous cacherai pas que cette revuem'apporte chaque mois de la joie, des déceptions,des rencontres et des sacrifices personnelsconséquents. Mais à chaque parution et en recevantvos nombreux avis, cela me donne la force decontinuer cette aventure collaborative où laphotographie, la démarche et le photographe sontau coeur des objectifs de cette revue. PhilippeReale

Page 4: Focale Alternative #26

Focale Alternative Magazinebientôt au format papier ?C'est possibe grâce à votrecollaboration !

Urban Agriculture ­ Hector Martin Moreno

Page 5: Focale Alternative #26

De nombreux magazines photographiquesexistent en version papier et nombre d'entre euxmettent essentiellement l'accent sur le matériel sansprésenter de manière prioritaire la démarcheartistique ou journalistique des auteurs. C'est danscette logique de compréhension d'une démarche,d'une mise en avant et de promotion duphotographe que la version papier de FocaleAlternative veut prendre naissance.

Focale Alternative Magazine existe déjà enune version mensuelle gratuite sur le web depuisdeux ans et entame son 26ème numéro en mai2012. Avec une base de lecteurs tournant enmoyenne dans les 5000 personnes, il nous sembleimportant de proposer une version papier de qualité.

Poursuivant les objectifs fondamentaux de"FA Magazine", cette revue papier sera inédite tantsur la forme que sur le fond. Elle sera une extensiondes numéros que vous pouvez retrouver sur le web.

Une plateforme de financement participative

: qu'est-ce que c'est ?

Une plateforme de crowdfunding permet lefinancement de projets ou de produits créatifs etinnovants grâce à la participation des internautes etde leurs réseaux sociaux.

Les projets ne sont financés que si l’objectiffixé par le créateur est atteint. Le service suscite untrès fort engouement chez les réalisateurs (près de20% des projets financés sont des films ou descourts métrages), les musiciens (13%) mais aussichez les porteurs de projets technologiques,humanitaires, écologiques et artistiques.

L'avantage est que chaque contributeurreçoit une contrepartie pour chaque aide apportée etcela à partir de 5 euros. Chaque lecteur de FocaleAlternative Magazine deviendra un investisseur etpermettra à cette revue bénévole de sortir unnuméro au format papier.

Le Collectif Caravane

L'invité pour ce numéro est un collectifphotographique du nom de "Caravane". Jeunegénération de la photographie contemporaine, ilsont participé à de nombreuses manifestations de parle monde et la qualité des auteurs est incontestable.

" Nous explorons le monde contemporain en

proposant par la photographie un récit ouvert sur

Page 6: Focale Alternative #26

des expériences et des réalités humaines. Nos

images se veulent des outils de réflexion qui

donnent à voir, à sentir, à connaître et à

reconnaître. "A quoi va servir le financement

N'ayant pas les fonds personnels pourinvestir dans la création de ce numéro papier inéditet voulant éviter une invasion publicitaire inutile, lapiste du crowdfunding me semblait intéressant.Un petit tour des frais. Pour que vous ayezconscience des frais que cela engendre, voiciquelques détails sur la somme qui se cache derrireles 4200 euros.

Le prix demandé comprend

L'impression du magazine 48 pagesLes frais de port + papeterieLe pourcentage qui est pris par la plateforme UluleLe magazinePapier recyclé de type cyclus printCouverture vernieImpression offset

La sécurité du financement

La sécurité du financement

Il est important de bien comprendre quevotre don ne sera débité que si la somme finale estatteinte. Vous pouvez choisir différents modes depayements mais je vous invite à prendre contactavec moi si vous désirez des précisionscomplémentaires qui vous semblent indispensables.

La platefome utilisée : sérieux, sécurité et

convivialité

Ulule, c'est une joyeuse équipe qui travailleà Paris, bien entourée par de nombreux intervenantsgraphistes, développeurs, juristes etc. Ulule est lapremière plate­forme de financement participatif enEurope. Ce type de service de micro­financement ­crowdfunding en anglais ­ n'est absolument pasinédit, loin de là. Citons et rendons hommage àFundable (r.i.p) de John Pratt, à Kickstarter auxEtats­Unis, à IndieGogo, et à bien d'autres quiexplorent ce type de dynamique de financement,chacun à leur façon. Des services complémentaires,souvent différents dans leur positionnement, leurfonctionnement et/ou leurs tarifs, mais qui offrentde nombreuses possibilités aux porteurs de projets.Vive le choix !

Luna adentro ­ Marie Ozanne

Page 7: Focale Alternative #26

De l'une à l'autre ­ Laure Geerts

Page 8: Focale Alternative #26

Focale Alternative Magazine a besoin devous pour réaliser son rêve papier.Un magazine qui laisse la place auxphotographies et à la démarche des auteurssans aucune publicité.

Etes­vous prêts ?

A partir de 5 euros

Page 9: Focale Alternative #26

http://fr.ulule.com/focale/Plateforme participative "Ulule"

Cliquez

directement sur

Jusqu'au 31 jui l let 201 2

Page 10: Focale Alternative #26

Camarade Metallo ­ Collectif Huma

Page 11: Focale Alternative #26

" Lakshmi Mittal était unchouette gars, un sauveur. Onallait liquider l'acier du bassinLiégeois et voilà que cetIndien débarque avec sesmillions. On y a cru. On étaità la pointe, on produisait del'acier et même… du bénéfice.Dans l'économie globalisée,cela n'a pas suffi. Les millionsdemandent des milliards, paspossible d'épancher la soif deMonsieur Mittal. On a arrêtéle chaud, le froid ne peut quesuivre : le bassin liégeois, c'estfini. "

Frédéric Pauwels

Gaëtan Nerincx

Camarade Metallo

Magazine photographiqueFocale Alternative

Page 12: Focale Alternative #26

F.A : La série "Camarade métallo" respecte

les lignes directrices du collectif Huma en plaçant

l'humain au centre de la thématique. En plus d'être

une tragédie sociale, la fermeture du bassin

sidérurgique de Liège est le fer de lance de la

désillusion de l'ensemble des travailleurs. Que

pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Collectif Huma : Lorsque le collectif aappris la nouvelle de la fermeture du bassinliégeois, il était important pour nous d’être témoinde cette grande détresse sociale. Déjà fort secouéspar une précédente fermeture, les ouvriers voyaientMittal comme un sauveur, un saint. Des énormesespoirs se sont reposés sur lui et puis ce fut ladouche froide pour tous ces ouvriers.

Nous n’avions plus vu autant de colère de lapart des métallos depuis les fermetures de Clabecqet Renault Vilvoorde. Certains d’entre eux avaientmême connu les tragédies sociales précédentes etles vivaient une nouvelle fois aujourd’hui. Nousportons toujours les personnes qui sont dansl’ombre en leur offrantune place pourtémoigner. Ici, Humase devait d’être présentcar à travers ladisparition de cetteusine, c’est toute unerégion qui se voit mourir socialement. L’impactnous paraissait suffisamment grave pour que nousdécidions de venir en aide aux ouvriers entémoignant de leur situation.

F.A : En quoi le choix du portrait est-il

devenu évident lors de la maturation du projet ?

C.H : Notre ligne de conduite s’est très viteportée sur la colère de ces ouvriers. Ayant étéprésents quelques jours auparavant pour couvrirl’événement pour la presse, nous avons déjà dûfaire face à cette grogne lors de notre arrivée. Lesouvriers ne collaboraient absolument pas avec nouset ne voulaient pas se faire photographier par peurde représailles. C’est en dialoguant doucement aveceux que les choses se sont mises en place. Nousavions aussi rencontré Gino Russo, le papa de lapetite Melissa, victime de Marc Dutroux. Gino estun des délégués syndicaux et est fort respecté parles ouvriers. Nous avons parlé longuement de sessouvenirs, des heures de gloire de l’usine et surtoutde cette colère présente dans les traits des visagesdes ouvriers.

Il était pour nous évident qu’une série deportraits serait notre démarche collective. Quelquesjours plus tard, via un réseau social, nousapprenions qu’une soirée spaghetti était organiséepar le PTB au profit des travailleurs d’Arcelor­Mittal. Nous avons pris directement contact avec undes organisateurs de cette soirée. En lui expliquantnotre démarche, celui­ci a très vite accepté notreprésence et nous avons même eu à notre dispositiontout un étage pour installer un studio photo. Nousavons ensuite recherché les ouvriers qui ont acceptéde témoigner sur cette fermeture.

Nous commencions d’abord par l’interviewqui consistait à répondre à 3 petites questions puisnous les invitions à s’asseoir sur une chaise placéeau milieu de notre studio pour regarder notreappareil photo immobilisé sur un pied. Pourrenforcer la colère dans leur regard, nous leur avonsdemandé d’imaginer Mittal à la place de notreappareil, ce qui nous a donné les photos de la série.

F.A : Dans un

contexte de suspicion et de désillusion, comment

avez-vous réussi à gagner la confiance des

travailleurs ? N'est-ce pas la difficulté première

lorsque l'on place l'humain de manière respectueuse

au sein de son reportage ?

C.H : C’est encore une fois l’approche et ledialogue qui ont été la clef de réussite de notretravail. Parler avec eux et leur expliquer notredémarche les a séduits. Plus tard dans la soirée,nous avons quand même dû faire face à plusieursdélégués syndicaux qui s’inquiétaient desinterviews que nous faisons avec les ouvriers. Làencore, le dialogue et la promesse de ne riendiffuser de compromettant pour leurs hommes ontsu les calmer. Placer l’humain dans un reportage estaussi un véritable défi surtout avec la montée dudroit à l’image. S’il y a suffisamment de confianceentre nous, le travail prend une dimension humaineplus importante. Huma se veut respectueux dessujets qu’il photographie.

Pour renforcer la colère dans leurregard, nous leur avons demandéd’imaginer Mittal à la place de notreappareil

Page 13: Focale Alternative #26

F.A : Le regroupement photographique

semble avoir explosé depuis quelques années. Les

initiatives sont diverses mais il semble que les

collectifs se fassent beaucoup plus présents.

Comment expliqueriez-vous cette tendance si celle-ci

existe réellement ? Comment s'est construit le

collectif Huma ? Est-ce un besoin de mutualisation

des efforts qui était au centre de l'idée ?

C.H : En effet, depuis quelques années, lescollectifs poussent comme des champignons. Vivrede la photo aujourd’hui est devenu un vrai parcoursdu combattant. Obstacles financiers et autresembûches entravent le chemin des photographes.Aujourd’hui, il faut faire preuve de stratégie,d’ingéniosité pour avancer et écrire nos histoires.

Si le collectif est là aujourd’hui, c’est parceque nous sommes des passionnés avec la rage auventre pour se battre pour les idées que nousdéfendons. Les photographes vivent une véritablecrise d’identité dans une crise du photojournalismequi hante les esprits et bouleverse leurs vies. Lescollectifs sont des groupes de photographes quidécident de travailler ensemble, de confronter leursimages et d’élaborer des projets ambitieuximpossibles à monter quand on est un photographeisolé.

Il y a aussi une réaction par rapport auxregroupements des petites agences en grossesagences licenciant de nombreux photographes etqui entraînent la chute des tarifs des photos que l’onconnaît aujourd’hui. Le fait d’être un collectifpermet aux photographes d’être eux­mêmes patronsde leurs décisions et d’être les seuls intermédiairesdans la vente de leurs images.

La naissance d’Huma est venue suite à unerencontre entre photographes (Frédéric, Virginie etGaëtan) qui s’est très vite transformée en uneamitié. Malgré une différence d’expérience entrenous, on avait une réelle envie de partage,d’échanger des idées pour mettre en lumière dessituations peu connues ou ignorées par les médiasd’aujourd’hui. Nous donnons du sens à nos imagessous la forme d’un engagement humain et c’est cequi nous a rapprochés. Un engagement qui estd’abord personnel et qui devient collectif par laforce des choses. Nous avons tous les trois unesensibilité à l’humain et aux causes sociales. On estaussi beaucoup plus motivé à plusieurs que toutseul.

F.A : Est-il nécessaire de mettre en avant

l'objectif premier qui est : l'humain au centre de

l'humanité ? Par contre, lors de la maturation du

collectif Huma, ce point était-il déjà le ciment de

votre initiative ? S'intéresser à l'homme n'est-il pas

une facilité dans une optique où vous êtes tous les

trois des photojournalistes ? Comment arrivez-vous à

vous intéresser à l'homme tout en le respectant ? Y a-

t-il un code de conduite ou une charte implicite entre

vous ?

C.H : Huma est aussi une réaction à lasituation du photojournalisme et aussi à la crise dela presse. Les quotidiens, pour survivre, doiventmettre des publicités dans leurs pages afind’affronter cette crise le plus longtemps possible.Au plus il y a de pubs dans les pages, au moins cesont des pages pour nos sujets. Il y a une dizained’années, il était encore possible de publier unreportage sur 5 pages. Aujourd’hui, on peuts’estimer content d’en avoir deux. Le fait de voirrégulièrement nos reportages amputés devient pournous de plus en plus difficile à accepter. D’où l’idéede prolonger la vie de ces reportages en créant cecollectif avec son site qui évoluera de plus en plusvers le multimédia.

Nous respections les travaux de chacun ettous les trois, nous nous retrouvions dans le travailde l’autre. Ce point était le ciment de notreinitiative avec une nouvelle envie de bousculer lescodes de la presse en créant d’autres supports.

F.A : Quels seraient les piliers d'un collectif

photographique solide, respectable et respecté ?

Comment concilier envies et objectifs personnels

lorsque l'on travaille avec d'autres personnes ?

Comment vous y prenez-vous ?

C.H : La survie d’un collectif dépendtoujours de l’entente entre les personnes dans legroupe. Avant de créer un collectif, il est primordiald’avoir une amitié consolidée entre nous. Bienconnaître les envies et les idées de l’autre sont aussiles bases de la naissance du collectif. Si on ne seretrouve pas dans le travail de son voisin, cela nepeut pas vraiment marcher. Nous avions pris letemps de nous connaître, de nous découvrir et debien discuter avant de prendre le chemin ducollectif. Il est important par la suite de consoliderl’union par une convention qui reprend différentspoints à respecter entre nous. Chaque photographede Huma suit ses propres idées et les partageensuite dans le groupe. Deux travaux communs ontdéjà vu le jour et d'autres projets sont en cours.

Page 14: Focale Alternative #26

Nous n’avions plus vu autant de colère de la part desmétallos depuis les fermetures de Clabecq et RenaultVilvoorde. Certains d’entre eux avaient même connu lestragédies sociales précédentes et les vivaient une nouvellefois aujourd’hui.

Page 15: Focale Alternative #26

Camarade Metallo ­ Collectif Huma

Page 16: Focale Alternative #26

Camarade Metallo ­ Collectif Huma

Page 17: Focale Alternative #26

Nous avions aussi rencontré Gino Russo, le papa dela petite Melissa, victime de Marc Dutroux. Ginoest un des délégués syndicaux et est fort respectépar les ouvriers. Nous avons parlé longuement deses souvenirs, des heures de gloire de l’usine etsurtout de cette colère présente dans les traits desvisages des ouvriers.

Page 18: Focale Alternative #26

Camarade Metallo ­ Collectif Huma

Page 19: Focale Alternative #26

Camarade Metallo ­ Collectif Huma

Page 20: Focale Alternative #26

Vivre de la photo aujourd’hui est devenu un vraiparcours du combattant. Obstacles financiers et autresembûches entravent le chemin des photographes.

Page 21: Focale Alternative #26

La naissance d’Huma est venue suite à une rencontreentre photographes qui s’est très vite transformée enune amitié.

Page 22: Focale Alternative #26

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

« Tu ne peux pas plaire à tout le monde. Parfois, pourune fraction de seconde, tu rates le client. Tu dis unmot de trop ou un mot trop peu et tu ne sais paspourquoi tu le rates. »

Dédée

Page 23: Focale Alternative #26

" La notion de l’intimité dans laprostitution est un conceptsouvent fantasmagorique auxyeux de l’opinion publique etenclin à de nombreux préjugés.L’intimité est souventénigmatique lorsque l’on abordele thème de la prostitution : «Mais que se passe t il derrière le

rideau ? »L’intime, c’est l’ensemble de cequi se déroule depuis le momentoù le client franchit le seuil et puisen ressort. Quels en sont lesrituels, les codes et les enjeuxintimes que vivent les personnesprostituées dans leur quotidienprofessionnel ?Ces actrices de la prostitutionnous emmènent dans unehumanité alimentée par leurfragilité, leur détermination, leurhistoire de vie, ainsi que par leursavoir, leur humour et leurdérision, le tout chargé enémotions. "

Frédéric Pauwels

Corps à louer

Magazine photographiqueFocale Alternative

Page 24: Focale Alternative #26

F.A : "Corps à louer" aborde le thème délicat

de la prostitution. Ton reportage a choisi de soutenir

l'angle de la curiosité humaniste sans entrer dans le

jugement ou la dénonciation. Pourquoi avoir choisi

l'angle de l'intimité pour aborder ce sujet ? Voulais-

tu répondre à une curiosité personnelle en abordant

ce sujet de cette manière ? Comment est né ce

reportage et comment a-t-il évolué de sa genèse à sa

parution ?

Frédéric Pauwels : La genèse de ce travail aété au départ une commande de Georges Vercheval(fondateur du musée de la photo à Charleroi) quiétait invité en 2005 comme commissaired’exposition d’un événement culturel qui s’appelait« Néon Nord ». Avec la collaboration de deuxassociations du Quartier Nord, ils visaient à unemeilleure cohésion sociale entre les habitants et laprostitution. L’image de ce quartier était considéréecomme un lieu infréquentable aux yeux despersonnes extérieures avec la drogue et laprostitution comme points sensibles.

Cet événement culturel était ouvert à desnombreux artistes aussi bien, peintres, sculpteurs,plasticiens, photographes et écrivains. Au retour del’appel aux artistes, l’équipe s’est retrouvée avecénormément d’œuvres parlant de la prostitution etnon pas du Quartier Nord. C’est ainsi que GeorgesVercheval voulant rétablir l’équilibre a demandé àdeux photographes bruxellois : Raymond Dakoua etmoi­même detravailler plus surl’âme du quartier :défi difficile quenous avons relevétous les deux.

C’est ainsi que j’ai pu approcher pendantplusieurs mois avec ces associations les nombreuxhabitant. Aussi bien les jeunes rebelles du quartierque les familles et commerçants. Le contact avecces personnes a été tellement enrichissant et nous apermis de mieux nous immerger dans la vie de cequartier difficile.

Après plusieurs mois et après avoirrencontré un grand nombre de personnesdifférentes, je me disais que je ne pouvais pasterminer ce travail sur le quartier Nord sans avoirles témoignages et photos de quelques femmesprostituées.

Partant au départ avec quelques préjugés sur

cette profession surtout avec la traite des êtreshumains et le proxénétisme, j’ai été surpris à cemoment­là de la richesse humaine de ces femmes seconsidérant plutôt comme des assistantes socialesque des prostituées. Le mot « réparateurd’hommes » a été mentionné plusieurs fois lors demes interviews avec elles. J’ai ainsi remarqué qu’ily avait 40% de femmes qui ont choisivolontairement ce métier. Ces femmes ne sevoyaient pas trop dans l’image que les médiasdisaient d’elles. Elles n’étaient jamais représentéeset elles étaient oubliées. Trois ans après, j’ai décidéde revenir vers elles pour les écouter, les mettredans la lumière et montrer un peu plus leurquotidien.

F.A : Le reportage "Corps à louer" est très

significatif sur l'investissement en terme de temps

mais aussi humainement. Comment es-tu arrivé à

entrer dans cette intimité qui est également

synonyme d'une confiance mutuelle ?

F.Pauwels : Ce travail a été très long et iln’est pas encore fini. Je travaille maintenant avecl’Espace P de Charleroi en vue d’une exposition aumusée de la photo. Ce travail a sans doute été leplus long avec celui du village abandonné de Doel.Il faut compter plus de 95% du temps pourl’approche de ces personnes et 5% pour les prisesde vues. Il m'a fallu en étant seul presque un moispour que je puisse enfin parler avec l’une d’entre

elles. J’ai été très viteconfronté à labarrière de la langue.La plupart desfemmes de la rued’Aerschot sontprincipalement

originaires de l’Est : Albanie, Roumanie etBulgarie. C’est pourquoi je me suis dirigé versl’association l’Espace P qui défend les droits de cesfemmes.

Avec Isabelle et son équipe, j’ai pudécouvrir encore d’autres réelles difficultés de cesfemmes : la duplicité de l’Etat qui ne reconnaît paslégalement la prostitution mais qui taxe les femmesqui s’y adonnent. Celles­ci travaillent dès lors aunoir ou déclarent une profession indépendantefictive comme ouvrières agricoles ou vendeuses debougies. Le droit de vitrine à 250 euros par jour aupropriétaire des lieux est aussi un classique àBruxelles, droit des locataires bafoués, taxes

Le mot « réparateur d’hommes » a étémentionné plusieurs fois

Page 25: Focale Alternative #26

communales digne du proxénétisme, agressionsverbales et autres…

La confiance mutuelle s’est faite dans ladurée et la position du photographe dans sonapproche. Au début, il m’est arrivé souvent derentrer sans aucune image mais enrichi par lesconversations avec elles.

F.A : L'image du journaliste n'est pas

toujours au beau fixe dans l'inconscient collectif.

Elle est encore plus malmenée lorsqu'un appareil

photo entre en jeu dans ce type de reportage.

Comment as-tu réussi à mener à bien ce reportage

qui s'est étalé sur plusieurs années ?

F.Pauwels : Non seulement l’image dujournaliste n’est pas acceptée par ces femmessouvent citées dans les faits divers des médias.Elles sont sans cesse représentées comme desvictimes de la traite d’êtres humains ou desproxénètes. A mon arrivée, elles étaient visiblementen colère et ne faisaient plus du tout confiance auxjournalistes et autres photographes. De plus, denombreux touristes se promenant rue d’Aerschotn’hésitent même pas à sortir leur appareil devantelles pour les photographier comme des animauxen cage.

La longue approche, beaucoup de patienceet de dialogues ont récompensé mes efforts. En lesvoyant régulièrement avec l’Espace P, j’ai réussi àme fondre dans l’équipe. Le fait aussi de leur poserdes questions justes et différentes de celles poséespar la presse les ont séduites. Elles ont su avoirconfiance en moi par les photos que je montraisrégulièrement.

Les premières années, je n’ai fait que desimages plus générales mais avec toujours un regardextérieur. Les années suivantes, j’ai pu acquérirsuffisamment leur confiance donc je me suisorienté vers une approche plus intimiste et montrerréellement ce qui se passe derrière le rideau.Travailler avec un photographe qui collabore avecleur association qui les soutient a été aussi uneporte ouverte et a plus que renforcer les liens entrenous. Avec l’Espace P, nous avions une volonté devouloir aussi retranscrire leurs vraies paroles sansen modifier le contenu en respectant chaque mot,chaque respiration.

Des heures d’interview avec elles ontpermis aussi à ces femmes de vider leur sac. A la

fin de chaque entrevue, on a pu remarquer que celaleur avait fait énormément de bien de se dévoiler etelles nous donnaient déjà rendez­vous pour uneprochaine séance. Avec la première exposition, lesfemmes se sont vues sur les murs et étaient enfinsoulagées de se sentir écoutées et représentées.Elles étaient d’ailleurs les dernières à quitter leslieux de l’exposition lors du vernissage. Cela adonné par la suite une collaboration encore plussoudée où elles me proposaient elles­mêmes desidées de clichés à faire.

F.A : Dans "Corps à louer", tu arrives à ne

jamais montrer un visage. Pourtant, le lecteur se

sent happer dans le privé de tes personnages.

F.Pauwels : Il y a au départ une crainte deces femmes aussi bien belges qu’étrangères de sevoir représentées dans un journal pour sauvegarderà la fois leur image, leur famille ou éviter qu’unproche les reconnaissent. Concernant les « filles del’Est » qui sont toujours très nombreuses dans lesvitrines belges, surtout à Bruxelles, elles ne veulentjamais montrer leur vrai visage à cause desmenaces de leur souteneur sur leurs familles. J’aimoi­même été suivi dans la rue par l’un d’eux et ila fallu que je m’engouffre dans un café pendantdeux heures afin de me protéger. Il y a cinq ansencore, il s’agissait de jeunes Albanaises enlevées àleur famille, dans des villages, et contraintes de seprostituer par la mafia albanaise alors qu’ellespensaient travailler comme hôtesses.

Aujourd’hui, les réseaux bulgares etroumains ont repris une bonne partie du business.Les femmes sont toujours dans un rapport dedomination et de violence avec leur souteneur,mais elles savent pourquoi on les importe et ellespeuvent garder un peu d’argent, un quart ou lamoitié de ce qu’elles gagnent contrairement auxAlbanaises qui doivent tout donner. Certainesfamilles dans des villages bulgares sacrifient mêmeune de leurs filles pour qu’elle puisse ramener unebelle somme d’argent. Cela sécurise aussi lesproxénètes qui soignent un peu mieux leurs fillespour que celles­ci ne se retournent pas contre eux.La police éprouve d’ailleurs beaucoup dedifficultés à faire tomber les réseaux aujourd’huipar rapport à il y a quelques années.

Concernant le droit à l’image, c’est aussiaux femmes de choisir de ne pas se dévoiler etc’est aussi notre rôle de photographe de respecterleur choix. Cependant certaines personnes ont

Page 26: Focale Alternative #26

« Je lui ai promis de ne pas l’aimer carautrement nous ne pourrions plus nous voir.J’ai tenu parole ! »

Un client.

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

Page 27: Focale Alternative #26
Page 28: Focale Alternative #26
Page 29: Focale Alternative #26

« La pénétration, en 5 minutes, ils jouissent.C’est le jeu avant et après qui est trèsimportant. Le service après vente, commeon dit. »

Elisa

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

Page 30: Focale Alternative #26

« Je suis toujours impressionnée de voir lesclients nus. Ils sont défaits de leurs habits,ils sont parfois mal à l’aise. Inquiets à l’idéede plaire, de contenter, de faire plaisir à ladame qui vient voir. Ils sont très fragilesquand même dans cette position là. »

Daniela

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

Page 31: Focale Alternative #26
Page 32: Focale Alternative #26

accepté de dévoiler leur visage. Elles serevendiquent aussi comme des porte­parole de leurprofession sans cesse dénigrée. C’est aussi auphotographe de sentir la personne et voir qu’onpeut lui faire confiance. J’avais réalisé un premierreportage en sortant de l’école sur la premièreoccupation d’une église par des sans­papiers.J’avais rencontré un sans­papier roumain qui medemandait sans cesse de le photographier pendantson combat pour obtenir sa régularisation. J’avaissympathisé avec lui pendant ces longs mois, j’avaisobtenu son accord verbal pour le photographier etje l’avais aidé afin que sa situation s’améliore parmes images publiées dans plusieurs journauxbelges, je l’avais vu faire la grève de la faim pourensuite le voir gagner son combat après avoir reçuses papiers. Cela ne l’a pas empêché de porterplainte contre moi deux ans après lors d’unecampagne de la Liguedes droits de l’homme.

Je me suis renducompte aussi quecertaines situationspeuvent aussi changerpour certaines d’entreselles. Imaginez que je photographie une femmeavec son visage et que celle­ci quitte le milieu de laprostitution, il faut penser aussi que la photo peutêtre un inconvénient par la suite. C’est pourquoi jen’ai pas beaucoup de visages. La plus grandesurprise dans ce travail vient de la part d’un client.Un jour, nous faisons l’interview d’un clientprésenté par une des femmes. Je commençais àfaire quelques photos en essayant de cadrer defaçon à ne pas voir son visage. C’est le client lui­même qui me demande de dévoiler son visage surles photos en m’expliquant qu’il n’avait pas deproblème avec son image de client car sa familleétait au courant de ses relations avec elles.

F.A : Certaines photographies reflètent une

réalité tandis que d'autres semblent être une

succession de poses dirigées par tes soins. Comment

mêler l'aspect journaliste, narratif et esthétique tout

en gardant ton objectif de photojournaliste ? Est-ce

que faire poser tes personnages lors d'un reportage

est-il toujours un reportage journaliste ou bien es-tu

dans une démarche d'auteur plus que de reporter ?

Qu'en penses-tu ?

F.Pauwels : Le fait de ne pas montrer leurvisage m’a amené à travailler autrement. J’ai choisid’opter parfois pour de la mise en scène sans

vouloir les diriger. J’étais ouvert à leurs idées.Parfois, ce sont des cadeaux qui arrivent ce qui faitla magie de la photographie.

Quand on réalise un portrait dans unreportage, il y a toujours une petite pointe de miseen scène. Ma position de photojournaliste étaittoujours mise en avant. A chaque travail, je pensetoujours à témoigner des réalités mêmes celles quisont les plus dures. Dans ce reportage, le fait derécolter leurs paroles en les enregistrant a renforcéencore plus ma démarche de photojournaliste.Habitué à travailler uniquement dans l’image, leslégendes ont pour moi une importance capitaledans l’humanisation du reportage. Les gens ontbesoin de mieux comprendre les personnes qui sontphotographiées et qu’ils puissent s’identifier àelles. Dans les dernières années, j’avais enfin

trouvé ma lignede conduite enchoisissant dedévoiler plutôtles femmesvolontaires etleur laisser laparole pour

donner une réalité plus juste que celle véhiculéepar les médias. La position d’auteur et de reportervont pour moi dans le même sens car elles ont pourbut de témoigner et de donner la parole auxpersonnes qui ne l’ont pas. Je suis responsable despersonnes que j’ai rencontrées, elles m’ont donnéquelque chose et je me dois de ne pas les décevoir.Je fais aussi attention à ce que les photos nefigurent pas dans n’importe quel média si je neconnais pas la ligne de conduite de l’article. Il meserait impossible de vendre une photo desprostituées ou d’un sans­abri à un particulier qui lemettrait dans son salon. Dans ce sujet­ci, certainesde ces femmes sont déjà suffisamment exploitéesque je ne me vois pas exploiter en plus leur image.Je n’exposerai pas ces photos dans un centre d’artcontemporain parce que pour moi, les reportagesque je réalise ne sont pas des œuvres d’artcontemporain. Si elles sont exposées dans unegalerie qui met en avant la photographie dereportage, elles ont alors leur sens puisquej’apporterai les photos et leurs témoignages dans lebut de montrer un regard neuf sur le sujet.

C’est le client lui­même qui medemande de dévoiler son visage sur lesphotos en m’expliquant qu’il n’avait pasde problème avec son image

Page 33: Focale Alternative #26

« Je suis très simple, moi finalement. C’est vrai que j’ail’air coquette mais je ne me casse pas trop la tête. Je n’aipas beaucoup d’habits, cette robe, je l’ai empruntée à uneamie. » Daniela

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

Page 34: Focale Alternative #26
Page 35: Focale Alternative #26

« Pourquoi tu ne photographies que moncorps ? Je ne suis pas qu’un corps à louer, jesuis aussi un être humain ! »

Anastasia, prostituée à Liège

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

Page 36: Focale Alternative #26

« Tu ne peux pas plaire à tout le monde.Parfois, pour une fraction de seconde, turates le client. Tu dis un mot de trop ou unmot trop peu et tu ne sais pas pourquoi tu lerates. »

Elisa

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

Page 37: Focale Alternative #26
Page 38: Focale Alternative #26

Corps à louer ­ Frédéric Pauwels

Page 39: Focale Alternative #26

« Je me souviendrai toujours de ce client qui me disaitque même dans le plus infâme des bordels, c’esttoujours de l’amour qu’il vient chercher » Elisa

Page 40: Focale Alternative #26

Des dizaines de manifestants ont afflué à la placeTahrir, vendredi pour participer à une manifestationcontre le régime militaire, ils demandent le "vendredidu départ".

Egypte, un an après ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 41: Focale Alternative #26

" C'était le 1er anniversaire de larévolution égyptienne. La placeTahrir était bondée. Depuis le toitdes hôtels des environs, on voyaitdrapeaux égyptiens à perdre devue. Est­ce que les gens lacélébraient ? Pas vraiment. Lapopulation était toujours enattente d'une transitiondémocratique. Beaucoupaccusaient les dirigeants militairesqui ont remplacé Mubarak dudéraillement de la révolution.Beaucoup de protestations et demarches ont été organisés pourdemander au conseil supérieur desforces armées de transférer lepouvoir. "

Virginie Nguyen Hoang

Egypte, un an après

Magazine photographiqueFocale Alternative

Page 42: Focale Alternative #26

F.A : La révolution arabe et particulièrement

en Egypte a été très médiatisée. Ce reportage propose

de reveni un an après au lendemain d'un nouveau

soulèvement populaire. Que peux-tu nous dire sur la

situation actuelle dans cette région sachant que tu te

rends souvent au Caire ? Comment pourrais-tu

expliquer le sentiment qui parcourt le peuple

égyptien en ce moment et quelle est la situation

sociale dans laquelle vit la population ?

Virginie Nguyen Hoang : Je vis au Cairedepuis le mois de janvier. Ce que j’ai pu observer,c’est que la situation est très instable. Depuis que jesuis arrivée, il y a eu à deux reprises desaffrontements violents entre manifestants et forcesde l’ordre. La première fois, c’était suite auxévènements de Port Said (le match de football entreune équipe du Caire (Al­Ahly) et l’équipe de PortSaid qui a fait plus de 74 morts suite à une attaquede « tugs » contre les supporters de Al­Ahly) et ladeuxième fois à Abbasseya suite à un massacre deplusieurs manifestants lors d’un sit­in.

Le premier affrontement était entre la policeet les manifestants tandis que le deuxièmeconcernait l’armée et les manifestants. A deuxreprises, ces affrontements n’ont servi à rien et laville du Caire est redevenue calme après quelquesjours comme si rien ne s’était passé.

Il n’y a plus rien de prévisible et l’esprit« révolutionnaire » semble laisser place à unesituation d’incompréhension et de division entre lesjeunes révolutionnaires, les frères musulmans etl’armée qui étaient pourtant le « one hand » contrele régime de Mubarak.

Il me semble que la Révolution n’est pasachevée : l’armée est au pouvoir depuis plus d’unan, ce qui ne me semble pas normal. Il faudra voirce qu’il se passera après les élections présidentiellesfin mai et début juin en sachant que celles­ci ontlieu alors qu’il n’y a toujours pas de nouvelleconstitution – ce qui témoigne d’une situation trèscomplexe. Il faudra voir dans les prochains mois sil’armée cèdera complètement le pouvoir ou/et si lamontée au pouvoir des islamistes se confirme.Néanmoins, je suis au Caire depuis peu de temps etil me faut encore du temps pour essayer de toutcomprendre.

J'ai pu observer que la plupart des égyptiensau Caire (car je n’ai pas encore eu l’occasion debeaucoup voyager hors de la capitale) ne sont pas

beaucoup voyager hors de la capitale) ne sont passatisfaits de l’après 25 janvier 2011. Le tourisme(qui est la première source de revenus de beaucoupd’Egyptiens) est en baisse depuis un an. Les gensne se sentent plus en sécurité lorsqu’ils sepromènent tard dans les rues du Caire, lestravailleurs se plaignent de plus en plus d’un salairetrop bas par rapport au coût de la vie. Comme sicela ne suffisait pas, il y aussi une crise du gaz et dupétrole. Certaines personnes commencent àregretter l’« ère Mubarak », ce qui est interpellant eteffrayant.

Au niveau social, je ne pense pas qu’il y aitbeaucoup de choses qui ont changé depuis l’èreMubarak. La ville du Caire se partage entre lesquartiers pauvres, les quartiers expats et lesquartiers « chics » en banlieue. Il ne faut pas oubliernon plus la communauté copte qui doit encore fairele deuil de son leader, le Pape Shenuda , et quicraint une montée de l’islamisme.

Je pense que les prochains présidents etleurs gouvernements auront énormément à fairepour reconstruire ce pays qui s’est dégradé en 30ans. Cinq ans ne suffiront sûrement pas. Certainsquartiers vivent encore sans eau et électricité.

F.A : « Egypte, un an après » est un sujet

qui te pousse à aller vers la population. Tu te

mélanges à la foule, aux joies et aux peines.

Comment travailles-tu face à ce type de sujet ? Un

photojournaliste parcourant une révolution n'est pas

un métier des plus faciles. Comment te prépares-tu et

comment vis-tu la situation lorsque tu vis dans le

coeur d'un soulèvement ?

V. Nguyen Hoang : Quand je suis arrivée auCaire, j’étais très excitée à l’idée de travailler dansun pays en pleine Révolution. J’étais aussi craintivede la façon dont je pourrais exercer mon métierdans un pays duquel je ne connais pas la langue, laculture et où mes seules informations jusqu’à monarrivée parvenaient des médias étrangers.

J’ai eu de la chance d’obtenir un stage dansl’une des meilleurs rédactions du pays (Al­MasryAl­Youm/Egypt Independent) ce qui m’a aidé àm’intégrer et exercer petit à petit mon métier demanière autonome. J’ai commencé à suivre lesphotojournalistes de la rédaction pendant le premiermois pour ensuite travailler sur mes propres sujets.

Page 43: Focale Alternative #26

qui vivent l’action pour raconter au mieux ce qu’ilse passe et ce que les personnes ressentent. C’est unavis personnel. Chacun a sa façon de travailler etévidemment parfois on prend des risques. Je penseque les mots décrivent, les images témoignent etc’est ce qui donne un sens au reportage.

F.A : Le collectif Huma se définit dans un

humanisme photographique. Comment relies-tu tes

objectifs à ceux de tes compagnons ? Quels sont les

indices premiers de cet humanisme dans tes

photographies ? Quelles sont tes divergences

assumées face aux objectifs du collectif Huma ?

V. Nguyen Hoang : Huma se focaliseessentiellement sur des sujets sociaux. C’est unedes raisons pour laquelle nous avons décidé decréer ce collectif. Personnellement, j’essaie de me

focaliseressentiellement surl’exclusion socialecomme cellequ’endure les Roms,les réfugiéspalestiniens ou lesséropositifs auDanemark.

L’exclusion sociale est un thème qui me tient àcœur car je trouve que c’est le pire sentiment quel’on puisse éprouver, surtout lorsque la raison neprovient pas de ce qu’on a fait mais de ce qu’on est.

Le sujet en Egypte est un peu différent, maisl’humain reste au cœur du sujet. Ici, je me focalisesur un groupe de citoyens ( je précise bien que jevis au Caire et que je n’ai donc pas la prétention dedire que je réalise un reportage sur ce que vit lapopulation égyptienne en général) et la situation quil’entoure. J’ai réalisé d’autre sujets qui s’inscriventplus dans une démarche autour de l’exclusionsociale comme la vie d’une « danseuse du ventre »au Caire en sachant qu’ici, elles sont souventconsidérées comme des prostituées.

Je n’ai pas de divergences particulières,peut­être que Frédéric et moi faisons plus de newsque Gaëtan à coté de nos sujets sur le long terme.Nous nous sommes mis d’accord sur nos objectifs.Si l’un d’entre nous a un problème, on en discute eton trouve une solution pour que tout le monde soitsatisfait. La seule différence avec Frédéric etGaëtan est que je fais essentiellement de la couleurtandis qu’ils travaillent beaucoup en N/B, mais celaconcerne juste la forme.

« Egypte, un an après » est un récitchronologique de ce que le peuple égyptien est entrain de vivre. Il n’y a pas vraiment de préparationpour ce sujet, ce n’est pas un reportage commecelui sur les Roms qui demande toute une recherchehistorique et un travail d’intégration avant deprendre des images.

Ici, il faut se mettre au courant desévénements, suivre l’évolution de la situation àtravers les médias locaux, être au bon endroit aubon moment et essayer de raconter ce qu’il se passeen étant proche des gens et en capturant leursémotions. Ce sujet est très « news » mais trouveprogressivement son fil conducteur dans l’évolutionde la situation en Egypte, ce que vivent leségyptiens. Mais surtout, en fait, à travers l’absurditéd’une situation de chaosde quelques jours pourrevenir vers une situationtout à fait calme paraprès ; c’est ce qui memarque le plus en cemoment.

Je ne pense pasqu’il faille une préparation spéciale pour travailleren Egypte en ce moment car tout peut changer d’unjour à l’autre. En fait, il faut se préparer à ne paspouvoir prévoir. Personnellement, je trouve que laplus grande difficulté est de s’intégrer à une touteautre culture, de faire face au choc culturel et des’armer de patience car en Egypte, une heure peutrapidement se transformer en trois.

F.A : Ce reportage est une histoire narrative

où manifestation pacifique, espoir dans les élections

populaires, désillusion et soulèvement violent

racontent une fresque humaine telle une ligne du

temps d'un évènement social et politique. As-tu mûri

cette narration photographique ?

V. Nguyen Hoang : Ma narrationphotographique à travers ce sujet tourne autour desévènements qui tourmentent l’Egypte en cemoment. Cette situation instable dans laquelle rienn’est prévisible et peu compréhensible ­ mis à partles élections. L’image devient le sens premierlorsqu’il s’agit de montrer ce qu’il se passe à traversles regards des personnes que cela concerne ; enphotographiant leurs regards et en étant proched’eux. Par exemple, lors d’affrontements, je netrouve pas nécessaire de prendre uniquement desimages avec un téléobjectif. Il faut être près de ceux

Il n’y a plus rien de prévisible etl’esprit « révolutionnaire » semblelaisser place à une situationd’incompréhension et de division entreles jeunes révolutionnaires

Page 44: Focale Alternative #26

Egypte, un an après ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 45: Focale Alternative #26

Des milliers d'égyptiens se sont réunis dans les rues duCaire et à Tahrir square pour célébrer les premiersanniversaires de la Révolution égyptienne. Ils protestentégalement pour que le SCAF quitte le pouvoir.

Page 46: Focale Alternative #26

« La pénétration, en 5 minutes, ils jouissent.C’est le jeu avant et après qui est trèsimportant. Le service après vente comme ondit. »

Elisa

Plus de 25 millions d'Egyptiens sontattendus ce dimanche dans plusieurs régionsd'Egypte afin de voter pour le nouveauParlement.

Page 47: Focale Alternative #26

« La pénétration, en 5 minutes, ils jouissent.C’est le jeu avant et après qui est trèsimportant. Le service après vente comme ondit. »

Elisa

Egypte, un an après ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 48: Focale Alternative #26

« La pénétration, en 5 minutes, ils jouissent.C’est le jeu avant et après qui est trèsimportant. Le service après vente comme ondit. »

Elisa

Egypte, un an après ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 49: Focale Alternative #26

« La pénétration, en 5 minutes, ils jouissent.C’est le jeu avant et après qui est trèsimportant. Le service après vente comme ondit. »

Elisa

Des affrontements se déroulent sur la rueMohamed Mahmoud (Le Caire). Ceux­ci ontcommencé après que des milliers de personnes,dont beaucoup d'entre eux sont des supporters defootball connus sous le nom des "Ultras", ontdéfilé du club Ahly de Zamalek dans le centre duCaire pour protester contre la violence lors dumatch de football à Port­Saïd, qui a fait 74 mortsmercredi dernier.

Page 50: Focale Alternative #26

F.A : Tu as vécu dernièrement un incident

dans le cadre de ton travail de photojournaliste. C'est

une réalité dont les lecteurs n'ont pas toujours

conscience. Comment as-tu vécu cet incident et en

quoi celui-ci est le témoin d'une réalité mouvementée

sur place ?

V. Nguyen Hoang : Ce qui m’est arrivé est unincident qui pouvait arriver à n’importe qui ce jour­là vu que les pierres venaient de partout. Je n’ai paseu de chance par rapport à ça mais je connaissaisles risques que j’encourrais en restant en premièreligne, même si à la fin je n’avais plus trop le choixvu qu’il était tout aussi dangereux de quitter cettepremière ligne.

Lorsque j’aireçu le caillou en pleinefigure, j’ai senti quedeux dents avaientbougé. La premièrechose à laquelle j’aipensé c’est que monpère allait me tuer si çase voyait physiquement et qu’il fallait que j’arrangeça au plus vite. Curieusement, je n’ai jamaisressenti de grosses douleurs, peut­être à cause del’adrénaline. Ma deuxième préoccupation a été detrouver un bon hôpital.

Ensuite, lorsque j’ai été arrêtée par l’armée.La question était de savoir quand est­ce que j’allaisêtre relâchée et comment tenir au courant mes amisainsi que l’ambassade belge. J’était aussi inquiètede ce qui pouvait nous arriver (nous étions trois àavoir été arrêtés ensemble) vu toutes les histoiresque j’ai pu entendre auparavant. Je m’inquiétaiségalement pour mes appareils photos qu’ils auraientpu garder. Finalement, je pense que j’ai eubeaucoup de chance car j’ai été relâchée quelquesheures après grâce à la pression de mon journal, del’ambassade belge et de mes amis qui essayaientd’avoir des infos par tous les moyens.

Ce jour­là, 18 journalistes ont été arrêtésavec plus de 300 autres personnes. Deux joursavant, une vingtaine de personnes ont étés tuées pardes « thugs » (milices) probablement payés par lesSCAF. Ce qui m’est arrivé n’est pas témoin d’uneréalité mouvementé sur place, c’est toute l’histoired’Abbasseya cette semaine là qui reflète la situationconfuse en Egypte : des sit­in, des affrontements,des morts et des arrestations qui au bout du comptene font que donner une mauvaise image à l’étranger

Ce qui m’est arrivé peut être le reflet del’action de l’armée qui arrête les gens à bout portantsans aucune raison, blessés ou pas, peu importe. Ilsvivent aussi dans cette paranoïa de l'espionnageétranger.

F.A : Lorsque l'on parcourt ton travail

photographique, ta démarche semble vouloir devenir

le témoin des mouvement populaires dans le monde.

As-tu conscience de ce phénomène ? Comment as-tu

mûri ta perspective photographique pour qu'elle

devienne ce qu'elle est aujourd'hui ? Entre

« Shame », Athènes et maintenant l'Egypte, ta

photographie se veut le témoin d'une revendication

humaine. Que penses-

tu de cela ?

V. Nguyen Hoang : Jel’ai dit précédemment,Huma se présentecomme un collectif dephotographeshumanistes. Lesrevendications

humaines en font donc partie. Il est important d'enparler et de les raconter à travers des images.

« Shame » est une série un peu moinssérieuse que le sujet à Athènes ou mon travail enEgypte. C’était juste le temps d’une manifestions enBelgique tandis que « Une génération sacrifiée » et« Egypte, un an après » sont des travaux menés surle long terme qui reflètent une situation politique,économique et sociale complexe.

Ma photographie tourne autour desproblèmes de société. Comme l’exclusion sociale,les mouvements populaires sont les conséquencesde problématiques au sein de nos sociétés. Enconclusion, on peut dire que ma photographie – etcelle du collectif en général – parle de personnesqui revendiquent leurs droits en toute légitimité.

Ma photographie tourne autour desproblèmes de société commel’exclusion sociale, les mouvementspopulaires sont les conséquences deproblématiques au sein de nos sociétés.

Page de droite

Des affrontements se déroulent sur la rueMohamed Mahmoud (Le Caire). Ceux­ciont commencé après que des milliers depersonnes, dont beaucoup d'entre eux sontdes supporters de football connus sous lenom des "Ultras", ont défilé du club Ahlyde Zamalek dans le centre du Caire pourprotester contre la violence lors du matchde football à Port­Saïd, qui a fait 74 mortsmercredi dernier.

Page 51: Focale Alternative #26

Egypte, un an après ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 52: Focale Alternative #26

Abbasseya clashes ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 53: Focale Alternative #26

Les forces armées égyptiennes et lesmanifestants se sont affrontés au Caire levendredi 04 mai 2012. Les troupes arméesont utilisé des canons à eau et des lance­pierres pour disperser les manifestants quitentaient de rejoindre le ministère de laDéfense. Les manifestants répondaient enjetant des pierres sur les troupes armées.

Légende page suivante également

Page 54: Focale Alternative #26
Page 55: Focale Alternative #26

Abbasseya clashes ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 56: Focale Alternative #26

Abdel Moneim Abouel Fotouh, ancien chefdes Frères, était en visite dans la région deSharrqyia dans le Delta d'Egypte pour sacampagne présidentielle. Les militants etsympathisants ont célébré et préparé sonarrivée au meeting

Page 57: Focale Alternative #26

Egyptian Presidential Elections 2012. To be continued. . . ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 58: Focale Alternative #26
Page 59: Focale Alternative #26

Egyptian Presidential Elections 2012. To be continued. . . ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 60: Focale Alternative #26

En Juillet 2011, Abouel Fotouh a été renvoyé des FrèresMusulmans en raison de son intention de participer àl'élection présidentielle. Il envisage un systèmedémocratique fondé sur des contrôles et des contrepoidsentre les trois branches du gouvernement. Il approuve unsystème politique mixte jusqu'à ce que le premier mandatprésidentiel soit achevé après quatre ans.

Page 61: Focale Alternative #26

Sur le point de vue économique, il met l'accent sur ledéveloppement humain comme un moyen pour laprospérité. Il opte aussi pour accroître les ressourcespubliques et la réduction des dépenses. Il mentionneégalement la nécessité d'adopter une fiscalité progressive,augmenter le salaire minimum et investir dans l'éducation.

Page 62: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Steve, 31 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 63: Focale Alternative #26

" Il y a tout d'abord un accident.Ensuite, c'est le coma.Finalement, il y a le réveil,quelques semaines voir quelquesmois plus tard.Et puis...Steve, Jean­Luc, Dany, Clémentet Angela ont subi un accident dela route. Qu'ils aient étéconducteur, passager, ou mêmepiéton, leur cerveau a étédurement atteint. Ils sont victimesde traumatisme crânien et leur viene sera plus jamais pareille. "

Gaëtan Nerincx

Un accident et puis. . .

Magazine photographiqueFocale Alternative

Page 64: Focale Alternative #26
Page 65: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Steve, 31 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 66: Focale Alternative #26

mes photos leur porte préjudice. J’ai été témoin decrises ou de propos déplacés. Je fais la part deschoses.

Je m’intéresse à l’humain, étant moi­mêmeun être humain. Ces histoires m’ont marqué et jesuis toujours en contact avec eux. C’étaitparticulièrement intéressant de voir les réactionsdes enfants de Jean­Luc par rapport aux histoires

des autres. Jusque là,leur papa était pour euxun cas isolé.F.A : Certaines

photographies ne

reflètent pas les

séquelles profondes du

cerveau des différents

protagonistes. C'est un angle d'attaque et un pari

pris qui te semblent essentiels dans la réalisation de

ton reportage. Pourquoi avoir choisi ce parti ? En

quoi celui-ci est-il l'essence parallèle qui a guidé tes

pas au fil des semaines passées en compagnie de ces

différentes personnes ?

G. Nerincx : La blessure invisible : c’estsouvent de cette façon que l’on qualifie letraumatisme crânien. Cela se voit plus fort chez lesuns que chez les autres, c’est sûr, mais même ce quel’ont peut voir ne met pas nécessairement le doigtsur le problème. C’est donc par la relation auxautres que j’ai voulu raconter ces troubles.

Steve se retrouve seul, avec peud’interactions sociales. Clément est retourné vivrechez sa mère. Accueillir Jean­Luc chez lui estdevenu un vrai défi pour sa famille. Pour moi, d’unpoint de vue humain, le vrai trouble se situe là. Quiest­on pour les autres après l’accident ?

F.A : Chaque protagoniste est accompagné

d'un témoignage fort qui veut faire prendre

conscience au lecteur du quotidien des différentes

personnes. La lecture me semble clairement suivre

une narration de type journalistique. Comment as-tu

fait pour choisir avec parcimonie chaque

photographie pour que celles-ci se parlent entre

elles ? Comment effectues-tu ta sélection et comment

fonctionnes-tu pour raconter une histoire ? Y a-t-il

des indices perceptibles qui ont guidé tes choix ?

G. Nerincx : Faire la sélection finale desphotos et les placer les unes par rapport aux autresest pour moi la partie la plus difficile du travail. Ilfaut éliminer de « belles » images quand elles ne

F.A : La série « Un accident et puis. . . » traite

d'un sujet profond qui est le témoignage visuel

autour de personnes qui ont subi un accident de la

route. Que peux-tu nous raconter sur ce reportage

bouleversant ? Comment as-tu fait en tant que

photographe pour vivre le quotidien de ces

différentes ?

Gaëtan Nerincx : Quand on pense accident,on imagine dégâts, blessures, peut­être le coma oumême le décès. Mais cela t’arrive­t­il d’imaginercomment on est quandon sort du coma ? Lecerveau a été durementatteint, les séquellessont profondes. Lesproches découvrentune personne« changée » : avec unepersonnalité qu’ils ne reconnaissent plus toujours.Les gens en sont­ils conscients ?

Le centre de réadaptation auquel je m’étaisadressé a trouvé ma démarche intéressante et m’aaiguillé vers une série de personnes que j’airencontrées. Je me suis concentré sur une partied’entre elles en fonction de leur situation et enprivilégiant la variété.

La suite, c’est la raison pour laquelle je faisce boulot : des rencontres sur le plan humain superenrichissantes.

F.A : Travailler sous un angle humaniste est

un travail difficile. On y laisse toujours une part de

soi-même. Comment as-tu vécu cela lors de la

réalisation de « Un accident et puis. . . » ? Te

considères-tu comme un témoin à caractère

humaniste ? Comment définirais-tu ce parti pris qui

dirige ce reportage ?

G. Nerincx : Le travail de reportagecommence par des rencontres. Je vais à la rencontrede ces personnes et de leurs histoires. La situation,le vécu, les séquelles sont loin d’être faciles àaborder. On se rend bien compte que l’accident abouleversé la vie de ces personnes, de ces familles.J’ai gagné leur confiance et ils s’ouvrent à moi : jesuis un témoin privilégié. Le respect est vraiment lemaître­mot au moment de s’immiscer dans leurintimité. Je veux raconter l’histoire de Steve, Jean­Luc ou encore Angela, mais je ne peux évidemmentpas le faire de n’importe quelle manière. Je doisfaire des choix : cela vaut­il la peine d’être montréou est­ce dégradant ? Je ne voudrais surtout pas que

Les proches découvrent une personne« changée » : avec une personnalitéqu’ils ne reconnaissent plus toujours.Les gens en sont­ils conscients ?

Page 67: Focale Alternative #26

participent pas à la narration – quel déchirementpour le photographe !

Je ne sais pas s’il y a vraiment des règles.Quelles sont les images qui illustrent cette relationaux proches que je veux montrer, qui illustrent ledésarroi de la situation ou qui introduisent leprotagoniste sous l’angle le plus intéressant ?

Après, il y a de l’intuition et le regard desautres – Fred et Virginie pour ne pas les nommer.Les textes ont aussi une grande importance danscette narration journalistique dont tu parles. Jeraconte des histoires vraies, sans prétention et avecune éthique humaniste.

F.A : « Un accident et puis. . . » est un sujet

sensible sur une réalité que l'on ne souhaite pas

toujours voir. Cela n'arrive qu'autres comme disent

certains. Qu'espères-tu que le lecteur garde comme

trace de ce témoignage ? Quel rôle penses-tu ou

aimerais-tu avoir joué en proposant ce reportage ?

Cela entre-t-il dans les idéaux que tu te fais du métier

que tu pratiques ?

G. Nerincx : La plupart des gens ont unevoiture et l’utilisent régulièrement. C’est trop facilede faire abstraction des « dommages collatéraux ».C’est une liberté dont on préfère oublier le prix. Ici,j’aborde une réalité plus pointue : que se passe­t­il àla sortie du coma ? Les conséquences ne se limitentpas à l’individu – qui ne s’en rend d’ailleurs pastoujours compte – mais affectent aussi les proches.Je ne fais pas la morale. Je ne parle pas de bien oude mal. Je relate des histoires qui, j’espère, ouvrentles yeux sur une situation. Mais je veille bien àrespecter les protagonistes.

Pour moi, d’un point de vue humain, levrai trouble se situe là. Qui est­on pourles autres après l’accident ?

Page 68: Focale Alternative #26
Page 69: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Jean­Luc, 47 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 70: Focale Alternative #26
Page 71: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Jean­Luc, 47 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 72: Focale Alternative #26
Page 73: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Clément, 24 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 74: Focale Alternative #26
Page 75: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Clément, 24 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 76: Focale Alternative #26
Page 77: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Angela, 21 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 78: Focale Alternative #26
Page 79: Focale Alternative #26

Un accident et puis. . . / Angela, 21 ans ­ Gaëtan Nerincx

Page 80: Focale Alternative #26

Collectif Huma

Page 81: Focale Alternative #26

uma est un collectif de photographes à caractèrehumaniste. Notre vision se pose sur la vocation,l’engagement et les valeurs humaines. Nous pratiquons unephotographie décalée qui offre un regard particulier, unregard d’homme qui s’assume dans son individualité ausein de la société.Une photographie digne, respectueuse, qui parled’humanité. Une photographie intime, émotionnelle quimontre de près pour comprendre de loin.

H

Page 82: Focale Alternative #26

Lorsque les protagonistes du collectifHuma présentent et expriment uneréflexion autour d'un reportage réalisé parun autre membre

Page 83: Focale Alternative #26

H

Quand Huma

se dévoile

Page 84: Focale Alternative #26

Le 26 janvier 2010, après un rappel de son vaccinpour le tétanos et une prise de sang de « routine »,Jonathan Deletombe apprend par son médecin qu'il ya une hausse importante de globules blancs dans lesang et celui­ci le dirige aussitôt vers un spécialistedu sang.

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 85: Focale Alternative #26

"Le retour de Jonathan" est une histoiretouchante et pleine d’espoir pour les personnes quise battent contre leur cancer ou une maladie grave.Frédéric avait déjà travaillé pendant deux ans sur lafin des champs de course en Belgique à travers lequotidien de deux jeunes futurs jockeys. En 2011,son ami Jonathan lui apprend que lors d'un examende routine chez le médecin, il est atteintd'une leucémie lymphoblastique aiguë. Cependant,il lui a juré de combattre cette maladie et ensuite derevenir sur le terrain pour gagner une course, unepromesse qui succède à un reportage.

Frédéric a réussi à entrer au cœur même dece combat et de raconter la persévérance deJonathan pour continuer sa passion malgré lesdifficultés physiques et mentales face à la maladie.Nous sommes plongés dans une photographiehumaniste par le sujet en lui­même; le retour d’unjockey suite à un cancer, mais aussi par la manièredont Frédéric l’a photographié tout au long de sonchemin vers son retour sur les pistes deshippodromes.

A aucun moment, on ne remarque queFrédéric est présent et c’est ce qui fait la force duphotojournaliste. Il a réussi à se faire oublier touten construisant des images pleines de sens enpassant par l’hôpital, les écuries, l’attente et lapatience pour enfin terminer avec Jonathan gagnantsa première victoire depuis sa maladie. Frédéric acette qualité de pouvoir entrer dans l’intimité duquotidien des personnes qu’il suit. On le remarqueencore dans cette série. Il a suivi le combat deJonathan ce qui n’a pas dû être facile à chaqueinstant car dans ce genre de reportage on ne sait pastoujours à quoi s’attendre, il faut parfoiss’accrocher. Ici, nous arrivons à une fin joyeusemais cela aurait pu se terminer autrement.

Frédéric est parvenu à faire passer unmessage à travers des photos qui racontent et qui enplus relève d’un certain esthétisme notammentgrâce aux jeux d’ombre. Je pense que la démarchehumaniste dans ce reportage est évidente lorsquel’on suit le combat d’une personne face à unemaladie grave.

De Frédéric Pauwels vu par Virginie Nguyen Hoang

Le retour de Jonathan

Page 86: Focale Alternative #26

Après une ponction de la moelle osseuse et une biopsie de l’os, le jeune jockeyamateur apprend le verdict: on lui déclare une leucémie lymphoblastique aiguë. Il a48 heures pour préparer ses affaires et commencer son traitement qui durera 5 moisen chambre stérile.

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 87: Focale Alternative #26

"J'étais content de retrouver les mêmes sensations qu'avant mais ma force physiquen'était pas encore à son maximum. Par la suite, j'ai renforcé mon entraînement parplusieurs séances au Fitness, de la course à pied, du vélo et de la musculation".

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 88: Focale Alternative #26

Jonathan se protège de lapoussière, de la paille et des poilsdes chevaux. Il subit encore unrenforcement immunitaire tous lestrois mois à l'hôpital.

Page 89: Focale Alternative #26

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 90: Focale Alternative #26

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 91: Focale Alternative #26

Le 15 mai 2011, Jonathan entame son retour à la compétition.Dans une heure, il montera en course après plusieurs moisd'absence.

Le 18 septembre sur l'hippodrome de Ghlin, ladernière réunion de galop de l'année clôturait la saison2011. Celle­ci a été marquée par la victoire trèsattendue d'un jeune et excellent jockey, JonathanDeletombe. Cette victoire a une connotationparticulière pour lui quand on sait qu'une leucémieaiguë lymphoblastique l'a frappé dans son jeuneparcours.Après plusieurs mois d'absence et de lourdstraitements, Jonathan s'est offert une belle revanchesur la maladie en remontant en selle pour remporter lavictoire. Un vrai message d'espoir pour les autresmalades : " Tomber malade, c'est aussi garder ses

propres objectifs ! "

Page 92: Focale Alternative #26

"A l'hôpital, je regardais un reportage duTélévie sur un garçon de mon âge atteintd’un cancer lui aussi. Son grand défi étaitde faire une grande traversée en mer avecsa planche à voile. Cela m'a permis de merendre compte que je n'étais pas fou etque remonter à cheval était possible! Ilfaut toujours croire en ses rêves."

Page 93: Focale Alternative #26

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 94: Focale Alternative #26

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 95: Focale Alternative #26

Jonathan part s'isoler en dehors des vestiaires. " J'ai besoind'être seul pour me concentrer et évacuer la pression ! "

Page 96: Focale Alternative #26
Page 97: Focale Alternative #26

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 98: Focale Alternative #26

Le 18 septembre 2011, Jonathangagne après six courses. " C'est une

victoire publique! Gagner est un très

beau message d'espoir pour toutes les

personnes touchées par le cancer.

Tomber malade, c'est aussi et avant

tout garder ses objectifs et croire en

soi ! "

Page 99: Focale Alternative #26

Le retour de Jonathan ­ Frédéric Pauwels

Page 100: Focale Alternative #26

Quand Huma se dévoile

Page 101: Focale Alternative #26

H

Page 102: Focale Alternative #26

Maria et sa famille vivaient dans le quartier Nord deBruxelles connu pour sa prostitution et ses loyersmodestes. Au mois de juin 2011, ses parent onttrouve un appartement dans un meilleur quartier deBruxelles.

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 103: Focale Alternative #26

Cette série représente la volonté de fer deVirginie d’arriver à ses fins. Tout le monde lamettait en garde. « Un sujet sur les Roms àBruxelles, tu vas t’y casser les dents ». Les débutsn’ont pas été faciles. Elle a persévéré et a gagné laconfiance de toute la famille que l’on rencontredans le reportage. Beaucoup de photographescapables de merveilles à l’étranger, dans dessituations « exotiques », n’ont pas le cran de traiterde tels sujets « à la maison ». Virginie trouve cetexotisme insoupçonné à deux pas de chez nous. Jeme souviens de la remarque d’un visiteur à notredernière expo : « Au fond, vous ne faites pastellement de sujets en Belgique ? » Il était devantdeux grandes photos : l’une montrait les toits deShatila, au Liban, et l’autre la famille Rostas, àBruxelles.

Avec ce reportage, on est vraiment dans la« philosophie Huma », avec un petit côté militant.On entre dans l’intimité de ces familles, on vit leurquotidien. On est très loin des clichés. A Bruxelles,les gens associent souvent les Roms à cesmendiants qui traînent dans les rues. Virginievoulait vraiment démontrer que les tous les Romsne sont pas des voleurs et détruire cette image demisère qui leur colle à la peau. Elle a vraimentdépassé cet a priori en rencontrant plusieursfamilles – dont la famille Rostas avec qui elleentretient un très bon contact. Une famille, c’est lacomposition de toutes les générations. C’est doncun excellent point de départ pour aborder desproblématiques comme l’intégration. La familleRostas est encore très traditionnelle mais elle tentede s’intégrer grâce à l’éducation des enfants.

A travers des moments de vie, Virginie nousmontre le quotidien de cette famille Rom. C’est safaçon de poser les bases visuelles de son histoire.On voit des moments de tendresse : on se coiffe enfamille, Sibilca s’occupe du bébé. On voit desmoments de joie et aussi des moments de peine.Beaucoup d’humanité en somme. Rien de mieuxpour combattre les clichés que d’aller à la rencontrede l’autre et vraiment faire sa connaissance. C’estcela que les photos de Virginie nous aident à faire.Et c’est là leur force.

De Virginie Nguyen Hoang vu par Gaëtan Nerincx

Une famille de rom à Bruxelles

Page 104: Focale Alternative #26

La famille Rostas vit a Bruxellesdepuis 3 ans tout en conservant lestraditions roms.

Page 105: Focale Alternative #26

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 106: Focale Alternative #26

Maria Rostas et sa famille sont originaires duvillage de Cluj­Napoca situé au Nord de la Roumanie.Cela fait sept ans que Nicolae, le père de famille, vit àBruxelles tandis que ses sept enfants et sa femme l’ontrejoint quatre années plus tard. Comme de nombreuxRoms de Roumanie, la famille Rostas a fui desconditions de vie médiocres agrémentés d’unediscrimination sévère que subit la « minorité nationale» au sein de la société roumaine.Si depuis deux ans Maria et ses frères et sœursvont à l’école grâce à l’aide du CPAS, un fossé secreuse entre la vie scolaire et la vie au foyer. Lequotidien devient mélange d’un mode de vie « belge »qui se confronte à la culture et aux traditions roms.

Page 107: Focale Alternative #26

Sibilca a donne naissance à Samuel il y a un an. Samuel est belge, tandis que same re garde la nationalite roumaine.

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 108: Focale Alternative #26

Célébration des 2 ans de Samuel.

Page 109: Focale Alternative #26

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 110: Focale Alternative #26

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 111: Focale Alternative #26

Nicolae (milieu), son fre re(gauche) et un ami (droite).

Page 112: Focale Alternative #26

Sibianca et sa famille habitent toujours dans un quartier où de nombreux Roms s'ysont installés.

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 113: Focale Alternative #26

Dans leur modeste appartement près de la Gare du nord de Bruxelles, les pannesd'électricité étaient récurrentes.

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Légende page suivanteMaria ne parle pas parfaitementfranc ais, mais c a ne l'empe che pasde bien s'entendre avec sescamarades de classe.

Page 114: Focale Alternative #26
Page 115: Focale Alternative #26

Une famille rom à Bruxelles ­ Virginie Nguyen Hoang

Page 116: Focale Alternative #26

Quand Huma se dévoile

Page 117: Focale Alternative #26

H

Page 118: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 119: Focale Alternative #26

Senthil a reconnu Lucie ! Après quelques semainesà aller discuter avec lui et se faire bénir parl'éléphant, Gaëtan lui a demandé s’il pouvait luirendre visite quand il avait l'éléphant. De fil enaiguille, il est allé quelques fois et a même assistéau rasage mensuel !

Ce qui est frappant dans ce travail de plusou moins un mois et demi, l'éléphant sacré est aumilieu de la vie dans la ville. Les gens n'hésitentpas à faire le détour pour venir le saluer et lerespectent comme une divinité. Parfois des gensplus aisés viennent avec leurs enfants pour lui fairedes offrandes le matin lors du lavage ­ ça leur portechance. Des gens viennent aussi ramasser sesexcréments qui sont aussi sacrés. Les scènes de labénédiction nous permettent aussi de biencomprendre l’importance des traditions. Il y a uncôté très apaisant en voyant les photos de Gaëtan.

Il a très bien su saisir la complicité entrel’homme et l’animal parfois mise plus en avant quesa propre famille qu’il voit très peu. Le choix dunoir et blanc nous met face à la composition trèsrecherchée de Gaëtan, mettant en évidence chaquepersonnage qui ont une place particulière danschaque coin de la photo.

Il a su montrer aussi les scènes du quotidiende Senthil et de ses proches. La scène de la douche,du rasage sont pour moi des éléments clés d’unebonne narration d’un reportage. Ces scèneshumanisent les gens et le lecteur s’identifie à euxpar rapport à son propre quotidien. Les quelquesphotos de la famille qui reposent sur une tableapportent aussi une dimension sociale commel’éloignement de la famille pour se consacrer à sontravail. Gaëtan a su avoir la chance avec lui lorsquesa famille a rendu visite à Senthil. La complicité dela petite fille avec son père à la fin du reportagerenforce l’importance des valeurs fondamentalescomme la famille.

De Gaëtan Nerincx vu par Frédéric Pauwels

Lakshmi, l'éléphant du temple

L'éléphant et Senthil, son cornac, sont unpeu incontournables dans le centre de Pondicherrycomme ils le sont sur notre site du Collectif. Cetravail sur l’éléphant sacré est pour moi une sortede respiration par rapport à tous nos sujets traitéspour Huma.

Le point de départ d’après Gaëtan a été sacompagne. Lucie avait vécu quatre ans auparavantà Pondicherry pendant quelques mois et avaitappris à connaître Senthil.

Quand Gaëtan a décidé de suivre sacompagne pour vivre en Inde pour quelques mois,

Page 120: Focale Alternative #26

Au détour d'une ruelle, devant le temple hindoudédié à Ganesh, la demoiselle trône au côté de soncornac. On la salue, on l'apostrophe, on lui glisse uneroupie dans la trompe en échange d'une bénédiction.On la craint, aussi. N'est­elle pas l'incarnation vivantedu dieu à tête d'éléphant ?Née et élevée dans l’État indien du Kerala,Lakshmi est une icône à Pondichéry, ancien comptoirfrançais du sud­est de l'Inde. L'homme toujours à sescôtés, c'est Senthil, son cornac. Cette semaine, safemme et ses enfants ­ qui vivent au Kerala ­ sont devisite.

Page 121: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 122: Focale Alternative #26
Page 123: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 124: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 125: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 126: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 127: Focale Alternative #26
Page 128: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 129: Focale Alternative #26

Lakshmi, l'éléphant du temple ­ Gaëtan Nerincx

Page 130: Focale Alternative #26

CollectifHuma

Page 131: Focale Alternative #26

H

Page 132: Focale Alternative #26

Magazine photographiqueFocale Alternative

Page 133: Focale Alternative #26

http://www.collectifhuma.com/Collectif Huma

Page 134: Focale Alternative #26

Focale AlternativeCult/MagNum 26

Quand la photographie se dévoile