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0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 1475 1480 1485 1490 1495 1500 1505 Cote du lac (m-IGN) Débit des émissaires (L/s) FONCTIONNEMENT HYDROLOGIQUE DU LAUVITEL (Parc national des Ecrins, France) 893600 893800 894000 894200 894400 3302600 3302800 3303000 3303200 3303400 3303600 3303800 La neige et la modélisation de sa fusion Les précipitations Les pertes hydrologiques 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 01/09/08 01/11/08 01/01/09 01/03/09 01/05/09 01/07/09 Hauteur de niege (m) Hauteur neige calculée BV (m) Hauteur neige calculée à 1550 (m) Hauteur neige mesurée à la station (m) Le lac du Lauvitel, ou « Le Lauvitel », situé à 1500 m d’altitude, présente une fluctuation annuelle du niveau de son plan d’eau exceptionnelle à l’échelle de l’ensemble des Alpes. Aussi, il réagit très fortement aux entrées climatiques et à leurs variations. L’étude des relations entre les niveaux lacustres et les paramètres climatiques permet ainsi de mieux cerner les conséquences du changement climatique dans les Alpes. Suivre à long terme un milieu de haute montagne, c’est d’ailleurs l’un des objectifs de la Réserve intégrale qui couvre largement la partie amont du bassin du Lauvitel. Le niveau du plan d’eau oscille généralement entre 1480 m et 1500 m d’altitude. Le marnage annuel moyen est d’environ 20 m. En juin, les variations de la cote du plan d’eau sont maximales, les vitesses sont de 50 à 60 cm/jour, et peuvent même dépasser 1 m/jour . * Université Joseph Fourier, Institut de Géographie Alpine, Laboratoire PACTE, [email protected] ** Parc national des Ecrins Une sentinelle environnementale Un marnage exceptionnel pour un lac alpin Bathymétrie transformation des niveaux lacustres en volume d’eau A la cote 1500 m, on est proche du niveau le plus haut enregistré depuis 2005. Le lac présente un volume de près de 12 Mm 3 , une superficie de 0,389 km², et une profondeur maximale de 65 m. C’est l’un des plus grands lacs naturels d’altitude des Alpes. Pour établir le bilan hydrologique du lac, il faut modéliser la surface et le volume du remplissage en fonction de l’altitude du plan d’eau. La bathymétrie permet de construire ces modèles Nous avons installé un réseau de 14 pluviomètres dans le vallon du Lauvitel (triangles rouges). A partir de ces relevés, le modèle pluviométrique PLUVIA, a été utilisé pour cartographier d’une manière optimale les entrées d’eau sur l’ensemble du bassin. Les eaux de fonte du bassin du Lauvitel constituent la principale source d’eau du lac. La méthode « degré- jour » a été retenue pour cerner l’apport lié à cette fusion nivale. La modélisation du manteau neigeux montre une très bonne correspondance avec les observations. La détermination du fonctionnement hydrologique nécessite d’estimer les volumes d’eau des résurgences qui contribuent à diminuer le volume d’eau lacustre. Il existe une très forte relation entre ces débits, mesurés ponctuellement, et le niveau de lac. On peut ainsi reconstituer le débit des émissaires tout au long de l’année. Première estimation des flux annuels moyens (en Mm 3 ) L’évaporation Il est toujours difficile de déterminer la part de l'évapotranspiration réelle dans un bilan hydrologique. Plusieurs méthodes ont été utilisées. Les méthodes de PENMAN et d’Oudin (2004) sont les plus performantes. La méthode de PENMAN est basée sur une évaluation objective du bilan énergétique de la surface évaporante. Elle nécessite cependant la connaissance de nombreux paramètres atmosphériques. L'ordre de grandeur des différentes composantes du bilan est relativement bien évalué à partir de l’intégration de différents modèles. L'équilibre hydrique de la cuvette révèle la part des apports des précipitations, des écoulements liés à la fusion nivale, et la faiblesse du prélèvement dû à l'évaporation. Le bilan hydrologique permet de mettre en avant, et de quantifier, le caractère important de la fusion nivale dans le régime hydrologique du Lauvitel (9 Mm 3 ). L’évaporation engendre une perte faible (0,14 Mm 3 ). Ce volume reste certes important dans l'absolu, mais relativement faible au regard des précipitations reçues (19,9 Mm 3 ) et des écoulements sur l'ensemble du bassin (11,7 Mm 3 ). Dominique Dumas*, Denis Fiat** et Hervé Cortot** La station météo du Lauvitel Elle mesure en continue les principaux paramètres climatiques du bassin. Elle a été utilisée pour caler et définir les principaux termes du bilan hydrologique (précipitations, fusion nivale, évaporation). 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0 1-janv 1-févr 1-mars 1-avr 1-mai 1-juin 1-juil 1-août 1-sept 1-oct 1-nov 1-déc ETP (mm/jour) ETP Oudin ETP Penman 1460 1465 1470 1475 1480 1485 1490 1495 1500 1505 janv-00 juin-00 déc-00 juin-01 déc-01 juin-02 déc-02 juin-03 déc-03 juin-04 déc-04 Cote absolue du lac (m) - 2 000 000 4 000 000 6 000 000 8 000 000 10 000 000 12 000 000 14 000 000 16 000 000 18 000 000 20 000 000 Volume (m3) Volume (m3) Cote fin journée j-1 Lac Bassin versant Hauteur moyenne de neige sur l’ensemble du bassin Hauteur de neige (calculée et observée) à la station météo mesures des débits Station météo Remerciements : Nous tenons à remercier les nombreux agents du Parc national des Ecrins pour leur aide. Cette étude a également bénéficié des travaux des étudiants de Master Pierre Herman et Cyril Valois.

FONCTIONNEMENT 1470 4 000 000 6 000 000 HYDROLOGIQUE …

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Cote du lac (m-IGN)

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FONCTIONNEMENT

HYDROLOGIQUE DU LAUVITEL

(Parc national des Ecrins, France)

893600 893800 894000 894200 894400

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La neige et la modélisation de sa fusion

Les précipitations

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Le lac du Lauvitel, ou « Le Lauvitel », situé à 1500 m d’altitude,

présente une fluctuation annuelle du niveau de son plan d’eau

exceptionnelle à l’échelle de l’ensemble des Alpes. Aussi, il réagit très

fortement aux entrées climatiques et à leurs variations.

L’étude des relations entre les niveaux lacustres et les paramètres

climatiques permet ainsi de mieux cerner les conséquences du

changement climatique dans les Alpes. Suivre à long terme un milieu

de haute montagne, c’est d’ailleurs l’un des objectifs de la Réserve

intégrale qui couvre largement la partie amont du bassin du Lauvitel.

Le niveau du plan d’eau

oscille généralement entre

1480 m et 1500 m

d’altitude. Le marnage

annuel moyen est d’environ

20 m.

En juin, les variations de la

cote du plan d’eau sont

maximales, les vitesses

sont de 50 à 60 cm/jour, et

peuvent même dépasser

1 m/jour .

* Université Joseph Fourier, Institut de Géographie Alpine, Laboratoire PACTE, [email protected]

** Parc national des Ecrins

Une sentinelle environnementale

Un marnage exceptionnel pour un lac alpin

Bathymétrie transformation des niveaux lacustres en volume d’eau

A la cote 1500 m, on est proche du

niveau le plus haut enregistré depuis

2005. Le lac présente un volume de

près de 12 Mm3, une superficie de

0,389 km², et une profondeur

maximale de 65 m. C’est l’un des

plus grands lacs naturels d’altitude

des Alpes.

Pour établir le bilan hydrologique du

lac, il faut modéliser la surface et le

volume du remplissage en fonction

de l’altitude du plan d’eau. La

bathymétrie permet de construire

ces modèlesNous avons installé un réseau de 14 pluviomètres dans le

vallon du Lauvitel (triangles rouges). A partir de ces relevés,

le modèle pluviométrique PLUVIA, a été utilisé pour

cartographier d’une manière optimale les entrées d’eau sur

l’ensemble du bassin.

Les eaux de fonte du bassin

du Lauvitel constituent la

principale source d’eau du

lac. La méthode « degré-

jour » a été retenue pour

cerner l’apport lié à cette

fusion nivale. La

modélisation du manteau

neigeux montre une très

bonne correspondance avec

les observations.

La détermination du fonctionnement

hydrologique nécessite d’estimer les

volumes d’eau des résurgences qui

contribuent à diminuer le volume d’eau

lacustre. Il existe une très forte relation

entre ces débits, mesurés

ponctuellement, et le niveau de lac. On

peut ainsi reconstituer le débit des

émissaires tout au long de l’année.

Première estimation

des flux annuels moyens (en Mm3)

L’évaporation

Il est toujours difficile de déterminer la part de

l'évapotranspiration réelle dans un bilan

hydrologique.

Plusieurs méthodes ont été utilisées. Les méthodes

de PENMAN et d’Oudin (2004) sont les plus

performantes. La méthode de PENMAN est basée

sur une évaluation objective du bilan énergétique

de la surface évaporante. Elle nécessite cependant

la connaissance de nombreux paramètres

atmosphériques.

L'ordre de grandeur des différentes composantes du bilan est

relativement bien évalué à partir de l’intégration de différents modèles.

L'équilibre hydrique de la cuvette révèle la part des apports des

précipitations, des écoulements liés à la fusion nivale, et la faiblesse du

prélèvement dû à l'évaporation.

Le bilan hydrologique permet de mettre en avant, et de quantifier, le

caractère important de la fusion nivale dans le régime hydrologique du

Lauvitel (9 Mm3). L’évaporation engendre une perte faible (0,14 Mm3).

Ce volume reste certes important dans l'absolu, mais relativement

faible au regard des précipitations reçues (19,9 Mm3) et des

écoulements sur l'ensemble du bassin (11,7 Mm3).

Dominique Dumas*, Denis Fiat** et Hervé Cortot**

La station météo du Lauvitel

Elle mesure en continue les principaux paramètres

climatiques du bassin. Elle a été utilisée pour caler et

définir les principaux termes du bilan hydrologique

(précipitations, fusion nivale, évaporation).

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Remerciements : Nous tenons à remercier les nombreux agents du Parc national des Ecrins pour leur aide.

Cette étude a également bénéficié des travaux des étudiants de Master Pierre Herman et Cyril Valois.