FONDATION PETZL COULOIR DU GOÛTER – SAINT ......FONDATION PETZL COULOIR DU GOÛTER – SAINT GERVAIS (74) SUIVI ET ANALYSE DES CHUTES DE BLOCS ET DE LA FRÉQUENTATION PENDANT L’ETE

FONDATION PETZL

COULOIR DU GOÛTER – SAINT GERVAIS (74)

SUIVI ET ANALYSE DES CHUTES DE BLOCS ET DE LA FRÉQUENTATION PENDANT L’ETE 2011

RAPPORT FINAL

N° affaire : 11/033 N° Dossier : 01 N°

Indice Dates Établi par Signature Vérifié par Signature Nb pages

A 01/02/12 F. MACHET C. GACHET 54

0 16/01/12 F. MACHET C. GACHET 51

Alpes ingé Géotechnique – Environnement Montagne – Expertise

Les Meunières – 38660 Saint-Pancrasse. France

: 04.76.08.81.84 : 04.76.08.81.85

Fondation Petzl Au service de nos communautés

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Alpes ingé Couloir du Gouter – Analyse des chutes de blocs et de la fréquentation pendant l’été 2011

SOMMAIRE 1 INTRODUCTION ........................................................................................................................ 3 2 MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE ............................................................................................... 3

2.1 Observations sur le terrain ................................................................................................. 3 2.2 Enregistrement des données météorologiques .................................................................. 5 2.3 Limites de notre étude ........................................................................................................ 5

3 ANALYSE DES CHUTES DE BLOCS DURANT L’ÉTÉ 2011 .................................................. 6 3.1 Analyse des chutes de blocs sur l’ensemble de la saison ................................................. 6 3.2 Analyse journalière des chutes de blocs ............................................................................ 8 3.3 Caractéristiques des chutes de blocs ................................................................................. 8 3.4 Influence de l’enneigement du couloir .............................................................................. 10 3.5 Influence des conditions météorologiques ....................................................................... 14 3.6 Recalage de l’étude trajectographique des chutes de blocs ............................................ 15

4 ANALYSE DE LA FRÉQUENTATION DURANT L’ÉTÉ 2011 ................................................ 17 4.1 Estimation de la fréquentation globale ............................................................................. 17 4.2 Analyse de la fréquentation sur l’ensemble de la saison ................................................. 18 4.3 Analyse journalière de la fréquentation ............................................................................ 19 4.4 Encadrement et technique de progression ....................................................................... 20

5 ANALYSE DES RISQUES DURANT L’ÉTÉ 2011 .................................................................. 21 5.1 Accidentologie durant l’été 2011 ...................................................................................... 21 5.2 Croisement des données chutes de blocs/fréquentation ................................................. 21

6 TÉMOIGNAGES DE GUIDES SUR L’ITINÉRAIRE DU GOÛTER .......................................... 25 7 CONCLUSIONS ....................................................................................................................... 28

ANNEXES ANNEXE 1 ........................................................................................................................................... PLAN DE SITUATION ......................................................................................................................... ANNEXE 2 ........................................................................................................................................... DÉTAILS DES SESSIONS .................................................................................................................. ANNEXE 3 ........................................................................................................................................... DONNÉES COLLECTÉES PENDANT LA PÉRIODE D’OBSERVATION ........................................... ANNEXE 4 ........................................................................................................................................... SYNTHÈSES GRAPHIQUES DES DONNÉES COLLECTÉES PENDANT LA PÉRIODE D’OBSERVATION ................................................................................................................................

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1 INTRODUCTION

Suite à la demande de la Fondation PETZL, Alpes Ingé a réalisé une étude statistique des chutes de blocs et de la fréquentation dans le couloir du Goûter, sur la voie principale d’accès au Mont Blanc.

Elle fait suite à l’étude de sécurisation de la traversée du couloir du Goûter, réalisée par MEIGE en février 2011 et a pour objectif, d’une part de préciser l’aléa de chutes de pierres et de blocs et d’autre part d’étudier les risques qui en découlent compte tenu de la fréquentation du site.

Cette étude permettra également de compléter l’étude trajectographique des chutes de blocs réalisée en février 2011 et de préciser l’énergie et les hauteurs en rebond des blocs au niveau de la traversée.

Le plan de situation du couloir du Goûter figure en annexe 1.

2 MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE

2.1 Observations sur le terrain

2.1.1 Période d’observation La période d’observation a été en partie calée sur les dates d’ouverture du Tramway du Mont Blanc, soit du lundi 20 juin au dimanche 18 septembre 2011, ce qui couvre la majeure partie de la période estivale, la fréquentation du site se réduisant assez nettement avant et après ces dates.

Les observations de terrain ont été réalisées par Heïdi SEVESTRE, alpiniste et doctorante en glaciologie, suivant un rythme moyen de 4 jours sur site pour 5 jours dans la vallée. Cela représente un total de :

• 11 sessions ;

• 42 jours de présence sur le terrain sur les 91 jours de notre mission (46 % de temps de présence), dont 20 jours où nous étions présents sur le site toute la journée (la journée du 18 septembre n’a pas été comptabilisée pour cause de météo très mauvaise) ;

• 357 heures d’observation cumulées, soit 8 h 30 par jour en moyenne et 10 h 15 pour les 20 journées complètes.

Le graphe ci-après présente, pour chaque tranche horaire de 30 minutes entre 5 h 30 et 19 h 30, le nombre de jours de présence sur l’ensemble de la période d’observation (5 h 30 = tranche horaire de 5 h 30 à 6 h).

On constate qu’il y a peu de jours de présence avant 8 h et après 18 h. Les observations réalisées dans ces tranches horaires sont donc peu représentatives. Nous n’en avons pas tenu compte dans l’analyse journalière des chutes de blocs et de la fréquentation.

En début et en fin de session, les journées d’observation ont été réduites du fait des contraintes d’accès au site par le Tramway du Mont Blanc (première arrivée au Nid d’Aigle à 8 h 30 et dernier départ à 19 h).

Une grande partie des journées d’intervention ont été réalisées entre le vendredi et le dimanche (24 jours sur 42 soit 57 %), période pendant laquelle la fréquentation du site est normalement la plus forte.

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Nombre de jours de présence par tranches de 30 minutes

Le détail du déroulement des sessions figure en annexe 2.

2.1.2 Postes d’observation Plusieurs postes d’observation ont été repérés sur le terrain. Le poste le plus avancé était situé sur une petite arête en retrait du couloir, à quelques mètres du sentier qui permet de rejoindre le départ de la traversée (coordonnées GPS 45°51.285’N, 6°49.373’E – Altitude environ 3 250 m).

Début août, lorsque les conditions du couloir sont devenues plus sèches et les risques de chutes de blocs plus importants, le poste d’observation a été déplacé en aval, à côté de l’appareil photo automatique mis en place par le glaciologue Luc Moreau sur un éperon rocheux situé en face du couloir (coordonnées GPS 45°51.293’N ; 6°51.209’E– Altitude environ 3 200 m).

Cet appareil, mis en place le 2 juillet, a pris une photo du couloir toutes les heures jusqu’au 22 septembre, avec une interruption liée à une panne entre le 30 juillet et le 12 août.

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2.1.3 Méthodologie des observations Pour faciliter l’analyse des données, chacune des journées d’observation a été découpée en tranches de 30 minutes.

Les observations sur site se sont portées principalement sur les points suivants :

• L’occurrence des chutes de pierres et de blocs :

o Nombre d’évènements constatés, o Nombre de pierres et de blocs mobilisés pour chaque évènement, o Détermination de la zone de départ des blocs, o Détermination de la taille moyenne des blocs, o Détermination de la hauteur en rebond des blocs au droit de la traversée.

• La fréquentation du couloir :

o Nombre d’alpinistes montant et redescendant le couloir, o Nombre d’alpinistes encadrés par un professionnel, o Nombre d’alpinistes encordés pour traverser le couloir, o Nombre d’alpinistes longés sur le câble qui traverse le couloir, o Nombre d’alpinistes présents dans le couloir au moment d’une chute de blocs, o Nombre d’alpinistes atteints par une chute de blocs.

2.2 Enregistrement des données météorologiques

Une station météorologique a été installée le 26 juin 2011 par Olivier COUACH, derrière le refuge de Tête Rousse. L’emplacement ne convenant pas, cette station a été déplacée le 2 juillet sur l’arête Payot, en rive droite du glacier de Tête Rousse, vers 3 170 m d’altitude.

La station mesure les données suivantes :

• Vitesse et direction du vent : girouette mesurant les vitesses de vent de 1.5 à 79 m/s avec une précision de ± 5 % et les directions de 0° à 360° avec une précision de ± 7 % ;

• Pluie : pluviomètre à augets avec une précision de ± 0.3 mm ;

• Humidité relative et température par capteur CS215 : l’étendue des mesures de températures va de - 40 °C à + 70 °C, avec une précision de ± 0.4 °C. L’étendue des mesures d’humidité relative va de 0 à 100 % avec une précision ± 4 % ;

• Radiation solaire totale : la plage de mesure du capteur se situe entre 300 et 1 100 nanomètres, il intègre ainsi la majeure partie du rayonnement d'onde courte qui atteint la surface de la Terre, avec une précision de ± 5 %.

L’objectif principal de ces mesures était de nous permettre d’effectuer des corrélations entre les différentes données météorologiques et les phénomènes de chutes de pierres et de blocs. Les relevés ont été effectués toutes les 5 minutes jusqu’au 1er juillet, puis toutes les 15 minutes.

La plupart des précipitations étant tombées sous forme de neige, les données pluviométriques n’ont pas pu être exploitées. Les données du capteur de radiation solaire étaient incohérentes et n’ont pas pu être exploitées non plus.

2.3 Limites de notre étude

Notre étude est basée sur une analyse statistique partielle des observations effectuées pendant nos 42 jours de présence sur le terrain, ce qui représente un peu moins de la moitié de la saison.

Ces observations ont été extrapolées à l’ensemble de la saison, notamment en ce qui concerne la fréquentation du site, mais les marges d’erreur sont importantes (jusqu’à 50 % pour les valeurs les

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moins fiables) et les chiffres proposés sont à considérer avec précaution, d’autant plus qu’à cette altitude, la météo joue un rôle prépondérant et peut varier assez largement d’une journée à l’autre.

Par ailleurs, les professionnels qui fréquentent régulièrement le couloir nous ont dit que cette saison, avec un mois de juillet pluvieux et relativement enneigé et un mois d’août très sec, n’était pas très représentative de ce qui se passait les années précédentes.

En ce qui concerne les chutes de blocs, la taille des blocs et les hauteurs en rebond ne sont pas toujours faciles à déterminer, car les différents postes d’observation étaient situés assez loin du couloir pour des raisons évidentes de sécurité. La détermination des zones de départ est également peu évidente quand la météo n’est pas favorable (nuages, brouillard, etc.). Ces contraintes font que nous n’avons pu faire des observations fiables que sur environ 30 % des évènements constatés.

Toutes ces considérations font que les résultats de notre étude sont à prendre avec prudence. Ils permettent cependant de donner un ordre de grandeur des chutes de blocs et de la fréquentation du site.

3 ANALYSE DES CHUTES DE BLOCS DURANT L’ÉTÉ 2011

3.1 Analyse des chutes de blocs sur l’ensemble de la saison

Pour chaque événement « chutes de blocs », nous avons distingué les événements caractérisés par la chute d’un bloc unique, ceux ayant entraîné la chute de 2 à 5 blocs et ceux ayant entraîné la chute de plus de 5 blocs, soit au moment du départ, soit par déstabilisation d’autres blocs au cours de l’événement.

Sur les 42 jours d’observation, nous avons observé 754 évènements dont 251 avec un seul bloc mobilisé au cours de l’évènement (33 %), 140 avec 2 à 5 blocs (19 %) et 363 avec plus de 5 blocs (48 %).

Lors des 2 premières sessions, le nombre d’événements était plus important, mais l’enneigement du couloir a fait qu’ils ont mobilisé moins de blocs (cf. paragraphe 3.4. Influence des conditions d’enneigement du couloir).

Quand il n’y a plus de neige dans le couloir, dès qu’un événement se produit, il mobilise de nombreux blocs, voire plusieurs dizaines lors des événements les plus importants.

La plus grosse chute de blocs de la saison a eu lieu le 24 août vers 17 h (fin de la session n° 8). Elle a mobilisé des centaines de blocs de toutes les tailles et a eu lieu après le départ de notre observatrice.

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Répartition des événements « chutes de blocs » par session

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Sur les 42 jours d’observation, les 10 journées où il y a eu le plus d’événements « chutes de blocs » sont les suivantes :

DateNombre de chutes de Date 1 bloc Date Entre 2 et 5 Date Plus de 5

blocs blocs blocs

01/07/11 89 25/06/11 38 10/07/11 15 10/07/11 53

10/07/11 88 01/07/11 27 31/07/11 15 01/07/11 51

25/06/11 54 30/06/11 23 01/07/11 11 12/08/11 32

30/06/11 48 10/07/11 20 02/07/11 8 11/08/11 30

11/08/11 44 24/06/11 13 08/07/11 8 11/07/11 21

12/08/11 44 09/07/11 13 29/06/11 7 30/06/11 18

29/06/11 31 29/06/11 12 30/06/11 7 14/08/11 14

11/07/11 31 08/07/11 11 30/08/11 7 02/07/11 13

09/07/11 29 26/06/11 10 25/06/11 6 09/07/11 13

08/07/11 25 11/07/11 10 30/07/11 6 29/06/11 12

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Plus de 5 blocsEntre 2 et 5 blocs1 bloc

10/07/11 01/07/11

25/06/11

11 et 12/08/11 Éboulement du 24/08/11

Session n° 1 Session n° 9 Session n° 3 Session n° 5 Session n° 11 Session n° 7

Nombre d’événements « chutes de blocs » sur l’ensemble des journées d’observation

La session n° 2 est la plus importante en terme de chutes de blocs. Elle représente 25 % des événements observés (189 événements).

Les 3 premières sessions représentent 61 % des événements « chutes de blocs » observés.

Les températures étaient souvent négatives et les conditions météorologiques médiocres lors des sessions n° 4 et 6, ce qui a conduit à une diminution notable du nombre de chutes de blocs (cf. paragraphe 3.5. Influence des conditions météorologiques).

Après l’éboulement du 24 août 2011 (fin de la session n° 8), nous avons observé une diminution sensible du nombre de chutes de blocs jusqu’à la fin de la saison. L’éboulement a probablement purgé une bonne partie des blocs instables dans le couloir.

L’ensemble des données collectées pendant la période d’observation figure en annexe 3.

Les graphes correspondants à ces données figurent en annexe 4.

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3.2 Analyse journalière des chutes de blocs

Nous avons fait une moyenne, par tranches de 30 minutes, des événements « chutes de blocs » observés entre 8 h et 18 h 30 sur les 42 jours d’observation.

75 % des chutes de blocs se produisent entre 10 h et 16 h 30.

Les heures les plus critiques se situent entre 11 h et 13 h 30 (34 % des événements observés), mais les chutes de blocs restent importantes tout le long de la journée (66 % des événements observés en dehors de cette plage).

Tranches horaires les plus critiques :

• Total : 1.74 événement entre 11 h et 11 h 30, soit 1 événement toutes les 17 minutes ;

• 1 bloc : 0.71 événement entre 16 h et 16 h 30, soit 1 événement toutes les 42 minutes ;

• 2 à 5 blocs : 0.36 événement entre 12 h et 12 h 30, soit 1 événement toutes les 84 minutes ;

• Plus de 5 blocs : 0.79 événement entre 10 h et 10 h 30, soit 1 événement toutes les 38 minutes.

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2.00Nombre de chutes de blocs1 blocEntre 2 et 5 blocsPlus de 5 blocs

Nombre moyen d’événements par tranches de 30 minutes sur l’ensemble d’une journée type

3.3 Caractéristiques des chutes de blocs

Zones de départ :

Nous avons découpé le couloir en 7 zones de départ, identifiées sur la photo ci-après.

Sur les 754 événements observés, nous avons pu identifier la zone de départ avec précision dans environ 30 % des cas. Les résultats sont les suivants :

Zone 1 2 3 4 5 6 7

% 30 % 21 % 12 % 21 % 6 % 1 % 9 %

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Quasiment le tiers des blocs proviennent de la zone sommitale.

Dans la zone n° 7, les départs sont souvent le fait des alpinistes qui se trouvent sur l’arête.

Taille des blocs :

Sur les 754 événements observés, nous avons pu identifier la taille des blocs avec une précision correcte dans environ 26 % des cas. Les résultats sont les suivants :

Taille < 100 litres

< 500 litres < 1 m3 > 1 m3

% 85 % 8 % 5 % 1 %

Ce paramètre n’est pas facile à évaluer, surtout lors des chutes multiples. Nous constatons cependant que la grande majorité des blocs sont de petite taille, même si le volume de certains blocs peut dépasser le mètre cube (2 blocs > 1 m3 observés).

En général, la fracturation du rocher (gneiss et micaschistes) fait que les gros blocs se fragmentent au cours de leur chute.

Hauteur en rebond des blocs au droit de la traversée :

Sur les 754 événements observés, nous avons pu identifier la hauteur en rebond des blocs avec une précision correcte dans environ 25 % des cas. Les résultats sont les suivants :

Rebond Roule < 1 m < 2 m < 5 m < 10 m > 10 m

% 25 % 28 % 22 % 13 % 7 % 5 %

Ce paramètre n’est pas facile à évaluer depuis notre poste d’observation, trop frontal par rapport au couloir. Le câble mis en place dans la traversée permet cependant d’avoir une idée plus précise de la hauteur des blocs.

La hauteur en rebond des blocs reste inférieure à 2.00 m dans 75 % des cas. Les blocs ayant les hauteurs en rebond les plus importantes proviennent généralement de la zone de départ n° 1.

L’enneigement du couloir joue également un rôle important, la neige jouant un rôle de « ralentisseur » et « d’amortisseur » (les chutes de blocs se produisent lorsque la température est positive et que la neige est molle).

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3.4 Influence de l’enneigement du couloir

L’appareil photo automatique nous a permis de prendre des photos du couloir pendant toute la saison et de suivre l’évolution des conditions d’enneigement (cf. photos ci-après).

Jusqu’à fin juin, l’enneigement dans le couloir reste important. Les chutes de blocs peuvent être fréquentes (25 et 30 juin, par exemple), mais le nombre de blocs mobilisés au cours de la chute et les hauteurs en rebond restent faibles.

Le mois de juillet alterne entre des périodes de fonte assez marquées et des chutes de neige parfois abondantes (plus de 30 cm).

À partir de la mi-août et jusqu’à la fin de la période d’observation, il n’y a plus de neige dans le couloir, mis à part quelques épisodes neigeux très courts (fonte de la neige dans la journée).

Globalement, l’enneigement du couloir n’a pas d’incidence sur la fréquence des chutes de blocs, la période la plus active se situant fin juin/début juillet (session n° 2). Ceci s’explique par le fait que la principale zone de départ des chutes de blocs (zone n° 1) est déneigée très tôt dans la saison (mi-juin).

L’enneigement a en revanche une influence directe sur le nombre de blocs entraînés au cours d’une même chute et sur les hauteurs en rebond.

Session n° 1 : 25/06/11 Session n° 2 : 29/06/11

Session n° 3 : 09/07/11 (mise en service de l’appareil photo automatique)

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Session n° 4 : 20/07/11

Session n° 5 : 29/07/11

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Session n° 6 : 06/08/11 (panne de l’appareil photo automatique)

Session n° 7 : 14/08/11 (réparation de l’appareil photo automatique)

Session n° 8 : 21/08/11

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Session n° 9 : 01/09/11

Session n° 10 : 10/09/11

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Session n° 11 : 16/09/11

3.5 Influence des conditions météorologiques

En comparant le nombre d’événements « chutes de blocs » et la température relevée par la station météo (située à 3170 m d’altitude) par tranches de 30 minutes, nous constatons une réduction importante des chutes de blocs quand la température est négative (cf. graphes ci-après).

La corrélation devient nettement moins évidente quand la température devient positive, une température élevée n’étant pas forcément synonyme de chutes de blocs plus fréquentes.

En revanche, l’éboulement d’ampleur du 24 août a été précédé par plusieurs journées de fortes températures (entre 10 et 15 °C en journée et canicule en plaine).

02/07/11 08/07/11 19/07/11 20/07/11 21/07/11

Corrélation entre la température et les chutes de blocs

En comparant le nombre d’événements « chutes de blocs » et l’humidité moyenne de l’air par tranches de 30 minutes, nous constatons que les événements sont plus nombreux quand l’humidité de l’air est faible (moins de 50 %). A contrario, le nombre d’événements diminue par temps humide (cf. graphes ci-dessous).

L’humidité de l’air est directement corrélable avec les conditions météorologiques, une humidité inférieure à 60 % étant généralement synonyme de beau temps et de fonte importante liée au rayonnement solaire. Cela signifie que les chutes de blocs sont plus nombreuses quand il fait beau, ce qui correspond également aux périodes où la fréquentation est la plus forte.

Nous avons d’ailleurs constaté qu’il faisait grand beau lors de 4 des 5 jours où l’activité « chutes de blocs » a été la plus importante :

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DateNombre de chutes de

blocsMétéo

01/07/11 89 Grand beau

10/07/11 88 Nuageux




Nous avons également constaté que lors des sessions n° 4 et 6, la météo était médiocre (ciel couvert et neige) et l’activité « chutes de blocs » faible.

29/07/1130/06/11 01/07/11 28/07/11

11/08/11 12/08/11

Corrélation entre l’humidité de l’air et les chutes de blocs

Il n’y a pas de corrélation évidente entre le nombre d’événements « chutes de blocs » et la direction ou la vitesse du vent, même si on peut considérer qu’un vent fort peut déstabiliser certains blocs.

3.6 Recalage de l’étude trajectographique des chutes de blocs

L’étude trajectographique de février 2011 a été recalée sur la base de l’événement du 24 août. Un éboulement de grande ampleur s’est produit vers 17 h, mobilisant des centaines de blocs de toutes les tailles. Il s’agit de la plus grosse chute de blocs de la saison.

Notre observatrice n’était pas sur le site à ce moment-là, mais nous avons pu recaler les trajectoires et les zones d’arrêt des blocs à partir des témoignages recueillis sur le terrain. Certains

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blocs se sont arrêtés au niveau de l’aire de bivouac qui se trouve derrière le refuge de Tête Rousse. L’éboulement a été filmé par un alpiniste amateur qui se trouvait sur l’arête, en rive gauche du couloir (voir ici). L’étude trajectographique a été recalée et complétée en modifiant les paramètres de calcul de manière à obtenir des trajectoires de blocs équivalentes à celles du 24 août.

Le fond topographique calé sur la carte IGN au 1/25 000 a également été affiné.

Le graphe montrant les trajectoires des blocs figure ci-après :

Zone de départ(zone n° 1)

Glacier de Bionnassay

Aire de bivouac

Trajectoires des blocs (sur une base de 5 000 trajectoires calculées)

En considérant un départ de blocs au sommet du couloir (zone n° 1), nous observons que la grande majorité des trajectoires suivent le couloir et aboutissent sur le glacier de Bionnassay. Quelques blocs arrivent à passer par-dessus la petite crête qui marque la rive droite du couloir, juste en dessous de la traversée, et s’arrêtent en rive gauche du glacier de Tête Rousse, au niveau de l’aire de Bivouac.

L’analyse des hauteurs en rebond dans l’axe de la traversée montre que les blocs rebondissent jusqu’à une hauteur maximale de 34 m, ce qui confirme les valeurs obtenues lors de la première étude (cf. graphe ci-dessous).

16

http://www.youtube.com/watch?v=JUPjRGbeAYU&feature=youtube_gdata_player


Hauteurs en rebond et énergie des blocs dans l’axe de la traversée

Compte tenu des informations topographiques dont nous disposons, il est difficile d’être plus précis sur l’étude trajectographique des chutes de blocs.

4 ANALYSE DE LA FRÉQUENTATION DURANT L’ÉTÉ 2011

4.1 Estimation de la fréquentation globale

Sur les 42 jours d’observation, nous avons enregistré un total de 5 928 passages, dont 2 537 dans le sens de la montée (43 %) et 3 391 dans le sens de la descente (57 %). On constate qu’il y a plus de descentes que de montées, car une partie des alpinistes qui font le Mont Blanc depuis l’Aiguille du Midi redescend ensuite sur le Nid d’Aigle, ce qui n’est pas le cas dans l’autre sens.

En extrapolant ces chiffres sur l’ensemble de la saison, soit 118 jours du 1er juin au 26 septembre (dates d’ouverture et de fermeture des refuges), nous obtenons un total de 16 655 passages, ce qui est a priori sous-estimé, car en début et en fin de session, les journées d’observation étaient incomplètes du fait des contraintes d’accès au site par le Tramway du Mont Blanc.

En considérant uniquement les passages comptés pendant les jours où nous étions présents sur le site toute la journée, soit 20 jours au total, nous obtenons un total de 20 420 passages sur l’ensemble de la saison, ce qui est certainement surestimé, car la fréquentation du site est généralement plus réduite en début et en fin de saison.

Ces chiffres sont à rapprocher des chiffres de fréquentation des refuges de Tête Rousse et du Goûter entre le 1er juin et le 30 septembre (source : CAF de Saint Gervais) :

• refuge de Tête Rousse : 6 752 nuitées dont 85 % pendant notre période d’observation ;

• refuge du Goûter : 5 482 nuitées, dont 86 % pendant notre période d’observation.

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Tête RousseGoûter

Fréquentation des refuges sur l’ensemble de la saison

Nous avons comparé le nombre de passages pendant les 20 jours de présence totale sur le site avec les nuitées réalisées la veille au refuge de Tête Rousse et le jour même au refuge du Goûter.

Pour le Goûter, la corrélation entre la fréquentation observée et le nombre de nuitées n’est pas pertinente. Précisons qu’avec les travaux du nouveau refuge et l’hébergement des ouvriers, le refuge du Goûter avait une capacité d’accueil réduite durant l’été 2011.

Pour Tête Rousse, nous obtenons un ratio de 2.55 passages par nuitée, dont 0.98 dans le sens de la montée et 1.57 dans le sens de la descente, ce qui nous donne un total de 17 192 passages sur l’ensemble de la saison, dont 6 613 dans le sens de la montée et 10 579 dans le sens de la descente.

Compte tenu de ces différentes analyses, nous avons estimé le nombre total de passages entre 17 000 et 17 500 sur l’ensemble de l’été, dont 7 300 à 7 500 dans le sens de la montée et 9 700 à 10 000 dans le sens de la descente.

4.2 Analyse de la fréquentation sur l’ensemble de la saison

Sur les 42 jours d’observation, les 10 journées les plus chargées sont les suivantes :

Date Passages Météo Date Montées Date Descentes

29/07/11 321 Grand beau 30/06/11 184 29/07/11 242

11/08/11 290 Grand beau 28/07/11 167 12/08/11 214

12/08/11 288 Nuageux 31/07/11 147 11/08/11 201

31/07/11 266 Grand beau 24/06/11 121 30/07/11 160

30/07/11 262 Grand beau 10/07/11 104 01/07/11 158

25/06/11 250 Grand beau 11/07/11 102 25/06/11 155

30/06/11 238 Grand beau 30/07/11 102 10/09/11 152

28/07/11 225 Neige 25/06/11 95 22/08/11 135

11/07/11 221 Grand beau 11/08/11 89 09/07/11 126

09/07/11 213 Nuageux 09/07/11 87 11/07/11 119

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DescentesMontées

29/07/11

11 et 12/08/11

30/06/11 11/07/11


Nombre de passages sur l’ensemble des journées d’observation

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Répartition de la fréquentation par session

La session n° 5 est la plus importante en terme de fréquentation. Elle représente 18 % des passages observés (1074 passages). Elle s’est déroulée fin juillet (du 28 au 31).

La météo était médiocre (ciel couvert et neige) lors des sessions n° 4, 6 et 11 et la fréquentation s’en trouve nettement diminuée (la session n° 11 ne comprend que 2 jours).

Sur l’ensemble de la période d’observation, soit 42 jours, il ya 25 jours (59 %) où la fréquentation dépasse les 100 passages par jour et 13 jours (31 %) où la fréquentation dépasse les 200 passages.

Rappelons que les chiffres évoqués ci-dessus sont à considérer avec prudence et que la fréquentation du site peut varier de manière importante d’un jour à l’autre en fonction des conditions météorologiques.

L’ensemble des données collectées pendant la période d’observation figure en annexe 3.

Les graphes correspondants à ces données figurent en annexe 4.

4.3 Analyse journalière de la fréquentation

19


Nous avons fait une moyenne, par tranches de 30 minutes, des passages observés entre 8 h et 18 h 30 sur les 42 jours d’observation.

La fréquentation du site reste faible avant 8 h 30. 76 % des passages se font entre 9 h et 15 h et 40 % entre 11 h 30 et 14 h.

Dans le sens de la montée, les pics de fréquentation correspondent au départ du refuge de Tête Rousse (passage dans le couloir vers 9 h), puis aux horaires du TMB (passage dans le couloir vers 10 h, 11 h 30…).

Dans le sens de la descente, les pics sont moins marqués et la fréquentation est plus étalée en fin de journée.

Tranches horaires les plus fréquentées :

• Total : environ 17 personnes entre 12 h 30 et 13 h, soit 1 personne toutes les 105 secondes ;

• Montée : environ 9 personnes entre 12 h 30 et 13 h, soit 1 personne toutes les 3 min et 10 secondes ;

• Descente : environ 8 personnes entre 12 h 30 et 13 h, soit 1 personne toutes les 3 min 30 s.

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PassagesMontées

Nombre moyen de personnes par tranches de 30 minutes sur l’ensemble de la journée

4.4 Encadrement et technique de progression

Sur les 5 928 passages observés, les usages des alpinistes étaient les suivants :

• 42 % des alpinistes étaient encadrés par un professionnel de la montagne ;

• 51 % des alpinistes étaient encordés pour traverser le couloir ;

• 15 % des alpinistes étaient longés sur le câble pour traverser le couloir.

Descentes

Départ Tête Rousse

1er TMB

2ème TMB

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5 ANALYSE DES RISQUES DURANT L’ÉTÉ 2011

5.1 Accidentologie durant l’été 2011

Durant l’été 2011, il y a eu 3 accidents mortels et 12 blessés sur l’itinéraire du Goûter, dont au moins 2 morts et 3 blessés directement liés à des chutes de pierres dans la seule traversée du couloir.

Lors de l’éboulement du 24 août, un alpiniste qui se trouvait dans l’aire de bivouac, derrière le refuge de Tête Rousse, a été légèrement blessé.

L’accidentologie de cet itinéraire sur la période 1990-2011 fait par ailleurs l’objet d’une étude en cours de validation.

5.2 Croisement des données chutes de blocs/fréquentation

5.2.1 Analyse sur l’ensemble de la saison Lors de nos observations, nous avons dénombré les personnes en situation difficile, c'est-à-dire les personnes qui se trouvaient dans le couloir au moment d’une chute de blocs et qui auraient pu être ou ont été touchées par des blocs.

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89 Situations diff iciles

Chutes de blocs

01/07/11 10/07/11

25/06/11 11 et 12/08/11

22/08/11


Situations difficiles et chutes de blocs et sur l’ensemble des journées d’observation

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Situations diff iciles

Chutes de blocs

Répartition des situations difficiles et des chutes de blocs par session

À quelques exceptions près (journées du 25 juin et du 22 août, par exemple), le nombre de personnes en situation difficile est directement lié au nombre de chutes de blocs observés.

La session n° 7 est la plus importante en terme de situations difficiles. Elle représente 30 % des situations difficiles observées (109 personnes). Elle s’est déroulée du 11 au 15 août.

Les sessions n° 2 et 3 représentent également plus de 20 % des situations difficiles observées.

Notons que pendant les sessions n° 10 et 11, nous n’avons observé aucune personne en situation difficile.

Les 10 journées où il y a eu le plus de personnes en situation difficile sont les suivantes :

N° DatePersonnes situation difficile

Sit. diff. / passages

Nombre de chutes de

blocsMétéo

26 12/08/11 54 18.75% 44 Nuageux

25 11/08/11 48 16.55% 44 Grand beau

11 10/07/11 47 26.55% 88 Nuageux

7 01/07/11 33 15.64% 89 Grand beau

30 22/08/11 25 11.96% 11 Grand beau

6 30/06/11 22 9.24% 48 Grand beau

20 31/07/11 18 6.77% 23 Grand beau

21 05/08/11 18 14.75% 6 Grand beau

3 25/06/11 17 6.80% 54 Grand beau

12 11/07/11 16 7.24% 31 Grand beau

Comparaison entre les personnes en situation difficile et le nombre total de passages :

Sur les 42 jours d’observation, nous avons dénombré 363 personnes en situation difficile sur les 5 928 passages, soit environ 6 % du nombre total de passages, avec des pourcentages variant de 15 à 40 % durant les 5 journées les plus dangereuses (cf. tableau ci-dessous).

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DatePersonnes situation difficile

Sit. diff. / passages

Nombre de chutes de

blocsMétéo

29/06/11 12 40.00% 31 Nuageux

10/07/11 47 26.55% 88 Nuageux

12/08/11 54 18.75% 44 Nuageux

11/08/11 48 16.55% 44 Grand beau

01/07/11 33 15.64% 89 Grand beau

Lors de la session n° 7, ce pourcentage a atteint 15 % (109/720 personnes).

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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

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Comparaison des personnes en situation difficile/nombre de passage par session

En extrapolant le pourcentage moyen constaté durant la période d’observation à l’ensemble de la saison, on peut estimer qu’environ un millier de personnes a été confronté à une chute de blocs dans la traversée du couloir.

5.2.2 Analyse journalière Nous avons fait une moyenne, par tranches de 30 minutes, des situations difficiles et des chutes de blocs observés entre 8 h et 18 h 30 sur les 42 jours d’observation.

La fréquentation du site reste faible avant 8 h 30. 62 % des situations difficiles se produisent entre 11 h et 14 h 30 et 33 % entre 11 h 30 et 13 h.

Le pic du nombre de personnes en situation difficile se situe entre 12 h 30 et 13 h.

Tranches horaires les plus critiques :

• 1,42 personne en situation difficile entre 12 h 30 et 13 h, soit 1 personne toutes les 21 minutes ;

• 1,74 chute de blocs entre 11 h et 11 h 30, soit 1 chute de blocs toutes les 17 minutes.

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Situations difficilesChutes de blocs

Situations difficiles et chutes de blocs par tranches de 30 minutes sur l’ensemble de la journée

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6 TÉMOIGNAGES DE GUIDES SUR L’ITINÉRAIRE DU GOÛTER

Durant l’été 2011, Heïdi SEVESTRE a pu rencontrer de nombreux candidats au Mont-Blanc passant par l’itinéraire du Goûter. Elle a recueilli divers avis, en particulier ceux des guides et professionnels de la montagne. Cet échantillon ne doit pas être pris comme totalement représentatif, mais il donne une indication de la diversité des opinions exprimées par les professionnels sur la question.

Impressions :

Guide français rencontré le 08/07/2011 : « Ce couloir est un moment d’angoisse pour tous les guides ».

Guide français rencontré le 09/07/2011 : « En 25 ans, l’année dernière (2010) était la pire pour traverser le couloir. En descendant, il était carrément impossible de traverser, on a dû remonter au refuge du Goûter, et y passer la nuit avant de redescendre le lendemain matin, quand c’était plus calme. »

Marc VOLORIO, guide suisse (témoignage rapporté par Olivier COUACH) : En 2003, il était à Tête Rousse et avait refusé de traverser le couloir avec 2 de ses clients, car les pierres tombaient en continu. Apparemment ses clients l'avaient mal pris et il ne les a jamais revus.

Jeune guide suisse (témoignage rapporté par Olivier COUACH) : Lorsqu’il était aspirant-guide, il a vu trois personnes dévaler dans le couloir de droite suite à une chute de pierres, et une des personnes fut décapitée. Une autre fois en remontant l’arête, une cordée a fait tomber des pierres devant eux et sa cliente a eu deux doigts coupés. Maintenant, il ne propose que le mont Blanc par les Cosmiques, car il ne veut plus passer par le Goûter !

Témoignages contre un aménagement :

Guide français parcourant le Mont-Blanc depuis plus de 20 ans, rencontré le 01/07/2011 : « Je suis contre un aménagement sinon très léger du couloir, type second câble pour se longer ».

Guide rencontré le 01/07/2011 : « Un aménagement ne sert à rien, il suffit de passer aux bonnes heures. »

Guide français rencontré le 10/07/2011 : « Il faut abandonner cette idée de passerelle ou du tunnel. Ça ne ferait que déplacer les problèmes plus en aval. »

Guide français rencontré le 20/07/2011 : « Il n’y a rien à faire pour le couloir, il faut que la montagne reste pure. »

Jean-Louis LECHENE, guide français rencontré le 21/07/2011 : « Le problème du couloir, c’est les gens qui n’ont rien à y faire, qui ont peu d’expérience. Ce ne serait pas leur rendre service d’aménager le mont Blanc, car ils penseraient que c’est facile, faisable sans expérience. L’alpinisme s’apprend, il faut faire des écoles de glace. Le mont Blanc est aujourd’hui un trophée que l’ont veut obtenir sans effort. Et le problème aussi c’est qu’il va y avoir encore plus de monde au nouveau refuge du Goûter. Au contraire, il faut moins informer, et les gens se méfieront plus. »

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Guide français rencontré le 28/07/2011 : « Le problème principal ce sont les gens qui n’ont rien à faire ici, et faire un tunnel irait dans leur sens. »

Guide français rencontré le 30/07/2011 « C’est une “connerie” sans nom de faire ce tunnel. »

Guide français rencontré le 30/07/2011 : « Un aménagement donnerait l’illusion de la sécurité et de la facilité. Risque de faire venir plus de gens inexpérimentés, comme par exemple sur l’arête de la mer de glace. »

Témoignages en faveur d’un aménagement :

Guide français rencontré le 29/06/2011 (une vingtaine de mont Blanc prévus cette saison) : « Ça me rend malade de traverser ce couloir, des jours à l’avance. Je suis tout à fait pour un aménagement du couloir, quoiqu’on en dise. Je m’expose trop souvent aux chutes de blocs pour refuser un pont ou un paravalanche sur ce morceau. »

Guide français rencontré le 29/06/2011 : « Je suis tout à fait contre une artificialisation de la montagne, mais pour ce couloir je suis favorable à un aménagement. Il y a déjà eu beaucoup trop de morts au même endroit. Mais j’espère que ce ne sera pas la porte ouverte à d’autres aménagements. »

Guide de Chamonix rencontré le 30/06/2011 : « Je suis à 200 % pour un tunnel, essayez de motiver les gens de chez PETZL. »

Deux guides de Chamonix rencontrés le 30/06/2011 : « Le mont Blanc, par sa fréquentation, mérite des aménagements, mais pas uniquement sur le chemin du Goûter. Je suis un vrai partisan de l’engagement en montagne, et également parfaitement partisan de l’idée du tunnel. »

Guide italien rencontré le 01/07/2011 : « Je suis pour le tunnel de PETZL ! »

Guide français rencontré le 01/07/2011 : « Je ne veux plus passer dans ce couloir, c’est trop dangereux, il faut y faire quelque chose ».

Guide français, plus de 30 ans d’expérience sur le mont Blanc, rencontré le 01/07/2011 : « Je suis pour le tunnel. Pas pour une passerelle, mais vraiment pour un tunnel ».

Guide français de Mont-Blanc expéditions, rencontré le 28/07/2011 : « Je ne fais jamais le mont Blanc en août à cause des chutes de pierres, et je suis à 100 % pour un aménagement et je ne pense pas que ça attirera plus de gens inexpérimentés. »

Guide français rencontré le 12/08/2011 : « Il faut vraiment faire quelque chose pour ce couloir, notamment pourquoi ne pas protéger les ancrages du câble en rive gauche et rive droite. »

Katy, guide américaine, rencontrée le 22/08/2011 : « Il est inconscient de laisser les gens monter au refuge du Goûter sans sécuriser le tracé ».

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Ni pour ni contre :

Guide français, rencontré le 31/08/2011 : « Je ne suis ni pour ni contre un aménagement du couloir, mais si quelque chose est fait, alors je serai bien content d’en profiter. Le mont Blanc est notre gagne-pain et tout ce qui diminuera les risques qu’on prend avec nos clients sera bien. Pour l’instant tout le monde se plaint, mais je suis sûr que dès qu’il y aura un aménagement ils seront bien contents de l’utiliser, comme à l’Aiguille du Midi. Et puis, s’ils ne veulent pas d’aménagement, ils n’ont qu’à faire la traversée depuis les Cosmiques. »

Guide rencontré le 08/09/2011 (un mont Blanc cette année au compteur) : « Ni pour, ni contre un aménagement, mais s’il y en a un, alors je serai content de l’utiliser. »

D’autres solutions ?

Denis, guide et accompagnateur de moyenne montagne des Houches rencontré le 29/06/2011 : « Il faut savoir où placer le curseur en terme d’aménagement de la montagne. Informer au départ de la voie n’est pas suffisant, il faudrait informer beaucoup plus en amont, par exemple dans les clubs de rando étrangers. »

Guide français rencontré le 02/07/2011 : « Il faut carrément changer d’itinéraire, passer par l’arête Payot. »

Guide français rencontré le 12/08/2011 : « L’arête Payot me semble être la solution. »

Patricia TUVERI, gardienne du refuge de Tête Rousse : « Il n’y a pas que le couloir qui pose problème, la voie est dangereuse avant et surtout après. Aménager le couloir ne résoudrait qu’une partie du problème. Mais en effet le problème est que ce passage se trouve entre deux refuges et il n’est pas juste d’envoyer les gens au casse-pipe. Les alpinistes prennent leur repas au Goûter après l’ascension, et pensent pouvoir redescendre tranquillement l’après-midi. Une solution serait de distribuer gratuitement un fascicule détaillant les refuges, leur fonctionnement, leurs coordonnées GPS, et détaillant aussi tout l’itinéraire avec les risques qui y sont liés, avec les numéros de téléphone du PGHM et de la météo. Ce serait un minimum à faire. »

L’aménagement actuel du couloir :

Guide français rencontré le 29/06/2011 : « Je me longerai toujours sur le câble, car s’il y a un accident, on est responsable des clients ».

Guide français rencontré le 09/07/2011 : « Le câble est une “connerie”, trop haut, et les gens restent bloqués au milieu. Mais lorsque la trace est bonne, pas besoin de se longer ».

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7 CONCLUSIONS

Alpes Ingé a réalisé une étude statistique des chutes de blocs et de la fréquentation dans le couloir du Goûter, sur la voie principale d’accès au mont Blanc.

Elle fait suite à l’étude de sécurisation de la traversée du couloir du Goûter, réalisée par le bureau d’ingénierie MEIGE en février 2011 et a pour objectif, d’une part de préciser l’aléa de chutes de pierres et de blocs, et d’autre part d’étudier les risques qui en découlent compte tenu de la fréquentation du site.

La période d’observation s’étend du lundi 20 juin au dimanche 18 septembre 2011, ce qui couvre la majeure partie de la période estivale. Pendant cette période, nous avons passé 42 jours sur le terrain, soit 46 % de temps de présence.

Sur la période d’observation, nous avons enregistré un total de 754 événements « chutes de blocs » dont 251 avec un seul bloc mobilisé au cours de l’événement (33 %), 140 avec 2 à 5 blocs (19 %) et 363 avec plus de 5 blocs (48 %).

75 % des chutes de blocs se produisent entre 10 h et 16 h 30. Les heures les plus critiques se situent entre 11 h et 13 h 30 (34 % des événements observés), mais les chutes de blocs restent importantes tout le long de la journée.

Dans la tranche horaire la plus critique, entre 11 h et 11 h 30, on observe un événement « chute de blocs » toutes les 17 minutes. L’enneigement du couloir n’a pas d’incidence sur la fréquence des chutes de blocs, mais il a une influence directe sur le nombre de blocs entraînés au cours d’une même chute et sur les hauteurs en rebond.

Nous constatons une réduction importante des chutes de blocs quand la température est négative. La corrélation est nettement moins évidente quand la température devient positive, une température positive élevée n’étant pas forcément synonyme de chutes de blocs plus fréquentes qu’une température positive plus basse.

Nous constatons également que les chutes de blocs sont plus nombreuses quand l’humidité de l’air est faible (moins de 50 %). A contrario, le nombre de chutes de blocs diminue par temps humide. Une faible humidité de l’air étant généralement synonyme de beau temps et de fonte importante liée au rayonnement solaire, cela signifie que les chutes de blocs sont plus nombreuses quand il fait beau.

Sur la période d’observation, nous avons enregistré un total de 5 928 passages, dont 2 537 dans le sens de la montée (43 %) et 3 391 dans le sens de la descente (57 %).

Nous avons estimé le nombre total de passages entre 17 000 et 17 500 sur l’ensemble de l’été, dont 7 300 à 7 500 dans le sens de la montée et 9 700 à 10 000 dans le sens de la descente. La fréquentation du site reste faible avant 8 h 30. 76 % des passages se font entre 9 h et 15 h et 40 % entre 11 h 30 et 14 h.

Dans la tranche horaire la plus fréquentée, entre 12 h 30 et 13 h, on observe le passage d’une personne toutes les 105 secondes.

Nous avons dénombré les personnes en situation difficile, c'est-à-dire les personnes qui se trouvaient dans le couloir au moment d’une chute de blocs et qui auraient pu être ou ont été

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touchées par des blocs. À quelques exceptions près, ce nombre est directement lié au nombre de chutes de blocs observés.

Sur la période d’observation, nous avons enregistré un total de 363 personnes en situation difficile, soit environ 6 % du nombre total de passages, avec des pourcentages variant de 15 à 40 % durant les 5 journées les plus dangereuses.

En extrapolant le pourcentage moyen constaté durant la période d’observation à l’ensemble de la saison, on peut estimer que durant l’été 2011 environ un millier de personnes ont été confrontées à une chute de blocs dans la traversée du couloir. Dans la tranche horaire la plus critique, entre 12 h 30 et 13 h, on observe une personne en situation difficile toutes les 21 minutes.

Rappelons que notre étude est basée sur une analyse statistique partielle des observations effectuées pendant nos 42 jours de présence sur le terrain. Les résultats sont à prendre avec prudence. Ils permettent cependant de donner un ordre de grandeur des chutes de blocs et de la fréquentation du site.

Au final, la régularité et l’ampleur des chutes de blocs observés confirment l’existence d’un danger objectif fort dans la traversée du couloir du Goûter. Les chutes de blocs peuvent se produire à tout moment de la journée ou de la saison, mais on observe de fortes variations liées aux conditions météorologiques. Les périodes les moins exposées aux chutes de blocs correspondent aux périodes les plus froides de la journée et de la saison, avec des températures négatives et un ensoleillement faible (temps couvert). Les périodes les plus exposées correspondent au contraire aux périodes les plus ensoleillées de la journée et de la saison, avec des températures positives et un air sec (humidité < 50 %). Ces périodes correspondent généralement aux plus fortes affluences dans le couloir.


ANNEXE 1

PLAN DE SITUATION




ANNEXE 2

DÉTAILS DES SESSIONS


Session 1 du 22 au 26 juin 2011

Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 22/06/2011 16 h 18 h - Couvert, Vent fort 23/06/2011 8 h 17 h 30 Couvert, Chutes de neige Couvert, Vent très fort 24/06/2011 7 h 30 17 h 30 Couvert Couvert 25/06/2011 7 h 30 18 h 30 Grand beau Grand beau 26/06/2011 5 h 30 9 h 30 Grand beau -

Session 2 du 29 Juin au 2 juillet 2011

Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 29/06/2011 13 h 30 18 h 30 - Couvert 30/06/2011 8 h 30 18 h 30 Grand beau Grand beau 01/07/2011 7 h 30 18 h 30 Grand beau Grand beau 02/07/2011 5 h 30 11 h Grand beau -

Session 3 du 8 au 11 juillet 2011

Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 08/07/2011 11 h 18 h 30 Beau Beau 09/07/2011 8 h 18 h Nuages, Vent fort Nuages, Vent fort 10/07/2011 7 h 30 16 h 30 Nuages, Vent fort Nuages, Vent fort 11/07/2011 7 h 30 13 h 30 Beau, Vent fort Beau, Vent fort


Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 19/07/2011 11 h 18 h Brouillard Brouillard 20/07/2011 8 h 18 h 30 Brouillard Brouillard 21/07/2011 8 h 19 h Tempête de neige Tempête de neige 22/07/2011 8 h 17 h Grand beau, Vent Grand beau, Vent



Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 28/07/2011 11 h 18 h 30 Neige Couvert 29/07/2011 8 h 19 h Grand beau, Vent Grand beau, Vent 30/07/2011 7 h 30 18 h Grand beau Grand beau 31/07/2011 8 h 17 h Grand beau, Vent Grand beau, Vent

Session 6 du 5 au 8 août 2011

Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 05/08/2011 12 h 17 h 30 - Beau, Vent 06/08/2011 8 h 17 h 30 Couvert, Vent très fort Couvert, Vent très fort 07/08/2011 9 h 18 h Neiges, vent très fort Couvert, vent très fort 08/08/2011 9 h 16 h 30 Couvert, Vent fort Couvert, Vent fort


Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 11/08/2011 11 h 19 h 30 Grand beau, Vent Grand beau, Vent 12/08/2011 8 h 17 h Couvert, Vent Couvert, Vent 14/08/2011 8 h 18 h 30 Pluie Pluie 15/08/2011 8 h 17 h Nuages Nuages


Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 21/08/2011 12 h 19 h - Grand beau, vent 22/08/2011 8 h 18 h 30 Grand beau, Vent Grand beau, Vent 23/08/2011 8 h 19 h Nuages, Vent Nuages, Vent 24/08/2011 8 h 16 h Grand beau, vent très fort Grand beau, vent très fort


Session 9 du 30 août au 2 septembre 2011

Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 30/08/2011 12 h 30 19 h - Grand beau, Vent 31/08/2011 8 h 18 h 30 Grand beau, Vent Grand beau, Vent 01/09/2011 9 h 18 h 30 Couvert, Vent Couvert, Vent 02/09/2011 8 h 15 h 30 Beau, Vent fort Beau, Vent fort

Session 10 du 8 au 11 septembre 2011

Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 08/09/2011 13 h 19 h - Nuages, vent fort 09/09/2011 8 h 19 h Beau, Vent Beau, Vent 10/09/2011 8 h 18 h 30 Grand beau, Vent Grand beau, Vent 11/09/2011 8 h 15 h Grand beau Grand beau

Session 11 du 16 au 18 septembre 2011

Jour Heure observation début Heure observation fin Météo matin Météo après-midi 16/09/2011 13 h 30 18 h 30 - Grand beau, Chaud 17/09/2011 8 h 12 h 30 Couvert, Vent très fort Couvert, Vent très fort 18/09/2011 8 h 30 9 h Grand mauvais temps Grand mauvais temps


ANNEXE 3

DONNÉES COLLECTÉES PENDANT LA PÉRIODE D’OBSERVATION


ANNEXE 4

SYNTHÈSES GRAPHIQUES DES DONNÉES COLLECTÉES PENDANT LA

PÉRIODE D’OBSERVATION

Documents

FONDATION PETZL COULOIR DU GOÛTER – SAINT ......FONDATION PETZL COULOIR DU GOÛTER – SAINT GERVAIS (74) SUIVI ET ANALYSE DES CHUTES DE BLOCS ET DE LA FRÉQUENTATION PENDANT L’ETE