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+ MARCELO BIELSA + VALENCE-MONACO + DÉFENSE À TROIS + MERCATO DE MONACO + SERGE AURIER + TURQUIE-CROATIE 2008
numéro 54
août-septembre 2015
Gratuit
/footplus2
@foot_plus
+ FOOT+
Ben Arfa Un Gone chez les
Aiglons
Sommaire 2 Le tacle de… Enzo Jaffré
3 ZAP+. L'actualité des deux derniers mois sous un autre angle.
3 Le match des rédacteurs. France-Serbie et Évian Thonon Gaillard-Metz
4 Questions-réponses. De Gea, Martial et Lacazette.
4 La question. Les clubs français ont-ils une
chance en Coupe d'Europe ?
5 Sur le rézo. Neuf tweets sélectionnés.
6 Au cœur de... Olympique de Marseille-
Juventus de Turin (amical).
8 Lettre ouverte. Marcelo
Bielsa.
9 Portrait. La
véritable
ascension de
Serge Aurier
10 Grand thème. Hatem
Ben Arfa, l'appel de l'ombre.
16 Au cœur de... Valence CF-
AS Monaco (Ligue des
Champions).
19 Au cœur de... Tottenham
Hotspur-Everton FC (Premier League).
20 Économie. Le mercato de l'AS
Monaco.
21 Économie. Le mercato de Manchester
United.
22 Replay. Turquie-Croatie 2008.
23 Prolongations. Le nouvel essor des défenses
à trois.
24 Fiction. Chapitre 1 : Les retrouvailles.
25 50 raisons de... Regarder la Ligue 1 le
samedi soir.
26 Zoom. Robert Lewandowski.
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Le tacle de… Enzo Jaffré
Mathieu Valbuena, un accueil mortifère
Beau de loin, mais loin d’être beau : voilà comment
résumer le Vélodrome de l’Olympico. Alors que le
football français attendait et annonçait une fête pour
un duel entre deux des plus grandes équipes du
championnat, il n’en a rien été. Alors que l’on
connaissait un Vel’ poussant de manière
systématique son équipe, on a vu un stade haineux,
bête et méchant. Cela avait commencé avant le
coup d’envoi…
Un pendu ! Cela aurait pu s’apparenter à un simple
clin d’œil sympathique et folklorique dans le cadre
d’un match au sommet. Que nenni. Cela n’a été
qu’un précurseur et un effet d’annonce dans un
match qui a été dans la même teinte tout au long.
Banderoles, sifflets, insultes, et mêmes jets de
bouteille. Tout y est passé. Cela aurait pu être
normal ou banal, si trahison il y avait vraiment eue,
et surtout, si Valbuena avait été un joueur détesté
par la Cité Phocéenne depuis de nombreuses
années. Mais non, le Petit Vélo a toujours été un
humble serviteur du club marseillais, et ce malgré
ses roulades incessantes conspuées par tous, sauf
par l’OM.
Tant d’ingratitude pour celui qui, quelques années
auparavant, avait qualifié à deux reprises son club
dans la plus grande des compétitions européennes
par deux frappes dont les South Winners ou
Yankees doivent encore avoir en tête. Tant
d’ingratitude pour Jérémy Morel, conspué et traité
comme traître, ayant eu pour seul tort de n’avoir pas
prolongé dans un club n’ayant pas pour ambition de
le faire. Le football est fait de mouvements, et
changer de club dans le même pays est
heureusement autorisé. Le pire, c’est qu’en voulant
affirmer son autorité et sa supériorité par rapport
aux autorités, les Ultras marseillais se sont
sûrement condamnés, eux, les Niçois, les
Stéphanois, ou même les Parisiens. De quoi donner
du grain à moudre à la Ligue, qui se donnera à cœur
joie dans la nouvelle vague de répression qui
frappera le mouvement ultra. Triste…
FOOT+. Journal bimestriel amateur. 54 numéros. Abonnement gratuit. Envoi par email.
Créateur : Arthur Massot. Date de création : avril 2007. Rédacteur en chef : Mickaël Parienté.
Directeur de publication : Arthur Massot. Directeur de rédaction : Grégoire Quelain.
Secrétaire de rédaction : Gael Simon. Relecture : Gael Simon. Mise en page : Arthur Massot.
Rédacteurs ayant collaborés à ce numéro : Lucas Dureuil, Raphaël Jehl, Gael Simon,
Alexandre Muffon, Mickaël Parienté, Arthur Massot, Vincent Moulai, Enzo Jaffré. Responsable
marketing : Marius Cassoly. Responsable abonnement : Mickaël Parienté. Maquette : Arthur
Massot. Logo : Jérémy Fachetti. Adresse email : [email protected]
Abonnements : bit.ly/sabonner-footplus Courrier des lecteurs : bit.ly/courrier-footplus
Diffusion du dernier numéro : 162 ouvertures. Prochain numéro : 1er décembre 2015.
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FOOT+ ÉVOLUE (ENCORE)
Une nouvelle rubrique dans FOOT+
Lecteurs habitués, vous savez que de
numéros en numéros, nous cherchons
à nous améliorer pour vous proposer le
journal le plus complet possible. Ainsi,
nous avons décidé d'arrêter notre série
La Croisière de la dernière chance
suite à une discussion avec notre
auteur, qui avouait manquer
d'inspiration. Plutôt que
de vous proposer une
fin de fiction bâclée,
nous avons préféré
nous pencher vers
l'autre fiction que nous
préparions depuis longtemps,
Jusqu'au bout de la nuit. Vous pourrez
la retrouver dès ce numéro en page
21. Autre changement, l'apparition en
avant dernière page de la rubrique
sarcastique 50 raisons de… consacrée
ce mois-ci aux raisons de regarder la
Ligue 1 le samedi soir. De ce fait, votre
numéro se répartit en trois parties
encore plus distinctes qu'auparavant.
La première, des pages 2 à 5 est
consacrée à ce que nous appelons
entre-nous l'échauffement, à savoir
l'actualité en bref. La deuxième partie,
ici des pages 6 à 20 se concentre sur
ce qui fait la base de notre publication
: l'analyse. Dans celle-ci, vous pourrez
retrouver des interview, des portraits,
des reportages… Enfin, la troisième
partie est plutôt détente avec vos
rubriques habituelles : Replay,
Prolongations, Fiction, Zoom… et donc
les 50 raisons de…
BALLON D'OR
Et les nominés sont…
Il n'y a pas
qu'au Bac
qu'il y a des
fuites ! Ainsi,
un liste de 59
noms nomin-
és au Ballon
d'Or 2015 a
fuité le 2
octobre der-
nier par le
quotidien italien La Gazetta Dello Sport. Les grands favoris
sont présents… mais pas Gianluggi Buffon, pourtant finaliste
de la Ligue des Champions et champion d'Italie ! Au
contraire, Claudio Bravo (FC Barcelone) et David Ospina
(Arsenal) en font partie. Quatre Français font partie de cette
pré-liste : Alexandre Lacazette, Paul Pogba, Antoine
Griezmann et Karim Benzema. Pas de Matuidi, de Lloris et
de Martial donc. Parmi les surprises, à noter la présence
d'André Ayew (Swansea), Willian (Chelsea), Wilfried Bony
(Manchester United), Carlos Sanchez (River Plate) et même
Massimo Luongo (Swindon Town). La liste finale sera
annoncée officiellement dans quelques semaines. Remise
des prix en janvier 2016.
FIFA
Les sponsors veulent la tête de Blatter
Vous connaissez sûrement ces grandes firmes, d'autant plus
qu'elles font partie des sponsors les plus importants de la
FIFA. Le 3 octobre dernier, Mac Donald's, Budweiser, Coca-
Cola et VISA ont conjointement demandé à Sepp Blatter de
démissionner de la présidence de la FIFA. Ce dernier,
empêtrer dans des affaires de malversation financières (voir
numéro 53) a récemment été réélu à la tête de l'instance
mondiale.
EURO 2016 J-249
Nouvelle salve de vente de billets
Alors que les
qualifications tou-
chent à leur fin (la
Grèce est d'ores et
déjà éliminée,
certains pays comme l'Angleterre déjà
qualifiés), une nouvelle salve de vente
de billets va avoir lieu de mi-décembre
à mi-janvier, après le tirage au sort des
groupes qui aura lieu début-décembre.
Ces ventes de billets permettront aux
acheteurs de savoir à quel match ils
assisteront. Comme durant la
première salve (mi-juin à mi-juillet), ces
demandes de place feront l'objet d'un
tirage au sort et demander une place
ne garantira pas de la recevoir chez
soi. Les places justement seront
envoyées au printemps 2016. L'Euro
2016 aura lieu du 10 juin au 10 juillet et
aura lieu dans huit stades français
(Saint-Denis, Paris, Marseille, Lyon,
Lille, Saint-Étienne, Nice et Lens).
Pour la première fois de l'histoire de la
compétition, 24 équipes y
participeront. Elles seront réparties en
six groupes de quatre équipes.
RÉSEAUX SOCIAUX
FOOT+ sur les réseaux sociaux,
c'est…
Facebook (/footplus2) : 869 mentions
J'aime
Twitter (@foot_plus) : 735 followers
Google+ (+ FOOT+): 20 précurseurs
Le match des rédacteurs Gaël Simon – France-Serbie, 7 septembre
Après une victoire contre le Portugal quelques jours plus tôt, la France
reçoit à Bordeaux la Serbie. Après un 4-4-2 expérimental utilisé en terre
portugaise, Deschamps aligne à nouveau son classique 4-3-3, mais avec
une animation nouvelle. En soutien de Giroud, Griezmann et Valbuena
ont la liberté de rentrer dans l’axe tandis que Tremoulinas et Sagna sont
très offensifs dans les couloirs. Le match est plaisant. Si Giroud ne brille
pas à la finition, sa complicité avec Griezmann permet au colchonero de
peser et de perforer entre les lignes. Valbuena lui travaille dans la largeur
et soutien Pogba à la construction du jeu. Le match prend une tournure
folle lorsque Matuidi ouvre le score de la tête. Mais c’est en marquant
une magnifique volée du gauche à la 25e minute que Matuidi fait basculer
la partie. La France gagne 2-1 et a peut-être trouvé sa formule offensive.
Sans Benzema…
Alexandre Muffon – Évian Thonon-Gaillard-FC Metz, 29 août
Ah le retour en Ligue 2 ! En cinq ans, la mémoire a le temps de vite
oublier des choses. Le Parc des Sports d’Annecy qui tourne à 4000
spectateurs en moyenne, la moitié de l’équipe qui a été reformée et
surtout, le manque de médiatisation. Adieu diffusion intégrale, bonjour
multiplex. Mais ô joie, un duel entre deux relégués de Ligue 1, un match
complet sur beIN SPORTS 2. On se dirigeait vers un énième match nul
pour les hommes de Safet Susic. Mais dans le temps additionnel,
Lejeune claque une volée et inflige aux Haut-Savoyards leur première
défaite. Ce genre de sensation qui pourrait nous faire détester le foot.
Comme encaisser un but sur FIFA dans les arrêts de jeu. L’envie de tout
débrancher et de se mettre au curling, ou de mettre un bébé chat dans
un micro-onde, quoi que je n’avais pas d’animal de compagnie sous la
main et mon frère de 4 ans ne rentrait pas dans le four. Dur dur la vie de
supporteur.
Zap+ L'actualité des deux derniers
mois sous un autre angle
©Getty Images
Questions-Réponses
De Gea, Martial et Lacazette Pourquoi De Gea n’est-il pas
joueur du Real Madrid ?
Coup de tonnerre dans les
dernières minutes du mercato.
Alors que le transfert du portier
espagnol à Madrid était acté et
l’accord trouvé, il n’a pas rejoint le
club de Sergio Ramos. Ce ne fut
que le lendemain que l’explication
claire fut donnée : Manchester
United avait transmis le fax deux
minutes trop tardivement.
Bouleversement dans les rangs
de Manchester United, plutôt
positif, et plutôt négatif chez les
Madrilènes. Keylor Navas,
gardien actuel du Real Madrid,
s’est dit traumatisé de cette
situation. Etant dans une salle
d’attente à l’aéroport de
Manchester pour parapher son
contrat avec les Red Devils, il n’a
appris qu’à la toute dernière
minute l’avortement de la
transaction. Aujourd’hui, le Real
Madrid enchaîne les clean
sheets, et n’a pas de quoi se
plaindre de son gardien, impérial
pour le moment.
Pourquoi Martial a-t-il
bouleversé l’Angleterre ?
Le dernier jour du mercato a été
agité à Manchester. Avec le faux
départ de son gardien et son
stand-by, il y eut d’autres
événements majeurs dans cette
journée. Pour Monaco en
revanche, ce fut le signe de la
nouvelle politique dégressive et
peu ambitieuse du club de la
principauté. En effet, le coup de
grâce vint du jeune attaquant
français Anthony Martial, quittant
l’AS Monaco pour rejoindre les
pelouses anglaises et celle d’Old
Trafford. Le montant
astronomique de la transaction a
d’abord choqué. 50 millions
d’euros auxquels il faut ajouter 30
millions de possibles bonus selon
les performances du Frencihie.
Outre-Manche, la pépite du
centre de formation lyonnais
n’était pas spécialement
connue… même par son
entraîneur, Louis Van Gaal, ne
voyant pas en lui un titulaire en
puissance. Mais voilà, des débuts
plus que prometteurs et quelques
buts plus tard, et celui-ci se voyait
comparé à la légende Thierry
Henry par les tabloïds.
Comment Lacazette a-t-il perdu
confiance ?
À Gerland, le débat est
évidemment lancé. Alexandre
Lacazette, buteur formé au club,
est en grande difficulté. Ce n’est
pas son récent but dévié face au
Stade Rémois qui changera
l’impression. Le meilleur buteur
de Ligue 1 de la saison passée
rate tout. Contrôles, frappes,
passes, dribbles et parfait tout
cela avec des choix plus
qu’étonnants. Le joueur, dont la
complicité avec le duo Fékir-N’jié
ne faisait aucun doute, peine à
retrouver ses marques. Un salaire
bien augmenté, des critiques
ayant aussi augmenté de manière
exponentielle, et de la pression
sur ses épaules : l’international
français est surveillé, très
surveillé, trop surveillé ? Peinant
à jouer avec Mathieu Valbuena et
Claudio Beauvue, il ne semble
capable de scorer que sur des
penalties, qu’il ne convertit même
plus à tous les coups. Un Fékir
vous manque, et tout est
dépeuplé. Cependant, il n’en
reste pas moins une menace et a
toutes les cartes en main pour
redevenir le joueur qu’il fut et
retrouver son football afin de
soulager l’Olympique Lyonnais et
l’Equipe de France.
La question
La France a-t-elle une chance en Europe ? OUI
Enzo Jaffré
Le championnat français s’est renforcé. Avec l’arrivée de bons joueurs comme
Di Maria (Paris), Valbuena (Lyon), ou le probable avènement d'El Shaarawy
(Monaco), les clubs français ont l’ambition de briller sur la scène européenne.
Avec ces joueurs à leur meilleur niveau, nul doute que les clubs français
pourront briller.
L’Europa League est toujours ouverte. L’année dernière, Dnipropetrovsk est
arrivé en finale. Pas de quoi désespérer Monaco, Marseille et les autres. Et
malgré les victoires successives de Séville, pas de quoi désarçonner nos clubs
français, peu avares en exploits.
Paris est plus fort que jamais. Avec l’arrivée à maturité de son milieu de terrain
et des recrues globalement pertinentes, le PSG se surprend à rêver de la coupe
aux grandes oreilles. Di Maria, artisan du sacre madrilène il y a deux ans est là
pour ça, et le moment semble venu. Cela semble également être la dernière
chance pour Motta et surtout Ibrahimovic, certainement partants cet été.
Jardim nous a épaté l’année dernière. Si son effectif n’est plus le même et c’est
le premier à le regretter, il n’en reste pas moins un excellent tacticien et son
plan tactique à l’Emirates avait totalement éteint les Britanniques. Travailleur et
fin stratège, il a les cartes en mains pour ramener la C3 sur le Rocher.
L’Olympique de Marseille a effectif décent, tout comme les Girondins de
Bordeaux. Si les Olympiens sont rentrés de manière étrange dans cette
compétition, déroutés par le Sloan Liberec à domicile, ils n’en restent pas moins
talentueux et capables d’exploits. Pas actuellement, où le club traverse une
passe compliquée, mais d’ici quelques semaines ou quelques mois.
Concernant Sagnol, on le connaît novateur et audacieux dans ses tactiques.
De quoi payer dans les matchs du jeudi ?
Enfin, les Lyonnais sont rentrés, tout comme la plupart de leurs homologues
provinciaux, de manière difficile dans la compétition ultime. Cependant, la
blessure de Nabil Fékir terminée et l’état de forme de Lacazette retrouvé, et
l’Olympique Lyonnais pourrait trouver son rendement de l’an passé. Il faudrait
atteindre les huitièmes de Ligue des Champions, ou alors ce sera en Europa
League que les hommes de Hubert Fournier seront forts de Nabil Fékir.
NON
Vincent Moulai
Depuis la saison 2012-2013, seul le Paris-Saint-Germain a maintenu
un niveau européen digne de venir titiller les cadors du vieux Continent :
trois quarts de finale de suite, le tout en rivalisant avec des gros calibres
comme Chelsea ou le FC Barcelone.
Depuis, les autres clubs français galèrent pour la plupart. Il y a bien eu
l’éclaircie monégasque avec le quart de finale de C1 la saison dernière
ou le petit bout de chemin guingampais en C3.
Mais on pourrait également citer les piteuses éliminations en barrages
de Lyon ou Saint-Etienne, le 0 pointé de l’OM en phase de poules ou
les différents échecs successifs de Lyon, Lille et Monaco en barrages
de C1. De quoi se faire titiller notre chère sixième place au classement
UEFA par la Russie le temps de quelques mois…
"Avoir une chance", c’est bien espérer soulever le graal suprême ?
Soyons réalistes, bien que le PSG se rapproche (lentement mais
surement) vers le top niveau européen, il reste encore une marche à
franchir pour les hommes de Laurent Blanc : celle du dernier carré,
réservé bien souvent à l’habituel trio Real-Barca-Bayern encore au
niveau cette année (oui oui, même ce FC Barcelone là).
Le PSG va surement devoir sortir un de ces 3 monstres pour confirmer
sa mue vers les sommets… Pour enfin rêver plus grand.
Idem pour l’Europa League : le successeur du double tenant du titre
sévillan en C3 ne sera vraisemblablement pas français. Entre le
chantier abyssal marseillais, l’instabilité effective monégasque ou
l’irrégularité stéphano-bordelaise, nous sommes au regret de passer
notre tour face à des clubs comme le Borussia Dortmund ou Naples.
Sans compter les futurs troisièmes de poules, reversés en C3.
C’est beau de rêver, mais Lilian Thuram a dit qu’il faut croire en ses
rêves…
ÉCHAUFFEMENT QUESTIONS-RÉPONSES, LA QUESTION
Deux mois de tweets Les championnats nationaux ont repris cet automne. Et avec eux, toute la passion
qui les entoure. Retour sur deux mois de tweets (à prendre au second degré) sur
notre compte Twitter @foot_plus.
Le président de l'Olympique Lyonnais Jean-
Michel Aulas a répondu à ce tweet :
Tweets écrits et sélection réalisée
par Gaël Simon (@GaelSimon1)
SUR LE RÉZO NEUF TWEETS SÉLECTIONNÉS
La dernière fête C'est face à la Juventus lors du trophée Robert Louis-Dreyfus qu'a eu lieu la
dernière victoire de l'OM sous l'ère Bielsa. Un match que notre rédacteur Gaël
Simon a vécu de l’intérieur. L’occasion de revenir sur le dernier grand moment de
fête entre les supporters phocéens et El Loco. Récit.
Stade Vélodrome, Marseille
(Bouches du Rhône), de notre
correspondant – Il est 18h. Il fait
chaud. Le soleil de plomb paralyse
Marseille. Un parfum de Coupe
d’Europe traîne du côté du
Boulevard Michelet. Dans une
heure, l’OM va jouer face à la
Juventus un match qui n’a rien
d’amical pour les supporters. À
une semaine de la reprise, les
Marseillais retrouvent le
Vélodrome et leur équipe, sans
savoir qu’il s’agira de la dernière
victoire d’El Loco à la tête de l’OM.
Du côté de Castellane, le métro a
été barré, surchargé par la masse
de spectateurs s’y étant amassé
en direction du stade Vélodrome.
Le Prado devient alors le centre de
réunion des supporters. Le cœur
de la ville bat pour le match qui va
avoir lieu dans une heure.
Marseille se pare de bleu et de
blanc. Les bars se remplissent.
Comme toujours aux alentours du
stade, l’ambiance commence à
monter. J’entends certains
supporters évoquer la rumeur
Valbuena à Lyon. "Lui quand il va
revenir au Vélodrome, on va bien
l’accueillir"... Mais pas le temps de
revenir plus longuement sur
l’ancienne star de l’OM, le match
va bientôt débuter.
Un stade plein
Alors que certains recherchent des
places et que d’autres proposent
des écharpes à vendre, la foule
commence à se réunir devant
l’entrée côté Boulevard Michelet.
L’adversaire est prestigieux. Les
supporters, ambitieux. La défaite,
interdite. Devant le stade, je
rejoins un ami proche qui va
assister au match depuis le virage
sud. "Alors le match tu le sens
comment ? – La Juventus vient de
commencer sa préparation, je
pense vraiment qu’on peut
gagner". La confiance est là. Il faut
dire que la Juventus a débuté sa
préparation depuis 15 jours
seulement là où l’OM est à la fin de
la sienne. Et puis le Marseillais est
optimiste. "Ce qui est sûr c’est
qu’on va voir un super match" et
rien que pour ça, tout le monde
attendait avec impatience le coup
d’envoi.
19h00 se rapproche d’ailleurs.
Accompagné de mon père et d’un
de mes meilleurs amis, je pénètre
dans l’enceinte du stade
Vélodrome, déjà noir de monde.
Pour ce match, je vais découvrir la
tribune Jean Bouin. Bon ça ne me
fait pas rêver mais ça fait tellement
longtemps que je ne suis pas allé
au Vélodrome que je ne vais pas
me plaindre. D’autant plus que je
me retrouve à quelques mètres de
la pelouse. Je ne pouvais pas
espérer mieux. Sur les sièges, je
retrouve des drapeaux aux
couleurs de l’OM. Tout est fait pour
que l’ambiance soit chaleureuse.
Diarra et Diaby
présentés au public
J’observe avec attention
l’échauffement des joueurs de la
Juventus qui sont devant moi. J’ai
surtout la joie de voir Gianluigi
Buffon se préparer. De l’autre
côté, les joueurs de l’OM
s’échauffent également
principalement à base de jeux
avec ballon. À 18h40, les
nouvelles recrues sont
présentées, notamment Diaby et
Diarra qui ont signé dans la
semaine précédant le match. Les
deux anciens internationaux
français sont ovationnés. Les
supporters marseillais sont prêts à
rêver derrière leur équipe. Mais la
star du club, c’est Marcelo Bielsa.
Dans les travées, son nom est
scandé à plusieurs reprises par
tout le stade. Je suis en transe.
L’ambiance est déjà fabuleuse. Le
match a tout pour être mémorable.
Les joueurs rentrent sur le terrain.
Les drapeaux bleu et blanc sont
agités dans les tribunes Jean
Bouin et Ganay. Les virages se
font entendre. Les deux
compositions d’équipe sont
annoncées. Chaque Phocéen est
applaudit allégrement. Du côté de
la Juventus, Patrice Evra est
conspué. On est Marseillais mais
on n’en reste pas moins Français.
Du côté du virage sud, une
banderole m’interpelle derrière le
but que gardera Buffon en
première période. "L’an dernier,
les valeurs retrouvées, cette
année un titre !" L’ambition est là
pour cette saison. Ce Marseille –
Juventus est un prélude à une
grande saison dans l’esprit des
supporters. Les bases sont
posées. Il est 19h, le match peut
commencer.
©Tous Droits Réservés
©Tous Droits Réservés
AU CŒUR DE…
OLYMPIQUE DE MARSEILLE-JUVENTUS DE TURIN 2-0 (MATCH AMICAL)
Le nom de Bielsa scandé
La Juventus rentre fort dans le
match. Marseille est acculé dans
son camp. Les hommes de Bielsa
défendent en 3-3-3-1. Du
classique. Le Vélodrome tremble
mais l’OM tient. N’Koulou rassure
et encadre les jeunes Rekik et
Sparagna tandis que Mandanda
sort une parade décisive. Après 15
minutes difficiles, l’OM sort petit à
petit la tête de l’eau. Après un gros
travail de Michy Batshuayi,
Alessandrini met Buffon à
contribution, avant de trouver le
poteau sur un centre rentrant.
Marseille fait reculer la Juventus.
Dès la perte du ballon, Michy
Batshuayi et Abdelaziz Barrada
s’activent pour presser les
défenseurs italiens et gênent
considérablement la relance de la
Juventus.
Pendant ce temps-là se met en
place le piège des Marseillais. Dja
Djédjé défend sur Pogba et Mendy
s’occupe de Marchisio. Ce sont
Thauvin et Alessandrini qui se
chargent de fermer les couloirs à
Lichtsteiner et Evra. Lemina quant
à lui se déplace dans la largeur
pour compenser les espaces
laissés par les phocéens dans leur
dos. Le plan fonctionne
parfaitement bien. Madzukic et
Morata sont sevrés de ballon, les
deux pistons axiaux du milieu
turinois étant annihilés par le
marquage individuel de Dja Djédjé
et Mendy. Le jeu est haché.
Stephan Lichtsteiner se faisant
même expulsé après avoir insulté
l’arbitre de la rencontre.
Dans les tribunes, l’ambiance n’a
rien d’un match amical. À chaque
faute, c’est tout le stade qui se lève
pour protester. À chaque occasion,
ce sont tous les supporters qui
frissonnent. Et le spectacle est de
qualité. Bielsa est, comme à son
habitude, prostré sur sa glacière.
Les supporters continuent de
scander son nom régulièrement.
La fête annoncée a lieu. Et quand
sur le terrain, Alessandrini trouve
la lucarne de Buffon sur un centre-
tir vicieux, c’est tout le Vélodrome
qui chavire. Ce n’est qu’un match
amical mais l’OM envoie un
message très fort. Tactiquement,
Marseille est très solide et sera
difficile à bousculer cette saison.
La mi-temps est sifflée, tout le
peuple phocéen qui s’est amassé
dans son antre préféré assiste au
spectacle qu’il attendait.
MB maintient l'équipe-type
La mi-temps, c’est surtout
l’occasion de manger ou d’aller
boire un coup. Le Vélodrome se
calme pour mieux se réveiller en
seconde période. Moi je sors mes
sandwiches et profite de la
douceur de mon poulet crudité. Le
calme étant revenu dans le stade,
le moment est propice à la
discussion. Tout le monde débriefe
la première période : "on a eu du
mal au début mais derrière, on les
a vraiment bousculé", "tu sens que
la Juventus a du mal quand
même", "si on m’avait dit que Dja
Djédjé allait bouffer Pogba, je n’y
aurais pas cru". La première
période est riche en
enseignements tactiques. Comme
si l’OM avait atteint son paroxysme
collectif. Difficile de voir ce que
Marseille pourrait faire de mieux,
tant tactiquement c’était parfait. En
tout cas, la prestation des
Olympiens laisse envisager une
belle saison, surtout quand on
pense que c’est Bielsa qui sera à
la tête de l’équipe cette année.
Mais plus le temps de parler, mon
père sort les compotes du sac et
mon ami me propose des chips. Et
puis la seconde période va
commencer.
La Juventus procède d’ailleurs à
quelques changements. Du côté
de Marseille, on ne change rien. Le
but est de voir encore un peu
l’équipe-type à une semaine de la
reprise de la Ligue 1. Dès le début,
la Juventus donne la sensation
d’avoir lâché et de pêcher
physiquement. "Y’a que Pogba qui
joue du côté de la Juve" : c’est clair
que le Français est le seul à tenter.
À 10 contre 11, la Juventus subit,
et quand un contre se profile, les
milieux ont du mal à se projeter
pour faire les efforts et soutenir les
attaquants. L’OM est globalement
serein. Mandanda soulage ses
défenseurs dans les airs tandis
que Lemina et Barrada font du
bien en jouant entre les intervalles
laissés par les milieux de la
Juventus. Les premiers
changements ont lieu.
El Loco s'en prend
au quatrième arbitre
Dès son premier ballon, Bouna
Sarr enflamme le stade avec un
grand pont et une chevauchée
folle sur la droite. L’OM a le ballon
et tente de marquer le deuxième
but. Mais ça manque d’adresse
dans le dernier geste. Le spectacle
est moins intense, alors le
Vélodrome fête sa star, Marcelo
Bielsa. Le stade continue de
clamer son nom et de le célébrer.
L’ambiance sympathique se
trouble soudainement. Le speaker
annonce la sortie de Patrice Evra.
L’ancien Mancunien est hué par le
stade. Le match a été dur pour
l’arrière gauche face à
Alessandrini. Les sifflets du
Vélodrome à chacune de ses
montées ne l’auront pas aidé non-
plus. Très vite, l’ambiance reprend
et les supporters continuent de
chanter à la gloire de Bielsa. A la
69e, les supporters réservent
exceptionnellement une ovation à
un joueur adverse. Paul Pogba est
en effet chaleureusement acclamé
par le Vélodrome au moment de sa
sortie. Le match se poursuit et
Bielsa se met lui-même en action.
Alors que le remplacement de
Barrada par Nkoudou est
annoncé, El Loco se lève
subitement et conspue le
quatrième arbitre. Barrada ne sort
finalement pas et Nkoudou est
renvoyé à son échauffement.
Toute la tribune Jean Bouin rigole
devant les mimiques excentriques
de Bielsa. Il faut dire que les
supporters adorent ça. Le geste
témoigne en tout cas d’une grande
confiance de Bielsa en Barrada
qu’il ne veut pas voir sortir du
terrain. Le Marocain marque
d’ailleurs le deuxième but,
l’occasion pour le Vélodrome de se
lever une nouvelle fois : "2-0, c’est
bon c’est fait", "Y’a même la place
pour le troisième". Bon, on
s’enflamme mais on est
globalement contents. Le match se
termine tranquillement et l’OM
remporte ce match de prestige.
Les supporters fêtent cette belle
victoire, sans savoir qu’il s’agira de
la dernière de Bielsa avec l’OM.
Cet OM-Juventus restera la
dernière grande communion entre
Bielsa et les supporters. Le dernier
grand moment de joie. Personne
ne s’attendait à ce qu’une semaine
après, El Loco claque la porte. Au
contraire, la rencontre laissait
beaucoup d’espoir. Tout semblait
aller bien. Mais en football rien
n’est jamais acquis. L’Argentin
s’en est allé, laissant beaucoup de
regrets aux supporters, mais
laissant le souvenir d’un football
spectaculaire et audacieux, qui
aura redonné confiance à tout un
peuple et qui aura ramené les
supporters au stade, comme ce
soir d’août 2015, où la fête au
Vélodrome n’a jamais été aussi
belle, tout cela pour un simple
match de préparation.
©Gael Simon/FOOT+
©Gael Simon/FOOT+
AU CŒUR DE…
OLYMPIQUE DE MARSEILLE-JUVENTUS DE TURIN 2-0 (MATCH AMICAL)
Gracias El Loco* Après une année de passion, l’histoire d’amour entre l’Olympique de Marseille et Marcelo
Bielsa a pris fin ce 8 août 2015. L’occasion de rendre un dernier hommage à l’entraîneur le
plus fou que le football français n’ait jamais connu. Lettre ouverte.
Pour la première fois depuis que j’écris ce
genre d’hommage, mon cœur est rempli de
lourdeur et de nostalgie. Ton départ a
provoqué en moi une immense peine.
L’optimisme qui me caractérise a disparu le
temps de ton annonce, violente et choquante.
D’habitude, je crie
mon amour dans
mes lettres,
exceptionnelle-
ment, je vais crier
ma tristesse. Car j’ai
ressenti une énorme
douleur en apprenant
ton départ. J’ai vécu le
moment le plus dur de ma
jeune vie de supporter. Pour la
première fois de mon existence, le
foot ne m’a apporté que souffrance et
frustration. Et pourtant… Et pourtant,
toi tu ne m’as apporté que joie et bonheur
pendant une saison. Tu ne méritais pas de partir comme ça.
Ton histoire passionnelle avec l’OM méritait une fin à la hauteur de
l’amour que te portaient les supporters. Toutes les histoires d’amour
finissent mal a-t-on l’habitude de dire. Cet adage n’a jamais été aussi vrai.
En y repensant, j’aurais aimé profiter encore plus de tous les moments que
tu nous as fait vivre. J’aurais aimé regardé les matches de ton OM avec
encore plus d’attention. Décrypter chacune de tes compositions, chacun de
tes choix tactiques avec encore plus de concentration. Vivre encore plus
intensément la saison passée à tes côtés. J’aurais aimé être encore plus
passionné. Vivre le foot comme toi. Ne voir rien d’autre de plus important. Faire
de l’OM ma priorité comme toi tu l’as fait. Ne pas profiter de toi et de ta folie
une saison de plus restera à jamais un immense regret. Ta première saison
n’aurait du être qu’un apéritif, pas le plat de résistance.
Certains ont dit que tu étais parti car tu savais que ta seconde saison allait
être beaucoup plus dure que la première. Que tout le travail que tu avais
abattu allait exploser en vol. Je pense au contraire que cette saison
aurait été encore plus belle, plus folle, plus intense. Après une année
d’apprentissage, les jeunes que tu as pris sous ton aile auraient
atteint un niveau qu’ils n’ont jamais eu la saison dernière. Ton 3-3-
3-1, certes audacieux, n’aurait jamais été solide avec la maturité
tactique acquise par Mendy ou Lemina. Le jeu offensif que tu
prônes n’aurait jamais été aussi séduisant que cette saison
avec les progrès de Thauvin et Alessandrini. Mais nous
n’aurons jamais l’occasion de voir cela. Et c’est ça le plus
dur. Se dire que ton histoire avec l’OM aurait pu être
encore plus belle est le plus souffrant pour moi. Tant pis,
c’est comme ça. Tu pars en légende, c’est peut-être ça
le plus merveilleux. Tu pars en grand homme, digne de
ses valeurs et de ses convictions. Dans un football où les
joueurs embrassent l’écusson de leur club pour les trahir
quelques semaines après lors du mercato, toi tu es parti en
gardant ta ligne de conduite, celle de l’honnêteté. Tu n’as pas
accepté que le club revienne sur l’accord qu’il avait passé avec toi,
alors tu es parti. La confiance et la sincérité sont les principales lignes
de ton code d’honneur, alors comment t’en vouloir ? Comment ne pas
encore plus aimer ce que tu es ? La forme de ton départ a été dure à
encaisser. Le soir de ta démission, ne serait-ce qu’un instant, je t’en ai
voulu. Je l’avoue. Mais sur le fond, comment ne pas te donner raison ? Tu
voulais juste le bien du club. Et les dirigeants du club lui-même t’ont mis des
bâtons dans les roues. Logique de partir. Logique de jeter l’éponge. Tu t’es
sacrifié pour tirer la sonnette d’alarme. Tu es parti en respectant ton éthique.
El Loco reste El Loco.
Finalement, ce qu’on doit retenir de ton passage, c’est
le jeu, le vent de fraîcheur que tu as apporté en
Ligue 1. Comment ne pas oublier ton audace ?
Comme ce soir d’avril où tu as tenté un
marquage individuel tout terrain face au Paris
Saint-Germain. C’était fou. Non mieux, c’était
fada. Car c’était ce que tu étais devenu avec
l’OM. Un loco chez les fadas, devenu fada lui-
même. Les supporters l’avaient bien compris, c’est
pour ça qu’ils t’ont si vite adopté. Tu as redonné
l’espoir à toute une ville, qui se morfondait
depuis des années devant le
niveau de jeu et le spectacle
produit par son équipe. Tu
laisses une trace indélébile
dans l’histoire de l’OM.
L’important, ce n’est pas
les résultats que tu as
eu, c’est la trace que
tu as laissé.
Marseille a
retrouvé son
ambition avec toi,
c’est ce qu’il faut
retenir. Le club a
retrouvé son identité
grâce à toi, c’est ça qu’il ne
faut pas oublier. Et puis au
final, tes résultats n’étaient-
ils pas les meilleurs que tu
aurais pu obtenir ? Faire
4e avec une équipe
globalement moyenne,
en compensant par ta
maîtrise tactique les
limites de joueurs
intrinsèquement faibles
était le maximum. Nous
faire croire au titre jusqu’en
avril aura été un exploit. Tu ne
pouvais pas faire mieux. Tu as fait
le maximum. Tes résultats ont été à
la hauteur du niveau de jeu de ton
équipe et de ta folie. Comment ne pas voir
que sans toi, Gignac, Payet ou Ayew
n’auraient jamais atteint le niveau de jeu qu’ils
ont eu la saison dernière ? Tu as marqué tous les
joueurs que tu as eus à entraîner. Tu as marqué tous
les esprits. Alors comment t’oublier ? Comment ne
pas te regretter ? Comment ne pas pleurer ton
départ ?
Je n’ai pas peur de le dire, tu es certainement l’un
des plus grands entraîneurs que l’OM n’ait
jamais connu. Tu côtoies désormais les
Raymond Goethals, Mario Zatelli, Jules Zvunka
ou Didier Deschamps. Tu n’as pas gagné non.
Mais tu as fait rêver les gens. Tu as mis des
étoiles dans les yeux de tous les supporters,
et dans une époque de plus en plus triste
où le football perd son romantisme et un
peu de son identité, le rêve, c’est ça le
plus important. Alors Gracias El Loco.
*Merci Le Fou en espagnol. "Le Fou" est le
surnom de Marcelo Bielsa. ©B. Langlois/AFP
©F
EP
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LETTRE OUVERTE
MARCELO BIELSA
L'ascension de Serge Aurier Auteur d’un magnifique but en ciseaux contre Nantes (4-1), pour le compte de la
huitième journée de Ligue 1, Serge Aurier est en train s’installer durablement dans
le couloir droit du champion de France en titre. Retour sur l’ascension que vit
l'Ivoirien, après une saison 2014-2015 au gout amer.
Vainqueur de la CAN début 2015, le numéro
19 du PSG a pourtant vécu une période
difficile par la suite. Déjà barré par la
concurrence de Marquinhos et Van
der Wiel au poste de latéral droit,
Serge Aurier a également dû
faire face à une grave
blessure contre Caen
en février et une
suspension en Ligue
des Champions, en
mars, alors qu’il
suivait le match
retour de son équipe
face à Chelsea (2-2
après prolongations)
depuis son canapé.
Son retour est à l’inverse
prometteur puisque
l’Ivoirien est l'auteur
notamment de plusieurs
passes décisives en fin de
saison.
Des efforts
récompensés
Désormais, le joueur est
sous le feu des
projecteurs. Titulaire à six reprises en huit journées de Ligue 1, Aurier
est devenu une pièce maitresse du onze de la capitale. Polyvalent, efficace
en défense et actif en attaque, il est l’auteur de grosses performances
notamment contre Lyon lors du Trophée des Champions (2-0) et face à Lille (1-
0) en début de championnat. L'Ivoirien semble être au meilleur de sa forme et
cela n’est pas dû au hasard. C’est le fruit d’un long travail entamé par le joueur tôt
cet été. Aurier ne chôme pas. Il décide en effet de partir au Qatar afin de suivre
une préparation personnelle avant la reprise. Interrogé sur son changement de
statut, le joueur de 22 ans le dit lui-même, il a "tout simplement réalisé une bonne
préparation, contrairement à l’an passé".
Au-delà de ses performances sportives, l’ex joueur du TFC s’est affirmé au sein du vestiaire
parisien. Qualifié de joueur le plus drôle du PSG par son partenaire Marquinhos, l’intéressé
déclare pourtant "ne pas avoir trop confiance en soi" et garde les pieds sur terre. Il a bien
conscience que dans la sphère footballistique, les choses peuvent vite s’inverser. Serge Aurier parait
ainsi gérer son nouveau statut dans un club qui rêve toujours plus grand. Véritablement installé dans
la défense parisienne, il peut tout de même encore progresser. Il le sait, le répète. À lui de montrer qu’il
est capable de durer.
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PORTRAIT
SERGE AURIER
Ben Arfa : l’appel de l’ombre Il aura fallu attendre six mois pour qu’Hatem Ben Arfa puisse chausser les crampons et jouer
sous les couleurs de l’OGC Nice. Une attente longue pour un joueur qui s’est perdu au gré
de choix de carrières discutables et de comportements parfois inexcusables. Aujourd’hui, le
natif de Clamart, aspire juste à jouer au football, sans se mettre la pression, sans se prendre
pour plus beau qu’il n’est. Portrait.
Après quelques années d’errance en
Angleterre, Hatem Ben Arfa est revenu sur le
sol français, non pas pour se relancer mais bel
et bien pour débuter une nouvelle carrière.
Désormais loin de l’Equipe de France et de la
médiatisation excessive qu’a engendré son immense
talent, l’ancien marseillais aspire au calme, avec pour
seule motivation l’envie de retrouver le plaisir de jouer
au foot. Celui qui a connu les joies du titre avec Lyon puis
Marseille avant de connaître de grosses difficultés en
Angleterre retrouve aujourd’hui la simplicité qui a
longtemps manqué à son jeu. Pour le plus grand plaisir
des yeux, la Ligue 1 a retrouvé le talent Ben Arfa. Et au
moment même où le football français s’enflamme pour
Nabil Fekir, le portrait de l’ancienne pépite de Gerland
pose la question d’un pays qui brûle les ailes de ses plus
grands espoirs.
La tête brulée
C’est à 7 ans qu’Hatem Ben Arfa débute le foot. Comme
beaucoup d’enfants d’Île de France, Hatem vit pour le
foot. Le talent est déjà-là. La technique du meneur fait
merveille. Les bases de son jeu sont posées. Le jeune
Ben Arfa aime toucher le ballon, jouer au cœur du jeu,
porter la balle et sentir le cuire sous ses crampons. Son
instabilité est également présente. Le natif de Clamart
joue à Châtenay-Malabry pendant deux ans, avant
d’évoluer à Montrouge entre 1996 et 1998. C’est finalement
après une saison à Boulogne-Billancourt qu’Hatem Ben
Arfa se pose. En 1999, il intègre à 12 ans l’INF
Clairefontaine, où il sera surclassé d’une année au sein de
la génération 86. Le talent d’Hatem Ben Arfa écrase tout. Il
sent le jeu, voit tout avant tout le monde, son instinct fait la
différence et sa technique est un poison pour la défense
adverse. Mais son comportement pose autant de problèmes
à ses entraîneurs que sa vivacité à ses adversaires. Ben Arfa
a du caractère. Le gamin ne se laisse pas marcher sur les
pieds. Les tensions avec ses jeunes coéquipiers sont
fréquentes. Lui-même l’avoue dans À la Clairefontaine. Le
documentaire de Bruno Sevaistre dresse en effet le portrait
d’un jeune aussi
passionné par le foot
qu’exigent envers ses
coéquipiers. "J’ai un
caractère un peu nerveux" ;
la phrase fait déjà écho aux
premiers pas en pro avec Lyon,
puis à son aventure marseillaise.
Malgré ce caractère difficile, Ben
Arfa brille et devient l’un des plus
grandes espoirs du football français. De
plus en plus de clubs lui font d’ailleurs les
yeux doux. Mais Hatem refuse de signer à
Saint-Etienne puis à Rennes. En 2002, après
trois années à Clairefontaine, Ben Arfa pose ses
valises à Lyon. Le club vient d’être sacré
champion de France et possède tous les atouts pour
faire progresser ses jeunes espoirs. Le club rhodanien
offre de plus une prime à la signature de 150 000€ à la
famille Ben Arfa. De quoi convaincre l’entourage du jeune
milieu. De quoi mettre une pression supplémentaire sur les
épaules d’un jeune qui représente alors une manne
financière extraordinaire pour sa famille.
Ben Arfa achève donc sa formation à Lyon. Il y côtoie
notamment Karim Benzema et Loic Remy. Les trois talents
rayonnent et sont les emblèmes de la jeunesse
flamboyante de l’OL. Le puissant Loic Remy, qui fait parler
sa vitesse, le numéro 9 technique Benzema qui adule
Ronaldo et le créateur Ben Arfa qui a encore du mal à
lâcher son ballon. Les trois jeunes brillent avec Lyon et
Hatem Ben Arfa est sélectionné avec l’équipe de France
des moins de 16 ans. Karim Benzema le rejoint en
moins de 17 ans dès 2004. La génération 1987 rayonne
et Ben Arfa en est l’un des fers de lance. Sa technique
fait rage et sa vivacité apporte encore plus de folie à
son jeu. Menée par Benzema, Ménez, Nasri et Ben
Arfa, la France remporte l’Euro en battant l’Espagne
en finale. Au cours de la compétition, le Lyonnais a
marqué trois buts. Le talent commence à éclore. Mais
une étape reste en franchir. Il lui reste à faire ses
premiers pas en professionnel. C’est Paul Le Guen,
alors entraîneur de l’OL qui va lui offrir cette chance au
cours de la saison 2004-2005.
Le jeune impatient
Lyon débute sa saison à Nice. Triples champions de
Ligue 1 en titre, les hommes de Paul Le Guen espèrent
bien conserver le titre, tout en optant pour un jeu plus
offensif. Pierre-Alain Frau est ainsi arrivé en
provenance de Sochaux pour soutenir Giovane
Elber dans le 4-3-3 aligné par Le Guen. Ce dernier
compte également sur les jeunes pousses du centre de
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GRAND THÈME
HATEM BEN ARFA
formation et fait appel dès la première journée à Truchet, Bergougnoux,
Balmont et Ben Arfa. Ce dernier rentre alors à la 68ème minute d’un match
serré où Lyon est tenu en échec par l’OGC Nice. Les coéquipiers de
Juninho ont le ballon mais butent sur le 4-4-2 niçois bien en place. Sur
la gauche, à la place d’un Frau discret, Ben Arfa apporte son dynamisme
et vient bousculer Cédric Varrault. Lyon fait finalement la différence à la
84ème minute grâce à Goviane Elber. Des débuts difficiles pour Lyon
mais des premiers pas encourageants pour Ben Arfa qui marquera des
points tout au long de l’année dans les esprits de Paul Le Guen, jouant
14 matches cette saison-là dont quatre de Ligue des Champions et
inscrivant son premier but en Coupe de la Ligue contre Lille au cours du
mois de novembre.
Mais l’OL ne fait pas de Ben Arfa sa star. L’équipe est championne de
France pour la quatrième fois consécutive et Essien, Malouda, Juninho
ou Diarra sont les vraies stars du club. Ben Arfa n’est qu’un espoir qui
doit attendre pour avoir sa place de titulaire. Celui-ci perd d’ailleurs avec
ses jeunes coéquipiers la finale de la Coupe Gambardella face à
Toulouse sur le lourd score de 6 à 2. Un premier échec dans la jeune
carrière de Ben Arfa. Lui qui n’avait connu que la victoire jusque-là doit
faire face à la défaite et à la critique. Le jeune lyonnais n’est pas encore
arrivé au bout de son chemin. Le talent est là, mais n’est pas encore
arrivé à maturité. Ben Arfa doit apprendre la rigueur et accepter la
critique. La pression de son entourage, des médias est déjà forte mais il
ne faut pas s’enflammer. C’est ce qui est le plus dur pour le jeune Hatem,
et Gérard Houllier, le nouvel entraîneur de Lyon lui fait comprendre que
son comportement n’est pas le bon. Si Le Guen protégeait jusque-là sa
jeune pépite, Houllier ne lui fait pas de cadeau. Lyon a suffisamment de
talents pour se passer du profil d’un Ben Arfa impatient et trop
caractériel. Le Lyonnais est prévenu. S’il veut jouer, il va devoir faire
profil bas.
Freiné dans son élan par sa personnalité
C’est qu’Hatem a des revendications. Il a surtout besoin de tout savoir
pour être rassuré. Son honnêteté lui joue des tours. Quand il a quelque
chose sur le cœur, il le dit. Il veut jouer, le fait savoir et face aux fortes
personnalités que sont Houllier et Aulas, ça ne passe pas toujours.
Pourtant, pour le Trophée des Champions face au Auxerre, Ben Arfa est
aligné aux côtés de Frau, Govou et Carrew. Après un penalty obtenu par
ce dernier, Ben Arfa ouvre le score à la 1ere minute de jeu. La saison
débute idéalement pour Ben Arfa qui profite des changements dans
l’effectif lyonnais pour jouer. La suite sera plus compliquée pour le jeune
talent. Les tensions avec Houllier sont exacerbées et Ben Arfa
s’impatiente. Celui-ci ne joue finalement que 16 matches toutes
compétitions confondues et n’a qu’un rôle minime dans le cinquième titre
de champion de France. Govou, Fred et Carew ont brillé devant et n’ont
laissé que peu de place à la concurrence. Ben Arfa n’aura marqué qu’en
Coupe de France contre Grenoble. Pas assez pour son talent.
La saison suivante n’est pas plus enthousiasmante. Si Ben Arfa prouve
toutes ses qualités et démontre tout son potentiel, la rigueur d’Houllier,
essentielle pour le faire grandir et murir, freine sa progression. Houllier
ne veut pas que sa pépite s’enflamme et le protège en le faisant jouer
par à-coup. Mais Ben Arfa ne comprend pas la situation et ressent le
besoin de jouer, surtout quand il voit Benzema s’imposer au sein de
l’attaque lyonnaise et être déjà appelé en Équipe de France. Étincelant
sur le côté gauche, Malouda éteint toute forme de concurrence et Ben
Arfa doit se contenter de 17 matches toutes compétitions confondues et
d’un but en Ligue 1 cette saison-là. Lyon est encore champion de France
mais doit faire face aux départs de Malouda, Thiago, Abidal et Houllier.
Un nouveau cycle s’ouvre. Alain Perrin, arrive avec l’ambition de faire
progresser Lyon en Ligue des Champions tout en dominant la Ligue 1.
Dans ce contexte, Ben Arfa et Benzema sont vus comme les nouveaux
leaders d’attaque, encadrés par Fred, Govou et Juninho. Le club
lyonnais a d’ailleurs prolongé Ben Arfa jusqu’en 2010. Le moment est
venu. Lui qui attendait tant une place de titulaire va devoir assumer son
nouveau statut, peut-être le plus dur pour le jeune milieu.
Le temps de l’instabilité
Avec Alain Perrin, Hatem Ben Arfa retrouve un entraîneur plus proche
de Paul Le Guen, qui lui accorde sa confiance et qui fait de lui le
dynamiteur de son équipe. Après un début de saison compliqué, Lyon
redevient la machine à gagner des précédentes saisons en championnat
à partir du mois de septembre. Ben Arfa profite du festival offensif
lyonnais à Metz pour marquer son premier but de la saison avant de
réaliser son premier doublé de sa carrière en Ligue 1 contre le PSG au
Parc des Princes. Ben Arfa commence à convaincre. À l’aise avec le
ballon, son duo avec Benzema fait rage. Aligné dans le couloir gauche
mais avec liberté de repiquer dans l’axe, le jeune lyonnais fait parler sa
technique en Ligue 1 et devient l’une des attractions du championnat.
Ce bon début de saison incite alors Raymond Domenech à l’appeler en
Equipe de France en octobre 2007. Contre les Îles Féroé, pour sa
première sélection, le Lyonnais marque son premier but avec les Bleus
et continue de séduire observateurs et supporters. L’ascension est
fulgurante. Le 7 novembre, Ben Arfa marque ses deux premiers buts en
Ligue des Champions à l’occasion de la victoire lyonnaise 4-2 contre
Stuttgart. Celui qui réclamait une place de titulaire répond aux attentes.
La machine médiatique commence à s’emballer. Peut-être trop. Ben
Arfa devient le nouveau Zidane. Et forcément, les conséquences sont
désastreuses. La seconde partie de saison est plus compliquée. Ben
Arfa porte beaucoup trop le ballon, ralenti le jeu de son équipe et s’éteint
petit à petit. Perrin opte pour une formule plus directe avec Fred qui joue
à gauche, à la place de Ben Arfa. Celui-ci ne joue plus que quelques
bouts de matches et devient un joker de luxe. Si Lyon réalise le doublé
Coupe-Championnat, la saison laisse un goût amer à Hatem Ben Arfa.
Le trophée de meilleur espoir de Ligue 1 n’y fait rien, le Lyonnais perd
patience. Présélectionné par Raymond Domenech pour l’Euro 2008,
Ben Arfa n’est finalement pas retenu. Le milieu décide alors de quitter
Lyon pour obtenir une place de titulaire dans un club compétitif pour
intégrer durablement l’Équipe de France. Pape Diouf, alors président de
l’Olympique de Marseille propose de l’accueillir. Quelques semaines
auparavant, Ben Arfa avait séduit lors de son entrée avec l’OL face aux
phocéens. Les deux clubs trouvent finalement un accord pour le transfert
du milieu de terrain. Mais quelques jours plus tard, Jean-Michel Aulas
demande à Ben Arfa de retourner à Lyon, certains éléments pour
conclure le transfert manquant au dossier. Le futur ex lyonnais fait alors
la forte tête. Celui-ci décide de rester à Marseille et de s’entraîner à la
Commanderie contre la demande de son président. Finalement, ce
dernier cède face au caractère de Ben Arfa et l’OL trouve un accord avec
l’OM. Ben Arfa découvre ainsi une nouvelle atmosphère, dans un club
bien plus excessif que l’OL. La pression est encore plus importante pour
le milieu qui n’a plus le droit à l’erreur après des débuts globalement
moyens à Lyon.
©Pascal Pochard-Casabianca/AFP
©G. Varela/20 minutes
GRAND THÈME
HATEM BEN ARFA
L'OM lui fait confiance… au début
Avec la passion et l’affection des supporters phocéens, Ben Arfa se sent
bien. Il se sent surtout enfin aimé. Tout le monde à Marseille a envie de
croire en l’éclosion du talent français. Gerets, toujours très proche de
ses joueurs, le prend tout de suite sous son aile. L’entraîneur belge lui
confie les clés du jeu, en le repositionnant en meneur de jeu dans son
4-2-3-1. L’équipe marseillaise séduit par son jeu et réalise un gros début
de saison. Ben Arfa se met au diapason de ses coéquipiers et convainc
les supporters dès ses premières rencontres. En numéro 10, sa vivacité,
ses changements de rythme et sa technique font merveille. Avec la
rapidité de Koné à droite, la patte de Zenden à gauche et le sens du but
de Niang devant, le quatuor marseillais séduit. Mais la situation se
complique. Marseille perd ses trois premiers matches de Ligue des
Champions contre Liverpool, l’Atletico Madrid et le PSV Eindhoven et
laisse filer de précieux points dans la course au titre. Ben Arfa retombe
lui-aussi dans le rang et a du mal à répondre présent dans les gros
matches.
Encore invaincu en championnat, Marseille reçoit le PSG et s’incline 4
buts à 2. Ben Arfa est remplaçant, une situation qu’il n’apprécie pas. Au
moment où Erik Gerets lui demande de rentrer, l’ancien lyonnais refuse.
La situation choque beaucoup à Marseille. Une discussion houleuse
s’ensuit entre le joueur et l’encadrement du club. La sanction tombe.
Gerets revoit sa formule et Ben Arfa perd petit à petit la confiance de
son entraîneur. Trop irrégulier, Ben Arfa est laissé de côté, au profil d’un
Valbuena plus constant tandis que Koné, Ziani et Zenden se relaient
dans les couloirs. Mais c’est en seconde partie de saison que l’ancien
Lyonnais perd définitivement sa place. Brandao, arrivée en provenance
de Donetsk, s’impose à la pointe de l’attaque. L’OM évolue alors tantôt
en 4-4-2 en losange, tantôt en 4-2-3-1 avec Niang sur la gauche.
Marseille relance sa saison et se dispute le titre avec Bordeaux. En
Europe, relégué en Europa League, les Phocéens affrontent Twente.
Après une défaite à domicile lors du match aller, les hommes de Gerets
sont obligés d’aller gagner à l’extérieur. Ben Arfa remet les compteurs à
zéro d’un coup-franc puissant qui heurte les deux poteaux avant de
rentrer dans le but. Marseille se qualifie ensuite lors de la séance de tirs
au but et Ben Arfa retrouve l’affection des supporters. Mais l’ancien
Lyonnais ne récupère pas sa place en Ligue 1, l’équipe enchaînant les
matches sans défaite. En Europe, les Phocéens éliminent l’Ajax avant
d’affronter le Chakhtior Donetsk en quart de finale. Mais Marseille est
largement en-dessous tactiquement et techniquement. L’OM se fait
éliminer après une défaite 2-0 en Ukraine et 2-1 au Vélodrome. Ben Arfa
marque le seul but des hommes de Gerets. Dernier coup d’éclat d’une
saison finalement décevante. Marseille termine deuxième du
championnat derrière Bordeaux et Ben Arfa a une nouvelle fois perdu
sa place de titulaire, comme avec Lyon une année plus tôt. Alors que
Gerets est remplacé par Deschamps, l’homme qui avait fait de son
arrivée une priorité quitte le club, Pape Diouf cédant ses fonctions de
président à Jean-Claude Dassier.
Son caractère l'empêche de rester titulaire
Moins dans l’affecte que Gerets, Deschamps arrive à l’OM et renforce
l’équipe avec des joueurs d’expérience. Diawara, Heinze, Cissé,
Morientes et Lucho Gonzalez intègrent l’équipe. L’OM passe d’un 4-2-
3-1 modulable en 4-4-2 à un 4-3-3 plus classique et stable. Marseille
gagne en assise au milieu. La responsabilité du jeu est confiée à
Gonzalez, Cheyrou et Abriel. Ben Arfa est utilisé en tant qu’ailier droit,
avec la possibilité de rentrer dans l’axe pour revenir sur son pied gauche
et faire parler sa technique en un contre un. Ben Arfa reste un
remplaçant de luxe dans l’esprit de Deschamps qui aligne plus souvent
Koné ou Valbuena sur la droite. Après une première partie de saison
difficile, l’OM et Ben Arfa trouvent enfin leur rythme. L’ancien Lyonnais
devient un titulaire en puissance et apporte sa folie à un système
marseillais axé sur l’impact et la verticalité. Ben Arfa ouvre le score au
Parc des Princes lors de la victoire 3-0 de l’OM face au PSG et est élu
meilleur joueur du mois de février. Encore relégué en Europa League
après avoir raté à Milan et contre le Real la qualification pour les
huitièmes de finale de la Ligue des Champions, Marseille affronte le FC
Copenhague. Ben Arfa brille en marquant deux buts lors des deux
matches et participe grandement à la qualification de l’OM. En huitième
de finale, l’ancien lyonnais récidive en marquant à Benfica le premier but
de la tête de sa carrière. L’OM se fait finalement éliminer au match retour
au Stade Vélodrome, et Ben Arfa qui s’est fait expulser 20 secondes
après son entrée en jeu perd définitivement sa place de titulaire au profit
de Mathieu Valbuena. Marseille enchaîne les victoires sans lui et se
retrouve en tête du championnat. La dynamique phocéenne n’incite pas
Deschamps à changer sa formule. Le trio Brandao-Niang-Valbuena
combine vitesse et impact tandis que Lucho est étincelant au milieu,
avec la protection d’Edouard Cissé et Charles Kaboré. Ben Arfa marque
contre Sochaux en rattrapage de la 14ème journée de Ligue 1 mais ne
convainc pas Deschamps de le relancer. Ce dernier continue de le voir
comme un joker de luxe. Marseille est finalement sacré champion de
France et une nouvelle fois, Ben Arfa n’a brillé que par intermittence.
Pas assez pour que Raymond Domenech le convoque pour disputer la
Coupe du Monde 2010.
©Lionel Cironeau/AP/SIPA
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GRAND THÈME
HATEM BEN ARFA
Une nouvelle fois, Ben Arfa n’a pas répondu aux
attentes, et au moment d’entamer sa troisième saison
avec l’Olympique de Marseille, Didier Deschamps lui
signifie qu’il n’a plus confiance en lui. Dès le premier
stage de préparation, l’entraîneur phocéen clarifie la
situation. L’OM ne compte plus sur Hatem Ben Arfa.
Trop irrégulier pour un club aussi exigent, l’ancien
Lyonnais doit trouver une porte de sortie. Marseille lui
propose alors un prêt à Newcastle. Ambitieux, le club
anglais veut faire du Français sa star. L’idée séduit Ben
Arfa qui accepte l’offre. Mais avant de partir, l’ancien
Lyonnais doit jouer le Trophée des Champions contre
Paris et le premier match de Ligue 1 contre Caen.
L’international français accepte la situation,
offrant même une passe décisive à
Mamadou Samassa contre Caen et
remportant le Trophée des Champions
face à Paris. Quelques jours après,
appelé par Laurent Blanc dans une
sélection composée essentiellement
de joueurs qui n’ont pas participé à
une Coupe du Monde
catastrophique en Afrique du Sud,
Ben Arfa se fait remarquer en
inscrivant un magnifique but
d’une frappe puissante des
25 mètres face à la
Norvège. Le Marseillais
retrouve la confiance
grâce à sa bonne
performance
et attend avec
impatience
son départ
pour Newcastle.
Mais à son retour
à Marseille, Deschamps lui
annonce que son transfert est reporté.
Marseille a perdu Niang et ne peut se
permettre de perdre un joueur à vocation
offensive de plus. Ben Arfa fait le forcing
pour partir et la direction cède. L’histoire
est désormais terminée. Ben Arfa
s’envole pour Newcastle, sans
réellement avoir convaincu les
supporters. L’histoire n’aura pas été si
belle que les premiers pas de Ben Arfa
le prédisaient. Auréolé d’un titre de
champion de France, il n’aura brillé
que par à-coup.
Une deuxième saison
à Newcastle concluante
Le départ de Ben Arfa à
Newcastle ressemble déjà
au transfert de la dernière
chance. Se relancer dans
un club ambitieux mais qui
ne fait pas partie des gros
de Premier League,
retomber un peu dans
l’anonymat pour
respirer un peu plus
et oublier la
pression mis par
les médias et les
supporters en France tout en espérant pouvoir
convaincre en Angleterre et signer dans un club plus compétitif, voilà
l’idée. Ben Arfa n’en peut plus d’un pays impatient qui ne l’aime pas. En
Angleterre, il ne sera pas la star. Personne ne le connait. Ben Arfa
entend se mettre un peu dans l’ombre pour retrouver la lumière et
enfin confirmer son immense talent. L’idée semble être la bonne. À
Newcastle, Ben Arfa semble retrouver un peu d’humilité et de
confiance. Dès son premier match, il marque un but face à
Everton. De quoi déjà convaincre pas mal de monde. Le début de
saison de Ben Arfa est probant. Son intégration et son adaptation
au football anglais se font rapidement. À droite du 4-4-2 de
Newcastle, le désormais ancien Marseillais semble
s’épanouir. Mais son ascension est freinée par
une grave blessure contre Manchester City.
Victime d’un tacle violent de Nigel De
Jong, Ben Arfa subit une double
fracture tibia-péroné de la jambe
gauche. Après quatre matches
réussis, le Français ne rejouera
plus. Newcastle lève
cependant l’option d’achat
de 6 millions d’euro. De
quoi rassurer Hatem
Ben Arfa.
Lui qui a tant
besoin de
confiance se sent
aimé par son
nouveau club, et
veut se montrer
digne de cette
affection, tout cela à
un an de l’Euro. Pour
cette nouvelle
saison, Alan
Pardew remplace
Chris Hughton et
Newcastle recrute
Yohan Cabaye et
Gabriel Obertan. Dans le plus
français des clubs anglais, Ben Arfa se
sent bien. Toutes les conditions sont
réunies pour que son retour soit probant. Et
même si sa préparation est marquée par une
nouvelle blessure, il débute finalement la saison
dès mi-septembre. Newcastle réalise un parcours
remarquable. Après 10 journées, les Magpies sont
invaincus et pointent à la troisième place du championnat.
La colonne vertébrale est solide et toutes les individualités
s’épanouissent. Ben Arfa brille dans une équipe qui tourne
bien. En complément de Demba Ba dans le 4-2-3-1 de Pardew,
le Français réalise une saison convaincante. Ben Arfa lâche
plus rapidement son ballon et assimile parfaitement bien la
rigueur du football anglais. Celui-ci travaille son jeu de passe.
C’est là où il doit progresser. Ben Arfa doit apprendre à aérer son
jeu, à l’épurer pour mieux briller. Sa position de meneur lui impose de
savoir donner de meilleurs ballons. Dans une équipe de Newcastle qui
fait la part belle au contre, savoir lâcher son ballon est essentiel. Ben
Arfa fait évoluer son jeu mais garde son instinct et sa technique. Comme
ce soir de janvier 2012 où il marque l’un de ses plus beaux buts face à
Blackburn en Coupe d’Angleterre. Ben Arfa ne semble jamais avoir été
aussi constant et performant. Newcastle termine cinquième et Ben
Arfa a réalisé une saison complète, ponctuée par six buts
marqués et sept passes décisives réalisées en 30 matches.
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GRAND THÈME
HATEM BEN ARFA
La rechute en équipe de France
Le Ben Arfa brillant de Premier League séduit Laurent Blanc. Ce dernier
le sélectionne alors pour l’Euro 2012. Le pari tenté par Ben Arfa a payé.
Mais tout ne se passe pas comme prévu. Sur le terrain, Ben Arfa entre
contre l’Angleterre en fin de match et dispute la rencontre contre la
Suède en tant que titulaire. Après une heure de jeu, Laurent Blanc le
remplace. Le Magpie réagit mal et se heurte à son sélectionneur. Celui
qui semblait s’être assagi en Angleterre retombe dans ses travers dès
son retour dans le contexte franco-français. Comme si le football
français ne savait pas gérer son talent. Comme si nos entraîneurs et nos
formateurs n’avaient jamais su gommer les défauts d’un Ben Arfa
caractériel par la diplomatie et la parole. Comme si la France n’avait
jamais su aimer l’ancien Lyonnais. L’Euro des Bleus se termine sur
l’élimination de la France contre l’Espagne en quart de finale tandis que
la commission de discipline de la FFF adresse à Ben Arfa un rappel à
l’ordre. Mais ce dernier ne retrouvera plus jamais l’Equipe de France. La
chronique d’un talent gâché par l’emballement et la pression médiatique.
Ben Arfa retrouve alors Newcastle pour sa troisième saison, en ayant
pratiquement divorcé de l’Équipe de France et du football français. La
situation se complique cependant à Newcastle. Ben Arfa n’est
désormais plus un espoir. Celui-ci doit assumer un nouveau statut de
leader dans une équipe qui doit confirmer un exercice 2011-2012 réussi.
Pour le match d’ouverture, Hatem Ben Arfa donne les trois points à
Newcastle contre Tottenham sur penalty avant de marquer deux
semaines plus tard d’une superbe frappe le but de l’égalisation face à
Aston Villa. Mais Ben Arfa a du mal. Alors que Cabaye s’impose comme
le patron, l’ancien Marseillais subit de plus en plus de blessures qui
l’empêchent de s’assumer en tant que leader technique. D’espoir
irrégulier mais talentueux à joueur expérimenté mais miné par les
blessures, Ben Arfa n’arrive pas à s’installer durablement dans son
équipe. Chronique d’un talent gâché. À chaque fois qu’il joue, Ben Arfa
est performant. Le souci, c’est qu’il joue trop peu. Newcastle vit une
saison très difficile et termine 16ème. L’absence de Ben Arfa qui n’a joué
que 22 matches n’y est certainement pas pour rien.
2013-2015, le trou noir
C’est maintenant qu'il doit s’affirmer. Celui-ci doit montrer sa force de
caractère pour relancer une carrière qui s’est embourbée en un an.
L’insouciance de la jeunesse passée, Ben Arfa doit faire face à la dureté
du football professionnel. Il n’est plus la star de Newcastle. En un an,
tout le monde l’a un peu oublié. Le moment est venu de s’imposer à
nouveau et de prouver durablement. Le début de la saison 2013-2014
fait croire en un retour probant de Ben Arfa. Celui-ci marque un but
contre Fulham et réalise une passe décisive et un but contre Aston Villa.
Mais la relation avec Pardew se radicalise. L’équipe ne tourne pas rond
et Ben Arfa ne se sent plus à l’aise. L’ancien Lyonnais marque son
dernier but avec Newcastle contre Crystal Palace alors que la fin de
l’histoire semble avoir sonnée. Quand l’entraîneur de Newcastle
demande à ses joueurs d’exprimer ce qu’ils ont sur le cœur, Ben Arfa
est le seul à prendre la parole. Pardew le prend mal et laisse son milieu
de côté. Newcastle, dixième à la fin de la saison ne semble plus compter
sur un Ben Arfa qui a pris beaucoup de poids. Pardew l’envoie en
réserve et lui demande de se trouver un club. Mais hors de forme,
l’international français n’attise pas les convoitises. Pour la première fois
de sa carrière, Ben Arfa ne séduit personne. Aucun entraîneur ne veut
le relancer. Même lui semble lassé mentalement. Comme s’il n’avait plus
envie de se battre. Persona non grata en France et indésirable en
Angleterre, la carrière de Ben Arfa est au point mort.
La lumière vient finalement de Hull City qui souhaite faire venir le natif
de Clamart en prêt. Le club est ambitieux et Steve Bruce veut confier les
clés du jeu à l’ancien lyonnais. Ben Arfa est donc prêté à Hull.
Contrairement à Pardew, son nouvel entraîneur lui fait confiance. Mais
comme en écho à ses passages à Lyon, Marseille et Newcastle, Ben
Arfa va déchanter. En déplacement à Manchester United, Hull City prend
l’eau. Le Français est remplacé à la 35ème minute de jeu. Les carottes
sont cuites pour Ben Arfa. Bruce a besoin d’un bouc émissaire pour
justifier les mauvais résultats. Ce sera Ben Arfa. L’entraîneur d’Hull City
opte alors pour un jeu plus direct et aérien qui ne lui convient. Cette
aventure sonne le glas de son histoire anglaise. Ben Arfa quitte Hull City
et retourne à Newcastle où Pardew ne veut pas de lui. Mais HBA ne perd
pas espoir : "pour jouer au foot, j’irais même au Pôle Nord". Ben Arfa
retrouve la faim de jouer. Au lieu de se lamenter sur son sort et de
s’effondrer, l’ancien international français décide de se relever. Cette
©Tous Droits Réservés
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HATEM BEN ARFA
aventure l’a fait grandir. En six mois, il a plus muri qu’en l’espace de
10 ans. En France, Claude Puel veut lui tendre la main. L’OGCN veut
relancer l’espoir déchu. Même en surpoids. Malgré son caractère.
Malgré ses échecs. Ben Arfa est prêt à revenir en France. Mais celui-
ci doit attendre. Ayant joué avec la réserve de Newcastle en début
de saison, l’ancien lyonnais en est déjà à deux clubs au cours de cet
exercice 2014-2015. Les règles officielles stipulent qu’aucun joueur
ne peut porter le maillot de trois clubs différents en une saison. La
FFF puis la FIFA n’homologuent pas son contrat. Ben Arfa doit
attendre. Il ne jouera pas à Nice dès le mois de janvier.
Nice lui donne sa chance
Le coup est rude, mais Ben Arfa prend son mal en patience. Le gamin
d’Île de France a grandi et sait ce qu’il veut. Nice est l’occasion rêvée
pour lui de se relancer. S’il faut patienter six mois, eh bien il
patientera. Finalement, Ben Arfa signe à Nice dès le début du
mercato estival. Il entend bien enfin se poser. Son retour en France
se fait dans l’ombre. Il n’est plus la star du football français. Tant
mieux. Il peut revenir tranquillement, sans se mettre la pression. Si
ses gestes sont observés et attendus, la pression médiatique est
moins éprouvante. De l’ombre rejaillira peut-être la lumière. En
entendant, Ben Arfa entend surtout retrouver le plaisir de jouer, sans
se poser de question. Serein pour la première fois de sa carrière,
l’ancien pensionnaire de l’INF Clairefontaine vit sans se mettre la
pression. Revenir en Ligue 1, retrouver des terrains familiers, prendre
une revanche sur un football qui n’a pas su l’aimer mais sans
s’enflammer. Juste jouer. Juste se rappeler au plaisir de toucher le
cuire. Pratiquer le football, comme le gamin qu’il était. Comme le
jeune de Clamart qui a fait du football sa passion. Faire parler son
talent sans penser à l’équipe de France. Juste se battre pour Nice
sans se projeter.
Et puis peut-être montrer les erreurs à ne pas faire au moment où la
France du foot s’emballe pour Nabil Fekir autant qu’elle s’était
emballée pour lui. De plus grand espoir du football français à grosse
déception des années 2000-2010, le parcours de Ben Arfa témoigne
d’un pays qui ne sait pas protéger et gérer ses plus grands talents.
Entre pression médiatique, attentes familiales et exigences sportives,
Hatem Ben Arfa s’est quelque peu perdu, oubliant son football et le
plaisir de jouer. Sa carrière laisse également la trace du Lyon
flamboyant, qui a écrasé la Ligue 1 mais qui n’a pas su remplacer
Malouda, Abidal, Essien ou Diarra et d’un Marseille vainqueur mais
qui n’a pas réussi à gérer la période post-titre malgré la présence de
Didier Deschamps. Ben Arfa incarne surtout cette génération 1987
qui n’a pas su prouver tous les espoirs placés en elle et qui n’a jamais
réussi à s’imposer en Équipe de France. Testament d’un football
français qui s’est quelque peu perdu depuis des années, Ben Arfa
nous livre aujourd’hui une vérité singulière, la France ne sait pas
aimer ses talents et garde la fâcheuse tendance de brûler les ailes
de ses plus grands espoirs.
Portrait réalisé par Gaël Simon (@GaelSimon1)
©Pascal Pochard-Casabianca/AFP
GRAND THÈME
HATEM BEN ARFA
Un Savoyard à Mestella Notre rédacteur Alexandre Muffon est allé voir la rencontre de Ligue des
Champions Valence-Monaco. Lui le Haut-Savoyard supporter de l'Évian-Thonon-
Gaillard est passé de la marmotte à la chauve-souris, de la tartiflette à la paëlla, de
la purge à la Ligue des Champions. Récit à la première personne (presque) neutre.
Stade Mestella, Valence (Espagne), de notre envoyé spécial – Parti
bronzer en Espagne durant une quinzaine de jours cet été aux frais de
FOOT+ qui souhaitait récompenser ma fidélité et mon sérieux, je me suis
senti obligé d’écrire un article à mon retour pour ne pas culpabiliser. Si
mes quelques jours du côté de Barcelone n’ont pas été des plus
inspirants, ma semaine du côté de Valence s’est avérée beaucoup plus
intéressante. Grand hasard du calendrier, Valence recevait le match aller
des barrages de Ligue des Champions et accueillait l’AS Monaco au
Mestalla le mercredi 19 août. Découvrez l’immersion d’un haut-savoyard
en terre valencienne pour un match haut en couleurs.
Dimanche 16 août, trois jours avant le match. Le temps est trop mitigé
pour aller à la plage, je décide donc d’aller prendre mes marques et faire
du repérage aux abords du stade. Depuis l’autoroute qui débouche en
plein dans la ville, il est immanquable. Une énorme enceinte noire
semblable à une forteresse. Son aspect est déjà atypique. Tout comme
les couleurs dominantes : l’orange et le noir. Je ne suis pas un expert de
la mode, mais le rendu et le mariage des deux est fort appréciable.
Poussé par mon instinct journalistique (qui ne rêvait en réalité que d’une
bonne cerveza en terrasse d’un bar), je vais faire un tour du côté de la
billetterie pour tenter d’acheter une place, mais celle-ci s’avère fermée.
Le Mestalla Forever Tour en revanche est ouvert. Je me laisse donc
embarquer pour une visite d’une heure dans l’antre des Naranjas. Le prix
s’avère plutôt raisonnable : 10€ pour un adulte. Et à ce prix, je pense
même hériter de la plus jolie des guides (nous l’appellerons Carolina pour
la suite de cet article) qui nous sort un speech rodé en anglais et en
espagnol sur l’histoire du stade. Une femme qui aime le foot mérite tout
notre respect et marque d’ailleurs beaucoup de points (contrairement à
Montpellier et au Gazélec en ce début de saison).
Le Mestalla s’avère donc être l’un des plus vieux stades d’Espagne. Doté
de 55 000 places, il est également l’un des stades les plus raides,
puisque les virages montent abruptement derrière les buts, sans
s’éloigner de la pelouse. Ce qui pousse les spectateurs les plus hauts
perchés à se pencher vers l’avant s’ils veulent voir la surface de
réparation qui est juste sous leurs pieds. Lorsque Carolina vient papoter
©Alexandre Muffon/FOOT+
AU CŒUR DE…
VALENCE CF-AS MONACO 3-1 (BARRAGES DE LIGUE DES CHAMPIONS)
avec moi pour me demander quel club je supporte, je sens toute sa
perplexité à tenter de comprendre ce qu’est l’institution Évian Thonon
Gaillard. Je me contenterai au final de lui résumer qu’il s’agit d’un club
de seconde division française, attristé par son manque d’intérêt envers
Cedric Barbosa et consorts. Le Tour commence donc par la tribune
présidentielle avec une vue imprenable sur le stade. L’atmosphère et le
rendu me font vraiment forte impression. C’est peut-être aussi parce que
je suis habitué au Parc des Sports d’Annecy.
Il est vrai que la vitrine des trophées qui s’ensuit est quelque peu
anecdotique, comparée à celle du Camp Nou par exemple (avec
notamment 6 championnats, 7 coupes nationales et 1 coupe de l’UEFA).
La visite est agrémentée de quelques films qui ventent les valeurs
défendues par Valence (le fair-play, le respect et tout le blabla que l’on
retrouve chez tous les clubs pros qui veulent soigner leur image auprès
du grand public). Mais aucun commentaire sur leurs dettes colossales
qu’ils ont accumulées par le passé, ça fait moins les malins quand ça
frise la banqueroute. La visite se poursuit avec l’exposition des différents
maillots au fil du temps : de la camisa, (comprenez chemise), à la
camiseta actuelle, et un « Hall of Fame » où figurent notamment David
Villa et Rafa Benitez, idolâtré pour avoir réalisé en 2004 le triplé
championnat – coupe de l’UEFA – Super-coupe de l’UEFA.
On enchaîne ensuite avec les vestiaires des pros, le tunnel puis le terrain.
A noter la ligne fictive tracée dans le tunnel pour visualiser jusqu’où
l’inondation était montée en 1957. Le tour se termine avec un passage
en salle de conférence de presse et en zone mixte où chacun y va de sa
photo souvenir totalement ringarde et clichée, heureusement, je ne fais
pas parti de ceux-là. La visite s’achève avec un passage par l’infirmerie,
pas de trace d’un Abou Diaby espagnol ni de croisés de rechange pour
la future blessure de Nabil, et par un petit tour dans la chapelle, lieu de
culte récurent dans les stades espagnols. La seule chose qui manque à
cette visite est, à mon sens, un passage en tribune de presse, comme
cela est organisé au Camp Nou. Sinon le bilan est plutôt positif, tout est
bien huilé et l’attraction constitue une bonne occupation pour visiter une
des enceintes les plus historiques de la péninsule ibérique.
Lundi 17 août, avant-veille du match. Les places s’arrachent et le
stade va vraisemblablement être à guichets fermés. Je me rends donc à
la boutique officielle du club pour y acheter mon précieux sésame. Les
tickets restants sont rares, le choix s’avère donc restreint. Je récupère
donc une place en tribune Gol Gran Bajo qui se situe à l’étage supérieur
du virage sud, au-dessus du kop des supporteurs de Valence. Prix de
l’entrée : 15€. 15€ pour un match de Ligue des Champions entre deux
grandes équipes européennes. 15€ c’est également ce que j’ai dû
débourser pour aller voir Nîmes-ETG lors de la première journée de
Ligue 2 au Stade des Costières. Cherchez l’erreur.
Mercredi 19 août, jour J. Comme convenu, le stade affiche complet. Si
se garer à proximité avait été facile quelques jours auparavant, c’est
désormais une toute autre difficulté. Les habitants ne peuvent-ils pas
venir en métro, en vélo ou même à pied, et laisser les touristes se garer
facilement ? Un stationnement à l’arrache à moitié sur un passage piéton
fera amplement l’affaire. Les abords du stade sont bondés, les
indications pour trouver les tribunes sont rares mais mon sens de
l’orientation fait amplement l’affaire. Une femme n’aurait pas pu en dire
autant. Mais heureusement, il n’y en a qu’une à la rédaction. Si acheter
un encas ou une boisson avant le match nécessite d’hypothéquer votre
maison en France, ce n’est pas le cas en Espagne. Les prix sont très
abordables (1€ pour la plupart des boissons par exemple), la crise
économique a du bon finalement, du moins pour les touristes ! Chose
surprenante : aucune fouille pour entrer dans l’enceinte. Les palpations
des stadiers français me manquent un peu mais je tente de refouler le
mal du pays. En tout cas, si les autorités font confiance aux supporteurs,
c’est qu’il y a sûrement de bonnes raisons. Le système de numérotation
des places est également très particulier (pour ne pas dire compliqué)
mais après dix minutes de recherche et quelques interrogations pour me
repérer, je trouve finalement mon siège. Premier bémol, les coquilles de
pipas (ou graines de tournesol) qui jonchent le sol, mais également ma
place. Je repère le gamin de dix ans qui est l’auteur du délit, sachant qu’il
sera sûrement diabétique et chômeur d’ici quelques années, je décide
de laisser passer. Pour une place à 15€, je suis franchement bien loti.
Carolina avait raison, les tribunes sont très raides. À chaque incursion
devant le but, je dois me lever et me pencher par-dessus la rambarde
pour suivre le ballon des yeux. L’ambiance est bonne, agréable et
chaleureuse. On se prend au jeu. Le stade offre une bonne résonnance.
Quelques supporteurs assis à côté de moi préfèrent pourtant écouter le
match à la radio, étrange habitude. Qui penserait écouter Christian Jean-
Pierre alors qu’il est au stade ? Petite anecdote croustillante à ressortir
pour impressionner les amateurs de foot : les joueurs font leur entrée sur
le thème de Pirates des Caraïbes, exactement de la même manière que
l’ETG FC. A quelques détails près. Dix fois plus de supporteurs dans les
tribunes. Pas de marmotte comme mascotte, mais il faut avouer que la
chauve-souris est beaucoup plus classe. Et à la place de Barbosa, Sorlin
et Bruno, voici Negredo, Alcacer et Feghouli. Pascal Dupraz me manque
tout de même, mon cœur se serre alors que mon estomac réclame une
petite fondue au coin du feu. Mais très vite le match commence et fait
taire toute nostalgie. Tout l’intérêt de cet article ne porte pas sur le match
en question mais j’ai très clairement vu un Subasic à la rue, et un festival
de Martial (qui apparemment vaudrait le PIB de l’Espagne aux dernières
nouvelles). Que je vous rassure, le supporteur espagnol ressemble à
n’importe quel supporteur lambda : de mauvaise foi avec un vocabulaire
limité au terme puta qui revient fréquemment à mes oreilles (je vous
laisse le soin de traduire comme des grands). Il s’avère également très
critique, même envers ses propres joueurs et n’hésite pas à les siffler
copieusement, notamment lors des changements.
©Alexandre Muffon/FOOT+
AU CŒUR DE…
VALENCE CF-AS MONACO 3-1 (BARRAGES DE LIGUE DES CHAMPIONS)
Au final, la soirée est belle avec un succès prometteur et une ambiance
très sympathique, quoi que poussive, dans les tribunes. Avec un soutien
de masse pour un match capital, j’ai malgré tout trouvé dommage que
les Naranjas ne viennent pas saluer les 55 000 personnes qui ont su
enflammer cette nuit du 19 août. En bon supporteur français, j’ai bien
tenté de lancer une ola à 1-0, mais personne n’a voulu suivre. De même
que mon "rouge et blanc sont nos couleurs, Savoyard est notre cœur" ne
trouvera pas d’écho auprès des aficionados. En résumé, ce match aura
été une expérience très plaisante. L’infrastructure est très
impressionnante, l’ambiance est bonne et entraînante, le jeu proposé
est plaisant, les prix sont bon marché. Que ce soit pour visiter le stade
ou assister à un match, Valence est une ville qui vaut le détour. Si vous
avez l’occasion d’y passer, un crochet au Mestalla sera toujours une
agréable surprise dont on ne sortira pas déçu ! Depuis ce jour, je joue
fréquemment avec Valence sur FIFA 15, tel un footix qui s’est pris
d’affection pour une équipe qu’il a vu jouer seulement une fois. La beauté
du football. Xe que bò !*
Un brin d’histoire pour se la péter lors d’un apéro dinatoire. Ouvert
en 1923, le Mestalla tient son nom du canal qui passe juste sous
l’enceinte. Il a vécu différentes rénovations et agrandissements
notamment à cause de l’inondation de 1957 ou de la Coupe du Monde
de 1982. Un projet de Nou Mestalla traîne en longueur depuis des
années. En cause, les soucis financiers du club qui empêchent la
finalisation du projet bien que la construction ait déjà commencé. Le
stade d’origine a donc été une nouvelle fois rénové dernièrement pour
faire bonne figure, mais il pourrait un jour prochain, tirer sa révérence.
Le mot à apprendre pour briller en société : Murcielago. "Chauve-
souris", ça n’a aucun intérêt dans la vie de tous les jours, mais si vous
êtes fan de Batman, de Nicolas Batum ou tout bonnement de pipistrelle,
ce mot peut vous servir.
Le conseil gastronomique. Les quartiers aux abords du stade
disposent de nombreux restaurants de tous genres et de tous budgets.
Pour ma part, j’ai eu la flemme et je me suis fait un Burger King à deux
sorties d’autoroute de là.
L'album photo de voyage du Haut-Savoyard Écrire ce que l'on a ressenti c'est bien. Mais l'illustrer par des photos, c'est quand même mieux.
Nicolas Anelka n’est pas le bienvenue dans
ce vestiaire.
Batman n'a qu'à bien se tenir.
À choisir, je préfère les trophées de National et de Ligue 2. Et la Coupe de France que Bordeaux nous a volé.
Chacun sa religion. Perso', je suis Haut-Savoyard.
Photo principale de l'article : J'imagine bien l'ETG ici
en Ligue des Champions. Et vous ?
Photos Alexandre Muffon/FOOT+
AU CŒUR DE…
VALENCE CF-AS MONACO 3-1 (BARRAGES DE LIGUE DES CHAMPIONS)
La magie du foot anglais Samedi 5 septembre 2015 : pour le compte de la quatrième journée de Premier
League, Tottenham accueille Everton dans son antre de White Hart Lane. Notre
rédacteur Vincent Moulai vivait là son premier match outre-Manche. Au bord du
terrain, il a pu profiter au mieux de cette ambiance so British. Récit.
L’avant-match bat son plein : les travées du
stade se remplissent, le bleu des sièges de
l’enceinte londonienne se transforme
progressivement en un blanc uniforme prêt à
faire pâlir n’importe lequel des stades de notre
chère Ligue 1. Les joueurs rentrent sur la
pelouse pour le traditionnel échauffement : au
même moment, entre Hugo Lloris et Harry
Kane, se faufile un jeune sud-coréen bien
connu des pelouses allemandes ; Heung-Min
Son, l’attaquant du Bayer Leverkusen, vient de
s’engager chez les hommes de Mauricio
Pocchetino et passe donc ce jour-ci par
l’habituelle présentation au public.
L’accueil est chaleureux, et l’acclamé du jour
n’a plus qu’à tout donner sous son nouveau
maillot pour espérer des statistiques à la
hauteur de cet accueil. Une fois les joueurs
rentrés au vestiaire, les écrans affichent un
historique des affrontements entre Spurs et
Toffees (surnoms respectifs de Tottenham et
Everton). Le début des hostilités approche, et
sous un air de musique digne de Gladiator, les
22 acteurs ainsi que le corps arbitral pénètrent
sur la pelouse. Puis vint le fameux When the
Spurs go marching in, hymne traditionnel des
supporters blanc et noir.
"Come on Hugo" et chambrages en règle
Passons au match en lui-même : pour résumer
les débats, cela s’est joué à un duel à distance
entre deux portiers de grande classe. Hugo
Lloris et Tim Howard, bouillants ce jour-là, nous
ont offert des arrêts de très grande classe. Au
rythme des Come On Huuugo, notre portier
international a de quoi se laisser pousser des
ailes. Présents au nombre de 3 500, les
visiteurs du Nord de l’Angleterre se sont fait
remarquer par un comportement aussi
chambreur qu’exemplaire : pas un mouvement
de foule intempestif, du bruit comme on l’aime,
et des chants dignes de rivaliser avec les
supporters Spurs hôtes du jour. Mention
spéciale à la mascotte du club, Chirpy, cet
oiseau à taille humaine chaleureux et très
souvent disponible pour quelques clichés avec
les plus (ou moins) jeunes au cours de l’avant-
match.
Le match sur le plan strictement sportif ? Le
score restera nul et vierge, malgré les
nombreux joueurs de qualité sur la pelouse
(Kane, Chadli, Bentaleb coté Spurs… Barkley,
Lukaku ou Mirallas coté Toffees). Un 0-0 qui, au
passage, n’arrangea aucune de ces deux
équipes (au début de saison poussif) dans leur
quête d’Europe. C’est aussi cela le football : si
le pré n’offre parfois qu’un triste match nul d’un
point de vue comptable, il peut également nous
offrir un spectacle autour des 22 acteurs. Ces
quelques 35 000 spectateurs présents en ce
samedi 5 septembre ont répondu présents,
confirmant un peu plus l’idée qu’un stade
anglais peut transformer n’importe laquelle des
rencontres en un moment magique.
©Vincent Moulai/FOOT+
©Vincent Moulai/FOOT+
AU CŒUR DE…
TOTTENHAM-EVERTON 0-0 (PREMIER LEAGUE)
ASM, l'incroyable mercato Monaco a enflammé le marché estival des transferts. Entre bons coups et ventes
record, le club du Rocher a beaucoup fait parler de lui en Europe en étant l’un de
protagoniste majeur de ce mercato. Retour sur une intersaison hors du commun.
Depuis deux ans, l’AS Monaco dirigée par
Vadim Vasilyev mène une politique calquée sur
celle du FC Porto. Le club de la Principauté
cherche les stars de demain qu’il recrute à des
prix compétitifs (au vu de leurs marges de
progression) dans le but de les revendre
beaucoup plus cher quelques saisons plus tard
une fois que ces pépites aient montré au
monde entier l’étendue de leur talent. Monaco
a, durant ce mercato, plus que jamais mis en
œuvre cette politique. Ainsi les dirigeants
russes ont sorti le carnet de chèques afin
d’acheter des jeunes pousses telles que
Cavaleiro venant de Benfica pour 15 millions
d’euros, Rony Lopes qui a signé sur le Rocher
pour 10 millions d’euros en provenance de
Manchester City ou Adama Traoré venu du
LOSC contre 14 millions d’euros. L’ASM a su
également réalisé de très jolis coups avec
l’arrivée d’El Shaarawy et de Coentrao sous
forme de prêt. Au total, Monaco a dépensé 81
millions d’euros cet été. Si la liste des arrivées
est encore longue, celle des départs l’est
d’autant plus.
Le modèle Porto
Il faut avoir le cœur bien accroché pour voir les
pharamineuses ventes réalisées par Monaco.
Abdennour est parti à Valence pour 30 millions
d’euros, Kondogbia a rejoint l’Inter avec une
indemnité de transfert s’élevant à hauteur de 40
millions d’euros, Kurzawa a rallié la capitale
devenant ainsi l’arrière gauche le plus cher du
championnat de France (28 millions d’euros).
Ferreira-Carrasco a lui opté pour la capitale
espagnole apportant à son club 20 millions
d’euros. Mais que dire du plus beau coup
jamais réalisé par un club français ? Anthony
Martial a rejoint Manchester United pour 50
millions d’euros plus 30 millions de bonus. Oui,
le calcul est simple à faire mais le résultat ne
laisse personne indifférent. Le jeune attaquant
de 19 ans formé à Lyon, fraîchement
sélectionné en Equipe de France est le joueur
français le plus cher de l’histoire, si toutefois les
conditions des bonus sont respectées. Monaco
a encaissé près de 214 millions d’euros, soit
une plus-value de 133 millions d’euros. Ces
chiffres donnent le tournis. Ils témoignent en
tout cas d’une grande réussite financière de la
part du club du Rocher. "L’opération Porto"
fonctionne à merveille, certainement mieux que
le club du FC Porto lui-même. Il semblerait
qu’en l’espace de deux ans, l’apprenti ait
dépassé le maître.
Au vue du début de saison poussif réalisé par
l’équipe de Jardim, nous pouvons néanmoins
nous demander si cette politique n’a pas ses
limites. Monaco a connu un échec retentissant
lors des barrages de Ligue des Champions
perdus face à Valence et connaît un début de
championnat compliqué. Les achats de jeunes
joueurs ont leurs limites, ce sont des
investissements sur le long terme. Monaco ne
pouvait espérer être compétitif dès l’entame de
la saison. La diaspora estivale a provoqué un
bouleversement de l’équipe qui nécessite un
temps d’adaptation et de rodage. Nous
pouvons reprocher à l’ASM d’avoir privilégier le
plan financier à l’aspect sportif. Réaliser des
profits hors normes, c’est bien, mais derrière, il
faut mettre en place un effectif qui soit capable
de pallier le plus rapidement possible ces
pertes de talents. De ce point de vue-là,
Monaco a de gros progrès à faire. Les
dirigeants doivent continuer à s’inspirer du
« modèle Porto » car celui-ci fonctionne bien et
permet au club portugais de rester compétitif
même s’il perd ses meilleurs éléments chaque
été. On remarque que l’équipe portugaise
conserve toujours la même base collective pour
ne pas tout chambouler. Moins de foot business
et plus de foot tout court donc, voilà ce que
l’ASM devrait faire dorénavant. Car le plus
important après tout, c’est le jeu !
©F. Golesi/L'Équipe
ÉCONOMIE
LE MERCATO ESTIVAL DE L'AS MONACO
MU, l'intersaison délirante L’équipe de Louis Van Gaal a surpris toute la planète foot en misant près de 80
millions d’euros sur le jeune Anthony Martial. Un exemple parmi d’autres de choix
surprenants. Analyse.
La saison dernière, le manager hollandais des
Red Devils déclarait : "le problème, c’est que
nous n’avons pas de vrais attaquants,
quelqu’un capable de marquer plus de 20 buts
en une saison". Quelques mois plus tard,
Manchester United se sépare de Robin Van
Persie, partie à Galatasaray et de Radamel
Falcao dont l’option d’achat n’a pas été levée.
Afin de pallier ces deux départs, le club
mancunien débourse 50 millions d’euros (30
millions de bonus à la clé) pour un jeune joueur
de 19 ans qui n’a encore rien prouvé. Si l’on est
un peu rationnel, force est de constater que les
choix de Manchester United manquent
cruellement de cohérence. Les Red Devils ne
disposent dorénavant que de deux attaquants :
Rooney et Martial. La profondeur du banc de
l’effectif laisse à désirer. Van Gaal a même eu
l’idée de reconvertir Fellaini en avant-centre…
délirant ! Sans parler du prêt de Januzaj qui
semblait pourtant capable de réaliser une
saison pleine et représenter une belle option
dans l’animation offensive derrière l’attaquant.
On aurait presque l’impression que Van Gaal
se prive d’un effectif bien fourni.
La défense mancunienne est tout aussi
énigmatique. Si l’achat de l’international italien
Matteo Darmian est une bonne chose pour
renforcer le couloir droit, l’ancien sélectionneur
des Pays Bas a décidé de faire de Blind un
défenseur central qu’il aligne aux côtés de
Chris Smalling. Une défense qu’on pourrait
qualifiée d’expérimentale bien que les Red
Devils vont devoir s’en contenter toute la
saison. Un motif de satisfaction tout de même :
la prolongation de De Gea. Le gardien
espagnol était tout proche de signer au Real
Madrid mais le transfert n’a pas eu lieu pour
cause de non-respect de délai.
Un milieu de terrain bien fourni
L’arrivée de Bastian Schwensteiger est un très
joli coup réalisé par le club mancunien. L’un des
milieux défensifs les plus constants est venu
renforcer l’équipe contre une indemnité minime
(moins de 10 millions d’euros). L’international
allemand est un atout de poids dans une équipe
au projet de jeu difficile à cerner. Celui-ci
devrait être, la plupart du temps, associé à
Morgan Schneiderlin. Le Français arrive de
Southampton et réalise un début de saison très
intéressant. Il semblerait que Van Gaal compte
en faire un joueur inamovible du milieu de
terrain. Derrière, Michael Carrick pourrait
apporter son expérience et jouer quelques
matchs. Herrera, et Fellaini peuvent aussi
assurer ce rôle de sentinelle. Du côté offensif,
Depay doit porter le très lourd numéro 7. Mais
cela n’a pas l’air de mettre une pression
négative sur le milieu offensif hollandais qui
réalise un début de parcours intéressant,
positionné sur le côté gauche. Juan Mata,
aligné sur l’aile droite semble être sur sa lancée
de la saison dernière, avec une animation
offensive très dangereuse pour les défenseurs
adverses.
Le milieu de terrain est donc la seule certitude
de cette équipe. Entre une attaque très peu
fournie avec un Rooney qui stagne depuis
quelques saisons et un Martial pas assez
expérimenté. Et une défense avec un axe
central peu rassurant. Le début de saison plus
que correct des hommes de Van Gaal semble
nous donner tort. Mais la véritable question est :
Manchester United peut-il tenir sur la durée
avec une profondeur de banc si petite ? Sur le
papier, la réponse paraît évidente.
©Getty Images
ÉCONOMIE
LE MERCATO ESTIVAL DE MANCHESTER UNITED
Un match n'est jamais fini En quarts de finale de l'Euro 2008, la Croatie affronte la Turquie. Le score est nul
et vierge après les 90 minutes, place aux prolongations. Celles-ci vont montrer
qu'un match n'est jamais terminé tant que l'arbitre n'a pas sifflé trois fois. Replay.
Ce sont des matchs comme ceux-ci qui font aimer le
football. Ce sont des rencontres comme celles-ci qui
font frissonner, qui font palpiter le cœur, qui font
rêver. De la tristesse à la joie pour les uns, de la
délivrance à la désillusion pour les autres, ce
Turquie-Croatie de l'Euro 2008 n'aura laissé
personne indifférent. On y est obligé de prendre
parti. Car aussi cruel que ce soit, il ne peut y avoir
qu'un vainqueur en football, d'autant plus lors des
rencontres à élimination directe. Mais ce soir de juin
au stade Ernst Happel Stadion de Vienne, c'est le
football qui a gagné. Même plus que ça, c'est
l'espérance, c'est la vie qui a gagné.
La Croatie grande favorite
Replaçons-nous dans le contexte. Juin 2008. L'Euro
est organisé comme en 2000 dans deux pays : les
voisins Suisses et Autrichiens. Quatre stades en
Suisse, autant en Autriche. La Turquie a logiquement
perdu son duel inaugural face au Portugal. Elle n'a
alors plus le droit à l'erreur et doit s'imposer face à la
Suisse puis à la République Tchèque. Face au pays
organisateur et à son public, sur un terrain gorgé
d'eau, les Turcs renversent la vapeur et s'imposent
2-1 après avoir été mené. Tout se joue alors sur le
troisième match de poule. La belle histoire
commence alors. Mené 0-2 à un quart d'heure de la
fi n, les hommes de Fatih Terim donnent tout ce qu'ils
ont et dans un élan d'orgueil qui fera date, vont
arracher leur place en quart de finale en marquant
trois fois et en s'imposant 3-2.
En face, la Croatie a battu 1-0 l'autre pays
organisateur, l'Autriche dans le stade-même où se
joue le quart de finale qui l'opposera ensuite à la
Turquie. La qualification est assurée dès la
deuxième journée avec une vict oire 2-1 face au futur
finaliste allemand. Et cerise sur le gâteau, l'équipe
termine même première du groupe B en s'imposant
1-0 face à la Pologne, qui s'était qualifiée pour cet
Euro en terminant devant le… Portugal. Le monde
est petit. C'est donc deux équipes aux dynamiques
diamétralement opposées qui s'affrontent ce 20 juin
2008 en quart de finale de la compétition. D'un côté
une Croatie qui survole la compétition et qui devient
un outsider sérieux à la victoire finale. De l'autre, une
équipe de Turquie qui a dû réaliser deux exploits
pour se qualifier. Sur le papier, la victoire croate ne
fait aucun doute. D'autant plus que la Turquie joue
sans son gardien titulaire, Volkan Demirel (suspendu
pour un carton rouge face à la République Tchèque)
et son milieu défensif Mehmet Aurélio (suspendu).
Un malheur n'arrivant jamais seul, Emre Güngör
(mollet), Servet Çetin (hanche et genou), Emre
Belözoğlu et Tümer Metin (aines) étaient également
absents car blessés.
La Turquie résiste aux assauts croates
Mais sur le terrain, la Turquie est solidaire et elle
emmène sur un faux rythme la sélection de Slaven
Bilic. Les occasions sont peu nombreuses,
quasiment toutes croates à l'image de la barre
transversale d'Ivica Olic (16ème). Le match est avant
tout tactique. L'enjeu, une place en demi-finale, est
trop important pour se découvrir. À la mi-temps, le
score est nul et vierge. Olic (50ème) puis Kranjcar
tentèrent fébrilement de tromper Rüstu, le gardien
turc, remplaçant de Volkan. Alors que Semih Senturk
entre à la 76ème minute (cela aura une incidence plus
tard), la Croatie se rend compte que ce match ne se
déroule pas comme prévu et accélère. Rakitic
(70ème), Srna (84ème) et Olic (90ème) mettent à
contribution Rüstu. Sans incidence. 0-0 à la fin du
temps réglementaire, prolongations. Un autre match
commence.
La Turquie sait qu'elle n'a maintenant plus rien à
perdre, tout à gagner. Alors, elle décide d'attaquer.
Tuncay Sanli (95ème, 102ème) et Semih Senturk
(100ème) manque la finition. En face, les Croates sont
muets, comme abasourdi par ce qu'il leur arrive.
Après une compétition sans complication, les voici
mis à mal par une équipe qui a eu sa qualification en
quarts d'un rien ! Slaven Bilic décide alors de faire
rentrer Ivan Klasnic (97ème). Le temps avance, on se
dirige vers les tirs aux buts, la tension est à son
maximum dans la capitale autrichienne. 118ème
minute et 45 secondes. Rustü hésite trop longtemps
avant de sortir dans les pieds de Lucas Modric,
excentré sur la droite du but turc. Ce dernier évite la
sortie de but, regarde derrière lui et voit Ivan Klasnic
démarqué. Il le trouve et… c'est le but. 1-0, il reste
une minute 15 dans le temps réglementaire. La
Croatie est quasiment en demi-finale. Quasiment car
un match n'est jamais fini comme l'indique le titre de
cet article.
Le fantastique retournement de situation
Certains joueurs turcs s'effondrent au sol. D'autres
les relèvent. Le match reprend. Il reste quinze
secondes dans le temps réglementaire. Pour faire
durer le plaisir et parce que la Croatie a utilisé une
minute pour fêter son but, le corps arbitral indique
une minute de temps de jeu. Le temps est compté.
Tuncay tente une offensive, elle est repoussée.
Nouvelle offensive, une nouvelle fois repoussée. Les
Croates tentent de gagner du temps en dégageant
au loin pour un contre. Hors-jeu. Il reste quinze
secondes dans la rencontre, l'arbitre ne va pas tarder
à siffler au prochain arrêt de jeu. Dégagement de
Rüstu. S'il se loupe et met le ballon en touche, le
match est terminé. Mais celui-ci est bien dans le
terrain. Remise de la tête pour Semih Senturk. Cinq
secondes. Il faut frapper. Ce sera la dernière
occasion de la rencontre. Il s'exécute. Le ballon
passe entre deux Croates et atterit dans la lucarne
de Stipe Pletikosa, battu. 120 minutes et 59
secondes, le but est accordé. Le stade chavire.
Encore une fois, la Turquie l'a fait ! Le staff turc se
précipite sur la pelouse partager l'euphorie des
joueurs. Le match est terminé, place aux tirs aux
buts.
Côté croate, la désillusion est immense. Mais le
match n'est pas terminé. Enfin si, mais il reste les tirs
aux buts. Se reconcentrer pour vaincre le sort, pour
réaliser le rêve d'un pays. Luka Modric est le premier
à s'élancer. Il doit permettre à son équipe de se
lancer idéalement. Mais il ne l'inscrit pas ! Arda
Turan, Dario Srna et Semih Senturk réussissent leur
tir au but. Puis vient Rakitic qui n'accroche pas le
cadre. Dans la foulée, Hamit Altintop réussit son
penalty. 3-1 pour la Turquie. Un échec croate ou un
tir au but turc réussi qualifient la Turquie. Ce sera
finalement la première solution. Mladen Petric, entré
en cours de jeu, ne réussit pas sa tentative. La
Turquie est en demi-finale ! Comme souvent en
séance de tirs aux buts, c'est le mental et l'élan qui
fait la différence. Ici, le but de Senturk à la 121ème
minute a fait son effet. "C’est là que le football est
extraordinaire, ça peut être monotone et puis d’un
coup ça devient fou" s'exclame sur TF1 Arsène
Wenger. Reste que sept ans après, nous en parlons
encore. Signe que cette rencontre ne fut pas si
anecdotique que ça.
©Bongarts/Getty Images
REPLAY
TURQUIE-CROATIE 1-1 (t.a.b. 3-1), QUARTS DE FINALE DE L'EURO 2008
L'essor des défenses à trois Dans le football actuel, de nombreuses équipes optent pour cette défense à
trois. Tantôt éphémère, tantôt habituelle, elle permet à beaucoup d’équipes de
s’affirmer dans le camp adverse. Quels en sont les cas majeurs ? Quels en sont
les avantages ? Analyse.
Si auparavant c’était en Amérique du Sud que
les défenses à trois étaient globalement les
plus nombreuses, elles sont depuis quelques
temps très présentes dans le football européen.
Le football italien, précurseur dans ce domaine,
a vu dans ce domaine exceller la Juventus, puis
être imité par de grandes écuries mondiales. En
effet, même si en position défensive les
grandes équipes n’ont pas pour habitude
d’utiliser trois défenseurs centraux, c’est en
phase offensive que la donne change. Dans
ces grandes équipes, le milieu défensif au rôle
de sentinelle devient un véritable troisième
défenseur afin de donner aux joueurs de son
équipe une alternative dans la relance. Au Paris
Saint-Germain, au FC Barcelone ou même au
Bayern Munich ce sont ainsi Thiago Motta,
Sergio Busquets ou Xabi Alonso qui occupent
cette fonction. Dans une situation de
possession de balle, ces joueurs reculent au
niveau de leurs défenseurs centraux ou même
dans une position de libéro afin de relancer de
plus bas. Cela permet alors aux latéraux de se
positionner en véritables ailiers et donc une
occupation permanente du terrain adverse. De
multiples possibilités de possession s’offrent à
ces équipes dans une optique de conservation
de balle et de pressing toujours plus haut.
Réinventé par Josep Guardiola pendant son
aventure catalane, ce rôle tenu par ceux qui
sont les milieux de terrain les plus habiles dans
le jeu de passe est devenu capital chez ces
grandes équipes. Ce n’est pas une révolte,
mais une révolution.
Un système modulable
Outre ces changements éphémères et les
translations des sentinelles en défense
centrale, certains entraîneurs osent de
nouveau utiliser cette défense à trois.
Révolution Bielsa ou révélation Sampaoli ? Il se
trouve tout de même que ces deux entraîneurs
ont marqué par leur réussite et par des
systèmes avec trois défenseurs centraux
marqués par une intensité physique et une
recherche du jeu permanente. Chez le
technicien argentin, c’est le 3-3-3-1 qui était
parfois utilisé, système particulier se basant sur
une possession de balle mais aussi et surtout
sur un pressing de tout instant et un marquage
à l’individuelle. Étonnant donc, mais précurseur
ou véritable innovateur en France, où les
techniciens étaient un peu réticents à cette
idée. En France notamment, et en Ligue 1,
deux techniciens ont maintenant cette corde à
leur arc. Si du côté de la cité phocéenne ce
système a été laissé à l’abandon dû à l’arrivée
de l’Espagnol Michel, c’est en Bretagne que le
système a d’abord étonné. Philippe Montanier,
ayant percé grâce à ses ambitions de jeu à San
Sebastian et à Valenciennes jadis, a
maintenant radicalement changé sa
philosophie. Dans un 3-4-3 reconvertible en 5-
4-1, il tisse avec ses joueurs très rapides une
équipe de contre très efficace. Par le biais de
Paul-Georges Ntep, faisant des ravages dans
le championnat, mais également de son autre
flèche dans l’axe Giovanni Sio, il joue bas et
contre le plus rapidement possible son
adversaire. Cadeau empoisonné. Seul
problème pour le moment, le manque de jeu
proposé par le Stade Rennais. Dans un
système qui, de nature, se veut ambitieux, le
manque d’animation offensive fait rage. Tout de
même intéressant, ce système est plus que
novateur en France.
Philippe Montanier, bien critiqué pour ce
système parfois jugé trop défensif et trop peu
ambitieux, a tout de même été suivi par le
technicien Hervé Renard. Après une Coupe
d’Afrique des Nations remportée grâce à une
animation à trois défenseurs centraux, il a
importé ce système de manière ponctuelle en
Ligue 1, tout en se basant sur un Sofiane
Boufal, prodigieux au cœur du jeu. Là
également un système défensif et relativement
peu ambitieux. Loin d’être encore un
envahisseur dans le football européen, ce
système à trois défenseurs, bien que très
éphémère et se limitant aux phases offensives
chez les grandes équipes, s’est largement
démocratisé. Alors qu’en Italie des équipes
comme la Juventus ou Udinese l’utilisent de
manière récurrente, la Serie A a vu des équipes
de l’étranger la suivre dans ses choix tactiques.
Hervé Renard, Philippe Montagner mais
également Josep Guardiola par intermittence
avait aligné un 11 avec trois défenseurs.
Dépourvu sur les ailes et parfois manquant
d’efficacité, peut-il s’installer durablement et
devenir une réelle habitude à l’échelle du
football européen ?
©Fotolia
PROLONGATIONS
ANALYSE TACTIQUE DE LA MODIFICATION DU SCHÉMA DÉFENSIF
Les retrouvailles Après l'arrêt de La Croisière de la dernière chance (voir ZAP+), début dans ce numéro 54
de FOOT+ d'une nouvelle série au nom de Jusqu'au bout de la nuit. Elle met en scène le
journaliste Mathieu Bourion et l'ancien sélectionneur des Bleus, Franck Tamisou. Les deux
se rencontrent dans le cadre d'une interview qui va prendre une tournure inattendue…
Le soleil est presque au zénith ce
beau jour d'été quand Franck
Tamisou prend sa voiture pour se
rendre au siège de Collectif, un
célèbre quotidien sportif. Il va y
rencontrer Mathieu Bourion,
directeur de publication afin de
répondre à une interview. Franck
Tamisou vient de prendre sa
retraite d'entraîneur. Après une
glorieuse carrière en tant
qu'entraîneur de club, il a décidé
voilà quatre ans de prendre les
rênes de l'équipe nationale et vient
d'être récompensé par un titre de
champion du monde inattendu. Au
sommet de sa carrière, il a décidé
de se retirer. Tous les médias se
l'arrachent et Bourion est l'un
d'eux. Ami de longue date, les
deux hommes se sont côtoyés
fréquemment, Bourion ayant suivi
en tant que correspondant le
premier club de Tamisou, puis la
sélection nationale après avoir été
gradé. Ce dernier a passé des
heures à rédiger les questions
mais comptera plutôt sur
l'interaction pour réaliser ce qui
espèrera être un entretien
passionnant. Étant bien placé
dans la rédaction, il a d'ores et déjà
réservé la une pour accroître les
ventes, son journal ayant déjà
réalisé le meilleur tirage de son
histoire le lendemain du titre de
champion du monde. Cette
interview, qu'il a su décrocher sans
véritables problèmes grâce à ses
relations avec Franck Tamisou,
pourrait être un des grands
moments de sa carrière.
Cependant, il craint que son ami
ne soit que peu loquace, et que
l'interview devienne banale. De
son côté, Tamisou est calme,
posé, cet interview n'est pour lui
qu'un entretien comme les autres.
Enfin c'est ce qu'il pense. Il allume
la radio, cherche une station qui
pourrait agrémenter son voyage.
Mais il ne la trouve pas et éteint la
radio. Du coup, il repense à sa
carrière. Ses débuts, ses premiers
doutes, l'ultimatum qu'il a
surmonté et qui a lancé sa
carrière... Il se remémore les
heures passées à chercher les
compositions, à peser le pour et le
contre de chaque schéma
tactique, à analyser les différents
adversaires, à répondre aux
sollicitations, à défendre ses choix
et ses joueurs devant les médias,
de ses nombreux moments de
doute, de pression où il a pensé
tout laisser tomber, abandonner.
Les joies et les malheurs du métier
d'entraîneur. Adulé un jour,
conspué le lendemain. Jusqu'à
présent, Tamisou est resté flou sur
de nombreux points de sa carrière,
ne souhaitant pas trop se dévoiler
quand il était encore en activité.
Dorénavant, il est libéré de tout
contrat et compte rester sur ce
succès. Mais se livrera-t-il ? Telle
est la question. Avant d'arriver
dans les locaux de Collectif,
l'ancien entraîneur prend la
direction du bar voisin. À l'intérieur,
il choisit de prendre un café en
cette fin de matinée. Il lit en le
dégustant le numéro du jour de ce
quotidien, voyant encore comment
s'enthousiasme la presse
quelques jours après le sacre
mondial. Après quelques minutes
passées au calme dans ce bar à
faible affluence, il laisse un assez
bon pourboire après avoir signé
quelques autographes aux
employés de ce commerce, fiers
de l'avoir servi. Surtout qu'il est
venu seul, sans son attaché de
presse Julia Coudrain à qui il a
accordé une journée de repos,
avant le marathon médiatique qui
s'annonce. Vient ensuite le
moment de sortir de
l'établissement puis de se rendre
dans le siège du quotidien sportif,
à deux pas de là. Quelques
secondes après avoir quitté le
café, il aperçoit le logo vert du
quotidien, écrit en majuscules.
Imposant, celui-ci confirme à
Tamisou qu'il est au bon endroit.
Puis il entre enfin dans les locaux
du périodique. Tout d'abord, il se
sent intrus. Puis se rappelle qu'il
est l'entraîneur champion du
monde en titre. Une hôtesse
d'accueil lui souhaite la bienvenue
puis l'accompagne à l'ascenseur.
Elle lui indique le troisième étage.
Les portes se ferment. L'espace
de quelques dixièmes de
secondes, il se demande ce qu'il
commencera à dire à son ami
Mathieu Bourion. Mais le temps
presse, il est interrompu par
l'ouverture des portes.
À suivre…
©Creative Commons
FICTION
JUSQU'AU BOUT DE LA NUIT, CHAPITRE 1
50 bonnes raisons de… Regarder la Ligue 1 le samedi soir
1. Parce que ce n'est pas commenté par Christian Jean-Pierre. – 2. Parce qu'on est célibataire. – 3. Parce que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Et pour se lever tôt, il faut se coucher tôt. Et la Ligue 1 se finit à 22 heures. – 4. Parce qu'on n'est jamais invité en soirée. – 5. Parce qu'en face, c'est The Voice. Et que voir Jenifer des conseils de chant, c'est comme si Élie Baup donnait des conseils tactiques. – 6. Parce que regarder la Ligue 1, ça donne une excuse pour ne pas écouter sa copine qui te raconte sa journée shopping. – 7. Parce qu'on a des problèmes de sommeil et que ça coûte moins cher que les somnifères. – 8. Pour voir Imorou marquer dans le but adverse. – 9. Pour comprendre les vannes du CM de Toulouse. – 10. Pour l'ambiance de Louis II. – 11. Parce que c'est la 38ème journée et que si on ne regarde pas la Liguain maintenant, on la regardera jamais. – 12. Parce qu'on ne paye pas 13€ par mois pour le beach volley ou le rugby à XIII. – 13. Parce que Les Simpson, oui mais non. – 14. Parce que mon père s'appelle Jordan Ayew. – 15. Parce qu'on est un club anglais et que le mercato, c'est dans pas longtemps. – 16. Parce qu'On N'est Pas Couché commence après de toutes façons. – 17. Parce que Angers-Gazélec
Ajaccio, ça a quand même plus de gueule que Barça-Real, Juve-Roma, Bayern-Dortmund ou Chelsea-United. – 18. Parce que notre femme
déteste le foot et qu'on est en instance de divorce. – 19. Parce qu'il a une équipe qui a pour surnom une espèce de poisson. – 20. Parce que c'était ça ou dîner chez belle-maman. – 21. Pour la classe de Karim Bennani. – 22. Parce qu'on a mis notre PEL sur un LotoFoot et pitié, faîtes que Nantes gagne. – 23. Parce qu'on aime bien les bulles mais qu'on est pauvre. Du coup, on préfère au champagne les 0-0. – 24. Parce qu'un multiplex à quatre matchs les semaines de Coupe d'Europe, c'est cool. – 25. Parce qu'on veut voir si ce site de streaming est fiable pour la grosse affiche de demain soir. – 26. Pour le stade Ange Casanova qui respire vrai. – 27. Parce que ce Wissam Ben Yeder est pas si mauvais que ça. Il vient du futsal vous dîtes ? – 28. Parce que Matmut Atlantique, ça pète comme nom de stade, non ? – 29. Parce qu'on est un habitué des forums foot de Jeux Videos et qu'on n'aimerait pas raconter de conneries. – 30. Parce qu'on doit réviser la notion d'ennui pour le Bac de philo. – 31. Parce qu'on est un fan de Pokémon et que Roudourou, ça nous y fait quand même penser. – 32. Pour les tifos du Parc des Princes. – 33.
Pour le nouveau nom imprononçable du stade de la Route de Lorient. – 34. Parce qu'on est trop plein pour entrer en boîte de nuit. 35. Parce que de toutes façons, on est toujours plein. – 36. Pour le Total Régal. – 37. Parce qu'on est supporter de Lens et on aime bien pleurer. – 38. Parce qu'on s'appelle Yoann Gourcuff. – 39. Parce que la Liguain, c'est trop bien. – 40. Parce qu'on a pas envie que notre enfant fasse du football. Alors on essaye de l'en dégoûter. – 41. Parce qu'on est Charlie. – 42. Parce qu'on s'appelle Jean Fernandez et qu'on aimerait bien retravailler un jour. – 43. Pour comprendre les références de cette rubrique. – 44. Parce qu'Allianz Rivieira, ça fait un peu penser à Allianz Arena. Et ça fait un peu rêver. – 45. Parce qu'on est président du fan club de Frédéric Thiriez. – 46. Parce qu'on se sent puissant à pouvoir changer de match juste en appuyant sur le bouton de notre télécommande. – 47. Parce qu'on est fan de tennis et qu'on est en décembre. Alors voir Djokovic au Gazélec… – 48. Pour la musique du multiplex de CANAL+ lors de la première et des deux dernières journées. – 49. Parce qu'on s'appelle Doria. Et peut-être qu'un jour, on y jouera. Peut-être. – 50. Parce qu'on est CM de FOOT+ et que c'est mieux de regarder pour faire des vannes.
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50 BONNES RAISONS DE…
REGARDER LA LIGUE 1 LE SAMEDI SOIR
_______________________________________________
Avant lui, personne ne l'avait jamais fait en Bundesliga.
Enfin, personne ne l'avait fait aussi vite. Cinq buts en neuf
minutes. Entre la 52ème et la 61ème minute, Robert
Lewandowski a permis au Bayern Munich de renverser la
situation face à Wolfsburg, qui menait 1-0 à la mi-temps.
L'entrée du Polonais et ses buts tous aussi beau les uns que
les autres ont fait entrer le match dans la légende. Son
buteur aussi.
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LE QUINTUPLÉ DE ROBERT LEWANDOWSKI PAR GETTY IMAGES