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+ MARCELO BIELSA + VALENCE-MONACO + DÉFENSE À TROIS + MERCATO DE MONACO + SERGE AURIER + TURQUIE-CROATIE 2008 numéro 54 août-septembre 2015 Gratuit /footplus2 @foot_plus + FOOT+ Ben Arfa Un Gone chez les Aiglons

FOOT+ n°54 août septembre 2015

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Page 1: FOOT+ n°54 août septembre 2015

+ MARCELO BIELSA + VALENCE-MONACO + DÉFENSE À TROIS + MERCATO DE MONACO + SERGE AURIER + TURQUIE-CROATIE 2008

numéro 54

août-septembre 2015

Gratuit

/footplus2

@foot_plus

+ FOOT+

Ben Arfa Un Gone chez les

Aiglons

Page 2: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Sommaire 2 Le tacle de… Enzo Jaffré

3 ZAP+. L'actualité des deux derniers mois sous un autre angle.

3 Le match des rédacteurs. France-Serbie et Évian Thonon Gaillard-Metz

4 Questions-réponses. De Gea, Martial et Lacazette.

4 La question. Les clubs français ont-ils une

chance en Coupe d'Europe ?

5 Sur le rézo. Neuf tweets sélectionnés.

6 Au cœur de... Olympique de Marseille-

Juventus de Turin (amical).

8 Lettre ouverte. Marcelo

Bielsa.

9 Portrait. La

véritable

ascension de

Serge Aurier

10 Grand thème. Hatem

Ben Arfa, l'appel de l'ombre.

16 Au cœur de... Valence CF-

AS Monaco (Ligue des

Champions).

19 Au cœur de... Tottenham

Hotspur-Everton FC (Premier League).

20 Économie. Le mercato de l'AS

Monaco.

21 Économie. Le mercato de Manchester

United.

22 Replay. Turquie-Croatie 2008.

23 Prolongations. Le nouvel essor des défenses

à trois.

24 Fiction. Chapitre 1 : Les retrouvailles.

25 50 raisons de... Regarder la Ligue 1 le

samedi soir.

26 Zoom. Robert Lewandowski.

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Le tacle de… Enzo Jaffré

Mathieu Valbuena, un accueil mortifère

Beau de loin, mais loin d’être beau : voilà comment

résumer le Vélodrome de l’Olympico. Alors que le

football français attendait et annonçait une fête pour

un duel entre deux des plus grandes équipes du

championnat, il n’en a rien été. Alors que l’on

connaissait un Vel’ poussant de manière

systématique son équipe, on a vu un stade haineux,

bête et méchant. Cela avait commencé avant le

coup d’envoi…

Un pendu ! Cela aurait pu s’apparenter à un simple

clin d’œil sympathique et folklorique dans le cadre

d’un match au sommet. Que nenni. Cela n’a été

qu’un précurseur et un effet d’annonce dans un

match qui a été dans la même teinte tout au long.

Banderoles, sifflets, insultes, et mêmes jets de

bouteille. Tout y est passé. Cela aurait pu être

normal ou banal, si trahison il y avait vraiment eue,

et surtout, si Valbuena avait été un joueur détesté

par la Cité Phocéenne depuis de nombreuses

années. Mais non, le Petit Vélo a toujours été un

humble serviteur du club marseillais, et ce malgré

ses roulades incessantes conspuées par tous, sauf

par l’OM.

Tant d’ingratitude pour celui qui, quelques années

auparavant, avait qualifié à deux reprises son club

dans la plus grande des compétitions européennes

par deux frappes dont les South Winners ou

Yankees doivent encore avoir en tête. Tant

d’ingratitude pour Jérémy Morel, conspué et traité

comme traître, ayant eu pour seul tort de n’avoir pas

prolongé dans un club n’ayant pas pour ambition de

le faire. Le football est fait de mouvements, et

changer de club dans le même pays est

heureusement autorisé. Le pire, c’est qu’en voulant

affirmer son autorité et sa supériorité par rapport

aux autorités, les Ultras marseillais se sont

sûrement condamnés, eux, les Niçois, les

Stéphanois, ou même les Parisiens. De quoi donner

du grain à moudre à la Ligue, qui se donnera à cœur

joie dans la nouvelle vague de répression qui

frappera le mouvement ultra. Triste…

FOOT+. Journal bimestriel amateur. 54 numéros. Abonnement gratuit. Envoi par email.

Créateur : Arthur Massot. Date de création : avril 2007. Rédacteur en chef : Mickaël Parienté.

Directeur de publication : Arthur Massot. Directeur de rédaction : Grégoire Quelain.

Secrétaire de rédaction : Gael Simon. Relecture : Gael Simon. Mise en page : Arthur Massot.

Rédacteurs ayant collaborés à ce numéro : Lucas Dureuil, Raphaël Jehl, Gael Simon,

Alexandre Muffon, Mickaël Parienté, Arthur Massot, Vincent Moulai, Enzo Jaffré. Responsable

marketing : Marius Cassoly. Responsable abonnement : Mickaël Parienté. Maquette : Arthur

Massot. Logo : Jérémy Fachetti. Adresse email : [email protected]

Abonnements : bit.ly/sabonner-footplus Courrier des lecteurs : bit.ly/courrier-footplus

Diffusion du dernier numéro : 162 ouvertures. Prochain numéro : 1er décembre 2015.

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Page 3: FOOT+ n°54 août septembre 2015

FOOT+ ÉVOLUE (ENCORE)

Une nouvelle rubrique dans FOOT+

Lecteurs habitués, vous savez que de

numéros en numéros, nous cherchons

à nous améliorer pour vous proposer le

journal le plus complet possible. Ainsi,

nous avons décidé d'arrêter notre série

La Croisière de la dernière chance

suite à une discussion avec notre

auteur, qui avouait manquer

d'inspiration. Plutôt que

de vous proposer une

fin de fiction bâclée,

nous avons préféré

nous pencher vers

l'autre fiction que nous

préparions depuis longtemps,

Jusqu'au bout de la nuit. Vous pourrez

la retrouver dès ce numéro en page

21. Autre changement, l'apparition en

avant dernière page de la rubrique

sarcastique 50 raisons de… consacrée

ce mois-ci aux raisons de regarder la

Ligue 1 le samedi soir. De ce fait, votre

numéro se répartit en trois parties

encore plus distinctes qu'auparavant.

La première, des pages 2 à 5 est

consacrée à ce que nous appelons

entre-nous l'échauffement, à savoir

l'actualité en bref. La deuxième partie,

ici des pages 6 à 20 se concentre sur

ce qui fait la base de notre publication

: l'analyse. Dans celle-ci, vous pourrez

retrouver des interview, des portraits,

des reportages… Enfin, la troisième

partie est plutôt détente avec vos

rubriques habituelles : Replay,

Prolongations, Fiction, Zoom… et donc

les 50 raisons de…

BALLON D'OR

Et les nominés sont…

Il n'y a pas

qu'au Bac

qu'il y a des

fuites ! Ainsi,

un liste de 59

noms nomin-

és au Ballon

d'Or 2015 a

fuité le 2

octobre der-

nier par le

quotidien italien La Gazetta Dello Sport. Les grands favoris

sont présents… mais pas Gianluggi Buffon, pourtant finaliste

de la Ligue des Champions et champion d'Italie ! Au

contraire, Claudio Bravo (FC Barcelone) et David Ospina

(Arsenal) en font partie. Quatre Français font partie de cette

pré-liste : Alexandre Lacazette, Paul Pogba, Antoine

Griezmann et Karim Benzema. Pas de Matuidi, de Lloris et

de Martial donc. Parmi les surprises, à noter la présence

d'André Ayew (Swansea), Willian (Chelsea), Wilfried Bony

(Manchester United), Carlos Sanchez (River Plate) et même

Massimo Luongo (Swindon Town). La liste finale sera

annoncée officiellement dans quelques semaines. Remise

des prix en janvier 2016.

FIFA

Les sponsors veulent la tête de Blatter

Vous connaissez sûrement ces grandes firmes, d'autant plus

qu'elles font partie des sponsors les plus importants de la

FIFA. Le 3 octobre dernier, Mac Donald's, Budweiser, Coca-

Cola et VISA ont conjointement demandé à Sepp Blatter de

démissionner de la présidence de la FIFA. Ce dernier,

empêtrer dans des affaires de malversation financières (voir

numéro 53) a récemment été réélu à la tête de l'instance

mondiale.

EURO 2016 J-249

Nouvelle salve de vente de billets

Alors que les

qualifications tou-

chent à leur fin (la

Grèce est d'ores et

déjà éliminée,

certains pays comme l'Angleterre déjà

qualifiés), une nouvelle salve de vente

de billets va avoir lieu de mi-décembre

à mi-janvier, après le tirage au sort des

groupes qui aura lieu début-décembre.

Ces ventes de billets permettront aux

acheteurs de savoir à quel match ils

assisteront. Comme durant la

première salve (mi-juin à mi-juillet), ces

demandes de place feront l'objet d'un

tirage au sort et demander une place

ne garantira pas de la recevoir chez

soi. Les places justement seront

envoyées au printemps 2016. L'Euro

2016 aura lieu du 10 juin au 10 juillet et

aura lieu dans huit stades français

(Saint-Denis, Paris, Marseille, Lyon,

Lille, Saint-Étienne, Nice et Lens).

Pour la première fois de l'histoire de la

compétition, 24 équipes y

participeront. Elles seront réparties en

six groupes de quatre équipes.

RÉSEAUX SOCIAUX

FOOT+ sur les réseaux sociaux,

c'est…

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Twitter (@foot_plus) : 735 followers

Google+ (+ FOOT+): 20 précurseurs

Le match des rédacteurs Gaël Simon – France-Serbie, 7 septembre

Après une victoire contre le Portugal quelques jours plus tôt, la France

reçoit à Bordeaux la Serbie. Après un 4-4-2 expérimental utilisé en terre

portugaise, Deschamps aligne à nouveau son classique 4-3-3, mais avec

une animation nouvelle. En soutien de Giroud, Griezmann et Valbuena

ont la liberté de rentrer dans l’axe tandis que Tremoulinas et Sagna sont

très offensifs dans les couloirs. Le match est plaisant. Si Giroud ne brille

pas à la finition, sa complicité avec Griezmann permet au colchonero de

peser et de perforer entre les lignes. Valbuena lui travaille dans la largeur

et soutien Pogba à la construction du jeu. Le match prend une tournure

folle lorsque Matuidi ouvre le score de la tête. Mais c’est en marquant

une magnifique volée du gauche à la 25e minute que Matuidi fait basculer

la partie. La France gagne 2-1 et a peut-être trouvé sa formule offensive.

Sans Benzema…

Alexandre Muffon – Évian Thonon-Gaillard-FC Metz, 29 août

Ah le retour en Ligue 2 ! En cinq ans, la mémoire a le temps de vite

oublier des choses. Le Parc des Sports d’Annecy qui tourne à 4000

spectateurs en moyenne, la moitié de l’équipe qui a été reformée et

surtout, le manque de médiatisation. Adieu diffusion intégrale, bonjour

multiplex. Mais ô joie, un duel entre deux relégués de Ligue 1, un match

complet sur beIN SPORTS 2. On se dirigeait vers un énième match nul

pour les hommes de Safet Susic. Mais dans le temps additionnel,

Lejeune claque une volée et inflige aux Haut-Savoyards leur première

défaite. Ce genre de sensation qui pourrait nous faire détester le foot.

Comme encaisser un but sur FIFA dans les arrêts de jeu. L’envie de tout

débrancher et de se mettre au curling, ou de mettre un bébé chat dans

un micro-onde, quoi que je n’avais pas d’animal de compagnie sous la

main et mon frère de 4 ans ne rentrait pas dans le four. Dur dur la vie de

supporteur.

Zap+ L'actualité des deux derniers

mois sous un autre angle

©Getty Images

Page 4: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Questions-Réponses

De Gea, Martial et Lacazette Pourquoi De Gea n’est-il pas

joueur du Real Madrid ?

Coup de tonnerre dans les

dernières minutes du mercato.

Alors que le transfert du portier

espagnol à Madrid était acté et

l’accord trouvé, il n’a pas rejoint le

club de Sergio Ramos. Ce ne fut

que le lendemain que l’explication

claire fut donnée : Manchester

United avait transmis le fax deux

minutes trop tardivement.

Bouleversement dans les rangs

de Manchester United, plutôt

positif, et plutôt négatif chez les

Madrilènes. Keylor Navas,

gardien actuel du Real Madrid,

s’est dit traumatisé de cette

situation. Etant dans une salle

d’attente à l’aéroport de

Manchester pour parapher son

contrat avec les Red Devils, il n’a

appris qu’à la toute dernière

minute l’avortement de la

transaction. Aujourd’hui, le Real

Madrid enchaîne les clean

sheets, et n’a pas de quoi se

plaindre de son gardien, impérial

pour le moment.

Pourquoi Martial a-t-il

bouleversé l’Angleterre ?

Le dernier jour du mercato a été

agité à Manchester. Avec le faux

départ de son gardien et son

stand-by, il y eut d’autres

événements majeurs dans cette

journée. Pour Monaco en

revanche, ce fut le signe de la

nouvelle politique dégressive et

peu ambitieuse du club de la

principauté. En effet, le coup de

grâce vint du jeune attaquant

français Anthony Martial, quittant

l’AS Monaco pour rejoindre les

pelouses anglaises et celle d’Old

Trafford. Le montant

astronomique de la transaction a

d’abord choqué. 50 millions

d’euros auxquels il faut ajouter 30

millions de possibles bonus selon

les performances du Frencihie.

Outre-Manche, la pépite du

centre de formation lyonnais

n’était pas spécialement

connue… même par son

entraîneur, Louis Van Gaal, ne

voyant pas en lui un titulaire en

puissance. Mais voilà, des débuts

plus que prometteurs et quelques

buts plus tard, et celui-ci se voyait

comparé à la légende Thierry

Henry par les tabloïds.

Comment Lacazette a-t-il perdu

confiance ?

À Gerland, le débat est

évidemment lancé. Alexandre

Lacazette, buteur formé au club,

est en grande difficulté. Ce n’est

pas son récent but dévié face au

Stade Rémois qui changera

l’impression. Le meilleur buteur

de Ligue 1 de la saison passée

rate tout. Contrôles, frappes,

passes, dribbles et parfait tout

cela avec des choix plus

qu’étonnants. Le joueur, dont la

complicité avec le duo Fékir-N’jié

ne faisait aucun doute, peine à

retrouver ses marques. Un salaire

bien augmenté, des critiques

ayant aussi augmenté de manière

exponentielle, et de la pression

sur ses épaules : l’international

français est surveillé, très

surveillé, trop surveillé ? Peinant

à jouer avec Mathieu Valbuena et

Claudio Beauvue, il ne semble

capable de scorer que sur des

penalties, qu’il ne convertit même

plus à tous les coups. Un Fékir

vous manque, et tout est

dépeuplé. Cependant, il n’en

reste pas moins une menace et a

toutes les cartes en main pour

redevenir le joueur qu’il fut et

retrouver son football afin de

soulager l’Olympique Lyonnais et

l’Equipe de France.

La question

La France a-t-elle une chance en Europe ? OUI

Enzo Jaffré

Le championnat français s’est renforcé. Avec l’arrivée de bons joueurs comme

Di Maria (Paris), Valbuena (Lyon), ou le probable avènement d'El Shaarawy

(Monaco), les clubs français ont l’ambition de briller sur la scène européenne.

Avec ces joueurs à leur meilleur niveau, nul doute que les clubs français

pourront briller.

L’Europa League est toujours ouverte. L’année dernière, Dnipropetrovsk est

arrivé en finale. Pas de quoi désespérer Monaco, Marseille et les autres. Et

malgré les victoires successives de Séville, pas de quoi désarçonner nos clubs

français, peu avares en exploits.

Paris est plus fort que jamais. Avec l’arrivée à maturité de son milieu de terrain

et des recrues globalement pertinentes, le PSG se surprend à rêver de la coupe

aux grandes oreilles. Di Maria, artisan du sacre madrilène il y a deux ans est là

pour ça, et le moment semble venu. Cela semble également être la dernière

chance pour Motta et surtout Ibrahimovic, certainement partants cet été.

Jardim nous a épaté l’année dernière. Si son effectif n’est plus le même et c’est

le premier à le regretter, il n’en reste pas moins un excellent tacticien et son

plan tactique à l’Emirates avait totalement éteint les Britanniques. Travailleur et

fin stratège, il a les cartes en mains pour ramener la C3 sur le Rocher.

L’Olympique de Marseille a effectif décent, tout comme les Girondins de

Bordeaux. Si les Olympiens sont rentrés de manière étrange dans cette

compétition, déroutés par le Sloan Liberec à domicile, ils n’en restent pas moins

talentueux et capables d’exploits. Pas actuellement, où le club traverse une

passe compliquée, mais d’ici quelques semaines ou quelques mois.

Concernant Sagnol, on le connaît novateur et audacieux dans ses tactiques.

De quoi payer dans les matchs du jeudi ?

Enfin, les Lyonnais sont rentrés, tout comme la plupart de leurs homologues

provinciaux, de manière difficile dans la compétition ultime. Cependant, la

blessure de Nabil Fékir terminée et l’état de forme de Lacazette retrouvé, et

l’Olympique Lyonnais pourrait trouver son rendement de l’an passé. Il faudrait

atteindre les huitièmes de Ligue des Champions, ou alors ce sera en Europa

League que les hommes de Hubert Fournier seront forts de Nabil Fékir.

NON

Vincent Moulai

Depuis la saison 2012-2013, seul le Paris-Saint-Germain a maintenu

un niveau européen digne de venir titiller les cadors du vieux Continent :

trois quarts de finale de suite, le tout en rivalisant avec des gros calibres

comme Chelsea ou le FC Barcelone.

Depuis, les autres clubs français galèrent pour la plupart. Il y a bien eu

l’éclaircie monégasque avec le quart de finale de C1 la saison dernière

ou le petit bout de chemin guingampais en C3.

Mais on pourrait également citer les piteuses éliminations en barrages

de Lyon ou Saint-Etienne, le 0 pointé de l’OM en phase de poules ou

les différents échecs successifs de Lyon, Lille et Monaco en barrages

de C1. De quoi se faire titiller notre chère sixième place au classement

UEFA par la Russie le temps de quelques mois…

"Avoir une chance", c’est bien espérer soulever le graal suprême ?

Soyons réalistes, bien que le PSG se rapproche (lentement mais

surement) vers le top niveau européen, il reste encore une marche à

franchir pour les hommes de Laurent Blanc : celle du dernier carré,

réservé bien souvent à l’habituel trio Real-Barca-Bayern encore au

niveau cette année (oui oui, même ce FC Barcelone là).

Le PSG va surement devoir sortir un de ces 3 monstres pour confirmer

sa mue vers les sommets… Pour enfin rêver plus grand.

Idem pour l’Europa League : le successeur du double tenant du titre

sévillan en C3 ne sera vraisemblablement pas français. Entre le

chantier abyssal marseillais, l’instabilité effective monégasque ou

l’irrégularité stéphano-bordelaise, nous sommes au regret de passer

notre tour face à des clubs comme le Borussia Dortmund ou Naples.

Sans compter les futurs troisièmes de poules, reversés en C3.

C’est beau de rêver, mais Lilian Thuram a dit qu’il faut croire en ses

rêves…

ÉCHAUFFEMENT QUESTIONS-RÉPONSES, LA QUESTION

Page 5: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Deux mois de tweets Les championnats nationaux ont repris cet automne. Et avec eux, toute la passion

qui les entoure. Retour sur deux mois de tweets (à prendre au second degré) sur

notre compte Twitter @foot_plus.

Le président de l'Olympique Lyonnais Jean-

Michel Aulas a répondu à ce tweet :

Tweets écrits et sélection réalisée

par Gaël Simon (@GaelSimon1)

SUR LE RÉZO NEUF TWEETS SÉLECTIONNÉS

Page 6: FOOT+ n°54 août septembre 2015

La dernière fête C'est face à la Juventus lors du trophée Robert Louis-Dreyfus qu'a eu lieu la

dernière victoire de l'OM sous l'ère Bielsa. Un match que notre rédacteur Gaël

Simon a vécu de l’intérieur. L’occasion de revenir sur le dernier grand moment de

fête entre les supporters phocéens et El Loco. Récit.

Stade Vélodrome, Marseille

(Bouches du Rhône), de notre

correspondant – Il est 18h. Il fait

chaud. Le soleil de plomb paralyse

Marseille. Un parfum de Coupe

d’Europe traîne du côté du

Boulevard Michelet. Dans une

heure, l’OM va jouer face à la

Juventus un match qui n’a rien

d’amical pour les supporters. À

une semaine de la reprise, les

Marseillais retrouvent le

Vélodrome et leur équipe, sans

savoir qu’il s’agira de la dernière

victoire d’El Loco à la tête de l’OM.

Du côté de Castellane, le métro a

été barré, surchargé par la masse

de spectateurs s’y étant amassé

en direction du stade Vélodrome.

Le Prado devient alors le centre de

réunion des supporters. Le cœur

de la ville bat pour le match qui va

avoir lieu dans une heure.

Marseille se pare de bleu et de

blanc. Les bars se remplissent.

Comme toujours aux alentours du

stade, l’ambiance commence à

monter. J’entends certains

supporters évoquer la rumeur

Valbuena à Lyon. "Lui quand il va

revenir au Vélodrome, on va bien

l’accueillir"... Mais pas le temps de

revenir plus longuement sur

l’ancienne star de l’OM, le match

va bientôt débuter.

Un stade plein

Alors que certains recherchent des

places et que d’autres proposent

des écharpes à vendre, la foule

commence à se réunir devant

l’entrée côté Boulevard Michelet.

L’adversaire est prestigieux. Les

supporters, ambitieux. La défaite,

interdite. Devant le stade, je

rejoins un ami proche qui va

assister au match depuis le virage

sud. "Alors le match tu le sens

comment ? – La Juventus vient de

commencer sa préparation, je

pense vraiment qu’on peut

gagner". La confiance est là. Il faut

dire que la Juventus a débuté sa

préparation depuis 15 jours

seulement là où l’OM est à la fin de

la sienne. Et puis le Marseillais est

optimiste. "Ce qui est sûr c’est

qu’on va voir un super match" et

rien que pour ça, tout le monde

attendait avec impatience le coup

d’envoi.

19h00 se rapproche d’ailleurs.

Accompagné de mon père et d’un

de mes meilleurs amis, je pénètre

dans l’enceinte du stade

Vélodrome, déjà noir de monde.

Pour ce match, je vais découvrir la

tribune Jean Bouin. Bon ça ne me

fait pas rêver mais ça fait tellement

longtemps que je ne suis pas allé

au Vélodrome que je ne vais pas

me plaindre. D’autant plus que je

me retrouve à quelques mètres de

la pelouse. Je ne pouvais pas

espérer mieux. Sur les sièges, je

retrouve des drapeaux aux

couleurs de l’OM. Tout est fait pour

que l’ambiance soit chaleureuse.

Diarra et Diaby

présentés au public

J’observe avec attention

l’échauffement des joueurs de la

Juventus qui sont devant moi. J’ai

surtout la joie de voir Gianluigi

Buffon se préparer. De l’autre

côté, les joueurs de l’OM

s’échauffent également

principalement à base de jeux

avec ballon. À 18h40, les

nouvelles recrues sont

présentées, notamment Diaby et

Diarra qui ont signé dans la

semaine précédant le match. Les

deux anciens internationaux

français sont ovationnés. Les

supporters marseillais sont prêts à

rêver derrière leur équipe. Mais la

star du club, c’est Marcelo Bielsa.

Dans les travées, son nom est

scandé à plusieurs reprises par

tout le stade. Je suis en transe.

L’ambiance est déjà fabuleuse. Le

match a tout pour être mémorable.

Les joueurs rentrent sur le terrain.

Les drapeaux bleu et blanc sont

agités dans les tribunes Jean

Bouin et Ganay. Les virages se

font entendre. Les deux

compositions d’équipe sont

annoncées. Chaque Phocéen est

applaudit allégrement. Du côté de

la Juventus, Patrice Evra est

conspué. On est Marseillais mais

on n’en reste pas moins Français.

Du côté du virage sud, une

banderole m’interpelle derrière le

but que gardera Buffon en

première période. "L’an dernier,

les valeurs retrouvées, cette

année un titre !" L’ambition est là

pour cette saison. Ce Marseille –

Juventus est un prélude à une

grande saison dans l’esprit des

supporters. Les bases sont

posées. Il est 19h, le match peut

commencer.

©Tous Droits Réservés

©Tous Droits Réservés

AU CŒUR DE…

OLYMPIQUE DE MARSEILLE-JUVENTUS DE TURIN 2-0 (MATCH AMICAL)

Page 7: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Le nom de Bielsa scandé

La Juventus rentre fort dans le

match. Marseille est acculé dans

son camp. Les hommes de Bielsa

défendent en 3-3-3-1. Du

classique. Le Vélodrome tremble

mais l’OM tient. N’Koulou rassure

et encadre les jeunes Rekik et

Sparagna tandis que Mandanda

sort une parade décisive. Après 15

minutes difficiles, l’OM sort petit à

petit la tête de l’eau. Après un gros

travail de Michy Batshuayi,

Alessandrini met Buffon à

contribution, avant de trouver le

poteau sur un centre rentrant.

Marseille fait reculer la Juventus.

Dès la perte du ballon, Michy

Batshuayi et Abdelaziz Barrada

s’activent pour presser les

défenseurs italiens et gênent

considérablement la relance de la

Juventus.

Pendant ce temps-là se met en

place le piège des Marseillais. Dja

Djédjé défend sur Pogba et Mendy

s’occupe de Marchisio. Ce sont

Thauvin et Alessandrini qui se

chargent de fermer les couloirs à

Lichtsteiner et Evra. Lemina quant

à lui se déplace dans la largeur

pour compenser les espaces

laissés par les phocéens dans leur

dos. Le plan fonctionne

parfaitement bien. Madzukic et

Morata sont sevrés de ballon, les

deux pistons axiaux du milieu

turinois étant annihilés par le

marquage individuel de Dja Djédjé

et Mendy. Le jeu est haché.

Stephan Lichtsteiner se faisant

même expulsé après avoir insulté

l’arbitre de la rencontre.

Dans les tribunes, l’ambiance n’a

rien d’un match amical. À chaque

faute, c’est tout le stade qui se lève

pour protester. À chaque occasion,

ce sont tous les supporters qui

frissonnent. Et le spectacle est de

qualité. Bielsa est, comme à son

habitude, prostré sur sa glacière.

Les supporters continuent de

scander son nom régulièrement.

La fête annoncée a lieu. Et quand

sur le terrain, Alessandrini trouve

la lucarne de Buffon sur un centre-

tir vicieux, c’est tout le Vélodrome

qui chavire. Ce n’est qu’un match

amical mais l’OM envoie un

message très fort. Tactiquement,

Marseille est très solide et sera

difficile à bousculer cette saison.

La mi-temps est sifflée, tout le

peuple phocéen qui s’est amassé

dans son antre préféré assiste au

spectacle qu’il attendait.

MB maintient l'équipe-type

La mi-temps, c’est surtout

l’occasion de manger ou d’aller

boire un coup. Le Vélodrome se

calme pour mieux se réveiller en

seconde période. Moi je sors mes

sandwiches et profite de la

douceur de mon poulet crudité. Le

calme étant revenu dans le stade,

le moment est propice à la

discussion. Tout le monde débriefe

la première période : "on a eu du

mal au début mais derrière, on les

a vraiment bousculé", "tu sens que

la Juventus a du mal quand

même", "si on m’avait dit que Dja

Djédjé allait bouffer Pogba, je n’y

aurais pas cru". La première

période est riche en

enseignements tactiques. Comme

si l’OM avait atteint son paroxysme

collectif. Difficile de voir ce que

Marseille pourrait faire de mieux,

tant tactiquement c’était parfait. En

tout cas, la prestation des

Olympiens laisse envisager une

belle saison, surtout quand on

pense que c’est Bielsa qui sera à

la tête de l’équipe cette année.

Mais plus le temps de parler, mon

père sort les compotes du sac et

mon ami me propose des chips. Et

puis la seconde période va

commencer.

La Juventus procède d’ailleurs à

quelques changements. Du côté

de Marseille, on ne change rien. Le

but est de voir encore un peu

l’équipe-type à une semaine de la

reprise de la Ligue 1. Dès le début,

la Juventus donne la sensation

d’avoir lâché et de pêcher

physiquement. "Y’a que Pogba qui

joue du côté de la Juve" : c’est clair

que le Français est le seul à tenter.

À 10 contre 11, la Juventus subit,

et quand un contre se profile, les

milieux ont du mal à se projeter

pour faire les efforts et soutenir les

attaquants. L’OM est globalement

serein. Mandanda soulage ses

défenseurs dans les airs tandis

que Lemina et Barrada font du

bien en jouant entre les intervalles

laissés par les milieux de la

Juventus. Les premiers

changements ont lieu.

El Loco s'en prend

au quatrième arbitre

Dès son premier ballon, Bouna

Sarr enflamme le stade avec un

grand pont et une chevauchée

folle sur la droite. L’OM a le ballon

et tente de marquer le deuxième

but. Mais ça manque d’adresse

dans le dernier geste. Le spectacle

est moins intense, alors le

Vélodrome fête sa star, Marcelo

Bielsa. Le stade continue de

clamer son nom et de le célébrer.

L’ambiance sympathique se

trouble soudainement. Le speaker

annonce la sortie de Patrice Evra.

L’ancien Mancunien est hué par le

stade. Le match a été dur pour

l’arrière gauche face à

Alessandrini. Les sifflets du

Vélodrome à chacune de ses

montées ne l’auront pas aidé non-

plus. Très vite, l’ambiance reprend

et les supporters continuent de

chanter à la gloire de Bielsa. A la

69e, les supporters réservent

exceptionnellement une ovation à

un joueur adverse. Paul Pogba est

en effet chaleureusement acclamé

par le Vélodrome au moment de sa

sortie. Le match se poursuit et

Bielsa se met lui-même en action.

Alors que le remplacement de

Barrada par Nkoudou est

annoncé, El Loco se lève

subitement et conspue le

quatrième arbitre. Barrada ne sort

finalement pas et Nkoudou est

renvoyé à son échauffement.

Toute la tribune Jean Bouin rigole

devant les mimiques excentriques

de Bielsa. Il faut dire que les

supporters adorent ça. Le geste

témoigne en tout cas d’une grande

confiance de Bielsa en Barrada

qu’il ne veut pas voir sortir du

terrain. Le Marocain marque

d’ailleurs le deuxième but,

l’occasion pour le Vélodrome de se

lever une nouvelle fois : "2-0, c’est

bon c’est fait", "Y’a même la place

pour le troisième". Bon, on

s’enflamme mais on est

globalement contents. Le match se

termine tranquillement et l’OM

remporte ce match de prestige.

Les supporters fêtent cette belle

victoire, sans savoir qu’il s’agira de

la dernière de Bielsa avec l’OM.

Cet OM-Juventus restera la

dernière grande communion entre

Bielsa et les supporters. Le dernier

grand moment de joie. Personne

ne s’attendait à ce qu’une semaine

après, El Loco claque la porte. Au

contraire, la rencontre laissait

beaucoup d’espoir. Tout semblait

aller bien. Mais en football rien

n’est jamais acquis. L’Argentin

s’en est allé, laissant beaucoup de

regrets aux supporters, mais

laissant le souvenir d’un football

spectaculaire et audacieux, qui

aura redonné confiance à tout un

peuple et qui aura ramené les

supporters au stade, comme ce

soir d’août 2015, où la fête au

Vélodrome n’a jamais été aussi

belle, tout cela pour un simple

match de préparation.

©Gael Simon/FOOT+

©Gael Simon/FOOT+

AU CŒUR DE…

OLYMPIQUE DE MARSEILLE-JUVENTUS DE TURIN 2-0 (MATCH AMICAL)

Page 8: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Gracias El Loco* Après une année de passion, l’histoire d’amour entre l’Olympique de Marseille et Marcelo

Bielsa a pris fin ce 8 août 2015. L’occasion de rendre un dernier hommage à l’entraîneur le

plus fou que le football français n’ait jamais connu. Lettre ouverte.

Pour la première fois depuis que j’écris ce

genre d’hommage, mon cœur est rempli de

lourdeur et de nostalgie. Ton départ a

provoqué en moi une immense peine.

L’optimisme qui me caractérise a disparu le

temps de ton annonce, violente et choquante.

D’habitude, je crie

mon amour dans

mes lettres,

exceptionnelle-

ment, je vais crier

ma tristesse. Car j’ai

ressenti une énorme

douleur en apprenant

ton départ. J’ai vécu le

moment le plus dur de ma

jeune vie de supporter. Pour la

première fois de mon existence, le

foot ne m’a apporté que souffrance et

frustration. Et pourtant… Et pourtant,

toi tu ne m’as apporté que joie et bonheur

pendant une saison. Tu ne méritais pas de partir comme ça.

Ton histoire passionnelle avec l’OM méritait une fin à la hauteur de

l’amour que te portaient les supporters. Toutes les histoires d’amour

finissent mal a-t-on l’habitude de dire. Cet adage n’a jamais été aussi vrai.

En y repensant, j’aurais aimé profiter encore plus de tous les moments que

tu nous as fait vivre. J’aurais aimé regardé les matches de ton OM avec

encore plus d’attention. Décrypter chacune de tes compositions, chacun de

tes choix tactiques avec encore plus de concentration. Vivre encore plus

intensément la saison passée à tes côtés. J’aurais aimé être encore plus

passionné. Vivre le foot comme toi. Ne voir rien d’autre de plus important. Faire

de l’OM ma priorité comme toi tu l’as fait. Ne pas profiter de toi et de ta folie

une saison de plus restera à jamais un immense regret. Ta première saison

n’aurait du être qu’un apéritif, pas le plat de résistance.

Certains ont dit que tu étais parti car tu savais que ta seconde saison allait

être beaucoup plus dure que la première. Que tout le travail que tu avais

abattu allait exploser en vol. Je pense au contraire que cette saison

aurait été encore plus belle, plus folle, plus intense. Après une année

d’apprentissage, les jeunes que tu as pris sous ton aile auraient

atteint un niveau qu’ils n’ont jamais eu la saison dernière. Ton 3-3-

3-1, certes audacieux, n’aurait jamais été solide avec la maturité

tactique acquise par Mendy ou Lemina. Le jeu offensif que tu

prônes n’aurait jamais été aussi séduisant que cette saison

avec les progrès de Thauvin et Alessandrini. Mais nous

n’aurons jamais l’occasion de voir cela. Et c’est ça le plus

dur. Se dire que ton histoire avec l’OM aurait pu être

encore plus belle est le plus souffrant pour moi. Tant pis,

c’est comme ça. Tu pars en légende, c’est peut-être ça

le plus merveilleux. Tu pars en grand homme, digne de

ses valeurs et de ses convictions. Dans un football où les

joueurs embrassent l’écusson de leur club pour les trahir

quelques semaines après lors du mercato, toi tu es parti en

gardant ta ligne de conduite, celle de l’honnêteté. Tu n’as pas

accepté que le club revienne sur l’accord qu’il avait passé avec toi,

alors tu es parti. La confiance et la sincérité sont les principales lignes

de ton code d’honneur, alors comment t’en vouloir ? Comment ne pas

encore plus aimer ce que tu es ? La forme de ton départ a été dure à

encaisser. Le soir de ta démission, ne serait-ce qu’un instant, je t’en ai

voulu. Je l’avoue. Mais sur le fond, comment ne pas te donner raison ? Tu

voulais juste le bien du club. Et les dirigeants du club lui-même t’ont mis des

bâtons dans les roues. Logique de partir. Logique de jeter l’éponge. Tu t’es

sacrifié pour tirer la sonnette d’alarme. Tu es parti en respectant ton éthique.

El Loco reste El Loco.

Finalement, ce qu’on doit retenir de ton passage, c’est

le jeu, le vent de fraîcheur que tu as apporté en

Ligue 1. Comment ne pas oublier ton audace ?

Comme ce soir d’avril où tu as tenté un

marquage individuel tout terrain face au Paris

Saint-Germain. C’était fou. Non mieux, c’était

fada. Car c’était ce que tu étais devenu avec

l’OM. Un loco chez les fadas, devenu fada lui-

même. Les supporters l’avaient bien compris, c’est

pour ça qu’ils t’ont si vite adopté. Tu as redonné

l’espoir à toute une ville, qui se morfondait

depuis des années devant le

niveau de jeu et le spectacle

produit par son équipe. Tu

laisses une trace indélébile

dans l’histoire de l’OM.

L’important, ce n’est pas

les résultats que tu as

eu, c’est la trace que

tu as laissé.

Marseille a

retrouvé son

ambition avec toi,

c’est ce qu’il faut

retenir. Le club a

retrouvé son identité

grâce à toi, c’est ça qu’il ne

faut pas oublier. Et puis au

final, tes résultats n’étaient-

ils pas les meilleurs que tu

aurais pu obtenir ? Faire

4e avec une équipe

globalement moyenne,

en compensant par ta

maîtrise tactique les

limites de joueurs

intrinsèquement faibles

était le maximum. Nous

faire croire au titre jusqu’en

avril aura été un exploit. Tu ne

pouvais pas faire mieux. Tu as fait

le maximum. Tes résultats ont été à

la hauteur du niveau de jeu de ton

équipe et de ta folie. Comment ne pas voir

que sans toi, Gignac, Payet ou Ayew

n’auraient jamais atteint le niveau de jeu qu’ils

ont eu la saison dernière ? Tu as marqué tous les

joueurs que tu as eus à entraîner. Tu as marqué tous

les esprits. Alors comment t’oublier ? Comment ne

pas te regretter ? Comment ne pas pleurer ton

départ ?

Je n’ai pas peur de le dire, tu es certainement l’un

des plus grands entraîneurs que l’OM n’ait

jamais connu. Tu côtoies désormais les

Raymond Goethals, Mario Zatelli, Jules Zvunka

ou Didier Deschamps. Tu n’as pas gagné non.

Mais tu as fait rêver les gens. Tu as mis des

étoiles dans les yeux de tous les supporters,

et dans une époque de plus en plus triste

où le football perd son romantisme et un

peu de son identité, le rêve, c’est ça le

plus important. Alors Gracias El Loco.

*Merci Le Fou en espagnol. "Le Fou" est le

surnom de Marcelo Bielsa. ©B. Langlois/AFP

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LETTRE OUVERTE

MARCELO BIELSA

Page 9: FOOT+ n°54 août septembre 2015

L'ascension de Serge Aurier Auteur d’un magnifique but en ciseaux contre Nantes (4-1), pour le compte de la

huitième journée de Ligue 1, Serge Aurier est en train s’installer durablement dans

le couloir droit du champion de France en titre. Retour sur l’ascension que vit

l'Ivoirien, après une saison 2014-2015 au gout amer.

Vainqueur de la CAN début 2015, le numéro

19 du PSG a pourtant vécu une période

difficile par la suite. Déjà barré par la

concurrence de Marquinhos et Van

der Wiel au poste de latéral droit,

Serge Aurier a également dû

faire face à une grave

blessure contre Caen

en février et une

suspension en Ligue

des Champions, en

mars, alors qu’il

suivait le match

retour de son équipe

face à Chelsea (2-2

après prolongations)

depuis son canapé.

Son retour est à l’inverse

prometteur puisque

l’Ivoirien est l'auteur

notamment de plusieurs

passes décisives en fin de

saison.

Des efforts

récompensés

Désormais, le joueur est

sous le feu des

projecteurs. Titulaire à six reprises en huit journées de Ligue 1, Aurier

est devenu une pièce maitresse du onze de la capitale. Polyvalent, efficace

en défense et actif en attaque, il est l’auteur de grosses performances

notamment contre Lyon lors du Trophée des Champions (2-0) et face à Lille (1-

0) en début de championnat. L'Ivoirien semble être au meilleur de sa forme et

cela n’est pas dû au hasard. C’est le fruit d’un long travail entamé par le joueur tôt

cet été. Aurier ne chôme pas. Il décide en effet de partir au Qatar afin de suivre

une préparation personnelle avant la reprise. Interrogé sur son changement de

statut, le joueur de 22 ans le dit lui-même, il a "tout simplement réalisé une bonne

préparation, contrairement à l’an passé".

Au-delà de ses performances sportives, l’ex joueur du TFC s’est affirmé au sein du vestiaire

parisien. Qualifié de joueur le plus drôle du PSG par son partenaire Marquinhos, l’intéressé

déclare pourtant "ne pas avoir trop confiance en soi" et garde les pieds sur terre. Il a bien

conscience que dans la sphère footballistique, les choses peuvent vite s’inverser. Serge Aurier parait

ainsi gérer son nouveau statut dans un club qui rêve toujours plus grand. Véritablement installé dans

la défense parisienne, il peut tout de même encore progresser. Il le sait, le répète. À lui de montrer qu’il

est capable de durer.

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PORTRAIT

SERGE AURIER

Page 10: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Ben Arfa : l’appel de l’ombre Il aura fallu attendre six mois pour qu’Hatem Ben Arfa puisse chausser les crampons et jouer

sous les couleurs de l’OGC Nice. Une attente longue pour un joueur qui s’est perdu au gré

de choix de carrières discutables et de comportements parfois inexcusables. Aujourd’hui, le

natif de Clamart, aspire juste à jouer au football, sans se mettre la pression, sans se prendre

pour plus beau qu’il n’est. Portrait.

Après quelques années d’errance en

Angleterre, Hatem Ben Arfa est revenu sur le

sol français, non pas pour se relancer mais bel

et bien pour débuter une nouvelle carrière.

Désormais loin de l’Equipe de France et de la

médiatisation excessive qu’a engendré son immense

talent, l’ancien marseillais aspire au calme, avec pour

seule motivation l’envie de retrouver le plaisir de jouer

au foot. Celui qui a connu les joies du titre avec Lyon puis

Marseille avant de connaître de grosses difficultés en

Angleterre retrouve aujourd’hui la simplicité qui a

longtemps manqué à son jeu. Pour le plus grand plaisir

des yeux, la Ligue 1 a retrouvé le talent Ben Arfa. Et au

moment même où le football français s’enflamme pour

Nabil Fekir, le portrait de l’ancienne pépite de Gerland

pose la question d’un pays qui brûle les ailes de ses plus

grands espoirs.

La tête brulée

C’est à 7 ans qu’Hatem Ben Arfa débute le foot. Comme

beaucoup d’enfants d’Île de France, Hatem vit pour le

foot. Le talent est déjà-là. La technique du meneur fait

merveille. Les bases de son jeu sont posées. Le jeune

Ben Arfa aime toucher le ballon, jouer au cœur du jeu,

porter la balle et sentir le cuire sous ses crampons. Son

instabilité est également présente. Le natif de Clamart

joue à Châtenay-Malabry pendant deux ans, avant

d’évoluer à Montrouge entre 1996 et 1998. C’est finalement

après une saison à Boulogne-Billancourt qu’Hatem Ben

Arfa se pose. En 1999, il intègre à 12 ans l’INF

Clairefontaine, où il sera surclassé d’une année au sein de

la génération 86. Le talent d’Hatem Ben Arfa écrase tout. Il

sent le jeu, voit tout avant tout le monde, son instinct fait la

différence et sa technique est un poison pour la défense

adverse. Mais son comportement pose autant de problèmes

à ses entraîneurs que sa vivacité à ses adversaires. Ben Arfa

a du caractère. Le gamin ne se laisse pas marcher sur les

pieds. Les tensions avec ses jeunes coéquipiers sont

fréquentes. Lui-même l’avoue dans À la Clairefontaine. Le

documentaire de Bruno Sevaistre dresse en effet le portrait

d’un jeune aussi

passionné par le foot

qu’exigent envers ses

coéquipiers. "J’ai un

caractère un peu nerveux" ;

la phrase fait déjà écho aux

premiers pas en pro avec Lyon,

puis à son aventure marseillaise.

Malgré ce caractère difficile, Ben

Arfa brille et devient l’un des plus

grandes espoirs du football français. De

plus en plus de clubs lui font d’ailleurs les

yeux doux. Mais Hatem refuse de signer à

Saint-Etienne puis à Rennes. En 2002, après

trois années à Clairefontaine, Ben Arfa pose ses

valises à Lyon. Le club vient d’être sacré

champion de France et possède tous les atouts pour

faire progresser ses jeunes espoirs. Le club rhodanien

offre de plus une prime à la signature de 150 000€ à la

famille Ben Arfa. De quoi convaincre l’entourage du jeune

milieu. De quoi mettre une pression supplémentaire sur les

épaules d’un jeune qui représente alors une manne

financière extraordinaire pour sa famille.

Ben Arfa achève donc sa formation à Lyon. Il y côtoie

notamment Karim Benzema et Loic Remy. Les trois talents

rayonnent et sont les emblèmes de la jeunesse

flamboyante de l’OL. Le puissant Loic Remy, qui fait parler

sa vitesse, le numéro 9 technique Benzema qui adule

Ronaldo et le créateur Ben Arfa qui a encore du mal à

lâcher son ballon. Les trois jeunes brillent avec Lyon et

Hatem Ben Arfa est sélectionné avec l’équipe de France

des moins de 16 ans. Karim Benzema le rejoint en

moins de 17 ans dès 2004. La génération 1987 rayonne

et Ben Arfa en est l’un des fers de lance. Sa technique

fait rage et sa vivacité apporte encore plus de folie à

son jeu. Menée par Benzema, Ménez, Nasri et Ben

Arfa, la France remporte l’Euro en battant l’Espagne

en finale. Au cours de la compétition, le Lyonnais a

marqué trois buts. Le talent commence à éclore. Mais

une étape reste en franchir. Il lui reste à faire ses

premiers pas en professionnel. C’est Paul Le Guen,

alors entraîneur de l’OL qui va lui offrir cette chance au

cours de la saison 2004-2005.

Le jeune impatient

Lyon débute sa saison à Nice. Triples champions de

Ligue 1 en titre, les hommes de Paul Le Guen espèrent

bien conserver le titre, tout en optant pour un jeu plus

offensif. Pierre-Alain Frau est ainsi arrivé en

provenance de Sochaux pour soutenir Giovane

Elber dans le 4-3-3 aligné par Le Guen. Ce dernier

compte également sur les jeunes pousses du centre de

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GRAND THÈME

HATEM BEN ARFA

Page 11: FOOT+ n°54 août septembre 2015

formation et fait appel dès la première journée à Truchet, Bergougnoux,

Balmont et Ben Arfa. Ce dernier rentre alors à la 68ème minute d’un match

serré où Lyon est tenu en échec par l’OGC Nice. Les coéquipiers de

Juninho ont le ballon mais butent sur le 4-4-2 niçois bien en place. Sur

la gauche, à la place d’un Frau discret, Ben Arfa apporte son dynamisme

et vient bousculer Cédric Varrault. Lyon fait finalement la différence à la

84ème minute grâce à Goviane Elber. Des débuts difficiles pour Lyon

mais des premiers pas encourageants pour Ben Arfa qui marquera des

points tout au long de l’année dans les esprits de Paul Le Guen, jouant

14 matches cette saison-là dont quatre de Ligue des Champions et

inscrivant son premier but en Coupe de la Ligue contre Lille au cours du

mois de novembre.

Mais l’OL ne fait pas de Ben Arfa sa star. L’équipe est championne de

France pour la quatrième fois consécutive et Essien, Malouda, Juninho

ou Diarra sont les vraies stars du club. Ben Arfa n’est qu’un espoir qui

doit attendre pour avoir sa place de titulaire. Celui-ci perd d’ailleurs avec

ses jeunes coéquipiers la finale de la Coupe Gambardella face à

Toulouse sur le lourd score de 6 à 2. Un premier échec dans la jeune

carrière de Ben Arfa. Lui qui n’avait connu que la victoire jusque-là doit

faire face à la défaite et à la critique. Le jeune lyonnais n’est pas encore

arrivé au bout de son chemin. Le talent est là, mais n’est pas encore

arrivé à maturité. Ben Arfa doit apprendre la rigueur et accepter la

critique. La pression de son entourage, des médias est déjà forte mais il

ne faut pas s’enflammer. C’est ce qui est le plus dur pour le jeune Hatem,

et Gérard Houllier, le nouvel entraîneur de Lyon lui fait comprendre que

son comportement n’est pas le bon. Si Le Guen protégeait jusque-là sa

jeune pépite, Houllier ne lui fait pas de cadeau. Lyon a suffisamment de

talents pour se passer du profil d’un Ben Arfa impatient et trop

caractériel. Le Lyonnais est prévenu. S’il veut jouer, il va devoir faire

profil bas.

Freiné dans son élan par sa personnalité

C’est qu’Hatem a des revendications. Il a surtout besoin de tout savoir

pour être rassuré. Son honnêteté lui joue des tours. Quand il a quelque

chose sur le cœur, il le dit. Il veut jouer, le fait savoir et face aux fortes

personnalités que sont Houllier et Aulas, ça ne passe pas toujours.

Pourtant, pour le Trophée des Champions face au Auxerre, Ben Arfa est

aligné aux côtés de Frau, Govou et Carrew. Après un penalty obtenu par

ce dernier, Ben Arfa ouvre le score à la 1ere minute de jeu. La saison

débute idéalement pour Ben Arfa qui profite des changements dans

l’effectif lyonnais pour jouer. La suite sera plus compliquée pour le jeune

talent. Les tensions avec Houllier sont exacerbées et Ben Arfa

s’impatiente. Celui-ci ne joue finalement que 16 matches toutes

compétitions confondues et n’a qu’un rôle minime dans le cinquième titre

de champion de France. Govou, Fred et Carew ont brillé devant et n’ont

laissé que peu de place à la concurrence. Ben Arfa n’aura marqué qu’en

Coupe de France contre Grenoble. Pas assez pour son talent.

La saison suivante n’est pas plus enthousiasmante. Si Ben Arfa prouve

toutes ses qualités et démontre tout son potentiel, la rigueur d’Houllier,

essentielle pour le faire grandir et murir, freine sa progression. Houllier

ne veut pas que sa pépite s’enflamme et le protège en le faisant jouer

par à-coup. Mais Ben Arfa ne comprend pas la situation et ressent le

besoin de jouer, surtout quand il voit Benzema s’imposer au sein de

l’attaque lyonnaise et être déjà appelé en Équipe de France. Étincelant

sur le côté gauche, Malouda éteint toute forme de concurrence et Ben

Arfa doit se contenter de 17 matches toutes compétitions confondues et

d’un but en Ligue 1 cette saison-là. Lyon est encore champion de France

mais doit faire face aux départs de Malouda, Thiago, Abidal et Houllier.

Un nouveau cycle s’ouvre. Alain Perrin, arrive avec l’ambition de faire

progresser Lyon en Ligue des Champions tout en dominant la Ligue 1.

Dans ce contexte, Ben Arfa et Benzema sont vus comme les nouveaux

leaders d’attaque, encadrés par Fred, Govou et Juninho. Le club

lyonnais a d’ailleurs prolongé Ben Arfa jusqu’en 2010. Le moment est

venu. Lui qui attendait tant une place de titulaire va devoir assumer son

nouveau statut, peut-être le plus dur pour le jeune milieu.

Le temps de l’instabilité

Avec Alain Perrin, Hatem Ben Arfa retrouve un entraîneur plus proche

de Paul Le Guen, qui lui accorde sa confiance et qui fait de lui le

dynamiteur de son équipe. Après un début de saison compliqué, Lyon

redevient la machine à gagner des précédentes saisons en championnat

à partir du mois de septembre. Ben Arfa profite du festival offensif

lyonnais à Metz pour marquer son premier but de la saison avant de

réaliser son premier doublé de sa carrière en Ligue 1 contre le PSG au

Parc des Princes. Ben Arfa commence à convaincre. À l’aise avec le

ballon, son duo avec Benzema fait rage. Aligné dans le couloir gauche

mais avec liberté de repiquer dans l’axe, le jeune lyonnais fait parler sa

technique en Ligue 1 et devient l’une des attractions du championnat.

Ce bon début de saison incite alors Raymond Domenech à l’appeler en

Equipe de France en octobre 2007. Contre les Îles Féroé, pour sa

première sélection, le Lyonnais marque son premier but avec les Bleus

et continue de séduire observateurs et supporters. L’ascension est

fulgurante. Le 7 novembre, Ben Arfa marque ses deux premiers buts en

Ligue des Champions à l’occasion de la victoire lyonnaise 4-2 contre

Stuttgart. Celui qui réclamait une place de titulaire répond aux attentes.

La machine médiatique commence à s’emballer. Peut-être trop. Ben

Arfa devient le nouveau Zidane. Et forcément, les conséquences sont

désastreuses. La seconde partie de saison est plus compliquée. Ben

Arfa porte beaucoup trop le ballon, ralenti le jeu de son équipe et s’éteint

petit à petit. Perrin opte pour une formule plus directe avec Fred qui joue

à gauche, à la place de Ben Arfa. Celui-ci ne joue plus que quelques

bouts de matches et devient un joker de luxe. Si Lyon réalise le doublé

Coupe-Championnat, la saison laisse un goût amer à Hatem Ben Arfa.

Le trophée de meilleur espoir de Ligue 1 n’y fait rien, le Lyonnais perd

patience. Présélectionné par Raymond Domenech pour l’Euro 2008,

Ben Arfa n’est finalement pas retenu. Le milieu décide alors de quitter

Lyon pour obtenir une place de titulaire dans un club compétitif pour

intégrer durablement l’Équipe de France. Pape Diouf, alors président de

l’Olympique de Marseille propose de l’accueillir. Quelques semaines

auparavant, Ben Arfa avait séduit lors de son entrée avec l’OL face aux

phocéens. Les deux clubs trouvent finalement un accord pour le transfert

du milieu de terrain. Mais quelques jours plus tard, Jean-Michel Aulas

demande à Ben Arfa de retourner à Lyon, certains éléments pour

conclure le transfert manquant au dossier. Le futur ex lyonnais fait alors

la forte tête. Celui-ci décide de rester à Marseille et de s’entraîner à la

Commanderie contre la demande de son président. Finalement, ce

dernier cède face au caractère de Ben Arfa et l’OL trouve un accord avec

l’OM. Ben Arfa découvre ainsi une nouvelle atmosphère, dans un club

bien plus excessif que l’OL. La pression est encore plus importante pour

le milieu qui n’a plus le droit à l’erreur après des débuts globalement

moyens à Lyon.

©Pascal Pochard-Casabianca/AFP

©G. Varela/20 minutes

GRAND THÈME

HATEM BEN ARFA

Page 12: FOOT+ n°54 août septembre 2015

L'OM lui fait confiance… au début

Avec la passion et l’affection des supporters phocéens, Ben Arfa se sent

bien. Il se sent surtout enfin aimé. Tout le monde à Marseille a envie de

croire en l’éclosion du talent français. Gerets, toujours très proche de

ses joueurs, le prend tout de suite sous son aile. L’entraîneur belge lui

confie les clés du jeu, en le repositionnant en meneur de jeu dans son

4-2-3-1. L’équipe marseillaise séduit par son jeu et réalise un gros début

de saison. Ben Arfa se met au diapason de ses coéquipiers et convainc

les supporters dès ses premières rencontres. En numéro 10, sa vivacité,

ses changements de rythme et sa technique font merveille. Avec la

rapidité de Koné à droite, la patte de Zenden à gauche et le sens du but

de Niang devant, le quatuor marseillais séduit. Mais la situation se

complique. Marseille perd ses trois premiers matches de Ligue des

Champions contre Liverpool, l’Atletico Madrid et le PSV Eindhoven et

laisse filer de précieux points dans la course au titre. Ben Arfa retombe

lui-aussi dans le rang et a du mal à répondre présent dans les gros

matches.

Encore invaincu en championnat, Marseille reçoit le PSG et s’incline 4

buts à 2. Ben Arfa est remplaçant, une situation qu’il n’apprécie pas. Au

moment où Erik Gerets lui demande de rentrer, l’ancien lyonnais refuse.

La situation choque beaucoup à Marseille. Une discussion houleuse

s’ensuit entre le joueur et l’encadrement du club. La sanction tombe.

Gerets revoit sa formule et Ben Arfa perd petit à petit la confiance de

son entraîneur. Trop irrégulier, Ben Arfa est laissé de côté, au profil d’un

Valbuena plus constant tandis que Koné, Ziani et Zenden se relaient

dans les couloirs. Mais c’est en seconde partie de saison que l’ancien

Lyonnais perd définitivement sa place. Brandao, arrivée en provenance

de Donetsk, s’impose à la pointe de l’attaque. L’OM évolue alors tantôt

en 4-4-2 en losange, tantôt en 4-2-3-1 avec Niang sur la gauche.

Marseille relance sa saison et se dispute le titre avec Bordeaux. En

Europe, relégué en Europa League, les Phocéens affrontent Twente.

Après une défaite à domicile lors du match aller, les hommes de Gerets

sont obligés d’aller gagner à l’extérieur. Ben Arfa remet les compteurs à

zéro d’un coup-franc puissant qui heurte les deux poteaux avant de

rentrer dans le but. Marseille se qualifie ensuite lors de la séance de tirs

au but et Ben Arfa retrouve l’affection des supporters. Mais l’ancien

Lyonnais ne récupère pas sa place en Ligue 1, l’équipe enchaînant les

matches sans défaite. En Europe, les Phocéens éliminent l’Ajax avant

d’affronter le Chakhtior Donetsk en quart de finale. Mais Marseille est

largement en-dessous tactiquement et techniquement. L’OM se fait

éliminer après une défaite 2-0 en Ukraine et 2-1 au Vélodrome. Ben Arfa

marque le seul but des hommes de Gerets. Dernier coup d’éclat d’une

saison finalement décevante. Marseille termine deuxième du

championnat derrière Bordeaux et Ben Arfa a une nouvelle fois perdu

sa place de titulaire, comme avec Lyon une année plus tôt. Alors que

Gerets est remplacé par Deschamps, l’homme qui avait fait de son

arrivée une priorité quitte le club, Pape Diouf cédant ses fonctions de

président à Jean-Claude Dassier.

Son caractère l'empêche de rester titulaire

Moins dans l’affecte que Gerets, Deschamps arrive à l’OM et renforce

l’équipe avec des joueurs d’expérience. Diawara, Heinze, Cissé,

Morientes et Lucho Gonzalez intègrent l’équipe. L’OM passe d’un 4-2-

3-1 modulable en 4-4-2 à un 4-3-3 plus classique et stable. Marseille

gagne en assise au milieu. La responsabilité du jeu est confiée à

Gonzalez, Cheyrou et Abriel. Ben Arfa est utilisé en tant qu’ailier droit,

avec la possibilité de rentrer dans l’axe pour revenir sur son pied gauche

et faire parler sa technique en un contre un. Ben Arfa reste un

remplaçant de luxe dans l’esprit de Deschamps qui aligne plus souvent

Koné ou Valbuena sur la droite. Après une première partie de saison

difficile, l’OM et Ben Arfa trouvent enfin leur rythme. L’ancien Lyonnais

devient un titulaire en puissance et apporte sa folie à un système

marseillais axé sur l’impact et la verticalité. Ben Arfa ouvre le score au

Parc des Princes lors de la victoire 3-0 de l’OM face au PSG et est élu

meilleur joueur du mois de février. Encore relégué en Europa League

après avoir raté à Milan et contre le Real la qualification pour les

huitièmes de finale de la Ligue des Champions, Marseille affronte le FC

Copenhague. Ben Arfa brille en marquant deux buts lors des deux

matches et participe grandement à la qualification de l’OM. En huitième

de finale, l’ancien lyonnais récidive en marquant à Benfica le premier but

de la tête de sa carrière. L’OM se fait finalement éliminer au match retour

au Stade Vélodrome, et Ben Arfa qui s’est fait expulser 20 secondes

après son entrée en jeu perd définitivement sa place de titulaire au profit

de Mathieu Valbuena. Marseille enchaîne les victoires sans lui et se

retrouve en tête du championnat. La dynamique phocéenne n’incite pas

Deschamps à changer sa formule. Le trio Brandao-Niang-Valbuena

combine vitesse et impact tandis que Lucho est étincelant au milieu,

avec la protection d’Edouard Cissé et Charles Kaboré. Ben Arfa marque

contre Sochaux en rattrapage de la 14ème journée de Ligue 1 mais ne

convainc pas Deschamps de le relancer. Ce dernier continue de le voir

comme un joker de luxe. Marseille est finalement sacré champion de

France et une nouvelle fois, Ben Arfa n’a brillé que par intermittence.

Pas assez pour que Raymond Domenech le convoque pour disputer la

Coupe du Monde 2010.

©Lionel Cironeau/AP/SIPA

©Tous Droits Réservés

GRAND THÈME

HATEM BEN ARFA

Page 13: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Une nouvelle fois, Ben Arfa n’a pas répondu aux

attentes, et au moment d’entamer sa troisième saison

avec l’Olympique de Marseille, Didier Deschamps lui

signifie qu’il n’a plus confiance en lui. Dès le premier

stage de préparation, l’entraîneur phocéen clarifie la

situation. L’OM ne compte plus sur Hatem Ben Arfa.

Trop irrégulier pour un club aussi exigent, l’ancien

Lyonnais doit trouver une porte de sortie. Marseille lui

propose alors un prêt à Newcastle. Ambitieux, le club

anglais veut faire du Français sa star. L’idée séduit Ben

Arfa qui accepte l’offre. Mais avant de partir, l’ancien

Lyonnais doit jouer le Trophée des Champions contre

Paris et le premier match de Ligue 1 contre Caen.

L’international français accepte la situation,

offrant même une passe décisive à

Mamadou Samassa contre Caen et

remportant le Trophée des Champions

face à Paris. Quelques jours après,

appelé par Laurent Blanc dans une

sélection composée essentiellement

de joueurs qui n’ont pas participé à

une Coupe du Monde

catastrophique en Afrique du Sud,

Ben Arfa se fait remarquer en

inscrivant un magnifique but

d’une frappe puissante des

25 mètres face à la

Norvège. Le Marseillais

retrouve la confiance

grâce à sa bonne

performance

et attend avec

impatience

son départ

pour Newcastle.

Mais à son retour

à Marseille, Deschamps lui

annonce que son transfert est reporté.

Marseille a perdu Niang et ne peut se

permettre de perdre un joueur à vocation

offensive de plus. Ben Arfa fait le forcing

pour partir et la direction cède. L’histoire

est désormais terminée. Ben Arfa

s’envole pour Newcastle, sans

réellement avoir convaincu les

supporters. L’histoire n’aura pas été si

belle que les premiers pas de Ben Arfa

le prédisaient. Auréolé d’un titre de

champion de France, il n’aura brillé

que par à-coup.

Une deuxième saison

à Newcastle concluante

Le départ de Ben Arfa à

Newcastle ressemble déjà

au transfert de la dernière

chance. Se relancer dans

un club ambitieux mais qui

ne fait pas partie des gros

de Premier League,

retomber un peu dans

l’anonymat pour

respirer un peu plus

et oublier la

pression mis par

les médias et les

supporters en France tout en espérant pouvoir

convaincre en Angleterre et signer dans un club plus compétitif, voilà

l’idée. Ben Arfa n’en peut plus d’un pays impatient qui ne l’aime pas. En

Angleterre, il ne sera pas la star. Personne ne le connait. Ben Arfa

entend se mettre un peu dans l’ombre pour retrouver la lumière et

enfin confirmer son immense talent. L’idée semble être la bonne. À

Newcastle, Ben Arfa semble retrouver un peu d’humilité et de

confiance. Dès son premier match, il marque un but face à

Everton. De quoi déjà convaincre pas mal de monde. Le début de

saison de Ben Arfa est probant. Son intégration et son adaptation

au football anglais se font rapidement. À droite du 4-4-2 de

Newcastle, le désormais ancien Marseillais semble

s’épanouir. Mais son ascension est freinée par

une grave blessure contre Manchester City.

Victime d’un tacle violent de Nigel De

Jong, Ben Arfa subit une double

fracture tibia-péroné de la jambe

gauche. Après quatre matches

réussis, le Français ne rejouera

plus. Newcastle lève

cependant l’option d’achat

de 6 millions d’euro. De

quoi rassurer Hatem

Ben Arfa.

Lui qui a tant

besoin de

confiance se sent

aimé par son

nouveau club, et

veut se montrer

digne de cette

affection, tout cela à

un an de l’Euro. Pour

cette nouvelle

saison, Alan

Pardew remplace

Chris Hughton et

Newcastle recrute

Yohan Cabaye et

Gabriel Obertan. Dans le plus

français des clubs anglais, Ben Arfa se

sent bien. Toutes les conditions sont

réunies pour que son retour soit probant. Et

même si sa préparation est marquée par une

nouvelle blessure, il débute finalement la saison

dès mi-septembre. Newcastle réalise un parcours

remarquable. Après 10 journées, les Magpies sont

invaincus et pointent à la troisième place du championnat.

La colonne vertébrale est solide et toutes les individualités

s’épanouissent. Ben Arfa brille dans une équipe qui tourne

bien. En complément de Demba Ba dans le 4-2-3-1 de Pardew,

le Français réalise une saison convaincante. Ben Arfa lâche

plus rapidement son ballon et assimile parfaitement bien la

rigueur du football anglais. Celui-ci travaille son jeu de passe.

C’est là où il doit progresser. Ben Arfa doit apprendre à aérer son

jeu, à l’épurer pour mieux briller. Sa position de meneur lui impose de

savoir donner de meilleurs ballons. Dans une équipe de Newcastle qui

fait la part belle au contre, savoir lâcher son ballon est essentiel. Ben

Arfa fait évoluer son jeu mais garde son instinct et sa technique. Comme

ce soir de janvier 2012 où il marque l’un de ses plus beaux buts face à

Blackburn en Coupe d’Angleterre. Ben Arfa ne semble jamais avoir été

aussi constant et performant. Newcastle termine cinquième et Ben

Arfa a réalisé une saison complète, ponctuée par six buts

marqués et sept passes décisives réalisées en 30 matches.

©G

ett

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HATEM BEN ARFA

Page 14: FOOT+ n°54 août septembre 2015

La rechute en équipe de France

Le Ben Arfa brillant de Premier League séduit Laurent Blanc. Ce dernier

le sélectionne alors pour l’Euro 2012. Le pari tenté par Ben Arfa a payé.

Mais tout ne se passe pas comme prévu. Sur le terrain, Ben Arfa entre

contre l’Angleterre en fin de match et dispute la rencontre contre la

Suède en tant que titulaire. Après une heure de jeu, Laurent Blanc le

remplace. Le Magpie réagit mal et se heurte à son sélectionneur. Celui

qui semblait s’être assagi en Angleterre retombe dans ses travers dès

son retour dans le contexte franco-français. Comme si le football

français ne savait pas gérer son talent. Comme si nos entraîneurs et nos

formateurs n’avaient jamais su gommer les défauts d’un Ben Arfa

caractériel par la diplomatie et la parole. Comme si la France n’avait

jamais su aimer l’ancien Lyonnais. L’Euro des Bleus se termine sur

l’élimination de la France contre l’Espagne en quart de finale tandis que

la commission de discipline de la FFF adresse à Ben Arfa un rappel à

l’ordre. Mais ce dernier ne retrouvera plus jamais l’Equipe de France. La

chronique d’un talent gâché par l’emballement et la pression médiatique.

Ben Arfa retrouve alors Newcastle pour sa troisième saison, en ayant

pratiquement divorcé de l’Équipe de France et du football français. La

situation se complique cependant à Newcastle. Ben Arfa n’est

désormais plus un espoir. Celui-ci doit assumer un nouveau statut de

leader dans une équipe qui doit confirmer un exercice 2011-2012 réussi.

Pour le match d’ouverture, Hatem Ben Arfa donne les trois points à

Newcastle contre Tottenham sur penalty avant de marquer deux

semaines plus tard d’une superbe frappe le but de l’égalisation face à

Aston Villa. Mais Ben Arfa a du mal. Alors que Cabaye s’impose comme

le patron, l’ancien Marseillais subit de plus en plus de blessures qui

l’empêchent de s’assumer en tant que leader technique. D’espoir

irrégulier mais talentueux à joueur expérimenté mais miné par les

blessures, Ben Arfa n’arrive pas à s’installer durablement dans son

équipe. Chronique d’un talent gâché. À chaque fois qu’il joue, Ben Arfa

est performant. Le souci, c’est qu’il joue trop peu. Newcastle vit une

saison très difficile et termine 16ème. L’absence de Ben Arfa qui n’a joué

que 22 matches n’y est certainement pas pour rien.

2013-2015, le trou noir

C’est maintenant qu'il doit s’affirmer. Celui-ci doit montrer sa force de

caractère pour relancer une carrière qui s’est embourbée en un an.

L’insouciance de la jeunesse passée, Ben Arfa doit faire face à la dureté

du football professionnel. Il n’est plus la star de Newcastle. En un an,

tout le monde l’a un peu oublié. Le moment est venu de s’imposer à

nouveau et de prouver durablement. Le début de la saison 2013-2014

fait croire en un retour probant de Ben Arfa. Celui-ci marque un but

contre Fulham et réalise une passe décisive et un but contre Aston Villa.

Mais la relation avec Pardew se radicalise. L’équipe ne tourne pas rond

et Ben Arfa ne se sent plus à l’aise. L’ancien Lyonnais marque son

dernier but avec Newcastle contre Crystal Palace alors que la fin de

l’histoire semble avoir sonnée. Quand l’entraîneur de Newcastle

demande à ses joueurs d’exprimer ce qu’ils ont sur le cœur, Ben Arfa

est le seul à prendre la parole. Pardew le prend mal et laisse son milieu

de côté. Newcastle, dixième à la fin de la saison ne semble plus compter

sur un Ben Arfa qui a pris beaucoup de poids. Pardew l’envoie en

réserve et lui demande de se trouver un club. Mais hors de forme,

l’international français n’attise pas les convoitises. Pour la première fois

de sa carrière, Ben Arfa ne séduit personne. Aucun entraîneur ne veut

le relancer. Même lui semble lassé mentalement. Comme s’il n’avait plus

envie de se battre. Persona non grata en France et indésirable en

Angleterre, la carrière de Ben Arfa est au point mort.

La lumière vient finalement de Hull City qui souhaite faire venir le natif

de Clamart en prêt. Le club est ambitieux et Steve Bruce veut confier les

clés du jeu à l’ancien lyonnais. Ben Arfa est donc prêté à Hull.

Contrairement à Pardew, son nouvel entraîneur lui fait confiance. Mais

comme en écho à ses passages à Lyon, Marseille et Newcastle, Ben

Arfa va déchanter. En déplacement à Manchester United, Hull City prend

l’eau. Le Français est remplacé à la 35ème minute de jeu. Les carottes

sont cuites pour Ben Arfa. Bruce a besoin d’un bouc émissaire pour

justifier les mauvais résultats. Ce sera Ben Arfa. L’entraîneur d’Hull City

opte alors pour un jeu plus direct et aérien qui ne lui convient. Cette

aventure sonne le glas de son histoire anglaise. Ben Arfa quitte Hull City

et retourne à Newcastle où Pardew ne veut pas de lui. Mais HBA ne perd

pas espoir : "pour jouer au foot, j’irais même au Pôle Nord". Ben Arfa

retrouve la faim de jouer. Au lieu de se lamenter sur son sort et de

s’effondrer, l’ancien international français décide de se relever. Cette

©Tous Droits Réservés

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HATEM BEN ARFA

Page 15: FOOT+ n°54 août septembre 2015

aventure l’a fait grandir. En six mois, il a plus muri qu’en l’espace de

10 ans. En France, Claude Puel veut lui tendre la main. L’OGCN veut

relancer l’espoir déchu. Même en surpoids. Malgré son caractère.

Malgré ses échecs. Ben Arfa est prêt à revenir en France. Mais celui-

ci doit attendre. Ayant joué avec la réserve de Newcastle en début

de saison, l’ancien lyonnais en est déjà à deux clubs au cours de cet

exercice 2014-2015. Les règles officielles stipulent qu’aucun joueur

ne peut porter le maillot de trois clubs différents en une saison. La

FFF puis la FIFA n’homologuent pas son contrat. Ben Arfa doit

attendre. Il ne jouera pas à Nice dès le mois de janvier.

Nice lui donne sa chance

Le coup est rude, mais Ben Arfa prend son mal en patience. Le gamin

d’Île de France a grandi et sait ce qu’il veut. Nice est l’occasion rêvée

pour lui de se relancer. S’il faut patienter six mois, eh bien il

patientera. Finalement, Ben Arfa signe à Nice dès le début du

mercato estival. Il entend bien enfin se poser. Son retour en France

se fait dans l’ombre. Il n’est plus la star du football français. Tant

mieux. Il peut revenir tranquillement, sans se mettre la pression. Si

ses gestes sont observés et attendus, la pression médiatique est

moins éprouvante. De l’ombre rejaillira peut-être la lumière. En

entendant, Ben Arfa entend surtout retrouver le plaisir de jouer, sans

se poser de question. Serein pour la première fois de sa carrière,

l’ancien pensionnaire de l’INF Clairefontaine vit sans se mettre la

pression. Revenir en Ligue 1, retrouver des terrains familiers, prendre

une revanche sur un football qui n’a pas su l’aimer mais sans

s’enflammer. Juste jouer. Juste se rappeler au plaisir de toucher le

cuire. Pratiquer le football, comme le gamin qu’il était. Comme le

jeune de Clamart qui a fait du football sa passion. Faire parler son

talent sans penser à l’équipe de France. Juste se battre pour Nice

sans se projeter.

Et puis peut-être montrer les erreurs à ne pas faire au moment où la

France du foot s’emballe pour Nabil Fekir autant qu’elle s’était

emballée pour lui. De plus grand espoir du football français à grosse

déception des années 2000-2010, le parcours de Ben Arfa témoigne

d’un pays qui ne sait pas protéger et gérer ses plus grands talents.

Entre pression médiatique, attentes familiales et exigences sportives,

Hatem Ben Arfa s’est quelque peu perdu, oubliant son football et le

plaisir de jouer. Sa carrière laisse également la trace du Lyon

flamboyant, qui a écrasé la Ligue 1 mais qui n’a pas su remplacer

Malouda, Abidal, Essien ou Diarra et d’un Marseille vainqueur mais

qui n’a pas réussi à gérer la période post-titre malgré la présence de

Didier Deschamps. Ben Arfa incarne surtout cette génération 1987

qui n’a pas su prouver tous les espoirs placés en elle et qui n’a jamais

réussi à s’imposer en Équipe de France. Testament d’un football

français qui s’est quelque peu perdu depuis des années, Ben Arfa

nous livre aujourd’hui une vérité singulière, la France ne sait pas

aimer ses talents et garde la fâcheuse tendance de brûler les ailes

de ses plus grands espoirs.

Portrait réalisé par Gaël Simon (@GaelSimon1)

©Pascal Pochard-Casabianca/AFP

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HATEM BEN ARFA

Page 16: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Un Savoyard à Mestella Notre rédacteur Alexandre Muffon est allé voir la rencontre de Ligue des

Champions Valence-Monaco. Lui le Haut-Savoyard supporter de l'Évian-Thonon-

Gaillard est passé de la marmotte à la chauve-souris, de la tartiflette à la paëlla, de

la purge à la Ligue des Champions. Récit à la première personne (presque) neutre.

Stade Mestella, Valence (Espagne), de notre envoyé spécial – Parti

bronzer en Espagne durant une quinzaine de jours cet été aux frais de

FOOT+ qui souhaitait récompenser ma fidélité et mon sérieux, je me suis

senti obligé d’écrire un article à mon retour pour ne pas culpabiliser. Si

mes quelques jours du côté de Barcelone n’ont pas été des plus

inspirants, ma semaine du côté de Valence s’est avérée beaucoup plus

intéressante. Grand hasard du calendrier, Valence recevait le match aller

des barrages de Ligue des Champions et accueillait l’AS Monaco au

Mestalla le mercredi 19 août. Découvrez l’immersion d’un haut-savoyard

en terre valencienne pour un match haut en couleurs.

Dimanche 16 août, trois jours avant le match. Le temps est trop mitigé

pour aller à la plage, je décide donc d’aller prendre mes marques et faire

du repérage aux abords du stade. Depuis l’autoroute qui débouche en

plein dans la ville, il est immanquable. Une énorme enceinte noire

semblable à une forteresse. Son aspect est déjà atypique. Tout comme

les couleurs dominantes : l’orange et le noir. Je ne suis pas un expert de

la mode, mais le rendu et le mariage des deux est fort appréciable.

Poussé par mon instinct journalistique (qui ne rêvait en réalité que d’une

bonne cerveza en terrasse d’un bar), je vais faire un tour du côté de la

billetterie pour tenter d’acheter une place, mais celle-ci s’avère fermée.

Le Mestalla Forever Tour en revanche est ouvert. Je me laisse donc

embarquer pour une visite d’une heure dans l’antre des Naranjas. Le prix

s’avère plutôt raisonnable : 10€ pour un adulte. Et à ce prix, je pense

même hériter de la plus jolie des guides (nous l’appellerons Carolina pour

la suite de cet article) qui nous sort un speech rodé en anglais et en

espagnol sur l’histoire du stade. Une femme qui aime le foot mérite tout

notre respect et marque d’ailleurs beaucoup de points (contrairement à

Montpellier et au Gazélec en ce début de saison).

Le Mestalla s’avère donc être l’un des plus vieux stades d’Espagne. Doté

de 55 000 places, il est également l’un des stades les plus raides,

puisque les virages montent abruptement derrière les buts, sans

s’éloigner de la pelouse. Ce qui pousse les spectateurs les plus hauts

perchés à se pencher vers l’avant s’ils veulent voir la surface de

réparation qui est juste sous leurs pieds. Lorsque Carolina vient papoter

©Alexandre Muffon/FOOT+

AU CŒUR DE…

VALENCE CF-AS MONACO 3-1 (BARRAGES DE LIGUE DES CHAMPIONS)

Page 17: FOOT+ n°54 août septembre 2015

avec moi pour me demander quel club je supporte, je sens toute sa

perplexité à tenter de comprendre ce qu’est l’institution Évian Thonon

Gaillard. Je me contenterai au final de lui résumer qu’il s’agit d’un club

de seconde division française, attristé par son manque d’intérêt envers

Cedric Barbosa et consorts. Le Tour commence donc par la tribune

présidentielle avec une vue imprenable sur le stade. L’atmosphère et le

rendu me font vraiment forte impression. C’est peut-être aussi parce que

je suis habitué au Parc des Sports d’Annecy.

Il est vrai que la vitrine des trophées qui s’ensuit est quelque peu

anecdotique, comparée à celle du Camp Nou par exemple (avec

notamment 6 championnats, 7 coupes nationales et 1 coupe de l’UEFA).

La visite est agrémentée de quelques films qui ventent les valeurs

défendues par Valence (le fair-play, le respect et tout le blabla que l’on

retrouve chez tous les clubs pros qui veulent soigner leur image auprès

du grand public). Mais aucun commentaire sur leurs dettes colossales

qu’ils ont accumulées par le passé, ça fait moins les malins quand ça

frise la banqueroute. La visite se poursuit avec l’exposition des différents

maillots au fil du temps : de la camisa, (comprenez chemise), à la

camiseta actuelle, et un « Hall of Fame » où figurent notamment David

Villa et Rafa Benitez, idolâtré pour avoir réalisé en 2004 le triplé

championnat – coupe de l’UEFA – Super-coupe de l’UEFA.

On enchaîne ensuite avec les vestiaires des pros, le tunnel puis le terrain.

A noter la ligne fictive tracée dans le tunnel pour visualiser jusqu’où

l’inondation était montée en 1957. Le tour se termine avec un passage

en salle de conférence de presse et en zone mixte où chacun y va de sa

photo souvenir totalement ringarde et clichée, heureusement, je ne fais

pas parti de ceux-là. La visite s’achève avec un passage par l’infirmerie,

pas de trace d’un Abou Diaby espagnol ni de croisés de rechange pour

la future blessure de Nabil, et par un petit tour dans la chapelle, lieu de

culte récurent dans les stades espagnols. La seule chose qui manque à

cette visite est, à mon sens, un passage en tribune de presse, comme

cela est organisé au Camp Nou. Sinon le bilan est plutôt positif, tout est

bien huilé et l’attraction constitue une bonne occupation pour visiter une

des enceintes les plus historiques de la péninsule ibérique.

Lundi 17 août, avant-veille du match. Les places s’arrachent et le

stade va vraisemblablement être à guichets fermés. Je me rends donc à

la boutique officielle du club pour y acheter mon précieux sésame. Les

tickets restants sont rares, le choix s’avère donc restreint. Je récupère

donc une place en tribune Gol Gran Bajo qui se situe à l’étage supérieur

du virage sud, au-dessus du kop des supporteurs de Valence. Prix de

l’entrée : 15€. 15€ pour un match de Ligue des Champions entre deux

grandes équipes européennes. 15€ c’est également ce que j’ai dû

débourser pour aller voir Nîmes-ETG lors de la première journée de

Ligue 2 au Stade des Costières. Cherchez l’erreur.

Mercredi 19 août, jour J. Comme convenu, le stade affiche complet. Si

se garer à proximité avait été facile quelques jours auparavant, c’est

désormais une toute autre difficulté. Les habitants ne peuvent-ils pas

venir en métro, en vélo ou même à pied, et laisser les touristes se garer

facilement ? Un stationnement à l’arrache à moitié sur un passage piéton

fera amplement l’affaire. Les abords du stade sont bondés, les

indications pour trouver les tribunes sont rares mais mon sens de

l’orientation fait amplement l’affaire. Une femme n’aurait pas pu en dire

autant. Mais heureusement, il n’y en a qu’une à la rédaction. Si acheter

un encas ou une boisson avant le match nécessite d’hypothéquer votre

maison en France, ce n’est pas le cas en Espagne. Les prix sont très

abordables (1€ pour la plupart des boissons par exemple), la crise

économique a du bon finalement, du moins pour les touristes ! Chose

surprenante : aucune fouille pour entrer dans l’enceinte. Les palpations

des stadiers français me manquent un peu mais je tente de refouler le

mal du pays. En tout cas, si les autorités font confiance aux supporteurs,

c’est qu’il y a sûrement de bonnes raisons. Le système de numérotation

des places est également très particulier (pour ne pas dire compliqué)

mais après dix minutes de recherche et quelques interrogations pour me

repérer, je trouve finalement mon siège. Premier bémol, les coquilles de

pipas (ou graines de tournesol) qui jonchent le sol, mais également ma

place. Je repère le gamin de dix ans qui est l’auteur du délit, sachant qu’il

sera sûrement diabétique et chômeur d’ici quelques années, je décide

de laisser passer. Pour une place à 15€, je suis franchement bien loti.

Carolina avait raison, les tribunes sont très raides. À chaque incursion

devant le but, je dois me lever et me pencher par-dessus la rambarde

pour suivre le ballon des yeux. L’ambiance est bonne, agréable et

chaleureuse. On se prend au jeu. Le stade offre une bonne résonnance.

Quelques supporteurs assis à côté de moi préfèrent pourtant écouter le

match à la radio, étrange habitude. Qui penserait écouter Christian Jean-

Pierre alors qu’il est au stade ? Petite anecdote croustillante à ressortir

pour impressionner les amateurs de foot : les joueurs font leur entrée sur

le thème de Pirates des Caraïbes, exactement de la même manière que

l’ETG FC. A quelques détails près. Dix fois plus de supporteurs dans les

tribunes. Pas de marmotte comme mascotte, mais il faut avouer que la

chauve-souris est beaucoup plus classe. Et à la place de Barbosa, Sorlin

et Bruno, voici Negredo, Alcacer et Feghouli. Pascal Dupraz me manque

tout de même, mon cœur se serre alors que mon estomac réclame une

petite fondue au coin du feu. Mais très vite le match commence et fait

taire toute nostalgie. Tout l’intérêt de cet article ne porte pas sur le match

en question mais j’ai très clairement vu un Subasic à la rue, et un festival

de Martial (qui apparemment vaudrait le PIB de l’Espagne aux dernières

nouvelles). Que je vous rassure, le supporteur espagnol ressemble à

n’importe quel supporteur lambda : de mauvaise foi avec un vocabulaire

limité au terme puta qui revient fréquemment à mes oreilles (je vous

laisse le soin de traduire comme des grands). Il s’avère également très

critique, même envers ses propres joueurs et n’hésite pas à les siffler

copieusement, notamment lors des changements.

©Alexandre Muffon/FOOT+

AU CŒUR DE…

VALENCE CF-AS MONACO 3-1 (BARRAGES DE LIGUE DES CHAMPIONS)

Page 18: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Au final, la soirée est belle avec un succès prometteur et une ambiance

très sympathique, quoi que poussive, dans les tribunes. Avec un soutien

de masse pour un match capital, j’ai malgré tout trouvé dommage que

les Naranjas ne viennent pas saluer les 55 000 personnes qui ont su

enflammer cette nuit du 19 août. En bon supporteur français, j’ai bien

tenté de lancer une ola à 1-0, mais personne n’a voulu suivre. De même

que mon "rouge et blanc sont nos couleurs, Savoyard est notre cœur" ne

trouvera pas d’écho auprès des aficionados. En résumé, ce match aura

été une expérience très plaisante. L’infrastructure est très

impressionnante, l’ambiance est bonne et entraînante, le jeu proposé

est plaisant, les prix sont bon marché. Que ce soit pour visiter le stade

ou assister à un match, Valence est une ville qui vaut le détour. Si vous

avez l’occasion d’y passer, un crochet au Mestalla sera toujours une

agréable surprise dont on ne sortira pas déçu ! Depuis ce jour, je joue

fréquemment avec Valence sur FIFA 15, tel un footix qui s’est pris

d’affection pour une équipe qu’il a vu jouer seulement une fois. La beauté

du football. Xe que bò !*

Un brin d’histoire pour se la péter lors d’un apéro dinatoire. Ouvert

en 1923, le Mestalla tient son nom du canal qui passe juste sous

l’enceinte. Il a vécu différentes rénovations et agrandissements

notamment à cause de l’inondation de 1957 ou de la Coupe du Monde

de 1982. Un projet de Nou Mestalla traîne en longueur depuis des

années. En cause, les soucis financiers du club qui empêchent la

finalisation du projet bien que la construction ait déjà commencé. Le

stade d’origine a donc été une nouvelle fois rénové dernièrement pour

faire bonne figure, mais il pourrait un jour prochain, tirer sa révérence.

Le mot à apprendre pour briller en société : Murcielago. "Chauve-

souris", ça n’a aucun intérêt dans la vie de tous les jours, mais si vous

êtes fan de Batman, de Nicolas Batum ou tout bonnement de pipistrelle,

ce mot peut vous servir.

Le conseil gastronomique. Les quartiers aux abords du stade

disposent de nombreux restaurants de tous genres et de tous budgets.

Pour ma part, j’ai eu la flemme et je me suis fait un Burger King à deux

sorties d’autoroute de là.

L'album photo de voyage du Haut-Savoyard Écrire ce que l'on a ressenti c'est bien. Mais l'illustrer par des photos, c'est quand même mieux.

Nicolas Anelka n’est pas le bienvenue dans

ce vestiaire.

Batman n'a qu'à bien se tenir.

À choisir, je préfère les trophées de National et de Ligue 2. Et la Coupe de France que Bordeaux nous a volé.

Chacun sa religion. Perso', je suis Haut-Savoyard.

Photo principale de l'article : J'imagine bien l'ETG ici

en Ligue des Champions. Et vous ?

Photos Alexandre Muffon/FOOT+

AU CŒUR DE…

VALENCE CF-AS MONACO 3-1 (BARRAGES DE LIGUE DES CHAMPIONS)

Page 19: FOOT+ n°54 août septembre 2015

La magie du foot anglais Samedi 5 septembre 2015 : pour le compte de la quatrième journée de Premier

League, Tottenham accueille Everton dans son antre de White Hart Lane. Notre

rédacteur Vincent Moulai vivait là son premier match outre-Manche. Au bord du

terrain, il a pu profiter au mieux de cette ambiance so British. Récit.

L’avant-match bat son plein : les travées du

stade se remplissent, le bleu des sièges de

l’enceinte londonienne se transforme

progressivement en un blanc uniforme prêt à

faire pâlir n’importe lequel des stades de notre

chère Ligue 1. Les joueurs rentrent sur la

pelouse pour le traditionnel échauffement : au

même moment, entre Hugo Lloris et Harry

Kane, se faufile un jeune sud-coréen bien

connu des pelouses allemandes ; Heung-Min

Son, l’attaquant du Bayer Leverkusen, vient de

s’engager chez les hommes de Mauricio

Pocchetino et passe donc ce jour-ci par

l’habituelle présentation au public.

L’accueil est chaleureux, et l’acclamé du jour

n’a plus qu’à tout donner sous son nouveau

maillot pour espérer des statistiques à la

hauteur de cet accueil. Une fois les joueurs

rentrés au vestiaire, les écrans affichent un

historique des affrontements entre Spurs et

Toffees (surnoms respectifs de Tottenham et

Everton). Le début des hostilités approche, et

sous un air de musique digne de Gladiator, les

22 acteurs ainsi que le corps arbitral pénètrent

sur la pelouse. Puis vint le fameux When the

Spurs go marching in, hymne traditionnel des

supporters blanc et noir.

"Come on Hugo" et chambrages en règle

Passons au match en lui-même : pour résumer

les débats, cela s’est joué à un duel à distance

entre deux portiers de grande classe. Hugo

Lloris et Tim Howard, bouillants ce jour-là, nous

ont offert des arrêts de très grande classe. Au

rythme des Come On Huuugo, notre portier

international a de quoi se laisser pousser des

ailes. Présents au nombre de 3 500, les

visiteurs du Nord de l’Angleterre se sont fait

remarquer par un comportement aussi

chambreur qu’exemplaire : pas un mouvement

de foule intempestif, du bruit comme on l’aime,

et des chants dignes de rivaliser avec les

supporters Spurs hôtes du jour. Mention

spéciale à la mascotte du club, Chirpy, cet

oiseau à taille humaine chaleureux et très

souvent disponible pour quelques clichés avec

les plus (ou moins) jeunes au cours de l’avant-

match.

Le match sur le plan strictement sportif ? Le

score restera nul et vierge, malgré les

nombreux joueurs de qualité sur la pelouse

(Kane, Chadli, Bentaleb coté Spurs… Barkley,

Lukaku ou Mirallas coté Toffees). Un 0-0 qui, au

passage, n’arrangea aucune de ces deux

équipes (au début de saison poussif) dans leur

quête d’Europe. C’est aussi cela le football : si

le pré n’offre parfois qu’un triste match nul d’un

point de vue comptable, il peut également nous

offrir un spectacle autour des 22 acteurs. Ces

quelques 35 000 spectateurs présents en ce

samedi 5 septembre ont répondu présents,

confirmant un peu plus l’idée qu’un stade

anglais peut transformer n’importe laquelle des

rencontres en un moment magique.

©Vincent Moulai/FOOT+

©Vincent Moulai/FOOT+

AU CŒUR DE…

TOTTENHAM-EVERTON 0-0 (PREMIER LEAGUE)

Page 20: FOOT+ n°54 août septembre 2015

ASM, l'incroyable mercato Monaco a enflammé le marché estival des transferts. Entre bons coups et ventes

record, le club du Rocher a beaucoup fait parler de lui en Europe en étant l’un de

protagoniste majeur de ce mercato. Retour sur une intersaison hors du commun.

Depuis deux ans, l’AS Monaco dirigée par

Vadim Vasilyev mène une politique calquée sur

celle du FC Porto. Le club de la Principauté

cherche les stars de demain qu’il recrute à des

prix compétitifs (au vu de leurs marges de

progression) dans le but de les revendre

beaucoup plus cher quelques saisons plus tard

une fois que ces pépites aient montré au

monde entier l’étendue de leur talent. Monaco

a, durant ce mercato, plus que jamais mis en

œuvre cette politique. Ainsi les dirigeants

russes ont sorti le carnet de chèques afin

d’acheter des jeunes pousses telles que

Cavaleiro venant de Benfica pour 15 millions

d’euros, Rony Lopes qui a signé sur le Rocher

pour 10 millions d’euros en provenance de

Manchester City ou Adama Traoré venu du

LOSC contre 14 millions d’euros. L’ASM a su

également réalisé de très jolis coups avec

l’arrivée d’El Shaarawy et de Coentrao sous

forme de prêt. Au total, Monaco a dépensé 81

millions d’euros cet été. Si la liste des arrivées

est encore longue, celle des départs l’est

d’autant plus.

Le modèle Porto

Il faut avoir le cœur bien accroché pour voir les

pharamineuses ventes réalisées par Monaco.

Abdennour est parti à Valence pour 30 millions

d’euros, Kondogbia a rejoint l’Inter avec une

indemnité de transfert s’élevant à hauteur de 40

millions d’euros, Kurzawa a rallié la capitale

devenant ainsi l’arrière gauche le plus cher du

championnat de France (28 millions d’euros).

Ferreira-Carrasco a lui opté pour la capitale

espagnole apportant à son club 20 millions

d’euros. Mais que dire du plus beau coup

jamais réalisé par un club français ? Anthony

Martial a rejoint Manchester United pour 50

millions d’euros plus 30 millions de bonus. Oui,

le calcul est simple à faire mais le résultat ne

laisse personne indifférent. Le jeune attaquant

de 19 ans formé à Lyon, fraîchement

sélectionné en Equipe de France est le joueur

français le plus cher de l’histoire, si toutefois les

conditions des bonus sont respectées. Monaco

a encaissé près de 214 millions d’euros, soit

une plus-value de 133 millions d’euros. Ces

chiffres donnent le tournis. Ils témoignent en

tout cas d’une grande réussite financière de la

part du club du Rocher. "L’opération Porto"

fonctionne à merveille, certainement mieux que

le club du FC Porto lui-même. Il semblerait

qu’en l’espace de deux ans, l’apprenti ait

dépassé le maître.

Au vue du début de saison poussif réalisé par

l’équipe de Jardim, nous pouvons néanmoins

nous demander si cette politique n’a pas ses

limites. Monaco a connu un échec retentissant

lors des barrages de Ligue des Champions

perdus face à Valence et connaît un début de

championnat compliqué. Les achats de jeunes

joueurs ont leurs limites, ce sont des

investissements sur le long terme. Monaco ne

pouvait espérer être compétitif dès l’entame de

la saison. La diaspora estivale a provoqué un

bouleversement de l’équipe qui nécessite un

temps d’adaptation et de rodage. Nous

pouvons reprocher à l’ASM d’avoir privilégier le

plan financier à l’aspect sportif. Réaliser des

profits hors normes, c’est bien, mais derrière, il

faut mettre en place un effectif qui soit capable

de pallier le plus rapidement possible ces

pertes de talents. De ce point de vue-là,

Monaco a de gros progrès à faire. Les

dirigeants doivent continuer à s’inspirer du

« modèle Porto » car celui-ci fonctionne bien et

permet au club portugais de rester compétitif

même s’il perd ses meilleurs éléments chaque

été. On remarque que l’équipe portugaise

conserve toujours la même base collective pour

ne pas tout chambouler. Moins de foot business

et plus de foot tout court donc, voilà ce que

l’ASM devrait faire dorénavant. Car le plus

important après tout, c’est le jeu !

©F. Golesi/L'Équipe

ÉCONOMIE

LE MERCATO ESTIVAL DE L'AS MONACO

Page 21: FOOT+ n°54 août septembre 2015

MU, l'intersaison délirante L’équipe de Louis Van Gaal a surpris toute la planète foot en misant près de 80

millions d’euros sur le jeune Anthony Martial. Un exemple parmi d’autres de choix

surprenants. Analyse.

La saison dernière, le manager hollandais des

Red Devils déclarait : "le problème, c’est que

nous n’avons pas de vrais attaquants,

quelqu’un capable de marquer plus de 20 buts

en une saison". Quelques mois plus tard,

Manchester United se sépare de Robin Van

Persie, partie à Galatasaray et de Radamel

Falcao dont l’option d’achat n’a pas été levée.

Afin de pallier ces deux départs, le club

mancunien débourse 50 millions d’euros (30

millions de bonus à la clé) pour un jeune joueur

de 19 ans qui n’a encore rien prouvé. Si l’on est

un peu rationnel, force est de constater que les

choix de Manchester United manquent

cruellement de cohérence. Les Red Devils ne

disposent dorénavant que de deux attaquants :

Rooney et Martial. La profondeur du banc de

l’effectif laisse à désirer. Van Gaal a même eu

l’idée de reconvertir Fellaini en avant-centre…

délirant ! Sans parler du prêt de Januzaj qui

semblait pourtant capable de réaliser une

saison pleine et représenter une belle option

dans l’animation offensive derrière l’attaquant.

On aurait presque l’impression que Van Gaal

se prive d’un effectif bien fourni.

La défense mancunienne est tout aussi

énigmatique. Si l’achat de l’international italien

Matteo Darmian est une bonne chose pour

renforcer le couloir droit, l’ancien sélectionneur

des Pays Bas a décidé de faire de Blind un

défenseur central qu’il aligne aux côtés de

Chris Smalling. Une défense qu’on pourrait

qualifiée d’expérimentale bien que les Red

Devils vont devoir s’en contenter toute la

saison. Un motif de satisfaction tout de même :

la prolongation de De Gea. Le gardien

espagnol était tout proche de signer au Real

Madrid mais le transfert n’a pas eu lieu pour

cause de non-respect de délai.

Un milieu de terrain bien fourni

L’arrivée de Bastian Schwensteiger est un très

joli coup réalisé par le club mancunien. L’un des

milieux défensifs les plus constants est venu

renforcer l’équipe contre une indemnité minime

(moins de 10 millions d’euros). L’international

allemand est un atout de poids dans une équipe

au projet de jeu difficile à cerner. Celui-ci

devrait être, la plupart du temps, associé à

Morgan Schneiderlin. Le Français arrive de

Southampton et réalise un début de saison très

intéressant. Il semblerait que Van Gaal compte

en faire un joueur inamovible du milieu de

terrain. Derrière, Michael Carrick pourrait

apporter son expérience et jouer quelques

matchs. Herrera, et Fellaini peuvent aussi

assurer ce rôle de sentinelle. Du côté offensif,

Depay doit porter le très lourd numéro 7. Mais

cela n’a pas l’air de mettre une pression

négative sur le milieu offensif hollandais qui

réalise un début de parcours intéressant,

positionné sur le côté gauche. Juan Mata,

aligné sur l’aile droite semble être sur sa lancée

de la saison dernière, avec une animation

offensive très dangereuse pour les défenseurs

adverses.

Le milieu de terrain est donc la seule certitude

de cette équipe. Entre une attaque très peu

fournie avec un Rooney qui stagne depuis

quelques saisons et un Martial pas assez

expérimenté. Et une défense avec un axe

central peu rassurant. Le début de saison plus

que correct des hommes de Van Gaal semble

nous donner tort. Mais la véritable question est :

Manchester United peut-il tenir sur la durée

avec une profondeur de banc si petite ? Sur le

papier, la réponse paraît évidente.

©Getty Images

ÉCONOMIE

LE MERCATO ESTIVAL DE MANCHESTER UNITED

Page 22: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Un match n'est jamais fini En quarts de finale de l'Euro 2008, la Croatie affronte la Turquie. Le score est nul

et vierge après les 90 minutes, place aux prolongations. Celles-ci vont montrer

qu'un match n'est jamais terminé tant que l'arbitre n'a pas sifflé trois fois. Replay.

Ce sont des matchs comme ceux-ci qui font aimer le

football. Ce sont des rencontres comme celles-ci qui

font frissonner, qui font palpiter le cœur, qui font

rêver. De la tristesse à la joie pour les uns, de la

délivrance à la désillusion pour les autres, ce

Turquie-Croatie de l'Euro 2008 n'aura laissé

personne indifférent. On y est obligé de prendre

parti. Car aussi cruel que ce soit, il ne peut y avoir

qu'un vainqueur en football, d'autant plus lors des

rencontres à élimination directe. Mais ce soir de juin

au stade Ernst Happel Stadion de Vienne, c'est le

football qui a gagné. Même plus que ça, c'est

l'espérance, c'est la vie qui a gagné.

La Croatie grande favorite

Replaçons-nous dans le contexte. Juin 2008. L'Euro

est organisé comme en 2000 dans deux pays : les

voisins Suisses et Autrichiens. Quatre stades en

Suisse, autant en Autriche. La Turquie a logiquement

perdu son duel inaugural face au Portugal. Elle n'a

alors plus le droit à l'erreur et doit s'imposer face à la

Suisse puis à la République Tchèque. Face au pays

organisateur et à son public, sur un terrain gorgé

d'eau, les Turcs renversent la vapeur et s'imposent

2-1 après avoir été mené. Tout se joue alors sur le

troisième match de poule. La belle histoire

commence alors. Mené 0-2 à un quart d'heure de la

fi n, les hommes de Fatih Terim donnent tout ce qu'ils

ont et dans un élan d'orgueil qui fera date, vont

arracher leur place en quart de finale en marquant

trois fois et en s'imposant 3-2.

En face, la Croatie a battu 1-0 l'autre pays

organisateur, l'Autriche dans le stade-même où se

joue le quart de finale qui l'opposera ensuite à la

Turquie. La qualification est assurée dès la

deuxième journée avec une vict oire 2-1 face au futur

finaliste allemand. Et cerise sur le gâteau, l'équipe

termine même première du groupe B en s'imposant

1-0 face à la Pologne, qui s'était qualifiée pour cet

Euro en terminant devant le… Portugal. Le monde

est petit. C'est donc deux équipes aux dynamiques

diamétralement opposées qui s'affrontent ce 20 juin

2008 en quart de finale de la compétition. D'un côté

une Croatie qui survole la compétition et qui devient

un outsider sérieux à la victoire finale. De l'autre, une

équipe de Turquie qui a dû réaliser deux exploits

pour se qualifier. Sur le papier, la victoire croate ne

fait aucun doute. D'autant plus que la Turquie joue

sans son gardien titulaire, Volkan Demirel (suspendu

pour un carton rouge face à la République Tchèque)

et son milieu défensif Mehmet Aurélio (suspendu).

Un malheur n'arrivant jamais seul, Emre Güngör

(mollet), Servet Çetin (hanche et genou), Emre

Belözoğlu et Tümer Metin (aines) étaient également

absents car blessés.

La Turquie résiste aux assauts croates

Mais sur le terrain, la Turquie est solidaire et elle

emmène sur un faux rythme la sélection de Slaven

Bilic. Les occasions sont peu nombreuses,

quasiment toutes croates à l'image de la barre

transversale d'Ivica Olic (16ème). Le match est avant

tout tactique. L'enjeu, une place en demi-finale, est

trop important pour se découvrir. À la mi-temps, le

score est nul et vierge. Olic (50ème) puis Kranjcar

tentèrent fébrilement de tromper Rüstu, le gardien

turc, remplaçant de Volkan. Alors que Semih Senturk

entre à la 76ème minute (cela aura une incidence plus

tard), la Croatie se rend compte que ce match ne se

déroule pas comme prévu et accélère. Rakitic

(70ème), Srna (84ème) et Olic (90ème) mettent à

contribution Rüstu. Sans incidence. 0-0 à la fin du

temps réglementaire, prolongations. Un autre match

commence.

La Turquie sait qu'elle n'a maintenant plus rien à

perdre, tout à gagner. Alors, elle décide d'attaquer.

Tuncay Sanli (95ème, 102ème) et Semih Senturk

(100ème) manque la finition. En face, les Croates sont

muets, comme abasourdi par ce qu'il leur arrive.

Après une compétition sans complication, les voici

mis à mal par une équipe qui a eu sa qualification en

quarts d'un rien ! Slaven Bilic décide alors de faire

rentrer Ivan Klasnic (97ème). Le temps avance, on se

dirige vers les tirs aux buts, la tension est à son

maximum dans la capitale autrichienne. 118ème

minute et 45 secondes. Rustü hésite trop longtemps

avant de sortir dans les pieds de Lucas Modric,

excentré sur la droite du but turc. Ce dernier évite la

sortie de but, regarde derrière lui et voit Ivan Klasnic

démarqué. Il le trouve et… c'est le but. 1-0, il reste

une minute 15 dans le temps réglementaire. La

Croatie est quasiment en demi-finale. Quasiment car

un match n'est jamais fini comme l'indique le titre de

cet article.

Le fantastique retournement de situation

Certains joueurs turcs s'effondrent au sol. D'autres

les relèvent. Le match reprend. Il reste quinze

secondes dans le temps réglementaire. Pour faire

durer le plaisir et parce que la Croatie a utilisé une

minute pour fêter son but, le corps arbitral indique

une minute de temps de jeu. Le temps est compté.

Tuncay tente une offensive, elle est repoussée.

Nouvelle offensive, une nouvelle fois repoussée. Les

Croates tentent de gagner du temps en dégageant

au loin pour un contre. Hors-jeu. Il reste quinze

secondes dans la rencontre, l'arbitre ne va pas tarder

à siffler au prochain arrêt de jeu. Dégagement de

Rüstu. S'il se loupe et met le ballon en touche, le

match est terminé. Mais celui-ci est bien dans le

terrain. Remise de la tête pour Semih Senturk. Cinq

secondes. Il faut frapper. Ce sera la dernière

occasion de la rencontre. Il s'exécute. Le ballon

passe entre deux Croates et atterit dans la lucarne

de Stipe Pletikosa, battu. 120 minutes et 59

secondes, le but est accordé. Le stade chavire.

Encore une fois, la Turquie l'a fait ! Le staff turc se

précipite sur la pelouse partager l'euphorie des

joueurs. Le match est terminé, place aux tirs aux

buts.

Côté croate, la désillusion est immense. Mais le

match n'est pas terminé. Enfin si, mais il reste les tirs

aux buts. Se reconcentrer pour vaincre le sort, pour

réaliser le rêve d'un pays. Luka Modric est le premier

à s'élancer. Il doit permettre à son équipe de se

lancer idéalement. Mais il ne l'inscrit pas ! Arda

Turan, Dario Srna et Semih Senturk réussissent leur

tir au but. Puis vient Rakitic qui n'accroche pas le

cadre. Dans la foulée, Hamit Altintop réussit son

penalty. 3-1 pour la Turquie. Un échec croate ou un

tir au but turc réussi qualifient la Turquie. Ce sera

finalement la première solution. Mladen Petric, entré

en cours de jeu, ne réussit pas sa tentative. La

Turquie est en demi-finale ! Comme souvent en

séance de tirs aux buts, c'est le mental et l'élan qui

fait la différence. Ici, le but de Senturk à la 121ème

minute a fait son effet. "C’est là que le football est

extraordinaire, ça peut être monotone et puis d’un

coup ça devient fou" s'exclame sur TF1 Arsène

Wenger. Reste que sept ans après, nous en parlons

encore. Signe que cette rencontre ne fut pas si

anecdotique que ça.

©Bongarts/Getty Images

REPLAY

TURQUIE-CROATIE 1-1 (t.a.b. 3-1), QUARTS DE FINALE DE L'EURO 2008

Page 23: FOOT+ n°54 août septembre 2015

L'essor des défenses à trois Dans le football actuel, de nombreuses équipes optent pour cette défense à

trois. Tantôt éphémère, tantôt habituelle, elle permet à beaucoup d’équipes de

s’affirmer dans le camp adverse. Quels en sont les cas majeurs ? Quels en sont

les avantages ? Analyse.

Si auparavant c’était en Amérique du Sud que

les défenses à trois étaient globalement les

plus nombreuses, elles sont depuis quelques

temps très présentes dans le football européen.

Le football italien, précurseur dans ce domaine,

a vu dans ce domaine exceller la Juventus, puis

être imité par de grandes écuries mondiales. En

effet, même si en position défensive les

grandes équipes n’ont pas pour habitude

d’utiliser trois défenseurs centraux, c’est en

phase offensive que la donne change. Dans

ces grandes équipes, le milieu défensif au rôle

de sentinelle devient un véritable troisième

défenseur afin de donner aux joueurs de son

équipe une alternative dans la relance. Au Paris

Saint-Germain, au FC Barcelone ou même au

Bayern Munich ce sont ainsi Thiago Motta,

Sergio Busquets ou Xabi Alonso qui occupent

cette fonction. Dans une situation de

possession de balle, ces joueurs reculent au

niveau de leurs défenseurs centraux ou même

dans une position de libéro afin de relancer de

plus bas. Cela permet alors aux latéraux de se

positionner en véritables ailiers et donc une

occupation permanente du terrain adverse. De

multiples possibilités de possession s’offrent à

ces équipes dans une optique de conservation

de balle et de pressing toujours plus haut.

Réinventé par Josep Guardiola pendant son

aventure catalane, ce rôle tenu par ceux qui

sont les milieux de terrain les plus habiles dans

le jeu de passe est devenu capital chez ces

grandes équipes. Ce n’est pas une révolte,

mais une révolution.

Un système modulable

Outre ces changements éphémères et les

translations des sentinelles en défense

centrale, certains entraîneurs osent de

nouveau utiliser cette défense à trois.

Révolution Bielsa ou révélation Sampaoli ? Il se

trouve tout de même que ces deux entraîneurs

ont marqué par leur réussite et par des

systèmes avec trois défenseurs centraux

marqués par une intensité physique et une

recherche du jeu permanente. Chez le

technicien argentin, c’est le 3-3-3-1 qui était

parfois utilisé, système particulier se basant sur

une possession de balle mais aussi et surtout

sur un pressing de tout instant et un marquage

à l’individuelle. Étonnant donc, mais précurseur

ou véritable innovateur en France, où les

techniciens étaient un peu réticents à cette

idée. En France notamment, et en Ligue 1,

deux techniciens ont maintenant cette corde à

leur arc. Si du côté de la cité phocéenne ce

système a été laissé à l’abandon dû à l’arrivée

de l’Espagnol Michel, c’est en Bretagne que le

système a d’abord étonné. Philippe Montanier,

ayant percé grâce à ses ambitions de jeu à San

Sebastian et à Valenciennes jadis, a

maintenant radicalement changé sa

philosophie. Dans un 3-4-3 reconvertible en 5-

4-1, il tisse avec ses joueurs très rapides une

équipe de contre très efficace. Par le biais de

Paul-Georges Ntep, faisant des ravages dans

le championnat, mais également de son autre

flèche dans l’axe Giovanni Sio, il joue bas et

contre le plus rapidement possible son

adversaire. Cadeau empoisonné. Seul

problème pour le moment, le manque de jeu

proposé par le Stade Rennais. Dans un

système qui, de nature, se veut ambitieux, le

manque d’animation offensive fait rage. Tout de

même intéressant, ce système est plus que

novateur en France.

Philippe Montanier, bien critiqué pour ce

système parfois jugé trop défensif et trop peu

ambitieux, a tout de même été suivi par le

technicien Hervé Renard. Après une Coupe

d’Afrique des Nations remportée grâce à une

animation à trois défenseurs centraux, il a

importé ce système de manière ponctuelle en

Ligue 1, tout en se basant sur un Sofiane

Boufal, prodigieux au cœur du jeu. Là

également un système défensif et relativement

peu ambitieux. Loin d’être encore un

envahisseur dans le football européen, ce

système à trois défenseurs, bien que très

éphémère et se limitant aux phases offensives

chez les grandes équipes, s’est largement

démocratisé. Alors qu’en Italie des équipes

comme la Juventus ou Udinese l’utilisent de

manière récurrente, la Serie A a vu des équipes

de l’étranger la suivre dans ses choix tactiques.

Hervé Renard, Philippe Montagner mais

également Josep Guardiola par intermittence

avait aligné un 11 avec trois défenseurs.

Dépourvu sur les ailes et parfois manquant

d’efficacité, peut-il s’installer durablement et

devenir une réelle habitude à l’échelle du

football européen ?

©Fotolia

PROLONGATIONS

ANALYSE TACTIQUE DE LA MODIFICATION DU SCHÉMA DÉFENSIF

Page 24: FOOT+ n°54 août septembre 2015

Les retrouvailles Après l'arrêt de La Croisière de la dernière chance (voir ZAP+), début dans ce numéro 54

de FOOT+ d'une nouvelle série au nom de Jusqu'au bout de la nuit. Elle met en scène le

journaliste Mathieu Bourion et l'ancien sélectionneur des Bleus, Franck Tamisou. Les deux

se rencontrent dans le cadre d'une interview qui va prendre une tournure inattendue…

Le soleil est presque au zénith ce

beau jour d'été quand Franck

Tamisou prend sa voiture pour se

rendre au siège de Collectif, un

célèbre quotidien sportif. Il va y

rencontrer Mathieu Bourion,

directeur de publication afin de

répondre à une interview. Franck

Tamisou vient de prendre sa

retraite d'entraîneur. Après une

glorieuse carrière en tant

qu'entraîneur de club, il a décidé

voilà quatre ans de prendre les

rênes de l'équipe nationale et vient

d'être récompensé par un titre de

champion du monde inattendu. Au

sommet de sa carrière, il a décidé

de se retirer. Tous les médias se

l'arrachent et Bourion est l'un

d'eux. Ami de longue date, les

deux hommes se sont côtoyés

fréquemment, Bourion ayant suivi

en tant que correspondant le

premier club de Tamisou, puis la

sélection nationale après avoir été

gradé. Ce dernier a passé des

heures à rédiger les questions

mais comptera plutôt sur

l'interaction pour réaliser ce qui

espèrera être un entretien

passionnant. Étant bien placé

dans la rédaction, il a d'ores et déjà

réservé la une pour accroître les

ventes, son journal ayant déjà

réalisé le meilleur tirage de son

histoire le lendemain du titre de

champion du monde. Cette

interview, qu'il a su décrocher sans

véritables problèmes grâce à ses

relations avec Franck Tamisou,

pourrait être un des grands

moments de sa carrière.

Cependant, il craint que son ami

ne soit que peu loquace, et que

l'interview devienne banale. De

son côté, Tamisou est calme,

posé, cet interview n'est pour lui

qu'un entretien comme les autres.

Enfin c'est ce qu'il pense. Il allume

la radio, cherche une station qui

pourrait agrémenter son voyage.

Mais il ne la trouve pas et éteint la

radio. Du coup, il repense à sa

carrière. Ses débuts, ses premiers

doutes, l'ultimatum qu'il a

surmonté et qui a lancé sa

carrière... Il se remémore les

heures passées à chercher les

compositions, à peser le pour et le

contre de chaque schéma

tactique, à analyser les différents

adversaires, à répondre aux

sollicitations, à défendre ses choix

et ses joueurs devant les médias,

de ses nombreux moments de

doute, de pression où il a pensé

tout laisser tomber, abandonner.

Les joies et les malheurs du métier

d'entraîneur. Adulé un jour,

conspué le lendemain. Jusqu'à

présent, Tamisou est resté flou sur

de nombreux points de sa carrière,

ne souhaitant pas trop se dévoiler

quand il était encore en activité.

Dorénavant, il est libéré de tout

contrat et compte rester sur ce

succès. Mais se livrera-t-il ? Telle

est la question. Avant d'arriver

dans les locaux de Collectif,

l'ancien entraîneur prend la

direction du bar voisin. À l'intérieur,

il choisit de prendre un café en

cette fin de matinée. Il lit en le

dégustant le numéro du jour de ce

quotidien, voyant encore comment

s'enthousiasme la presse

quelques jours après le sacre

mondial. Après quelques minutes

passées au calme dans ce bar à

faible affluence, il laisse un assez

bon pourboire après avoir signé

quelques autographes aux

employés de ce commerce, fiers

de l'avoir servi. Surtout qu'il est

venu seul, sans son attaché de

presse Julia Coudrain à qui il a

accordé une journée de repos,

avant le marathon médiatique qui

s'annonce. Vient ensuite le

moment de sortir de

l'établissement puis de se rendre

dans le siège du quotidien sportif,

à deux pas de là. Quelques

secondes après avoir quitté le

café, il aperçoit le logo vert du

quotidien, écrit en majuscules.

Imposant, celui-ci confirme à

Tamisou qu'il est au bon endroit.

Puis il entre enfin dans les locaux

du périodique. Tout d'abord, il se

sent intrus. Puis se rappelle qu'il

est l'entraîneur champion du

monde en titre. Une hôtesse

d'accueil lui souhaite la bienvenue

puis l'accompagne à l'ascenseur.

Elle lui indique le troisième étage.

Les portes se ferment. L'espace

de quelques dixièmes de

secondes, il se demande ce qu'il

commencera à dire à son ami

Mathieu Bourion. Mais le temps

presse, il est interrompu par

l'ouverture des portes.

À suivre…

©Creative Commons

FICTION

JUSQU'AU BOUT DE LA NUIT, CHAPITRE 1

Page 25: FOOT+ n°54 août septembre 2015

50 bonnes raisons de… Regarder la Ligue 1 le samedi soir

1. Parce que ce n'est pas commenté par Christian Jean-Pierre. – 2. Parce qu'on est célibataire. – 3. Parce que l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Et pour se lever tôt, il faut se coucher tôt. Et la Ligue 1 se finit à 22 heures. – 4. Parce qu'on n'est jamais invité en soirée. – 5. Parce qu'en face, c'est The Voice. Et que voir Jenifer des conseils de chant, c'est comme si Élie Baup donnait des conseils tactiques. – 6. Parce que regarder la Ligue 1, ça donne une excuse pour ne pas écouter sa copine qui te raconte sa journée shopping. – 7. Parce qu'on a des problèmes de sommeil et que ça coûte moins cher que les somnifères. – 8. Pour voir Imorou marquer dans le but adverse. – 9. Pour comprendre les vannes du CM de Toulouse. – 10. Pour l'ambiance de Louis II. – 11. Parce que c'est la 38ème journée et que si on ne regarde pas la Liguain maintenant, on la regardera jamais. – 12. Parce qu'on ne paye pas 13€ par mois pour le beach volley ou le rugby à XIII. – 13. Parce que Les Simpson, oui mais non. – 14. Parce que mon père s'appelle Jordan Ayew. – 15. Parce qu'on est un club anglais et que le mercato, c'est dans pas longtemps. – 16. Parce qu'On N'est Pas Couché commence après de toutes façons. – 17. Parce que Angers-Gazélec

Ajaccio, ça a quand même plus de gueule que Barça-Real, Juve-Roma, Bayern-Dortmund ou Chelsea-United. – 18. Parce que notre femme

déteste le foot et qu'on est en instance de divorce. – 19. Parce qu'il a une équipe qui a pour surnom une espèce de poisson. – 20. Parce que c'était ça ou dîner chez belle-maman. – 21. Pour la classe de Karim Bennani. – 22. Parce qu'on a mis notre PEL sur un LotoFoot et pitié, faîtes que Nantes gagne. – 23. Parce qu'on aime bien les bulles mais qu'on est pauvre. Du coup, on préfère au champagne les 0-0. – 24. Parce qu'un multiplex à quatre matchs les semaines de Coupe d'Europe, c'est cool. – 25. Parce qu'on veut voir si ce site de streaming est fiable pour la grosse affiche de demain soir. – 26. Pour le stade Ange Casanova qui respire vrai. – 27. Parce que ce Wissam Ben Yeder est pas si mauvais que ça. Il vient du futsal vous dîtes ? – 28. Parce que Matmut Atlantique, ça pète comme nom de stade, non ? – 29. Parce qu'on est un habitué des forums foot de Jeux Videos et qu'on n'aimerait pas raconter de conneries. – 30. Parce qu'on doit réviser la notion d'ennui pour le Bac de philo. – 31. Parce qu'on est un fan de Pokémon et que Roudourou, ça nous y fait quand même penser. – 32. Pour les tifos du Parc des Princes. – 33.

Pour le nouveau nom imprononçable du stade de la Route de Lorient. – 34. Parce qu'on est trop plein pour entrer en boîte de nuit. 35. Parce que de toutes façons, on est toujours plein. – 36. Pour le Total Régal. – 37. Parce qu'on est supporter de Lens et on aime bien pleurer. – 38. Parce qu'on s'appelle Yoann Gourcuff. – 39. Parce que la Liguain, c'est trop bien. – 40. Parce qu'on a pas envie que notre enfant fasse du football. Alors on essaye de l'en dégoûter. – 41. Parce qu'on est Charlie. – 42. Parce qu'on s'appelle Jean Fernandez et qu'on aimerait bien retravailler un jour. – 43. Pour comprendre les références de cette rubrique. – 44. Parce qu'Allianz Rivieira, ça fait un peu penser à Allianz Arena. Et ça fait un peu rêver. – 45. Parce qu'on est président du fan club de Frédéric Thiriez. – 46. Parce qu'on se sent puissant à pouvoir changer de match juste en appuyant sur le bouton de notre télécommande. – 47. Parce qu'on est fan de tennis et qu'on est en décembre. Alors voir Djokovic au Gazélec… – 48. Pour la musique du multiplex de CANAL+ lors de la première et des deux dernières journées. – 49. Parce qu'on s'appelle Doria. Et peut-être qu'un jour, on y jouera. Peut-être. – 50. Parce qu'on est CM de FOOT+ et que c'est mieux de regarder pour faire des vannes.

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50 BONNES RAISONS DE…

REGARDER LA LIGUE 1 LE SAMEDI SOIR

Page 26: FOOT+ n°54 août septembre 2015

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Avant lui, personne ne l'avait jamais fait en Bundesliga.

Enfin, personne ne l'avait fait aussi vite. Cinq buts en neuf

minutes. Entre la 52ème et la 61ème minute, Robert

Lewandowski a permis au Bayern Munich de renverser la

situation face à Wolfsburg, qui menait 1-0 à la mi-temps.

L'entrée du Polonais et ses buts tous aussi beau les uns que

les autres ont fait entrer le match dans la légende. Son

buteur aussi.

ZOOM

LE QUINTUPLÉ DE ROBERT LEWANDOWSKI PAR GETTY IMAGES