13
Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA PLUIE un film de Stanley Donen & Gene Kelly (1953)

Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

Formation Collège au cinéma 2017

CHANTONS SOUS LA PLUIEun film de Stanley Donen & Gene Kelly (1953)

Page 2: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

Contexte historique du récit : de l'arrivée du parlant à l'âge d'or de la comédie musicale> 1923, inventeur américain met au point la méthode actuelle desynchronisation de l'image et du son qui consiste à photographier le son sur lapellicule. Au milieu des années 20, les ingénieurs de AT&T vont faire le tourdes ≠ studios pour présenter cette invention. Des salles ont été construitesdans les centre-villes. Des stars habituées au muet ont été formées. Il sembleinutile de bouleverser l'industrie pour une invention pas encore au point. 1926,les patrons de Warner (en expansion ; assez faible au niveau de l'exploitation)ont pu avoir une démonstration du procédé sonore Western Electric. Ils sontconvaincus plus rapidement que leurs concurrents. Au début de 1926, ils vontformer avec Western Electric, la Vitaphone pour produire des films sonores etpour mettre sur le marché de l'équipement de reproduction sonore à l'intentiondes salles de cinéma. Leur stratégie est de continuer à produire des filmsmuets tout en s'imposant dans le secteur du cinéma par le biais des courtsmétrages. > 1927 : frères Warner produisent Le chanteur de jazz d'Alan Crosland avecaccompagnement musical et quelques scènes chantées et parlées, en couplantdisques synchronisés avec le film. Le cinéma muet perd alors de son intérêtaux yeux du public. Début 1927 : plus d'une centaine de salles équipées pourprojeter ces films Warner et Vitaphone. Dès 1930, son optique inscrit sur lapellicule sur une bande latérale aux images. Chantons détaille particulièrement bien les soucis techniques que pose lepassage au parlant aux équipes et acteurs (scène du micro). Film sur vedettedu muet qui devient une star du parlant. Transition qui a été particulièrementdifficile pour de nombreux acteurs (évolution du jeu, voix, des techniques detournage...) et studios (augmentation des coûts de production).> Quand passage au parlant en 1927, nouveau genre apparaît : comédiemusicale, inspirée de l'opérette et du music-hall, dont elle engage souvent lesartistes. Mais public de ciné ≠ celui music-hall. Recherchent universalité avecla danse et le chant à un moment où les techniques de jeu sont chambouléespar le parlant. Logique de concurrence entre studios : WB avec Chanteur dejazz / MGM avec Broadway Melody / RKO avec Rio Rita. Apparition de couplesde légende comme Ginger Rogers/Fred Astaire. Recherche du spectaculaire :Busby Berkeley et ses chorégraphies (voir photos). Nombreuses biographiesd'artistes tournées.

Page 3: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

> Pdt 2GM, couleur se généralise au cinéma(même si développée dès 30s), et notammentdans comédies musicales, pour faire face àprésence massive de la TV dans les foyers(TV en couleur en 1960). Après-guerre pastrès heureuse pour Américains : chômage,chasse aux communistes, réadaptationdifficile des soldats démobilisés. Cherche àdistraire la population. Couleur apporte plusde superbe au spectacle. Années 50marquent âge d'or de la comédie musicaleavec de grands noms comme VincenteMinnelli ou George Cukor.

G enèse du projetA la différence des nombreuses comédies musicales de l'époque, n'est pas uneadaptation ciné d'un show de Broadway (seulement porté à la scène dans 80s).Le producteur de la MGM, Arthur Freed, aussi parolier, décide d'exploiter soncatalogue de chansons et notamment, Singin' in the Rain (1926), All I do isdream of you, You were meant for me e t Would You. Demande à deuxscénaristes d'imaginer une histoire à partir de ces chansons. Gene Kelly pas premier choix de la production. Le choisissent quand ils levoient dans Un jour à NY qu'il réalise avec Donen.Pour anecdote, Fred Astaire fait apparition sur plateaux car Kelly impose 8hd'entrainement par jour pendant 3 mois à Debbie Reynolds. Celui-ci vientl'aider car il tournait La Belle de NY sur le plateau voisin. Inquiétude des actionnaires de la MGM à cause inventions prévues pour le film→ ex : scène sous la pluie qui demandait construction coûteuse d'un systèmede tuyauterie dans le studio pour le transformer en douche géante. Succès modeste à sa sortie alors qu'ajd reconnu comme film majeur.

Présentation des acteursStanley Donen (1924-...), 93 ans ajd. Suitcours de danse dès 7 ans. Commencecarrière de danseur à 10 ans. Très souventà NY avec sa famille pdt sa jeunesse doncvoit bcp de comédies musicales. 1940, à 16ans, débute comme danseur à Broadwayd a n s Pal Joey, comédie musicale danslaquelle joue Gene Kelly, deviennent amis.1943-1949 : chorégraphe à Broadway.Quitte la MGM pour rejoindre Astaire à laParamount puis Warner Bros. S'installe enAngleterre avant de se tourner vers latélévision.

Page 4: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

Un jour à New York (On the Town) – 1949Drôle de frimousse (Funny face) – 1957

Charade – 1963Voyage à deux (Two for the road) – 1967

Gene Kelly / Don Lockwood (1912 – 1996), nédans famille irlandaise à Pittsburgh. Mèrel'introduit avec ses frères et sœurs au milieu dela danse. Commence cours de danse à 8 ansqu'il n'aime pas trop au premier abord. Trèssportif. Après son diplôme en 1933, montenuméro de danse avec son frère Fred, KellyBrothers. 1932 : famille Kelly monte atelier dedanse, The Gene Kelly Studio of Dance. 1937, serend à NY pour devenir chorégraphe. Devientdanseur et se fait connaître grâce à la pièce PalJoey. Le producteur Selznick l'engage pourdevenir acteur dramatique puis le loue à la MGMpour une comédie musicale. MGM le rachète.C'est Arthur Freed qui va lui permettre d'écrire,d'interpréter et de co-réaliser des comédies musicales. 1944-1946 : s'engagedans division photographique de la Navy pour servir effort de guerre. Carrièrecommence à décliner à partir mid-50s. Part s'installer en Europe. 1957 : quittela MGM qui a refusé de le libérer pour des tournages annexes. Fait un peu deTV et continue le cinéma dans 60s-70s.

Ziegfeld Follies, Vincente Minnelli (1946)Un Américain à Paris, Minnelli (1951)

Brigadoon, Minnelli (1954)Le Milliardaire, Cukor (1960)

Les demoiselles de Rochefort, Demy (1967)

Collaboration Donen/Kelly. 1942 : Kelly demande à Donen de devenir soncollaborateur à Hollywood : recherche de réalisme sur monde du spectacle etgros travail sur chorégraphies. Travaillent pour la MGM (Metro Goldwyn Mayer)et producteur Arthur Freed : Un jour à New York (1947), Chantons sous lapluie (1952). Echec de Beau fixe sur New York (1955) = fin collaborationDonen/Kelly car fâcherie entre les deux hommes.

Donald O'Connor / Cosmo Brown (1925-2003), néà Chicago dans famille d'artistes de variété. Excelledans danse acrobatique et burlesque. Débutecinéma à 13 ans en 1938. Souvent dans filmsmédiocres. Devient star en 1949 avec série desFrancis où il joue un soldat compagnon d'une mulequi parle. 1955, met un terme à son contrat avecUniversal car est excédé par ses rôles de « gentilgarçon ». Carrière décline à la fin des années 50.

Page 5: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

Tentera plusieurs retours dans les années 80.

Debbie Reynolds / Kathy Selden (1922 - …). Néeau Texas. Contrat à Warner Bros puis MGM où ellejoue dans quelques comédies musicales. Productioncherchait visage nouveau pour le rôle fémininprincipal. Consacrée par Chantons sous la pluie.Termine sa carrière à la TV.

Où commence la comédie musicale ? Les Américains sont les rois de la comédie musicale. Monde où l'on chante et danse différent du monde où l'on parle et bouge. Genre qui passe pour irréaliste dans un cinéma à tendance plutôt réaliste.Affirmer le chant, la danse, l'énergie contre les forces de la dépression et lescoups du sort. Broadway. Amour de Manhattan. Tradition du spectacle musical.Début du parlant. Pléthore de films musicaux. Fred Astaire : solitaire et dandy. Gene Kelly : chorégraphe, co-réalisateur, fait partie d'une troupe. Chaque major a sa comédie musicale, son style et ses vedettes (MetropolitanGoldwyn Mayer pour Kelly et Donen).

Diégétique (justifie l'action) et non diégétique se superposent régulièrement.> Cf. Rick Altman (sur la comédie musicale hollywoodienne) : « Pour

qu'il y ait film musical, il faut qu'à un moment la relation son/images'inverse. »Fondu sonore : appuie sur un son, quelques notes fredonnées, un élément dela prononciation qui mène à un basculement. La musique prendtemporairement le dessus. Passage, à des moments stratégiques, de la paroleau chant, du mouvement « naturel » à la danse.

→ 1'07''06-1'11''55 : Scène mythique de la danse sous la pluie : « GeneKelly cherchait comment attaquer sa chanson euphorique sous la pluie sansfaire de rupture avec la scène dialoguée qui précède, et l'idée de fredonner lemotif d'accompagnement joué par l'orchestre qui initie les gouttes d'eau (di-do-do-doo) lui serait venue au dernier moment. »

→ Séquence d'ouverture deTous en scène de Vincente Minnelli (1953) :Fred Astaire sur le quai. Bel exemple de l'art d'amener le changement deregistre programmé.

→ 1'01''46-1'05''05 : Numéro « Good morning » : passage de la marcheà la danse, de la parole au chant.

Le play-back.Procédé employé dès 1900. Phonoscènes (le son d'un côté, le film de l'autre).Beaucoup de doubleurs. Marni Nixon double Nathalie Wood dans West SideStory et double Audrey Hepburn dans My Fair Lady mais son nom est absent

Page 6: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

des génériques. Par ailleurs, elle n'avait pas de contrat.Play-back inattendus : voix de femme sur corps d'homme, par exemple.

→ 58'44'' : Chantons sous la pluie avec la scène de l'avant-premièresonore : « no, no, no / yes, yes, yes ».

→ On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme qui sortd'un corps d'homme (et inversement). Nombreux exemples intéressants surles possibilités d'utilisation du son au cinéma.

Chantons sous la pluie : données techniques. – Dates de sortie :

27 mars 1952 : New York.9 avril 1952 : Los Angeles.10 avril 1952 : Londres.11 avril 1952 : Etats-Unis.11 septembre 1953 : France (puis re-sortie en décembre 1972 et mai 2006).

– Budget estimé : 2 540 800$.– Tournage du 15 juin 1951 au 21 novembre 1951. Principalement dans

les studios de la MGM en Californie. Un jour de tournage additionnel :26/12/1951.

– Son mono : Western Electric Sound System. – Camera et pellicule Technicolor (tri-chrome début 1932).

L'histoire d'une chanson.Chanson « Singin in the rain » (1929) – écrite pour la Hollywood Revue of1929 de Charles F.Reisner par le compositeur Nacio Herb Brown et le parolierArthur Freed (qui sera le producteur de Singin in the Rain). Donne au film uncaractère de « vigueur rustique et populaire ». Gene Kelly chante l'introduction en notes piquées (sèches et courtes) quiévoquent des gouttes de pluie : « I'm dancing … in the rain. » Couplet moinschantant, refrain triomphal. Omet la mélodie du couplet. On entend le bruitréel continu de la pluie et les sauts dans les flaques. Bruit des claquettes de la danse qu'on entend : la plupart du temps ajouté enpost-synchronisation après le tournage.

Quelques paroles sur C hantons sous la pluie et la danse au cinéma.> Gene Kelly, « Notes à de jeunes danseurs », Positif, novembre 2001,

n°48, extrait d'un texte de 1965 publié dans Dance Magazine : « Tout d'abord,la danse perd beaucoup au cinéma, elle perd sa troisième dimension, à lamanière d'une sculpture reproduite en photo. Mais elle perd encore plusqu'une sculpture. Perdues sont la présence vivante, la respiration du danseur,ainsi que sa personnalité. Evanouies sont les forces cinétiques qui créentl'interaction la plus forte entre le public et le danseur. La danse au cinéma présente-t-elle des avantages ? Oui, bien entendu {…}nous pouvons emmener la danse dans les rues, dans les airs, au sommet desgrattes-ciel, là où notre imagination le désire. »

> Arthur Freed, le producteur, convoque scénaristes et réalisateurs : « Sion faisait une comédie musicale en nous inspirant d'un vieux film de JeanHarlow ? » (Patrick Brion, La comédie musicale, du Chanteur de Jazz à

Page 7: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

Cabaret, La Martinière, 1993.) Chantons sous la pluie est un scénario original,qui n'a pas été adapté à Broadway à l'époque.

> Donen, en 1969, critique ouvertement son film qu'il juge mauvais(alors qu'il était encore très enthousiaste quelques années auparavant) :« Aujourd'hui, c'est un très mauvais film. Il y a deux ou trois séquences quisont assez réussies mais ça ne tient pas le coup. C'est terriblementsentimental, horriblement irréaliste : il la regarde et ils tombent amoureux etils vivent heureux en ayant beaucoup d'enfants. Ce n'est pas parce que c'estune comédie musicale que les gens doivent se comporter ainsi. C'est meilleurtoutefois que It's always fair weather. Quand je les revois, je ne vois que meserreurs, que mes fautes, que mes échecs... En 1952, j'étais une personneoptimiste dans tous les domaines. J'ai traversé des périodes terribles et j'aiénormément changé. C'est si vous parliez à une autre personne. Il y abeaucoup de choses excellentes dans ce film : le numéro de Donald O'Connor,« Make 'em laugh », tous les gags sur la naissance du cinéma parlant qui sonttrès drôles, la plupart des chansons sont très bonnes mais le cadre du film esttrès pauvre. On se fout qu'ils réussissent ou non leur film... Bien sûr, il y a unejoie physique qui vous fait oublier la convention du thème, mais il pourrait e,avoir tout autant sur un sujet valable. » (Entretien avec Stanley Donen parBertrand Tavernier et Colo, sa femme, Positif n°3, décembre 1969.

> André Bazin à propos de Chantons sous la pluie, dans Qu'est-ce que lecinéma ? : « A la différence du théâtre – lieu concret d'un jeu fondé sur laconscience et l'opposition – le cinéma se déroule dans un espace imaginairequi appelle la participation et l'identification. »

Quelques anecdotes sur Chantons sous la pluie.> Polémique en 1972 à la publication du scénario : qui sont les auteurs

du scénario ? Seuls les 2 scénaristes officiels sont cités mais à l'évidence ils onttravaillé en étroite collaboration avec Kelly et Donen.

> Debbie Reynolds : 3 mois d'entraînement à raison de 8h/jour imposéspar Kelly (aidée par Fred Astaire qui l'entraîne car il joue sur le plateau voisin).

> « Broadway ballet » avec Cyd Charisse. Plus de 11'. 600 000$. C'est le« court-métrage » à l'intérieur du film : toute la partie imaginée dans lebureau du producteur (et mise en images). Partie faite de doubles prouesses :physiques-chorégraphiques (numéro de danse et mise en scène) et techniques(mouvements de caméra, qualité sonore, lumière, décors = à la pointe de latechnologie !)

> Costumes (Walter Plunkett) : 157 000$.> Voix de Debbie Reynolds (Kathy) jugée insuffisante. Elle est doublée

par Hagen qui joue Lina Lamont (inversion par rapport à l'histoire du film) pourle texte et Betty Royce (pour le chant).

> Références à de nombreuses personnalités d'Hollywood : le producteurSam Warner, le réalisateur Busby Berkeley, Douglas Fairbanks Jr., la coiffurede Louise Brook, ...

→ Démonstration de Vitaphone, The Voice from the screen, 1926.Enregistrement sur Vitaphone avec disque de cire en octobre 1927.

Page 8: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

16'20-19'10 : présentation du dispositif d'enregistrement.23'45 : résultat.

→ Conférence de Claude Bailbé, « L'histoire du cinéma sonore est-elleseulement technique ? », La Cinémathèque française, 3 décembre 201019'20 : 1927, couple disque-projecteur-Vitaphone.21'45 : disque 33 tours : projecteur synchro, projecteur double poste (voirphotos)

Page 9: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

De la naissance du son à son développement. Captation sonore dès le XIXe.

1877 : Graham Bell développe le téléphone. Au même moment, Edison inventele phonographe.

Vers 1890, invention de la radio par Guglielmo Marconi, italien considérécomme un des inventeurs de la radio Il est le fondateur de la premièrecompagnie internationale de radiodiffusion. Développement très rapide à causede la Grande guerre.

Dès 1895, l'assistant d'Edison met au point un haut-parleur relié directementau projecteur. C'est le premier film synchronisé (de moins de 30 sec). Terme « cinéma muet » pas utilisé à l'époque du muet : cinématographe. Projections animées et sonorisées soit par des bonimenteurs (le bonimenteur,cet « explicateur de vues » en direct, est devenu une figure quasi mythique del’histoire du cinéma des premiers temps) soit par des bruiteurs (derrièrel'écran, avec une panoplie d'objets, ils créent des sons en direct).Au Japon les Benshi (« bonimenteurs ») sont de véritables stars. C'est eux latête d'affiche. Il y a même de grands concours de Benshi. Le public se déplacenon pas pour voir tel ou tel film mais pour assister au spectacle de tel ou telBenshi.

→ Cf vidéo contemporaine assez ludique qui donne une petite idée duphénomène (voir dans les liens utiles).Grève des Benshi à l'arrivée du parlant. Retard de l'arrivée du parlant auJapon.

1896-1899 : Auguste Baron met en place le premier studio sonore du cinéma(enregistrement image/son simultané).

Dès 1902, Gaumont s'intéresse à la reproduction sonore et met en place lechronophone. Au même moment en Allemagne, Mester développe leMesterophone.

Vers 1904 : rouleau à sons. Un peu plus tard, invention du gramophone(disque) qui est beaucoup plus fiable.

Dès 1907-1908, développement du son sur film (son optique) mais la moitiéde la pellicule est occupée par la piste son. Danemark années 20 : Petersen,Poulsen.

Vers 1920 : Tri Ergon (court-métrage en son optique). Le système estvraiment au point (mais manque d'investissement commercial). Beaucoupd'essais (USA, France, Allemagne, Danemark...). => Le système Tri-Ergon fut breveté en 1919 par les Allemands Josef Engl,Hans Vogt et Joseph Massolle. Le nom Tri-Ergon est dérivé du grec « le travailde trois ». En 1926, William Fox de la Twentieth Century Fox achète lesbrevets de l'invention au Triergon Aktiengesellschaft (Tri-Ergon AG), de Zurichen Suisse. Fox a également acheté les brevets de Freeman Harrison Owens et

Page 10: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

Theodore Case, pour créer le nouveau dispositif qu'il nomme Movietone. Lepremier long métrage sorti avec le Movietone est L'Aurore réalisé en 1927 parF.W. Murnau. Ce système sera clairement en compétition avec le système de laWarner : le Vitaphone. Après que William Fox perdit le contrôle des studios Foxen 1930, il utilisa les brevets du Tri-Ergon pour augmenter l'industrie du film etobtenir des propriétés dans tous les films parlants.

En 1930, à la généralisation du parlant, l'espace (la salle) n'est pas adapté(moquettes, fauteuils, tentures : textures qui absorbent.

Quelques notions sur le son. L'audio-vision, Michel Chion, Nathan, 1990.Musique de fosse : qui accompagne l'image depuis une position off, en dehorsdu lieu et du temps de l'action. Musique d'écran : différence qui émane d'une source située directement ouindirectement dans le lieu et le temps de l'action, même si cette source est uneradio ou un instrumentiste hors champ. Cinéma à tendance vococentriste (qui favorise la voix avant tout). Overlapping : effet de chevauchement sonore.Son hors champ : dont la source est invisible à un moment donné,temporairement ou définitivement. Son in : dont la source apparaît dans l'image et appartient à la réalité quecelle-ci évoque. Son off : celui dont la source supposée est absente de l'image et située dansun autre temps et un autre lieu que la situation directe. Son ambiant : son d'ambiante englobante ou son territoire (qui marquel'espace particulier). Ex : oiseaux, cloches. Son diégétique/extra-diégétique : voir définition du début.

1927 : année charnière pour les studios hollywoodiens. Le parlant : le problème d'universalité. 1E solution : les versions

multiples (des équipes qui parlent chacune une langue différente vont refaire lemême film avec les mêmes décors, musiques, musiciens, costumes... Engénéral, le réalisateur change. Remake. Ce système fonctionne en Europe etaux Etats-Unis de 1929 à 1935.

3 textes sur le parlant : > Charles Chaplin, « Charlie Chaplin Attacks the Talkies », interview deGladys Hall, Motion Picture Magazine, n°38, mai 1929 : voir pdf> Louis Chavance, « Les conditions d'existence du muet » : voir pdf> auteur inconnu, « Rumeurs du monde » , Le Progrès, 10 avril 1929 :voir pdf

C'est la Warner qui mise sur le développement du parlant (Vitaphone). 6octobre 1927 : Le Chanteur de jazz (Jazz Singer) d'Alan Crosland. Ce film estconstruit sur le schéma d'un film muet (cartons...). 1927 utilisé comme datede référence. Coup commercial. 1e au Warner Theater de New York. 281 motsprononcés. Pendant le tournage, caméra dissimulée afin de ne pas êtreremarquée. Se passe dans le milieu des habitants du quartier juif de New York.

Page 11: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

→ Conférence de Claude Bailbé, « L'histoire du cinéma sonore est-elleseulement technique ? », La Cinémathèque française, 3 décembre 2010Début à 6'30 : numéro parlant dans un film muet. 22' : projecteur biformat et ampli (haut-parleur Western Electric).

Claude Bailbé, historien du son, décembre 2010, Cinémathèque. Sur le théâtrefilmé : « comme si la parole emprisonnée soudain délivrée nous remettait authéâtre. On oublie les savoirs-faire du cinéma muet. Ces micros sont lourds,peu maniables, les comédiens ne peuvent pas bouger la tête. »

L'heure suprême, Borzage. Movitone. 1927. Fox. Movitone. Les lumières de New York (juillet 1928), encore une production Warner.

100% parlant. Permet de voir les défauts. Personnages à la démarche raide.Fixité des bandits drôlatiques.

Structure du film.→ 4'40-11'06 : scène du flash-back.

Pré-générique (numéro musical) : présentation des 3 personnages principaux. Couleurs vives (en aplats). Kitsch ? Ridicule ? Star system, accentuation, exagération, foule en délire. Film qui n'a pas peur de la caricature. Travelling avant → gros plan → fondu enchaîné → on rentre dans le flash-back.Jeu sur les différences. Oxymore. Narration radieuse. Réalité plus triviale.Construction d'un mythe. Histoire que l'Amérique veut entendre. Besoin dehéros, d'icônes du rêve américain, de personnages emblématiques. « Dignity, always dignity »Artifice, toujours l'artifice. Le faux-semblant. Début de la société individualiste. Self made man. Lutte de l'individu.Séquence ciné puis coulisses. Fondu enchaîné. Clochettes tramway.

→ 15'01-19'31 : Scène des fans en délire, de la fuite, de la rencontreavec Kathy, de la suprématie des acteurs de théâtre.

Page 12: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

→ 19'47-25'02 : Séquence de la fête (cinéma parlant, tarte à la crèmedu burlesque).

→ 26'56-30'54 : Studio (« Make them laugh »).→ 30'55-33'16 : Tournage muet : s'insultent tout en jouant l'amour.

Producteur. Arrêt du tournage. On passe au parlant qui agite le toutHollywood. Coupures de presse. Show dans le film. Numéro studio → « Beautiful girl » (onretrouve le plateau). Chanson terrifiante et archaïque.

→ 46'50 : cours de diction. Danse des voyelles. Danses et numéros faceà la caméra en pied.

→ 51'26 : Studio. Sonorisation. → 56'20 : revue de mode. Déclaration devant « A beautiful sunset ».

Voie lactée infinie.

Analyse de séquence. → Séquence 1 : 11'06-14'55.

Du tapis rouge (tout en couleurs) à la salle de cinéma. Spectateurs, orchestre, écran. Noir et blanc. 1.37.On rentre dans le film. Muet carton. Champ/contre-champ film/spectateurs. N&B/couleurs. Action/stase.Cinéma/théâtre (cascade de l'amour). Public. Chef d'orchestre. Rideau qui seferme.Défilé des personnes de l'industrie du cinéma :

– Les stars sur scène.– Service publicité. – Service marketing.

13' : Lina Lamont parle pour la première fois. La voix : on découvre l'enjeu dufilm. Coulisses. Mise en abîme. La voix ne correspond pas à l'image qu'on a dela star. Evocation de la masse médiatique. Phénomène d'identification. Séquence suivante : rencontre entre Don Lockwood et Kathy Selden. Dialogueface caméra (en voiture) sur la grossière pantomime (muet) (« too much lovefrom my adoring fans »). Suprématie du théâtre sur le cinéma.

→ Séquence 2 : 21'20-22'30.Gros plan de la synchronisation à l'unisson. Evocation du Chanteur de jazz etdu procédé Vitaphone (et de la Warner).

→ Séquence 3 : 25'45-27'40. Plateau de tournage. Studios Hollywood. Différents métiers et techniques ducinéma. Trucages, procédés. L'envers du décor. La fabrication. Glissement vers la voix. « The show must go on ». Fondu enchaîné sonore puis« Make them laugh ».

→ Séquence 4 : 51'26-59'36.« Quiet while recording ». Plan fixe + lampe. Caissons insonorisés (car la caméra fait du bruit). Plusieurs niveaux de plan. Chacun a son obsession : la technique (réalisateur), la prononciation (la

Page 13: Formation Collège au cinéma 2017 CHANTONS SOUS LA … · Travaillent pour la MGM (Metro ... → On connait la chanson, Alain Resnais (1997). Voix de femme ... Bruit des claquettes

professeure de diction), les dialogues (Don Lockwood). Gros plan. Utilisation musique extra-diégétique. Projection à la première du film. Collier de perle très bruyant. Cf. Article de presse du Progrès sur la « boîte à suées » (caisson) : L'opérateurest hermétiquement enfermé dans un caisson insonorisé dans lequel il fait trèschaud. Caméra très lourde. Faible agilité. Découpage simplifié. Singin in the rain : accumulation des erreurs les plus énormes, caricature de cequi s'est passé en 1928.Cabine son : la volonté d'isolation va virer l'obsession dans les studios. On metdes lumières rouges partout. Des « Quiet » partout. La scène dedésynchronisation est tout à fait possible : le disque s'use au bout de 20passages, l'aiguille au bout de 40 (modification de la vitesse et de lasynchronisation). Le Vitaphone coûte cher.

→ Séquence 5 : 1'11'57''-1'25.1'11'57'' : producteur. The Dancing Cavalier. 1'15'27'' : Broadway Melody. Cyd Charisse. On associe le cinéma à la danse.Gros plans. Plongées. 1'24'08 : Travelling avant. Grop plan. Travelling arrière. Cut. Profondeur dechamp.