Foucault Bon Usage Du Criminel

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  • 8/9/2019 Foucault Bon Usage Du Criminel

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    poqu e

    PAR MICHEL FOUCAULTL'auteur de Surveiller et punir a lu lelivre le Pull-over rouge dans lequel GillesPerrault refait, et nous oblige refaire, leprocs de Christian Ranucci, guillotin vingt-deux

    .' ans le 28 juillet 1976Michel Foucault

    our qu'une justice soit injuste il n'est pasi, le, il suffitRanucci, guillotin le 28 juillet 1976, tait-

    tre jamais. Mais on sait, decoupable.

    Gilles Perrault a repris l'affaire. J'auraissa force. Un seul mot me

    mois de patience et

    d'un juge, la sur-

    si indolenteais celle qui distribue la mort d'un geste

    Changement de marqueLe livre de Perrault est un atroce trait de

    religion de l'aveu.C'est vers l'aveu que tendent tous les actes

    catholiques.? Volon-

    la formidable conomie que

    juge d'instruction quidans

    accus qui le reconnat. Pour les avocats de ladfense, car il est en fin de compte plus faciled'avoir recours, en plaidant, la rhtoriquetoute prte des circonstances attnuantes, del'enfance malheureuse, du moment de folieque de se battre, pas pas, tous les stadesde l'instruction et de chercher, fouiller, sus-pecter, vrifier. L'aveu, c'est un lieu de doucecomplicit pour toutes les instances de la justicepnale.

    Le 3 juin 1974, on dcouvre le cadavre,bless horriblement, de Marie-Dolors Ram-bla. Elle venait d'tre enleve par un hommequi lui avait demand de l'aider rechercherun chien noir. Autour de ce crime, il y ades indices et des pistes : une Simca 1100 dans laquelle la petite fille tait monte ; unhomme au pull-over rouge qui, la veille dj,avait demand des enfants de retrouver sonchien. D'autre part, on apprend que, non loinde l'endroit o fut dcouvert le cadavre, unautomobiliste a eu un accident lger, qu'il s'estenfui, qu'on l'a poursuivi, qu'il s'est cach.On a repr le numro de sa voiture., C'estcelle de Christian Ranucci. Il est arrt.

    Concidence de lieux, recoupements approxi-matifs des horaires : et si les deux sries, celledu crime et celle de l'accident, n'en faisaientqu'une.? Bien sr, Ranucci n'a pas une Simcamais une Peugeot ; bien sr, il n'est pasreconnu par les deux seuls tmoins de renl-vement ; bien sr, on n'a vu qu'une seulepersonne dans la voiture accidente ; mais,aprs tout, il y a un pantalon tach de sangdans sa voiture et pourquoi donc s'est-il cachavant de rentrer tranquillement chez lui ?Onze heures d'interrogatoire, et il avoue.Il avoue nouveau deux fois dans les momentsqui suivent. Aveu impressionnant, reconnatGilles Perrault. Mais les_ lenquteurs avaientsous la main bien d'autres, pistes possiblesils avaient sous la main des faits qui mon-traient que les aveux n'taient pas exacts surcertains points ; et que sur d'autres, apparem-ment faux, Ranucci avait dit vrai. Ils avaientde quoi savoir que cette pice dcisive taitdouteuse et que, loin de faire preuve, elledevait son tour")tre prouve.Or c'est tout le contraire qui s'est pass.L'aveu a dploy ses pouvoirs magiques. Lavoiture de l'enlvement, de Simca, est devenuePeugeot. Un homme qui courait avec un paquetest devenu un homme tranant par la main une

    petite fille. Les tmoins rticents 'ont t oublis

    et le pull-over rouge, qui ne pouvait pas appatenir Ranucci, a t abandonn dans coin de l'instruction. L'aveu obtenu et les fatablis ne pouvaient pas entrer dans la mmpure. Il fallait ou casser le bloc de l'avet le rexaminer point par point, ou trles faits pour retenir ceux qui permettaiede cimenter l'aveu. Vous devinez la solutiretenue. ortrait gur mesure

    On reproche souvent la police la fadont elle provoque les aveux. Et on a raisoMais, si la justice, de bas en haut, n'tait ptellement consommatrice d'aveux, les policiauraient moins tendance en produire et ptous les moyens. Pour obtenir les aveux Ranucci, la police de Marseille n'a sans doupas employ les seules paroles insidieusesla persuasion ; mais, de toute faon, y a-teu dans le cabinet d'instruction, au parqu l'audience, quelqu'un pour dire : un avequel qu'il soit, n'est pas une solution, c'un problme ? Vous avez tablir un crimdont le droulement, les raisons, les parnaires vous chappent ? Vous ne devez jamlui substituer un criminel qui se proclamcoupable et tient lieu des certitudes qui vomanquent.

    Un criminel manifeste vient donc de prendla place d'un crime obscur. Mais il faut encoque sa criminalit soit ancre plus solidemeque dans un aveu toujours rvocable. Apavoir pass la main au suspect lui-mme, l'intruction va se dfausser maintenant sur le pchiatre. Celui-ci doit rpondre deux typdequestion: taitil en tat demence au moment des faits? En ce cas, considrera qu'il n'y a pas eu crime du toet les poursuites s'arrteront. Il est logiqque le psychiatre rponde le plus tt possi cette question.Mais on lui demande aussi s'il ne relpas quelques rapports entre le crime et anomalies psychiques du sujet ; si celui-ci dangereux, et radaptable : toutes questioqui n'ont de sens que si le sujet est bien l'ateur du crime en question, et si le mdecipour tche de replacer ce crime dans la vde son auteur.

    Le psychiatre avait donc devant luiRanucci dj titulaire d'un crime puisqu'ilavou ; il n'y avait plus qu'a btir une pesonnalit de criminel. Allons-y. Une m

    40Lundi 11 septembre 1978

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    Christian RanucciAprs les aveux,il ne restait plus qu'a btirune personnalit decriminel

    divorce : el le est donc possessive. Son fi ls vitavec elle : il ne l'a donc jamais quitte (peuimporte qu'il ait longtemps travaill ailleurs).Il prend sa voiture pour le week-end : c'estdonc la prem ire fois qu'i l dcouche (oublionsun an de service militaire en Allemagne). Etsi, depuis qu'il a dix-sept ans, il a des ma-tresses, son affectivit est immature et sasexualit mal oriente .De quelqu'un dont on a tabli sans aucundoute qu'il a tu une fillette, je ne sais pass ' i l y a grand sen s dire qu'i l a t trop couvpar sa mre. Mais, dans une pice d'instruc-tion remise des juges qui auront dcider

    si l'accus est coupable, j'en vois trs bienl'effet : dfaut des lments du crime, celavous dessine le profil du criminel. Le premierreste peut-tre prouver mais le second, onle comprend, on le tient bien . De cettepsychologie, le crime se dduira facilement,comm e une consquence ncessa i re .

    Tout ce nui ne trom pe pas Et puis, au fond, ce crime, ce geste obscur,imbc ile, horrible, cette absurdit qui s 'effaceavec le temps (mme s'il y a des chagrins quine s 'oublieront jama is), qu'en faire le jour desassises ? Que signifierait de ragir l ' i rrver-

    sible ? On ne punit pas un acte, on a chtun homme. Et voil que, une fois de pluon va laisser tomber le crime auquel on peut plus rien pour s'occuper du criminel.Cest du criminel, en effet, qu'ont besola presse et l'opinion. Cest lui quon va ha lui que vont aller les passions, pour quon va demander la peine et l'oubli.Cest du criminel quont besoin, eux ausles jurs et la cour. Car le fait du crimeest enfoui dans d'normes dossiers ; les june le connaissent pas et le prsident aurbien du mal l'expliquer. En principe, l'a

    Le Nouvel Observateu

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    DE NOTRE ENVQYE SPECIAL

    L e nouvel ge d'orde NewY orkLes Amricains ont enfin dcidde sauver la ville la plus pourrie, peut-tre, mais aussila plus fascinante du monde

    Le maire Ed KochLe genre libralo-rac

    Suite de la page 41.dience peut et doit tout reprendre ; la vritdoit s'y produire sans ombre ni silence auxyeux et aux oreilles de tous. Mais, concrte-ment, comment faire ? Un partage s'tablit :d'une part, dans la poussire du dossier, sousles cotes compliques, les faits, les traces, lespreuves, les innombrables lm ents que l 'espritrelie mal et o l'attention s'gare. Mais qu'im-porte? Car, d'un autre ct, il y a, en chairet en os, vivant, incontestable, le criminel Sonvisage, ses expressions, sa duret, son sourire,ses affolements tout ce qui ne trompepas . Faisons donc, pour le crime, confianceaux habiles techniciens de l'instruction et gar-dons devant les yeux le criminel lui-mme.Et c'est encore du criminel, non du crime,qu'on a besoin pour fixer la sentence. Pourtre indulgent, comprendre et excuser. Maispour tre svre galement. Et pour tuer. Cen'est offenser aucune douleur, je pense, quede dire que les responsables du talc Morhangeont fait au moins autant de mal que l'assas-sin d'une petite fille. Et les faits taient l,absolument. Il n'a jamais t question de lescondamner mort et c'est tant mieux. Maispourquoi accepte-t-on si facilement une pareillediffrence de destins ? C 'est que, d'un ct, onavait des industriels sans scrupules, des hommesd'affaires avides ou cyniques, des ingnieursincomptents, tout ce qu'on voudra, mais pasdes ,criminels . De l'autre, on avait un crimemal lucid mais, en pleine lumire, un cri-minel bien rel. Et si l'on peut hsiter rpondre une mort par une mort, un gor-gement par un autre, comment ne pas vouloirse dbarrasser, et par des moyens sans recours,de quelqu'un qui est fondamentalement un criminel , essentiellement un danger ,naturellement un monstre . Il y va de notresalut tous.

    Moins coteuxFait paradoxal : une des racines aujourd'huiles plus solides de la peine de mort, c'est leprincipe moderne, humanitaire, scientifiquequ'on a juger non des crimes mais des cri-

    minels. Il est moins coteux conomiquement,plus ais intellectuellement, plus gratifiant pourles juges et pour l'opinion, plus raisonnableaux yeux des sages et plus satisfaisant pourles passionns de comprendre un homme que d'tablir des faits. Et voil comment, d'ungeste facile, coutum ier, peine veill, la jus-tice a coup en deux, un matin, un crimi-nel de vingt-deux ans dont le crime n'avait past prouv.Je n'ai pas parl des aspects exceptionnelset durs de cette affaire : pourquoi , on avaitalors besoin d'une excution et comment lagrce, recommande par la comm ission, a trefuse. J'ai voqu seulement ce qui l'a faitressembler tant d'autres.On est en train de rformer le code pnal.On mne campagne, ardemment, contre lapeine de mort. Et certains magistrats saventbien le danger de vieilleries comme la religionde l'aveu, ou des modernits comme l'inter-vention indiscrte du psychiatre. Plus gnra-lement encore , il faut revoir de fond en comb lela manire dont on punit.Cette manire de punir a toujours t l'undes traits les plus fondamentaux de chaquesocit. Aucune mutation importante ne s'yproduit sans qu'elle y soit modifie. Le rgimeactuel de pnalit est us jusqu' la trame. Les sciences humaines n'ont pas le raviver.Il faudra des annes, et bien des ttonnementset bien des bouleversements pour dterminer cequ'on doit punir, et comment, et si punir aun sens et si punir est possible.MICHEL FOUCAULT

    Rien, dcidment, n'abattra New York,ville-phnix. Elle consomme trois millions etdemi de quotidiens, par jour un pour deuxhabitants. Elle a follement besoin, cette mga-lopole cosmopolite, de la bande des Peanuts ,des faits divers de Chelsea ou de la publicitde Macy's. Tout a lui donne une identit.Et voil que, le 10 aot, les journaux ontdisparu des kiosques. Plus de New YorkTimes , ni de Da ily News , ni de Post .Catastrophe.Les prop ritaires des trois grands quotidiensnewyorkais ont engag une preuve de forceavec les imprimeurs et plus particulirementles rotativistes. Ils ont dcid de dgraisser cote que cote. La dernire grande grve,celle ,de 1962, avait dur cent quatorze jourset fait quatre morts parmi les journaux,s'entend.Aprs quelques jours de sinistrose, lesNew Yorkais, qui ne peuvent plus garder lesyeux rivs sur du papier imprim, commencent se regarder dans le mtro et mme.., separld. Pas trs longtemps, dire vrai. Le17 aot, un homme d'affaires lance la hteun premier journal pirate, City News ,qui marche tout de suite trs fort. Surgiront,dans la foule, le New Yorker Daily Press

    et le Daily M etro . Ils tirent dj plus d'unmillion d'exemplaires tous les trois et rsumentmieux que tout la formidable vitalit de NewYork qui renat telle qu'en elle-mme...Quarante-quatre tages pour rien

    Est-elle sortie de son cauchemar ? Lescafards pullulent toujours, New York. Lespot holes, c'est--dire les nids-de-poule, aussi.En un mois, les services municipaux en ontbouch deux cent onze mille dans les rues.( Oui, dit le maire, mais vous pouvez toujoterisles colmater, ils s'ouvriront ds le r lendemainsi le terrassement de la route est trop mince,ce qui est souvent le cas. ) Le nombre desjunkies, pauvres hres archi-cams qui tranentsur les trottoirs, est, parat-il, en augm entation.Et, bien entendu, les emplois sont en diminu-tion : ! six cent mille de moins en dix ans.Quant la misre,. elle se porte bien, et lacriminalit aussi, Dick B utton, champion olym-pique de patinage, a t attaqu neuf heuresdu soir, Central Park, par des adolescentsarms de battes de base-ball. Fracture ducrne. Il continue planer, c'est sr, uneatmosphre de fin du monde sur la ville. Maispour longtemps encore ? Pas forcment : NewYork est peut-tre en train d'entamer sa re-naissance , comme dit Ed Koch, le maire,dans son modeste bureau du City Hall. Et ilajout : Ce sera bientt l'ge d'or. On avoulu: rabaisser New York,. ces derniresanns. Eh bien, lle relve la tte mainte-nant.,

    Elle commence mme se librer de cpeur e xistentielle qui, jusqu' prsent, la parsait partir de vingt heures ou mme avQuelques visages ples , trs raresrendent parfois Harlem, la cit interdinoire, et on sort maintenant volontiers dla rue, la nuit tombe . On fait remarquer qutaux de crim inalit est, aprs tout, plus bas Chicago ou Philadelphie. Aprs un psage vide, la ville la plus haute du mose rtablit : avec trois cents spec tacles toussoirs, du thtre d'avant-garde au concermusique classique, elle est d'ailleurs, plus jamais, la capitale mondiale des arts.Et les affaires ? Sur ce plan, une histpleine de fric et de dmesure rsume asbien le rveil de New York. C'est l'affaire1166 de l'avenue des Amriques. Tous les tins, un homme au visage anguleux, VincMartucci, gardien de son tat, entre dans lmeuble, un gratte-ciel de quarante-qutages qui est probablement l 'une des granrussites architecturales de Ma nhattan. L'ungrands fiascos financiers aussi. Car c'es42Lundi 11 septembre 1978

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    Les tours du World Trade Center, dans le bas de la ville Vous- avez vu quelque chose qui puisse se comparer Manhattan dans le monde ?

    Acheve il y a quatre ans, la tour a djl la rputation et les finances de

    ssocie l'opration, la Citibank, deuxime

    e les grandes entreprises amricaines com-

    n. Au fur et mesure qu'elle s'levait

    Si elles reprennent, c'est sans doute queYork, il n'y a pas si longtemps, avolte-face. New York n'avait gure la cote,vrai. Elle risquait la banqueroute ? Va

    Non, non et non Le drame budgtaire de New York

    gne, laple de gestion sociale.

    Du socialisme en somme. Aussi, quandions de dollars pour faire face ses enga-ents, en 1975, Gerald Ford, alors prsident,

    mauvaise gestion . Applaudissements.ef du Parti dmocrate, de

    New York a d'ailleurs lu, l'an dernier, unire qui lui dit tout bout de champ qu'elleVous connaissez une villevu quelque chose

    Ed Koch, cinquante-trois ans,

    u : libralo-rac. Au Congrs, ilplutt figure d'homme de gauche. Oui,mais je n'ai jamais fait partie du grandataire. J'ai toujours

    C'est--dire ? Moi, par exemple, je ne jette pas l'ar-

    gent et je fais des coupes claires dans le bud-get. Prenez le programme contre la pauvret.Les crdits n'allaient pas aux pauvres mais auxcatgories intermdiaires. Il y a trop de gchis,trop d'incomptence aussi. J'ai nomm centsoixante et un inspecteurs gnraux pour re-chercher les incapables et aussi les escrocs il y en a forcment parmi les deux centcinquante mille personnes qui travaillent pourla ville. C'est en supprimant la gabegie qu'onfinira par s'en sortir. Est-ce aussi simple ? Rien n'arrte l'exub-rance, volontiers brutale, d'Ed Koch. Pas mmeles champs de bataille, parfois encore fumants,du South Bronx ou de quelques quartiers deBrooklyn. L, des milliers et des milliers d'im-meubles sont en ruine. Toujours la mme his-toire: parce que leurs locataires n'taient passolvables, ces immeubles ont t dlaisss parleurs propritaires. Plus d'eau ni d'lectricit.Ils ont alors t squatteriss, puis pills avantd'tre incendis, souvent pour toucher l'assu-rance. Les propritaires se sont volatiliss'?Parfait, dit le maire de New York. Comme

    a, les terrains nous appartiennent. Nous alloconstruire de jolies maisdns dessus, vous verez. Et des crdits pour cela, il en trouveprobablement...Le 27 juillet, le Snat a accept que lemprunts mis par la ville soient garantis pl'administration fdrale jusqu' concurrence d1,65 milliard de dollars -- soit, au bas mosept milliards de francs lourds. Ce jour-lWilliam Proxmire, le prsident de la commsion des Finances, a mm'e clbr New Yoralors qu'il s'tait toujoursl .oppos, jusqu'alorau lobby newyorkais. il illustrait, sa fon, le revirement amriCain.Ecoutons-le : New York a besoin d'emprunts comme le Sahara' a besoin de sabll'ocan Atlantique d'eau ou le Snat de... venJ'adore New York. Une ville merveilleusC'est l qu'il faut aller st: vous voulez lancun dfi ou si vous aspirez la grandeuEt c'est un immense privilge que d'tre escroqu par cette ville. tA chacun son Concorde ...

    FRANZ-OLIVIER GIESBERTLe Nouvel Observateur 4