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14 - 20 JUIN 2013 N° 269 Prix : 2,5 € WWW.ZAMANFRANCE.FR Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36 Grands-parents, un vrai rôle à jouer FAMILLE12 Une Turque voilée agressée à Reims FRANCE02 Les bonnes notes de l’économie turque ECONOMIE10 Ne pas sombrer dans un conflit civil La grave crise qui secoue la Turquie depuis le 31 mai a pris une tournure idéologique. Pour le chro- niqueur Ekrem Dumanli, il est temps que cette violence cesse avant que les répercussions pour le pays soient trop lourdes. R OPINION 15 Qu’en pensent les Turcs de France ? Ils n’ont encore rien dit mais ils n’en pensent pas moins. Quinze jours après le dé- but des fortes mobilisations contre Erdogan, les Turcs de France prennent enfin la parole. Zaman France est parti à leur rencontre pour avoir leur point de vue sur les accusations d’autoritarisme du premier ministre turc ou sur sa volonté présumée d’islamiser la société turque. R TURQUIE 06 - La mise en œuvre d’initiatives en faveur de la mixité sociale dans les classes préparatoires aux grandes écoles s’est largement déve- loppée depuis 2001. Des dispositifs expérimentaux d’ouverture sociale ont ainsi été lancés à l’initiative d’établissements prestigieux. R SOCIETE 04 Les grandes écoles s’ouvrent aux étudiants boursiers La majorité silencieuse des Turcs de France r02 EDITO Colère des associations turques à Strasbourg La chorale franco-turque en concert le 15 juin à Paris Catholiques et franc-maçons : les frères ennemis Les socialistes sont-ils toujours laïques ? - Mine Günbay, conseillère municipale (PS) franco-turque à Strasbourg, a dé- frayé la chronique en soutenant localement les mobilisations anti-gouvernementales en Turquie. Un collectif d’élus et plusieurs as- sociations turques réclament des excuses et demandent une clarification au maire socia- liste Roland Ries. R FRANCE 03 - La première chorale de musique fran- co-turque, créée l’an dernier, donnera un concert samedi 15 juin à l’Auditorium Espace Saint Martin de Paris. Selin Tenik, fondatrice et directrice artistique de cette formation musicale, nous en dit un peu plus sur le type de chants et de musiques propo- sés par sa chorale. R CULTURE 13 - Pascal Vesin, curé de Megève en Haute- Savoie, a été démis de ses fonctions sur ordre du Vatican, qui lui reproche son apparte- nance active à la franc-maçonnerie. Cela faisait dix ans que l’écclésiastique de 43 ans menait de pair, et en secret, sa fonction religieuse et son appartenance maçonnique. R SOCIETE 05 - L’Assemblée nationale a repoussé jeudi 6 juin une proposition de loi UMP auto- risant les entreprises à impo- ser la neutralité religieuse au travail. Une prise de position positive du Parti socialiste ? R FRANCE 03 Photo prise de la place Taksim mercredi 6 juin 2013.

Fr n°269

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Zaman France est le premier hebdomadaire franco-turc. Fondé en septembre 2005, c'est d'abord un mensuel qui devient hebdomadaire en février 2008. Distribué auprès de 12.500 abonnés, le journal se propose un double objectif : offrir une fenêtre ouverte sur la Turquie et la communauté turque de France, et participer à une meilleure connaissance de la société française auprès de ses lecteurs d'origine turque. Chaque semaine, l'actualité parcourue par l'équipe de rédaction contribue à présenter cette double culture comme une richesse.

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Page 1: Fr n°269

14 - 20 JUIN 2013 N° 269 prix : 2,5 € WWW.ZAMANFRANCE.FR

Zaman Okur Hattý: 01 42 00 19 36

Grands-parents, un vrai rôle à jouer FAMILLE12

Une Turque voilée agressée à Reims FRANCE02

Les bonnes notes de l’économie turque ECONOMIE10

Ne pas sombrer dans un confl it civilLa grave crise qui secoue la Turquie depuis le 31 mai a pris une tournure idéologique. Pour le chro-niqueur Ekrem Dumanli, il est temps que cette violence cesse avant que les répercussions pour le pays soient trop lourdes. RopINIoN 15

Qu’en pensent les Turcs de France ?

Ils n’ont encore rien dit mais ils n’en pensent pas moins. Quinze jours après le dé-but des fortes mobilisations contre Erdogan, les Turcs de France prennent enfi n la parole. Zaman France est parti à leur rencontre pour avoir leur point de vue sur les accusations d’autoritarisme du premier ministre turc ou sur sa volonté présumée d’islamiser la société turque. R tUrqUIe 06

-La mise en œuvre d’initiatives en faveur de la mixité sociale dans les classes préparatoires aux grandes écoles s’est largement déve-

loppée depuis 2001. Des dispositifs expérimentaux d’ouverture sociale ont ainsi été lancés à l’initiative d’établissements prestigieux. RsocIete 04

Les grandes écoles s’ouvrent aux étudiants boursiers

La majorité silencieuse des turcs de france r02eDIto

colère des associations turques à strasbourg

La chorale franco-turque en concert le 15 juin à paris

catholiques et franc-maçons : les frères ennemis

Les socialistes sont-ils toujours laïques ?

-Mine Günbay, conseillère municipale (PS) franco-turque à Strasbourg, a dé-

frayé la chronique en soutenant localement les mobilisations anti-gouvernementales en Turquie. Un collectif d’élus et plusieurs as-sociations turques réclament des excuses et demandent une clarifi cation au maire socia-liste Roland Ries. RfraNce 03

-La première chorale de musique fran-co-turque, créée l’an dernier, donnera

un concert samedi 15 juin à l’Auditorium Espace Saint Martin de Paris. Selin Tenik, fondatrice et directrice artistique de cette formation musicale, nous en dit un peu plus sur le type de chants et de musiques propo-sés par sa chorale. RcULtUre 13

-Pascal Vesin, curé de Megève en Haute-Savoie, a été démis de ses fonctions sur

ordre du Vatican, qui lui reproche son apparte-nance active à la franc-maçonnerie. Cela faisait dix ans que l’écclésiastique de 43 ans menait de pair, et en secret, sa fonction religieuse et son appartenance maçonnique. RsocIete 05

-L’Assemblée nationale a repoussé jeudi 6 juin une

proposition de loi UMP auto-risant les entreprises à impo-ser la neutralité religieuse au travail. Une prise de position positive du Parti socialiste ? RfraNce 03

photo prise de la place taksim mercredi 6 juin 2013.

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FRANCE02 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

...et UNe maUvaIseUNe BoNNe...

NoUveLLe

PHOTO DE LA SEMAINE

mercredi 12 juin, le monde entier a

célébré la 11e Journée internationale contre le travail des enfants.

Dans le monde, 250 millions d’enfants

sont obligés de tra-vailler, en violation

de leurs droits fondamentaux à

la liberté, à l’édu-cation, à la santé

et aux loisirs.

LA REDACTIONEDITO

Depuis le déclenchement des mani-festations anti-gouvernementales en Turquie, il est une chose étonnante qui n’a pas été soulignée par la presse internationale. Et pour cause ! Nous voulons parler de l’absence de visibi-lité quasi complète des opposants aux manifestants dans les médias audiovi-suels, en particulier en France, qui ont très globalement adopté un traitement éditorial très orienté et à charge contre l’AKP et le Premier ministre turc. Etonnant car l’un des slogans les plus répétés dans cette médiatisation était l’absence de respect pour la démo-cratie d’Erdogan et son autoritarisme. Or, en journalisme, il est un genre qui se prête précisément au traitement équilibré et global d’un sujet : la syn-thèse. Un genre profondément ignoré pour la Turquie et qui a fait place à un déchaînement de partialité et de manichéisme idéologique, qui ignore, par défi nition les synthèses journalis-tiques. Pourtant, la politique menée par les démocrates-conservateurs de l’AKP est soutenue majoritairement par les Turcs, comme le prouve leur victoire à toutes les élections depuis 10 ans, mais aussi par la communauté turque de la diaspora, en France no-tamment. Des Turcs qui n’ont mal-heureusement pas eu voix au chapitre dans cette affaire. Notre rédaction leur a donné la parole cette semaine pour contribuer au débat démocratique qui implique l’expression de toutes les parties, a fortiori, le parti de la majo-rité. On y découvre par un curieux re-tournement de situation, que les Turcs majoritaires, électoralement, sont devenus le parti des opposants ou de l’opposition aux manifestants, attri-buant ainsi par un effet de répétition le monopole de la légitimité démo-cratique aux manifestants. Ces Turcs de la majorité silencieuse ne sont pas homogènes loin s’en faut : à l’image de la pluralité des critiques contre Erdogan, ses soutiens sont pluriels. Et très loin du dualisme qu’un certain traitement journalistique, à l’instar du dessin de Plantu publié dans l’édition du Monde du mercredi 12 juin, essaie de vendre, ils ne constituent pas un pôle islamiste qui ferait face à un pôle laïc. Les soutiens de l’AKP, ceux qui forment la sensibilité qu’on appelle conservatrice en Turquie, représen-tent depuis longtemps déjà une fusion entre une identité musulmane et une culture nationale laïque. En somme, une nouvelle synthèse dont les subti-lités, pour cette même raison, ne pou-vaient qu’échapper à la presse grand [email protected]

La majorité silencieuse des turcs de france

Une Turque voilée agressée à Reimsalors qu’elle circulait en voiture avec son mari à reims, dimanche après-midi, une jeune femme voilée a été prise à partie par un passant.

sUHeDa asIK paris

-A Reims, dimanche 9 juin, une jeune femme turque de 29 ans et voilée a

été victime d’une attaque raciste et isla-mophobe. Accompagnée de son mari en voiture, T.K a d’abord vu un jeune homme d’une vingtaine d’années lui faire un geste déplacé puis leur crier : «J’aime pas les gens qui se déguisent comme ça, rentrez chez vous, sales Arabes !» Quand le mari de la jeune femme est sorti de la voiture pour interpeller l’agresseur, celui-ci a contourné le véhicule et forcé la portière de l’épouse pour essayer de lui arracher son voile. Le jeune homme s’est ensuite enfui pour se réfugier dans un établis-sement des Compagnons du devoir, un mouvement proche des milieux ouvriers français. Le couple a appelé la police et porté plainte suite à l’agression islamo-phobe.

pLUsIeUrs assocIatIoNs mUsULmaNes et aNtIracIstes moBILIséesUn rassemblement spontané de protesta-tion solidaire a eu lieu devant le bâtiment où l’agresseur s’est réfugié. Condamnant cette attaque et soutenant le couple d’ori-

gine turque dans leur démarche, le vice-président de l’Association d’entraide fran-co-turque (DITIB AEFTR), Adem Isik a coordonné un partenariat entre plusieurs associations afi n de porter plainte contre cet individu. Le CRCM, le CCIF, SOS Ra-cisme, le Comité 15 mars et libertés, JMF, l’AMCIR font parties des associations qui se porteront parties civiles dans cette af-

faire. Cette attaque est loin d’être un cas isolé : en France 76 % des cas d’agres-sions physiques ou verbales islamophobes concernent les femmes musulmanes por-tant le foulard, d’après le dernier rapport annuel du Collectif contre l’islamophobie en France. Selon France 3 Champagne-Ardenne, l’agresseur de la jeune femme a été placé en garde à vue.

L’auteur présumé des faits est mineur, en apprentissage chez les compagnons du devoir à reims, il risque des poursuites pour provocation à la haine raciale.

Face à l’augmentation du nombre d’actes islamophobes, il fallait agir et être plus présent sur le terrain. Le CCiF (collectif contre l’islamophobie en France) a lancé une application pour smartphone qui sera téléchargeable gratuitement. Elle off re la possibilité de décla-rer tout acte islamophobe. L’option «signaler un acte islamophobe» va ainsi

permettre aux victimes, mais aussi aux témoins de donner très rapidement l’alerte et d’agir au plus vite. Une victime ou un témoin pourra par exemple prendre en photo la plaque d’immatriculation de la voiture d’un agres-

seur et l’envoyer immédiatement au CCiF, puisque là encore en quelques clics

des pièces jointes, dont des pho-tos, pourront être transmises

avec le message d’alerte.

La viabilité de la bande de Gaza est en jeu et le blocus imposé par israël constitue une punition collective pour les 1,75 million d’habitants de l’enclave palestinienne, a estimé lundi un rappor-teur de l’ONU chargé des droits de l’homme. «La viabilité de Gaza requiert une attention urgente et ne peut pas être laissée à la merci d’une occu-pation continue d’israël», a déclaré l’américain richard Falk devant le Conseil des droits de l’homme en présentant un rapport sur la situa-

tion au proche-Orient. richard Falk s’est rendu dans la bande de Gaza en décembre dernier à partir de l’Egypte. selon ses observations, 70 % de la population de la bande côtière dépendent de l’aide humanitaire et 90 % n’ont accès qu’à de l’eau «impropre à la consommation humaine». il indique également que l’Etat hébreu a détruit 204 maisons ou constructions palestiniennes en Cisjordanie lors du premier trimestre 2013, provoquant le déplacement de 379 personnes.

Une application contre l’islamophobie La survie de Gaza est en jeu

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foUaD BaHrI paris

-Le Parti socialiste s’y est opposé. Le

texte de loi présenté par des députés UMP pour étendre l’obliga-tion de neutralité reli-gieuse au monde du tra-vail n’a pas été soutenu par la majorité de gauche, ni même par certains élus de l’opposition. L’objectif affi ché par Eric Ciotti, l’un des défenseurs de ce texte, était «de permettre au chef d’entreprise de réglementer le port de signes et les pra-tiques manifestant une appartenance religieuse sur le lieu de travail». «Nous refusons l’instru-mentalisation du débat sur la laïcité et la stigmatisa-tion d’une religion», lui a répondu Colette Capde-vielle (PS) via Reuters, es-timant que la proposition de loi était «électoraliste».

Le socIaLIsme, matrIce HIstorIqUe De La LaÏcItéCette prise de position pourrait, à première vue, être évaluée positivement. Pourtant, un éclairage approfondi de la ligne idéologique du Parti socia-liste à propos de la laïcité nous amènera à tempérer sérieusement cette éva-luation. Jusqu’à un passé politique très récent, la laï-cité était en effet la chasse gardée des socialistes. De Jules Ferry, père de l’enseignement laïque, à Ferdinand Buisson, théori-cien de la laïcité et auteur du célèbre Dictionnaire de pédagogie et d’ins-truction primaire, toutes les fi gures majeures de la laïcité étaient issues de la gauche républicaine. Ces dernières années pourtant, les choses ont changé.

La DroIte eN emBUscaDeLa droite, puis l’extrême droite ont commencé à investir ce champ poli-tique très porteur élec-toralement. Outre cette dernière proposition de l’UMP rejetée par le PS, il faut se souvenir que la loi du 15 mars 2004 sur l’in-terdiction du voile à l’école fut votée par une majo-rité de droite, sous l’ère de

Jacques Chirac, même si la proposition de loi émanait là-encore des socialistes. Même son de cloche au Front national. La lutte contre l’islam dit radical en France, contre les prières de rue, les menus halals dans les restaurants et plus généralement contre la visibilité de l’islam en France, a été menée par Marine Le Pen au nom de la sacro-sainte laïcité. L’in-quiétude est donc de mise rue Solférino (adresse du siège du PS, NDLR).

Ne pas précIpIter Les cHosesLa gestion du patrimoine national laïque qu’il lui incombe naturellement exige à ce propos un sens précis du timing. Ne pas précipiter les choses. Au lendemain de la tumul-tueuse réforme juridique autorisant le mariage homosexuel, qui a divisé la France, le gouverne-ment ne pouvait pas se permettre d’enchaîner immédiatement sur un nouveau texte de loi qui fera polémique, à n’en pas douter, et ce d’autant plus si l’UMP le propose.

La coLère De vaLLsC’est dans ce double contexte de planning politique et de protection patrimoniale de la laïcité qu’il faut comprendre le barrage des élus socia-

FRANCE03 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

‘‘«On n’avait pas le droit de brutaliser jusqu’à la mort»

Jean-Marc Ayrault a annoncé mardi à l’Assemblée nationale qu’il lançait une procédure pouvant aboutir à la dissolution du groupe d’extrême droite Troisième Voie et d’autres «groupements» de cette mouvance, après la mort d’un militant antiraciste Clément Méric, le 6 juin dernier.

Les socialistes sont-ils toujours laïques ?

Taksim : une élue soulève la colère des associations turques

foUaD BaHrI paris

-La contestation a pris place à Tak-sim, peut-on lire dans la presse

française. Mais pas seulement. A Strasbourg, l’initiative d’une élue fran-co-turque du conseil municipal, Mine Günbay, de soutenir les manifestants de Turquie et d’appeler à l’organisation d’un rassemblement le 1er juin dernier place Kléber, n’a pas plu aux associa-

tions turques de la ville et à certains conseillers muni-cipaux. Dans un

communiqué destiné au maire socia-liste Roland Ries, ceux-ci lui ont de-mandé de clarifi er sa position. «Dans la mesure où Mine Günbay participe à de telles manifestations en tant qu’élue de la nation française, les représentants des associations turques qui se sont adressés à nous s’interrogent», ont rédigé les élus mécontents, parmi les-quels Saban Kiper et Soumiya Sihabi,

et plusieurs autres conseillers municipaux des communes

avoisinantes.

Le soUtIeN tImIDe DU maIre De strasBoUrg

Les élus, qui ont souhaité relayé la colère des associa-

tions turques, reprochent en particulier à Mme Günbay d’avoir d’après eux utilisé son statut d’élue pour valoriser sa démarche militante. Ils l’accusent également d’attiser les divisions entre Turcs et de «viser des intérêts qui lui sont propres». La réponse de Roland Ris, plus ou moins neutre, ne s’est pas fait attendre. «En qualité de maire, il ne m’appartient pas de donner une position particulière dans le débat qui agite le pays. Ceci étant, il est normal et même très souhaitable que des points de vue et des expressions antagonistes se manifestent», explique l’édile. Cette position de principe constitue d’après Jean-François Lanneluc, directeur de cabinet de Roland Ries, un soutien indirect à Mme Günbay. «Le maire

soutient la liberté d’expression et le droit de manifester. Il reconnaît donc ce droit à Mine Günbay», a-t-il déclaré à Zaman France.

UNe DemaNDe De recaDrage offIcIeLContacté par la rédaction de Zaman, Mine Günbay n’a pas donné suite. Les opposants à la conseillère municipale attendent, pour leur part, des excuses et un recadrage de la part du maire, comme l’explique Mevlüde Gündüz, porte-parole du collectif des treize élus signataires. «Nous appelons cette élue à être responsable. Nous attendons qu’elle présente ses excuses auprès des Turcs qui se sentent offusqués par son geste. C’est au maire de prendre acte et de replacer son élue», indique-t-il.

L’assemblée nationale a repoussé jeudi 6 juin une proposition de loi UMp autorisant les entreprises à imposer la neutralité religieuse au travail. Une prise de posi-tion positive du parti socialiste ?

mine günbay, conseillère municipale (ps) franco-turque à strasbourg, a défrayé la chro-nique en soutenant localement les mobilisations anti-gouvernementales en Turquie. Un collectif d’élus et plusieurs associations turques réclament des excuses et de-mandent une clarifi cation au maire socialiste roland ries.

listes. D’autant qu’en jan-vier 2012, une proposition de loi, défendue par des sé-nateurs radicaux de gauche (EELV, PS) et soutenue par les socialistes, souhaitait déjà étendre l’obligation de neutralité religieuse dans les crèches, les centres de loisirs et chez les assistantes maternelles. Une position politique qui avait trouvé un nouvel écho dans les propos récents du ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Celui-ci n’avait pas hésité à sortir de sa réserve pour critiquer sévèrement la dé-cision de la Cour de cassa-tion qui avait donné raison à une employée voilée dans l’affaire de la crèche Baby Loup. Donc, n’en dou-tons pas. Le Parti socia-liste n’a pas renoncé à son expansionnisme laïque. Laissons-lui seulement le temps de le prouver.

‘‘«Nous attendons qu’elle présente ses excuses auprès des Turcs»

Des membres de la communauté turque ont demandé au maire Roland Ries de clarifi er sa position sur les manifestations en turquie, à la suite de la participation d’une conseillère municipale à un rassem-blement en soutien aux protestataires.

Une proposition de loi de la droite restreignant le port de signes religieux en entreprise vient d’être rejetée. mais la gauche pourrait en chercher une autre d’ici peu.

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SOCIETE04 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

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Les grandes écoles s’ouvrent aux étudiants boursiersLa mise en œuvre d’initiatives en faveur de la mixité sociale dans les classes préparatoires aux grandes écoles s’est largement développée depuis 2001. Des dispositifs expérimentaux d’ouverture sociale ont ainsi été lancés à l’initiative d’établissements prestigieux.

DaLILa BoUazIz paris

-Depuis le début des années 2000, les programmes d’«ou-

verture sociale» des classes pré-paratoires et des grandes écoles (CPGE) se sont multipliés. Trois sortes de dispositifs ont vu le jour, tous adressés à des jeunes issus de milieu populaire : voies d’entrée avec épreuves spécifiques pour des bacheliers de lycées défavorisés

comme à l’Institut d’études poli-tiques de Paris, tutorat par exemple le programme «Une grande école: pourquoi pas moi ?» lancé par l’Ecole supérieure des sciences éco-nomiques et commerciales en 2003 et CPGE expérimentales. Mais en février 2013, la Cour des comptes a épinglé les écoles de management sur leur manque d’ouverture sociale, alors même que l’objectif fixé par

les pouvoirs publics est de 30 % de boursiers parmi les élèves de CPGE.

apporter Le petIt pLUs poUr Les coNcoUrsLors des concours, les différences de notes entre un jeune issu de milieu populaire et un autre de classe so-ciale favorisée sont minimes, rare-ment plus d’un point en moyenne sur l’ensemble du concours. Le petit

plus est souvent donné par le milieu social comme la culture générale, l’aisance rédactionnelle… Aussi des prépas se sont mises en place pour aider les étudiants boursiers à préparer les concours des grandes écoles et leurs spécificités. «C’est bête à dire mais comment on doit se tenir lors d’un entretien, quel débit avoir quand on parle, comment mettre en valeur une anecdote pour

se distinguer des autres. Toutes ces petites choses que je n’aurais pas pu apprendre ailleurs», explique Nas-sim, en Master 1 d’économie inter-nationale à la Sorbonne. Il a intégré en parallèle une classe prépara-toire Cap Essec afin d’entrer dans la célèbre école de commerce. «La prépa permet d’aider les étudiants boursiers et issus de milieu popu-laire qui sont en Master 1 à passer le concours d’admission parallèle à l’Essec. C’est une préparation sur les week-ends», précise Marie Morrelet, chef de projet Egalité des chances au sein de l’école.

UNe préparatIoN spécIfIqUeL’objectif est de préparer les élèves aux différentes épreuves du concours : le Tage Mage, Test d’aptitude aux études de gestion et au management des entreprises, est utilisé comme un outil de sélection dans de nombreuses écoles de com-merce. Le TOEIC, référence en ma-tière d’évaluation des compétences en langue anglaise est utilisée dans un contexte professionnel. Mais aussi des entretiens de personnalité, pour cela la prépa fait appel à des comédiens afin de donner confiance aux étudiants lors des oraux. Les candidats passent aussi des tests de culture générale, d’actualité ou de français qui sont corrigés par la suite. On apporte à ces jeunes une méthodologie, un cadre et des re-pères temporels dans la préparation.

Des résULtats eNcoUrageaNtsCes prépas ne sont pas encore suffi-samment connues. Nassim a décou-vert l’existence de Cap Essec que par le biais du bouche à oreille : «J’ai pris connaissance de la prépa par une amie». Pour autant les conditions d’admission sont tout autant sélec-tives. Les candidats doivent justifier d’un niveau scolaire solide depuis le bac de préférence avec des mentions et avoir un niveau correct en anglais. «Nous recrutons des étudiants qui vont coller un minimum aux critères d’exigence des concours», rajoute Marie Morrelet. Et les résultats sont là, en 2010, ils étaient 6 candidats à préparer le concours de l’Essec, il y a eu 5 admissibles et 3 admis. L’an passé, 13 candidats, 11 admis-sibles et 6 admis. Et cette année, ils sont une vingtaine d’étudiants. Mais Nassim prépare en parallèle d’autres concours : «Il ne faut pas oublier que c’est la 2e meilleure école de commerce de France donc elle est difficile».

parteNarIat avec Des écoLesAutre initiative, celle du lycée Jacques-Feyder à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), où la moi-tié des jeunes sont boursiers. Les étudiants grâce aux partenariats de l’établissement ont la possibi-lité d’entrer après les deux ans de prépa dans deux écoles d’ingénieur: Sup Galilée et l’EiCnam. Mais aussi de tenter les grandes écoles sur concours (Mines-Ponts, Centrale, Polytechniques…). Toutes ces ini-tiatives n’ont pas pour but de baisser le niveau mais d’entraîner plus loin ces élèves boursiers.

Des prépas se sont mises en place pour aider les

étudiants bour-siers à préparer

les concours des grandes

écoles et leurs spécificités.

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SOCIETE05 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Catholiques et franc-maçons : les frères ennemis

-Pascal Vesin, curé de Megève en Haute-Savoie, a été démis de ses

fonctions sur ordre du Vatican, qui lui reproche son appartenance active à la franc-maçonnerie. Cela faisait dix ans que l’écclésiastique de 43 ans menait de pair, et en secret, sa fonction reli-gieuse et son appartenance maçon-nique. Les révélations ont été faites en 2011 à la suite de deux lettres ano-nymes de dénonciations. Alors que le Grand Orient de France (GODF) a soutenu publiquement ce «frère» en constatant un retour de «l’obscuran-tisme et de l’ostracisme». Le diocèse d’Annecy a, de son côté, publié un texte où il déclare que «le fait d’ad-hérer à la franc-maçonnerie met en cause les fondements de l’existence chrétienne» parce qu’«on demande à un franc-maçon d’être un homme libre, qui ne connaît aucune soumis-sion à un dogme».

La raIsoN coNtre La révéLatIoNL’opposition entre les deux voies re-monte à 1738. Alors que venait d’être publiée la seconde édition des Consti-tutions d’Anderson, qui figure parmi les textes fondamentaux de la franc-maçonnerie, le pape Clément XII avait mis en garde pour la première fois contre la nouvelle société secrète des francs-maçons dans sa bulle In Emi-nenti, du 28 avril 1738. Depuis, l’Eglise a plusieurs fois rappelé son opposition radicale à la franc-maçonnerie. Le 8 décembre 1892, Léon XIII lui repro-chait ainsi son anticléricalisme, écri-vant que «la religion chrétienne et la maçonnerie sont totalement incon-ciliables». Pourtant, selon une thèse avancée par l’historien de la franc-maçonnerie Alec Mellor au début des années 1960, l’opposition serait initia-lement plus politique que religieuse. Il cite, en effet, la lutte en Angleterre entre les dynasties des Stuart et des Hanovre protestants pour lesquels la franc-maçonnerie anglaise avait pris

partie. Toujours est-il que c’est sur un plan doctrinal que les frères sont ré-gulièrement critiqués par les autorités chrétiennes. Celles-ci citent le refus de la révélation, mais aussi le relativisme moral ainsi que le culte du secret. La question qui serait au cœur de l’in-compatibilité se situerait, selon le texte publié par le diocèse d’Annecy, dans «le primat et l’autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée».

La fraNc-maçoNNerIe comme «reLIgIoN De sUBstItUtIoN»Mais la raison de cette opposition tient peut-être aussi de la proximité para-doxale entre la franc-maçonnerie et le phénomène religieux. Dans une inter-view accordée à L’Express en 2011, Roger Dachez, président de l’Institut maçonnique de France, la présentait comme une «religion de substitu-tion», même si elle s’en défend. Elle attirerait ainsi de plus en plus de gens qui veulent «chercher un sens à leur vie, mais aussi revenir à un rituel de plus en plus conforme à celui du XVIII

e siècle». Il explique ainsi que les frères sont attirés par un cérémonial très éla-boré.

L’ImportaNce Des rItesLa dimension religieuse de la franc-maçonnerie se manifeste précisément dans l’importance qu’elle accorde aux rites et aux symboles, notamment l’invocation du «grand architecte» identifiable à un Dieu universel. Roger Dachez note ainsi que «beaucoup de frères ont reçu une éducation reli-gieuse qui n’est plus pour eux qu’un rite social. Et le rite qu’ils vivent inten-sément, c’est celui de la franc-maçon-nerie». D’ailleurs, il est intéressant de noter que James Anderson, l’un des auteurs des Constitutions d’Anderson et qui a donc joué un rôle capital dans la naissance de la franc-maçonnerie moderne, dite «spéculative», était un pasteur écossais presbytérien.

-Largement diffusée sur les réseaux sociaux et

reprise sous forme d’affiches ou d’autocollants, la «femme en rouge» est devenue un emblème des manifestations de Taksim. Chaque grand évé-nement médiatique, surtout lorsqu’il relève du tragique, a son héros, symbole de courage face à la figure du mal abso-lu. Le héros sauve des vies, comme Carlos Arredondo avec son chapeau de cow-boy, du-rant les attentats de Boston ou Charles Ramsey, qui, alors qu’il mangeait son Mcdo, a permis de découvrir les trois jeunes femmes séquestrées à Cleve-land. Il est alors filmé, photo-graphié, interrogé pour racon-ter encore et encore son acte de bravoure, que lui-même minimise. On apprendra plus tard, que Ramsey avait un casier judiciaire incluant trois condamnations pour violence conjugale de 1997 à 2003. L’in-formation fera évidemment beaucoup moins de bruit.

UN moDèLe à ImIterDe même, en octobre 2011, l’emballement médiatique à propos de Babu, «héros ordi-naire» du métro qui avait été tué en défendant une jeune fille agressée, avait été mis à mal par des précisions ultérieures : il aurait porté les premiers coups. Cet aspect plus sombre passe naturellement inaperçu car le héros médiatique a une fonction sociale fédératrice. En cela, il est souvent incarné par une vidéo, une photo, un por-trait, dont l’univers des réseaux sociaux est particulièrement propice à la propagation. La grande histoire rejoint ainsi la petite histoire de la vie de

Monsieur ou Madame Tout-le-Monde. Elle donne un visage humain au combat contre le mal. La fabrique du héros, qui propose un modèle à imiter, contribue ainsi à la construc-tion d’une imagerie du bien et du mal, chacun incarné par des symboles. Seul contre tous, il permet alors de rassembler un groupe d’individus der-rière une cause dont personne n’oserait contester la légitimité.

Le DrapeaU, symBoLe De L’etat-NatIoNEn plus de sauver des vies, le héros ou même l’héroïne se bat notamment pour l’em-blème absolu de l’Etat-nation qu’est le drapeau. Comme en mars 2012 en Tunisie, quand Khaoula Rachidi, jeune étu-diante de 25 ans, s’opposa à un salafiste qui voulait décrocher le drapeau tunisien flottant à l’entrée de la faculté de lettres de la Manouba. La vidéo fera le tour du web et Khaoula Rachidi sera finalement déco-rée par le président tunisien Moncef Marzouki. Ce dernier loua le drapeau qui «représente

l’identité tunisienne», ajoutant que «le rouge, c’est le sang des martyrs, l’étoile, c’est notre re-ligion». C’est cette même cou-leur rouge, omniprésente sur le drapeau turc que porte l’icône du parc Gezi. «Elle n’est pas voilée mais porte une simple petite robe rouge. Rouge, comme le drapeau turc», écrit Pascal Riché dans un article dans Rue89, sur les icônes révolutionnaires. Elle donne l’impression d’être si fragile, et pourtant si forte à la fois face au gaz lacrymogène aspergé par le policier. Le gaz est si puissant qu’il fait flotter ses cheveux, qui, comme le précise Riché, ne sont pas voilés. Le tableau est ainsi tout à fait éloquent étant donné que les forces de l’ordre sont ici le symbole du gou-vernement à qui on reproche de vouloir islamiser le pays, surtout depuis la nouvelle loi qui restreint la consommation d’alcool. D’autant, que le dra-peau rouge représente ici la Turquie moderne, celle d’Ata-türk, dont Erdogan est accusé, avec toujours le même refrain, de transgresser l’héritage.

La «femme en rouge» ou la fabrique médiatique des héros

Coul

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Le vatican reproche à la franc-maçonnerie de mettre en cause les fondements de l’existence chrétienne, car «on demande à un franc-maçon d’être un homme libre, qui ne connaît aucune soumission à un dogme».

cette jeune femme en rouge aspergée de gaz lacrymogène par un policier, au parc gezi, est devenue une icône mondiale.

Un curé de Haute-savoie a été démis de ses fonctions par le saint-siège en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie.

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TURQUIE06 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Gezi : ce que pensent les Turcs de FranceIls n’ont encore rien dit mais ils n’en pensent pas moins. Quinze jours après le début des fortes mobilisations contre Erdogan, les Turcs de France prennent enfin la parole. Zaman France est parti à leur rencontre pour avoir leur point de vue sur les accusations d’autoritarisme du premier ministre turc ou sur sa volonté présu-mée d’islamiser la société turque.

foUaD BaHrI paris

-Dérive autoritaire, tentative d’islamiser la Turquie par

l’interdiction de l’alcool, mépris du peuple… Depuis le déclenchement des soulèvements place Taksim contre la destruction programmée du parc Gezi, les accusations lourdes portées contre Erdogan n’ont cessé d’être diffusées sur les médias sociaux et plus largement dans la presse internationale, notamment dans l’Hexagone. Pour les Turcs de France, la majorité silencieuse jusqu’ici, les avis sont bien diffé-

rents de ce qui se dit et s’écrit. La plupart d’entre eux voient

d’un très mauvais œil ce qui se passe là-bas et critiquent les manifesta-tions comme Leyla, jeune Franco-turque. «Dans un pays démocra-tique, on vote pour exprimer son opinion. On ne casse pas en causant des dégâts considérables. Les oppo-sants au pouvoir n’arrivent pas à supporter que la majorité du peuple se retrouve dans les idées d’Erdo-gan. Mais il faut respecter la volonté de la majorité, sans vouloir imposer

ses idées», dit-elle. Un point de vue sur les manifestations partagé par l’avocat Selçuk Demir. «Ce que tout le monde oublie, c’est que la liberté de manifester est soumis à un cadre législatif et qu’elle a des limites. Elle doit être déclarée et doit avoir un cadre temporaire et géographique. La liberté de manifester s’arrête là où commence celle des autres», explique-t-il.

«L’aKp a gagNé toUtes Les éLectIoNs DepUIs 10 aNs»Concernant la dénonciation d’une dérive autoritaire du Premier mi-nistre turc, l’homme de loi rappelle la légitimité démocratique incontestée de Recep Tayyip Erdogan : «L’AKP a gagné toutes les élections depuis 10 ans et a un soutien massif du peuple répétée à chaque élection». Umi Yildirim, de Metz, rappelle sur ce point précis, ce qu’était la Tur-quie et où elle se trouve aujourd’hui après 10 ans de gouvernance AKP. «La Turquie est un pays qui est resté pendant longtemps sous les pou-voirs de la junte militaire «pour dé-fendre la République». Aujourd’hui, ce n’est plus cas, le gouvernement a été élu démocratiquement avec 47 % des voix», pointe-t-il. D’autres soulignent la partialité des médias français à l’instar de Gokhan Ca-grici, docteur. «Comme par hasard ils n’ont pas beaucoup montré les gens qui se sont rassemblés lors du retour d’Erdogan du Maghreb. C’est

la première fois que je vois les mé-dias français attirés à ce point-là par des manifestations qui ont lieu en Turquie», note-t-il. Umit Ertek, de Strasbourg, va plus loin et parle de pressions des milieux bancaires des-tinées à sanctionner le gouverne-ment turc. «Ils font cela pour nuire au développement de la Turquie et l’empêcher d’être une puissance mondiale. L’AKP est le seul parti politique qui a payé la totalité des dettes au FMI. Il a triplé le nombre d’universités et a rendu les hôpi-taux et cliniques accessibles à tous», plaide le Strasbourgeois.

eN fraNce aUssI, L’aLcooL est LImIté !Le constat sur la restriction de l’al-cool est tout aussi tranché et diffé-rent que celui présenté par la presse nationale. Pour la communauté turque, il n’y a pas d’interdiction de l’alcool mais une mise aux normes

européennes. «L’interdiction de la vente de boissons alcoolisées concerne les établissements hors bars et restaurants au-delà de 22h. C’est une prescription qui existe dans toutes les démocraties occi-dentales, notamment en France», explique Selçuk Demir. L’avocat ajoute par ailleurs qu’«Erdogan a été élu sur la base d’un programme qui se veut conservateur. On ne peut pas lui reprocher d’appliquer, sur la base du soutien d’une large popula-tion, son programme». Derrière ces positions affichées, mêlant suspicion envers les manifestants de Taksim et soutien clair à Erdogan, d’autres opinions existent également.

UNe coLère LégItIme ?Certaines rejoignent les reproches adressés au Premier ministre mais condamnent l’anarchisme des ma-nifestants. C’est ce que pense Emine

Çetin, conseillère juridique, impli-quée dans le tissu associatif turc et attaché au ministère des Affaires étrangères. «L’autoritarisme d’Erdo-gan est indéniablement là. Les cri-tiques sur l’islamisation et sur le fait de vouloir faire disparaitre les sym-boles de l’Etat turc sont justes», mais «ils (les manifestants, NDLR) au-raient pu attendre les élections pour manifester leur mécontentement. Cela aurait été plus judicieux dans les urnes d’autant plus qu’en 2014, les Turcs pourront élire des dépu-tés directement en France», déclare Mme Çetin. D’autres critiquent ouvertement Erdogan et s’alignent sur les insurgés de Taksim. Le 4 juin à la Fontaine des Innocents à Paris, un rassemblement de plusieurs cen-taines de ces Turcs avait été organisé en soutien aux manifestants, avec comme slogan : «La démocratie, ce n’est pas que le vote».

‘‘«Les opposants n’arrivent pas à supporter que la majorité du peuple se retrouve dans les idées d’Erdogan»

La police turque a passé la nuit de mardi à mercredi à affronter des groupes de manifestants place Tak-sim, berceau du mouvement antigouvernemental que les autorités ont entrepris de «nettoyer».

-Après avoir affronté toute la nuit des groupes de manifestants, la

police turque est parvenue mercredi matin à reprendre le contrôle de la place Taksim, berceau depuis deux semaines du mouvement antigou-vernemental turc dans le centre d’Is-tanbul. A l’aube, la place, jonchée des débris des barricades écrasées par les bulldozers, était presque totalement déserte et rouverte pour la première fois aux taxis. Des centaines de pro-testataires campaient toujours dans le parc Gezi jouxtant la place. Inflexible depuis le début des troubles il y a deux semaines, Recep Tayyip Erdogan a accepté de rencontrer mercredi dans la journée certains représentants de la contestation qui rassemble laïques, extrême gauche, libéraux, écologistes, étudiants, et divise le pays. Mais l’un

des principaux groupes à l’origine du mouvement, Plateforme Solidarité Taksim, dit ne pas avoir été invité et refuse en outre de dialoguer «tant que la violence se poursuit».

INterveNtIoN DU goUverNeUr D’IstaNBULAprès une première intervention mardi à l’aube qui a permis de déga-ger une grande partie de la place, la police anti-émeute avait tenté à plu-sieurs reprises de repousser les der-niers milliers de manifestants, avec le soutien de véhicules blindés et de canons à eau. Elle était encore inter-venue à la tombée du jour en tirant sans prévenir des cartouches de gaz lacrymogène sur une foule hétéro-gène d’employés venus après leur travail, de parents avec leurs enfants

et de jeunes gens cagoulés, en pre-mière ligne des échauffourées depuis le matin. Dans la nuit, pendant que des employés municipaux déga-geaient des épaves de véhicules à l’aide de bulldozers, des groupes de manifestants continuaient de défier les policiers dans les rues étroites descendant jusqu’au Bosphore, tirant épisodiquement des fusées d’artifice. «Nous allons poursuivre nos actions de manière inlassable, que ce soit le jour ou la nuit, jusqu’à ce que les élé-ments marginaux soient chassés et que la place soit rouverte au peuple», a prévenu le gouverneur d’Istanbul, Huseyin Avni Mutlu, lors d’une brève déclaration télévisée en début de soi-rée. Les forces de l’ordre sont éga-lement intervenues dans la capitale Ankara au moyen de canons à eau.

La police reprend la place taksimLa place, jonchée des débris des barricades écrasées par les bulldozers, était

presque totalement déserte et rouverte pour la première fois aux taxis.

La plupart des turcs de france voient d’un très mauvais œil ce qui se passe en turquie et critiquent les manifestations.

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TURQUIE07 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Des médias étrangers partiaux sur la Turquiepour certains experts turcs, la couverture des manifes-tations anti-gouvernementales en Turquie par les médias étrangers transmettent l’image d’un pays en plein chaos. pour eux, les médias internationaux sont tombés dans le piège de la diff usion manipulatrice.

sINem ceNgIz

-Excessive et manipulatrice. Deux adjectifs qui décrivent la

couverture médiatique internationale des manifestations anti-gouverne-mentales qui secouent la Turquie de-puis près de deux semaines, d’après certains experts. «Présenter les émeutes turques comme un confl it entre laïques et conservateurs et les comparer aux révoltes du Printemps arabe au point de nommer le phé-nomène "Printemps turc" sont les exemples d’un journalisme excessif et manipulateur de la part des médias étrangers», a déclaré à Zaman Yase-min Inceoglu, professeur de commu-nication à l’université Galatasaray. Selon lui, les articles qui transmettent l’image d’une Turquie en plein cha-os montrent bien que les médias internationaux sont tombés dans le piège de la diffusion manipulatrice. «Les médias devraient rechercher la vérité. Il est inacceptable de compa-rer les protestations turques à celles du Printemps arabe. En Turquie, les citoyens ont le droit de s’exprimer de façon démocratique», indique Nuret-tin Güz, professeur à Ankara, à Za-man. «Les journalistes étrangers se trouvant en Turquie savent très bien ce qu’il se passe sur le terrain. Ils exa-gèrent à cause de leurs préjugés sur la Turquie», rajoute-t-il.

L’exagératIoN Des méDIas INterNatIoNaUxPlusieurs titres de médias internatio-naux ont vivement fait réagir les mé-dias turcs. Comme le titre de CNN International, «Le Premier ministre turc menace de faire pendre des gens» ou la revue Foreign Policy, «A quel point la Turquie est-elle démo-cratique ?». «Le monde occidental ne considère pas vraiment la Tur-quie comme une démocratie. Le pays ne s’est pas arrêté aux années 1950. Beaucoup de choses ont changé. Les médias étrangers tentent de déformer les faits», note M. Güz. Concernant la couverture des événements, Yasemin Inceoglu indique: «Les médias étran-gers ont couvert les protestations de-puis le début alors que leurs homolo-gues turcs sont restés silencieux. Les critiques des journaux étrangers sont donc justifi ées». The Guardian, BBC, The New York Times, Russia Today, Al Jazeera, tous ont couvert les mani-

festations qui, selon eux, sont les plus importantes depuis plusieurs années.

poUrqUoI Les méDIas tUrcs N’oNt-ILs pas assez coUvert Les émeUtes ?Les réseaux sociaux ont pris le relais et joué un rôle clé dans la couverture des manifestations turques, avec le risque de diffuser de fausses informa-tions, notent les experts. «La réponse à la question de savoir si les médias turcs ont choisi de ne pas couvrir les manifestations à cause de la pres-sion exercée par le gouvernement ou parce qu’ils ne veulent pas devenir de simples instruments dans les mains des groupes marginaux. Si ce silence est justifi é par la pression du gou-vernement, ce serait inacceptable», a déclaré le professeur Güz.

Les appels au bon sens se multiplient

gül a approuvé la loi sur l’alcool

-Abant, la plus grande plate-forme de débat social en

Turquie, organisée par la Fonda-tion des écrivains et des journa-listes turcs, a appelé, mercredi 5 juin, via une déclaration le gou-vernement et les manifestants à cesser les violences qui déchirent le pays depuis le 31 mai. Abant s’inquiète des actions violentes exercées des deux côtés qui risquent de virer au chaos. La dé-claration souligne que l’utilisation excessive de la force par la police à l’encontre des protestataires est devenue la cause principale de la propagation des troubles dans le pays. La plate-forme a ainsi appelé à mettre fi n aux affron-

tements qui menacent les droits et les libertés, la paix, la stabilité démocratique et la sécurité des citoyens. «Dans une démocra-tie, les élections ne signifi ent pas tout», est-il écrit dans la déclara-tion. Cette dernière dit également que certaines réglementations ré-cemment adoptées par le gouver-nement sont perçues comme un heurt aux modes de vie des Turcs, ce qui a causé des troubles au sein de la société.

gÜLeN : «preNDre Les maNIfestaNts aU sérIeUx»L’intellectuel turc Fethullah Gülen a appelé lors d’un dis-cours à ne pas sous-estimer

les protestations. Il a d’ailleurs reproché à son mouvement de ne pas assez agir pour éradiquer les problèmes auxquels fait face la société turque, particulière-ment au niveau éthique. Gülen a ajouté que les demandes de pré-servation de l’écosystème et des espaces verts des protestataires étaient légitimes et «logiques». En revanche, il a condamné les violences qui ont suivi ce mou-vement pacifi que. Il a déclaré que lapider et brûler des biens publics était «illogique et inhumain». «Nous devons agir et faire face aux problèmes de façon intelli-gente», a-t-il déclaré. «Sur qui rejeter le blâme ? Ceux qui ont sous-estimé les protestations ou ceux qui ont été impliqués dans les violences ? Ou devrions-nous condamner tout le système ?», s’est interrogé Gülen. Il a égale-ment noté : «Si les citoyens n’ap-précient pas le candidat qu’ils ont élu, ils peuvent attendre de revo-ter». Il a ainsi exhorté les autorités à user de tous les moyens pos-sibles pour «éteindre le feu tant qu’il n’est pas trop important». Gülen a également appelé ses partisans à être patients. «Nous devons rééduquer les cœurs», a-t-il conclu.

La plate-forme abant et l’intellectuel turc Fethullah Gülen ont invité le gou-vernement à diriger le pays avec prudence, tout comme, ils ont appelé les manifestants à limiter leurs protestations à des mouvements pacifi ques.

-Lundi 10 juin, le président turc Abdullah Gül a approu-

vé la loi encadrant la vente d’alcool dans le pays et la limitant la nuit. Cette loi, présentée par le Parti pour le Justice et le Développe-ment, votée par le Parlement le 24 mai et soumise au président le 28 mai, a été l’objet de vives contro-verses. L’AKP s’est défendu en

déclarant que les restrictions en matière d’alcool étaient conformes aux normes européennes, en réponse à l’opposition qui accuse le gouvernement d’imposer son point de vue religieux sur les ci-toyens. Abdullah Gül a tenu à exa-miner la loi aussi bien de manière légale qu’en termes de «perception sociale». Le président a promis à

une délégation commerciale plu-tôt inquiète qu’il ferait «le néces-saire» s’il constatait des problèmes liés à la loi. Rappelons que le texte stipule qu’il est interdit aux établis-sements situés dans un périmètre de 100 mètres d’une mosquée ou d’une école de vendre de l’alcool et que la vente des boissons alcooli-sées est interdite après 22h.

«Les journa-listes étrangers exagèrent sur ce qui se passe en turquie à cause de leurs préju-gés», pour le professeur turc Nurettin Güz.

abant, la plus grande plate-forme de débat social en turquie, s’inquiète des actions violentes exercées des deux côtés qui risquent de virer au chaos.

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EUROPE08 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

EN BREF

JapoNLe doyen de l’humanité est mort à 116 ansJiroemon Kimura, un Japonais doyen de l’humanité à 116 ans, est décédé mercredi près de Kyoto des suites d’une pneumonie, rapportent les mé-dias japonais. Kimura, qui a eu sept enfants, 14 petits-enfants, 25 arrière-petits-enfants et 15 arrière-arrière-pe-tits-enfants, était l’homme le plus âgé de la planète depuis le 17 décembre 2012. Né en 1897, l’année où la reine Victoria fêtait son jubilé en Grande-Bretagne, il a travaillé dans les Postes avant de devenir agriculteur. Lors de son 115e anniversaire, il avait attribué sa longévité à son goût pour le soleil et la lumière. «Je regarde toujours vers le ciel, c’est ainsi que je suis», disait-il. L’espérance de vie est particulière-ment grande au Japon, qui abrite plus de 50.000 centenaires.

vatIcaNLe pape admet l’existence d’un «lobby gay»Le pape François a reconnu l’existence d’un «lobby gay» et d’un «courant de corruption» au Vatican, rapportent des médias catholiques non démen-tis par le Saint-Siège. Le pape a fait ses remarques la semaine dernière lors d’une audience privée avec des représentants de la Confédération latino-américaine et caraïbe des reli-gieux et religieuses (Clar), selon le site catholique Reflexion y Liberacion. «Dans la Curie, il y a des gens saints, vraiment, il y a des gens saints. Mais il y a aussi un courant de corruption, il y a ça aussi, c’est vrai (...). On parle de lobby gay et c’est vrai, il existe. Il faut voir ce que nous pouvons faire», dit le pape selon la synthèse rédigée par les responsables de Clar.

C’est le coût global en euros de l’organisation du baccalauréat, en intégrant les dépenses liées à l’organisation des épreuves mais également le montant des trois semaines d’ensei-gnement perdues, chaque année, par l’ensemble des lycéens, selon le syndicat SNPDEN.1,5 milliard

«La victimisation, une réponse dangereuse à l’islamophobie»

Berlin bloque une loi sur la double-nationalité

emre Kazim, doctorant de philosophie au King’s College de Londres, constate que depuis l’attentat terroriste à Woolwich, les attaques à l’encontre de la communauté musulmane de Grande-Bretagne ont grimpé en fl èche.

emre KazIm LONDrEs

-L’organisme Faith Mat-ters, qui lutte contre

les tensions interreligieuses, a déclaré que le nombre d’incidents en Grande-Bre-tagne était monté à 212 depuis le meurtre du soldat britannique Lee Rigby, le 22 mai dernier. Onze atteintes contre des mosquées ont été enregistrées. Les médias nationaux et internationaux parlent de l’islamophobie comme étant l’une des rai-sons des attaques anti-isla-miques. Certains musulmans ont adopté une position de victime et perçoivent ces actes comme la manifes-tation d’une xénophobie latente. Je propose ici une perspective différente sur la manière de réagir face à ces événements. Et cette vision va au-delà de la simple quali-fi cation d’«islamophobe» des personnes critiques à l’égard de l’islam et des musulmans.

traNsmettre UN message posItIfSe plaindre d’islamophobie est une tactique négative car elle ne propose pas de solution au problème. On se contente de se position-ner contre quelque chose. Selon moi, la seule façon de répondre aux critiques est de fournir des informations

alternatives à celles qui sont habituellement transmises. La seule option est de réé-crire une histoire qui refl ète un autre point de vue sur l’islam afi n de sensibiliser les citoyens britanniques et occi-dentaux sur ce sujet. Nous devons nous réapproprier l’information nous concer-nant. Ecrire des rapports et collecter des données sur la représentation des musul-mans dans les médias est une bonne initiative, mais nous devrions plutôt chercher à transmettre un message po-sitif. Prenez comme exemple celui de ces musulmans d’une mosquée de York en Grande-Bretagne qui ont distribué du thé et des gâteaux en guise de réponse aux manifestants venus protester devant leur lieu de culte.

Ne pas cHercHer à étoUffer Le DéBatPar principe, personne ne de-vrait chercher à étouffer une discussion. Qu’on le veuille ou non, rien ni personne n’est à l’abri des critiques les plus acides aujourd’hui. Il est impossible d’y échapper. Si certains pensent que le débat sur l’islam est synonyme de propagation d’une fausse in-formation et d’une déforma-tion des faits concernant les

musulmans et leur religion, alors je répondrais qu’il est vain de vouloir l’empêcher. Nous devrions corriger les fausses informations diffu-sées. Les journaux ont ten-dance à exagérer les faits et à utiliser des termes obscurs comme celui de radicalisa-tion au lieu d’offrir une ap-proche plus nuancée vis-à-vis des événements actuels. Si les mêmes informations continuent d’être exploitées, un sentiment de victimi-sation puis de repli risque d’émerger.

«ce N’est pas eN recUeILLaNt La compassIoN qUe NoUs prospéroNs»La victimisation est sans doute la réponse la plus dan-gereuse au phénomène de l’islamophobie. Cela ne doit

plus exister si les musulmans veulent voir s’améliorer à la fois leur condition au sein de la société et la perception générale de l’islam. Ce n’est pas en recueillant la compas-sion des gens que nous pros-pérerons. C’est plutôt par l’action et la force que nous serons respectés. Plutôt que d’utiliser le racisme comme outil politique à l’heure où les attaques à l’encontre des musulmans en Grande-Bre-tagne et en Occident aug-mentent, il est temps pour la communauté musulmane de réagir de façon positive à ce phénomène et de rejeter le côté négatif de la victimi-sation. Ainsi, nous serons capables d’exprimer nos dé-sirs et de nous construire un avenir meilleur.

-Le gouvernement allemand s’est opposé mercredi 5

juin à une proposition de loi qui aurait permis d’accorder la double nationalité aux immigrés, s’atti-rant les critiques de l’opposition. Les parlementaires de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel ont jugé que l’octroi de la double-nationalité favoriserait le com-munautarisme et permettrait à la Turquie d’exercer une infl uence exagérée sur l’Allemagne. «Pour nous, une intégration réussie signifi e qu’une personne choi-sit l’Allemagne», a déclaré Ole Schröder, secrétaire d’Etat parle-mentaire du ministère de l’Inté-rieur. «La diversité sociale n’est

pas liée au nombre de nationali-tés», a-t-il plaidé devant le Bun-destag.

«reNoNcer à LeUr HérItage»L’opposition sociale-démocrate (SPD) a aussitôt accusé la coali-tion gouvernementale d’avoir une vision du monde dépassée et une peur de la minorité turque confi -nant au racisme, plaçant la ques-tion de l’immigration au cœur de la campagne électorale en vue du scrutin législatif de septembre. «Merkel a dit vouloir une culture d’accueil, mais la loi sur les natio-nalités en vigueur ne favorise pas l’intégration. Elle force les immi-grés à renoncer à leur héritage», a souligné le président du groupe

parlementaire SPD, Thomas Op-permann. Berlin ne permet actuel-lement pas aux étrangers résidant sur son territoire de conserver

durablement deux nationalités, à l’exception des ressortissants des autres pays de l’Union euro-péenne et de la Suisse.

Les enfants d’immigrés nés sur le sol allemand sont autorisés à garder la nationalité de leurs parents jusqu’à leurs 18 ans, mais ils doivent ensuite faire un choix.

pour emre Kazim, doctorant de philosophie au King’s college de Londres, «la seule façon de répondre aux critiques sur l’islam est de fournir des informations alternatives».

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INTERNATIONAL09 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

La tension monte entre l’Egypte et l’Ethiopie

Le fils de l’émir du qatar bientôt sur le trône

Nelson Mandela toujours dans un état grave

-L’Egypte, inquiète du projet de barrage hydroélectrique que veut

construire l’Ethiopie en amont du Nil, n’exclut aucune option pour protéger ses intérêts, a déclaré lundi le président Mohamed Morsi. Il a ajouté que son pays ne voulait pas la guerre. Dans un discours télévisé devant ses partisans au Caire, le chef de l’Etat a souligné l’im-portance du Nil pour l’Egypte. «Nous ne sommes pas les avocats de la guerre mais nous ne permettrons jamais que

soit mise en péril notre sécurité en matière d’approvisionnement en eau», a-t-il lancé.

UN Barrage qUI représeNte 6 ceNtraLes NUcLéaIresLe projet éthiopien, estimé à 4,7 mil-liards de dollars, a démarré fin mai avec des travaux de dérivation du cours du fleuve. Un rapport a été établi par une commission tripartie réunissant des experts égyptiens, éthiopiens et

soudanais. Il a contribué à alimenter les craintes de l’Egypte qui estime que l’Ethiopie n’a pas mesuré toutes les conséquences de son projet. Le barrage monumental, qui doit être inauguré en 2016, sera le plus grand d’Afrique, avec une capacité de 6.000 mégawatts, selon le gouvernement d’Addis-Abeba, soit l’équivalent de six centrales nucléaires. Il devrait permettre à l’Ethiopie de de-venir le premier producteur d’électricité du continent africain.

-L’émir du Qatar et également Premier ministre se prépare à

démissionner dans le cadre d’une vaste transition politique qui pourrait voir l’émir céder sa place à son fils, le prince héritier Cheikh Tamim, apprend-on de sources diplomatiques occidentales et arabes. Un tel bouleversement à la tête du petit émirat du Golfe pourrait avoir des conséquences sur sa politique étrangère, très active sur la scène régio-nale où il soutient les révoltes arabes et les Frères musulmans, comme interna-tionale, où il réinvestit massivement les revenus considérables de sa production de gaz naturel.

traNsfert De poUvoIr eN DoUceUrL’émir, Cheikh Hamad bin Khalifa al Thani, «pense depuis un moment» à passer la main, assure un diplomate basé à Doha. «Il s’est manifestement préparé au cours de l’année passée à remettre son autorité à Tamim. Il a toujours été prévu que cela se passe comme ça, mais il faut trouver le bon moment», dit-il. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Arabie saoudite notamment auraient été prévenus des intentions de l’émir qui, disent-elles, tient à assurer un transfert du pouvoir en douceur à la jeune génération. Quitte à rompre pour cela avec la tradition des monarchies arabes, dont les dirigeants restent géné-ralement en place jusqu’à leur mort.

-La présidence sud-africaine a mis fin à 48 heures de silence en

annonçant lundi que l’état de santé, «grave mais stable», de Nelson Man-

dela était inchangé depuis samedi. Agé de 94 ans, l’ancien président sud-afri-cain (1994-1999), symbole du combat contre l’apartheid, a été hospitalisé dans la nuit de vendredi à samedi à Preto-

ria pour de nouveaux problèmes pul-monaires. Dans un bref communiqué, le président Jacob Zuma a de nouveau appelé le pays à prier pour Nelson Man-dela, qui fut le prisonnier politique le plus célèbre de son temps. Il s’agit de la quatrième hospitalisation de «Madiba», son surnom, depuis décembre der-nier. Sa dernière apparition publique remonte à 2010. Il avait alors assisté à la finale de la Coupe du monde de football, à Johannesburg.

L’égypte et l’éthiopie sont entrées dans une guerre verbale à la suite

de la décision d’addis abeba de construire un barrage sur le Nil.

NeLsoN maNDeLa

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ECONOMIE10 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Les bonnes notes de l’économie turque

Michel Sapin met en garde Michelin

-Le produit intérieur brut (PIB) de la Turquie a aug-

menté de 3 % au premier tri-mestre 2013, soit davantage que les 2,3 % prévus par un sondage réalisé par Reuters, selon des sta-tistiques officielles publiées mar-di. Le PIB turc a par ailleurs crû de 1,6 % par rapport au trimestre précédent, précise l’Institut des statistiques turc. L’économie turque avait enregistré une crois-sance de 2,2 % sur l’ensemble de l’année dernière. Ces statistiques sont antérieures au mouvement de contestation qui a débuté fin mai à Istanbul.

HaUsse De La croIssaNceLe ministre des Finances, Meh-met Simsek, a déclaré que la crois-sance devrait s’accélérer au cours du deuxième trimestre, ajoutant que cela contribuerait à l’atteinte de l’objectif fixé pour l’ensemble de 2013, qui est d’une hausse du PIB de 4 %. «La bonne santé de nos finances publiques, les sec-teurs bancaire et immobilier ainsi que le bilan solide des ménages devraient soutenir la croissance», a déclaré Mehmet Simsek, cité dans un communiqué.

-Le ministre du Travail, Mi-chel Sapin, a déclaré mardi

qu’il ne voulait voir aucun salarié de Michelin à Pôle emploi après l’annonce de la suppression de 730 emplois sur le site du groupe de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire). Le géant des pneuma-tiques a confirmé lundi l’arrêt de l’activité poids lourds de son usine d’ici au premier semestre 2015. Sur les 930 salariés du site, environ 200 continueront à tra-vailler sur place pour travailler dans les produits «semi-finis» tandis que 250 feront l’objet d’un aménagement de fin de carrière. Les 480 salariés restants se ver-ront quant à eux proposer deux postes correspondants à leurs compétences sur un autre site de Michelin en France.

«UN DIaLogUe socIaL exempLaIre»«Je veux qu’il y ait un accompa-gnement des salariés en diffi-culté, il ne faut pas qu’il y ait un salarié qui se retrouve à Pôle em-ploi», a déclaré mardi sur France Inter Michel Sapin, réclamant un «dialogue social exemplaire». «Michelin gagne de l’argent, il doit utiliser une partie de cet argent gagné pour que le site de Joué-lès-Tours soit réindus-trialisé», a-t-il poursuivi. Pour le ministre du Travail, il ne s’agit pas de licenciements boursiers. «L’objectif ce n’est pas de faire monter la bourse, c’est de faire en sorte que cette entreprise soit dans cinq ans ou dix ans une entreprise toujours en activité», a-t-il dit. «Je perçois qu’il y a des efforts qui sont faits en France par Michelin pour augmenter sa production, créer des emplois à tel ou tel endroit», indique-t-il.

Le ministre des finances, mehmet simsek, a déclaré que la croissance devrait s’accé-lérer au cours du deuxième

trimestre 2013.

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FAMILLE&SANTE12 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

Grands-parents, un vrai rôle à jouer

DaLILa BoUazIz paris

-Petits-enfants et grands-parents, une relation précieuse. Point

de repère dans l’histoire familiale, les grands-parents entretiennent le lien avec le passé : leur présence ancre l’en-fant dans ses racines. Ils leur permettent de se situer dans une filiation, et de ce fait ils participent à la construction de leur identité. C’est en ayant accès à cette mémoire que l’enfant comprend d’où il vient, l’histoire dans laquelle il s’inscrit. Ils sont le pont avec le passé, avec l’enfance de nos parents, avec nos origines. «Si on compare la famille à l’image d’un arbre, précise la psycho-logue Nathalie Isoré, sur le site Magic-maman, les grands-parents en sont les racines et les parents les branches maî-tresses sur lesquelles l’enfant, dès tout petit et tout au long de sa vie, pourra toujours s’appuyer pour se dévelop-per.»

traNsmIssIoN Des vaLeUrsLa transmission des valeurs est alors un autre aspect de la relation des aïeux avec leurs petits-enfants. Moins stres-sés, installés dans un rythme de vie plus calme, ils ont également l’avan-tage de posséder plus de temps libre. Ils se consacrent donc pleinement à leurs petits-enfants. «Quand je suis avec mon petits-fils, je ne fais que cela ! Je joue avec lui, etc. Quand ma fille s’assoit par terre, elle se relève presque immédiatement car elle a mille choses à faire», note Zineb, grand-mère d’un petit Yacine de 20 mois . Cuisiner au-tour des recettes familiales, jardiner… autant de moments quotidiens qui ap-prennent aux bambins le sens des mots générosité, curiosité, patience. Pour le pédopsychiatre Marcel Rufo, dans son dernier ouvrage Grands-parents, à vous de jouer (éditions Carrière), être grand-père ou grand-mère, c’est aussi avoir une deuxième chance de parenta-lité. Les enfants ont servi de «première expérience», ils vont donc être plus à l’aise avec leurs petits-enfants. Ils n’ont plus la même pression éducative pour ces derniers, ils n’ont plus à gronder ou à surveiller leurs notes.

Le maILLoN staBLe De La famILLeLa maison des grands-parents est sou-vent l’endroit où se regroupe la famille. Retrouvailles entre cousins pour les va-cances, célébration des fêtes de famille, déjeuner dominical, pour toutes ces occasions les grands-parents consti-tuent l’élément stable où peuvent se retrouver et se construire les liens fami-liaux des différentes générations et des différentes lignées. Cousins, neveux, oncles, etc., les liens sont maintenus et renouvelés grâce à ce maillon stable au-quel chacun peut se raccrocher. Ce sont eux qui font se rencontrer les uns et les autres et permettent aux enfants de se situer par rapport aux autres membres de la famille. Auprès des grands-pa-rents, les enfants expérimentent la no-tion de chaîne. Et lorsqu’il y a divorce, et que l’enfant ne voit plus l’un de ses deux parents, le plus souvent le père, les grands-parents peuvent aussi jouer un rôle majeur. «Dans un univers où tout a basculé pour l’enfant, et même l’essen-tiel, les grands-parents, solidaires, de-meurent l’un des seuls repères stables et rassurants pour l’enfant», explique le psychologue Harry Ifergan, auteur avec, Rica Etienne, de Mais qu’est-ce qu’il a dans la tête ? (Hachette).

Soutiens affectif et éducatif irremplaçables, les grands-parents constituent l’élé-ment stable de la cellule familiale.

Les grands-parents entretiennent la solidarité au sein de la famille et tissent des liens essentiels avec leurs petits-enfants.

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CULTURE13 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

La chorale franco-turque en concert le 15 juin à ParisLa première chorale de musique franco-turque, créée l’an dernier, don-nera un concert samedi 15 juin à l’auditorium Espace saint Martin de paris. selin Tenik, fonda-trice et directrice artis-tique de cette formation musicale, nous en dit un peu plus sur le type de chants et de musiques proposés par sa chorale.

foUaD BaHrI paris

-Selin Tenik est la directrice artistique de la chorale franco-

turque de Paris. Pour elle, l’aventure artistique a commencé en juin 2012 avec l’association musicale fran-co-turque de Paris, une structure qu’elle a créée pour donner corps à son projet. «C’est la première chorale de musique turque en France. C’est quelque chose de nouveau», confie-t-elle à Zaman France, avant d’ajou-ter que «le but est la transmission de la culture turque par le biais de la musique». Composée de 25 choristes âgés de 17 à 57 ans, l’Ensemble vocal ne regroupe pas seulement des Turcs. «Notre chorale est ouverte à toute personne intéressée par la musique turque», explique Selin Tenik. «D’ail-leurs, on a réussi dès la première année à avoir des choristes français, francophones, qui ne parlent pas le turc ou très peu mais qui viennent et travaillent les prononciations des chants», poursuit-elle.

UNe cHoraLe mêLaNt cHaNts traDItIoNNeLs et popULaIresSelin Tenik fait partie de cette géné-ration de jeunes Franco-turcs qui synthétise très bien cette fusion entre une formation mixte, française et turque. Psychologue à la base, formée au Conservatoire de Montreuil, en chant et piano, la directrice artistique s’est également nourrie d’une écoute familiale et personnelle de la musique turque qu’elle a su complété par une autre formation, cette fois ci à Anka-ra. Quant au registre des chants pro-posés par la chorale, qui effectue ses répétitions au Centre culturel d’Ana-tolie de Paris, il s’appuie essentiel-lement sur ce qu’on appelle le Turk Sanat Muzigi (musique classique turque) «avec des Turku qui sont ren-trés dans le répertoire classique». «Ce sont des chants anciens traditionnels de l’Empire ottoman, la musique du

sérail», explique Selin Tenik. Mais d’autres registres font leur apparition comme les Karade-niz, chants populaires de la région Est de la Mer Noire, accompagnés de kemençe (instrument à cordes).

UN proJet soUteNU par La trt à aNKara…Pour l’instant, la chorale franco-turque pose les bases de son travail et espère toucher un large public. «Pas mal de jeunes sont intéressés. On a des personnes qui connaissent déjà cette musique et d’autres non», explique Mme Tenik. De nombreuses demandes de concerts dans des villes où se trouvent d’importantes communautés turques comme à La Courneuve ou Ris-Orangis ont été faites à

la chorale. Et la structure artistique bénéficie d’ores et déjà du soutien de Ankara TRT radyosu (groupe audio-visuel public qui comprend la radio et la télévision publique turque, NDLR). «La directrice adjointe de TRT que j’ai rencontrée en février trouve notre projet très intéressant et le soutient. Ils nous ont dit qu’on pouvait faire appel à eux», précise-t-elle. Pour les amateurs, un rendez-vous à ne pas manquer : le concert de fin d’année de la chorale qui se tiendra le samedi 15 juin à 20h à l’Auditorium Espace Saint Martin.Le 15 juin, Auditorium Espace Saint Martin au 199, bis rue Saint Martin 75003 Paris. Entrée : 12 euros. Renseignements : www.pariskorosu.com. Contact : [email protected]

‘‘«On a réussi à avoir des choristes français qui ne parlent pas le turc»

«Notre chorale franco-turque est ouverte à toute personne intéressée par la musique turque», explique selin tenik, directrice artistique de cette formation musicale.

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CULTURE14 14 - 20 JUIN 2013 ZAMAN FRANCE

AGENDA CULTUREL

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Le sultan du luthVirtuose du luth issu du Conservatoire de Bagdad, Naseer Shamma interprète des compositions tirées du répertoire classique arabe, ainsi que d’autres au lyrisme plus personnel.Le 15 juin à 20:30institut du monde arabeplace Mohammed V75005 paris

paris türk müzigi KorosuSous la direction de Selin Tenik, le chœur de l’Asso-ciation musicale franco-turque de Paris interprétera un répertoire varié issu des différentes traditions musi-cales de Turquie.Le 15 juin à 20:00auditorium Espace saint Martin199bis, rue saint Martin75003 paris

serûven, musique d’anatolieProjet musical mené de-puis plusieurs années par Mukadder Coruk et Vedat Cengiz, Serûven prend ses racines dans la musique tra-ditionnelle d’Anatolie, tout en s’ouvrant aux influences de la musique classique, du jazz et des musiques du monde.Le 14 juin à 19:30La scène Bastille2bis, rue des Taillandiers75011 paris

pourquoi la banque islamique n’est pas pour demain en francePar Anass Patel, directeur investissement et stratégie chez DTZ Asset Manage-ment Europe. Une confé-rence prononcée dans le cadre de la 2e édition du Salon musulman du Val d’Oise.Le 15 juin à 16:50parc des expositions de pontoiseChaussée Jules César95300 pontoise

Banlieues en mouvementTrente ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, dans les banlieues, des énergies et des indivi-dualités nouvelles prennent à bras le corps leur des-tin. Avec la participation de Nabéla Aïssaoui (HEC, associations Nos quartiers ont du talent et Paris pion-nières), Éric Marlière (socio-logue, CéRIES) et Moha-med Chirani (Sciences Po, association Votez banlieue), ainsi que les interventions des slameurs Tâta Milouda, Hocine Ben et Souleymane Diamanka.Le 20 juin 2013institut du monde arabeplace Mohammed V75005 paris

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Tunis, centre-ville. Aïcha et Zeyneb travaillent dans un salon de thé, le Mille-feuille. Les jeunes fi lles sont amies. L’une porte le voile, l’autre non ; toutes deux se respectent et se soutiennent. C’est le monde extérieur, la société, qui fait de leurs choix personnels, de leurs convictions, un enjeu

politique, sociétal. Le fi lm commence d’ailleurs par des scènes de mani-festations et de violence urbaine. Mais très vite, la caméra investit les lieux du quotidien et de l’inti-mité (maisons, salon de thé). C’est là en effet que se développe, effervescent, un discours politique tota-lement absent du temps

de la dictature. Avec la révolution de janvier 2011, parler politique est devenu le quotidien des gens, – et les questions du statut de la femme, de la laïcité et, singulièrement, du port du hijab, de véritables enjeux dans une société de plus en plus polarisée, oppo-sant les «religieux», aux «laïques».

voilée ou pas dans la tunisie postrévolutionnaire

a lire & à voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir...àààààààààààààààààààààààà&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&a lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lirea lire &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&voilée ou pas dans la tunisie postrévolutionnaire

Millefeuille, réalisé par Nouri Bouzid (comédie dramatique, Tunisie/France, 2013, 1h45). Avec Nour

Mziou, Souhir Ben Amara, Lo� i Ebdelli, Bahram Aloui. Prix du meilleur réalisateur arabe, Abu Dhabi

2012. Prix du meilleur � lm, Louxor 2013.Sortie en salles le 5 juin.

Nationalisme arabe : une âme d’islam dans un corps laïqueseyfeDDINe BeN maNsoUr LiLLE

-Il y a un siècle, entre le 18 et le 24 juin

1913, s’est tenu à Paris le Premier Congrès arabe. Evénement fondateur du nationalisme arabe, il réunissait des étu-diants, sujets ottomans, membres de sociétés se-crètes arabes créées sur le modèle des Jeunes-Turcs. Au panturquisme des derniers, il s’agissait de répondre par l’arabisme. Un arabisme encore modeste dans ses reven-dications, puisqu’il porte essentiellement sur la reconnaissance par l’Em-pire ottoman des droits civiques et culturels du «Peuple arabe».

L’IDéoLogIe DU BaatHIsmeLa question religieuse n’avait, lors de ce pre-mier Congrès, pratique-ment pas été abordée. Elle ne manquera pas de l’être par la suite. La reli-gion – et nommément, l’islam – occupera en effet une place singulière au sein du baathisme, l’une des formes majeures de l’idéologie nationaliste arabe dans la deuxième moitié du XXe siècle. A la fois socialiste et pana-rabe, le baathisme est laïque. Pour autant, il ne rejette pas le religieux à la manière de la Révolution française. Il ne conçoit pas davantage l’accès à la modernité comme impli-quant une sécularisation préalable de la société, à l’instar du kémalisme.

L’IsLam LIé à L’araBItéAu contraire, le natio-nalisme arabe du Baath entend «moderniser» l’islam, que, donc, il prend en compte. Il y voit de fait une compo-sante essentielle de la civilisation, et, partant, de l’identité arabes. Car si la laïcité offre un cadre politique et juridique mo-derne qui permet d’assu-rer le vivre ensemble au sein d’une Nation arabe

confessionnellement et ethniquement plurielle (avec ses minorités chré-tiennes, juives, chiites, druzes, kurdes, berbères, arméniennes…), l’islam est organiquement lié à l’arabité. Or c’est celle-ci qui fonde la commu-nauté nationale : «Est Arabe quiconque dont la langue est l’arabe, vit sur le sol arabe ou aspire à y vivre, et est convaincu de son appartenance à la nation arabe» (article 10 de la Constitution du parti Baath). Or l’islam est une religion révélée «en langue arabe claire» (Coran, XXVI : 195), à un prophète arabe, en terre arabe. Le caractère uni-versel de l’islam n’est pas nié, tant s’en faut, mais il est rapporté à la spé-cifi cité originelle qui en rend compte : «Chaque grande nation qui se penche sur le sens éter-nel de l’univers s’avance,

dès ses origines, vers les valeurs éternelles et uni-verselles. L’islam est la meilleure expression du désir d’éternité et d’uni-versalité de la Nation arabe. Il est arabe dans sa réalité, et universel de par ses idéaux et sa fi nalité.»

mIcHeL afLaq, L’UN Des pères foNDateUrs DU partI BaatHCes mots sont de Mi-chel Afl aq (1910-1989), chrétien de rite grec orthodoxe, idéologue du nationalisme et du socialisme arabes, et l’un des pères fondateurs du parti Baath. L’extrait pro-vient de «A la mémoire du Prophète arabe», un discours prononcé en avril 1943 à l’occasion du Mawlid (commémo-ration de la naissance de Muhammad). Il in-vite ainsi les chrétiens arabes, aussi nombreux qu’actifs dans l’histoire du nationalisme, à «re-

connaître l’islam comme leur culture nationale : ils doivent s’en imprégner, ils doivent le respecter et le garder comme l’élé-ment le plus précieux de leur arabité.» Car à la différence des Euro-péens, dont les religions viennent d’ailleurs que d’eux-mêmes, les Arabes, qu’ils soient musulmans ou non, ne peuvent se défaire de l’islam sans se renier : «L’arabisme est le corps dont l’âme est l’is-lam.» Ils doivent même y puiser le moyen de leur renaissance, en s’inspi-rant de la révolution spi-rituelle et politique qui fut celle du «Prophète arabe». Et c’est au nom de cet islam puisé à sa source que devra être instauré, de l’Atlantique au Golfe persique, le sys-tème laïque d’une Oum-ma ‘arabiyya, d’une Na-tion arabe, résolument tournée vers l’avenir.

gamal abdel Nasser, ancien président égyptien, est l’une des grandes fi gures du nationalisme panarabe dans les années 1950 et 1960.

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OPI

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N15

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‘‘«Il est temps d’analyser chaque facteur avant que notre pays ne sombre dans le chaos»

EKREM DUMANLI

Le retour de la «vieille turquie» ?

Ne pas sombrer dans un confl it civilLa grave crise qui secoue la turquie depuis le 31 mai a pris une tournure idéologique. pour le chroniqueur Ekrem Dumanli, il est temps que cette violence cesse avant que les répercus-sions pour le pays soient trop lourdes.

-En ce moment, il y a une atmos-phère chaotique en Turquie.

On ne sait plus qui dit quoi à qui et pourquoi. Tout est noir ou tout est

blanc et les individus sont catalogués sous l’appella-tion d’ami ou d’ennemi. Nous ne devrions pas nous insurger et nous offenser les uns les autres. Nous devrions, au contraire,

mettre à profi t notre «intelligence géométrique», avant qu’il ne soit trop tard et que nous regrettions nos actes. Mais qu’est-ce que l’«intelli-gence géométrique» ? Lorsque de nombreux facteurs sont impliqués dans un incident, nous ne devons pas les négliger. Imaginons que plu-sieurs véhicules roulent à des vitesses différentes et se dirigent tout droit vers un carrefour. Si on décide de se concentrer uniquement sur notre destination sans tenir compte des facteurs environnants, nous pou-vons être sûrs d’entrer en collision

avec d’autres véhicules. Un événement social a plusieurs causes, il existe différentes façons de ré-

soudre le problème. Mais pour y arri-ver, nous devons prendre en compte tous ses aspects et chercher des solu-tions alternatives.

L’évoLUtIoN De La sItUatIoN actUeLLeVoici quelques pistes pour com-prendre la situation actuelle. Au dé-part, les manifestation du parc Gezi étaient d’ordre écologique mais ont fi ni par déclencher la colère des insa-tisfaits du gouvernement de l’AKP et de la politique sociale d’Erdogan.

La brutalité policière à l’encontre des manifestants a provoqué une protes-tation massive. La plupart de ceux qui respectaient la sensibilité envi-ronnementale des protestataires ont fi ni par montrer leur mécontente-ment face à la montée de la violence. Et, même les personnes opposées au discours provocateur du Premier ministre ont commencé à critiquer les protestataires pour leur posture radicale. Les manifestations ont pris une tournure idéologique, nombreux sont ceux qui craignent une atmos-phère proche de celle du coup d’Etat du 28 février 1997. Il est temps d’ana-lyser chaque facteur avant que notre pays ne sombre dans le chaos.

qUeLs soNt ces maNIfestaNts ? 1 - Les insatisfaits du discours provo-cateur d’Erdogan et des pratiques du gouvernement.2 - Les personnes voyant chaque cri-tique envers les pratiques de l’AKP comme des hostilités adressées au parti lui-même et en particulier au Premier ministre.3 - Les personnes attendant de se débarrasser du gouvernement sans tenir compte du bien-être du pays.4 - Les personnes tentant de monter les puissances étrangères contre le gouvernement turc étant donné la situation actuelle.5 - Les personnes considérant ces manifestations comme une injustice contre Erdogan.6 - Les alévis, insatisfaits du projet du gouvernement de nommer le troi-

sième pont au-dessus du Bosphore Selim Ier. ce sultan ayant été res-ponsable, selon eux, du massacre de dizaines de milliers d’alévis au début du XVIe siècle.7 - Les sunnites, non contents de voir que l’empereur ottoman est insulté ainsi que ceux pour qui il est incorrect d’utiliser une fi gure politique pour créer une polarisation.

cHacUN coNtINUe D’avaNcer saNs s’arrêter Et la liste est loin d’être terminée. Chacun continue d’appuyer sur

l’accélérateur sans penser à s’arrêter pour écouter ce que «les autres» ont à dire. Chaque groupe tente de jus-tifi er son existence par le nombre de personnes qu’il a ralliées à sa cause. Et si tous continuent de manifester sans décélérer, un accident pour-rait se produire. Dans une démo-cratie, tout le monde a le droit de s’exprimer et de critiquer. Ceux qui cherchent à étouffer ces opinions font une grosse erreur, erreur dont pâtiraient ces personnes mais aussi la Turquie. [email protected]

-Il y a un fait plutôt ironique concernant le Parti pour la Jus-

tice et le Développement (AKP) : il est incapable de comprendre la «nou-

velle Turquie» qu’il est en train d’édifi er grâce à sa politique de démocratisation et d’ouverture au monde et à l’éco-nomie de marché.

Face à une opposition qui s’interroge sur sa politique de prise de décisions et qui demande à prendre part aux projets publics, l’AKP recourt aux réfl exes de la «vieille Turquie». Par exemple, en voulant construire une mosquée sur la place Taksim dans le but de détourner les protestations. Et lorsque ces stratégies ne fonctionnent pas, le Parti pour la Justice et le Déve-loppement et ses soutiens pointent du doigt les «agents étrangers», les «pro-vocateurs» et les «ennemis de la Tur-quie» qu’ils accusent d’être à l’origine des protestations au lieu d’essayer de comprendre ces revendications.

«Ne voUs mêLez pas De ma vIe et De mes cHoIx»Ce comportement était typique de la «vieille Turquie». Le parti le plus pro-

gressiste de Turquie est aujourd’hui incapable de comprendre les ori-gines politiques et sociales des insa-tisfaits du gouvernement. Ce qu’on voit dans les rues est bien plus qu’un mouvement d’ordre environnemen-tal. Des individus de différentes ten-dances politiques protestent contre un Premier ministre devenu de plus en plus arrogant et autoritaire ces dernières années. Le gouvernement, à la tête de la majorité politique, pense qu’il possède une supé-riorité morale sur ses citoyens. Les manifestations sont une réaction à ce que j’appelle l’auto-ritarisme post-mo-derne, qui utilise la majorité pour imposer son code moral. Ce que veulent dire les manifestants turcs, c’est simplement : «Ne vous mêlez pas de ma vie et de mes choix. Je peux choisir d’avoir tel mode de vie, telles valeurs morales, telle croyance». Et s’ils savent qu’ils ne peuvent pas changer le gouver-nement, les manifestants persistent avec leurs revendications pour rap-

peler à l’AKP que son pouvoir a des limites.

L’aKp et L’etat KémaLIste : même comBatAutre fait surprenant concernant l’AKP : auparavant, le parti était opposé à l’ingérence de l’Etat kéma-liste-laïc dans la vie quotidienne des citoyens et dans les choix des groupes

religieux et conservateurs. A l’époque, les femmes voilées ne pouvaient pas aller à l’université, plusieurs associa-tions religieuses ont été intimidées et des partis politiques ont été dissous. Moi-même, ainsi que de nombreux libéraux et démocrates, nous sommes fortement opposés à cette politique de suppression, d’exclusion et de margi-nalisation des conservateurs menée

par l’Etat kémaliste. Aujourd’hui, l’AKP et les conservateurs font exactement la même chose. Maintenant qu’ils sont au pou-voir, ils veulent éduquer les gens selon leur morale, inter-préter l’histoire en fonction de leur point de vue ou encore décider de ce qu’est un bon ci-toyen. J’ai comme une impres-sion de déjà-vu. Ce n’est pas ce que j’attendais de l’AKP, arrivé au pouvoir avec ses promesses de démocratisation. Et ce qui me choque le plus, c’est que le gouvernement actuel semble préférer un système présidentiel autoritaire à une nouvelle consti-tution démocratique et tente d’imposer sa vision de la «bonne société» à travers son pouvoir législatif et exé[email protected]

est incapable de comprendre la «nou-

IHSAN DAGI

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