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LYCEE POLYVALENT LANGEVIN-WALLON REUNION PREPARATOIRE
Champigny-sur-Marne 2 juillet 2014
CCLLAASSSSEESS DDEE PPTTSSII EETT PPTT Année scolaire 2014-2015
FRANÇAIS
Le programme 2014-2015 des classes préparatoires scientifiques se compose des œuvres suivantes :
LA GUERRE 1- Eschyle : Les Perses, GF n°1127, traduction Danielle Sonnier & Boris Donné.
2- Carl von Clausewitz : De la guerre, (Livre premier : Sur la nature de la guerre),
Rivages poche / Petite Bibliothèque n° 530, p.14 à 114.
3- Henri Barbusse: Le feu, éd. Livre de poche n°6524 ou GFn°1541
Bibliographie :
Pierre-Joseph Proudhon, La Guerre et la Paix, 1861.
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra. De la guerre et des guerriers (1883-1885).
Sigmund Freud, Pourquoi la guerre. Lettre à M. Einstein, 1933.
Alain, Mars ou la guerre jugée, 1938
Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations (Première partie, chapitre 6, Dialectique de la paix
et de la guerre), 1962.
Alexis Philonenko, Essai sur la philosophie de la guerre, Vrin, 2003.
Christian Godin, La guerre (Éditions du Temps, 2006).
Delphine Thivet, Une pensée hétérodoxe de la guerre. De Hobbes à Clausewitz (PUF, 2010).
Monique Canto-Sperber, L’idée de guerre juste (PUF, 2010).
La lecture des œuvres pendant les vacances est IMPERATIVE. Pour diverses raisons :
- Une année en classe préparatoire passe très vite (la première pour se mettre au rythme, la seconde à
cause de la proximité des concours, la troisième…) et demande une quantité de travail importante
dans toutes les matières. Vous n’aurez guère le temps après la rentrée de septembre, de lire en détail
des œuvres assez conséquentes et vous vous trouverez (malheureusement pour cette matière !)
toujours d’autres priorités de travail ou de distraction.
- L’efficacité dans les matières littéraires demande une maturation, une réflexion, un recul que vous
n’aurez pas si vous découvrez les textes au dernier moment. Vous devez avoir à votre disposition
un matériau de travail qui favorisera votre RE-lecture des œuvres.
- Le temps que vous « perdrez » pendant les vacances, vous le gagnerez pendant l’année en
retrouvant aisément et rapidement les références utiles à vos dissertations et à vos colles.
- Et enfin le plaisir de la lecture sera d’autant plus vrai qu’il ne sera pas perturbé par la précipitation
et d’autres préoccupations mentales.
*
Lire une œuvre pour une classe préparatoire n’a cependant rien de commun avec une lecture banale,
de pure distraction ou d’obligation lycéenne. Si tant est que vous lisiez volontiers et attentivement les livres
mentionnés, vous risquez malgré tout d’avoir oublié l’essentiel et l’accessoire au moment des concours, huit
mois plus tard. Lisez-donc chaque œuvre à votre table de travail avec feuille de papier, stylos de
couleurs et règle. Faites l’effort pour chaque page de relever les idées importantes, de recopier les
citations marquantes, les indices spatio-temporels, les personnages, les situations… Vous trouverez ci-
après les premières pages des Perses d’Eschyle, de De la guerre (Livre premier : « Sur la nature de la
guerre) de Clausewitz, du Feu d’Henri Barbusse. Après cette lecture exhaustive et méthodique, efforcez-
vous de faire le plan du livre et d’étudier la biographie des auteurs concernés en rapport avec ces textes.
Vous tirerez alors profit des ouvrages critiques complémentaires et notamment des manuels spécifiques
prévus par les éditeurs spécialisés dans les classes préparatoires comme : La guerre, l’épreuve de français
prépas scientifiques, Bréal (ou l’équivalent chez Garnier-Flammarion, Ellipses, Sedes ou Belin).
Vous trouverez dans le commerce une multitude de publications générales ou spécialisées pour
approfondir la connaissance des œuvres. Mais ne vous précipitez pas sur ces ouvrages. L’essentiel sera
repris dans le cours. Et il vaut mieux vous concentrer, pendant ces vacances, sur les œuvres. Dès la
rentrée de septembre, je m’assurerai par un contrôle que vous avez lu ces trois livres. Essayez
cependant de ne pas procéder à cette lecture pour « faire plaisir au professeur » (et aux parents) et pour cette
première interrogation. Le français en classe préparatoire peut être un atout et un équilibre.
Vous avez fait le choix d’une préparation scientifique parce que vous étiez fort en maths ou motivé
par la science et la technique. Et vous avez pu en déduire ou croire à la subsidiarité pour ne pas dire à
l’inutilité des matières littéraires. Il faudrait pourtant vous convaincre rapidement du contraire en vous
rappelant d’abord des coefficients des principaux concours et de l’importance de la culture générale, de
l’esprit d’analyse et de synthèse, de la qualité d’expression dans l’activité professionnelle d’un cadre.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » disait Rabelais. L’ingénieur que vous aspirez à devenir
doit savoir rapidement cerner une situation nouvelle et y apporter la meilleure solution en prenant en compte
tous les paramètres. Le cours de français en classe préparatoire ne diffère pas de ces objectifs : acquérir des
méthodes, des outils d’analyse, des référents pour répondre avec efficacité et personnalité à une
problématique particulière. Le français n’est, en définitive, qu’une variante des autres enseignements
scientifiques qui vous sont dispensés.
Soyez donc pragmatique, lucide et ouvert. On n’attend pas d’un étudiant de classe préparatoire
scientifique qu’il soit particulièrement doué pour l’écriture ou exceptionnellement cultivé dans le domaine
de la littérature. La réussite aux épreuves académiques est accessible à quiconque fait preuve d’un minimum
d’intelligence des enjeux et des principes. Quelles que soient vos dispositions initiales, abordez chaque
matière avec un souci pragmatique d’efficacité et de profit intellectuel. Pour cela méfiez-vous des états
d’âme circonstanciels qui vous font faire l’impasse sur tel cours, telle œuvre, tel exercice ou telle pédagogie.
Vous feriez le jeu, sans y prendre garde, de ce darwinisme latent qui prévaut inévitablement dans ces classes
sélectives. Ne perdez pas de vue que les matières littéraires permettent souvent de faire la différence au
concours et que le succès se construit dès l’entrée en première année de classe préparatoire et non à la veille
de l’épreuve.
Si la séduction, la conviction, la compréhension, la révélation… ne sont pas au rendez-vous de
votre première lecture, considérez la difficulté comme un défi et non comme un ennui. A votre capacité de
triompher des résistances se jugera votre véritable compétence. Et méditez ces propos que Marguerite
Yourcenar prête à Hadrien : « Je choisissais ce que j’avais, m’obligeant seulement à l’avoir totalement et à
le goûter le mieux possible. Les plus mornes travaux s’exécutaient sans peine pour peu qu’il me plût de
m’en éprendre. Dès qu’un objet me répugnait, j’en faisais un sujet d’étude ; je me forçais adroitement à en
tirer un motif de joie. En face d’une occurrence imprévue… je m’appliquais à faire fête au hasard, à jouir
de tout ce qu’il m’apportait d’inattendu ». Vous apprendrez peut-être ainsi que le plaisir vient aussi du
dépassement de soi et de la découverte.
Je mettrai sur mon site http://lecasnard.free.fr/ (rubriques « Littérature classique » et « Citations à
comparaître »), et sur mon blog http://potethiquealentstics.over-blog.com/ (rubrique CPGE), aux environs de
la mi-août, un certain nombre de notes de lecture des œuvres au programme.
Bernard Martial ([email protected])
LA GUERRE
INTRODUCTION
Polemos est le père de toutes choses, de toutes le roi ; et les uns, il les porte à la lumière comme dieux ; les autres, comme
hommes ; les uns il les fait esclaves, les autres, libres.(Héraclite).
La guerre ? La commémoration de l'entrée des nations dans le premier conflit mondial nous vaut aujourd'hui ce
programme qui en rappellera un autre, consacré, lui, à la paix. Les deux notions sont inséparables, l'absence de l'une
paraissant suffire à la définition de l'autre, en vertu de cet équilibre fécond des contraires dont parlait Héraclite. Leur
imbrication pose cependant des problèmes complexes et c'est ici que la guerre peut devenir un objet philosophique. Il
conviendra de se débarrasser d'abord d'une déploration convenue sur la « boucherie héroïque » qui caractérise
l'Histoire (avec sa grande hache, comme disait Georges Perec). Non qu'il faille oublier les charniers et les massacres,
bien entendu, mais parler de la guerre en leur seul nom ne peut qu'entraîner un manichéisme sommaire, comme on le
voit ici chez Maupassant :Un artiste habile en cette partie, un massacreur de génie, M. de Moltke, a répondu, voici
deux ans, aux délégués de la paix, les étranges paroles que voici : « La guerre est sainte, d'institution divine ; c'est
une des lois sacrées du monde ; elle entretient chez les hommes tous les grands, les nobles sentiments, l'honneur, le
désintéressement, la vertu, le courage, et les empêche en un mot de tomber dans le plus hideux matérialisme ! ». Ainsi,
se réunir en troupeaux de quatre cent mille hommes, marcher jour et nuit sans repos, ne penser à rien, ne rien étudier,
ne rien apprendre, ne rien lire, n'être utile à personne, pourrir de saleté, coucher dans la fange, vivre comme les
brutes dans un hébétement continu, piller les villes, brûler les villages, ruiner les peuples, puis rencontrer une autre
agglomération de viande humaine, se ruer dessus, faire des lacs de sang, des plaines de chair pilée mêlée à la terre
boueuse et rougie, des monceaux de cadavres, avoir les bras ou les jambes emportés, la cervelle écrabouillée sans
profit pour personne, et crever au coin d'un champ tandis que vos vieux parents, votre femme et vos enfants meurent
de faim ; voilà ce qu'on appelle ne pas tomber dans le plus hideux matérialisme !(Sur l'eau). Cependant la guerre ne
peut se limiter au déchaînement factuel de la barbarie et paraît être un état continu, peut-être même, nous le verrons,
l'état normal de l'humanité (parle-t-on d'entre deux-paix pour désigner la guerre ?); quant à la paix, ses thuriféraires
cèdent parfois à un humanisme sirupeux dont les tableaux lénifiants ne font émerger rien d'autre qu'une humanité
avachie (nous avions remarqué cela en son temps dans La Paix d'Aristophane). Examinons de plus près ces deux
notions afin de nuancer leur division apparente.
La guerre désigne une lutte entre deux partis qui recourent à la force et aux armes pour régler un différend. Elle
repose, comme le rappelle Clausewitz dans De la guerre, sur l’intention d’hostilité, c’est-à-dire sur la désignation
explicitement déclarée de l’autre comme ennemi. Si, dans une configuration donnée, un État décide de transformer le
rapport de forces en sa faveur ou d'obvier aux ambitions d’un État plus puissant, le mécanisme enclenché échappe aux
volontés individuelles ou collectives. Aussi le chef d’État ne peut-il éviter de se préparer au conflit armé, quand bien
même il désirerait le règne de la paix. Machiavel peut ainsi écrire qu’« un prince ne doit avoir d’autre objet ni d’autre
pensée, ni choisir d’autre chose quant à son métier, hors de la guerre, des institutions et de la discipline militaire ». Il
ne s'agit pas toujours chez lui de soif de puissance ou de conquête, mais simplement de réalisme politique : la
prudence, la lucidité conseillent pour sauvegarder la paix de s'en donner les moyens, y compris militaires. C’est ce que
résume la célèbre formule latine Si vis pacem para bellum: « Si tu veux la paix, prépare la guerre ». En ce sens, le
pacifisme intégral et inconditionnel oublie que la paix politique n’est pas une valeur absolue. Homère, le premier sans
doute, a perçu ce que peut être un héroïsme de la paix : dans l' Iliade, Achille finit par renoncer à sa colère et rend le
corps d'Hector à Priam. Rabelais, de son côté, met en scène à travers le personnage de Grandgousier un véritable
pacifisme armé que son fils Gargantua incarnera avec vaillance et miséricorde. «La guerre est à l'homme ce que la
maternité est à la femme», aboyait Mussolini- Picrochole. Au-delà du cliché machiste, se manifeste ici une ignorance
délibérée du fait que la guerre est incluse dans la paix, qu'elle est un état toujours en latence, et qu'y résister comme en
assumer la nécessité suppose cette force morale qui fait la vraie paix. La finalité de la guerre, d'ailleurs, est bien la
paix, qui apparaît ainsi comme le résultat de cette ruse de la nature dont parlait Kant. Dans la logique de l'insociable
sociabilité qui anime les hommes, la paix découle pour lui de leur intérêt bien compris. L'escalade des moyens
engagés dans les guerres, l'énormité des pertes matérielles et humaines ne peuvent en effet que persuader les hommes,
dans leur propre intérêt, d'y mettre un terme et de réaliser ainsi les volontés de la Raison.
La guerre correspond-elle pour cela, comme le croyait Thomas Hobbes, à la vraie nature des rapports humains ?
Pour le philosophe du Léviathan, elle résulte de la volonté d'assouvissement du désir de puissance et de gloire propre à
l'homme. Hobbes appelle cette situation effroyable d’inimitié généralisée « la guerre de tous contre tous » et trouve
pour l'exprimer la formule célèbre empruntée à Plaute : « l’homme est un loup pour l'homme ». En conséquence, seul
l’État est à même d'endiguer cette violence en promulguant les lois. Ainsi comprise, la paix est l'ensemble des moyens
politiques destinés à contrer la tendance naturellement guerrière de l’homme. Cependant ce pessimisme, dont on
trouvera trace chez nombre d'auteurs jusqu'à nos jours, à commencer par Freud, a suscité une sévère réfutation dans la
pensée de Rousseau, pour qui l'autosuffisance et la pitié empêchent l’état de nature d’être un état de guerre. Seul un
degré avancé de socialisation (consécutif à l'institution de la propriété) peut faire naître une hostilité belliqueuse. Le
concept de guerre ne s’applique donc pas aux personnes privées, mais désigne la forme politique du conflit, celle qui
oppose des États. C’est le sens des analyses conduites par Clausewitz. La guerre visant à la destruction d'un État et
non d'un peuple, sa signification politique transcende sa dimension militaire. D’où la célèbre formule : « la guerre est
la continuation de la politique par d’autres moyens ». Seule la fin politique commande la nature, la forme et la durée
des hostilités : deux nations peuvent s’affronter sans que les soldats de chaque camp ne nourrissent une détestation
farouche de leurs ennemis, ce qu'ont montré en 1917, au grand dam des états-majors, les fraternisations spontanées
entre les tranchées pour un Noël éphémère. Comme l’écrit Rousseau dans Du contrat social, «la guerre n’est donc
point une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État, dans laquelle les particuliers ne sont ennemis
qu’accidentellement, non point comme hommes ni même comme citoyens, mais comme soldats ; non point comme
membres de la patrie mais comme ses défenseurs». Au regard des hommes, la guerre paraîtra toujours injustifiable, ce
qu'André Malraux ramasse dans la formule : « Il y a des guerres justes, il n'y a pas d'armées justes ». Aussi n'est-ce
que dans ce contexte politique que l'on peut aborder la notion de droit de la guerre et s'engager sur le terrain délicat de
la justice.
C’est en effet la finalité de la lutte plus que ses moyens qui définit la guerre comme telle : elle vise à préserver
l’existence et l’indépendance de la communauté. La guerre a donc partie liée avec la souveraineté, comme Hegel
l’établit dans les Principes de la philosophie du droit: tout État peut entrer en guerre s’il juge que l’on attente à ses
intérêts vitaux ou que l’on menace son autonomie. Le droit de la guerre est un concept ancien, mais son
développement est caractéristique des sociétés modernes saisies par l'urgence d'éviter la ruine matérielle et morale
consécutive à des conflits de mieux en mieux armés. Parce qu’elle sème la misère et l’oppression, la guerre apparaîtra
aux nations comme trop onéreuse pour ne pas la remplacer par des règles de droit. Ce fut la préoccupation de
nombreux juristes depuis Grotius, et la nécessité du jus in bello (le droit de La Haye, par exemple) montre que la
guerre n’est pas, comme on aurait pu le croire, la substitution complète du droit par la violence. En fait, une
articulation étroite existe entre la guerre et le droit : le souverain ne peut compter sur l'obéissance de ses sujets que si
ceux-ci ne contestent pas la légitimité de ses ordres, s'il a su leur faire partager ses idéaux et les convaincre des
dangers qui pèsent sur leur sort et sur leur sol. De ces considérations est né le concept de guerre juste, dont on peut lire
les premiers éléments chez Cicéron (De officiis), les Pères de l'Église et les Humanistes. Gargantua synthétise déjà les
convictions en la matière : une guerre ne saurait être entreprise qu'en dernier ressort, elle s'interdit toute violence
gratuite, elle doit châtier les ennemis en proportion de leurs exactions et se garder de tout excès dans leur punition,
autant de traits qui animent superbement le héros de Rabelais dans le roman éponyme. Plus près de nous, Carl Schmitt
a montré qu’on est passé d’un concept « non-discriminant » à un « concept discriminant » de la guerre : sa théorie du
partisan distingue notamment dans les ennemis les agresseurs et les agressés et manifeste de cette façon une
résurrection du concept théologique de la « guerre juste ». La possibilité de désigner, dans une conjoncture
déterminée, un « ennemi absolu », qui n’est pas seulement l’ennemi de tel ou tel, mais celui de toute l’humanité, dont
il met en danger l’aspiration à la paix, entraîne aujourd'hui un assentiment plus ou moins universel qu'incarne telle ou
telle Cour chargée de statuer au nom des droits de l'homme.
Les œuvres que l'on soumet aujourd'hui à notre étude ne sont pas contemporaines de cette évolution, mais on pourra
suivre sans doute à travers elles un dégagement progressif des mentalités à l'égard d'une certaine fatalité de la guerre,
comme à l'égard des valeurs qui prétendaient la fonder, voire la sublimer. Assiste-t-on pour autant aujourd'hui, comme
le hasarde Michel Serres, à la fin de Mars? Il semble plutôt que la distinction entre guerre et paix devienne, au vu de la
situation politique et économique, de plus en plus malaisée. De quel héroïsme peuvent se parer aujourd'hui ces guerres
larvées qui n'osent dire leur nom et broient des victimes de plus en plus anonymes ? On entendra pour cela plus
particulièrement résonner peut-être la confiance de Barbusse :«L'avenir est dans les mains des esclaves, et on voit bien
que le vieux monde sera changé par l'alliance que bâtiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misère sont
infinis.»
Philippe Lavergne
John Singer Sargent, Gazés, 1918-1919
LLEESS PPEERRSSEESS ((ΠΠεερρσσααιι)) dd’’EEsscchhyyllee
Résumé et sélection de citations établis par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE)
(Edition de référence : GF n°1127. Présentation de Danielle Sonnier. Traduction de Danielle Sonnier & Boris Donné) (Entre ( ) numéros des pages dans cette édition, entre [ ] notes et commentaires)
Personnages :
LE CHŒUR DES VIEILLARDS
ATOSSA [la reine, veuve de Darios, mère de Xerxès]
LE MESSAGER
L’OMBRE DE DARIOS
XERXES
LE CORYPHÉE
Voici d’entre les Perses, qui s’en sont allés
En terre grecque, ceux qu’on nomme les Fidèles,
Gardiens du somptueux palais doré,
Eux qu’en vertu de leur grand âge
Leur chef, le roi Xerxès,
Fils de Darios, a désignés
Pour qu’ils veillent sur le pays.
Quand je songe à présent, prophète de malheur,
Au retour du roi, au retour
De l’armée dorée, le tourment
Point le cœur de mon cœur : toute la force vive
De l’Asie est partie, et il languit après
Le jeune héros ; cependant
Nul messager, nul cavalier
Ne s’en revient à la ville des Perses !
Ils ont quitté Suse, Ecbatane,
Le vieux rempart de la Kissie,
Et puis s’en sont allés, les uns sur leurs chevaux
Et d’autres embarqués ; les fantassins
Formant le plus fort de l’armée.
Tel Amistrès, Artaphénès,
Mégabatès et Astapès,
Chefs des Perses, rois vassaux du grand roi
Qui veillent sur la grande armée,
Les voici qui s’ébranlent : triomphants archers,
Cavaliers effrayants, que leur âme intrépide
Rend redoutables à la guerre.
Voici Artembarès, qui combat à cheval,
Et Masistrès ; et, archer triomphant,
Le vaillant Imaïos ; Pharandakès,
Et Sosthanès qui guide ses chevaux.
Puis d’autres que le Nil, immense et nourricier,
A dépêchés : Sousiskanès,
Pegastagôn, fils d’Egyptos, (93)
Et, chef de la sainte Memphis,
Le grand Arsamès ; et encore Ariomardos,
Qui commande à l’antique Thèbes,
Et des rameurs, bateliers des marais,
En foule terrible, innombrable.
Viennent ensuite les Lydiens, troupe lascive
Qui domine tout un peuple du continent ;
Ceux encor que Métrogathès
Et le brave Arkteus, rois fléaux,
Et sardes la dorée lancent au-devant d’eux,
Montés sur des chars en grand nombre,
En double ou en triple attelage.
Ha, quel spectacle formidable !
Ils se flattent, les voisins du Tmolos sacré,
De jeter sur la Grèce un joug de servitude :
Mardôn et Tharybis, robustes brise-lances,
Les Mysiens lanceurs de javelots… cette foule
Mélangée, Babylone la dorée
L’envoie impétueusement, et ces marins,
Et ces archers confiants en leurs flèches précises.
Le peuple porte-poignard, venu de l’Asie
Tout entière, s’en vient ensuite,
Aux ordres terribles du roi.
Voyez la fine fleur des hommes
De notre Perse qui s’en va ;
Eux qu’a nourris le sol d’Asie- qu’ores il pleure
D’un regret ardent ; et les enfants, les épouses,
Cependant qu’ils comptent les jours,
Tremblent du temps qui passe.
LE CHOEUR
Maintenant elle a traversé,
L’armée du roi, dévastatrice,
Et rejoint la terre voisine
Sur l’autre rive, en franchissant
Par un pont encordé de lin
Le détroit d’Hellé, fille d’Athamas-
Lançant par-dessus ce chemin bien chevillé,
Tel un joug que l’on jette au collier de la mer. (95)
Strophe 1
Le chef de l’Asie peuplée d’hommes,
Ce chef ardent, de par le monde
Presse son troupeau merveilleux
Par deux voies, sur terre et sur mer,
Se fiant à ses lieutenants
Solides autant qu’ils sont rudes- lui, cet homme
Egal des dieux, et dont la race est née de l’or !
Antistrophe 1
Décochant un regard bleu-noir
Comme d’un serpent meurtrier,
Armé de mille bras, de mille nefs,
Et conduisant son char syrien,
Contre des soldats fameux par la lance, il mène
En triomphant par l’arc les batailles d’Arès.
Strophe 2
Ce grand flot d’hommes, qui pourrait
L’endiguer, quels fermes remparts-
Aussi bien arrêter la mer
Qui déferle, irrésistible !
Car implacablement elle s’avance,
Cette armée perse, et ce peuple vaillant.
Antistrophe 2
Mais le piège qu’ourdit un dieu,
Que mortel pourra l’éviter,
Bondissant d’un élan léger,
D’un pied vif ?
Strophe 3
CCCaaarrrlll vvvooonnn CCCLLLAAAUUUSSSEEEWWWIIITTTZZZ
DDDEEE LLLAAA GGGUUUEEERRRRRREEE (((VVVOOOMMM KKKRRRIIIEEEGGGEEE)))
Résumé et sélection de citations établis par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE)
(Edition de référence : Rivages poche/ Petite Bibliothèque. Présentation et traduction de Nicolas Waquet) (Entre ( ) numéros des pages dans cette édition, entre [ ] notes et commentaires)
LIVRE PREMIER
Sur la nature de la guerre
Chapitre 1.
Qu’est-ce la guerre ?
1. Introduction
Nous comptons envisager les différents éléments de notre sujet, puis ses diverses parties ou membres, et enfin
l’ensemble dans sa cohésion interne. Nous irons ainsi du simple au complexe. Mais il faut dès l’abord jeter un regard
sur la nature de l’ensemble, car, plus qu’en tout autre sujet, la pensée doit toujours y appréhender en même temps le
tout et la partie.
2. Définition
Nous n’allons pas commencer par une définition pédante de la guerre mais nous nous en tiendrons à son élément
essentiel : le duel. La guerre n’est rien d’autre qu’un duel amplifié. Si nous voulons saisir comme une unité
l’infinité des duels particuliers dont elle se compose, représentons-nous deux combattants : chacun cherche, en
employant sa force physique, à ce que l’autre exécute sa volonté ; son but immédiat est de terrasser l’adversaire et de
le rendre incapable de toute résistance. (19)
La guerre est un acte de violence engagé pour contraindre l’adversaire à se soumettre à notre volonté.
Pour affronter la violence, la violence s’arme des inventions des arts et des sciences. Elle se fixe elle-même, sous
le nom de lois du droit naturel, des restrictions imperceptibles, à peine notables, qui l’accompagnent sans affaiblir
fondamentalement sa force. La violence, c’est-à-dire la violence physique (car il n’en existe pas de morale en dehors
des notions d’Etat et de loi), est donc le moyen. Imposer notre volonté à l’ennemi en constitue la fin. Pour atteindre
cette fin avec certitude nous devons désarmer l’ennemi. Lui ôter tout moyen de se défendre est, par définition,
le véritable objectif de l’action militaire. Il remplace la fin et l’écarte en quelque sorte comme n’appartenant
pas à la guerre elle-même.
3. Emploi extrême de la violence
Ainsi les âmes philanthropiques pourraient-elles facilement s’imaginer qu’il existe une manière artificielle
de désarmer ou de terrasser l’adversaire sans causer trop de blessures, et que c’est là la véritable tendance de
l’art de la guerre. Il faut pourtant dissiper cette erreur, aussi belle soit-elle. Car, dans une entreprise aussi
dangereuse que la guerre, les erreurs engendrées par la bonté sont précisément les pires. Puisque l’utilisation de
la violence physique dans toute son ampleur n’exclut en aucune manière la coopération de l’intelligence, celui qui se
sert de cette violence avec brutalité, sans épargner le sang, l’emportera forcément sur l’adversaire qui n’agit pas de
même. Il dicte par là sa loi à l’autre. Tous deux se poussent ainsi mutuellement jusqu’à une extrémité qui ne (20)
connaît d’autre limite que le contrepoids exercé par l’adversaire.
C’est ainsi qu’il faut envisager les choses, et c’est un effort vain, absurde même, que d’écarter la nature de
l’élément brutal en raison de la répugnance qu’il inspire.
Si les guerres des peuples cultivés sont bien moins cruelles et destructrices que celles des peuples incultes,
cela tient à la situation sociale de ces Etats, aussi bien entre eux que chacun d’entre eux. La guerre résulte de
cette situation et des conditions qu’elle impose : celle-ci la détermine, la limite et la modère. Mais ces aspects ne
font pas essentiellement partie de la guerre, ils n’en sont que les données. Il est donc impossible d’introduire
dans la philosophie de la guerre un principe de modération sans commettre une absurdité.
Le combat entre les hommes se compose en réalité de deux éléments distincts : le sentiment hostile et l’intention
hostile. Nous avons choisi le dernier de ces deux éléments comme caractéristique de notre définition car il est le plus
général. Même l’emportement de haine le plus sauvage, le plus proche de l’instinct, n’est pas concevable sans
intention hostile. En revanche, la plupart des intentions hostiles ne sont jamais, ou rarement, dominées par l’hostilité
des sentiments. Chez les peuples sauvages prédominent les intentions appartenant au domaine du cœur, chez les
peuples civilisés, celles qui relèvent de l’entendement. Cette différence ne tient cependant pas à la sauvagerie et à la
civilisation en elles-mêmes, mais aux circonstances concomitantes, aux institutions, etc. Elle n’est donc pas
nécessairement présente dans chaque cas particulier, mais elle l’emporte dans la majorité d’entre eux. En un mot,
même les peuples les plus civilisés peuvent se déchaîner l’un contre l’autre, enflammés par la haine. (21)
On voit par là combien il serait faux de ramener la guerre entre les nations civilisées uniquement à un acte
rationnel de leurs gouvernements, et d’imaginer qu’elle se libère toujours davantage des passions : au point
d’en arriver à se passer des masses physiques des forces armées au profit de leurs seuls rapports théoriques, en
une sorte d’algèbre de l’action.
La théorie commençait à s’engager dans cette direction lorsque les événements des dernières guerres1 en
montrèrent une meilleure. Si la guerre est un acte de violence, la passion en fait aussi nécessairement partie. Si
la guerre n’en procède pas, elle y ramène pourtant plus ou moins. Et ce plus ou moins ne dépend pas du degré de
culture, mais de l’importance et de la durée des intérêts antagonistes.
Lorsque nous voyons que les peuples civilisés ne mettent pas leurs prisonniers à mort et ne ravagent pas
villes et campagnes, cela est dû à la place croissante que prend l’intelligence dans leur conduite de la guerre. Elle leur a appris un emploi de la violence plus efficace que cette manifestation sauvage de l’instinct.
L’invention de la poudre, le développement continu des armes à feu montrent suffisamment qu’en
progressant la civilisation n’a absolument pas entravé ou détourné la tendance sur laquelle le concept de la
guerre, celle d’anéantir l’ennemi.
Nous réitérons notre thèse : la guerre est un acte de violence, et l’emploi de celle-ci ne connaît pas de
limites. Chacun des adversaires impose sa loi à l’autre. Il en résulte une interaction qui, selon la nature de son concept,
doit (22) forcément conduire aux extrêmes. Voici la première interaction et le premier extrême que nous rencontrons.
(Première interaction.)
4. L’objectif est d’ôter à l’ennemi tout moyen de se défendre
Nous avons dit que le but de l’acte militaire est d’ôter à l’ennemi tout moyen de se défendre. Nous voulons à
présent montrer que cela est au moins théoriquement nécessaire. Pour soumettre l’adversaire à notre volonté, nous
devons le placer dans une position plus défavorable que le sacrifice que nous exigeons de lui. Mais naturellement, les
désavantages de cette position ne doivent pas être temporaires, en apparence du moins, car l’adversaire n’aurait sinon
qu’à attendre un moment plus propice, sans céder. Toute modification de cette position, engendrée par la poursuite de
l’activité militaire, doit donc conduire à une position encore plus défavorable, tout au moins dans l’idée. Il n’y a pas
de pire position pour un belligérant que de se trouver dans l’incapacité complète de se défendre. S’il faut donc
contraindre l’adversaire à se soumettre à notre volonté par l’acte militaire, nous devons soit le priver effectivement de
tout moyen de défense, soit le placer dans une situation où cette menace lui paraît vraisemblablement. Par conséquent,
quel que soit le nom qu’on lui donne, désarmer ou terrasser l’ennemi doit toujours être l’objectif militaire.
Or la guerre n’est pas l’action d’une force vive sur une masse morte. Puisqu’une absolue passivité ne
saurait être guerre, celle-ci est toujours le choc de deux forces vives l’une contre l’autre. Comme ce que nous
avons dit de l’objectif (23) ultime de l’action militaire s’applique nécessairement aux deux parties, il y a donc ici
encore interaction. Tant que je n’ai pas écrasé l’adversaire, je dois craindre qu’il ne m’écrase. Je ne suis donc plus
mon propre maître, car il m’impose sa loi comme je lui impose la mienne. Cela constitue la deuxième interaction qui
conduit au deuxième extrême.
(Deuxième interaction.)
5. Poussée extrême des forces
Si nous voulons terrasser l’adversaire, nous devons doser notre effort en fonction de sa force de résistance. Celle-
ci est le produit de deux facteurs indissociables : l’ampleur des moyens dont il dispose et la vigueur de sa force de
volonté.
Il est possible de déterminer l’ampleur des moyens dont il dispose, vu quelle repose sur des chiffres (quoique pas
totalement). Mais il est beaucoup plus difficile d’évaluer la vigueur de sa force de volonté, car on ne peut l’estimer
que d’après la vigueur de ses motifs, donc seulement de façon approximative. A supposer que nous obtenions de la
sorte une estimation vraisemblable de la force de résistance de l’adversaire, nous pourrions doser nos efforts en
conséquence : soit les augmenter pour qu’ils l’emportent par leur prépondérance, soit, au cas où nos capacités ne
seraient pas suffisantes, les pousser jusqu’au bout de nos possibilités. Mais l’adversaire fait de même. D’où cette
nouvelle surenchère mutuelle qui, en pure théorie, doit ici encore porter l’effort jusqu’aux extrêmes. Il s’agit là d’une
troisième interaction et d’un troisième extrême.
(Troisième interaction.) (24)
6. Modifications dans la réalité
1 Les guerres napoléoniennes et révolutionnaires (N.d.T.)
Henri Barbusse
Le Feu : journal d’une escouade
1916.
À LA MÉMOIRE DES CAMARADES
TOMBÉS À CÔTÉ DE MOI À CROUŸ
ET SUR LA CÔTE 119
H. B.
I
LA VISION
La Dent du Midi, l’Aiguille Verte et le Mont Blanc font face aux figures exsangues émergeant des couvertures
alignées sur la galerie du sanatorium.
Au premier étage de l’hôpital-palais, cette terrasse à balcon de bois découpé, que garantit une véranda, est
isolée dans l’espace, et surplombe le monde.
Les couvertures de laine fine — rouges, vertes, havane ou blanches — d’où sortent des visages affinés aux yeux
rayonnants, sont tranquilles. Le silence règne sur les chaises longues. Quelqu’un a toussé. Puis, on n’entend plus que
de loin en loin le bruit des pages d’un livre, tournées à intervalles réguliers, ou le murmure d’une demande et d’une
réponse discrète, de voisin à voisin, ou parfois, sur la balustrade, le tumulte d’éventail d’une corneille hardie
échappée aux bandes qui font, dans l’immensité transparente, des chapelets de perles noires.
Le silence est la loi. Au reste, ceux qui, riches, indépendants, sont venus ici de tous les points de la terre, frappés
du même malheur, ont perdu l’habitude de parler. Ils sont repliés sur eux-mêmes, et pensent à leur vie et à leur mort.
Une servante parait sur la galerie ; elle marche doucement et est habillée de blanc. Elle apporte des journaux,
les distribue.
— C’est chose faite, dit celui qui a déployé le premier son journal, la guerre est déclarée.
Si attendue qu’elle soit, la nouvelle cause une sorte d’éblouissement, car les assistants en sentent les proportions
démesurées.
Ces hommes intelligents et instruits, approfondis par la souffrance et la réflexion, détachés des choses et presque
de la vie, aussi éloignés du reste du genre humain que s’ils étaient déjà la postérité, regardent au loin, devant eux,
vers le pays incompréhensible des vivants et des fous.
— C’est un crime que commet l’Autriche, dit l’Autrichien.
— Il faut que la France soit victorieuse, dit l’Anglais.
— J’espère que l’Allemagne sera vaincue, dit l’Allemand.
⁂
Ils se réinstallent sous les couvertures, sur l’oreiller, en face des sommets et du ciel. Mais, malgré la pureté de
l’espace, le silence est plein de la révélation qui vient d’être apportée.
— La guerre !
Quelques-uns de ceux qui sont couchés là rompent le silence, et répètent à mi-voix ces mots, et réfléchissent que
c’est le plus grand événement des temps modernes et peut-être de tous les temps.
Et même cette annonciation crée sur le paysage limpide qu’ils fixent, comme un confus et ténébreux mirage.
Les étendues calmes du vallon orné de villages roses comme des roses et de pâturages veloutés, les taches
magnifiques des montagnes, la dentelle noire des sapins et la dentelle blanche des neiges éternelles, se peuplent d’un
remuement humain.
Des multitudes fourmillent par masses distinctes. Sur des champs, des assauts, vague par vague, se propagent,
puis s’immobilisent ; des maisons sont éventrées comme des hommes, et des villes comme des maisons, des villages
apparaissent en blancheurs émiettées, comme s’ils étaient tombés du ciel sur la terre, des chargements de morts et des
blessés épouvantables changent la forme des plaines.
On voit chaque nation dont le bord est rongé de massacres, qui s’arrache sans cesse du cœur de nouveaux
soldats pleins de force et pleins de sang ; on suit des yeux ces affluents vivants d’un fleuve de mort.
Au Nord, au Sud, à l’Ouest, ce sont des batailles, de tous côtés, dans la distance. On peut se tourner dans un
sens ou l’autre de l’étendue : il n’y en a pas un seul au bout duquel la guerre ne soit pas.
Un des voyants pâles, se soulevant sur son coude, énumère et dénombre les belligérants actuels et futurs : trente
millions de soldats. Un autre balbutie, les jeux pleins de tueries :