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1 Conf.univ.dr. Anne-Marie Codrescu Asist.univ.dr. Denisa-Adriana Oprea COMMUNICATION INTERCULTURELLE ET DISCOURS MEDIATIQUES Comunicare.ro Bucarest, 2008

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Conf.univ.dr. Anne-Marie Codrescu Asist.univ.dr. Denisa-Adriana Oprea

COMMUNICATION INTERCULTURELLE ET DISCOURS MEDIATIQUES

Comunicare.ro Bucarest, 2008

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Préambule

Avant tout contact direct, la connaissance du monde, des gens et des réalités étrangères à notre culture vient d’abord par le petit écran, la presse écrite, la radio ou Internet. L’accès sur la Toile fournit l’ensemble information-publicité-divertissement sous forme écrite et audio-visuelle, au gré de l’utilisateur. Malgré cette liberté illimitée de pénétrer l’univers étrange, différent, parfois incompréhensible de l’Autre, celui-ci continue d’être l’Etranger, le Persan à Paris, attisant plus la curiosité que le dialogue et la communication. Voilà en effet le véritable défi que ce cours tente de lever : jeter les bases d’une communication interculturelle réelle à partir des produits médias, de sources et formes diverses, et pallier ainsi, provisoirement, le manque du contact direct. La prémisse a été de créer un espace de réflexion sur l’altérité, dans une double perspective : premièrement la prise de conscience de l’univers culturel de l’Autre par la mise en parallèle de perspectives différentes, contrastées même, sur les réalités contemporaines ; deuxièmement l’appréhension des stratégies utilisées par les médias pour rendre cette réalité. La communication médiatique chapeaute cette interdisciplinarité, en tant qu’outil méthodologique commun, et livre la clé d’accès aux représentations et aux systèmes de valeurs et de croyances de l’Autre. Partant, les textes / les produits médias à thématique interculturelle qui font l’objet des huit dossiers ménagent autant de rencontres avec l’Autre. De l’image contrastée de l’Inde que surprend le premier dossier au Maghreb exotique et rêveur que met en place le deuxième ; des aléas des accommodements « déraisonnables » dans le Québec de nos jours, analysés dans le sixième volet, aux enjeux actuels de la « négritude » et de la « créolité », abordés dans le dernier, le cours propose une cartographie nuancée de la réalité contemporaine. A part l’approche d’espaces culturels distincts, sont ici illuminés sous d’angles différents des thèmes importants en contexte interculturel : les stéréotypes culturels, en tant que moyen de (mé)connaissance de l’Autre ; les (nouveaux) rapports de sexe et de genre et la manière dont ils se reflètent dans les diverses régions ; les problèmes qu’affrontent les jeunes ou les enjeux de la culture. Dans chaque dossier, les rubriques « Débattre » et « Contrastes » ouvrent à des sujets connexes : faim dans le monde, tourisme raisonnable, multiculturalisme, pratiques culturelles contemporaines, etc. Elles donnent à l’étudiant / au lecteur la liberté d’explorer, et aussi de contribuer, au moyen de consignes ouvertes (dossiers, tables rondes, enquêtes ou études de cas), à la compréhension / construction de l’image du monde contemporain. Du point de vue pédagogique, l’accent sera donc mis sur des analyses situationnelles à partir d’hypothèses, de questionnements plutôt que sur des données explicatives. Ainsi, un des objectifs de l’acquisition de la compétence interculturelle sera la recherche du sens donné à la situation par les interlocuteurs qui jouent et se jouent de la culture en fonction des intérêts, des enjeux, symboliques ou non, et des rapports entretenus. Les fiches applications médias, qui complètent chaque dossier, donnent la possibilité de mettre en œuvre les notions théoriques développées dans les fiches synthèse. Le but didactique vise ici autant les connaissances que les compétences. Découvrir, par exemple,

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le portrait type du lecteur cible de la presse nationale, étrangère ou internationale permet, d’une part, de comprendre les stratégies rédactionnelles des médias visés et, d’autre part, de nuancer les différences culturelles et l’univers d’attente des communautés de récepteurs. Parallèlement, la compétence médiatique de l’étudiant / du lecteur-récepteur, devenu « négociateur de sens », lui permet de connaître et de comprendre les activités de réception : la structuration, c’est-à-dire la sélection du message ; la résistance par rapport au contenu et les attitudes ; la négociation, ce qui implique jugement critique et compromis. Il est ainsi en mesure de comprendre le rôle du récepteur des médias en tant que négociateur de sens. Communication interculturelle et discours médiatiques est, pour l’essentiel, un cours de langue ; par conséquent, chaque dossier comporte également une partie grammaire. Compte tenu du niveau auquel il s’adresse (intermédiaires+avancés), il se donne pour but non pas de transmettre, mais de consolider des notions déjà acquises, qui posent problème dans l’usage notamment écrit de la langue. La priorité a été donnée aux aspects de la théorie du texte et du discours : énoncé / énonciation, texte descriptif, texte / discours argumentatif, discours direct, indirect, indirect libre, agencement de la phrase et du discours. Ce choix méthodologique vise à fournir à l’étudiant / au lecteur des outils d’analyse et, surtout, de construction de textes et discours. Le cours est conçu, en principe, à l’intention des étudiants de la Faculté de Communication et Relations Publiques de l’Ecole Nationale d’Etudes Politiques et Administratives (SNSPA) de Bucarest. Leurs intérêt et assiduité, leurs projets intéressants ont soutenu et réconforté nos efforts, et nous les remercions. Pourtant, par l’originalité de la démarche, la diversité des espaces culturels abordés et la structure dynamique et ouverte, il peut être utile à quiconque désire rencontrer l’Autre. Car l’altérité devient ici autant un espace de réflexion qu’une figure de la pensée. Une pensée et une méthodologie que nous voulons « nomades », au sens où elles exploitent le potentiel heuristique et épistémologique des transgressions et contaminations entre les domaines du savoir. C’est justement cette logique apparemment paradoxale du métissage qui nous a inspirées à penser et enseigner ensemble, dans leurs effets de sens communs, deux disciplines distinctes et pourtant connexes dans leurs fondements cognitifs, soient la communication interculturelle et la communication médiatique. C’est toujours elle, de même que les angles nouveaux sous lesquels nous éclairons des aspects du monde contemporain, qui nous permettront, espérons-nous, d’innover dans l’un des domaines les plus prisés par l’épistémologie contemporaine : les études (inter)culturelles.

Conf. univ. dr. Anne-Marie Codrescu Asist. univ. dr. Denisa-Adriana Oprea

Bucarest, octobre 2008

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TABLE DES MATIERES Préambule DOSSIER 1 Découvrir l’autre 1 : le choc des cultures……………………………………………….p.1 Repères grammaticaux : énoncé / énonciation…………………………………………..p.9 Discours médiatiques : le dossier thématique ; enquête sur la lecture des journaux…..p.12 Reflets littéraires…………………………………………………………………….....p.16 DOSSIER 2 Découvrir l’autre 2 : les globes croqueurs. Exotisme et évasion………………………..p.1 Repères grammaticaux : le texte descriptif et le texte / le discours argumentatif……...p.11 Discours médiatiques : analyse des magazines ; profile du lecteur ; analyse de l’image………………………………………………………………………………....p.13 DOSSIER 3 Pratiques culturelles et vie quotidienne…………………………………………………p.1 Repères grammaticaux : le discours direct, indirect, indirect libre………………….....p.11 Discours médiatiques : la dépêche d’agence ; la revue de presse……………………...p.13 DOSSIER 4 Stéréotypes nationaux et culturels……………………………………………………...p. 1 Reflets littéraires……………………………………………………………………….p.12 Repères grammaticaux : agencement de la phrase et du discours 1. L’interrogation directe et l’interrogation rhétorique……………………………………………………………p.13 Discours médiatiques : analyse de publicité…………………………………………...p.15 DOSSIER 5 Nouveaux rapports de genre…………………………………………………………….p.1 Repères grammaticaux : agencement de la phrase et du discours 2. La dislocation de la syntaxe traditionnelle et la mise en relief……………………………………………...p.13 Discours médiatiques : l’écriture journalistique……………………………………….p.14 DOSSIER 6 Les aléas du multiculturalisme. Les accommodements « déraisonnables »…………….p.1 Repères grammaticaux : les modes non personnels……………………………………..p.9 Discours médiatiques : « la bourde québécoise de Paris-Match »……………………..p.11

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DOSSIER 7 « Avoir 20 ans en 2008… »……………………………………………………………..p.1 Repères grammaticaux : les mots nouveaux et l’argot……………………………….. p.11 Discours médiatiques : vie publiques / vie privée dans les médias…………………....p.13 DOSSIER 8 Culture sans frontières…………………………………………………………………..p.1 Repères grammaticaux : le régime prépositionnels des verbes………………………..p.13 Discours médiatiques : le portrait de presse. La mise en scène d’une personnalité: A. Soljenitsyne et les médias occidentaux………………………………………………...p.15 FICHES SYNTHESE MEDIAS : 1. La communication médiatique. Discours et réception…………………………….p. 1-5 2. La publicité ………………………………………………………………………..p. 1-6 3. Analyser la presse écrite …………………………………………………………..p. 1-5 4. Survoler l’actualité…………………………………………………………….......p. 1-4 5. Syncrétisme médias - nouvelles technologies. Les genres journalistiques………..p. 1-5 6. Vie publique / vie privée dans les médias…………………………………………p. 1-5 DICTIONNAIRE BIBLIOGRAPHIE

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Dossier 1

Découvrir l’autre : le choc des cultures I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE Lisez les deux textes suivants et, à la fin, écoutez attentivement l’enregistrement radio : 1. Pour un occidental, l’Inde se présente avant tout comme une nation hautement spirituelle. En France, le vrai clivage de la modernité devient de moins en moins, comme au siècle dernier, entre les croyants et les incroyants, mais plutôt entre ceux, croyants ou non, qui acceptent l’incertitude et ceux qui la refusent. En Inde, la ferveur ne provient pas d’un raisonnement mais d’une conviction intime (reçue, appropriée puis transmise). Hindous, musulmans, chrétiens se retrouvent dans la même certitude, unanime, de l’existence d’un Dieu créateur unique. Le doute n’existe pas en Inde, constat déroutant pour notre civilisation qui a élevé comme pilier de toute pensée le doute systémique. Aussi, le succès d’un volontariat en Inde repose sur la capacité à se décentrer de soi, à pouvoir s’ouvrir sans limite, pour entendre et partager. Ne prendre aucun savoir pour définitivement acquis, a fortiori ce qui paraît de premier abord absurde. Par exemple, ne pas juger hâtivement ce peuple, ses « traditions archaïques », sa vie intellectuelle « peu foisonnante », ses « superstitions ». Oui, la plupart des Indiens sont fermés d’esprit mais sont-ils pour autant dans l’erreur ? Cette démarche de détachement de l’empire de la Raison n’est pas aisée pour nous… mais salvatrice ! (…) Autre cliché attaché à l’Inde dans nos esprits : la misère. Elle se rencontre rarement dans les villages, souvent pauvres pourtant, mais toujours dignes. La misère se concentre principalement dans les métropoles (Bombay, Calcutta, Madras, Delhi, …), alimentée par l’exode rural, qui signifie l’abandon de la sécurité des villages. Pour la quête du rêve de dépasser le déterminisme d’une condition et imiter des parents qui auraient ainsi réussi. Personne ne peut blâmer ceux qui, candides et courageux, cèdent à ce miroir aux alouettes. Comme je les comprends ! La jungle des villes, quoique impitoyable, demeure le seul chemin pour une réelle émancipation, promise à tous mais accordée avec parcimonie à des élus peu nombreux. Inde : Tindinavam, témoignage de Ludovic de Carcouet, volontaire longue durée (texte publié sur le site des Misssions étrangères à Paris, à l’adresse http://mission.mepasie.org/volontariat/temoignages.php?id=171)

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2. Bombay s’en fout (…) Bonjour Bombay, salut Mumbai, comme on voudra. De toute façon, Bombay-Mumbai s’en fout. La mégalopole a d’autres chats à fouetter. Les multitudes n’ont que faire des quelque cent mille pèlerins débarqués ici avec leurs espoirs d’un monde meilleur. Cent mille, noyés dans la masse de vingt millions d’individus, dont une bonne moitié simplement occupés à survivre dans un environnement de bruit incessant et de crasse, une atmosphère de puanteur qui vous prend à la gorge une fois passé le seuil des hôtels cossus où des maharajas de pacotille vous tiennent les lourdes portes de verre (« Good morning, sir ! ») dans un grand sourire plein de moustaches. (…) Le forum [FSM] se tient en un seul lieu, une immense friche industrielle transformée en parc des expositions, dans cette même banlieue puante où courent les égouts à ciel ouvert. On s’y rend en taxi, ou en rickshaw (ces petits triporteurs noirs à bandes jaunes qui vrombissent et pétaradent comme des essaims de guêpes). (...) Je ne vais pas vous raconter le forum lui-même (...) Les délégations françaises et européennes en général, comme les Américains du Nord ou du Sud ou les quelques Africains, sont ici noyées dans la masse (…), dans un boucan pas possible (…). Ça danse, ça gueule, ça lève les poings, ça agite les fanions : on regarde, on s’en prend plein les mirettes, on ingurgite des tonnes de poussière, on remonte le courant, pauvres saumons blanchâtres !, on tente de se repérer dans ce maelström (…). Carte postale (…) J’ai donc vite délaissé le chaudron du Forum pour tenter de découvrir cette ville infernale où je n’avais jamais mis les pieds. Je connaissais Bangkok, je connaissais Dacca (la capitale du Bangladesh), Bombay m’est apparu comme un concentré des deux. La frénésie de Bangkok, la misère de Dacca. La première surprise, c’est la pollution. Même sur le toit d’un grand building, la vue paraît bouchée, la ville comme baignée dans un fog permanent. Pollution industrielle, pollution automobile, déchets domestiques et urbains de toute nature. Impression que le mot « environnement » n’a ici aucun sens et qu’il serait aussi vain d’en faire admettre l’urgente nécessité que d’essayer d’y introduire l’art tauromachique... (...) Même l’océan est cradingue, un vrai dépotoir et malgré des plages superbes, personne ne se baigne. (…) La deuxième surprise, c’est la circulation. (…) La ville (…) n’est plus qu’une immense concentration urbaine, parcourue par des highways, autoroutes urbaines à trois ou quatre voies qui irriguent la ville d’un flot continu. Il faut une bonne heure et demie en taxi pour gagner le centre-ville, après un ahurissant gymkhana. C’est la deuxième surprise : les conditions de circulation dans ces tacots brinquebalants, défoncés (bien peu subiraient avec succès notre contrôle technique !), tous identiques, qui circulent au coup de trompe. Pousse-toi de là que je passe. Décrochages, queues de poissons, frôlements incessants (la plupart des chauffeurs ont supprimé le rétro extérieur pour se glisser plus aisément entre deux autres bagnoles.) Pas d’engueulades ni de doigts d’honneur, encore moins de remontrances policières, tout le monde accepte la règle du jeu. (…) La troisième surprise, c’est la misère. Enfin, pas vraiment. On savait bien sûr que des millions de gens vivent dans la merde, naissent et meurent dans la merde, subsistent dans l’ordure et dorment à même la poussière. « Terre de contraste », comme on dit dans les guides touristiques feuilletés dans la quiétude raffinée des ghettos de luxe pour Occidentaux friqués (…). Il y a d’abord ces échoppes, de chaque côté de l’autoroute, une

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chaîne ininterrompue de boutiques de toutes sortes, commerces au ras du bitume, surmontés d’un étage, où vit la famille. Selon nos critères, une misère noire, une promiscuité sale. Oublions nos critères : ce sont là petits artisans et commerçants plutôt prospères, presque riches ! Ceux-là au moins vivent dans du dur et gagnent leur vie, leurs gosses vont à l’école, bambins proprets en uniformes bleus ou gris égayés de rubans ou de foulards rouges, qu’on voit s’égailler après l’étude, comme tous les écoliers du monde. Et puis il y a tous les autres, ceux des bidonvilles qu’on aperçoit plus loin, marée de tôles grises et de bâches noires de suie, enfants nus et barbouillés qui chient au bord de la route, à trente centimètres des voitures, femmes décharnées, accroupies dans les ordures, triant de vieux journaux, fouillant les déchets des autres, cuisinant on ne sait quel brouet sur de maigres foyers, faisant sécher les guenilles sous les piles des ponts, vivant à même le béton sous les infrastructures autoroutières, rentrant à la nuit sous l’abri d’une buse de chantier ; il y a les mendiants, souvent des gamines ou des femmes, gosse à la mamelle, qui sourient de leurs bouches édentées et tapent la vitre du taxi bloqué à un feu rouge, et les hommes estropiés ou rongés de lèpre, agglutinés au bord des esplanades des temples ou des mosquées. Détourne ton regard gêné, Occidental prospère: ce sont ces miséreux qui font ton bien-être, ces pays de la faim qui te font vivre. Et dis-toi que ça n’aura qu’un temps. Une des pires villes au monde (…) [Ensuite, cher lecteur, t]u devineras la pagaille et l’odeur des marchés, les étalages croulant de fruits exotiques et d’épices innombrables, le soyeux des étoffes, la saveur des mets (la cuisine indienne est délicieuse, pour qui peut se l’offrir), le bric-à-brac mochard des boutiques à souvenirs. (…) Tu te garderas d’ignorer qu’ici comme ailleurs la modernité s’incruste dans la tradition et que les portables sonnent dans les plis des saris, dans les restaurants, les trains, la rue, comme partout ailleurs dans le monde. (…) Je pressentais que Bombay était une des pires villes au monde. Disons que je ne suis pas déçu du voyage. Bombay s’en fout/L’arbre à livres/Carte postale/Une des pires villes au monde, par Bernard Langlois, Politis, 29 janvier 2004 3. Comment meurent les bateaux et qui coud ma chemise : e-waste, Promenade à Dacca ; extraits des émissions de Daniel Mermet et Div Anquetil (document audio et photos) (source : http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1276) (L’Inde et le Bangladesh – la poubelle du monde civilisé. Regard du blanc)

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(source: http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1276)

A. LE TEXTE ET VOUS 1. D’après son titre, dans quel genre (journalistique) rangeriez-vous le texte de Ludovic de Carcouet ? Pourquoi ? 2. Dans le même texte, repérez quatre mots / expressions qui sont autant de clichés culturels. 3. Pour le deuxième texte, qu’avez-vous lu en premier : le titre, la signature, les sous-titres ? Pour quelle raison ? 4. L’agencement discursif du deuxième texte est-il :

a) narratif b) descriptif c) argumentatif

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. Ecrivez une liste de mots que vous associez à l’Inde / au missionnaire. 2. Qu’est-ce qui, selon vous, motive l’intérêt constant dont la presse occidentale fait

preuve à l’égard de l’Inde ? 3. Vous rangeriez le texte de Langlois dans la catégorie du : a) reportage b) éditorial c) commentaire d) critique Justifiez. 4. A votre avis, dans quelle mesure le sujet sur lequel se penche Langlois sert à

illustrer l’orientation politique de Politis, en tant qu’hebdomadaire de gauche ?

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C. L’AUTEUR, LE TEXTE ET VOUS 1. Quel type de réflexion de Carcouet livre-t-il sur son expérience indienne? Par

quels moyens ? A quel type de public pensez-vous que s’adresse son texte ? 2. De quelle manière se rapporte-t-il au monde indien ?

a) condescendante b) arrogante c) humble d) largeur d’esprit

3. En quoi consiste selon lui la différence essentielle entre les cultures occidentale et indienne ? Etes-vous d’accord avec son opinion ? Argumentez.

4. L’opinion de Langlois quant à la réalité qu’il présente dans son reportage est : a) admirative b) indifférente c) critique d) cynique

Identifiez les mots / les syntagmes par lesquels il l’exprime. 5. Le texte de Langlois repose aussi sur l’humour et l’(auto)ironie. Quelles en sont

les traces ? Selon vous, l’humour et l’(auto)ironie font / participent à la qualité de son article ?

6. Peut-on déceler chez lui un parti-pris en faveur de l’un ou de l’autre monde présenté ?

7. Les textes de de Carcouet et de Langlois remettent-ils en question / renforcent-ils les idées reçues que vous avez de l’Inde?

8. Distinguez : a) Dans le premier texte, dressez sur des colonnes séparées l’inventaire des

traits respectifs du monde occidental et du monde indien. b) Dans le même texte, repérez les éléments qui vous indiquent qu’il s’agit

d’une perspective a posteriori. c) Dans le deuxième texte, identifiez les séquences descriptives et les mots

qui les résument. d) Tout comme celui de de Carcouet, le texte de Langlois ne met pas en

scène des protagonistes individuels, mais plutôt des types. Dressez leur portrait.

e) Des étapes différentes / une progression dans la découverte de la ville, dans le reportage de Mermet et Anquetil.

9. Repérez dans le deuxième textes les équivalents des mots suivants : fétide englouties vacarme vocifère très sale cahotants voiture calme paisible

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10. DOCUMENT PHOTO Réalisez un résumé en images du texte de Langlois, en faisant correspondre, à chacun des moments forts de l’article, une photo tirée du reportage de Daniel Mermet et Div Anquetil.

11. Comment Mermet et Anquetil trouvent-ils Dacca : a) misérable b) exotique c) dépourvue d’intérêt d) touchante

RESUMER : oralement, le document audio D. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. A quelle occasion Langlois rédige-t-il son reportage ? 2. Quel est, dans son texte, le rôle des mots et expressions appartenant au registre

familier ? 3. Qu’est-ce qu’un maharaj ? un dalit ? un gymkhana ?

COMMENTER, C’EST COMPARER DES CULTURES 1. Les deux textes reposent sur une comparaison / une confrontation entre les

cultures occidentale et indienne. Toutefois, les deux auteurs ont aussi bien des perceptions différentes quant à chacune des deux cultures comparées que des manières distinctes de se rapporter à la culture de l’autre et à leur propre culture. Repérez les éléments qui relèvent de ces différences. (Servez-vous des repères suivants : misère, religion, culture). Qu’est-ce qu’ils vous disent sur la personnalité de chacun des deux auteurs ?

2. Apportez d’autres arguments quant aux ressemblances / dissemblances entre les cultures occidentale et indienne.

3. Le texte de de Carcouet présente l’image unilatérale de l’Occidental qui fait l’expérience de l’Inde. Essayez d’imaginer la manière dont l’Indien se rapporte au missionnaire et à la culture de celui-ci.

4. Comment situeriez-vous la culture roumaine, du point de vue de son rapport avec les cultures occidentale et indienne ? Argumentez votre opinion.

5. Vous êtes un reporter indien venu en Roumanie afin de réaliser un reportage censé convaincre les touristes indiens de visiter notre pays. Imaginez / rédigez le reportage en question. Trouvez des photos pour l’illustrer.

E. DEBATTRE, … c’est parfois s’opposer Réagissez aux affirmations suivantes ; débattez-en avec un collègue qui s’oppose systématiquement à vous : 1. Les Occidentaux sont coupables de la situation de pays tels l’Inde ou le

Bangladesh. 2. Le doute est supérieur à la foi. 3. Le missionnaire ne trouve plus de place dans le monde contemporain.

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4. Les mégapoles contemporaines ne sont que sources de nuisances multiples : surpopulation, pollution, misère.

F. CONTRASTES 1. « Terre de contrastes », c’est ainsi que la publicité occidentale présente l’Inde.

Identifiez et commentez, dans le texte de Langlois, les éléments contrastés et les systèmes d’oppositions.

2. ETUDE DE CAS. La situation des déchets électroniques et le tiers monde en tant que dépotoir de l’Occident : état des lieux, causes, enjeux, solutions. Servez-vous aussi du texte suivant, où vous allez prêter attention à :

a) l’atmosphère et aux éléments du décor b) au portrait des deux protagonistes c) la manière dont ils se rapportent à la réalité (contraste entre monde vécu /

monde présenté) « La planète croule sous les déchets électroniques. (…) De moins en moins tolérées dans les dépotoirs des pays du Nord, une part croissante de ces ordures prennent le chemin de la récupération. Mais cette solution, qu’on dit écologique, cache une réalité bien sombre. (…) Certains « recycleurs » sont en réalité des marchands de ferraille high tech qui s’empressent d’écouler le stock sur les marchés internationaux, en Asie principalement. (…) Avec la Chine et le Pakistan, l’Inde figure maintenant parmi les principaux dépotoirs électroniques de la planète. Ici, des ouvriers éventrent les vieilles machines pour en extraire le moindre morceau de valeur, en utilisant des méthodes aussi rudimentaires que néfastes pour leur santé et l’environnement (…) L’air est irrespirable. Un adolescent vient de mettre le feu à un tas de fils rouges, jaunes et bleus, au beau milieu du cimetière du village. Alors que son visage disparaît dans l’épaisse fumée, il remue la masse gluante avec une tige de métal, comme s’il attisait un feu de camp, immunisé contre l’odeur âcre du plastique carbonisé. Moi, j’ai le souffle court, les yeux irrités et la tête proche d’éclater. Lui, il a l’habitude: c’est ainsi qu’on gagne sa vie à Behta, un hameau poussiéreux en périphérie de Delhi, en Inde. Chaque jour, on y brûle des câbles multicolores pour en extraire des filaments de cuivre, aussi fins que des cheveux d’ange, qui seront revendus au kilo à des ferrailleurs ».

Noémi Mercier, « Inde, poubelle de la planète techno », Québec Science, septembre 2007

3. TABLE RONDE. La faim dans le monde : états des lieux, régions les plus affectées, causes, enjeux, solutions. Lors de votre débat, essayez de vous référer également à d’autres époques de l’histoire de l’humanité où la famine a sévi. Identifiez les éléments qui se perpétuent / qui sont distincts d’une époque à l’autre. Vous pouvez vous servir aussi du texte suivant et des images suivantes :

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Une personne meurt de faim dans le monde toutes les quatre secondes

(source: http://terresacree.org/faim.htm#bas) « En quelque mois les prix des aliments de première nécessité ont augmenté de 50% et la colère monte dans les pays en développement. (…) C’est en Mauritanie que tout a débuté avec les premières émeutes en novembre dernier. Les manifestations se sont ensuite répandues au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Egypte, au Mozambique… Au Cameroun en février, les forces de l’ordre ont tiré sur les manifestants faisant 40 morts. Les citoyens du Burkina Faso avaient décrété mardi et mercredi de cette semaine la grève générale pour protester contre la hausse des prix du mil. (…) Au Caire, le pain est si rare qu’il est vendu derrière des barricades. Les prix du lait et du pain ont doublé en un an en Egypte où les émeutes ont notamment secoué la ville de Mahalla. (…) Aux Philippines les restaurants fast-food ne sont autorisés à ne servir qu’une demi-portion de riz. Les autorités ont également averti que les citoyens qui stockaient du riz pourraient être accusés de sabotage économique. En Haïti les émeutes ont été particulièrement violentes cette semaine, faisant au moins 5 morts et une vingtaine de blessés lors des affrontements avec les forces de l’ONU sur place.

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(Alexandra Matine, « Le nouveau visage de la faim dans le monde », Paris Match, 11 avril 2008)

II. REPERES GRAMMATICAUX. L’énoncé et l’énonciation II.1. L’ENONCE DEFINITION L’ECHELLE DES

ENONCES EXEMPLES

Toute suite de mots, prononcée, écrite ou imprimée, qu’elle ait ou non de sens, qu’elle soit ou non grammaticale.

L’énoncé peut se réduire à un mot

Une interjection : ZESTE! Un appel : PSITT ! Un ordre : SILENCE ! Une constatation : Midi. L’entrée d’un article de dictionnaire : « Epaté (fam.) (Personnes) : Très étonné . � épater (3o); ahuri, ébahi, interloqué, stupéfait*, surpris. Un air épaté »

Un énoncé peut être un groupe de mots

Groupe nominal, dans un titre de journal : La rentrée littéraire

Un énoncé peut être une phrase

Avec verbe : Session extraordinaire au Parlement européen. Sans verbe : – Epatant !

Un énoncé peut également être une suite de phrases, autrement dit, un texte.

II.2. L’ENONCIATION DEFINITION SUJET ET

MARQUES DU SUJET

DESTINATAIRE REPERAGE DU LIEU ET DU TEMPS

L’acte individuel de parler, de produire un énoncé, d’utiliser la langue dans une situation donnée, pour des

Le sujet peut ne pas se désigner lui-même dans l’énoncé. C’est l’énoncé à la troisième personne

Plus ou moins présent dans l’énonciation. Explicitement désigné par des pronoms et

A partir du lieu du sujet, pris comme repère, l’énoncé peut fournir des indications à la fois sur son propre lieu

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interlocuteurs donnés et à des fins données. Aspects et marques de l’énonciation : sujet, destinataire, lieu et temps

(histoire, conte, nouvelle, romans à la 3e personne, reportage, essai, texte scientifique, etc.).

possessifs de la 2e personne dans : un ordre, une lettre, une allocution politique, etc. Implicite dans d’autres types d’énoncé (science, philosophie, histoire, roman).

d’émission, et sur le lieu de ce qu’il évoque. Ceci se fait à l’aide des : adverbes de lieu, adjectifs démonstratifs, termes de présentation

- Le pronom personnel et les possessifs de la 1re personne - L’emploi de certains modes, dont l’impératif, qui exprime un ordre du sujet de l’énonciation - L’emploi des interjections et des apostrophes - L’emploi de mots qui expriment une attitude particulière, une appréciation subjective du contenu de l’énoncé par le sujet de l’énonciation : adjectifs appréciatifs, verbes de modalité (devoir, falloir, être nécessaire, pouvoir, vouloir).

A partir du moment de l’énonciation pris comme repère, l’énoncé peut fournir des informations sur le moment où il est réalisé et sur la durée des événements qu’il rapporte. Cela se fait à l’aide des : temps verbaux adverbes et locutions temporelles.

II.3. Exercices 1. Précisez dans quelle situation d’énonciation sont produits les textes suivants. Quel est le but de chacun des textes ? Quelle pourrait être l’identité du / des

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récepteur(s) ? Quels éléments pourraient servir à un repérage du lieu et du temps de l’énonciation ? « Cher Jean-Louis, (…) Cette lettre me donne du mal, plus que toutes celles que je t’ai écrites. J’ai l’impression de m’imposer, de prendre une place qui ne me revient pas, ou peut-être ne me revient-elle plus ? Je ne sais pas, je n’arrive pas à identifier ce malaise. Quoi qu’il en soit, il y a très longtemps que je ne t’ai vu et tu commences à me manquer. En plus, je ne suis pas sortie de la vieille ville depuis que nous avons pris la route au cours de cette terrible tempête de verglas, pour nous rendre à la campagne. J’ai hâte de revoir la maison au bout du rang. J’y suis de plus en plus attachée. J’aurais très envie de passer quelques jours avec toi, peut-être as-tu l’intention de t’y rendre bientôt et je sais que tu aimes bien être accompagné. Je te téléphonerai au cours de la semaine, pour prendre de tes nouvelles. Je t’embrasse ». (Lise Tremblay, L’hiver de pluie) « Guadeloupe, soleil créole Pas de saison attitrée pour savourer les charmes de celle que les Indiens caraïbes baptisèrent Karukéra (l’île aux belles eaux). Papillon aux ailes déployées sous les bleus de l’océan, elle réunit tous les atouts des tropiques : somptueuses forêts aux essences rares, plages paradisiaques protégées d’une barrière de corail et fonds marins à l’étonnante richesse. A Basse-Terre, dominée par le volcan de la Soufrière, elle se fait contrastée et sauvage. Au sud, Grande-Terre déroule en douceur ses palmiers et son sable blanc. C’est là, près de Pointe-à-Pitre, que vous accueille le Sofitel Auberge de la Vieille Tour 4 étoiles, implanté autour d’un ancien moulin à vent du XIIIe siècle devenu hôtel. Une adresse de charme et de renom nichée dans un parc tropical de trois hectares casacadant jusqu’à la mer. Décoration raffinée, vue imprenable sur l’îlet Gosier depuis l’élégant bar colonial, table réputée, petite plage naturelle… » (Michèle Valandina, « Couleur soleil », Le Figaro Magazine, 07/03/08) 2. Quels sont, compte tenu de la situation d’énonciation, les référents des pronoms ON et ÇA dans les exemples suivants ? Essayez de traduire en roumain les séquences où apparaissent ces pronoms : « Le forum se tient en un seul lieu, une immense friche industrielle transformée en parc des expositions, dans cette même banlieue puante où courent les égouts à ciel ouvert. ON s’y rend en taxi, ou en rickshaw ». « Je ne vais pas vous raconter le forum lui-même (...). Les délégations françaises et européennes en général, comme les Américains du Nord ou du Sud ou les quelques Africains, sont ici noyées dans la masse. ÇA danse, ÇA gueule, ÇA lève les poings, ÇA agite les fanions : ON regarde, ON s’en prend plein les mirettes, ON ingurgite des tonnes de poussière, ON remonte le courant, pauvres saumons blanchâtres !, ON tente de se repérer dans ce maelström.

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« La troisième surprise, c’est la misère. Enfin, pas vraiment. ON savait bien sûr que des millions de gens vivent dans la merde, naissent et meurent dans la merde, subsistent dans l’ordure et dorment à même la poussière ». « [L]eurs gosses vont à l’école, bambins proprets en uniformes bleus ou gris égayés de rubans ou de foulards rouges, qu’ON voit s’égailler après l’étude, comme tous les écoliers du monde. Et puis il y a tous les autres, ceux des bidonvilles qu’ON aperçoit plus loin, marée de tôles grises et de bâches noires de suie, enfants nus et barbouillés qui chient au bord de la route, à trente centimètres des voitures, femmes décharnées, (…) cuisinant ON ne sait quel brouet sur de maigres foyers, faisant sécher les guenilles sous les piles des ponts… » III. DISCOURS MEDIATIQUES. Le dossier thématique. Enquête sur la lecture des journaux III.1. Le dossier thématique Lisez le texte suivant : Flambée des prix alimentaires La spirale de la faim « A Haïti, la faim a un nouveau nom : Chlorox. Du nom de l’eau de Javel. Chlorox parce que la faim blanchit les hommes comme le Chlorox le linge. La faim sévit partout… En Afrique, évidemment. Au Sénégal, au Cameroun, au Niger, où plane le spectre des grandes famines. Mais aussi dans les pays qu'on croyait préservés, l’Egypte, où la hausse du prix du pain a mis des populations dans la rue, le Mexique, où la tortilla a flambé, les Philippines. Au total, 35 pays sont en « crise alimentaire » selon la FAO (Food and Agriculture Organization). Tandis que les multinationales de l’agrobusiness prospèrent, que les traders de la City spéculent et affolent le marché, les prix de la nourriture grimpent partout à n’en plus finir. La mondialisation aurait-elle trouvé ses limites ? Voyage dans une planète qui a perdu les pédales. HANOI Le riz amer En ce moment, Nguyên Van Thu se prépare à vendre la récolte de mai. « On la vendra moins cher que celle d’octobre. C'est toujours comme cela. En octobre, il y a moins de riz disponible car on doit en garder pour nous et tenir jusqu’à mai ». [ …] Au total, la famille tirera 600 euros de ses deux récoltes de riz cette année. « Avec les enfants, c’est dur. Notre aînée de 17 ans travaille déjà aux champs et va devoir arrêter l’école. C'est trop cher ». Nguyên Van Thu est loin d’imaginer que sur les marchés mondiaux on se bat pour son riz. « Du riz vietnamien, on n’ren trouve plus actuellement, dit Jean-Pierre Brun, courtier en riz. Le Vietnam a suspendu ses exportations et, comme c’était le deuxième exportateur mondial, ça a mis le marché sens dessus dessous ». GENEVE Jackpot pour les négociants

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Huma Burnewe, une courtière en riz : « Notre métier, c’est d’acheter et de vendre. Alors quand ça monte, forcément, on gagne beaucoup plus d’argent ». « C’est la folie, on ne sait pas où le prix du riz va s’arrêter. On se demande qui pourra encore acheter. A Conakry, le prix du sac de riz de 50 kilos a atteint 180 000 francs guinéens (30 euros). C’est pratiquement le salaire mensuel des fonctionnaires là-bas ». DAKAR Le règne des spéculateurs Il est là, au port. Un bateau chargé de 18 000 tonnes de riz. Bloqué depuis quatre mois. Moustapha Tall, le plus gros importateur de riz du Sénégal, ne décolère pas. « Le négociant à Genève refuse de me le vendre. Il prétend que je suis en défaut. En fait, il espère le vendre encore plus cher ». « Depuis la libéralisation en 1995, c’est n’importe quoi. Le marché est complètement morcelé. On n’a pas assez de puissance financière pour peser face à nos négociants à Genève » … Il ne comprend pas comment son pays en est arrivé là : « Dire qu'on dépend du riz vietnamien ou thaï alors qu’on pourrait en faire pousser chez nous ! Le problème, c’est que le riz local a été complètement cassé par le riz importé qui était vendu bien moins cher ». Au marché Sandaga à Dakar, on ne trouve plus de tomates produites par les paysans locaux. Elles viennent toutes d’Espagne, vendues à des prix ultracompétitifs grâce aux subventions de la PAC. PARIS Les Restos du Coeur en rade Des queues interminables devant les soupes populaires ou les Restos du Coeur, cet hiver ? C’est le scénario catastrophe que prédisent les associations caritatives, touchées de plein fouet par la hausse des matières premières. …« On a fait le calcul. Au bas mot, il y aura 14 millions de repas en moins pour l’hiver prochain, s’alarme Olivier Berthe, des Restos du Coeur. On va devoir refuser des gens. Mais sur quels critères ? » Doan Bui, Frédéric Saliba et Huy Le Khac, « Spirale de la faim », Le Nouvel Observateur, semaine du jeudi 08 Mai 2008 Considérez également les photos suivantes : 1. Femme haïtienne entrain de faire sécher des galettes de boue pour ses enfants, eux aussi malnourris (source : http://sandrominimo.blog.24heures.ch/archive/2008/05/02/casser-un-mcdo-est-ce-bien-necessaire.html)

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2. Femme pakistanaise d’Islamabad en pleurs avoir évoqué une récente flambée des pris qui ne lui permet plus de subvenir aux besoins de sa famille (http://www.lemonde.fr/organisations-internationales/article/2008/04/12/emeutes-de-la-faim-un-defi-inedit-pour-l-onu_1033858_3220.html)

Etude de cas : « La spirale de la faim », dossier thématique du Nouvel Observateur, 8 mai 2008. La sélection ci-dessus n’est qu’un aperçu du thème, du style et de la manière des trois journalistes de rendre cet événement mondial dans un dossier thématique.

1. Comparez la façon de rendre l’information dans différentes formes de discours médiatique. Par exemple, le reportage télévisé / le dossier thématique d’un hebdomadaire.

2. Lisez l’ensemble du dossier. Quels ont été les critères selon lesquels les journalistes du magazine ont établi l’itinéraire de ce voyage planétaire inédit ?

3. Analysez leur manière de rendre l’événement et de créer l’effet de réel. 4. Imaginez la couverture du magazine. Principalement consacrée au dossier

thématique, elle accroche le lecteur par son sujet, tandis que la Une des quotidiens a pour fonction de faire un « étalage » des titres et des rubriques et attire l’attention par la diversité.

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5. Expliquez le titre du dossier. Trouvez des analogies avec « la spirale du silence ». Analysez les sous-titres et la mise en texte de l’événement par la force de leurs énoncés : la connotation des noms, un préambule sur le contenu.

6. Cherchez le non-dit, les questions qui vous viennent à l’esprit après la lecture de ce dossier, auxquelles les journalistes n’ont pas donné de réponse ou ont laissé le lecteur libre de la trouver.

7. Quel est l’effet des photos ? Choisissez-en pour illustrer les différents fragments. 8. La polyphonie du discours médiatique – source de crédibilité. Ce dossier

s’inscrit, du point de vue des classifications de la presse écrite, dans la catégorie de la presse miroir – qui valide l’information par la pluralité des voix. Relevez l’identité des témoins. Analysez les techniques utilisées par les journalistes pour renforcer la crédibilité du dossier. Illustrez la manière de construire l’information par le découpage de tranches de vie, de témoignages divers de toutes les catégories de personnes impliquées.

9. Expliquez l’agencement des énoncés / articles du dossier. Faites des hypothèses sur la logique de leur organisation.

10. Analysez et imaginez le travail en amont des journalistes. Faites des hypothèses sur leurs modalités de travailler.

11. Par quels moyens les auteurs touchent le lecteur ? Donnez des exemples. 12. Analysez l’impact du dossier : la course effrénée aux profits, l’indifférence pour

les suites sociales, autres. 13. Sujets de débat. Constituez des fiches argumentatives sur les thèmes suivants :

• cultures pour l’éthanol / pénurie alimentaire du tiers monde ; • mondialisation et changement des pratiques alimentaires / dérèglement

des ressources. III.2. Enquête sur la lecture des journaux Micro-trottoir. Menez cette enquête dans votre entourage et / ou dans la rue. Relevez les caractéristiques de vos interlocuteurs (âge, sexe, profession). Lisez vous des journaux ? oui - non

Entourez la bonne réponse.

Quelle sorte de journaux ? Cochez la ou les bonne(s) réponse(s).

un/des quotidien(s)

un(e)/des revues, hebdomadaire(s)

Quels genres de magazines connaissez-vous ?

- mode - people - actualité - spécialisé

Aimez-vous feuilleter les magazines ? Pourquoi ?

Quels sujets d’articles préférez-vous en général ?

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Numérotez de 1 à 3 en commençant par le sujet que vous préférez :

- les sciences - la médecine - la politique - la mode - les sports - la culture (livres, cinéma...) - l’économie - les faits divers - la société - autre sujet : indiquez-le

Quand vous avez choisi de lire un article, vous commencez par: Vous pouvez cocher une ou plusieurs cases.

- le titre - les sous-titres - la photo - la légende sous la photo - les lignes en gros caractères - autre chose ... - le premier paragraphe

Quand vous lisez un article, vous lisez en général: Lisez tout avant de répondre.

- en diagonale et en vous arrêtant sur les passages intéressants; - en sautant des paragraphes; - en entier, d’un bout à l’autre en commençant par le début; - par « sondages » à partir d’un sous-titre; - autrement ...

1. Communiquez les résultats de votre enquête. Comparez-les. Qu’en concluez-vous … fiche technique / des quotidiens / journaux francophones

2. Analyse de quotidiens francophones. Observez par groupes quelques journaux différents roumains ou francophones. Commentez l’aspect physique du support, les informations données sur la couverture ou sur la manchette du journal. Faites des hypothèses sur son contenu à partir du nom

4. Quel est approximativement le pourcentage de la place accordée:

- aux nouvelles nationales et internationales, - au bulletin de l’étranger, - à la publicité, au dessin, - au sommaire ?

5. En fonction de l’importance accordée aux différentes rubriques, au rapport texte/iconique, à la longueur des textes, au contenu des publicités, précisez le portrait-robot du lecteur-cible visé par votre journal.

6. Observez la Une du journal choisi et désignez les différentes parties avec l’un des termes suivants:

publicité - sommaire - bulletin de l’étranger - articles - titre

sous-titre - surtitre - chapeau - cheval.

Commentez la mise en page.

IV. REFLETS LITTERAIRES Lisez également le texte suivant, identifiez les éléments qui relèvent de contrastes culturels et commentez-les :

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« [Mon] appartement [à Montréal] se trouve au deuxième étage d’un bel immeuble. Les fenêtres donnent sur une rue tranquille. Je n’entends rien le jour comme la nuit. Par la fenêtre, je vous des couples jeunes et vieux s’enfiler dans leur voiture ou en sortir. Quand ils se croisent, ils se cèdent la place avec politesse. Ils ne se parlent pas, bien que leurs chiens se cherchent. […] [J]e vis dans un immeuble où il n’y a que des locataires et pas de voisins. Tu sais combien je détestais mes voisins dans mon logement à Shanghai. Ma mère disait qu’un voisin est plus qu’un parent lointain, car il te crée des petits ennuis qui remplaceraient de grands malheurs. Mais je n’arrivais pas à aimer ces voisins qui parlaient, hurlaient, riaient et pleuraient dans les escaliers. Je n’acceptais surtout pas qu’ils essaient de me faire vivre à leur façon. Maintenant, je suis libre, je pourrais presque tout faire chez moi. Personne ne me dérangerait. Et si l’idée me prenait de me tuer ? On ne viendrait pas m’en empêcher, bien sûr. On m’en accorderait l’entière liberté à condition que je ne dérange pas les autres. N’est-ce pas ce que j’ai toujours voulu et que j’apprécie encore ? Pourtant, je commence à avoir peur de cette liberté qui m’attire comme un trou inconnu. Je suis ahuri par sa profondeur. Les voisins me manquent ». (Ying Chen, Les lettres chinoises) DIRE AUTREMENT clivage : séparation, rupture incroyants : agnostique, athée, non-croyant se décentrer (de soi) : sortir de soi, se départir de soi a fortiori : à plus forte raison de premier abord : de prime abord, à première vue hâtivement : à la hâte, précipitamment foisonnant : abondant fermé d’esprit : borné, obtus miroir aux alouettes : leurre, piège avoir d’autres chats à fouetter : s’en ficher, avoir d’autres préoccupations noyés : submergés par, étouffés par crasse : ordure, saleté prendre à la gorge : piquer la gorge, suffoquer passer le seuil : dépasser, entrer cossu : riche friche : pâtis, terre non cultivée triporteur : tricycle muni d'une caisse pour le transport des marchandises légères vrombir : bourdonner, ronfler boucan : tapage, vacarme gueuler : vociférer, rouspéter s’en prendre plein les mirettes (pop.) : être impressionné, regarder avec plaisir blanchâtre : tirant sur le blanc bouchée : fermée, obstruée déchets : détritus, ordure l’art tauromachique : art de combattre les taureaux dans l’arène cradingue : très sale

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dépotoir : décharge, voirie gagner le centre-ville : arriver, se rendre au centre-ville gymkhana : course d'obstacles au parcours compliqué tacots : vieille voiture automobile, chignole, guimbarde, brinquebalants : cahotant défoncés : brisés, abîmés circuler au coup de trompe décrochage, queue de poisson : façons agressives de conduire aisément : facilement bagnole : vieille auto engueuelade : dispute, querelle, empoignade doigt d’honneur : geste impudique, obscène remontrance : admonestation, avertissement, blâme, observation, réprimande, reproche quiétude :calme paisible friqué : riche échoppe : petite boutique, barraque au ras de : au plus près de la surface de, au même niveau vivre dans du dur : vivre dans un vrai logement proprets : bien propres égayer : distraire, divertir, ébaudir, réjouir s’égailler : se disperser, s’éparpiller bidonville : agglomération d'abris de fortune, de baraques sans hygiène où vit la population la plus misérable (souvent à la périphérie des grandes villes) tôle : feuille de fer ou d'acier obtenue par laminage bâche : banne, prélart barbouillés : salir; couvrir, maculer, souiller, tacher décharnées : dépouillées de la chair, amaigries accroupies : à croupetons, assises les jambes repliées, sur leurs talons fouiller : explorer, inspecter, scruter brouet : bouillon, potage guenilles : haillon, hardes, loque, nippe à même le béton : directement sur le béton une buse : une bondrée ; (fig. et fam.) personne sotte et ignorante gosse : bambin, gamin, mioche, môme, moutard bouche édentée : qui a perdu une partie ou la totalité de ses dents hommes estropiés : éclopé, handicapé, impotent, infirme agglutinés : collés ensemble, agglomérés miséreux : besogneux, famélique, misérable, nécessiteux, pauvre pagaille : fouillis, bazar croulant de : s’abattre, s’affaisser, s’ébouler, s’écrouler, s’effondrer soyeux : de soie les mets : les plats le bric-à-brac : amas de vieux objets hétéroclites, destinés à la revente, bazar, fatras mochard : assez moche, tocard saris : longue étoffe drapée que portent traditionnellement les femmes indiennes.

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Dossier 2

Découvrir l’autre 2. Les globe-croqueurs : exotisme et évasion Commencer le dossier par « Croisière jaune » (http://www.croisierejaune.com ; 2-3 min). Lisez les textes, regardez le film de la mise en place de l’accueil des touristes. Retenez les images contrastantes. I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE Lisez les textes suivants : 1. Artère vitale pour les habitants du désert, le chemin de fer transporte eau et vivres à travers l’immensité de l’Adrar. Océan de dunes, villes millénaires, tribus nomades... il offre au voyageur un périple inoubliable Derrière la vitre du RER, pas de barres bétonnées, pas de vaches banlieusardes non plus, mais un chameau, un vrai. Et un désert de sable, l’Adrar, comme un tapis de soie jaune orangé, déroulé à l’infini sous un ciel bleu mer. De quoi s’étrangler d’émotion et s’accrocher ferme à la rampe du wagon... Un RER authentique d’origine suisse, posé, en 1998, par un voyagiste français avisé au cœur de la Mauritanie, contrée magnifique coincée entre le Maroc, le Mali et l’océan Atlantique. Le « Train du désert », dit la brochure. Un exode touristique ferroviaire hors du commun, quelque part sur la chaotique voie en fer qui relie Zouerate, dans le nord, ville minière à ciel ouvert, à Nouadhibou, sur la côte. Véritable ligne de vie, au cœur du Sahara occidental. Un périple difficile à croire. (…) Choum. Ici, le vent siffle, serpente, entre des baraques en tôle rouillée qui ne demandent qu’à s'envoler à la première gifle de sable. (…) Flanquée de sa voiture de RER et d’un drôle de wagon-lit, la vieille locomotive tousse, grince, crie, avant de s’ébranler. Contre ses flancs s’agite une ruche désordonnée : une nuée de mômes rigolards, des ânes à brouette, des cargaisons de riz, de bidons d’eau solidement ficelées sous l’œil grave d'un vieux bonhomme à boubou blanc... Jamais train touristique n’a semblé si authentique. Et pour cause : ce chemin de fer est le sang qui irrigue le cœur du pays. (…) Coussins colorés et moelleux, tapis idem, le tout encadré par le film lent du désert aux fenêtres... La tentation est grande de jouer les pachas nonchalants. Dans un coin, un jeune « aide de camp » reproduit inlassablement le même geste fascinant : faire passer et repasser le thé à la menthe d’un verre à l’autre, afin de gagner de la mousse parfumée. Caressés par ces effluves mentholés, les voyageurs laissent échapper tour à tour des sourires béats, visiblement ébahis par la luxueuse originalité du périple. Le voyage immobile, (…) la rétine habillée d’images douces : la courbe d’un horizon, un océan de caillasse et d’herbe sèche, un troupeau de chameaux qui paissent et paressent devant la loco, bien obligée de ralentir. Au loin, comme une ombre chinoise, un âne maigrelet surmonté d’un homme sec qui fait un signe de la main. On salue le train, toujours, comme un ami, un heureux événement.

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(…) Sur le chemin du train, on croise aussi la Mauritanie nomade, fidèle à l’imagerie africaine. La nuit, un campement à l’écart des voies, où les filles du village, 15 ans à peine, enveloppées de voiles orange et verts, chantent timidement au coin du feu des histoires d’hommes amoureux. (…) Après trois jours et deux nuits délicieuses, à savourer un poulet dodu, à siroter inlassablement de la menthe sucrée et à dormir en couchette, cahoté, bercé, comme en haute mer, on remet les pieds sur terre. En 4 x 4 et à une demi-journée de route, il y a Chinguetti. Un soleil presque couché, dont les rayons rouge pâle font encore trembler le minaret de la haute ville, s’échappe doucement des labyrinthes de maisons en terre. Une cité comme un mirage. Ville phare de la culture musulmane, Chinguetti, dernière oasis d’humanité avant l’immensité, se dresse seule face aux ébouriffantes dunes de l’Ouadane depuis le Xe siècle dit-on. Et continue d’abriter une dizaine de bibliothèques – contre des centaines, au temps de sa splendeur – tenues par les descendants directs des érudits, conteurs, médecins et astronomes de la cité. (…) Un Coran du XVe siècle, un traité de médecine (une copie), signé du grand Avicenne, et tant d’autres. Tant de trésors menacés. Les manuscrits perdent leur peau et leurs os. Ils ne sont pas faits pour le désert. Pas plus que les hommes. (…) Cette fragilité, ce péril permanent, rend la ville et ses âmes plus précieuses encore au voyageur. Comme le pays tout entier, flamboyant et contradictoire, républicain et musulman, tout juste ouvert aux autres et sillonné par un train malin qui permet de l’embrasser d’un long et merveilleux travelling. D’un seul coup d’œil qui suffit au coup de foudre. (Arnaud Malherbe, « Le train des sables », L’Express.fr, mis à jour le 09/11/2004 – publié le 15/11/2004) (source: http://www.lexpress.fr/styles/voyage/le-train-des-sables_487964.html) 2. Plus besoin de dormir à même le sol pour s'émerveiller de l'infini des sables. Aujourd'hui, au Sahara comme dans les dunes d'Arabie, des campements dignes des Mille et Une Nuits vous promettent une vie de prince « Les voyageurs sont une chance pour nous autres Touareg. Leur présence nous permet de sauvegarder un mode de vie très proche de nos traditions » [dit notre guide]. (Plus d’images à l’adresse http://www.lexpress.fr/styles/voyage/bivouacs-chics-dans-le-d-eacute-sert_479726.html)

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«Vous voyez, continue-t-il, nous avons aujourd’hui traversé des territoires de pierre et de sable, vous goûtez notre hospitalité, nous allons ensemble nous régaler de mouton et de dattes, dormir sous d’authentiques tentes touareg. Si nous n’avions personne avec qui partager ce désert, que ferions-nous à part trouver du travail à la ville et devenir sédentaires? » (…) Nous sommes ici au cœur d’un des plus grands déserts du monde, un désert aussi étendu que le territoire français, un désert qui court du sud de l’Algérie au Niger. Bien moins fréquenté que le Maroc ou la Tunisie, le tassili du Hoggar semble se réserver aux voyageurs plus qu’aux touristes. (…) Pourquoi le Hoggar? Que cherchons-nous? Le grand frisson? La solitude? Si c’est pour des tours en chameau et des démonstrations de danse traditionnelle, il y a erreur de destination. (…) Notre courte caravane suit sur une cinquantaine de kilomètres la transaharienne, avant de quitter le chemin balisé et de se hisser sur un immense plateau. Puis sur une chaîne de montagnes apparemment infranchissables. Des sommets noirs et affûtés comme des lames, un sol déchiqueté en millions de cailloux ciselés, chantournés, des plaques d’ardoise bleutée, des blocs de marbre blanc striés de noir, des poussières vertes de soufre, des crevasses rouge sang... (…) Une monumentale arche de pierre marque l’entrée du camp de Tagrera. Partout autour de nous, des monolithes titanesques jaillissent des sables perlés, vieil or ou parme. Dans ce cadre somptueux, une vaste tente touareg est dressée. Plus loin, discrètement adossées à une falaise, on distingue deux petites toiles (des toilettes et une douche). On se rafraîchit, on découvre notre « abri » nomade. De vraies œuvres d’art que ces tentes constituées de centaines de peaux, tannées, teintes, cousues entre elles, ouvragées, frangées. A terre, des tapis chatoyants, épais et confortables. A l’intérieur, un vrai lit, des couvertures en poil de chameau, des meubles bas pour le thé. « Ce sont des tentes touareg que nous avons fait fabriquer par les rares vieilles femmes qui savaient encore le faire. Du coup, elles ont transmis leur art à d’autres ouvrières. Les literies, c'est pour le confort des Européens, qui ne sont pas habitués à dormir par terre », sourit Mokhtar, avant d’ajouter, mystérieux : « Mais je gage que vous finirez la nuit sur le sable, sous les étoiles ». Elodie Klein, Céline Lis, Christophe Migeon, « Bivouacs chics (sic !) dans le désert », L’Express.fr, mis à jour le 25/10/2006, publié le 26/10/2006. 3. Bain populaire à Derb Soltane

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Pour les amateurs de bonne viande, il n’est jamais trop tard pour attraper un taxi rouge et filer à l’entrée de Derb Soltane L’Baladiya, pour y déguster les choua (kefta, brochettes, côtelettes…) de la place Sidi Ben Abdellah dans une atmosphère enfumée. La viande s’achète au kilo dans l’une des petites boucheries mitoyennes d’où pendent des têtes de dromadaires au long cou dépecé, entre côtes de bœuf et pieds de mouton. Les cuistots de la place mitonnent le tout pour 10 DH le kilo, agrémenté de tomates et d’oignons grillés et arrosé de thé. Une excellente adresse populaire, qui se mérite en dépassant les quelques ruelles du quartier des Habous. À l’entrée des arcades qui abritent un mini-souk touristique, s’élève un immeuble imposant: le « tribunal de la Moudawana », où se jugent les affaires relatives au Code de la famille, dont la réforme représente l’un des chantiers les plus importants du règne de Mohammed VI. Une fois dépassée l’allée principale, il suffit de remonter sur la droite, le long des magasins de djellabas et de vaisselle de fête, puis de passer le pont surplombant la voie ferrée pour entrer dans Derb Soltane, quartier d’où partirent les mouvements politiques et sociaux d’avant l’indépendance. Toujours tout droit, la rue s’enfonce soudain dans une foule grouillante s’étendant à perte de vue, dans un fouillis de dattes, cosmétiques de contrebande, fleurs en plastique, habits d’occasion, portables rafistolés, tuyauteries, matériel de cuisine… En vitrine, des hijab (voiles) légers et des caftans flamboyants ; en arrière-boutique, parfois, quelques burqa à l’afghane. Et en amont, sur la droite, une étonnante ruelle digne d’un marché aux sorcières, où se mêlent herbes folles, racines tortueuses, tortues et caméléons encagés, peaux de renards et aigles empaillés… (source: http://www.routard.com/ http://www.routard.com/mag_reportage/170/5/bain_populaire_a_derb_soltane.htm )

A. LE TEXTE ET VOUS 1. A quoi associez-vous les notions suivantes : exotisme, désert, train, voyage ? 2. Comment le voyage contribue-t-il à la découverte de l’Autre ? 3. Analysez les photos qui accompagnent les deuxième et troisième articles. Faites

des hypothèses sur le contenu des textes, sur le type de discours et sur le type de public auquel ils s’adressent.

4. Lisez le titre, le chapeau et la source des articles. Formulez des hypothèses sur leur contenu et sur les rubriques du magazine en ligne où ils pourraient figurer.

5. Quelles photos choisiriez-vous pour illustrer le premier texte ?

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. Identifiez le thème commun aux deux textes. Le sujet du dossier vous intéresse-t-

il / plaît-il ? Pensez-vous que vous auriez eu les mêmes réactions / impressions que les auteurs ?

2. Que savez-vous d’Adrar ? du tassili de Hoggar ? de Derb Soltane ? des Touareg ? Ces mots vous paraissent-ils :

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b) étranges c) absurdes d) incompréhensibles d) exotiques 3. Qu’est-ce qui attire les voyageurs dans ces zones désertiques ? 4. Comment commentez-vous la distinction entre touristes et voyageurs qu’établit le

deuxième texte ? 5. Quelles sont les fonctions dominantes des trois textes : narrer / décrire / informer /

argumenter ? 6. Délimitez les textes en parties selon la fonction dominante et justifiez. 7. Dans le Train du désert, identifiez les motifs principaux du texte. 8. Faites correspondre les images du diaporama et le témoignage du guide touareg.

C. L’AUTEUR, LE TEXTE ET VOUS 1. Le ton et l’attitude des deux premiers reporters par rapport à la réalité

présentée témoignent de : a) la chaleur b) la distance c) l’enchantement d) l’indifférence e) l’envoûtement f) l’admiration g) la surprise h) la fascination

Repérez les mots qui expriment leur réaction / leur attitude. 2. Relevez la position de l’auteur dans chaque énoncé. Comment se manifeste

dans le discours sa présence / son absence ? 3. Comment expliquez-vous le choix pour des verbes au présent ? 4. Comparez les trois articles. La différence de contenu et d’atmosphère est-elle

due à la personnalité du journaliste, à la sélection des aspects présentés ? 5. Quel est le rôle des citations dans le deuxième texte ? Qui est la personne citée

et quelle information apporte la citation par rapport à ce qui suit / précède ? 6. Quels sont les sentiments ressentis après la lecture et le visionnement des

diaporamas : a) dépaysement b) indifférence c) curiosité d) autre

7. Choisissez un article et donnez votre point de vue sur son contenu et sur les moyens utilisés pour sensibiliser / toucher le lecteur.

8. Distinguez : 1. les éléments exotiques des trois textes. Organisez-les selon les entrées

suivantes : paysage, transport, habitat, vêtements, goûts, organisation de l’espace urbain, lexique, autres. Par quels moyens l’auteur leur confère-t-il une valeur symbolique ?

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2. les différences entre la fonction du train, pour les habitants du désert et pour les touristes français et les réactions des autochtones au « train du désert »

3. la vie des habitants du désert et des villes : cadre de vie, occupations, portraits individuels / de groupe des autochtones

4. le parcours des voyageurs : points de départ, villes / régions parcourues / point d’arrivée / réactions respectives. Cherchez des informations plus précises sur les endroits et sur les pays traversés.

5. les éléments qui composent l’image pittorresque de Derb Soltane. 9. Repérez le rôle des éléments descriptifs qui composent l’image du désert. 10. Comment sont présentés les voyageurs ? Dressez le portrait-type du voyageur

tel qu’il ressort des deux textes. 11. Imaginez le journal intime, jour après jour et région après région, qu’aurait

tenu l’un des deux reporters (texte 1 ou texte 2). 12. Quelles sont les questions que vous aimeriez poser aux habitants rencontrés

dans ce voyage. Et celles destinées aux voyageurs à leur retour ? 13. Dans le texte suivant, remplacez les mots soulignés par des synonymes et faites

des modifications lorsqu’elles s’imposent: « Flanquée de sa voiture de RER et d’un drôle de wagon-lit, la vieille locomotive tousse, grince, crie, avant de s’ébranler. Contre ses flancs s’agite une ruche désordonnée : une nuée de mômes rigolards, des ânes à brouette, des cargaisons de riz, de bidons d'eau solidement ficelées sous l'œil grave d'un vieux bonhomme à boubou blanc ». « Toujours tout droit, la rue s’enfonce soudain dans une foule grouillante s’étendant à perte de vue, dans un fouillis de dattes, cosmétiques de contrebande, fleurs en plastique, habits d’occasion, portables rafistolés, tuyauteries, matériel de cuisine… En vitrine, des hijab (voiles) légers et des caftans flamboyants ».

D. RESUMER 1. Ecrivez une lettre à un ami pour le convaincre de vous accompagner en voyage

dans le désert tunisien. Plan de la lettre : source de vos informations, description des paysages, des conditions inédites de transport, d’hébergement, l’exotisme des lieux et des habitants.

2. Concours Découvrir l’autre. Imaginez les dix meilleures questions à poser à un étranger, sur lui, son peuple et son pays d’origine. Sortez des sentiers battus

3. Rédigez de courts articles – 200-300 mots – sur les thèmes suivants : Le train du désert ; Exotisme et confort ; Regard occidental sur les habitants des sables ; Le tourisme comme mode d’existence au milieu du désert.

4. A partir de vos notes et des informations des textes, rédigez un article d’une page sur le thème Exotisme du désert. Faites appel à vos lectures ou à d’autres produits culturels s’y référant. Lectures recommandées : Albert Camus, Noces ; Jean-Marie Gustave Le Clézio, Désert ; Michel Tournier, La goutte d’or, etc. Films : Le patient anglais, Babel.

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E. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. Que savez-vous d’Avicenne ? 2. Quel est le signe tutélaire sous lequel se place la vie des gens dans le désert ? 3. En quoi la présence des touristes aident-elle les Touareg à « sauvegarder un mode

de vie très proche de [leurs] traditions » ? Qu’est-ce cette affirmation du guide a-t-elle d’apparemment contradictoire ?

4. Précisez un thème / un aspect qui soit présent dans un seul des trois articles lus.

COMMENTER, … C’EST COMPARER DES CULTURES 1. Précisez les contrastes entre la culture d’origine et la culture étrangère perçus

par le regard du touriste, tels qu’ils sont évoqués dans les textes choisis. 2. Dossier : le Maghreb. Géographie, histoire, culture, intérêt touristique /

pratiques culturelles, langues du pays, rythmes quotidiens particuliers, rituels. 3. Imaginez le séjour / le voyage d’un Touareg à Paris : quel parcours ? quelles

réactions ? quel guide ? 4. Imaginez la vie quotidienne des habitants du tassili d’Hoggar / des « cuistots »

de Derb Soltane. 5. Imaginez et ensuite décrivez les bruits et les odeurs du désert / du marché de

Derb Soltane. 6. Le « train du désert » rappelle d’autres trains / parcours célèbres : l’Orient

Express, le Transsibérien, le TransCanada. Faites le parcours imaginaire à bord de l’un de ces trains ; imaginez également le journal de bord que vous tiendriez pendant le voyage.

7. Le thème de l’évasion et de l’exotisme est-il présent dans les médias roumains ? Dans quels médias ? Précisez les émissions télévisées, radiophoniques, les supports de la presse écrite qui y sont consacrés. Quels sont les effets visés par ces productions ?

8. Vous êtes un journaliste et vous devez écrire un article où vous présenteriez quelques attractions touristiques / lieux / objectifs exotiques que la Roumanie peut offrir aux étrangers. Ajoutez-y des photos.

F. DÉBATTRE 1. Entre confort et authenticité, choisissez une modalité de voyage inédite pour aller

à la rencontre de l’Autre : vivre chez l’habitant au quotidien, jouir du confort d’un voyage original, aventurier – sac au dos, guide du routard en poche, autres formules.

2. Quelle serait votre réaction en lisant l’une des affirmations suivantes : Le tourisme détruit l’authenticité et les traditions des habitats isolés. L’ethnocentrisme permet de mieux communiquer sa culture aux autres. En pays étranger, il vaut mieux adopter les pratiques locales. Partir, c’est mourir un peu. La vie dans le désert forme des caractères à la fois sauvages et raffinés.

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G. CONTRASTES 1. ETUDE DE CAS. Le revers de l’exotisme. Voyager de manière

responsable. Vous pouvez aborder des aspects tels : comportement des touristes, impact du tourisme sur l’environnement, notamment sur les sites protégés / menacés ; faudrait-il interdire le tourisme dans ces zones ? Comment les protéger de l’action des touristes ? Appuyez-vous aussi sur le texte suivant :

« C’est une mer de détritus qui voguent au fil de l’eau : canettes, sacs en plastique, ballons crevés... Toutes les ordures du monde, jetées du pont d’un bateau ou du quai d’un port, abandonnées sur une plage aux antipodes, se retrouvent là, quelque part entre Hawaii et la Californie. Un immense tourbillon d’air chaud y creuse un entonnoir aquatique, véritable aspirateur à déchets. Cette mer d'immondices, baptisée « décharge du Pacifique Nord », est vaste comme le Texas et concentre une masse de plastique six fois supérieure à celle du plancton. Ici, et dans six autres puisards identiques ailleurs sur le globe, finissent nos rebuts, du bâton de sucette à la bouteille de soda oubliés sur le sable, à l'heure du retour au camping. (…) C’est ainsi que les 19 îles Galapagos (Equateur) viennent de quitter la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco pour rallonger celle, plus triste, des sites menacés. 100 000 visiteurs piétinent chaque année ces îlots peuplés de dizaines d'espèces endémiques, tortues géantes, iguanes marins et terrestres, albatros, cormorans, lions de mer et otaries. Au cours des quinze dernières années, l’archipel a vu sa faune touristique augmenter de 150%. Un trafic tel que les animaux, dérangés, changent de comportement. Cette invasion favorise en outre l'introduction d'espèces nouvelles, qui menacent à leur tour l'équilibre écologique de cet archipel unique. (…) Le Machu Picchu, pourtant situé à 2 045 mètres d'altitude, en plein cœur des Andes péruviennes, pourrait bien intégrer, lui aussi, l'inventaire des chefs-d'œuvre en péril. Jusqu'à 2 500 touristes s'y pressent chaque jour. Selon les autorités péruviennes, ce chiffre pourrait tripler après le récent classement du site parmi les sept nouvelles merveilles du monde par une fondation suisse. Pour accueillir les visiteurs, une partie de la forêt tropicale a déjà été abattue, cédant la place à des routes, des hôtels, des boutiques. Résultat: la déforestation entraîne l'érosion des sols et provoque des glissements de terrain. Des infiltrations d'eau risqueraient également de causer le déchaussement des pierres et l'affaissement des ruines. Plus près de nous, les « safaris cétacés » se multiplient en Méditerranée, où ils n'existaient pas il y a encore quinze ans. Rien qu'en France, plus de 23 sociétés spécialisées promènent ainsi les visiteurs à la découverte des dauphins et des baleines. (…) Sous peine de voir le comportement des mammifères marins se détraquer, comme dans l'embouchure du Saint-Laurent (Québec), où le bruit incessant des moteurs de navire contraint les bélugas, baleines et autres rorquals à chanter de plus en plus fort pour communiquer ». Marion Festraëts, Julien Le Bot, « La planète malade du tourisme », L’Express.fr, mis à jour le 26/07/2007, publié le 26/07/2007 (http://www.lexpress.fr/styles/voyage/la-planete-malade-du-tourisme_476082.html)

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2. « Apprendre à regarder » : le carnet de voyage. Décelez les contraintes du genre, en vous aidant des textes suivants, et rédigez vous-mêmes le carnet d’un voyage réel ou imaginaire. Ajoutez-y des illustrations.

« Tout le monde n’est peut-être pas artiste, mais de plus en plus de gens s’essayent aux carnets de voyage. Cela répond à une volonté de voyager autrement, de prendre le temps de regarder, d’apprendre à connaître tout en alliant le plaisir de l’écriture et le besoin de se réaliser à travers un travail manuel ou artistique, dans un monde où d’un côté tout va plus vite et où de l’autre la durée du temps de loisir s’allonge » ; Patrick Colcomb, dans Elodie Maillot, « Exquises esquisses de “globe-croqueurs” », France-Diplomatie, n° 51 (2003).

« Le carnet de voyage doit comporter deux éléments essentiels qui dialoguent : l’illustration, qui peut se composer de collages ou de dessins, et le texte, dont la calligraphie est plus ou moins travaillée. Le carnet, c’est l’éloge de la lenteur, une valeur que l’on a besoin de retrouver » (Michel Renaud, dans Elodie Maillot, « Exquises esquisses de “globe-croqueurs” », France-Diplomatie, n° 51 (2003).

a) « J’ai repoussé ma date de retour pour la seconde fois. Un mois de plus au Mali pour réfléchir à bien des projets et en prendre plein les mirettes dans ce pays où les ragots d’amour brûlent toutes les lèvres, j’adore ! Retour prévu le jour du printemps. Je me sauve, ma nouvelle idole, Titouan Lamazou, doit parler tout à l’heure au Salon des écrivains-voyageurs, ce rendez-vous me donne à moi aussi des envies d’écrire... »

© Titouan Lamazou/Gallimard

Anne-Laure Jozan, dans Elodie Maillot, « Exquises esquisses de “globe-croqueurs” », France-Diplomatie, n° 51 (2003)

b) Caroline Touzin, « Quarante-huit heures à Bangkok », La Presse, le samedi 5 juillet 2008 Jour 1 10 h : Le Grand Palais Dès ma première visite, un Thaïlandais a tenté de m’arnaquer. (…) le Grand Palais, un véritable joyau multicolore entouré d'une muraille de 2 km. Plusieurs surfaces du palais et de bâtiments secondaires sont recouvertes de feuilles d'or. Un incontournable : la

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chapelle royale du temple du bouddha d'émeraude où vous pourrez admirer la statue de jade taillée d'une pièce. Vaut mieux y aller tôt, car les touristes sont nombreux. Midi : Le bouddha couché Non loin du Grand Palais, le Wat Pho est le plus ancien temple de Bangkok.(…) Et c'est au Wat Pho que l’on peut admirer le fameux bouddha couché, le plus grand de Thaïlande (46 mètres de long sur 15 de haut). La statue est entièrement recouverte de feuilles d'or. Tout cet or m'a creusé l'appétit. J’ai dû héler trois taxis avant que le dernier n'accepte de mettre le compteur pour faire la course jusqu'à Khao San Road, la Mecque des voyageurs sac au dos. (…) 15 h : En bateau-taxi Pour éviter le trafic, quoi de mieux que de trouver le canal le plus près pour y prendre un bateau-taxi? Le canal est bordé de maisons de bois rudimentaires, construites sur pilotis. Sur leur balcon, des femmes lavent du linge, des légumes ou encore leur enfant. (…) 19 h : Manger dans la rue Bangkok est reconnu comme un paradis de la cuisine de rue. (…) La bouffe est excellente, mais il ne faut pas regarder dans la ruelle. Ça grouille de vie animale! (…)

Photo: Caroline Touzin

Jour 2 10 h : Le Quartier Chinois Marcher dans le Quartier chinois de Bangkok n’a rien d’une promenade paisible. C'est plutôt une course à obstacles, mais une course franchement amusante. (…) 14 h : Séance de massage 18 h : Le restos des Thaïlandais [L]e Tawandang German Brewery (…), un restaurant que les Thaïlandais adorent (…) Chaque soir, ce restaurant offre un spectacle éclectique. J'ai assisté à des chorégraphies de danse traditionnelle thaïe, à une interprétation de Zombie de The Cranberries, en

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passant pas une scène de comédie musicale rappelant vaguement Grease. Les clients thaïs commandent des girafes de bière (allemande!) et des bouteilles de whisky qu'ils partagent, assis à des tables format cabane à sucre. On y mange entre autres une excellente soupe tum-yum, un genou de porc croustillant et de la salade de papaye épicée. II. REPERES GRAMMATICAUX : LE TEXTE DESCRIPTIF ET LE TEXTE / DISCOURS ARGUMENTATIF 1. LE TEXTE DESCRIPTIF FORMES - pause dans la narration

- verbes de perception, d’état et / ou de mouvement ; indices spatiaux - densité des figures de style

OPERATIONS - ancrage référentiel (présence d’un thème-titre) - aspectualisation, ou présentation des caractéristiques du thème-titre

FOCALISATION/REGISTRES - focalisation interne > registre subjectif (présence implicite ou explicite du narrateur) - focalisation externe > registre objectif (effet documentaire)

POSITION DU LECTEUR - intérêt documentaire - regard esthétique sur le texte

Les temps les plus fréquents de la séquence descriptive sont l’imparfait et le présent intemporel. 2. LE TEXTE ARGUMENTATIF Le texte argumentatif est un discours ; autrement dit, il met en scène une situation de communication dans laquelle un émetteur exprime une opinion et peut solliciter de diverses manières son récepteur pour le convaincre. STRUCTURE prémisse (explicite ou implicite) >

argument(s) > thèse (conclusion) FORMES - importance des indices d’énonciation

(modalisateurs, évaluatifs) - volonté de convaincre et / ou de persuader

RELATIONS LOGIQUES et exemples de CONNECTEURS DISCURSIFS

- concession : malgré, sans doute, certes - opposition : mais, tandis que, alors que - addition ou graduation : de plus, en

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outre, d’abord, ensuite, outre que - cause et justification : parce que, en effet, étant donné, puisque, car - conséquence : donc, c’est pourquoi

REGISTRES - oratoire - polémique - ironique

POSITION DU LECTEUR - réflexion et esprit critique - réception émue et complice du message

EXERCICES 1. Dans le texte suivant, analysez les opérations de focalisation, d’ancrage et d’aspectualisation : « Une monumentale arche de pierre marque l’entrée du camp de Tagrera. Partout autour de nous, des monolithes titanesques jaillissent des sables perlés, vieil or ou parme. Dans ce cadre somptueux, une vaste tente touareg est dressée. Plus loin, discrètement adossées à une falaise, on distingue deux petites toiles (des toilettes et une douche). On se rafraîchit, on découvre notre “abri” nomade. De vraies œuvres d’art que ces tentes constituées de centaines de peaux, tannées, teintes, cousues entre elles, ouvragées, frangées. A terre, des tapis chatoyants, épais et confortables. A l’intérieur, un vrai lit, des couvertures en poil de chameau, des meubles bas pour le thé ». 2. Décrivez un matin d’hiver au bord de la mer / un voyage à bord d’un bateau / une théière / votre relation amoureuse idéale. 3. Démontrez que le texte suivant a une structure essentiellement argumentative. Identifiez-en la prémisse, les arguments pour et contre, les relations logiques et les connecteurs, les indices d’énonciation, la conclusion. Ensuite, résumez-le ou réduisez-le à quelques phrases, tout en gardant le sens et les connecteurs logiques : « On s’assure aujourd’hui par le développement des techniques de communication qu’une ère nouvelle est née où l’homme va enfin sortir de son isolement et, dit-on, triompher des obstacles qui jugulaient sa parole : courrier électronique, « chat » (prononcez Tchat !) sur Internet, prolifération des chaînes de télévision, que de moyens offerts aujourd’hui à notre désir légitime d’ouverture à l’autre ! Si l’on en croit les nouveaux apôtres de ce nouvel Évangile, nous n’aurions qu’à nous féliciter de cet élargissement des frontières ancestrales dans lesquelles l’humanité croupissait : disparu le village où chacun restait confiné toute sa vie dans l’ignorance, révolue cette époque où l’information arrivait à ses destinataires déjà périmée ! Ne rêvons pas trop : cette ère nouvelle, si elle bouscule en effet notre univers, ne réussit guère qu’à substituer une communication indirecte et désincarnée aux vrais rapports humains qui, à l’évidence, ne peuvent se passer de la présence charnelle de l’autre. Car on ne communique bien qu’avec des mots. Si la plupart des grands médias s’adressent à nous, c’est dans une masse d’images confuses et de slogans publicitaires qui ne peuvent que nous guider à notre insu vers des buts plus ou moins douteux. Et que penser d’une apothéose de la communication qui permet aux gens de dialoguer jusqu’à l’autre bout de la planète alors qu’ils n’ont pas encore adressé un mot à leur voisin de palier ? »

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4. Lisez l’affirmation suivante et construisez une argumentation à partir d’elle, en justifiant votre position et l’illustrant par des exemples concrets : « Les manuscrits […] ne sont pas faits pour le désert. Pas plus que les hommes ». III. DISCOURS MEDIATIQUES. Analyse des magazines. Profile du lecteur. Analyse de l’image III.1. Techniques d’analyse : le profil du lecteur par l’analyse des magazines et quotidiens. Fiche méthodologique Activités A. Etude de cas : analyse de magazines. L’analyse de magazines divers permet de constater et d’approfondir les distinctions sur les types de presse et de public ; les différents scénarios et stratégies textuelles. Etapes de l’analyse :

1. Sondage sur la lecture des magazines. Répondez individuellement aux questions, ensuite, par groupes synthétisez vos réponses et faites-en part aux collègues.

• Quels genres de magazines connaissez-vous / lisez-vous? (mode, people, actualité, thématiques – spécialisés)

• Aimez-vous feuilleter des magazines ? Pourquoi ? • Lisez-vous tous les articles ? Pourquoi ? • Quelle place occupe la publicité ? Quels produits promeut-elle ? • Achetez-vous régulièrement des magazines ? Où ? Pour quelle raison ?

2. Observation de couverture. Devant l’étalage d’un kiosque de presse prenez au hasard un magazine, analysez sa couverture et faites des hypothèses sur la catégorie à laquelle il appartient et sur son contenu. Interview : • Faites d’abord des remarques sur l’aspect physique du magazine (qualité du

papier, poids, format, pagination). Quelles informations trouvez-vous en couverture ?

• Y a-t-il des dessins, des photos, en couleurs, en blanc et noir ? Qu’est-ce qu’elles suggèrent ? Formulez des hypothèses

• Selon vous, à quel genre appartient ce magazine ? Justifiez vos réponses. • A partir du nom du magazine, imaginez son contenu, les sujets abordés et son

lectorat. • Avez-vous envie de découvrir ce magazine ? Qu’est-ce qui attire surtout votre

attention ? • L’achèteriez-vous ? dans quelles conditions ? • Quel magazine roumain ressemble plus à ce titre ?

3. Exploration du magazine et lecture de l’éditorial. Questions-guide : • Où se trouve l’éditorial ? Quelle est sa mise en page (longueur, photo,

couleur) ? Qui en est l’auteur ? • Quelle est la forme grammaticale du titre et quels sont les sujets traités ? • L’auteur prend-il position ? Quel est le ton de son article (léger, drôle, révolté,

ironique) ?

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• L’auteur cite-t-il des articles du numéro ? 4. Le magazine comme reflet de la société, regard critique. Questions-guide :

• Quels sont les sujets souvent abordés par votre magazine ? • Quels sont les sujets pas ou peu abordés ? • Quels sujets vous semblent intéressants ? • Quels sujets sont les mieux présentés ? Pourquoi ? • Quelles sont les rubriques qui, à votre avis, pourraient être améliorées ?

B. Après avoir répondu aux questions ci-dessus, dressez le profil du lecteur / de la lectrice du magazine. Le profil du lecteur type gagnera en complexité si vous mettez d’abord en équation les divers critères de classification de la presse qui s’adresse à des communautés plus vastes de lecteurs : - forme et fréquence de parution: journal/ magazine ; quotidien / hebdomadaire / mensuel / trimestriel ; - zone de distribution : international / national / régional ; - univers d’attente du public : presse d’élite / populaire / à scandale ; - savoirs et connaissances encyclopédiques : généraliste / spécialisé - sphères d’intérêt : presse féminine, jeunes, sports, bricolage, etc. Deuxièmement, les informations recueillies dans votre document de presse vous permettront de faire des hypothèses plus nuancées sur le lecteur type : catégorie sociale, âge, catégories professionnelles, centres d’intérêt, bref, son horizon d’attente, son univers de croyances et son espace mental. C. Etude de cas : les magazines internationaux, étude interculturelle [ex. Courrier international, Vogue, Elle] : Comparez : l’univers créé par l’image – le choix des photos, les thèmes abordés par le même magazine international publié dans des espaces culturels distincts. Relevez les spécificités de chaque communauté socioculturelle. Les critères retenus pour définir le lectorat des magazines vous aideront à l’extrapoler à la communauté et mieux comprendre son univers de référence : son rapport à l’espace, à l’habitat, au temps, aux loisirs, la proxémique, les valeurs dominantes. Choisissez un magazine international, les pays de diffusion, et analysez les différences formelles et de contenu. Comment les interprétez-vous ? III.2. Analyse de l’image A. Fiche méthodologique En travaillant sur les circonstances de parution d’une image et l’accompagnement par le texte, vous comprendrez d’une part la variété des parcours personnels dans la lecture d’une image, et d’autre part l’importance du texte. Etapes de travail, méthodologie 1. Analyser une image seule, sans texte ni légende

- expression libre sur photos : formulez des hypothèses, notez et classifiez ces hypothèses ;

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- recherchez dans les éléments graphiques et la composition de l’image (ex. éléments de perspective, d’angle, de plan, …) ce qui exprime le point de vue de l’auteur (quels sont ses choix : distance de l’évènement, implication ?)

- dégagez les différents niveaux de compréhension (factuelle, culturelle, symbolique) ; ex. une image stéréotype comme une poignée de main peut être lue comme une façon de se saluer, comme une relation chaleureuse ou comme le résultat d’un accord.

- On peut y voir des antagonismes sous-jacents, faire apparaître les divergences ; les expliciter si possible.

- Donnez quelques informations complémentaires, temporelles ou géographiques. La connaissance de la date, du lieu ou de l’auteur peut faire basculer les effets d’une image.

2. Analysez le document complet : Regardez à présent la page complète d’où est extraite l’image et relevez les informations textuelles : le titre de l’information, la légende précise de l’image. On identifie trois types de légendes : la légende par redondance (le texte de la légende ne fait que décrire l’image – ex. « deux pompiers essaient d’arrêter un feu à Fréjus ») ; légende par informations complémentaires (« nouvel incendie sur les versants de l’Esterel : une région déjà dévastée par le feu en 2005 ») ; légende par introduction d’un jugement (« deux pompiers aux prises avec les flammes à Fréjus : des équipes en sous-effectifs débordées par l’ampleur des dégâts »). Les exemples sont imaginaires mais peuvent très bien accompagner des photos prises sur les incendies de forêts, si fréquents en région méditerranéenne.

- Cherchez quelle information de l’article est illustrée par l’image ; - Confrontez avec les hypothèses initiales, quels sont les changements ; - Commencez une analyse du rapport texte / image : cherchez l’apport réciproque

du texte et de l’image en vous attachant notamment à l’émotion, à la reconnaissance des faits et à leur compréhension.

3. La synthèse : - Faites le bilan de l’évolution dans la construction du sens de l’image et mettez en

évidence les facteurs déterminants. 1

B. Décrire et interpréter un document visuel

Plan de l’analyse :

1. Identifier le type de document et la source.

2. Décrire l’image

- Localiser et détailler les éléments qui la composent (identification – Qui? Quoi?, position, attitudes, gestuelle ; action) ; structure de l’ensemble.

- Si l’image ou l’intention n’est pas très claire / évidente nuancer et justifier votre impression 1 Suggestions puisées dans LFDM, n° 332, p. 77.

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- Si l’image évoque un événement ou une histoire : - commencez par la description ; - imaginez l’histoire (actions antérieures et postérieures à l’action présentée ;

circonstances) 3. Interpréter:

- Identifier le thème général ou le fait de société auquel on fait référence. S’agit-il d’une illustration, d’une critique ?

- Plusieurs interprétations sont-elles possibles ? N’hésitez pas à les présenter mais argumentez votre point de vue.

- Réalisation artistique de l’image / intention de l’auteur : choix des couleurs ; jeux d’ombres et de lumière ; cadrage.

4. Développer le thème : - Commentaire du fait de société ou du problème évoqué ; - Opinion personnelle sur l’aspect en question ; - Exemple / expérience ou anecdote personnelle.

5. Apprécier l’image (opinions ; impressions ; réactions) Actes de parole Identifier : Il s’agit d’un / une // C’est un / une … dessin humoristique / image / photo / publicité … / tiré / extrait de…/ qui pourrait figurer / paraitre dans… Décrire : Au premier plan; au deuxième plan; à l’arrière plan…;

Un plan d’ensemble; un gros plan; une perspective; les lignes de fuite

Exprimer l’opinion : A mon avis / Selon moi /

Nuancer l’opinion : . on dirait / il me semble que / cela pourrait être / il est possible

Apprécier : L’image illustre / évoque / fait réfléchir à // le thème critique / dénonce / suggère

Cette image, je la trouve intéressante, claire, réussie, frappante, originale ; étrange, curieuse, difficile à comprendre, drôle ;

tragique, troublante, terrifiante, inquiétante.

Cette image me plaît (beaucoup) / ne m’inspire pas / est confuse / m’inquiète / me crée un sentiment de panique / m’amuse / me touche

Justifier : … parce que …

Activités : Choisissez trois photos dans votre magazine / quotidien et donnez pour chacune trois légendes différentes (redondance ; infos complémentaires ; jugement). Justifiez dans chaque cas le rapport avec un texte hypothétique. DIRE AUTREMENT vivres - aliments barres bétonnées – infrastructure des autoroutes vaches banlieusardes – vaches visibles dans les banlieues des grandes villes s’étrangler d’émotion – s’étouffer d’émotion s’accrocher ferme – serrer fermement

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voyagiste avisé – agent de voyage expérimenté au cœur de – au sein de coincée - serrée à ciel ouvert – en plein air rouillée - abîmée gifle de sable – un coup, une rafale flanquée – attachée à ruche (fig.) – endroit où s’activent de nombreuses personnes ruée de mômes rigolards - une foule d’enfants gais des ânes à brouette – petit chariot tiré par les ânes ficelés – attachés, liés avec de la ficelle boubou – longue tunique flottante béats - satisfaits ébahis – surpris la rétine habillée d’images douces – d’images douces plein les yeux caillasse – lit de calcaire grossier ; (fam.) : cailloux, pierraille paissent (paître) – manger de l’herbe en broutant la loco – la locomotive âne maigrelet – âne très maigre homme sec – un homme maigre, décharné un campement – endroit où l’on campe, dressé de tentes en couchette – dans le wagon-lit cahoté - secoué en haute mer – au large ébouriffantes – incroyables, extraordinaires flamboyant - brillant sillonné – parcouru, traversé coup d’œil - regard travelling – le mouvement de la caméra se régaler – se réjouir le tassili - mot berbère, plateau de grès se hisser – s’élever infranchissables - insurmontables sommets affûtés comme des lames – sommets aiguisés un sol déchiqueté – déchiré, fendu cailloux ciselés, chantournés – pierres, rochers découpés selon des contours complexes des monolithes titanesques – des blocs de pierre gigantesques parme – mauve comme la violette de Parme peaux, tannées, teintes, ouvragées, frangées – étapes de traitement des peaux d’animaux des tapis chatoyants – des tapis moelleux, soyeux literie – ce qui entre d ans la composition d’un lit ; matériel de couchage je gage que – je parie que filer – courir ; (fam.) : foncer kefta – viande hachée mitoyenne – (ici) contiguë dépecé - coupé

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cuistot(fam.) – cuisinier professionnel mitonner – bouillir, mijoter souk – bazar grouillante - fourmillante fouillis –désordre, pagaille rafistolés (fam.) – arrangés, bricolés tuyauterie – canalisation tortueuses - sinueuses encagés – mis en cage.

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Dossier 3

Pratiques culturelles et vie quotidienne I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE Lisez les textes suivants : 1. 1714000 Français ont choisi de s’installer à l’étranger Ce sont les nouveaux aventuriers made in France. Ils ont quitté leur maison, leurs amis, leurs habitudes, leur patrie et parfois leur famille pour changer d’horizon. Quelle est la nouvelle vie de ceux qui ont voulu s’expatrier en Asie, en Amérique, en Afrique, ou tout simplement dans un autre pays d’Europe? Réussissent-ils à faire peau neuve hors de France? Quel accueil trouvent-ils « là-bas »? Comment ont-ils décidé, préparé, réalisé, selon qu’ils sont salariés ou chômeurs, étudiants ou chefs d’entreprise, rentiers ou nomades, leur belle échappée? De Londres à Montréal, de New York à Tokyo, nous sommes allés sur leurs traces. Une grande enquête menée par Josette Alia (…) Les temps sont rudes, les vents se lèvent, alors... les Français bougent. Certes, ils ont toujours peu ou prou émigré. Mais aujourd’hui ils émigrent autrement. Les candidats au voyage ne visent plus l’exotisme, ils cherchent un emploi dans un secteur porteur. Les nouveaux routards n’empruntent plus sac au dos le chemin de Katmandou, ils s’envolent vers New York ou la City pour dénicher un job ou muscler leur CV. On prend le large pour apprendre une langue, un métier, pour bosser. Pas pour rêver. (…) L’espace s’est dilaté, le temps s’est rétréci, la compétition mondiale, la terre est devenue notre Terre-Patrie. (…) Les seigneurs de l’expat’ Impossible de connaître leur nombre exact, mais ceux qu’on appelle à tort les expat’, et qui sont en fait détachés à l’étranger par leurs entreprises, semblent jouir de tous les avantages qui accompagnaient autrefois la vie coloniale. Nouveaux nababs, ils cumulent hauts salaires, sécurité de l’emploi, beaux logements payés, voiture de fonction, voyages en France et éducation des enfants prise en charge. On les imagine faisant tinter les glaçons dans leur whisky au bord de leur piscine, ou se baignant dans une mer turquoise bordée de cocotiers. Autant dire tout de suite que ces images relèvent du catalogue des idées fausses. La colonie, c’est fini! Aujourd’hui les expat’ bossent dur, doivent parler couramment deux ou trois langues et faire passer le boulot avant tout. Laurent de Segonzac, 42 ans, marié, deux enfants, [qui] a créé un poste pour Alcatel à Hong-Kong, [dit que] « cette ville est une des plus stressantes du monde ». C’est vrai : business non-stop, embouteillages monstrueux, foules survoltées, vivre à Hongkong est passionnant et... crevant. Pas d’horaires – Laurent part à 8 heures du matin, avale un sandwich à midi au bureau et ne rentre jamais avant 9 heures du soir –, obligations de résultats, beaucoup de responsabilités et peu de congés. Paris est loin, les Chinois

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impénétrables et la petite communauté française bien réduite. Heureusement, le spectacle de la baie d’Hongkong se piquetant de multiples lumières à la tombée du jour peut faire tout oublier. (…) Stéphane Peureux, lui, est à 33 ans responsable d’une importante filiale Peugeot en Iran. « Un challenge! », dit-il. En effet. Sa femme doit porter ce qu'il appelle « le foulard intégral », la vie est chère, on ne se reçoit qu’en privé, entre étrangers, « mais ma femme et moi pouvons nous promener dans la rue côte à côte... si elle est couverte de la tête aux pieds avec un imperméable et un voile ». Le poste est intéressant, le salaire aussi (80% de prime, la plus haute de l’entreprise). Mais Stéphane devra rentrer dans trois ans, avant que sa fille ne soit obligée de porter elle aussi le voile à l’école, le jour de ses 9 ans. « Elle ne comprendrait pas », dit-il ! Pourtant, ni l’un ni l’autre ne regrettent leur choix. (…) Tableau encore plus sombre dressé par Florence, 31 ans, célibataire, elle aussi dans l’agroalimentaire (gros pourvoyeur d’expat’), arrivée à Moscou en l991, et qui a vu, en quatre ans, la situation se transformer du tout au tout. En l991, raconte-t-elle, les Occidentaux vivaient comme des nababs pour quelques poignées de dollars, dans un pays où tout manquait. « Quand je suis rentrée à Paris après six mois de Moscou, j'ai fait des courses au Bon Marché et je regardais les produits avec une telle gourmandise que j'ai été repérée par les vigiles du magasin... » Mais en Russie, au début, malgré ces difficultés, « les Occidentaux faisaient des affaires en or. Ils achetaient pour rien des antiquités, des tableaux, ils étaient servis par une armada de domestiques..., c'était l'Afrique coloniale, moins le soleil ». Depuis environ deux ans, les choses ont complètement changé. Aujourd’hui on trouve à Moscou tout ce qu’on peut souhaiter comme marchandises importées, mais à des prix prohibitifs : 1,50 dollar le litre d’eau, 3 dollars le yaourt. Désormais, la mafia fait la loi. Les loyers flambent, les propriétaires pratiquent le chantage au logement: « Mon loyer est passé de 300 à 1000 dollars en moins de deux ans ! On doit payer. C'est cela ou la porte sur-le-champ. Or être relativement bien logé est une condition minimum de sécurité, même si les appartements soviétiques sont moches, cafardeux, avec des cloisons en papier mâché et un voisinage souvent épouvantable. Mon amie Y... vit enfermée à clé tous les soirs chez elle. La cage d'escalier est immonde, les types sont ivres, battent leur femme. Oui, Moscou est devenu vraiment dangereux ». Mais alors, pourquoi reste-t-elle en Russie?: « Parce qu’à mon âge et avec mon CV jamais je n'aurais eu de telles responsabilités en France. Je travaille l0 heures par jour, je dirige 20 personnes. C’est formidable! » La clé est là. La motivation profonde des expat’ nouveau style n’est pas ou pas seulement de gagner du fric vite fait bien fait... Mais d’attraper au vol une chance professionnelle qu’ils n’auraient pas trouvée en France, de répondre à un vrai défi, avant que l’expatriation ne devienne un plus, puis une obligation. (…) Les aventuriers Prévoir, préparer? Les nouveaux job-trotters rigolent aussi franchement que si leur maman leur recommandait de mettre un cache-nez pour traverser la rue. Eux ne sont pas des expat’ surprotégés, chouchoutés. Eux n’ont pas de visa, pas de contrat de travail, pas de Sécu, pas de retraite, souvent pas de point de chute. Rien d’autre que, chevillée au ventre, la rage de partir et de réussir. N’est-ce pas l’essentiel? Oui et non. Sauter dans l’inconnu, d’accord, mais pourquoi refuser l’élastique? (…) Leila..., 32 ans, née à Toulouse, a connu toutes les galères. Arrivée aux Etats-Unis avec un visa de tourisme pour six mois, immédiatement larguée par son petit ami, elle

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s’est retrouvée à New York sans un sou et sans parler un mot d’anglais. Elle y vit depuis six ans « et c’est la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie. Quand on me demande mon âge j'ai envie de dire 6 ans ». Au début, elle vend des cartes postales, achète avec ses premiers 100 dollars un faux numéro de sécurité sociale, devient serveuse dans un afterhours de New York, où elle travaille de 4 heures à ll heures du matin, rentre prendre une douche et manger un sandwich avant de retravailler le soir dans un café du Village. Une vie de chien ! Pas pour Leila. Dans les poubelles du quartier chinois, elle récupère des joints de tuyauterie dont elle fait des pieds de lampe superbes. Aujourd’hui, ses œuvres sont exposées dans les galeries de Soho et elle reçoit ses premières commandes: « Ici on m'a donné ma chance, sans me jeter à la figure le fait que j'étais beur ou que je n’avais pas fait d’études artistiques ». Mais Leila, toujours illégale, vit dans l’angoisse d’être renvoyée en France. Alors elle économise – le mariage blanc qu’on achète pour l0000 dollars est encore au-dessus de ses moyens – et elle envoie chaque année son nom sous enveloppe cachetée dans le New Hampshire, en espérant gagner le gros lot : une carte verte. Qui sait? (…) Il en est d’autres, en tout genre. Celui de la matière grise, par exemple. Berkeley, Stanford, MIT, Palo Alto, autant d’universités célèbres qui s’attachent les meilleurs cerveaux européens. « Notre consulat de Boston compte des diplômés de très haut niveau, c’est certainement celui dont le QI est le plus élevé de toutes les communautés françaises dans le monde », dit-on au Quai-d’Orsay. L’histoire d’Alain Rossman est une success story typique. Après Polytechnique, Stanford, un DEA de mathématiques et des études de mécanique quantique en Israël, il part pour les Etats-Unis où il fonde une entreprise de logiciels et de cartes graphiques, Radius, à la croissance fulgurante : 400 employés, 80 millions de dollars de chiffre d’affaires en deux ans, et un passage en Bourse. « Vous imaginez cela en France? Impossible. Chez nous, l’idéal pour un jeune homme brillant c’est de devenir ingénieur chez Matra ». Pourtant, à Palo Alto, Alain Rossman s’ennuie déjà. Josette Alia, « Vivre ailleurs », Le Nouvel Observateur, semaine du jeudi 25 mai 1995 2. Dupuy et Berberian signent une bande dessinée sarcastique sur la vie quotidienne des bourgeois bohèmes. [Le bobo est le nom générique d’]une classe émergente ayant fusionné la contre-culture bohème et le monde bourgeois. Résumons : le bobo est l'homme (ou la femme) moderne par excellence. Il a réussi le mariage de raison entre la contestation et l’ordre établi, entre la rebelle attitude et l’établissement. Il a conservé la morgue de l’ancien bourgeois et la mentalité cool du post-soixante-huitard. Furieusement techniciste bien qu’en quête d'authenticité, le bobo croit en un monde rendu meilleur par les nouvelles technologies et pacifié par la libre circulation intégrale des hommes comme des capitaux. On l’appelle aussi « lili » ou libéral-libertaire. C'est à ce genre humain urbain et nomade que Dupuy et Berberian (…) s’intéressent avec leur dernier album [de bandes dessinées] : Bienvenue à Boboland, portrait de groupe finement ciselé. Christian Authier, « Vol au-dessus d’un nid de bobos », Le Figaro, 17/07/2008 3. Document audio Un jour comme un autre dans ma cité (dans la série Banlieue)

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C’est la vie d’un mec... il s’appelle Bokhagne. Il habite une cité. Il a 2 enfants. Il a pas de boulot. Il a un casier et il fait du Rap dans sa banlieue de Rouen. C’est son moyen d’exister mais c’est pas un gagne-pain. Pour lui, rapper c’est rester debout ! Le quotidien dans une cité, celle des Sappins à Rouen avec un de ses habitants, Bokhâgne. Rien de spectaculaire juste du très ordinaire : la débrouille, la précarité... et le rap pour tenir le coup. http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1374 (document audio)

A. LE TEXTE ET VOUS 1. Lisez les chapeaux des textes et le titre du dossier. Quel rapport établissez-vous

entre les thèmes? Qu’est-ce que vous vous attendez d’y trouver? Faites des hypothèses sur le contenu des articles et sur leur contexte d’apparition (rubrique, dossier, thématique).

2. Mobilité et brassage culturel. Développez en donnant des exemples. 3. Survolez les textes, précisez la source et le genre de document (extrait de roman,

article, correspondance, …). Que savez-vous sur Le Nouvel Observateur? 4. Dans le titre du deuxième article, l’intertexte est utilisé afin de :

1. piquer la curiosité du public 2. choquer 3. résumer le contenu de l’article 4. marquer l’appartenance du journal respectif à la presse d’élite.

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. Lisez / écoutez les trois (après décision sur le document audio) textes et

analysez les typologies qui y sont présentées. Caractérisez chacune par un portrait robot.

2. Commentez le titre du fragment « Les seigneurs de l’expat’ ». Trouvez dans l’article les expressions qui le justifient. Est-il en accord avec le contenu? Argumentez.

3. Avec lequel des expatriés ou des aventuriers que met en scène le premier texte vous identifiez-vous ? Pourquoi ?

4. Selon vous, le sujet de l’expatriation est-il toujours d’actualité ? Dans quels pays l’expatriation est-elle pratiquée de nos jours ? En Roumanie la rencontre-t-on ? Quelles formes y prend-elle ? Quelles motivations / quels pays de prédilection / quelles professions / quels segments d’âge chez les expat’ roumains ?

5. Dans quel pays / ville aimeriez-vous vous expatrier ? Pourquoi ? Pour faire quel travail ?

6. Les « bobos », en tant que catégorie sociale, et leur mode de vie seraient-ils typiques de la France ? Comment vous-rapportez vous à leurs valeurs ?

7. Identifiez dans le premier texte les termes qui font partie des champs notionnels travail et argent.

C. L’AUTEUR, LE TEXTE ET VOUS 1. Selon vous, de quelle manière Josette Alia a-t-elle mené son enquête ?

a. Par quels moyens a-t-elle déniché ses sujets ?

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b. Pour les rencontrer, s’est-elle déplacée dans chacun des pays / des villes respectives ?

c. Les a-t-elles rencontrés lors de leur passage en France ? 2. Un non-dit implicite préside au choix de ses sujets. Avez-vous identifié des

critères de sélection ? Lesquels ? 3. Imaginez le questionnaire qu’elle a passé à ses interviewés. Choisissez l’un des

protagonistes de son enquête et refaites la discussion qu’il a eue avec l’intervieweuse.

4. Relevez l’oralité des commentaires d’Alia. Elle utilise plusieurs procédés dont le registre familier, des expressions imagées, figurées, des euphémismes, des abréviations. Cherchez-en des exemples et expliquez-les en français standard. Exemples : un point de chute – un logement ; attraper au vol – saisir.

5. Analysez la stratégie discursive du fragment « Les seigneurs de l’expat’ ». Distinguez les parties correspondant aux fonctions suivantes : décrire / raconter / argumenter / informer et l’alternance des voix. Qui sont les différents sujets du texte et quel est leur rôle ?

6. Appréciez la part d’objectivité / de subjectivité de l’auteur. Où intervient l’interprétation personnelle de l’auteur ?

7. En quoi le discours de « Vol au dessus d’un nid de bobo » est-il différent ? 8. Quelle a été l’intention de Christian Authier ? 9. Distinguez :

a. les raisons qui sous-tendent l’émigration des expatriés et des aventuriers. Opposez-y les circonstances, les conditions, les contraintes

b. les domaines qui attirent le plus d’expatriés et d’aventuriers c. les avantages et les désavantages de l’expatriation.

10. Résumez dans une phrase ou un sous-titre l’expérience de chaque personne. 11. Selon vous, le parcours de Leila est-il symptomatique de l’american dream ?

Justifiez. Qu’auriez-vous fait à la place de la jeune femme, une fois seul / seule aux Etats-Unis ?

12. Quelles similitudes / dissemblances y a-t-il entre les expatriés, les aventuriers et les « bobos » ? En quoi leurs modes de vie respectifs tiennent-ils à des pratiques culturelles similaires / différentes ?

13. Remplacez les mots / les expressions soulignés par des synonymes : « Les temps sont rudes, les vents se lèvent, alors... les Français bougent. Certes, ils ont toujours peu ou prou émigré. Les candidats au voyage (…) cherchent un emploi dans un secteur porteur. Les nouveaux routards n’empruntent plus sac au dos le chemin de Katmandou, ils s’envolent vers New York ou la City pour dénicher un job ou muscler leur CV. On prend le large pour apprendre une langue, un métier, pour bosser. Pas pour rêver ».

14. Complétez la liste suivante avec les équivalents tirés du texte : Une foule de serviteurs Le soir venu Saisir Logement Bien fixée, arrêtée Des personnes richissimes

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Les difficultés Abandonnée Lancer Mariage fictif

D. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. En quoi l’émigration à la recherche de l’emploi / de l’aventure relève-t-elle d’une

pratique culturelle ? 2. Quelle différence y a-t-il entre l’expat’, l’aventurier et l’immigrant ? 3. Qu’est-ce que le foulard intégral ? 4. Que savez-vous du mariage blanc ? Quelles circonstances suppose-t-il, quels

risques ? Le pratiqueriez-vous, si nécessaire ? DOCUMENT VIDEO : le film avec Andie McDowell et Gérard Depardieu, « Green card » (1990)

COMMENTER, C’EST COMPARER DES CULTURES 1. Quel était le profil du voyageur occidental du début du siècle ? Quelles étaient ses

destinations favorites ? 2. Imaginez le quotidien de la petite communauté française de Hong-Kong ; quelles

pratiques ses membres ont-ils gardé / adopté ? 3. Imaginez une journée à Hong-Kong : en tant que touriste / en tant que chef

français d’une multinationale qui embauche notamment des chinois. 4. Imaginez une journée de la vie quotidienne de Florence à Moscou, en 1991 / en

2008. 5. Imaginez le quotidien d’un / d’une russe qui travaille pour une multinationale

dont le siège est à Paris ; quelle vie quotidienne ? quel travail ? quel trajet quotidien ?

6. Imaginez le quotidien d’une femme iranienne, éduquée, mais qui ne travaille pas / d’une française déplacée pour une année en Iran, afin d’enseigner le français au secondaire.

7. Commentez, avec des arguments et exemples à l’appui, cette phrase : « L’espace s’est dilaté, le temps s’est rétréci, la compétition mondiale, la terre est devenue notre Terre-Patrie ». A quoi ce rétrécissement du temps et cette dilatation de l’espace sont-ils redevables ? Quelles (nouvelles) manières d’être génèrent-ils ?

8. La bande dessinée destinée aux adultes figure-t-elle dans les pratiques de lecture de votre pays? Qu’est-ce qui explique, à votre avis, l’engouement des lecteurs français / d’autres pays pour ce produit culturel?

E. DEBATTRE 1. Vie quotidienne et pratiques culturelles en pays étranger. Travail de groupe.

Mettez en commun les raisons, les réticences, les difficultés, les enrichissements, les progrès de la « vie ailleurs ». Ajoutez-y le témoignage des expériences personnelles ou autres.

2. Réagissez aux affirmations / aux sujets suivants :

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Il est important pour la formation d’un jeune qu’il vive quelque temps dans un autre pays. La réussite est à portée de la main, à condition de prendre des risques. La fuite des cerveaux, un phénomène des plus fréquents. « Le rôle d’une interview, c’est de forcer l’intimité » (A. Gide).

F. CONTRASTES 1. ETUDE DE CAS. La famille contemporaine et ses valeurs dans les

diverses cultures. Abordez des aspects tels : attitude par rapport au mariage, bienfaits / contraintes de la vie familiale, rôles et rapports au sein du couple, relations parents / enfants, rapports aux parents âgés, etc. Dans votre présentation, vous pouvez vous servir également du texte suivant, où vous allez remarquer notamment les différences entre le Sénégal et le Québec :

À première vue on peut penser [qu’au Sénégal les enfants] sont dépendants de leurs parents et qu’ils n’ont pas le choix d’habiter chez leurs parents si longtemps. On se dit qu’ils sont là parce qu’ils n’ont pas les moyens de partir. Mais la réalité est tout autre. (…) Les enfants choisissent d’habiter longtemps avec leurs parents, frères et sœurs. (…) Question de les aider, de ne pas les laisser seuls, et parce que vivre seul c’est plate, bon! Se faire à manger seul, n’avoir personne à qui raconter sa journée. Rien qui bouge, le silence. La famille des pays en développement est unie, pas question de laisser de côté les aînés. (…) Au Québec, quelqu’un qui vit encore chez ses parents à 30 ans est perçu comme un dépendant un peu looser. (…) Beaucoup de personnes vivent seules au Quebec, surtout les aînés. Pas étonnant que les taux de dépression soit si élevé, la solitude, c’est très dur sur le moral. En plus, tout le monde sait qu’on abandonne nos aînés dans des centres spéciaux pour que ce soit de purs inconnus qui s’en occupent.

(…) « [Mon amie sénégalaise] m’annonce qu’aujourd’hui ça fait 10 ans que son copain et elle se connaissent. Et 7 ans qu’ils sont « ensemble ». – Mais tu le vois que quelques jours par année! Je lui demande quand il va venir et de fil en aiguille j’apprends QU’IL A DEJA UNE FEMME ET UNE FILLE en Italie. [Elle et des milliers comme elle passent leur ] temps à attendre après un mari qui a déjà une famille. Qui vient [les] voir quelques jours par année. L[eur] faisant un enfant, puis s’en allant. (source : http://isabelleausenegal.blogspot.com/)

2. DOSSIER. Traditions et coutumes. Présentez des traditions et des coutumes de différents pays ; votre choix. Vous pouvez vous inspirer des exemples suivants :

2.1. Cérémonie du café en Ethiopie (document audio http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1458 ; de belles photos, egalement)

2.2. Une visite à la cabane à sucre (document vidéo)

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2.3. Cérémonial du repas

« On m’a demandé pourquoi ils ne mangeaient pas sur une table. La réponse : ça ne fait pas partie de la culture, point. J’ai découvert une somptueuse grande pièce en haut, près de la chambre du père. Grandes fenêtre, divans dorés, tapis multicolores… et une grande TABLE! J’ai été super étonnée de la découvrir. Je demande à Aïda pourquoi on ne mange pas dessus : ce n’est pas dans les habitudes, c’est tout. La coutume est de manger à terre, soit sur une nappe ou directement sur le sol qu’on nettoie par la suite. Je me lave toujours les mains avant de manger… j’espère seulement que les autres font de même, étant donné qu’on mange tous dans le même plat… » (source : http://isabelleausenegal.blogspot.com/)

2.4. Des plats spécifiques des différents pays

« Les gens pressés sont déjà morts » - Proverbe arabe

« L’objectif avoué : retracer les origines du tajine, ce plat aux mille saveurs. (…) Le tajine est à lui seul une métonymie. En effet, il confère le même nom au contenant comme au contenu. Son origine remonterait au temps des Égyptiens pour certains alors que d'autres sources parlent des Chinois. Même si son histoire est toujours nébuleuse, il fait partie intégrante des moeurs marocaines et même, dans certains cas, tunisiennes. (…) On m’accueillit de bon augure avec les salamalecs d'usage et les échanges de cadeaux. Le rituel du thé, chargé d'émotions, permit le dialogue. De nombreux récipients dont on m'expliqua la valeur attendaient sagement de servir. Deux femmes, drapées de velours et tapies dans un coin, apprêtaient des légumes choisis pour la cause. Des braseros chargés de charbon rougissaient de plaisir. Petit à petit, on déversa, dans un ordre militaire, les légumes apprêtés. Ils remplirent comme par enchantement les plats de terre cuite burinés par le temps et culottés d'ancienneté. On aspergea le tout de bouillon avant de finir par les herbes et les épices secrètes. Comme un apothicaire qui prépare un onguent, les femmes surveillaient l'interminable cuisson qui sentait bon partout dans la maison ».

Philippe Mollé, « Le tajine des rois », Le Devoir.com, édition du samedi 14 et dimanche 15 septembre 2002 (http://www.ledevoir.com/2002/09/14/9013.html)

Support vidéo : « La graine et le mulet »

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3. DOSSIER. Costumes traditionnels. Inspirez-vous aussi des images suivantes

Au Maroc, le vêtement traditionnel est la djellaba, longue robe à capuchon et à manches larges. Pour les occasions spéciales, les hommes portent aussi des chapeaux appelés tarbouchs ou fez. Les hommes d’origine berbère porteront un turban blanc, des sandales en cuir de chèvre et des poignards finement travaillés. Les femmes marocaines demeurent nombreuses à suivre la tradition islamique et à porter le voile en public.

À la maison comme aux réceptions, elles s’habillent de robes longues, ou cafetans. Si nombre de Marocains portent toujours les vêtements traditionnels, la mode vestimentaire occidentale est toutefois de plus en plus populaire.

Le Maroc et Les femmes

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Costumes Traditionnels Algériens

costume kabyl

costantine

Constantine Fergani

Karakou costume traditionnel algérien - alger

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II. REPERES GRAMMATICAUX. Le discours direct, indirect, indirect libre II.1. LE DISCOURS DIRECT (DD) Langage de la conversation, ou, en littérature, du dialogue. Dans le récit, le DD est la reproduction telle quelle des paroles d’un ou de plusieurs personnages.

a) Le DD est souvent introduit par un verbe tels annoncer, dire, s’écrier, s’exclamer : Elle s’exclama : « Que vous êtes beau ce soir ! » « Cette nuit il pleuvra », annonça-t-il.

b) Il est séparé de l’énoncé narratif par deux points ou un point : La jeune femme nous laissa sur notre faim, en terminant sa présentation sur ces mots énigmatiques : « Personne ne saurait le dire ».

c) Les guillemets marquent son caractère authentique et objectif : Lorsqu’il m’a vue entrer, il m’a dit très solennellement : « Vous ne m’aurez jamais ».

II.2. LE DISCOURS INDIRECT (DI) Intervient lorsque les paroles ne sont pas reproduites telles quelles, mais dans une proposition subordonnée complétive ou dans un groupe de mots complément du verbe introducteur. Certains changements interviennent lors du passage du DD au DI :

a) Disparition des deux points et des guillemets b) Apparition des verbes de communication : conseiller, défendre, demander, dire,

estimer, exiger, inviter à, juger, ordonner c) Transposition des temps verbaux, par concordance avec le temps du verbe

introducteur : Elle me dit qu’elle a passé l’examen hier. Elle m’a dit qu’elle avait passé son examen hier.

d) Modification de la personne grammaticale et des indicateurs temporels déictiques : A peine installés à bord de l’avion, l’hôtesse de l’air nous informa : « L’avion ne décolera plus avant demain ». / A peine installés à bord de l’avion, l’hôtesse de l’air nous informa que l’avion ne décollerait plus avant le lendemain.

e) l’interrogation indirecte totale (= portant sur le verbe) est introduite par si à valeur dubitative : Dis-nous si tu viendras demain.

f) l’interrogation indirecte partielle (= portant sur un autre élément de la phrase que

le verbe) peut être introduite par qui / ce qui / ce que / quoi / quel + (pron)nom / comment, où, pourquoi, quand, etc. + (pro)nom / de + infinitif. Dans les deux cas de figure de l’interrogation indirecte, on refait l’ordre normal des éléments dans la phrase :

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Je voudrais savoir ce que vous aimez. Je me demande que / quoi faire.

g) Un certain nombre d’éléments du DD, dont les exclamations, les apostrophes ou

les interjections, ne peuvent pas passer en DI : Je criai de surprise : « Zut, alors ! »

II.3. LE DISCOURS INDIRECT LIBRE (DIL) Employé surtout dans la narration. Permet de faire entendre les paroles d’un narrateur sans les reproduire telles quelles. A l’instar du DI, le DIL procède aux mêmes transformations de temps, de personnes et d’adverbes, tout en supprimant la conjonction. Il conserve les intonations, les exclamations et en général les procédés propres au DI, mais il supprime les deux points et les guillemets : Maman éclata, j’étais vraiment un effronté. La preuve, elle me demandait de

l’aider à faire le ménage et je m’en allais jouer dans la cour ! En DD, cela donnerait : Maman éclata : « Tu es vraiment un effronté ! La preuve, je te demande de

m’aider à faire le ménage et tu t’en vas jouer dans la cour ! II.4. Exercices 1. Transformez en discours indirect les propos en discours direct rapportés dans les phrases suivantes : Stéphane Peureux est responsable d’une importante filiale Peugeot en Iran. « Un challenge! », dit-il. « Ma femme doit porter le foulard intégral, la vie est chère, on ne se reçoit qu’en privé, entre étrangers, mais ma femme et moi pouvons nous promener dans la rue côte à côte ». Florence 31 ans, célibataire raconte : « Quand je suis rentrée à Paris après six mois de Moscou, j’ai fait des courses au Bon Marché et je regardais les produits avec une telle gourmandise que j’ai été repérée par les vigiles du magasin... » Mais alors, pourquoi reste-t-elle en Russie? « Parce qu’à mon âge et avec mon CV jamais je n’aurais eu de telles responsabilités en France. Je travaille l0 heures par jour, je dirige 20 personnes. C’est formidable! » Leila vit depuis six ans aux Etats-Unis et croit que « et c’est la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie. Quand on me demande mon âge j'ai envie de dire 6 ans ». Elle réfléchit : « Ici on m'a donné ma chance, sans me jeter à la figure le fait que j’étais beur ou que je n’avais pas fait d’études artistiques ». 2. Même exercice : Il nous questionnait souvent : « Qu’allez-vous faire dans la vie ? Vous êtes tellement paresseux ! ». « Où est-ce que l’émeute dont je viens juste de vous parler a-t-elle éclaté ? » nous demanda le guide. Les enfants nous ordonnèrent : « Vous nous apporterez des jouets ! En masse ! » Nos amis nous demandent tout innoncemment : « Pourquoi êtes-vous rentrés si tôt des vacances ? » La femme continua : « Lequel d’entre vous pourrait me dire où se trouve cette région ? »

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3. Transformez en discours direct les propos ou les pensées en discours indirect rapportés dans les phrases suivantes : Il nous dit qu’il n’avait jamais été si heureux. Il nous raconta ensuite qu’ils avaient passé ensemble des journées magnifiques au bord de la mer. Il était sûr, jamais elle ne le quitterait, ils allaient vivre ensemble jusqu’à la fin des temps. Ils allaient tout recommencer, vivraient dans un autre pays, où personne ne les connaîtrait. Ils auraient des enfants et une belle vie. Mais, ajouta-t-il, c’était compter sans son imprévisibilité. Oui, mes amis, continua-t-il, je me réveillai un beau matin et elle n’était plus là. Il nous dit qu’il eut beau la chercher, il ne parvint jamais à la retrouver. Mais, ajouta-t-il, il me reste du moins le souvenir. 3. Imaginez un dialogue entre deux personnages. Transformez ce discours direct en discours indirect. Ensuite, transposez en discours indirect libre les propos de l’un des deux personnages et ses possibles pensées (en marge de la conversation, à propos de son interlocuteur, etc.) III. DISCOURS MEDIATIQUES. La dépêche d’agence. La revue de presse III.1. La dépêche d’agence. La promotion faite par l’AFP à ses services sur Internet précise les domaines, la couverture, les formes du discours et les professionnels qui en sont à la source : « Chaque jour, une quarantaine de journalistes en France et dans le monde réalisent dans tous les domaines liés à l’actualité française et internationale (politique, social, économie, infos générales, société, culture) : des reportages commentés et des sujets d’angle ; des reportages exclusifs ; des sujets magazine et art de vivre ; des interviews de personnalités, des images et documents sonores bruts sur les grands événements ; un mini-journal vidéo, synthèse de l’actualité en France et à l’étranger, tout en images (vidéo, photo et infographie). A destination : des télévisions nationales, régionales et locales ; des chaînes thématiques et d’information ; des sites Internet ; de la téléphonie mobile et du secteur hors média. AFPTV en bref...1

- 40 unités de production vidéo en France et dans le monde, qui s’appuient sur le réseau mondial de journalistes de l’AFP : 2.200 journalistes dans 165 pays. - Une couverture en France et à l’étranger, 24h/24, 365 jours par an - Livraison des sujets - Couverture - Offre éditoriale - Offre commerciale - Conditions techniques - Nos références clients

Exemples de dépêches d’agence : Début du procès de l’hormone de croissance / AFP 06/02/2008 10h23

1 Extrait du site : http://www.afp.com/francais/products/?pid=video/videoforum&item=2#technique

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Le procès du scandale sanitaire de l’hormone de croissance s’est ouvert mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Paris où sept médecins devront s’expliquer sur leur responsabilité dans ce drame qui s’est soldé par la mort à ce jour d’au moins 110 jeunes2 . Activités : 1. Comment ont évolué les médias? 2. Parlez de vos habitudes d’information dans un article d’une page. 3. Quel est le rôle d’une agence de presse et comment fonctionne-t-elle ? 4. Enumérer les qualités d’un journaliste d’agence et expliquez sa façon de travailler. 5. Quelles sont les règles de rédaction d’une dépêche d’agence ? 6. Classez les différentes dépêches d’un quotidien francophone dans ses rubriques habituelles:

débat - étranger - politique - société - culture communication - économie - sport

7. Voilà une brève sélection du site de Libération des 5 et 6 février 20083 • Etudiez la composition d’une dépêche, relevez les éléments d’information

répondant aux questions de référence Qui ? / Quoi ? / Où ? / Quand ?/ Pourquoi ? / Comment ? .

• Identifiez les formules utilisées par les journalistes pour préciser leurs sources • Transformez ensuite ces dépêches d’agences en courts filets.

Après le Soudan, le Tchad accuse la Libye de soutenir les rebelles Somalie : 20 morts dans deux explosions dans le nord-est Vingt personnes, la plupart éthiopiennes, ont été tuées et 80 autres blessées dans deux explosions mardi soir dans la ville de Bossaso (nord-est), a-t-on appris auprès du ministère somalien de l’Information. Mercredi 6 février 2008 08:18 Le Premier ministre tchadien Delwa Kassiré Coumakoye a accusé mercredi la Libye d’avoir « soutenu » et « armé » les rebelles tchadiens venus du Soudan qui ont attaqué N’Djamena le week-end dernier. Mercredi 6 février 2008 10:31 François Fillon « soutient » l’enseignant qui avait giflé un élève Le Premier ministre François Fillon a manifesté son « soutien » à l’enseignant qui avait giflé un élève irrespectueux, se disant « choqué » que le professeur ait été placé en garde à vue, mercredi sur RMC et BFM-TV. Mercredi 6 février 2008 10:07 USA: plusieurs tornades ont fait au moins 18 morts Plusieurs tornades qui se sont abattues mardi soir dans le sud des Etats-Unis ont fait au moins 18 morts et d’importants dégâts dans le Tennessee, l’Arkansas et le Kentucky, a annoncé mercredi la chaîne de télévision américaine CNN. Mercredi 6 février 2008 07:59 La guerre de Lazare Ponticelli

2 Source : http://www.afp.com/francais/products/?pid=video/videoforum. 3 http://www.liberation.fr/rebonds/making_of/308031.FR.php.

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VIDEO Depuis le 20 janvier, Lazare Ponticelli est le dernier poilu en vie. En 2005, il avait raconté sa sale guerre à Libération. C’est ce témoignage, sous-titré pour plus de clarté, et mis en images, que nous publions aujourd’hui. LIBERATION.FR : mardi 5 février 2008 (http://www.libelabo.fr/2008/02/04/lazare-ponticelli-le-dernier-poilu/) III.2. Varier les énoncés des titres pour accrocher le lecteur.

1. Le néologisme : Les Pédégés (Le canard enchaîné), le franglais (mixte de français et d’anglais – Etiemble), les périphélites (les élites de la périphérie, Claire Bretécher)

2. Le double sens : Cher pétrole (cher à notre cœur ; cher au porte-monnaie), Le parasite (celui qui vit aux dépens d’un autre ; celui qui trouble la communication, dans le livre de Michel Serres)

3. Le paradoxe : Soyez une grand-mère indigne 4. Les rimes, allitérations et assonances : Vérités et sévérités ; Jeux et enjeux ; Des

trottoirs oui, des crottoirs non ! 5. L’inversion des mots clés : La perfection de l’image, l’image de la perfection 6. L’utilisation des deux points : Accession à la propriété : la politique des pouvoirs

publics 7. Les détournements de formules célèbres : Le garde du cœur (le garde de corps);

Mourir c’est partir un peu (« partir c’est mourir un peu » – Lamartine) 8. La longueur : Ne dites pas à ma mère que je travaille dans la publicité : elle me

croit pianiste dans un bordel ! Application 1. Organisez les manières de création de titres, données en exemple ci-dessus, en moyens grammaticaux, sémantiques ou rhétoriques selon les catégories énoncées. 2. Cherchez ensuite d’autres exemples dans la presse francophone. 3. Cherchez dans les quotidiens roumains des informations dignes d’intéresser le lecteur francophone. Trouvez un titre suggestif et écrivez le chapeau capable d’accrocher ce lecteur. III.3. Revue de presse III.3.1. Rédiger une revue de presse. Concours radiophonique. Rédigez une revue de presse hebdomadaire à partir des informations recueillies dans la presse francophone d’un pays. III.3.2. Confrontez vos productions avec celles de vos collègues. Y a-t-il des informations communes ? Quels en sont les thèmes sélectés ? Quel est le public visé ? Quels en sont les critères de sélection retenus ? III.3.3. A partir des titres-citations retenus pour la revue de presse par les membres de votre groupe, dans les publications de plusieurs pays, reconstruisez une revue de presse de l’actualité internationale. Analyse contrastive de la mise en discours médiatique de l’actualité. DIRE AUTREMENT rudes : difficiles, pénibles peu ou prou : plus ou moins routard : personne qui prend la route et qui voyage à peu de frais dénicher : découvrir, trouver

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muscler : renforcer prendre le large : partir bosser : travailler dur couper les amarres : se détacher, partir cap droit sur : se diriger vers nabab : personnage fastueux et très riche, avec de très nombreux serviteurs tinter : résonner, sonner le boulot : travail, emploi, job embouteillage : bouchon foules survoltées : surexcitées crevant : épuisant, éreintant, tuant piqueter : jalloner, moucheter un challenge : exploit, gageure, performance en privé : seul à seul pourvoyeur : personne qui fournit (quelque chose) du tout au tout : complètement, de fond en comble gourmandise : gloutonnerie, voracité le vigile : personne exerçant une fonction de surveillance au sein d'une police privée une armada : une foule prohibitifs : trop élevés, excessifs les loyers flambent : augmentent très rapidement moche : médiocre, de mauvaise qualité cafardeux : déprimant, triste cloison : paroi plus légère que le mur, qui limite les pièces d'une maison papier mâché – substance fragile faite d’une pâte à base de papier, eau et colle voisinage : entourage, ensemble des voisins immonde : dégoûtant, répugnant, sale fric (fam.) : argent, flouze, pèze, pognon job-trotters – par similitude avec globe-trotters, aventuriers travaillant à l’étranger rigoler : rire, s’amuser, se marrer chouchoutés : dorlotés, gâtés la Sécu – la Sécurité sociale chevillée : fixée, attachée connaître toutes les galères : passer par bien des difficultés larguée par son petit ami : abandonnée par un afterhours – un programme décalé de travail, par ex. de nuit des joints de tuyauterie – pièces servant à joindre de tuyaux jeter à la figure : reprocher beur : jeune Maghrébin né en France de parents immigrés le mariage blanc : le mariage fictif gagner le gros lot : bénéficier soudain d’une chance, d’une aubaine exceptionnelle croissance fulgurante : rapide, exceptionnelle.

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Dossier 4

Stéréotypes nationaux et culturels

I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE

Lisez les textes suivants :

1. Définitions du stéréotype culturel

Kluckhohn & Murray ont observé que chaque personne est à certains égards comme toutes les personnes, comme d’autres personnes, comme certaines personnes parmi elles, et comme... personne (1956). On connaît l’existence de stéréotypes culturels, mais on ne fait pas toujours apparaître la relation qu’ils entretiennent avec les modes de connaissance culturelle et interculturelle. On sait qu’ils se déclinent en stéréotypes raciaux, ethniques, nationaux, régionaux. Parmi eux les stéréotypes nationaux constituent une source presque inépuisable de chauvinisme, de moquerie à l’égard de ce qui est perçu comme étranger, ou de généralisation d’un caractère au peuple d’une nation. Au Français rien n’est impossible, surtout si c’est un Français qui le prétend. Et les Anglais diront de manière péjorative : « to take a French leave », c’est-à-dire filer à l’anglaise ! Quant aux Allemands, ils envieront la vie dans l’Hexagone : glücklich wie Gott in Frankreich. Le Dutch courage est pour l’Anglais acquis après avoir bu quelques verres de trop. Et les Italiens diront de quelqu’un qui se faufile dans un bus sans payer qu’ilfa il Portoghese. En Portugais, Judeu se rapporte à la religion juive, mais aussi à l’avarice, à la ruse et à la méchanceté. Les Brésiliens rapportent des anecdotes où le Portugais manque d’imagination et d’astuce. Quant aux Français encore, ils ne peuvent s’empêcher semble-t-il de faire leur délices de « blagues belges » au goût le plus souvent douteux, entretenant une image terriblement inintelligente de leurs voisins au mépris des évidences. Enfin pour tous, sauf peut-être parfois à leurs propres yeux, les Japonais sont industrieux et disciplinés. Marc Bosche, «Anthropologie interculturelle & interculturalité», cours en ligne, (http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/menu8_page9.html).

2. Stéréotypes nationaux et caricature Caractériser les natifs d’une nation est, semble-t-il, une pratique très ancienne [et, du fait même, la caricature] trouve depuis bien longtemps un réservoir de représentations dans les stéréotypes qui ont l’avantage d’être immédiatement identifiés par le lecteur. Plus le sentiment d’appartenance à un groupe est fort et bien identifié, plus la frontière qui sépare ce groupe des autres est fortement ressentie : l’étranger est souvent perçu comme menaçant [et presque toujours caractérisé de façon négative, voire très dépréciative] (…).

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Les stéréotypes qui enferment les citoyens d’un même pays dans une formule simplificatrice sont très instructifs à cet égard. Dire que les Espagnols sont superbes et même fanfarons, que les Anglais sont perfides comme Albion, que les Allemands sont lourds et disciplinés quand les Français sont légers, ingouvernables et querelleurs appartient à un lointain héritage. Déjà César, dans la Guerre des Gaules caractérisait les Gaulois comme un peuple discutailleur et léger, tout en reconnaissant leur bravoure, les Belges étant réputés les plus braves. (…) On peut observer aussi que le comportement n’est pas seul à caractériser une nation. D’autres éléments de la culture nationale interviennent. Dans le florilège des stéréotypes, les pratiques culinaires sont au tout premier plan : choucroute et bonne bière à Munich, bons steaks en Grande Bretagne, frites en Belgique. De là, suivent les dénominations des natifs : macaroni pour les Italiens, roosbeef pour les Anglais, mangeurs de grenouilles pour les Français. Ces derniers, quant à eux, se vivent plus en mangeurs de fromages et buveurs de bon vin qu’en mangeurs de grenouilles, même si ce mets, vraiment ignoré ailleurs, se pratique de temps à autre et sans doute davantage dans les bons restaurants que chez les particuliers. Enfin, les costumes nationaux sont aussi un bon marqueur des nations. Beaucoup moins portés aujourd’hui qu’autrefois, ils restent un système commode de référence. (…) Autrefois, la distinction vestimentaire était beaucoup plus importante et permettait d’identifier les appartenances provinciales : coiffes en Bretagne et en Alsace, bérets au Pays Basque, bonnets normands. [La représentation de l’autre connaît des] alternances, [d]es balancements, [d]es retournements quelquefois. (…) Comment percevoir les autres [de nos jours, quand] le brassage du grand tourisme à tout âge abaisse les frontières et rapproche les peuples qui ont plus en commun qu’ils ne croyaient peut-être ? Les stéréotypes, qui ont la vie si dure, les images reçues, qui résistent non moins à l’évolution des choses (le Français porte toujours son béret et tient toujours sa baguette), vont-ils s’effacer, se gauchir, se modifier, à tout le moins s’adoucir pour ne pas dire s’édulcorer ? Sommes-nous toujours des mangeurs de grenouilles ? les Espagnols sont-ils encore arrogants et les Anglais perfides ? Mal porté désormais le stéréotype va-t-il progressivement rentrer dans le folklore suranné appartenant à un contexte géopolitique révolu ? Mieux, de ces stéréotypes proprement « nationaux », allons-nous voir émerger un stéréotype plus large, proprement « européen » ?

Dans cette période de transition où le sentiment d’appartenance à la nation l’emporte encore très largement sur celui d’appartenance au continent, c’est précisément de la comparaison avec les autres continents que peut émerger une vision commune, « stéréotypée » de l’Européen moyen, encore que le touriste français se sente plus français qu’européen face aux Américains moyens qu’il rencontre aux Etats-Unis. Pour l’instant, force est de reconnaître que les images et les clichés de « l’Européen » ne sont pas encore établis. Le citoyen de France, lui, avec ses euros en poche, se sent d’abord français. La citoyenneté européenne (qui ne fait guère déplacer l’électeur) est très en retrait du sentiment d’appartenance à la nation. Le nanisme politique d’une Europe, qui ne s’incarne ni dans un leader, ni dans des partis proprement « européens », contribue au maintien des héritages et des stéréotypes anciens. Toutefois, la caricature, si bon conservatoire des images reçues, fait plutôt appel à Marianne en jeune fille accorte et

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Germania en petite Gretchen sympathique, désormais adoucies et complices, plutôt qu’aux vieux stéréotypes (encore vivaces ?) du Français arrogant et de l’Allemand épais. Hélène Duccini, « Stéréotypes nationaux en Europe : connaissance ou méconnaissance de l’autre ? », Médiamorphoses, 2004. 3. Des stéréotypes en libre circulation L’Italien mange des pâtes, le Français est raffiné, l’Allemand bien organisé. Les clichés sur nos voisins fleurissent dans l’imagerie publicitaire. Mais l’Européen moyen émerge aussi dans des spots transnationaux. Tout a commencé avec Angelo. Il est apparu dans une publicité, bel Italien prêt à consoler une blondinette en lui offrant un cappuccino avant de lui avouer malicieusement : «Ma yé né pas dé voitoure». Ensuite, il y a eu cette Française vêtue de dentelle noire qui s'étirait lascivement sur le lit d’Arald... C’est simple, il est aujourd’hui impossible de voir une pub allemande sans tomber sur un cliché.

En Europe, ces petits bijoux du marketing semblent particulièrement appréciés… surtout dans le milieu du sport. Pendant la dernière coupe du monde de Rugby disputée en France, une pub a carrément fait allusion à la Seconde Guerre mondiale pour promouvoir une bière anglaise. « One code the Germans will never crack » : « Un code que les Allemands ne décrypterons jamais » dit la pub. Au rugby comme à la guerre...

Les cinq meilleurs poncifs sur l'Allemagne sont regroupés dans un seul spot publicitaire de Pepsi projeté pendant la Coupe du Monde de Football en 2006. On y voit des stars internationales du football entrer sous un chapiteau de la Fête de la Bière et y passer un moment typiquement allemand : « tralala » et autres « ihou » tyroliens, danses traditionnelles et « lederhosen », ce pantalon en cuir que portent traditionnellement les hommes bavarois lors des grandes occasions. Bref, tout y est !

De plus en plus d'entreprises utilisent les clichés. Mais pourquoi ? Donner une petite touche d’authenticité à leurs produits, pardi ! Une technique qui s’est répandue dans toute l'Europe : IKEA fait référence aux longues journées de l’été suédois et Ricola, à l'inventivité suisse. Les Français sont toujours « bien frais » comme dans la pub Tartare. Le Polonais, de son côté, chaparde, cela va de soi. Et pendant que les Espagnols de Villarriba dôtés du meilleur produit vaisselle peuvent boire à nouveau (Fiesta !), ceux de Villabajo sont toujours en train de gratter la poêle à paëlla comme le raconte le petit conte promotionnel de la multinationale Procter & Gamble régulièrement diffusé sur le petit écran.

Un monde de préjugés négatifs

Les publicitaires espèrent créer, dans l’esprit des spectateurs, des associations d’idées positives. Comme l’image du bon goût qu’alimentent avec succès les Italiens et les Français. Les publicitaires encouragent ainsi le spectateur à se rassurer et à apprécier ces petites notes exotiques. (…) Bien que la majorité des publicistes continuent à piocher dans la boîte à poncifs, une petite révolution est en marche depuis une dizaine d’années : la pub européenne. L'Européen est plus mobile, il voyage plus et connaît de mieux en mieux les spécificités culturelles de ses voisins.

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Dans leurs campagnes publicitaires, un nombre croissant d'agences ciblent donc la population de « pays clés » comme la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. Pour l'Association interactive de publicitaires européens qui publie une étude dans son baromètre 2006, ces « euro-pubs » ont beaucoup de succès. Elles ont l’avantage de ne pas coûter très cher. Elles créent « une constante dans le message ». Un repère qui forcément fait du tort aux traditionnels marchés de la publicité locale.

Le citoyen européen type

« Strawberry Frog » a identifié depuis longtemps cette tendance. Cette agence de pub multinationale, dont le siège se trouve aux Pays-Bas, travaille en seize langues et dispose de 350 spécialistes en freelance répartis stratégiquement sur l'ensemble du globe : « Nous ciblons les groupes d'individus aux intérêts similaires, qui lisent les mêmes blogs et partagent les mêmes pages MySpace », explique le créateur de l’agence, Mark Chalmers au magazine anglais « New Media Age ». « Les identités nationales dépassent les frontières », poursuit-il. (…) Alors, l’euro pub, une réussite ? Avons-nous besoin d’un « steurotype » de plus, comme le suppose ce néologisme inventé par Mark Steyn, le journaliste du Telegraph décriant cette dérive sous une plume acérée: « Bientôt, nous aurons un nouveau personnage, sorte de toréador gay, bourré, empestant l'ail dans un camp de concentration, et qui se serait spécialisé dans le crime organisé ?»

Faut-il, au contraire, surfer sur ces idées reçues comme dans le spot publicitaire de Renault? Pour prouver la sûreté de voitures de la marque française, le constructeur met en scène les clichés nationaux les plus évidents. Seul le « choc » des deux Français se fait tout en douceur, grâce au fameux « French Kiss ». « Chauvinisme ! », crient certains. Le plus drôle, c’est que ce spot n’a pas été conçu par des Franco-français mais par des Allemands, de l’autre côté du Rhin, à l’agence Nordpol de Hambourg...

Jessica Karagöl, « Des stéréotypes en libre circulation », traduit en français par Cécile Lesueur, cafébabel.com (le magazine européen) (http://www.cafebabel.com/fre/article/23059/des-stereotypes-en-libre-circulation.html)

A. LE TEXTE ET VOUS 1. Dressez une liste de stéréotypes et autostéréotypes qui vous concernent en tant

que catégorie sociale (jeunes / étudiants). 2. Enumérez des stéréotypes qui vous viennent à l’esprit quand vous pensez aux :

français, anglais, italiens, espagnols, russes, hongrois, bulgares, noirs, tziganes, chinois ; aux habitants de Moldavie, de Transylvanie, de Bucarest ; aux hommes, aux femmes.

3. Connaissez-vous des blagues, des clichés ou des caricatures qui circulent sur le compte des Roumains ou d’autres peuples? Application la blague L’île déserte, sur les peuples européens.

4. Le jeu des stéréotypes. Choisissez un pays européen qui vous est plus familier. Complétez spontanément le tableau en associant individuellement et sans réflexion aucune un mot à la série d’items :

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Nom du pays / habitants / personnalités / inventions / produits / autres … Ex. La France / les Français / les Français célèbres du passé et du présent / des inventions françaises / des produits français / autres.

5. Par groupes / par pays, mettez en commun vos résultats, identifiez les catégories les plus fréquentes (culture, art, histoire, cuisine, caractère, …), synthétisez le stéréotype collectif de votre groupe et évaluez sa portée plus ou moins positive.

6. Nommez des symboles représentatifs de différentes villes, qui s’identifient avec celles-ci. (Par exemple : New York – la Statue de la liberté, Paris – la Tour Eiffel, etc.) Nommez les valeurs auxquelles on les associe habituellement.

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. Les stéréotypes culturels qui circulent sur les autres peuples / ethnies sont

nombreux dans toutes les langues. Devenus lieux communs, leur origine se perd dans la nuit des temps. Par exemple, c’est un travail d’Arabe ; il est fort comme un Turc ; une tête de Turc ; faire une querelle d’Allemand renvoient aussi bien aux qualités physiques, au caractère qu’au comportement. Associez les caractéristiques auxquelles renvoient les expressions figées ci-dessus : musclé, têtu, superficiel, inutile.

2. Lisez les textes et dressez la liste des stéréotypes culturels nationaux selon les critères retenus par les auteurs : caractère, comportement, pratiques culinaires, costumes spécifiques. En avez-vous identifié d’autres? Complétez la liste, essayez ensuite de remonter à l’origine de ces clichés et d’en expliquer la source (histoire des relations entre les pays, les contacts directs, les médias, les récits de voyage, les produits culturels, autres).

3. Déconstruisez-les en complétant les représentations, les jugements de valeur, par les connaissances que vous avez de chaque pays et peuple pour créer un prototype. Nous rappelons que le prototype est l’élément central d’une catégorie qui s’organise autour de son meilleur exemplaire, une sorte de continuum où l’appartenance est décidée par le degré de proximité plus ou moins grand avec le prototype auquel donc tous les membres ressemblent, mais de manière différente.

4. Précisez, en vous appuyant sur les deux textes, quels sont les rapprochements et les différences entre les stéréotypes et leur représentation graphique, la caricature.

5. Cherchez dans les médias francophones ou dans les publicités des images toutes faites, des lieux communs, bref les associations les plus conventionnelles, fréquentes dans les présentations de produits / de catégories sociales / dans les discours des responsables politiques.

6. Clichés du langage. En français, comme en roumain, on rencontre souvent des associations de termes, qui, à force d’être utilisées, deviennent des automatismes, des lieux communs. Faites correspondre le « partenaire » idéal aux mots suivants : flagrant, galeuse, couchant, férié, germain, isocèle, feuilletée, transitif, émissaire. Puisez dans la liste : brebis, bouc, jour, soleil, délit, verbe, pâte, cousin, triangle.

7. Complétez les expressions suivantes et introduisez-les dans des contextes : La chèvre et le …… / de fil en …….. / de but en ….. / sauter du coq à ….. / la puce à ……/ la poire et le ….. / le fil à ……/ la bague au …. / faire amende … Solutions : le chou, aiguille, blanc, l’âne, l’oreille, fromage, beurre, doigt, honorable.

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C. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. Pourquoi l’autre est-il perçu de manière dépréciative et en tant qu’élément

menaçant ? 2. En quoi la connaissance de l’autre préside-t-elle à la connaissance de soi /

(inter)culturelle ?

COMMENTER, C’EST COMPARER DES CULTURES 1. Identifiez, dans les dessins humoristiques de la Une du Monde, les éléments

utilisés pour symboliser les nations et leurs représentants. Comment le dessinateur réalise-t-il le grossissement de certains traits ? Comment les personnages sont-ils représentés, dans quels rapports ?

2. Le stéréotype est parfois associé à un raisonnement syllogistique « Les Japonais sont travailleurs ; M. Suzuki est japonais donc M. Suzuki est travailleur ». La métaphore du syllogisme met ainsi en évidence la généralisation au niveau individuel des caractéristiques d’un peuple. A partir de certaines qualités professionnelles, d’un savoir-faire particulier, de l’expertise dans un domaine, ou de l’incompétence, les stéréotypes professionnels donnent aussi naissance à des associations entre le peuple et la pratique de telle ou telle profession. Ex. « le plombier polonais », « le constructeur allemand ». Cherchez les circonstances socio-économiques, qui sont à la source de ce type de stéréotypes.

3. Cherchez d’autres euro-pubs et décryptez les stéréotypes nationaux auxquels ils font référence.

4. DOSSIER : Stéréotypes sur les relations France-Roumanie. De quels éléments se compose cette image stéréotypée ? Quels en sont les moments forts ? Représentations dans la presse (déclarations officielles, discours réciproques), dans la littérature, dans le cinéma, etc.

5. DOSSIER : Portrait de l’européen type. En plus de faire le portrait de l’européen type, trouvez ou imaginez des publicités qui jouent sur des stéréotypes nationaux.

6. ETUDE DE CAS – PROJET : L’usage des stéréotypes dans les médias. Vous pouvez restreindre le champ d’analyse et aborder soit un canal médiatique (la presse francophone – quelques magazines ou quotidiens), soit une catégorie d’âge / sociale / groupe ethnique.

D. DEBATTRE Réagissez aux affirmations suivantes : L’enfer, c’est les autres (Sartre). Dans le contexte de l’Union Européenne, le sentiment d’appartenance à la nation l’emporte encore très largement sur celui d’appartenance au continent Par rapport aux Etats-Unis, l’Europe se caractérise par nanisme politique. La publicité est un véhicule de stéréotypes nationaux / une créatrice d’identité.

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E. CONTRASTES 1. DOSSIER : La France et ses autostéréotypes Informez-vous sur les représentations autostéréotypées que les Français ont d’eux-mêmes. Dressez une liste selon les entrées suivantes : histoire, culture, géographie, pratiques culturelles et quotidiennes, personnalités, etc. Précisez comment se sont formées ces autoreprésentations et essayez de les déconstruire. Pour vous aider, vous pouvez vous servir de la photo et des textes suivants. Pensez également à d’autres produits culturels (des livres, des films, etc.)

1.1. « A quoi sert l’identité nationale » Illustration reprise de la version en ligne de l’émission « A quoi sert l’identité nationale », du mercredi 10 octobre 2007, in archives « non-officielles » de l’émission de Daniel Mermet « Là-bas si s’y suis », diffusée sur France Inter.

1.2. Portrait national. Didier Jacob (avec Jacqueline Clot), « Pourquoi nous aimons la France. Interview avec Denis Tillinac [auteur d’un Dictionnaire amoureux de la France] et Alain Schifres [auteur d’un Inventaire curieux des choses de la France]» ; sélection de l’interview de Didier Jacob, publié sur le site littéraire BibliObs.com du NouvelObs.com, le 25.04.2008, in http://nouvelobs.com.

(http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2268/articles/a373261-.html?xtmc=alainschifres&xtcr=9)

N. O. - Denis Tillinac, votre dictionnaire commence à d'« Artagnan » et se termine avec le mot « zinc ». C'est ça, la France, un vieux mousquetaire et un bistrot ?

Denis Tillinac. - A la lettre A, il y a aussi Auriac qui est mon village, qui est l'allégorie de ce clocher qui existe, je crois, dans l'imaginaire de beaucoup de Français. Et à B, on trouve Emma Bovary qui est pour moi une héroïne bien française, dans la texture de son

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éternelle insatisfaction et de ses aspirations idéales à l'amour; et puis il y a Bonaparte, qui est le soleil noir de notre mélancolie.

N. O. - Vous affectionnez également le mot «panache». Qu'est-ce que ce «panache» dont vous dites qu'il est une spécialité française?

D. Tillinac. - Le panache, c'est le «merde» de Cambronne, c'est la tirade de Cyrano, «à la fin de l'envoi, je touche», c'est les Mousquetaires de Dumas sur le fort Saint-Gervais à la suite d'un pari, affrontant la mitraille. Le panache, c'est «Messieurs les Anglais, tirez les premiers» à Fontenoy. C'est un défi lancé à la raison, au bon sens, aux habitudes, à la rationalité, à l'efficacité. Ou du moins c'est l'instinct qu'un geste, pour être efficace, se doit d'être beau. (…) C'est la France que j'aime. La France des impressionnistes, d'Edith Piaf, de Jean Gabin, d'Arsène Lupin, de Vercingétorix, de Jeanne d'Arc. (…) [L]a double nature des Français, une ambivalence, je crois, unique au monde. On est gaulois, anars, bordéliques, mais il y a cet appel à l'harmonie, à la rigueur qui nous vient peut-être de Cîteaux. Nous sommes des épicuriens, aptes au bonheur, mais il y a cette aspiration spirituelle, parce qu'on est le pays de Pascal, de Cluny. Et ça, c'est la France, une France qui a rayonné dans toute l'Europe, qui l'a fécondée économiquement et spirituellement, qui a révolutionné l'agriculture, qui a sorti le Moyen Age, comment dirais-je, de ses limbes.

N. O. - Quelle serait la meilleure raison d'aimer la France aujourd'hui?

A. Schifres. - L'absence de guerre des sexes. Ce qui me semble très important. Même si les femmes sont très mal payées et accèdent difficilement aux postes importants. Et si on est gravement malade, on peut être soigné sans argent. C'est ça, la bonne exception française!

D. Tillinac. - La France, c'est un art de vivre, une sociabilité, un rapport masculin-féminin, un rapport entre copains, une vie de famille, même si elle s'est normalisée aujourd'hui, et qu'elle est plus brutale, plus métallique. Je crois que les rapports entre les êtres restent tendres, mêlés d'une sentimentalité plus profuse, plus complexe, plus subtile, plus belle que partout ailleurs. Je crois que c'est en France (…) qu'on ne vit, pour parodier Chardonne, «que de mots éternels». C'est en France qu'on a le plus de possibilités d'être heureux. Alors, puisque c'est mieux qu'ailleurs, et qu'on le doit à la France, on doit le montrer aux autres, montrer au reste du monde qu'on est plus heureux que le reste du monde.

1.3. Portrait régional. Le gascon. Après avoir identifié les éléments du portrait du gascon, dites en quoi il est différent d’un portrait stéréotypé. D’après son modèle, dressez vous-mêmes le portrait d’un habitant d’une autre région de la France ou d’un pays francophone. Le plus gascon des héros, tout le monde vous le dira, c'est Cyrano de Bergerac. Bergerac n'est pas en Gascogne ? C'est sûr. Mais peu importe : après tout, le vrai Cyrano était parisien. Et, surtout, « l'esprit, l'éloquence, le panache, le goût de la querelle, l'humour,

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tout chez lui rappelle notre région », résume Françoise Laborde, qui préside l'association Gascons toujours. Car l'esprit est le plus beau joyau de cette contrée qui ne manque pourtant pas de paysages somptueux. Un esprit fait d'humour, de distance, de rouerie, de faconde, d'excès dans la forme, mais de tolérance sur le fond, d'amour des bons mots, de mauvaise foi quand il le faut, d'éclats de rire dès qu'on le peut. « Comme la plupart des clichés les concernant, cette image du Gascon éloquent s'est installée au moment de l'arrivée d'Henri IV à la cour », souligne Georges Courtes, historien. Le roi lui-même et ses compatriotes détonnaient par leur accent rocailleux, et, surtout, par leur personnalité : dotés d'un esprit subtil sous des dehors un peu frustes, ils étaient fiers à en crever, courageux jusqu'à la déraison, beaux parleurs, mais aussi querelleurs, paillards et menteurs. Autant dire qu'ils arboraient un « caractère » dont les littérateurs, à partir du xviie siècle, feront leurs choux gras. La Fontaine, qui ne les aimait pas, écrira Le Gascon puni. Alexandre Dumas les rendra plus sympathiques avec ses Trois Mousquetaires, tandis qu'Edmond Rostand fera donc de son Cyrano l'incarnation même du Gascon. En bon écrivain, il avait compris qu'avant d'être une géographie, la Gascogne est une philosophie. De l’art du mentir-vrai Le Gascon entretient une relation problématique avec la réalité. On n’oserait évidemment pas écrire qu'il ment plus souvent qu'à son tour, mais, enfin, il faut admettre qu'il ne dit pas toujours la vérité. Qu'il sait enjoliver son récit avec talent, avec faconde, presque avec génie. (…) Une telle duplicité pourrait exaspérer. Et pourtant non. Car le Gascon joue à faire semblant. Il cherche moins à duper qu'à séduire. « Lorsqu'un Gascon “gasconne”, lorsqu'il exagère, son interlocuteur ne se trouve jamais en position d'idiot qu'on cherche à berner : il est un partenaire dont on taquine l'intelligence », reprend Véronique Larcarde. Totale fierté La fierté, c'est la noblesse du petit peuple. Si le plus humble des Gascons est fier à en crever, c'est que l'intéressé a quelques repères immémoriaux : la qualité de ses productions agricoles, le sens du travail et la certitude d'appartenir à une communauté à forte identité. (…) S'il est fier, le Gascon n'est pas vaniteux. Ce n'est pas dans l'Armagnac ou le Couserans qu'on aperçoit des Ferrari rouges conduites par des machos aux lunettes noires et aux cheveux gominés. S'il a le sens de l'honneur, il cultive aussi le goût de la simplicité. Opportuniste, mais indépendant Le Gascon n'est pas homme de certitudes. Sans scrupules excessifs, il a toujours su, au cours de l'Histoire, changer de cheval au bon moment. Une décennie avec les Anglais, une décennie avec les Français pendant la guerre de Cent Ans. Une année protestant, une année catholique au moment des guerres de Religion. Un jour collaborateur, le lendemain résistant lors de la Seconde Guerre mondiale... Ce n'est pas glorieux ? Non. Mais c'est une philosophie. La modération comme idéal, l'opportunisme comme moyen, la conviction qu'il n'est pas de désaccords suffisamment graves qui ne puissent se surmonter autour d'une bonne table. Telle est, au fond, sa réponse aux grandes questions sur le sens de la vie.

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« Rad-soc » dans l’âme C'est un fait : le Gascon n’est pas très catho. Voilà beau temps qu'il regarde avec distance l'Eglise, ses pontifes et ses de profundis. « Il faut se méfier du devant d’une femme, du derrière d’un âne et d’un curé de tous côtés », professe un proverbe local. (…) « En politique comme en religion, il existe ici une méfiance viscérale à l'égard de l'endoctrinement. D'où le succès des idées radicales, qui exaltent l'indépendance d'esprit, et la faiblesse des partis extrémistes », analyse le très madré sénateur radical de gauche des Hautes-Pyrénées, François Fortassin. Michel Feltin, « Bienvenue chez les Gascons », L’Express.fr, mis à jour le 17/07/2008, publié le 17/07/2008 (http://www.lexpress.fr/region/les-gens_531674.html) 2. ETUDE DE CAS. Géopolitique de l’image. Déconstruction des

représentations stéréotypées de la guerre. Regardez la photo suivante, gagnante du concours annuel de la World Press 2007. Analysez-là, sans lire le texte qui la suit. Prêtez attention aux éléments suivants : décor, contexte, expression des visages, position des corps, aspects qui pourraient justifier la présence des passagers de la Mini Cooper dans le décor respectif, etc. Dites ce qui, dans la photo, motive le prix qu’on lui a accordé. Lisez ensuite le commentaire. Débattez des aspects suivants : le texte en tant que démenti de l’image ; déconstruction des stéréotypes (guerre, misère, insouciance des jeunes, prix journalistiques) ; la presse friande de sensationnel et mystificatrice de la réalité ; relation entre le journaliste américain et le monde libanais.

Les stéréotypes du World Press/ Géopolitique de l’image

©Spencer Platt/Getty Images Noor Nasser, 21 (cachée par Liliane Nacouzi), Liliane Nacouzi, 22 (se protégeant le visage), Bissan Maroun, 29 (avec le téléphone), Jad Maroun, 22 (le conducteur) et Tamara Maroun, 26 (passagère avant).

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La photo retenue par le World Press pour servir d’emblème au photojournalisme en 2007 aura secoué visuellement et émotionnellement son monde. Sitôt la décision du jury connue, le photographe libanais Samer Mohdad a reproché à la « noble institution [de faire preuve] d’ironie de mauvais goût » et « de compromettre le niveau » de cette compétition internationale.

Pour Samer Mohdad, l’auteur de Mes Arabies et Assaoudia (premiers volets de la trilogie photographique sur le Monde Arabe), résumer ainsi la guerre au Liban « contrevient au sens commun et à l’éthique ». Il qualifie l’image d’« insulte vis-à-vis de tous les photojournalistes qui risquent leur vie couvrant cette horrible guerre ». Collatéralement, Samer s’inquiète de la réaction « des jeunes gens [lorsque] leurs visages seront publiés à la Une de la presse internationale, et qu’ils incarneront le symbole de cette guerre cruelle. » À l’inverse, Armelle Canitrot, responsable photo à La Croix, apprécie d’échapper cette année « aux recettes du World Press : une certaine composition, à un certain moment pour en avoir plein la figure ». Dans une interview au journal Photographie.com, Spencer Platt dit que sa photo s’oppose à ces stéréotypes sur ce qu’est en fait une victime de guerre et même sur ce qu’est la guerre. (…) Les jeunes gens ne sont pas ennuyés par la photo mais plutôt par la légende accolée par Paris-Match dans un numéro de septembre, les faisant passer pour des chrétiens libanais riches faisant du tourisme de guerre dans les banlieues ravagées de Beyrouth. Ils sont certes chrétiens, mais, indique Bissan Maroun (sur la photo avec le portable) : « les regards sur nos visages montrent la consternation à ce qui a été fait à notre quartier. Pas une personne sur cette photo n’appartient à la bourgeoisie chrétienne. » Lana El Khalil, la propriétaire de la Mini Cooper prêtée pour vérifier les dégâts dans leur quartier, travaille avec pour Samidoun, une ONG créée pour aider les réfugiés du Sud.

Didier de Faÿs (http://www.photographie.com/?pubid=104530) 3. TABLE RONDE. Stéréotypes ethniques / sur les minorités et médias. Quels stéréotypes ? Quel contexte social / historique / culturel les sous-tend ? Comment peut-on les déconstruire ? Quel est le rôle des médias dans la construction des stéréotypes? Pourquoi, en règle générale, les médias contribuent-ils à renforcer les stéréotypes, et non pas (ou rarement) à les déconstruire ? Vous pouvez vous servir des données suivantes : Mixité et « indifférenciation » D’après une étude du Bureau de vérification de la publicité (BVP) sur l’année 2005, le nombre de pubs représentant des “extra-européens” demeure insignifiant dans la presse ( 0,6% ) et en affichage public ( 3% ), et se stabilise à la télévision (17,1%). Parmi les 100 000 publicités passées en revue, une majorité véhicule des stéréotypes ethniques, mais BVP n’a relevé aucune connotation à caractère raciste. Il souligne la place faite à la mixité, et le phénomène d’« indifférenciation ». (…) Une ethnicisation fortement stéréotypée des rôles « La tâche d’inclure la diversité est plus facile en télévision que sur d’autres supports. Quand il y a un groupe, il peut y avoir mixité. Les spots permettent de représenter plusieurs personnes... En revanche, dans une affiche, quand il n’y a qu’un seul personnage pour promouvoir le produit, on a recours à un personnage qui fédère. Et

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aujourd’hui, c’est encore le Blanc qui fédère ». Suite à cette intervention d’un participant, Patrick Lozès, président du Cran, réplique : « Pourquoi l’universel ne pourrait-il être incarné que par l’homme blanc ? ». L’échange, paradoxalement, résume assez bien les constats de l’étude BVP. D’un côté, dans plus de 80% des spots TV représentant des populations de type extra-européen (Afrique, Méditerranée, Asie, DOM-TOM), ces dernières sont représentées aux côtés de personnages occidentaux. On ne peut donc pas parler de « ghettoïsation publicitaire ». D’un autre côté, se développe le phénomène d’« indifférenciation » mettant en scène des « minorités » « sans aucune différence ni signification particulière par rapport aux autres personnages ». Seulement voilà, « l’indifférenciation » ne représente que 14% des spots à la télévision. La tendance majoritaire continue à reproduire une ethnicisation fortement stéréotypée des rôles : l’épicier est arabe, le marabout noir, le judoka asiatique, l’italien pizzaïolo, ... Ces représentations, si elles ne sont pas dénigrantes ou objectivement désobligeantes en soi, dit l’étude BVP, « peuvent contribuer à réduire l’imaginaire des possibles pour ces groupes de population ». Mogniss H. Abdallah, « Mixité et “indifférenciation”», Agence Im'media, 20 février 2006.

F. REFLETS LITTERAIRES

Analysez et commentez, dans le fragment suivant, les malentendus provoqués par les stéréotypes de comportement des partenaires :

« De mon côté aussi je suivais des cours et progressais en japonais comme je le pouvais. Je ne tardai pas à me faire mal voir. Chaque fois qu’un détail m’intriguait, je levais la main. Les divers professeurs manquaient de peu d’avoir une crise cardiaque quand ils me voyaient brandir mes phalanges vers le ciel. Je croyais qu’ils se taisaient pour me laisser parler et posais hardiment ma question, à laquelle on répondait de façon étrangement insatisfaisante. Cela dura jusqu’au jour où l’un des maîtres, avisant mon geste coutumier, se mit à me hurler dessus avec une violence formidable :

- Assez !

Je restai tétanisée, tandis que tous les étudiants me regardaient fixement.

Après le cours, j’allai m’excuser auprès du professeur, surtout pour savoir quel était mon crime.

- On ne pose pas de questions au Sensei, me gronda le maître.

- Mais, et si je ne comprends pas ?

- On comprend !

Je sus alors pourquoi l’enseignement des langues boitait au Japon.

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Il y eut aussi l’épisode où chacun dut présenter son pays. Quand vint mon tour, j’eus la nette impression d’avoir hérité d’un dossier difficile. Chacun avait parlé d’un pays connu. Je fus la seule à devoir préciser dans quel continent se situait ma nation. J’en vins à regretter la présence des étudiants allemands, sans lesquels j’eusse pu alléguer n’importe quoi, montrer la carte d’une île au large de l’Océanie, évoquer des coutumes barbares telles que poser des questions au professeur. Il fallut s’en tenir à un exposé classique, pendant lequel je vis les étudiants singapouriens se curer des dents en or avec un entrain qui me désola. »

(Amélie Nothomb, Ni d’Eve ni d’Adam)

II. REPERES GRAMMATICAUX. Agencement de la phrase et du discours I. L’interrogation directe et l’interrogation rhétorique

II.1. L’INTERROGATION DIRECTE

Spécifique du discours direct. Peut être totale ou partielle. Parmi ses effets expressifs, il y a la fausse interrogation (équivalant, avec plus de force et d’expressivité, à une assertion), la politesse, l’impatience, la surprise, l’insistance, l’anxiété, etc.

II.1.1. L’interrogation totale. Porte sur le verbe de la proposition.

Interrogation totale soutenue : inversion du sujet

Interrogation totale soutenue : la tournure est-ce que ?

Interrogation totale familière : simple montée du ton

Inversion simple : Viens-tu? Y arrivera-t-on ?

Exclut l’inversion du sujet. Ni inversion du sujet, ni tournure est-ce que?

Inversion complexe : Les enfants sont-ils prêts pour se rendre à l’école ?

II.1.2. L’interrogation partielle. Porte sur tout autre élément de la proposition que le verbe.

L’interrogation porte sur

L’interrogation partielle soutenue, avec inversion du sujet

L’inversion partielle soutenue, avec la tournure est-ce que ?

L’interrogation partielle familière, avec inversion du sujet ou déplacement du mot interrogatif en fin de la phrase

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Le sujet Qui ? Qui est-ce qui ? Qu’est-ce qui ?

C’est qui ?

L’attribut du sujet Qui ? Que ? C’est qui ? C’est quoi ?

Le COD Qui ? / Que ? Qui est-ce que ? Qu’est-ce que ?

Vous avez besoin de quoi ?

Le COI (A, de, pour, avec) qui / quoi ?

(A, de, pour, avec) qui / quoi est-ce que ?

Il parle (à, de, pour, avec) qui ?

Le complément circonstanciel

Comment, où, pourquoi, quand, combien ?

Comment, où, pourquoi, quand, combien est-ce que ?

Il vient comment, où, pourquoi, quand, combien ?

II.1.3. Tours particuliers

L’interrogation avec l’infinitif Où aller ? Que visiter ? Pourquoi se fatiguer ?

L’interrogation sans verbe Epuisant, ce voyage, n’est-ce pas ?

II.2. L’INTERROGATION RHETORIQUE

Moyen du dialogisme médiatique. Elle suppose la prise à témoin de l’interlocuteur, l’engagement du lecteur dans la démarche argumentative, notamment dans les textes publicitaires. Voir ci-dessus :

« Alors, l’euro pub, une réussite ? / Avons-nous besoin d'un « steurotype » de plus ? »

« Sommes-nous toujours des mangeurs de grenouilles ? »

II.3. Exercices

1. Complétez le dialogue suivant avec les questions qui manquent. Indiquez à chaque fois s’il s’agit d’une interrogation totale ou partielle :

– Malheureusement, nous n’irons pas à la mer cet été.

– ? – Parce que Cédric doit passer un examen très important à l’automne et il prendra tout

l’été pour étudier.

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– ? – Oui, nous nous sommes dit qu’il vaut mieux qu’on reste tous à la maison avec lui,

pour l’encourager. – ? – Non, il se sent mieux s’il y a du monde autour de lui. – ? – Si tout se passe bien pour lui, nous allons tous partir en vacances au mois de

septembre. – ? – Peut-être au bord de la mer… mais nous ne sommes pas sûrs. – ? – Non, nous n’avons rien réservé à l’avance.

2. Indiquez la valeur affective des phrases suivantes :

1. Puis-je me permettre de vous poser une question ? – 2. Voudriez-vous me donner l’heure, s’il vous plaît ? – 3. Tu nous laisseras regarder la télé chez toi, dis ? – 4. Mais quand, pour l’amour de Dieu, en finirez-vous avec vos lamentations ? – 5. La famime sévira-t-elle pour encore longtemps dans le tiers monde ? Les pauvres continueront-ils de mourir de faim ? Qu’allons nous faire pour remédier à cette situation ? – 6. Jusqu’à quand continuerez-vous de vous moquer de nous ?

3. Regardez la publicité télévisée, ou écoutez les annonces publicitaires à la radio. Notez les phrases interrogatives et classez-les selon leur type grammatical et leur valeur expressive.

4. Rédigez vous-mêmes un texte publicitaire comportant des phrases interrogatives.

III. DISCOURS MEDIATIQUES. Analyse de publicité

Analyse globale Commencez toute analyse par une démarche de repérage :

• Identifiez les supports médiatiques et la forme de publicité choisie • Faites des hypothèses sur les instances empiriques de la publicité : l’annonceur

publicitaire, le produit et les consommateurs visés • Dans la production publicitaire, qui sont les doubles figurés dans le discours ?

Comme stratégie discursive, la publicité prend souvent la forme du récit. • La forme d’organisation discursive présente plutôt un état du monde ou une action

sur le monde ? Quelle est la fonction du personnage : essence du monde ou acteur du monde ?

• Présentez le cadre de référence mis en scène • Quelles sont les pratiques sociales, culturelles évoquées ? • Y a-t-il une possibilité de décodage de second degré : espaces mythiques

préexistants ou symboliques ? • Les personnages, l’univers évoqué, leur rôle, la typologie, les clichés implicites.

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Etapes de l’analyse de l’image publicitaire dans la presse écrite 1. La construction de l’image • Identifiez et reconstituez le code iconique (décrivez les éléments constitutifs de

l’image, leur position, les couleurs, etc.) • Identifiez le code linguistique (texte, slogan, instruction) : valeur informative,

persuasive, esthétique, l’agencement avec l’image. • Cherchez et expliquez la place et la mise en valeur du code de la marque • Décrivez la modalité de représentation des personnages : code proxémique, code

kinésique (gestuelle) 2. L’interprétation du message : • Identifiez les champs sémantiques (féminité, luxe, fraternité, voiture, parfum) et

justifiez le choix • Analyse et interprétation des modalités choisies par le publicitaire pour séduire

son public. Déterminez les procédés rhétoriques utilisés dans le choix de l’image, du titre, du slogan et du texte (connotation, humour, redondance des messages)

3. Comparez des images publicitaires pour un même type de produit. Expliquez le choix de l’annonceur et le profil type du consommateur.

Etude de cas : Rhétorique de l’affiche publicitaire Dans la publicité d’hier, le texte argumentatif, les détails, les explications prévalaient. L’image avait un rôle secondaire, un support du texte. Les arguments d’autorité mettaient l’accent sur l’ « ethos » ou le « logos ». Quant on parle d’« ethos » on doit comprendre la dualité bénéfice / inconvénient et la garantie d’une autorité, tandis que le « logos » fait appel à la dimension rationnelle de l’homme, en lui donnant des arguments concrets. Dans la publicité actuelle, le « logos » est moins présent. Toutefois, l’« ethos » reste un élément publicitaire assez important. Surtout, l’accent plus fort mis sur le « pathos », donc sur l’émotion. Les slogans publicitaires sont de plus en plus courts, les explications supplémentaires manquent, l’image règne. En analysant les relations entre le visuel et le verbal, on constate souvent que la proportion est de 1/3 pour le texte et de 2/3 pour l’image, quelquefois le texte est plus réduit encore en faveur de l’image. Récemment, la publicité est entrée dans une nouvelle époque, celle de la publicité « choc ». Le banal est éloigné brutalement pour laisser la place à l’extraordinaire.

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Analyse d’affiches publicitaires. Représentations de la femme selon les époques et évolution des rhétoriques publicitaires. Fig. 1. Publicité pour une lessive de vaisselle Dans cette affiche, parue dans un magazine ancien, la publicité est principalement un

moyen explicite de présentation d’un produit. Le texte prescriptif fait valoir une marque de lessive en insistant sur les effets pervers d’autres produits. Il n’est donc que la réponse à la réalité crue de l’image explicitée par la phrase d’accroche : « Une ride ! Je vieillis ! »

Fig. 2. Cigares pour séduire les femmes Les années 1980 marquent un changement de mentalités. Le culte du corps, la femme – objet gagnent du terrain. L’affiche publicitaire joue sur ce rôle de la femme obéissante, un beau visage sans esprit, mis en image par la posture sensuelle de la femme, son infériorité devant l’homme, souligné par la phrase d’accroche.

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Fig. 3. Le corsage – la puissance des femmes

Le corsage est vu dans cette affiche publicitaire, comme un instrument indispensable du « pouvoir » féminin ; on mise sur son utilité. Les longues explications et les illustrations soulignent l’existence d’un modèle féminin unique, tandis que le slogan « Une aide importante pour le pouvoir des femmes » fait allusion à leur émancipation.

Fig. 4. Le soutien. La sensualité L’affiche de nos jours, en représentant une femme sensuelle qui porte un soutien merveille, ne donne aucune information sur l’utilité ou la nécessité du produit. Le produit parle de lui-même ainsi que la femme, dont le regard direct adresse le même message que la phrase d’accroche. La rhétorique du message est unitaire et transmet au public l’image d’une femme moderne, insouciante, libre, rassurée quant à son charme et indépendante.

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Fig. 5. S’habiller pour faire mourir 1997 L’affiche suivante met au premier plan une femme fatale qui provoque un accident. L’affiche n’a pas d’explications, la puissance de l’image est suffisante. Nous sommes en 1997, et la tendance de privilégier l’image est visible. Le slogan est très petit, en bas à droite « Wallis – Dress to Kill » : le nom de la marque (le logo) et le message très bref,

mais très suggestif. Cette publicité ne cherche pas à informer mais à désinhiber et à motiver. C’est pourquoi elle n’énonce pas, elle suggère ; elle ne parle pas le langage de la raison mais celui des affects.

Applications :

1. Illustrez et commentez un champ sémantique / un univers de référence par un corpus de publicités. Ex : l’hétérosexuel ; les jeunes et la violence ; le rêve ; le monde technologique.

2. Comparez des produits publicitaires similaires, destinés à des consommateurs d’horizons culturels différents. Analysez l’impact du message sur l’imaginaire collectif et précisez quel est l’univers de valeurs, de normes, de traditions qui a inspiré leur créateur.

DIRE AUTREMENT

à certains égards : d’un certain point de vue moquerie : ironie, raillerie filer à l’anglaise : déguerpir, disparaître se faufiler : d’insinuer, s’introduire, se couler, se glisser ruse : artifice, astuce, feinte, fourberie, fraude, machination douteux : ambigu, contestable, discutable inintelligent : bête, sot, stupide

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au mépris de : sans tenir compte de, en dépit de industrieux : adroit, habile, ingénieux dépréciatif : péjoratif querelleur : agressif, batailleur, chamailleur discutailleur : bavard, ergoteur méconnaissance : ignorance, incompréhension le brassage : mélange, creuset, melting-pot abaisser : baisser, diminuer, abattre, affaiblir, écraser le retournement : revirement, renversement avoir la vie dure : rencontrer des difficultés (à être accepté) gauchir : se courber, se déformer, gondoler, se tordre ; se voiler, altérer, déformer s’adoucir : atténuer, édulcorer, modérer mal porté : mal adapté, inadéquat suranné : antique, démodé, désuet, obsolète, vieilli, vieillot, arriéré, dépassé, périmé, révolu : accompli, achevé, passé émerger : se manifester, apparaître force est de : il faut, on ne peut que en retrait : en arrière de l'alignement, ou par rapport à une ligne déterminée le nanisme : état d’une personne de très petite taille, dû à un trouble de croissance accort, e : agréable, aimable, avenant, habile, grâcieux et vif épais : grossier, lourd, pesant, compact, dru, fourni, serré l’imagerie : ensemble d’images représentant des faits, des personnages une blondinette : une petite blonde avouer : accorder, admettre, concéder, convenir, déclarer, dire, reconnaître, confesser étirer : se détendre le poncif : banalité, cliché, lieu (commun), stéréotype le chapiteau : partie élargie située entre le fût d'une colonne et la charge chaparder : chiper, piquer, voler gratter : racler, ravaler la paella : plat espagnol composé de riz épicé (safran, poivre de Cayenne) cuit dans un poêlon avec des moules, des crustacés, des viandes, du chorizo piocher : creuser, remuer avec une pioche, (fig.) bûcher cibler : déterminer, circonscrire en tant que cible faire du tort : léser, nuire acérée : acerbe, caustique bourré : farci, truffé, bondé comble, empester : empoisonner, empuantir, puer surfer : naviguer

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Dossier 5

Nouveaux rapports de genre

I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE Lisez les textes suivants :

1. Elles ne veulent plus du vieux modèle « cuisine, gosses, curé ». Désormais plus éduquées que les hommes, féministes à leur manière, elles investissent irrésistiblement le marché du travail. Et avancent pas à pas sur le chemin de l'égalité.

Elles sont brunes, brunes naturelles, aussi brunes que leurs mères sont blondes. Elles ont 20 ans ou un peu plus. Elles sont vendeuses, employées de bureau, esthéticiennes. (…) Elles vivent encore chez leurs parents et claquent la moitié de leur paie en fringues et en maquillage. Elles aiment la danse et la musique. Elles se fichent de la politique, mais trouvent Zapatero « mignon ». La bretelle du soutien-gorge tombant sur l’épaule, les hanches tatouées s’échappant du pantalon ultramoulant, elles arpentent les rues de Madrid, Séville ou Barcelone, par groupes de trois ou quatre, entre filles, parlant vite et riant fort. (…) Elles mettent rarement les pieds à l’Eglise. Libres, moins libérées qu’on ne le croit. Délurées et fleur bleue. Fashion victimes jusqu’au bout des ongles. Féministes à leur manière. Avec leurs contradictions, leur appétit de vie, leur goût de l’indépendance, [elles] sont le pur produit de la plus grande révolution qu’ait connue l’Espagne contemporaine : la révolution des femmes. [P]lus éduquées que les hommes, les femmes investissent irrésistiblement le marché du travail. Leur taux d’activité progresse [constamment] [et], même si elles sont beaucoup plus touchées que les hommes par le chômage, (…) le chemin parcouru n’en est pas moins impressionnant. [Pourtant, r]estent deux gros points noirs : un écart salarial important et qui tend même à s’accroître avec le niveau de formation ; et le fameux plafond de verre, qui fait que les femmes se raréfient à mesure que l’on monte dans la hiérarchie. (…) C’est à quoi le gouvernement Zapatero a décidé de s'attaquer. L'énorme projet de loi pour l'égalité actuellement en discussion est une véritable machinerie antimachiste : obligation pour les entreprises de plus de 250 salariés de négocier un accord visant à éradiquer les discriminations en matière d'embauche, de promotion et de rémunération ; mesures permettant de conjuguer vie professionnelle et vie familiale ; création d'un congé paternité... Et couronnant le tout : les conseils d'administration des entreprises devront porter la participation féminine à 40% en quatre ans. Claude Weill et Dorane Vignando, « La révolution des femmes », Le Nouvel Observateur, la semaine du jeudi 22 juin 2006. (http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2172/dossier/a309052-la_r%C3%A9volution_des_femmes.html)

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2. Bijoux, produits de beauté… Ils n’ont jamais autant pris soin de leur corps et de leur look. C’est le triomphe du « métrosexuel », cet urbain branché qui s’approprie une part de féminité Les « métrosexuels » sont parmi nous. Impossible de regarder une publicité, d’ouvrir un magazine, voire de suivre un match de foot à la télé sans tomber nez à nez avec cette créature. Les métrosexuels sont les cousins des bobos, cette tribu qui occupe le devant de la scène depuis deux ou trois ans, empruntant à la fois aux bourgeois et aux bohèmes. Le métrosexuel, lui, est un mélange de dandy et de gay mâtiné d’une pointe de « mac ». Il se pomponne, redécouvre l’art du rasage, se met des crèmes sur le visage, se fait un regard de braise grâce à quelque khôl spécialement concocté pour lui et peut parfois se mettre un peu de vernis sur les ongles. Un sarong fuchsia ou une veste mauve des couturiers italiens Dolce & Gabbana ne l'intimident pas le moins du monde, au contraire. Mais - tout est dans ce détail - il n'est pas homosexuel. Sophistiqué, attentif à lui-même et aux autres, le métrosexuel « n’a pas peur de soigner sa personne et d’apprécier les choses raffinées », explique le site Internet BeMetro.com, feuille de route du nouveau mâle. (…) Le néologisme (…) désigne un trentenaire urbain (d’où « métro », pour métropolitain), branché, prenant grand soin de son corps et de tout son être. (…) L’apparition de cette tendance tient pour une grande part à l’élévation du niveau de vie [et à certains boulerversements sociaux], dont, selon André Rauch, la survalorisation du plaisir. (…) Le métrosexuel est aussi l’un des symboles visibles de la disparition de la figure emblématique du père et de la fameuse crise de l’identité masculine. (…) Quand on n’a plus besoin de lui pour représenter l’autorité, le père peut s’épiler ou porter des bijoux. (…) Au sein du couple, les rôles se sont équilibrés, les femmes se sont approprié ce qui, pendant des générations, relevait du rôle traditionnel de l’homme (…). Alors, [les hommes] s’approprient cette part de féminité qu’elles ont laissé tomber. « Il y a en ce moment une sorte de recomposition, affirme la sociologue Christine Castelain-Meunier. Les hommes sont en train de se remettre du coup de grisou engendré par le féminisme et de se réapproprier leur identité ». Le métrosexuel est aussi le fils d'une société plus infantile, « adolescentrique ». « Le modèle n’est plus l’adulte, mais l’adolescent, explique Frédéric Loeb. (…) » La faute, selon le psychanalyste Tony Anatrella, à la génération de 68. Ce sont des adolescents qui ont élevé des enfants. Résultat, explique-t-il, à 30 ans, ce sont toujours des ados. Le métrosexuel annonce un changement plus profond encore qui touche les hommes et les femmes. « On est au début de ce que les Américains appellent la gender flexibility (l'élasticité des genres), explique Christine de Panafieu. Jusqu’à aujourd'hui, chacun de nous était défini par son âge et son sexe. C’est ce qui structurait notre vie. Désormais, l'être humain se perçoit comme un mutant : il reste jeune plus longtemps et, grâce à la science, il modifie son corps ». Le genre devient donc accessoire. Ce qui compte, c'est le comportement. Dans ses études, Frédéric Loeb affirme avoir décelé non plus 2 sexes différents, mais 11! Pourtant, la réaction s'organise et cette mutation pourrait n'être qu'un effet de mode. Déjà les nouveaux rebelles arrivent. « Leur modèle est le rappeur Eminem, affirme le publicitaire Nicolas Riou (…). Eux surajoutent les signes extérieurs de virilité, ils sont agressifs avec les femmes ». Il faudra encore un peu de temps avant que l’homme soit une femme comme les autres.

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Jean-Sébastien Stehli, Natacha Czerwinski, « Les nouveaux mâles se cherchent », L’Express.fr, mis à jour le 05/03/2004, publié le 08/03/2004. (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-nouveaux-males-se-cherchent_490466.html) 3. Le sociologue Robert Ebguy, directeur de recherche au Centre de communication avancée, analyse le bouleversement qui marque les relations hommes-femmes. Et ses conséquences. AV : Quels sont les états d'âme des hommes d'aujourd'hui face à ces femmes qui ont tant changé depuis 1968 ? RE : Les pauvres sont totalement déboussolés ! Ils n'ont plus de repères, les règles du jeu leur semblent complètement brouillées. Ils ne distinguent plus clairement la frontière entre masculin et féminin. Ce flou général qui entoure la question du genre provoque un sentiment de perte qui traverse les générations. En prime, l'air est saturé de messages féminins. Voyez la publicité : les femmes sont partout ! Seuls les hommes les plus jeunes sont épargnés par ce mal-être. Ils sont profondément influencés par la féminisation de la société - et par sa « psychologisation » - depuis que les femmes ont pris la parole. Leur construction identitaire a été marquée par la prédominance des modèles féminins sur les modèles masculins. Beaucoup n'ont jamais coupé le cordon avec leur mère, d'ailleurs.*

AV : De quoi les hommes ont-ils si peur ?

RE : Les femmes ont ouvert la voie à la démultiplication de soi. Elles sont multifacettes, polymorphes. Chef d'entreprise et bombe sexuelle, par exemple. C'est difficile à vivre pour des hommes davantage inscrits dans la cohérence, donc plus monolithiques. En plus, ils entendent les filles se plaindre qu'il n'y a plus d'hommes, des vrais. Ils finissent par se demander si les femmes n'ont pas autant besoin d'eux qu'un poisson rouge d'une bicyclette, pour paraphraser les féministes des années 1970 ! Ils ont peur de finir parqués dans des zoos où leur seule fonction serait de faire survivre la copulation à l'ancienne.

AV : La rencontre est-elle devenue plus difficile ?

RE : Nous sommes entrés dans une ère de mécanisation de la rencontre. Des tombereaux de livres, dans la veine de Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, prétendent nous expliquer en quoi nous sommes différents. Sur les sites de rencontres en ligne comme Meetic, chacun et chacune dresse sa liste de critères et essaie de trouver celui ou celle qui les remplit. On nie l'importance des corps, des émotions, des souvenirs. AV : Les relations entre hommes et femmes sont-elles en danger ? ER : Trois illusions nous guettent. La convergence, qui nie les différences. La dilution : je choisis chaque matin mon genre selon mon humeur. Enfin, la guerre des sexes : plus on est dans l'indifférenciation, plus la violence peut émerger. Pourquoi tenir la porte à cette nana qui m'a piqué mon job et qui gagne plus que moi ?

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Anne Vidalie, « La guerre des sexes menace », L’Express.fr, mis à jour le 21/05/2008, publié le 21/05/2008 (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-guerre-des-sexes-menace_502669.html) 4. Quelle différence entre le flirt et la drague? Comment redécouvrir cet art complet de la séduction? Défense et illustration des prémices de l'amour (…) Il n’y aurait plus aujourd’hui que les adolescents pour se livrer à l’art délicat du flirt. Et encore… à condition de les dissuader de s'abandonner trop vite. De les inviter à se méfier des consommations irréfléchies. A côté des chapitres techniques consacrés à la fellation ou à la sodomie (toutes pratiques banalisées par la vulgate pornographique), les sites Internet qui s'adressent à eux s'efforcent de revaloriser le flirt : « Profitez de ces moments magiques, prenez le temps de vous sentir bien, à l'aise, en confiance avec l'autre sexe, rien ne presse vous avez toute votre vie pour faire l'amour » (Fil Santé Jeunes). (…) Le flirt, c'est tout ce qui a lieu avant l'engagement. Tout ce qui invite mais ne contraint pas. Tout ce qui vous laisse dans l'espace grisant de votre liberté. Le flirt, sans être antisocial, échappe encore au poids des sociétés. Le flirt n'a rien à voir avec les fiançailles. [Il] est un art complet, qui met en pratique toutes les ressources des individus, la parole et la voix, l'intelligence des conduites, et enfin le corps. (…) Flirtent ceux qui s'invitent à prendre le thé et se livrent à une conversation pleine de séductions et de sous-entendus. Flirtent aussi ceux qui s'embrassent dans la rue et se quittent sous le porche. Flirtent enfin ceux qui s'endorment l'un contre l'autre après s'être caressés, et se sont refusés sciemment à « aller jusqu'au bout ». (…) Le flirt épouse les époques, s’accorde avec le temps. (…) [Il] subit sa deuxième grave attaque le jour où la femme et l’homme peuvent s'unir sans craindre de donner le jour à un troisième larron. On y gagne de pouvoir s'abandonner à « ça ». Mais on risque d’y perdre le « tout » qui le précédait et lui servait souvent avantageusement de substitut. L'équilibre va venir de là où on ne l'attendait pas forcément… En même temps que l’amour physique devient plus facile, les couples se font plus fragiles. Autrefois exceptionnel et scandaleux, le divorce se banalise. Les mariages, qui étaient indissolubles, se transforment en contrats temporaires. Le flirt y gagne une nouvelle jeunesse : il n'est plus réservé aux jeunes, aux pas encore casés. Qui veut garder son partenaire est sommé de le séduire, encore et toujours, et de le tenir bien serré dans un filet d'attente et de désir. En somme, rien ne sert d'accorder le « ça » si l'on n'est pas capable de conserver l'énergie du « tout ». Comme le confie le romancier grec Vassilis Alexakis à Fabienne Costa-Rosaz: « Le flirt permet de jouer dans sa tête, de rêver. De contourner l’ennui qui guette toute liaison ». A bons entendeurs... Marie Desplechin, « Eloge du flirt », L’Express.fr, mis à jour le 05/02/2007, publié le 05/02/2007 (http://www.lexpress.fr/styles/eloge-du-flirt_478491.html)

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A. LE TEXTE ET VOUS 1. Observez uniquement le chapeau et le titre de chaque article :

a) Elles ne veulent plus du vieux modèle « cuisine, gosses, curé ». Désormais plus éduquées que les hommes, féministes à leur manière, elles investissent irrésistiblement le marché du travail. Et avancent pas à pas sur le chemin de l’égalité. « La révolution des femmes »

b) Bijoux, produits de beauté… Ils n’ont jamais autant pris soin de leur corps et de leur look. C’est le triomphe du « métrosexuel », cet urbain branché qui s’approprie une part de féminité. « Les nouveaux mâles se cherchent »

c) Le sociologue Robert Ebguy, directeur de recherche au Centre de communication avancée, analyse le bouleversement qui marque les relations hommes-femmes. Et ses conséquences. « La guerre des sexes menace »

d) Quelle différence entre le flirt et la drague ? Comment redécouvrir cet art complet de la séduction ? Défense et illustration des prémices de l’amour. « Eloge du flirt ».

Lequel des quatre titres / chapeaux a le plus attiré votre attention ? Pourquoi ? Enquête en fonction du genre des étudiants. Formulez des hypothèses sur le contenu des articles.

2. Est-ce que, selon vous, les / l’un des titres ci-dessus pourrai(en)t faire la une du journal / du magazine respectif ? Quelles photos pourraient les / l’illustrer dans ce cas ?

3. Regardez attentivement les sources des quatre textes et leurs dates de parution. Que pouvez-vous en déduire ? Connaissez-vous ces magazines ou leur variante en ligne ? Présentez-les (rubriques, sujets, public).

4. Les thèmes des articles vous intéressent-ils ? Dans quels aspects vous reconnaissez-vous ?

5. Comment expliquez-vous l’intérêt constant pour l’évolution et les rapports de genre?

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. Selon vous, dans quelle section / quelle rubrique du journal / du magazine

respectif pourraient figurer chacun des articles ci-dessus ? Argumentez. 2. Relevez la valeur informative des fragments analysés. Donnez-vous crédit au

contenu des articles ? Pourquoi ? 3. Lequel des articles vous informe le mieux ? 4. Les portraits des jeunes filles espagnoles et du métrosexuel sont-ils représentatifs

pour votre génération ? Vous y reconnaissez-vous ?

C. L’AUTEUR, LE TEXTE ET VOUS 1. Dans le premier article, les journalistes font preuve de :

a) sympathie b) distance

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c) neutralité d) indifférence e) admiration

à l’égard du sujet présenté. Motivez votre choix, en illustrant avec des exemples tirés du texte. 2. Dans son « diagnostic », Robert Ebguy est :

a) impartial b) objectif c) subjectif d) unilatéral

Argumentez. 3. Le ton qu’il emprunte est

a) optimiste b) catastrophique c) modéré d) apocalyptique

4. Résumez la première partie de chaque texte. Quelle a été l’intention du journaliste dans la première partie? Quel est le rapport avec la deuxième ?

5. A la lecture avez-vous constaté des similitudes dans la structure discursive des deux premiers textes ? Précisez.

6. Commentez l’attitude des journalistes dans le texte 2. Faites attention au ton, à la chute (la phrase finale).

7. Dans le même texte, par quels moyens les journalistes renforcent-ils l’objectivité des informations.

8. Que comprenez-vous par l’élasticité des genres ? 9. Comment comprenez-vous cette phrase : « Les hommes sont en train de se

remettre du coup de grisou engendré par le féminisme et de se réapproprier leur identité » ? Reformulez sans modifier le sens.

10. La stratégie analytique des journalistes est évidente. Ils ne veulent pas uniquement informer mais aussi former le lecteur. Relevez les traces de didacticité dans les quatre articles.

11. Quelle a été l’intention / le présupposé de l’auteur lorsqu’il affirme : « Les hommes sont en train de se remettre du coup de grisou engendré par le féminisme et de se réapproprier leur identité » ?

12. Que pensez-vous de la qualité des articles ? Quelles autres questions auraient pu être abordées par les journalistes ?

13. Distinguez : 1. au XXe siècle, une évolution par étapes de l’identité masculine ; repérez-

les, décrivez-les et commentez-les. 2. les éléments qui composent le portrait du métrosexuel 3. les signes d’une rééquilibration des rôles au sein du couple contemporain.

14. Dans le texte ci-dessous donnez l’équivalent des expressions soulignées: Elles claquent la moitié de leur paie en fringues (1) et en maquillage. Elles aiment la danse et la musique. Elles se fichent de la politique (2), mais trouvent Zapatero « mignon », elles arpentent les rues (3) de Madrid, Séville ou Barcelone, par groupes de trois ou quatre, entre filles, parlant vite et riant fort. (…) Elles mettent rarement les

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pieds à l’Église (4). Libres, moins libérées qu’on ne le croit. Délurées et fleur bleue (5). Fashion victimes jusqu’au bout des ongles (6). D. RESUMER Résumez le fragment de l’article « Les nouveaux mâles se cherchent » pour en faire un entrefilet informatif – 2-3 paragraphes – destiné au magazine en ligne de votre faculté.

E. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. Quels sont les deux « points noirs » qui entravent l’émancipation des femmes ? 2. Quelles mesures le gouvernement espagnol a-t-il pris pour y remédier ? 3. Qu’est-ce que le « plafond de verre » ?

COMMENTER, C’EST COMPARER DES CULTURES 1. Imaginez le portrait des mères des jeunes femmes espagnoles dont il est question

dans le premier article. Qu’est-ce qui les rapprocherait / distinguerait de leurs filles ?

2. DOSSIER : Le féminisme. Brève histoire : vagues et courants ; pays et époques où le mouvement a été plus puissant ; pourquoi, selon vous, n’y a-t-il pas eu de mouvement féministe radical en Roumanie ?

3. ENQUETE auprès des jeunes femmes de votre âge : vous sentez-vous discriminées en tant que femmes lorsque vous cherchez un emploi ou lorsqu’il s’agit d’être promues dans un emploi que vous avez déjà ? Est-ce que, selon vous, la maternité représente un obstacle à l’avancement dans la carrière ? Pourquoi ? Selon vous, la société roumaine est-elle une société machiste ?

4. DOSSIER : Femmes au pouvoir. Des femmes chefs d’Etats / de gouvernements / de multinationales. Etude comparative par pays / époque.

5. TABLE RONDE : En Occident, les filles et les femmes sont libres d’investir les espaces publics. Débattez du même aspect dans les villes iraniennes, afghanes, africaines, etc.

6. Faites un portrait du dandy (20 lignes). En quoi le métrosexuel rappelle-t-il cette figure fin XIXe ?

7. PROJET : Brève présentation de la vie et de l’œuvre de Marie Desplechin. 8. ETUDE DE CAS : Selon l’auteur du deuxième texte, dans l’Occident de nos

jours, le père ne représente plus l’autorité. Quelles autres valeurs peut-il bien incarner ? Faites une présentation comparée de la figure paternelle dans l’imaginaire actuel français / espagnol / roumain / québécois / arabe (marocain, tunisien, etc.) (votre choix).

9. Donnez votre avis sur les sites internet de rencontres. Distinguez ce qui, dans la rencontre virtuelle, est différent de la rencontre réelle.

10. La problématique abordée dans ce dossier est-elle présente dans les médias roumains ? Etudiez un média particulier et la façon dont il touche aux évolutions des genres.

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F. DEBATTRE 1. Exposez votre opinion sur l’un des sujets suivants à quelqu’un qui s’oppose systématiquement à vous :

a) Les différences entre les sexes s’estompent visiblement. b) Le changement de sexe participe d’une quête de soi. c) Les rencontres virtuelles, à base d’affinités, sont la prémice d’un couple à

toute épreuve. d) Dans les rencontres en ligne, on nie l’importance du corps, des émotions,

des souvenirs. e) L‘art de la séduction, l’amour romantique est devenue obsolète. f) Le mariage n’est plus une condition du couple heureux.

2. Quelle serait votre réaction devant l’une des affirmations suivantes 1. Je suis libre de choisir mon genre selon mes penchants et ma personnalité. 2. Le métrosexuel c’est la décadence de l’homme. Il n’y a plus d’hommes,

des vrais ! 3. Les femmes sont partout 4. On peut se passer des hommes

G. CONTRASTES 1. ETUDES DE CAS : Condition féminine / condition masculine /

condition des genres dans un pays éloigné culturellement du vôtre. Débattez de : l’accès des femmes à l’éducation ; leur degré de présence dans l’espace public ; leurs valeurs / pratiques quotidiennes / intérêts, etc. ; l’identité masculine : nouvelles valeurs, nouveaux comportements ; l’égalité / l’inégalité des sexes (éducation, travail, mariage) ; les causes de l’inégalité (tradition, religion, coutumes, pratiques culturelles) ; le rapport à l’amour et à la sexualité, etc. Vous pouvez vous inspirer aussi des textes suivants :

1.1. Les allumées suédoises. Le modèle suédois de l’autonomie féminine déboule sur toute l’Europe. Sauf qu’à Stockholm adolescentes et quadras continuent de célébrer la romance et le romantisme.

(...) A la révolution féministe façon Mai-68, la Suède a préféré l’évolution: un processus tranquille mais inexorable amorcé dans les années 40, lorsque la femme devint dans toute la Scandinavie « un élément non négociable » de la démocratie. Cinquante ans plus tard, l’image de la Suédoise solidement établie dans le monde du travail, à qui le Parlement a donné les moyens juridiques et financiers de sa liberté, est l’exemple obligé dans l’Union européenne. Un détail qui dit tout : dans le métro de Stockholm, vous ne verrez jamais une mère de famille soulevant à grand-peine son bébé d’une main et la poussette de l’autre : des rails sont posés sur les escaliers. (…) « Les hommes savent depuis trois générations que les femmes peuvent être flics ou diriger une grosse entreprise », explique Helena Larssen, serveuse dans un restaurant de la capitale. (...) [Ici], personne n’est tenté de déceler dans le célibat prolongé le signe d’une anomalie, moins encore la conséquence d’une disgrâce physique. La vie en solo, c’est naturel. Etre célibataire n’est pas

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dévalorisant. On ne vous juge pas, on ne vous questionne pas. A tel point, paradoxe ultime de l’indépendance absolue, que les garçons osent rarement aborder un groupe de filles. (..) A entendre [ces femmes], l’émancipation féminine ne doit pas beaucoup au volontarisme politique : ce serait un état naturel, inscrit dans « l’âme suédoise » (...).Dans ces contrées où l’on inculque très jeunes aux fillettes les vertus de l’autonomie, où le culte du Viking charmant est quasi déplacé, les femmes ne cessent pourtant de célébrer la romance et le romantisme. Les plus solitaires construisent même autour de cette aspiration une politique du tout ou rien. Pour être aimable, l’homme doit apporter « un plus » : « Il vaut mieux être seule avec soi-même que seule avec quelqu’un », affirme Eva, une autre célibataire. Anne Crignon, « Au royaume des célibataires », Le Nouvel Observateur, semaine du jeudi 18 février 1999. (http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p1789/articles/a37634-.html?xtmc=annecrignon&xtcr=52) 1.2. Catherine Coquery-Vidrovitch, « Les Africaines apprennent à se passer des hommes », L’Express.fr, propos recueillis par Dominique Simonnet, mis à jour le 10/09/2004, publié le 16/10/2003 (http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/les-africaines-apprennent_494974.html)

CC-V : La condition actuelle de la femme africaine n’est toujours pas enviable. La société africaine reste très machiste. Les jeunes hommes qui cherchent du travail se sentent attaqués dans leur virilité par ces femmes qui réussissent. Même si elles ont acquis le droit de vote (…), les femmes africaines restent inférieures à l'homme. Dans les grandes villes, elles assurent surtout des petits métiers « informels »; la prostitution s'est multipliée depuis une vingtaine d'années, avec l'apparition de souteneurs (…) Le caractère très sexuel des rapports empoisonne toujours la vie des femmes.

DS : Un grand nombre de femmes sont encore victimes de mutilations sexuelles.

CC-V : Oui. Un islam mal compris, les croyances populaires, et les matrones qui en ont fait leur gagne-pain, les perpétuent. (…) Mais les choses sont en train de changer depuis que les associations de femmes de village (…) se mobilisent. (…).

DS : Quelles sont les amorces du changement aujourd'hui?

CC-V : Dans les milieux populaires, les femmes veulent désormais décider des naissances et disposer de leurs biens. Le moyen le plus radical, et très répandu, c'est la cellule familiale sans homme.

DS : Sans homme!

CC-V : Oui. L'homme est parfois admis: on vit avec lui si ça marche, on le chasse si cela ne marche pas. En pays musulman, on se débrouille pour se faire répudier, en se rendant insupportable, en ne faisant plus la cuisine. Puis on organise la cellule familiale avec des sœurs, des parentes. Ainsi, dans les villes, les femmes se marient de moins en moins. (…)

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Le modèle de la femme chef de famille se répand de plus en plus, et fait preuve d'une incroyable modernité. L'ordre des choses s'inverse: l'homme est admis parce qu'on a besoin de lui pour faire l'amour, un point c'est tout. 1. 3. « L’île aux Iraniennes », Libération.fr, vendredi 23 février 2007 Une île dans le nord de l'Iran sera réservée exclusivement aux femmes. Les autorités ont indiqué qu'il n'y aura aucun homme sur Arezou, l'une des 102 îles du lac d'Oroumiyeh, proche de la frontière turque. Les transports publics, les hôtels et restaurants n'emploieront que du personnel féminin. Selon un responsable municipal, cette décision permettra de « doper le tourisme dans la région ». 1.4. Natacha Henry, « De si petites mariées », L’Express.fr, mis à jour le 11/01/2007, publié le 07/03/2002 (http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/de-si-petites-mari-eacute-es_478786.html) Dans les campagnes, loin d'Addis-Abeba, 74% des filles sont mariées avant 15 ans. Parfois dès 3 ou 4 ans. Pour celles qui fuient leur époux, c'est, au mieux, un emploi de bonne, au pire, la prostitution. Pourtant, cette pratique archaïque et dangereuse est interdite par la loi. Les ONG tentent d'y mettre un terme Une hutte en torchis à Yekrar Zabzaba, au milieu des hauts plateaux éthiopiens, à 1 000 kilomètres au nord d'Addis-Abeba, dans l'Amhara. Quelques animaux, chevaux et chèvres, raclent un herbage clairsemé. Des voisins en haillons, pieds nus, sont venus partager une injera, le pain traditionnel. C'est le mariage de la petite Tizé Meretu. Elle doit avoir 10 ans à peine. A jeun depuis vingt-quatre heures, elle est entièrement enveloppée - visage compris - dans une grande étole blanche. Elle attend, muette, que le témoin vienne la charger sur son dos pour la remettre à son futur mari, dont elle ne sait rien et qu'elle n'a jamais vu. Il arrive, Getahun Derebe, 22 ans, tout fier dans son beau costume. Entouré de ses amis, il demande rituellement à la famille de Tizé la main de la petite. Le père fait mine de refuser. La négociation s'éternise. (…) Les hommes palabrent toujours. A l'écart, avec les autres femmes, la mère de Tizé assiste en silence à l'élaboration du contrat par les anciens. Oralement, son gendre s'engage à ne pas toucher le corps de Tizé pendant un an et, par écrit, à lui permettre d'aller à l'école. (…) Pour l'instant, tout va bien. Ils dorment désormais dans une hutte à part, ensemble. Comment résister à ses pulsions alors qu'on est allongé à côté d'une fille qui vous appartient légalement? Getahun ne tiendra pas sa promesse. Personne n'en fera un drame - sauf si l'enfant souffre de complications gynécologiques. Alors il sera trop tard. A quelques kilomètres de là, à une heure de marche de Debark - la ville la plus proche - Wubit Dersso, 11 ans, vit depuis deux ans dans sa belle-famille. Dans sa robe de toile bleue, la seule qu’elle possède, elle se tient sage comme une image, tête baissée, les yeux rivés au sol. Elle est mariée à Tegegne Bizu, un personnage respecté, un prêtre chrétien orthodoxe. (…) Wubit sait parler de ses trois copines. Elle sait parler de ses travaux quotidiens. Mais de son mariage, elle ne peut rien dire, comme si tout était effacé. Elle a brusquement quitté les siens pour se plier aux ordres d'une nouvelle famille, et, bien qu'il

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prétende le contraire, aux assauts nocturnes de leur fils. Quand il sort de la hutte, et qu'elle lève enfin son regard, le traumatisme se lit clairement. (…) Les parents de Tizé et de Wubit, comme tous ceux qui précipitent ainsi leurs filles hors de l'enfance, ont pourtant cru bien faire. Il en est ainsi depuis des siècles. Remettre en question l'autorité des générations précédentes reste tabou. Et, encore aujourd'hui, tout concourt au mariage précoce. D'abord, la pauvreté ; [à] cela s'ajoutent la malnutrition, l'analphabétisme et l'insalubrité. 1.5. Claire Chartier, « Les femmes – un statut d’infériorité », L’Express.fr, mis à jour le 12/06/2008, publié le 12/06/2008 (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/religion/les-femmes-un-statut-d-inferiorite_510604.html) Le Coran leur donne des droits, mais l'homme reste le maître du foyer. Ce qui était précurseur au VIIe siècle est devenu archaïque.

(…) Avec le Coran, la femme devient l'égale de l'homme devant Dieu. Elle est membre de la communauté. Sur le plan juridique, elle s'affirme comme un sujet de droit autonome, bien qu'infériorisé. Elle peut hériter, même si elle ne jouit que d'une demi-part. Les juges tiennent compte de son témoignage, mais sa parole vaut la moitié de celle d'un homme. Elle ne peut être mariée contre son gré et le droit l'autorise à divorcer après avoir été répudiée. Enfin, la polygamie masculine - fléau des sociétés tribales d'alors - est limitée à quatre épouses par foyer. Mais, de véritable égalité juridique, point. L'islam naît dans un monde patriarcal, qui tient la femme pour faible et vulnérable. Certains hadith - les actes et les paroles du Prophète - la présentent même comme physiologiquement inférieure. Dans le classement juridique des catégories de l'humanité, elle arrive en fin de liste, après les hommes et les adolescents. Toute épouse vit sous la menace de la répudiation. L'homme est libre de convoler avec une croyante d'une autre confession, alors que la femme doit épouser un musulman. En cas de divorce, l'ex-mari obtient la garde des enfants, ainsi que la jouissance du domicile familial. L'homme protège les siens et subvient intégralement aux besoins de la famille - même si son épouse travaille de son côté. Aussi est-il maître en son foyer et dans son lit, comme le stipule le verset 34 de la sourate IV : « Admonestez [les femmes] dont vous craignez l'infidélité ; reléguez-les dans des chambres à part et frappez-les. Mais ne leur cherchez plus querelle si elles vous obéissent. » L'épouse, n'ayant pas à partager les frais du ménage, ne peut bénéficier des mêmes droits. S'avise-t-elle de commettre l'adultère, c'est la lapidation, pour elle et son amant.

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1.6. Philippe Boulé-Gercourt, « Hello, mummy bobo », Le Nouvel Observateur, semaine du jeudi 21 octobre 1999 (http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p1824/articles/a27037-.html?xtmc=hellomummybobo&xtcr=1) On les croyait beaux, bronzés, musclés, élevés aux corn flakes et aux belles certitudes de l’impérialisme yankee. On les découvre soudain dépressifs, paumés, largués, complexés. Les mâles américains ne vont pas bien. (…) « Les hommes américains, [dit Michael Gurian], sont parmi les plus immatures de la planète. Nous ne sommes pas adultes avant l’âge de 35 ou 40 ans, parce qu’on ne nous apprend pas à l’être ». L’Amérique de l’après-guerre, écrit [la théoricienne féministe] Susan Faludi, s’est construite sur un gigantesque mythe : celle du GI victorieux. « Les Etats-Unis sont sortis de la Seconde Guerre mondiale avec le sentiment d’être une nation masculine, nos boys étant prêts à revêtir le manteau de l’autorité nationale et du leadership international ». Dans les années 60, un Kennedy illustrait encore ce mythe et Norman Mailer pouvait noter en 1968 que « la virilité est le VRP caché de tous les programmes politiques américains ». La guerre du Vietnam, l’après-68 et l’émancipation féminine ont changé tout cela, mais sans réinventer le mythe. « L’idée d’un homme contrôlant son environnement est aujourd’hui l’image de la masculinité qui prévaut en Amérique », constate Faludi. 2. TABLE RONDE : Représentations de la sexualité et des relations entre les sexes dans les médias. Vous pouvez également tenir compte des considérations ci-dessous ( http://www.media-awareness.ca/francais/enjeux/ stereotypes/femmes_filles/sexualite_relations.cfm) La femme, objet sexuel. Les images provocantes de femmes nues ou légèrement vêtues sont particulièrement abondantes dans la publicité. Shari Graydon, une ancienne présidente d’Évaluation-médias, affirme que la publicité sexualise le corps des femmes pour mieux attirer l’attention du public. Les femmes deviennent des objets sexuels à partir du moment où leur corps et leur sexualité sont associés à des marchandises. (…) Beaucoup de chercheurs se demandent si cette sexualisation outrancière du corps féminin dans les médias est vraiment libératrice. (…) En France, notamment, plusieurs grandes marques et produits prestigieux (parfums, vêtements signés, accessoires de luxe) ont lancé des campagnes publicitaires dont l’esthétique s’inspire de la pornographie. Ceci a lancé le porno chic, une mode qui a inquiété de nombreux groupes de femmes. Selon eux, ce type de publicité véhicule le stéréotype de la femme-objet et banalise la violence sexuelle en lui donnant une image glamour.

Le couple : une affaire de femme. Le couple est l’un des sujets de prédilection des magazines féminins qui offrent une panoplie de conseils pour séduire l’homme de sa vie ou d’une nuit, amener son copain à s’engager, ou redonner du piquant à sa vie sexuelle. Dans ces chroniques, souvent inspirées par des livres de psychologie populaire, la vie de couple est présentée de manière irréaliste et figée. La communication et le pardon semblent pouvoir régler n’importe quel problème, cinq étapes suffisent à vous donner la vie sexuelle de vos rêves, les hommes répondent tous de la même façon aux avances des femmes, etc. Le plus grand problème des magazines féminins, selon Laurie Abraham, rédactrice en chef adjointe du magazine Elle américain, « c’est la quantité de mensonges

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qu’ils propagent sur la sexualité ». En plus de ne refléter en rien la réalité, les articles sur la sexualité dans les magazines tendent à renforcer les stéréotypes sexuels. Les lectrices de magazines apprennent indirectement, par le biais de recettes de bonheur, que leur vie amoureuse, sexuelle et familiale est uniquement sous leur responsabilité. Ces publications transmettent une vision très traditionnelle du couple et de la famille, dans laquelle la femme prend soin de son monde et assure l’harmonie du foyer. (…) Jean Kilbourne fait remarquer que le sexe dans les médias est souvent condamné « d’un point de vue puritain » : il y en a trop, il va trop loin, il encourage les jeunes à la promiscuité, etc. Mais, en fait, « les médias banalisent le sexe beaucoup plus qu’ils n’en font la promotion. Ce n’est pas un problème de moralité, mais de superficialité et de cynisme. On nous propose une pseudo-sexualité qui rend d’autant plus difficile la quête de notre authentique sexualité personnelle ».

II. REPERES GRAMMATICAUX. Agencement de la phrase et du discours II. La dislocation de la syntaxe traditionnelle et la mise en relief La dislocation de la syntaxe traditionnelle apparaît comme un moyen emphatique, qui se réalise par le truchement des coupures de phrases ou de l’ellipse de la phrase principale. Il s’agit là d’un morcellement voulu de la syntaxe, dont l’effet est le rapprochement du registre oral, familier, et, implicitement, du lecteur. Dans la phrase, l’ordre normal des mots (voir cours 3) peut également être bouleversé lorsque l’on met en relief certains mots ou groupes de mots afin d’exprimer une émotion vive / une insistance / un effet particulier. Plusieurs cas de figure peuvent intervenir lors de la mise en relief : 1. Transformation de l’ordre le plus fréquent des termes : Un complément circonstanciel ou un adverbe seront placés en tête de la phrase :

Un accident a eu lieu à la sortie de la ville / A la sortie de la ville a eu lieu un accident.

2. Phrase segmentée : Reprise / anticipation du mot mis en relief par un pronom de rappel ou un adverbe placé au voisinage immédiat du verbe :

Maman achète très peu de vetêments / Les vetêments, maman les achète très peu. respectivement J’ai déjà lu ce roman. / Je l’ai déjà lu, ce roman.

3. Emploi des termes de présentation (les présentatifs) ou d’insistance : les tournures c’est, voici, voilà, pour (ce qui est de), quant à ; les formes composées du pronom démonstratif, suivies ou non d’un pronom relatif ; la locution à sens restrictif il n’y a que… qui (pour la mise en relief du sujet). Exercices : 1. Transformez les phrases suivantes, en introduisant les présentatifs c’est … qui, c’est … que, afin de mettre en relief les mots soulignés : Maman et papa nous ont envoyé cette belle carte. Mon frère l’a trouvée dans la boîte postale. Il l’aime le plus. Hier nous sommes partis pour Paris. Nous y arriverons demain matin. Nos amis nous ont invités chez eux. Ils nous feront visiter les musées et les monuments de la capitale. Nous leur offrirons un petit cadeau. Nous serons de retour par avion. L’été prochain nous les inviterons chez nous. Nous leur ferons visiter notre belle région.

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2. Selon le modèle suivant, transformez en phrases segmentées les phrases suivantes : J’ai toujours aimé faire de longues promenades / Faire de longues promenades, je l’ai toujours aimé. La femme devant eux était leur collègue. Il aimait profondément ce village. Ils détestent travailler à temps-plein. Deux ou trois jours suffiraient à ce que vous finissiez ce travail. Je ne me suis jamais aventuré sur ce sentier. L’enfant a demandé à sa sœur ce jouet. Nous avions vu cet homme peu d’heures auparavant. Vous serez partis dans deux semaines. On dit à l’école que cet enfant a bien des chances de réussir à condition de quitter ce bled perdu au milieu de nulle part. 3. Transformez les phrases suivantes, en utilisant comme procédé de mise en relief l’inclusion du verbe entre ce (celui, celle) qui … c’est ou ce (celui, celle) que… c’est : Sa repartie m’a prise au dépourvu. J’aime regarder ce paysage troublant. Mon amie m’écrit le plus souvent. Elle m’a envoyé un bel album d’art. Je voudrais revoir mon grand-père. Il a de belles histoires à me raconter. Nos séparations lui causent toujours beaucoup de chagrin. Le temps qui passe lui fait mal. 4. En ayant recours aux procédés de la mise en relief, rédigez le texte d’une publicité (intérêt touristique, culturel, historique, commercial, etc.) pour la ville où vous habitez / aimeriez habiter. III. DISCOURS MEDIATIQUES. L’écriture journalistique Lisez le texte : « Quantité et qualité de l’information d’aujourd’hui » De nos jours, la hausse du nombre des titres et des chaînes n’est pas accompagnée par la qualité du contenu. Pourtant, le caractère éphémère de l’écriture journalistique n’enlève en rien son pouvoir informatif. Au contraire, roman quotidien de la société, la presse devrait rester, pour les générations suivantes, le miroir fidèle d’une humanité et d’une époque, surprises au quotidien : ses doutes, ses angoisses, le dynamisme social, politique, ses pratiques culturelles, sa langue, ses préoccupations, ses personnalités. Dédaignée aujourd’hui, elle sera le réservoir informationnel de demain. Servan-Schreiber surprend le désintérêt croissant des gens pour les canaux d’information, devenus une marchandise dérisoire : « Alors que pendant des siècles l’homme informé a fait figure de privilégié, l’information n’est plus, pour le citoyen des pays développés qu’un produit de consommation qu’il n’hésite pas à gaspiller. (…) Les revues s’empilent sur les tables des abonnés qui n’ont pas le loisir de les parcourir. Les radios et les télévisions demeurent fermées, la plupart du temps, pendant que le torrent de nouvelles qu’elles débitent n’est capté que par des minorités successives d’auditeurs. Plus qu’un produit, l’information est aujourd’hui considérée, au même titre que l’eau et l’électricité, comme une ressource en permanence disponible et à laquelle on n’a accès qu’en fonction des besoins de moment ou des habitudes. (…) Devenue financièrement un sous-produit de la publicité, l’information (…) est la denrée moderne la plus

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démocratique puisque c’est la même que s’offre un ministre ou un employé de banque. Mais de tous les progrès, le plus essentiel et le plus inachevé réside dans la qualité ». Jean-Jacques Servan-Schreiber, aussi appelé par ses initiales JJSS, né Jean-Jacques Schreiber le 13 février 1924 à Paris, mort le 7 novembre 2006 à Fécamp (Seine-Maritime), était un journaliste, essayiste et homme politique français. JJSS crée en 1953 le journal L'Express avec la journaliste Françoise Giroud. À seulement 30 ans, Jean-Jacques Servan-Schreiber est le directeur de son propre journal, où écriront Albert Camus, Jean-Paul Sartre, André Malraux et François Mauriac. 1. Quelles sont les caractéristiques actuelles de l’information, selon Servan-Schreiber? Partagez-vous son opinion ? 2. Relevez différents types de comportements d’accès à l’information.

3. Commentez l’affirmation : « l’information est aujourd’hui considérée, au même titre que l’eau et l’électricité, comme une ressource en permanence disponible et à laquelle on n’a accès qu’en fonction des besoins de moment ou des habitudes ».

Stratégies d’écriture : Le plan journalistique Une journaliste exemplaire, Françoise Giroud1 « Mettez les plus belles fraises sur le dessus du panier » Le travail du journaliste c’est de montrer les faits, de les comprendre, pour les expliquer, les faire comprendre. Il ne s’agit pas de faire de la littérature, il s’agit d’exprimer en phrases courtes et nettes ce qui est. Un article est alors dicté par quelques principes simples et impérieux : toute l’information doit être dans les trois premières phrases, en quelques lignes le lecteur doit avoir compris. Au quotidien, Françoise Giroud a été une formidable patronne de presse : relisant sans arrêt, et faisant réécrire, tous les articles de ses journalistes, n’hésitant pas à reprendre elle-même les papiers qui ne donnaient pas entière satisfaction, aidant chacun à clarifier sa pensée en même temps que son style. Elle était l’exigence incarnée, incontestable parce que s’appliquant à répondre elle-même à la discipline qu’elle demandait aux autres de tenir. Avec un sourire impérieux, elle traçait la ligne, elle était suivie. Face à cette exigence et au cap fixé, le doute n’était pas de mise. Impitoyable pour les paresses, les imprécisions, les facilités, les mensonges, les complaisances … les « amateurs ». Le journalisme est un métier qui ne se satisfait ni d’approximation ni d’invention, ni de délation, ni de rhétorique. Fiche pratique : les secrets du bon journaliste

1 De son vrai nom France Gourdji, Françoise Giroud a servi aussi bien la plume que la société : écrivain, essayiste, chroniqueuse, ancien secrétaire d’Etat à la condition féminine, puis secrétaire d’Etat à la culture. En 1953, Françoise Giroud crée avec Jean-Jacques Servan-Scheiber L’Express, dont elle est la directrice de rédaction. Dans son hommage, au moment de sa disparition, Jacques Attali a écrit « que la force la plus grande de sa vie, c’était l’amour avec lequel elle faisait les choses » (L’Express, 23 janvier 2003).

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Vous y trouverez quelques principes essentiels pour la rédaction de votre article : • Pour le public et le journaliste, « l’ordre logique n’existe pas », il n’y a

qu’un ordre d’intérêt : - le plus important de l’article doit figurer dans le titre et le chapeau ; - dans chaque paragraphe, l’idée principale doit être mise en tête ; - dans chaque phrase, les mots importants doivent venir d’abord. • Le suspense d’un article, contrairement à celui d’un roman policier, c’est

celui des motifs et non des conclusions. Lorsqu’il affirme sa conclusion d’emblée, le journaliste suscite l’intérêt, l’intrigue, choque le lecteur. On a affaire à un lecteur pressé.

• Les avantages de cette méthode de rédaction : elle incite à être bref et permet de réduire le texte à volonté.

La pyramide inversée : Retrouvez ci-dessous les recommandations d’écriture journalistique, exprimées synthétiquement par la pyramide des questions. Elles vous aideront à être concis et à rendre intéressant le contenu de votre article.

___________________ COMMENT

POURQUOI QUOI QUI QUAND OÙ Activités :

a) Présentez en français une information lue dans un journal roumain. Respectez les recommandations pour la présenter sous forme synthétique.

b) Développez une nouvelle récente de l’actualité dans un article personnel. c) Réduisez un texte de presse / en une dépêche / un filet / un entrefilet. d) Un collègue étranger veut prendre le pouls de l’actualité roumaine /

francophone d’un pays de votre choix. Rédigez en français un compte-rendu succinct des événements de la semaine.

DIRE AUTREMENT claquer : dépenser fringues : vêtements arpenter : marcher délurée : débrouillarde, effrontée fleur bleue : sentimentale, romanesque points noirs : obstacles se raréfier : diminuer mâtiné : mêlé à quelque chose se pomponner : apprêter sa toilette avec coquetterie regard de braise : regard brillant

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khôl : fard noir sarong : pagne asiatique porté par hommes et femmes fuchsia : rouge violacé coup de grisou (fig.) : explosion flou : ambiguïté embaucher : recruter branché (fam.) : au courant de tout ce qui est dans le vent ; à la mode concocter (plais.) : élaborer, préparer brouiller : altérer, troubler, embrouiller des tombereaux (fig.) : grande quantité une nana : gonzesse, nénette, pépée, jeune fille, jeune femme grisant : enivrant, excitant caser (fam.) : placer, loger

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Dossier 6

Les aléas du multiculturalisme. Les accommodements (dé)raisonnables. Le tollé médiatique

I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE Lisez les textes suivants : 1. Il a fallu que ça vienne de Hérouxville. Enfin des élus qui ont le courage de se tenir debout face aux hordes de talibans qui débarquent sur nos rivages avec leurs grosses valises pleines de traditions obscurantistes. (...) Hey, ça va faire, les talibans, OK, là! Bon. Allez faire ça ailleurs si vous voulez, mais à Hérouxville, ils ont adopté des Normes de vie. Pas de lapidations sur la place publique. Ni dans la cour. Il était temps. Parce qu’avant la semaine dernière, il faut bien le dire, tu arrivais à Hérouxville, et tu ne savais pas trop. On aurait dit qu’on y jouait un peu sur tous les tableaux. (...) Il y avait depuis toujours un je-ne-sais-quoi de pas net. Des gens te regardaient drôlement quand tu mangeais ton sandwich au jambon. Si tu prenais un verre. Tu conduisais ta moissonneuse-batteuse le jour du sabbat, et tu filais mal. Oh, n’exagérons rien, on n’arrêtait personne pour ça. Mais il y avait ce malaise. Un non-dit. Eh ben voilà, grâce au conseiller municipal André Drouin, tout ça, c’est terminé. Il y a maintenant des « normes de vie » claires et précises. Fini les passe-droits pour les fous de Dieu! (...) L’autre chose qu’il y a de vraiment bien dans ces normes de vie, c’est qu’on dit maintenant à tous les sikhs qu’ils n’ont pas le droit d'apporter un couteau, même symbolique, à l’école. Quoi, il n’y a pas de sikh à Hérouxville? Et alors? Vous croyez que c’est une norme discriminatoire? Le règlement s’applique à tous, et en ce sens il est exemplaire d'universalité. (...) Faudra-t-il des parkings à soucoupes volantes pour accommoder les raéliens, hein? (...) Est-ce qu’on va enfin laisser les gens de Hérouxville vivre leur vie tranquille? Que dites-vous? Sur les 1300 habitants, il n’y a pas le moindre immigrant au village? Jamais personne ne les a embêtés avec la moindre demande d’accommodement? Et tout ceci est la preuve de la plus grande confusion intellectuelle, mêlée de panique identitaire, qui entoure le sujet? Sans compter que c’est totalement inutile et illégal? Tant que vous voulez, mais que les talibans se le tiennent pour dit. Le conseiller Drouin les attend avec ses (é)normes. Yves Boisvert, « Que les Talibans se le tiennent pour dit », La Presse, du 29 janvier 2007 (http://www.vigile.net/vigile4063.html) 2. [Les normes de vie d’Hérouxville] intervien[nen]t en plein débat sur les « accommodements raisonnables ». En vertu de la Charte des droits et libertés, tout Québécois présentant des besoins particuliers se voit juridiquement assuré qu’il pourra être satisfait. Les personnes handicapées sont les premières à bénéficier de cette loi. Les

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communautés immigrées en profitent aussi. Les jeunes sikhs ont ainsi obtenu le droit de porter leur kirpan (un couteau, symbole religieux) à l'école, et les musulmanes qui refusent d'être auscultées par des médecins de sexe masculin dans les hôpitaux sont dirigées vers leurs consœurs. Une tolérance que certains jugent excessive. Notamment à Hérouxville, qui ne compte qu’une poignée d’immigrés. Emmanuelle Langlois, « La croisade xénophobe d’un village québécois », Libération, du vendredi 16 février 2007 (http://www.vigile.net/La-croisade-xenophobe-d-un-village) 3. Ridicule, surréaliste, grotesque! Le règlement adopté par les conseillers municipaux de Hérouxville a fait dresser les cheveux sur la tête à de nombreux spécialistes du droit et de l’accommodement raisonnable. Surréaliste, grotesque, ubuesque Mme Azdouz [la vice-doyenne de la faculté d’éducation permanente de l’Université de Montréal] croit que le cas de Hérouxville illustre l’immense clivage qui sépare Montréal des régions du Québec. « On vante souvent le multiculturalisme québécois, mais ce phénomène n’existe qu’à Montréal. En région, le degré d’ignorance envers les immigrants est beaucoup plus grand, car il n’y en a pas ! » explique-t-elle. Ariane Lacoursière, « La démarche des élus de Hérouxville inquiète », La Presse, du dimanche 28 janvier 2007 (Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, Le Soleil) (http://www.vigile.net/Ridicule-surrealiste-grotesque)

4. C’est ici que tout a commencé, au fin fond du Québec immuable et tranquille. Hérouxville : 1 338 habitants, un village perdu au milieu des collines et des forêts de la Mauricie, à 200 kilomètres au nord-est de Montréal. L’église est surmontée du traditionnel clocher en zinc, les fermes portent en grosses lettres le nom du propriétaire, il y a des drapeaux à fleurs de lis devant les maisons en bois. Et, bien sûr, l'inévitable « dépanneur » (l'épicerie version québécoise) dans la grand-rue. L'hiver il fait -30 °C, l'automne on chasse le chevreuil et l'orignal. Un rythme à peine troublé par le passage biquotidien du train de marchandises.

Et puis voilà que, le 25 janvier, le conseil municipal adopte un document qui fait l’effet d’une bombe. Il s’agit d’un « code de vie » destiné aux immigrés qui auraient l’idée saugrenue de venir s'établir dans ce bled perdu au milieu de nulle part. (…)

Publié le surlendemain dans le plus grand quotidien québécois, La Presse, ce manifeste fait sensation. Toute la planète médiatique débarque à Hérouxville pour essayer de comprendre quelle mouche a piqué ses citoyens. (…) Dans ce pays du « vivre et laisser-vivre », l'affaire d'Hérouxville révélait brutalement des non-dits inquiétants. (…) Rachida Azdouz (…) résume : « Le Québec découvre que l'immigration n'est pas seulement un apport mais qu'elle peut être aussi une source de conflits. Ici, cette question a longtemps été complètement déconnectée du réel... » (…) D’où un furieux débat sur ce qu’on appelle ici les « accommodements raisonnables » . En droit canadien, cette notion qui existe depuis 1985 implique qu'un employeur ou une institution a une obligation d'accommodement vis-à-vis d'un individu qui invoque une discrimination fondée sur la race, l'origine nationale, la couleur, la religion, le sexe, l'âge ou les déficiences mentales

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ou physiques. Le premier cas, célèbre, fut celui d'une employée des grands magasins Sears, adepte de l'Eglise universelle de Dieu, dont les préceptes interdisent de travailler le samedi. Elle obtint gain de cause devant les tribunaux. (…) Faut-il croire alors que le Québec a dépassé la cote d'alerte en matière d'immigration ? Contrairement au multiculturalisme canadien, qui met toutes les cultures sur le même plan au sein d'une mosaïque ethnique, le credo officiel du Québec reste celui de l’« interculturel » : entendez une société ouverte aux apports et aux échanges, mais organisée autour d’une culture centrale francophone. Tout ce qui pouvait montrer les limites de cette politique, ou accréditer l’idée d’un Québec rigide et fermé face au reste du Canada multiculturel et ouvert, a été proscrit du discours officiel. Si l’on ajoute à cela le poids d'une tradition québécoise du consensus, qui met le couvercle sur tout ce qui fâche et qui frise parfois l’angélisme, on comprend mieux le syndrome d’Hérouxville. (…) C’est que le grand déballage sur l’immigration révèle aussi la fragilité identitaire du Québec. Après la défaite aux trois référendums successifs sur la souveraineté, et le recul du Parti québécois (indépendantiste) aux dernières élections, on avait pu croire cette page-là tournée. Mais justement : privé de la souveraineté comme ciment identitaire, le Québec découvre soudain sa vulnérabilité devant l'immigration et retrouve des réflexes de citadelle assiégée. Assiégée de l’extérieur par le reste du Canada dont le multiculturalisme n’est, à ses yeux, qu’une façon de noyer le fait québécois. Assiégée de l’intérieur, ensuite, par ses propres immigrés soupçonnés de vouloir faire bande à part. (…) Hérouxville, au fond, n’aura été que le miroir grossissant du Québec. Face à l’immigration, ce miroir lui a renvoyé l’image de craintes légitimes, mais aussi de ses peurs et de ses vieilles blessures. Celles des peuples dont le combat pour l’identité, et sa reconnaissance, n’est jamais vraiment fini. Dominique Audibert, « Immigration – Québec: la bataille de l’identité », Le Point.fr, du 19 juillet 2007 (http://www.lepoint.fr/actualites-monde/quebec-la-bataille-de-l-identite/924/0/193037)

NB : Vous trouverez en annexe le texte intégral des Normes de vie.

A. LE TEXTE ET VOUS 1. Cette partie du dossier porte sur un événement qui, au Québec, a défrayé la

chronique médiatique locale et non seulement. Avant de lire les textes, choisissez parmi les titres suivants celui qui vous attire : a) Yves Boisvert, « Que les Talibans se le tiennent pour dit », La Presse, du 29

janvier 2007 b) Emmanuelle Langlois, « La croisade xénophobe d’un village québécois »,

Libération, du vendredi 16 février 2007 c) Ariane Lacoursière, « La démarche des élus de Hérouxville inquiète », La

Presse, du dimanche 28 janvier 2007 d) Dominique Audibert, « Immigration – Québec : la bataille de l’identité », Le

Point.fr, du 19 juillet 2007 e) « Normes de vie à Hérouxville », La Presse, du 27 janvier 2007

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2. Lisez le premier texte et faites des hypothèses sur l’événement qui a déclenché ces réactions. Expliquez la relation qui existe entre ce premier texte et le titre du dossier. Quelles sont les questions que vous vous posez sur cet événement ?

3. Lequel des quatre titres résume / illustre le mieux le texte respectif / l’événement auquel il est fait référence ? Pourquoi ?

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. Indiquez les mots / les valeurs que vous associez aux concepts de

« multiculturalisme » et d’« accommodements raisonnables ». 2. Indiquez les images / les mots que vous associez avec le Québec. Par quels

moyens ces informations vous sont-elles parvenues ? 3. Le sujet des « normes de vie » d’Hérouxville attire-t-il votre intérêt ? Pourquoi ? 4. Estimez-vous que le tollé médiatique qu’il a soulevé est :

1. exagéré 2. justifié 3. légitime

5. Ce tollé concerne : 1. uniquement les Québécois 2. les Québécois et les Canadiens 3. le monde entier 4. exclusivement les sociétés multiculturelles 5. prioritairement les sociétés multiculturelles

Justifiez. 6. Selon vous, il a été provoqué principalement par :

1. les normes proprement dites 2. l’absurde de la situation, avec le clivage entre l’existence de normes de vie

et l’inexistence d’immigrants à Hérouxville 3. l’insignifiance du village 4. la réaction des habitants d’Hérouxville / des Québécois 5. le goût pour le sensationnel des médias

Justifiez. 7. Résumez les « normes de vie ». Selon vous, ces normes étaient-elles nécessaires ?

C. L’AUTEUR, LE TEXTE ET VOUS 1. Après lecture individuelle d’un article, précisez le but que s’est donné son auteur

et résumez l’essentiel dans un sous-titre. 2. Précisez pour chaque texte quels sont l’intention et le ton du journaliste ? Que

savez-vous sur les documents de presse cités et les publics visés ? 3. Y a-t-il, selon vous, une différence de ton / d’approche entre les deux auteurs

québécois et les deux auteurs français ? 4. Les auteurs des quatre articles font usage de termes différents pour décrire /

qualifier les événements d’Hérouxville. Toutefois, ces termes circonscrivent un champ sémantique assez cohérent ; identifiez-le et commentez-le.

5. Distinguez la part d’information et celle d’interprétation dans les articles présentés.

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6. Dans l’article d’Yves Boivert, comment expliquez-vous les différences de ton et de registre de langue ? Trouvez des exemples de discours direct et les référents des pronoms ; autrement dit, qui sont les personnes interpellées ?

7. Distinguez : Prenez comme point de départ le même article et reconstituez le récit. Puisez ensuite dans l’ensemble des textes et synthétisez :

a) Le cadre spatio-temporel dans lequel se passe l’événement b) Le contexte de l’événement c) Les faits proprement dits, par ordre chronologique d) les protagonistes (noms, syntagmes, pronoms qui les désignent). Comment

les auteurs les présentent-ils ? e) les thèmes du débat f) Les réactions / les rebondissements g) Les commentaires / pour la petite histoire

8. Comment le Québec, par la plume de Dominique Audibert, est-il perçu par les Français ?

9. En quoi cette perception perpétue-t-elle une image reçue, stéréotypée ? Pensez également à cette phrase, tirée d’un roman-culte de la littérature québécoise : « Au pays de Québec rien ne doit mourir et rien ne doit changer... » (Louis Hémon, Maria Chapdelaine)

10. Imaginez la réponse que le conseiller André Drouin aurait pu adresser à l’article d’Yves Boisvert.

11. Informez-vous sur / imaginez les réactions des habitants d’Hérouxville : a) aux normes de vie b) au tollé médiatique qu’elles ont soulevé.

12. Imaginez qu’Yves Boisvert revient à Hérouxville une année et demie après les événements de janvier 2007 ; l’article qu’il écrirait à cette occasion.

13. Reformulez les phrases : a) Des élus qui ont le courage de se tenir debout... b) On aurait dit qu'on y jouait un peu sur tous les tableaux. c) Fini les passe-droits pour les fous de Dieu. d) Mais que les talibans se le tiennent pour dit. e) Comprendre quelle mouche a piqué ses citoyens. f) Toute la planète médiatique débarque à Hérouxville

D. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. Que stipule la Charte canadienne des droits et libertés ? 2. Que savez-vous des sikhs ? Brève présentation (15-20 lignes). 3. Qu’est-ce que le kirpan ? 4. Eu égard à la politique envers les immigrants, en quoi le Québec se distingue-t-il

du modèle canadien ? 5. Quels sont les deux éléments qui, selon Audibert, « assiègent » tant politiquement

que socialement le Québec ? 6. Quelle différence y a-t-il entre acculturation et interculturalisme / entre

multiculturalisme, interculturalisme et fédéralisme ?

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COMMENTER, C’EST COMPARER DES CULTURES 1. Imaginez une journée de la vie d’un immigrant qui aurait choisi de s’installer à

Hérouxville (25-30 lignes). Comment le respect des « normes » locales changerait-il ses pratiques culturelles et comportements ?

2. ETUDE DE CAS : Pensez-vous que les événements d’Hérouxville soient symptomatiques du Canada entier ? En quoi les textes ci-dessus infirment-ils / confirment-ils les idées reçues que vous aviez du Canada, en tant que modèle de réussite du multiculturalisme ?

3. ETUDE DE CAS : Pensez-vous que, de nos jours, il existe encore des communautés / des pays ethniquement purs ? Quelles motivations / pratiques culturelles les sous-tendraient ?

4. Pensez-vous que, dans un pays autre que le leur, le port du kirpan par un jeune sikh ou le refus des femmes musulmanes de se faire consulter par des médecins-hommes soient :

a) légitimes b) exagérés c) incompréhensibles d) une aberration

Argumentez votre réponse. 5. Dans le pays d’adoption, les immigrants doivent-ils :

a) perpétuer tels quels leurs comportements / valeurs / pratiques culturelles / mode de vie ?

b) les adapter aux valeurs / pratiques / modes de vie du pays respectif ? 6. ETUDE DE CAS : Montréal, ville métisse. Identité d’emprunt / identité

nationale chez les communautés d’immigrants. 7. ETUDE DE CAS : Le destin historique du Québec est un combat permanent

pour son identité.

E. DEBATTRE Prenez position et réagissez aux affirmations / questionnements suivants : « Une institution a une obligation d’accommodement vis-à-vis d’un individu qui invoque une discrimination fondée sur la race, l’origine nationale, la couleur, la religion, le sexe, l’âge ou les déficiences mentales ou physiques ». « L’immigration n’est pas seulement un apport mais elle peut être aussi une source de conflits ». Les immigrants vivent dans un entre-deux, encore suspendus à leur culture d’origine et jamais vraiment intégrés à la culture d’adoption. La présence de normes écrites est-elle nécessaire dans une société ? Dans quelles circonstances ?

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G. CONTRASTES 1. PORTRAIT D’IMMIGRANTS. Essayez de dressez le portrait robot de l’immigrant de nos jours : catégorie sociale, valeurs, motivations, destinations de prédilection, rapports avec la culture d’origine / avec la culture d’adoption, etc. Vous pouvez vous servir aussi du texte suivant, qui, comme vous allez le voir, présente un parcours exceptionnel :

Immigrants maghrébins. Son Excellence Michaëlle Jean La gouverneur générale du Canada, représentante de la reine Elisabeth II et descendante d'esclaves, Haïtienne d'origine et francophone, est une icône pour le multiculturalisme canadien.

Elle est belle, chaleureuse et spontanée, autant dire pas exactement le style Buckingham Palace. Si on ajoute qu’elle est noire, d’origine haïtienne, qu’elle a grandi au Québec, où elle était une star de la télé, et qu’elle a épousé un Français pour aggraver son cas, on comprendra que Michaëlle Jean, 27e gouverneur générale du Canada, représentante de la « Queen » et chef de l’Etat en titre, n’était pas prédestinée à sa charge. (…)

Michaëlle Jean n’est pourtant pas née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Dans son discours d’investiture, en septembre 2005, elle rappelait sa naissance à Haïti, ce pays « barbelé de pied en cap », et l’apprentissage magnifique de la liberté que fut pour elle le Canada. Ses armoiries personnelles sont surmontées d’un coquillage et d’une chaîne brisée qui symbolisent le soulèvement des esclaves. Petite fille quand ses parents sont arrivés au Québec en 1968, comme réfugiés politiques fuyant le régime des Duvalier, elle a grandi dans l’est du Québec, à Thetford Mines, le pays des mines d’amiante. Descendante d’esclaves, le Canada reste pour elle « le pays de tous les possibles ». On la sent affranchie de toute entrave, fière d’avoir été choisie pour incarner la plus ancienne fonction officielle du pays, mais fidèle à ses racines. En visite au Ghana, devant la « porte du non-retour » d’où partaient les esclaves au château d’Elmina, elle n’a pu retenir ses larmes. Intelligente, mais émotive et sensible, elle a appris à se blinder. (…) Dominique Audibert, « Immigration – Québec : la bataille de l’identité », Le Point.fr, du 19 juillet 2007 (http://www.lepoint.fr/actualites-monde/quebec-la-bataille-de-l-identite/924/0/193037)

2. ETUDE DE CAS : Multiculturalisme et conflits interculturels. Préparez une étude de cas sur un environnement multiculturel et analysez les sources de conflits, les solutions, les compromis dans la société / la communauté donnée. Servez-vous aussi des textes suivants :

2.1. Olivier Bailly et Michaël Sephipha, « Cloisonnement identitaire entre Flamands et Wallons », Le Monde diplomatique, juin 2005 (http://www.monde-diplomatique.fr/2005/06/BAILLY/12521) La Belgique célèbre dans une ambiance délétère ses 175 ans d’existence et ses 25 ans de fédéralisme. La position autonomiste des partis flamands et les querelles communautaires nourrissent ceux qui pensent que « l’Etat Belgique » ne fêtera pas

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son 200e anniversaire. Flandre et Wallonie s’engageraient-elles chaque jour un peu plus dans des chemins séparés, voire opposés ? (…)

Bien connue pour ses surréalistes, la Belgique pratique ce courant artistique au quotidien. Un des axes routiers principaux du pays, l’autoroute E40, flirte avec la frontière linguistique qui sépare la Flandre et la Wallonie. Puisqu’elle est massivement empruntée par les deux communautés, le bilinguisme devrait y être de mise. Ce n’est pas le cas. Les affiches de campagne de sécurité routière sont tantôt en néerlandais, tantôt en français, selon la région où elles sont implantées. Le long de l’E40, la ville flamande « Tienen » devient « Tirlemont » en région wallonne et la ville wallonne « Waremme » sera indiquée sous le nom de « Borgworm » en région flamande. Déconcerté par ces noms changeant tous les 15 kilomètres, l’automobiliste non averti quittant l’autoroute pour trouver un réconfort sur les routes régionales devra savoir de quel côté il se trouve. Si le 70 km/h est de mise sur les routes régionales flamandes, les Wallons accordent un supplément de 20 km/h pour le même type de voie. Etrange ? L’histoire de la Belgique et son train fédéraliste empruntent aussi une voie rapide...

2.2. Christian Rioux, « L’échec du multiculturalisme néerlandais », Le Devoir, samedi 28 juin 2008

La Haye (…) Cette banlieue multiethnique de l’ouest d’Amsterdam est tristement connue à travers le monde pour avoir vu grandir le jeune d’origine marocaine qui a poignardé sauvagement le cinéaste Theo van Gogh le 2 novembre 2004 pour un simple film qui dénonçait l’islam.

Quatre ans plus tard, la rue principale de ce quartier de 45 000 habitants, que les Néerlandais classent parmi les « quartiers noirs », est toujours aussi cosmopolite. On y vient de toute la Hollande pour acheter des produits du Pakistan et du Maroc. (…) [Un] dispositif sécuritaire [a été mis en œuvre afin de] prévenir la radicalisation des minorités ethniques et les émeutes comme celles qui ont éclaté en octobre 2007 lorsqu’un déséquilibré a été abattu après avoir tenté de poignarder deux policiers. En avril, les autorités ont aussi craint le pire lorsque le député de droite Geert Wilders, dont le Parti de la liberté a fait élire neuf députés, a diffusé sur Internet un court métrage assimilant le Coran à Mein Kampf.

(…) Il n’y a pas si longtemps, on venait pourtant du monde entier pour admirer les Pays-Bas multiethniques. Le pays est toujours officiellement un paradis du communautarisme où fleurissent les associations, les écoles, les universités, et même bientôt un hôpital islamiques. Mais, après les assassinats de Theo van Gogh et de Pim Fortuyn, le leader de droite abattu par un militant animaliste, quelque chose s’est cassé dans le modèle néerlandais. « Contrairement à la France ou au Québec, longtemps nous n’avons pas eu une idée claire de ce que signifiait devenir Néerlandais, dit Wendy Asbeek Brusse, conseillère au ministère du Logement, des Communautés et de l’Intégration. Aujourd’hui, il faut écouter nos concitoyens qui s’inquiètent des ratés de l’intégration. Nous ne pouvons pas nous contenter de les traiter de racistes. » Et pour cause. En 2006,

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65 % des Néerlandais jugeaient que la plupart des musulmans ne cherchaient pas à s’intégrer et la moitié estimaient leur mode de vie incompatible avec celui des Pays-Bas.

(…) [A]ujourd’hui qu’il est inacceptable qu’un immigrant ne respecte pas la loi et qu’il ne parle pas néerlandais. Le seul slogan qui rallie tout le monde aujourd’hui, c’est : « Les nouveaux venus doivent parler notre langue ». (…) Depuis 2007, un immigrant ne peut plus faire venir sa famille si celle-ci ne possède pas un minimum de connaissance de la langue et des coutumes du pays. (…) Une mesure dont l’application pose évidemment problème. Sans compter que de nombreux immigrants se demandent pourquoi, si les Néerlandais tiennent tant à leur langue, ils passent spontanément à l’anglais dès qu’ils parlent à un étranger ».

Christian Rioux, « L’échec du multiculturalisme néerlandais », Le Devoir, samedi 28 juin 2008 (http://www.ledevoir.com/2008/06/28/195677.html)

DOCUMENTS VIDEO Le mur de la honte (Inde, document video et audio) Réfugiés de Darfour http://www.fidh.org/

II. REPERES GRAMMATICAUX. Les modes non personnels

Modes Définition Valeurs Temps Infinitif Forme nominale du

verbe. Permet de nommer l’action, comme le ferait le nom.

Verbale : Ne pas fumer.

Nominale : Aux dires de quelqu’un.

Présent (ex. : aimer ; se lever) Passé (ex. avoir aimé ; s’être levé)

Participe Forme adjectivale du verbe. Peut compléter un nom, comme le ferait un adjectif ou une proposition relative.

Remarque : les sujets des verbes sont différents

Adjectivale : Une jeune fille charmante

Verbale : La jeune fille le charmant, il tomba amoureux.

Présent (ex. : aimant ; se levant) Passé (ex. : aimé ; s’étant levé) Participe passé composé (ex. : ayant aimé ; s’étant levé)

Gérondif Forme adverbiale du

verbe. Complète un verbe, comme le ferait un adverbe ou un complèment circonstanciel.

Valeurs circonstancielles :

De temps : Nous les avons aperçus en

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Forme : en + participe présent du verbe.

Remarque : les sujets des verbes sont les mêmes

rentrant.

De mode : C’est en lisant qu’on se fait une idée de la vie.

De supposition : En vous vengeant, vous le fâcherez.

De cause : En tombant malade, il rata ses vacances.

Exercices

1. Transformez les phrases suivantes, en employant dans la subordonnée l’infinitif passé ou le participe passé composé :

Les enfants nous ont dit qu’ils avaient reçu de bonnes notes en mathématiques. Vu que ne l’avions pas trop aimé, nous ne l’invitâmes pas pour notre fête. Je pense que j’ai trop travaillé aujourd’hui. Elle espérait qu’elle ne s’était pas trompée de chemin. Quand il est rentré à la maison, il découvrit qu’il avait oublié son parapluie au travail. Comme l’hiver était déjà arrivé, les bûcherons durent quitter la forêt. Nous déclarâmes que nous n’avions jamais vu ce monsieur. On l’accusait de ce qu’il avait volé de l’argent. Etant donné que le commissaire n’avait pas voulu accepter ses explications, il prit la fuite. Nous regrettons que nous ne puissions pas aider les autorités. Les policiers nous ont tout de même remerciés de ce que nous avons fait preuve d’amabilité.

2. Remplacez les infinitifs par les participes présents ou les adjectifs correspondants, selon le cas :

Dans les rues voisines, il y a plein de chats errer. Ils sont assez tristes, errer à longueur de journée d’une maison à l’autre, d’une poubelle à l’autre. Nos avis sur ce problème diverger, nous n’avons pu tiré aucune conclusion. Les principes diverger à la base de ce mécanisme sont assez obsolètes. Le travail le fatiguer beaucoup, il n’a pas pu arriver à temps. Pour s’y rendre, il fallait emprunter un chemin fatiguer. Cette femme provoquer fait fureur. La crue des eaux provoquer le bris du pont, la circulation a été interrompue.

3. Transformez les phrases suivantes, en remplaçant les propositions en italiques par des gérondifs. Indiquez la valeur circonstancielle des gérondifs :

Pendant qu’elle marchait tranquillement dans le sentier, elle chantonnait. Si vous partez maintenant, vous vous couvrez du mépris des autres. Quand je rentrais à la maison, je voyais toujours les réverbères s’allumer dans la rue. L’enfant descendait quatre à quatre les marches de l’escalier et soufflait bruyamment. Si vous prenez l’avion,

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vous arriverez à temps au mariage de votre sœur. Si elle parlait de lui, ses yeux s’embuaient de larmes. Elle me regardait et souriait.

III. DISCOURS MEDIATIQUES. « La bourde québécoise de Paris Match »

(source : http://tf1.lci.fr/infos/economie/medias/0,,3896468,00-bourde-quebecoise-paris-match-.html) Le tollé médiatique : Québec 400 ans Dans son dossier spécial sur le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, Paris-Match célèbre la naissance de la province et non de la ville. Cette méprise magistrale a soulevé un tollé médiatique dans la presse canadienne, française et internationale, dont nous avons extrait ci-dessous quelques fragments. a) LIBERATION.FR : lundi 30 juin 2008 C’est une méprise qui la fiche mal. L’hebdomadaire Paris-Match s’est attiré des quolibets de la presse canadienne pour avoir confondu la fondation de la ville de Québec avec celle de la province éponyme dans son dossier spécial sur le 400e anniversaire de la ville. « Paris-Match honore Québec... sans en parler », note le quotidien francophone Le Devoir après la publication de la dernière livraison du magazine, soulignant que la ville de Québec est quasiment absente de ce numéro qui fait la part belle à sa grande rivale, Montréal. La Presse parle de « gaffe monumentale » et Radio-Canada de « bourde » en s’amusant que Paris-Match ait confondu la ville et la province. Le quotidien anglophone The National Post relève lui aussi la méprise, soulignant que l’hebdo est entièrement consacrée à Montréal, ses artistes et ses restaurants, un camouflet pour Québec dont la rivalité avec Montréal est « légendaire ». « Quand on a eu l'idée du numéro spécial, on n'avait pas compris qu’il s’agissait des 400 ans de Québec, on a cru que c’était la fondation de tout le Québec », a expliqué au Devoir le rédacteur en chef du magazine Gilles Martin-Chauffier, en indiquant que Paris-Match consacrerait un nouveau reportage aux célébrations à Québec.

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Plus modérée, une chroniqueuse du quotidien La Presse estime que, malgré cette erreur, Paris-Match rend un « hommage affectueux et sympa au Québec ».

b) Paris-Match fait fausse route (source : http://www.radio-canada.ca/regions/QUEBEC400/2008/06/28/001-paris-match-400e.shtml) « Match ce n’est pas le journal de l’actualité, c’est le journal des gens qui font l’actualité », déclarait le 25 juin Gilles Martin-Chauffier, le rédacteur en chef de Paris Match, sur les ondes de Radio-Canada, à l’émission L'été du monde. La bourde commise par le célèbre hebdomadaire français dans son numéro du 26 juin confirme remarquablement cette analyse pour le moins prémonitoire. Dans cette édition spéciale, en théorie consacrée au 400e de la ville de Québec et disponible dans tous les kiosques de la province depuis vendredi, il est en effet essentiellement question « du » Québec et quasiment pas « de » Québec. En d’autres termes, Paris Match a confondu la ville et la province, comme en témoigne ce titre en rouge dans le sommaire du magazine: « 1608-2008: le Québec a 400 ans ». « Dans l'esprit des gens à Paris, et je m’en suis rendu compte en arrivant, c'est quelque chose qu’on ne savait pas du tout en partant. Dans notre esprit, ce n’était pas les 400 ans de Québec. La fondation de Québec, c’est la naissance du Québec [...] », a reconnu vendredi Gilles Martin-Chauffier dans un entretien accordé au Soleil. Un raccourci historique étonnant, d’autant que, comme le rappelle le quotidien, la Délégation générale du Québec à Paris avait collaboré avec Paris Match pour ce numéro spécial et qu’une journaliste du magazine avait rencontré Régis Labeaume, le maire de Québec, en mai dernier. Paris Match rectifiera le tir. L’équipe de Paris Match n’a, par contre, eu aucun contact avec la Société du 400e anniversaire de Québec.

Activités : 1. Analysez la couverture du numéro spécial du magazine français. 2. Consultez Paris Match du 26 juin et faites un compte rendu du dossier consacré

au 400e anniversaire de Québec : titres des articles, photos, organisation du dossier, explications de l’événement. Cherchez les confusions, erreurs, méprises qui pourraient être à la source du tollé soulevé dans la presse.

3. Cherchez les rebondissements dans les médias québécois et canadiens. a) Précisez les noms des journaux en ligne consultés et les titres. b) Quel en est le ton dominant :

• Ironie • Déception • Amertume • Surprise • Accusation

Exemplifiez. c) Lisez les articles suivants et faites leur compte rendu : Isabelle Porter, « Paris Match honore Québec… sans en parler », Le Devoir, édition du vendredi 27 juin 2008 ; M.-H. G., « Plantage monumental pour Paris Match », La vie eco, 4.7.2008.

4. En quoi consiste l’erreur des journalistes du magazine français? Comment l’expliquez-vous?

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5. De quelle manière la version en ligne du quotidien français Libération.fr du 30 juin 2008 présente-t-elle l’erreur de ses confrères ? Analysez :

• la sélection des références (titre, citations) de la presse étrangère ; • les commentaires de l’auteur

6. Comment le rédacteur en chef annonce-t-il le numéro et quels sont ses justifications après l’événement ?

7. En tant que lecteur fidèle du Paris Match, écrivez votre réaction dans un message adressé à la rédaction du magazine.

8. L’anniversaire des 400 ans de Québec est-il « visible » dans la presse francophone avant le 26 juin ? Qu’en concluez-vous ?

9. Dossier thématique : • Comparez les articles de Libération.fr et du site radio-canada.ca • Créez votre dossier « Réflexion médiatique des 400 ans de Québec »

10. Thèmes de débat : • La gourde professionnelle – exemples à l’appui – • Les causes de la désinformation • « Ce sont les gens qui font l’actualité ».

DIRE AUTREMENT se tenir debout : être solide, cohérent, logique lapider : tuer à coups de pierre y jouer sur tous les tableaux : se ménager un intérêt dans deux partis, deux côtés opposés, afin de ne pas perdre le sabbat : repos que les juifs doivent observer le samedi (du vendredi au coucher du soleil au samedi au coucher du soleil), jour de joie et de recueillement consacré au culte divin filer mal : faire mauvaise impression, mauvaise figure les passe-droits : faveur accordée contre le règlement (généralement, au détriment d'autrui), privilège les fous de Dieu : les croyants fanatiques le sikh : adepte de l’une des quatre religions de l’Inde, le sikhisme, qui affirme l’existence d’un unique Dieu créateur. raéliens : mot inventé, il assimile les immigrants aux extraterrestres [angl. alien] embêter : agacer, importuner accommodement : arrangement, compromis, conciliation ubuesque : qui ressemble au personnage d’Ubu roi par un caractère comiquement cruel couard - lâche le clivage (fig.) : séparation par plans, par niveaux au fin fond : dans l’arrière-pays, dans une région isolée immuable : constant, durable, inaltérable, intemporel, invariable l’orignal : élan du Canada et de l’Alaska bled (fam.) : lieu, village éloigné, isolé, offrant peu de ressources quelle mouche a piqué ses citoyens : qu’est-ce qui leur prend mettre le couvercle : rajouter en dépassant la mesure le déballage : confession sans retenue faire bande à part : se tenir à l’écart, ne pas vouloir se mélanger à un groupe.

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Dossier 7

Avoir 20 ans en 2008…

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme : l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée parmi les grandes personnes. (…) A quoi ressemblait notre monde ? »

Paul Nizan, Aden Arabie, 1932 I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE Lisez les textes suivants : 1. 40 ans après 68... Avoir 20 ans en 2008 France, que sais-tu de ta jeunesse ? C’est à la découverte d’une planète étrange et méconnue que nous invite « le Nouvel Obs ». Un numéro spécial, piloté par une bande de vingtenaires venus de tous les horizons [et réunis dans la rédaction du Nouvel Obs]. (…) [Voici] le portrait-robot d’une génération plus inventive et plus généreuse qu’on ne le dit (…) Cet univers flou, en panne d’étiquette. Il y eut la bof génération, puis la boss génération... Après, les sociologues ou les publicitaires se sont creusé la cervelle pour trouver un concept. L’image renvoyée a été généralement sinistre. Génération sacrifiée ou génération X, ou encore génération galère, génération consensus, génération précaire. Et aujourd’hui ? Avoir 20 ans en 2008, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est être un petit-fils ou une petite-fille de soixante-huitards et croquer les fruits de la libéralisation des moeurs sans même y penser. C’est avoir un père et une mère qui ont eu plus de facilité à trouver une place dans le monde. C’est avoir pris de plein fouet la dévalorisation des diplômes, la mondialisation, la généralisation de la précarité, la crise des retraites. C’est peut-être avoir été émeutiers en 2005. C’est ne plus avoir besoin de montrer ses papiers aux frontières de l’Europe, prendre des avions low cost, rêver d’« Auberge espagnole » et de programme Erasmus. C’est avoir vu les tours du World Trade Center s’effondrer en direct et Nicolas Hulot annoncer la fonte des glaces. C’est ne pas avoir connu Mitterrand, avoir assisté à la fin de Chirac et au début de la présidence bling-bling. C’est regarder la politique comme une sitcom. C’est ne plus vibrer aux grandes utopies, mais compatir aux malheurs du monde qui passent en boucle au 20 heures. C’est posséder un portable depuis l’âge de 13 ou 14 ans et vivre une Second Life sur le Net. On fait quoi avec tout ça ? (…) Nos vingtenaires (…) sont tous « face-bookés », « my-spacés ». Ils bloguent, ils chattent. Leur carte de visite, c’est leur « play-list ». (…) Ils n’ont plus besoin d’aller

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vers le monde, le monde vient à eux, sur leur écran d'ordinateur. Ils sont reliés à tout, attachés à rien. (…) La vie zapping. Parce que rien n’est vraiment sûr. Parce qu’on a le sentiment que tout est possible et que tout peut s’écrouler dans la seconde qui suit. (…) Plus besoin de transmission de la part des générations antérieures (…). On s'imagine qu'on peut tout avoir, tout faire, qu'on n'a plus besoin des vieux. (…) Génération pousse-toi-de-là-que-je-m'y mette ? « Aujourd'hui, les 20 ans ont intégré la logique de la compétition », dit le sociologue Michel Fize. (…) Oui, ils sont concrets, les vingtenaires d’aujourd’hui. On le leur répète à longueur de journée. Comme si les autres, avant eux, n’avaient vécu au même âge que d’amour, d’eau fraîche ou de la lecture du Petit Livre rouge. Ceux-là leur reprochent plus ou moins consciemment de ne plus vouloir révolutionner le monde, juste de chercher à y faire leur trou. Au mieux, ils seraient individualistes. Au pis, résignés, cyniques, flexibles (la « flex-génération », on avait oublié ce énième concept), mous, voire avachis. Et s’ils étaient juste cool ? « Attitude non active sans être passive », précise le sociologue Michel Maffesoli. (…) « La France, affirme-t-il, s’accroche aux valeurs du XIXe siècle : le travail, la foi en l’avenir, la raison. Or aujourd’hui c’est le tripode inverse qui est à l’oeuvre : la création, le carpe diem et l’imagination. Les jeunes veulent faire de leur vie une oeuvre d’art, maintenant et tout de suite. Contrairement à ce que l’on dit souvent, il y a là une extraordinaire vitalité ». Marie-France Etchegoin, « Avoir 20 ans en 2008 », Le Nouvel Observateur, la semaine du 10 avril 2008 (http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2266/dossier/a372010-avoir_20_ans_en_2008.html) 2. Au regard de l’importance que le thème de la jeunesse représente, Liberté lui consacre un dossier complet à travers un dictionnaire thématique de A comme « amour » à Z comme « zetla ». Un chiffre mythique assure, malgré les coupes démographiques opérées dans le corps éprouvé de la société algérienne à coup de terrorisme, de FMI, de malbouffe et de limitation des naissances, que les jeunes sont encore et toujours numériquement la tranche d’âge dominante à plus de 70%. À ce titre, nous avons voulu [esquisser] une sociologie et une sociographie de la jeunesse algérienne, Une jeunesse souvent décrite comme étant « perdue », « désemparée », sans père ni repères, ballottée entre la désillusion et la violence. [Voici un] dictionnaire insolent de la vie… Amour [L]a grande majorité de ceux que nous avons interrogés se montrent (déjà) désabusés, prématurément désenchantés. (…) Les plus radicaux estiment que la littérature sentimentale a disparu, que l’institution de la drague est menacée et que tout va à la vitesse grand « V » sans respect aucun du code de la séduction. Les autoroutes de la mort, les autoroutes de l’amour… Ben Laden Son nom est scandé à volonté dans les stades à tel point que nous avons cru que le chef suprême d’Al-Qaïda était la nouvelle mascotte des « Chenaouas ». « [N]ous scandons “Ben Laden” pour narguer le système. Vous ne voyez pas qu’ils sont partout, les Américains ? (…) Tu trouves normal, toi, d’entrer avec un passeport dans ton propre pays ? On a du pétrole à gogo et on croule sous le chômage et la misère », [dit] Fathallah.

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Bipage C’est un fait : le « bipage » est devenu langue nationale. Et s’il est un gadget qui fait l’unanimité parmi les jeunes (…) c’est bien lui : le téléphone portable. C’est le bidule le plus adulé, l’objet fétiche par excellence. Chat Force est de constater que les sites de rencontres et autres forums de discussions sont l’un des passe-temps favoris de la nouvelle génération. [L]es nouveaux « draguérilléros » ont le cœur « ADSL ». Délinquance Dans les grands centres urbains, on ne parle que de cela. La violence urbaine prend décidément la proportion d’un fléau, à croire que nos villes sont de plus en plus étroites pour nos jeunes. Émeute Depuis les événements du 5 octobre 1988 qui ont donné le la de la contestation juvénile, le recours à l’émeute en tant que moyen d’expression privilégié s’est érigé en réflexe politique, si bien que les sociologues parlent de « culture de l’émeute ».

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Ennui Voilà un mot que connaît fort bien le dictionnaire intime des jeunes. C’est vrai que l’ennui est un sport national. Fringues En déambulant dans les rues d’Alger, de Sétif, d’Annaba ou d’Oran, point de différence entre le look de beaucoup de nos jeunes et celui de leurs congénères d’outre-mer. C’est l’un des effets les plus patents et les plus immédiats de la mondialisation par télévision, magazines et… trabendo interposés. Culte de la marque, du chic et du free style auront envahi en force nos « fashion victims ». Guerre (de Libération) Les jeunes s’intéressent-ils à l’histoire de leur pays, en particulier l’histoire du Mouvement national ? [Nous] avons été surpris par l’attitude de jeunes qui, en apparence, font plutôt désinvoltes et en rupture de ban avec la mémoire collective, mais qui sont en réalité beaucoup plus profonds que cela ne paraît. (…) De ce fait, l’idée que le combat des moudjahidine a été trahi, que des harkis sont incrustés dans les institutions de l’État, que le martyre des chouhada a été vain est fortement ancrée dans l’esprit de contingents de jeunes déçus par l’Algérie post-indépendance. Un sentiment, du reste, curieusement partagé par ceux-là même qui ont pris part à la Révolution. « La guerre d’Algérie est un tissu de mensonges », tranche un lycéen. Harraga « Brûleur de frontières ». La majeure partie des jeunes de sexe masculin à qui nous avons demandé de choisir entre une belle fille, un bon job et un visa, leur réponse à l’unanimité était, on l’aura deviné, un sauf-conduit pour l’étranger. Et les filles ne sont pas en reste de cette quête. Katia, 18 ans, lycéenne, s’épanche : « Ce pays n’a rien fait pour les jeunes, pourquoi y resterais-je ? On n’est pas épanoui ici, on n’a rien, pas de liberté, pas de perspective ; la société ne nous comprend pas, alors pourquoi rester ? » Hittistes De « hit », mur. Mot apparu au milieu des années 1980, au plus fort de la crise économique, pour désigner tous ces jeunes « teneurs de mur », qui n’ont que le roulage des pouces pour occupation en roulant un joint après l’autre pour ceux qui ne vont pas à la mosquée. Homos « Pour amitié voir avec Homme mature sérieux, discret surtout, je suis hors milieu et sans expérience dans ce monde gay » (sic). Ce genre de messages sont fréquents sur certains sites. Ils renvoient à une catégorie de plus en plus « visible » dans l’espace social même si elle se heurte parfois à une certaine homophobie agressive. (…) Désormais, les homosexuels « sexe-priment ». Et avec quelle truculence ! Quelle gouaille ! (…) Avant, leur espace d’expression favori pour leurs « coming out » était les murs des toilettes publiques. Aujourd’hui, ils ont leurs cafés, leurs salons de thé, leurs plages, leurs discothèques, leurs restos, leurs îcones (…) Ne manque qu’une gay-pride algérienne. J’habitais seul avec maman… Internet C’est le dada des jeunes « high-tech », l’outil emblématique de la « jeunesse numérique ». (…) D’un point de vue anthropologique, les jeunes donnent

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l’impression de s’être structurés dans un ordre social nouveau, une sorte de société parallèle, une « e-société ». La toile fonctionne, en effet, comme une tribune libre, un « territoire libéré » où les bloggers de tout bord peuvent vider leur sac, faire jaillir leurs « e-motions », donnant lieu à un véritable foisonnement d’utopies numériques. Mariage Les jeunes ont-ils aussi ardemment envie que leurs parents de fonder une famille ? [On constate un] recul de la nuptialité, attribué à des raisons essentiellement économiques, mais aussi de mentalités liées notamment au statut de la femme. (…) Mais cela reste sacré.

Orthographe « Slt, keske tu fé 2m1 ? T c koi ? G 1 super plon 2 sorti !!... » Voilà à quoi ressemble de nos jours le français kid. C’est en effet un thème en soi, à en juger par le bouleversement de la morphologie de la langue sous l’effet des nouveaux codes « barbares » induits par les SMS, les mails, le chat et autre langage électronique à l’orthographe improbable.

Politique À l’instar de segments entiers de notre société, il est aisé de détecter une franche désaffection de la chose politique chez les jeunes. T’bezniss Déformation du mot business. Pour nombre de jeunes, c’est plus important et plus rentable que les études. Violence D’aucuns estiment que la violence islamiste s’est recyclée en violence urbaine, d’où la recrudescence de la délinquance et du grand banditisme. Toutes ces violences trouveraient un fait dans la détresse et le manque de perspective, ajoutés à la rupture des canaux traditionnels de communication, une même matrice, et dans les jeunes désœuvrés un terreau idoine. Zetla C’est le compagnon fidèle de tous les solitaires mélancoliques. Les jeunes se roulent des joints sur la place publique, se passant allègrement le pétard de l’amitié d’une main à l’autre en une farandole exaltée. Sans être tous des junkies, nos « Burroughs » en puissance disent trouver dans la came un effet apaisant indéniable. Ce qui amènera cet élève imberbe, à peine haut comme trois pommes, à réclamer que le shit soit tout simplement légalisé, « comme en Hollande ». Mustapha Benfodil, « Avoir 20 ans en Algérie », Liberté, septembre 2006. (http://pagesperso-orange.fr/gelambre/20ans-cadre)

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A. LE TEXTE ET VOUS 1. Sans lire les deux textes, précisez leurs sources et leurs auteurs, les cultures de

référence et le thème commun. 2. A quel type d’approche / à quel ton l’interrogation rhétorique en début du chapeau

du premier texte préside-t-elle ? Après lecture intégrale de l’article, votre première impression se trouve-t-elle confirmée / infirmée ? Motivez / Commentez.

3. Pourquoi Benfodil a-t-il choisi cette mise en page ? 4. Expliquez la signification des photos et imaginez pour chacune une légende en

rapport avec le thème du dossier. 5. Imaginez 5 questions pour un sondage d’opinion « Avoir 20 ans en Roumanie »,

destiné à un magazine pour les jeunes. En tandem, notez les réponses de vos collègues. Synthétisez les questions et les réponses du groupe.

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. Le thème proposé par les deux textes vous :

a) inspire b) plaît c) intéresse d) laisse indifférent e) crée une réaction d’identification.

2. Avant de lire les textes proprement dits, énumérez quelques mots / thèmes qui vous viennent à l’esprit quand vous pensez aux jeunes.

3. Est-ce que, selon vous, le thème de la jeunesse est-il tellement important / tellement d’actualité pour que les deux journaux lui accordent un dossier ? Y a-t-il des faits immédiats qui l’aient imposé à l’attention des médias ?

4. Soulignez les différences formelles et de contenu entre les deux textes. Lequel vous attire le plus ? Pourquoi ?

5. Choisissez le genre journalistique et / ou le type de texte le plus attractif pour présenter le portrait de la jeune génération roumaine à partir des résultats du sondage de votre groupe et justifiez.

C. L’AUTEUR, LE TEXTE ET VOUS 1. Marie-France Etchegoin et Mustafa Benfodil traitent les jeunes avec :

a) condescendance b) autorité c) sympathie d) supériorité e) admiration f) indifférence

2. Identifiez les mots / les syntagmes par lesquels s’exprime leur attitude à l’égard des jeunes.

3. Quelles sont les sources d’information des deux journalistes ? Comment les ont-ils utilisées pour rédiger leurs articles ?

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4. Par quels moyens mettent-ils en valeur le portrait des vingtenaires français et algériens :

a) évolution historique b) comparaison c) inventaire de traits définitoires d) sondage / micro-trottoir e) description

5. Faites l’inventaire des mots et expressions par lesquels Etchegoin et Benfodil désignent les jeunes de 20 ans. Expliquez leur signification.

6. Retrouvez autour de quelles catégories les deux journalistes construisent tant le portrait des jeunes que l’opposition entre les générations.

7. Distinguez : a) refaites la chronologie des événements politiques et sociaux, tant français

que mondiaux, auxquels on fait référence dans le premier texte b) repérez et mettez en ordre chronologique les événements de l’histoire

récente de l’Algérie auxquels on fait référence dans le deuxième texte c) synthétisez les informations sur les jeunes algériens / français et faites le

portrait de leur génération. 8. Quels aspects communs rapprochent selon vous les jeunes roumains, algériens et

français ? 9. Quelles sont les raisons qui poussent les jeunes algériens à quitter leur pays ?

Quelles pourraient être, selon vous, les raisons qui détermineraient les jeunes français / roumains à quitter leur pays ?

10. Quelles seraient les règles / normes / valeurs / données de la « e-société » ? Mais les composantes de la « e-motion » ?

11. Repérez dans les deux textes des mots qui participent du vocabulaire internet ; essayez d’en trouver des correspondants en français.

12. Les textes foisonnent d’expressions en anglais. Peut-on parler d’un code verbal des jeunes ? Comment l’expliquez-vous ? Exemplifiez les influences culturelles sur le lexique français.

13. Trouvez dans le texte des synonymes ou des explications pour harraga, hittistes, t’bezniss, draguérilléros.

14. Remplacez dans leurs contextes ces expressions : présidence bling-bling, faire leur trou, narguer le système, à gogo, croule sous le chômage et la misère, être en rupture de ban.

D. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. Qu’est-ce qu’un soixante-huitard ? Dressez son portrait, en vous aidant également

du dossier compris dans l’annexe. ETUDE DE CAS : 1968 en Roumanie / en Europe de l’Est.

2. Pourriez-vous nommer quelques « grandes utopies » ? 3. Quels sont, selon M. Benfodil, les facteurs de la mondialisation ? 4. Quelles sont les causes de la violence urbaine chez les jeunes ?

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5. ETUDE DE CAS. Qu’est-ce que vous savez sur : la génération bof / la génération boss / la génération galère / la génération consensus / la génération précaire / la flex génération ? Présentez-les en quelques mots (5-10 lignes).

6. Retrouvez dans les deux textes les éléments d’interculturalité ; commentez-les. 7. ETUDE DE CAS. Qu’est-ce qui distingue les présidences Chirac / Mitterrand

/ Sarkozy ? Brève présentation de chacune (10-15 lignes). 8. Y aurait-il un rapport à établir entre W. Burroughs, la beat génération et les jeunes

algériens contemporains ? 9. Enumérez quelques personnalités qui servent d’idôles à votre génération.

COMMENTER, C’EST COMPARER DES CULTURES 1. ETUDE DE CAS. Quelles étaient, selon Maffesoli, les valeurs de la France du

XIXe ? Quelles en sont les valeurs contemporaines ? Pourriez-vous étendre la comparaison à l’Algérie du XIXe / l’Algérie du XXIe ? la Roumanie du XIXe / la Roumanie du XXIe ?

2. ETUDE DE CAS. Pourquoi la date de 5 octobre 1988 est-elle importante dans l’histoire contemporaine de l’Algérie ? Renseignez-vous (20-25 lignes) et présentez votre exposé devant vos collègues. A partir de cet exposé, vous pouvez dresser un DOSSIER Découvrir l’Algérie : histoire récente, pratiques culturelles, conflits, malaise des jeunes.

3. ETUDE DE CAS. A la même époque, quel régime dominait la Roumanie ? Pourriez-vous dressez le portrait de la vie quotidienne d’un jeune étudiant / d’une jeune étudiante ; d’un jeune ouvrier / d’une jeune ouvrière de votre âge, dans la Roumanie d’octobre 1988 ? Pour vous aider, enquêtez auprès de vos parents ou de vos amis plus âgés.

4. Comment décrit-on la situation des gays / des communautés gay en Algérie ? Cela confirme-t-il / infirme-t-il les idées reçues que vous aviez à ce sujet ? Que savez-vous de la situation des communautés gay en Roumanie ?

5. ENQUETE-TROTTOIR auprès des jeunes de votre âge. Dressez vous-mêmes une liste de questions, afin d’apprendre ce qui les anime, ce à quoi ils croient, ce qu’ils aiment dans : la société roumaine contemporaine / le monde contemporain / leurs études / leurs relations avec les autres / leurs rapports avec leurs parents / leur ville / leurs vêtements / leurs films / leur musique, etc., voire ce qu’ils détestent à l’égard des mêmes sujets.

6. Selon le modèle avancé par le journaliste algérien, proposez vous-mêmes un dictionnaire thématique qui rende compte des valeurs et des préoccupations des jeunes roumains ou français contemporains.

7. A partir de vos ressources culturelles (livres, films, tableaux) comment vous représentez-vous la vie d’un(e) jeune occidental(e) le lendemain de la deuxième guerre mondiale / à l’entre-deux-guerres / au début du vingtième siècle (25-30 lignes).

8. DOSSIER : Interférences culturelles France-Algérie. 9. Comment décririez-vous le « code de la séduction » de nos jours ? Selon vous,

enregistre-t-il des modifications importantes par rapport à ce qu’il était il y a 100

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ans ? Y aurait-il quelque chose qui se perpétue, en dépit des époques et des espaces ?

E. DÉBATTRE Réagissez aux affirmations et aux thèmes suivants : Des nos jours, on constate une désaffection générale de la politique. Les jeunes de nos jours n’ont plus besoin d’aller vers le monde, le monde vient à eux, sur leur écran d’ordinateur. La société contemporaine repose sur le culte de la jeunesse. Point n’est donc plus besoin des vieux. Chez les jeunes contemporains, les e-motions l’emportent sur les émotions. L’impact de la Galaxie Internet est plus grand que celui de la Galaxie Guttenberg. Les jeunes de nos jours n’ont plus d’idéaux ; ils sont concrets. La jeune génération est-elle vraiment une « génération désenchantée » ? La « jeunesse numérique » et les différences culturelles. Codes et langages de la « jeunesse zapping ».

G. CONTRASTES DOSSIER. Portraits de jeunes

Réalisez une analyse contrastive de cette catégorie d’âge dans différentes cultures. Utilisez un tableau comparatif avec les entrées : caractérisation psychologique, mode de vie (études, travail, loisirs), systèmes de valeurs et aspirations matérielles, morale, culturelles, traditions (famille, éducation), croyances ou thèmes d’intérêt, langages / codes, comportements, sentiments, objets fétiches. Vous pouvez vous aider des textes ci-dessous. 1. Wassyl (…) est un parfait exemple de « coolitude ». (…) Etudes abandonnées en troisième, CAP de plomberie et formation en alternance qui foirent, vagues stages de vendeur ou de cuisinier. Et puis, l'été dernier, une rencontre, « par hasard », avec Unis-Cité, une association qui propose à des jeunes de 18 à 25 ans de s'engager dans un « service volontaire pour la solidarité ». Wassyl a été embarqué dans l'aide à domicile pour les personnes âgées, « je prends le thé avec eux, je les promène en fauteuil roulant ». . Camille (…) a vécu longtemps en Suisse. Terre de tranquillité, pays de cocagne. Elle en est partie en courant. « Pour fuir un système scolaire trop élitiste ». A Paris, elle s'est inscrite à l'Esec, une école de cinéma. Camille aime Gandhi et Amélie Poulain, les chorégraphies «remplies de joie» de Maurice Béjart, Léo Ferré et Jaurès. Elle rêve beaucoup. Elle veut être réalisatrice. Mais elle sait déjà qu'il lui faudra peut-être «exercer à côté un deuxième métier, un métier alimentaire... journaliste par exemple» ! (…) Génération bricola Les jeunes de 2008 bidouillent, aménagent, se débrouillent. « Ils sont plus réalistes que les utopistes de 68, mais plus positifs et constructifs que la génération destroy et déprime des années 1980-1990 ». [Ils sont des] « caméléons ». [Leur] devise ? « Quand on veut, on peut ». Slogan très sarkozyen, et donc très postsoixante-huitard. C'est aussi le paradoxe de cette jeunesse. Elle est ambivalente.

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Certes cool, certes plus tolérante et solidaire, certes jouissant de l'instant, mais désireuse aussi d'« y arriver ». Robert Ebguy, du CCA : « Dans les années 1950, on était dans la société du devoir; après 68, dans celle du désir. Aujourd'hui, nous vivons dans la société de l'exigence. La culture du « Loft », de « la Nouvelle Star », de la « Star Academy », c'est le coaching pour tous ». Avoir son quart d'heure warholien, sa minute de célébrité. Ressembler à un people, ces nouvelles icônes jetables. Même les plus purs ont du mal à y échapper. (…) Génération casting. L'image est leur seconde nature. Ils savent aussi qu'elle peut être un mirage. Ils ne se racontent pas d'histoires. Ils ont appris à décoder les apparences, les règles du marketing, de la pub, des marques. Ils baignent dedans depuis leur plus jeune âge. Ils sont lucides. Marie-France Etchegoin, « Avoir 20 ans en 2008 », Le Nouvel Observateur, la semaine du 10 avril 2008

3. « 20 ans en Algérie, c’est vieux. C’est la porte de l’enfer qui s’ouvre. Il faut penser au service militaire (avec la mort au bout, peut-être), le travail introuvable sans piston, à déménager pour nulle part ». Nerveux, très nerveux Sofiane. Il ne comprend pas qu’un journaliste veuille l’interviewer, lui, jeune chômeur diplômé de l’Université d’Alger. « Vous êtes sûr que vous voulez toujours faire mon portrait. Je connais un ami informaticien qui a réussi : il a une voiture et un appartement. Vous êtes sûr que vous voulez continuer l’interview ? ». La question reviendra tout au long de l’entretien. Le doute, toujours le doute.

« Avoir 20 ans, c’est déjà les dépasser. A part écouter le raï, fumer plus de joints, je ne vois pas ce qui me différencie d’un homme de 40 ou 50 ans ». Maigre, moustache fine et cheveux tirés en arrière avec une queue de cheval, Sofiane soigne son apparence. « Le look, c’est important ! Sinon, tu passes pour un djebaïli (montagnard) ». Suprême insulte pour l’Algérois qu’il est. (…) Le discours de Sofiane se fissure peu à peu, le macho est torturé par le doute. Confidences. Regarder passer les filles. « J’ai plusieurs fiancées, je ne suis sorti avec aucune d’elle. D’abord, où les emmènerais-je ? Dans ma famille, il est interdit de penser mariage. Ma future femme ne va, tout de même, pas habiter sur le balcon ». Famille nombreuse dans un petit appartement. « J’habite sur mon balcon, pardon sur le balcon de mon père. Je ne me suis pas vu vieillir ». Fuir avant d’être vieux, un rêve usé et reconstruit les yeux ouverts. « Partir ? Pour aller où ? Personne ne voudrait d’un Algérien ! Même les pays de l’Est refusent de me délivrer un visa ».

A sa sortie de l’université, Sofiane vient grossir les rangs de chômeurs. « Je suis économiste de formation, hittiste (jeune adossé au mur toute la journée) par désoeuvrement et biznessman par obligation ». Pour survivre, il achetait de l’or en Syrie et en Turquie qu’il écoulait ensuite sur le marché parallèle. Cette activité lui permettait de voyager et de vivoter pendant quatre à cinq mois. « Les douaniers algériens étaient devenus exigeants et les policiers n’arrêtaient pas de courir derrière nous. C’est devenu trop risqué, alors j’ai cessé tout commerce ».

« Avoir 20 ans en Algérie, c’est déjà être vieux », le lundi, 19 février 2001, Afrik.com

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3. L'actualité le démontre : l’angoisse de l’insertion professionnelle mine la société française. Et en particulier les jeunes. (…) Plus sûr que le Loto, plus rentable que la Bourse, aussi durable que la pierre : un diplôme ! C’est ce qui confirme une récente et très sérieuse étude de l’OCDE. Selon l’organisation internationale, qui a mené une monumentale enquête internationale sur les systèmes d’éducation, la vérité tient dans un « taux de rendement » : en France, investir dans une formation rapporterait 12% par an. (…) Voilà pourquoi il est si important de miser juste. Jamais, en effet, les disparités n’ont été aussi importantes d’une filière à l'autre. D’un côté, les voies rapides souvent spécialisées et reconnues par les professionnels. De l’autre, des itinéraires plus académiques, encombrés et souvent sans issue. A la fin, quoi de plus déprimant pour un doctorant à la tête bien pleine que de se retrouver au chômage ? Véronique Radier, « Les diplômes qui donnent du travail », Le Nouvel Observateur, la semaine du jeudi 16 mars 2006

Documents vidéo : avoir 20 ans à Paris, Manille, Togo, Varsovie (www.ina.fr) II. REPERES GRAMMATICAUX. LES MOTS NOUVEAUX ET L’ARGOT I. LES MOTS NOUVEAUX I. FORMATION DES MOTS NOUVEAUX PROCEDES EXEMPLES par emprunts badge, gadget par dérivation noms : décélération

adjectifs : parental verbes : additionner

par composition supermarché, centre-auto les mots-valise confipote, photocopillage par extension d’emploi scénario, panoplie par glissement de sens sauvage (au sens de « hors des règles »,

dans les expressions camping sauvage et concurrence sauvage)

par passage d’une catégorie grammaticale à l’autre

le nucléaire, l’objectif

par dérivation d’un sigle capésien, onusien par abréviation anar, hebdo par analogie mouroir (< dortoir) 2. SENS NOUVEAUX Certains mots déjà existant dans la langue prennent des significations nouvelles : fourchette (au sens de : « limites probables de variations d’un chiffre »), flambée (des prix), matraquage (publicitaire), etc.

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II. L’ARGOT Sociolecte comportant deux fonctions : cryptique et identitaire. Il rend possible la reconnaissance mutuelle des membres du groupe et témoigne de leur séparation de la société par un language différent. Il est à distinguer du jargon, qui est propre à un groupe professionnel et censé théoriquement ne pas avoir cette visée cryptique. Une forme particulière de l’argot est representé par le verlan, qui est à l’origine un code, un langage secret et se présente comme un jeu avec le langage consistant dans le renversement des syllabes d’un mot (sicmu < musique). EXERCICES 1. Identifiez les procédés selon lesquels se sont formés les mots suivants, au même titre que les mots à partir desquels ils se sont formés. Précisez leurs significations : alunir, adulescent, arobasque, un bide, un casse, consom’action, enfulte, imper, pourriel, restoroute, rurbain, stagflation, la sécu. 2. Donnez les équivalents en français standard des mots et expressions suivantes : artiche, les aminches, biftons, casser la croûte, une cloche, se carapater, se déguiser en courant d’air, douille, éclairer sa lanterne, se faire carotte, frangin, keuf, matouche, se mettre une mine, pour des haricots, poteau, la poularderie, les profondes, le radis, tuile. 3. Soient les deux textes suivants, dont le deuxième est une réécriture du premier. Commentez les transformations subies et les effets de style et de sens ainsi obtenus : « Un voyageur attend le bus, il remarque un jeune homme au long cou qui porte un chapeau bizarre, entouré d'un galon tressé. Le jeune homme se dispute avec un passager qui lui reproche de lui marcher sur les pieds chaque fois que quelqu'un monte ou descend. Puis il va s'asseoir sur un siège inoccupé. Un quart d'heure plus tard le voyageur revoit le jeune homme devant la gare Saint-Lazare. Il discute avec un ami à propos d'un bouton de pardessus ». « Je plate-d’autobus-formais co-foultitudinairement dans un espace-temps lutécio-méridiennal et voisinais avec un longicol tresseautourduchapeauté morveux. Lequel dit à un quelconquanonyme : “Vous me bousculapparaissez”. Cela éjaculé, il se placelibra voracement. Dans une spatiotemporalité postérieure, je le revis qui placesaintlazarait avec un X qui lui disait : tu devrais boutonsupplémenter ton pardessus. Et il pourquexpliquait la chose ». (Raymond Queneau, Exercices de style) 4. Relevez dans les textes du dossier des exemples de création lexicale. Identifiez-en l’origine et la formation. 5. Enquête. Relevez dans un / les média(s) français des mots que vous considérez des néologismes. Vérifiez s’ils figurent dans les dictionnaires, puis demandez-vous : - dans quelle intention ils sont employés - si l’on peut dire la même chose à l’aide d’un mot ou d’une périphrase déjà existant(e) dans la langue

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- quels sont les avantages de ces néologismes par rapport à ce mot ou à cette périphrase - quels sont les procédés qui ont présidé à leur formation. III. Discours médiatiques. Vie publique / vie privée dans les médias 1. Vie publique / vie privée Lisez le texte : « Les habitants de la cité athénienne ont été les premiers à poser les jalons d’une séparation franche entre vie publique et vie privée. Or, si de nos jours la vie privée est un domaine sacro-saint d’expression de la liberté individuelle, il en était tout autrement pour les citoyens de la démocratie grecque. Pour les Grecs, vie privée signifiait davantage “privation de la vie”. En revanche la vie publique était le lieu de l’excellence citoyenne, celui du débat public et de la participation à la gestion des affaires de la cité. (…) Ainsi, l’animal politique aristotélicien, doué de langage, tenait sa liberté, son égalité, bref sa citoyenneté, de sa participation au débat public. [L]a disparition de cet abîme entre vie privée et vie publique est un phénomène essentiellement moderne. L’irruption de la conscience individuelle dans la religion chrétienne, le “je” cartésien, plus l’exploration de l’intimité par Jean-Jacques Rousseau, ont été les temps forts de cette modernité restauratrice de l’individualité privée. Cette restauration s’achèvera alors sous la coupe de l’utilitarisme libéral et de la philosophie des droits de l’Homme. Et au XIXe siècle, alors que “le bonheur est une idée neuve en Europe” selon le mot de Saint-Just, le modèle du petit-bourgeois flaubertien, épris de confort et de liberté individuelle, va connaître son heure de gloire. C’est d’une révolte du cœur sur la raison qu’est ainsi né l’individu moderne » (d’après Loïc Rivière). [Loïc Rivière, « L’héritage d’Athènes », LFDM, No. 303, mars-avril 1999, p. 46] Activités 1. Comment se sont modifiés les rapports entre vie privée / vie publique à travers les époques ? Faites-en un compte-rendu de 100 mots. Vie privée dérobée 2. Quels journaux et revues spécialisés dans les révélations des secrets de la vie privée connaissez-vous ? (En France: Point de vue-images du monde, Gala, Voici, Hola, France-Dimanche et, dans une certaine mesure, Paris-Match). Exemples et commentaires. 3. Quelles sont les professions des personnes dont la vie privée est traquée par ces publications ? (En France : les familles royales, les vedettes du cinéma, de la chanson, des médias et du sport. Ceux qui sont tenus à l’écart : financiers, patrons, techniciens, chirurgiens, écrivains, et même hommes politiques). Précisez les catégories de personnes visées et les événements déclencheurs dans la presse roumaine / étrangère. 4. Comment expliquez-vous cette curiosité de la part du public ? La partagez-vous ? Vie privée exposée 5. Certaines vedettes préfèrent prendre les devants, convoquer la presse et exposer les aspects de leur vie privée qui pourraient donner prétexte à des indiscrétions. Quels exemples connaissez-vous (cf. « Actualité ») ? De quelle nature peuvent être ces

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révélations ? (En France : liaisons amoureuses, enfants cachés, maladies graves, démêlés avec la justice. Et dans notre pays ?) 6. Les hommes politiques invitent parfois la presse à venir les « surprendre » dans leur intimité. Le choix des situations dans lesquelles ils s’exposent est révélateur de l’image qu’ils veulent donner d’eux. Quel est le message contenu dans les attitudes suivantes : un président en short en train de courir ? un président jouant avec ses petits-enfants ? un président jouant de l’accordéon ? un président caressant son chien ? 7. Utilisez les expressions suivantes pour caractériser la manière dont certains médias audio-visuels « s’intéressent » à la vie privée des personnes publiques : menacer – traquer – les paparazzis – s’acharner – l’ingérence – action politique – toucher à la vie privée – s’attaquer à – légitime – illégitime – dénoncer – dissimuler. Rédigez un texte cohérent de 10-15 lignes. Débats : frontières entre le public et le privé 8. A comparer deux – trois tabloïdes / quotidiens à sensation en français avec ceux d’une culture dont vous connaissez la langue (types de nouvelles, héros médiatisés, l’iconique – les photos) selon la grille d’analyse de la fiche synthèse. 9. Etudiez l’impact et le fonctionnement de la presse populaire en Roumanie. 2. Analyser un événement Activités :

- Analyse comparative de la mise en scène journalistique du même événement – libération d’Ingrid Betancourt - par d’autres quotidiens francophones.

- Identifiez dans la presse roumaine ou francophone d’autres familles événementielles et les scénarios choisis pour leur mise en texte

- Etude de cas. Les grandes familles événementielles récurrentes dans un quotidien roumain de la presse d’élite / la presse populaire, dans un mois.

DIRE AUTREMENT flou : fondu, vaporeux, vague, imprécis bof : interjection exprimant le mépris, la lassitude, l'indifférence se creuser la cervelle : faire un grand effort de réflexion, de mémoire génération galère : qui travaille péniblement, se mettent dans des situations difficiles soixante-huitard : personne qui a conservé l’esprit des événements de mai 1968 croquer : dissiper, gaspiller, brosser, camper prendre de plein fouet – subir, être affecté par émeutier : personne qui excite à une émeute ou qui y prend part passer en boucle : de manière ininterrompue, recommençant sitôt fini compatir : s'apitoyer, s'attendrir, plaindre « face-bookés », « my-spacés », bloguer, chatter : mots francisés caractérisant des formes de communication en-ligne. zapper : passer constamment d'une chaîne de télévision à d'autres à l'aide de la télécommande ; (fig.) papillonner s’écrouler : s'abattre, s'affaisser, crouler, s'ébouler, s'effondrer ; (fig.) sombrer, tomber

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faire son trou : se faire une situation, réussir avachi : déformé, flasque, mou, amorphe, indolent, veule les coupes : ici, les chutes, les réductions éprouvé : sûr ; atteint, touché à coup de : par l’intermédiaire malbouffe (fam.) : aliments dont les conditions de production et de distribution nuisent à la qualité et à la sécurité de l'alimentation désemparée : déconcerté, décontenancé, désarmé. ballotté : agité, bringuebalé ; tiraillé, indécis désabusé : déçu, désenchanté la drague (fam.): recherche d’aventures galantes, séduction narguer : défier, provoquer à gogo : (fig.) abondamment, à discrétion crouler sous [le chômage et la misère] : être écrasé, s’affaisser sous le poids de le gadget : bidule, tricole, truc « draguérilléros » : mot-valise créé de « drague » et « guérilléros », les amateurs de séduction « ADSL » : sorte de clicknet le fléau : cataclysme, catastrophe, désastre. donner le la : (musique) donner le ton déambuler : errer, flâner, se promener. congénères : pareil, semblable d’outre-mer : au-delà des mers, par rapport à une métropole patent : évident, manifeste, fragrant « fashion victims » (anglais) : victimes de la mode en rupture de ban : affranchi des contraintes de son état moudjahidine : combattant d'une armée de libération islamique harki : militaire indigène d'Afrique du Nord qui servait dans une milice supplétive (une harka) aux côtés des Français incrustés : enracinés chouhada : profession de foi dans l’islam brûleur de frontières : personne qui passe illégalement la frontière un sauf-conduit : laissez-passer, permis être en reste (avec qqn) : être le débiteur, l'obligé (de qqn) s’épancher : s'abandonner, se confier, se livrer, s'ouvrir teneur de mur – comportement spécifique, personne en attente sur le « mur » roulage des pouces : la paresse, l’inactivité ; se rouler les pouces : ne rien faire le joint (amer.): cigarette de haschisch ; se rouler des joints truculent : pittoresque, savoureux gouaille : effronterie, goguenardise, insolence, moquerie le dada : manie, marotte de tout bord : de tout horizon, de partout vider son sac : se confesser, dire tout ce qui le tracasse foisonnement : abondance, pullulement ardemment : avec ardeur à l’instar de : à l'exemple, à la manière de, de même que

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désaffection : désamour, détachement la détresse : affliction, désarroi, désespoir terreau idoine: le milieu adéquat, approprié allègrement : vivement le pétard (fam.) : bruit, tapage, joint farandole : danse provençale, sur un allegro à six-huit, exécutée par une file de danseurs qui se déplacent en sautant et se tenant par la mai junkies (fam.) : consommateurs de drogues dures la came (fam.) : marchandise, drogue apaisant : rassurant, calmant, lénifiant imberbe : sans barbe, qui n'a pas encore de barbe haut comme trois pommes : très petit le shit (fam.) : haschisch

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Dossier 8

Culture sans frontières I. COMMUNICATION INTERCULTURELLE Lisez les textes suivants : 1. « Le désert croît ! » lance Zarathoustra, et il est possible d’entendre ce leitmotiv comme une interprétation saisissante de l’époque que nous vivons. Une époque où la privation, la dépossession, et, finalement, la désertification des imaginaires, des volontés et des désirs semblent l’emporter sur à peu près tous les fronts. L’une des figures de ce triomphe est le cycle dévaluation, démotivation, démobilisation. (…) Le désert socioculturel contemporain s’alimente de la dévaluation. On dévalue beaucoup (…) et l’on réévalue très peu, ou seulement sous la contrainte, comme paralysés par le risque d’erreur historique. Il n’y a donc ni balance ni équilibre global des dévaluations et des réévaluations, mais un glissement progressif de toute la société vers cette négativité que l’on pourrait encore nommer « dépréciation universelle ». Le désert a également pris la forme guère poétique et plutôt postmoderne de la « démotivation ». (…) Comme si, après ladite « mort de Dieu », après l’effondrement du communisme soviétique, les ravages du néolibéralisme, le 11 septembre, la guerre d’Irak et le relativisme culturel, les ressorts de l’espoir et du vouloir semblaient dissous ou volatilisés, plus encore que perdus… Enfin, corollaire de la dévaluation et de la démotivation, s’impose une « démobilisation » (…) sociale, au sens des grandes mobilisations historiques, (…) professionnelle et (…) personnelle, au sens des ressorts les plus intimes, les moins contrôlables de l’action des individus. (…) Comment sortir de cette spirale, dira-t-on ? (…) [C]’est par la culture, et par elle seule, qu’il est possible (…) de réévaluer massivement tout ce qui mérite de l’être, de remotiver tous ceux qui n’ont plus de ressort, plus d’espoir, plus de désir, enfin, de remobiliser largement au-delà des frontières et appartenances normatives. Qu’est-ce que cela peut vouloir dire, dans les faits ? Favoriser un partage culturel permettant de ressouder ce qui peut l’être, de réconcilier ce qui doit l’être, (…) en discutant autrement de ces motifs qui n’en sont plus, de ces objets de mobilisation qui ont cessé de l’être. (…) Car seule la culture permet de rendre le monde vivable, les politiques feraient bien de s’en rappeler. François de Bernard, « La culture pour rendre le monde vivable », Libération.fr, vendredi 30 mai 2008 (http://www.liberation.fr/rebonds/328890.FR.php) 2. Francofffonies, cette année, s’écrit avec trois f. Comme fastueux, flamboyant, féerique ? Ou comme factice, farfelu, fratricide ? Car le moins que l'on puisse dire est que les écrivains invités [au Salon du Livre de Paris, 2006] n'ont pas leur langue dans leur poche. Ils arrivent au Salon pour en découdre et casser du sucre sur les Français. Premier

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constat : les écrivains francophones sont largement pénalisés dans un monde où l’anglais domine. (…) Si l’anglais reste, pour une majorité d’entre eux, cet eldorado qu'ils considèrent avec autant de méfiance que de fascination, les écrivains francophones déplorent d'abord l'arrogance française, et s'interrogent sur la nature d'une communauté dont notre pays semble lui-même s'exclure. La grande romancière née en Guadeloupe Maryse Condé, qui vit aujourd'hui à New York (elle enseigne à Columbia), avoue ne pas très bien savoir « ce qu'on entend par francophonie. Il paraît que les Français n'en font pas partie. Etrange… ». C’est que les écrivains francophones en ont marre. Marre de voir la France jouer les hôtes d'une fête qu'ils voudraient eux aussi orchestrer. Marre de voir la France se considérer comme le centre d'un monde où ils sont condamnés à jouer les satellites. « Le plus grand obstacle au développement de la langue française est le narcissisme culturel français. Le français a toujours été pensé en relation avec une géographie imaginaire qui faisait de la France le centre du monde », explique encore Achile Mbembe [professeur de philosophie en Afrique du Sud]. C'est que, pour lui, les Français sont encore loin d'avoir pris la mesure des révolutions en cours : si notre langue demeure un idiome universel, c'est aux francophones, vivant hors de France, qu'elle le doit. D'où la nécessité de « dénationaliser » la langue, selon Mbembe : en ouvrant l'Académie aux non-Français, en décloisonnant les prix littéraires, la presse, l'édition. Un immense travail dont le chantier n'est, chez nous, même pas à l'étude. « La francophonie ne doit pas être une continuation de la politique étrangère de la France », confirme Alain Mabanckou, écrivain né au Congo qui enseigne dans le Michigan. « Nous devons considérer la France comme un membre de la francophonie et non comme le centre décisionnel. Il faudrait redéfinir les choses, expliquer que la langue française n'est plus l’apanage de la Coupole ». Même son de cloche chez l’Algérien Hamid Skif, lequel est plutôt pessimiste quant à l’avenir de la francophonie : « La francophonie est atteinte de rhumatisme articulaire aigu et ne sera pas guérie par les remèdes de grand-mère que lui administrent les rebouteux installés à son chevet. Repliée sur elle-même, manquant de politique et d’audace, elle court héroïquement à sa perte et rien ne la sauvera du désastre. Pas de vision, pas de fric. Des politiques à la petite semaine servies sur canapé par des appareils bureaucratiques. Disons que la francophonie a les yeux plus gros que le ventre ou les bras plus longs que ses jambes, et qu’elle n’embrasse personne à vouloir embrasser tout le monde ». Résultat ? La francophonie, pour Skif, a un genou dans la tombe. « Qui apprendra le français dans cinquante ans en dehors de la Françafrique et du Québec? Quelques diplomates bronzés, des jeunes filles de bonne famille ou les baleines de Cape Town? » (…) Didier Jacob, « “Nous accusons la France” : les écrivains francophones en colère », Le Nouvel Observateur, semaine du jeudi 16 mars 2006. (http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2158/articles/a297423.html)

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3. Dans le paysage littéraire français, Jean-Marie Gustave Le Clézio occupe une position singulière, en marge des clans, des écoles, des modes. A la fois français et mauricien, élevé dans la culture française et fin connaisseur de la littérature anglo-saxonne, ce romancier hors norme se réclame de Lautréamont, de Zola, mais aussi de Stevenson et de Joyce. (…) L.C. : (…) Nous vivons dans une époque troublée où nous sommes envahis par un chaos d’idées et d’images. Le rôle de la littérature aujourd’hui est peut-être de faire écho à ce chaos. L.F : La littérature, peut-elle agir sur ce chaos, le transformer ? On n’a plus l’outrecuidance de croire, comme à l’époque de Sartre, qu’un roman peut changer le monde. Aujourd’hui, les écrivains ne peuvent que faire le constat de leur impuissance politique. (…) Qui peut imaginer aujourd’hui qu’un éditorial dans un journal puisse aider à résoudre les problèmes qui nous gâchent la vie ? La littérature contemporaine est une littérature du désespoir.

L.F : Vos romans participent d’un imaginaire mondialisé.

L.C. : Je considère que le roman a comme principale qualité d’être inclassable, c’est-à-dire d’être un genre polymorphe qui participe d’un certain métissage, d’un brassage d’idées qui est le reflet en fin de compte de notre monde multipolaire.

L.F : D’où vient chez vous cette fascination de l’ailleurs ? L.C. : La culture occidentale est devenue trop monolithique. Elle privilégie jusqu’à l’exacerbation son côté urbain, technique, empêchant ainsi le développement d’autres formes d’expression : la religiosité, les sentiments, par exemple. Toute la partie impénétrable de l’être humain est occultée au nom du rationalisme. C’est cette prise de conscience qui m’a poussé vers d’autres civilisations. L.F : On a souvent l’impression en vous lisant que vos personnages, à votre image, recherchent une patrie, une patrie qui dépasse le concept traditionnel et un peu étriqué de la nation. Salman Rushdie parle de « patries imaginaires » en évoquant le nouveau rapport que tente d’établir l’écrivain exilé avec le pays d’où il vient. A quoi ressemble votre patrie imaginaire à vous ? L.C. : Je me considère moi-même comme un exilé parce que ma famille est entièrement mauricienne. Depuis des générations, nous sommes nourris au folklore, à la cuisine, aux légendes et à la culture mauriciennes. C’est une culture très mélangée où se mêlent l’Inde, l’Afrique et l’Europe. Je suis né en France et j’ai été élevé en France avec cette culture-là. J’ai grandi en me disant qu’il y avait un ailleurs qui incarnait ma vraie patrie. Un jour, j’irai là-bas, et je saurai ce que c’est. En France, je me suis donc toujours un peu

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considéré comme une « pièce rapportée ». En revanche, j’aime beaucoup la langue française qui est peut-être mon véritable pays ! Mais si on considère la France comme nation, je dois dire que je me suis rarement identifié à ses impératifs. Tirthankar Chanda, « La langue française est peut-être mon véritable pays », entretien avec J-M Gustave Le Clézio, France Diplomatie/Label France, n° 45 – 2001 4. Un entretien exclusif avec le plus secret des écrivains français Emil Cioran (…) J'ai le complexe de l’étranger : je sais que je ne peux pas me permettre toutes les audaces, les oublis et les violences en français. Toutes ces choses que l’on fait naturellement, d’instinct, dans sa langue, on en est conscient dans une langue étrangère, même si on la possède parfaitement. On reste toujours conscient du fait que les mots existent indépendamment de vous. Cet intervalle entre vous et l’instrument-verbe est la raison pour laquelle il y a très peu, presque pas de poètes écrivant dans une autre langue que leur langue maternelle. (…) Un métèque doit être conscient que, dans sa nouvelle langue, il ne peut pas exprimer cette mort souterraine de l'âme qu'est la poésie. On peut devenir poète dans une langue qu'on apprends à cinq ans. Ensuite, c'est trop tard. (…) « Changer de langue pour un écrivain est une phénomène aussi grave que pour un homme de changer de religion », disait Simonne Weil. L'écrivain retire l'illusion d'une nouvelle vie, d'un nouvel univers. Je suis formel: si un écrivain étranger (j'entends par là uniquement ceux qui ont déjà publié dans une autre langue, qui ont eu une première carrière d'écrivain) veut se mettre au français, il lui faut complètement écarter la langue maternelle. On me dit parfois: « Mais ma femme veut parler dans notre langue ». Je réponds: « Un seul remède : le divorce ». (…) [Je fais l’éloge d’]Erwin Chargaff, ce nobélisable de Czernowics, [qui] disait: « Ne mérite d'exister que ce qui est exprimé en français ». Anca Visdei, « Entretien avec E. Cioran », Les Nouvelles Littéraires, février 1986. 5. Après les bobos, les CC [créatifs culturels]! Férus d'écologie autant que de spiritualité, rêvant d'un monde meilleur qu'ils contribuent à mettre en œuvre, ils sont à l'avant-garde du changement sociétal. Décryptage d'une nouvelle tribu Appelez-les « CC », ou même « créa-cu », surnom polisson qu’ils se donnent en plaisantant. Les créatifs culturels forment une espèce en voie d'apparition (…). Une tribu encore méconnue, mais qui risque fort de ringardiser cruellement les bobos et autres nonos (…) « Les créatifs culturels, [dit] Jean-Pierre Worms, sociologue, sont en avance sur les valeurs de demain ; (…) ils veulent que le cœur et la raison soient indissociables ». Quitte à changer de vie, tel Jean-Louis Grimaldi, devenu bouddhiste et traiteur bio après avoir brûlé sa vie par les deux bouts dans l'engrenage fric - frime - non-sens à Miami. Ou comme Elisabeth Laville, qui, après un parcours d'impeccable businesswoman dans l'audit, a tout lâché pour lancer Utopies, société de conseil en développement durable. Comme eux, les CC, citoyens voulant réinventer le monde, vivent en adéquation avec leurs idéaux humanistes sans pour autant fuir dans le Larzac, à la façon des babas des années 1970… Les deux pieds dans l'époque, les créa-cu, surreprésentés parmi les CSP, majoritairement jeunes, avec une grande proportion de femmes s'engagent au cœur de la société pour mieux la transformer. Loin de fomenter une hypothétique révolution, ils la mènent tous les jours dans leur vie quotidienne! Les points communs des CC ? Ils

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valorisent l'écologie, la spiritualité et la connaissance de soi, la place des femmes dans la société, le multiculturalisme et la solidarité. (…) « Les CC constituent un laboratoire de ce que j'appelle la postmodernité, avec des gens qui veulent faire de leur vie une œuvre d’art. Ce qui compte, c’est la qualité de l'existence: ne pas perdre sa vie à la gagner. Cette dimension créatrice et créative - au sens américain : créer une nouvelle culture de société - va se développer de plus en plus », [affirme Michel Maffesoli]. Katell Pouliquen, « Vous êtes peut-être un créatif culturel », L’Express.fr, mis à jour le 30/04/2007, publié le 30/04/2007 (http://www.lexpress.fr/styles/vous-ecirc-tes-peut-ecirc-tre-un-cr-eacute-atif-culturel_477072.html)

A. LE TEXTE ET VOUS 1. Lequel des cinq textes avez-vous lu en premier ? Pourquoi ? La photo a-t-elle joué

un rôle dans votre choix ? 2. Précisez la relation entre les supports médiatiques choisis, le type de texte que

vous êtes censés d’y trouver et le public cible. 3. Distinguez la presse grand public de la presse spécialisée. Précisez les différences

que vous constatez entre les deux catégories, à partir aussi de vos expériences de lecture. Donnez des exemples.

4. Que saviez-vous déjà sur les personnalités et les phénomènes culturels annoncés par les titres et / ou les chapeaux ?

5. Avant la lecture des textes, choisissez l’un des sujets suivants, faites une recherche personnelle et présentez-en les résultats devant le groupe : a) les écrivains francophones b) l’impasse de la francophonie c) le choix culturel de Cioran d) Le Clezio, personnalité et œuvre e) les « créatifs culturels ».

B. VOUS ET LE SUJET DU TEXTE 1. De quelle manière la référence à Zarathoustra, en début du texte de de Bernard,

oriente-t-elle l’horizon d’attente du lecteur ? 2. Selon vous, le sujet de l’article de Didier Jacob justifie-t-il sa présence à la une du

Nouvel Obs ? 3. Lisez uniquement le chapeau du quatrième texte. Quel est, selon vous, « le plus

secret des écrivains français » ? Argumentez votre choix. Etes-vous d’accord avec le choix de l’auteur de l’entretien ?

4. Même s’il s’agit d’un entretien, le texte de Cioran élude les questions de l’intervieweuse, en donnant la parole uniquement à l’écrivain ; imaginez les questions et le dialogue de Cioran avec Anca Visdei (25-30 lignes).

5. Le symbole de la Coupole, à quoi renvoie-t-il et que savez-vous sur cette institution ?

6. Quelles pourraient être, selon vous, les raisons de la colère des écrivains francophones ?

7. Faites correspondre à chaque article le / les type(s) de discours dominant(s) :

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a) descriptif b) narratif c) argumentatif d) informatif e) figuratif.

C. L’AUTEUR, LE TEXTE ET VOUS 1. Dans la manière dont il décrit le monde contemporain, François de Bernard fait

preuve de : a) subjectivité b) objectivité c) impartialité d) parti-pris e) optimisme f) pessimisme

2. Didier Jacob fait preuve de a) sympathie b) antipathie c) indifférence d) neutralité e) compréhension

à l’égard des écrivains francophones. 3. Il se montre :

a) critique b) neutre c) solidaire d) hostile

envers la France. Motivez votre choix, en identifiant les traces de sa présence directe dans le texte. 4. Distinguez dans les interventions de Tirthankar Chanda la stratégie du discours

conversationnel (genre journalistique – interview) : a) ce qu’il dit à l’intention de l’auteur b) ce qu’il demande réellement à l’écrivain français c) ce qu’il doit dire pour enchaîner avec la réponse précédente.

5. Avant de rencontrer Le Clézio, le journaliste a rédigé une ébauche des sujets à aborder. Reconstituez-la.

6. En quoi les commentaires de Le Clézio sur la culture contemporaine rejoignent-ils les considérations de de Bernard ? Quelle image de la culture contemporaine brossent les deux personnalités ?

7. Cioran est fameux pour ses affirmations tranchantes, à caractère définitif et choquant. Repérez-en quelques-unes dans le texte ci-dessus et réagissez-y.

8. Dans le même texte, il y a plusieurs citations à caractère d’assertion/ d’aphorisme; identifiez-les, reformulez-les et commentez-les.

9. Comment Cioran définit-il la poésie ? Etes-vous d’accord avec sa définition ? Donnez-en votre propre définition (5-10 lignes)

10. Quelle est l’attitude de l’auteur du dernier texte quant aux créatifs culturels ?

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11. Etes-vous d’accord avec le parcours des deux protagonistes de son article ? Auriez-vous fait les mêmes choix de vie qu’eux ?

12. Distinguez : a) la métaphore que de Bernard utilise pour soutenir sa thèse et le champ

lexical qu’elle engendre b) les valeurs atteintes de la « dépréciation universelle » dont traite le premier

article. Selon vous, pourraient-elles être réévaluées ? De quelle manière ? c) les événements et les causes, qui, selon de Bernard, président à la perte

d’espoir et de vouloir qui régissent la société contemporaine. d) les « chefs d’accusation » des écrivains francophones contre la France. e) l’attitude de chacun des écrivains interviewés à l’égard de la francophonie. f) dans l’interview avec Le Clézio, les éléments autobiographiques. g) les composantes du portrait du créatif culturel.

13. Imaginez la réponse que donnerait aux accusations des écrivains francophones : a) un écrivain français bénéficiant, lui, de tous les honneurs de la Coupole (

Philippe Sollers, Jean Rouaud, etc.) b) un universitaire français c) un français moyen.

14. Relevez la poéticité des textes. 15. Expliquez par une paraphrase les sens des proverbes et des expressions imagées

qui apparaissent dans les articles. Cherchez leur équivalent en roumain / dans une autre langue que vous maîtrisez :

Ils n’ont pas leur langue dans leur poche Casser du sucre sur les Français Son de cloche Avoir les yeux plus gros que le ventre Avoir les bras plus longs que les jambes N’embrasser personne à vouloir embrasser tout le monde Avoir un genou dans la tombe Courir héroïquement à sa perte Brûler sa vie par les deux bouts L’engrenage fric – frime – non-sens à Miami Des gens qui veulent faire de leur vie une œuvre d’art. 16. Relisez le fragment où l’écrivain algérien Hamid Skif décrit l’état de la francophonie. Résumez-le sans reprendre ses propos. D. COMMENTER COMMENTER, C’EST PRÉCISER 1. Qu’est-ce que vous entendez par relativisme culturel ? 2. Quelles sont les mesures que réclament les écrivains francophones pour

« apaiser » leur « révolte » ? 3. Quelle solution de Bernard propose-t-il pour dépasser la crise dans laquelle se

trouve, selon lui, le monde contemporain ? Vous la trouvez : a) élégante b) réductrice c) forcée

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d) inacceptable e) inefficace f) insuffisante g) illusoire ?

2. Quelles autres possibles voies identifiez-vous pour sortir de ce marasme socio-culturel ? Quels « objets de motivation » entreverriez-vous ?

4. DOSSIER. Le texte de Didier Jacob met en place plusieurs personnalités dont l’œuvre enjambe plusieurs cultures. Identifiez-les et présentez-les brièvement devant vos collègues. Choisissez-en une et imaginez la discussion que Jacob a eue avec elle (20 lignes).

5. DOSSIER LITTERATURE. a) Comment Le Clézio juge-t-il le roman ? Etes-vous d’accord avec lui ?

Comment définiriez-vous le rôle du roman (dans la société, dans l’ensemble de la littérature) ? Quel serait le rôle de la littérature dans le monde contemporain ?

b) Nommez des écrivains qui écrivent (aussi) dans des langues autres que leur langue maternelle. Qu’est-ce qui les y pousse à écrire ? Présentez-les brièvement, avec leurs motifs respectifs, leurs œuvres, leurs biographies, leurs rapports à la langue d’origine / à la langue d’emprunt.

c) Quelles sont vos lectures favorites ? Menez l’enquête aussi auprès de vos collègues des autres facultés / universités.

COMMENTER, C’EST COMPARER DES CULTURES 1. François de Bernard parle du « désert culturel » spécifique des sociétés

contemporaines. Etes-vous d’accord avec lui ? Croyez-vous qu’on puisse déceler de nos jours une dichotomie entre cultures « malades » / cultures émergentes ?

2. DOSSIER FRANCOPHONIE a) Le texte de Didier Jacob infirme-t-il / confirme-t-il l’image que vous aviez

de la francophonie ? Précisez. b) Donnez votre propre définition de la francophonie. c) Selon vous, le concept de francophonie est-il toujours recouvert par une

réalité ? Comment la décririez-vous ? d) Comment imaginez-vous l’avenir de la francophonie ? (20 lignes) e) Quel est, selon vous, le rôle de la Roumanie dans la francophonie ?

3. DOSSIER. Les Iles Maurice, histoire, culture, relation avec la France, rôle au sein de la francophonie.

4. Est-ce que le créatif culturel participerait-il, tout comme le bobo, d’une mode culturelle, d’un phénomène éphémère ? Son portrait subirait des modifications importantes si on essayait de l’exporter en Algérie / Inde / Irak ?

5. ETUDE DE CAS. Connaissez-vous des cultures hybrides, construites sur l’emprunt, sur le métissage, sur le mélange de cultures ? En quoi sont-elles plus riches que les cultures homogènes ? Serait-il possible, à cette ère d’explosion des médias, de se tenir à l’écart des influences culturelles ?

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E. DEBATTRE Réagissez aux affirmations suivantes : La littérature contemporaine est une littérature du désespoir. Maîtriser une langue, c’est maîtriser une culture. L’avenir de la culture occidentale réside dans le métissage. « Ne mérite d’exister que ce qui est exprimé en français ». (Cette affirmation relève-t-elle d’une certaine époque ? D’une certaine situation privilégiée du français à l’époque respective?) « [U]n éditorial dans un journal [ne peut plus] aider à résoudre les problèmes qui nous gâchent la vie ? » Pourriez-vous donner des exemples de votre connaissance où des éditoriaux ou des reportages publiés dans des journaux ont effectivement contribué à résoudre des problèmes concrets ? F. MINI-CONFERENCE Faites une sélection de citations – des idées, des expressions, des impressions de lecture – qui ont attiré votre attention et présentez-les devant les autres. G. CONTRASTES 1. DOSSIER. La « négritude » ; histoire, valeurs, représentants. Rapports à la francophonie et enjeux dans le monde contemporain Servez-vous également du texte suivant : Alexandre del Valle et David Reinharc, « Entretien avec Calixthe Beyala », Israël Magazine, le 15/09/2006 Calixthe Beyala est sans doute l’intellectuelle noire la plus représentative, sans que cette représentativité n’épuise toute son identité. Sa biographie, ses voyages, le fait, aussi, qu’elle parle plusieurs langues – en plus du Français, elle parle l’Eton, sa langue maternelle, ainsi que le Pidgin, l’Espagnol et quelques langues africaines – témoignent d’une véritable ouverture d’esprit. (…) Entretien avec une voix essentielle de la France noire, qui refuse d’abreuver de fausses certitudes l’anxiété identitaire.

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Alexandre del Valle/ David Reinharc : Vous êtes une intellectuelle reconnue et, présidez, entre autres, le principal mouvement des Noirs en France, qui lutte contre les discriminations. Peut-on dire les choses comme cela ? CB : Je ne me définis pas comme quelqu’un qui représente quoi que ce soit. Mettons que je me définis d’abord comme une intellectuelle à qui sa communauté reconnaît une certaine capacité de penser et d’agir. […] Etre noir, c’est une captation visuelle immédiate qui discrimine tandis qu’être Juif par exemple, c’est être un Occidental comme les autres. Etre noir, c’est être assigné malgré soi à négritude par le regard de l’autre. Cette assignation à identité – on entre là dans le domaine psychologique – est mal vécue, et à partir de ce moment, certains revendiquent cette représentation et se radicalisent. Etre juif n’est pas quelque chose de physiquement visible en dehors des signes distinctifs religieux. Etre « homo », de la même manière, ce n’est pas une captation visuelle immédiate, si on ne le clame pas sur tous les toits. A la différence d’un Juif ou d’un « homo », les Asiatiques sont des minorités visibles. Lorsque je sors dans la rue, immédiatement, je suis vue comme différente : c’est cela, faire partie d’une minorité visible. (…) (http://www.alexandredelvalle.com/publications.php?id_art=250) 2. ETUDE DE CAS. La créolité. Histoire, culture, représentants, situation actuelle, rapports à la France / au français. Vous pouvez lire aussi les deux textes suivants : 1. La guerre avec le français n'a plus lieu d'être. Mais, si politiques et médias se sont emparés du créole, celui-ci peine encore à s'infiltrer à l'école et à compter dans la création artistique et littéraire. Patois d'esclave à l'origine, le créole arbore fièrement dorénavant son statut de langue régionale. Autrefois interdit à la maison et à l'école, circonscrit à la rue, il s'invite dans les colloques universitaires, au catalogue des diplômes, dans les brochures touristiques ou encore dans les administrations. La classe politique et médiatique a vite saisi l'intérêt du «péyi Gwadloup». Les présidents de la région et du département usent régulièrement de formules imagées à l'appui de leurs propositions; la langue se faufile au quotidien, à la radio, dans les propos d'animateurs et de journalistes, et la télévision publique lui ouvre même un espace de débat! Le temps est loin où, dans les années 1970, la radio ne diffusait, aux aurores, qu'un seul bulletin en créole... Beaucoup de métropolitains, soucieux de s'intégrer à la population, s'y mettent à leur tour. Quant aux commerçants chinois depuis peu installés dans l'île, certains le baragouinent déjà afin de séduire la clientèle de leurs bazars... Hervé Pédurand, « La Guadeloupe. Une cohabitation apaisée », L’Express.fr, mis à jour le 11/01/2008, publié le 11/01/2008 (http://www.lexpress.fr/region/une-cohabitation-apaisee_473810.html)

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2. Aimé Césaire, « Prophétie »

Prophétie

Là où l'aventure garde les yeux clairs là où les femmes rayonnent de langage là où la mort est belle dans la main comme un oiseau saison de lait là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe de prunelles plus violent que des chenilles là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche plus ardente que la nuit là où le bruit de mes talons remplit l 'espace et lève à rebours la face du temps là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain à l'espoir et l 'infant à la reine, d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan d'avoir gémi dans le désert d'avoir crié vers mes gardiens d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes je regarde la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant de la scène ourle un instant la lave de sa fragile queue de paon puis se déchirant la chemise s'ouvre d'un coup la poitrine et je la regarde en îles britanniques en îlots en rochers déchiquetés se fondre peu à peu dans la mer lucide de l'air où baignent prophétiques ma gueule ma révolte mon nom.

3. PROJET. Villes multiculturelles. Quelles cultures ? De quelle manière cohabitent-elles ? Quelles personnalités représentatives ? Quelle atmosphère, quelle évolution dans le temps ? Vous pouvez lire aussi le texte suivant. Au chapitre du romantisme, rien n'égale cette ville maure surplombant les eaux, inépuisable source d'inspiration pour tous les artistes et écrivains. [Initialement] comptoir punique, Tanger est tour à tour romaine, propriété des califes d'Al-Andalus, portugaise, anglaise, un peu espagnole, approximativement française. Le cosmopolitisme (…) constitue sa marque de fabrique, définitivement labélisée entre les années 1920 et 1950 du siècle dernier. Décrétée zone internationale, dotée de neuf légations des grandes puissances signataires du traité, elle grouille de ministres plénipotentiaires et de diplomates vaguement barbouzards. Son statut fiscal exceptionnel (ni droits de douane ni impôts) attire aussi bien des milliardaires, dont Malcolm Forbes et

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ses fêtes mirobolantes, que des aventuriers, des peintres (Matisse y prend la relève de Delacroix), des écrivains en rupture de ban (Gide précède Paul Bowles, Genet et les amis beatniks d'Allen Ginsberg, sans rien dire des junkies tel William Burroughs), de douteuses princesses et de vrais forbans. Au chapitre du romantisme portuaire, Tanger le dispute alors à Tampico, à Hambourg ou à Valparaiso. C'est la ville de tous les trafics: argent, secrets militaires, drogue, sexe. Au Café de Paris, épicentre de la nouba tangéroise, se retrouvent diplomates, proxénètes, artistes, truands et vieux messieurs amateurs de jeunes gens aux longs cils. L'alcool y coule à flots. Aujourd'hui, il est banni de cette espèce de Flore décati, comme de la plupart des lieux publics. (…) La maraude gay et la quête de substances altérantes n'ont pas tout à fait disparu des mœurs locales, mais elles ne s'exercent plus que de façon furtive, réprouvée par le zèle des défenseurs de la vraie foi. Les femmes qui allaient épaules nues, de jour comme de nuit, se sont presque toutes voilées. En quelque trois décennies, Tanger est passée d'une centaine de milliers d'habitants à plus de 1 million d'âmes en peine. Entre bidonvilles suburbains, béton provisoire, et marbre trop blanc pour ne pas évoquer le blanchiment, petite délinquance et grande pauvreté entretiennent un foyer de ressentiments qu'attise à loisir l'intégrisme le plus ombrageux. Tanger ou la fascination de l’éclectisme architectural. Que reste-t-il des fastes interlopes de naguère? Des ruines émouvantes comme le théâtre Cervantès (1913) ; et, de manière plus générale, les vestiges branlants d'un éclectisme architectural sans pareil. Non par strates, mais dans un télescopage dont on ne peut prendre la mesure qu'en marchant, c'est-à-dire en passant d'un mur lépreux de la médina au néoclassique de l'ancienne légation américaine (1821), qui se visite; d'un palais hispano-mauresque, qui ne se visite pas, à des bâtiments Art déco d'inspiration viennoise ou française du palais du sultan (devenu le beau musée Dar-el-Makhzen), qui date du xviie siècle, aux constructions futuristes du prochain port Tanger Med (dont on espère des emplois), du labyrinthe odorant des souks au cloître silencieux du palais des Institutions italiennes (sur demande), d'un quartier pouilleux aux somptueuses résidences du Marshan, cernées d'arums et de roses, villas florentines, provençales, répliques de cortijo andalou, façons de cottage Nouvelle-Angleterre. Ne manque que le chalet tyrolien. En cherchant mieux, vous le débusqueriez peut-être entre une tombe phénicienne et un temple anglican transformé en mosquée. A peu près tous les styles de toutes les époques sont disséminés sans rime ni raison apparentes. Telle est l'ultime séduction de Tanger, ce miroir brisé dont chaque éclat sollicite l'imagination romanesque. De la mélancolie à l'état volatil. Pierre Veilletet, « Retour à Tanger », L’Express.fr, mis à jour le 13/03/2008, publié le 27/02/2008 (http://www.lexpress.fr/styles/voyage/retour-a-tanger_473247.html) 4. Répondez au questionnaire suivant, pour apprendre si vous êtes ou non un créatif culturel : Etes-vous un « Créatif culturel » ? 1. Vous aimez la nature et sa destruction vous inquiète. 2. Le sort global de la planète vous touche (réchauffement climatique, destruction des forêts tropicales, surpopulation, prise en compte insuffisante des impératifs de la

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durabilité écologique dans le système en place, exploitation des populations des pays pauvres) et vous souhaitez que l’on fasse plus pour l’améliorer, même si ceci implique de limiter la croissance économique. 3. Vous seriez prêt à payer plus d’impôts ou de taxes, ou à payer des biens de consommation plus cher si vous aviez la preuve que l’argent récolté est bien utilisé pour la protection de l’environnement. 4. Vous attachez beaucoup d’importance à la qualité des relations humaines. 5. Vous considérez qu’il est important d’encourager et d’aider chacun à mettre en valeur les dons, talents et richesses uniques de sa personnalité. 6. Vous faites du bénévolat pour une ou plusieurs causes. 7. Le développement spirituel et psychologique est un domaine qui vous est familier. 8. La spiritualité et la religion sont des aspects importants de votre vie, mais vous vous inquiétez de l’influence des intégrismes religieux. 9. Vous souhaitez que les femmes soient traitées à l’égal des hommes, notamment dans le monde professionnel, voir plus de femmes à la tête des entreprises et des partis politiques. 10. Vous êtes alarmés par les violences et les mauvais traitements que subissent les femmes et les enfants dans le monde entier. 11. Vous souhaitez que les dépenses publiques et la politique en général soient plus orientées vers l’éducation et le bien-être des enfants, vers la réhabilitation des quartiers et des communautés, vers la création d’un système écologiquement stable et durable permettant de préserver l’avenir. 12. En politique, vous n’êtes satisfait ni par la droite ni par la gauche, ni même par un centre mitigé. 13. Votre vision de l’avenir est plutôt optimiste et vous vous méfiez du pessimisme et du cynisme que véhiculent les médias. 14. Vous souhaitez vous impliquer activement dans la transformation de la société. 15. Vous désapprouvez les méfaits des entreprises accomplis au nom du seul profit (licenciements, dégradation de l’environnement, exploitation des pays pauvres et de leurs populations). 16. Vous surveillez vos dépenses et évitez de « surconsommer ». 17. Vous désapprouvez la manière qu’a la culture moderne de toujours mettre l’accent sur la compétition, le succès et la réussite, sur l’acquisition et l’accumulation de nouveaux produits, et sur les signes extérieurs de richesse et le luxe. 18. Vous êtes ouvert à ce qui vous est étranger : personnes, lieux et modes de vie.

Si vous êtes en accord avec au moins quinze de ces affirmations, vous êtes sans doute un créatif culturel (Extrait du livre de Paul Ray). Anne Dhoquois (avec Wikipedia) (Les créatifs culturels – http://www.place-publique.fr/article2574.html) II. REPERES GRAMMATICAUX. Le régime prépositionnel des verbes Sans préposition

Préposition À

Préposition DE

Préposition À / DE

Infinitif en construction directe ou préposition À

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Affirmer, aller, apercevoir, assurer, compter, croire, détester, devoir, dire, écouter, entendre, se figurer, s’imaginer, laisser, monter, penser, reconnaître, savoir, venir, etc.

S’acharner, se complaire, condamner, consentir, se décider, disposer, donner, employer, s’essayer, se fatiguer, hésiter, s’obstiner, parvenir, se préparer, renoncer, se résoudre, servir, songer, travailler, etc.

Accepter, accuser, achever, ambitionner, cesser, se contenter, désespérer, empêcher, essayer, finir, se hâter, imposer, interdire, menacer, négliger, oublier, prier, projeter, recommander, regretter, se réjouir, se souvenir, tenter, etc.

Commencer, continuer, contraindre, s’ennuyer, forcer, obliger, solliciter, demander, etc.

Aimer, décider, mettre, rester, etc.

Exercices :

1. Là où c’est le cas, remplacez les pointillés par la préposition convenable : Il s’amuse … regarder les oiseaux se baigner dans cette mare. Il sent … l’émotion monter. Nos amis nous ont conseillé … ne pas acheter cette voiture. Lorsque les enfants sont rentrés, ils ont décidé … ne plus jamais partir en vacances sans nous. Dans ce vacarme, nous cherchons tout de même … nous comprendre. Je l’entends … danser dans la chambre à côté. Il est contraint … partir. Les ministres se sont résignés … attendre la fin de la séance pour apprendre le résultat du vote. 2. Mettez ensemble les constructions suivantes, avec la préposition requise par le verbe ou sans préposition:

Il est interdit aller voir un médecin. Même s’il n’a aucune chance de gagner, ce garçon s’entête

d’

se réconcilier.

Je vous recommande de

faire trop d’effort.

Mes parents ont beau tenter passer la journée en plein air. Malgré sa santé précaire, il s’obstine

à fumer dans cette pièce.

Nous préférons poursuivre l’entraînement pour les Jeux Olympiques.

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3. Construisez des phrases avec les verbes suivants : aimer, apprendre, consentir, se contenter, empêcher, se figurer, penser, songer, tenter.

III. DISCOURS MEDIATIQUES. Le portrait de presse. La mise en scène d’une personnalité : A. Soljenitsyne et les médias occidentaux

Afin de surprendre la présence dans la presse des personnalités culturelles et surtout ce qui les fait apparaître à la Une des quotidiens internationaux, les portant ainsi à la connaissance du public nous proposons la grille d’analyse suivante. 1. Répondez aux questions suivantes:

• Quels types d’événements déclenchent l’intérêt des médias ? En d’autres mots, quelles familles événementielles remettent dans l’actualité la personnalité d’un artiste ?

• Y a-t-il une matrice discursivex – un modèle de structure du discours médiatique / du portrait de presse ? Laquelle ?

• Par quelle stratégie de mise en scène l’événement est-il actualisé dans différents documents de la presse internationale ?

• Quel est le bilan de l’image de l’artiste que la presse renvoie au lecteur ? 2. Etapes de l’analyse 2.1. Survoler la presse : identifier les familles d’événements ciblées sur une personnalité culturelle. Exemple : Le survol de la presse francophone à vocation internationale des six derniers mois de l’année 2008 nous a permis de constater deux types d’informations mis en vedette par les médias : « remise de prix », dont la plus récente le prix Nobel de littérature, et « disparition d’une personnalité culturelle », parmi les plus récurrentes. Ces deux familles événementielles permettent en effet aux journalistes de faire « le bilan » d’une vie, de reconstruire l’image de la personnalité par une stratégie textuelle qui vise à faire connaître son impact sur le monde contemporain, donc à informer mais aussi à former par l’encyclopédisme du contenu. Les documents de presse analysés renforcent leur crédibilité en authentifiant les informations : témoignages personnels des artistes, notices biographiques, photos, complément de rigueur dans le portrait de presse. Ils contribuent ainsi à une représentation complète et complexe de la personnalité en question. 2.2. Vérifier l’application d’une matrice discursive spécifique. La mise en texte de la personnalité respecte une matrice discursive commune :

- Introduction (annonce de l’événement déclencheur par le titre et le chapeau) - Repères biographiques - L’œuvre et l’originalité du créateur - L’homme et son apport social, culturel, politique - Conclusion : l’importance internationale de sa personnalité

2.3. Stratégies de mise en scène de la personnalité : similitudes et différences Pourtant, les stratégies de la mise en scène des personnalités culturelles diffèrent, bien que les données – biographie, œuvre – soient les mêmes. Les éléments distinctifs portent sur :

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- la mise en texte du contenu sous l’aspect formel : • structure textuelle (plan thématique / chronologique / par opposition) ; • ampleur donné à l’événement par le choix du genre journalistique

(dépêche d’agence ; compte-rendu ; commentaire); - le choix des fonctions discursives (narrer, décrire, analyser) - la manière personnelle de rendre le contenu (style, ton).

L’image de la personnalité se révèle finalement au public par la force du paradigme de désignation. 2.4. Analyse contrastive du portrait dans la presse. A partir du noyau commun du portrait de presse, identifié comme matrice discursive, nous procédons par la suite à une analyse contrastive de la mise en scène d’un même événement par plusieurs instances émettrices pour constater justement leurs manières particulières de brosser le portrait d’une personnalité. Le bilan constate l’importance sur les représentations du public des stratégies éditoriales régies par des a priori politiques, culturels ou nationaux. Etude de cas : Alexandre Soljenitsyne La confrontation des réactions provoquées dans la presse internationale par la disparition de l’écrivain russe met en évidence sa personnalité exceptionnelle. Le corpus de textes1 comprend les articles de trois agences internationales (AFP, AP et RIA Novosti), des quotidiens français en ligne Libération.fr, LeFigaro.fr, ACTUS HUMANITE.FR, du quotidien russe Tvoï Den, parus du 3 au 5 août 2008, ainsi que du Monde sélection du 9 août 2008. La structure des discours est identique : l’introduction, la biographie, l’œuvre, l’homme et, en conclusion, l’écho international de sa personnalité. Pourtant, la seule mise en parallèle des textes d’agences révèle la perspective élogieuse de l’AFP contrastant avec la restitution argumentée et riche en informations d’AP. Objectif, sobre et précis, l’article de l’AP synthétise la personnalité de l’écrivain, mais le paradigme de désignation reste pauvre. Le journaliste réserve à la fin un effet de surprise en citant le président français qui a rendu hommage à Soljenitsyne saluant « l’une des plus grandes consciences de la Russie du XXe siècle », « une figure romanesque, héritière de Dostoïevskie qui « appartient au Panthéon de la littérature mondiale ». Le paradigme de la désignation qui donne corps à l’identité et à la personnalité de Soljenitsyne met en scène un profil très contradictoire et controversé. Élogieux dans la majorité de la presse française : « prophète » au destin exceptionnel (AFP), « Soljenitsyne a joué un rôle historique », c’était un « patriote habité par une force prophétique et une détermination comparables à celle d’un Dostoïevski », mais un talent littéraire controversé (Libération.fr), pour devenir dans Le Figaro, « un mythe » et sa vie « une légende », « une suite de miracles ». Seul bémol à ces superlatifs, dans le numéro ACTUS HUMANITE.FR. Ce dernier, paru le 4.08.2008, choisit le ton sec et le laconisme dans le portrait contrasté, volontairement minimisé par la présentation : « dénonciateur du

1 Sources: Agences de presse en ligne : http://www.afp.com 03-08-08, www.ap.org /04-08-08, http://en.rian.ru / 19 :38/05/08/08 ; quotidiens français en ligne : http://www.latribune.fr, http://liberation.fr / 03-08-08, http://www.lefigaro.fr /04-08-08, http://www.humanite.fr– rubrique Actus humanité.fr./ 04-08-08, http://www.tden.ru/ 04-08-08 , du quotidien russe Tvoï Den, Le Monde Edition internationale, sélection hébdomadaire- samedi 9 août 2008, No. 3118.

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goulag stalinien » et « paria devenu héros » dans le passé, il n’était plus qu’un personnage affaibli, « le chantre du nationalisme » et « soutien de Poutine ». La revue de la presse russe (RIA Novosti, 19 :38/05/08/08) accentue la touche nationaliste, son rôle messianique de « conscience de la nation », d’« autorité morale », évoque l’écrivain « justicier » et déplore « La fin d’une époque » (titre de la double page de Tvoï Den) car, dans l’état actuel de la Russie, marqué par le clivage pouvoir / peuple et la perte de conscience et des idéaux nationaux, la voix de Soljenitsyne prêchait dans le désert. En Russie, les médias locaux reprennent la réaction des autorités : « écrivain exceptionnel », « homme au destin unique ». Pourtant, les quotidiens consultés dévoilent aussi les accusations d’antisémitisme (La Tribune.fr), son attitude critique à l’égard de la culture occidentale, le présentent comme le « chantre » des valeurs nationalistes, de l’orthodoxie. Sa nostalgie de « la Sainte Russie » le place, dans ses dernières années, « en décalage » par rapport à ses concitoyens. « Grand historien et écrivain politique, son talent littéraire a fait l’objet de jugements divergents, certains critiques le croyant éminent sur ce plan aussi, d’autres, tel l’écrivain ex-dissident Vladimir Voïnovitch, affirmant que son génie est un « mythe » (Libération.fr). Les mises en perspective divergeant, le bilan synthétique fondé sur le paradigme désignationnel de Soljenitsyne révèle, d’une part, la difficulté pour le lecteur d’avoir une représentation objective et impartiale de la personnalité de l’écrivain par une consultation unilatérale des sources ; d’autre part, le croisement des sources dévoile implicitement les apriori qui sous-tendent les stratégies rédactionnelles. L’implicite qui explique la froideur de l’article de L’Humanité – version en ligne est, par exemple, l’orientation politique, communiste du quotidien. Par contraste, LeFigaro.fr, journal de centre-droite, évoque dans la personne de l’écrivain russe : la victime d’une politique discrétionnaire, « le combattant contre le communisme », l’ « antistalinien ». Activités :

1. Analysez l’écho dans la presse internationale de la remise du prix Nobel de littérature à Jean-Marie Gustave Le Clézio, les 9, 10 octobre 2008. Appliquez la grille d’analyse suggérée.

2. Comment présente la presse roumaine cet événement ? Réalisez un analyse comparative à partir de la matrice discursive du portrait de presse.

3. Choisissez deux quotidiens francophones et identifiez les types d’événements qui actualisent les personnalités culturelles.

4. Comment sont reflétés dans les médias les événements culturels d’envergure internationale ?

DIRE AUTREMENT saisissante : étonnant, frappant, surprenant l’emporter : avoir le dessus, se montrer supérieur, gagner, triompher, vaincre sous la contrainte – obligé par glissement : affaissement, évolution

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guère : pas beaucoup, pas trop ladite : celle dont on vient de parler flamboyant : brillant, éclatant, étincelant farfelu : loufoque, biscornu, saugrenu (ne pas) avoir sa langue dans sa poche : parler avec facilité et, notamment, répliquer en découdre : se battre casser du sucre sur le dos de quelqu’un – dire du mal de lui en avoir marre : être excédé, dégoûté, en avoir assez, en avoir par-dessus la tête décloisonner : ôter des cloisons administratives, économiques, psychologiques de (qqch.) pour faciliter la communication rebouteux : guérisseur à la petite semaine : à très court terme avoir les yeux plus gros que le ventre – entreprendre plus que l’on ne peut mener à bien avoir les bras plus longs que les jambes – var. avoir le bras long, être influent même son de cloche : même chose remèdes de grand-mère : remèdes empiriques traditionnels outrecouidance : orgueil, présomption, prétention, arrogance, effronterie, impertinence brassage d’idées : mélange; creuset, melting-pot. étriqué : qui est trop étroit (vêtement) ; (fig.) sans envergure, trop limité ; borné, étroit audace : assurance, bravoure, courage, décision, hardiesse, intrépidité le métèque : étranger (surtout méditerranéen) vivant en France, et dont l’allure, le comportement sont jugés déplaisants nobélisable : susceptible d’obtenir un prix Nobel féru : qui est très épris, entiché, passionné polisson : coquin, canaille, égrillard, leste, osé ringardiser : (fam.) rendre désuet, démodé; ringard : ce qui est vieillot, de mauvaise qualité, de mauvais goût nonos – (invention lexicale) d’autres éventuelles catégories traiteur : restaurateur brûler sa vie par les deux bouts : mener une vie d’excès frime : (fam.) comportement volontairement ostentatoire, bluff, fanfaronnade, vantardise ; (arg.) visage, mine les babas : babas cool, personnes des années 1970, non violente, inactive, plus ou moins nomade, écologiste, souvent mystique, vivant parfois en communauté ; hippie fomenter : susciter, préparer secrètement (une révolution, des troubles)

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La communication médiatique. Discours et réception La communication médiatique La communication médiatique est une forme de communication sociale qui revêt d’abord une valeur commerciale, étant régie par les lois du marché et de la concurrence. Sous cet aspect, tous les médias confondus s’intègrent dans une industrie culturelle qui crée trois types de produits en série : information, publicité et divertissement. A part cette mise économique, les médias ont des mises symboliques, qui font l’objet de ce cours, et que nous tentons ici d’approfondir surtout par deux types de produits, l’information et la publicité, rendus par les canaux de la presse écrite, des documents vidéo et audio, ainsi que par d’autres produits culturels. Les mises symboliques de l’information et de la publicité se laissent analyser sous trois aspects : la source – lieux de production du discours ; la matière – langage verbal, image, codes gestuels ; et la forme de chaque activité médiatique – le discoursx informatif et le discours publicitaire. Ces derniers procèdent à des mises en scène discursives des phénomènes régis par l’actualité des événements et par l’imaginaire collectif. Tout produit médiatique – magazine, quotidien, article, publicité – sera ainsi appréhendé en premier lieu selon ces trois critères. L’importance socioculturelle des médias et leur impact sur l’évolution des mentalités ressort aussi de mises symboliques telles :

- les mises de représentation. Les énoncés informatifs ou de publicité sont élaborés à partir des choix discursifs sous forme verbale (désignations, qualification des acteurs) ou visuelle (figurer des actions). Ces a priori discursifs travaillent à la promotion et à la construction, chez les individus, d’images mentales qui sont structurées sous forme de représentations collectives. Celles-ci deviennent des instruments d’interprétation, d’intelligibilité du réel qui, par ces voies indirectes, peut être perçu différemment selon les critères de sélection et de mise en page des politiques rédactionnelles.

- les mises socioculturelles. Activant la circulation de ces représentations dans le monde social, les médias contribuent à l’organisation du système de valeurs et de croyances qui tendent à devenir des normes pour les collectivités (internationales, nationales, locales, régionales). C’est pourquoi l’influence des médias n’est pas négligeable en ce qui concerne les schémas cognitifs1.

1 En psychologie : informations stockées en mémoire ne faisant pas l’objet d’un apprentissage volontaire, ces schémas permettent de comprendre « comment nous percevons notre environnement, comment les informations sont organisées en mémoire et comment nous mobilisons des connaissances implicites pour agir sur les monde », Jean Pierre Rossi, « Le rôle des schémas cognitifs », site : http://www.scienceshumaines.com/le-role-des-schemas-cognitifs_fr_14707.html, consulté le 11.10.2008.

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- les mises politiques. Exposer publiquement les opinions reste l’une des vocations essentielles des grands quotidiens généralistes2.

L’approche sociolangagière du Centre d’Analyse du Discours (Université de Paris XIII)3, que nous empruntons, permet justement d’identifier et de développer des instruments d’analyse et des outils méthodologiques capables de faire émerger l’organisation formelle et la nature de ces représentations. Ces recherches sur les faits de langage révèlent la nature des différents imaginaires culturels qui sous-tendent les discours médiatiques. Ces analyses se présentent donc comme un préalable indispensable à toute approche interculturelle, d’autant plus dans l’enseignement des langues, qui ne peut ignorer le contexte socioculturel dans lequel tout fait de langage s’inscrit. Les discours médiatiques sont en effet dans ce cours non seulement les vecteurs d’accès à l’actualité dans des espaces culturels différents, mais représentent aussi un dénominateur commun interculturel à double fonction : par leur structure formelle, d’un côté, et par la langue véhiculée, le français, de l’autre. La situation de communication et le contrat de communication médiatique A partir du principe que tout acte de communicationx est fondamentalement surdéterminé par les contraintes de la situation de communicationx particulière où il s’inscrit, qui est à son tour régie par des règles précises, on peut considérer que l’activité médiatique part d’un contrat de communication spécifique. C’est pourquoi toutes les analyses interculturelles que nous proposons, ainsi que tous les supports médiatiques qui en sont les vecteurs démarrent par une analyse des circonstances, de l’environnement physique et social, de l’identité des acteurs, des représentations sur eux, des événements antérieurs, etc. Ce contrat permet d’envisager les particularités des situations de communication médiatique et les types de discours qui s’y prêtent, car il couvre plusieurs activités discursives caractérisées chacune par : une finalité spécifique ; l’identité des sujets communicants ; le profil des sujets récepteurs ; les formes du discours. Le but. Fonction du type de produit, les contrats de communication spécialisés se distinguent par leur contenu et par les finalités communicationnelles spécifiques : - Le contrat d’information chapeaute tous les messages médiatiques dont le but est d’assurer la connaissance et l’explication du monde des événements. Sa finalité informative se combine avec un but de séduction. - Le contrat de communication publicitaire revêt lui aussi, pour des raisons économiques, une importance capitale dans la communication médiatique. Ce contrat est essentiellement animé par un but factitif (d’achat), ce qui fait fonctionner les ressorts du but de séduction et du but persuasif, empruntant parfois pour des fins stratégiques des procédés rhétoriques propres au but informatif.

2 Guy Lochard et Henri Boyer, Comunicarea mediatică, Institutul European, Iaşi, 1998, p. 10-13 (nous synthétisons et traduisons). 3 Jean-Claude Soulages, « Les imaginaires socioculturels et le discours publicitaire », LFDM (Médias : faits et effets), (Coord. Thierry Lancien), Edicef, Paris, 1994, p. 55 – 61.

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Les sujets émetteurs. Individuels ou collectifs, ils sont à la source de la communication médiatique et ont des identités et des rôles distincts selon le type de discours : - Le discours informatif, issu d’équipes rédactionnelles de journalistes dont l’activité

respecte une carte rédactionnelle et un code déontologique ; - Le discours publicitaire, élaboré sous forme d’annonces, produites par trois types

d’acteurs interdépendants : les créatifs, les commerciaux et les média-planneurs, qui échangent des informations en permanence.

Les sujets communicants qui sont à l’origine des énoncés médiatiques (articles, émissions, etc.) disposent, dans ce cadre contraignant, d’un espace de liberté qui leur permet de donner à ces derniers des formes spécifiques en développant des stratégies spécifiques4. Les sujets récepteurs. Les directions de la pensée actuelle déplacent les questions qui ne visent plus les effets des médias sur le public mais la manière dont les messages médiatiques sont utilisés par le public. La notion de lecteur-modèle5, appliquée à la situation de communication de la presse écrite, constitue un critère de distinction entre plusieurs types de presse : presse généraliste / presse thématique ; presse d’élite/ presse populaire / presse à scandale. Le journaliste prend en compte constamment les compétences linguistiques et les savoirs encyclopédiques de son public virtuel, de son lecteur-modèle. Alors que les plus grandes différences entre les types de lecteurs modèles proviennent des compétences différentes qui sont activées chez eux par la lecture de la presse spécialisée / la presse généraliste6, l’univers d’attente, de croyances et de valeurs distingue le public de la presse d’élite du public de la presse populaire. L’analyse permettant l’identification des prototypes de lecteurs, récepteurs de différentes catégories de presse, ouvre ensuite le champ aux interprétations interculturelles, par une plus profonde compréhension de l’univers référentiel d’un public spécifique. C’est pourquoi, pour tout média, partir à la conquête de son public, le convaincre et le fidéliser restent les actions essentielles. Capter l’audience. La raison d’être de tout média est de nature économique, à savoir le profit. Conquérir et élargir son public part finalement du besoin de vendre au mieux sa publicité. Ce fondement est régi par trois principes directeurs : faire sérieux, faire plaisir et être empathique. Ces trois exigences ou impératifs sont la crédibilité, le spectacle et l’empathie.

Les formes du discours médiatique Dans la presse écrite et audio-visuelle traditionnelle, le discours médiatique était du type monologue. Ses productions s’adressaient à un public mais il n’y avait pas de réversibilité 4 Patrick Charaudeau, Langage et discours. Eléments de sémio-linguistique (théorie et pratique), Paris, Didier-Erudition, 1983, p. 14. 5 Voir Umberto Eco, Lector in fabula, traduit de l’italien par Myriem Bouzaher, Paris, Grasset, 1985 [1979] (Figures). 6 L’analyse de deux types de lecteurs modèles, celui de L’Equipe et du Courrier picard, souligne que leurs différences correspondent au « partage entre les productions médiatiques qui construisent leur public par exclusion (publics « thématiques ») et celles qui excluent un minimum de lecteurs (publics « généralistes ») ; voir Dominique Maingueneau, Analyser les textes de communication, Paris, Nathan/HER, 2000, p. 35.

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du discours. Le destinataire du discours médiatique était muet pour l’émetteur mais il n’était pas inerte – il pouvait éteindre, zapper, ignorer, etc. C’est pourquoi les médias ont ressenti le besoin de créer une apparente interactivité – le courrier des lecteurs, les appels téléphoniques, les bandes des réactions en continu. Pourtant, le développement d’Internet a permis l’entrée massive et rapide sur la Toile des éditions médias en ligne où le discours n’est plus exclusivement monologique mais offre des possibilités de dialogue et interactivité aux récepteurs. Quelles sont les stratégies des instances de production pour capter l’audience des récepteurs ? Premièrement, elles se proposent d’« intégrer les cibles » dans les produits diffusés, ce qui veut dire qu’elles produisent des discours en consonance avec le public visé, avec son imaginaire (valeurs, attitudes, représentations) – ce que Ducrot appelle dialogisme médiatique7. Le discours du sujet émetteur intègre le discours (réel ou supposé) du destinataire et le prend en compte implicitement ou explicitement. Un exemple en est le journal télévisé où le présentateur, à part un ou plusieurs invités dans le plateau, laissera entendre, par des reportages, les opinions entendues ça et là, à l’intérieur du pays ou à l’étranger, qu’il intègre dans son discours8. Les formes du discours médiatique sont particulières à chaque média, fonction de leurs cadres situationnels. Les contraintes du canal de communication sont d’ordre matériel (presse écrite – support matériel durable, même si l’information est considérée éphémère ; radio, télévision – messages fugitifs, sauf à être enregistrés) et imposent donc des cadres différents. Ainsi, les formes de production discursive sont variables – un genre journalistique est plus affirmé dans un média, plus réduit dans un autre ; les rapports au temps diffèrent : la rapidité de la presse radio et télévisuelle – en direct / la presse écrite – en différé ; la relation de communication avec le destinataire très distincte. Le cadre situationnel de la presse écrite se distingue des médias audio-visuels par la mise en rapport décalé des instances de production et de réception. Ici, les instances de production et de réception sont séparées irréductiblement par une distance temporelle et spatiale. Ce qui favorise une certaine distanciation du lecteur, protégé de l’influence immédiate et directe du producteur de l’information. Actuellement, les médias en ligne permettent une interaction dynamique avec leurs lecteurs / leur public, sans annuler pour autant l’activité en décalé du journaliste (enregistrer les données, les organiser, les mettre en forme de message). De fait, comme le précisent Morel et Thiesse, « [l]es processus de construction de la réalité semblent maintenant devenir la préoccupation première. La culture est définie comme un univers mental, une vision du monde, considérés dans leur cohérence propre en fonction de l’intelligibilité que les acteurs ont de leur situation et des contraintes qu’ils subissent de par leur position sociale. »9 Avec la radio, la transmission de l’information n’est plus tributaire à un support matériel. Elle établit une relation d’instantanéité entre l’instance de production et l’instance réceptrice. La première émet les informations en flux continu, et permet le

7 Oswald Ducrot, Le dire et le dit, Paris, Minuit, 1985. 8 G. Lochard et H. Boyer, op. cit., p. 25. 9 A. Morel, A.-M. Thiesse, « Les cultures populaires dans les sociétés contemporaines », dans L’autre et le semblable (Présenté par M. Segalen), Paris, Presses du CNRS, 1989, p.151.

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rapprochement du récepteur de l’actualité car il peut suivre l’événement dès qu’il se produit. En outre, des formes diversifiées d’émissions – débats, tables rondes, interviews, tribunes des auditeurs – mettent en scène des dialogues entre l’animateur, des spécialistes et le public. Ce dernier est libre d’assumer des fonctions différentes : le rôle d’un authentique interlocuteur, participer aux débats, ou se retirer, en simple témoin. A force d’innovations continues, ce média réussit, en dépit de la concurrence de la plus jeune télévision, à rester le plus présent dans les foyers. La télévision est de plus en plus remise en question sous sa forme actuelle. L’avènement du numérique a permis l’apparition de formes complexes d’interactivité et d’options individualisées des programmes mais aussi une diversification des supports par la reprise des émissions en ligne. Le récepteur, derrière l’écran de son PC, consulte et confronte aisément et simultanément l’information des trois instances émettrices. La présente globalisation médiatique a et aura des conséquences sur lesquelles les chercheurs avertissent déjà : inégalités dans l’accès à l’information, clivage culturel/hégémonie culturelle, des formes hybrides d’activités, l’annulation des frontières entre information/publicité ou information/divertissement. Pour conclure, le monde s’offre à nous dans sa complexité à travers les médias. Mais ils ne sont que l’interface entre la réalité et l’individu. Les précis théoriques sur les acteurs, les cadres et les formes de la communication médiatique servent de repères pour la mise en place des outils méthodologiques. Ceux-ci permettent ensuite de comprendre les stratégies de mise en scène médiatiques et pénétrer au-delà du discours dans la réalité complexe des cultures et des mentalités que le seul accès par le click de la souris ne suffit pas à dévoiler.

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La publicité

I. Définitions et méthode d’analyse En tant que forme de communication, la publicité vise tout d’abord un but économique : fixer l’attention du public sur un objet consommable et l’inciter à acheter ce produit ou service. Ses principales fonctions sont de faire connaître un produit ou un service par des procédés de séduction, de préserver l’intérêt du public par la persuasion, afin d’obtenir une perception positive sur la marque promue et de fidéliser ainsi le consommateur. Ses mises symboliques lui font acquérir droit de cité parmi les produits culturels grâce à sa composante créative et à sa capacité d’influencer les comportements et attitudes de la société contemporaine. « La publicité est reconnue aujourd’hui unanimement comme un processus de production de formes culturelles à part entière et comme un des supports les plus puissants des représentations sociales et identitaires de nos sociétés1 ». C’est pourquoi l’étude des publicités en tant que configurations signifiantes, par l’analyse du discours peut révéler un certain nombre d’imaginaires sociaux, les modifications dans la hiérarchie des valeurs dans une société à une époque donnée, et même les interférences culturelles. Le « rituel socio-langagier » (Charaudeau, 1982) sur lequel se construit le discours publicitaire met en relation deux instances empiriques, un sujet communiquant – un annonceur publicitaire déterminé – et des sujets interprétants – un ensemble indifférencié de consommateurs acheteurs potentiels du produit. A ce circuit externe correspond une mise en scène de leur double figuré dans chacune des productions discursives, un énonciateur et un destinataire présents dans les traces langagières de l’échange ou de la scène représentés. La finalité de ce contrat sociolangagier est bien celle de transformer, au moyen d’un certain acte de persuasion, un consommateur de publicité en un consommateur effectif de marchandises. Pour parvenir à ses fins, le sujet communiquant dispose de stratégies de discours qui se manifestent à travers l’organisation énonciative et discursive de l’acte de langage, stratégies de captation qui masquent le plus souvent la finalité du projet de communication. La configuration discursive de ces productions met en évidence, malgré la multiplicité des variantes, l’existence de formes figées dépendantes de deux types de facteurs :

• les uns liés au rituel sociolangagier • les autres que l’on peut rattacher au poids de l’imaginaire collectif propre à une

société donnée. Le rituel sociolangagier proposé par le discours publicitaire se définit par trois composantes, trois questions que l’annonceur publicitaire doit se poser :

1 Jean-Claude Soulages, « Les imaginaires socioculturels et le discours publicitaire », LFDM (Médias : faits et effets), (Coord. Thierry Lancien), Edicef, Paris, 1994, p. 56

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• Quelle est la nature du média choisi ? – c’est-à-dire le support spécifique de visibilité : annonce radiophonique, spot télévisé, affichage urbain, encart publicitaire, etc. De fait, chaque support permet de sélectionner une certaine audience, d’établir un type d’interaction, donc limite l’espace disponible pour l’activité communicationnelle. Selon ce choix, la forme du discours sera, elle aussi, influencée. Exemples : affichage urbain – formes discursives minimalistes, simple présentation de l’objet et de ses attributs, genre « catalogue d’objets » ; annonce radiophonique – formes langagières argumentatives ; spot télévisé – mise en scène de formes narratives complexes.

• Pour parler de quoi ? – il opte pour un mode de qualification du produit : le produit peut être seulement exhibé – mise en scène visuelle minimaliste ; le produit se transforme en objet ou auxiliaire d’une quête.

• A qui parler et comment ? C’est la question et la difficulté majeure de toutes les pratiques médiatiques (puisque, pour la plupart, monolocutives). Elle suppose la création de la figure d’un partenaire postulé, d’un destinataire, ou plutôt de plusieurs, susceptible d’être mis en scène à l’intérieur de l’acte de langage.

La narration publicitaire et les imaginaires socioculturels Comme dans les médias de masse, les récepteurs sont lointains et anonymes, le sujet communiquant doit s’efforcer de forger un lien symbolique mais toujours hypothétique avec les sujets interprétants en puisant dans des savoirs, des normes, des valeurs et des univers de références partagés. Le discours publicitaire va parler alors d’autre chose que du produit et mettre en scène une série de représentations du monde et des êtres. Le message ne se propose plus un contenu strictement informationnel et une forme directement allocutive, mais il glisse vers des contenus métonymiques et métaphoriques et une forme d’énonciation masquée. Le message publicitaire quitte alors peu à peu la sphère du discours pour celle du récit. Sa configuration formelle – personnages, narrateur, lecteur-spectateur – se rapproche manifestement de celle des genres fictionnels traditionnels. Mais ces productions, qui sont avant tout fictives, ont néanmoins un rapport à la réalité car elles reconstituent des scènes de la vie quotidienne, de la vie sociale, ou créent des allégories purement imaginaires. Elles sont partie prenante du décor et de l’expression de représentations sociales souvent stéréotypées. En effet, à travers ces séries de constructions identitaires, des places et des types sont assignés par avance, contraints par le poids des imaginaires socioculturels de chaque société. Leur forme figée laisse des traces dans l’organisation discursive des messages et peut se révéler sous trois formes :

• La mise en scène d’univers de référence • La qualification des êtres et des « essences » du monde • Le choix d’acteurs de ces univers et la nature de leur quête.

L’étude transversale et interculturelle de ces divers univers de référence révèle / actualise des types de structuration spécifique de chaque culture. C’est pourquoi l’analyse des diverses publicités éditées ou des clips télévisés produits dans des cultures différentes sera enrichie par l’application de la matrice suivante qui ouvre sur des champs complexes d’interprétation. Les univers de référence. Ces derniers se construisent autour de repères spatio-temporels concrets ou symboliques, meublés d’objets fétiches, peuplés de personnages types. Ainsi, l’espace peut-il avoir des contours reconnaissables (la ville, la nature, les lieux connus),

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peut renvoyer implicitement à des espaces mythiques (religion, films, romans), évoquer des espaces symboliques (l’exotisme, la pureté, l’aventure) ou faire corps avec un produit chargé d’investissements symboliques massifs, tels l’automobile. L’univers de référence s’anime de pratiques sociales (travail, loisirs) ou familiales, individuelles, comportementales (séduction, …) Cette « zone tampon » entre le produit et le sujet interprétant se présente dans le discours comme le cadre de référence d’une énonciation et comme un espace d’interaction possible pour des actants. Leur choix et les phénomènes de récurrence dont ils sont l’objet figent une certaine représentation du social et de ses acteurs. Exemples de cadres de référence : la femme et l’univers du foyer domestique, l’enfant et l’apprentissage, l’homme et l’évasion. Récit et agencement discursif. La structure sous forme de récit de la plupart des publicités télévisuelles et de nombreuses publicités éditées permet d’identifier deux types possibles d’agencement discursif. En effet, on constate que le récit, constitué d’un univers de référence et de certains personnages, peut être mis en discours sous deux formes : - soit faire de ces êtres des « essences » du monde (Charaudeau, 1992) par la mise en description ; - soit les qualifier en tant qu’acteurs du monde par la mise en narration. L’organisation descriptive du discours présente un état du monde et a pour finalité de qualifier les êtres et les essences d’un monde. Implicitement, dans les messages publicitaires, ces types d’énoncés proposent une forme d’assertion sur un ordonnancement du monde (son « état normal ») ; tout y est décrit comme si chaque être était à sa place. Dès lors, nul besoin de justifier ces places par une quête, donc par un manque, et par le recours à une mise en narration. Exemple : l’univers de la séduction ; la femme y est présentée comme une essence du monde, éventuellement déplacée dans des espaces irréels. On ne raconte pas, on la décrit elle, ou ses actions en rapport avec l’objet (l’univers exotique d’un parfum). L’organisation narrative est orientée vers une action sur le monde : un personnage, confronté à un manque et donc à un déséquilibre dans cet univers met en œuvre une quête. L’homme, à l’intérieur de l’univers de la séduction, ou du foyer domestique (dans les publicités pour machines à laver, lessives, où la femme – mère, épouse – est absente) est un acteur du monde. De même, la femme dans un univers spécifiquement masculin, comme celui de l’automobile, devient espionne ou voleuse. Le récit fonctionne alors dans ces fragments de vie sociale comme si la mise en narration fournissait une justification pour la place (qui n’est pas la leur) occupée par chacun de ces êtres à l’intérieur de ces univers (une femme dans une voiture ! un homme dans une cuisine !). On constate un renversement des rôles stéréotypés des genres dans le mental collectif, mais le point de départ est un cliché2. Ce modèle sociodiscursif permet en outre d’isoler l’organisation argumentative du message (la nature des arguments, la notion de preuve), les types d’évaluation (pragmatique, esthétique, hédonique, etc.) mais aussi les différents procédés rhétoriques employés, les types d’univers fictionnels et les effets de réels convoqués3.

2 Bien entendu, il s’agit là d’un exemple possible ; toutes les publicités ne supposent pas un renversement des rôles ou l’attribution d’espaces sociaux impropres / non spécifiques. 3 Jean-Claude Soulages, art. cit., p. 60 – 61.

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II. Evolution de la publicité La publicité d’hier La publicité, activité aussi vieille que le commerce, apparaît initialement sous la forme des enseignes et des annonces, se diversifie à la fin du XIXe siècle et, parallèlement au développement industriel, devient un élément crucial de la compétitivité. Notons comme principal mode d’expression publicitaire, l’affiche, parfois véritable chef-d’œuvre (les affiches de Toulouse-Lautrec de la Belle Epoque). Ensuite, la mise en ondes offre à la publicité un champ nouveau d’expression, exploitant souvent le répertoire de la chanson et mettant en relief l’importance d’un slogan oral et, partant, l’importance de l’usage du langage parlé. Une nouvelle direction est née : la publicité comme spectacle. Cette période ouvre également l’ère de campagnes publicitaires coûteuses. Avant la décennie 1970 la stratégie publicitaire laisse libre cours à la création. Ce n’est qu’à partir de cette époque que la publicité se recentre autour du produit ou service qu’elle promeut, avec le développement d’idées comme le positionnement ou la notoriété. L’histoire récente de la publicité montre que l’évolution de la production des messages va de pair avec l’évolution de l’activité d’interprétation et avec celle des pratiques de consommation. Le discours publicitaire est similaire à une forme d’apprentissage et suppose comme lui un effet de sédimentation d’un capital culturel propre aux sujets interprétants, concernant ce rituel langagier. On parle par exemple des ères primaires, secondaires, tertiaires de la publicité. Ses formes primitives ont existé et existent encore (plus accélérées dans les ex-pays de l’Est ou au Maghreb) et se manifestent par une articulation directe du discours envers les sujets interprétants, ostentatoire et explicite sur les attributs du produit. Face à l’absence de capital culturel chez les sujets interprétants, les annonces y adoptent des formes discursives qui évitent toute ambigüité du côté de la réception et de l’interprétation des messages. Elle est aussi présente dans la publicité de proximité (locale) ou spécialisée des revues techniques.

La publicité de nos jours Composante du paysage urbain moderne, omniprésente avec ses jingles et ses images, la publicité est devenue un phénomène social dont l’importance croît au même rythme que la place prise par les médias dans la vie individuelle. L’exposition quotidienne aux médias est en effet de 6 heures, dont 3 à 4 devant la télévision. Chaque jour, nous sommes exposés à un véritable « matraquage » publicitaire. Ainsi, aujourd’hui, la publicité est-elle de plus en plus liée aux émotions des gens. L’accent est mis sur le consommateur qui règne sur le marché des produits. A l’époque de la surexploitation de la sensibilité des gens par les messages publicitaires, la voie de prédilection pour attirer l’attention est de choquer. La publicité « choc » est une pratique de plus en plus utilisée, fondée sur une stratégie de communication qui essaie de capter l’attention du destinataire et la mémorisation du message dans le but de provoquer chez lui une réaction, un impact émotionnel.

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Flavien Brizard la définit en ces termes4 : « Le seul texte officiel mentionnant le “shockvertising” apparaît dans un texte de loi suisse sur la publicité où il est expliqué que doit être considéré comme shockvertising toute publicité qui, indépendamment du média employé, utilise des thèmes sans aucune relation objective avec le produit ou la compagnie et capable d’entraîner des réactions violentes de la part des consommateurs dans le but d’améliorer la notoriété de la compagnie. » Bref, la stratégie employée est de se servir d’un concept émotionnel fort – le pathos – pour faire augmenter la mémorisation du produit par le consommateur à l’aide de quatre procédés :

1. Le publisexisme – utilisation du plaisir qui intègre la beauté et le sexe 2. L’humour qui provoque le rire et permet une mémorisation facile 3. Les sentiments de colère ou de tristesse, éveillés chez le spectateur, sont

fortement employés pour les thèmes de : violence, drogue, mort ou racisme 4. L’état de confusion créé chez le spectateur par un message totalement inadéquat

avec le produit. Le public subit alors un processus inconscient de réflexion pour créer un lien entre les deux, ce qui génère une très forte mémorisation. La publicité de l’avenir « L’évolution d’Internet multiplie les opportunités publicitaires, rendant les plans médias de plus en plus complexes5 », c’est la conclusion d’une récente étude de marketing. Les tendances :

• Plus de temps consacré aux médias ; 16 % du temps consacré aux médias en Europe est passé en ligne

• Socialisation du Web : augmentation de 30 % des utilisateurs uniques des réseaux sociaux dans le monde entre novembre 2006 et août 2007

• Acteurs médias : 9 % des acheteurs en ligne européens publient ou mettent régulièrement à jour leur propre page web. Qui plus est, l’apparition et la prolifération spectaculaire des blogs augmentent considérablement l’espace de diffusion de la publicité

• Impact de la marque commerciale, avec laquelle le produit finit pratiquement par s’identifier.

D’un point de vue publicitaire, Internet offre de vastes opportunités pour la promotion des marques en ligne, mais présente également des défis plus complexes. Alors que l’aspect social d’Internet augmente par exemple les possibilités de dialogue avec un public sur la Toile, il remet également en question le contenu traditionnel proposé par les modèles des médias classiques. Donc, il est évident que la publicité doit s’adapter aux circonstances d’un monde de plus en plus branché, au cas où elle désire se graver mieux dans l’esprit des consommateurs.

IV. Conclusions Bien qu’elle développe une certaine forme d’art, la publicité est aussi la source d’une certaine déformation de l’esprit critique, car elle présente seulement les avantages d’un

4 Extrait du Journal étudiant l'Amnésic de l'association Isic Rider, novembre 2006. Journal libre de droits. 5 Source : EIAA Mediascope 2006 ; comScore Nov 06-Août 07 ; Forrester Juin 2007

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produit, en faisant taire ses inconvénients. Selon certains, la publicité chercherait à manipuler l’esprit de celui qui la regarde ou l’écoute, exploiterait les aspirations humaines, telles le besoin d’évasion, le besoin de changement. Pourtant d’autres affirment que son bon côté pour le consommateur serait de lui fournir des informations sur les produits dont il a besoin. Ainsi il y en a qui condamnent la publicité et d’autres, assez nombreux, les « friands » de publicité. Leur engouement pour les « pubs cultes » s’explique soit par la nostalgie des publicités anciennes, reflet d’une époque ; soit par l’intérêt sociologique et culturel du décryptage des publicités ; soit, enfin, par l’attraction des manifestations collectives lorsqu’on diffuse des publicités « cultes » ou insolites de tout pays et de toute époque.

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Analyser la presse écrite

I. La mise en scène du réel. L’accès à la réalité par les médias est d’abord le fruit d’un processus de sélection par lequel le journaliste sépare de l’actualité certains faits. Ce tri met en vedette certains actions et discours d’une collectivité qui deviendront des événements médiatisés. Parti de données brutes, le journal restitue une actualité reconstruite, selon des procédures de « mise en texte événementielle1 ». Presse d’élite / presse populaire : caractéristiques, public. Comment s’opère cette sélection, en fonction de quels facteurs ? 1. Un premier facteur est la sélection des informations en fonction des domaines de l’activité sociale qui intéressent tel ou tel journal. a. En effet, pour chaque type de presse on pourrait distinguer d’une part des types d’informations et des stratégies de mise en scène de l’information spécifiques – dans le champ de l’instance émettrice – qui ciblent, à la réception, un segment précis du lectorat, défini par un certain horizon d’attente, concrétisé par un profil type du lecteur. La presse d’élite sélectionne prioritairement les événements politiques et culturels. Un survol rapide du journal, des catégories d’informations présentes entre ses pages et de la place qu’elles y occupent permet en effet d’avoir un aperçu de ses priorités. L’espace accordé aux différentes informations distribuées en rubriques (vie internationale, économie, société, sports, etc.) est à mettre en rapport avec le lectorat et son horizon d’attente. « Pour garder son lecteur, le journaliste lui présente les événements correspondant à son univers de croyances et à son espace mental ». Par exemple, le lecteur d’un journal sérieux tel Le Monde s’attend à ce que les nouvelles internationales soient données en premier dans la distribution des rubriques. « Sans doute, le profil type du lecteur du Monde est-il celui d’un “citoyen du monde” dont l’espace n’est pas restreint à un espace géographique tournant autour de sa personne et de son pays2 ». En effet, le lecteur de la presse d’élite se sent concerné par les événements politiques lointains qu’il peut insérer dans son encyclopédie de personne cultivée. En revanche, la sélection des informations puisées dans le tas des nouvelles de l’actualité par la presse populaire permet de la distinguer de la première, car elle privilégie les informations sportives et les faits divers. En outre, dans un journal régional, les événements locaux et les informations ponctuelles, susceptibles de toucher personnellement les lecteurs, sont davantage mis en valeur. b. Chaque type de journal veut garder, à sa manière, son lecteur mais les stratégies diffèrent : informer objectivement / toucher en dramatisant. Ainsi, par exemple, au lecteur de la presse régionale ou populaire, il faut lui parler soit de ce qui lui est proche

1 Francine Cicurel, « les scénarios d’information dans la presse quotidienne », LFDM, Médias :faits et effets, (Coord. Thierry Lancien), Edicef, Paris, 1994, p. 91. 2 Idem, p. 92.

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spatialement (les manifestations culturelles locales, par ex.), soit le toucher émotionnellement en procédant à la mise en scène du fait divers et de sa dramatisation. c. Sous la plume du journaliste, la dichotomie se poursuit, les stratégies prennent corps en scénarios d’information distincts. La manière de présenter une information sera différente entre la presse d’élite et la presse populaire, en fonction du lectorat-cible : raisonnés dans le premier cas, dramatisés dans le deuxième. A l’intérieur d’un événement, les aspects retenus ainsi que la forme seront différents. Pour exemplifier, nous avons comparé la presse d’élite / la presse populaire. Si la logique et les critères d’analyse restent les mêmes, les facteurs présidant à la mise en texte des informations généralistes peuvent être nuancés si l’on se propose de comparer à celle-ci la presse spécialisée. Bref, si l’on part d’autres critères taxinomiques. La presse d’élite privilégie des scénarios relativement dépouillés, qui apparaissent dans les mailles de l’organisation de la présentation raisonnée des événements rapportés. Ce type de presse insiste sur le déroulement des faits et publie une information se voulant objective. Le savoir véhiculé dans ces articles est aussi destiné à appuyer la crédibilité d’un journaliste sérieux et bien informé qui donne des « signes de savoir ». Dans la presse populaire, les scénarios sont plus proche du mélodrame. Ils mettent l’accent sur des détails de la vie personnelle, sur la touche émotionnelle. Ce type de scénario propose une mise en hiérarchie des valeurs. Il offre au lecteur de faire une lecture dramatisée, le mettant en position d’empathie, de répulsion, d’indignation, de voyeurisme. La visée du journaliste n’est plus d’informer ou de former mais de distraire, de retenir l’attention, de provoquer des émotions. La nouvelle « populaire » permet au lecteur d’entrer dans la vie intime des personnages publics et de provoquer le commentaire. Elle permet la circulation orale de l’information, qui sort ainsi de la sphère publique pour rejoindre l’espace privé et la vie du lecteur. Pour plus de clarté, voir le tableau ci-dessous :

Types de presse

Type d’information

Stratégie Scénarios d’information

Presse d’élite

Evénements politiques et culturels

Informer objectivement

Dépouillé

Presse populaire

Evénements locaux, faits divers, informations sportives

Toucher en dramatisant

Mélodrame

2. La stratégie textuelle est un deuxième facteur, qui rend compte celui-là de la manière d’appréhender le monde. J. Bruner (1986)3 distingue entre deux modes d’appréhension du monde :

• Le modèle analytique : l’information est alors faite selon le mode de la raison et de la logique. Par exemple, les articles de fond présentent une analyse détaillée et

3 Apud Francine Cicurel, art. cité, p. 92

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argumentée d’un fait advenu : causes, conséquences, parfois interprétation. Marques du discours journalistique : Le journaliste s’y efforce de donner des marques extérieures d’appartenance au modèle analytique, se reconnaissant à l’importance accordée au texte, généralement long, à la référence à des sources d’information clairement données, à l’absence d’images ou de photos spectaculaires. Des traces de didacticité peuvent être identifiées, montrant que le journaliste se donne aussi comme objectif de former / informer son lecteur.

• Le modèle de « l’histoire » : c’est par une configuration narratologique que se fait l’appréhension du réel. L’événement présente alors des parentés avec la structure d’une histoire fictionnelle. Le second mode gouverné par la structure narrative occupe une place de choix dans la presse à sensation mais il intervient également dans le mode de présentation de l’événement relaté dans la presse sérieuse, même si dans une moindre mesure et bien caché4.

L’appréhension du monde par la presse écrite fait distinguer deux autres manières de rendre la réalité : un compte-rendu de l’événement, la « presse-miroir », ou un témoignage à plusieurs voix, la « presse-écho5 ». La presse-miroir se distingue par sa capacité d’apparaître comme un lieu de reproduction des événements du monde. Exemples : les énoncés verbaux – les dépêches d’agences, les genres factuels, tels le reportage, mais aussi les photos, créditées d’avoir une grande objectivité. La presse-écho gagne en autorité parce qu’elle fait entendre des voix qui confirment la vérité de son exposé. « L’illusion référentielle » visée par le discours médiatique est l’une des conditions fondamentales de la crédibilité journalistique. Celle-ci, pour être perpétuée doit s’accompagner de stratégies d’authentification6 qui valident l’information. C’est l’explication des voix multiples qui se croisent dans les énoncés médiatiques. Le journal ne se contente pas de « rapporter » ces discours émanés de diverses sources, mais en utilisant des formules codifiées, il les crédite avec différents degrés de fiabilité. Par exemple, les titres sont révélateurs du degré de fiabilité accordé à la source : La BCE laisse entendre qu’elle ne devrait plus relever ses taux d’intérêts dans les prochains mois, dans Le Monde. Sélection hebdomadaire, 12 juillet 2008. L’énonciateur exprime ses réserves sur la véridicité de l’information par l’emploi du conditionnel et de l’expression verbale « laisse entendre ». II. Le texte et l’iconique. Ambiguïté de l’image de presse A. Etapes de l’analyse.

1. Les éléments graphiques et la composition. Une image est reçue différemment et souvent de manière contradictoire selon les individus, leur culture, leur ethnie. Au-delà de l’effet de réelx, les circonstances de parution et l’accompagnement par le texte (légende et titre) orientent notre compréhension de l’image.

La reproduction et l’authentification du réel trouvent un précieux auxiliaire dans les images qui accompagnent le matériel verbal. Les photos, les dessins humoristiques et les

4 Idem, p. 92-93 5 Mouillaud et Tétu, 1989, apud Guy Lochard et Henri Boyer, op. cit., p. 60. 6 G. Lochard et H. Boyer, op. cit., p. 60-61.

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illustrations sont de plus en plus présents dans les journaux. Le statut d’empreinte du réel confère à la photographie un plus grand pouvoir d’authentification car elle ne suppose pas une médiation humaine. Pourtant il ne faut pas perdre de vue que l’œil du photographe découpe une partie de la réalité, par sa propre sélection et ensuite par le cadrage. L’apport de crédibilité de la photo explique sa fonction stratégique dans la plupart des journaux. Beaucoup de magazines ou quotidiens ont réduit la part de textes pour mieux faire dire aux photos ce qu’elles pouvaient rendre, d’autres font de l’impact de l’image une stratégie en soi. Le meilleur exemple est la phrase d’accroche des campagnes publicitaires du Paris-Match, qui résume sa stratégie de mise en scène de l’actualité: Le poids des mots, le choc des images. Une réflexion s’est engagée sur la manière de scénariser l’actualité, la photo tenant le rôle principal, l’écrit venant en quelque sorte en soutien. Le succès de la visualisation de l’information a donné naissance à une nouvelle discipline, l’« infographie ». Elle mélange des dessins à quelques mots clés, au mieux à quelques phrases. Elle sait, mieux que de longs développements, condenser des concepts ou des évolutions difficiles à comprendre dans des schémas. Les images prises « sur le vif » surprennent un événement fixé à jamais dans son moment le plus dramatique et sont placées à la Une des journaux. Les images codifiées. Elles sont plus pauvres en information mais leur force résulte de leur dimension codifiée. Une poignée de main, la main levée en signe de victoire, ces photos privilégient la gestuelle pour sa dimension rituelle. Ainsi, par exemple, la photo de Barack Obama, pris de dos devant la foule de journalistes allemands, souligne plutôt l’accueil favorable, la visite « médiatique », mais aussi un cadrage personnel de l’événement centré sur la différence « contrastante », ce qui élimine tout risque de méprise sur la personne du premier plan.

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Le texte accompagnateur. Le décodage de l’image est facilité par les textes d’accompagnement, qui visent un « cadrage du sens ». Leur fonction de relais apporte à l’image un complément d’information – une légende précise l’endroit, les personnes – mais elle a souvent une fonction d’ancrage du sens, orientant la lecture de l’image dans le sens recherché par l’instance de production. Selon Frédéric Lambert, la photographie ne vient pas capter le sens mais elle « entretient un rapport de force avec l’événement : elle veut lui imposer ses vues », le dessinant « selon des règles de représentation que le fait doit prendre aujourd’hui pour être diffusé7 ». En guise de conclusion, le découpage sélectif des informations selon des stratégies spécifiques de chaque type de presse, auquel s’ajoute l’impact de l’image, rend une vision fragmentaire de la réalité. Pourtant, le décodage du mécanisme de mise en scène du réel par la presse nous rapproche du monde et de ses acteurs, nous introduit dans les coulisses où les différences et la diversité culturelle contribuent à nuancer la réception.

7 F. Lambert, 1986, apud G. Lochard et H. Boyer, op. cit., p. 63.

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Survoler l’actualité

Le pouvoir d’informer Un raz-de-marée informationnel envahit l’humanité contemporaine et la rend incapable de s’y retrouver dans le flux de nouvelles déversé sur les ondes, dans les pages des journaux ou sur la Toile. Parallèlement aux progrès technologiques, les médias, de par leur diversification, ont évolué d’une part vers les médias « généralistes » qui permettent de se retrouver autour de références communes et d’autre part vers les médias identitaires ou tribaux. Le « plat du jour » s’est transformé dans un menu « à la carte » ou chacun puise l’information et le divertissement selon ses intérêts particuliers. Chacun peut se composer sa petite bulle informationnelle à sa guise : ce qui était déjà vrai avec la diversification de l’offre de radio ou de télévision, devient encore plus évident avec les technologies numériques. Beaucoup sont tentés de voir en Internet le contraire des mass-médias : chaque utilisateur peut théoriquement devenir émetteur à son tour, les contenus semblent infiniment diversifiés, le récepteur peut très bien ne plus se contenter de recevoir des messages fabriqués « à la chaîne » pour un public moyen présumé. N’importe qui peut s’organiser une page de favoris ou de fils RSS pour suivre en permanence tous les sites (y compris les agences de presse) se rattachant à son sujet favori. Il dispose ainsi d’une capacité de documentation gratuite très supérieure à celle d’un journaliste professionnel d’il y a vingt ans, quand il fallait s’abonner à des agences et réunir de la documentation papier. Les flux surabondants d’informations mettent chaque citoyen en mesure de rivaliser avec une vraie rédaction.

1. Le circuit de l’information. Agences internationales de presse → dépêches d’agence→ rédactions → quotidiens, hebdomadaires → articles

En quoi consiste le travail d’information ? Informer c’est « décider ou non de parler d’un événement et de le rapporter1 » et ensuite « enrichir un public par la relation d’un événement transformé en information par le travail spécialisé d’un journaliste2 ». L’information journalistique consiste à sélectionner un fait parmi un ensemble, ce qui efface provisoirement les autres, puis à parler de ce fait, c’est-à-dire réduire provisoirement le monde à cet événement. « Ce procédé de focalisation crée un univers d’obsession auquel le lecteur est invité à participer. Informer c’est juger utile de faire savoir et faire savoir3 ». Pourtant, informer ce n’est pas couvrir des faits. D. Wolton distingue entre événement, en tant qu’accident de la réalité, et information, en affirmant que ce qui intéresse le public, « c’est la mise en forme médiatique des événements ». L’événement directement adressé au public ne constitue pas une information car il est occulté, entre les deux, ce qui fait le

1 D. Wolton, apud Françoise Claquin, « La revue de presse radiophonique : étude contrastive », LFDM (Médias :faits et effets), R&D, juillet 1994, p. 80-90. 2 Patrick Charaudeau, Langage et Discours, Paris, Hachette Université, 1983, p. 115. 3 Ibidem.

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fondement du métier de journaliste : prendre de la distance, trier, vérifier, recouper, douter, choisir, interpréter et décider. L’information n’est jamais la réplique du réel mais une interprétation, un choix, une construction, Le sens de l’actualité est alors produit par un processus de formalisation qui est à la fois une in-formation (sélection, organisation et combinaison) et une symbolisation (mise en relation de signes qui produisent une communication d’un certain type). La description qu’un journaliste propose des faits est rarement basée sur ce qu’il en a vu, mais sur ce qu’il en a entendu dire, sur des discours déjà produits à propos de ce fait, témoignages de première ou de seconde main, communiqués officiels, productions d’autres organes de presse, dépêches des agences de presse, etc. Le journaliste est souvent tributaire des sources ou des « cascades de sources4 » pour accéder aux faits auxquels il juge important d’accorder un statut. L’information est déterminée par ce que d’autres, en amont ont déjà défini comme étant de l’information. La dépêche d’agence. Les organes de presse5 (journaux, radios, chaînes de télévision) ont souvent recours à des entreprises spécialisées capables de couvrir les nouvelles du monde entier. Ce sont les agences de presse. Elles vendent les informations recueillies par leurs journalistes. Fournisseurs de nouvelles pour la majorité des médias, ceux-ci doivent répondre à des exigences professionnelles rigoureuses, notamment dans la vérification et la citation des sources. Produite pour alerter, la dépêche doit être transmise dans les délais les plus brefs et répondre à des règles précises d’écriture :

- Clarté et simplicité : la lecture d’une dépêche doit être aisée et efficace. - Concision et précision : la dépêche doit d’abord répondre à six questions de référence sur ce qui s’est passé : qui ? quoi ? quand ? où ? pourquoi ? comment ? - Organisation : les éléments d’information d’une dépêche sont présentés dans un ordre décroissant d’importance, appelé « pyramide inversée ». Ce plan journalistique peut se résumer par la formule suivante : conclusion × développement. L’essentiel est donc dans les deux premiers paragraphes. Cette construction permet aux utilisateurs (radios, presse écrite) de ne retenir de l’information que ce qui les intéresse.

Produit brut, la dépêche sera reprise, complétée, argumentée, « colorée » par le ton de différentes rédactions. La revue de presse. Le titre véhicule de l’événement La revue de presse. La revue de presse radiophonique se situe dans une perspective intermédiatique. Synthèse des informations de la presse écrite, elle est rendue publique par la radio. Simple lecture de titres ? Pas du tout. Une de ses spécificités est l’empreinte conceptuelle et stylistique du journaliste rédacteur sur des matériels déjà élaborés par ses confrères. Elle est « l’exposition orale de l’examen d’un ensemble d’articles qui donnent un aperçu des différentes opinions sur l’actualité. La radio commente la presse écrite : c’est le

4 Ou « chaîne énonciative » ; voir Darde, apud Françoise Claquin, « La revue de presse radiophonique : étude contrastive », LFDM (Médias : faits et effets), juillet 1994, p. 80. 5 Informations puisées dans le dossier pédagogique de la Semaine de la presse, 2003, in LFDM, n° 332, p.77.

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traitement de l’information par discours rapporté6 ». Rédiger une revue de presse suppose donc opérer avec les citations d’autres journalistes. Le revuiste s’efface dans l’acte d’énonciation et laisse entendre la voix des confrères. Mais avant la mise sur les ondes de ce discours rapporté de l’actualité, le revuiste lit la presse, en fait une sélection de titres représentatifs ou originaux et établit une organisation hiérarchique de ces citations. L’énoncé cité devient formule et se convertit lui-même en texte. Mais l’autonomie de l’énoncé rapporté est purement fictive. En effet, le chroniqueur s’implique dans la mesure où il reconstruit l’énoncé rapporté en fonction de sa situation d’énonciation propre. C’est lui qui contrôle le texte introducteur et donc le sens qui se dégage de la citation. La revue de presse se présente comme une série de choix que sa structure tend à justifier, à valoriser. En fait, ce qu’il rapporte c’est de « l’information au carré7 », car reconstruite à partir d’un travail initial d’information et de mise en discours opéré par les journalistes de la presse écrite. La revue de presse se focalise moins sur ce qui s’est passé que sur ce qui s’est dit en réaction ou en commentaire : elle présente donc non pas les événements mais les nouvelles traitées dans les journaux. « La nouvelle, c’est-à-dire l’événement thématisé par la presse écrite, constitue la matière première de la revue de presse8 ». Les titres, véhicules de l’événement 1. Comprendre la mise en texte de l’événement par la lecture des titres Les titres, quintessence de l’actualité, accrochent l’attention du lecteur par l’annonce d’un changement dans le statu quo, soit l’initiation, la fin d’une action, soit l’inédit d’un phénomène, par exemple. La démarche proposée ci-dessous découpe les étapes du décodage de la « titraille » – l’ensemble des éléments suivants : le titre de la rubrique ou « têtière » ; le surtitre ; le titre ; le sous-titre ; le chapeau ; l’intertitre. Si les titres retiennent par l’annonce de l’événement, le chapeau livre l’essentiel de l’information de façon à donner au lecteur l’envie de lire l’article qui suit. Méthodologie

1. Identifier les titres 2. Les analyser (forme de l’énoncé, changement introduit) 3. Trouver une citation représentative 4. Aperçu global sur les tendances de l’actualité, la hiérarchie des événements

Etude de cas. Nous vous proposons une sélection aléatoire des titres d’un journal9 : 1. LA FIN DU CALVAIRE D’INGRID BETANCOURT 2. LE PACTE QUE PARIS PROPOSE A L’UE 3. LE LIVRE NUMERIQUE ARRIVE 4. NADAL DETRONE FEDERER EN SON ROYAUME DE WIMBLEDON

6 Françoise Claquin, art. cit., p. 80. 7 « Lors de la revue de presse le journaliste doit effectuer un deuxième tri et présenter une information connue. Son objet est de mettre en valeur les sélections qu’ont opérées ses homologues de la presse écrite. Déjà connue, l’information doit se parer de grâces inédites et suggestives, le connu doit se rendre insolite et l’inconnu familier. Tout correspond à une re-construction de l’information dont la matière serait devenue citation. C’est de l’information au carré » ; ibidem, p. 82. 8 Ibidem. 9 Le Monde, Edition internationale, Sélection hebdomadaire – samedi, 12 juillet 2008.

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5. LA FRANCE APPELLE A L’UNION CONTRE L’IMMIGRATION ILLEGALE 6. LA COMMISSION REJETTE LE PRINCIPE DES QUOTAS MIGRATOIRES 7. LES SOCIALISTES ESPAGNOLS PROPOSENT LE VOTE DES ETRANGERS

NON-EUROPEENS AUX MUNICIPALES 8. L’ELYSEE ENGAGE UNE COURSE CONTRE LA MONTRE SUR LA

REFORME DES INSTITUTIONS 9. LE LIVRE SE MET A L’HEURE DE LA GALAXIE NUMERIQUE. 10. LA POSTE POURRAIT CHANGER DE STATUT POUR DEVENIR UNE

SOCIETE ANONYME • Analysez les titres : soulignez les verbes qui indiquent un changement par rapport à

un état précédent ou les noms – ex. la fin. Exemples : 4, 6, 3, 8, 9, 2 et 7 : structure de rupture – détrône, rejette – ou d’initiation d’un processus – arrive, se met à l’heure, engage, propose. Dans 5, le processus est déjà commencé et il faudrait se rapporter à l’ensemble des titres, au fil des jours pour avoir une image du macro-événement. L’exemple 10 rapporte un événement ayant des chances de se produire, qui introduira également un changement à venir. • Trouvez « la petite phrase » citée d’une personnalité, donnée en titre, à condition

qu’elle laisse entrevoir une modification. L’énoncé rapporté fait alors événement s’il laisse entrevoir une modification à portée politique, économique, etc.

Exemple : « Le pacte ne promeut ni une Europe forteresse ni une Europe passoire », titre de l’entretien avec Brice Hortefeux, ministre de l’immigration et de l’identité nationale, du dossier « Immigration. Projet de pacte présenté au Conseil européen “justice, affaires intérieures”, le 7 juillet à Cannes10 ». Application. Vous pouvez à présent vous rapporter à l’analyse proposée pour « prendre le pouls » de l’actualité telle qu’elle ressort des titres de différents quotidiens francophones du même jour. La mise en commun de vos résultats aboutira à une analyse comparative sur les priorités thématiques, la hiérarchie événementielle dans une communauté, etc. 2. Varier la mise en forme du titre pour accrocher le lecteur Pour accrocher le lecteur, les journalistes ont recours à plusieurs moyens grammaticaux, sémantiques ou rhétoriques:

1. L’exclamation : Dupont parle ! 2. Le nombre : Les deux soucis du président 3. L’interrogation précise : Quel est l’avenir de la Sécurité sociale ? 4. La fraction de citation célèbre : Tant va la cruche à l’eau …

Les étapes du circuit de l’information et les repères méthodologiques présentés, appliqués sur des quotidiens, permettent une analyse globale et comparative des thèmes prioritaires dans la presse internationale et de la place occupée par les événements dans un intervalle temporel précis.

10 Idem, p. 6.

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Syncrétisme médias - nouvelles technologies. Les genres journalistiques

1. Le syncrétisme médias - nouvelles technologies L’importance de l’image dans la presse actuelle et l’influence des multimédias sur l’évolution de la presse écrite Parmi les tendances de la presse écrite actuelle, justifiées par le développement des médias électroniques, mais aussi par le besoin pressant de vendre l’information, Gilles Lugrin1 avance l’hypothèse de l’hyperstructure comme élément de structuration. Le concept, introduit par Grosse et Seibold2, s’explique par l’analogie avec le format HTML (abréviation pour « hypertexte markup language ») utilisé sur Internet, qui permet de naviguer avec des liens d’une page à l’autre ou d’un service éditorial à l’autre. En effet, les journaux, à l’instar de la presse magazine, font éclater un texte en plusieurs textes plus petits mais reliés par le contenu. Les hyperstructures de la presse écrite sont évidentes dans les doubles pages consacrées aux événements étrangers d’anvergure : l’iconique contient des photos, cartes, plans ou diagrammes, complément nécessaire et repérage encyclopédique, renforcé par des tableaux chronologiques sur l’histoire des lieux ou des événements, et accompagné de courts textes informatifs, reportages et interviews. Selon Lugrin, le journal combine trois niveaux de structuration de l’information3 : Elements de structuration : Supérieur journal et son péritexte Intermédiaire et facultatif ensembles rédactionnels (corps de l’article x

péritexte x éléments auxiliaires) Inférieur corps de l’article et son péritexte Les spécialistes des médias s’accordent à reconnaître deux tendances majeures dans l’évolution de la presse écrite, suite à l’influence des nouvelles technologies : - l’éclatement des articles en modules plus courts – afin de rendre la sélection

plus aisée et de favoriser une lecture sporadique du journal, « zapping » ; - un développement du « visuel » – que ce soit au niveau de la mise en page ou de

l’infographie. Bref, les implications des caractéristiques de l’écriture-lecture multimédia sur le journal sont résumées par Lugrin en conclusion à son article. Il identifie quatre ensembles de conséquences :

1. Le multimédia favorise une écriture et une lecture non linéaires.

1 Gilles Lugrin, « Le mélange des genres dans l’hyperstruture », dans « Semen 13 », Revue de sémio-linguistique des textes et discours, (Coord. Jean-Michel Adam, Thierry Herman et Gilles Lugrin), n° 13 (2000-2), Presses Universitaires Franc-Comptoises, 2001, p. 65-96. 2 Voir U.E. Grosse et E. Seibold, « Typologie des genres journalistiques », dans Panorama de la presse parisienne, Berne-Berlin, Peter Lang, 1996. 3 Gilles Lugrin, p. 67-68.

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2. La structuration en hyperstructures peut soit favoriser l’éclatement, ce qui relève de l’écriture multi-média qui procède par segmentation ; soit le regroupement qui procède d’une volonté d’encyclopédisme.

3. La tendance « au mélange des fonctions de l’écriture et de lecture » : par les choix qu’il opère, chaque lecteur actualise un parcours de lecture jusqu’alors latent.

4. Le développement du multimédia associé à une culture de l’image a pour conséquent un renforcement et un renouvellement de l’image dans la presse écrite. Internet étant par définition un média mondial, il favorise l’émergence d’un langage visuel universel permettant de communiquer au mieux entre cultures et entre pays, ce que les langues ne permettent pas4.

2. Les genres journalistiques Fonctions discursives des textes journalistiques. Genres et superstructures : critères de différenciation La mise en texte de chaque genre journalistique comporte un schéma discursif que le lecteur entraîné a en mémoire et que l’on peut faire reconnaître à un lecteur découvrant la presse étrangère5. Ex. une lettre au courrier du lecteur se présente sous la forme discursive comportant les « superstructures » suivantes : • rappel de l’événement à propos duquel on écrit • identification du scripteur • prise de position / conseil

Le connu s’actualise ainsi en catégories plus profondément présentes dans la mémoire du lecteur même pour les types d’articles. Ce sont les fonctions discursives repérables par le lecteur au fil de la lecture. Ainsi les écrits journalistiques peuvent-ils avoir comme but de :

• narrer ce qui s’est passé (faits politiques, faits divers) • exprimer une opinion (critiques, lettres des lecteurs, interviews) • analyser (textes émanant souvent de spécialistes) • décrire (portraits de presse, descriptions de sites, de choses) • proposer / demander un service (petites annnces) • vendre (publicité) • divertir (dessins humoristiques, mots croisés)

Certes, ces fonctions ne sont pas étanches les unes aux autres mais l’une d’entre elles domine souvent et elles permettent d’aller chercher des marques linguistiques illustrant la « dominante » discursive (la modalité appréciative dans les textes de critique, par ex.) Les critères de classification des genres journalistiques varient selon plusieurs facteurs : facteurs extérieurs, formels (la longueur, la signature, la présentation typographique), facteurs illocutoires – l’intention de l’acte de langage (le ton employé : neutre / polémique, satyrique, scandalisé, admiratif, etc.) et l’intention affichée (articles narratifs, d’autres ressortent de l’analyse ou de la pédagogie).

4 Idem, p. 90-92. 5 Francine Cicurel, « Les scénarios d’information dans la presse quotidienne », LFDM, Médias :faits et effets, (Coord. Thierry Lancien), Edicef, Paris, 1994, p. 95-96.

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L’éditorial. Mis en valeur à une place attitrée, le plus souvent en première page. Composé de caractères spécifiques et encadré, il se repère facilement et fait figure de leader de la publication. C’est l’article de commentaire pur, souvent signé par le rédacteur en chef, voire par le directeur de publication. L’éditorial engage symboliquement le journal et donne, en principe, un avis collectif. Le style n’en est pas moins personnel. Si l’éditorial livre la ligne du journal, il va surtout à la rencontre des pensées du lecteur. L’idéal c’est quand l’éditorial donne l’impression du lecteur d’exprimer sa propre pensée mieux qu’il ne le ferait lui-même. Le commentaire Il poursuit les mêmes buts que l’éditorial : il n’expose pas les faits, mais les interprète. Toutefois, il n’a pas la même intention globalisante (ainsi, on peut en trouver plusieurs dans un même numéro et sur des sujet différents). Commenter ne consiste pas forcément à distribuer bons et mauvais points. L’opinion personnelle, le jugement peuvent faire place à un éclairage sur les faits, un exposé de leurs causes et de leurs conséquences possibles. Un commentaire se veut souvent pédagogique. Il s’appuie sur un article qu’il accompagne et prolonge : article politique, compte-rendu de procès, compétition sportive. Un commentaire doit éclaircir et non obscurcir. La chronique C’est un article de commentaire plus ou moins spécialisé, publié à intervalles réguliers par une même personne et sous une présentation spécifique. L’auteur peut être une personne extérieure au journal, par exemple un spécialiste, un écrivain, etc. Dans tous les cas, le ton est personnel, souvent empreint d’ironie, avec le souci d’une écriture soignée et recherchée. Le billet Il tend à disparaître car c’est un exercice difficile. [Pour mémoire, nous renvoyons à Tudor Arghezi et aux articles de sa revue de l’entre-deux-guerres, Bilete de papagal] Il consiste à prendre un fait d’actualité, à le triturer, parfois à le regarder par le petit bout de la lorgnette ou encore à en associer deux de manière paradoxale. Le ton ironique est de mise mais il peut, à l’occasion, se faire grave. L’angle d’attaque est toujours original et la chute, humoristique, inattendue, laisse au lecteur l’impression que, décidément, rien n’est simple en ce bas monde. Ultime difficulté, comme le billet est souvent quotidien, il faut tenir le rythme ! L’écho C’est un entrefilet de quelques lignes qui donne une information plus ou moins exclusive, plus ou moins conditionnelle, plus ou moins vérifiable. Son objectif : en dire plus tout en donnant au lecteur le sentiment d’être initié aux petits secrets. L’écho peut résolument verser dans le commentaire. Alimentée par des sources obscures, la rumeur peut être orientée, voire totalement imaginaire. La critique Dans une critique se mêlent informations et commentaires. Dans tous les cas, l’honnêteté exige des arguments étayés : beaucoup de personnes vont au cinéma par procuration ! Ereinter un film qui le mérite ne dispense pas d’en préciser la nature. Les critiques actuels ont deux défauts majeurs. D’une part, certains finissent assez vite par réagir en professionnels blasés, perdant ainsi une spontanéité indispensable pour rester proches du

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lecteur. D’autre part, ils versent aussi dans la louange grandiloquente du type « un style éblouissant », « un pur chef-d’œuvre », etc. La brève C’est un texte très court (une dizaine de lignes au maximum), qui livre l’essentiel d’une information sur un événement donné. La brève est le seul article à ne pas disposer d’un titre. Les brèves peuvent rester isolées ou être regroupées dans une rubrique : on parle alors parfois de « rivière » de brèves. Le filet C’est une brève… un peu moins brève ! Dans le même esprit qu’elle, il peut comporter deux ou trois alinéas. Le ou les suivants développent des éléments de la brève pour entrer plus avant dans les détails de l’événement, son explication, ses conséquences possibles. Un peu plus long encore, il peut prendre le nom d’entrefilet. Le reportage Se situe à la charnière de l’information et du commentaire. Le reportage montre. Il reste la meilleure école du journalisme : on y apprend la recherche d’informations, la maîtrise de l’interview selon les interlocuteurs et on fait l’apprentissage de l’écriture. Le journaliste rapporte ce qu’il voit et ce qu’il entend ; il agit en témoin : il regarde, il écoute, il se renseigne et tente de comprendre avant d’informer. On désigne du même mot, par extension, certains reportages spécialisés : les congrès des partis ou des syndicats, les matchs, les procès, etc. Là encore le journaliste raconte ce à quoi il assiste, avec des faits mais aussi des éléments d’ambiance. Témoin scrupuleux, le journaliste pense à interroger tous ceux qui peuvent fournir des informations et ne néglige aucune source. Le ton d’un reportage gagne à être vif. Le lecteur doit découvrir l’événement comme s’il l’avait vécu lui-même. De là, l’importance des petits détails, des petites touches qui font vrai et vivant. L’enquête Se situe elle aussi à la charnière de l’information et du commentaire. Pour schématiser, on peut dire que si le reportage montre, l’enquête démontre. Elle démonte aussi, obligeant son auteur à analyser un phénomène en profondeur, au-delà de l’événement brut. Exemples : pourquoi la lutte contre la drogue se révèle-t-elle si difficile ? L’enquête demande beaucoup de temps : recouper des informations constitue la méthode de base. Le journaliste consulte une documentation complète puis affine ses investigations par des reportages et des interviews. L’article Existe-t-il un type d’article qui s’appellerait tout simplement article ? Assurément ! la grande majorité des papiers qu’on peut lire dans un quotidien ou un hebdomadaire ne répondent à aucune définition donnée jusqu’à présent. Nous sommes en présence d’un genre nouveau, le plus étendu dans son usage, le plus libre dans ses applications et qui ne possède pas de nom précis. A strictement parler, tout article est un compte-rendu. Un débat parlementaire, un conseil des ministres, une conférence de presse, une manifestation, etc. donnent lieu à un compte-rendu, c’est-à-dire à un exposé de ce qui s’est fait, de ce qui s’est dit. A proprement parler, c’est premièrement à partir de l’analyse des fonctions discursives d’un énoncé de presse que le lecteur avisé attribue son appartenance à tel ou tel genre journalistique. Ce n’est qu’après qu’il identifie et définit une structure discursive globale,

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ou une superstructure spécifique de chaque genre. La mise en page s’ajoute à cet emboîtement de cadres formels et donne corps au discours typique des nouvelles journalistiques (sommaire / introduction : titre et chapeau ; épisodes ; commentaires). Finalement, c’est la structure similaire des discours médiatiques de la presse étrangère qui facilite la lecture en d’autres langues, à condition d’en percer l’agencement formel.

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Vie publique / vie privée dans les médias

L’opposition privé / public n’est nullement une invention de la modernité. Les plus vieux textes du monde en parlent ; toutes les microsociétés orales la connaissent. Les frontières du privé et du public découlent de notre liberté de voilement / dévoilement et de sa faillible régulation. Chaque acteur dispose de cette liberté, de l’individu isolé à l’acteur collectif (famille, clan, tribu, cité, État). Il existe donc autant de frontières privé / public que de niveaux d’acteurs individuels et collectifs. Leur transgression est de mise dans la société du spectacle médiatique. Rendre l’événement. Repères d’analyse médiatique Le contenu de l’actualité se laisse facilement repérer par l’organisation en rubriques qui contiennent des événements et des nouvelles divers. Pourtant le caractère redondant de la plupart (réunions politiques, catastrophes, attentats, visites officielles, élections) autorise les spécialistes à les désigner comme familles d’événements, à l’intérieur desquelles plusieurs scénarios actualisent un fait particulier. Le caractère éphémère et la répétitivité font recourir les journalistes à une certaine « économie de moyens », repérable dans des modèles de mise en scène similaires. L’identité du protagoniste du scénario médiatique. Ce n’est qu’un aspect que nous détaillons dans ce qui suit. Mais il y en aurait bien d’autres à aborder à ce point : l’identité du lieu, du type d’événements, des voix que l’on fait entendre / lire au lecteur à propos de telle famille événementielle. D’abord, qui est-il ? homme politique, chanteur, sportif, écrivain ? la liste se limite aux personnes célèbres. De quelle manière sont présentés « les héros » des histoires médiatiques ? Si l’on prend en compte la distinction entre presse populaire / presse d’élite, les personnalités les plus présentes dans cette dernière sont les hommes politiques. La presse à sensation, la presse « people », s’intéresse, elle, aux gens du spectacle, aux membres des familles représentatives, à la fois comme « antidote » à la réalité quotidienne du lectorat qui ne comporte aucune des actions d’éclat relatées mais aussi, souvent, pour destituer ces héros. Si un personnage public s’effondre à la suite d’un scandale, le public s’arrache le journal. Explications : juste retour des choses ? consolation pour le lecteur évoluant dans un univers banal ? goût pour les retournements spectaculaires ? En tout cas, ce fait divers redonne aux émotions l’importance qu’elles n’ont pas dans la presse sérieuse. En effet, la presse populaire propose un cadre qui s’oppose à l’interprétation raisonnée de la presse d’élite. Quant à l’individu ordinaire, ses chances pour devenir un « héros » médiatique sont très réduites : accomplir une action spectaculaire – meurtre, prise d’otages, être une victime méritoire, épouser un personnage célèbre.

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Les types d’événements. La presse populaire s’oppose au savoir dominant, celui du « power-bloc1 », constitué par une alliance d’intérêts convergents, ceux des hommes politiques, du système éducatif, des lois, des médias. Ces instances véhiculent la production de « nouvelles officielles », présentant l’information comme une série de faits objectifs, accessibles après une investigation sérieuse. A ce type d’informations s’opposent les « nouvelles populaires » qui se produisent au croisement de la sphère du privé et du public. Dans ces circonstances exceptionnelles la vie des gens ordinaires entre dans le domaine public. Il y a effacement de la ligne de démarcation public / privé. Nous ne sommes plus, comme dans le premier cas, dans une visée de type « informer », nous sommes dans un type de visée qui s’oppose précisément à la norme du groupe dominant, qui témoigne d’une volonté de transgresser les normes de la culture dominante, en l’occurrence : la mise en cause de la rationalité, les valeurs morales, la distinction entre fait réel et fiction. Interculturel. Il importe de replacer et d’analyser ces conclusions dans le contexte anglo-saxon, car la presse française a ses propres caractéristiques, même si certaines lignes communes peuvent s’en dégager. Si l’on compare, par exemple, la presse à sensation britannique, telle Daily Mail, au Parisien, ou à France-Soir on constate des différences sensibles, le premier se consacrant presque entièrement aux faits divers sanglants, à la chronique noire, tandis que le français trouvera dans sa presse des informations plus diversifiées. Le scénario reprend dans ce genre de presse son sens pleinement théâtral. On monte une histoire de toutes pièces ou presque, en ne s’occupant pas de respecter les valeurs du « raisonnable » Etude de cas : Analyse d’un événement Libération d’Ingrid Bétancourt Nous proposons d’étudier le rapport entre famille événementielle et scénario dans le dossier réservé par Le monde sélection du 12 juillet 2008 à la libération d’Ingrid Betancourt. Précisons d’emblée que l’hebdomadaire choisi appartient par forme et contenu à la presse d’élite, presse sérieuse à vocation internationale qui, en outre, propose une variante « concentrée » de l’ensemble des articles parus dans le quotidien homonyme. La rédaction applique des critères de choix afin de rendre sous forme synthétique l’actualité mondiale de la semaine. La famille événementielle que nous identifions, « les rescapés », englobe plusieurs types d’événements d’où les personnes sortent indemnes après une expérience éprouvante et dangereuse : cataclysmes, accidents, etc. Le scénario « libération d’otages » en fait partie et se justifie par la notoriété médiatique de cas antérieurs – les infirmières bulgares, les journalistes roumains. Il permet en outre de démontrer que dans la presse analytique la frontière entre les scénarios d’information et les scénarios dramatisés peut devenir moins rigide, que la sélection des informations peut jouer sur les deux registres. Dans la mise en texte de cette véritable saga médiatique s’imbriquent plusieurs segments : informations politiques objectives, réactions médias, deux récits – celui des conditions de libération et celui de la détention, portrait d’Ingrid Betancourt. Notre

1Fiske, 1992, apud Francine Cicurel, « Les scénarios d’information dans la presse quotidienne », LFDM, Médias : faits et effets, (coord. Tierry Lancien), Edicef, Paris, 1994, p. 94.

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analyse se propose de vérifier comment le scénario choisi actualise le plan du « discours prototypique des nouvelles journalistiques2 » :

• Le sommaire / introduction (titre et chapeau) • Les épisodes : - les événements : les antécédents, les événements actuels, les explications, le

contexte, l’arrière-plan - les conséquences / réactions : événements et réactions verbales • Les commentaires, les attentes, l’évaluation.

Le titre du dossier introduit une composante dramatique au scénario et à son personnage « à l’aura mythique » : « Le calvaire d’Ingrid Betancourt, otage des FARC ». En effet, le choix du ton et le rôle de sainte déjà présent dans le titre est illustré aussi par la photo. Les événements sont présentés dans une chronologie inversée, l’actualité est privilégiée : l’arrivée en France, le 4 juillet ; le contexte politique de la libération ; les conditions de libération, la détention (2002-2008). Les circonstances politiques, militaires, les conditions de vie des otages donnent consistance au discours de chaque épisode. Les réactions des opposants politiques et de la presse suisse jettent un doute sur la crédibilité des informations dès le début du dossier. On y évoque le scepticisme des journalistes du Temps sur les circonstances réelles de la libération. Le sérieux du Monde sélection et son respect au lecteur se vérifient par la reprise, dans le même dossier, de l’article contestataire du Temps. Les commentaires, les attentes, les prévisions sont intégrés dans le discours en alternance avec le paradigme de la désignation. L’identité d’Ingrid Betancourt ressort premièrement du paradigme de désignation qui varie par rapport au cotexte. Elle est désignée d’abord « l’ex-otage des FARC », pour devenir plus loin « l’ancienne sénatrice », dans le cotexte de la réception par le « président de la France », ou simplement Madame Bétancourt, « la prisonnière » ou « une conteuse », selon les circonstances évoquées. A remarquer le non-dit : l’omission de son identité colombienne et même le recours à une paraphrase générale, « la candidate à l’élection présidentielle en 2002 », pour souligner uniquement l’importance de son implication politique. La subjectivité et le parti-pris du journaliste se révèlent dans le choix contrasté des éléments du portrait, construit autour du champ sémantique de « féminité fragile » : cette femme « gracile, irradiante », « si frêle », « gracieuse », à l’air naturel, à la « voix vibrante » apparaît « stupéfiante » et bouleversante » face aux épreuves subies. L’alternance du fil narratif des récits de la détention avec la description sobre du cadre ne fait que mettre davantage en valeur la force et l’endurance surhumaine de l’héroïne et servir le but journalistique, celui de toucher le lecteur par le glissement discret vers le scénario dramatisé. 2 Van Dijk (1983), apud Francine Cicurel, « Les scénarios d’information dans la presse quotidienne », LFDM (Médias : faits et effets), R&D, juillet 1994, p. 96.

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Le récit de la détention de février 2002 à novembre 2007 – troisième preuve de vie – qui pourrait être assimilé au genre reportage, est actualisé par l’intervention de plusieurs voix – témoignages d’acteurs aux événements, ou fragments de lettres. Cette polyphonie renforce la crédibilité des événements relatés. Nous rappelons brièvement, pour conclure, la structure discursive du scénario « libération d’otages », telle que nous l’avons perçue dans l’hypertexte consacré au « calvaire d’Ingrid Betancourt, otage des FARC », dans Le Monde sélection du 12 juillet 2008.

- L’arrivée en France et le contexte politisé de la libération - Evocation d’autres événements similaires - Réactions : scepticisme de la presse suisse - Récit des conditions de libération - Descriptions : portrait d’Ingrid Betancourt ; le cadre de détention - Récit de la détention.

Le dossier dans son ensemble, par sa complexité et la diversité des genres journalistiques, par l’étendue spatio-temporelle des événements, appartient à l’hypertexte, structure capable d’actualiser l’ampleur de l’événement et répondre ainsi à l’univers d’attente du lecteur.

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DICTIONNAIRE Acte de communication – ce qui est inhérent à l’acte de communiquer, indépendamment des projets que peut avoir le locuteur. Il prend essentiellement la forme d’une relation entre le « monde », c’est-à-dire le contenu objectif dont on parle, le locuteur et le destinataire. De ce fait, tout énoncé linguistique est toujours un signe triple, et l’acte de signifier est toujours orienté dans trois directions. Il renvoie : 1. au contenu communiqué, et, en ce sens, il est représentation du monde ; 2. au destinataire, qu’il présente concerné par ce contenu – c’est la fonction d’appel ; 3. au locuteur, dont il manifeste l’attitude psychologique ou morale – c’est la fonction d’expression. R. Jakobson complète ce schéma élaboré par Bühler et fait intervenir, pour décrire l’acte de communication, le code linguistique employé, le message composé et la connexion psychophysiologique, le contact établi entre les interlocuteurs. A ces éléments correspondent six fonctions : référentielle, conative, expressive, métalinguistique, poétique et phatique Accroche – partie du texte publicitaire conçue pour attirer l’attention et séduire le consommateur avec son pouvoir de suggestion Acculturation – ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraîne des modifications dans les modèles culturels intiaux de l’un ou des deux groupes. Il faut distinguer acculturation et assimilation Allocutaire – celui à qui est adressé l’énoncé Analyse de discours – discipline dont les objets essentiels sont la relation du sujet parlant au processus de production des phrases (énonciation) ou / et la relation du discours au groupe social à qui il est destiné (sociolinguistique) Culture – ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société, ou un groupe social ; elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. De nos jours, la culture est un élément stratégique qui doit être intégré dans toutes les politiques nationales et internationales de développement et de coopération car, sous formes diverses, elle intègre l’originalité et la pluralité des identités et des expressions culturelles des peuples et des sociétés qui constituent l’humanité Dialogisme – selon O. Ducrot, il y a dialogisme dès que deux voix se disputent un seul acte de locution. Dans les cas de dialogisme, il y a donc un seul locuteur, c’est-à-dire un seul responsable de la parole, autour de qui s’organisent les repères spatio-temporels ; ce locuteur fait référence à des propos qui ne sont pas les siens et qu’il mêle à son discours selon plusieurs modalités. A ce dialogisme linguistique, s’ajoute, dans la réalité de la parole, une autre dimension dialogique qui, elle, est véritablement constitutive du discours. De fait, le discours d’un locuteur émane toujours d’autrui, au sens où c’est toujours en considération d’autrui qu’il se construit Discours – tout énoncé supérieur à la phrase, considéré du point de vue des règles d’enchaînement des suites de phrases. Selon Benveniste, le récit représente le degré zéro de l’énonciation. Ici, tout se passe comme si aucun sujet ne parlait, les événements

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semblent se raconter d’eux-mêmes. Par contre, le discours se caractérise par une énonciation, supposant un locuteur et un auditeur, et par la volonté du locuteur d’influencer son interlocuteur. A ce titre seront opposés : toute narration impersonnelle (récit) et tous les rapports, oraux ou écrits, où un sujet s’énonce comme locuteur, s’adresse à un interlocuteur et organise son propos selon la catégorie de la personne (je / tu) Diversité culturelle – concept servant à décrire l’existence de différentes cultures au sein d’une société, et à promouvoir cette diversité. Il vise tant à en connaître les tenants et aboutissants – leur origine et leurs conséquences, tout ce qui s’y rattache – que les conditions de possibilité. Elle renvoie aussi à la multiciplité des formes par lesquelles les cultures des groupes et des sociétés trouvent leur expression Effet de réel – procédé qui introduit dans l’univers romanesque des éléments descriptifs gratuits, dénués de valeur fonctionnelle (sans influence aucune sur le déroulement de l’action et sans impact sur le caractère des personnages) afin de créer une référence familière. Sa fonction est de donner au lecteur l’impression que le texte décrit le monde réel. Il est appelé aussi illusion référentielle ou vraisemblance Image – I. 1. représentation d’un être ou d’une chose par les arts graphiques ou plastiques, la photographie, le film, etc. 2. représentation imprimée d’un sujet quelconque. 3. (Fig.) ce qui reproduit, imite ou, par extension évoque quelqu’un ou quelque chose. II. 1. représentation mentale d’un être ou d’une chose. Image (de marque) : notoriété et perception qualitative dans le public d’une marque, d’un organisme, d’une personnalité. 2. (psychol.) image mentale : représentation psychique d’un objet absent. 3. expression évoquant la réalité par analogie ou similitude avec de domaine autre que celui auquel elle s’applique; figure, métaphore Interculturalité – existence et interaction équitable de diverses cultures ; possibilité de générer des expressions culturelles partagées par le dialogue et le respect mutuel Langage – 1. faculté propre à l’homme d’exprimer et de communiquer sa pensée au moyen d’un système de signes vocaux ou graphiques ; ce système. 2. système structuré non verbal remplissant une fonction de communication Locuteur – celui qui énonce Matrice – 1. on appelle matrice un arrangement ordonné d’un ensemble d’éléments. 2. en grammaire générative, la phrase matrice, ou suite matrice, est une suite P1, dans laquelle une autre suite P2 vient s’enchâsser au cours d’une opération d’enchâssement. La notion de phrase matrice correspond à celle de proposition principale, compte tenu du fait que la matrice peut elle-même ensuite devenir une phrase enchâssée dans une autre proposition. Ex. : dans la phrase J’ai regardé à la télévision le film que mes parents que j’ai vus avant-hier m’ont conseillé, la phrase Mes parents m’ont conseillé ce film est la matrice de la phrase enchâssée que j’ai vus et elle est elle-même la phrase enchâssée de la matrice J’ai regardé à la télévision le film. Matrice discursive – transfert de la notion grammaticale de matrice dans l’analyse de discours, comme structure minimale fondamentale de l’information médiatique. Ex. : dans le circuit de l’information, la dépêche d’agence a une structure discursive matricielle ; autrement dit, elle contient le minimum d’informations, le noyau à partir duquel le journaliste va construire son discours. De même, dans les faits divers, ce noyau sera plus ou moins développé en fonction de l’orientation du journal, du type de presse à laquelle il appartient. Qui plus est, « les matrices discursives » de l’analyse de la presse

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ou de l’image servent initialement à une découverte du fonctionnement du principe d’analyse, qui permet par la suite l’enchâssement de segments d’analyse Publicité - 1. activité ayant pour objet de faire connaître une marque, d’inciter le public à acheter un produit, à utiliser un service, etc. ; ensemble des moyens et des techniques employés à cet effet. 2. annonce, encart, film, etc., conçus pour faire connaître et vanter un produit, un service, etc. Mondialisation – accroissement des mouvements de biens, de services, de main-d’œuvre, de technologie et de capital, à l’échelle internationale ; ouverture économique, humaine et communicationnelle Mouvement altermondialiste – mouvement qui remet en question le processus de globalisation, ses buts, ses modalités et ses destinataires Situation de communication – est définie par les participants à la communication, dont le rôle est déterminé par le je (ego), centre de l’énonciation, ainsi que par les dimensions spatio-temporelle de l’énoncé ou contexte situationnel : relations temporelles entre le moment de l’énonciation et le moment de l’énoncé (les aspects et les temps), relations spatiales entre le sujet et les objets de l’énoncé, présents ou absents, proches ou éloignés, relations sociales entre les participants à la communication ainsi qu’entre eux-mêmes et l’objet de l’énoncé (les types de discours, les facteurs historiques, sociologiques, etc.). Ces embrayeurs de la communication sont symbolisés par la formule « je, ici, maintenant » Slogan publicitaire – phrase, souvent assez courte, qui a comme but d’être retenue facilement par celui qui l’entend et parfois d’associer un produit (objet du slogan) à des images positives qui inciteront le consommateur à acheter le produit Stéréotype (n.m.) – formule banale, opinion dépourvue d’originalité Stéréotypie – répétition immotivée, automatique et inadaptée à la situation, de mots, de mouvements ou d’attitudes Symbole – 1. signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, l’emblème. 2. tout signe conventionnel abréviatif.

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Bibliographie

Ouvrages Beacco, Jean-Claude, Les dimensions culturelles des enseignements des langues, Paris, Hachette Livre, 2000 Beacco, Jean-Claude et Mireille Darot, Analyses de discours. Lecture et expression, Paris, Hachette, 1983 Charaudeau, Patrick, Langage et Discours, Paris, Hachette Université, 1983 Chen, Ying, Les lettres chinoises, Leméac / Actes Sud, 1998 (Babel) Codrescu, Anne-Marie, Stratégies de communication, Bucureşti, comunicare.ro, 2002 Codrescu, Anne-Marie, Communiquer en français, Bucureşti, comunicare.ro, 2000 Cossalter, Elisabeth, Techniques d’écriture journalistique, cours universitaire, Lyon, Presses de l’Université Jean Moulin, 2002-2003 Cuche, Denys, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte, 2001 Demorgon, Jacques, Critique de l’interculturel. L’horizon de la sociologie, Paris, Anthropos, 2005 Demorgon, Jacques, L’histoire interculturelle des sociétés. Une information monde, Paris, Anthropos, 2002 Demorgon, Jacques, L’exploration interculturelle. Pour une pédagogie internationale, Paris, Armand Colin, 1989 Dollez, Catherine et Sylvie Pons, Reflets. Méthode de français 3, Paris, Hachette Livre, 2002 Dubois, Jean et al., Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris, Larousse, 1994 Ducrot, Oswald, Le dire et le dit, Paris, Minuit, 1985 Ducrot, Oswald et Jean-Marie Schaeffer, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, Seuil, 1972 Eco, Umberto, Lector in fabula, traduit de l’italien par Myriem Bouzaher, Paris, Grasset, 1985 [1979] (Figures) Hall, Edward, Au-delà de la culture, Paris, Seuil, 1979 Lochard, Guy et Henri Boyer, Comunicarea mediatică, Institutul European, Iaşi, 1998 Maingueneau, Dominique, Analyser les textes de communication, Paris, Nathan / HER, 2000 Mermet, Gerard, Francoscopies 2005. Pour comprendre les Français, Paris, Larousse, 2004 Mirzoeff, Nicholas, An Introduction to Visual Culture, 2000, London, Routledge Nothomb, Amélie, Ni d’Eve ni d’Adam, Paris, Albin Michel, 2007 Ray, H. Paul et Sherry Ruth Anderson, L’émergence des créatifs culturels, Paris, Yves Michel, 2001 Tremblay, Lise, L’hiver de pluie, Montréal, XYZ éditeur, 1990 (Romanichels) Wolton, Dominique, Demain la francophonie, Paris, Flammarion, 2006 Wolton, Dominique, L’autre mondialisation, Paris, Flammarion, 2003 Wolton, Dominique, Penser la communication, Paris, Flammarion, 1997

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Articles de revues et chapitres d’ouvrages Bonnafous, Simone, Charaudeau, Patrick, « Les discours des médias entre sciences du langage et sciences de la communication », LFDM (Le discours :enjeux et perspectives), Numéro spécial, juillet, Edicef, 1996 Byram, Michael, Zarate, Geneviève, « Définitions, objectifs et évaluation de la compétence socioculturelle », LFDM (La compétence socioculturelle dans l’apprentissage et l’enseignement des langues), Paris, Recherche et applications, juin, 1998, pp.70-96 Cerullo, Maria, « Travailler avec l’ordinateur. Support papier contre multimedia. L’hypertexte », LFDM, n° 345, p. 34-35 Cicurel, Francine, « Les scénarios d’information dans la presse quotidienne », LFDM (Médias : faits et effets), Paris, Recherche et applications, juillet 1994, p. 91-97 Claquin, Françoise, « La revue de presse radiophonique : étude contrastive », LFDM (Médias : faits et effets), Paris, Recherche et applications, juillet 1994, p. 80-90 Lugrin, Gilles, « Le mélange des genres dans l’hyperstructure », dans « Semen 13 », Revue de sémio-linguistique des textes et discours, (coord. Jean-Michel Adam, Thierry Herman et Gilles Lugrin), n° 13 (2000-2), Presses Universitaires Franc-Comptoises, 2001, p. 65-96 Soulages, Jean-Claude, « Les imaginaires socioculturels et le discours publicitaire », LFDM (Médias : faits et effets), Paris, Recherche et applications, juillet 1994, p. 55-64 Numéros de revues Communication, n° 43 (Le croisement des cultures) Hermès, n° 20 (Toutes les pratiques culturelles se valent-elles) Hermès, n° 30 (Stéréotypes dans les relations Nord-Sud) Hermès, n° 22 (Mimés. Imiter, représenter, circuler) Le francais dans le monde, n° 332 (Venir en France) Le français dans le monde, n° 333 (La francophonie et le défi de la diversité) Le français dans le monde, n° 339 (L’immigration en France) Le français dans le monde, n° 343 (La francophonie en marche)