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Changer la réalité « Si j’étais magicien… », tel est le thème que nous proposons cette année aux participants de notre concours, jeunes et moins jeunes. À première vue, l’on pourrait trou- ver ce thème un peu léger, voire même enfantin, car les person- nages doués de pouvoirs magiques inspirent la littérature pour la jeunesse. Pourtant, de nombreux récits, de l’Antiquité aux films les plus actuels, mettent en scène des enchanteurs, des fées, des sorciers, des héros surhumains capables de transgresser les draconiennes lois de la nature. Les exploits d’Harry Potter, pour ne citer qu’eux, cap- tivent les adultes autant que les adolescents. Bref, il faut convenir que le thème des pouvoirs magiques exprime un rêve ancien autant qu’universel de l’espèce humaine : la capacité de surmonter les obs- tacles que nous oppose la réalité physique, afin de rendre possible ou d’accélérer la réalisation de cer- tains de nos désirs particulièrement intenses. Ainsi conçue, la magie est une sorte de raccourci par lequel l’être humain vise des résultats qui, sans elle, fussent restés hors d’atteinte. Sur un mode certes imaginaire, elle témoigne donc fondamentalement de notre volonté de changer le monde, surtout dans ses aspects les plus prosaïques, les plus frustrants ou les plus pénibles. Or, cette volonté n’est ni puérile, ni insignifiante. Elle anime au contraire un grand nombre d’entre nous, que ce soit dans un cadre professionnel, dans l’exercice d’une activité poli- tique ou humanitaire, dans un travail de création artistique ou littéraire. Elle est, à vrai dire, le moteur qui nous empêche d’accepter passivement la réalité telle qu’elle est, et qui nous mène au contraire à tenter d’améliorer nos conditions d’existence. Bref, comme bien d’autres contes et légendes, les his- toires de magiciens illustrent de manière plaisante des préoccupations d’une indubitable gravité. Cependant, l’on sait que la pratique magique peut répondre à des intentions très variées, les unes bé- néfiques et altruistes, les autres vengeresses, égo- ïstes ou destructrices. Tout qui détient un pouvoir a tendance à en abuser, dit-on. À ce point de vue, le concours 2012 de la Maison de la Francité jouera le rôle d’un révélateur sociologique. Nos contem- porains sont-ils animés prioritairement par le souci d’améliorer la vie de leurs proches ou de leurs semblables ? Sont-ils au contraire marqués d’abord par les conflits et la violence qui nous entourent, et tentés d’utiliser à leur tour les mêmes moyens, fût-ce sous le couvert de la fiction ? Les paris sont ouverts… Ridouane CHAHID, Président Langue française en fête à Molenbeek-Saint-Jean et Journée de la Francophonie 1 La langue française en fête 2 Bruxelles, ma belle Francojeu 2012 3 Une école en mots 4 Concours de textes 2012 La revue Francité est écrite en nouvelle orthographe Une semaine durant, à l’aube du printemps, la langue française est à la fête. En effet, du 17 au 25 mars, « La langue française en fête » mobilisera petits et grands dans toute la Wallonie– Bruxelles, et surtout à Molenbeek-St-Jean, Ville des mots 2012. Tout sera prétexte à jouer avec les mots, à les suspendre, à les exposer, bref à leur donner vie. Depuis 1995, le Service de la langue française de la Fédération Wallonie- Bruxelles orchestre cette campagne en collaboration avec le Conseil de la langue française et de la poli- tique linguistique. Le programme d'une semaine encadre tradition- nellement le 20 mars, Journée internationale de la francophonie. Toutefois, vu le grand nombre d'ac- tivités, il dépasse ce cadre temporel strict pour s'échelonner sur toute la durée du mois de mars. En Wallonie-Bruxelles, le thème « Les mots s'emballent » a été choisi pour illustrer le foisonnement créa- tif autour des jeux de mots, mais aussi les papiers, enveloppes, car- tons, conserves qui leur serviront d'écrins. Car, dans les villes parte- naires, les mots seront mis en boite pour composer des expositions et des décors urbains… Molenbeek-St-Jean, Ville des Mots 2012 C'est Molenbeek-St-Jean qui a été élue « Ville des mots 2012 ». La com- mune sera le centre névralgique de « La langue française en fête », dont elle accueille et organise de nom- breuses animations. Jeux de mots, aphorismes, poésie vont s’y afficher, s’y exposer, s’y suspendre sur autant de calicots, de banderoles, d’ori- flammes ou de phylactères. La ville verra ses parterres de fleurs composer des mots, ses vitrines transformées en autant de pages… Ses rues, ses places, ses parcs, ses théâtres et lieux de rencontres seront animés par des jeux, des concerts, des concours, des débats, des joutes oratoires qui redonneront au citoyen son espace de vie et son espace de parole… sans oublier les « jeux de langage » de la Maison de la Francité. Pour toute informa- tion, consulter la Maison des Cultures et de la Cohésion sociale de Molenbeek-St- Jean. REVUE DE LA MAISON DE LA FRANCITÉ TRIMESTRIEL NUMÉRO 69 1 er TRIMESTRE 2012 18 RUE JOSEPH II 1000 BXL ÉDITO Belgique-België P.P. Bruxelles X BC0452 FRANCITé Les mots vont s’emballer… au double sens : emballage et emballement ! JOUONS AVEC LES MOTS ! DU 17 AU 25 MARS 2012 UNE INITIATIVE DE LA Editrice responsable : Nathalie Marchal, Bld Léopold II, 44, 1080 Bruxelles www.maisondelafrancite.be

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La langue française en fête. Bruxelles, ma belle. Francojeu 2012. Une école en mots.

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Changer la réalité « Si j’étais magicien… », tel est le thème que nous proposons cette année aux participants de notre concours, jeunes et moins jeunes. À première vue, l’on pourrait trou-ver ce thème un peu léger, voire même enfantin, car les person-nages doués de pouvoirs magiques

inspirent la littérature pour la jeunesse. Pourtant, de nombreux récits, de l’Antiquité aux films les plus actuels, mettent en scène des enchanteurs, des fées, des sorciers, des héros surhumains capables de transgresser les draconiennes lois de la nature. Les exploits d’Harry Potter, pour ne citer qu’eux, cap-tivent les adultes autant que les adolescents. Bref, il faut convenir que le thème des pouvoirs magiques exprime un rêve ancien autant qu’universel de l’espèce humaine : la capacité de surmonter les obs-tacles que nous oppose la réalité physique, afin de rendre possible ou d’accélérer la réalisation de cer-tains de nos désirs particulièrement intenses.

Ainsi conçue, la magie est une sorte de raccourci par lequel l’être humain vise des résultats qui, sans elle, fussent restés hors d’atteinte. Sur un mode certes imaginaire, elle témoigne donc fondamentalement de notre volonté de changer le monde, surtout dans ses aspects les plus prosaïques, les plus frustrants ou les plus pénibles. Or, cette volonté n’est ni puérile, ni insignifiante. Elle anime au contraire un grand nombre d’entre nous, que ce soit dans un cadre professionnel, dans l’exercice d’une activité poli-tique ou humanitaire, dans un travail de création artistique ou littéraire. Elle est, à vrai dire, le moteur qui nous empêche d’accepter passivement la réalité telle qu’elle est, et qui nous mène au contraire à tenter d’améliorer nos conditions d’existence. Bref, comme bien d’autres contes et légendes, les his-toires de magiciens illustrent de manière plaisante des préoccupations d’une indubitable gravité.

Cependant, l’on sait que la pratique magique peut répondre à des intentions très variées, les unes bé-néfiques et altruistes, les autres vengeresses, égo-ïstes ou destructrices. Tout qui détient un pouvoir a tendance à en abuser, dit-on. À ce point de vue, le concours 2012 de la Maison de la Francité jouera le rôle d’un révélateur sociologique. Nos contem-porains sont-ils animés prioritairement par le souci d’améliorer la vie de leurs proches ou de leurs semblables ? Sont-ils au contraire marqués d’abord par les conflits et la violence qui nous entourent, et tentés d’utiliser à leur tour les mêmes moyens, fût-ce sous le couvert de la fiction ? Les paris sont ouverts…

Ridouane CHAHID, Président

Langue française en fête à Molenbeek-Saint-Jean

et Journée de la Francophonie

1 La langue française en fête

2 Bruxelles, ma belle Francojeu 2012

3 Une école en mots

4 Concours de textes 2012

La revue Francité est écrite en nouvelle orthographe

Une semaine durant, à l’aube du printemps, la langue française est à la fête. En effet, du 17 au 25 mars, « La langue française en fête » mobilisera petits et grands dans toute la Wallonie–Bruxelles, et surtout à Molenbeek-St-Jean, Ville des mots 2012. Tout sera prétexte à jouer avec les mots, à les suspendre, à les exposer, bref à leur donner vie.

Depuis 1995, le Service de la langue française de la Fédération Wallonie-Bruxelles orchestre cette campagne en collaboration avec le Conseil de la langue française et de la poli-

tique linguistique. Le programme d'une semaine encadre tradition-nellement le 20 mars, Journée internationale de la francophonie. Toutefois, vu le grand nombre d'ac-tivités, il dépasse ce cadre temporel strict pour s'échelonner sur toute la durée du mois de mars.

En Wallonie-Bruxelles, le thème « Les mots s'emballent » a été choisi pour illustrer le foisonnement créa-tif autour des jeux de mots, mais aussi les papiers, enveloppes, car-tons, conserves qui leur serviront d'écrins. Car, dans les villes parte-naires, les mots seront mis en boite pour composer des expositions et des décors urbains…

Molenbeek-St-Jean, Ville des Mots 2012

C'est Molenbeek-St-Jean qui a été élue « Ville des mots 2012 ». La com-mune sera le centre névralgique de « La langue française en fête », dont

elle accueille et organise de nom-breuses animations. Jeux de mots, aphorismes, poésie vont s’y afficher, s’y exposer, s’y suspendre sur autant de calicots, de banderoles, d’ori-flammes ou de phylactères. La ville verra ses parterres de fleurs composer des mots, ses vitrines transformées en autant de pages… Ses rues, ses places, ses parcs, ses théâtres et lieux de rencontres seront animés par des jeux, des concerts, des concours, des débats, des joutes oratoires qui redonneront au citoyen son espace de vie et son espace de parole… sans

oublier les « jeux de langage » de la Maison de la Francité. Pour toute informa-tion, consulter la Maison des Cultures et de la Cohésion sociale de Molenbeek-St-Jean.

REVUE DE LA MAISON DE LA FRANCITÉ

TRIMESTRIEL

NUMÉRO 69

1er TRIMESTRE 2012

18 RUE JOSEPH II 1000 BXL

ÉDITO

Belgique-BelgiëP.P.

Bruxelles XBC0452

FRANCITé

Les mots vont s’emballer… au double sens : emballage et emballement !

JOUONS AVEC LES MOTS !DU 17 AU 25 MARS 2012

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Jeux linguistiques sur l’InternetLe site de la manifestation propose douze jeux linguistiques qui ont tout pour vous emballer. Jouez, votez, il y a des livres à gagner. Tous à vos claviers jusqu'au 31 mars, 10h00 ! (http://www.lalanguefrancaiseenfete.be)

En FrancophonieChaque année, dix mots sont choisis par les partenaires de la Semaine (France, Suisse, Québec, Organisation interna-tionale de la Francophonie, Fédération Wallonie-Bruxelles). En 2012, le thème de l'expression personnelle est à l'honneur : « Dis-moi dix mots qui te racontent ». Dé-voiler un sentiment, consentir un aveu, raconter une anecdote, faire part d'un rêve : la langue française est riche de res-sources lexicales pour mettre en mots son

moi et ses émois. Les 10 mots sont : âme, autrement, caractère, chez, confier, his-toire, naturel, penchant, songe, transport.

Pour la Semaine française, voir : La Se-maine de la Langue française et de la Francophonie en France. Pour la Suisse : La Semaine de la Langue française et de la Francophonie en Suisse.

À l'occasion de la Francofête 2012, qui se déroulera du 19 au 30 mars, Québécois et Québécoises sont appelés à célébrer leur volonté et leur plaisir de vivre en français. Tout au long de la fête, les dix mots circu-leront à travers les activités, les concours et les jeux proposés. Ces mots sont liés au thème rassembleur « les capacités expressives de la langue ». « Au Québec, les capacités expressives de notre langue se manifestent dans toutes les sphères de la vie. Elles nous permettent de for-

muler idées, sentiments et projets, bref, de dire qui nous sommes. Tout au long de la Francofête, l'Office québécois de la langue française et ses partenaires vous invitent donc à contribuer à la vitalité de la culture d'expression française. »

Organisation Internationale de la FrancophonieEn 2012, le thème de la Journée Inter-nationale de la Francophonie sera « Le français est une chance ». Les évènements et manifestations proposés à l’occasion du 20 mars reposeront prioritairement sur ce thème et sur la valeur ajoutée de la langue française. Informations sur le site 20mars.francophonie.org durant les semaines qui encadrent cette journée, avec possibilité d’y déposer un petit com-mentaire personnel exprimant « en quoi,

pour chacun de vous, le français est-il une chance ? »

TV5 Monde : concours de poésie avec les 10 motsTV5 Monde fête la langue française avec le Printemps des Poètes du 5 au 18 mars, et la Semaine de la Langue française du 17 au 25 mars. Dans ce cadre, la chaine propose un concours de poésie. Vers, prose, alexandrins, rime féminine ou mas-culine, pauvre, suffisante ou riche, tout est permis… Une seule consigne, votre poème doit contenir les « dix mots qui te racontent ». Le 14 mars à 18h20 (heure de Paris), le meilleur poème sera lu par le comédien Robin Renucci dans l’émission « L’Invité » présentée par Patrick Simo-nin. Le gagnant repartira avec un stylo Montblanc. Les quatre autres lauréats re-cevront une boîte de chocolats poèmes.

Bulletin d’inscriptionÀ dactylographier ou à compléter en lettres capitales

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Rue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N° . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Boite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Localité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Téléphone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je m’inscris à «Bruxelles, ma belle» qui aura lieu à Bruxelles, du 10 au 13 avril 2012 (les lieux

de rendez-vous seront communiqués lors de l’inscription).

Je verse ce jour le montant de ma participation ( plus de 25 ans : 75 €, 16-25 ans : 40 €)

au compte du CQFD – Bruxelles : 000-3254284-31 / BIC BPOTBEB1 / IBAN BE04 0003 2542 8431

Il est possible de s’inscrire à la journée, (20 €) mais il faut savoir que le programme proposé

forme un tout.

À renvoyer avant le 20 mars 2012 à Henry Landroit – 29, rue du Serpentin à 1050 Bruxelles

ou par courriel à [email protected]

Bruxelles, ma belleL’Oulipo à Bruxelles, du 10 au 13 avril 2012

Dans une ambiance conviviale, participative et surtout ludique, une rencontre est proposée à Bruxelles avec des animateurs de l’OULIPO1 et de Zazie Mode d’Emploi.

Au programme des ateliers : humour sans concession, fureur créative, euphorie radi-cale. La lisibilité des consignes, la facture artisanale et savante des textes séduiront et stimuleront tout esprit joueur. Selon une démarche inspirée de Raymond Que-neau (Courir les rues) et Jacques Roubaud (La forme d’une ville change plus vite hélas que le cœur des humains), il s’agit de parcourir la ville en petits groupes de dix à douze personnes et d’exploiter les ressources de ses quartiers. Cette partie no-made sera ponctuée par des arrêts dans la ville (maisons culturelles, ateliers d’artistes). Les participants s’y exerceront à l’écriture (prose, poésie) en suivant les règles ludiques de l’Oulipo. Les ateliers seront animés par Frédéric Forte, Olivier Salon, Robert Rapilly et Coraline Soulier. Le mercredi 11 avril, « Carte blanche à l’Oulipo » à 20h à Passa-porta, rue Antoine Dansaert (Bruxelles), avec les mêmes et Bart Van Loo, qui liront quelques-uns de leurs textes. Organisation : Henry Landroit.Coorganisation : Maison de la Francité.

1 : L’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) a été créé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais. Depuis, d’autres ont continué : Marcel Duchamp, Georges Perec, Italo Calvino, André Blavier, etc.

›› Pirou, aout 2011

›› Bourges, juillet 2010

Le Francojeu 2012

Dans le cadre de la Francofête 2012, le CCDMD présente son Francojeu :

un concours interactif ouvert à tous et à toutes du 5 au 25 mars 2012 ;

plusieurs prix à remporter ;

un jeu en ligne autour des dix mots vedettes de la Francofête : songe, chez, histoire, autrement, penchant, caractère, âme, transport, confier et naturel.

Plus d’info : www.ccdmd.qc.ca/fr

BrèveLe monde de MaeterlinckLe n° 41 de la revue universitaire Textyles vient de paraitre, sous le titre « Le monde de Maeterlinck – Maeterlinck dans le monde ». Le dossier est établi sous la direction de Michel OTTEN, professeur émérite de l’U.C.L., et de Fabrice VAN DE KERCHOVE, attaché aux Archives et Musée de la Littérature.

On peut souscrire au prix unitaire de 15,00 euros auprès de : Le Cri Édition, 18, av. Léopold Wiener, 1170 Bruxelles. Téléph. 02/646.65.33, fax 02/646.66.07.

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FRANCITé 69 1er trimestre 2012 page 3

Une école en mots

le précise Saïda Jibet, professeure char-gée à plein temps des classes passerelles, le fait d’avancer à pas de géant est très valorisant pour les primo-arrivants qui se sentent privilégiés. Dès lors, ils prennent rapidement confiance en eux et en leurs capacités, ce qui les rend particulièrement enthousiastes à l’idée d’apprendre en-core davantage. À tel point que certains disposent finalement d’un éventail plus large de vocabulaire que leurs condis-ciples francophones du même âge ! Aussi, au lieu de se renfermer faute de moyens pour communiquer, ils tiennent absolu-ment à s’exprimer et être interrogés en classe. Voilà des conclusions positives s’il

en est qui sont on ne peut plus encoura-geantes pour l’équipe pédagogique !

Mais encore…Si le présent article a pour but de mettre en lumière le projet « l’école en mots » – et peut-être même de donner l’envie à d’autres établissements de le mettre en place –, il ne représente pas la seule pra-tique pédagogique innovante à laquelle recourt l’École 14 pour aider les primo-arri-vants, bien loin de là. On peut notamment évoquer la visite hebdomadaire d’un mu-sicothérapeute ou encore la collaboration des professeurs avec une logopède. À l’at-tention de tous les élèves cette fois, l’école participe au programme Mus-e dont le rôle est de proposer aux enfants des acti-vités artistiques afin de leur permettre de développer leur créativité et leur curiosité

envers différentes cultures, renforçant ainsi des valeurs telles que la solidarité et la cohésion sociale. L’établissement s’inscrit aussi dans divers projets, parmi lesquels on peut citer le projet « alimenta-tion saine », le projet « tri des déchets », le projet « RenovaS » ou encore les activités et sorties éducatives (théâtre, excursions, cinéma, classes vertes, etc.). Et il n’y a pas que les enfants qui sont sollicités puisque, à raison d’une fois par semaine, l’école organise en collaboration avec la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation Perma-nente le Café des mamans. En les invitant à se retrouver dans une ambiance chaleu-reuse, les animatrices s’assurent que les

mères soient bien informées du parcours scolaire de leurs enfants, tout en veillant aussi à tisser des liens entre les parents du quartier afin de favoriser leur émancipa-tion ainsi que l’entraide et la création de projets collectifs.

Une équipe pédagogique dynamique et motivée, une bonne dose d’initiatives et d’imagination, un investissement non négligeable dans divers projets, voilà les grandes lignes de la recette grâce à la-quelle les élèves schaerbeekois de l’École 14 font de plus en plus de progrès ! En vous en faisant part, la Maison de la Francité n’espère qu’une chose : vous donner l’envie de créer, à votre tour, des projets innovants au sein de votre établissement !

Catheline FEDURSKI

À l’école fondamentale n°14 de Schaerbeek, les élèves apprennent et jouent entourés de mots. Accueillie par Mme Vogelsang, directrice de l’établissement, la Maison de la Francité s’est rendue sur les lieux afin de vous présenter cette ingénieuse initiative !

L’établissementL’École 14 est une école maternelle et primaire à taille humaine désireuse d’apporter à tous ses élèves de bonnes compétences de base grâce à des pratiques pédagogiques actives et dyna-miques. Dans une ambiance familiale et chaleureuse, l’établissement inculque aussi des valeurs telles que l’écoute, le respect et la collaboration afin de pré-parer les enfants à devenir des citoyens responsables.

Le projet « école en mots »L’École 14 accueille régulièrement de nouveaux primo-arrivants à qui il faut accorder une attention toute particulière pour qu’ils puissent s’adapter au système scolaire et maitriser au plus vite la langue française. Fort heureusement, le budget complémentaire alloué à l’enseignement différencié a permis à l’établissement d’engager à temps plein deux profes-seurs pour accueillir ces élèves au sein de classes passerelles, à raison de huit pé-riodes par semaine. Dans ce cadre, le rôle des enseignants n’est plus seulement de permettre à certains enfants de remédier à des problèmes rencontrés occasionnel-lement lors de leur apprentissage, mais aussi de remettre à niveau des élèves ori-ginaires de pays étrangers par le biais de cours spécifiquement adaptés.

À la recherche de nouvelles pratiques pédagogiques permettant de remplir cet objectif, les professeurs et leur directrice ont élaboré le projet « école en mots ». C’est ainsi que les murs, les fenêtres et les objets qui entourent les élèves se sont peu à peu transformés en véritables ou-tils pédagogiques !

Les mots en vedettePartout dans l’établissement et dans la cour de récréation sont dispersées des affichettes qui nomment l’objet ou l’espace sur lequel elles se trouvent. De cette manière, la curiosité des élèves est constamment stimulée, de même que leur mémoire visuelle. En outre, les murs et les fenêtres accueillent des panneaux thématiques composés d’images décou-pées dans des prospectus publicitaires. Sous chacune de ces illustrations, les en-fants peuvent lire le mot de vocabulaire correspondant à la réalité représentée. Ce type de présentation attire vraiment l’attention des enfants qui n’hésitent pas

à demander aux plus grands de leur lire ou de leur expliquer les termes usuels qu’ils ne comprennent pas, valorisant ainsi celui qui se sent désormais capable de fournir les explications souhaitées.

Des sorties et des fichesTous les quinze jours environ, les élèves des classes passerelles se mettent en route pour une promenade thématique : le marché, le quartier, les habitations, etc. En chemin, ils découvrent quantité de mots et d’expressions relatifs au sujet du jour par le biais de questions. Pour le domicile, par exemple, le professeur les interroge : « Comment entre-t-on dans une maison ? », « Qu’est-ce qui permet d’ouvrir la porte ? », « Dans quoi intro-duit-on la clé ? », etc. Ultérieurement, les

photos prises pendant la balade sont asso-ciées au vocabulaire correspondant et re-joignent une banque de mots. Celle-ci est régulièrement utilisée afin de raviver les sou-venirs des enfants qui sont invités à formu-ler des phrases dans lesquelles ils doivent inclure les mots appris pendant les sorties. Il s’avère que les no-tions acquises par le vécu sont bien an-crées dans la mémoire

des élèves, sans qu’ils aient pour autant eu le sentiment de fournir un réel effort de mémorisation. L’apprentissage se fait donc naturellement et en toute convi-vialité, tout en permettant également à ceux qui en ont besoin de découvrir les réalités de leur nouveau pays.

Un bilan positif S’il n’a été lancé qu’en septembre 2011, on peut déjà annoncer sans risque de se tromper que les résultats du pro-jet « l’école en mots » sont tout à fait probants. En témoignent les rapides pro-grès qu’ont faits les élèves depuis qu’ils suivent ce programme. En outre, comme

Certains primo-arrivants ont finalement un vocabulaire plus riche que leurs condisciples

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FRANCITé 69 1er trimestre 2012 page 4

La maisOn de La FranCité téLépH. 02/219.49.33 téLéCOp. 02/219.67.37 [email protected] www.maisondelafrancite.be éditeur respOnsaBLe Daniel LAROCHE, 18 rue Joseph II à 1000 Bruxelles Bureau de dépÔt : BruXeLLes X p 101012COnCeptiOn grapHique Marmelade - www.marmelade.be tirage 6.500 exemplaires aveC L’aide de la Commission communautaire française

Concours de textes 2012 « si j’étais magicien… »

le Service de la Langue de la Fédéra-tion Wallonie-Bruxelles et sa directrice Mme Nathalie Marchal

le Parlement francophone bruxellois et sa présidente Mme Julie de Groote

le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles et son président M. Jean-Charles Luperto

l'Organisation internationale de la Franco-phonie et son représentant auprès de l’U.E. M. Pietro Sicuro

la Délégation du Québec à Bruxelles et le Délégué général M. Christos Sirros

Le concours est également parrainé par : La Libre Belgique, les éditions De Boeck, Le Robert, les éditions Bayard & Milan, le Pass, la librairie Papyrus à Namur, la Maison de la Poésie et de la Langue fran-çaise, ainsi que : le café-théâtre B’Izou, le Centre belge de la bande dessinée, le Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles, le Centre du Film sur l’Art, le Domaine des Grottes de Han, les éditions Le Lom-bard, les éditions Racine. Qu’ils (elles) trouvent ici l’expression de notre plus vive gratitude.

exploits de la littérature médiévale dus à la bienveillante et guérisseuse fée Mor-gane, ou à Merlin l’enchanteur qui s’éprit de la fée Viviane et resta en son pouvoir ; les Contes des mille et une nuits, parmi lesquels Aladin et la lampe merveilleuse ; les histoires de djinns qui sont, dans les croyances et les légendes arabes, des esprits de l’air, bons génies ou démons selon les cas ; les Contes de ma mère l’Oye (1697), de Charles Perrault, avec des his-toires aussi célèbres que La belle au bois dormant, Le petit chaperon rouge ou Cendrillon ; L’apprenti sorcier publié par Goethe en 1797 et mis en musique par Paul Dukas un siècle plus tard.

On n’en finirait pas, il est vrai, de recenser les personnages doués de pouvoirs ma-giques dans le patrimoine légendaire et littéraire de l’humanité. Dès l’époque du muet, le cinéma leur a donné un remar-quable regain de vitalité. Non seulement les inoubliables dessins animés de Walt Disney, qui ont puisé abondamment dans ce patrimoine, mais des films plus récents comme Les visiteurs ou les aventures d’Harry Potter, auxquels des effets spé-ciaux de plus en plus époustouflants ont donné un surcroit de « crédibilité ». Bref, en cette période où l’esprit rationaliste et scientifique est pourtant omniprésent, il semble que nous restons plus que jamais fascinés par les histoires où interviennent des pouvoirs surnaturels.

Grâce à ces différents parraineurs, de nombreux prix récompenseront les gagnants. Relevons entre autres des chèques jusqu’à 1.250 euros octroyés par différentes institutions francophones, des dictionnaires Le Robert, des ouvrages De Boeck, des abonnements à la Libre Belgique et aux revues Bayard-Milan jeu-nesse, des livres, des bandes dessinées, des abonnements aux activités de la Maison de la Poésie et de la Langue fran-çaise à Namur ainsi qu’aux spectacles du café-théâtre B’Izou, des entrées gratuites, etc. En outre, les meilleurs textes seront publiés en volume.

Le règlement du concours est disponible sur le site Internet www.maisondelafrancite.beou par téléphone au 02/219.49.33.

Mais au fait, quels sont au juste ces pou-voirs, et à quoi sont-ils utilisés ? La réponse à cette question parait d’une diversité sans limite. Dans tous les cas, l’opération magique implique la transgression d’une ou de plusieurs lois physiques : faire appa-raitre ou disparaitre un objet, voler dans les airs, traverser une muraille, accélé-rer ou raccourcir le temps, changer un être humain en animal et inversement,

etc. Qu’il soit mascu-lin (génie surnaturel, mage, alchimiste…) ou féminin (bonne ou méchante fée, sor-cière, magicienne…), le détenteur des pou-voirs magiques peut jouer des rôles bien différents par leur signification morale : ré compenser l e s bonnes actions, punir

les mauvaises, mettre le héros devant un défi existentiel, se venger d’un tort subi, renforcer son propre pouvoir, etc.

Un motif fréquent dans les histoires fée-riques est celui du vœu (ou d’une série de trois vœux) dont le héros peut deman-der la réalisation… à ses risques et périls. Il arrive en effet que le « magicien » soit un démon – sinon Satan en personne – auquel cas le pacte risque de mal finir pour l’auteur des souhaits. S’il a affaire

à un bon génie, la rencontre se termi-nera au contraire à son avantage. Notons que, dans certains cas, le héros parvient à se montrer plus malin que le diable et à le duper, échappant ainsi à un sort qui semblait inéluctable. Quoi qu’il en soit, le sens du conte dépend dans une large me-sure du contenu donné au(x) vœu(x). Très souvent, en effet, le héros désire obtenir pour lui-même une faveur exceptionnelle qui contribuera à assurer son bonheur : richesse matérielle, amour, jeunesse éternelle, toutes valeurs incontestable-ment égocentriques. Il est bien plus rare de trouver des souhaits de nature al-truiste. En ce sens, les histoires féeriques semblent illustrer de préférence le désir purement individuel d’être heureux, désir dont l’universalité est d’ailleurs patente.

Ce qui est certain, c’est que les récits où interviennent des pouvoirs magiques s’achèvent quasi toujours sur une fin heu-reuse, les bons étant récompensés et les méchants punis. Ces récits ont donc visi-blement une fonction moralisante, qu’ils partagent avec d’autres genres oraux ou littéraires comme la fable – avec laquelle ils présentent d’ailleurs plus d’un point com-mun. Cela n’ôte rien à leur charme, certes. Mais, on en conviendra, il serait peu avisé pour chacun d’entre nous de concevoir notre existence et notre société à travers les seules lunettes de l’histoire féerique…

Daniel LAROCHE

Rappel : envoyez-nous votre histoire pour le 18 avril au plus tard par la poste, par fax, par courriel ([email protected]) ou – nouveauté cette année – via le formu-laire en ligne.

La proclamation des résultats et la remise des prix auront lieu le vendredi 1er juin.

La Maison de la Francité remercie chaleu-reusement les institutions sans le soutien desquelles le concours n’aurait pu se réaliser :

la Commission communautaire française

Dans son livre merveilleux Les métamorphoses, Ovide imagine qu’un enchanteur apparait à deux époux vieillissants mais toujours amoureux, et leur propose de leur rendre la jeunesse. « Change-nous plutôt en une paire d’arbres, lui répondent-ils, afin que nos branches restent entremêlées à jamais et qu’elles accueillent les oiseaux ». Touché par ce souhait émouvant, le bon génie leur donne aussitôt satisfaction…

Comme le montre entre cent autres exemples la magicienne Circé dans L’Odyssée, Ovide n’est certes pas le pre-mier écrivain antique à mettre en scène un personnage de thaumaturge, tant s’en faut : il reprend ainsi une tradition déjà bien ancrée à son époque, et qui traver-sera les siècles jusqu’à nos jours.

Cette tradition est illustrée par des œuvres aussi diverses que : L’âne d’or d’Apulée, écrivain latin du 2e siècle ; les

grand concours 2012

de la Maison de la FRANCITÉ

Le café-théâtre Au B’Izou

Dans le cadre du concours « Si j’étais magicien… », la Maison de la Fran-cité a noué un partenariat avec « le B’Izou ». Que cache cette appellation sympathique ?

Le B’Izou est créé en 2008 par deux… pompiers : Jean, qui est aussi chanteur, et Izou, parolière. Animés par leur passion commune pour la musique et la chanson, ils rénovent un ancien atelier de garnissage de fauteuils pour en faire une salle à la fois moderne et conviviale. Au programme : concerts, spectacles, ateliers d’écriture, cours de chant, séances d’improvisation.

Pour plus d’info : www.aubizou.beAdresse : 13, rue de la Promenade, Anderlecht. Tél. : 0474/10.75.76. Pour s’inscrire : [email protected] Les lecteurs de Francité recevront une réduction de 10% sur les ateliers (Rémo Gary en mars, Claude Fèvre en avril) et de 2 euros sur les spectacles.

Les histoires féeriques illustrent de préférence le désir individuel d’être heureux

Enchanteurs et magiciens