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Bruxelles est certes une Région où l’an- glais est de plus en plus parlé ainsi que de nombreuses autres langues venues du monde entier. Si d’aucuns augurent la « défrancisation » progressive de notre Région d’ici une ou deux généra- tion, d’autres soulignent la richesse ex- ceptionnelle de ce terreau linguistique où arabe, espagnol, portugais, italien, anglais, turc et bien d’autres se côtoient. Nos élus bruxellois se désintéresse- raient-ils pour autant de la défense du français ? Ne nous y trompons pas, dans un contexte politique et linguistique complexe, la grande majorité de nos concitoyens d’origines diverses cultivent un attachement évident à la langue française. Par l’instruction qui leur a été donnée, par leur engagement au sein des institutions, par leurs participations au développement de notre Région, ils sont les artisans de la pro- motion du français à Bruxelles et ailleurs… Sur l’échiquier linguistique bruxellois, il est également important de saluer le rôle actif des nombreuses associations franco- phones qui, sur le terrain, font du français une langue d’intégration sociale, d’insertion professionnelle et de réalisation person- nelle : centres d’alphabétisation, écoles de langue, maisons de jeunes, centres cultu- rels, écrivains publics, bibliothèques,… tous œuvrent en faveur de l’épanouissement linguistique et culturel de nos concitoyens grâce au partage effectif de notre langue. Au sein de ce dense tissu associatif, la Mai- son de la Francité se consacre au quotidien non seulement à promouvoir le français, mais surtout à contribuer à l’accès à son apprentissage et à sa dimension créative. La valorisation de la francophonie interna- tionale y est étroitement associée, à com- mencer, précisément, par la mise en valeur du creuset multiculturel bruxellois. Le levier d’intervention est double : d’une part, dé- velopper des actions concrètes auprès des publics scolaires, des acteurs de terrain et d’un large public et, d’autre part, jouer un rôle de relai au service des secteurs culturel et éducatif. D’une politique défensive, les grandes lan- gues internationales sont passées à l’ère de l’ouverture et du dialogue. Le français a en effet davantage à espérer de la promo- tion du multilinguisme et du dialogue des cultures que d’un monolinguisme stérile. À Bruxelles comme partout ailleurs, notre langue se doit d’être porteuse d’esprit d’ini- tiative, d’ouverture et d’accueil. Ridouane CHAHID, Président Le français, la francophonie et la Maison de la Francité à la fête ! 1 Le français, la francophonie et la Maison de la Francité à la fête ! 2 Focus sur les Portes ouvertes 3 « Francité », dites-vous? 4 Francité vs multilinguisme ? À la croisée des mots La revue Francité est écrite en nouvelle orthographe Comme chaque année depuis 1995, la langue française se parera de couleurs à l’arrivée du printemps ! Du 16 au 24 mars, les mots seront à la fête partout en Wallonie et à Bruxelles. Deux fils rouges vous sont proposés. Premièrement, le thème « les mots s’envoient » retenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles inspirera un foison- nement créatif autour de jeux de mots déclinés sur les papiers, cartes postales, enveloppes et lettres qui leur serviront d’écrin. À l’occasion de cette édition 2013, c’est la commune de Soignies qui enfilera le costume de « Ville des mots ». Animations, manifestations et mots y envahiront les rues, parcs, parterres de fleurs, etc. sur le concept « les mots s’envoient et... s'en- volent ! ». Deuxièmement, à l’initiative des parte- naires francophones de France, de Suisse, du Québec, de l’OIF et de la Fédération Wallonie-Bruxelles de la Semaine de la langue française en fête, dix mots étran- gers empruntés au français ont été rassemblés dans le cadre du projet par- ticipatif international « Dix-moi dix mots semés au loin ». Non seulement la Maison de la Francité participe activement cette année aux deux initiatives, mais un vent printanier soufflera en outre sur l’hôtel Hèle du- rant la semaine Portes ouvertes qu'elle vous propose en synergie avec les neuf autres associations de son pôle culturel. C’est dire que la Journée internationale de la Francophonie du 20 mars sera di- gnement célébrée à Bruxelles ! Neuf jours et un éventail d’activités à découvrir… visant à réaliser un seul et même objectif : faire la part belle à l’expression, à la créativité, au jeu et au partage des mots français sous toutes leurs formes. Nous vous invitons à y prendre joyeusement part ! Découvrez notre programmation détail- lée dans ce numéro de Francité… REVUE DE LA MAISON DE LA FRANCITÉ TRIMESTRIEL NUMÉRO 73 1 er TRIMESTRE 2013 18 RUE JOSEPH II 1000 BXL ÉDITO Belgique-België P.P. Bruxelles X BC0452 FRANCITé www.maisondelafrancite.be Multilinguisme, opportunités ! Un seul et même objectif : faire la part belle à l’expression, à la créativité, au jeu et au partage des mots français sous toutes leurs formes…

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Le français, la francophonie et la Maison de la Francité à la fête ! Focus sur les Portes ouvertes. "Francité ", dites-vous ? Francité vs multilinguisme ?

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Bruxelles est certes une Région où l’an-glais est de plus en plus parlé ainsi que de nombreuses autres langues venues du monde entier. Si d’aucuns augurent la « défrancisation » progressive de notre Région d’ici une ou deux généra-tion, d’autres soulignent la richesse ex-ceptionnelle de ce terreau linguistique où arabe, espagnol, portugais, italien, anglais, turc et bien d’autres se côtoient.

Nos élus bruxellois se désintéresse-raient-ils pour autant de la défense du français ? Ne nous y trompons pas, dans un contexte politique et linguistique complexe, la grande majorité de nos

concitoyens d’origines diverses cultivent un attachement évident à la langue française. Par l’instruction qui leur a été donnée, par leur engagement au sein des institutions, par leurs participations au développement de notre Région, ils sont les artisans de la pro-motion du français à Bruxelles et ailleurs…

Sur l’échiquier linguistique bruxellois, il est également important de saluer le rôle actif des nombreuses associations franco-phones qui, sur le terrain, font du français une langue d’intégration sociale, d’insertion professionnelle et de réalisation person-nelle : centres d’alphabétisation, écoles de langue, maisons de jeunes, centres cultu-

rels, écrivains publics, bibliothèques,… tous œuvrent en faveur de l’épanouissement linguistique et culturel de nos concitoyens grâce au partage effectif de notre langue.

Au sein de ce dense tissu associatif, la Mai-son de la Francité se consacre au quotidien non seulement à promouvoir le français, mais surtout à contribuer à l’accès à son apprentissage et à sa dimension créative. La valorisation de la francophonie interna-tionale y est étroitement associée, à com-mencer, précisément, par la mise en valeur du creuset multiculturel bruxellois. Le levier d’intervention est double : d’une part, dé-velopper des actions concrètes auprès des

publics scolaires, des acteurs de terrain et d’un large public et, d’autre part, jouer un rôle de relai au service des secteurs culturel et éducatif.

D’une politique défensive, les grandes lan-gues internationales sont passées à l’ère de l’ouverture et du dialogue. Le français a en effet davantage à espérer de la promo-tion du multilinguisme et du dialogue des cultures que d’un monolinguisme stérile. À Bruxelles comme partout ailleurs, notre langue se doit d’être porteuse d’esprit d’ini-tiative, d’ouverture et d’accueil.

Ridouane CHAHID, Président

Le français, la francophonie et la Maison de la Francité à la fête !

1 Le français, la francophonie et la Maison de la Francité à la fête !

2 Focus sur les Portes ouvertes

3 « Francité », dites-vous?

4 Francité vs multilinguisme ? À la croisée des mots

La revue Francité est écrite en nouvelle orthographe

Comme chaque année depuis 1995, la langue française se parera de couleurs à l’arrivée du printemps ! Du 16 au 24 mars, les mots seront à la fête partout en Wallonie et à Bruxelles. Deux fils rouges vous sont proposés.

Premièrement, le thème « les mots s’envoient » retenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles inspirera un foison-nement créatif autour de jeux de mots déclinés sur les papiers, cartes postales, enveloppes et lettres qui leur serviront d’écrin. À l’occasion de cette édition 2013, c’est la commune de Soignies qui

enfilera le costume de « Ville des mots ». Animations, manifestations et mots y envahiront les rues, parcs, parterres de

fleurs, etc. sur le concept « les mots s’envoient et... s'en-volent ! ».

Deuxièmement, à l’initiative des parte-naires francophones de France, de Suisse, du Québec, de l’OIF et de la Fédération Wallonie-Bruxelles de la Semaine de la langue française en fête, dix mots étran-gers empruntés au français ont été rassemblés dans le cadre du projet par-

ticipatif international « Dix-moi dix mots semés au loin ».

Non seulement la Maison de la Francité participe activement cette année aux deux initiatives, mais un vent printanier soufflera en outre sur l’hôtel Hèle du-rant la semaine Portes ouvertes qu'elle vous propose en synergie avec les neuf autres associations de son pôle culturel. C’est dire que la Journée internationale de la Francophonie du 20 mars sera di-gnement célébrée à Bruxelles !

Neuf jours et un éventail d’activités à découvrir… visant à réaliser un seul et même objectif : faire la part belle à l’expression, à la créativité, au jeu et au partage des mots français sous toutes leurs formes. Nous vous invitons à y prendre joyeusement part !

Découvrez notre programmation détail-lée dans ce numéro de Francité…

REVUE DE LA MAISON DE LA FRANCITÉ

TRIMESTRIEL

NUMÉRO 73

1er TRIMESTRE 2013

18 RUE JOSEPH II 1000 BXL

ÉDITO

Belgique-BelgiëP.P.

Bruxelles XBC0452

FRANCITéwww.maisondelafrancite.be

Multilinguisme, opportunités !

Un seul et même objectif : faire la part belle à l’expression, à la créativité, au jeu et au partage des mots français sous toutes leurs formes…

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Si l’Ouvroir de littérature potentielle (OU-LIPO) a été créé en 1960 par des écrivains comme Raymond Queneau et Georges Perec, d’autres ont depuis pris le relai.Dans une ambiance conviviale, participative et ludique, une exploration littéraire vous est proposée à Bruxelles, avec pour guides des auteurs membres ou proches de l’Ouli-po – Jacques Jouet, Olivier Salon, Coraline Soulier, Martin Granger, Robert Rapilly - accompagnés de Bruxellois oulipophiles qui connaissent la ville comme leur poche – Jean-Michel Pochet, Henry Landroit... La démarche consistera à parcourir la ville à l’affut des ressources de quelques-uns de ses quartiers, pour découvrir des lieux emblématiques de résistance, de rébellion de certains grands écrivains. Ces séquences

nomades seront ponctuées par des arrêts à l’abri des maisons culturelles et des ateliers d’artistes, qui nous accueilleront pour un travail d’écriture.L’activité se passe dans l’ombre tutélaire de Raymond Queneau (Courir les rues), de Jacques Roubaud (La forme d’une ville change plus vite hélas que le cœur des humains) et de Georges Perec (Espèces d’espaces, L’infra-ordinaire). Prise de son, automates littéraires, passage de textes par la mécanique combinatoire : les nouvelles technologies seront également convo-quées. À cela rien d’étonnant, Raymond Queneau et François Le Lionnais en ont été les visionnaires et initiateurs, à l’origine même de l’Oulipo.

« Bruxelles re-belle » : pour la deuxième fois, l’Oulipo à Bruxelles !Du 15 au 18 mars

Ce mois de mars verra l’ouverture d’une bibliothèque commune aux associations du complexe de la Maison de la Francité. La Maison de la Francité ASBL et Coopération par l’Éducation et la Culture ont en effet décidé de fusionner leurs fonds respectifs afin d’offrir un nouvel espace de consulta-tion, de lecture, d’écriture, de réflexion et d’échange autour de la francité.Fondée à la fin des années 70, CEC est une ONG culturelle qui se consacre aux cultures africaine et caribéenne. Son fonds regroupe un grand nombre d’œuvres issues des cultures africaines contemporaines (lit-térature, mais aussi histoire, culture et arts plastiques) ainsi que de nombreux livres des Caraïbes, avec notamment plus de mille ou-vrages en provenance d’Haïti. L’étendue de cette collection fait de la bibliothèque un lieu unique en Belgique, voire en Europe.Quant au fonds de la Maison de la Fran-cité ASBL, il compte près de 3000 ouvrages relatifs à la langue française et à la franco-phonie : dictionnaires, revues, livres portant sur la linguistique, la grammaire, l’ortho-graphe, la francophonie, les variantes du

français dans le monde, les littératures et cultures francophones, l’histoire de la langue française, etc. La bibliothèque accueillera également, désormais en libre accès, un florilège de l’importante collec-tion de jeux de langage de la Maison de la Francité.

Outre la création d’un fonds francophone multidisciplinaire spécialisé, la mise en com-mun de ces ressources permet aussi de créer un nouvel espace de rencontre entre les dif-férents publics des dix associations résidentes de la Maison de la Francité. Cette nouvelle bibliothèque sera également un lieu d’activi-tés en tous genres liées à la langue française et aux cultures francophones.

Bibliothèque commune francophone

FRANCITé 73 1er triMestre 2013 page 2

Parmi la vingtaine d’activités qui se succèderont à la Maison de la Francité à l’occasion de la semaine Portes ouvertes, « Francité » en met quelques-unes en lumière afin d’aiguiser votre curiosité…

Stephen Vincke : exposition « Rien que des mots »Du 15 mars au 30 avril

Le photographe, écrivain et opérateur cultu-rel indépendant Stephen Vincke investira les murs de la Maison de la Francité pour nous proposer une exposition originale de « mots de rue ». Ses photographies et affiches incarneront un trait d’union entre rue et patrimoine au cœur de nos bâtiments.« "Rien que des mots", des mots de rien, rassemblés depuis les murs et les fenêtres de la capitale et de la province. Le mot de rue, qu'est-ce donc, sinon l'écho instantané du quotidien ? À bien y regarder : interdic-tions, obligations, peurs, besoins, fantaisies... N'est-il pas le reflet des grands courants qui taraudent notre société humaine ? Rassem-bler ces mots éparpillés leur confère une poésie du récit que chaque visiteur inventera au fil de sa lecture-cheminement...La courte vie du mot de rue ne lui laisse parfois que quelques brefs jours avant de retourner au néant des mots. Le photo-

graphe-chasseur se doit donc d'arpenter inlassablement les rues des villes et villages, l'œil aux aguets et la truffe en l'air, pour capter le vol fugace du ticket de caisse ou du bout de papier. Sans compter qu'à ce train, la chasse aux mots visibles depuis la rue présente des dangers qui ne sont pas loin d'égaler ceux que peut revêtir la chasse aux grands fauves d'Afrique. La charge de l'autosauvage (son rugissement est inou-bliable, j'en tremble encore), le crochepatte du chien d'aveugle (son pelage givré par le froid), la glissade sur tartine abandonnée (huit mètres homologués),… Cette exposi-tion sera donc l'occasion de sortir de l'ombre le photographe urbain, à la fois aventurier moderne (armé de son objectif de chasse : un 50mm 1,4) et poète contemplatif.»

Journée de la Francophonie : 20 mars 2013

Cette année, la Journée de la Francophonie met la jeunesse à l’honneur et lui adresse ses messages : « le français est une chance pour les jeunes / les jeunes sont aussi une chance pour le français ». Par le biais de ce thème, auquel tient particulièrement le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie SE M. Abdou Diouf, l’occa-sion est donnée de présenter les actions et missions en faveur des jeunes, mais aussi de

présenter l’importance de la jeunesse pour l’avenir de la Francophonie. N’hésitez pas à visiter leur site http://www.20mars.francophonie.org, consacré à l’évènement. Vous y trouverez des informa-tions concernant les activités de la Journée, une carte du monde de la Francophonie ainsi qu’un enregistrement vidéo reprenant le message de SE M. Abdou Diouf.

« Dis-moi dix mots… semés au loin »

Prenant part à l’opération francophone, la Maison de la Francité a lancé dès le 15 jan-vier un appel à projets créatifs vous invitant à vous exprimer et créer, que ce soit sous une forme littéraire brève (poésie, slam, chan-son …) ou par une mise en scène (peinture, photo, vidéo …), sur le thème des dix mots atelier, bouquet, cachet, coup de foudre, équipe, protéger, savoir-faire, unique, vis-à-vis, voilà . Dix mots empruntés à la langue française par d’autres langues telles que l’al-lemand, l’anglais, le polonais, le portugais, le russe, le néerlandais, l’espagnol ou l’italien, qui à cette occasion résonnent à travers l’en-semble des pays francophones. La Maison de la Francité accueille également l’expo-

sition du même nom, qui progressivement se voit étoffée des réponses des participants au projet… Les meilleures créations envahi-ront en effet les espaces de la Maison de la Francité à partir du 15 mars ! Dans le cadre de ce projet participatif, deux ateliers trans-disciplinaires, entre écriture et arts visuels, vous sont également proposés durant notre semaine Portes ouvertes. Enfin, ce numéro soumet à votre esprit ludique une grille de mots croisés spéciale consacrée aux dix mots.

Concours de textes 2013 « Destination ailleurs »

Ambassade de France, Éditions Racine, café-théâtre B’Izou, Centre belge de la bande dessinée, Centre de l’Audiovisuel à Bruxelles, Centre du Film sur l’Art, Domaine des Grottes de Han, Éditions Le Lombard.

Amis écrivains, amis voyageurs, à vos plumes ! Votre récit de voyage, de 2 à 4 pages, peut nous parvenir jusqu’au 17 avril 2013. Le règlement et la présentation du concours sont disponibles sur le site Inter-net www.maisondelafrancite.be ou par téléphone au 02/219.49.33.Dans le cadre de cette nouvelle édition du concours, des ateliers d’écriture ont été pro-posés par la Maison de la Francité dans les écoles bruxelloises à encadrement différen-cié. L’objectif de cet accompagnement est d’amener les élèves à développer un pro-cessus d’écriture en vue d’une participation au concours. Cinq classes de 1re et 2e années du secondaire bénéficient actuellement de 8 heures d’ateliers d’écriture animés par Frédérique Dolphijn et Hélène Cordier. Par ailleurs, le public de la Maison de la Francité ne sera pas en reste. Dans le cadre des Portes ouvertes, l’association CLéA , qui

est venue enrichir le pôle culturel franco-phone de la Maison de la Francité en 2013, propose un atelier de réécriture « Destina-tion ailleurs » le 16 mars. L’atelier d’écriture « Cartes postales » pour enfants sera animé par Fidéline Dujeu le 23 mars, de même que l’atelier « De quatre voyages en écriture » pour jeunes et adultes par Marie-Andrée Delhamende. Tous deux sont à l’initiative de l’association Kalame, dernière arrivée parmi les associations résidentes et dont l'expé-rience vient amplifier les missions de notre grande « Maison ». La proclamation des résultats et la remise des prix du concours auront lieu le 31 mai. Grâce à nos parraineurs, que la Maison de la Francité remercie d’ores et déjà vivement, de nombreux prix récompenseront les gagnants. Comme chaque année, les meilleurs textes sélectionnés seront publiés dans un recueil.

DESTINATION Maison de la FRANCITÉ

CONCOURS DE TEXTES 2013

DESTINATION

AILLEURSAILLEURS

On est tous un jour partis quelque part… Quel voyageur êtes-vous ? Écrivez un récit de voyage de 2 à 4 pages et envoyez-le pour le 17 avril 2013.Participation gratuite – 10.000 euros de prix – les meilleurs textes seront publiés.Infos et règlement : www.maisondelafrancite.be – téléph. 02/219.49.33 -

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Avec le soutien de la Commission communautaire française et du Parlement francophone bruxellois

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FRANCITé 73 1er triMestre 2013 page 3

« Francité », dites-vous ?

Sous l’entrée « francité », le Petit Robert nous livre la définition suivante : « n.f. – 1936, répandu v. 1965 • De France • Caractères propres à la culture française, à la communauté de langue française (> francophonie) ». En unique exemple, y est citée…« la Maison de la Francité, à Bruxelles » ! Le Larousse en réduit encore le sens en : « ensemble des caractéristiques de ce qui est reconnu comme français. » Et le Trésor de la Langue française de corroborer par : « ensemble de caractères propres au peuple français, à sa culture. » Cette première acception, toujours largement répandue actuellement, lie donc étroitement la « francité » à la culture de France. Or, de toute évidence, les régions d’expression française dépassent de loin les frontières françaises…

Une seconde interprétation renvoie à la « symbiose culturelle des Celtes, Ger-mains et Latins. » « Francité » dériverait alors de « franc », renvoyant à la nouvelle civilisation des Francs issue de la synthèse entre les anciennes cultures présentes sur un territoire plus étendu que celui de la France actuelle. Parallèlement à ce territoire de langue française de souche en Europe, dont l’apparition remonte officiellement à 842, l’histoire coloniale ancrera notre langue sur la carte du monde dès le début du XVIe siècle.

La « francité » recouvre par conséquent une réalité vaste et complexe, qui ne peut être perçue qu’à travers sa dimension his-torique. C’est à Léopold Sédar Senghor qu’on attribue la paternité du néologisme « francité » vers 1965. Dans son ouvrage Ce que je crois : Négritude, Francité et Civili-sation de l’Universel, il en donne en 1988 la définition suivante : « ensemble des va-leurs de la langue et de la culture partant de la civilisation française. […] C’est, en art et en littérature, le " gout " et la " grâce ", qui font son " charme ". C’est, plus pré-cisément, dans la langue française, qui intéresse aussi les savants et techniciens, cette " logique naturelle " et cette " admi-rable clarté " qu’elle a conservées depuis Descartes jusqu’à aujourd’hui. »

Afrique noire(20 pays)Océan Indien

MadagascarMaurice

La RéunionComores

MaghrebMauritanie

MarocAlgérieTunisie

PacifiqueVanuatu

TahitiNouvelle-Calédonie

Europeoccidentale

FranceBelgique

SuisseLuxembourg

Europecentrorientale

RoumanieBulgarieMoldavie

AsieVietnam

CambodgeLaos

Proche OrientÉgypteLiban

Amérique du NordQuébecAcadie

louisiane

CaraïbeHaïti Sainte-Lucie

DominiqueGuyane

GuadeloupeMartinique

La francophonie

›› La francophonie : représentation moderne, par Michel Tétu

Cette hétérogénéité francophone recon-nue, il serait de surcroit plus judicieux de parler « des francophonies » de même que « des français ». La mise au pluriel permet-trait de sortir pleinement d'une vision franco-centrée du monde francophone.

Quant au destin de « francophonie », avec un f minuscule, il désigne à présent l’en-semble des peuples ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou dans leur com-munication. Le terme a parallèlement vu apparaitre la majuscule pour désigner le regroupement des gouvernements, des pays ou des instances officielles qui ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges. Cette Francophonie institutionnelle est repré-sentée aujourd’hui par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et les Sommets de la Francophonie qui, progressivement axés sur la politique et l’économie, ont doté le mot « Francopho-nie » de ces deux dimensions, un peu à l’image du Commonwealth. Force est de constater que le terme « francophonie » est souvent associé, à tort, à ces réali-tés institutionnelles. Plus localement, « francophone » renvoie de plus à la com-munauté linguistique de notre pays.

De nos jours, le terme « francité » permet en revanche de recouvrir, une réalité très large : celle d’une communauté cultu-relle et linguistique contrastée. Il désigne l’ensemble des cultures, aussi différentes soient-elles, dont le point commun est la langue française, de même que l’expres-sion d’une langue et d’une pensée dans toutes leurs variations et leur diversité. La francité ouvre un horizon de partage et d’enrichissement entre les membres d’une communauté où toute prépondé-rance d’une norme ou d’une civilisation a disparu.

Forte de ce nom riche de sens, la Maison de la Francité, ambitionne de permettre à un large public de découvrir le(s) fran-çais, les cultures qui y sont associées sous toutes leurs formes et leur résonance à travers le monde.

les populations non pas par race, comme il était de coutume de le faire à l’époque, mais par langue. « Francophone » et « francophonie » désignent alors les personnes et territoires qui par-tagent la langue de la nation française. Cependant, dans la première moi-tié du XXe siècle, le mot « franci-té » est privilégié pour désigner les

caractéristiques linguistiques et cultu-relles de ce qui est français ou « d'esprit français ».

Il faut attendre les années 1960 pour voir réapparaitre les termes « francophone » et « francophonie », demeurant pourtant absents des noms des premières instances de la Francophonie institutionnelle, y compris lors du premier Sommet de Paris en 1986. La francophonie désigne donc à l’origine tous les pays francophones à l’ex-ception de la France. Ce n’est qu’en 1990 que la France y est logiquement intégrée.

S'il n’est pourtant pas rare à l’heure actuelle qu’une distinction soit encore établie entre France et francophonie, cette dernière renvoie à une représen-tation traditionnelle inscrivant les pays francophones dans une hiérarchie allant du centre français vers la périphérie fran-cophone en fonction que le français y ait le statut de langue maternelle, nationale, de communication ou de culture.

Amérique Latine

Dominique

France

Afrique noire

Égypte

Liban

Guadeloupe

Sainte-Lucie

Guyane

Réunion

Haïti

Martinique

Bulgarie

Roumanie

Maroc

Algérie

Tunisie

Madagascar

Europe de l’Est

Luxembourg

Québec

Aoste Suisse

Belgique

›› La francophonie : représentation traditionnelle, par Michel Tétu

Cette conception est heureusement lar-gement dépassée depuis l’émergence des cultures francophones qui a marqué l’ère postcoloniale. La francophonie, désor-mais polycentrique, se présente en noyaux correspondant aux différentes régions du monde d’expression française, qui orientent leurs normes linguistiques et leurs manifestations culturelles respectives.

Au lendemain des indépendances des anciennes colonies, l’attachement du premier Président de la République du Sénégal à la langue et la culture fran-çaises est prépondérant. Ce dernier loue les « qualités intrinsèques » et le statut international de cette langue. Bien qu’il soit le tribut de la colonisation, le français constitue en effet un héritage inesti-mable qui n’appartient désormais plus exclusivement à l’ancienne métropole. La civilisation française est la clé ouvrant aux Africains les portes de l’élite intellec-tuelle mondiale. Senghor fut en ce sens un des fondateurs de la Francophonie, de même que le premier Africain à siéger à l’Académie française en 1983. Il est dès lors le symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies pour ses partisans ou du néocolonialisme français en Afrique pour ses détracteurs.

La francité ouvre un horizon de partage et d’enrichissement entre les membres d’une communauté où toute prépondérance d’une norme ou d’une civilisation a disparu.

›› Léopold Sédar Senghor

Le terme « francité » s’en retrouve alors figé à la définition de son promoteur et enfermé dans la référence à la « civilisation française », au détriment de l’évolution de la situation du monde francophone qui, inéluctablement, ôte à la France son sta-tut de « Mère-patrie ».

L’idée de lien étroit entre « francité » et « civilisation française » devient en effet difficilement acceptable dans le contexte mondial postcolonial. Dès 1968, la « francité » est d'ailleurs également appréhendée comme « la francophonie moins la France », à savoir référant aux populations ayant pour langue le fran-çais mais ne se considérant pas françaises. Ainsi, au fil du temps, la notion de « franci-té » évolue, en particulier avec l’apparition du concept de « francophonie », ces deux termes ayant souvent été amalgamés.

« Francophonie » nait sous la plume d’Onésime Reclus qui, dans son ouvrage France, Algérie et colonies de 1886, classe

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FRANCITé 73 1er triMestre 2013 page 4

La Maison de La Francité téLépH. 02/219.49.33 téLécop. 02/219.67.37 [email protected] www.maisondelafrancite.be éditeur responsabLe Karine Jottard, 18 rue Joseph II à 1000 Bruxelles bureau de dépÔt : bruXeLLes X p 101012rédactrices adjointes Catheline Fedurski et Fanny Laurent conception grapHique Marmelade - www.marmelade.be tirage 6.500 exemplaires avec L’aide de la commission communautaire française

Regards croisés

Francité a interrogé deux représentants de la culture francophone sur les notions de « multilinguisme » et de « francité ».

M. Sicuro, Représentant permanent de la Francophonie à Bruxelles

Multilinguisme L’OIF se situe clairement du côté de la promotion du multilinguisme et du plu-ralisme des idées. Nous ne menons pas un combat du français contre l’anglais visant à retrouver une place perdue. Chaque langue est une matrice de pen-sée et chacun devrait pouvoir idéalement utiliser sa langue afin d’enrichir la mul-tiplicité des points de vue sur le monde et de permettre l’intercompréhension. Si le principe d’« une langue en partage » a toujours été à la base de la Francophonie, depuis plusieurs années nous mettons l’accent sur la diversité. La promotion du français n’existe plus en tant que telle, ce sont le plurilinguisme et le pluralisme qui priment désormais. La question de la langue ne peut être considérée d’une manière quantitative,

sur base du nombre de locuteurs dans le monde. L’enjeu est que le français soit une langue d’influence et que la Franco-phonie soit à l’initiative. Il est important de faire valoir la richesse de réflexion francophone. Lorsqu’une initiative est portée par des francophones, on passe de l’anglais au français, par exemple lorsqu’il est question du Congo, des mouvements de transition dans les pays arabes, du Maroc ou de Madagascar.

FrancitéHistoriquement, « francité » est plus juste que « francophonie », mais c’est par l’usage qu’un terme acquiert sa légitimité. « Fran-cophonie » renvoie à l’institutionnel, aux structures gouvernementales des Som-mets ; alors que « francité » implique l’idée d’un univers francophone ouvert à tous. Je n’associe pas la francité à la France. Si on sépare le mot en deux, « fran » ren-voie à la langue française et non à la France, alors que francophonie, contient « franco », qui signifie français. « Cité » y convoque l’image, non pas d’une grande cité ouverte, mais d’un maillage de cités fondé sur une langue en partage. Il s’agit d’un territoire sans limite ni balise qui per-met de créer des communautés. Dénué de toute dimension institutionnelle, « franci-té » évoque un espace d’ouverture au sein duquel chacun peut construire son terri-toire et participer aux territoires construits par d’autres. La « francité » est de ce fait à la fois abstraite et plus précise parce qu’elle constitue un pôle d’attraction.

M. Madrane, Ministre en charge de la Culture de la Commission communautaire française

MultilinguismeComment envisager le rôle et l'avenir du français dans notre contexte multilingue

actuel ? Je considère que la langue fran-çaise joue un rôle très important à Bruxelles. Il s'agit en effet de la langue véhiculaire principale de notre région. En tant que Ministre de la Culture de la Commission communautaire fran-

çaise, je tiens dès lors à promouvoir la maitrise de la langue française auprès du plus grand nombre de nos concitoyens, afin que cette langue soit un moteur de rassemblement de tous les Bruxellois, quelle que soit leur origine. Cet objec-tif implique d'affecter tous les moyens nécessaires pour permettre à l'ensemble des Bruxellois de pratiquer cette langue, tant oralement que par écrit.Je pense notamment aux primo-arrivants : comment concevoir une intégration réus-sie sans fournir au préalable à tout un chacun les outils pour comprendre notre culture, pour diffuser les valeurs qui nous

sont chères et qui fondent notre appar-tenance citoyenne, sans laquelle aucune cohésion sociale n'est possible?Parallèlement, il me semble tout aussi essentiel de valoriser toute la richesse et la diversité culturelle de Bruxelles. Il nous appartient donc, tout en assurant la dé-fense et la promotion de ce patrimoine culturel francophone, de reconnaitre la légitimité des nombreuses cultures mino-ritaires présentes sur notre territoire. En donnant à ces minorités l'occasion de s'exprimer, nous posons un acte fort, qui permet souvent d'éviter le repli sur soi, et les dérives identitaires.

FrancitéLa francité, pour moi, ce n'est pas seule-ment l'usage d'une langue en particulier. C'est une véritable communauté de per-sonnes qui vibrent aux mêmes évocations, qui partagent une certaine culture, un certain nombre de valeurs en commun, en un mot, qui pratiquent un certain art de vivre « à la française ».La francité implique à la fois la promo-tion de cette culture francophone, qui fonde notre identité, tant à Bruxelles que dans les autres régions du pays et à l'étranger, et, en même temps, l'ouver-ture sur les autres cultures, dans un esprit de rencontre, d'échanges et de métis-sages divers.La Maison de la Francité incarne parfaite-ment selon moi cette volonté de double démarche culturelle.

À la croisée des mots

Cette grille de mots croisés a été élaborée dans le cadre de l’opération « Dis-moi dix mots » par À la croisée des mots. Cette association vous invite à participer au Championnat francophone de mots croisés qui se tiendra les 25 et 26 mai 2013, à Is-sur-Tille. La grille de qualification, parue dans le n°3 des Timbrés de l’orthographe, contient des mots de la francophonie : africanisme, belgicisme, helvétisme et québécisme. Vous pouvez télécharger cette grille et le bulletin réponse sur www.motscroises.org et www.alacroiseedesmots.com ou jouer directement en ligne sur www.cruci.com. Date limite de réponse : 23 mars 2013.

Plusieurs mots parmi les dix mots de l’opération « Dis-moi dix mots semés au loin » figurent dans cette grille sur fond orange. Atelier • Bouquet • Cachet • Coup de foudre • Équipe • Protéger • Savoir-faire • Unique • Vis-à-vis • Voilà. Les autres mots sont définis par leur numéro.

Horizontalement 1. Périmètre du cercle

2. Le premier chiffre après la virgule

3. Ce qu’on a sur la tête

4. Le baccalauréat en est un exemple

5. De grenadine ou de menthe

6. Sa capitale est Nairobi

7. Oiseau rapace

8. Dessin d’un visage d’après la description des témoins

Verticalement 9. Fausse note

10. Petite culotte

11. On le voir sur un ring, mais ce n’est pas un boxeur

12. Produit laitier

13.Mammifère herbivore qui a une courte trompe

14. Raté, loupé

15. C’est le Net

16. Le cinéma est le septième

Solution :

Horizontalement : 1. Circonférence – 2. Unité – 3. Cheveux – DMDM : cachet – 4. Examen – DMDM : équipe – 5. Sirop – 6. Kenya – 7.vautour – DMDM : unique – 8. Portrait-robot

Verticalement : 9. Couac – 10. Slip – DMDM : atelier - 11. Catcheur – 12. Yaourt – 13. Tapir – DMDM : voilà – 14. Échoué – DMDM : bouquet – DMDM : vis-à-vis – 15. Web – DMDM : coup de foudre – 16. Art

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Une véritable communauté de personnes qui vibrent aux mêmes évocations...

Prix littéraire Richelieu de la Francophonie

Mu par sa mission de défense et d’il-lustration de la francophonie, le Club Richelieu Europe organise la troisième édition de son Prix littéraire Richelieu de la Francophonie, décerné tous les deux ans. Quatre romans représentatifs des diversités culturelles de la franco-phonie des auteurs Boualem Sansal (Algérie), Henri Lopès (République du Congo), Akira Mizubayashi (Japon) et Louis L’Allier (Canada) ont été sélec-tionnés. Le résultat des votes de la cinquantaine de clubs Richelieu d’Eu-rope et du Canada sera connu en mars. Dans le cadre d’un nouveau partena-riat prometteur, vous pourrez d’ores et déjà découvrir les romans lauréats du concours lors de nos Portes ouvertes. La Maison de la Francité aura en outre le plaisir d’accueillir la remise de prix offi-cielle le 5 octobre au cœur de Bruxelles.