François Perea

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pragmatique

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    Franois Perea

    Quelques voix dialogiquesEssai pour une typologie des autres nonciateurs

    Ce que nous dsirons proposer ici, cest une tentative de prsentation de diverses voix qui viennent traverser le discours dun locuteur.Pour ce faire, nous commencerons par prsenter les rfrences thoriques sur lesquelles staye cette approche : lhtrognit conue par J.Authier-Revuz, intgrant, entre autres, le dialogisme bakhtinien, le travail de J. Bres sur lhtrognit montre. Nous poursuivrons en

    recherchant des exemples de dialogisme dans deux extraits du livre premier des Confessions de J.-J. Rousseau. Nous pourrons alors proposerune typologie de quelques voix, de ces autres nonciateurs, avant de conclure. Remarques liminairesDepuis M. Bakhtine, puis O. Ducrot entre autres, lunicit de lnonciateur du discours est remise en cause : nous allons le voir.Pourtant, il est ncessaire de pointer en remarque liminaire le leurre du locuteur-nonciateur unique. En effet, en considrant son unicitbiologique, dlimite par lenveloppe cutane, chacun est en droit de se supposer complet et distinct de tout autre. Ds lors, dans cettecompltude finie, lindividu na quune seule voix puisquil na quun seul tractus vocal et puisquil se reprsente comme subjectivement homogne(lhtrognit suppose la folie, la schizophrnie, pense-t-on alors).Ainsi, au locuteur qui parle qui na quun seul tractus vocal doit forcment correspondre un et un seul nonciateur, qui est la source de cequi sera nonc. Pointons dores et dj que cette mise au point a son importance : ce leurre de lhomogne est ncessaire lidentit, y participe pleinement, si

    ce nest fondamentalement. Et V. Descombes dcrire que le sujet, au sens moderne du sujet de la reprsentation, est cette instance du jequi doit pouvoir se penser identique dans toutes ses reprsentations [] La dfinition du sujet de lnonciation est, comme il convient un

    sujet, son identit (1977 : 79-80[1][1]).Ds lors, on comprendra que les remarques qui suivent sur lhtrognit sinscrivent en grande partie dans une dimension qui chappe ausujet parlant qui, quelques exceptions prs, mconnat la dimension polyphonique de son discours, de sa voix. 1. 1. Pralables thoriques : lhtrognit montre et lhtrognit constitutive

    Cest J. Authier-Revuz que revient le mrite de la conceptualisation de lhtrognit discursive. Nous nous appuierons ici sur son articleddi la mmoire de R. L. Wagner : htrognit montre et htrognit constitutive : lments pour une approche de lautre dans le

    discours, paru dans la revue de linguistique DRLAV, n26, 1982, numro intitul Parole multiple ; aspects rhtorique, logique, nonciatif etdialogique.

    A. A. Lhtrognit constitutiveLhtrognit constitutive de tout discours est prsente en rfrence aux travaux de M. Bakhtine dune part et linconscient freudien

    (plus exactement sa lecture lacanienne) dautre part.Avec M. Bakhtine, cest la dimension dialogique (et non dialogale, bien que le dialogique puisse ltre) du discours qui est souligne. Chacun denos discours porte ainsi la trace dune altrit : altrit des discours prcdemment ports sur ce dont on parle, altrit de lallocutaire dont le

    discours cho, rponse, est suppos au moment de mon nonciation puisque, comme le souligne Barthes, lhomme parlant [] parle lcoute

    quil imagine sa propre parole[2][2] , etc. Alors, pour Bakhtine[3][3]

    Toute nonciation [] nest quun maillon de la chane des actes de parole. Toute inscription prolonge celles qui lont prcde,engage une polmique avec elles, sattend des ractions actives de comprhension, anticipe sur celles-ci etc. (1977 : 105).

    Avec Bakhtine et le dialogisme, J. Authier-Revuz met donc laccent sur une altrit sociale et interactive, sur un autre qui nest ni lobjet extrieurdu discours (parler du discours dautrui), ni le double non moins extrieur du locuteur : il est la condition du discours, et cest la frontire

    intrieure qui marque dans le discours le rapport constitutif lautre (1982 : 121 ; cest lauteur qui souligne). Lhtrognit constitutive est galement conceptualise la lumire de lapproche freudienne de linconscient et des travaux de J.Lacan.La psychanalyse remet en cause la parole homogne en soulignant lhtrognit du sujet. Lautre qui intercde dans le discours est alors, pourJ. Lacan, lAutre (majuscule) qui est sujet de linconscient. Ds lors, le sujet est considr dans son clivage, comme une sorte de Janus deuxfaces se mconnaissant mutuellement. Le clivage nentrane cependant pas la sparation : dans le mathme, la barre (/, de linter-dit) unit autantquelle spare les deux parties. Ainsi, il y a en chaque sujet quelque chose dAutre qui lui chappe. Et J. Lacan dcrire :

    Linconscient est cette partie du discours concret en tant que transindividuel, qui fait dfaut la disposition du sujet, pour rtablir lacontinuit de son discours conscient [] Linconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqu par un blanc ou occup par un

    mensonge c'est le chapitre censur (1953 : 136[4][4]) Sur le plan du discours, le sujet est soumis la refente puisque le je qui nonce ; le je de lnonciation, nest pas le mme que le je de

    lnonc, cest dire le shifter (l embrayeur) qui, dans lnonc, le dsigne (J. Lacan, 1973 : 127[5][5]). Ainsi apparaissent deux sujet delnonc ; de lnonciation spars par l inter-dit . Il reste alors souligner que linconscient na pas son propre discours, mais que toutdiscours est doubl sur une autre scne, que nous avons affaire avec l envers du discours de C. Clment :

    Lenvers, cest la ponctuation de linconscient ; elle nest pas un autre discours, mais le discours de lAutre : cest dire le mme,

    mais pris lenvers, dans son envers (1973 : 159[6][6]).

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    Ainsi, travers les travaux du cercle de Bakhtine et la lecture lacanienne de luvre de S. Freud, J. Authier-Revuz pointe lhtrognit quiconstitue le fondement de tout discours, fondement que le sujet doit mconnatre :

    Si le moi remplit pour le sujet une fonction relle, essentielle, qui est une fonction de mconnaissance, il sagit pour le linguiste dereconnatre, dans lordre du discours, la ralit des formes par lesquelles le sujet se reprsente comme centre de son nonciation,sans pour autant se laisser prendre lui-mme cette reprsentation illusoire. Si lon veut, le linguiste ne doit pas croire lnonciateursur parole (J. Authier-Revuz, 1982 : 142).

    B. B. Lhtrognit montreSi toute lhtrognit du discours ne peut tre perceptible, une partie de celle-ci peut tre pointe : elle est montre. Mais lauteur nous

    met en garde : Lhtrognit montre nest pas un miroir, dans le discours, de lhtrognit constitutive du discours ; elle nest pas non plus

    indpendante ; elle correspond une forme de ngociation oblige du sujet parlant avec cette htrognit inluctable maisquil lui est ncessaire de mconnatre ; et la forme normale de cette ngociation sapparente au mcanisme de la dngation (J.Authier-Revuz, 1982 : 143).

    Quelles sont les marques de cette htrognit montre ?J. Authier-Revuz nous en donne quelques unes.

    - - Le discours rapport, indirect ou direct, avec ses formes syntaxiques univoques qui dlimitent le discours dautrui, insr,enchss.

    - - Les formes marques de la connotation autonymique, comme les guillemets, italiques, les formules de commentaire (glose,retouche, ajustement), tout le mtadiscours naf etc.

    - - Le discours indirect libre, lironie, limitation, lantiphrase : autant de phnomne o la prsence de lautre est marque bienquelle ne soit pas explicite de manire univoque.

    - - Les autres mots sous les mots : homophonie, homonymie, polysmie et les tropes (mtaphore, mtonymie), qui supposentlautre pour donner sens lun.

    Lauteur ne vise pas lexhaustivit. On trouve chez dautres auteurs quelques autres marques ou marqueurs de cette htrognit.

    Nous nous tournons alors vers les travaux de J. Bres et nous appuierons sur deux de ces articles[7][7]. Nous prsentons ici les phnomnesdiscursifs dialogiques analyss par J. Bres. Le lecteur voudra bien se reporter aux articles cits de cet auteurs afin de sen faire une ide plusjustes : faute de place, nous ne pouvons proposer ici quun trs large aperu. Nous trouvons comme opration de monstration (les exemples sontrcolts par J. Bres) :

    - - Certaines interrogations avec lesquelles la mise en discussion se fait sur un nonc attribu e1 (o e1 est lautrenonciateur) comme cest le cas dans : Changer les rgles de la justice ? Non, les appliquer.

    - - Lextraction (ou clivage), qui convoque un thme commun qui renvoie ventuellement e1 et convoque potentiellement leslments carts . On lit ainsi : Ce nest pas pour les beaux yeux de Maastricht que nous faisons les efforts de srieux qui sont les

    ntres, cest dans notre propre intrt.- - Le dtachement, (ou dislocation, segmentation), qui actualise pour le mme thme deux rhmes, lun ni, lautre pos. Ainsi par

    exemple : Lenjeu de ce dbat, ce nest pas leuro, cest lEurope.

    - - Lapposition, qui intgre le discours de lautre nonciateur dans celui du locuteur : Le prsident et le pouvoir, qui ont perdu toutsoutien du peuple, ne peuvent tre lorigine de la stabilit.

    - - La nominalisation, opration dialogique particulire en ce sens quelle parat ne pas tre une opration de discours (ayant faitlobjet dassertions antrieures) mais comme un fait de langue, hors-nonciation.

    - - La prsupposition pour laquelles les marqueurs sont manquants : lnonc enchss est bien effac, transform en unvnement du monde (1999 : 208). Ainsi par exemple : les lecteurs ne tomberont plus dans le pige du populisme et de ladmagogie.

    Nous le voyons, les marqueurs du dialogisme et de lhtrognit montre ne sont pas toujours trs explicites. Soulignons enfin que J. Bres distingue avec le dialogisme deux noncs (E,e), deux nonciateurs (E1, e1) et deux nonciataires (E2, e2). Nousrservons pour le moment ces distinctions mais ne les oublions pas : elles nous seront trs utiles dans la suite de cet article. Ce que nous voulons pointer, la suite de cette brve prsentation des entres thoriques, cest la prsence plus ou moins univoque, marque,explicite de lautre quel quil soit dans le discours.Nous souhaitons maintenant nous attacher deux extraits du livre I des Confessions de J. J. Rousseau afin de relever certaines marques delaltrit, en supposer dautres (lorsquil ny a pas de marqueur explicite), afin, dans un second temps, de nous interroger sur cet autre dont il esttant question dans ces lignes. 2. 2. Les autres nonciateurs dans le discours de lun : deux extraits des Confessions de Rousseau

    Nous consacrerons lanalyse deux extraits du livre I des Confessions de J.-J. Rousseau (ouvrage crit en 1766). Ldition laquelle nous nousrfrons est parue en 1997 aux ditions Hachette, dans la collection classique et est conforme au manuscrit de Genve.

    Les Confessions constituent un ouvrage autobiographique dans lequel lauteur promet de ne rien travestir de la ralit. Cinq livres constituentlensemble, le premier relatant les seize premires annes de la vie de lauteur (1712-1728).Le premier extrait correspond lincipit du livre premier (il correspond, bien que sa prsente reproduction ne respecte pas la casse, aux lignesnumrotes de 20 47 dans ldition de rfrence).Le second extrait, dans lequel lauteur explique ce qui fait, pour lui, la raison de son penchant masochiste, correspond aux lignes 395 443 decette mme dition.

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    2.1. 2.1. Premier extrait : lincipit du livre ICet incipit a pour objet de prsenter le type de texte, lentreprise confessionnelle qui est celle de lauteur. Ce projet saccomplit dans des

    conditions assez particulires pour tre soulignes. En 1766, date dcriture des Confessions (qui ne seront publies quaprs la mort delauteur), Rousseau est un homme en exil aprs la condamnation de son Emile. Lauteur a se justifier de ses positions : Voltaire, sous le couvertde lanonymat, rvle que Rousseau a abandonn ses enfants (1764 Sentiments des citoyens), et ce dernier se plaint ( tort ou raison) desattaque rptes dont il est lobjet. EXTRAIT 1 :

    [ P. 11]LIVRE PREMIER 1712-1728 Intus, et in cuteJe forme une entreprise qui neut jamais dexemple et dont lexcution naura point dimitateur. Je veux montrer mes semblables unhomme dans toute la vrit de la nature ; et cet homme sera moi.Moi seul. Je sens mon cur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, aumoins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle ma jet, cest ce dont on ne peut juger quaprsmavoir lu.Que la trompette du Jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre la main, me prsenter devant le souverain juge. Jedirai hautement : Voil ce que jai fait, ce que jai pens, ce que je fus. Jai dit le bien et le mal avec la mme franchise. Je nai rien tu demauvais, rien ajout de bon, et sil mest arriv demployer quelque ornement indiffrent, ce na jamais t que pour remplir un videoccasionn par mon dfaut de mmoire. Jai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu ltre, jamais ce que je savais tre faux. Je mesuis montr tel que je fus ; mprisable et vil quand je lai t, bon, gnreux, sublime, quand je lai t : jai dvoil mon intrieur tel que tulas vu toi-mme. Etre ternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables ; quils coutent mes confessions, quilsgmissent de mes indignits, quils rougissent de mes misres. Que chacun deux dcouvre son tour son cur aux pieds de ton trneavec le mme sincrit ; et puis quun seul te dise, sil lose : Je fus meilleur que cet homme l.

    Notons en premier lieu que les Confessions de Rousseau, aussi originales soient elles, ont un prcdent : les Confessions de Saint-Augustin, etsinscrivent dans un genre pris aux XVIIIme sicle : le roman picaresque. Nous ne dvelopperons pas ici ces notions qui relvent delintertextualit.Soulignons galement que nous mettons de ct les phnomnes dialogiques invitables et larges tel que lemploi dune langue (et non duneautre : Rousseau est polyglotte), dun certain registre qui renvoient dautres nonciateurs qui utilisent cette langue, ces registres, ou encore cemdium les crivains etc. Nous rappelons qu la suite de J. Bres, nous utiliserons les abrviations suivantes : E : nonc du locuteur-nonciateur reconnaissable sous le je dans lacte dnonciation ; e : nonc autre enchss dans E ; E1 : nonciateur ayant la charge de E ; e1 : nonciateur ayant la charge de e. E2 et e2 renvoient respectivement lnonciataire et son discours.Nous reviendrons plus loin sur ses considrations. Les traces des autres nonciateurs l.1. Intus, et in cute . Nous trouvons ici des marqueurs explicites de la parole dautrui (le pote latin Perse) : la position dans la page indique lecaractre pigraphique du texte, les italiques soulignent lhtronymie. l. 2. Je forme une entreprise qui neut jamais dexemple et dont lexcution naura point dimitateur . La subordonne comporte deux ngationscoordonnes qui nous renvoient aux assertions positives correspondantes, ventuels noncs de e1. l. 5-6. Je ne suis fait comme aucun de ceux qui existent . Nous retrouvons ici la ngation qui prsente lnonc positif de e1. l. 6. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre . Les marqueurs de concession (si) et dopposition (au moins) mettent en scne la voix de e1puis, celle de E1. l. 6-7. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle ma jet, cest ce dont on ne peut juger quaprs mavoir lu . Le dialogisme estcomplexe. On note dabord un premier mouvement de concession (si) / opposition (cest ce dont + condition restrictive). La concession renferme deuxnoncs (e : la nature a bien fait ; e bis : la nature a mal fait). Lopposition contient de plus une condition restrictive avec laquelle E (on ne peut jugerquaprs mavoir lu) enchsse en ngatif e (on peut juger sans avoir lu). l. 8. la trompette du Jugement : ce lexme renvoie la problmatique de la nomination pointe par J. Bres (cf. supra). Il a de plus une dimensionintertextuelle. l. 9 19. Je dirai hautement : voil ce que jai fait : nous avons affaire ici une forme dautodialogisme avec un discours (de soi) rapport (dufutur !). Les marqueurs sont explicites : lnonc enchssant annonce lnonc enchss et on trouve les marques typographiques attendues : etguillemets. l. 10-11. Je nai rien tu de mauvais, rien ajout de bon . Nous retrouvons le principe dialogique reposant sur la ngation (e : nonc positif). l. 11-12. et sil mest arriv demployer quelque ornement indiffrent, ce na jamais t que pour remplir un vide occasionn par mon dfaut demmoire . Ici encore, les marqueurs de concession (sil mest arriv) et dopposition-restriction (ce na jamais t que pour) dlimitent respectivement lesnoncs de e1 et de E1. l. 12-13. jai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu ltre, jamais ce que je savais tre faux : les deux oprations dopposition et de ngationdlimitent lnonc de e1 (qui accuserait Rousseau de mensonge). l. 15. tel que tu las vu toi-mme : cet nonc convoque celui du souverain juge dont le tu est anaphore (e : je lai vu ). l. 18-19. et puis, quun seul te le dise, sil lose : je fus meilleur que cet homme l. . Lnonc en italiques est celui des semblables Rousseau etsadresse l Etre ternel (dont le te est anaphore).

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    [Lanalyse ne se veut pas exhaustive ; dautres lectures sont possibles] Commentaires

    (1)La problmatique de la reconnaissance ou tout du moins du positionnement convoque laltrit. Ainsi par exemple, Rousseau en appelle pardeux fois ses semblables :

    - - Je veux montrer mes semblables un homme dans toute la vrit de sa nature ; et cet homme sera moi. (l. 3-4)

    - - tre ternel, rassemble autour de moi linnombrable foule de mes semblables ; quils coutent mes confessions, quils gmissent de mesindignits, quils rougissent de mes misres. (l. 15 17).

    Pourtant, le semblable nest pas exactement le mme :

    - - Moi seul. Je sens mon cur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, aumoins je suis autre. (l. 5-6).

    Tel est le prix de la confession offerte autrui en une parole o va sexprimer la singularit dont on espre quelle ne sera pas tout fait trangre autrui pour ne pas risquer la stigmatisation.Et lon a dj prcis le contexte accusateur dans lequel sont crites les Confessions.Ds lors, la parole dautrui est convoque cette parole qui a t si souvent dure lgard de Rousseau, mais parfois douce au moment desloges et permet lauteur de se positionner. (2)Peut-on dterminer quels sont les autres nonciateurs dont nous avons points les noncs ? Dans certains cas, lentreprise ne pose aucun problme. Cest le cas pour lpigraphe (e1 est le pote latin Perse) et lautodialogisme (ligne 9 etsuivantes).

    Parfois, e1 est prcis mais la rfrence reste lche, floue. Ainsi par exemple, dans lextrait Quun seul (de tes semblables) te dise, sil ose : jefus meilleur que cet homme l , on peut sinterroger sur ses semblables et celui qui, parmi eux, osera peut tre parler. Sagit-il des autrescrivains qui lont blm (tel Voltaire) ? Sagit-il, dune faon trs large, de ses frres dhumanit ? Sagit-il encore du lecteur puisque, ligne 7,Rousseau crit on ne peut me juger quaprs mavoir lu ? Ou bien est-ce les trois, ou deux dentre eux, mls ? Enfin, il arrive (souvent) que1 ne soit pas du tout explicit, montr, comme dans cet extraits : Je nai rien tu de mauvais o lon peut sans finsinterroger sur cet e1 qui a/aurait assert que Rousseau a tu des choses mauvaises. (3) Voyons quelques possibles (dans cet extrait) :

    a. a. Dans le cas o E1 et e1 ne sopposent pas, nous trouvons trois extraits : la citation de Perse (e1 = il identifiable) la ligne 1, la

    trompette du jugement dernier la ligne 8 (e1 est global, on joue sur une rfrence commune, donc e1 = on doxique[8][8]) et le cas

    dauto-citation ligne 9 et suivantes (e1 = je).b. b. Dans les cas o E1 et e1 sopposent, e1 peut tre :

    - - les dtracteurs de Rousseau (le dialogisme est ici une stratgie de dfense par rfutation des arguments de ladversaire).

    Alors, e1 = il, elle, ils, elles[9][9].- - le lecteur encore indcis (stratgie rhtorique qui prvient les ventuels doutes). Alors e1= tu, vous. (le2 de J. Bres est repris

    ou (pr-)suppos).- - lensemble des hommes (e1 de la doxa).

    Notons cependant que ces doutes sur e1 pourraient tre valables mme sil ny avait pas opposition avec E1. (3)Ds lors, nous trouvons plusieurs possibles.Soit dsormais e1 = autre nonciateur enchass dans le discours E1. Nous dlaissons momentanment lextrait des Confessions pour lesexemples.

    e1.jeautodia

    explicite ex : Jai crit plus haut : le dialogisme

    implicite ex : e1.je ? quest-ce que cette formule obscure ?

    e1.tu, vous[10][10]

    dimensioninteractive

    explicite ex : Tu dis Rousseau est un gnie

    implicite ex : Le lecteur pourra penser que cest une faute

    e1.il(s) explicite ex : Ligne 5, Rousseau crit Moi seul

    implicite ex : Les feuilles mortes se ramassent la pelle, maismoi, jai cre un aspifeuille !

    e1.on (doxique) explicite ex : tout le monde dit quEinstein est un gnie.

    implicite ex : le franais, notre langue en danger, accueille desmots amricains.

    Ce tableau est bien sr incomplet. Il faudrait nuancer, discuter des frontires. Ainsi par exemple, e.on (doxique)[11][11] peut inclure plus ou

    moins explicitement E1 (dans ce cas, nous pourrions parler de nous ). Mais labstraction est assez importante pour ne pas en rajouter. Notrebut nest pas de proposer une terminologie mais de pointer les diverses distinctions que lon peut faire chez lautre nonciateur. Lintrt de cetableau rside dans sa simplicit qui permet le rsum.Prcisons cependant que les associations sont possibles (do le flou point en (2)b). Les traits horizontaux ne sont ainsi jamais tanches, letrac jamais continu.

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    2.1. 2.2. Second extrait : laveu et lAutre nonciateur (/E)Le travail que nous allons effectuer sur ce second extrait sera diffrent de celui prcdent. Notre objectif est de pointer un nouvel autre

    nonciateur problmatique que prsentait dj J. Authier-Revuz aprs lecture de Lacan. Il sagit de lautre sujet de linconscient (qui se drobe la conscience, et lanalyse linguistique !). Est-il possible de trouver des marques dun autre nonciateur, dun Autre sujet de lnonciation pour reprendre la terminologie lacanienne ?J. Authier-Revuz souligne quelques phnomnes qui manifestent linconscient :

    - - les actes manqus (parmi lesquels les lapsus) ;- - les rves ;- - la parole du corps.

    J. Lacan[12][12], quand lui, mme les fouilles :

    Mais la vrit peut tre retrouve ; le plus souvent dj elle est crite ailleurs. A savoir :- - dans les monuments : et ce ci est mon corps, cest--dire le noyau hystrique de la nvrose o le symptme hystriquemontre la structure dun langage et se dchiffre comme inscription qui, une fois recueillie, peut sans perte grave tre dtruite- - dans les documents darchive aussi : et ce sont les souvenirs de mon enfance, impntrables aussi bien queux, quand jenen connais pas la provenance.- - dans lvolution smantique : et ceci rpond au stock et aux acceptions du vocabulaire qui mest particulier, comme au stylede ma vie et mon caractre- - dans les traditions aussi, voire dans les lgendes qui sous une forme hrose vhiculent mon histoire ;- - dans les traces, enfin, quen conservent invitablement les distorsions, ncessites par le raccord du chapitre adultr dansles chapitres qui lencadrent et dont mon exegse rtablira le sens (1953 : 136).

    Cela appelle deux remarques :

    (1)Les phnomnes de linconscient sont manifestes dans le texte, cest--dire, travestis, masqus. Reprer le lapsus est ainsi une chose, enproposer une interprtation en est une autre puisque seul le sujet ayant produit la faute peut sy risquer.Ds lors, quand bien mme on le repre, le discours de cet autre (Autre) nonciateur se laissera difficilement entendre.(2)En ce qui concerne lextrait retenu, il faut noter que nous ne pouvons trace dactes manqus (ici lapsus dcriture) puisque la relecture delauteur, des correcteurs dpreuves, les ont ventuellement rectifis. De mme, nous ne rencontrons pas de rve pas plus que de parole ducorps (sic). Les travaux entrepris en vue de rechercher les traces de l nonciateur inconscient dans un discours sont dont ncessairementpluridisciplinaires (le matriau purement et strictement linguistique ny suffit pas ; il faut ajouter les dimensions psychologiques, historiques, etc.)et ncessitent un corpus beaucoup plus large (afin de reprer, par exemple, les thmes rcurrents qui tiennent de la fixation et qui pourraientcristalliser, sous une forme manifeste, des significations latentes). Nous nous attachons pourtant un extrait. Nous le commenterons succinctement puis ferons rfrence aux travaux du psychanalyste R. Laforgue,afin de voir comment E est sous-tendu par un discours inconscient en mme temps quil ignore ce dernier. EXTRAIT 2

    [p. 24-25]Comme Mlle Lambercier avait pour nous laffection dune mre, elle avait aussi lautorit, et la portait quelquefois jusqu nous infliger lapunition des enfants quand nous lavions mrite. Assez longtemps elle sen tint la menace, et cette menace dun chtiment toutnouveau pour moi me semblait trs effrayante ; mais aprs lexcution, je la trouvais moins terrible lpreuve que lattente ne lavait t,et ce quil y a de plus bizarre est que ce chtiment maffectionna davantage encore celle qui me lavait impos. Il fallait mme toute lavrit de cette affection et toute ma douceur naturelle pour mempcher de chercher le retour du mme traitement en le mritant ; carjavais trouv dans la douleur, dans la honte mme, un mlange de sensualit qui mavait laiss plus de dsir que de crainte de lprouverderechef par la mme main. Il est vrai que, comme il se mlait sans doute cela quelque instinct prcoce du sexe, le mme chtimentreu de son frre ne met point du tout paru plaisant. Mais, de lhumeur dont il tait, cette substitution ntait gure craindre, et si jemabstenais de mriter la correction, ctait uniquement de peur de fcher Mlle Lambercier ; car tel est en moi lempire de la bienveillance,et mme de celle que les sens ont fait natre, quelle leur donna la loi de mon cur.Cette rcidive, que jloignais sans la craindre, arriva sans quil y et de ma faute, cest--dire de ma volont, et jen profitai, je puis dire, ensret de conscience. Mais cette seconde fois ft aussi la dernire, car Mlle Lambercier, stant sans doute aperue quelque signe quece chtiment nallait pas son but, dclara quelle y renonait et quil la fatiguait trop. Nous avions jusque-l couch dans sa chambre, etmme en hivers quelque fois dans son lit. Deux jours aprs on nous fit coucher dans une autre chambre, et jeus dsormais lhonneur,dont je me serais bien pass, dtre trait par elle en grand garon.Qui croirait que ce chtiment denfant, reu huit ans par la main dune fille de trente, a dcid de mes gots, de mes dsirs, de mespassions, de moi pour le reste de ma vie, et cela prcisment dans le sens contraire ce qui devait sensuivre naturellement ? En mmetemps que mes sens furent allums, mes dsirs prirent si bien le change, que, borns ce que javais prouv, ils ne savisrent point dechercher autre chose? Avec un sang brlant de sensualit presque ds ma naissance, je me conservais pur de toute souillure jusqulge o les tempraments les plus froids et les plus tardifs se dveloppent. Tourment longtemps sans savoir de quoi, je dvorais dun ilardent les belles personnes ; mon imagination me les rappelait sans cesse, uniquement pour les mettre en uvre ma mode, et en faireautant de demoiselles Lambercier.

    Cet extrait clbre de Rousseau rend compte dun travail sur soi : lauteur exprime ce qui explique, selon lui, son penchant pour une forme demasochisme (la fesse) qui sallie lauteur lcrit plus loin- une certaine propension lexhibitionnisme. Il est question, dans cet extrait, de la gense du masochisme de Rousseau. Melle Lambercier (sa cousine qui participe son ducation),personnage maternel ( comme Mlle Lambercier avait pour nous laffection dune mre, elle en avait aussi lautorit ) corrige un jour le jeuneJean-Jacques, alors g de huit ans, en lui administrant la fesse.Rousseau trouve l son premier plaisir sensuel, sexuel ( comme il se mlait sans doute cela quelque instinct prcoce du sexe ).Cest cette scne qui, selon Rousseau, est lorigine de ses inclinaisons masochistes et lauteur dcrit une forme de fixation du dsir sur cegenre de pratique, fixation qui va peser de tout son poids sur sa personnalit venir :

    Qui croirait que ce chtiment denfant, reu huit ans par la main dune fille de trente, a dcid de mes gots, de mes dsirs, de mespassions, de moi pour le reste de ma vie, et cela, prcisment dans le sens contraire ce qui devait sensuivre naturellement ? En mme

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    temps que mes sens furent allums, mes dsirs prirent si bien le change, que, borns ce que javais prouv, ils ne savisrent point dechercher autre chose. .

    Nous sommes ici dans le cas dun nonc E, soutenu en conscience par le je (et expos au tu-lecteur), qui est la recherche ou plusexactement : qui cherche se confondre en le reconnaissant au discours de linconscient.Autrement dit, cest le dsir lui-mme et la gense de ses pratiques fixes que Rousseau veut mettre en mot. Cette entreprise est vaine, voue lchec ou, tout du moins, lincompltude : nous le pointerons avec les analyses de R. Laforgue. Lacte dcrire et de projeter la publication du texte un aveu qui tient la sexualit (sujet des plus intimes et tabous), surtout pour en dcrireles penchants singuliers, nous montre que le sujet travaille lauteur, que a le travaille.Le discours de Rousseau est pourtant un discours pris en charge : il est opaque, assum, soutenu par le je. Ce discours nest pas, tel quil seprsente en premier lieu la lecture, un discours o lAutre nonciateur transparat plus que sur nimporte quel autre thme. Cest donc bel et bien un discours E que nous avons affaire. Par dfinition, le discours de lAutre ne peut tre E : nous avosn dj crit que les deux discours sont spars par la barre de l inter-dit . Nousnoterons alors le discours de lAutre /E comme un E barr (en regrettant que les contraintes typographiques nous interdisent de placer la barre audessus de la lettre), puisque, selon C. Clment, nous avons affaire avec lenvers du discours (de lautre ct de la barre). Rappelons que nous nous ne sommes pas capable de trouver /E dans nos extraits. Cela ne signifie pas quil ne soit pas prsent.

    Le mrite revient R. Laforgue[13][13] davoir accomplit les tudes qui nous ferons pressentir /E. (R. Laforgue sappuie principalement sur Les

    Confessions et Rveries dun promeneur solitaire).Ainsi, sous le rcit des lectures des ouvrages maternels (la mre de J. -J. Rousseau est dcde des suites de laccouchement), lecturesnocturnes partages avec son pre, R. Laforgue trouve ce que nous appelons /E, un discours du reproche par lequel Rousseau se sentaitperscut (jusqu une certaine forme de paranoa) sans le connatre exactement et la source de sa sexualit (diffrente de celle avance parRousseau dans notre extrait ; on remarque alors lchec du projet E=/E) :

    Le voil donc formul pour la premire fois, ce reproche par lequel Jean-Jacques se sentait perscut. Cest comme si son pre []lui disait : Tu as tu ta mre, rends-la moi, remplace-la en abandonnant ta virilit . Par la suite, au lieu de montrer lobjetobscne , cest dire le pnis, qualifi par lui dobscne, il montre lanus, que les pdrastes substituent lobjet fminin. (1950 :119).Nous soulignons ce qui est la reconstitution de /E selon R. Laforgue (/E ne nous apparat pas directement, mme au travers de cesanalyses !).

    Plus loin, toujours propos du rapport pre-fils aprs le dcs de la mre et alors mme que Rousseau nattache pas dimportanceontologique (pour sa sexualit) tout cela (E mconnat totalement /E) :

    Constatons que Rousseau est impuissant avec une femme. Ce nest pas, pour parler son langage, lobjet fminin , cest dire levagin qui lattire, mais {dans un autre extrait} le tton borgne , cest dire le tton qui ressemble un pnis. Aussi perd-il chaquefois, au profit dun rival, toutes les femmes auxquelles il sest intress. Il se comporte en homme moralement chtr. Voudrait-il rendreau pre ce quil lui a pris ? [] Cette castration, impose Rousseau comme une punition, explique son besoin doffrir ses fesses aupublic. (1950 : 125).

    Ce que nous dsirons pointer avec cet extrait est que :

    - - ce nest pas parce que lon parle de dsir, mme dans une dmarche analytique telle que celle laquelle se livre Rousseau, quelon produit /E. /E se produit notre insu.

    - - E, dans ce travail danamnse, peut tre diffrent de /E (on le voit avec cet extrait : les causes du masochisme et delexhibitionnisme sont diffrentes chez Rousseau (E) et chez Laforgue (qui pointe /E)). Dans ce cas prcis, E remplace /E dans laconscience.

    - - E, dans la trs crasante majorits des cas, mconnat parfaitement /E, comme E1 (nonciateur inconscient) mconnatparfaitement /E1.

    3. 3. Essai de typologie des autres nonciateurs

    A ce stade de notre parcours, nous pouvons proposer une typologie des autres nonciateurs dont les noncs peuvent tre enchsss dans E. Nous avons remarqu que E1 peut enchsser dans son discours (E) les discours (e1) des nonciateurs suivant :

    - - e1.on, qui est un nonciateur gnral au discours commun (vrit gnrale, discours de groupe, jeux sur les prconstruitspartags etc.) qui peut tre cit dans E (avec des marqueurs explicites de dialogisme) ou que nous pouvons supposer (dialogismeimplicite). Notons que E peut tre en accord ou dsaccord avec e1.on. Et soulignons enfin que le on peut ne pas inclure E1.

    - - e.il (ils) qui est un nonciateur indentifiable. Son discours peut galement tre intgr E de manire explicite ( Comme a ditDe Gaulle : je vous ai compris ) ou implicite (suppression de comme dit De Gaulle ). Ici aussi, E1 peut tre ou pas en accordavec e1. On notera que la frontire est mince entre le e1.ils et le e1.on : la troisime personne du pluriel fait le lien : il y a continuum.

    - - e1.tu (pour lequel on trouve galement les possibles : implicite / explicite ; accord / dsaccord). Notons quil faut bien distinguer laparole de lallocutaire-nonciataire (dialogal) et le1.tu qui apparat dans le tour de parole du locuteur-nonciateur E1 (dialogique).

    - - e1.je qui correspond lautodialogisme, plus ou moins explicite. Il peut y avoir accord ou dsaccord (changement davis, de lignede conduite). Il peut mme y avoir mensonge.

    - - /E1, l nonciateur inconscient, dont le discours sous-tend et reste mconnu de E1. Il faut ds lors faire quelques prcisions :(1) (1) La liste est srement incomplte : elle ne vise pas lexhaustivit mais le rcurrent.(2) (2) Les combinaisons sont bien entendues possibles. Ainsi par exemple, en vacances chez un ami, dans son petit village o tout le monde se

    connat et commence me reconnatre je rpte une expression dialectale quil vient de prononcer et quil partage avec les autres villageois :

    je cite ainsi mon ami et le groupe de villageois (e1 = e1.tu + e1.on[14][14] (voire, en raison du continuum, + e1.ils)).(3) (3) Notons enfin que tous la gamme de dgrad est possible entre laccord et le dsaccord (avec le continuum de la modalisation). Nous pouvons, titre de rsum gnral, proposer le schma suivant :

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    E peut enchsser les e correspondant :

    E sous-tension de /E

    e1.on e1.il

    ils

    e1.tu e1.je /E1

    incluantouexcluantE1

    Rf. :expliciteouimplicite

    Accord oudsaccordE1 / e1

    Rf. :expliciteouimplicite

    Accord oudsaccordE1 / e1

    Rf. :expliciteouimplicite

    Accord oudsaccordE1 / e1

    Rf. :expliciteouimplicite

    Accord oudsaccordE1 / e1

    E ne peutciter /E(niexplicite,niimplicite).

    Ledsaccordpeut semanifesterpar lesymptme(lapsusparexemple)

    4. 4. ConclusionL'approche du dialogisme et, de faon plus gnrale, de l'htrognit du discours, condense les problmatiques lies la considration de lasubjectivit. En effet, sous le discours de l'Un l'homognit-leurre apparat une multitude de voix, une pluralit d'nonciateurs, qui formentl'htrognit, relle fondation du sujet et de son discours, fondation mconnue par celui qui parle, s'identifie, se conoit.La pluralit des nonciations souligne la question de l'altrit, du rapport :

    - - aux autres, aux groupes de rfrence et/ou d'appartenance, o l'on s'inscrit dans la mmet ou o l'on pointe la barbarie o l'onparle, se parle, se conoit, dans lensemble ;

    - - l'autre, tiers auquel s'identifier ou dont on se dfie, rfrant parfois un groupe, quelquefois un ancien nonciataire Ce ilest notre avis assez dlicat traiter et il faut le considrer en large (de sa possible confusion avec le on sa potentiellecapacit tre tu) sous peine d'en limiter trop troitement le champ ;

    - - autrui, l'allocutaire, l'nonciataire, qui permet une certaine actualisation du je dans un certain contexte ; cette altrit en partiespculaire ;

    - - soi-mme, pass, prsent, venir, gravitant autour de ce je circonstanciel actualis dans la situation de production du discours

    ; un je citer, montrer, cacher, travestir ;

    - - l'Autre, qui soutient, de l'inconscient, l'nonciation, l'insu du je. Ds lors, on conoit le rle capital et fondateur du discours dans la dynamique subjective, ce discours diffremment homogne et htrogne, la fois vrit et mensonge, Un et multiple, soi et autre Et le langage, alors, apparat une fois de plus comme rvlateur de la spcificit humaine,ce langage o se cre le sujet parlant tram d'altrits. BIBLIOGRAPHIE :

    Bakhtine M., 1977, Marxisme et philosophie du langage, Ed. de Minuit, (d. Originale : 1928). Bouguerra T., 1998, Lautre je(u) du on, dans Lautre en discours, ouvrage collectif dit par J. Bres, R. Delamotte-Legrand, F. Madray-

    Lesigne et P. Siblot, PUPV-Montpellier III.

    Bres J., 1998, Vous les entendez ? De quelques marqueurs dialogiques, dans Les fondements de lanalyse du discours XXXXXXX Bres J. , 1999, Entendre des voix : de quelques marqueurs dialogiques en franais, dans Lautre en discours, ouvrage collectif dit

    par J. Bres, R. Delamotte-Legrand, F. Madray-Lesigne et P. Siblot, PUPV-Montpellier III.

    Clment C., 1973, Le pouvoir des mots, Mame, Paris. Descombes V., 1977, Linconscient malgr lui, Ed. de Minuit, coll. critiques.

    Flahault F., 1978, La parole intermdiaire, Ed. du Seuil.

    Lacan J., 1953, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Ecrits I, Seuil, coll. Poin ts

    Lacan J., 1973, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Ecrits XI, Seuil.

    Laforgue R., 1927, Jean-Jacques Rousseau, dans Revue franaise de psychanalyse. Laforgue R., 1950, Psychopathologie de lchec, Payot, coll. PbP, (d. Originale : 1941, d. Cahiers du Sud, Marseille). Rousseau J.-J., 1997, Les Confessions, d. Hachette, coll.Classiques (d. Conforme au manuscrit de Genve de 1766).

    Saint-Augustin, 1996, Confessions, d. Gallimard, Folio.

    [1][1] V. Descombes, 1977, Linconscient malgr lui, Ed. de Minuit, coll. Critiques.[2][2] R. Barthes dans sa prface louvrage de F. Flahault, 1978, La parole intermdiaire, d. du Seuil.[3][3] M. Bakhtine, 1977, Marxisme et philosophie du langage, d. de Minuit (d. originale : 1929).[4][4] J. Lacan, 1953, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Ecrits I, Seuil, coll. Points.[5][5] J. Lacan, 1973, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Ecrits XI, Seuil, (d. originale 1964).[6][6] C. Clment, 1973, Le pouvoir des mots, Mame, Paris.[7][7] J. Bres, 1999, Entendre des voix : de quelques marqueurs dialogiques en franais, dans Lautre en discours, ouvrage collectif dit par J. Bres, R. Delamotte-Legrand, F. Madray-Lesigne et P. Siblot, PUPV.J. Bres, 1998, Vous les entendez ? De quelques marqueurs dialogique, dans Les fondements de lanalyse de discours, XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX.[8][8] On doxique pour dsigner un on rfrant la doxa, tout le monde ou un groupe. Pour une tude des diffrentes valeurs et utilisation du on , consulter larticle de T.Bouguerra, 1999, Lautre je(u) du on, dans Lautre en discours (op. cit).[9][9] Les pronoms sont donns comme prototypiques et exemplaires, dans une acception grammaticale monosmique trs discutable mais courante dans nos coles jusquau lyce.

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    [10][10] e1.tu/vous = intgration du e2 (J. Bres) suppos ou repris dans e.[11][11] Dsormais, nous ne prciserons plus que le on rfre une ensemble de personne (doxa, groupe, etc.).[12][12] J. Lacan, 1953, Fonction et champ de la parole en psychanalyse dans Ecrits I, Seuil, coll. Points.[13][13] R. Laforgue, 1927, Jean-Jacques Rousseau, Revue franaise de psychanalyse.R. Laforgue, 1950, Psychopathologie de lchec, Payot, coll. PbP ( 9. Jean-Jacques Rousseau). Ed. Originale, 1941, d. Cahiers du Sud, Marseille.[14][14] e1.on : E ne participe pas de ce on .