22

Freud - excerpts.numilog.comexcerpts.numilog.com/books/9782846701389.pdf · Introduction Freud a ouvert une boîte de Pandore, l’incon-scient*. L’onde de choc de sa découverte

Embed Size (px)

Citation preview

Freud

idéesreçues

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 1

À Juliette, Paul, Émilie et Jean

Je tiens à exprimer ma gratitude à ma femme Dominique. Elle a été une aide

précieuse dans la conception de l’ensemble de cet ouvrage. Je remercie éga-

lement Brigitte Duvillard, André Haynal, Jean-Michel Quinodoz et

Nathalie Zilkha, qui ont pris la peine de commenter mon manuscrit.

Luc Magnenat

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 2

FreudLuc Magnenat

Santé & Médecine

E D I T I O N S

idéesreçues

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 3

Luc Magnenat

Psychiatre et psychanalyste, il est membre de la Société suisse de

psychanalyse, de l’Association psychanalytique internationale et

de l’Association internationale d’histoire de la psychanalyse. Le

Prix scientifique de la Société suisse de psychanalyse lui a été

décerné en 2000. Il participe au comité de rédaction de la revue

L’Année psychanalytique internationale et exerce la psychanalyse

en pratique privée à Genève.

Du même auteur

– « États psychosomatiques et conflictualités dépressives » in

Dépression de vie, dépression de mort, Francisco Palacio Espasa,

Éditions Érès, 2003.

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 4

SIGMUND (SIGISMUND) SCHLOMO FREUD –

le nom Freud est dérivé de l’allemand Freude, « joie ».Sigmund et Sigismund sont issus de Sieg, « victoire », etMund, « bouche » ; ils composent une bouche victorieuse.Schlomo vient du latin Salomon et de l’arabe Salam, il porteen lui la sagesse traditionnelle de Salomon.Sur la page de garde de la Bible familiale des Freud, nouspouvons lire l’annonce par Jakob Freud de la mort de sonpère, Rabbi Schlomo, deux mois avant celle de la naissancede son fils, Schlomo Sigmund. Né durant la période aiguëdu deuil de son père et héritier du prénom du mort, Freudparaît, dès l’origine, avoir été porteur de fantasmes d’iden-tification* transgénérationnelle. Il puisa dans son identifi-cation à son grand-père mythique des forces pour sedifférencier d’un père vigoureux mais inconséquent, etdevenir le patriarche fondateur de la psychanalyse.Freud fut prénommé Sigismund durant son enfance, enparticulier par sa mère, une version slave de Sigmund, plusallemand. Sa correspondance d’adolescence nous apprendque Freud signa pour la première fois d’un Sigmund sa der-nière lettre avant de visiter, en Grande-Bretagne, ses demi-frères issus du premier lit de son père. Il avait dix-neuf ans.Ce voyage lui permit de mieux comprendre sa place dansla généalogie familiale.Son changement de prénom semble avoir reflété un triplemouvement d’affirmation de son identité adulte, d’assimi-lation à la culture germanique et de prise de conscienced’un talent, l’éloquence qu’annonçait son prénom.

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 5

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

L’homme

« Freud était un pur produit de la bourgeoisieviennoise. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

« Le père de la psychanalyse n’a jamais étéanalysé. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

« Freud fut un mari volage et un père écrasant. » 25

« Freud était un ascète consacré à son œuvre. » . 29

« Freud n’était pas un scientifique. » . . . . . . . . . . . . . 33

« Freud rejetait ceux qui n’épousaient passes théories. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

L’Œuvre

« Freud a découvert l’inconscient. » . . . . . . . . . . . . . . 45

« Le rêve est la voie royale qui mèneà l’inconscient. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

« Freud ramène tout à la sexualité. » . . . . . . . . . . . . . 57

« Freud voit l’enfant comme un petit pervers. » . 63

« Le complexe d’Œdipe explique tout. » . . . . . . . . . 67

« Freud ne s’est pas intéressé à la destructivitéhumaine. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

« Pour Freud, la femme est un hommeinachevé. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 6

Freud et la société

« Freud n’avait pas de vision de la société. » . . . . . 87

« Freud n’avait pas d’opinion politique. » . . . . . . . . 91

« Freud était antireligieux. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

« Freud ne comprenait rien à l’art. » . . . . . . . . . . . . 101

« Freud a révolutionné la psychiatrie. » . . . . . . . . . 107

Conclusion

« Il n’y a plus rien à découvrir en psychanalyseaprès Freud. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113

Annexes

Glossaire .................................................... 118

Pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 7

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 8

Introduction

Freud a ouvert une boîte de Pandore, l’incon-scient*. L’onde de choc de sa découverte a secoué leXXe siècle. Sa création, la psychanalyse, est un instru-ment de connaissance de l’être humain, à partir de ladécouverte de ses secrets les plus intimes : ses fan-tasmes sexuels et agressifs, l’histoire enfouie de sesrelations d’enfance et d’adolescence. La psychana-lyse place chacun de nous dans un dilemme inextri-cable. Elle suscite le désir d’explorer notre vieinconsciente et de nous l’approprier en piquant auvif de notre intimité ; dans le même mouvement,elle provoque les résistances les plus intenses, car leplus intime en nous ne cesse d’aspirer au plus grandsecret. Les idées reçues sont une expression de cesrésistances. Elles rassurent l’individu aux prises avecl’énigme de sa vie inconsciente en lui offrant desvues conformes à ses souhaits plutôt qu’à la vérité desa nature profonde.

Découvrir le fonctionnement du psychismehumain fut pour Freud, qui se prit pour cobaye dansson autoanalyse, une découverte de son propre psy-chisme. Peu d’hommes ont dévoilé une si large partde leurs sentiments intimes et de leurs désirsinavouables dans une quête destinée à demeurerinachevée, la compréhension de soi-même. Freud eutle courage de s’intéresser aux avatars du discoursinconscient tels qu’ils se manifestent dans nos rêves,dans les symptômes psychiques qui commandent nosdestins individuels et collectifs, dans les accidents lesplus anodins de notre vie quotidienne – nos lapsus,

9

* Les mots signalés par un astérisque sont expliqués dans un glossaire en fin d’ouvrage.

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 9

nos oublis, nos actes manqués et nos traits d’humour.Jusqu’à quel point Freud s’est-il personnellement

exposé ? Sa préface à L’Interprétation des rêves (1900)y répond : « Je n’avais le choix qu’entre mes propresrêves et les rêves de mes malades en traitement psy-chanalytique. Je ne pouvais utiliser ces derniers. Pourcommuniquer mes propres rêves, il fallait me rési-gner à exposer aux yeux de tous beaucoup plus de mavie privée qu’il ne me convenait et qu’on ne ledemande à un auteur qui n’est point poète, maishomme de science. Naturellement, je n’ai pu résisterà la tentation d’atténuer nombre d’indiscrétions pardes omissions et des substituts toujours pour le plusgrand détriment de mes exemples. »

La mise au secret de la correspondance de Freud,souhaitée par lui de son vivant et imposée par sa filleAnna après sa mort, a obéi au même souci de discré-tion. Cette mise au secret visait à protéger la sphèreintime du premier cercle d’analystes, de leurs procheset de leurs patients. Bien que légitime, elle contreve-nait à une aspiration psychanalytique et historiogra-phique fondamentale : enraciner la compréhensiond’une théorie dans l’expérience personnelle de celuiqui l’élabore. Comme le relève l’historien Falzeder,« la théorie psychanalytique ne pénètre pas dans la têtedes analystes comme un démon venu de nulle part,mais jaillit précisément de leurs expériences les plusintimes » (2005). L’œuvre de Freud étant étroitementnouée aux aléas de sa vie et au contexte culturel danslequel il a grandi, l’histoire de la psychanalyse trouvetout son sens dans la mise en évidence de cette articu-lation.

Durant les années quatre-vingt-dix, la levée pru-dente du secret des archives et la publication d’unepartie de la correspondance de Freud ont relancé lesrecherches en histoire de la psychanalyse. J’ai puisé

10

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 10

dans cette riche moisson de quoi déplier une ving-taine d’idées reçues sur Freud, réunies en me souve-nant de ce que j’imaginais de lui avant de le lire et depratiquer la psychanalyse, en écoutant ma famille etmes amis fantasmer sur lui, en collectant les réactionsde mes patients lors de leur premier contact avec lapensée psychanalytique.

En refusant la distinction du normal et du patho-logique, en prenant en considération le sexuel infan-tile, Freud a-t-il révolutionné ou subverti lapsychiatrie ? En mettant l’accent sur la puissance dudésir sexuel, a-t-il négligé les forces destructrices quiopèrent à notre insu en chacun de nous ? En révélantl’image d’un homme gouverné par son inconscient,pris dans l’étau de ses désirs et des exigences cultu-relles, Freud a-t-il vraiment questionné subversive-ment notre libre arbitre ? Est-il le père del’inconscient ou cette découverte était-elle dans l’airdu temps ? En quoi l’inconscient freudien différait-il,par exemple, de celui des romantiques ? Quel fut leterreau qui, dans la vie et la culture de SigmundFreud, se révéla si nutritif et si propice au développe-ment de son génie et de son œuvre ?

Ses découvertes furent ressenties comme libératri-ces ou dangereuses. Freud fut vilipendé et protégé, ilfut un génie pour les uns ou un charlatan pour d’au-tres. Aujourd’hui encore, son œuvre suscite d’inten-ses résistances. Les pamphlets anti-psychanalytiquespassionnels de certains historiens américains et fran-çais témoignent a contrario de la verdeur et de l’ac-tualité des découvertes freudiennes. Ces phénomènesde rejet sont inéluctables. Ils constituent le refletsocial de ce qui est vécu dans l’intimité d’une cureanalytique où chaque découverte sur soi-même se

11

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 11

paie d’intenses résistances personnelles issues de lasingularité de l’inconscient, cet objet d’étude dont,par définition, personne ne veut rien savoir.

J’ai l’espoir qu’une plus grande liberté d’exercerun intérêt critique à l’égard de Freud, de ses succes-seurs et de leurs œuvres naisse du commentaire de cesidées reçues.

Puisse le lecteur y trouver le désir de lire Freuddans son texte !

En l’absence de références différentes, toutes les phrases entre guille-

mets de ce livre sont des citations de Freud.

12

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 12

L’HOMME

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 13

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 14

« Freud était un pur produit de labourgeoisie viennoise. »

Soyez sûr que, si je m’appelais Oberhuber,

mes innovations auraient, malgré tout,

rencontré une résistance bien moindre.

Freud, Correspondance à Abraham, 1908

Freud fut-il un marginal en quête d’intégrationdans la société habsbourgeoise ou un pur produit dela bourgeoisie viennoise ? L’un et l’autre. Marginal,car né en périphérie de sa société et au sein d’uneminorité culturelle. Bourgeois, car il adopta le modede vie de son milieu, lorsque son génie et les convul-sions de l’histoire européenne le propulsèrent aucœur de son époque.

Je pense que Freud eut besoin de s’entourer d’uncadre de vie conventionnel et de s’appuyer sur unevie de famille heureuse pour que sa pensée prenneson envol et révolutionne la connaissance quel’homme avait de sa propre nature. Sa création, lapsychanalyse, est animée d’un paradoxe similaire. Laliberté de pensée et la découverte de soi engendréespar la cure analytique ne peuvent se développer quedans un cadre rigoureux, fait de régularité des séances,d’association libre* des pensées et d’un échange essen-tiellement verbal entre l’analyste et son analysant.

La vie de Freud fut portée par le courant d’un pro-cessus d’intégration étendu sur trois générations parlequel de grandes parties de la diaspora juive euro-péenne adoptèrent les valeurs occidentales issues des

15

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 15

Lumières : la science, la modernité, la réforme reli-gieuse et le sécularisme. Freud fut élevé à la lisière dedifférentes époques, il résida aux frontières de diver-ses civilisations, religions et cultures nationales. Sonesprit a mûri là où les influences culturelles les plusvariées se croisaient et se fertilisaient mutuellement.Il en conserva une vulnérabilité – potentiellementcréatrice – inhérente au sentiment d’être séparé d’unetradition culturelle, sans être pleinement assimilé à laculture d’accueil. Cerner l’identité sociale de Freudne peut se faire sans esquisser la trajectoire de sa vieni sans un portrait de Vienne au tournant des XIXe etXXe siècles.

Sigmund Schlomo Freud est né le 6 mai 1856 àFreiberg, en Moravie (l’actuelle Pribor, en Tchéquie)et il est mort à Londres le 23 septembre 1939. Freudvécut trois ans à Freiberg, trois ans à Leipzig, un an àLondres et le reste de sa vie à Vienne. Ses parents,Amalia Nathanson et Jakob Freud, négociants en tis-sus, y émigrèrent en bénéficiant d’une embellie poli-tique due à l’avènement de classes moyennes libéralesau sein de l’empire austro-hongrois. Ce bouleverse-ment politique s’accompagna durant quarante ans, de1860 à 1900, d’un gouvernement qui supprima cer-taines législations discriminatoires. Les juifs se virentaccorder tous les droits civils et politiques. Ils quittè-rent en nombre les provinces où ils vivaient en petitescommunautés fermées sur elles-mêmes pour s’intégreraux villes. La famille Freud fut prise dans ce vasteremodelage social et s’établit dans le quartier viennoisde Léopoldstadt. Freud ne se défit jamais de la hantisede la pauvreté que sa famille connut dans ce ghetto.Élève particulièrement brillant, il poursuivit des étu-des qui le menèrent à la médecine, puis Freud rencon-tra sa femme, Martha Bernays, en 1882. La nécessité

16

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 16

d’assurer la vie de leur ménage conduisit Freud à aban-donner la recherche pure, qu’il affectionnait, pours’installer comme médecin après avoir parfait sa for-mation à Paris, Nancy et Berlin. Cette pratique privéefut la chance de sa vie. Elle le mit en contact avec ceuxque la médecine de l’époque dédaignait, faute de lescomprendre, les névrosés. La misère de leurs phobies,de leurs rituels obsessionnels ou de leurs maux phy-siques sans substrat anatomique était en attente d’uneexplication scientifique et d’un traitement approprié.Freud leur apporta cela en créant la psychanalyse.

Ses premières découvertes sur l’origine sexuelle desnévroses se heurtèrent aux résistances de l’orthodoxiedes milieux médicaux et universitaires. Face à cettehostilité, Freud comprit que le caractère scandaleux,pour son époque puritaine, de ses découvertes, lecondamnait à une nouvelle forme de marginalité. Ilconcentra ses efforts sur le cercle restreint de ceux quireconnaissaient la valeur de la psychanalyse, afin depréserver et développer le terrain nouveau qu’il avaitconquis. Cet isolement relatif dura jusqu’en 1908,lorsque le groupe qui se réunissait chaque mercredidans son cabinet de consultation s’institua en Sociétépsychanalytique de Vienne, fondant un mouvementpsychanalytique qui s’internationalisa dès 1910, avecla création de l’Association psychanalytique interna-tionale.

Les valeurs culturelles de Freud poussèrent dansune serre, Vienne, où la chaleur était entretenue par lacrise politique d’une période de transition. Le libéra-lisme autrichien dans lequel Freud était parvenu à lamaturité se révéla une promesse sans avenir immédiat.À l’image de l’Europe, l’empire des Habsbourg sedéchira en clivages de nationalités, de classes etd’idéologies. De nouveaux protagonistes, socialistes etnationalistes, surgirent des profondeurs de la société et

17

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 17

défièrent le pouvoir des élites traditionnelles. Ceschangements historiques imposèrent à des groupessociaux entiers de repenser des systèmes de croyanceset obligèrent l’individu à se forger une identité nou-velle. Selon l’historien Schorske, « face au déferlementde la violence politique du tournant du siècle, beau-coup rejetèrent les illusions de leurs pères. À la raison,ils opposèrent les sentiments, aux normes socialescontraignantes, ils substituèrent la libération des pul-sions, à l’empire multinational, ils préférèrent uneterre promise encore à découvrir : Herzl bâtit l’Étatjuif, Otto Wagner esquissa la ville de demain, Klimtrévéla le visage d’Éros, Schönberg réinventa lamusique et Freud libéra l’inconscient*. C’est notremonde contemporain qu’élabora la Vienne fin-de-siè-cle, cette “monstrueuse résidence d’un roi déjà mort etd’un dieu encore à naître”, comme la décrivitHofmannsthal. » Bien qu’issues du crépuscule de l’em-pire austro-hongrois, les découvertes de Freud partici-pèrent à l’essor de la modernité en étant adoptées parla culture comme une part essentielle de son corpusintellectuel.

L’identité culturelle de Freud est donc protéiforme :elle s’est enrichie d’éléments issus des sciences germa-niques et françaises, de la politique libérale autri-chienne, des valeurs religieuses juives, de la culturechrétienne des Habsbourg et, grâce à des étudeshumanistes, du paganisme hellénique. Il en découleque l’homme que Freud analyse, à commencer par lui-même, n’est ni un bourgeois ni un marginal, ni unAutrichien ni un Français, ni un juif ni un musulmanni un chrétien, mais l’être humain dont les profon-deurs du psychisme sont essentiellement les mêmes,quelles que soient la race, la religion ou la nation aux-quelles il appartient.

18

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 18

1991) et l’ouvrage taquin et impertinent d’Emilio Rodrigué,Freud : Le siècle de la psychanalyse (Payot, 2000) dont l’un desintérêts est d’être nourri des publications les plus récentes de lacorrespondance freudienne. La Révolution psychanalytique : Lavie et l’œuvre de Freud de Marthe Robert (Payot, 2000) futconçu initialement pour une série d’émissions radiophoniques.Freud (collection Que sais-je ? PUF, 1983) de Roland Jaccardest devenu un classique. Le Sigmund Freud (collectionPsychanalystes d’aujourd’hui, PUF, 2000) de FrançoiseCoblence, Laurence Kahn, Paul Denis et Ruth Menahem sedistingue par le mariage d’une approche biographique mettantl’accent sur l’articulation des découvertes psychanalytiques etd’une sélection d’extraits de textes de Freud.

Certains ouvrages cheminent selon des approches plus focali-sées de Freud et de son œuvre, à partir de thèmes tels que sonautoanalyse, son talent d’écrivain, sa vie quotidienne, la nais-sance de la psychanalyse, l’histoire de la psychanalyse enFrance ou celle de Vienne au tournant des XIXe et XXe siècles.L’Autoanalyse de Freud et la découverte de la psychanalyse (PUF,1988) est un ouvrage magistral et profondément original deDidier Anzieu. Freud, l’écrivain (Belles Lettres, 1990) dePatrick J. Mahony permet de découvrir l’artiste en Freud etson don de mettre son style littéraire au service du développe-ment de ses idées et de son lecteur. La Vie quotidienne deFreud et de ses patients (Hachette, 1987) de Lydia Flem trans-forme la galerie d’ancêtres de la psychanalyse en êtres de chair,attentifs aux faits apparemment insignifiants de leur vie quo-tidienne par lesquels se manifeste l’inconscient : les rêves, lap-sus, actes manqués, et autres oublis. Dans les secrets de la psy-chanalyse et de son histoire (PUF, 2005), André Haynal, ErnstFalzeder et Paul Roazen se penchent sur la naissance de la psy-chanalyse et nous présentent l’histoire d’une pensée et d’unmouvement telle qu’elle peut être écrite selon une historio-graphie rigoureusement contemporaine, puisant dans lesarchives les plus récemment découvertes. La plume vive d’Éli-sabeth Roudinesco retrace une Histoire de la psychanalyse enFrance (Fayard, 1994) couvrant un siècle d’histoire de la psy-chanalyse, depuis le séjour de Freud à Paris où il suivit les

125

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 125

leçons de Charcot sur l’hystérie à la Salpêtrière jusqu’à la dis-solution par Lacan, en 1980, de l’École freudienne. Vienne finde siècle. Politique et culture (Seuil, 1979) de Carl Schorskedévoile en sept études l’enfantement de notre monde contem-porain par la Vienne de la fin du XIXe siècle.

Pour illustrer ces textes par l’image, Le Musée retrouvé deSigmund Freud (Stock, 1991) de Yann Le Pichon et RolandHarari rassemble les sculptures et peintures préférées deFreud.

126

Freud_NUM.qxd 18/11/15 12:20 Page 126