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5/11/2018 (Fr)!Majeur!Base M decine Traditionnelle Chinoise Jacques Andr Lavier - slidepdf.com
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Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous pays.
© Editions Grasset ti: Fasq uel/e, 1973.
SOMMAlRE
AVANT-PROPOS • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 11
CHAPITRE PREMIER : L'homme entre Ciel etSol.
Qualité et quantité - action et inertie -haut et bas - organisation de l'homme -les sexes - temps et espace - sédentaireset nomades - les écritures . . . . . . . . . . . 15
CHAPITRE 11 : La loi des eyeles.
La manifestation cyclique - le nycthé
mere - l e s axes du cycle - l e s saisons -les huit jalons -l 'espace qualifié . . . . . . 25
CHAPITRE In : Les opérateurs et le référen-tiel.
Production et inhibition - impulsion etentretien du cycle -le centre du temps -l'ellipse - le schéma des Chinois - lesysteme grec ..................... 39
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8 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
CHAPITRE IV : L'histoire de l'homme.
La théorie de l'évolution - l'ancetre de
la Tradi tion - l 'homme moderne - syn-these des sous-traditions .............
CHAPITRE V : La structure ternaire et le plansupérieur.
Les trois plans de la physiologie - lesfonctions intellectuelles - idéogenes propulsés et inertes - intuition et raison -l'illumination - conscient, mémoires, au-tomatismes et subconscient .........
CHAPITRE VI : Les plans intermédiaire etinférieur.
L'étage émotionnel - forces émotionnelles indifférenciées et différenciées -sentiments émetteurs et récepteurs - lecontact humain - les fonctions somatiques : internes, tissulaires et externes . .
CHAPITRE VII : La colonne centrale.
Les plans orientés - circulation vertical e- neutral ité du plan émotionnel - technique de sérénité - la naissance et la
mort ...........................
CHAPITRE VIII: La maladie;
Incidents de structure et de\ythme, fonetionnels ou lésionnels - maladies dégéné-
55
65
75
89
SOMMAlRE
ratives - l'hote et l 'invité - apports verticaux et latéraux a a structure physiologique - les agents modulateurs - bis-
toire des médecines ............... .
CHAPITRE IX : Le diagnostic précoce.
Analyse et synthese - le dépistage desperturbations qualitatives - l e s pouls chinois - qualités des pouls - conditionsde l'examen .....................
CHAPITRE X : Le médecin lace au malade.
La question d'intention - symptomesquantitatifs - expression des symptomesqualitatifs - maladies primitives et secon-daires ..........................
CHAPITRE XI : L'ouverture du consciente
Thérapeutiques fondamentales et thérapeutiques d'intervention - la récupération des fonctions supérieures - l'erreurdes mystiques - solution du juste milieu
- mobilisat ion des mémoires - erreursoccidentales a propos du subconscient . .
CHAPITRE XII : L'alimentation de la struc-ture.
Les agents latéraUx - les couleurs - lesodeurs et la musique - les saveurs et la
nutrition - les lois de l'alimentation en
h' .t erapeutlque ..................... .
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10 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
CHAPITRE XIII : Les thérapeutiques d'inter-vention.
La pharmacopée chinoise - les pointsd'acupuncture - résonateurs et concentrateurs - l'aiguille des acupuncteurs -traitements par transmutation - interventions de renfort et de drainage - le choixdes points apiquer - l e s cautérisations -points interdits .................... 179
CHAPITRE XIV : Les potentialités morbides.
La santé - l e s virtualités pathologiques et
leur développement - les activités del'hornme, métier et exercices physiques -apparition des maladies par résonance . . 197
ApPENDICE . . • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 213
TABLE DES FIGURES .•.••••••.•••••••• 217
AVANT-PROPOS
Lorsqu'on définit la Tradition selon son sensle plus exact, son acception la plus propre, cornmeétant la Science de nos ancetres, la réaction habi
tuelle est une sceptique ironie chez les plus polis,un tollé hilare chez les autres, tous étant dfunentconditionnés par l'enseignement des écoles et desuniversités, qui prétendent que les ébauchesd'etres humains qu'étaient ces ancetres ne sauraientavoir eu les vastes connaissances de l'homme denos jours. Qu'on se détrompe, et le propos du présent ouvrage, bien que limité a a physiologie et ala médecine, est justement de montrer que non seulement ces « ébauches » sont plus que probléma
tiques, mais que les connaissances traditionnelles,du fait meme qu'elles se placent sur un mode qualitatif alors que la science actuelle est limitée ala stricte quantité, lui sont incontestablement supérieures. Personne qe con estera que les cathédralesdu XII- siecle, pour ne prendre que ce simple exempIe, nécessiterent des maitres d'reuvre peu communs, et des tailleurs de pierre hautement qualifiés qu'il serait, en vérité, fort difficile de trouver
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12 MÉDEC/NE CH/NO/S!:.', MÉ:DEC/NE TOTALE
a I'heure actuelle. Plus lointaines sont les pyramides d'Egypte ou de l'Amérique prétendue latine,au fond des temps les étonnants trilithes deStonehenge, et il est vraiment par trop facile, sinonillogique, de ne voir dans ces constructions que le
simple résultat du labeur de fourmis d'une innombrable armée d'esclaves san s aucune fonnation particuliere, travaillant sous les ordres de quelques illuminés tyranniques. A tout le contraire, il y a dansces impérissables monuments un enthousiasme etune authentique science qui n'ont plus aucun équivalent a notre époque modeme.
C'est done l'ensemble des connaissances anciennes, dont les ouvrages d'art précités portent toujours témoignage, que nous transmet la Tradition,
bien que celIe-ci, au cours des ages, se soit scindéeen plusieurs sous-traditions, comme nous auronsl'occasion de le voir au cours de cette étude, ce qui,par ailleurs, n'enleve rien a sa définition. L'Occident se réfere volontiers, pour des raisons de proximité historique, a la tradition judéo-chrétienne, 1a-quelle, par la voie hébraique, dérive de celled'Egypte. Pour notre part, nous estimons que celledes Protochinois (c'est-a-dire des habitants du centre de la Chine avant les invasions turco-mongoles,
done a une époque non historique a laquelle laGrande Muraille n'étai t pas ene ore construite,méme dans sa partie ouest la plus antique) est historiquement la plus reculée, et par conséquent la
plus proche de la Grande Tradition primordiale deshommes. C'est la raison pour laquelIe nous nous yréférerons principalement, sans pour autant rejeter
A YANT-PROPOS 13
les sous-traditions postérieures, telle celIe de Moise,que nous aurons l'occasion d'évoquer de temps aautre au long de cet ouvrage.
En raison de son caractere fondamentalementuniversel. et afin d'étre comprise de chacun hors
des expressions vernaculaires, la Tradition utilise lelangage des symboles, qu'il faut bien entendu décrypter pour les rendre utilisables. Outre ce premierpoint, i l en est un autre qui doit étre souligné, quiest que l'homme actuel n'a plus du tout les mémesprocessus de pensée que celui de jadis, et que ce
qu'on est convenu d'appeler ses motivations sonttotalement différentes, et ce n'est pas la la moindreerreur des historiens, pour qui I'homme est supposéavoir toujours pensé de la méme maniere. Sur le
plan de la délibération intelIectuelle, les voies m(}odernes telles que causalité, finalité ou dialectique,ne furent jamais celIes de la démarche traditionnelle, laquelle n'accepte qu'un seul et unique outil,toujours le meme, le raisonnement analogique, sanslequel l' expression symbolique ne saurait existerd'aucune maniere.
Connaissance immuable paree que totale, acquise par d'autres moyens que les dérisoires découvertes du monde modeme, qui ne fonde sa science
fragmentaire et toujours revisée que sur des observations fortuites ou des incidents expérimentaux, laTradition ne tolere aucune discussion en ce qui concerne son contenu, et par la échappe a toute especede critique: ou bie!l on l'accepte, ou bien on larejette, et cela dans' sa totalité, car chacun de seséléments est étroitement dépendant de l'ensemb1e
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14 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
des autres, et ne peut en etre abstrait sous aucunprétexte, car i l perdrait alors tout sens. Encore esti l nécessaire, avant de décider de sa position vis-
a-vis de la Tradition, de connaitre son contenu, ceque nous n'avons nullement la prétention de vouloir exposer entierement ici, bien loin de la. Nousnous bomerons simplement, dans le présent livre, adonner une sorte de vue d'ensemble de ce qu'est lepoint de vue traditionnel en matiere de médecine,sans chercher pour autant a vulgariser ce qui ne
saurait l'etre, car qui dit vulgarisation dit simplification, et par suite altération. C'est la raison pourlaquelle nous respecterons soigneusement le mode
de pensée propre a la Tradition, et n'utiliseronsque lui, sans chercher aucunement a faire appel ades démonstrations dans le style modeme, quí se
révéleraient parfaitement inadéquates a notre sujet.
CHAPITRE PREMIER
L'HOMME ENTRE CIEL ET SOL
S'il n'avait pas les pieds sur le Sol et la tete versle Ciel, l'homme ne pourrait recevoir aucune définition valable, et ce n'est pas le rlre, comme d'aucuns l'ont prétendu, qui lui est spécifique, car chacun sait bien que de nombreux animaux savent rire,mais bien la verticalité. Dans une premiere définition, l'Homme entre Ciel et Sol de la Tradition estdone avant tout doté d'une structure verticale.
Cet homme vertical (len), observant alors sonmilieu naturel, va en tirer d'essentielles conclusionsquant a sa situation : regardant le Sol (Ti), se baissant pour le palper, i l constate que celui-ci est so
lide, concret, matériel, mesurable, done fini, c'est-adire doté de limites. Il en fera le symbole de la
substance (Hsing : substat, ce qui est au-dessous),et par extension de la quantité.
Puis, regardant au-dessus de lui, dans la directionopposée a celle du Sol, i1 trouve le Ciel (T'ien), dontles caractéristiques, dans le cadre de la précédenteobservation, luí paraissent parfaitement inverses.En effet, essayant de le saisir dans ses mains, i1s ' a p e r ~ o i t qu'il n'appréhende rien, que ce milieu
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1:
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!
16 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
n'est pas solide et matériel, mais au contraire impalpable et subtil, qu'il ne peut pas lui appliquer la
mesure en raison de l'absence de points de reperefixes, et que, par conséqueQt, on ne peut lui attribuer de limites: le Ciel sera le symbole de l'essence(Tching) par opposition a la substance, de la qualité par rapport a la quantité.
Mais ce n'est Hi qu'une premiere prise de contactet, a ces notions de consistance, vont venir se superposer des correspondances d'ordre dynamique, carsi le Sol, du fait qu'il sert de point d'appui a 'obser
vateur, est par la meme, pour lui, immobile etstable, le Ciel, tout au contraire, apparait perpétuellement mobile, les nuages y voyagent, des luminaires s'y déplacent en une incessante ronde: auregard du Ciel mouvant, le Sol est inerte. En outre,chaleur et lumiere venant du Ciel, celui-ci parait secomporter comme une sorte d'émetteur actif, et leSol, par contraste, comme un récepteur en raisonde sa passivité. Chacun de ces deux termes devientdonc absolument nécessaire a l'autre, et ne peut
se justifier que par l'existence de l'autre, car dequelle utilité serait un émetteur sans récepteur, etinversement? A l'opposition des deux milieuxs'ajoute done la complémentarité, laquelle s'assortit par surcroit d'une hiérarchie, celui qui donneétant en haut, celui qui r e ~ o i t étant en bas : dansune certaine mesure, on peut des lors concevoir leCiel comme noble et, par opposition, le Sol commevulgaire.
L'HOMME ENTRE e/EL ET SOL 17
Existant entre ces deux milieux et partICIpant( r ~ U X ,
l'homme possede, dans ses différentes fonctions, certaines d'entre elles en accord avec le Ciel,d'autres liées au Sol, sur le plan symbolique s'entend. En d'autres termes, et pour prendre des exempIes précis d'ordre physiologique, la pensée ou la
douleur, qui ne peuvent d'aucune maniere etrequantifiées par la mesure, sont dépendantes de ressence et se rapportent au Ciel, alors que les organesdélimités qui ont la charge de la nutrition et del'excrétion, bien quantifiables, se rapportent évi-
demment au Sol. On constate que se superpose,dans ces exemples, la notion de hiérarchie mentionnée plus haut, car il est i n c o n t e s t a b ~ e que la
pensée est l'expression d'une fonction certainementplus noble que celles, pourtant aussi nécessaires,qui assurent le traitement des aliments et le rejetdes résidus du métabolisme.
C'est par la que peut, dans un sens, s'expliquerla verticalité de l'homme, laquelle n'est pas seulement effective, mais aussi et surtout symbolique,
grace a cette qualijication des différents plans de laphysiologie, et c'est alors qu'apparait une explication de la constitution de l'organisme que la sciencemoderne n'a jamais tentée, a notre connaissance. Et
pourtant, c'est la la question primordial e que devrait se poser celui qui, telle médecin, cherche partous les moyens possibles (sauf justement celui-la)a comprendre et a expliquer les phénomenes de laphysiologie, dont les incidents constituent la pathologie.
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16
n'estpalpmeslf i x e ~ buer(TcJlité
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18 MÉDEC/NE CHINO/SE, MÉDEC/NE TOTALEI L'HOMME ENTRE C/EL ET SOL 19
Ce qui est noble est précieux, et c'est la raisonpour laqueIle ce qui est en haut chez I'homme, le cerveau, est solidement protégé par ce véritable coffre
fort qu'est la boite cranienne. Inversement, les organes inférieurs sont relativement assez vulgaires pourqu'une telle protection ne leur soit pas accordée : laparoi musculaire de l'abdomen suffit largement aassurer celle-ci. Entre la région « céleste » cranienne et la région « terrestre » abdominale, unezone intermédiaire, en quelque sorte a mi-distanceentre Ciel et Sol, le thorax, contient le poumon et lecreur. Ces organes sont moins nobles que l'encéphale, nous n'en voulons pour preuve que l'absence
de fonction de reproduction chez la cellule nerveuse (la reproduction est une fonction vulgaire etd'ordre inférieur), mais en meme temps moins vulgaires que les organes abdominaux qui traitent deséléments matériels, car sang et air, bien que « matériaux » (Sol), sont des matériaux nobles (Ciel) etc'est pourquoi une protection relative est attribuéeau thorax sous la forme de la cage thoracique : lescotes protegent, mais sont séparées par des intervalles ou toute protection disparait. C'est une solu
tion moyenne entre le coffre cranien et l'enveloppeabdominale.
Outre ces incidences sur son organisation anatomo-physiologique, l'insertion de l'homme entre leCiel et le Sol détermine chez lui un comportementspécifique lié aux caractéristiques fonctionnellesd'émission et de réception de ces milieux. Ce comportement est la conséquence de la division de I'hu-
manité en deux catégories sexuées, selon que lesindividus sont plus étroitement en contact avec l 'unqu'avec I'autre des deux milieux, sans, pour autant,
perdre la relation avec ce dernier. L'individu masculin est émetteur et extériorisé, tant par ses organes génitaux proéminents et sa fonction de fécondateur, que par sa tendance profonde a ravaillerhors de chez luí, et en utilisant sa force musculaire ;en parfait contraste, l'individu féminin est intériorisé, d'une part en raison de ses organes génitauxinternes et récepteurs, d'autre part par sa vocationél rester a l'intérieur de sa maison sans dépenserd'énergie musculaire.
Lié, nous I'avons précisé, en meme temps au Cielet au Sol, tout etre humain a done une affinitéparticuliere et spécifique pour l'un ou l'autre deces deux termes, d'ou la différenciation des sexes ;mais qu'on ne voie surtout pas 13. une raison pourjustifier une hypothétique lutte concurrentielle dessexes car, de meme que Ciel et Sol, bien qu'opposés, ne sauraient exister l'un sans I'autre, existentau contraire l'un par I'autre, l'opposition des deuxmilieux détermine immédiatement la complémen
tarité, comme nous l'avons expliqué plus haut. Deslors, et plutot que de rechercher une illusoire égalité des sexes, ce qui est une pure et simple impossibilité, il vaut mieux insister, au contraire, sur lesdifférences fondamentales qui les distinguent etdévelopper celles-ci, puisque ce sont justement lales bases, les seules possibles, d'une nécessaire complémentarité. Ainsi, le couple ne doit en aucunef a ~ o n etre c o n ~ u sous raspect d'une coexistence
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20 MÉDEC/NE CHINOISE, MtDECINE TOTALE
plus ou moins tolérable et tolérée de deux ennemishéréditaires, mais bien plutot comme une authentique association, une équipe pourrait-on dire, au
sein de laquelle chacun apporte ce qui fait justement défaut a l'autre, dans la mesure ou sa « poIa-risation » sexuelle est suffisamment développéedans le contexte précédemment défini.
Mais ce n'est la qu'une partie des multiples as-pects de la relation de l'homme avec le Ciel et leSol du point de vue symbolique : mode qualitatifou quantitatif des fonctions dont l'ensemble formela physiologie, différenciation des individus en
effecteur masculin et récepteur féminin, ne se rapportent en fait qu'a un homme tout théorique, le-quel, par ailleurs, existe dans le temps et l'espace.Dans ce cadre, et en raison de son caractere d'universalité, la symbolique du Ciel et du Sol va encoreintervenir, a condition, toutefois, que soient biendéfinis espace et temps, qui sont en réalité toutautre chose que ce que les physiciens confondentsous le terme général de « parametres », et melenten formules mathématiques comme s'il s'agissait de
termes de meme nature, ce qui revient a prétendretrouver l'age du capitaine en combinant mathématiquement la hauteur du mat du bateau et le nombre des membres de l'équipage !
Pour bien comprendre ce que nous a v a n ~ o n s , procédons a une expérience élémentaire : assis de-vant une table, prenons une regle et décidons quecelle-ci sera un étalon de mesure. Il suffit alors deprésenter cette regle sur le bord de ladite table pour
L'HOMME ENTRE C/EL ET SOL 21
savoir que sa longueur est égale aun certain nombre (entier ou fractionnaire, peu importe) de longueurs de regle. Nous appliquons ainsi le principe
classique de la mesure des longueurs par comparaison de l'objet a mesurer a un étalon. De memeseront évalués des poids, des volumes, etc. Ayantcompris ce principe évident que toute mesure im-plique la coexistence des deux valeurs a confronter,peut-on maintenant le reporter au temps? Est-ilpossible, par exemple, de superposer une heure aune autre, une année a une autre, pour montrer leurégalité ? On comprend immédiatement l'aberrationd'une telle démarche, puisque les fractions de
temps se succedent, sans jamais coexister d'aucunemaniere. Ainsi l'espace, siege des coexistences, esfde l'ordre du Sol puisque la notion de quantité (me-sure) peut s'y appliquer, alors que le temps, do-maine de la stricte succession, hors de toute tentative de mesure, répond au Ciel et a la qualité. Lessoi-disant mesures des temps des physiciens ne sonten fait que des conventions, d'ailleurs non dénuéesd'un certain danger, des lors que l'on veut cherchera quantifier ce qui ne peut l'etre d'aucune maniere,
car le temps n'est pas une « dimension ».
La Tradition ne s'y est pas trompée, qui représente le temps par un cercle et l'espace par uncarré (ou par les symboles du compas et del'équerre, qui permettent respectivement de tracerle cercle et les angles droits, partant, le carré), etle fameux probleme de la quadrature du cercle serévele sans solution aucune, pour la simple raisonqu'il est aussi impensable de transformer un cercle
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22 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
en carré d'égale surface que le temps en espace.Dans ses rapports permanents avec le Ciel et
le Sol, l'homme vit donc en meme temps dans deux
mondes (et non deux parametres) aussi différentsque complémentaires, le temps et l'espace : de par
sa nature spatiale, il est une structure, que noussavons verticale, et dans laquelle coexistent un certain nombre d'organes ; alors que l'homme temporel passe par une série d'étapes successives au coursdes jours, des années, de la vie. Sachant que le Soldépend du Ciel, i l est aisé de comprendre que la
structure physiologique se modifie en fonction dutemps, alors que les jalons temporels parcourus
par l'homme ne dépendent aucunement de sa physiologie.
Un autre aspect de la dépendance de l'hommevis-A-vis du Ciel et du Sol est son mode de vie selondeux voies distinctes et opposées : le mode sédentaire et le11lQde nomade.
Le s é d e n t ~ r e tend a se fixer en un point précisde territoire et, cela fait, n'en bouge plus. 11 y construit sa maison en matériaux durs, délimite le
champ qu'il cultivera, maison et champ étantconformes a un plan carré, ou du moins un planétabli sur la base de l'angle droit. Devenu cultivateur, cet homme stabilisé est évidemment plus presdu Sol que du Ciel, et, pour cela meme, s'intéressera a des arts dont les composantes coexistent :architecture, peinture, sculpture, etc. Ses activitésagricoles donnent a son alimentation une dominante végétale, et c'est lui qui, en particulier, pro-
L'HOMME ENTRE C/EL ET SOL 23
cede a la cuisson des céréales (pain). Le Ciel luiapparait mystérieux, du fait qu'il en est éloigné,et le soleil, agent qualitatif de croissance et de ma
turation des végétaux, sera pour lui l'embleme d'unDieu unique : le sédentaire est monothéiste par __ ~ - ... -nature. Mais il est curieux de remarquer que, parune sorte de réaction, ce sédentaire immobilisédans l'espace a pour unique repere le soleil, astreessentiellement mobile, sur lequel il fonde non seulement sa religion, mais aussi son calendrier.
Le nomade, on s'en doute, a un comportementparfaitement inverse : extremement mobile dansl'espace, se dépla9ant sans cesse, son abri sera une
tente circulaire perpétuellement démontée et remontée. Vivant ainsi loin du Sol, et donc plus presdu Ciel, ses arts se composeront d'éléments qui sesuccedent dans le temps : danse, poésie, etc. Vuson activité de pasteur, son alimentation est surtoutcarnée et, du fait qu'il doit veiller sur ses troupeauxpendant la nuit, il observe le ciel nocturne et dé- ,couvre la lune, les constellations et le zodiaque : fson calendrier ne sera pas solaire comme celui du i
sédentaire, mais lunaire. Pour les memes raisons, \
il tendra au polythéisme, di stinguant autant dedieux qu'il voit d'étoiles dans le Cielo Son principalindex, pour lui qui se déplace, sera le point fixede l'étoile PoI aire, le nord, contrairement au sédentaire qui repere le s.oleil amidi, au sud, pour réglerson gnomon.
L'homme pense, et cherche toujours aconsignerses pensées aux fins de les con ser ver et de les
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24 MtDECINE CHINOISE, MtDECINE TOTÁLE
transmettre, d'ou l'invention des écritures. Or, i lY a deux manieres d' écrire, chacune appartenant,c'est l'évidence meme, a la f a ~ o n sédentaire ou
nomade. Le sédentaire va inelure tous les élémentsen meme temps dans son graphisme (coexistence),et créer ainsi le pictogramme, l'idéogramme, lehiéroglyphe; alors que le nomade écrira pa r succession, inventant les alphabets.
Si, aux origines, les hommes étaient effectivement répartis selon ces modes de vie, ceux-ci setrouvent étroitement intriqués a 'heure actuelle, au
point qu'on peut voir dans tout etre humain un
sédentaire en meme temps qu'un nomade. Qui ne
voyage pas, bien qu'ayant un domicile fixe ? Qui,sincerement monothéiste, n'invoque néanmoins telou tel saint? Qui peut écrire un livre didactiquesans y inclure quelque schéma? Meme tout au
fond de l'histoire des hommes, le sédentaire est bienobligé de se déplacer, ne serait-ce que pour alleraux champs, et, de son cóté, le nomade doit tÓt ou
tard faire étape et planter sa tente. C'est assezconfirmer ce que nous avancions plus haut, a avoirque l'homme, situé entre\Ciel et Sol, participe étroi
tement de ces deux mondes et, bien qu'en proportions variables, obligatoirement des deux : per-/ sonne n'est autorisé ase réclamer d'un seul, car ce
serait perdre alors la qualité d'homme.
•
CHAPITRE 11
LA LOI DES CYCLES
Le Ciel et le Sol ont nécessairement des relations, puisque chacun de ces deux termes dépendde l'autre tout en le justifiant, et c'est l'ensemble
des modalités de ces relations qui est exprimé pa rla loi des cycles (Tchou). Pour la Tradition, toutphénomene apparaissant entre Ciel et Sol est appelé « manifestation » (T'ien Hsia) et, comme pourl'homme, se produit en meme temps sur le plan dela qualité et celui de la quantité, dont les « pro portions » varient selon le moment du cycle, car toutemanifestation est évoluante, allant symboliquement, tantÓt du Sol vers le Ciel, tantÓt du Cielvers le Sol, et se trouve par conséquent soumise aun
cyele. Une simple table, par exemple, est une manifestation, puisqu'elle « existe »", Il fut un temps ou
elle n'existait pas, puis elle fut construite, et ellen'existera plus un jour, C'est assez montrer que lephénomene cyclique s'applique, sans exceptionaucune, a tout ce 'qui tombe sous nos moyens deperception.
Pour étudier les différents temps d'un cycle,
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~
26 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
nous prendrons l'exemple du rythme des jours etdes nuits. Au cours d'un nycthémere (période devingt-quatre heures), deux états bien distincts se
succedent : le jour et la nuit (figure 1). Pour unobservateur (o) faisant face au sud, la trajectoireapparente du soleil s'effectue dans le sens des ai-
guilles d'une montre, en haut d'est en ouest (de
' : ; : . . . ~ · ~ í?O
midi
sud
aube
est
minuit
I
FIGURE 1 : Le nyclhemerc
crépuscule
ouest
gauche a droite) pendant le jour, et en bas d'ouesten est (de droite agauche) pendant la nuit. Ainsipeut-on distinguer, de prime abord, un état positifen haut, entre l'aube et le crépuscule (Ciel), et unétat négatif en bas. entre crépuscule et aube (Sol),
I.A LOI DES CYCLES 27
seion que le soleil, dispensateur de chaleur et delumiere, est présent ou non dans le ciel du lieud'observation. Chacun de ces deux états est centré
sur un axe vertical dont le point haut est midi,moment ou le soleil arrive a sa culmination, et lepoint bas celui de minuit, diamétralement opposéa midi. Nous appellerons cet axe vertical axe des ~ états.
Mais le rythme qu'exprime le cycle fait que les)deux états opposés alternent, passant incessam- .ment de l'un a l' autre. Croisant l'axe vertical, unaxe horizontal les sépare, dont les extrémités correspondent a des points qui, dans notre exemple,
sont l'aube agauche et le crépuscule a droite. Cesont, dans un cas comme dans l'autre, des pointsde passage entre les deux états de jour et de nuit,ou apparait une sorte d'indétermination. En effet,a l'aube, on ne peut décider s'il fait déja jour ouene ore nuit, et de meme au crépuscule, ou on nepeut savoir s'il fait encore jour ou déja nuit. Cesdeux points définissent ce que nous appelleronsl'axe des variations, soleil croissant (mouvementpositif) agauche (Khepri, le soleil du matin des
Egyptiens), de zéro a douze heures, ~ o l e i l décroissant (mouvement négatif) a droite (Atoum, le soleilégyptien du soir), de douze a zéro heures.
Ces deux axes une fois tracés, le probleme sepose de savoir quel .est l'instant exact qui marquele début du nycthémere. En effet, certains peuples, r , ~ se fondant sur des données astronomiques (noma-M (!r-/bdes), font commencer ce cycle a minuit, au m o m e n ~ U ou le soleil amorcc sa remontée apparente, alors
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28 MÉDECINE CHINO/SE, MÉDEC/NE TOTALE
que d'autres (les sédentaires qui donnent la nuit)fixent son début a 'aube. La Tradition, que nousentendons toujours ici comme étant celle des Pro
tochinois, fondée sur la notion du juste milieucomme nous aurons l'occasion de le constater souvent par la suite, apporte un point de vue différent
ZONE ACTIVE
aube
midi ¡ : S ~
crépuscule
minuitZONE INACTIVE
FIGURE 2 : La ligne oblique
et interrnédiaire, en coupant le schéma par uneligne oblique (figure 2). Séparées par cette ligneapparaissent alors deux zones : la zone active El
gauche et en haut, qui contient la variation positive centrée sur l'aube et l'état positif centré sur
midi, et la zone inactive a droite et en bas, qui
tA LOI DES CYCLES 29
réunit la varíation (crépuscule) et l'état (rninuit)négatifs. Dans ces conditions, le point Matin, que /la Tradition nornrne « point du chant du coq »,
marque le début réel du nycthémere, qui est lemoment ou le soleil quitte la zone in active p o u ~ .passer en zone active. Ce point correspond a rois \ )1hcures du matin, ami-chemin entre minuit et six . I
hcures (aube un jour d'équinoxe).Diamétralement opposé au point Matin, le point
Soir donne l'heure du milieu exact du cycle nycthéméral, quinze heures, moment ou le soleil quittela zone active pour entrer en zone inactive. Perpendiculaire a cette oblique, une autre ligne marque
un point Joumée entre l'aube et midi, et un pointNuit entre le crépuscule et minuit. Ainsi le nycthémere se trouve finalement divisé en quatre quartiers : le matin, la journée, le soir et la nuit, dontles centres respectifs sont l'aube (six heures), midi,
le crépuscule (dix-huit heures) et minuit. En pra-ltique, et apart ir de maintenant, nous désignerons .ces quatre temps du cycle par secteur gauche (ma- -tin), secteur supérieur (journée), secteur droit (soir)et secteur inférieur (nuit).
Tout cycle obéissant au meme príncipe général,évidence sur laquelle il n'est pas utile d'insister,transformons notre horloge (figure 2) en calendrier,afin d' étudier le cycle annuel et la succession dessaisons (figure 3). On voit qu'alors l'axe verticaldes états devient l'axe des solstices : en haut lesolstice d'été, jour ou le soleil atteint son plus haut
point a midi. Sol stat, le soleil s'arrete, disaient
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30 MÉ:DECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
les Latins, montre bien qu'a ce moment précis, i la terminé son apparente croissance au-dessus del'horizon a midi, mais n' a pas encore commencé
de décroitre. Au plus haut de sa trajectoire a n ~ nuelle, comme a midi dans le nycthémere, que lemarin repere au sextant en prenant la « méridienne », i l marque un point fixe, fugace certes,mais qui n'en est pas moins réel : quand on lanceune pierre en l'air, elle marque nécessairement unpoint d'arret a la fin de sa lancée, avant de redescendre. 11 en est évidemment de meme, mais selonun processus inverse, le jour du solstice d'hiver,ou le soleil fait une stase en fin de décroissance
avant de croítre a nouveau. Arret, stase, état, ces. termes sont assez explicites pour qu'on n'insiste da-
--'1 vantage sur l'aspect maximal ou minimal qui caractérise les points que relie l'axe vertical: le solsticed'été est le jour le plus long de l'année, le solsticed'hiver le jour le plus court (ou la nuit la plus longue).
Tout différent est l'axe horizontal de notre calendrier, qui est celui des équinoxes : équinoxe deprintemps et équinoxe d'automne sont des dates
qui marquent l'égalité de durée du jour et de lanuit (douze heures de jour et douze heures de nuit).Le jour de l'équinoxe d ~ printemps sépare les pé-riodes des jours courts (ou nuits longues) et des
,jours longs (on nuits courtes), et inversement a! l'équinoxe d'automne. On ne peut manquer de com-
1
\ parer ce phénomene d'égalité du jour et de la nuita celui de l'aube et du crépuscule, ou nuit et joursont melés jusqu'a l'indécision.
LA LOl DES CYCLES
solstice
."Y. ~ , , , , fS'...
équinoxe
solstice
FIGURE 3 : Le calendrier
'!ú(i~ , ~ ~ ? : , ~
31
équinoxe
L'analogie des jalons de l'horloge et du calendrier entraine celle de leurs secteurs et, dans cesens, on peut dire que le printemps est le matin del'année, l'été sa journée, l'automne sa soirée et l'hi
ver sa nuit. Ou encore : le matin est le printempsdu nycthémere, la joumée son été, la soirée sonautomne et la nuit son hiver. Poussant la comparaison a son terme, on peut alors se demander oucommence traditionnellement l'année, par confrontation au schéma nycthéméral. L'analogie continuant a s'appliquer, on comprend pourquoi laTradition place le jour de l'an vers le 4 février, a mi-chemin, si 1'0n peut dire, entre la date du solstice
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32 MÉDEC1NE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALE
d'hiver (21 décembre) et celle de l'équinoxe deprintemps (21 mars). C'est la le début réel de l'an
\. née solaire des sédentaires, mais ceux-ci ayant été
\ envahis par les nomades (et le phénomene est parI faitement clair en Chine), ces derniers leur ont\ imposé leur calendrier lunaire et, fin alement une\ solution moyenne fut adoptée, comme toujours, qui\ fixe le Nouvel An au lendemain de la nouvelle! lune la plus proche du 4 février.
Le milieu de l'année, d'apres ce qui précede,tombe ami-chemin entre le solstice d'été et l'équinoxe d'automne, c'est-a-dire au début du moisd'aout, époque a laquelle de grandes fetes étaient
célébrées chez les peuples sédentaires, pour marquer le terme de la maturation des végétaux et ledébut de la période des récoItes (passage de la zone~ active a la zone inactive). Chez les CeItes, héritiers
' ~ > des Atlantes, cette fete, appelée Lugnusad, était laplus importante de l'année, car elle durait un mois,alors que les autres jalons du cycle annuel (Imbolcdébut février, jour de l'an ; Beltein début mai, entrée dans l'été ; Samain début novembre, entréedans le repos de l'hiver), ne donnaient lieu qu'a
trois jours de festivités. En Chine ancienne, la célébration du milieu de l'an s ~ a p p e l a i t « fete des petitschiens », car on a t t r i b u a i ~ a chacun des quatresecteurs du cycle un animal symbolique et, opposéau coq du secteur gauche, le chien présidait ausecteur droit, et ce jour-la, i l était tout jeune, vieuxde quelques instants seulement. Or, petit chien sedit en latin « caniculus », et notre expression de« canicule », appliquée précisément a cette période
LA LOI DES CYCLES 33
de l'année, ne doit rien, en fait, aune quelconquenotion de chaleur, n'étant, et c'est on ne peut plusclair, qu'un héritage de la Tradition parvenue jus
qu' a nous par des voies assez complexes pour quenous ne les évoquions pas ici, ce qui serait hors denotre proposo Quoi qu'il en soit, on constate que lecalendrier occidental moderne, qui fait commencerchaque saison au jour meme du signal astronomi- /que solsticial ou équinoxial, est parfaitement arti- Ificiel aux yeux de la Tradition, et que les rythmes Ibiologiques, dont nous verrons quelques exemples '\par la suite, obéissent au seul calendrier traditionnel. C'est la raison pour laquelle nous avons insisté
sur ce sujet qui, malgré les apparences, intéressela physiologie d'étroite maniere, et, par suite, la
pathologieo
Le simple exemple de la confrontation desrythmes nycthéméral et saisonnier suffit a fairecomprendre la loi d'analogie, principal instrumentde la connaissance traditionnelleo Etant donné quetout phénomene, quel qu'il soit, est soumis a uncycle de période déterminée, et que par ailleurs
tous les cycles comportent les memes jalons et lesmemes secteurs, i l est des lors possible de compareret d'identifier des manifestations partielles tres différentes en apparenceo Qu'il s'agisse, chez l'homme,des battements du creur, de la respiration, des aIternances d'états de veille et de sommeil, du rythmede fonctionnement de tel ou tel organe digestif, dumétabolisme cellulaire (assimilation-désassimilation), etc., la loi d'analogie s'applique rigoureuse-
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34 MÉDEC/NE CHINO/SE, MÉDECINE TOTA.LE
ment des qu'O'n pO'ssede le schéma universel quecO'nstituent les jalO'ns et les secteurs d'un cycle.
Les jalO'ns cycliques sO'nt, nO'us l'avO'ns vu au
nO'mbre de huit, étant les extrémités des axes c ~ d i naux (vertical et hO'rizO'ntal) et sO'us-cardinaux
IO'bliques). Or, nO'us l'avO'ns dit plus haut, tO'ute
l manifestatiO'n s'inscrit entre le Ciel et le SO'l, entre, qualité et quantité, dans l'espace-temps, disO'ns
entre le cercle et le carré et, de ce fait, participe ala fO'is de ces deux figures géométriques. PO'ur la
TraditiO'n, l'octogone est intermédiaire entre cercleet carré, car ce peut etre aussi bien un carré dO'ntles angles se multiplient pO'ur devenir un cercle,
qu'un cercle sur le périmetre duquel des anglesapparaissent, et qui tend ainsi au carré. Mathématiquement, le nO'mbre 12 représente la divisiO'nnaturelle du cercle (les dO'uze mO'is, les dO'uze heures, sachant que l'heure chinO'ise vaut deux heuresO'ccidentales), alO'rs que le nO'mbre 4 s'applique au
carré (cotés, angles, axes), et le nO'mbre 8, nO'mbredes cotés de l'O'ctO'gO'ne, est bien, a ce pO'int de vue,intermédiaire entre 12 et 4 (12 - 4 = 8;4 + 4 = 8). On trO'uvera la une justificatiO'n de
bien des symbO'les, depuis les huit trigrammes deFo Hsi jusqu'aux tO'urs O ' c t O ' g O ' n a l ~ s des Templiers,en passant par les huit aretes de la pyramide, leshuit tentacules du pO'ulpe des CrétO'is, et les huitdirectiO'ns de la rO'se des vents.
NO'us avO'ns évO'qué précédemment le prO'blemeinsO'luble de la quadrature du cercle, en précisantqu'il était impO'ssible, a tO'us égards, de transfO'rmerun carré en cercle O'u inversement. Mais, par
LA LOI DES CYCLES 3S
cO'ntre, il est permis de cO'nsidérer que l'octO'gO'ne, ..",..
lO'rsqu'il est placé hO'rizO'ntalement, peut a vO'1O'nté '1devenir un cercle par sa face tO'umée vers le Ciel, iO'U bien un carré par sa face qui regarde le SO'l. 1
C'est de ce pO'int de vue, le seul pO'ssible, qu'O'n Ipeut apercevO'ir une cO'rrespO'ndance entre temps ;et espace, démarche qui va nO'us permettre de trO'u- Iver ce qu'il y a de cO'mmun a ces deux sO'i-disant Iparametres, sans passer par l'illusiO'n de la mesure,Iqui, nO'us l'avO'ns sO'uligné, ne saurait en aucuI'kcas s'appliquer au temps. Les huit jalO'ns du cycle,
sud
sud-est k JI sud-ouest
est I Y I ouest
nord-est V ) J nord-ouest
nord
FIGURE 4 :' Les axes de l'espace
repO'rtés dll cercle (Ciel) a l'O'ctO'gO'ne (relatiO'n duCiel a la manifestation), vO'nt ensuite descendre de
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36 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
l 'octogone au carré (Sol), dans le cadre de la rela-tion entre la manifestation et le Sol. Dans ce pro-cessus de transfert, la regle est parfaitement{espec-
tée, qui veut qu'un in flux prenne naissance en hautpour agir en bas, tout intermédiaire démultipliantcette relation. lci, l'octogone est Sol pour le Ciel, enméme temps que Ciel pour le Sol (nous verronsplus tard les importantes conc1usions qui découlentde ce principe lorsqu'on l'applique a la physio-pathologie). Ainsi, les jalons cycliques nés au ni-veau du cerc1e, puis descendus sur 1'octogone, vontde la s'appliquer au carré, mais en changeant demode dans la mesure ou ils changent de niveau.
En d'autres termes, de temporels et successifs enhaut (cercle, Ciel) , ils vont devenir spatiaux et si-multanés en bas (carré, Sol) : les huit jalons dutemps deviennent ainsi les huit branches de la rosedes vents (figure 4). Entre le schéma cyclique dunycthémere et les huit directions de l'étendue,l'analogie est limpide : dans sa trajectoire appa-rente, le soleil se leve a l'est, c u l m i n ~ u sud, secouche a rouest, et passe a minuit en direction du
,nord, derriere 1'0bservateur (toujours immobile
t face au sud). Limités ici a l'essentiel de la théoriedu cerc1e et du carré, nous ne parlerons pas del'apparition de la troisieme dimension de l'espace(qui fait de ce carré un cube), déterminée par lespositions haute et basse du soleil amidi et aminuit,et retiendrons seulement que l'espace, vu sous cetangle, ajoute a sa quantification intrinseque (leSol est mesurable) la qualification que lui apportele Cíel : parcourir cinq cents metres dans un sens
LA LOl DES CYCLES 37
ou dans l'autre revient quantitativement au meme,mais la direction prise ajoute une différenciationqualitative qui, nous le verrons, est d'une extreme
importance quant a 'apparition de certaines mala-dies. En résumé, on peut dire que si le temps (cercleet succession) est toujours qualifié sans pouvoirjamais étre quantifié (le Sol récepteur n'a pas d'in-fluence sur le Cie1 effecteur), l'étendue est quanti-fiable par nature (Sol et coexistence), mais aussiqualifiable en raison de l'influence du Ciel, et par
report des axes du cercle sur le carré.
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(
CHAPITRE 111
LES OPÉRATEURS ET LE RÉFÉRENTIEL
Lorsque le mathématicien procede a ses calculs,i l utilise des. conventions qu'il appelle improprement symboles : a, b, x, y, etc., qui représentent
dans son esprit des nombres précis. Ces symbolessont mis en relation par des opérateurs, qui définissent ce qui se passe entre eux. Ainsi a + bsignifie que les nombres a et b s'ajoutent l'un a l'autreo Les opérateurs ne peuvent etre qu'au nombrede deux, l'addition et la soustraction, sachant que \la multiplication n'est autre qu'une série d'addi-tions, et la division une série de soustractions. \
Si nous avons rappelé ces notions, c'est parcequ'elles sont issues, sous la forme de résidus dégra- ¡
dés (dans le sens ou ils ne peuvent plus s'appliquer ~ "qu'a la quantité), des principes opératifs de la Tra-dition. Pour celle-ci, les symboles sont au nombrede cinq (les quatre secteurs ajoutés d'un élément . '<1,
particulier que n011S étudierons plus loin), reliés (par deux opérateurs, l'un de production (Cheng),l'autre d'inhibition (K'eu). La figure 5 montre leprincipe d'action de ces deux opérateurs, l'un issude la succession des secteurs dans le temps (fi-
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40 MtDECINE CHINOlSE, MtDECINE TOTALE
gure S, A), l'autre de leur coexistence dans l'espace(figure S, B).
L'opérateur de production agit du gecteur gau
che au secteur supérieur dans la zone active, et dusecteur droit au secteur inférieur dans la zone inacuve : le printemps produit l'été, l'automne produítl'hiver. Ou encore, sur le mode nycthéméral : lematin est suivi de la journée, et le soir de la' nuít.Ainsi, chaque secteur de l'axe horizontal des varia·tions est prolong§ pa r le secteur qui le suit dans le
sens des aiguilles d'une montre (sens de la courseapparente du soleil), et qui, appartenant a l'axe
1 vertical des états, en est la conclusion logique. e'est
¡la une production directe, c'est-a.dire passage d'unsecteur au suivant sans quitter la zone (active ou
inactive) a laquelle appartiennent ces secteurs.Mais on sait pa r expérience que le soir (secteurdroit) faít suite a la journée (secteur supérieur), et
que la nuit (secteur inférieur) précede le matin(secteur gauche), que l'été et l'hiver sont respecti-
- vement suivis de l'automne et du printt:mlps. Il
s'agit toujours ici de l'opérateur de prÓduction,mais dont l'action, du faít qu'a partir d'un état
- . ~ ~ d o n n é il doit franchir la frontiere entre les zonesactive et inactive, apparait indirecte, dans la me-
sure ou, nous le verrons, un élément extérieur au
systeme doit intervenir dans le processus : le pointDépart, début du cycle, est en meme temps la findu cycle précédent, et rien, apparemment, n'obligea ce qu'un nouveau cycle continue celui-ci. Un
vieux texte chinois dit que, chaque année, la veille---du jour de l'an, on risque la fin du monde. Le pas-
ZONE INACTIVE
A : production
.B : inhibition
FIGURE 5 : Le principe des opérateurs
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42 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
sage du 4 février, ou Jelui de trois heures du matindans le cycle nycthéméral, se fait donc grace auneimpuIsion qui, comparable au systeme d'échappement d'un mouvement d'horIogerie, assure la con i-
/ nuation, la succession des différents cycles. C'estl'exemple de l'escarpolette qui, livrée a elle-memeapres la premiere impulsion, finirait pa r s'arretersi la légere poussée appliquée achaque balancement n'entretenait le mouvement.
Diamétralement opposé au point Départ est lepoint Milieu du cycle. lc i encore, I' opérateur deproduction doit le franchir pour que le secteur supérieur puisse se continuer par le secteur droit.Considérons un mobile se d é p l a ~ a n t sur une circonférence: a partir d'une certaine vitesse, i l va tendrea quitter le circuit qui lui est attribué, et a « prendre la tangente », au sens le plus exact du terme(H suffit d'observer la trajectoire d'une automobile qui prend un v i r a ~ e a trop grande vitesse).Dans notre cycle, cet 'éffet, qui peut parfaitementetre comparé a celui de la force centrifuge, est annulé par une force égale de direction opposée,c'est-a-dire centripete, qui oblige le mobile a resterSur son orbite: autre intervention extérieure
a'opé
rateur de production, qui rend donc son actionindirecte.
Laissons pour l'instant de coté I'agent chargéd'entretenir le cycle pa r ce double moyen de relance au point Départ et, de maintien au point Milieu, pour considérer le second opérateur, selon quitel secteur inhibe tel autre. Si I'existence de l'opérateur de production est fondée sur le phénomene
OPÉRATEURS ET LE RÉFÉRENTIEL 43
succession (saisons, secteurs nycthéméraux), au
lOurs duquel les secteurs du cycle se suivent dansle temps et se remplacent régulierement les uns les
lutres, l'opérateur d'inhibition ne peut etre envi-'aagé que dans la mesure ou les secteurs coexistent,cur pour que l'un agisse sur l'autre aux fins d'atténuation, encore faut-il qu'ils soient en présence, ceQuí implique leur simultanéité. Donc, autant l'opérateur de production apparalt de nature céleste et
temporelle, autant I'opérateur d'inhibition appartil'nt au Sol et a I'espace, et c'est pourquoi tout phénomene manifesté, inséré par conséquent entre Cíelet Sol et se localisant en meme temps dans le temps
et dans l'espace, est soumis au double systeme desopérateurs, l'un anabolique, l'autre catabolique.
La figure 5 (B) montre que les secteurs droit et
¡nférieur inhibent respectivement les secteurs gauche et supérieur, que, en d'autres termes, les sectcurs de la zone inactive inhibent ceux de la zoneactive : de meme que notre automobile précédemment lancée dans un virage, le cycle possede un
accélérateur avec sa zone active, ainsi qu'un freinque représente la zone inactive. Nous estimons
I'image assez claire pour qu'on ne doive y insisterplus amplement.
Une direction cardinale n'a de valeur qu'en fonction d'un point précis d'observation : Paris est al'est, prétend le B r e ~ ( ) n . Certainement pas, protesteI'Alsacien, Paris est a I'ouest ! Dialogue de sourdsqui disparait instantanément si ron ajoute : « Par
rapport amon point d'observation ». Par conséquent, lorsque les quatre secteurs sont appliqués a
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44 MÉDECINE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALB
l'espace, ils ne sont valable,s en tant que tels qu'lpartir d'un centre, qui est alors le centre géométrique du carré, mais un probleme d'importance se
pose alors, car ce centre spatial n'est que la projec-".. - tion du centre temporel, et il devient nécessaire de
situer celui-ci. La démarche n'est pas aussi simplequ'on pourrait le croire au premier abord, ear lecentre d'une journée ou d'une année ne peut etreque sur le cercle lui-meme, c'est-a-dire sur le « fi lde temps », ce qui exclut d'emblée le point ou 1'0npose la pointe seche du compas, et qui est en dehorsdu eercle lui-meme.
Lors de notre étude du nycthémere (figure 2),
nous avons précisé que son milieu est, et ne peutetre, que le point Soir, diamétralement opposé aupoint Matin. De meme, le milieu de l'année est diamétralement opposé au jour de l'an traditionnel(figure 3), et se situe plus précisément a la canicule,début aout. Tout centre étant référence et pointd'appui (ou d'application), on a)ira compris quee'est lui qui, vu cet emplacemeíÍt bien déterminé,est responsable du maintien du cycle en intervenant dans l'opérateur de production entre les sec-
teurs supérieur et droit. En outre, on devine quee'est ce meme centre qui est le responsable de larelance du cycle a la fin de sa « course », c'est-adire au jour de l'an ou a trois heures du matin, cequi fait que, en définitive, et compte tenu de eettebilocation, le centre semble etre la ligne obliquequi sépare le cycle en ses deux zones, active etinaetive (figure 2), sur laquelle tout se passe eommesi se d é p l a ~ a i t une force qui, par rapport a un
production
inhibition
FIGURE 6 : production et inhibition
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46 MÉDECINE CHINO/SE, MÉDEC/NE TOTALE
mobile parcourant le cercle, serait rétentive quandelle est en haut et a droite, et au cq1traire propul·sive si elle se trouve en bas et agauche. C'est cette
, ligne a double effet que nous appellerons le référen-tiel, eu égard au róle du centre qui sert en quelque
,- sorte d'origine aux directions de l'espace, en memetemps que de régulateur au cycle tempore!.
Lorsque le référentiel joue son róle de rétention,sa « masse », pourrait-on dire, est située entre lessecteurs supérieur et droit (ef. l'automobile dansle virage) et, par la meme, i l devient une especede secteur supplémentaire qui, des lors, va participer au jeu des opérateurs (figure 6).
Sachant que l'opérateur de production relie deuxsecteurs successifs dans le sens des aiguilles d'unemontre, i l n'est alors plus possible de dire que lesecteur supérieur produit le secteur droit. Noussavons déja que ce processus est ici indirect, et i lse révele que, plus précisément, le secteur supérieurproduit le référentiel, lequel produit immédiatement le secteur droit, et reste ainsi dans l'état deneutralité qui lui est spécifique, car tout ce qu'ilre90it du secteur supérieur est intégralernFnt re
versé dans le secteur droit. Et de meme va·'i-il participer a l'opérateur d'inhibition, sachant que celuici part d'un secteur donné pour aboutir au secondqui le suit : si le secteur inférieur inhibe le secteursupérieur, si le secteur droit inhibe le secteur gauche, on doit compléter le systeme en ajoutant quele secteur gauche inhibe le référentiel, et que celuici inhibe a son tour le secteur inférieur. Ajoutonsenfin que, en passant en quelque sorte par-dessus
LES OPÉRATEURS ET LE RÉFÉRENTIEL 47
le référentiel, le secteur supérieur inhibe le secteurdroit. Ainsi les opérateurs forment-ils deux circuitsdifférents, le circuit de production se développant
successivement dans la série des secteurs gauche,supérieur, référentiel, droit, inférieur et gauche anouveau, pendant que le circuit d'inhibition suitl'ordre des secteurs gauche, référentiel, inférieur,supérieur, droit, puis gauche a nouveau.
FIGURE 7 : Le cycle elliptique
La ligne oblique du référentiel apporte une précision supplémentaire en ce qui conceme la formeexacte d'un cycle. Jusqu'ici, nous avions considérécelui-ci, vu son nom, comme de forme circulaire,
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48 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
alors qu'en fait, i l est aisé de constater que rien,dan s la nature, ne « tourne rond » a proprementparler, mais que tout obéit a une trajectoire ellip-
tique, comme i l en est des corps célestes par exempIe. La figure 7 montre comment se présente réellement un cycle que1conque, selon une ellipse dontle grand axe est précisément le référentiel. On comprend alors pourquoi le début de l'année, cornmecelui du nycthémere, ne sont ni au milieu du secteur inférieur, ni au milieu du secteur gauche, maisbien entre ces deux reperes, la ou la courbe est a a
plus courte distance du foyer de l'ellipse ou secroisent les axes du systeme. A l'opposé, le centre
exprime que le franchissement du point supérieurde l'axe vertical des états n'est pas, bien qu'effectivement point de maximum, la fin du développement évolutif du cycle, laquelle se place au pointle plus éloigné du précédent foyer ou se croisentles axes, et a partir duquel commence la phaseinvolutive (zone inactive), qui se termine au pointd'impulsion du Départ.
Cette ellipse ne représente pas la course apparente du soleil, mais plus précisément la réaction
de la manifestation aux sollicitations de celui-ci'lréaction qui se produit avec un certain retard dd al'inertie de tout ce qui est entre Ciel et Sol, ce quia pour effet que l 'acmé d'un cycle au niveau de la
manifestation survient apres le passage du soleila son point le plus haut. De la meme maniere, lepoint d'impulsion, point de départ (ou d'arrivée)du cycle, est décalé par rapport au point de minimum solaire.
LES OPÉRATEURS ET LE RÉFÉRENTIEL 49
Les anciens Chinois attribuaient aux quatre secteurs et au référentiel des éléments-symboles dont
la figure 8 donne la disposition et les correspondances. A l'axe vertical sont assignés des élémentslubtils et insaisissables, image des limites supérieureet inférieure du cycle, le Cíel et le Sol qui, en fait,ne sont jamais atteints au cours d'une manüestation, car atteindre entierement run ferait perdrel'autre, ce qui ne peut etre envisagé d'aucun pointde vue : le Feu (Hwo) est mobile, monte en direction du Ciel, produit chaleur et lumiere; l'Eau(Chwei) descend vers le Sol, est inerte, froide et
sans couleur propre.
printempsrnatin
est
étéjournée
sud
hivernuitnord
automnesoír
ouest
FIGURE 8 : Les cinq éléments chinois
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50 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE
Quant a l'axe horizontal, il est défini par le Bois(Mou) et le Métal (Tchin), deux solides bien palpables, car nous sommes ici au creur meme de la
manifestation, du métabolisme générat pourrait-ondire, dans le tourbillon incessant des processus deconstruction et de destruction. Au secteur gaucherépond le Bois, le végétal, solide vivant et actifdans la mesure ou i l se développe et croit vers leCíel, et au secteur droit le Métal, solide inerte.
Le référentiel est symbolisé par la Terre (Tou)
qui, en tant qu'origine des quatre autres éléments,leur sert par la meme de point d'appui. En effet,les gloses chinoises expliquent que de la Terre sor
tent le Bois (les plantes), le Feu (par les volcans),le Métal (sous forme de minerai ou a l'état natif),et l'Eau (par les sources). On prendra soin de nepas confondre cette Terre-élément (Tou) avec leSol (Ti) opposé au Ciel.
Ces éléments-symboles illustrent d'autre partl'action des opérateurs car, toujours selon les gloses, l'Eau éteint le Feu, qui fond le Métal, quicoupe le Bois, qui épuise la Terre, qui absorbel'Eau, ceci en ce qui concerne l'opérateur d'il)lhi-
bition. Quant a l'opérateur de production, de nremeque le Bois alimente le Feu, le Métal produit I'Eau.Autant l'image est claire pour les secteurs de la
zone active (Bois et Feu), autant elle est obscure etmystérieuse pour les secteurs de la zone inactive(Métal et Eau), mais, d'une certaine f a ~ o n , c'estencore ici respecter l'analogie : les alchimistes chinois se sont toujours inspiré s des opérateurs traditionnels dans leurs manipulations, et c'est en pen-
OPÉRATEURS ET LE RÉFÉRENTIEL 51
t acux que l'on peut concevoir le Métalle plus,.rrait en meme temps que le plus simple des corps,• I'état sublime de gaz, comme le fabricant d 'Eau
kléal ainsi que l'indique son nom : hydrogene.Pour le reste des branches du circuit de l'opéra
I("ur de production, les analogies sont claires : lefeu produit la Terre (l'humus ou le fumier, car i lI'agit ici d'une terre nourriciere, sont le résultatde combustions), la Terre produit le Métal (voir cidcssus), l'Eau produit le Bois (le blé, céréale prin<.:i pale des Protochinois, ne peut germer qu'apresuvoir passé l'hiver en terre). Les amateurs de sciences traditionnelles pourront aussi voir la la symbo
lique initiatique de la mort qui précede la renaissance : il faut pourrir pour pouvoir renaitre.
Pour les Grecs de l'époque classique, il y a quatre états (le chaud, le froid, le sec et l'humide) qui,combinés deux a deux, forment quatre éléments,comme l'indique]a figure 9. 11 s'agit la d'un schémabeaucoup plus limitatif que celui des Chinois, caril ne décrit que les aspects possibles de la matiere :sec et chaud, le Feu est sublimé; chaud et humide,
l'Air est vapeur ; humide et froide, l'Eau est liquide ; froide et seche, la Terre est solide. Si, par
ailleurs, on peut retrouver dans cette disposition lafigure de l'octogone, il lui manque de toute f a ~ o n le référentiel, la Terre des Chinois, que d'aucunsavaient pourtant pressentie : ainsi Pythagore aparlé d'un cinquieme élément, l'éther, qui serait al'origine des quatre autres ; Anaximandre supposeun cinquieme terme, l'apeiron (l'illimité) qui servi-
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I \'
52 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
rait de substrat aux quatre autres. Les décadents,suivis en cela par toutes les ~ o u s - t r a d i t i o n s occidentales, de l'alchimie a l'astrologie, ont vainement
cherché ce cinquieme élément sous le nom de quin-tessence, la cinquieme essence, et c'est peut-etredans l'impossibilité ou ils étaient de l'appréhenderqu'on peut trouver l'origine de cette curieuse répulsion qu'avaient les Grecs, dit-on, a prononcer lemot penté, qui signifie cinq, et qui était réputémaléfique (3 rapprocher du f r a n ~ a i s « pente :.,qui évoque 1'0bJique du référentiel).
sec
chaud
FEU
TERRE
froid
AIR
EAU
//
humide
FIGURE 9 : Les quatre éléments grecs
t u optRATEURS ET LE RÉFÉRENTIEL 53
En dehors du fait que ron subodorait l'exis .
lence du référentiel, on savait, du moíns certains,que les éléments agissaient les uns sur les autres :
apres Phérécyde de Syros, Héraclite exposa le princlpe de « la lutte entre éléments contraires en unmouvement perpétuel », ce qui peut etre aisémentcomparé au mode d'action de l'opérateur d'inhibition. L'école éléate, avec Empédocle, semble avoirvu plus loin, en concevant les éléments « tenusensemble par les forces opposées de l'amour et dela haine ». C'était en quelque sorte ajouter l'opérateur de production a celui d'inhibition, mais ilreste que, pour tous ces maitres a penser, les élé
ments restaient toujours ce qu'ils étaient, aussi stabIes que les états de la matiere qu'ils évoquaient,alors que les éléments chinois, et par suite les secteurs spatio-temporels traditionnels, sont éminem .
ment évolutifs, fondés qu'ils sont sur le príncipecyclique. Hippocrate fut le seul, a notre connaissanee, a envisager une certaine variance des éléments : « Les deux éléments primordiaux sont leFeu et l'Eau. Tour a our, chacun domine ou estdominé, mais jamais completement. » Allusion aun systeme cyclique ?
De toute maniere, ce sont ces différents schémasqui ont inspiré toutes les croix abranches égales, designification hautement symbolique, telles cellesdes Templiers, de Malte, des Celtes, des Cathares,etc., et qui sont l'expression unique d'une loi assezgénérale pour etre universelle, et selon laquelle i ls'agit, tant par le cycle (cerc1e ou ellipse) que par la
structure qui en résulte (carré), de définir n'importe
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S4 MÉDECINE CHINOISE, MÉlJECINE TOTALE
que! phénomene survenant entre Cie! et Sol, etd'en percer les modalités les plus intimes. C'estgrice acet instrument, et seulement grice a lui,
que neus allons maintenant essayer de comprendrel'homme, avec tous les incidents de rythme ou destructure que sont ses maladies.
CHAPITRE IV
L'IDSTOlRE DE L'HOMME
En raison de son intégration a a manifestation,tout homme est soumis au cycle, qu'il reproduit, enparticulier, dans les différentes étapes de sa vie :
apres une période de croissance (secteur gauche),il passe par la maturité (secteur supérieur), puisvient la sclérose (secteur droit) qui aboutit a lavieillesse, a a nécrose (secteur inférieur). Du pointde départ qu'est la naissance et du point d'arrivéequ'est la mort, nous discuterons plus loin, nouscontentant pour l'instant de résumer succinctementle cycle de la vie, auquel nous allons immédiate-ment appliquer l'analogie afin de comprendre cetteautre forme de manifestation qu'est l'humanité,
laquelle obéit, bien entendu, quoique aune écheIledifférente, au meme príncipe. En effet, analogique-ment a la table qui nous a précédemment servid'exemple (chapitre 11), analogiquement a un indi-vidu qui nait, vit et meurt, l'humanité a eu son com-mencement et aura sa fin, il ne peut en etre autre-ment.
Depuis le siecle dernier, la science officieIle pré-tend, sans d'ailleurs apporter aucune preuve a ce
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S6 MtDECINE CHINOISE, MtDECINE T O T ~ L B qu'elle affirme, que l'homme est une sorte d'animalqui se serait peu a peu perfectionné au cours desages. Etonnante opinion, qui n'est en fin de compte
qu'un pure profession de foi, une hypothese parfaitement gratuite qu'il nous faut accepter a la f a ~ o n d'un dogme, et selon laquylle la vie serait apparuepar hasard au sein de la mer : des molécules s'étantpar hasard associées, se sont soudain, et toujourspar hasard, mises a absorber certaines choses quileur plaisaient, et a en rejeter d'autres qui ne leurconvenaient plus. Puis, apres cette invention dumétabolisme, cette « cellule » forma, en s'associantpar hasard a d'autres a qui était arrivée la méme
chose, une sorte de colonie appelée « tissu :.. Tou.jours par hasard, ce tissu en trouva d'autres, dontles vocations métaboliques étaient düférentes dessiennes (on se demande comment et pourquoi),s' associa aeux, et ainsi apparut un « organisme ».
n para!t que c'était un poisson, mais ledit poísson, qui devait alors ignorer le proverbe, ne sem.ble pas s'étre estimé heureux dans l'eau, puisqu'onnous enseigne qu'il s'ingénia a ransformer incontinent ses branchies en poumens et ses nageoires en
pattes pour devenir reptile et vivre sur terreo Notresupposé ancetre, en dépit du caractere miraculeuxde cette promotion, n'y fut guere sensible, car i llui apparut que ramper a ras de terre n'était finalernent pas un idéal. La preuve en est qu'il se fabriqua aussitót une paire d' ailes a parti r de ses ex-
nageoires devenues entre-temps pattes antérieures,afin de pouvoir réaliser son nouveau reve : prendreson vol. D'autres, par contre, qui n'avaient proba-
101RE DE L'HOMME 51
nulle vocation aérienne, pas plus que ceuxIvaient, pour des raisons toujours obscures, dé-eje rester poissons, n'émigrerent sur terre, refu
de changer de milieu mais, pour ne pas etrereste vis-A-vis de leurs ex-semblables, se mirent
Iransformer frénétiquement telle ou telle partieleur corps, paree qu'il fallait absolument, sem
"Ie-t-il, que les transformations s'accomplissent ..Nous préférons arreter la cette trop absurde cas
(leJe de miracles jamais vérifiés, au terme de laquclle un homme serait sorti, toujours par hasard,de l'utérus d'une guenon. Mais alors, sachant que la
nature est en perpétuelle création, que tous les cy
des, ne serait-ce que celui des saisons que personnene songe anier, se referment sans cesse, que les especes se reproduisent régulierement, comment sefait-il que nous n'assistions plus aces extraordinai .res phénomenes? Pourquoi les poissons ne deviennent-ils plus reptiles? Pourquoi les reptiles ne deviennent-ils plus oiseaux? Pourquoi les guenonsn'enfantent-elles plus d'etres humains? Ces questions, pourtant bien simples, ont probablementhanté l'esprit des évolutionnistes car, suivant en
cela leurs propres lois, ils « devinrent » transformistes en s'appuyant sur le phénomene des mutations, accidents brusques qui, en changeant radicalement les conditions de vie, obligent l'animal as'adapter sous peine. de disparition pure et simple.Hypothese de remplacement qui ne résout rien, carsi ron sectionne la queue d'une souris, la descendance de celle-ci continuera imperturbablement deporter sa queue, qu' on le veuille ou non. Quant aux
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58 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOT.
soi-disant mutants que sont les monstres fabriq ......en laboratoire par bombardement de radiationsinoculations de produits les plus divers, le seul
ractere qu'ils ont en commun est l'incapacité dereproduire.Et les hommes primitifs qui vivent encore de
jours, protestera-t-on 1 Voila ou mene la frénésiO I
de chercher une preuve tangible a la théorie, carla tendance des races blanches a se considérercornme le parfait aboutissement de la chaine évolutíve est telle qu'elles oublient que les Africains,par exemple, ou encore les indigenes d' Australie, nesont en rien des « primitifs » (pourquoi n'auraient
ils pas évolué 1), mais tout au contraire les survivants de grandes civilisations antérieures. Leurs rites étranges, leurs médecines, ne sont en aucunef a ~ o n les balbutiements d'une intelligence naissante, mais bien les bribes d'une) tradition qui futtres élaborée, et qu'ils ne comprennent plus.
Depuis des millénaires, la Tradition a apportéune autre explication a 'apparition de la manifestatíon, laquelle fut effectuée globalement, d'apresun schéma général fondé ,sur la hiérarchie Ciel
Sol, et apartir duquel chaque espece se vit attribuerdes fonctions adaptées a son role particulier. En
somme, chaque etre vivant est c o n ~ u sur un planassez vaste pour etre commun a tous, mais dontles possibilités sont limitées en fonction de la placequ'il a a ten ir dans le théatre de la vie, et ce n'estpas parce que l'escargot possede un foie commel'homme que ce dernier dérive nécessairement de
I l'escargot. Dans cette optique, l'etre humain s'est
' . \ IO/RE DE L'HOMME 59
«(mférer le maximum des possibilités, a bénéfidc la quasi-intégralité du plan, du moins dans lesicrs tcmps, car, a l'heure actuelle, i l est au
rlllC, non d'une évolution, mais bien d'une invollOn, et ceci demande évidemment quelques ex-
plications.
Pour cette sous-tradition qu'est la Genese duprétre égyptiell MOlse, la plus abordable pour l'Ocducnt, a condition d'en décoder la symbolique,1'I1Omme a d'abord subi une élaboration puis unedégradation avant d'etre tel que nous le connaissons, et nous devons nous reporter au schéma du
cycle pour comprendre son histoire. D'abord,i l
futcréé apartir du Sol, matiere premiere inerte, l'reuvre au noir des alchimistes, la materia prima desscolastiques. Une fois formée, cette masse r ~ u t le Rouah, le souffle de vie : passage du secteur inférieur au secteur gauche, impulsion en début decycle, d'ordre métaphysique. Alors l'homme s'élabora dans l'Eden, c'est-a-dire que l'humanité« grandit » (secteur gauche) en vase clos, analogiquement a l'enfant modelé au sein du milieu
familial. Puis vint le drame, car parti d'en bas,Adam atteint le point le plus haut de la courbecyclique, toucha le Ciel (secteur supérieur). Possédant des lors toute connaissance, i l ne pouvaitplus que déchoir. Chassé de l'Eden, cornme l'enfant devenu adulte quitte sa famille (<< tu quitteras tes pere et mere... »), il c o m m e n ~ a la périodede décroissance, et toutes les sous-traditions, aussibien orientales qu'occidentales, font état de cette
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60 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
chute de l'homme. d'une dégradation progressivea partir d'un ancetre supérieur. Au cours de cettedéchéance, n' en déplaise a ceux qui prétendentque l'homme se perfectionne de plus en plus apartir d'un « ancetre » inférieur, inspirés, ou plutót conditionnés qu'ils sont par l'évolutionnisme,l'hornme vit ses pouvoirs diminuer, a tel point qu'ildut chercher une aide extérieure pour survivre.Dans le Nei Tching Sou Wen. texte unique de la
tradition médicale chinoise, une question est poséede f a ~ o n tres précise :
« Nos ancetres étaient des gens extraordinaires: ils vivaient pendant des centaines d'années,n'étaient jamais malades, savaient se déplacer dansl'espace par des moyens que nous n'avons plus,voyaient et entendaient des chpses que nous nevoyons et n'entendons plus. L'lUunanité aurait-elleperdu quelque chose ? »
L'homme actuel (et quand nous disons actuel, ils'agit de l'humanité en cours, de celle qui, déja, sedégradait il ya presque cinquante siecles, lors de la
rédaction de l'ouvrage cité) est malade, affaibli, etne devient qu'exceptionnellement centenaire. N'estce pas la le signe d'une déchéance ? 11 ne sait plus sedéplacer de lui-meme dans l'espace, et doit, pour cefaire, utiliser des machines, i l n'entend plus et nevoit plus certaines choses, et a encore ici recoursa une aide extérieure. Nous touchons la un pointcapital en ce qui conceme la compréhension del'homme modeme : il parait que nous sommes deplus en plus géniaux, puisque la technique fait despas de géant. Voila un beau progres, en vérité, que
l,fiTO/RE DE L'HOMME 61
ui qui consiste a fabriquer toutes les cannes, bé-
Hes et autres voiturettes d'infirme dont l'hommemuintenant besoin pour essayer, sans d'ailleurs y
purvcnir, et de bien loin, d'équivaloir a son véritablc ancetre. (Que le lecteur soit assuré que, bienqu'il nous arrive d'etre parfois un peu sarcastique, iln'y a aucune intention de polémique dans notre propos, et si nous rappelons ces quelques vérités premieres, c'est parce qu'elles sont de la plus hauteimportance dans la compréhension de certaines maludies.)
Mais revenons aux sources de la dégradation,c' est -a-dire au moment ou Adam fut chassé de
I'Eden. C'est alors qu'il eut successivement deuxfils : Kai"n d'abord, Rabel ensuite. La Genese nousprécise que le premier était cultivateur et le secondpasteur. Ainsi, si nous interprétons correctementcette symbolique, Adam, d'abord sédentaire en tant
que jardinier de l'Eden, errant ensuite apres sonexpulsion, reproduisit ces deux temps de sa vie atravers ses fils, l'amé sédentaire, le cadet nomade.En d'autres termes, si nous avons distingué plushaut (chapitre 1) le dédoublement de l'humanité en
ces deux catégories, apparait maintenant une chronologie qui situe le sédentaire antérieurement au
nomade. Par c o n s é 9 ~ e n t , l.a t r a d ~ t i o n la plus proch..e 1 /0\de la Grande TradltlOn pnmordlale est celIe des se- L ~ ~ dentaires, qui couespondent analogiquement aAdam dans l'Eden.
En se fondant sur ce qui précede, on peut considérer les nomades comme des sédentaires expulséset, d'ailleurs, on connait leur tendance a vouloir
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62 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
toujours s'établir quelque part, cherchant par la aretrouver leur état primitif. Il n'est que de rappelerle phénomene des invasions, qui sont toujours le
fait de peuples nomades, prets a se sédentariser :Turco-Mongols en Chine, Arabes e::1 Egypte, etc.Sí les grandes civilisations antérieures ne sont plus,c'est uniquement en raison d'invasions dont les auteurs, pourtant sincerement désireux, du moins lesupposons-nous, de s'assimiler, n'ont pu « digé-rer» la f a ~ o n d'etre des vaincus, car il fallait passertout a la fois du polythéisme au monothéisme, de lapolygamie a la monogamie, de la sauvagerie a la
mansuétude, du calendrier lunaire au calendrier
1\ \SOlaire, d'une orientation au nord a une orientationC-' au sud, etc. Bien sUr, on tenta des syntheses, mais
celles-ci n'aboutirent qu'a des incohérences. Ainsídes calendriers l u n i - s o l ~ e s chinois, d'un cyclehindou dans lequel l'axé vertical des états reste ce
qu'il était, mais oill'axe horizontal des varlationsest inversé. Le troísieme fils d' Adam, Sheth, estle symbole de cette tentative d'union des deux soustraditions du laboureur et du pasteur. On sait queKain tua Habel, crime symbolique montrant que,
quoi qu'il arrive, le sédentaire reste finalement lemaitre. D'ailleurs, la Genese ne mentionne aucunecondamnation de Kain qui, bien au contraire, r e ~ u t une protection spéciale et finit par fonder la premiere ville. Quant a Sheth, il ne r e m p l a ~ a pasHabel, mais tenta de concilier les deux points devue, avec les résultats que l'on sait, puisque en
hébreu Sheth signifie aussi bien « renaissance »
que « tumulte ».
L'HISTOIRE DE L'HOMME 63
Voila comment c o m m e n ~ a , dans la mémoire deshommes, la premiere humanité, laquelle disparutlors du déluge, catastrophe planétaire enregistrée
par toutes les annales (étymologie exacte du mot« légende »). Mais le personnage de Noé montreque, lors de toute destruction massive d'humanité,il y a toujours des rescapés, que les savants prennent candidement pour des hommes préhistoriquesémergeant a peine de la sauvagerie, alors que ce nesont que des survivants affolés, sinon basculés dansla démence (ce qui est fort compréhensible), quivont donner l'impulsion d'un nouveau départ. Lesamateurs de mysteres bibliques trouveront peut
etre ici l'explication de cet insaisissable personnagequ'est Melchisédech, symbole de l'impulsion don-,née achaque nouveau cycle : c'est le référentieldans son role propulsif. Nous sommes donc, actuellement, a la fin de la seconde humanité commencéea Noé (la premiere étant partie d' Adam), donc a I
la fin d'un cycle, que l'impotence flagrante del'homme, qu'exprime sa haute technicité, suffit a m ~ plement a prouver. Et puisque l'Eau était l'agent dela précédente catastrophe, c'est bien évidemment
l'élément opposé, tant chez les Chinois que chez lesOrecs (chapitre In), qui, cette fois-ci, rasera la
surface de la planete pour ne laisser subsister quequelques rescapés, réfugiés dans des grottes ou dessouterrains, et que les savants de l'an 30000 considéreront avec un mélange d'attendrissement et dedédain comme des primitifs. Est-il besoin de préciser aquelle sorte de Feu destructeur nous pensons ?
Pour les Protochinois, le premier homme s'appe-
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r
""
64 MÉDEC/NE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALE
lait P'an Kou, l'initié qui, sur son bateau, avancea l'aide de deux avirons, image de la premiereTradition avant la séparation des sédentaires et des
nomades lesquels, sil'
on poursuit dans ce sens, nepossedent plus chacun qu'une seule des deux rames.(Tres curieusement, Adam fut promu chef de la
création en se voyant confier le gouvernail, si l'ontraduit littéralement ce passage de la Genese.) C'estdone en quelque sorte en godillant que l'humanitédivisée arriva au eouple mythique que forment FoHsi et Niu Kwa, sa sceur en meme temps que sonépouse. lci, pas de meurtre synlbolíque dans lestyle de eelui d'Habel, mais au contraire union et
complémentarité, car ces deux personnages sonttoujours représentés étroitement enlacés, run tenant l'équerre et l'autre le compas, ce qui se passede commentaires. C'est seulement a partir de cemariage symbolique, de cette hiérogamie, que l'humanité peut anouveau se réclamer de la Traditionprimordiale, la synthese de Fo Hsi et Niu Kwaétant comparable a celle qu' évoque le personnagede Sheth, mise apart l'idée de « tumulte » qu'implique ce dernier.
CHAPITRE V
LA STRUCTURE TERNAIRE ET
LE PLAN SUPÉRIEUR
L'une des erreurs de Descartes fut de croire, et
de donner aeroire, que l'homme est une dualité,distinguant chez lui le corps (matériel) et l'esprit(immatériel). Or, nous savons que la Traditionconsidere l'etre humain entre Cie} et Sol et que,par conséquent, si ron applique la loi d'analogie,ce ne sont pas deux, mais trois plans qui le composent, a savoir :
1. un plan supérieur, eorrespondant au Cíel;
2. un plan inférieur, eorrespondant au Sol;
3. un plan íntermédiaire, correspondant al'homme lui-meme.
Cette hiérarchie traditionnelle, qui classe lesfonctions de l'homme en trois catégories, va d'abordnous permettre d'éviter les innombrables confusionscommises par les psychologues, pour qui les notionsde psychisme, d'esprit, d'ame, d'intelleet, de mental,d'émotivité, etc., donnent líeu a des définitions sidífférentes qu'elles sont une source de discussionsinterminables, d'un dialogue de sourds en memetemps que tour de Babel.
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~
66 MÍ:.VFC/NE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALE
analogie attributions
<riel etrecteur
o b ; , i . ' ~ , !
Homme transmetteur~ i:-Á,A-
Sol \ récepteur; . ~ t \Y
fonctions symbolisme
intellectuelles aurige
émotionnelles cheval
corporelles char
FIGURE 10 : La structure physiologique
La figure 10 d o n n ~ l'essentiel du systeme quepropose la Tradition, ou ron voit l'ensemble desplans fonctionnels de l'homme comparé a un attelage, dans lequel le plan supérieur intellectuel estl'aurige (Tchou), le plan moyen émotionnelle cheval (Ma), et le plan inférieur corporel le char(Tcheng). Avant d'aborder le comportement général de cet ensemble, c'est-a-dire d'envisager uneétude synthétique de ces trois plans, car la physiologie n'est ríen d'autre que leurs interactíons grace al'existence de la « colonne centrale » qui les reHe(renes et hamais), il faut d'abord analyser le contenu de chacun, avoir un compte rendu de sa physiologie propre, en fonction, bien entendu, du
llCTURE TERNAlRE ET PLAN SUPÉRlEUR 67
echéma général précédemment établi, avec ses qua-1ft' sccteurs et son référentiel. La figure 10 montrel. structure ternaire de profil, et nous reviendrons
plus tard a ce point de vue, préférant dans l'immédiat, et afin de bien comprendre l'organisation dechucun des trois plans, les présenter « aplat », vusd'cn haut, et nous commencerons en toute logiquepar l'étude du plan supérieur.
La figure 11 montre la constitution de ce plansupérieur qui, nous le savons, répond chez l'hommeau Cie!, assure le commandement de l'attelage (aurige) dans la mesure ou il groupe toutes les fonc
tions intellectuelles. Cette situation supérieure faitque les phénomenes qui s'y passent sont surtoutd'ordre qualitatif, d'ou la forme circulaire que nousavons donné au schéma. A ce propos, répétons quela qualité pure, comme d'ailleurs la pure quantité,ne sauraient exister au sein de la manifestation, etque chacune, ason plus haut degré possible, est toujours nécessairement assortie d'au moins une tracede l'autre. C'est pour cette raison que nous disonsque la physiologie de ce plan est d'ordre surtout(
qualitatif, et, par la meme, échappe et échapperatoujours, vu la présence toute théorique de quantité,an'importe quelle tentative de mesure.
Le centre du s y ~ t e m e , son référentiel, contient Lles germes des idées (Yi) que nous appelons i d é ~ ..genes. Sans chercher pour l'instant leur origine,nous nous contenterons de consta er leur présenceau centre. Ces idéogenes sont essentiellement mo-
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68 MÉDECINE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALE
biles (caractéristique du eiel) , et tendent, de ce faít,aquitter le centre pour se disperser dans toutes lesdirections (le eiel est sans limites). Lorsque, aucours de ce processus, un idéogene entre dans I'undes quatre secteurs périphériques, il va se différencier pour devenir une idée dont les caractéristiquesdépendent du secteur concemé. D'autre part, un
idéogene peut se déplacer sans quitter le centre,c'est-a-dire en restant dans le référentiel, et ainsiprendre la direction de l'impulsjon (en bas et agauche), ou celle de la rétentión (en haut et adroite).
Autour du centre sont les quatre secteurs traditionnels, ordonnés selon l'action de ce qu'on pourraít comparer a des « moteurs », l'un agauche
propulsant les idées de bas en haut, du pale inférieur (point e) au póle supérieur (point 1) ; I'autre
I adroite, sorte de moteur a nertie, qui mobilise lesidées vers le bas, depuis le póle supérieur (point 1)
jusqu'au pale inférieur (point e) . On reconnait icil'analogie avec le déplacement apparent du soleilautour de la terre (chapitre n). En termes plus traditionnels, la propulsion mobilise les idées vers leeiel, alors que l'inertie les précipite vers le Sol. eesdeux moteurs, dont la « mise au ralenti » pendantle sommeil explique l'aberration des reves, qui sontdes idées livrées alors a leur seule tendance a la
düfusion, sont conférés a l'individu par ses parents,la propulsion (Houn) venant du pere (masculin,eiel), l'inertie (P'ai) étant donnée par la mere (féminin, Sol).
Les idéogenes qui diffusent dans les quatre sec-
.\TRUCTURE TERNAlRE ET PLAN SUPÉRlEUR' 69
intuition
rappel ~ "
"
~ ~ ~ .~ ralson
automatismeSIj;
. ~ ~ tU
'$
oubli
e leL / A u t ~ ( ) [ FIGURE 11 : Les fonctions intellectuelles'
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f
70 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALB
teurs vont, nous l'avons dit, se différencier pourdonner des idées, les secteurs existant dans la mesure ou les « moteurs » sont en fonctionnement.Mais i l est intéressant, avant de poursuivre, d'étudier de pres ce qui se passe quand un idéogenepasse exactement entre deux secteurs, c'est-a-direen suivant l'un des axes obliquespu schéma. Unidéogene partant vers le haut et ~ meme temps agauche, done selon la limite entre les secteurs gauche e t supérieur, prendrait la direction indiquée par
la fleche 1 s'il n'y avait pas la propulsion. D'autrepart, si l'idéogene n'avait pas d'impulsion propre,il serait entrainé par la propulsion selon la tangente que matérialise la fleche 2. La combinaisonde la force propre de l'idéogene et de la propulsioncompose les deux directions, et la résultante est uneverticale vers le haut, vers le Ciel, qui représentel'intuition, connaissance immédiate.
Selon le meme procédé, un idéogene parti versle haut et a droite, done déplacé le long du référentiel, va voir sa résultante prendre une directionhorizontale vers la droite, cóté adynamique : c'estla raison, connaissance médiate qui ne peut d'aucune f a ~ o n s'élever comme le fait l'intuition. Cesdeux diagonales limitent le secteur supérieur qui,en raison de son analogie avec la journée dans lenycthémere, ou encore avec l'été dans l'année,pourrait s'appeler l'ensoleillement de l'intellect:
~ J c'est le conscient (Chen), fonction grace a laquelleVI nous concevons « clairement » les choses.
Entre les deux moyens de connaissance que sont
\ IRUCTURE TERNAlRE ET PLAN SUPÉRIEUR 71
l'íntuition et la raison, la Tradition ne donne au~ l l n e préférence, bien au contraire, et préconise plutút le juste milieu, comme toujours. Celui qui, en
cffet, cultive également intuition et raison, équiliore la propulsion et l'inertie dans le secteur duc:onscient, et centre celui-ci sur le point J, point desolstice ou de midi, ou plus aucune force périphérique n'existe, et la conséquence de cet « état » est4ue tout idéogene empruntant cette direction garJera son impulsion propre, sans subir de déviationaucune de la part des « moteurs » : c'est l'illumi-nation, connaissance totale par contact direct entrele centre du plan, dont est issu l'idéogene, et le Cíel,
sans qu'une quelconque participation du sujetpuisse etre évoquée, sans que l'ensemble de l'intellect soit sollicité.
On aura remarqué que la raison, outre son inertie due aux tendances périphériques dirigées versle bas, provient d'un idéogene qui reste dans leréférentiel. Or, nous savons que toute force centrale déplacée en périphérie vers le haut et la droitea un role immobilisateur et rétentif (chapitre 111), cequi ne peut que renforcer, si besoin était, le carac
tere fondamentalement inerte de la fonction deraison.
Tout ce qui n'est pas conscient est inconscient,aurait pu dire M. de.La Palice et, de ce fait, outreles idéogenes, les trois autres secteurs du plan intellectuel appartiennent a l'inconscient, c'est-a-direa des fonctions qui, a l'état normal, ne font pasl' objet d'une claire connaissance. La figure 11 mon-
(
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72 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOT.
tre que le conscient est en quelque sorte prépaftpar le secteur gauche (d'ou son nom de précoH"cient) qui contient l'ensemble des mémoires, et
suivi du postconscient, qui réunit dans le secteurdroit tous les automatismes intellectuels issusraisonnement et qui, hors de la conscience, agissentcornme d'authentiques réflexes conditionnés.
De meme que le c o n s c i e n t ~ \ en passant par laconnaissance intuitive, a en ¡fin de compte sesorigines dans les mémoires, que celles-ci soien t in-
f
dividuelles, familiales ou meme génétiques, le postconscient automatique- a pour conclusion le subconscient (Tcheu) qui, répondant au secteur infé
rieur, représente par la meme ce qu'il peut y avoirde plus vulgaire dans tout l'intellect. Si nous appliquons a ce secteur le principe des résultantes qui
: nous a permis de délimiter le conscient, on s'aper~ o i t que ses bornes sont, a droite l'oubli, dirigé versle bas, le Sol, l'immobilité, et a gauche le rappel,horizontal, mais du coté de la gauche dynamique,
) a partir duquel les mémoires sont mobilisables.
Gnversement a a technique du juste milieu illu
minatif rappelée plus haut, apparait ici le sondagerétrograde des mémoires qui, partant de l'intuition,procede en sens inverse de la propulsion, franchitle point de rappel, et plonge dans le subconscient,pour souvent y rencontrer l'aboutissement d'unautre sondage ven u a travers les automatismes etf o r ~ a n t le point d'oubli. Ce genre d'intervention,fondé sur ce que certains mal informés ont pompeusement appelé « psychologie des profondeurs :.,
.rRUCTURE TERNAIRE ET PLAN SUPÉRlEUR 73
ce qui est parfaitement faux, car c'est confondreainsi ce qui est inférieur avec ce qui est véritablement profond (c'est-a-dire le phénomene d'hyper
conscience illuminative qui est vraiment issu de la \profondeur, en ce sens qu'il provient du centre lui- \meme), ce genre d'intervention, disions-nous, est 1
tminemment dangereux car, par la mise en équili- Ibre du point d'oubli et du point de rappel, en éta- .blissant une parfaite équivalence entre l'inertie et lapropulsion dans leurs parties inférieures et nonplus supérieures, il aboutit a un phénomene centrésur le point C, l'état de contre-illumination, parodieproprement subversive de la véritable illumination,
parce qu'elle est exactement de sens inverse, dirigéevers le bas, le Sol, la quantité. C'est encore la lerésultat des cogitations déléteres du matérialistesiecle dernier qui, non content d'inventer la pollu-tion en meme temps que !'industrie, d ' abaisser par
la meme occasion les hommes au niveau de fourmislaborieuses et anonymes, de les insulter en faisantde leur ancetre une fausse couche de guenon, lesprécipite de surcroit dans les couches les plus inférieures et les plus dégradées (et surtout pas les plus
profondes !) de la manifestation, grace aux démar-ches de certaines méthodes de psychanalyse, hatantainsi la chute de l'homme. En termes plus concis, et
pour employer la symbolique de la Chine ancienne(chapitre 111), transporter dans le conscient ce qUi¡ //1est et doit rester inconscient, c'est mettre de l'Eaudans le Feu, car apporter le contenu du secteur •inférieur dans le secteur supérieur revient a nhiberce dernier et, malheureusement, a titre définitif.
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74 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
11 va de soi que nous reviendrons plus loín surcet important sujet, caI\ nous ne faisons ici qu'éta
blir un schéma général1qui, en ce qui con cerne leplan supérieur, montre que les idéogenes, partisdu centre d'une part, pris en charge par les « mo-
teurs » périphériques d'autre part, sont les racinesdes idées, lesquelles sont traitées par les secteursou le référentiel, qui déterminent ainsi les principales fonctions de l'intellect.
Un détail reste a préciser, a propos du phéno-mene de rappel des mémoires : on a vu plus hautque, lorsque les charges idéogéniques se déplacent
en haut et a droite dans le référentiel, elles jouentun role stabilisateur (raison) dans le systeme. Maisil ne faut pas oublier que, d'autre part, elles peuvent tout aussi bien se déplacer dans le sens diamétralement opposé, c'est-a-dire en bas et agauche, etservent alors au réveil des mémoires (rappel),comme a lieu la relance du cycle au Nouvel An
ou a trois heures du matin.
CHAPITRE VI
LES PLANS INTERMÉDIAIREET INFÉRIEUR
Le plan intermédiaire, qui répond analogiquement a l'homme entre Ciel et Sol, par Ul memerécepteur vis-A-vis du plan supérieur et effecteur sur
le plan inférieur (c'est le cheval de l'attelage, qui,simultanément, r e ~ o i t les ordres de l'aurige et transmet sa force au char), est l'objet de la figure 12,qui le représente par un octogone pour les raisonsexposées au chapitre H. De par sa situation mitigée, les fonctions que contient ce plan ont la propriété de s'exprimer également sur le mode qualitatif et sur le mode quantitatif.
Son centre contient des torces émotionnelles in-
dittérenciées, c'est-a-dire non exprimées, restant al'état potentiel mais qui, de la meme maniere queles idéogenes dont elles sont issues, comme nousle verrons dans le prochain chapitre, tendent aquitter ce centre et a trouver une différenciation auniveau des s e c t e u r ~ périphériques. Avant d'aborder les modalités de ce phénomene de diffusion,précisons ce qu' est le c e n t r ~ de ce plan. En tantque participant, par sa face supérieure pourrait-ondire, au Cíel et a a qualité, i l possede des exten-
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76 MÉDECINE CHINOlSE, MÉDECINE TOTA.LB
sions selon l'oblique du référentiel, mais, commeil ne s'agit plus ici du pur cercle supérieur, cesextensions ne s'allongent guere, et ne touchent pas
la périphérie, du fait que ce plan regarde aussi lecarré, le Sol, la quantité, par sa face inférieure, etpar nt meme présente un aspect sta ique et coexistentiel qui fait qu'il n'a pas besoin d'un agent demaintien et de relance, n'étant, par ce coté, nullement cyclique. Aussi ces extensions référentiellesne doivent-elles etre tenues que comme parfaitement théoriques, ne se justifiant que par la relationde la face supérieure du plan avec le Ciel, et nousles négligerons pour cela meme.
Nous savons que tout idéogene se différeneiedans le plan intellectuel grace a la présence des« moteurs 2> périphériques. Ici i l en est différemment, car e'est l'homme lui-meme, et plus précisément le semblable, autrui ou le prochain, qui vajouer le role de moteur de ce plan. Lorsqu'uneforee émotionnelle indifférenciée quitte le centrepour prendre la direction d'un secteur déterminé,elle se perdra a rextérieur si elle ne reneontre rien,mais se différenciera en un sentiment précis si un
influx émotionnel tend a pénétrer dans la structure : ee sont les forees A (autrui) de la figure 12,venues d'un autre et qui, en rencontrant les forcesémotionnelles indifférenciées émises par le centre,déterminent le sentiment ou l'émotion caractéristique du secteur intéressé.
On aura noté que la figure 12 est divisée endeux zones par la ligne oblique du référentiel : une
u ~ s PLANS INTERMtDIAIRE ET INFÉRIEUR 77
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FIGURE 12: Le plan émotionnel
zone émettrice et une zone réceptrice (analogiquement aux zones active et inactive du schéma géné
ral que montre la figure 2). Dans la zone émettrice,la colere (Nou) est le sentiment différencié du secteur gauche, et la joie (Hsi) celui du secteur supérieur. Ces deux sentiments incontestablement positifs sont bien, en fait; de nature émettrice, car ilstendent a s' exprimer a rextérieur, et ainsí a setransmettre d'un individu a 'autre. Dans la zoneréceptrice, on constate que la tristesse (Yu) résídedans le secteur droit, et la peur (K'ong) dans le sec-
teur inféricur. Ce sont la IIOnrlmcnts eJe type
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négatif, qui ouvrcnt toutes les p c ) r t c ~ K II n'importequel agent extérieur a la struclUrc.
Du fait qu'une certaine quantification s'exprimedans ce plan, on peut distinguer des nuanees dansl'intensité des différents sentiments que nous ve-nons de répertorier, la colere allant de la simpleirritation jusqu'a la fureur c1astique, la joie de la
satisfaction banale a a moria (hyperjovialité consé
cutive a une lésion cérébrale), la tristesse du spleenbénin a la psychose mélancolique en passant parla dépression, la peur, enfin, de la pusillanimité al'angoisse suieidaire.
Le centre, qui émet des influx tendant par définition a reneontrer une autre structure, est définipar un sentiment qui ne peut etre, vu cette recherche de contact, que la sympathie, que nous entendon s ici dans son sens le plus strict de participation
affective, et dont les limites sont l'amour et lahaine, extremes respectifs d'une reeherche de rapprochement ou, au contraire, d'une attitude répulsive. Dans un sens comme dan s l'autre, c'est lecontact humain (Szeu) qui est ici impliqué au premier chef, sans lequel ce sentiment de sympathiene pourrait exister, et a plus forte raison ceux quise différencient dans les quatre secteurs, et quidépendent des émotions centrales (voir l'élémentTerre des Chinois au chapitre 111).
Le plan inférieur (le char), le plus quantitatif destrois, bien qu'y persiste une trace de qualité pourles raisons que nous savons, doit etre symbolique-
ment r e p r ~ s e n t é par un earré. A ce niveau sontgroupées toutes les fonctions corporelles, dont lapremiere caractéristique est la coexistence dansl'ordre quantitatif. S'ajoute acela la notion de mul·tiplicité, ce qui demande un développement annexe:
Par rapport au UN (Ciel), le Sol supporte uneindéfinité d'etres dépendants et, par analogie, sile Ciel est le symbole de l'UNITE, le Sol est l'em
bleme du multiple. En d'autres termes, au fur eta mesure que ron descend du Ciel vers le Sol, qu'ons'éloigne de la qualité pour plonger dans la quantité, on quitte le contact de l'Unité pour évoluer deplus en plus profondément dans le multiple. C'estla l'un des principaux sens des pyramides, érigéespar des peuples sédentaires, de tradition solaire etmonothéiste.
Ainsi les fonctions corporelles (Chen) s'organisent-elles, vu leur nombre, en quatre couches au
nivcau du plan inférieur de la structure (autant decouches que de cótés au carré), chaque coucheétant divisée en quatre secteurs répartis autour ducentre, selon la regle. Evidemment, ce centre estproprement géométrique, et il n'est guere questionici de tracer une que1conque oblique référentiellecomme précédemment, puisqu'il n'y a pas d'éléments cycliques ace niveau, mais uniquement deséléments matériels et coexistants, ou la qualité n'estplus que théorique.
La figure 13 détaille ces différentes couches, quidoivent en fait etre superposées l'une a l'autre enun bloc unique. La Tradition considere d'abord
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l
80 MÉDECINE CHINOISE, MtDECINE TOTÁLE
(couche A), comme étant les plus fondamentales,les fonctions (Tsang) qui traitent le milieu inté,rieur, sang, influx: nerveux, etc. L'axe vertical decette premiere couche comprend en haut le creur
(Sin), responsable de la circulation sanguine, etl'encéphale, sans qui l'influx: nerveux ne sauraitétre entendu. Sachant que les Chinois attribuentau secteur supérieur le symbole du Feu (figure 8),et que cet élément est dispensateur de chaleur enmeme temps que de lumiere, on peut assimüer la
circulation sanguine a la fonction chaleur du Feu,et l'influx nerveux a sa fonction lumiere.
En has de l'axe vertical, une fonction multiple(Chen), car ce qui est en bas est forcément multi
pIe comme nous l'avons vu un peu plus haut, réunitles sécrétions de la glande surrénale (cortisone, hormones sexuelles, adrénaline), la sécrétion urinaire(extraction de certains déchets transportés par lesang, et récupération de liquide s'il y a lieu), et
la gonade ou glande sexuelle (testicule ou ovaire).Opposées au Ciel-Feu de haute noblesse, les fonetions du secteur inférieur sont évidemment les plusvulgaires et, a part le filtrage urinaire, ce qui estévident, on remarque que la fonction de reproduetion est considérée comme parmi les plus basses par
la Tradition, a tel point, nous l'avons déja signalé(chapitre 1) que le tissu le plus noble de l'organisme,le tissu nerveux, n'en est pas doté: le neurone (cellule nerveuse) ne se reproduit pas (nous verronsplus has que, avec le cerveau, le nerf se classe dansle secteur supérieur).
Toujours sur l'axe vertical, le centre, qui appar-
LES PLANS INTERMtDIA,IRE ET INFÉRlEUR 81
tient en méme temps aux deux axes, correspond ala lymphe, laquelle, en tant que liquide organique,participe a la circulation et se place donc symbo-
lymphe I gleucocytes g
::so
A - Traitementdu milieu intérieur
~ o
I ;"::s goüt> $l
o"1:'
e .' Contact extérieur
1 I ~
B - Tissus
.....('0..a ~ ~ ( ' ) digestion s-é.s:go
ñ=
D - Traitementdu milieu e x t ~ r . i e u r
FIGURE 13: Les couches·somatiques
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82 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
liquement entre la pompe cardiaque (secteur supérieur) et le rein qui maintient la quantité de liquidecirculant (secteur inférieur) ; et participe aussi autransport des hormones, s'insérant en particulier
entre l'hypophyse (cerveau, secteur supérieur) et laglande surrénale (secteur inférieur).
Croisant l'axe vertical circulatoire et endocrinien, sorte d' armature statique de la physiologie,l'axe horizontal va répondre au métabolisme, c'estit-dire it tous les phénomenes dynamiques qui sontl'expression meme de la vie. 11 n'est des lors pasétonnant d'y voir figurer le foie (Kan) dans le secteur gauche, et le poumon (Fei) dans le secteurdroit, tous deux agents des phénomenes d'oxydo
réduction, avec au centre le globule blanc (leucocyte), dont la forme la plus pure, l'histiocyte, estit la base du systeme réticulo-endothélial qui prend,on le 8ait, une tres importante part aux différentsprocessus métaboliques (évidemment, la lymphe estle transporteur d'élection du leucocyte a l'état normal). Pour les anciens Chinois, la fonction qu'ilsappellent P' i regroupe la lymphe, les organes lympholdes (qui fabriquent les leucocytes), et les globules blancs eux-memes : c'est donc la fonction
centrale par excellence.Sous cette premiere couche vient la seconde
(figure 13, B), ou sont rassemblés les différentstissus, considérés en quelque sorte comme les prolongements respectifs des fonctions précédentes.Ainsi les vaisseaux (Mei) continuent le creur, lesnerfs (Chen Tching) continuent l'encéphale. Quela peau (Pi Fou) prolonge le poumon s'explique par
LES PLANS INTERMÉDIAIRE ET INFÉRIEUR 83
le fait qu'elle assure une tres grande part de larespiration (on sait que les grands brUlés meurent )d'asphyxie), mais que le muscle (Tchin) soit unesuite logique au foie parait plus étrange. En fait, i lfaut, pour le comprendre, considérer ce couple parl'autre bout de la lorgnette, et ainsi constater quele muscle ne peut pas fonctionner sans le foie, quinon seulement lui fournit son combustible (car lemuscle est une véritable machine thermique) sousforme de glycogene, mais récupere ensuite les résidus de son fonctionnement (acide lactique). Enfin,la relation entre la sécrétion urinaire et le tissuosseux (Kou) paraitrait parfaitement obscure (cequi n'est que normal dans le secteur inférieur), a
qui ignorerait que ros a d'énormes besoins de cal- //,cium, et que celui-ci lui est apporté sous forme ioni-'sée, la seule sous laquelle il soit assimilable. Sachant qu'un ion ne peut exister que dans une phaseaqueuse, et que c'est le rein qui maintient constante la quantité d'eau circulant dans l'organisme,ros, en définitive, dépend bien du rein, comme lemuscle du foie.
Au centre est le tissu conjonctif (Jou), a partirduquel se sont différenciés les autres tissus que
nous venons de classer dans les différents secteurs(voir au chapitre II I l'élément Terre des Chinois,origine des quatre autres). C'est le conjonctif qui,en outre, colmate tous les intervalles séparant lesdifférents organes dil corps et, par la, donne al'ensemble la cohésion nécessaire a toute structurespatiale.
Si les deux couches que nous venons de voir inté-
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84 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTA.LE
ressent des fonctions plutót intériorisées, c'est-a .
dire des fonctions concemant l'organisme en tantque milieu autonome, les deux autres couches vontse rapporter a es relations avec le milieu extérieur.Considéré comme un transformateur d'énergie,point de we acceptable si l'on reste au niveau duplan inférieur, tout etre vivant doit prélever dansson milieu les matériaux énergétiques dont il a besoin, et y rejeter ses résidus métaboliques. Mais,avant cela, encore faut-il avoir les moyens de pero.cevoir ce milieu sous différents aspects, afin queprélevements et rejets soient effectués dans les meilleures conditions possibles. C'est ainsi que l'homme,auquel nous nous limitons icí, possede un certainnombre de fonctions qui le mettent en liaison avecce qui l'environne, fonctions classées dans la troisieme couche du plan inférieur (figure 13, C). Laparole est une émission, le Ciel est émetteur, donele verbe sera placé dans le secteur supérieur. Inversement, l'oule est une fonction qui r e ~ o i t les sonsgrace en quelque sorte a son inertie, et comme leSol est par définition récepteur et inerte, elle appartiendra au secteur inférieur. L'olfaction demandant une inspiration dépendra de la respiration et,par suite, du secteur droit. Quant a a vue, qui permet d'évaluer les rapports de distance avant touteaction, elle apparait comme une sorte d'estafettedu muscle, appartenant par conséquent au secteurgauche. Ces justifications, nous l'avouons, sont peuconvaincantes, et pourtant c'est ainsi que la Tradition donne les correspondances de cette couche.On pourrait peut-etre tenter une étude plus pous-
LES PUNS INTERMÉDIAIRE ET INFÉRlEUR 85
sée a ce propos, a partir de 1'oblique qui sépare,tout théoriquement icí, nous l'avons précisé, la
figure en deux. zones active et inactive, émettrlceet réceptrice. De ce point de vue, verbe et vue seo.
raient des fonctions d'émission, allant du sujet versle milieu et, effectivement, nos ancetres étaientdoués de ces fonctions, toute partie de la manifestation n'existant pour l'homme que dans la mesure011 il la voit et l'identifie en la nommant. Souvenons-nous d' Adam, a la vue de qui son Créateurprésenta tous les etres afín qu'il les nomme (enhébreu, « dire » et « créer » sont des synonymes).Les sceptiques ricaneront en lisant ces lignes, peno.sant que personne n'est capable d'agir sur des élé-ments extérieurs par la vue (mis a part le phénomene de bon ou mauvais reil) ou le verbe. Noussommes entierement d'accord avec eux, pour unefois, mais en ce sens que ces fonctions ont été per .
dues au cours de la déchéance de l'homme, ce quil 'a amené ase fabriquer des outils et des machinespour les remplacer. Nous avons déja évoqué cesprotheses au chapitre IV, et n'y reviendrons pas icí.Ouant a l'odorat et a 'oule, ce sont des fonctionsparfaitement réceptrlces qui, de ce fait, se classentnaturellement dans la zone inactive. Nous n'avonspas la prétention d'épuiser ce sujet dans ces quelques lignes, et la question demanderait en fait d'importants développetnents qui n'ont pas, c'est regrettable, leur place dan s le présent ouvrage.
Reste la fonction gustative, placée au centre decette couche en raison de son caractere fondamen .
tal, qui n'apparait pas de prime abord, mais que
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86 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
met en évidence l' expérience de l' extinction dessens : i l est facile de remire un homme aveugle enlui bandant les yeux, muet a l'aide d'une poired'angoisse, anosmique en bouchant son nez, sourden obturant ses oreilles, mais il n' est pas possiblede lui enlever sa fonction gustative.
La quatrieme et derniere couche du plan inférieur (figure 13, D) rassemble les fonctions quimettent l'organisme en relation avec le milieu extérieur en ce qui conceme les matériaux absorbéset rejetés : les fonction.s Fou des Chinois. Si ron
conserve ici encore l'oblique théorique qui séparela figure en deux zones, on remarque que les sec-teurs de la zone inactive sont consacrés au rejet derésidus relativement solides dans le secteur droit ouse trouve le cólon (Ta Tch'ang), liquides dans lesecteur inférieur qui contient les voies de l'excrétion urinaire (P'ang Kwang). On trouvera une organisation comparable dans la zone active, ou la bile(Tan) du secteur gauche traite, dans le duodénum,un bol alimentaire relativement solide, alors que lesautres segments de l'intestin grele (Siao Tch'ang),classés dans le secteur supérieur, absorbent des matériaux plus liquéfiés (chyle), qui passent alors dansle sango Le tout est centré sur le proces digestif(Wei) en général, c'est-a-dire la fonction qui retientet traite ce qui est utilisable, tout en triant, aux finsd'évacuation, ce qui ne l'est paso Ainsi les axes croisés perpendiculaires des états et des variationsrépondent ici a des matériaux liquides pour l'axevertical, plus fermes pour l'axe horizontal, et l'onne pourra pas manquer de rapprocher ce schéma
LES PLANS INTERMÉDIAlRE ET INFÉRIEUR 87
de la symbolique des anciens Chinois (figure 8 ~ chapitre 111), qui attribuent des éléments solides al'axe horizontal (Bois et Métal), et des élémentssubtils a l'axe vertical (Feu et Eau).
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~
CHAPITRB VII
LA COLONNE CENTRALE
Les trois plans de la structure physiologique del'homme (figure 10) sont reliés entre eux par unecolonne verticale passant en leurs centres, et grace
a laquelle des échanges ont lieu entre ces troisniveaux. Un vieux schéma chinois va nous expliquer quelles s ~ n t les relations de cet axe centralavec le Ciel et le Sol, relations qui doivent nécessairement exister, vu la verticalité du systeme (fi-gure 14).
Ce dessin peut etre entendu sous deux aspectsfort différents : en tant que pictogramme, c'est-adire représentation figurative, c'est l'homme avecses membres supérieurs en haut, ses membres infé
rieurs en bas, et le niveau de la ceinture au milieu.Mais c'est aussi et surtout un idéogramme qui, audela de la reproduction plus ou moins fidele, sug-gere tout autre chose ; s'il s'agit toujours du memesujet, en l'occurrence I'homme, celui-ci est alorsdécrit selon un mode différent. C'est cette acception que nous allons retenir, car elle perfectionneles données de la figure 10. En effet, axés sur lacolonne centrale, les trois plans figurent toujours,
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90 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
mais avec une orientation précise : le plan supérieurs'ouvre vers le haut (Ciel), le plan inférieur vers lebas (Sol), pendant que le plan moyen reste horizon-tal, done en relation avec l'Homme, terme intermé-
diaire entre Ciel et Sol (remarquer que la croix
FIGURE 14 : L'homme orienté
centrale du schéma évoque le systeme des quatresecteurs entre Ciel et Sol). On aura noté, en outre,que le plan supérieur a une forme arrondie rappe-lant le cercle, alors que le plan inférieur comportedes angles, évoquant par la sa relation avec lecarré. C'est done faire clairement comprendre,sans qu'il soit besoin de torturer la graphie, que
LA COLONNE CENTRALE 91
l'intellect répond a la qualité et le corps a la quan-tité, la pensé e au temps et le soma (ensemble desfonctions corporelles) a l'espace.
Sachant que l'homme est en meme temps effec-
teur et récepteur, ajoutons au schéma, pour plusde compréhension encore, des fleches indiquant ledouble sens des relations possibles avec les troiscomposantes de son milieu (figure 15). On peutalors concevoir ce qui se passe dans la colonnecentrale de la structure, soit une circulation a dou-ble sens, de Ciel a Sol d'une part, de Sol a Cield'autre part, et ce double courant trouve un contactavec l'homme a hauteur du plan intermédiaire.Mais le symbolisme de l'attelage est formel quand i1précise que l'aurige commande au cheval, lequela son tour commande au char : c'est rappeler lahiérarchie de haut en bas, du Ciel effecteur au Sol
récepteur. Par conséquent, ce sens de haut en basapparait comme le sens normal, alors que les fle-
ches ascendantes indiquent un transfert d'influx duSol au Ciel évidemment anormal, car ce seraitalors soumettre le cheval au char, et livrer l'aurigeaux fantaisies de son cheval.
Le plan intellectuel r e ~ o i t done, dans des condi-tions normales, des influx du Ciel, lesquels devien-nent les idéogenes. Les grimoires protochinois sonttransparents a cet égard, quand ils mentionnentque « les idées sont pn don r e ~ u du Ciel », ce quisuffit a démontrer, qu'on le veuille ou non, qu'iln'est pas possible d'aborder logiquement les phéno-menes supérieurs de la physiologie, et par suitetous les autres qui en dépendent (tout l'attelage
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r
l .
92 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTA.LE
dépend de l'aurige), sans se référer d'abord a desnotions d'ordre métaphysique. Ciel puis Sol, telleest la elef d'une compréhension de l'homme total,
elef malheureusement perdue en Occident depuisle soi-disant Sieele des Lumieres, dont les projecteurs ne sont braqués qu'en direction du Sol.
Meme quand le plan intellectuel fonctionne parfaítement, i l reste en son centre des idéogenes inemployés qui, ne pouvant diffuser dans les secteurssaturés du plan, et eu égard a leur mobilité constitutive (le Ciel est essentiellement mobile, avonsnous précisé au chapitre 1), sont obligés d'en partir.Ne pouvant remonter au Ciel, puisque le sens normal est de haut et bas, ils vont descendre le long dela colonne centrale, pour se retrouver a l'étage
; immédiatement sous-jacent, celui du plan moyen,au centre duquel ils vont devenir les forces émotionnelles indifférenciées.
Dans la mesure ou elles restent inemployées,nous verrons plus tard dans quelles circonstances,et toujours en fonction de leur tendance a la mobilité, ces forces, qui se voient fermer les secteurs duplan émotionnel et ne peuvent normalement remonter au plan supérieur, sont obligées d'emprunter laseule voie disponible, celle qui les conduit au centredu plan corporel, a partir duquel elles vont animerle soma.
On ne peut manquer de penser, en suivant cetransfert de haut en bas, au principe de dégradation de l'énergie et, de faít, i l Y a la un processusqui, s'il n' est pas identique puisque les influx. donti l est ici question ne sont en aucune f a ~ o n mesu-
LA. COLONNE CENTRALE 93
rabIes, est du moins comparable, si l'on considerela dégradation comme un passage progressif dela qualité a la quantité, du noble au vulgaire.
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FIGURE 15 : L'homme dans son milieu
L'analogie permet de mieux. comprendre maintenant les étapes de la chute de l'homme, que nousavons précédemment rappelée (chapitre IV). Apresson contact avec le Ciel, qui correspond donc a uneouverture maximale <lu plan· supérieur, Adam s'estvu chassé de l'Eden et a commencé alors, non pasune hypothétique évolution, maís bien au contraireson involution. S'éloigner du Ciel c'est se rapprocher du Sol, et l'homme, d'abord métaphysique;
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94 MtDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
est devenu peu apeu sentimental (les religions sontdevenues de simples morales), pour finir au point leplus bas, le plus éloigné du Ciel, dans la matiereet la quantité, unique fondement du scientisme mo
derne. Au cours de cette chute, les pouvoirs qu'ilpossédait se sont peu a peu atténués, pour finalement disparaitre et etre remplacés par les prothesesque réalise la technique actuelle.
Bien qu'il en soit arrivé a ce point, l'hommepossede, c'est indéniable, des fonctions intellectuelles mais, par le faít meme qu'il n'a presque plusde contact avec le Ciel, i l est obligé de se fabriquerles idéogenes dont il a besoin en prélevant dans la
quantité (Sol) des forces qu'il fait remonter jus
qu'au centre de son plan supérieur. Cette voie estpossible, nous l'avons vu plus haut, mais nous savons aussi qu'elle est anormale, car prétendre aboutir a a qualité en partant de la quantité équivaut Aaffirmer que c'est le Sol qui a formé et entretientle Cie} : aproprement parler, c'est une subversion,qui aboutít aun pseudo-intellect que certains n'ontdes lors plus aucune peine a précipiter dans unecontre-illumination, grotesque parodie du phénomene d'hyperconscience.
De meme, et par simple application de l'analogie, tout individu reproduit, au cours de sa vie, lememe processus de chute: tendant vers le Ciel danssa jeunesse (et s'il ne le trouve pas, il cherchera un« idéal » dans ce qu'il croit etre du meme ordre),il aura plus tard « les pieds sur terre », pour reprendre une expression courante, mais plus explicitequ'on ne l'imaginerait de prime abordo
LA COLONNE CENTRALE 9S
Inséré dans le processus de transfert des influxentre les plans supérieur intellectuel et inférieursomatique, le plan intermédiaire, émotionnel, affee
tif, humain, ne doit, c'est l'évidence meme, intervenir d'aucune maniere dans ces déplacements aulong de la colonne centrale, autrement que commetransmetteur parfaitement neutre. Lorsque l'aurigecommande tel mouvement ason eheval, son intervention vise uniquement le déplaeement du ehar,et non le cheval en lui-meme. Celui-ci, en d'autrestermes, doit immédiatement transmettre au ehar,graee ason harnais, les impulsions que lui donnel'aurige par l'intermédiaire des renes, en restant
finalement tel qu'il était auparavant, dans la mesureou il applique intégralement au char les ordres del'aurige qu'il aura décodés.
Sous cette image symbolique, il faut comprendreque le plan émotionnel doit toujours rester dansun état aussi neutre que possible, dans le sens ou \ i
tout ce qui est r ~ u doit etre immédiatement et inté- \gralement envoyé ailleurs. Encore est-il nécessairede préciser ce qu'est cet « ailleurs », ear l'imagede l'attelage, aussi limpide soit-elle, ne saurait ren-
dre exaetement compte de tout le processus, pasplus que la mesure, prise dan s le mode quantitatif,ne peut prétendre, quoi qu'en pensent les physiciens, représenter exactement la notion de temps.
Done, le cheval ' r e ~ o i t sans eesse des eommandements, qu'il doit transformer en impulsions aappliquer au charo S'il tient parfaitement ce role,et bien qu'il soit perpétuellement aetif, tout se
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96 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
passe, au bout du compte, comme s'il n'existait pas,ayant dépensé, apres transformation, tout ce qu'ila r e ~ u . C'est par la, et seulement par la, que laquestion de la sérénité peut etre abordée, laquelIe,on va le voir, a un coté assez surprenant pour quiest habitué a concevoir le sage comme un personnage irnmobile, au visage hermétique, parfois agrémenté d'un léger sourire considéré conune « intérieur ».
Reprenons la physiologie du plan émotionnel :celle-ci dépend d'abord, on l'a vu, de la présencede forces émotionnelles indifférenciées en son centre et, étant donné ce qui précede, moins il y aurade ces forces, moins le plan risque d'etre perturbé.Pour les raréfier, il suffit d'employer le plus d'idéogenes possible au plan supérieur, c'est-a-dire defaire « fonctionner » celui-ci au maximum.
Ensuite, sachant que, de toute maniere, des idéogenes vont descendre, si peu soient-ils, il faut entenir compte en controlant son comportement af-
fectü. Compte tenu du fait que ces quelques forcesémotionnelles indifférenciées ont toujours tendancea la diffusion, on n'accélérera pas ce mouvementpar la recherche de contact avec autrui. Voila ungrave probleme posé, car toutes les religions, dansleur état actuel de morales, pronent l'amour duprochain. Certes, il est bien loin de nos intentionsde rejeter cette prescription, mais nous insisteronssur le précipice qu'il y a entre celui qui part intentionnellement a la recherche de l'autre, qui mobilisedone dangereusement ses forces émotionnelIes indifférenciées, et celui qui sans jamais rien proposer,
LA COLONNE CENTRALE 97
sans chercher personne, accueille toujours volontiers qui a besoin de Iui. Sous cette derniere condition, le sujet reste en contact avec tout autre, s a n ~ pour autant donner d'impulsions a son centre émotionnel.
Des que le contact est établi, les forces émotionnelIes indifférenciées passent dans les secteurs appropriés et s'y différencient. Si elles n' ont pas depropulsion préalabIe, le phénomene est bénin, bienque n'en existant pas moins. Or, ces charges, maintenant différenciées, ne peuvent rester dans le planqui, en vertu de la définition donnée p]us haut, doitconserver une parfaite neutralité. Des lors, plusieurs voies d'évacuation sont possibles : ou bienelles reviennent au centre du plan mais, différenciées qu'elles sont, celui-ci est dans l'impossibilitéde les conserver, et va les renvoyer vers le hautou vers le bas ; ou bien elles sont rejetées a l' extérieur.
Dans le cas de renvoi au plan inférieur, on risquede provoquer des troubles d'ordre psycho-somatique. Sachant que toute charge polarisée issued'un plan donné reprend la meme polarisation(c'est-a-dire s'installe dans le meme secteur) desson arrivée a l'autre plan, on comprend pourquoiune mauvaise humeur permanente (secteur gauchedu plan moyen), par exemple, peut etre a l'originede troubIes hépato-biliaires (secteur gauche du planinférieur, couches A et D). Mais ce genre de casn'est fina]ement guere grave. puisque c'est le sensnormal de haut et bas qui a été emprunté, et il suffira de traiter la vraie cause, d' ordre affectif, pour
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LA COLONNE CENTRALE 99
guérir le malade. Autrement sérieux sont les troubIes psyeho-intelleetuels résultant du renvoi deseharges émotionnelles au plan supérieur, paree quele sens est ici aseendant, done anormal. Pour rester
dans le meme exemple, notre irrité permanent peutalors présenter des perturbations de la mémoire(seeteur gauehe du plan supérieur), des intuitionsaberrantes et, par la suite, etre le siege d'une psy-ehose.
Le rejet de ces eharges a l'extérieur reste donela seule voie logique possible et, par eonséquent,la véritable sérénité, premiere eondition de santéet d'équilibre, n'est pas l'indifférenee, laquelle nefait qu'aeeumuler les eharges re<;ues sans les ren
voyer, sans les exprimer, en quelque sorte en les« avalant », e'est-a-dire en les renvoyant au centredu plan moyen, d' ou elles sont refoulées ver s lebas ou le haut pour y décleneher tót ou tard desphénomenes pathologiques. La sérénité, selon laTradition, résulte de l' expression, done du renvoia l'extérieur, des sentiments éprouvés, et eeei desleur apparition. Le soi-disant sage décrit plus haut,tout serein qu'il apparaisse, n'est finalement qu'unrefoulé ear, il y a deux mille cinq eents ans, Lao
Tzeu éerivait :
« Quand on est bon, je suis bon ;Quand on est mauvais, je suis mauvais. »
C'est dans ces eonditions, et uniquement dansces eonditions, que le eheval reste parfaitement do-eile et obéissant, paree que sa neutralité résultede l'absenee, a son niveau, de toute eharge parasite.
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100 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
L'ensemble des trois plans axés sur la colonnecentrale n'est pas strictement vertical, du moinsau cours de la vie, et son inclinaison varie selonl'age de l'individu (figure 16). A la naissance, la
structure est horizontale (le nourrisson ne peut pasprendre la position verticale), et c' est en grandissant que renfant verra l'ensemble se dresser peuapeu, la hiérarchie des plans fonctionnels s'établir.A l'age adulte, l'obliquité du systeme est telle que,si on le considere comme étant de profil sur la
figure, avec les secteurs gauches en arriere et lessecteurs droits en avant, le plan supérieur tend aucontact avec le Ciel par le centre du conscient(point d'illumination de la figure 11), pendant quele plan inférieur touche le Sol par le milieu de sonsecteur inférieur et, pour etre encore plus précis,par le centre du secteur inférieur de la demíerecouche du plan (figure 13, couche D). C'est peutetre Ul que réside l'explication du sens du plusextreme mépris donné a l'acte de compisser, dumoins pour ceux chez qui domine la tendance sé-dentaire car, pour le noma de, dont nous savons lecomportement parfaitement inverse, le mépris s'exprime par le haut, en crachant.
La mort est l'arrivée de l'ensemble a a parfaiteverticalité mais, de ce fait meme, la structure perdsa colonne centrale et livre les plans ainsi dissociésa eurs tropismes analogiques respectifs. C'est ainsique, pour toutes les religions, ce qui regardait leCiel va au Ciel (tous « moteurs » arretés, ce quifait que seul persiste le point de l'hyperconscient),
LA COLONNE CENTRALE 101
et ce qui regardait le Sol retoume au sein de celuicí. Reste le plan intermédiaire, un cheval sanschar a tirer, sans aurige pour le diriger, et qui nesait plus que faire. Périssable par son coté Sol, i lpersiste cependant un certain temps apres la mortphysique, en raison de sa face qui était toumée versle Ciel, et des force s émotionnelles indifférenciéesque son centre contient encore. Toutes les soustraditions connaissent bien ces « forces subtiles :.parfaitement disponibles, que certains peuvent mo-biliser et utiliser, qu'il s'agisse des sorciers, quisavent exactement aquoi ils s'adressent, ou des spirites, qui les considerent naivement comme des« esprits », des revenants qui se comportent de la
meme maniere que des vivants, ce qui est une pureimpossibilité. En effet, procédons aune expériencetres simple : imprimant la marque de nos piedssur le sable, allons ensuite nous promener et revenons au point de départ en repla<;ant les pieds dansces marques. Nous nous sommes déplacés dans respace, et avons toujours la possibilité de revenir la
ou nous étions précédemment, pour la simple raisonque tout coexiste dans l'espace. Mais i l s'est passéautre chose pendant notre promenade : le tempss'est écoulé, et il nous est impossible de revenir demaniere similaire au mament du départ. Autre différence entre temps et espace, qui fait qu'on ne peutplus se retrouver a.une époque dans laquelle nousavons antérieurement été. J amais aucun adulte n'a
pu retrouver toutes les conditions de ses dix ans,par exemple, et par conséquent, et analogiquement,le seu! fait que nous soyons actuellement dans cer-
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102 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
taines conditions d'existence (l'espace-temps)prouve que nous n'y fumes jamais antérieurement,et que nous n'y serons jamais plus, ce qui élimineradicalement toute notion de réincarnation Ul ne
pas confondre avec ce que les sous-traditions appellent métempsycose et transmigration, phénomenesappartenant a certaines catégories de mémoires).Cela n'exclut nullement, au sens métaphysique, la
permanence de l'etre qui, selon la loi des cycles,persiste au contraire, grace au centre de son plansupérieur, qualitatif, donc doué d'une durée illimitée que ne pos sede aucunement la quantité, maischarige en quelque sorte d'orbite, c'est-a-dire deconditions d'existence, chaque fois qu'il termine un
cycle pour en commencer un suivant.Donc, si les fantómes ne sont certainement pas
des « morts qui reviennent », ils n'en existent pasmoins pour autant : ce sont, nous l'avons dit, desrésidus sans individualité aucune, des chevaux anonymes sans aurige, disponibles parce que sans char,et qui sont prets a obéir a n'importe quel ordre, quecelui-ci soit conscient, comme c'est le cas chez lessorciers, ou inconscient, quand le spirite désire voirle spectre de tel ou tel, et lui indique sans en avoir
la moindre conscience le comportement qu'il veutqu'il ait. Mais le spiritisme est encore une créationdu siecle dernier, dont le matérialisme effréné s'estprolongé jusque dans la « matérialisation » desmorts ! 11 est bien connu que, lorsqu'un lieu esthanté, il y a toujours un cadavre enterré clandestinement dans les environs, et qu'il suffit alors que lerite funéraire soit accompli pour que les phénome-
LA COLONNE CENTRALE 103
nes de hantise cessent immédiatement et définitivemento Le rite a donc pour but, entre autres, d'envoyer le cheval rejoindre sa place aupres du char,pour s'y dissoudre avec luí.
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CHAPITRE VIII
LA MALADIE
Toute maladie est un incident survenant dansl'organisation physiologique telle qu'elle est définie dans les chapitres qui précedent. Cette anomalie peut intéresser, soit une partie de la structure,soit au contraire tel ou tel rythme, ce qui permetdes l'abord de distinguer deux modes pathologiques·différents, qui sont liés a a quantité ou a la qua- f
lité. On ne pourra pas, lors de brtilures d'estomac,affirmer qu'il s'agit de la meme maladie chez univrogne qui boit plusieurs litres de vin par jour, etagresse ainsi sa muqueuse gastrique, et chez unsobre notoire chargé de soucis. Bien que le symp-tOme soit apparemment le meine, cliniquement d ~ fini par une augmentation de la sécrétion d'acidechIorhydrique par la muqueuse de l'estomac, i1est clair que son mode est radicalement différentd'un cas a 'autre, quantitatif dans le premier, qualitatif dans le second.
De meme que le Ciel est a 'origine des phénomenes qui s'observent au niveau du Sol, de memeque le rythme engendre en quelque sorte l'architecture et que, par conséquent, toute perturbation
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106 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
de rythme détermine une perturbation structurale,un symptóme fonctionnel qualitatif négligé finiratoujours par provoquer des troubles lésionnelssecondaires, de mode quantitatif. Le cas inverse
est également possible, quoique de sens anormal(c'est-a-dire de quantité a qualité, de Sol a Ciel), asavoir l'apparition secondaire de perturbations qualitatives a partir de symptómes quantitatifs, maisl'anomalie du sens de transmission de bas en haut(envisagée ici, non au sein de la structure physiologique, mais sur le plan doctrinal des seuls rapports entre qualité et quantité) frappe un tel cas d'un pronostic beaucoup plus défavorable que précédemment.
Outre cette premie re définition, et quel que soitle mode, qualitatif ou quantitatif, d'une expressionsymptomatique, il faut distinguer les maladies endogenes des maladies exogenes. Une maladie endogene, c'est-a-dire une maladie qui a son origine« a l'intérieur », est toujours de nature dégénérative, en ce sens qu'elle est la conséquence de la
traditionnelle chute de l'homme, du vieillissementde l'humanité. Pour ne prendre qu'un seul exemple,certaines atteintes articulaires, communément ap
pelées rhumatisrries, et qui évoluent vers l'ankylose(immobilisation de l'articulation par une véritablesoudure), considérées comme banales chez le vieillard il n'y a que quelques dizaines d'années, s'observent de plus en plus, a l'heure actuelle, chez dessujets de moins de quarante ans. C'est ici que le
rhrimatologue protestera que l'arthrose du vieillardest un phénomene apres tout naturel dans le cadre
LA MALADIE 107
de la sclérose inéluctable, du dUl'cissement progressif des tissus avec l'age, alors que le rhumatisme inflammatoire des plus jeunes résulte d'une authentique auto-agression de l'organisme, lequel fabrique
a cet effet une substance spéciale et anormale (protéine C réactive). Mais alors, vu la fréquence deplus en plus grande de ces cas désolants, ne doit-onjustement pas y voir le signe de la dégénérescence,de la ten dance au vieillissement avant l'age, et leterme meme d'auto-agression n'est-il pas suffisamment révélateur a cet égard? Car, dans tous lescas, aussi bien chez le vieillard que chez le plusjeune, la conclusion est identique : l'immobilisationpar ankylose.
De meme, et parallelement pourrait-on dire, i lest aisé de constater que nos jeunes contemporainsn'ont plus du tout le meme comportement que ceuxdes précédentes générations, dans la mesure ou ilsprétendent vouloir traiter et résoudre des problemesqui, sans chercher ici s'il s'agit d'une prétentioninjustifiée ou d'une faillite des adultes, étaient jusqu'ici ceux de leurs peres. Tout cela converge pourmontrer que l'homme vieillit de plus en plus vite,de plus en plus jeune.
C'est dans ce contexte qu'apparait la notion deterrain, dont l'Occident tire quelque fierté en prétendant etre l'auteur de sa découverte. En réalité,c'est délibérément ignorer les d ,nnées traditionnelles selon lesquelles toute maladie résulte toujoursd'un déséquilibre dans la superposition de deux facteurs distincts, l'un intrinseque a l'individu, le ter-
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108 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
rain, [,hate (Tchou), l'autre extrinseque, constituéde tous les éléments du milieu qui pénetrent dans la
structure du sujet, qui sont l'agent exogene, l'invité(K'o).
Avant d'aborder l'étude du phénomene de la rencontre de l'hóte et de l'invité, pour garder la terminologie traditionnelle, il faut bien se persuaderqu'une maladie n'apparait jamais par hasard. Toutévénement, quel qu'il soit, procede obligatoirementd'une cause, et faire état du hasard n'est en fin decompte que signer notre ignorance de certaines étiologies. Si telle affection apparait chez tel sujet, teljour a elle heure et sous telles conditions, tout celaest nécessairement lié par un processus causal qu'il
n'est pas possible, pour un esprit qui se veut logique, d'éluder en invoquant le hasard, ce qui seraitune véritable démission. C'est d'ailleurs l'une desraisons pour lesquelles la théorie (qui n'est quethéorie) de l'évolution est purement et simplementa ejeter sans autre forme de proces, dans la mesureou elle prétend nalvement que l'apparition de la viesur terre et les transformations des etres ont eu lieue par hasard » (chapitre IV). C'est aussi pourquoil'athéisme ne saurait etre valablement soutenu, car
tout phénomene ayant sa cause propre, sans laquelle i l ne pourrait réellement etre, et étant parailleurs cause d'un autre, il faut bien finir par remonter a une cause premiere, un Principe créateur(Tao), ne serait-ce qu'en restant dans les limitesd'une rigoureuse logique, et sans aucunement faireappel a des arguments d'ordre métaphysique, oumeme religieux.
LA MALADIE 109
La structure physiologique de l'homme telle quenous la connaissons maintenant, c'est-a-dire en partie dégradée, r e ~ o i t donc, de la part du reste de lamanifestation et en tant qu'hóte, un certain nombre
d'apports, les invités, qui tous lui sont normalementnécessaires pour qu'il puisse se maintenir dansladite manifestation. La figure 17 montre l'essentielde ces apports, ainsi que des modulations qui, dansun certain sens, peuvent etre également considéréescomme des invités, surajoutés mais protocolairement obligatoires.
APPORTS
couleurs
odeurset sons
aliments
CIEL MODULATIONS
I .. , age
{
saison
sens dedéplacement
FIGURE i 7 : L'hóte et les invités
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110 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Nous discuterons d'abord des apports subtilsissus des sources que représentent symboliquementle Ciel et le Sol. Nous savons déja que la structures'ouvre normalement vers le Ciel, ou elle trouve
l'agent primordial de sa physiologie, l'idéogene.Cette ouverture résulte d'une fonction particulierequi appartient au centre meme du plan supérieur,et qu'on peut concevoir comme la spiritualité entant que fonction normalement intégrée a la physiologie normale. 11 ne s'agit nullement ici d'évoquerla pratique assidue de telle ou telle religion, car toutes les religions ont été soumises elles aussi, en tantqu'activité humaine, a la chute générale, qui leur afait quitter le plan de I'hyperconscience ou elles
avaient leur place justifiée et nécessaire (recherchede l'illumination), pour descendre au plan sousjacent de l'affectivité, ou elles sont devenues morales, regles régissant les rapports émotionnels deshommes entre eux. Certaines, meme, abandonnantce plan encore trop élevé pour elles, ont plongédans les strates les plus inférieures, les plus quantitatives, pour intervenir dans des contingences d'ordre matériel, et perdre par la meme occasion l'autorité dont elles gardaient encore quelques traces
jusque-la.Ce dont nous voulons plus précisément parler, ce
n'est pas de cette teinte a peine visible de vaguecroyance qu'apportent actuellement les moralesreligieuses, mais bien de la notion parfaitementexacte de la Cause Premiere, laquelle n'est ni bonneni mauvaise, car ce serait attribuer des sentimentscontingents a ce qui est en dehors de la manifesta-
LA MALADIE 111
tion, en dehors de toute notion d'espace-temps, maistout simplement EST, au sens que les Hébreux ontdonné au Tétragramme iod-hé-waw-hé, ou les Protochinois a T'ai Yi, le Un Supreme. Des lors i lsuffit, pour que l'effectué r e ~ o i v e les idéogenes deI'Effecteur, qu'il prenne conscience que quelquechose lui vient d'en haut, dans le cadre d'une permanente création, car, sans cette permanence, il estévident que tout cesserait immédiatement d'exister.
Mais il faut aussi, et d'autre part, recevoir lesinflux du Sol, et ce n'est pas une moindre erreur quede croire qu'il suffise de renoncer au Sol (quantité)pour trouver le contact avec le Ciel (qualité) : de
quoi pourrait servir l'aurige si ron supprime lechar ? La Tradition, qui apporte a tout problemela solution du juste milieu (Tchong), nous apprendque si le plan qualitatif de I'homme (intellect) estalimenté par le Ciel, son plan quantitatif (soma)
est nourri apartir du Sol. Donc, si la transmissiondes influx de bas en haut est bien anormale quandil s'agit de passer d'un plan physiologique a unautre, les apports issus du Sol doivent etre considérés comme normaux lorsqu'ils parviennent au
corps, a a stricte condition qu'ils ne « remontent »pas plus haut. Quant a ce qui, au plan inférieur,provient d'en haut, c'est tout simplement la qualitéqui vient donner vie a a quantité.
Outre ces apports subtils que la figure 17 montreverticaux, puisque ce sont eux qui déterminent la
verticalité de l'hornme du point de vue métaphysique, d'autres, en quelque sorte latéraux, viennent
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112 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
s'ajouter de la part du milieu lui-meme, pour étayerquantitativement, en toute relativité comme nousallons le voir, la structure physiologique, et complóter ce qu'on pourrait appeler l'énergie vitale (Tch'i).
N otre figure montre que ces différents agents sonthiérarchisés selon leur proportion qualité-quantité,les couleurs étant plus qualitatives que quantitatives, les aliments plus quantitatifs que qualitatifs, lessons, autant qualitatifs par la fréquence que quantitatifs par l'intensité, prenant naturellement uneposition intermédiaire, ainsi que les odeurs. En
appliquant l'analogie, ces agents extérieurs vontapparaitre comme en résonance sur tel ou tel plande la structure, les couleurs alIant électivement a
l'intellect, les odeurs et les sons a l'émotivité (certains airs rendent gai, d'autres font pleurer), el,tout naturellement, les aliments s'adressant aucorps.
Le phénomene que représente la rencontre del'hote et de l'invité est soumis a certaines variationsqui dépendent principalement de la saison enCOilrs, de l'áge du sujet, et du sens de déplacementlorsqu' on voyage, pour ne citer que les facteurs lesplus importants, car i l y en a quantité d'autres.
Ces influences sont, nonobstant les apparences,d'une extreme importance dans l'origine de beaucoup de maladies, et méritent pour cela quelquesexplications supplémentaires.
Vis-a-vis des invités, les différents plans de l'hotesont plus ou moins réceptifs selon la saison, en cesens que les secteurs sont plus ou moins e ouverts:t.Par exemple, les secteurs gauches de chacun des
LA MALADIE 113
plans sont « accordés » au printemps, cependantque les secteurs droits, diamétralement opposés,subissent au contraire une sorte d'éclipse. L'Occident a constaté, sans d'ailleurs en tirer de conclu
sions utiles, que le creur (secteur supérieur du planinférieur, couche A) bat plus vite en été (secteursupérieur de l'année) qu'en hiver (secteur infé-rieur). Ce n'est que no ter un détail dans tout un
ensemble de phénomenes parfaitement coordonnés et, nous en convenons tres volontiers, i l estbien difficile de prouver, par exemple, que la mémoire (secteur gauche du plan supérieur) est plusactive au printemps qu'en automne. Seule l'analogiepermet d'avoir une vue générale de ces variations
saisonnieres de la physiologie, que quelques détailsd'observation permettent de vérifier, alors qu'ilsn'ont absolument aucune valeur en dehors de rensemble doctrinal.
Un autre facteur de variation est l'áge du sujet,et ceci de deux points de vue différents. Toutd'abord, on sait que les fonctions intellectuellessont plus « souples » au cours de l'enfance et del'adolescence, qu'elles « durcissent » avec la maturité, en meme temps que se développe la réceptivité émotionnelle, et que ce sont surtout les tropismes d'ordre matériel qui animent le vieillard, chezqui les plans intellectuel (surtout)et émotionnel perdent peu a peu leur ~ c t i v i t é . Nous l'avons déja dit, i len est de l'individu comme de l'humanité, dans lecadre de l'inévitable déchéance.
D'autre part, l'activité des secteurs de chaqueplan, toutes choses égales par ailleurs, et compte
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114 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
r tenu de ce qui précede, dépend aussi de l'age, lessecteurs gauches étant en résonance entre la naissance et vingt ans, les secteurs supérieurs entre
, vingt et quarante ans, les secteurs droits entre quarante et soixante ans, et les secteurs inférieurs de
\ soixante ans a a mort.~ Enfin, dans ce contexte général, et toujours en sefondant sur l'analogie, un déplacement dan s unedirection donnée va faire entrer tous les secteurscorrespondants en résonance. Nous avons en mé-
moire le cas d'un excellent ami résidant dans leNord de la France et qui, pour se reposer a a suited'un accident cardiaque (secteur supérieur), décida,nonobstant notre mise en garde, de prendre ses vacances d'été (secteur supérieur) en Espagne (doneau sud de son lieu de résidence, encore le secteursupérieur). 11 y décéda a a suite d'une rechute survenue des son arrivée, et qui, vu les analogies accumulées, était facilement prévisible.
Ainsi la maladie se déc1are-t-elle, non par hasard,mais bien a la suite de phénomenes analogiquesde résonance se produisant dans le cadre des différents points de contact entre les invités et l'hóte.
C'est dans la relation de l'homme avec le Ciel et leSol, c' est dans les saisons, dans les couleurs, dansles odeurs, dan s les auditions musicales, dans l'alimentation, dans les déplacements, dans l'age, ettout cela en fonction d'une structure réceptrice bienloin d'etre parfaite, qu' on doit chercher et trouverles causes des maladies. Encore faut-il, devant un
symptóme donné, savoir s'il est prlmitif ou secondaire, car nous savons qu'une perturbation peut
LA. MALADIE l1S
passer d'un plan aun autre, soit dans le sens normaldescendant, soit dan s le sens anormal ascendant.L'examen du malade doit, tant qualitativement quequantitativement, tenir compte de toutes ces données, dont la discussion débouchera sur un diagnostic de grande précision, seule base possible d'untraitement véritablement spécifique.
11 peut etre intéressant, dans le cadre ainsi tracé,de confronter les démarches de la médecine occidentale moderne acelles de la médecine traditionnelle. L'Occident sait-il déceler les maladies qualitatives ? A premiere vue, la réponse est négative,car la science ne reconnait que ce qu'elle peut appréhender par la mesure, et laisse ainsi échapperles manifestations qualitatives, qui sont pourtantessentielles. Or, la médecine moderne, qui reniel'art pour se tourner vers la science (ou soi-disanttelle), ne semble pas con es ter malgré cette prisede position dont elle fait sa fierté, l'existence de ladouleur, bien que celle-ci refuse de se laisser mesurer par un moyen quelconque ; elle décrit, par lavoix de ses spécialistes en la matiere, des maladiespsycho-mentales, sans cependant pouvoir de quelque fa90n les objectiver sur ses cadrans. Biensur, c'est ici que les psychologues vont énergiquement protester, en brandissant la psychométrieet l'électro-encéphalogramme, sans s'etre renducompte, toutefois, que ces méthodes de laboratoirene font qu'enregistrer, non le phénomene lui-meme,ce qui est impossible vu son caractere qualitatif,mais seulement certaines concomitances ou consé-
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116 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
quences quantitatives, qui n'ont d'aucune f a ~ o n unequelconque proportionnalité (qualité et quantité nesont pas du meme mode et ne sauraient trouver depoint de comparaison, pas plus que la confronta
tion du mat du bateau avec le nombre des membresde l'équipage ne débouche sur une indication quelconque en ce qui conceme l'age du capitaine,comme il a été dit au chapitre 1), aucune proportionnalité, disions-nous, vis-a-vis du phénomenecausal qui, seul, est a considérer, car i l arrive biensouvent qu'il ne s'accompagne pas de ces épiphénomenes, et par conséquent échappe au diagnosticoCombien de convulsifs, par exemple, ont un tracéélectro-encéphalographique normal! (Dans une au
tre spécialité, on sait I'infime proportion d'infarctusmyocardiques donnant des signes avant-coureurs al'électrocardiographie. Les cardiologues eux-memescitent des cas d'infarctus survenus chez des clientsqui sortaient de leur cabinet avec, dans leur poche,un électrocardiogramme parfaitement normal.)
Malgré cette regrettable décision qu'elIe a prisede s'orienter vers la science et par conséquent l'observation strictement quantitative, signe évident dela tendance générale actueIle, et justement en raison de I'inefficacité qui en découle vis-a-vis du phénomene pathologique, la médecine occidentale estfinalement restée empirique, et le fait de changercette dénomination au profit d'une médecine « expérimentale » n'y change rien, car c'est revenirexactement au meme. Qui pourrait expliquer comment agit un simple comprimé d'aspirine, et, par
voie de conséquence, pourquoi on le prescrit dans
LA MALADIE 117
certaines douleurs, en dehors de I'empirisme, c'est-adire de l'expérience ? Ceci nous amene, pour biensituer la question, a rappeler sommairement l'histoire des médecines, lesquelles sont toutes passées
par trois étapes bien distinctes.D'abord, la médecine fut proprement tradition
neBe, parce que fondée sur une doctrine préexis-tan te, celle des cycIes et des structures. Passée dansles sous-traditions par la suite, elle conservera sonprincipal caractere, qui est au fond sa définition, asavoir que ses actes diagnostiques et thérapeutiquessont justifiés par la doctrine préalablement élaborée.
Puis vint la seconde étape, au cours de laquellela doctrine s ' e f f a ~ a peu apeu (éloignement du Cie1)pour finalement se perdre, et les actes, se continuant par simple routine, ne furent plus des lorsjustifiés que par eux-memes, sur des argumentsd'ordre statistique. Ainsi, tel acte s'applique a te!symptome, dans la mesure ou i1 I'efface dans uneacceptable proportion de cas : de traditionnelle, lamédecine devint empirique.
La troisieme et demiere période vit, partant deI'observation des résultats de la médecine empirique, I'élaboration d'hypotheses explicatives, lesquelles sont d'ailleurs toujours révisées, voire meme souvent abandonnées au profit d'autres plus nouvelles,mais qui n'en subir,pnt pas moins le meme sort totou tardo Dans cette période « scientifique », la médecine cherche par la a justifier ses actes par desthéories établies postérieurement aeux, ce qui estexactement I'inverse de la démarche traditionnelle.
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118 MtDECINE CHINOISE, MtDECINE TOTALE
Mais, en notre époque de subversion, nous sommeshabitués a voir un aveugle tatonnant mettre la
charrue devant les breufs ! Démunie des moyenstraditionnels, la médecine en est maintenant réduite
a tenir a jour un immense catalogue de symptomesde plus en plus cemés, en regard desquels se remplacent périodiquement les sanctions thérapeutiques, ce qui, a un moment donné, revient a donner le meme remede a Pierre et a Paul, sous prétexte que tous deux ont mal a la tete. Mais a-t-on tenu compte du fait que Pierre est manreuvreet Paul ingénieur? .En aurait-on d' ailleurs tenucompte que la prescription serait restée exactementla meme, alors pourquoi s'embarrasser de ces dé-
tails, que l'on considere comme tres accessoires enregard du symptome « majeur », le mal de tete?
Que le lecteur ne voie surtout pas ici une quelconque allusion d'ordre social, mais un contexte d'activités non comparables, Pierre travaillant avec sesbras et Paul avec son cerveau, qui devrait orienterle diagnostic dans un sens différentiel, pour aboutirades traitements radicalement différents.
Meme en Chine, aux origines de laquelle nousavons trouvé la Tradition, des techniques commel'acupuncture sont devenues empiriques, puis« scientifiques » et, a l'heure actuelle, si l'on y mentionne encore parfois le systeme des cinq éléments(figure 8) dans certaines écoles et quelques rarestraités, ce n'est qu'a titre épisodique, disons memefolklorique, car personne n'en tire plus aucune conclusion d'ordre pratique. D'ailleurs, nous reproduisons en figure 18 la f a ~ o n , pour le moins étonnante,
LA MALADIE 119
FIGURE 18:
présentations modernes des éléments chinois
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120 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
dont est représenté maintenant le schéma tradition-nel des cinq éléments dans les livres modemes de
médecine, ce qui montre assez, par comparaisona la figure 8, la mesure dans laquelle on le com-prendo Nous estimons parfaitement inutile d'insis-ter davantage sur ce point.
CHAPITRE IX
LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE
Du point de vue traditionnel, i l est deux f a ~ o n s d'observer un phénomene, et par conséquent deuxmanieres, pour le médecin, de considérer un symp-tOme: celle de l'aigle et celle de.la tortue. Prenons,
afin de bien saisir cette importante notion, l'exem-pIe de l'exploration de la surface d'une table : latortue s'y déplace dans une direction quelconque etrencontre un vase. Elle en prend note, reprend sonchemm, toujours sans direction précise, bu e dansun cendrier, et continue ainsi, établissant peu apeule répertoire des objets qu' elle rencontre successi-
vement, mais sans etre sUte, vu qu'elle ne connaltpas, a 'origine, les dimensions de la table, que soncatalogue sera completo
L'aigle, au contraire, s'éleve d'abord pour sur-voler la table et, apres une vue d'ensemble, qui luidonne, en meme temps que les limites de cette table,un aper9u du nomb¡e, de la nature et des rapportsdes objets qu'elle supporte, pourra ensuite plongersur l'un de ces objets pour l'étudier plus en détail.
On aura sans peine reconnu, sous ces animauxsymboliques, les démarches opposées de l'analyse et ~
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122 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
de la synthese, ainsi que le processus qui, partantde l'une, permet de passer a 'autre. Etablie apartir
[
d'une série, forcément limitée, d'analyses séparées,la synthese est incomplete et doit toujours etre re .
maniée en fonction des nouvelles découvertes de la
\tortue; alors que l'analyse succédant a une synthese
¡ préalable, selon le procédé de l'aigle, sera défini; tive, puisqu'elle tient compte de tout l'ensemble.
Abstraire d'emblée, et analytiquement, un organe ou une fonction de l'ensemble de l'organismepour l'étudier comme s'il s'agissait d'un élémentisolé et indépendant, aboutit aux spécialités médi .
cales, et la conséquence en est que le malade doitbien souvent passer d'un spécialiste a l'autre, en
consulter parfois une importante série avant d'obtenir un diagnostico Mais, a l'instar de la tortue, est .
i l bien sur d'avoir épuisé toutes les spécialités?Et son diagnostic ne se rapporte-t-il pas a une af-fection secondaire dont la cause réelle reste encorea rouver?
Pour la médecine traditionnelle, une telle méthode de découpage en spécialités est parfaitementinconcevable car, suivant la méthode synthétiquede l'aigle, elle a choisi d'étudier logiquement le ma·
lade, non seulement dans son entier, tenant comptede tous ses plans, aussi bien qualitatifs que quantitatifs, mais en élargissant encore son champ de vision, prenant en quelque sorte plus d'altitude, poursituer le sujet dans son milieu, dans tous ses rap-
( ports avec la manifestation, apercevoir en somme·--ú \ l'homme total.
L'énorme avantage du médecin formé a l'école
LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE 123
de la Tradition est qu'il a les moyens de prévoircertaines maladies avant leur apparition propre-'"'-" ",,-----"
ment clinique. Il ne s'agit aucunement ici de plaisanterie, bien au contraire, mais 1'0ccidental reste
sceptique devant une telle affirmation, jugeanthativement d'apres les moyens dont i l dispose, lui,pour procéder a 'investigation d'un sujet en bonnesanté apparente, et pensant, tres sincerement d'ail-leurs en fonction du conditionnement de ses études,que ce sont la les seuls possibles. En fait, que peutfaire un médecin occidental devant un consultantdésireux d'avoir un bilan ? Suivant la tortue, il lepese, le toise, mesure sa pression artérielle, voire sesoscillations, ausculte le poumon et le creur, fait un
examen radioscopique et électrocardiographique,analyse sang et urines, s'assure que le sujet nesignale aucun symptóme subjectif, palpe l'abdomenet les hypocondres, et ainsi de suite .. Au bout ducompte, s'il n'a rien trouvé d'anormal, il déclare leconsultant en état de santé, ce qui n'empecherapas, que de fois l' avons-nous constaté, une maladiede se déc1arer un peu plus tard, parfois quelquesjours apres l'examen, car si le sujet était venu con-sulter, ce n' était pas par hasard.
En Chine, et meme pendant la période empirique de la médecine, on prenait le pouls (Mai) duconsultant en a p p ~ r e n t e bonne santé, et prescrivait ensuite un traitement spécifique au déregle-¡ment qualitatif décelé, car aucun organisme ne« tourne rond », malgré les apparences, sinonl'homme serait immortel. On avait alors l'habi-
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124 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
tude d'aller trouver le médecin plusieurs fois dansl'année, en principe achaque saison, a seule finqu'il maintienne 1'0rganisme dans les meilleuresconditions possibles, et c'est un fait avéré, a la
lecture des annales et des chroniques, que le Chinois d' antan se portait bien. 11 s'agit donc ici d'unemédecine d'abord préventive, prophylactique dans
, le mode qualitatif, mais en meme temps strictementindividualisée, personnalisée dirait-on maintenant,donc sans aucun point commun avec les préventions de type standard cheres a I'Occident, telle la
vaccination obligatoire pour chacun, qui releve desméthodes empirico-scientifiques appliquées a Pierreet Paul au précédent chapitre.
Examinons donc ce qu'est cette exploration dupouls, que la Tradition considere comme déterminante dans l'étude de I'homme qui se dit en bonnesanté, mais qui porte, sans le savoir, et sans en donner aucun signe objectif, toutes ses possibilités pathologiques. Ce sont ces possibilités qui vont etredétectées a la palpation du pouls, et neutraliséespar le traitement qui suivra.
Ne pouvant d'aucune maniere concevoir qu'onprétende mesurer le temps, le médecin traditionnel
n'a done jamais pensé a évaluer la fréquence dupouls, c'est-a-dire le nombre de battements qu'ildonne dans une minute, et n'y pensera jamais. Ce
qui est ici essentiellement recherché, c'est une perturbation de mode qualitatif, prémices d'une maladie qui peut commencer au Ciel pour aboutir auSol, ou alors elle sera cliniquement décelable, parceque s'exprimant sur le mode quantitatif. Des lors,
LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE 125
le fait de rétablir, au moment meme de l'examen,un état qualitatif normal, évitera cette conséquenceet, selon l'expression traditionnelle, le malade seraguéri avant de l'avo!r été. Le Nei Tching Sou Wen
(op. cit.) déclare :« Attendre que la maladie apparaisse clinique
ment pour la traiter, c'est forger les armes apresavoir déclaré la guerre, creuser le puits au momentou 1'0n a soif. C'est pourquoi le grand thérapeuteextirpe la maladie avant son apparition objective,tependant que le petit médicastre s'efforce de trai- '"
ter des symptómes qu'il n'a pas su prévoir. »
Sage définition qui se passe, comme tout textetraditionnel, de commentaires qui ne pourraient que
diluer son incisive précision.Tous les cycles, aussi vastes ou infimes soient-ils,
sont analogues entre eux des lors qu'ils obéissentaux memes regles et possedent les memes jalons(chapitre 11). Par conséquent, dans un ensemble derythmes tel que l'organisme humain, toute perturbation de l'un retentit sur l'ensemble, aussi bien quetout incident survenant a celui-ci retentira sur chacun de ses composants. Si ron considere, par exempIe, un ensemble de fonctions rythmées tels les dif
férents rouages d'une machine, une perturbation durythme résultant de l'ensemble (travail trop intensequi fait « chauffer » la machine, ou bien, au contraire, pas assez de. travail a lui donner, ce qui« l'emballe ») retentit sur chacun des rythmes partiels. Inversement, tout défaut dans l'un de cesrythmes partiels (ébréchure d'une roue dentée, etc.)perturbe le rythme suivant qui en dépend (la roue
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126 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
qui s'y engrene), et ainsi de suite jusqu'a l'altération du rythme résultant général.
11 suffit done de trouver, chez l'homme, un
rythme partiel facilement abordable pour avoir un
compte rendu de l'ensemble. Deux sont possibles, larespiration et le pouls. Mais encore faut-il que cerythme partiel soit qualitativement abordable,c'est-a-dire qu'on puisse l'étudier en dehors de toutenotion de fréquence, et la respiration, qui ne peutfournir que ce genre de renseignement, se voit doneécartée. Tandis qu'un pouls, en dehors de sa fréquence, présente au doigt qui le palpe des « consistances » diverses et non mesura bIes qui, pour celameme, expriment les variations qualitatives recher
chées. Les physiologistes occidentaux ont depuislongtemps remarqué que le battement du pouls nerésulte pas du processus circulatoire lui-meme, maisd'une transmission extremement rapide d'impulsions qui se propagent le long des parois vasculaires. Ce sont ces impulsions qui, précisément,sont porteuses des qualités dont il est ici question.La est le fondement du diagnostic précoce qui, rappelons-Ie une fois encore, ne saurait etre établia partir de signes cliniques, puisque le sujet exa
miné est apparemment en état de santé, et ne présente par conséquent aucun de ces signes.
Une autre justification du choix du pouls plutótque du rythme respiratoire est que le systeme vasculaire intéresse tous les organes sans exception et,en traversant chacun d'eux, s'impregne de sa qualité qui, immédiatement propagée dans tout le sys-teme, se retro uve done partout ou un pouls existe.
~ c: '"'. ~ ~ g... o· ..'.S a ~ ,= 1;;~ o
o';;i--'1 1 u" I ' ~ l' 81 ' t :)- / , ' , . ~
C. " I 8.--:.'__~
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128 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
N'importe lequel des pouls répartis sur le corpspourrait donc etre palpé dans la recherche des perturbations qualitatives qui nous intéressent, maisla Tradition a donné la préférence au pouls radial
(sur la face antérieure du poignet, du coté dupouce), le plus abordable et le plus net de tous,outre le fait qu'il est situé au membre supérieur qui,analogiquement, répond au Ciel et a la qualité,alors que le membre inférieur se dirige vers le
Sol et la quantité.
Sur chaque poignet, droit et gauche, sont distingués trois niveaux de pouls (figure 19), a environ un travers de doigt les uns des autres, le pouls
dit antérieur se trouvant dans le pli de flexion dupoignet, le pouIs moyen a la hauteur de la saillieosseuse latérale de la styloide radiale, et le poulspostéríeur en arríere du pouls moyen, a une distance égale a eHe quí sépare les pouls antérieur et
moyen. Dans le langage traditionnel et par rapport au pouls moyen de la styloide (Kwan), lepouls antérieur est dit « vers le pouce :¡-, (Ts' oun),et le pouls postérieur « vers l'avant-bras :¡-, (Tch'eu).
Au centre de la figure 19 est représenté un
cycle, avec ses quatre secteurs et son référentiel(quand nous parIons de tel ou tel secteur, i l est icisous-entendu que ce peut etre celui d'un plan quelconque de la structure physiologique que représentela figure 10), afin d'indiquer la correspondanceanalogique qui s'établit entre les différentes partiesdu cycle et les six pouls chinois. Cette correspondance s'explique, selon le Nei Tching Sou Wen (op.
LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE 129
cit.), dans la mesure ou 1'0n con90ít l'homme faceau sud, orientatíon normale du sédentaíre, et tendant ses poignets dans cette direction, c'est-a-diredevant lui. Des lors, les pouls antérieurs (les plus
au sud) devraient théoriquement répondre au secteur supérieur, les pouls postérieurs au secteur inférieur, et les pouls moyens aux secteurs latéraux,le pouls gauche au secteur gauche, le pouls droit ausecteur droit. Mais d'autres facteurs interviennentquí, également fondés sur l'analogie, vont quelquepeu perturber cet ordre en s'y juxtaposant.
D'abord, nous savons que ce qui est en haut tenda 'unité, pendant que, par contraste, ce quí est enbas se démultiplie (chapitre VI). C'est la raison pour
laqueHe un seul pouls rend compte du secteur supérieur, alors qu'il en faut au moins deux, deux étantici le multiple, tout ce quí n'est pas Un, pour répondre du secteur inférieur. Cela précisé, et en face de
l'ordre logique des pouls gauches (partie croissantedu cycle), on constate qu'une inversion se produitadroite (partie décroissante) entre les pouls antérieur et moyen, le pouls postérieur étant a sa place.Cette inversíon est due a la nécessité analogiquequ'a le centre référentiel d'avoir son répondant au
pouls moyen, c'est-a-dire central, et a droite, cotéinerte.
Sur chacune de ces localisations, le pouls peutprésenter d i f f é r e n t ~ aspects qualitatifs, les uns normaux, les autres anormaux. Ces qualités de poulssont classiquement au nombre de trente, commel'indique le tableau suivant :
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130 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Feou : superficiel.Teh' en : profond.Teh'eu : en avance.Chou " en retardo
Ta: grandeSiao " petit.Hwa " glissant.Cheu " rapeux.Teh'ang : long.Twan " court.H wan " espacé.Tehin " serré.Hsu: mou.Cheu " duro
Hong : jaillissant.
Wei,' évanescent.K' eou : détendu.H sien " tendu.Ko " alternante
Lao "permanent.10u : onctueuxlo " faible.San: fIou.Si : fin.Fou " sidéré.Tong : frappantT ehi : impétueux.Tsou " contracté.T ehié " freiné.
Tai: interrompu.
11 n'est pas de notre propos de développer iciune étude complete des pouls chinois, car plusieursvolumes n'y suffiraient paso Dans le cadre du présent a p e r ~ u , qui se veut général, nous ne retiendrons, a itre d'exemple, que les quatre aspects principaux, et en quelque sorte cardinaux, que sont lespouls tendu, détendu, superficiel et profond (figure 20).
Un pouls tendu (Hsien) est en meme tempsmince et vibrant, et les gloses le comparent habituellement a la corde d'un arc, ou encore d'uneguitare. C'est un pouls qui signale le dynamisme dusecteur gauche, celui de la jeunesse, de la croissance, de l'impétuosité. Le pouls détendu (K'eou)
est au contraire souple et élastique, comparable aun bouchon fIottant a la surface de l'eau : quand
LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE 131
on presse sur lui, il s'enfonce facilement, mais revient immédiatement des que la pression cesse.Cette qualité de pouls appartient au secteur droit,et avertit d'une diminution de la vitalité, d'une cer
taine fatigue organique, d'une lassitude physiologique, d'un fléchissement du dynamisme. En bref,c' est un pouls déprimé.
FIGURE 20 : Les qualités cardinales des pouls
Alors que ces eonsistanees opposées correspondent aux termes de l'axe horizontal d'un cycle, l'axevertical va, pour saO part, déterminer une variationde profondeur du pouls : l'arrivée du cycle a sonacmé (secteur supérieur) le fait émerger, au pointqu'il est perceptible des que le doigt entre en con-
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132 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
tact avec la peau sous-jacente a l'artere. Dans les
cas extremes, ce pouls est visible a l'reil, et lediagnostic de pouls superficiel (Feou) se faít avantmeme que de l'avoir palpé. Inversement, le doigt
doit exercer une forte pression et s'enfoncer profondément avant de pouvoir trouver, tout au fonddu lit de l'artere, un petit pouls minuscule quisignale l'absence de vitalité, l'arret presque completdu cycle, le point le plus bas de celui-ci, le secteurinférieur: c'est le pouls profond (Tch'en). En outre,tandis que le pouls superficiel voit son émergences'accompagner d'un notable élargissement, qui lefaít souvent comparer par les cIassiques a un fleuveen croe, le pouls profond donne l'impression de
palper une toute petite pi erre ronde au fond d'uneriviere qui n'a plus que tres peu d'eau.
Sur le plan pratique, et dans le cadre de la siro-plification qui consiste a ne retenir ici que quatrequalités seulement de pouls, cette énumération nesuffit pas car, sur chacun des six pouls chinois, i lfaut toujours rechercher deux qualités superposées : la consistance (pouls tendu ou détendu) etla profondeur (pouls superficiel ou profond). En
effet, chaque localisation de pouls rend compte de
l'ensemble des memes secteurs homologues de lastructure (par exemple, le pouls moyen gaucheexprime globalement l'état qualitatif des secteursgauche intellectuel, émotionnel et somatique), et,de ce fait, a toujours la qualité propre au secteurqui lui répond (dans I'exemple précédent, le poulsmoyen gauche est toujours tendu). C'est exprimerl'état de l'hote, lequel, on le sait, a pour role de
LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE 133
recevoir des invités, qui apportent avec eux leurqualité spécifique. Ainsi, le pouls moyen gauche,que nous savons toujours tendu par l'hote, deviendra superficiel en été et profond en hiver, sa pro
fondeur restant moyenne au printemps et en automne, c'est-a-dire qu'il n'est alors ni superficiel niprofond. Mais, en revanche, le printemps va ajouter sa propre tension a celle de l'hote, et le poulsdeviendra surtendu, donnant l'impression d'unecorde a la limite de rupture, cependant qu'en automne, qui superpose sa détente a la tension normale du secteur gauche, ce pouls apparaitra indécis, ni tendu ni détendu. Il y a donc, non seulementdes intrications de qualités dan s les pouls, maís dif-
férentes valeurs possibles pour chacune des trentequalités, ce qui suffit a montrer aquel degré decomplexité atteint la méthode, qui ne saurait accepter l'a-peu-pres ou la simplification dans la distinction des qualités normales et anormales.
A tout cela s'ajoute l'influence de l'age du sujet,la jeunesse conférant une tension générale despouls, la maturité atténuant quelque peu cette tension mais les faisant émerger, l'age de la re traitee f f a ~ a n t cette émergence et les détendant, la vieil
lesse les e n f o n ~ a n t . La haute complexité de la méthode a amené la
Tradition a insister sur certaines conditions quidoivent etre impérativement respectées si l'on veutéliminer les parasites venant superposer leurs propres caractéristiques acelles de l'hote et de !'invité.C'est ainsi que l'examen se fera le matin, sur un
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134 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
sujet qui n'a pas eu encore d'activité (capable deperturber les pouls), qui est a jeun (la digestionest une activité) et dans un maximum de calmephysique et psychique. Il ne devra pas avoir voyagé
depuis au moins trois semaines, car on sait que ladirection d'un déplacement donne la polarité correspondante a toute la structure. Assis en face dumédecin a une petite table, le patient présente sespoignets, les mains reposant sur la table, touméesla paume vers le haut, et reste bien adossé a sonsiege afin de ne porter aucun poids sur ses avantbras. Il ne doit ni bouger ni parler pendant l'examen.
Si nous donnons ces quelques précisions, c'est
paree que nous avons eu 1'0ccasion d'assister a des« prises de pouls chinois. » par des médecins occidentaux, dans des conditions telles que nous noussommes parfois demandé si l' on ne nous soumettait pas a quelque farce! Nous pensons que cesmédecins, qui n'étaient pas au fait des pouls qualitatifs, ne recherchaient que des facteurs d'ordrequantitatif, sur lesquels les parasites rappelés ci-dessus n'ont pas d'action notable. Signalons que lespouls quantitatifs, c'est-a-dire a qui ron applique
les notions de force et de faiblesse, ne sont utilisésen Chine que depuis relativement peu de temps,disons quelques centaines d'années. Il s'agit pro-bablement de l'invention de quelque empirique, carla Tradition n'en fait nulle mention, bien au contraire, puisqu'on peut lire dans le Nei Tching SouWen (op. cit.) :
« Toute maladie est appréciée qualitativement
LE DIAGNOSTIC PRÉCOCE 135
d'apres les pouls, et quantitativement d'apres sessymptomes. »
Au tenue de l'examen des pouls qualitatifs, se-ront notées, pour chaque localisation, sa consis
tance et sa profondeur et, compte tenu des différentes modulations surajoutées, comme la saisonet l'age, toute anomalie sera considérée comme undéséquilibre qualitatif qui doit etre traité, car c'estainsi, et seulement ainsi, qu'on peut véritablement« guérir la maladie avant son apparition ».
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CHAPITRE X
LE MÉDECIN FACE AV MALADE
L'Occidental n'a pas l'habitude d'aller consul-ter son médecin quand i l n'est pas malade. D'ail-leurs, que pourrait le praticien, muni des seulesméthodes quantitatives évoquées au précédent cha-pitre? C'est pourquoi le thérapeute est finalementtoujours en présence d'un malade, d'un sujet quiexprime ces anomalies de la physiologie que sontles symptomes. Situation paradoxale aux yeux dela Tradition, mais que nous sommes bien obligésde prendre en considération étant donné le faitétabli.
La situation que représente la rencontre du ma-lade et du médecin, quelles que soient d'ailleurs lesméthodes qu'utilise ce dernier, ne semble pas de-
voir, a premiere vue, etre l'objet d'une étude parti-culiere, a partir de. laquelle d'importantes conclu-sions pourraient surgir. Qu'on se dé trompe : i ly a la une relation capitale au contraire, et dontdépend, pour une énorme part, le résultat de l'in-tervention thérapeutique, quelle que soit sa nature.
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138 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Si ro n y réfléchit bien, et a la lumiere des premieresindications que foumit la Tradition a propos de la
relation entre Ciel et Sol, l'analogie fait découvrirque le praticien, qui va donner le traitement, ré
pond par la meme au Ciel, alors que le maladedevient Sol, puisqu'il va recevoir ce traitement. De
ce point de vue, l'acte thérapeutique, lorsqu'il« passe » d'un praticien hésitant ou fatigué a unmalade exigeant ou incrédule, n'aura que de pietresrésultats, car le succes dépend, quelle que soit la
thérapeutique employée, répétons-Ie, de l'autoritéefficace du premier, en meme temps que de la neutralité consentante du second, caractéristiques fondamentales du Ciel-donneur et de Sol-receveur.
C'est au fond une question d'intention, laquellepeut etre, pour chacune des parties en présence, évaluée a trois niveaux principaux, comme l'indiquela figure 21. Lorsque le médecin a l'intention detout mettre en ceuvre pour son malade, celIe-ci estpositive. Elle est neutre quand il est indifférent,et franchement négative au moment ou, excédé par
exemple par une longue et fatigante joumée deconsultations, il doit encore recevoir en sumombreun malade a onze heures du soir.
Quant au malade, s'il a vraiment l'intentiond'etre guéri, celle-ci est positive. S'il est indifférent(<< je vais encore essayer ce médecin-la, au pointou fe n suis .. ») elle est neutre, et négative s'il« n'y croit pas ».
On aura constaté que, sur la figure 21, les échelles de valeurs sont inversées l'une par rapport a
LE MÉDECIN FACE AV MALADE 139
MEDECIN MALADE
(donneur) (receveur)
INTENTION INTENTION
positive ~ : négative
neutre neutre
négative
• positive
FIGURE 21 : La condition d'intention
l'autre, comme le sont entre eux Ciel et Sol a certains égards : d'autant plus positive sera l'intentiondu médecin en tant que donneur, l'intention dumalade en tant que receveur. Le « passage » del'acte thérapeutique va essentiellement dépendrede la combinaison de ces valeurs comme l'indi
quent les fleches du schéma, et sera effectif dans lamesure ou la fleche allant du médecin au malades'incline de haut en bas, de Ciel a Sol : aléatoiresur une fleche horizontale, il sera parfaitement nulsur une fleche ascendante.
e'est ainsi qu'il faut comprendre cette sentencetraditionnelle : « Celui qui ne désire pas guérir neguérira jamais, quoi qu'on fasse », phrase a double
l
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140 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
sen s selon que son sujet est le médecin, dont la
fonction est de guérir (le malade), ou bien le malade qui veut ou non guérir (de sa maladie).
La condition préalable d'intention étant dumentrespectée, voici le médecin face a son patient. Doiti1 d'abord, et avant toute autre démarche a viséediagnostique, palper ses pouls radiaux, a la recherche d'une perturbation qualitative? Assurémentnon car, devant le tableau c1inique déclaré, les interactions entre eiel et Sol doivent etre soigneusement délibérées, en raison de deux possibilités quipeuvent se présenter, et qui doivent etre envisagéessuccessivement :
Ou bien la maladie a effectivement pour origineun déreglement d' ordre qualitatif qui, non dépistéa temps pour etre neutralisé, s'est peu a peu « dégradé » dans la mesure ou le temps s' écoule, pourfinalement s'exprimer sur le mode quantitatif, quelque soit, par ailleurs, le plan physiologíque auniveau duquel cette expression surgit.
Ou bien, seconde possibilité, la maladie a commeneé sur le mode quantitatif (lésion traumatique,excitation permanente par tel ou tel agent extérieur, dégénérescence congénitale ou acquise, etc.)et, a partir de cette lésion, l' organe malade vas'organiser selon un rythme qui, pour continuerd'assurer la fonction, devra modifier quelque peuses caractéristiques, ce qui aboutit en fin de comptea un déreglement qualitatif surajouté.
Si, dans le premier cas (transmission de eiel a
LE MÉDECIN FACE AV MALADE 141
Sol), la suppression du facteur qualitatif anormalsuffit a effacer ipso tacto le symptóme qui n'estque sa conséquence, éliminer dans le second cas(propagation de Sol a eiel) le facteur qualitatif ne
supprime que l'effet, et non la véritable cause, laquelle demandera un traitement étiologique a sonniveau propre. Par conséquent, la palpation despouls qualitatifs, dont les grands principes sontexposés au précédent chapitre, n'est pas indiquéeici, d'abord paree qu'on est devant un lTIalade, etnon devant un sujet sans symptómes, ce qui étaitla condition essentielle de cet examen; et aussiparee qu'il est impossible de savoir, quelle que soitla finesse de l'interrogatoire et de l'examen clini
que, dans lequel des deux cas précédents doit etrec1assé le malade. Sachant que tout symptóme, duplus dramatique, c'est évident, au plus léger, apporte sa propre « qualité » a celles des pouls ; sachant par ailleurs que les conditions d'examen deceux-ci exigent que tout parasitage soit évité, enrecherchant, en particulier, un état de calme optimum, et qu'un symptóme n'est jamais signe decalme, il est parfaitement inutile de palper les poulsd'un « malade », ce qui n'aboutirait qu'a un
diagnostic qualitatif erroné. En des termes plusconcis, le malade doit etre examiné d'abord enfonction des symptómes dont i1 se plaint, et letraitement symptomatique mis en reuvre permettrade savoir, apres la guérison c1inique, auquel desdeux types appartenait la maladie, selon que lesqualités des pouls seront normales ou non.
11 convient done, des lors, d'établir une c1assi-
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142 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
fication des sympt6mes qui, en tant que phénomenes en quelque sorte naturels, incidents de parcours pourrait-on dire, doivent entrer dans les schémas traditionnels. Dans ce sens, il s'agit de loger
tout symptome dans l'une des deux catégories suivantes :
S'il se définit par une physiologie augmentée, ilsera appelé exceso Les douleurs, augmentations de
• la sensibilité normale, les inflammations, tout ce
t
' qui, dans le fonctionnement des différents secteursde l'organisme, s'exprime par une exagération, di .
; sons une hyperphysiologie, est un exces (Cheu).Si, au contraire, le symptome correspond a une
. diminution de l'expression physiologique, c'est¡ alors une carence (Hsu) : paralysies, pertes de la
sensibilité, diminution ou disparition de telle outelle fonction, en somme toute hypophysiologie oua-physiologie, sont des carences.
Ces définitions simples ne s'appliquent pleinement, on l'aura deviné, qu'au plan inférieur de la
structure générale, au plan corporel, ou domine surtout la quantité. Et si, ace niveau, on peut valablement parler de « trop » ou de « pas assez », em
ployant ainsi un langage qui exprime clairementdes notions de quantité, il n'est pas possible del'utiliser de la meme f a ~ o n quand il s'agit du plansupérieur intellectuel, ou la quantité ne figure plusque sous forme de traces théoriques.
Les langages humains sont ainsi faits qu'ils sontdans l'impossibilité, du moins a notre époque,d'exprimer la moindre idée de qualité. Ce probleme
LE MÉDECIN FACE AV MALADE 143
ne date pas d'hier, puisque la Tradition, suivie encela par toutes les sous-traditions qui l'ont en quelque sorte prolongée, utilisait le langage des symboles qui, on a pu le constater dans tout ce qui pré
cede, peut exprimer des idées de meme ordre maisde modes différents : ainsi Ciel et Sol permettentde désigner aussi bien l'émetteur et le récepteur quel'essence et la substance, ce qui est on ne perit plusclair dans le premier sens, mais l'est moins dans lesecond pour certains, plus ou moins fermés qu'ilspeuvent etre a toute notion de qualité. Exprimerla qualité en langage vulgaire, donc en dehors detoute syn;tbolique, est pratiquement impossible, etc'est pourquoi il vaut mieux, une fois pour toutes,
convenir que certains termes, de sens éminemmentquantitatif (ainsi de l'exces et de la carence), serontemployés au niveau qualitatif, comme le seraientdes symboles, sous condition de les vider totalement de leur acception quantitative au profit d'uneévocation qualitative. C'est ainsi que Cheu et Hsuont ces deux sens en chinois, et c'est le contextequi fournit le mode sur lequel on doit les comprendre. En f r a n ~ a i s , et faute de mieux, nous nepouvons que proposer la convention définie ci-des
sus, et nous espérons etre bien clair en parlant, parexemple, d'un exces d'automatismes ou d'une carence de mémoire, étant évident et entendu qu'ilne peut s'agir la que de qualité, puisque nous sommes au plan supérieur.
Reste le plan intermédiaire émotionnel qui, enraison de son appartenance en meme temps et également a la qualité et a la quantité, donnera a
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144 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
l'exces et la carence un double sens encore plus difficlle a préciser, parfaitement équivoque.
Ce n'est pas pour le vain plaisir d'argumenterque nous soulevons ces problemes, mais paree que
la sanction thérapeutique qui suivra le diagnosticsera du meme mode : autant, au niveau du planinférieur, on enlevera l'exces ou on comblera lacarence, en effectuant véritablement un apport ouun retrait, autant ces interventions quantitativesseront sans effet au plan supérieur, vu ce qui précede, et seront remplacées par des transmutations,opérations proprement subtiles paree que n ' a p p o r ~ tant ni ne retirant rien, changeant uniquement c e r ~ taines qualités en d'autres, comparables par cer
tains catés au changement de couleur d'un liquide,sans que le niveau de celui-ci soit de quelque f a ~ o n modifié.
Abordons maintenant une autre question intéressant encore le diagnostic, qui se rapporte aucaractere primitif ou secondaire des maladies. Nousnous référerons, pour amorcer la discussion, a l'en-seignement de la Tradition selon lequel « tout
exces est toujours la conséquence d'une carence»
et, par extension, « toute maladie est originellementétablie sur une carence, qui peut soit rester telle,soit se transformer en exces », et c'est évidemmentcette transformation qui va nous intéresser au premier chef.
La médecine occidentale modeme connait ceprocessus, admettant, malgré l'apparent paradoxe,
LE MÉDECIN FACE AU MALADE 14S
que la « erise de foie », exees notoire, signe en quelque sorte l'insuffisanee hépato-biliaire, que l'hyper-tensian artérielle doit faire penser a une insuffi-sanee du creur ou des reins, etc. Mais a-t-elle traité
« scientifiquement » le probleme?Prenons un secteur quelconque d'un plan quel
conque, disons par exemple le secteur gauche duplan inférieur a sa couche A, c'est-a-dire le foie(figure 13). Ce secteur est en carence, soit parfatigue, soit par dégénérescence, et en tant qu'hateaffaibli, il va demander aux invités de bien vouloirluí céder quelque énergie, et ce sont évidemmentles invités correspondant a ce secteur et a ce planqui vont etre plus particulierement en résonance,
et par suite les plus aptes a apporter l'énergie réclamée : en l'espece les saveurs acides, comme nousle verrons dans un prochain chapitre. Alors, le foieva se gorger de ces apports qui lui conviennent, etdeviendra d'autant plus « chargé » et puissant qu'ilétait primitivement affaibli, sans, pour autant, as-
surer mieux ses fonctions. C'est un peu le cas, c e r ~ tains textes traditionnels font état de cet exemple,du mendiant qui se trouve brusquement a la teted'une immense fortune. Comme il n'en a aucune
habitude, i l va la dépenser de f a ~ o n anarchique,étaler son nouveau pouvoir la OU ce n'est nullementnécessaire, avoir en somme un comportement quela Tradition e n t e n ~ comme « vicieux » (Hsieh),c'est-a-dire anormal en meme temps que nocif, etl'étalage de cette fortune, meme lorsqu'il est pousséau paroxysme (la crise de foie), ne modifie cependant en rien la f a ~ o n d'etre de ce nouveau riche,
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146 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
qui conserve toujours, au bout du compte, son attitude et ses manieres de mendiant.
Dans une telle situation, effacer l'exces qu'exprime le symptóme, s'il soulage incontestablement
le malade, ne fait au fond que replacer celui-ci dansses précédentes conditions, soit dans la carence originelle (la ruine du nouveau riche) , et la rechuteest évidernment de regle. « Chasser l'invité, dit laTradition, n'est pas refermer la porte. »
Pour « fermer la porte », redonner a ce secteurun tonus normal, il faut rechercher les causes de sacarence permanente. Si le malade ne signale aucunautre symptóme, il faudra pousser l'interrogatoireet l'examen pour savoir si une perturbation n'existe
pas, ou n'a pas existé dans un autre plan, et quiserait arrivée la par la colonne centrale (chapitre VII). On devra aussi, une fois la guérison(temporaire) obtenue, procéder a une explorationdes pouls afin de savoir si tout est normal dans tousles secteurs de la structure générale, sinon on estdevant une origine qualitative de la maladie donton vient d'effacer les signes (chapitre IX), et qu'ilfaudra traiter.
Par ailleurs, il faut tenir compte des opérateurs
qui ordonnent les relations entre les secteurs d'unplan et, ayant trouvé ainsi la elef, on pourra enfinrefermer la porte, conférer au malade une solideimmunité contre la maladie qu'il présentait, en luiappliquant un traitement auquel il ne s'attend souvent guere. Ainsi, et pour garder notre précédentexemple, une carence du foie peut avoir pour origine, soit dans le plan somatique, soit dans tout
LE MÉDECIN FACE A U MALADE 147
autre plan, une carence du secteur inférieur (sec-teur précédent selon l'opérateur de production), ouun exces du secteur droit (secteur inhibant), pourrester dans l'essentiel, car des intrications multiples
peuvent intervenir, dont le détail sort du cadre duprésent ouvrage.
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CHAPITRE XI
L'OUVERTURE DU CONSCIENT
La médecine traditionnelle des anCÍens Chinoisa différents moyens a sa disposition pour luttercontre la maladie, qui sont plus précisément, selonles textes c1assiques :
• l'ouverture du conscient;• l'alimentation de la structure ;• la prescription de remedes ;• l'application de l'acupuncture;• la distinction entre l'essentiel et l'accessoire dans
les différents organes (chirurgie).
Ces cinq méthodes thérapeutiques, car i l ne peutyen avoir que cinq par analogie aux quatre secteursdu schéma général, ajoutés du référentiel, sont, et
les textes y insistent particulierement, bien hiérarchisées, ne s e r a i t ~ c e qu'en remarquant les deuxextremes de la liste ci-dessus, la chirurgie (quantité,Sol) s'opposant en tous points aux démarches quivisent le plan intellectuel, et plus spécialement leconsCÍent qui est son secteur supérieur (qualité,Ciel). Cependant, i l ne s'agit pas, malgré cette premiere apparence, d'une sorte de passage progres-
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ISO MÉDECINE CHINOlSE, MÉDECINE TOTÁLE
sif de haut en bas, de qualité aquantité, comme onpourrait s'y attendre, mais plutot d'un ordonnancement de plusieurs possibilités thérapeutiques, asavoir :
D'une part les deux thérapeutiques fondamen-tales (en haut de la liste), qui utilisent les infIuxverticaux et les forces latérales qui maintiennentla structure en place (figure 17).
D'autre part les deux thérapeutiques d'interven-tion (en bas de la liste), acupuncture et chirurgie,qui ont besoin d'une certaine instrumentation.
Enfin, en position d'intermédiaire entre les deuxprécédents groupes, la prescription des médicaments qui, ainsi, participe des thérapeutiques fon
damentales aussi bien que des thérapeutiques d'intervention, quoique, encore ici, il en soit de memequ'en ce qui concerne le plan émotionnel en physiologie, le cheval de l'attelage qui persiste apresla mort corporelle paree que partiellement subtil,tout en restant mortel par ailleurs, de par son cotéquantitatif, et qui finira par rejoindre son char,le corps (chapitres VI et VII) ; et que, par conséquent, la prescription des remedes releve plutotdes thérapeutiques d'intervention, nonobstant ses
effets parfois subtils.Que les thérapeutiques soient fondamentales ou
d'intervention, on aura certainement remarqué que,pour chaque groupe, la premiere releve plumt de la
qualité (ouverture du conscient et acupuncture),alors que la seconde est plus quantitative (alimentation et chirurgie). Quant aux médicaments, quisont en quelque sorte des instruments, en ce sens
L'OUVERTURE DU CONSClENT 151
qu'ils n'appartiennent pas a a liste des « mvités »
habituels de l'organisme, ce qui les rapproche desthérapeutiques d'intervention comme nous le di-
sions plus haut, leur mention sur une seule ligne
suffit amontrer qu'ils agissent simultanément selonces deux modes.
L'ouverture du conscient est, pour la Tradition,la thérapeutique essentielle, dans toutes les acceptions du tenue, car le comportement de l'aurige estdéterminant dans le bon fonctionnement de l'attelage. Que le char ait une avarie, l'aurige pourrabien souvent la réparer a ui seul ; que le chevalsoit nerveux et fasse des écarts, l'aurige le calmeraet le ramenera dans le droit chemin. Or, aux épo
ques ou nous vivons, l'humanité s'est fort éloignéedu Ciel dans la mesure ou elle s'est rapprochée duSol au cours de sa chute, et la conséquence de cetétat de fait est que le responsable de l'attelage estpour le moins somnolent, sinon completement en-
dormi, livrant ainsi le char aux décisions du chevalet aux irrégularités de la route. Donc, quelle quesoit la maladie, tout acte thérapeutique appliquéau seul niveau de celle-ci sera insuffisant, car réparer le char ou prendre le cheval en main ne réveille
aucunement l'aurige, alors que l'ouverture du conscient, s'il arrive qu'elle ne suffise pas a guérir aelle seule, consolidera du moins les résultats thérapeutiques a p p l i q u é ~ aux autres plans.
Par conséquent,' il s'agit, tant pour le maladequi veut une guérison la plus complete possible quepour l'homme sain qui désire le rester, de récupérer,dans la mesure du possible, le contact avec le Ciel
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L
152 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
et, cela obtenu, d'exploiter au maximum cette fonetion recouvrée. Nous allons examiner successivement ces deux points.
TI a été dit plus haut que I'humanité s'éloignait
du Cíel de par sa chute vers le Sol. En d' autres termes, elle perd de plus en plqs le sens de la qualitéau fur et amesure que I'homme, qui se croit maitrede la matiere, en est en réalité l'esclave. C'est ainsique nos langages actuels ne sont plus du tout capabIes d'exprimer la moindre notion de qualité, et
qu'il faut user d'artifices ou de conventions pourévoquer celle-ci. Mais, loin du Ciel, I'homme a tendance aoublier ces conventions, et prend alors lestermes a a lettre, ce qui l'a amené, pour ne citer
que cet exemple,a
cette aberrante conception dutemps en tant que dimensionoDans son inévitable chute, I'homme a la possi
bilité d ~ se comporter de plusieurs manieres :11 peut, d'abord, se laisser purement et simple
ment entrainer, c'est-a-dire, selon l'expression a a
mode, « participer » au soi-disant progres, s'émerveillant alors naivement de voir son contemporainfouler le sol de la lune ou battre, sur quelque stade,tel ou tel record. Pour celui-la, l'aurige n'est ni
somnolentni
endormi : il est agonisant.Ou bien, seconde attitude, l'homme réagit et, refusant délibérément le Sol, tente de remonter versle Ciel, ce qui se traduit par le rejet de toute matérialité, associé aune exacerbation spirituelle. Cetteforme de mysticisme a le défaut de ne pas vouloiradmettre la loi, pourtant i n d é n o n ~ a b l e , de la chutede l'homme et, pour tenter la « remontée », sacri-
L'OUVERTURE DU CONSCIENT 153
fie volontairement le char : privations de tous ordres, macérations, continence, jeíme et autres callces, visent a rompre les amarres qui retiennentl'homme au Sol, et a larguer le plus de lest possible
afin d'amorcer un mouvement ascensionnel. Maisalors, de quelle utilité sera un aurige ainsi réveillés'il n'a pas de char a utiliser, qui lui sert de supportet qu'il a charge de conduire, et non de mettre en
remise? Sans support et sans fonction, il n'a plusaucune raison d'etre, et pour peu que les techniquesde soi-disant sérénité (celles par refoulement dontnous avons parlé au chapitre VII) soient ajoutéesau reste, sa seule activité sera le contróle incessantd'un cheval trop nerveux, dont l'état est aggravé
par le fait qu'il est inoccupé, vu le sabotage systématique du char remisé, et l' aurige se détournerafinalement de l'orientation vers le haut qui étaitprimitivement recherchée.
Nous voici alors devant un dilemme : faut-il s'enfoncer avec fatalisme dans les bourbiers inférieursde la Substance, ou au contraire s'envoler vers l'Essence en niant l'inexorabilité de la chute? Dans uncas comme dans l'autre, c'est perdre l'un des deuxtermes nécessaires, et par la meme occasion la
qualité d'Homme, qui dépend uniquement de soninsertion entre Ciel et Sol (chapitre 1). Et c'est justement en s'appuyant sur cette définition fondamentale que la Tradition propose une troisieme solutionqui, inspirée du j u s t e ~ milieu, est en fin de comptela seule possible, et dont voici les grandes lignes ;
La chute est irrévocable, et l'homme n'y peutstrlctement rien mais, s'il n'a aucun avantage a
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L
154 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
l'accélérer en visant le Sol, pas plus que le droit detenter une remontée en refusant ce meme Sol, dumoins peut-il ouvrir un parachute, freiner le mouvement descendant jusqu'a la limite permise, ré
duire la vitesse au maximum pour obtenir l' arret,lequel, bien que vitesse nulle, n'en reste pas moinsvitesse, et implique donc toujours le sens du déplacement, réduit ici a l'état théorique, ce qui estl'essentiel. Des lors, et par le fait meme que le Soln'est plus son objectif (tout en ne niant pas sa né-cessité), l'homme retrouve en quelque sorte par différence le contact avec le Ciel, sans avoir a y tendred'aucune maniere. Et voila pourquoi le Sage mangequand il faut manger, parce qu'il a un estomac,
rend hommage a son épouse quand c'en est le moment, parce qu'il a un appareil génital, travailleparce qu'il a des muscles et des articulations, ensomme utilise toutes les fonctions du char, simplement parce qu'elles sont la pour jouer un róle dansl'ensemble, prenant soin toutefois, en vertu du principe du juste milieu, d'éviter les abus qui pourraient entrainer l'usure prématurée de telle ou tellede ces fonctions.
Le char bien entre en u et fonctionnant sans ani
croche, le cheval étant docile (chapitre vn),.l'aurige doit maintenant se réveiller, et que faut-il pouréveiller un dormeur sinon l'apparition du jour?
Pour notre aurige, ce sera, analogiquement, la
réapparition du Ciel, qu'il lui va falloir maintenant exploiter pour mener son attelage dans lesmeilleures conditions possibles.
Ce n'est qu'une fois le contact avec le Ciel réta-
L'OUVERTURE DU CONSCIENT 155
bli, par le seul moyen possible que nous venons derappeler, que 1'0uverture du conscient peut etreenvisagée. Une telle démarche met en reuvre plusieurs processus, que 1'0n peut classer sous trois
rubriques principales: le rétablissement et l'entretien de la source idéogénique, l' explohation desmémoires, et l'immobilisation du subconscient.
La reprise du contact avec le Ciel permet auxidéogenes d'affluer a nouveau par le haut de lastructure, a condition que le plan supérieur soitbien « orienté» (chapitre VII), qu'il reprenne, end'autres termes, sa forme de coupe tourné e vers lehaut, redevienne véritablement un « récepteur deCiel ». Dans ces conditions, les influx venus d'en
bas, qui étaient a l'origine des pseudo-idéogenescomme nous l'avons précédemment indiqué, serontrefoulés a leur vraie place, au plan inférieur, ou ils
sont utilisés par le corps en fonctionnement. Pource faire, il n'est qu'une seule solution : l'exercicespirituel, sous condition d'entendre la religion sursa base métaphysique, c'est-a-dire dans la seulemesure ou elle c o n ~ o i t l'Unité sans laquelle rienne saurait exister, 1'0rigine de toute manifestation,le Un sans qui aucun nombre ne pourrait se conce
voir. Hors cela, la religion n'est plus qu'une morale,dont nous ne nions certes pas la nécessité a certains égards, mais qui ne peut etre d'aucune f a ~ o n le fondement de l ' e x ~ r c i c e spirituel. Une approchede I'Unité par la voie sentimentale (le « bon » Dieuen est le meilleur exemple) n'oriente aucunementle plan supérieur vers le Ciel, mais le seul plan émotionnel, et n'aboutit en définitive qu'a perturber
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[
L
1S6 MÉDECINE CHINOlSE. MÉDEClNE TOTALE
celui-ci, et a détourner l'aurige de sa fonction, caril doit sans cesse avoir l' eil et la main sur son cheval ému. Lao Tzeu l'a bien précisé, « le Tao
(fonction créatrice de Un) n'est pas sentimental »,
car c' est vouloir attribuer des caractéristiques proprement humaines et contingentes, qui ne sontconcevables qu'au sein de la manifestation, a cequi est de toute évidence en dehors d'elle, commele nombre un est extérieur a tous les nombres donti1 est l' origine.
La seconde démarche, une fois les idéogenesvéritablement célestes parvenus au centre du plansupérieur, va consister en leur foealisation sur lesecteur supérieur du plan, le conscient. Si ron veut
bien se reporter aux figures 5(A) et 11, on constatera que c'est par l'emploi du « moteur » propulsif (a gauche) de l'intellect qu'on peut y parvenir, c'est-a-dire en dirigeant tous les idéogenes dela zone active vers le haut, grace a l'interventionde l'opérateur de production qui alimente le secteursupérieur a partir du secteur gauche qui, on le sait,contient les mémoires.
I1 s'agit donc de mobiliser ce qu'on pourrait com
parer en quelque sorte a un fichier central, qui
contient en réserve des informations antérieurement enregistrées, et conservées dans la mesureou elles seront par la suite susceptibles d'alimenterle conscient. Ce n'est pas seulement la mémoireindividuelle qui est ici concemée, mais celles detoutes les lignées possibles qui aboutissent a l'individu, lignées familiale, ethnique, génétique. D'aucuns, qui béent puérilement d'admiration devant
L'OUYERTURE DU CONSClENT 1S7
une soi-disant réincarnation chez un sujet qui semet soudain a parler parfaitement une langueétrangere qu'il n'a notoirement jamais apprise,n'ont pas eompris qu'ils ne sont que devant un phé
nomene de réveil d'une partie de la mémoire familiale : un ancetre parlait cette langue, sans plus. 11
n'y a aueunement Ul de quoi s'étonner outre me
sure, car chaeun de nous porte des traces visiblesde certains caracteres de ses ascendants, ne serait~ e que la ressemblanee physique. Des lors qu'ya-t-il de si extraordinaire a posséder aussi un héritage d'ordre qualitatif?
Exploiter les mémoires ne veut pas dire les déve .
lopper, ear iI ne nous est pas possible d'augmenter
notre stock de fiches, qui se rapportent a des évé-nements antérieurs sur lesquels nous n'avons plusaucun moyen d'action. 11 s'agit ici, et plus précisément, de favoriser l'extraction de ces fiches, la mo
bilisation de ce stock vers la limite intuitive duconseient, et la seule maniere d'y parvenir avecquelque effieaeité est de juguler l'inhibiteur du sec·teur gauche, en l'espeee le secteur droit (figure 5,B). Eviter les automatismes tant que faire se peut,voila la seconde clef de l'ouverture du conscient, la
premiere étant, rappelons-Ie, d'assurer un apportsuffisant d'idéogenes au centre du plan. Unexemple : on sait ce qu'est une l e ~ o n apprise par
creur. Voila le t y p ~ meme de l'automatisme, quiinhibe, parfois jusqu'a la pure et simple destructionirréeupérable, la mémoire vraie en la contrefaisant : e'est une dangereuse fausse mémoire, pluseonnue sous le nom actuel de conditionnement.
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158 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Sachant que le secteur des automatismes (figure 11) commence a la raison, il nous faut alorsmettre nos pas dan s l'empreinte de ceux de la Tradition, qui insiste sur la nécessité qu'il y a, pour
qui veut maintenir l'équilibre et la santé de sonintellect, acultiver le paradoxe et l'irrationnel, rejeter toute routine intellectuelle, ce qui évitera ausecteur droit de travailler (ce qui n'est pas de sonrole, étant donné qu'il appartient a la zone inactive), le fera par conséquent abandonner des idéogenes, lesquels ne pénetrent, a partir du centre,dans les différents secteurs que dans la mesure ouceux-ci sont « actifs » et, par conséquent, en ontbesoin. Que l'on médite le message « codé » que
Lao Tzeu nous a lancé cinq cents ans avant notreere :
« oo. Clair comme l'obscur,A van9ant a reculons,Uni comme un chemin raboteux,
Elevé comme le fond du ravin,Vierge comme apres un viol,Large comme l'étroit,Solide comme le branlant,
Stable comme le mouvant.
Le carré parfait n'a pas d'angles,La machine parfaite ne sert arien,La grande musique n'a pas de notes,Le grand symbole n'a aucune forme. ~
Ainsi, les charges immobilisantes de la raison
L'OUVERTURE DU CONSCIENT 159
peuvent etre déplacées le long du référentiel et, nepouvant aller ailleurs que dans l'autre sens, diamétralement opposé, vont utilement servir au réveildes mémoires (figure 11).
Reste la troisieme clef de l' ouverture du conscient : l'immobilisation du subconscient. Nousabordons la une question d'une extreme gravité,étant donné les interprétations de nos actuels psy-chologues qui, a divers égards, jouent véritablement le role éminemment dangereux d'apprentissorciers, qu'on en juge :
Nous savons, apres l'examen des figures 5 (A)et 11, que les automatismes du secteur droit du
plan supérieur intellectuel aboutissent inévitablement a l'immobilisation que représente le secteurinférieur. Autant le secteur supérieur (conscient)doit etre mobile et clair a l'instar du Ciel, autant lesecteur inférieur est au contraire naturellementimmobile et sombre comme le Sol: c'est le sym-bolisme chinois du Feu et de l'Eau (figure 8). Or,que font certains psychanalystes, lorsqu'ils cherchent a rendre conscient ce qui réside dans le subconscient, sinon mettre « de l'eau sur le feu »,
transporter son inhibiteur (secteur inférieur) dansle conscient (secteur supérieur), selon les lois qu'exprime la figure 5 (B)? Comme le bateau qui abesoin que le vent gonfle ses voiles, l'homme abesoin des idéogenes célestes dans son plan supé-rieur ; mais aussi, de meme que la quille est nécessaire a l'équilibre du bateau, le lest du subconscientdoit absolument rester a 'état d'immobilité et, dans
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l.
160 MtDECINE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALE
ce sens précis, certaines écoles semblent ouvertement prétendre que la position normale d'un bateauest d'avoir la quille en l'air et, par voie de conséquence, les voiles dans l'eau !
Tout cela provient de la regrettable confusioncommise par ceux qui ont pris l'inférieur pour leprofond. On croit que le subconscient, tel que nousl'avons défini précédemment, représente la profondeur meme des fonctions psycho-mentales, alorsqu'il ne s'agit, en réalité, que de la qualité la plusinférieure que puissent acquérir les idéogenes, aun tel point qu'ils sont totalement inutilisables, résidus irrécupérables de la raison et des automatismesintellectuels. Dans ce sens, le subconscient est en
tous points comparable a un vide-ordures de l'intellect, et le plus grand chef-cuisinier du monde estbien obligé, lorsqu'il réalise un repas de haute gastronomie, de laisser des déchets qui seront versésaux poubelles. Or, est-il pensable un seul instantque le contenu desdites poubelles puisse etre dequelque utilité dans la confection d'un prochainrepas de gala ?
Qu'on l'exprime bien clairement : i l s'agit lad'une authentique subversion, et les malheureux
qui se croient guéris par de telles méthodes sont,en réalité, irréversiblement précipités dans le sensde la contre-illumination, ce qui les oblige a fabríquer les idéogenes dont ils ont besoin a partir desinflux venus du Sol. A proprement parler, i l n'ya la, nous l'avons dit, que de l'infériorité, alorsque la profondeur véritable est tres exactement lecentre du plan supérieur, lieu des idéogenes venus
L'OUVERTURE DU CONSCIENT 161
« d'en haut », et seul capable d'entrer en relationdirecte avec le Ciel, selon la voie illuminative (chapitre v).
Nous préciserons cependant qu'il ne s'agit nulle
ment id de condamner globalement les démarchesde la psychologie actuelle, et nous reconnaissonsbien volontiers les excellentes intentions de ses spé-cialistes, mais celui qui, dans un but thérapeutique,explore le secteur des mémoires et procede a unerecherche qui pourrait, a la rigueur et par certainscatés, entrer dans le cadre de notre deuxieme elefd'ouverture du conscient (vide supra), sait-il bien,lorsqu'il régresse dans le secteur gauche de l'intellect, aquel moment exact il quitte celui-ci pour
pénétrer dans le secteur inférieur, au risque de fairechavirer le bateau ? Sait-il elairement apercevoir lesignal d'alarme qui marque de son reil rouge elignotant la frontiere a partir de laquelle commence unterritoire interdit sous peine de déclencher des troubIes aussi graves qu'irréversibles? Car, quandI'eau éteint le feu, celui-ci ne pourra plus jamaisse rallumer, quoi qu'on puisse tenter dans ce sens.
Puisque nous en sommes a ce sujet, et tous éclaircissements ayant été fournis en ce qui conceme la
toxique psychologie des prétendues profondeurs,examinons d'un peu plus pres le chemin que parcourt un psychologue chez son patient. I1 fautd'abord, et de toute ~ v i d e n c e , qu'il puisse pénétrerdans la structure. Or, OU peut bien etre la porte quipermet cette entrée? Elle n'est certainement pasdans le plan supérieur, ou ne sont admis que lesinflux célestes, ce que le psychologue ne saurait
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162 MÉDECINI:; CHINO/SE, MÉDEC/NE TOTALE
prétendre etre d'aucune maniere, car i l n'est pasfournisseur d'idéogenes, du moins d'idéogenes authentiques, c'est-a-dire marqués de l'estampille duCiel. Ce ne peut etre non plus le plan inférieur,
qui ner e ~ o i t
que ce qui vient du Sol, la matiere(presque) pureo Cette porte ne peut s'ouvrir qu'auniveau du plan intermédiaire émotionnel, lié al'homme, au semblable, ce qu' est bien le praticienque nous évoquons.
Sachant que ledit plan (figure 12) possede deuxzones, rune émettrice et l'autre réceptrice, i l estde toute évidence que ce n'est pas par la zone émettrice qu'il est possible d'entrer, cette zone étant aucontraire en situation permanente de rejet vers
l'extérieur. C'est donc dans la zone réceptrice, onpourrait dire « appelante », qu'est la porte recherchée, et il est notoire que celui qui est en colere ou
joyeux est tres difficile a « traiter » par le psychologue, voire l'hypnotiseur, lesquels n'ont, par ailleurs, aucune difficulté a « pénétrer » chez dessujets déprimés ou angoissés (sentiments de la zoneinactive).
Voici donc notre thérapeute dans la structure et,partant de ce plan moyen, i l va chercher a attein
dre un autre plan, ou se localise robjet de sonintervention. S'il se dirige vers le plan supérieur,et suit alors la voie anormale de bas en haut, poury accomplir ce que l'on sait (vide supra), i l emprunte pour la seconde fois un sens interdit, auxrisques et périls de son patient (ou de lui-meme,car n'oublions pas le phénomene de « choc en
retour », dont nous ne pouvons ici évoquer ne se-
VOUVERTURE DU CONSC/ENT 163
rait-ce que le principe, faute de place suffisante).S'il se dirige vers le bas, ver s le soma, propos premier des sophrologues qui, fort justement, ne cherchent a agir que sur ce plan par la voie psycho
somatique (les harnais dans le systeme de l'attelage), il utilise un sens normal et, sous ce doubleaspect du propos et de la voie, ne prend aucunrisque, tant pour le sujet que pour lui-meme.
Mais encore faut-il, intervention faite et sortantde la structure, refermer la porte par laquelle onest entré, sinon c'est livrer le patient a tous les in-flux subtils venus d'en bas, puisque cette porte estsituée dans la zone réceptrice. La plupart des casde possession viennent de la, et que le lecteur sache
bien que ces cas ne sont pas rares, bien au contraire, et nous pouvons meme affirmer que beaucoup de malades prétendus atteints de psychose nesont en fait que des possédés, et que leur cas nereleve aucunement du psychiatre, mais bien plutotde l'exorciseur, dans la mesure ou l'état actuel desreligions permet une telle qualification, mais lan'est pas la question.
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CHAPITRE XII
L'ALIMENTATION DE LA STRUCTURE
Apres l'ouverture du conscient, la seconde thérapeutique fondamentale que mentionne la Traditionest l'alimentation de la structure, ensemble des troisplans physiologiques que nous avons étudiés pré
cédemment (chapitre v) et, des lors, il ne s'agit plusici de la seule nourriture, mais bien de tous lesagents qui, en dehors des influx verticaux du Cielet du Sol, viennent en quelque sorte étayer latéralement la verticalité qu'ils déterminent. Si nous avonsdéja évoqué certains de ces agents (chapitre VI) telsles sons, ce n'était qu'a partir d'une fonction bienparticuliere du soma, alors que nous les envisageons ici du point de vue du récepteur général dece qui provient de la manifestation, done sous un
aspect tout a fait différent.Si l'on répertorie l'ensemble des facteurs plus oumoins physiques dont la structure a besoin pourassurer la conservation de sa verticalité, on peut,en fonction de la notion Ciel-Sol, qualité-quantité,en établir une hiérarchie sommaire, mais suffisantepour notre présent propos (figure 22). Dans cesens, les couleurs sont plus qualitatives que quan-
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166 MÉDECINE CEINOISE, MÉDECINE TOTALE
titatives, les aliments proprement dits plus quantitatifs que qualitatifs, les sons se pla<;ant en position d'intermédiaires. La hiérarchie des récepteurssensoriels de la face confirme bien cet ordre, avecles yeux en haut, la bouche en bas, et les oreillessur un plan intermédiaire, ainsi d'ailleurs que lenez, car les odeurs sont aclasser également au planmoyen, et plus précisément en correspondance avecsa face qui regarde le Ciel, alors que les sons a p p a r ~ tiennent plutot a ce qui, dans ce plan, est tournévers le Sol.
Les physiciens vont assurément protester que lesfréquences lumineuses sont bien mesurables, etnous n'en disconvenons aucunement, mais leur demandons si; lorsqu'ils per<;oivent la couleur verte,ils sont bien surs que chacun a exactement la memesensation en dehors de toute référence, de toutpoint de comparaison ? Qui peut expliquer et définir exactement la perception qu'il a de telle ou tellecouleur? Nous retrouvons la le probleme de l'expression d'une qualité, que nous savons insoluble,car nous sommes alors devant des notions incommunicables, et c'est justement pour cette raison quela Tradition attache aux couleurs beaucoup plusde qualité que de quantité.
11 en est de meme pour les sons, qu'on peut définir par leurs fréquences et par la notion mécaniquede choc acoustique (décibels). Tout cela se mesureparfaitement, mais la qualité se surajoute également ici, en dehors meme de la notion de timbre,qui se ramene a une combinaison d'harmoniquesdont l'organisation releve déja de la qualité. C'est
L'ALIMENTATION DE LA STRUCTURE 167
~ {
intellect - - -
émotions- - - I
Tsang et __ _
orgal).es faciau'xt lSSUS------
Fou------_
~ reH couleurs
~ o d e u r s oreiI1esons
4 bouche saveurs
bouche graines~ bouche viandes~
FIGURE 22 : L'alimentation de la structure
s ~ t o u t de l' association des sons qu'il s' agit plusparticulierement a cet égard, et chacun sait bien,sans pouvoir d'ailleurs l'expliquer (ce qui est le critere majeur), que certains airs (mélodie) ou certainsaccords (harmonie) font sangloter, alors que d'autres transportent l'auditeur en pleine euphorie.Avec un peu moins de qualité que le phénomenelumineux, et en meme temps un peu plus de quan
tité en raison du choc mécanique, le son se situeapproximativement a mi-distance entre ces deuxtermes.
Les odeurs ont également le meme rang hiérarchique, comme i l a été dit plus haut, avec cependant un peu plus de qualité que de quantité car,si on peut avoir facilement la notion de leur inten-
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168 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTÁLE
sité, celle-ci ne peut pas pour autant se mesurer.Quant aux éléments de la nourriture propre
ment dite, ils sont incontestablement adominantequantitative, quoiqu'il leur reste quelque qualité
dans la mesure 00. ils appartiennent a a manifestation, et on peut meme les hiérarchiser plus précisément grace a ela, comme le montre la figure 22 :les saveurs, dont l'action est immédiate des leurcontact avec les muqueuses de la bouche (absorption perlinguale des ions), sont ainsi plus qualitatives que les graines comestibles qui, porteuses detoute l'énergie potentielle qui sera plus tard cellede la plante, sont moins quantitatives que les viandes, auxquelles la Tradition n'attribue guere que des
traces de qualité, car les saveurs n'y dominent pas ;ce ne sont pas des potentialités comme les graines,et parce que ce sont, parmi tous les aliments, ceuxqui demandent a 'organisme le plus de travail, tantmécanique (mastication, malaxage gastrique) quechimique (digestion) pour pouvoir etre utilisés, et
qui, malgré cela, et outre le peu d'énergie qu'ilsliberent, laissent le plus de déchets inutilisables parl'organisme.
En appliquant strictement l'analogie, une fois
cette hiérarchie établie, on constate que ces différents éléments du milieu correspondent terme aterme a ceux de la structure physiologique, maisencore faut·il, pour chaque plan ou couche du planinférieur, préciser ce qui, dans ces catégoriesd'agents extérieurs, répond aux secteurs et au référentiel. e'est l'objet du tableau suivant, établid'apres les données des textes traditionnels.
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170 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Pour comprendre le classement des couleurs, i lfaut appliquer leur analyse (étalement spectral)dans la zone active (secteurs gauche et supérieur),et leur synthese (disque de Newton) dans la zone
in active (secteurs droit et inférieur). Dans ces conditions, le vert est une couleur « froide » en trainde se réchauffer (secteur gauche), et le rouge la
couleur la plus « chaude » de toutes, il n'est quede promener le réservoir d'un thermometre sur lespectre étalé pour s'en rendre compte.
Opposé au vert, qui passe dynamiquement dufroid au chaud (coté dynamique de l'axe horizontal des figures 2 et 3), le blanc bleuté (lumiere dujour) contient adynamiquement toutes les couleurs.
Contrairement, d'autre part, au rouge hyperthermique, est la « couleur » du corps noir des physiciens a la température du zéro absolu, c'est-a-dire,en fait, l'absence de couleur.
Reste le jaune, couleur traditionnelle du référentiel. Physiquement, le jaune monochromatique(raie D du sodium) est au centre exact du spectrevisible et, de plus, sa raie est double, présentant enquelque sorte une face au secteur supérieur (zoneinactive), et l'autre au secteur droit (zone inac
tive), ce qui suffit amplement a exprimer laneutralité de cette couleur. C'est la raison pour laquelle l'Empereur de Chine s'habillait de jaune, entant que centre symbolique du pays, et que la robedes bonzes d'Extreme-Orient est de cette memecouleur, exprimant ainsi leur vocation a conserverun contact permanent avec le Ciel qui, on l'a vu,fait don a l'homme des idéogenes, lesquels arrivent
L'ALIMENTATION DE LA STRUCTURE 171
au centre (jaune) de son plan supérieur (accordésur les couleurs).
Les odeurs sont classées selon leurs caractéristi
ques cycliques, tournées qu'elles sont, depuis leurplan intermédiaire, vers le Ciel. 11 suffit d'observerl'évolution d'un aliment quelconque qui, d'abordcru (secteur gauche) est ensuite soumis a la cuisson(Feu, secteur supérieur) et, s'il n'est pas consommé,va se dégrader peu a peu, rancir au contact de l'airpar oxydation (secteur droit), pour finalement seputréfier (secteur inférieur). Hors de cette évolution sont certaines substances stables, donc proprement centrales, qui émettent un parfum agréa
ble : on sait que les aromates ont en principal,entre autres propriétés, d'etre antiputrides, cornmeles embaumeurs de l'antique Egypte nous l'ont am-
plement démontré.De la musique, surtout dans son acception tradi
tionnelle, il est impossible de parler ici en détail,et nous devrons nous limiter a quelques indicationssuccinctes, suffisantes toutefois pour que soientcomprises certaines associations de notes a la lu-
miere du schéma général des quatre secteurs orga
nisés en fonction du référentiel.11 est deux f a ~ o n s de concevoir l'association desnotes d'une gamme, selon qu'elles sont émises si-
multanément, et c'est alors un accord, ou successivement, dans la séquence d'une ligne mélodique.On aura reconnu la, sans aucune peine, les caractéristiques fondamentales des sous-traditions sédentaire d'une part, nomade d'autre part. Ainsi, la
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172 MÉDEC/NE CHINO/SE, MÉDEC/NE TOTALE
musique appartient aux nomades dans la mesureou ses notes se succedent, qu'elles soient émises soitpar un seul instrument, soit par plusieurs jouant al'unisson, et d'autre part aux sédentaires lorsqu'il y
a émission simultanée de notes différentes qui, parlit meme, deviennent en quelque sorte coexistantes.Par conséquent, et quoiqu'il ait été souvent affirméque la musique était un art spécifiquement nomade,il est ici montré que cela n'est pas exact, d'autantplus que, répondant analogiquement au plan moyende la structure humaine, elle est exactement placéeentre Ciel et Sol, et par suite entre les deux soustraditions, lesquelles sont melées actuellement a untel point (chapitre 1) qu'il est difficile d'imaginer
qu'une mélodie ne soit pas accompagnée d'accords,qu'un chant ne s'appuie pas sur une harmonie.
Cela précisé, cherchons quels peuvent etre lesrapports existant entre les intervalles musicaux(c'est-a-dire l'espace qui sépare deux notes, que leurémission soit successive ou simultanée, peu importeici), et les secteurs du schéma qui nous a servi depoint de départ. Mais, d'abord, que sont ces intervalles?
Un est la tonique (s'il s'agit d'une mélodie) ou
encore fondamentale (dans le cas d'un accord).C'est l'unisson, émission de la meme note, quelleque soit sa hauteur : do puis (ou avec) do, quel'octave soit la meme ou non, donnent l'impressionde similitude, ou du moins de meme ordre.
Vient ensuite deux, l'intervalle de seconde, do-répar exemple (nous savons que prendre des exemplesdans la gamme modeme n'est pas dans la ligne tra-
L'AL/MENTAT/ON DE LA STRUCTURE 173
ditionnelle, car les notes ont perdu, en Occident,tout leur contenu qualitatif dans la mesure ou onles a « faussées » pour simplifier la gamme, mais ilfaut bien arriver a se faire comprendre de chacun,
surtout des non-musiciens).Suit trois, la tierce (do-mi pour rester dans la
gamme qui nous sert d'exemple), puis cinq laquinte (do-sol). Remarquons que la quarte est ex-cIue de la gamme traditionnelle, et ce hiatus peuts'expliquer ainsi : « Un produit Deux, dit Lao Tzeu(l'Unité crée le Ciel et le Sol), puis Deux produitTrois (l'homme, troisieme terme de par son apparition entre Ciel et Sol) et tout existe a partir de la. »
La quarte (do-fa) devrait donc suivre la tierce, mais
des que quatre apparalt, il devient immédiatementcinq, par la nécessité du référentiel. En d'autrestermes, le nombre quatre n'est pas pensable endehors de son point d'appui (la quintessence querecherchaient les Grecs, comme nous l'avons mentionné au chapitre 111).
Donc, a la tierce fait immédiatement suite laquinte, qui précede la sixte (do-la), mais la septieme (do-si), comme la quarte, ne figure pas dansla gamme traditionnelle, non pas qu'on l 'ait ignorée
ou oubliée, mais parce que sept est le nombre finipar excellence, le terme de toute série (les septnotes, les sept jours de la semaine, les sept planetes,les sept couleurs, les sept ans du renouvellementcellulaire, etc., pour prendre des exemples dansdivers domaines qui ne sont pas tous traditionnels),et que ce serait décider, en émettant cet intervalle,que la manifestation est ainsi arrivée a son terme.
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174 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTÁLE
Ne se sentant aucunement ce droit, le musicienantique n'a finalement retenu que cinq intervallespossibles, quarte et septieme étant admis commepossibles mais, pour les raisons exposées plus haut,
restant a l'état théorique, et dangereux aémettre.Ciel d'abord et Sol ensuite, dit la Tradition, for-ment une séquence analogue a celle des nombres unpuis deux. De cette comparaison découle l'idée duCiel impaír et du Sol pairo Par voie de conséquence,les intervalles impairs se succedent dans la zoneactive (tierce au secteur gauche, quinte au secteursupérieur), et les intervalles pairs dans la zoneinactive (seconde au secteur droit, sixte au secteurinférieur). Quant a la tonique, ou fondamentale,
elle répond évidemment au centre en tant que réfé-rence, en dehors de laquelle aucune gamme ne sauraí etre définie.
Parmi les éléments proprement nutritifs qui sontrépertoriés dans le tableau que nous étudions présentement, sont tout d'abord les saveurs : piquants(secteur droit) sont les ions alcalins sur la langue,diamétralement opposés aux saveurs acides (sec-teur gauche) ; amers sont les produits torréfiés ou
brulés (élément Feu) tels le café, la chicorée, le thé,le tabac a fumer, et on remarque que, effectivement, ce sont tous la des stimulants du secteur supérieur du plan des fonctions Tsang (couche A), soitle creur et l'encéphale. Au secteur inférieur du plan,secteur qui correspond a a fin d'un cycle ou toutdisparait théoriquement, on trouve les seIs solubles,la dissolution (disparition) étant la définition meme
L'ALIMENTATION DE LA STRUCTURE 175
de tout secteur inférieur. Au centre, les sucres participent aussi bien a l'axe vertical en tant qu'hydrates (Eau, secteur inférieur) de carbone (Feu,secteur supérieur) qu'a l'axe horizontal, qui repré
sente ici les anions et cations nécessaires a la formation de la chaine hydrocarbonée.
Le classement des graines comestibles dérive dela géographie des territoires de culture en Chineancienne, ou le blé poussait a l'est, le riz au sud,l'avoine a l'ouest, les légumineuses au nord, le mai'svenant partout. En fait, il semble bien que, quel quesoit le pays, on retro uve cette tendance qu' ont lesplantes utiles a l'homme a se répartir selon les directions de l'espace, notamment en ce qui concerne
le riz, dont la qualité s' accroit au fur et a mesurequ'on le cultive plus au sud de l'axe blé-avoine.Mais tout cela est bien relatif en vérité, et ce n' estque normal, étant donné qU,on se rapproche de plusen plus de la quantité en descendant le long descolonnes de notre tableau.
Le répertoire des animaux sauvages, produits dela chasse et de la peche, est relativement facHe acomprendre: les oiseaux s'élevent dans les airs (secteur supérieur), coquillages et crustacés sont peu
mobiles au fond de l'eau (secteur inférieur), alorsque le poisson peut facilement remonter a la surface(mouvement de bas en haut caractéristique du sec-teur gauche), et que.le gibier a poils ne sait se déplacer qu'horizontalement sur terre (comparer ausens de la raison sur la figure 11). Le chef de filesymbolique des animaux a écailles est le DragonVert, embleme de l'initiation en Chine tradition-
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1
176 MÉDEClNE CHINOlSE, MÉDEClNE TOTALE
\ nelle, en raison de la tendance du secteur gauche\ vers le Ciel, alors que le Tigre Blanc, symbole des'\ animaux a poils, fut toujours considéré comme le\ destructeur par excellence. Quant aux animaux qui
répondent au centre, ils ne possedent aucun desphaneres qui différencient les précédents, tout enen portant les possibilités, parfois quelque peu ac-
tualisées : a partir de la peau de l'homme, par exempIe, on trouve des écailles (couche desquamante del'épithélium épidermique), des plumes (duvets), des
poils et des carapaces (ongles).Des animaux domestiques, la répartition analogi
que semble etre fondée sur les memes arguments quiservent a classer les plantes a graines comestibles,quoique l'évidence soit ténue, mais ne sornmesnous pas ici a l'éloignement maximal du Ciel, au
bas des colonnes ?Ce tableau que nous venons d'établir est utilisé
par les médecins traditionnels selon des regles tresprécises. Apres avoir localisé la maladie a tel outel secteur de l'un des trois plans de la structure, etavoir défini son sens (exces ou carence), cela gracea l'examen clinique, le thérapeute choisit son
moyen d' action selon le plan (couleur, odeuret
son,aliments) et selon le secteur, en appliquant les lois
suivantes:• Tout secteur perturbé se voit interdire l'élé-
ment qui lui correspond sinon, s'il est en exces, on
risquerait de l'aggraver, et s'il y a carence, ce seraitfavoriser l'apparition d'un exces vicieux (chapi-
tre x).
L'ALlMENTATlON DE LA STRUCTURE 177
A cela s'ajoute :• Dans un exces, la prescription de l'élément
correspondant au secteur qu'il tend a inhiber, cequi, en lui fournissant un travail supplémentaire,
l'épuisera jusqu'a revenir a la carence primitive qui,dans un second temps, sera traitée cornme ci-dessous.
• Dans une carence, la prescription de l'élémentrépondant au secteur qui précede dans le sens del'opérateur de production, que celle-ci soit directeou indirecte, seule maniere de redonner le tonusnécessaire au secteur intéressé, puisqu'on lui a supprimé son propre correspondant pour les raisons desécurité énoncées plus haut.
Ce sont la les regles principales que nous avonsréduites a a théorie, car, en réalité, elles doiventetre assorties d'actions concomitantes sur d'autressecteurs, voire meme d'autres plans que celui quiest le siege des symptómes, mais cet ouvrage n'ayantpas le propos d'etre un traité de thérapeutique, nousnous bornerons a ces seuls principes généraux.
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CHAPITRE XIII
LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION
Dans le traité traditionnel N ei Tching Sou Wen(op. cit.), il est indiqué que « le symptome exprime
I'aspect quantitatif de la maladie, alors que sonmode qualitatif n'est perceptible qu'aux pouls ».Donc, si nous avons dit plus haut (chapitre VIII)que certains symptomes, telle la douleur, étaientd'ordre qualitatif en raison de l'impossibilité qu'ily a a es mesurer, ce ne sont, en réalité, que lesconséquences qualitatives d'une atteinte quantitative, comme nous l'avons expliqué au meme chapitreo C'est ade tels cas que s'applique la prescriptiondes remedes, alors que des symptomes existent dans
un contexte qualitatif, que celui-ci soit causal ouconséquent.
L'acupuncture p.eut intervenir selon deux méthodes distinctes, l'une s'adressant aux troubles qua .litatifs en l'absence de symptomes, l'autre visant lesymptome fonctionnel en dehors de toute perturbation qualitative, du moins théoriquement.
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180 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
Quant a a chirurgie, qui ne conceme que les atteintes lésionnelles (strictement quantitatives), nousn'en parlerons pas ici car, qu'elle s'inspire ou non dela tradition, i1 n'est qu'une seule f a ~ o n de pratiquer
des ouvertures dans l'abdomen ou le thorax, de trépaner un crane ou de sectionner un membre.
Si ron consulte ce gros volume de pres de deuxmille pages (dans l'édition actuelle) qu'est le P'enTsao Kang Mou, répertoire de tous les médicamentschinois prétendus traditionnels, on pourrait croireque tout, dans le milieu ou 1'homme évolue, peutdevenir remede, qu'il s' agisse du regne animal, végétal ou minéral. Dans ce catalogue interminable,
chaque produit est décrit avec une certaine précision, -et cette description est suivie de la liste dessymptomes auxquels ce remede s'adresse plus spécialement, avec la mentíon de son appartenance atel ou tel élément-symbole, c'est-a-dire a 1'un dessecteurs ou au référentiel. C'est assez pour montrerqu'un médicament ne peut etre donné qu'en présenee d'un symptome déclaré, contemporain d'undéreglement des pouls. Prescrire un remede estdonc une méthode ambivalente, quantitative devant
le symptome, qualitative a partir des pouls, quisont ici palpés selon des criteres tres complexes, enraison des corrections aapporter vu la présence de
symptomes.11 n'est pas dans nos intentions de discuter lon
guement de cette pharmacopée chinoise, car la plupart de ses produits végétaux sont indigenes, et parconséquent introuvables en Occident, ou beaucoup,
LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION 181
par ailleurs, auraient peu de chances d'obtenir unvisa légal de médicament.
Si nous avons laissé entendre plus haut que cecatalogue, tel qu'il se présente a l'heure actuelle,
n'a que de lointains rapports avec la Tradition, c'estque dans ses éditions les plus anciennes ne figuraient, paraít-il, que trois cent soixante-cinq plantes. Etant donné la situation intermédiaire de cetteméthode entre les thérapeutiques fondamentales et
les thérapeutiques d'intervention, i l était normalqu'elle se serve du végétal, toujours c o n s i d é r ~ comme un moyen terme entre le minéral (inerte,\Sol) et l'animal (vivant, Ciel). Mais l'analogie sem-I
ble avoir été poussée plus loin encore, P U i S q U ' O ~ ' trouve dans ce répertoire original autant de remedes que de jours dans l'année. Ces quelques considérations furent plus ou moins rappelées dans lepréfaces des éditions successives de 1'ouvrage, bienque les empiriques aient peu a peu augmenté lenombre des remedes, dont ceux qui sont tirés desregnes minéral et animal ne doivent pas etre entendus comme authentiquement traditionnels, pour lesraisons exposées ci-dessus. Quant achercher a isoler de ces milliers de médicaments, en ne retenant
que les plantes, les trois cent soixante-cinq originaux, tous ceux qui 1'ont tenté ont échoué. Dansce sens, on peut dire que la Tradition s'est perduequant aux regles exactes de prescription des remedes, et le parfait empirisme qui en est l'actuel principe suffit aexpliquer pourquoi nous ne nous étendrons pas plus amplement sur ce sujeto
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l
182 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
La situation est différente en ce qui concemel'acupuncture car, en ce domaine, i l est possible deretrouver les techniques originelles authentiquement traditionnelles, en dépit de l'oubli dans lequel
elles semblent etre tombées de nos jours.Comme chacun sait, l'acupuncture (Tchen)
consiste a piquer certains points du corps a l'aided'une aiguille. A partir de cette définition, nousdiscuterons successivement des points d'acupuncture et de l a technique des piqftres chinoises.
Les points d'acupuncture sont habituellementconsidérés comme spécifiques a la médecine chinoise, mais, en réalité, i l vaudrait mieux dire quec' est la médecine chinoise qui a le mieux conservé
la Tradition a cet égard, car on retrouve quelquesuns de ces points dans les sous-traditions, tels leschakras hindous ou les kua-tsu japonais, pour neciter que ces deux exemples. L'Occident modemelui-meme en a retrouvé empiriquement un certainnombre sous la forme des points moteurs des électrologistes, et de points de correspondances <;>rga
niques a qui, ignorant qu'ils portaient déja un :nombien précis depuis des millénaires, on a sans vergogne donné le nom de leurs « inventeurs » : points de
Mac-Burney, de Bazy, de Valleix, de Dujardin, deMartinet, de Wetterwald, de Hallé, de Ponteau, deMorrls, d'Erb, zones de Head, etc. Mais il reste quec'est dans la tradition chinoise qu'on trouve le systeme le plus complet et le plus cohérent.
Depuis peu de temps, l'Occident étudie ces pointschinois du point de vue scientifique, et s'étonne deconstater que ceux-ci ont de curieuses caractéristi-
LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION 183
ques vis-A-vis de la région cutanée environnante. \Ainsi, le point d'acupuncture présente une résis-tance électrique extremement faible, possede parconséquent un potentiel électrique élevé et, par ail- f
leurs (concomitance ou conséquence ?), concentre iélectivement les traceurs radio-actifs. Et l'étonne- fment grandit lorsqu'on s ' a p e r ~ o i t , apres avoir ainsi i
bien localisé tous ces points (et il y en a presque unmillier), que les Chinois en avaient déja établi unetopographie aussi exacte que complete, et cela de-puis un temps qui se mesure en millénaires. Nousne cherchons nullement a prouver que ces « ance-tres » possédaient des moyens techniques de recher-che analogues, voire supérieurs a ceux dont dispose
l'Dccident actuel, bien au contraire, et si l'on veutbien se reporter a ce que nous avons dit plus haut(chapitre IV), on comprendra que les anciensn'avaient nul besoin de ces « protheses » pourpercevoir certaines choses, puisqu'ils voyaient ceque nous ne pouvons plus percevoir, décrépits quenous sommes devenus. Bref, ils voyaient tout simplement ces points, et pouvaient ainsi les décrire¿4-sans aucune difficulté. 11 nous est arrivé de rencontrer des contemporains qui, ayant encore viva-
ces certaines mémoires ancestrales (chapitre XI),sont capables de percevoir les points chinois, soitpar le toucher, soit par la vue.
Les points d'acupuncture se classent en deux catégories distinctes : les résonateurs cycliques (Yu)et les concentrateurs statiques (H sué). Pour biencomprendre ce classement, il nous faut quelque peu
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184 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
revenir sur la morphologie de l'homme (chapitre 1)
avec le coffre-fort cranien, la cage thoracique et laparoi abdominale : c'est sur un plan véritablementpyramidal (chapitre VI) que le corps humain est
organisé, du moins quant a sa partie centrale et,pourrait-on dire, sta ique. Autour de ce bloc organisé et hiérarchisé, et analogiquement aux nomadesqui ródent aux alentours des villes construites ethabitées par les sédentaires, les membres assurentles mouvements et sont, outre leur mobilité constitutionnelle, au nombre de quatre, comme les saisonsde l'année ou les « temps » du nycthémere (chapitre 11). Mieux encore : si l'on divise chaque saisonen trois mois, d'ou une année de douze mois, si
douze heures forment un nycthémere (l'heure chinoise vaut deux heures occidentales), chaque mem .bre est aussi divisé en trois segments (bras-cuisse,avant-bras-jambe, main-pied). Les quatre membres,qui ont un total de 4 X 3 = 12 segments se rapportent donc au cercle, et encore plus étroitementqu'on ne le pense, car si le membre supérieur semeut vers le Ciel, le membre inférieur repose sur leSol, d'oilla correspondance des deux bras aux deuxsecteurs de la zone active, et des deux jambes aux
deux secteurs de la zone in active.
On pourrait consacrer un gros volume a cetteseule question de l'organisation de l'homme dans lecadre traditionnel, mais nous en avons dit assezpour qu'on comprenne que les points appelés résonateurs ne peuvent se trouver que sur les membres,et meme sur leurs segments les plus mobiles, c'est-a-
LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION 185
dire vers les extrémités, alors que les concentrateurssont surtout au tronc et a la tete.
Si nous avons insisté sur cette distinction des
points chinois en deux ca tégories c'est parce queles interventions de l'acupuncture, selon qu'ons'adresse a a qualité ou a a quantité de maladie, endépendent essentiellement : une maladie qualitative, donc sans sympt6mes (chapitre IX), se traiteaux membres, sur les résonateurs, car c'est une perturbation d'ordre cyclique, alors qu'une affectioncliniquement évidente et quantitative sera abordée,de par son caractere structural, au niveau des concentrateurs. Ajoutons que, du fait que les membres,
en dehors de leur róle de « mobiles », sont par ailleurs corporels, ils possedent aussi, entre les résonateurs, des points concentrateurs qui s'adressenta leurs atteintes quantitatives. Si donc la tete etle tronc ne portent que cette sorte de points, ontrouve sur les membres les deux especes, qu'il nefaut alors pas confondre.
Tout point d'acupuncture possede tradítionnellement trois niveaux : celui du Cíe! (T'ien P'ing),
qui est la surface de la peau, celui du Sol (T i P'ing),profondeur maximale d'implantation de l'aiguillequi varíe, selon la région du corps, de quelques millimetres a p l u s i e u r ~ centimetres, et enfin celui del'homme (len P'ing), niveau intermédiaire entre lesdeux précédents. Nous ne pensons pas qu'il soitnécessaire d'insister sur ces définitions, bien évi-demment fondées sur l'analogie qui s'établit entre
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186 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
le poínt d'acupuncture et l'homme entre Cíel etSol, sachant que la partie a la meme constitutionque l'ensemble. Aussi aborderons-nous immédiatement l'étude de l'acte d'acupuncture, dont la techní
que sera radicalement différente dans la mesure ouelle s'adresse a un résonateur ou a un concentrateur : présentation (Ts'al T chen) ou pénétration(Tcheu Tchen) de l'aiguílle.
Présenter l'aiguille ne se fait que sur un résonateur, et consiste a en poser la pointe au seul contactde la peau, sans qu'il y ait pénétration aucune. Le
propos d'une telle intervention est d'apporter leCiel a l'ensemble du systeme que forment les trois
plans, afin d'en modifier les caractéristiques qualitatives : c'est la transmutation (Hwa).
Toute différente, et en quelque sorte inverse, estla pénétration, au cours de laquelle l'aíguille s'enfonce jusqu'a la profondeur maximale requise dansun concentrateur, afin d' agir quantitativement surle Sol du systeme, par apport (Pou) ou retrait (Sié)de ce qu'on peut appeler le potentiel physiologique.I1 est évident que la manipulation (Cheou Fa) del'aiguille sera différente selon l'effet recherché
mais, avant d'aborder cette question, nous devonsrappeler ce qu'est l'instrument de l'acupuncteur, se-
Ion la Tradition.
L'aiguille est en fer (ou en acier inoxydable),métal sans couleur propre (Sol), avec un manchefaít d 'un enroulement de fU de cuivre rouge (Ciel).C'est également pour des raisons analogiques que
LES THtRAPEUTlQUES D'INTERVENTION 187
s'explique la présence d'une petite boucle au sommet du manche, dont la forme circulaire correspond au Ciel, par opposition a a pointe qui, en basde l'instrument, figure le centre de l'espace et se
trouve au contact du malade (les amateurs desciences occultes ne manqueront pas de reconnaitrela les éléments qui permettent de provoquer lesphénomenes d'appel et de renvoi).
Nous insistons sur ces conditions impérativesd'un instrument de fer a manche de cuivre, comportant une boucle en haut et une pointe en bas,conditions sans lesquelles les résultats ne peuventétre que médiocres. Nous avons vu en Occident, etmeme récemment en Extreme-Orient (ou, inspiré
que ron est maintenant des idées occidentales, oncherche a rendre l' acupuncture « scientifique »),des instruments qui n'ont plus rien de communavec ceux que la Tradition exige, telles les petitesépingles fran9aises faites d'un seul métal, généralement précieux (or ou argent), ou alors des aiguillessoi-disant chinoises qui, bien que faites d'acier, ont
un manche constitué d'un enroulement de fil métallique blanc, pour éviter toute allusion a l'or et ala richesse, et ron se sert meme desdites aiguilles
comme d'électrodes pour injecter des courants divers dans les points d'acupuncture. Ce sont la desaberrations issues, les unes d'une flagrante incompréhension, les aunes de directives politiques, lesdernieres de conceptions scientistes, tout cela ne
devant d'aucune fa90n etre considéré comme conforme a la Tradition, n'étant que la conséquencedes multiples contingences de l'époque actuelle,
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188 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
lesquelles ne devraient pourtant intervenir en aucuncas dans l'acte médical, qui est et doit toujours rester en dehors et au-dessus de tous ces contexteséminenunentchangeanm.
Cela précisé, revenons aux manipulations de l'aiguille. Un point résonateur est ainsi fait qu'il re-
présente a ui seul tout le phénomene pathologiquequalitatif. En effet, on peut comparer sa surface aun contenant, et son ca: intérieur », a un contenu,analogiquement au Ciel qui contient en quelquesorte le Sol, dans la mesure ou i l le recouvre etl'enveloppe. Sans vouloir entrer dans des détails quin'ont pas ici leur place, sachons seulement qu'un
résonateur correspond a tel ou tel secteur (ou auréférentiel) par son plan superficiel (contenant), eta el ou tel autre en profondeur (contenu). Si, parexemple, on trouve en automne un pouls antérieurgauche (chapitre IX) superficiel et tendu, on entirera la conclusion que son émergence est nonnale,car c'est la caractéristique du secteur supérieur,mais que la tension est une anomalie, car l' automnedevrait, au contraire, apporter une détente. Or ilexiste une série de résonateurs qui reproduisent en
surface le secteur supérieur en tant que contenant(localisation du pouls), et en profondeur le secteurgauche (allure tendue du pouls), qui est le contenu.L'un de ces points sera choisi (selon des criterestrop complexes pour pouvoir etre mentionnés ici),et l'aiguille y sera présentée aux fins de transmutation. L'opérateur tient cette aiguille a deux mains,les doigts de la main gauche (coté qui tend vers le
LES THÉRAPEUTIQUES D'lNTERVENTION 189
haut) sur le cuivre (Ciel), ceux de la main droite(cóté qui tend vers le bas) sur le fer qui constitue lecorps de l'instrument (Sol). C'est l'acupuncteur,soulignons-le, qui est l'agent de la transmutation,
enca:
polarisant » l'aiguille qu'il tient de ses deuxmains, assurant ainsi le passage de haut en bas, deCiel a Sol. Des lors, pour reprendre notre exemple(qui se situe en automne), le Ciel va etre a nouveauen contact avec le sujet (car la modification qualitative du pouls montrait que, sur ce point précis,le contact n'existait plus), grace a l'interposition du
praticien et au choix du point en résonance. LeCiel d'automne pourra alors inhiber (figures 3 et 4)la tension parasite la ou elle s'était installée, et la
palpation du pouls antérieur gauche montrera qu'ilest a nouveau nonnalement détendu. C'est ainsique, selon la Tradition, on guérit la maladie avantson apparition.
Il en est tout autrement lorsqu' on est en présenced'un malade, d'un sujet porteur d'un tableau clinique dont les symptómes, on s'en souvient, se classent en exces ou carences (chapitre x), et qui de-
mandent a ce que l'exces soit enlevé, ou la carencecomblée. A quoi correspondent, peut-on se deman
der, ces quantités qu'il faut ici modifier? La tradition chinoise parle de Tch'i, énergie vitale qui,mises a part ses manifestations qualitatives, s'ex-
prime par ailleurs sous la forme d'une quantité depotentiel nécessaire' au fonctionnement des différents organes du corps, et e'est dans la mesure ou laphysiologie est considérée comme un ensemble dephénomenes d'ordre électro-chimique que nous en-
LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION 191
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190 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE 101ALE
visageons ici l'exces et la carence. Un muscle contracturé (exces), un estomac qui digere mal parcequ'il ne sécrete pas assez de sucs (carence), uncreur qui bat trop vite ou trop lentement, la pres
sion artérielle modifiée dans le sens de I'hypertension ou de I'hypotension, sont les criteres en fonetion desquels l'acupuncture par pénétration peutetre appliquée.
Tout exces doit etre drainé (Sié) et, pour ce faire,l'aiguille est laissée en place (Wo Tchen) apresavoir été implantée aussi rapidement que possiblea la profondeur voulue. L'exces déterminant unehypertonie du point traité, l'instrument est alors for
tement saisi par la peau, qui se spasme sur lui, aupoint qu'il est tres difficile de le retirer. Des tentatives de retrait, faites toutes les cinq minutes environ, montrent que cette crispation s'atténue peuapeu, jusqu'a disparaitre au bout de quinze avingtminutes. Bien entendu, il n'est pas permis d'enleverl'aiguille tant que la peau ne l'a pas libérée, souspeine d'échec. Le retrait se fait tres lentement, et
le point, selon le cas, devra ou non saigner. Les instructions de la Tradition sont formelles a ce sujet t
et ne sauraient en aucune facron etre transgressées.Tout état de carence demande un apport (Pou)
de potentiel physiologique, et la technique d'acupuncture est ici toute différente : autant l'aiguillede drainage s'implante rapidement et se retire lentement, autant elle reste longtemps en place sans quel'opérateur la manipule (inertie, lenteur, So1), autant l'aiguille d'apport ne reste implantée que quel-
ques secondes, tout en subissant des rotations in-cessantes (mouvement, rapidité, Ciel). La peau,qui était atone a a pénétration, se spasme immé-diatement sous l'effet de ces rotations et, des ce
tonus obtenu, l'aiguille doit etre retirée sans délai.Dans ce cas, la saignée du point apres le retrait estformellement contre-indiquée, sous peine d'échec.
Nous ne nous attarderons point aexpliquer comment et pourquoi l'acupuncture par pénétrationagit : nous avons personnellement effectué un certain nombre de travaux ace propos dans le passé,portant sur le transfert d'électrons dans le point enexces (trop électro-positif), ou hors du point encarence (trop électro-négatif), grace au couple
thermo-électrique qui s'établit entre le fer et lecuivre qui composent l'aiguille ; travaux concemantégalement les conséquences du stress (traumatisme)de la piqure sur les concentrations d'histamineet d'acétylcholine in situ ; tout cela n'est finalementd'aucun intéret du point de vue traditionnel, etseule est a etenir comme vraiment essentielle raetion par analogie opérative. Si l'aiguille c1assiqued'acupuncture permet d'obtenir des résultats engénéral immédiats et durables, toutes les autres
techniques d'intervention sur les points chinois,que ce soit par des électrodes (effet ionique seul)ou a l'aide de petites épingles monométalliques(stress seul), demandent de nombreuses séances surbeaucoup de points; pour obtenir en fin de comptedes résultats qui, parfois indéniables, sont cependant toujours et nécessairement incomplets, ne« tiennent » guere longtemps, car outre que cha-
192 MÉDECINE CHINOlSE, MÉDECINE TOTALE LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTlON
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cune des méthodes n utilise qu'une seule des deuxprécédentes actions physico-chimiques, aucune nefait appel au troisieme principe, qui est en fait lepremier, et le seul réellement fondamental.
Les points appelés « concentrateurs », qui re~ o i v e n t les piqíires quantitatives que nous venonsd'évoquer, ont tous une action locale, en ce sens quel'effet qu'ils r e ~ o i v e n t s'étend autour d'eux en cou·vrant une région qui correspond approximativement a la surface d'une paume. C'est ainsi quel'acupuncture s'applique dans les affections externes, soit directement sur un ou plusieurs points de larégion malade (peau, muscles, articulations), soitindirectement, en entourant la région (si elle n'estpas porteuse d'un point central) par les points lesplus proches (reil, oreille, nez, bouche, organes g6-nitaux).
L'acupuncture locale est également employéedans certains cas aigus intéressant la pathologie interne, sur le point central de la projection cutanéede l 'organe malade. Ces points, appelés collecteurs(Mou), ont la particularité de se « charger ;¡) enmeme temps que l'organe correspondant, d'ou leurnom, et, par voie de réversibilité, toute action dedrainage appliquée sur I'un de ces points a poureffet de calmer I'organe en exceso Bien souvent, lescollecteurs sont des points d'urgence qui, s'ils neguérissent pas a proprement parler, ont l'avantagede calmer temporairement l'exces aigu, et de permettre de reprendre celui-ci, dans un second temps,par d'autres points : les points accordés (Yu).
Les points accordés sont tous situés dans le dos,
193
de chaque coté de la colonne vertébrale, et répondent en profondeur a la chaí'ne bilatérale des ganglions sympathiques, d'ou leur action internemétamérisée (c'est-a-dire étagée), qui en faít de véri
tables points de commande des différents organescontenus dans le tronc, grace a la voie sympathíque,et au niveau desquels on traite aussi bien les exces(non aigus, auquel cas on s'adresse aux collecteurs)que les carences.
Dans l'acupuncture de drainage des exces, on avu que l'aiguille, une fois mise en place, n'est plusmanipulée par l'opérateur. Or il en est tout autrement dans l'acupuncture d'apport aux carences, on
le manche de l'aiguille est manipulé, ce qui a poureffet que le thérapeute, si courte soit l'opération,est en contact (quantitatif) avec le malade. Toutacupuncteur a constaté que cette intervention d'apport est fatigante pour lui, sinon épuisante, car iljoue le role du Ciel vis-a-vis du malade en situationrelative de Sol, et doit alors lui fournir l'énergiequi lui fait défaut. C'est la raison pour laquelle cetteacupuncture n'est plus guere pratiquée, et a été remplacée par la cautérísatíon du point (Tchiou), le
quelr e ~ o i t
de l'énergie, non plus du praticien, maissous forme de chaleur fournie par l'incandescenced'un combustible. Ce combustible est la feuille s6-chée d'armoise (Aí, artemisia vulgaris) qui, broyée, a-
est f a ~ o n n é e en forme de petit con e de la taiIIe d'ungrain de riz lequel, posé sur le point et allumécomme une chandelle (A í Tchou), se consume len-tement et doit etre retiré des que la sensation de
194 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE LES THÉRAPEUTIQUES D'INTERVENTION 195
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L
chaleur est p e r ~ u e par le patient. Une autre méthode consiste a rouler une cigarette (Ai TchuanTchou) avec les feuUles d'armoise et, apres l'avoirallumée, d'en approcher l'extrémité incandescentedu point a raiter, sans aller jusqu'au contact, res
tant a la distance nécessaire mais suffisante a laperception d'une chaleur supportable.
Les empiriques ont remplacé la cautérisationclassique par l'application d'objets divers préalablement plongés dans l'eau bouillante, tubes métalliques, cuilleres de porcelaine, etc., mais ces méthodes ne sont en aucune f a ~ o n comparables a lacautérisation a l'armoise, dont la chaleur est spécifique, et qui apporte de surcro]t une action révulsive due a des hétérosides particuliers contenus
dans la plante.
Pour conclure ce chapitre, nous devons rappelerque certains points d'acupuncture sont dangereux,et que la Tradition foumit un répertoire complet deceux-ci. Le lecteur demandera certainement lacause de ces véritables interdictions qui frappent lespoints dangereux, et nous regrettons de ne pouvoirlui répondre, car la Tradition ne s'explique pasace propos (textes probablement perdus), et nous
n'avons jamais essayé d'en vérifier le bien-fondépour de simples raisons de sécurité. Tout ce quenous pouvons dire est qu'il nous est arrivé de voirdes malades qui avaient r ~ u un traitement surdes points interdits, de la part de praticiens insuffisamment informés, et que lesdits malades présentaient tous des troubles organiques, nerveux, psy-
chiques, etc., parfaitement irréversibles, résistanta ous les traitements possibles. Ce sont malheureusement des malades irrécupérables, qui suffisentamplement amontrer que ces interdictions ne doivent pas etre prises a a légere, quoi qu'en prétendent d'aucuns.
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'.'CHAPITRE XIV
LES POTENTIALITÉS MORBIDES
Etre en bonne santé n'est pas, contrairement ace qu'on pourrait d'abord penser, avoir ses fonctions normales, dans le sens ou cette normalitérésulte d'une moyenne statistique prise sur un nom
bre plus ou moins grand d'individus supposés toussemblables, ce qui est une impossibilité pure etsimple. En effet, nous sommes au contraire tousfondamentalement différents les uns des autres, etsi quelques caractéristiques, d'ordre strictementquantitatif, nous sont communes (morphologie gé-nérale, anatomie, etc.), d'innombrables facteursqualitatifs nous différencient, ce qui permet de comprendre que la normalité ne doit aucunement etrerecherchée dans l'ensemble des autres individus,
mais bien chez le sujet lui-meme. En termes plusbrefs, etre en état de santé c'est, pour employer leraccourci banal, « se sentir bien dans sa peau lt .
Combien de personnes prétendent n'etre « pasbien », sans pour autant pouvoir préciser davantage le siege et la nature de leur malaise ? Cellesla sont classées, par la médecine modeme, dan sl'arrnée des pithiatiques, c'est-a-dire de ceux qui,
MÉDECINE MÉDECINE
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L
prétend-on, se decouvrent tres sincerement des maladies qu'ils n'ont nullement en réalité. Les considérer comme des malades imaginaires est une tresgrave erreur, car un tel état de malaise indéfinis
sable est en quelque sorte le signal qu'un déreglement qualitatif est sur le point de donner ses conséquences quantitatives, encore floues a ce stade,mais qui ne tarderont guere a se particulariser danstel ou tel plan de la structure physiologique. In·tervenir a ce moment, et par la voie qualitative,grace a 'examen des pouls, permet d' éviter un teldéveloppement, et de redonner au sujet la sensation aussi agréable qu'indéfinissable du bien..etrephysiologique.
Mais nous avons déja traité de cela, et c'estsurtout d'autres questions que nous voudrions discuter ici, qui se rapportent plus précisément al'apparition de la maladie. On sait que celle-cia des causes, mais pourquoi certaines de ces causesrestent-elles a l'état virtuel chez les uns, alorsqu'elles s'actualisent chez d'autres? Pourquoi, parexemple, tels enfants d'une meme famille reproduisent une maladie de run des ascendants (maladiehéréditaire), pendant que les autres restent appa
remment sains ? Second probleme : pourquoi la maladie, fut-elle accidentelle, apparait-elle a tel mo-
ment plutot qu'a tel autre? Hasard, répondra-t-on,hasard érigé a l'état de science par le calcul desprobabilités. Comme nous l'avons déja dit plus haut(chapitre VIII),. nous ne souscrivons pas a cetteopinion par trop simpliste, car i l est bien évidentque le hasard ne saurait se concevoir des qu'on
LES POTENTIALITÉS MORBIDES 199
admet que tout événement a une cause, meme en cequi conceme l'instant ou i l a lieu, et dire, pourreprendre notre précédent exemple, que la maladieest héréditaire, n'explique nullement pourquoi elle
apparait a tel moment chez l'un et pas chez sonfrere.
Que retre humain soit pOrteur de multiples vir-tualités morbides est incontestable, sinon i l seraitimmortel. Aussi ne retiendrons-nous pas les classiques causes héréditaires ou acquises des maladies,qui ne sont, en réalité, que des possibilités, lesquelles sont en quelque sorte cultivées par l'humanitéjusqu'a l'éclosion qui se produit sous des sollicitations d'un tout autre ordre que nous étudierons
plus loin, apres avoir rappelé les modalités decette véritable culture.
C'est en jouant le jeu dangereux de la vie mo-
deme que l'homme cultive et développe ses potentialités morbides héritées ou acquises. Sans vouloirpasser en revue la totalité des modalités de la vieactuelle, nous devons cependant signaler les plusimportantes et les plus nocives, qui se cachent sou-vent sous des aspects anodins, ou meme semblentassez logiques pour etre conseillées par certains en
vue de conserver la santé, alors qu'elles ne font, enréalité, qu'accélérer le vieillissement de l'humanité(chapitre IV).
L'homme est entre Ciel et Sol afin de jouer lerole d'entremetteur entre ces deux termes: Cíelpour le Sol, il est en meme temps Sol pour le Cíel.C'est dans cette optique que doít etre défini le Mé-
tier (l'homme-Ciel agissant sur la substance-Sol),
LES POTENTIALITÉS MORBIDES 201
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régi pa r les loís du Ciel (l'homme-Sol ~ i t leCiel) au point qu'il devient un authentique rituel.C'est sur eette seu1e base qu'étaient organisées lescorporations d'autrefois, au sein desquelles l'ap
prenti recevait l'initiation apres l'avoir dfunentméritée. Entendu dans son sens véritablementsacré, le Métier est tres éloigné de ce qu'on désigneactuellement. sous le nom d'emploi, sorte de fonetion standard que n'importe qui peut assurer sansvocation ni prédisposition particuliere. Si autrefois on était appelé au Métier, on en est maintenanta a recherche (et aux problemes du maintien) de
l'emploi, et la nuance est d'importance.A cette perte de qualité du travail, due au fait
que le Ciel n'y intervient plus, s'ajoute un autreévénement : l'homme abandonne routil qu'il ani-
mait pour le remplacer par la machine, qui accomplit le meme travail, mais avec cette essentielle düférence que e'est a partir d'une énergie étrangere al'hornme (charbon, pétrole, électricité, etc.), qui setrouve des lors réduit arétat de conducteur de la
maehine, et ne fait plus passer une partie de lui-meme dans robjet fabriqué. Si on reconnaissaitl'Artisan dans l'reuvre, qui était par la meme piece
unique, les objets fabriqués maintenant sont parfaitement semblables entre eux, anonymes et sansvie propre. C'est la un réel détournement du role de
l'homme entre Ciel et Sol, une perversion qui, a la
limite, aboutit a la subversion, c'est-a-dire au renversement des valeurs Ciel et Sol, cornme le prouvecette ahurissante phrase d'un contemporain : « Fusées, usines atomiques et cyc1otrons sont les moder-
nes cathédrales en tant que livre des mysteres » !
Et un autre de renchérir : « Notre haut degré deréalisation scientifique est une poussée irrésistiblede notre progres vers un nouvel ~ g e d'or » ! Ainsi,
le vieil homme infirme en est arrivé a vénérer sesbéquilles parce qu'elles sont pour lui le signe d'unextraordinaire perfectionnement ! Et c'est cela querécole incu1que aux enfants a qui, par ailleurs, on
offre des jouets « scientifiques » afin de parfaire leeonditionnement ..
Ne pouvant plus dépenser son énergie a euvrer,l'homme lui a trouvé un emploi sous la forme du í
sport., rejetant ainsi cette prescription de la Tradition : <t: Le sage n'épuise pas son corps a des exer
cices physiques. » Mieux encore : ne se d é p l ~ a n t plus par ses propres moyens, mais a l'aide de machines comme l'automobile ou l'avion, i1 ressent lebesoin impérieux de faire fonctionner son systemelocomoteur mais, avec le sport, tombe dans l'excesinverse. Fondé sur le maximum d'effort de vitesseou de force, avec pour objectü la performance, lesport fait de ses pratiquants des etres anormalement fragiles, qui s'effondrent au moindre rhume.On connalt les conséquences de cet état d'esprit a
courte vue, car i l est notoire que, dans une énormeproportion, les grands sportifs meurent jeunes, pa r
usure prématurée.A ceux qui se contentent, déja plus sagement, de
la simple culture physique, bien inoffensive en apparence, nous conseill ons de bien distinguer ce quiest entratnement de ce qui est banal exercice. Pour
développer un muscle, prétend-on, i l faut le faire
MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE LES POTENTIALITÉS MORBIDES 203
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travailler. Si nous acceptons ce principe, nous pouvons le reporter aux fonctions internes et, par exempIe, dire que le foie sera d'autant plus fort qu'onle fera travailler, et ce que produisent les halteres
sur le muscle, l'alcool doit le produire sur le foie !Si nous avons choisi cette image, c'est pour bienmontrer que l'entrainement physique aboutit a l'intoxication pure et simple.
Et, comme pour les précédentes béquilles,l'homme cherchera a sacraliser cette activité artificielle et nocive qu'est le sport ou l'entrainement, eninstaurant le culte du muscle, pseudo-rituel auquelrien ne manque, depuis le e recueillement » avantl'effort jusqu'a la parodie de la flamme soi-disant
sacrée des olympiades.L'exercice physique est tout différent, et a deseffets bénéfiques des lors qu'il ne cherche pas Eldévelopper, mais aentretenir, mais encore faudrat-il se méfier des gymnastiques qui utilisent desmouvements qui ne sont pas ceux du corps a l'étatnaturel. Ainsi, par exemple, de la gymnastiqueabdominale. Si les vieux sages d'Extreme-Orientsont toujours représentés avec un ventre dont lemoins qu'on puisse en dire est qu'il est proéminent,
ce n'est pas pour donner a croire que l'obésité estrecommandée, mais pour montrer que l'abdomendoit etre parfaitement relaché, et non serré par lecorset d'une sangle musculaire anormalement fabriquée a l'aide de certains mouvements, car la
solidité et la dureté de l'enveloppe ne peuvent exister normalement qu'aux parties supérieures ducorps (le coffre-fort cranien), et jamais aux parties
inférieures, qui doivent au contraire etre aptes ase dilater librement sous l'effet de la respiration.Respirer avec son thorax, c'est-a-dire en bombant
le torse et en 4: rentrant » le ventre, tout en ~ e \ ' u n t les bras, n'aere que les sommets des poUIDODI etn'aboutit, par blocage du diaphragme, qu" uneasphyxie plus ou moins notable, a une jmmobW.u
tion du foie et a une sidération des inteadal. cbltla circulation est alors entravée. Tout au Ola •••••la respiration abdominale, qui est ceUo di
phragme, non seulement ventile les pou", . ,qu'a leurs bases, mais favorise aussi la ciroIIIhépatique, cornme i l en serait d'une ~ p o J I I I nativement pressée puis relachée, et
meme temps les anses intestinales dont letr •
des lors assuré.Mais revenons a la gymnastique abcfomt....
l' on considere I'homme traditionnellemenlface au sud, au soleil a midi, a l'Enerale.antérieure va se polariser inversement 01
inerte, de la meme maniere qu'en m a g n 6 ~ 1 électrostatique, ou l'inducteur donne UD
verse au sien a l'induit. Simultanément, latérieure, qui regarde le nord, va devenir
selon le meme processus. Des le stade del'homme est ainsi polarisé (figure 23),.veoventrale interne (Sol) et une face dOI'IIII(Ciel), car i l est éyident que Ciel el ... _ _memes caractéristiques, de meme que Sal •
Cela posé, on comprend alOl'l ...l'homme, ce qui est en avant doit teDdII . .Sol, céder inertement a la pesanteur. J n1 1. . . ·
204 MÉDEC/NE CHINO/SE, MÉDECINE TOTALE "
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ce qui est en arriere sera tonique et tendu vers lehaut. Par conséquent, autant un dos doit etre so-lide, autant un ventre doit etre Iache. Or, la gym-nastique abdominale, destinée a endre la sangle du
ventre, a pour résultat de renverser les valeurs, carle tonus n'a pas été créé mais déplacé (rien ne secrée), au détriment de la portion lombaire (a memehauteur) de la colonne vertébrale : durcir le ventrec'est détendre les lombes. Qu'on ne cherche pasailleurs la cause de la multiplication actuelle deslésions vertébrales lombaires, dont la carence originelle résulte d'une interprétation aberrante del'équilibre des forces du corps.
Ce n'est la qu'un exemple, car d'autres facteurs
viennent s'ajouter pour aider a la culture des potentialités morbides, mais qui, faute de place, ne peuvent etre ici que succinctement mentionnés :voyages de plus en plus rapides, qui brutalisent lesdélicats rythmes biologiques, alimentation délirante, tension nerveuse grandissante, vie nocturne,développement de l' agressivité a laquelle tentent des'opposer des morales balantes parfaitement inefficaces, recherche effrénée du profit et du pouvoir,industries polluantes et dégradantes pour I'homme,
thérapeutiques chimiques hautement toxiques quine font que masquer les symptómes, chirurgies mu-tilantes, médecines standardisées ou la machine apparait, psychologies démoniaques, enseignementpar conditionnement qui éteint tout le plan intellectuel (par développement des automatismes), lequel
\ ne r e ~ o i t des lors plus d'idéogenes, d'autant que les\ religions ont perdu tout sens métaphysique. A cela
I
t. ~
~
\,!1I
20S
dos
FIGURE 23 : L'embryon
s'ajoute, comme en filigrane, l'extinction progressive de la cellule familiale, ou les enfants ne trouvent plus les modeles dont ils ont besoin, etqu'ils
vont chercher ailleurs. Passons sur les fausses traditions qui empoisonnent l'esprit en prétendant
remplacer la Pensée perdue, spiritisme, astrologie,fausses syntheses des religions, toutes les doctrinesfondées sur la théorie de l'évolution ou sur la matérialité des quatre. éléments grecs. De toutes cesécoles soi-disant ésotériques, rien ne peut etre retenu, bien au contraire. Et ne parlons pas des dangereuses importations d'Orient, du genre yoga ouzen, véritablement maléfiques poOl l'Occidental.
206 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
i¡.,
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Peut-on alors s'étonner que les meres n'aient plusde lait, qu'elles mettent au monde de plus en plusde monstres, que des maladies nouvelles apparaissent, telles les terribles collagénoses, processus
d'autodestruction de l'organisme ? Apres cette faillite qu'est la perte des plus hautes fonctions humaines, suivie de l'anarchie du cancer, voici le sui-
cide collagénique.Ainsi cultivées et muries, les charges morbides
(que 1'0n peut détecter a ce stade grace a la palpation des pouls) n'ont plus qu'a attendre le « feuvert », pourrait-on dire, pour éclore et se manifesterobjectivement. Comme nous le disions précédemment, i1 n'y a la aucun hasard car, tout au con
traire, c'est dans des conditions extremement précises que ce feu vert s'allume, la résonance analogique jouant, encore ici, un rOle de tout premierplan.
Nous avons déja rappelé (chapitre VIII) le tristecas de ce cardiaque qui succomba a la suite d'undéplacement vers le sud en été. Ce seul exemplesuffit a montrer que certaines résonances liberentles charges morbides développées dans les secteurs
des différents plans dela
structure physiologique,et il est tres simple de comprendre que les directions de l'espace agissent surtout sur le plan infé-
tieur somatique, alors que le plan supérieur intellectuel est accordé sur les secteurs temporels. Quantau plan moyen, émotionnel, i l réagit aussi bien auxconditions d'espace que de temps, vu sa situationintermédiaire. La figure 24 montre l'essentiel de
heures
est
mois années
FACTEUR TEMPOREL
sud
chez soi
nord
sen! de déplacement
FACTEUR SPATIAL
ouest
FIGURE 24 :
Les agents déclenchants de la maladie
208 MÉDECINE CHINOISE, MÉDECINE TOTALE
~
f
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tous ces facteurs déclenchants, mais appelle quelques considérations complémentaires :Le facteur temporel est triple, avec les heures,
qui sont évidemment ici des heures sol aires locales,les mois (nous avons mentionné sur la figure lesdates auxquelles commencent les saisons traditionnelles), et les années. Sur ce demier point, il fautsavoir que la Tradition décrit un cycle de douzeans, que d'aucuns ont faussement rapporté a l'année de Jupiter, mais qui, en réalité, n'est que leretentissement du cycle des taches solaires. Quantau facteur spatial, on sait qu'il s'agit des directionsde déplacement a l'occasion de voyages, et plus ladistance parcourue est grande, plus la résonanceest intense bien que, dans les cas de charge limite,quelques kilometres suffisent a provoquer l'apparition des symptómes. On aura compris que le centre, auquel correspondent certaines fonctions corporelles, signifie ici ne pas se déplacer, rester chezsoLLe lecteur a certainement remarqué que trois
facteurs temporels (Ciel), pour se limiter a l'essentiel, surmontent un seul facteur spatial (Sol), c'est-adire que, contrairement a ce que nous avions précédemment exposé (chapitre VI), on trouve ici lamultiplicité en haut, sous la forme de trois sys-temes, et une relative unité en bas, avec un seulsysteme. Voila qui demande quelques éclaircissements. Nous savons que le sédentaire est immobileet monothéiste (chapitre 1), alors que le nomade estmobile et polythéiste. On peut représenter ces deuxsous-traditions par les triangles de la figure 25 :
sédentaire nomade
sceau de Salomon
FIGURE 25 : Les sous-traditions
210 MÉDECINE CHINOlSE, MÉDECINE TOTÁLE
~ ~
LES POTENTIALITÉS MORBIDES
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un triangle abase inférieure et sommet supérieursymbolise le sédentaire, immobile et socialementorganisé (base), reconnaissant au-dessus de luil'Unité (sommet). Inversement, le triangle qui évo
que le nomade asa
pointeen
bas (pas d'aire destationnement, pas d'organisation sociale développée) et sa base en haut (polythéisme). Si le premiertriangle est le schéma d'une pyramide stable, lesecond représente plutOt une toupie en équilibregrace au mouvement. L'homme, on le sait, contienten lui-meme ces deux sous-traditions, ce que represente, parmi d'autres acceptions d'ordre traditionnel, la figure connue sous le nom de sceau de Salomon, qui réunit les deux trlangles précédents.
D'autre part, on sait que le nomade est un banni,rejeté hors la ville comme Adam fut chassé del'Eden pour errer. C'est done qu'il a contrevenuaux lois des sédentaires, qu'il est subversif, ce quipeut expliquer que le triangle a sommet inférieursoit souvent considéré, ce qui n'est d'ailleurs pastoujours exact, mais la n'est pas la question, commeun symbole maléfique. Or le malade est physiologiquement anormal, son comportement fonctionnelprésente un certain nombre d'aberrations, c'est une
sorte d'exilé de la santé, laquelle est l'état habituelde ses semblables. Sachant en outre que l'originedes maladies est en définitive dans la dégradationde l'homme (les anciens n'étaient jamais malades,disent les textes), dans un rapprochement du Soltel que le contact du Cíel est perdu, rien d'étonnant des lors a voir le malade soumis aux lois
jl
211
nomades, au systeme comportant le multiple enhau et l'unique en baso
On comprend alors l'importance du diagnostic
et du traitement considérés sous cet angle, que cesoi t dans le cadre de la prévention ou de la maladiedéclarée, car il s'agit en définitive de provoquerun véritable redressement de situation, de réintégrer l'exilé au sein de ses semblables, et ce n'estcertainement pas ainsi, il est fort regrettable de leconstater, que la médecine occidentale modeme adécidé de considérer, définir et justifier ses démarches diagnostiques et thérapeutiques.
"":,.
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APPENDICE
En guise de résumé de tout ce qui p ~ IU r
la constitution de I'hornme, nous avons arouP'dans la figure 26 les six caracteres chinois qul, tra.cés selon la f a ~ o n ancienne, nous paraissent o o n t ~ nir I'essentiel de la conception traditionnelle deI'hornme, et constituent par la meme le meuap desanciens.
TCID, principe de l'existence, montre, entre Cid
(barre supérieure) et Sol (barre inférieure), unhonune (au centre) de profil, dont la tate el le!li
pieds sont en contact avec ces deux plans. Cethonune est légerement courbé, ce qui évoque le
sédentaire cultivateur dont les activités demandenta ce qu'il soit souvent penché vers la terre, et iI est
tourné du coté gauche, coté actif, l'est (secteurgauche). Cette activité est cyclique et, par c o n ~ quent, comporte deux temps distincts : d'abord uneaugmentation en quelque sorte interne de l'énergie,potentialisation qu'on peut comparer a l'air qui,peu apeu, entre dans un ballon que 1'0n gonfle. Labouche, a gauche, indique que ce sont les alimentsqui sont a 1'0rigine de cette potentialisation. Suit
214 MÉDECINE CHINOISE. MÉDECINE TOTALE
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ensuite la dépense de cette énergie préalablementaccumulée, son actualisation, qu'évoque la main(action) placée a droite. Autour de l'homme seretrouvent done bien les secteurs du cyc1e, anabo
lisme agauche et catabolisme a droite, du moinsen ce qui conceme l'énergie quantitative (compareraux éléments-symboles matériels des Chinois men
tionnés au chapitre III).
KONG est l'lEuvre, le résultat de ce métabolisme, e t le rituel du Métier, expression de l'hommeen activité normale, est de relier (par le trait vertical) le Ciel au Sol. En d'autres termes, Ciel et Solne peuvent avoir de relations qu'en fonction de la
manifestation, sans laquelle ils ne sauraient etre,et dont l'homme est le centre.
KAN, oljense et destruction, montre l'hommeselon le schéma de la figure 14, mais qui ne possede plus de plan inférieur : c'est le mystique qui,pour gagner le Ciel, a renoncé a la matiere et
sacrifié le Sol.
CHEU, le jonctionnaire, l'employé, est égale
ment une partie de l'homme tel que le montre lafigure 14, mais l'absence, cette fois-ci, du plansupérieur, montre qu'il s'agit la du cas inverse du
précédent, de celui dont l'activité s'oriente unique
ment vers le Sol et la matiere.
WANG est le roi-pontije, celui qui détient eumeme temps le pouvoir matériel (le Sol fait le roi)
I~ .¡
1¡1,1:
" 1
iTCHI KONG
KAN CHEU
WANG TCHOU
FIGURE 26 : Le message des anciens
116 MtDECINE CHINOlSE, MtDECINE TOTALE
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et l'autorité spirituelle (le Ciel fait le prétre). Pasplus ouvert au Cíel qu 'au Sol, comme nous l'avonsexpliqué au chapitre XI, i1 est en parfait équilibre,état suffisamment rarissime pour que lui soíent
conférés les titres ci-dessus.
TCHOU, le maitre, n'est pas, comme certainesgloses le prétendent, la représentation d'un vulgairechandelier, mais bien plutot la flamme de l'illumination qui, partant du centre du plan supérieur dela structure, s'éleve directement vers le Ciel : c'estl'aurige parfaitement éveillé.
I1 serait souhaitable que ces quelques traits venusdu fond des ages puisse servir de support aux méditations de nos modemes thérapeutes, mais les tempss'y pretent-ils ?
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TABLE DES FIGURES
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