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Contenus

PagedetitreQuestionsdedroitRemerciementsChapitreUnChapitreDeuxChapitreTroisChapitreQuatreChapitreCinqChapitreSixChapitreSeptChapitreHuitChapitreNeufChapitreDixChapitreOnzeChapitreDouzeChapitreTreizeChapitreQuatorzeChapitreQuinzeChapitreSeizeChapitreDix-SeptChapitreDix-HuitEncoreunpetitquelquechoseAproposdupartageLesTornadesd'AcierDucotédechezLyvAproposdel'auteur

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LESTORNADESD’ACIER

FROIDCOMMELAPIERRE

OliviaRigalUSATODAYBESTSELLINGAUTHOR

Traduitdel’anglaisparl’auteur.

Titreoriginal:IronTornadoesMCRomance-StoneCold

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Cettehistoireestpurefiction

etcelamêmelorsqu’elleapourdécorscertainslieuxquiexistentoucommetoiledefonddesévènementscollectifs

quisesontréellementproduits.

Lesnoms,lespersonnagesetleurshistoiresontétéimaginésdetoutepièceparl’auteurettouteressemblanceaveclaréalitéseraitunepurecoïncidence.

Tousdroitsdetraduction,dereproductionetd’adaptationréservéspourtouspays.Pouruneautorisation,écrivezàl’éditeur:

[email protected]

©2014LadyOPublishingLLC

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Tousmesremerciementsà:

ChristaWickElleaconçulacouverturedecelivreet

m’apousséeàtentercettebaladeendeuxroues.Sivousaimezleshéroïnesbienenchairetleshommesquiapprécientleursrondeurs,

lisezsonpremierlivretraduitenfrançaisenversionebooketpapier:«Lescourbesdelaroute.»

http://christawick.com/les-courbes-de-la-route/

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CHAPITREUN

―Oùestmacommandepourlaneuf?Jelanceàlacuisine.―Encoretrentesecondes,Lisa,merépondlestagiaire.Ilmetlatouchefinalesuruneassiette.Unefoislapetitetomateinstalléedanssonniddebasilic,illèvelesyeuxversmoietmegratified’unclind’œil.―C’estbienquetusoisderetour.Ças’estpassécommentlesexams?―Jesuiscontented’êtrerevenue.Tunemecroiraspeut-êtrepas,maisjetrouvelafolieducoupdefeududéjeunerrelaxanteaprèsdeuxsemainesd’examens.Jemerendscomptequejen’aipasvraimentréponduàsaquestion,maisc’estparcequejenesuispascertainede savoircommentça s’estpassé, etpuisde toute façonc’est lemoment lepluschaudduservicedudéjeuner,pasvraimentlemomentdebavarder.J’apportemesplatsàlatableneufoùunprofesseurdedroitbavardeavecunhommedesonâgequiestassociédansundesplusbeauxcabinetsd’avocatsdeManhattan.C’estcommeçatouslesjoursici.Le restaurant est situé entre deux facs de droit. Le pâté de maisons entier est occupé par desimmeublesdebureauxlouéspardescabinetsd’avocats.Cen’estpasparhasardquemabossaappelésonrestaurant‘Lafacdedroit’.Je demande àmes deux clients s’ils n’ont pas besoin d’autre chose et, juste aumoment où ilsmedisentquetoutestparfait,Lyvm’appelle.Elleaunetristemine,cequineluiressemblepas.Elleestencolèreoufâchée.Celanepeutpasêtreaprèsmoiparcequej’étaisabsentependantdeuxsemainesetquejeviensjustedereprendreaujourd’hui.Ellemefaitsignedelasuivredanssonbureauet,unefoisquenousysommes,ellemedemandedem’asseoir.―Lisa,jesuisdésolée,medit-elleens’accroupissantdevantmoietenprenantmesmainsdanslessiennes.Jeplongemonregarddanssesbeauxyeuxnoisetteetjemedemandepourquoielleestdésolée.Est-cequ’elleaappris,grâceàcescontactsprivilégiésavecl’université,quej’aiplantémonannée?Non,cen’estpaspossible,ilsn’ontpasencoreeuletempsdecorrigerlescopies.Ellevamevirer?Non,elleatoujoursditquej’étaisunedesesmeilleuresserveusesetqu’elleseraitdésoléedemevoirpartiràlafindemesétudes.―Jeviensd’avoirunappelde lapolicedePointLookout, medit-elledoucementenserrantmesmainsunpeuplusfort.―C’esttonfrère...Elles’arrêtedeparleruneseconde,secouelatête,etun

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courtinstantjecroisvoirdeslarmesnagerdanssesyeux.Maintenant, iln’yapasdedoute,quelquechosenevavraimentpasparcequeLyvc’estunedureàcuire. Lyv ne pleure pas. Quoi qu’il arrive, elle sourit comme si la vie était une de ces stupidespublicitéspourlesdentifrices.―Ilfautquetuaillesàlacitéuniversitaireetquetufassestavalise.Ensuitejeteconduiraijusqu’àl’aéroportdeLaGuardia.Jet’aiprisuneplacesurlevoldeseizeheurespourFortLauderdale.Jetentedecomprendrecequ’elleestentraindemedire,maismoncerveaus’yrefuse.David,mon frère, c’estunmonument, il est indestructible. Ilpeut survivreà tout.D’abord il a faitl’armée,ensuiteilestsortipremierdel’écoledepolice.Davidnepeutpasêtremort.―Qu’est-cequis’estpassé?Jeluidemande.―Jenesaispas,ilsnem’ontpasdonnédedétail,chuchoteLyv.―Ilfautquej’appellemamère.Oui,c’estça.JevaisparleràMaman.Ellevamedirequ’ilyaeuunhorriblemalentenduetellevabienenrire.JetentedelibérermesmainsdecellesdeLyvpourprendreletéléphonesursonbureau,maisellenemelâchepas.―Tunepourraspasluiparleravantd’êtrerentrée, meditLyv. Jecroisquelesmédecinsluiontdonnéquelquechosepourlafairedormirpendantvingt-quatreheures.Elletirenosmainssursapoitrineetsoupire.―JesuisdésoléeLisa.Quelqu’un frappe à la porte. C’estMegan. Elle s’occupe du service du soir d’habitude. Qu’est-cequ’ellefaiticisitôt?Etpourquoiest-cequ’elleamonsacetmonimper?LyvvaverselleetellesparlentdoucementpendantqueLyvenfilesaveste.Ellerevientversmoietmefaitmelever.Ellem’habillecommesij’étaisuneenfantetmeprendlamain.Undrôledesilencesefaitquandontraverselasalle.Ilsnesaventpascequisepasse,maisl’expressionsurlevisagedeLyvesttelquepersonnenepipemot.Pendantunmoment, j’ai l’impressionquelemondedéfileauralentiautourdemoi,maiscelacesseàlasecondeoùnouspassonslaportedelacuisinepourarriverdans la rue.ÀManhattan, la viene s’arrête jamais. Il y a desgensqui passent et la circulation estbruyante.Toutal’airnormal.Lyvm’accompagnejusqu’àmonimmeuble.Unefoisdansl’entrée,ellemedemandelenumérodemachambre.Jeluidonneetnousprenonsl’ascenseurjusqu’audixièmeétage.Enfouillantdansmonsac,Lyvtrouvemaclefetouvrelaporte.Jerestedeboutprèsdel’entréeetjel’observe,efficace,pendantqu’ellepréparemesaffairesetlesposesurlelit.Ellesetourneversmoietmedemande―Tuveuxquelquechosequejen’aipaspris?Jesecouelatête.Jen’arrivepasàréfléchir,etpuisdetoutefaçonj’aiencoredesfringuesdansmachambreàlamaison.―Bon,alorscelaferal’affaire,dit-elleenplianttoutsoigneusementdansmavalise.Noussortonset,aprèsavoirfermé,elleretirelesclefsdemachambredemonporte-clefspourlesmettredanssapoche.―J’appellerail’universitépoursavoiràquelledateilfautrendrelachambre...

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Ellenefinitpassaphrase,sansdouteparcequ’elleréalisequejenefaispastrèsattentionàcequ’ellemedit.Lyvadéjàtoutanticipéet,dansmonbrouillard, jemedemandecequej’auraifaitsansellealorsjeluidis.―Merci.―T’inquiètes,medit-elleenhaussantlesépaules.C’estàcelaqueserventlesamis.

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CHAPITREDEUX

Lorsque l’avion se pose à l’aéroport de Fort Lauderdale, il fait déjà nuit. Je suis en piloteautomatique.C’estunpeucommesijeregardaisunfilm.Jem’observeentraind’agir.Jemelève,jeportemon sac, je descends lesmarches et puis je prends le couloir. C’estmoi,mais ce n’est pasvraimentmoi.Jenesuispaslà.Curieusement,j’aibeauêtreabsente,moncorpscontinueàfairecequ’ilfautpourmeramenerjusqu’àlamaison.―Autapisàbagage,jetrouveOncleTonyquiadéjàattrapémavalise.Ilal’aird’avoirprisdixansdepuisladernièrefoisquejel’aivu.C’étaitquanddéjà?Ilyamoinsdedeuxans.Ilmeserredanssesbras.―Jesuisdésolée,Lisa,dit-il,puisilmelâchesansriendiredeplus.Jehoche la tête et je le suis.Pendant le trajet jusqu’àPointLookout, ilm’expliquepourquoi il estvenuseul.―Nancyestàl’hôpitalavectamère.Avantquej’aieletempsdeluiposerunequestion,ilmedit:―Nousnesavonspascequis’estpassé.Lapoliceaappelétamèreetellearéussiàvenirfrapperànotreporteavantdes’effondrer.Ilmelaissedigérersesexplicationsavantdecontinuer.―Jevaist’ameneràlamaisonettupourrasallerlavoirdemain.Celanesertàrienquetuyaillesmaintenantpourlaregarderdormir.Lerestedelaroutesefaitensilence.Ilgarelavoituredevantl’entréedesongarage.Quelquespassurlapelouseetjesuischezmoi.Tonyetmonpèreétaientdevraisjumeauxqueseulelamortapuséparer.Ilsconduisaientlamêmevoiture,s’habillaientdemanièreidentiqueetavaientmêmeachetédeuxmaisonsjumellesconstruitesl’uneàcôtéde l’autre.Laseuledifférencedans leursviesavaitété leurchoixd’épouse.MamanneressembleenrienàTanteNancy.MamanestdoucealorsqueTanteNancyestuneforcedelanature.Nancyavécudansdesfoyersaprèsavoirétéabandonnéeparsesparents.Àseizeans,elles’estenfuiepourêtrerecueillieparunclubdemotards.Ilsl’ontaccueilliecommeun‘p’titcul’.C’étaitunefillesi ravissanteque la régulièreduVice-Président,quin’étaitpasdugenreàpartager, l’a rapidement

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chasséeduclub.Pasassezviteàl’évidence,puisqueNancyétaitdéjàencloque.Alorselleestdevenuemèreàdix-septans,etdepuiselleasurvécuàdestasdeproblèmesdesantésérieux.Oui,Nancyestuneforcedelanatureavecunepersonnalitéradieuse.Elleadécidéqu’ellevoulaitêtreheureuse,etdoncelleestheureuse.Maman,c’esttoutlecontraire.MêmeavantlamortdePapa,ellesefaisaitunmondedetout.Alorslecamion qui a écrasé mon père a aussi brisé ma mère. Heureusement qu’il restait David pours’occuperdemoi.―Çavaallertouteseule?medemandeoncleTonyalorsquejedescendsdelavoiture.―Oui.Mercid’êtrevenumechercher,jeluiréponds.― Pas de problème. Si t’as besoin de quoi que ce soit, ou si tu ne veux pas être seule, tu viens,d’accord?Jehoche la tête,mais jen’aiaucuneenviedecompagnie. Jen’aipasétéseuledepuisqueLyvm’aannoncélanouvelle.J’aibesoind’êtreseuleparcequejevaism’effondreretquandjecommenceàpleurer,jeneveuxpasdetémoin.La porte est entrouverte. Pas besoin de chercherma clef pour rentrer. Je grimpe l’escalier. Il y aquatre portes sur le petit palier, unepour chacunedes trois chambres et unepour la salle debain.J’ouvre la porte dema chambre et posema valise surmon lit. Enme retournant, je vois dans lachambredemamère.Lelitestdéfaitetilyadesvêtementsparterre.Celaneluiressemblepas.Laseule chose qu’elle contrôle dans sa vie, c’est sa maison. Elle est toujours impeccable. C’est unemaniaque.Jerentredanssachambre,jeramasselesvêtementsetjefaissonlit.C’estdéjàmieux.Jemeretourneetm’armedecouragepourrentrerdanslachambredemonfrère.Ilestrevenuvivreavecellequelquessemainesaprèsmondépartpourl’écoledeDroit.Ilpensaitqu’onnepouvaitpaslalaisserseule.Onn’étaitpasd’accordparceque–enréalité–ellen’auraitpasétéseule.Elleavaitsabelle-familleàcôté.Jepensaisqu’ilétaittempsqu’elleapprenneàvivreseule.Davidn’avaitpasvoulum’écouter,c’est...c’étaitquelqu’unaveclesensdudevoir.Jeme pose sur le lit deDavid et je regarde le bordel. Prenant son oreiller dansmes bras, jemebalanced’avantenarrièrepourluttercontreleslarmesquimenacentdejaillir.Sonblousonencuirestaccrochéaudossierd’unechaiseetsoncasqueestsurlesolàcôtédesesbottesdemotocouvertesdeboue.Unejambedesonpantalon,touteboueuse,dépassedupanierdelingesale.Laboueestfraîche,pasencoresèche,commes’ilvenaitjustederentrerdebaladeetqu’ilétaitpartifaireuntouraubarduShamrock.Oui,voilà,ilestsortiboireunverreetilvarevenird’uneminuteàl’autre.Jevaisentendrel’escaliergrincersoussespas...etlesmarchescraquent.Je regarde vers la porte et je m’apprête à dire son nom quand je vois que ce n’est pas David.L’homme que j’aperçois est aussi grand que lui, carré comme lui, il a la même démarche dansl’escalier,maiscen’estpasDavid.C’estl’autreidoledemonenfance,Brian.Àvoirl’expressiondesonvisagemaintenant,jesaisquec’estvrai.C’estvraiqueDavidestmort.

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MonDieu,non!Davidestmort.Brianentredanslachambreetextirpel’oreillerdemesbras.IlmesoulèvedulitdeDavidetmeportejusquedansmachambre.Ils’assiedsurlelitetmeprendsursesgenoux.―Allez,Lisa,ilfautquecelasorte.Etcommeàchaquefoisqu’ilmedemandequelquechosegentiment, j’obéis.Jeleprendsdansmesbras,jeblottismonvisagedanssoncouetlebarragecède.Jepleure,etplusjepleureplusilmeserrefort,commesij’avaisbesoind’êtremaintenuesurterre.Ilsepasseunmomentavantquejeréalisequ’ilpleureaussi.Jesuisstupéfaite,monhérosinvinciblepeutpleurer.Jen’aijamaisvuBrianpleurer,etjeleconnaisdepuistoujours.IlavaitcinqanslorsqueTonyaépousésamère.Cen’estpasvraimentmoncousin,parcequeTonynel’ajamaisadopté.Jenesaispaspourquoi.Peut-être parce que le père biologique de Brian, le Vice-Président du club des Tornades d’Acier, n’ajamaislâchésonfilsainé.Detempsentemps,pendantl’annéescolaire,etpuisunmoischaqueété,ilvenaitetemmenaitBrianaveclui.Jemesuistoujoursdemandécequedevaitressentirsarégulière.Jecroisqu’iln’ya jamaiseud’adoptionparcequeTonyadûpenserqu’iln’avaitpasbesoind’unboutdepapierpoursavoirqu’enpratiqueilétaitleseulvéritablepèredeBrian.Je prends le visage de Brian dans mesmains et chasse ses larmes avecmes pouces. Ses bouclesbrunessonttoutesécrasées,probablementparlecasquequ’ilportaitenvenantici.Sesyeuxd’unvertextraordinaire sont rougis par les larmes, et il porte une barbe de deux jours. Il a une mineépouvantable,maisc’estlaplusséduisantedesminesépouvantablesquejeconnaisse.Iltournelatêteetembrasselapaumed’unedemesmains.―Oh,Lisa,j’arrivepasàcroirequ’ilsoitparti.― Je sais. Je veux croire qu’il va grimper l’escalier et faire irruptiondansma chambredans uneseconde. Quand je t’ai entendu monter, pendant un instant, j’ai cru que c’était lui, je lui dis ensoupirant,etpuisjesourisenmurmurant,Laracléequ’iltefilerait,s’ilnoustrouvaitcommecela!―Non,ditBrianavecunsouriretriste.Jepensequ’ilseraitd’accord.Le cuir de son blouson est trempé parmes larmes, et après l’avoir essuyé avec lamanche demachemiseblanchedel’uniformedurestaurant,jeposelatêtesursonépaule.―Qu’est-cequetuveuxdire?―Unsoirqu’onétaitbienbourrés,jemesuisconfessé,dit-il.J’auraisvouluêtreunepetitesourisdansuncoin,cejour-là.Davidatoujoursététrèsprotecteur.Ilpensaitqu’ildevaitmeprotéger,nonseulementcommeungrandfrère,maisaussicommeunpère.Alorspersonne,mêmepassonmeilleuramietpresquecousin,n’étaitassezbienpourmoi.―Jeluiaiditquej’avaisététonpremier,etàquelpointj’avaiséténuletmaladroitcesoir-là,ditBrianavecuntonpresqueléger.Ilatellementriqu’ilenesttombédesontabouret.Jefermelesyeuxetjelesimaginetouslesdeux,assisaubar,entraind’enparler.JepeuxentendreleriredeDavid.Sonrireest–était–commeunrugissement.―Qu’est-cequ’onvafairesanslui?Jedemande.―Jenesaispasencorecomment,maisc’estsûr,laviecontinue,ettuvast’enremettre.

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Jenesuispascertainedelecroire,maisjeneprotestepas,parcequec’estvrai,saprésencem’adéjàfaitdubien.Ilmecouchesurmonpetitlitets’allongecontremoi.Lelitprotestesouslachargedetoutcepoids.Brian n’est plus le gringalet qu’il était la dernière fois qu’il s’est couché à mes côtés dans cettechambre.C’étaitilyadesannées,justeavantqueDavidetluines’enfuientpours’engager.L’entraînementdel’armée a rempli leurs bras, élargi leurs épaules et sculpté le reste de leurs corps. Elle a pris desgaminsetnousarendudeshommes.J’aidesfantasmesd’enferàproposdecethomme.Jemedisque,maintenantqu’iladel’expérience,ceseraitextraordinaire.Assezbienpoureffacerledésastredenotrepremièrefois.Celaavaitététrèstendre,maistellementfrustrant.Enfin,pourmoi...Àn’importequelleautreoccasion, celaaurait étéunbonheurd’êtrecouchéecommeceladans sesbras.Mais aujourd’hui, ce n’est pas un rêve, c’est un cauchemar. Je ne peux pasme réjouir de lachaleurdesesmains,delatendressedesavoix,parcequeDavidestmort.―Ilfautquetudormes,bébé,medit-ilenmecaressantlescheveux,lesprochainsjoursvontêtretrèsdifficilespourtoi.

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CHAPITRETROIS

Le soleil me réveille et je ne sais pas où je suis. Je réalise que je suis tout habillée dansmonuniformedurestaurant,maissurmonlitd’adoetlaréalitémerevientenpleinefigure.Ilfautquejem’occupeavantquejecommenceàtropréfléchir.Quandjesorsdemadouche, lemiroirnemefaitpasdecadeau.J’ai lesyeuxtoutgonflés.J’aidûpleurerdansmonsommeil.Jeprendsungantetdescendsleposerdanslecongélateurpendantquejemets le café en route. Je remonteme démêler etme sécher les cheveux. Une queue de cheval, jem’habilleet je redescendsdans la cuisinepourboiremoncaféenmecollant legantglacé sur lesyeuxpour les fairedégonfler. Jeneveuxpasavoircette tête-làdevantmamère. Il fautque jesoisfortepourdeux.Ellen’aplusquemoi,maintenant.Jerepenseàhiersoiret jemedemandesiBriansedoutequ’iln’apasseulementétémonpremiermais,jusqu’àcejour,monseuletunique.J’auraispu.Pasquejesoisgenretop-modèle,maisbon,jesuisprésentablepourlesmecsquisontbranchésfillesplutôtrondesetchâtainclair.Quand j’ai quitté le lycée pour l’université, il y a bien eu quelques garçons qui étaient intéressés,malgréou à causedemes rondeurs,mais je n’étais pas cliente. Jen’avais pas le tempsde tomberamoureuse. Ilme fallait de super notes pour être prise dansune super facdedroit, et tout cela enm’occupantdemamèreparcequemonfrères’étaitfaitlamalle.EtpuisDavidetBriansontrevenusenpermission,etj’aipuvoiràquoicelaressemblait,unvraimec.Ils étaient tellement imposantsetmûrsque tous lesgarçonsdemonâgeque jeconnaissaisavaientl’airdegaminssansintérêt.Aprèscela,jesuispartieàl’écolededroit,etjenesaispasoùletempsestpassé.Quandonditquelesdeuxpremièresannéesdedroitsontdesannéesmarathon,cen’estpasunefaçondeparler.Jemesuisenferméedanslacourseetj’aiàpeineprisletempsdeparleràDavid...etmaintenant,jenepourraiplusjamaisluiparler.Jeserreleslèvrespouremprisonnerlesinjuresquejeveuxhurleraumonde.Cen’estpas juste.D’abordmonpère,etpuismaintenantmonfrère.Qu’est-cequemamèreetmoiavonsfaitpourmériterça?Jen’aimêmepasdemandéàDavidcequis’étaitpasséàl’écoledepolice.Commentest-cequeBrianaréussiàsefairevirerquelquesjoursavantd’avoirsondiplôme?J’étaispourtantcertainequeBrianavaitassezmûripourneplussemettredanslamouise.Quandilétaitenfant,ilsefaisaittoujoursattraperparcequ’iln’étaitvraimentpasdouépourfairedesbêtises.

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Celan’apaschangéàl’adolescence.JesuiscertainequeDavidafaitlesmêmesâneriesqueBrian.Jesuissûrequ’ilafumédespétards,qu’ils’estbourrélagueule,qu’ilestallésebaigneràpoildansl’océan.MaisDavidnes’estjamaisfaitprendre.Ilatraversélavieavecunechanceinsolente.Riennepeutl’atteindre...Riennepouvaitl’atteindre.J’avalemoncafé,jeprendsmonpermis,unecartedecréditetlesclefsdemamère.Jefermelaportededevant et cellede la cuisine avantd’aller augarage. Jene faisais jamais cela avant puisquemamèrenesortaitpresquejamaisdelamaison.Une moitié du garage est en bordel avec les motos de David et ses affaires de motard. L’autre,immaculée,estoccupéeparlavoituredemamère.Elleestdansunétatparfait.Onpourraitcroirequepersonnenel’ajamaisconduitealorsqu’enréalitéelleadixans.Jelasorsdugarageetjerefermelaportederrièremoi.Lavoitured’oncleTonyestdanssonalléeetlui,ilestassissurleporcheentraindeboiresoncaféetdeliresonjournal.Papaetluifaisaientcelaensembletouslesjoursàseptheures.Maintenant,Tonylefaittoutseul.Qu’ilpleuveouqu’ilvente,jesaisquejeletrouveraisursonporchetouslesmatins.C’estrassurantdesavoirqu’ilyadeschosesquinechangentjamais.Jeluifaissignedelamainetilmerépond.JenevoispaslamotodeBrian.Jemedemandeoùilvitencemoment.Enrouteversl’hôpitaljedécidederetarderl’inévitableetjeconduisjusqu’àlaplage.C’estunesortede pèlerinage. Je laissemes chaussures et je marche sous la jetée. Je veux aller là où nous nouscachionsquandnous étions enfants.S’il y a unevie après lamort, je suis sûre que c’est là que jetrouverailefantômedeDavid,assissuruneversioncélestedesamotodecross.Il n’y a aucun fantôme, juste une bouteille vide de l’alcool préféré deDavid et Brian. Sans douteBrianest-ilvenuiciluiaussipourfairesondeuil.Adossée contre un des piliers, je m’assois sur le sable. C’était ma place, entre David et Brian.Combiendefoissommes-nousvenusicijustepourglanderenregardantlesvagues?―Tumemanques, frérot, jedisàhautevoixà laplagevide.Pour toute réponse, j’ai lebruitdesvaguesetlescrislointainsdesmouettes.Qu’est-cequejepensaistrouverici?Cequejecherchen’yestpas.Lamagiedel’endroitadisparu.Deretouràlavoiture,jeredeviensraisonnable.Jem’installeauvolantpourallerlàoùj’auraisdûmerendredèsledépart.Letrajetjusqu’àl’hôpitaldePointLookoutn’estpaslong.Ilestencoreasseztôtpourquejetrouveuneplacedeparkingprochede l’entrée.La réceptionnistemedonne lenumérodechambredemamère.C’estunechambredouble,diviséeendeuxparunrideau.Danslepremierlit,ilyaunefemmeavecdespansementssurlevisage.Ondiraitquequelqu’unacommencéàtenterdelamomifierpuiss’estdécouragé,unefoislamoitiédutravailachevé.Lespartiesvisiblesdesonvisagenelaissentaucundoutesurlesviolencesqu’elleasubies.MamèreestdanslesecondlitetTanteNancyprèsd’elledansunfauteuil.Ellessonttouteslesdeuxendormies,maismêmeenpleinsommeilNancyà l’airplusvivantequeMaman.Sa respirationestbruyante alors que celle de ma mère est parfaitement silencieuse. Je touche du bout des doigts

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l’épauledeNancy.Elleouvrelesyeuxetmesourit.Unvéritablesourire.Elleestcontentedemevoir.Etpuissonsouriresefige.Ellesesouvient...Davidestmort.Elleposeundoigtsurseslèvres,memontreavecl’autremainmamèreendormiepuispointeverslaporte.Elleselèveetnoussortonsensembledelapièce.Ellemeserredanssesbras.―Mapauvrepetite,medit-elle.―Çavaaller,jeluirépondsenmentant.Jenecroispasquecelairaànouveauunjour.Pourquoiest-cequetunerentrespascheztoitecoucher?Jepeuxresteravecellejusqu’àcequ’elleseréveille.Ellemeregardeetsecouelesépaules.―Non.Ilyadeschosesàfaire,organiserl’enterrement,décidersituveuxfairelaveilléecheztoioudansunbarprèsducommissariat.Ellepenchelatêtepourmeregarder.―Tuveuxquejelefasse?Jepourrais,situchoisissaisderesteravectamère.Autondesavoix,jecomprendsquecen’estpascequ’ellepréfèrerait.―Tusais,ledocteurm’aditqu’illuiavaitdonnédequoiresterendormiependantquelquesheuresencore,alorsc’estidiotqueturesteslààlaregarderdormir.―D’accord,jevaism’occuperdesdémarches.Qu’est-cequejedoisfaire?Jen’enaivraimentpaslamoindreidée.Ellesortunboutdepapierdesapocheetmeletend.―Voicil’adressedespompesfunèbreslesplusproches,etpuislenomdelapersonneàquitudoist’adresser pour récupérer les affaires de David au commissariat. C’est le Commissaire StevenWilliams.Ilaurasansdoutedespapiersàtefairerempliretsigner.Etpuistupourrasluidemandercomment cela s’est passé. Personne n’a rien voulume dire, àmoi, quand j’ai demandé.Voilà, net’inquiètepaspour tamère.Je laconduiraichezellequandelleseréveillera,mais j’aibesoind’unservice.―Toutcequetuveux,Nancyetjesuissincère.Jesuisheureusedesavoirqu’ilvayavoirquelqu’unquiresteauchevetdemamère,etcelamêmesiçanesertprobablementàrienquandelledort.―En rentrant à lamaison, arrête-toi à la pharmacie de la jetée pour prendre le traitement de tononcle.―Biensûr.Tuasbesoind’autrechose?―Non,çava.Tumeconnais,j’aitoujourslamaisonprêtepourfairefaceàunecatastrophe,dit-elleensoupirant.Elleregardesamontreetpuismedit―Allez,ilestencoretôt.Jeproposequetum’offresunetassedupirecafédetoutelaGoldCoastàlacafétéria,etquetumetiennescompagniependantmonpetitdéjeuner.Je l’accompagne à la cafétéria de l’hôpital et effectivement ils y servent le pire café que j’aie eul’occasiondeboire.Ellemangecequimesembleêtreuneviennoiserietoutesècheetmefaitparlerdel’université,demespartielsetdemonboulot.Alors,pendantunmoment,j’oubliepourquoijesuisrentrée. Lorsqu’elle a fini de manger, je jette le café auquel j’ai à peine touché, et Nancym’accompagnejusqu’àlasortie.Justeaumomentoùjem’apprêteàpartir,ellemerattrape.

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―Ilfautquejetedisequelquechose.Elleposesesmainssurmesépaulesetsoupire.Tuvassansdouteentendredeshorreurspendantlesjoursàvenir.Quandcelaarrivera,jeveuxquetuterappellesque,quoiqu’ilarrive,jeseraitoujourslàpourtamèreettoi.Àpeinesaphraseachevée,elleseretournebrusquementets’enva.Qu’essayait-elle de me dire ? Je reste là plantée comme une andouille et puis je sors. Je suisinterloquée,maisjemeretiensdel’enviedecouriraprèsellepourluidemanderdesexplications.Lesmauvaisesnouvellesarriventtoujoursbienasseztôt.

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CHAPITREQUATRE

Lespompesfunèbressontjudicieusementinstalléesàcôtédel’unitédesoinspalliatifs.Celamefaitpenser à Lyv, elle dit toujours que les trois critères fondamentaux pour choisir où installer unrestaurant sont la situationgéographique, la situationgéographique et la situationgéographique. Iln’yapasquedanslarestaurationquec’estvrai,celamarcheaussipourlemarchédelamort.J’aiunelonguediscussionaveclegérant.Ilesttellementobséquieuxquej’aienviedelegifler.Ilmeparle comme si mon frère avait été un membre de sa famille et qu’il partageait mon chagrin.Personnenepeutselaisseravoirparcebaratin!Biensûr,ilesttrèsdéçuparmonchoixdecercueiletmadécisiondetenirlaveilléechezmamère.Jene suis pas certaine de la situation financière demamère et je ne vois pas l’intérêt d’investir unefortunedansuncercueilenchêneà l’intérieurcapitonnédesoieoudans la locationd’unesallederéception.Peut-être,qu’ilyenaquecelaaideàgérerleurchagrin,maispasmoi,etpuismamèreesttellementàl’ouestqu’elleneserendramêmepascomptedecequej’auraichoisi.Quandj’enaifiniaveclui, jevais jusqu’aucommissariat, jemeprésentecommelasœurdeDavidMayfield.Lejeuneofficierdepoliceàl’accueilmeprésentesescondoléancesetm’installedansunepetitepiècesansfenêtre.Ondiraitunesalled’interrogatoire.Uneminuteplus tard,unhommeplusâgémerejointetmeserrelamain.Ilaunphysiquedelutteuretchacundesesmouvementssemblemettrelescouturesdesoncostumeàrudeépreuve.―MademoiselleMayfield, toutesmescondoléances,dit-il avecunevoix rude.Votre frèreétaitunjeunehommetrèsbien.Venezavecmoi,nousallonsparlerdansmonbureau.Jelesuisàtraversunegrandesalleoùtravaillentdeshommesquiontétélescollèguesdemonfrère.Nousentronsdansunpetitbureauavecuneporteenverre.Ilm’inviteàmeposersurunedeschaisesqui font face à son bureau. Pendant qu’il s’assied dans son fauteuil de l’autre côté dumeuble, jetrouvelecouragedeluiposerlaquestionquimetorturedepuishier.―Commentmonfrèreest-ilmort?―Commeunhéros,merépond-il.Soudain, il a l’air trèsmal à l’aise. Je suis sûrequ’ilpréfèrerait se trouver en trainde séparer lesparticipantsd'unerixeplutôtquedemeparler,d’autantquejeleregardefixementpourlemettreaudéfidenepasm’endireplus.

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Il passe les doigts dans ses cheveux poivre et sel et me dévisage. Son regard azur est plein debienveillance.Ilestclairqu’ilestentraindesedemandercequ’ilvapouvoirmedire.―Vousdevezsavoirqu’àlasortiedel’écoledepolice,votrefrèreadécidéderentrerdansuneunitéspécialequicombatlecrimeorganisé.Ilfaitunepauseetjehochelatêtecommesij’avaisétéaucourant,maisenréalité,jen’aiaucuneidéedecequefaisaitDavid.Lorsdenosraresconversationsaucoursdecesdeuxannées,ilnem’ajamaisparlédesonboulot.Choisissantsesmotssoigneusement,l’hommeajoute:―Ilestentrédanscetteunitéentouteconnaissancedecause.Ilsavaitqu’ilacceptaitunemissiontrèsdangereuse.―Ilaétéblesséparballe?―MademoiselleMayfield,ilyadeschosesquejenepeuxpasvousrévéleràproposdutravaildevotrefrère,etpuisilyadesdétailsquevousnevoulezvraimentpasconnaître.―Monsieur,vousn’avezpasbesoindememénager.Jenesuispasuneenfant.Jesuisétudianteendroitet jeveuxdevenirprocureur lorsque j’auraiachevémesétudes.Enplus, j’aiune imaginationdébordante,alorscequej’imagineestsansdoutebienpirequecequis’estvraimentpassé.―Malheureusement,j’endoute,Mademoiselle.―Maisilfautquejemeprépareàcequejevaisvoir,j’insiste.Ilsecouelatêteetmerépond.―Vousn’allezpaslevoir.Jehausselessourcils.―Cequejeveuxdire,c’estquevousnedevezpaslevoir.Ceseraitmieuxainsi.J’aidéjàidentifiélecorps,etgarderlecercueilferméc’estcequ’ilyademieuxpourtoutlemonde.Il se lève et fait le tour de son bureau, une grosse enveloppe à lamain. Jeme lève aussi,mais ladifférencedetailleentrenousesttoujoursimpressionnante.―Jevousdiraisseulementqu’ilaétésalementamochéetquevousnevoulezvraimentpaslevoirdanscetétat,medit-ilavecbeaucoupdeconviction.Jecomprendsquejenetirerairiendeplusdelui,alorsjeleremercieenprenantl’enveloppequ’ilmetend et qui contient les formulaires quemamère doit remplir pour bénéficier de je ne sais quelsavantages en relation avec le décès deDavid dans le cadre du travail. Je lui demande où je peuxrécupérerlesaffairesdemonfrère,etilm’accompagnejusqu’àlaréceptionoùildemandeaujeuneofficier en uniforme quim’a accueillie àmon arrivée d’aller chercher le carton. Le commissaireserremamainetmequitte.L’officierrevientaveclaboitehabituelleetseproposedem’aiderenlaportantjusqu’àmavoiture.Alorsquenousyarrivons,j’ouvrelecoffreetendéposantlecarton,ilmedit:―Vraiment,toutesmescondoléances.J’aimaisbeaucoupvotrefrère.―Vousaveztravailléaveclui?Vousfaitespartiedel’unitéspéciale?―Non,enfinpasvraiment.Montrucàmoic’estplutôtletravailadministratif.Maisquandmême,onétaitpoteà l’écoledepolice.Alors j’étaiscontentdetrouverunetêteconnuelorsquejesuisarrivé

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ici.―Vousavezfaitl’écoleenmêmetemps?― Oui, et il nous arrivait souvent de nous trouver dans le même groupe parce que nous étionsproches dans l’ordre alphabétique. Je m’appelle Michael Mayfair alors Mayfair-Mayfield, on asouventétécôteàcôte,medit-iletàvoirlesouriresursonvisage,ilaplaisiràrepenseràDavid.―Appelez-moiMike,s’ilvousplait.―Mike,jepeuxvousposerunequestionàproposdel’écoledepolice?»―Biensûr,quevoulez-voussavoir?―Qu’est-cequiestarrivéàBrianHatcher?Qu’est-cequ’ilafaitpoursefairevirerdel’école?LevisagedeMikes’assombritetilmerépond.―Franchement,à l’époque jene le savaispas.Votre frèreet luiétaientcommeculetchemise. Ilsétaient amis et enmême temps ils se faisaient concurrence.C’était drôle de les voir lutter pour lapremière place. Ils avaient tous les deux des notes d’enfer, ils étaient doués pour tout, de lacriminologiejusqu’autirdeprécision.C’étaitnosstarsetlaseulequestionquirestaitàtrancherétaitdesavoirlequeldesdeuxallaitêtrelelauréatdenotrepromo.Ilrestesilencieuxunmomentcontemplantleboutdeseschaussuresenfronçantlessourcilscommes’ilcherchaitàrassemblerdessouvenirs.―C’étaitmoins de deux semaines avant la fin des cours. Jem’en rappelle parce que les derniersentretiens d’embauche avaient été organisés pour ceux qui avaient présenté des demandesparticulières.DavidetBrianavaientréussibrillammenttouslestestsdel’unitéspécialedeluttecontrele crime organisé. Ils cherchaient des mecs à l’aise en moto, alors bien sûr ces deux-là étaientparfaits.C’estàcemoment-làqueBrianacessédevenir.Onétaittoussurlecullorsqu’ilnes’estpasprésentéauxentretiensetqu’ilaétéabsentpourlesexamensdefind’année.J’aidemandéàtonfrèrecequisepassaitetilm’aréponduqu’ilpréféraitnepasenparler.Mikehésitealorsjetentedelerelanceravecunequestion.―Vousnesaviezpaspourquoiàl’époque,maisvoussavezmaintenant?―Ben,j’aicroiséBrianaprèsenville,dit-il.Etcelan’avaitaucunsens.UnjourBrianprésentaitsacandidature pour une unité spéciale, et puis le lendemain c’était un membre à part entière desTornadesd’Acier.L’idéemêmequeBrian rejoigneungangdemotardsest tellementabsurdeque je suis sur lepointd’éclater de rire, et puis je comprends. C’est le père de Brian qui est le président des Tornadesd’Acier.LamiseengardedeNancycommenceàprendreunsens.Avantdepartir,jeremercieMikepoursonaide,etjeluidisoùaurontlieul’enterrementetlaveillée.Au volant, je tente d’apprivoiser cette idée absurde. Brian ne peut pas avoir rejoint les Tornadesd’Acier.Ilsprétendentêtresimplementunclubdemotard,maisonparled’euxtropsouventdanslesjournauxpourquecelasoitvrai.Ilyabeaucoupdegensquidisentquelesmembresduclubsontdesdangerspublicsetilsn’ontsansdoutepastort.Jemesouviens,ilyaquelquesannées,unejeunefilleavaitdemandé laprotectionde lapoliceaprèss’êtreenfuieduclub.Elleavaitditque lesboitesdestrip-tease qu’ils exploitaient étaient en réalité des bordels. À l’époque, on avait même parlé de

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rapportsavecdesmineurs.Ce n’est pas possible.Brian, le héros demon enfance, le rêve demon adolescence, cet homme sigentilquim’abercéependantquejepleuraishieretm’atenudanssesbraspourquejem’endorme...Non.Ilnepeutpasêtredevenul’und’eux.Jemefaislaleçon.Jesuisunefutureavocate.Jedevraissavoirqu’ilnefautpassefierauxrumeurs.Jeluidemanderaicequ’ilenestlorsquejeleverraiàl’enterrementdeDavid.

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CHAPITRECINQ

Ensortantducommissariat,jevaisausupermarché.Sijefaislaveilléeàlamaison,ilfautquejefasselescourses.Jetraverselesalléessansvraimentréfléchiretquandj’ensorsjemerappellequej’ai une course à faire pourTanteNancy. Jeme gare près de la pharmacie pour aller prendre lesmédicaments de Tony. En sortant, je passe à côté du rayon – Planning Familial – qui est le nompudiquequelapharmacieutilisepourdésignerlesétagèresaveclespréservatifsetautreslubrifiants.Il y a trois mecs devant l’étagère en train de faire des plaisanteries salaces à propos des gelsparfumés.Jesuissurlepointd’ouvrirlaportepoursortirlorsquel’und’euxm’attrapeparlebras.―Hé,p’tit cul, dit-il avecceque jepenseêtre son sourire leplus charmeur.Donne-moi tonavis.Quelparfumtuchoisiraissitudevaismesucer?Je cligne des yeux pour vérifier que je ne rêve pas et que ce crétin vient bien deme poser cettequestion.―Jenepourraispastedire,j’aimepaslesCarambars.Laréponsem’aéchappéeavantquemoncerveaun’enregistrelefaitqu’ilsportentdesblousonsauxcouleursdesTornadesd’Acier.Merde...moietmagrandegueule!Celuiquimetientlebrasraffermitsonempriseetmeregardeaussistupéfaitquesijel’avaisgiflé.Lesdeuxautresmecsseretournentdoucementpourmedévisager.Lesilencesefaitdanslaboutique.Jejetteunœilsurlafemmequitientlacaisseetleclientprèsducomptoir.Lesdeuxmeregardentlesyeuxécarquillés.Aucuneaideàattendredececôté.Etpuisl’undesmotardséclatederireetdonneunetapedansledosdesonpote.―HébienWaxer, t’as lamémoire qui flanche.Ondirait que tu te l’es déjà faite et tu ne l’as pasimpressionnée.LevisagedeWaxervireàl’écarlate.Jepeuxpresqueentendrelesrouesdesoncerveaucommenceràtournerauralenti.Jenesaispass’ilvamefrapper,cognersonpoteourireaveclui.Maisavantqu’ilneprenneunedécision,quelqu’unouvre laportederrièremoietunemainsepose lourdementsurmonépaule.―Waxer,tulalâches.Celle-là,elleestàmoi,ditunevoixfamilièrederrièremoi.MaisWaxernelâchepasprise.Aucontraire,ilmebroielebrasplusfortencorepuismefaittourner

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jusqu’àmecognerlenezcontreBrian.Brianesthabillécommeeux,l’uniformecompletdumotard.Jesuistropprochedeluipourpouvoirexaminersonblouson,maisjesuiscertainequ’ilportelescouleursdesTornadesd’Acier.―Sielleestàtoi,t’asintérêtàluiapprendrelesbonnesmanières,grogneWaxer.―Ouais,jesais.Elleaunegrandegueule.Ilsoupireetpuisfaitunclind’œilàsespotesenajoutant,maisd’unautrecôté,c’estunedeschosesquej’aimechezelle.Jerêve!Monregardglissedesonvisageàsapoitrineet je suissur lepointdenieravoirquoiquecesoitcommerapportavecluilorsqu’iltirebrutalementsurmaqueuedechevalpourlevermonvisageverslui.Sonregardestsifroidquejelereconnaisàpeine.―Maintenant,présentetesexcusesàmonfrère,ordonne-t-il.Je le regarde fixement et cligne des yeux plusieurs fois enme demandant dans quelle dimensionalternativejeviensd’êtreplongée.―Allez,mafille, tunousasfaitperdreassezdetempscommecela,ditBrianentirantsifortsurmescheveuxquel’élastiquecède.Jet’aiditdet’excuser.Jeconstatequ’ilneplaisantepasdutoutetjeréalisequec’estsansdoutelegangsurlequelmonfrèreétait en train d’enquêter. Ils ne sont pas simplement bruyants et insupportables, ils sont aussidangereux.Ilfautquejemeprotègeavantqueceladégénère.JetournelatêteversWaxeretlesyeuxrivésausol,jemurmure:―J’m’excuse.Celanesuffitvisiblementpasparcequelorsquejemeretourne,jevois,ducoindel’œilqueWaxersecouelatête.―Tuteretournescomplètement,tuleregardesdanslesyeuxettuluidispourquoituluidemandespardon,meditBrianavecunevoixglaciale.Jemeretourne,lèvelatêteetfixeWaxer.―Jesuisdésoléedevousavoirmanquéderespect.Jemordsmalèvreinférieurepournepaspoursuivre...Oui,jesuisvraimentdésoléepourtoi,parcequesimaréponsestupidesurlatailledetonsexetechoquetellement,c’estqu’elleaviséjuste.Sonpénisdoiteffectivementavoirlatailled’unbâtonnetdecaramelpourqu’ilréagisseainsi.―C’estmieux, dit Brian. Il attrape à nouveau une poignée demes cheveux etme tire hors de laboutique. Dès que nous sommes dehors, il me pousse contre le mur. Il est tout près de moi, sarespirationesthaletante,etlorsquelaporteserefermederrièrenous,ilmurmurelesdentsserrées,―Maistuesdevenuecinglée?Ilnemelaissepasunechancedeluirépondre,seslèvrescouvrentlesmiennes.Samainesttoujoursserrée dans mes cheveux, il en profite pour pencher ma tête juste ce qu’il faut pour envahir mabouche. Son baiser est violent et passionné, et il y a vraiment quelque chose qui cloche chezmoiparce que je fonds. Je n’arrive pas à croire à quel point, ça me fait craquer lorsqu’il se conduitcommeunhommedescavernes.Jenesaispassic’estl’adrénalineaprèslaconfrontationaveclesautresoulefaitqueBrianafaitdes

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progrèscertainsdepuisnotredernierbaiser,maismoncorpsmetrahitetjemecolleàlui.Samainlibreglissedanslecreuxdemondosetilpousseungenouentremesjambes.Ilmefauttoutelaforcedemavolontépournepasmefrottercontrelui.Heureusement,avantquejemecouvrederidicule,ilmelâche.Je leregardedans lesyeuxet jenepeuxrien liresursonvisage.C’estcommesicen’étaitplus lemêmehomme.Jereprendsmonsouffleetjefrissonne.Oui,ilyavraimentquelquechosequinevapaschezmoiparcequejepensequeBrianlemotardmauvaisgenreestplussexyencorequelegentilBrianquimeconsolaithiersoir.Maisc’estlàquejeprendsunedouchefroide.―Maintenant,cassetoi,p’titcul.Jenesuispasuneexperteenmatièredeculturedesmotards,maisjesaisqu’un‘p’titcul’c’estunefillequ’onpartage,etjeluienveuxdem’appelercommecela.Maisjesuistellementmortifiéeparlaréactionque jeviensd’avoir, qu’il n’apasbesoindeme lediredeux fois. Je fileversmavoiturecommesij’avaislediableàmestrousses.Avantdedémarrer,j’ailetempsdevoirlespotesdeBriansortirdelapharmacieetd’entendrel’und’euxluidire,―Hey,Ice,tadynamitem’intéresse.Penseàmoisiunjourtuveuxpartagerousitut’enlasses.Jen’entendspas la réponsedeBrian,mais jemedisqu’Ice estunnombienchoisipour le salaudfroidcommelapierrequejeviensderencontrer.

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CHAPITRESIX

Ilesthuitheuresetlaplupartdesgensontcommencéàpartir.Mamèreestdéjàalléesecoucher.Elleatenulechocbienmieuxquejel’imaginais.LecommissairedeDavidestrestéàsescôtésaucimetière et lorsque nous sommes rentrés, il lui a parlé très longtemps. Ce qu’il lui a dit semblel’avoiraidé.Jevaisjeterunœilsurelleetellepleure.Jen’auraisjamaiscruquequelqu’unpuissepleureraussilongtemps. Je lui donne un verre d’eau et l’un des somnifères que lemédecin lui a prescrit avantqu’ellenequitte l’hôpital. Je lesai cachésdansmachambreparprécaution. Je resteavecellecinqminutes jusqu’à ce qu’elle sombre dans un sommeil profond. J’espère que c’est un sommeil sansrêves,parcequemoijefaisdescauchemarsdanslesquelsjevoisDavidmourirdemultiplesfaçonsépouvantables, et ce serait trop affreux si, dans ces cas-là, j’étais coincée dans mon rêve sanspossibilitédemeréveiller.Jeredescendsetjebavardeavecunevoisine.Ellemeparledessouvenirsqu’elleadeDavidenfant.EtbiensûrellecommenceàmeraconterunehistoirequiconcerneDaveetBrian.Cesdeux-làétaientinséparables.LavoisineestassezfutéepournepasmedemanderoùestBrian,maisjesaisqu’elleabienremarquésonabsence.J’écouteàmoitié l’histoiredemavieilledame.Monregardseperdà travers lafenêtre.Jeregardedes hommes taillés comme des armoires à glace assis sur la balancelle du porche. Ils se sontprésentéscommedesmembresdel’unitéspécialedeDavid.Ils parlent avec le commissaire. Celui-ci porte son uniforme d’apparat et il arbore tellement dedécorations accrochées sur sa poitrine, qu’il me fait penser à un sapin de Noël. Il semble bienconnaîtretouslesmembresdel’équipedeDavid.Jenesuispasvraimentsurprise.LeCommissairerespireuneformedepuissancephysiquequejevoismalcantonnéederrièreunbureau.Peut-être,luiaussiat'ilfaitpartiedecetteunitéspéciale.Ilsseracontentdeshistoiresvécuesetpériodiquement ilséclatentderire.Maiscen’estpasunrirenaturel.Ilsjettentlatêteenarrièreetilestclairqu’ilsfontcelapourrelâcherlapressionfaceàunesituationdifficile.Enterrerl’undesleursestsansdoutel’unedeschoseslesplusdifficilesqu’ilsaientàfaire.Celalesconfronteàleurpropremortalité.JevaisàlacuisinepoursortirdesbièresdufrigoetjetombesurTonyquiestentraindetraiterBriandeJudasetdebâtard.Nancyestassisesuruntabouretdecuisineetpleuredoucement.Jesuischoquée

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qu’ellenesedéfendepas.D’habitude,siOncleTonyhausseleton,iltrouveavecNancyquelqu’unàqui parler.Mais pas aujourd’hui.Aujourd’hui, elle est défaite. Ses épaules sont affaissées. Elle estcommeunepoupéedechiffon.Tonyquittelacuisineparlaportedederrière.Nancyseredresseunpeuetessuieseslarmesavecledosdesamain.Ellememontrel’évierquiestvide.―J’airangétoutceque jepouvais...Ellen’arrivepasàfinirsaphrase,savoixest tropétranglée.L’expressiontristedesonvisageluiressemblesipeuquecelamebriselecœur.―Qu’est-cequisepasseNancy?Tupeuxm'enparler.―Non,fait-elleensecouantlatête.J’aitrophonte,murmure-t-elleetellerecommenceàsanglotersanspouvoirs’arrêter.Jem’accroupisdevantelle,commeLyvl’avaitfaitdevantmoiilyauneéternitédecela,etjeprendssesmainsdanslesmiennes.―Maisdequoias-tuhonte?DufaitqueBriann’estpasavecnousaujourd’hui?Ellelèvelesyeuxethochelatête.Jelâchesesmainspourprendresonvisageentrelesmiennes.Jelaregardedanslesyeuxetjeluidisavectoutemaforcedeconviction.―Tun’aspasàavoirhonte.SiBriann’apasjugéutiledeveniràl’enterrementdemonfrère,c’estleproblèmedeBrianetpasletien.Tul’asélevécorrectement.ToietOncleTonyvousavezfaitvotretravailetaujourd’huic’estunadulte.Vousn’avezpasàrépondredesesactesetjamais,tum’entends,jamais,jeneteferaidereprochesàproposdecequeBrianaurapufaire.―Ellearaison,Madame,ditunevoixbassederrièremoi.Jemeretourne.Undesmecsdel’unitéspécialeestentré.Jemerappelledesonnomparcequ’ils’estprésenté commeErnest quelque chose,mais ensuite j’ai entendu ses collègues l’appeler Everest – sympa comme surnom pour un homme bâti comme une montagne, une montagne silencieusepuisquejenel’avaismêmepasentenduentrer.―Vousn’êtespas responsabledesactionsdevotre fils, ajoute-t-ilavantdeprendredeuxcanettesdanslabassinepleined’eauetdeglacesurlatabledelacuisineetderessortir.JesourisàNancyenluidisant.―C’estl’avantagedeshommespasbavards.Ilssontdirects.Ellemesouritàsontourethochelatêteànouveau.―Jevaisvoiroùestpassétononcle.Ilsesentencorepluscoupablequemoi.Je la prends dans mes bras et elle sort par la porte de derrière. J’espère qu’ils vont pouvoir seconsolerl’unl’autre.Je retourne dans le salon avec un plateau et les voisins sont partis. Il n’y a plus qu’Ernest et lecommissaire.C’estincongrudevoircesdeuxhommessurlescoussinsfleurisdelabalancelledemamère.Jeleslaisseàeux-mêmesetcommenceàdébarrasser.Pendantuninstant,jemedisquejesuisàNewYorkaurestaurantentraindenettoyerlasalleaprèsunservice. Je peux rêver que la semaineprochaine je vais commencermon stagedans le cabinet quim’avaitengagépourleurprogrammed’étépendanthuitsemaines.J’auraisgagnéunpaquetd’argentetpuiscelaauraitfaitunebelleréférencesurmonCV.J’auraisaussivuàquoipeutressemblerlavied’unavocatpénaliste.

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Ilsontété trèspolisetcourtois lorsquej’aiappelépour les informerdufaitqu’unecrisefamilialem’interdisaitde les rejoindrecetété.Toutefois, je suis sûreque jesuis surune listenoirequi feraobstacleàl’examendetoutecandidaturedemapartpourunautrestagedanscecabinet.MavieàNewYorkmemanque.Lyvmemanque.Ellem’aappeléunjoursurdeuxpourmeremonterlemoral.Cematin,ellem’aditqu’elleavaitvidémachambreetquetoutesmesaffairessontdanslacavedurestaurant.Elleaaussiparléaudoyende l’universitédemasituationetm’ademandési jevoulaisquemondossiersoittransféréversuneuniversitédeFlorideJenesaispascequejevaisfairepourmatroisièmeetdernièreannée.Quevadevenirmaboursesijechanged’université?Davidavaitpourhabitudededire″Sicen’estquedel’argent,cen’estpasgrave.″MaisDavidestmort.Jeposemonplateausurlatabledelacuisineetjem’effondre.J’aigardé la têtehaute toute la journéeetmaintenant les larmesque j’ai retenues sortent toutes enmême temps. Jem’appuie contre lemur etme laisse glisser jusqu’au sol. Je pleure de toutesmesforcesjusqu’àcequelaportedelacuisines’ouvre.LeCommissaireWilliamsetEverestentrent.―Ah,vousêteslà,ditlecommissaire.Onvouscherchait.Jetentedemereleveretdem’excuser,maisjen’enaipaslaforce.―VouspouvezyallerMonsieur,jevaisresteravecelleunmoment,ditEverest.LeCommissaireleremercieets’enva.

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CHAPITRESEPT

Everestprenduneautrebièredanslaglacièreets'assoitsurlecarrelageprèsdemoi.Ilestassezprèspourquemonépaulesoitcontresonbras.Auboutd’unmoment,jefinisparmecalmeretcesserdepleurer.Lorsquejereprendsmonsouffle,ilmetendunmouchoirenpapier.Jem’essuielesyeuxetmemouche.Everestadetrèsbeauxyeuxverts,presquelamêmeteintedevertqueBrian.Mais laressemblances’arrête là. Everest a des cheveux blonds très courts avec une coupe presquemilitaire. Everest estsexy.Qu’est-cequim’arrive?LebaiserdeBriana réveilléma libido.Elle était en sommeildepuisdesannées,maislàelleestparfaitementréveillée.FranchementLisa,tupensesàt’envoyerenl’airlejourdel’enterrementdetonfrère?Oui,c’estcertain,maisd’unautrecôté,quellebellefaçondecélébrerlefaitd’êtreencoreenvie?―Commenttesens-tu?demandeEverest.Sonregardestpleindecompassion,maispasseulement.Ilyauneétincelledequelquechosed’autre.― Perdue... cassée... triste... en colère... et effrayée... je lui réponds lentement en admirant lamerémeraudedesesyeux.Iladescilsincroyablementlongspourunhomme.―Tuveuxm’enparler?―Non,pasvraiment.Maiscommec’estfaciledeseconfieràlui,jecommenceàpenseràhautevoix.―Ilva falloirque je fasse faceà cette situation. Ilva falloirque reviennevivre iciparcequemamèrenepeutpasvivre seule.Cen’estpas la findumonde, enfin, si j’arriveà finirmesétudes.Àterme toutvabiensepasser...Etpuis,mêmesi jenereste iciquecetété, jevaisdevoir trouverunboulotpourm’occuperjusqu’àl’automne.Everestritquandjefinisparmetaire,alorsjeluisourisetjeluidemandecequ’ilyadedrôle.―Hébiensiça,c’estceque tudis lorsque tun’aspasenviedeparler, j’attendsdevoirceque turacontesquandtutesensd’humeurbavarde.Jeluidonneunfauxcoupdepoingsurl’épauleetluidis.―Aujourd’huiilestinterditdesemoquerdemoi.

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Ilpenchelatêtepourmieuxmeregarder.―Alorsilvafalloirquejerevienneunautrejourpourrecommencer.―Ceseraitsympa.Maréponseestspontanée.Jel’aimebien.Pourlemoment,ilabonpartout.Iln’estpasbeau,maispasdésagréableàregarder,etilsemblegentiletattentif.― Ce qu’il y a de bien, c’est que ta mère ne pourra pas te faire le reproche de sortir avec unpolicier,dit-il.―Etpourquoicela?Maintenant qu’il m’en parle, je réalise qu’au contraire ma mère va me conseiller de me tenir àdistanced’unhommequipourraitsefairetuerautravail.―Tuplaisantes?dit-il.Jesecouelatêtepourluiindiquerquejenesaispasdequoiilparle.―JepensequeleCommissaireWilliamsvavousrendredenombreusesvisites.Ilacomplètementcraquépourtamère.―Ahbençaalors,jamaisj’auraicru...L’idéequemamèrepuissesefairedraguerm’esttellementétrangèrequejeluidemande.―Tuessûr?―Pourquoiest-cequetuessurprise?Tamèreestunetrèsbellefemmeetelleajustel’âgequ’ilfautpourSteven.Ilritàmonairsurpris.―Allez,ilestl’heuredepartir.Il se lève et me tend les mains pour m’aider à me lever. Ses mains sont chaudes et fortes. C’estvraimentungentilgarçon.Jeleraccompagneàlaporteetilprenduncasquequ’ilavaitlaissésurleporche.Jevoisunesuperbemotogaréedanslarue.―Jolie,dis-je.―Tuaimes?Ilmedemandeendescendantlamarche.Ilyaquelquechosequipétilledanssesyeuxlorsqu’ilregardesamachine,commes’ilenétaitvéritablementfier.―Ouais,jen’yconnaisrienenmoteuretmécanique,maisj’adorelasensationdeliberté.Des souvenirs de balades d’enfer sur la plage avecDavidme reviennent en pleine face et je luttecontreleslarmesquimenacentderemonter.―Soisprudent,jeluidisenbattantenretraitejusquedanslamaison.Laporteserefermederrièremoietjeremetslesmeublesenplacedanslesalon.Jem’apprêteàfinirdetoutrapporterdanslacuisinequandjeréalisequ’ilfautquejelaissequelquechoseàfaireàmamèrepourdemain.Celaluiferaleplusgrandbiend’avoirdequois’occuper.Jevaisjustechargerlelave-vaisselleetpuisprendreunbonbouquinpourmechangerlesidées.Àlasecondeoùjereviensdans lacuisine, laportedederrières’ouvreenclaquant.C’estBrian. Ilesthabillécomme il l’étaitlorsquenousnousétionscroisésàlapharmacie.Ilaletotallookmotardetmauvaisgarçon.Ilsembletoutaussiencolèreetaussiincroyablementsexyquecejour-là.Maisaujourd’hui, je suis aussi encolèreque lui.Sansdouteplus. Je suis follede rageparcequ’il

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n’estpasvenuauserviceniàl’enterrement.Quoiqu’ilaitpusepasserentreDavidetluilorsqu’ilsontdécidédeprendredescheminsdivergents,celanepeutpasexcusersonabsence.S’iln’enarienàfaire,iln’aaucuneraisond’êtreici.Avantquej’aieletempsdedirequoiquecesoit,ilprendunebièreetseposesuruntabouret.Ilouvrelacanetteetlance:―J’aicruqu’iln’allaitjamaispartir.Jefaisunpasversluipourmelancerdansuneconfrontation,etpuisjemeravise.Jevaisl’ignoreretcontinuerdefairecequejevoulaisfairedanslacuisine.Jeremplislelave-vaisselleaveclesverressales. Je lui jette un regard en coin. Il boit sa bière et me regarde faire semblant d’ignorer saprésence.Jesaisquecelal’énerve,parcequejefaisceladepuisquejesuistoutepetite.Montruc,c’estdeneriendireetdefairelagueule,etcelalerendfou.CelaénervaitaussibeaucoupDavid.J’aicontinuédelefairelorsquej’étaisadoàchaquefoisqu’ilsmemettaientencolère.Aulieudeleurdirepourquoij’étaiscontrariée,jelesignoraisjusqu’àcequ’ilsfinissentpartrouver.Biensûr,maintenantquejesuisadulte,jemerendscomptequecen’estpasuneconduitetrèsmature.C’estbienplussaindedirecequinevapasaulieudeselaisserdévorerparlacontrariétédesjoursentiers.Cependantaujourd’huijenepensepasquejesuisimmature.S’ilnecomprendpaspourquelleraisonjesuisencolère,c’estquenousn’avonsplusrienànousdire.Unefoislelave-vaissellechargéetfermé,jeprendslesquelquesbièresquirestentdanslaglacièrepourlesmettreaufrais.Jerenversel’eaudelaglacièredansl’évieretlalaisseouverteetretournéepourqu’ellesèche.Voilà,j’enaiterminé.Jem’essuielesmainsdansuntorchonetlanceunregardmauvaisàBrianavantdemeretourneretdesortirdelacuisine.

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CHAPITREHUIT

J’éteinslalumièrecommesiBriann’étaitpasderrièremoidanslapièceetjel’entendssifflerentresesdents.Jecommenceàouvrirlaportelorsqu’ilbonditdutabouretetlarefermeduplatdelamain.Jeme retourne.Mondos est contre la porte et je lui jettemon regard le plus glacial,mais j’ai lesoufflecoupéparcequ’enréalitéjesuisenébullition.Mesyeuxseposentsurseslèvresetj’aitellementenviequ’ilm’embrasseànouveauquecelamefaitmal.―Tuneveuxpasparler,grogne-t-il.Çatombebien,parcequejenesuispasd’humeuràbavardernonplus.Etlàilexaucemonvœuenm’embrassant,etjelelaissefaireparcequejenesuisplusqu’uneboulededésir.Jemerendscomptequejesuiscingléeparcequelesgémissementsquim’échappentnefontquel’encourager.Mesdoigtsglissentdanssescheveuxetjem’accrocheàluicommeunnaufragéàune bouée de sauvetage. Ses mains passent sur ma poitrine et puis sur mes fesses. Ses doigtss’enfoncentdansmachairetilmesoulève.Ilm’écrasecontrelaporteetc’estsidélicieuxquejeneveuxpasqu’ils’arrête.J’enroulemesjambesautourdeluietjeveuxplus,bienplus.Noussommesbientrophabillés.Lorsqu’ilécartesabouchedelamienne,noussommestouslesdeuxàboutdesouffle.Jeleregardedanslesyeux.Sonregardmerenvoieenmiroirledésirquej’aidelui.C’estincroyable,maisilnemerestemêmepasunsoupçonderetenue.Jesuisprêteàtout.Jelâchesescheveuxetposeunemainsursapoitrineàcôtéd’unpatchquiledésignecommeun″futurdonneurd’organe″etjenetrouvepasceladrôledu tout.Jedéplacemamainetmesyeux tombentsur l’écussondesTornadesd’Acier.Celasuffitàmefaireredescendresurterre.Je n’en ai pas envie,mais il faut que je le repousse. J’ai besoin de savoir ce qui s’est passé entreDavid et lui. J’ai besoin de savoir, mais j’ai tellement peur de la réponse que la question quim’échappen’estpascellequejevoulaisposer.―CommentDavidest-ilmort?Briandesserresonétreinteetjedépliemesjambes.Mespiedstouchentlesoletnousnesommespluscollésl’unàl’autre.Ilnem’acependantpasencorelâchée.―Tuneveuxpaslesavoir,dit-ilavecuntonsimilaireàceluiduCommissaireWilliams.Ilferme

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lesyeuxetfaitunpasenarrière.―Si,jeveuxlesavoir.Celameronge.Touteslesnuitsjelevoismourirdecentfaçonsdifférentes,chacuneplushorriblequelaprécédente.―Ilsnet’ontpaslaissélevoir,aumoins?

L’inquiétudequej’entendsdanssavoixmedéchire.Ellesignifiequ’iltientencoreàmoi,maisaussiquecelaadûêtreépouvantable.―Non.Illaisseéchapperunsoupirdesoulagementetc’estàmontourd’insister.―Brian,j’aibesoindesavoir.Celamerendfolle.Ilme regardeànouveauet semblecomprendreque j’aivraimentbesoindeconnaître la réponseàcettequestion.―Ilétaitaumauvaisendroitaumauvaismoment. Ilyaeuuncombataucouteauet ilaperdu.Lalameatraversésapoitrine.Ilétaitmortavantd’avoirtouchélesol.Ilétudiemaréaction.Jegardeuneexpressionneutrependantquejeréfléchisàcequ’ilvientdemedire.Celan’aaucunsens.Uneplaieaucouteauc’estfacileàdissimuler.Onn’imposepasuncercueilfermépouruneblessureaucouteau.Jesecouelatêteetfroncelessourcils.Jenelecroispasetillecomprend.―Aprèscelailssesontacharnéssurlecorps...explique-t-il.J’essayedemecontenir,mais j’échoue lamentablement.Labile remonteet j’arriveau-dessusde lapoubelle juste à temps. Je suis tellement en colère que si j’en avais la possibilité je ferai bienvolontierslapeauàceluiquis’estacharnésurlecorpsdemonfrère.Oubliés, tous lesdiscourspassionnésque j’aipu tenir contre lapeinedemort lorsdesplaidoiriesuniversitaires.C’estunechosed’enparlerdupointdevuedétachéd’untiers,c’est toutautrechoselorsqu’il s’agitd’unmembrede sapropre famille. Jeme sensdesenviesdemeurtre, jeveuxvoircoulerlesang.―Etcommentsais-tucela?Montonestindéniablementaccusateur,etl’espaced’unesecondejelisdeladétressedanssesyeux.Ilestpluschoquéquesijel’avaisgiflé.―C’estquelqu’unquiétaitprésentquimel’adit.Sonexpressionetletondesavoixmarquentl’indifférence.―Unechoseestsûre.Tun’aspastonpareilpourcasserl’ambiance.Ilseretourneetmarcheendirectiondel’autreportedelacuisine,ilmefaitunpetitsignedelamain.―Àlaprochaine,p’titcul.J’attrapelacanettedebièrequ’ilalaisséesurlatableetlajetteverslaporte.Mauvaiseidée.Iln’avaitpasfinidelaboireetmaintenantilfautquejenettoieleliquidequis’estdéversésurlesol.Enpassantun coup de serpillère, je recommence à pleurer. Etmerde, je suis en train deme transformer enfontaine...ouenmamère.

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Jeprendslarésolutiond’arrêterdepleureretjetentedemeraisonner.Aprèstout,ilétaitdéjàmort,alorsquelle importance? Ilne restaitplus rienqu’unecoquillevide.Cen’estpascommesion luiavaitfaitdumal.Cesontdesanimauxpours’êtreacharnésainsisursoncorps.Maisaujourd’hui,leraisonnementlogiqueestimpuissant.Mamèrenedoitjamaissavoir.Siellel’apprenait,celalaferaitbasculer.Elleestdéjàsifragilequejenesuispascertained’êtreassezfortepourl’aideràtenirlecoup.Et si Everest avait raison ? Si le Commissaire de David avait vraiment un faible pour elle ?Maintenantquejem’habitueàl’idée,jeregardemamèresousunjourdifférent.Objectivement,ellen’estpasmal.Quelâgea-t-elled’ailleurs?Cinquante-cinqoucinquante-sixans?Quandj’étaisado,j’avaisl’impressionqu’elleétaittrèsvieille.Maintenant,jeréalisequecertainsdemesprofsdefacetcertains des associés des cabinets avec lesquels j’ai passé des entretiens étaient probablement plusvieux qu’elle, et jamais je n’ai pensé que leur vie était terminée. Je savais qu’ils avaient des viesprofessionnellesriches,etsansdoutedesviesprivéestoutaussiactives.Alorspourquoiest-cequejen’aijamaisvumamèreainsi?Cen’estpasdifficiled’imaginermamèreavecleCommissaireWilliams,carils’esttenuàsescôtéspresquetoutelajournée.Ilestgrandetprotecteur,ildevraitlamettreenconfiance.Jemefaisunfilmdansmatête,jelesvoisl’unàcôtéde l’autre sur labalancelle en trainde se tenir lamain, je lesvois s’embrasser, etpuisavancer ensemble au son de la marche nuptiale. Mon imagination débordante les habille pourl’occasion, elle d’une robe perle et lui de son uniforme des grands jours, celui qu’il portaitaujourd’hui.Ellesembleheureuse...C’estaveccetteimageentêtequejevaismecoucher,lesourireauxlèvres.

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CHAPITRENEUF

Everestavaitraison.Lasemainequiasuivil’enterrement,leCommissaire‒jet'enprie,appelle-moiSteven‒Williamsestvenunousrendrevisiteplusieursfois.Officiellement,ils’estdéplacépours’assurerquemamèreallaitremplircorrectementlesformulairesquivontluipermettred’avoirjenesaisquellepension,puisqu’ellevivaitàlachargedeDavidetqu’ilestdécédédanslecadredesontravail.SiEverestnem’avaitpasprévenue,maréactionauraitétédeluidirequesij’airéussiàintégrerunedesmeilleuresécolesdedroitdupays,cen’estpassondossieràlanoixquivameposerproblème.Maiscommeilm’avaitavertie,j’aijouélesblondesécervelées.Jel’airemerciédesadisponibilité,etjelesailaissésassiscôteàcôteàlatabledelasalleàmangeravecledossier.Jeleuraiserviunthéglacéetjemesuiséclipsée.Ilestrestéunmoment,maissansacheverdetoutremplir.Leplusincroyable,c’estquejereconnaisàpeinemamère,elleesttouteguillerette,presquejoyeuse.Jemepincepourvérifierquejenerêvepas.Biensûr,aprèsledépartducapitaine,monnaturelareprisledessusetjesuisalléevérifiercequ’ilsavaient fait. Les formulaires n’avaient rien de compliqué et pourtant ils n’avaient complété que lapremièredestroispages.Oui,cethommeestintéressé,etcequ’ilyadepluschouettec’estqu’ilnelalaissepasindifférentenonplus.Elleamêmeacceptédesortirunsoiraveclui.―Nesoitpasridiculemachérie,cen’estpasunrencard.Jenefaisquel’accompagneràundînerdelapolice,»medit-elleensepréparant.―Maisbiensûr!Cequej’aienviededire,c’est,Maisbiensûrc’estpasunrencardetc’estvraiquetuportesdunoiretquenoirc’estnoir.Cependantilyanoirdeuiletnoirsexy...Jelaregardepartiretjem’installesurlabalancelleduporcheavecunlivrepourattendreEverest.Jelui faisàdînercesoir,etaprès ilvam’aiderpourdéciderquoi faireavec lesdeuxmotosdemonfrère.Ilvavérifierqu’ellessontenbonétat.CellequeDavidconduisaitlejourdesamortvientjustederevenirdelafourrièredelapolice.Lamotocrossestpluslégère,etjepenselagarderpourmoi.

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EverestesttoutsourireetilmefaitpenseràcetteblaguestupidedeDavid.―Àquoireconnaît-onunmotardheureux?Jeluilance.―Aunombredemoucheronsqu’ilasurlesdents,merépondEverestenriant.C’estcrade,maiscen’estpasfaux.J’aimangéplusd’insectesquejeneveuxl’admettre.Ilgaresamotoetouvreunesacoche.―Monindicm’aditquetuaimaislevinblanc,alorsjet’enaiprisunebouteille.Moijesuisplutôtbière,maislavendeusem’aditqueleMuscadetc’estpasmal.―Parfait, j’adore leMuscadet.Vraiment, j’aimebien. Jen’y connaissais rien à rienquand je suisarrivéeàNewYorketpuisj’aitrouvéceboulotdansunbonrestaurantoùlapropriétairefaitprendreauxserveursdesleçonspourconnaîtrelesbases,tusaisquelvinvaavecquoietpuis,aprèslescours,onfaitdesdégustationsàl’aveugle.C’étaitchouette.Jenesuispasunvraiconnaisseur,maiscevin-là,j’aimebien.Celaaccompagnebienlepoisson,ilfautqu’ilsoitfrais...Je continue à papoter en finissant de préparer notre dîner. Je lui parle deLyv et des collègues durestaurantetj’expliqueàquelpointc’estidéalparcequelerestaurantestàproximitédel’université.Quandnousnousmettonsàtable,ilarboreunsourirejusqu’auxoreilles.―Qu’est-cequ’ilyadedrôle?jeluidemande.―Maintenant,jesaisàquoicelaressemblequandtuesvraimentd’humeurbavarde,l’autrejour,tuétaisvraimentsurlaréserve.Je ris. Il a raison. Je suis très bavarde et sans doute plus que d’habitude ce soir parce que je suisnerveuse.Jel’aimebienetj’aimeraibienpasserdutempsaveclui.Maisenmêmetempsjeneveuxpasqu’ilsefassedesidées.J’appréciesacompagnie,maisjenecherchepasunmec.LamortdeDavidm’alaisséetropàvifpourquej’envisagequoiquecesoitencemoment.EtpuisilyaBrian.Jenesaispasquoienpenser,enfait jem’efforcedenepasypenseret celamedemandebiendesefforts.Envéritéc’estune tâcheimpossibleparcequ’iln’yapasunrecoindecettemaisonquinesoitpasassociéàunsouvenirquej’aideDavidetdelui.Je ne sais pas comment expliquer à Everest que si lui et moi on doit se voir, il faudra y allerdoucement.Sicelasetrouve,jen’auraipasbesoindeluidirequoiquecesoit,ilveutjusteêtremonamioualorsjusteuncouppourleplaisir,maissansplus.J’arrêtedeparler.―T’inquiète,medit-il.Tuesensécuritéavecmoi.Cesoir,c’estjusteundîneretpuispeutêtreunepetitebaladesurlaplageavecunpetitbisou. ― Est-ce que j’ai l’air inquiète ? Je lui demande en rougissant. La chaleur sur mes joues estindéniable.―Non.Netefaispasdesoucisjenelispasentoicommedansunlivreouvert...pasencore.Ilboitunpeuencontinuantdemedévisageretajoute.―C’estçamontruc,jelislesgens.Jelèvelessourcils.―Ilyadespetitsgestesque tu faisquimemontrentque tun’espas totalementà l’aiseavecmoi.C’est normal, on se connaît à peine.Mais enmême temps tu es très ouverte et tume parles sansréservecequimemontrequetuasdécidéquetupouvaismefaireconfiance.Alorsjepensequetu

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m’aimesbien,maisquetuneveuxpasteprécipiterdansquoiquecesoitparcequ’ilyaeutropdebouleversementsdanstavierécemment.Jehochelatête.Ilestprochedelavérité.―Tuasquelqu’unàNewYork?demande-t-il.―Non,mesromansdenanasontlesseuleschosesexcitantesquim’ontbercéecesdernièresannées.Ettoi?Ilyaquelqu’undanstavie?―Celafaitunmomentquejesuisseul,maisavant,j’aivécuavecunefillependantdeuxans.Pendantunepériode,j’aicruquec’étaitlabonne.―Etqu’est-cequit’afaitcomprendrequecen’étaitpaslecas?―Lefaitqu’ellem’alarguélejouroùj’aidécidéd’utilisercequej’avaisapprispendantmesétudesdepsychoentravaillantdanslapoliceplutôtqu’enétantthérapeute.―Saréponsen’estpasamère,justeunpeutriste.―C’étaitquoisonproblème?―Officiellement,c’était ledangerauquelj’allaisêtreexposé.Envérité,c’était lestatutsocialetlesalaire.Quelquesmoisaprèsnotreséparation,elleaépouséundocteur.―Siellet’avraimentlarguéeàcausedumontantdetesrevenusalorstun'asrienperdu.―C’estdrôle,c’estmotpourmotcequem’aditmamère,répond-ilamusé.―Tamèreestunefemmetrèsavisée.Nousfinissonsdemangeretilm’aideàdébarrasserlatable.

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CHAPITREDIX

J’abandonne la vaisselle sale dans l’évier et nous allons au garage, j’allume les plafonniers etouvrelaportecoulissantepourqu’onregardelesmotosdeDavid.Everesttrifouillelaplusgrosse,cellequivientderevenirdelafourrièreetillasortpourfaireletourdupâtédemaisonsavec.Pendantquejel’attends,j’entendsquelquesmotardsquipassentdevantlamaisonengroupe.Cen’estpas inhabituel, carma rue reliedeux routesprincipales,mais, toutdemême, ilsme font sursauter.Soudain,jemesensvulnérable.Jesuisseuledanslamaisonetleslumièresau-dessusdel’établideDavidsonttellementpuissantesquejenepeuxrienvoirdecequisepassedehors.Jefaisunecibleidéale. Au bruit, j’ai l’impression qu’ils ralentissent en passant devant chez moi, mais c’estprobablementmonimaginationquifaitdesheuressup.Jemesecouepourchassermesidéesnoires.Ilfautquejemereprenne.Everestrevientrapidementdesontourd’essai.―Elleestenparfaitecondition,dit-ilenfaisantroulercemonstredanslegarage.―Onvoitquetonfrèreenprenaitgrandsoin.Cependant,jesuisd’accord,elleesttroplourdepourtoi.Il se tourne vers l’autremoto qui est plus haute et plus légère, c’est celle sur laquelleDavidm’aapprisàconduire.Cellesurlaquelleilnevoulaitpasquejemebaladeseule.Ilm’aapprisàconduireparcequ’ilpensaitqu’ils’agissaitd’unedeschosesquejedevaissavoirfairemême.Àl’époque,ilpensaitsansdoutequ’ilyauraittoujoursBrianouluipourmebalader.Avantqu’ilneretiresoncasque,j’attrapelemienetjemontesurlamachinelapluslégère.―Allezviens,jet’emmèneenbalade,jeluifaisendémarrant.L’expressionsursonvisageest impayable tellement ilyad’émotionsquis’entrechoquent,maiscequi prédomine en fin de compte c’est la surprise et l’amusement. Il ne se dégonfle pas, il montederrièremoietjemedemandes’ilestcourageux,suicidaireouconfiant.Jenelesenspastendudutoutlorsqu’ilglissesesbrasautourdemataille.Nousdescendonslaruequivaverslaplageetcelafaitlongtempsquejen’aipasétéaussidétendue.J’adore cette sensation de liberté qu’on a en roulant sauf que là cela va au-delà des sensationsphysiqueshabituelles.Ilyacettesensationdedétentequivientdufaitquej’aibuunverredevin,lesvibrationsdumoteurentremesjambesetpuislecorpsfermed’Everestdansmondos,sesmainssur

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monventre...Jesuisdistraite.Lorsquenousarrivonssur lesable, j’aideplusenplusdemalàmeconcentrersur laconduite.Jeroulejusqu’àlajetéeoùjepeuxappuyerlamachinesurl’undespoteaux.Lorsqu’Everest descend de lamoto, jeme rends compte que lui aussi a été un peudistrait. Nousretironsnoscasquesetnousinstallonssurlesable.Lebruitdesvaguesestdétendantetlaluneassezfortepourquejepuisseétudiersonprofilpendantqu’ilregardel’océan.―C’étaitintéressant,dit-ilavecunsourireencoin.―Jen’avaisjamaisfaitdepromenadederrièreunefemmeauparavant.―Qu’est-cequeçachange?Jeluidemandeavantquemoncerveaunesemetteenmarche.Ahoui,sonsexe,mesfesses,lesvibrations...Ilsetourneversmoietrit.Jedevienscramoisiej’ensuissûre.―Oublielaquestion.Nousnous allongeons tous les deux sur le sable pour regarder les étoiles et restons silencieuxunmoment.―Vousallezchopperlesorduresquionttuémonfrère?jeluidemandebrusquement.Avantderépondre,ilmeprendlamain.―Tusaisbienquejenepeuxpasparlerdesaffairesencours.―Jelecomprendsetjeneveuxpasdedétails.Vraiment,cen’estpascela.J’aijustebesoindesavoirquevousfaitescequevouspouvezpourquecelanesereproduiseplus.Etpuisjevaisàlapêcheauxinformationsafindesavoirsijenemeplantepascomplètementquandjepensequelegroupedeluttecontrelecrimeorganiséenquêtaitsurleclubdemotard.―CeseraitpasmalsivousdébarrassiezlesruesdecesTornadesd’Acier.―Ilyadesgensquiparlenttrop,medit-iltombantdansmonpiège.Ilsetournesurlecôtéfaceàmoietmedemande.―Quiestcequit’amiscesidéesdanslatête?Jelanceunregarddanssadirectionetilavraimentl’aircontrarié.Maisenfait,c’estgrâceàluiquej’ai maintenant une certitude sur ce point. Le Commissaire Williams avait juste parlé de l’unitéspécialedeluttecontrelecrimeorganisé.Mikeajustenotéàquelpointilétaitironiqued’avoirvuBrian poser sa candidature pour cette unité spéciale avant de rejoindre le club. Avant de voir laréactiond’Everest,jen’avaisquedesdoutes.Maisjenevaispasluiexpliquerquec’estluiquis’estvendu.Jedécidedeledistrairepourchangerdesujetalorsjeroulesurlecôtéàmontour,faceàlui.Jeplaneunpeu.C’estsansdouteplusàcausedel’adrénalinedelabaladequ’enraisonduvin,maisquisait.Jemelance.―Tun’avaispasparléd’unpetitbisou?Ducouplacontrariétédisparaîtdesonvisage.Ilsouritetdit.―Absolument!―Lecadreestparfait,tuasl’océan,lequartierdelune...

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Il n’a pas besoin que je lemotive davantagepuisqu’il se penche surmoi et couvre doucementmaboucheaveclasienne.Ilmordilledoucementmalèvreinférieurejusqu’àcequejem’ouvreàluietlàjecroisquenousallonsau-delàdu‘petitbisou’.Jeme sens toute chose.C’est doux, agréable, délicieux. Je nem’embrase pas,mais je ressens unedoucechaleurtrèsplaisante.Avecluijemesensensécuritéet,àl’instant,lasécuritéc’esttoutàfaitcedontj’aibesoin.Ilmeprenddanssesbrasetseremetsurledosm’entraînantaveclui.Matêtereposesursapoitrine.―Tusais,j’aibiencesséd’ypenserunmoment,maisjen’aipasoubliémaquestion.Jeris.―Jenerévèleraipasmessources.Jet’avoueraisimplementquej’aipiégéquelqu’unpourluifairedirequelleétaitlamissiondel’unitéspéciale.Jeneveuxpasqu’ilaitdesennuisalorsjenet’endiraipasplus.―Jetrouveraibien,assure-t-il.―Mais non. J’ai parlé à presque tous tes collègues après l’enterrement, tu n’as aucunmoyen desavoirquim’arenseignée,jeluiassèneafinqu’ilnesuspectepasMikequiestretournéaupostejusteaprèslacérémonie.―Onverrabien.Etmaintenantjemerendscomptequ’ilvaenfaireunequestiondeprincipe.―Sionrentrait?Etsituveux,jetelaisseconduire.Letrajetduretourestbienplusagréablequel’aller,maisbon,luiilconduittouslesjoursalorsquemoicelafaisaitdesmois.C’estmonexcuse,ilm’enfaudrauneautrelaprochainefois,s’ilyauneprochainefois.NousarrivonsàlamaisonenmêmetempsquemamèreetleCommissaireWilliams.Ilyaunlégermalaiselorsquelesdeuxhommessesaluentetpartentrapidement.Mamèremeditqu’elleesttrèsfatiguéeetqu’ellevasecoucher.Ilesttardpourelle.Jenem’attendaispasàcequ’ellerentreàcetteheure-ci.Jel’embrasseetjefermelaporte.Jesuistroptenduepourdormiretj’aijustecequ’ilfautpourm’occuper,lacuisineànettoyer.

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CHAPITREONZE

Mamère a le sommeil léger lorsqu’elle ne prendpas de somnifères, alors jemets le sonde laradioauplusbaset tentede faire lemoinsdebruitpossibleenchargeant le lave-vaissellepuisenlavantlescasseroles.Plusqu’àm’occuperdesorduresetj’auraifini.Sortirlespoubellesjusqu’àlaruec’estlaplaie.Jem’assurequelescouverclessontbienferméspouréviterquelesratonslaveursneviennentlesrenverser.Enmeretournant,jevoisNancyquisortlessiennesetjevaisl’aider.―CommentçavaLisa?―Capeutaller,ettoi?―Çava.Sonexpressiondémontrelecontraire.Je sais qu’elle est contrariée à cause de Brian. Je suis sûre que la majorité de nos voisins sedemandent pour quelle raison Brian n’est pas venu à l’enterrement de David et, même si aucund’entreeuxn’aeuleculotdeluiposerlaquestiondirectement,touslesragotssurlaquestiondoiventl’énerver.CelapèseaussisursarelationavecTony.Jenesaispasquoiluidirealorsjemecontentedel’embrasseretdeluisouhaiterunebonnenuit.Lorsquejereviensparlaportedederrière,lalumièreestéteintedanslacuisine.C’estétrange,j’étaiscertainedel’avoir laisséealluméepuisquejenesortaisquepouruneminute.Je tendslamainversl’interrupteuretBrianl’attrapeetm’entraineàl’intérieur.Jenecriepasparcequejesaisquec’estluiàlasecondeoùilmetouche.Ilmeserrecontreluietposeundoigtsurmeslèvres.Nousattendonsensilencejusqu’àcequenousentendionssamèrerefermeruneportederrièreelle.Ilfermemaporteetmefaitrentrerjusqu’aufonddelacuisinelàoùpersonnenepeutnousvoirdel’extérieur.Ilmetienttoujourscontreluietjenelerepoussepas.Moncœurbatlachamade.―Qu’est-cequetufaisici?jeluidemandeenlevantlesyeuxverslui.― Jevérifieque tuvasbien, dit-il enpoussantunemèchedecheveuxdemonvisageet cegestetendremevadroitaucœur.Je tendsunemainverssonvisageet touche labarbenaissantesursamâchoireduboutdesdoigts.Toutesmesquestionssortentenvrac.―Qu’est-cequit’estarrivé?Pourquoin’as-tupasfinil’écoledepolice?Qu’est-cequis’estpassé

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entreDavidet toipourque tuneviennesmêmepasàsonenterrement?Qu’est-ceque tufaisde tavie?―Assezdequestions,Maitre,medit-ilavantdem’embrasser.L’idéederésistermetraversel’esprit,maiselleestrapidementchasséeparl’imagedetoussesvieuxwesternsdanslesquelslafilletapotedesespetitspoingsrageurslehérosavantdes’abandonnerdanssesbras.Jechoisisd’éviterdejouercettescène.Jeglissemesdoigtsdanssescheveuxetjeperdstoutenotiondetemps.Jemeperdsdansl’instantetquandilmelaisseànouveaurespirer,jelesupplie.―Parle-moiBrian,s’ilteplait.Ilappuiematêtesursapoitrineetsoupire.―C’étaitpasunebonneidée.Ilcommenceàmerepousser,maisj’attrapesonteeshirtàpleinesmainspourlereteniretenparlantaussifortquepossiblesanséleverleton.―Ohnon.Tunevaspasmerefairelecoup.Tunepeuxpasdéboulerici,m’embrassercommesituétaisraidedinguedemoietpuistetirer.Iléclatederireetsedirigeverslaportedelacuisine.―BrianHatcher,jetejurequec’estladernièrefoisquetumefaiscela.―Maisbiensurp’titcul,répond-ilensortant.Cettefois-ci,jen’airienàjeteretcen’estpasplusmal,jenesuispasd’humeurànettoyerlesoldelacuisine,saufs’ilétaitcouvertdesang,depréférence,dusien.Jemontedansmachambredetrèsmauvaisehumeur.QuelestleproblèmedeBrian?C’estunsalaudetunallumeur?Etmoi,c’estquoimonproblème?Assisesurmonlitjesuisprêteàmetaperlatêtecontrelemurlorsquelaportes’ouvre.C’estmamère,elleestenrobedechambreetsescheveuxontété libérésduchignondans lequelelle lesemprisonne toute la journée.Pendantuncourt instant, jecroisvoirlajeunefillequ’elleétaitlorsqu’elleavaitmonâge.―ÇavaMaman?―Jen’arrivaispasàdormiretpuisjet’aientendumonter.J’aipenséqu’onpourraitparler,medit-elleunpeuhésitante.Jemeglisseaupieddulitetposelamainsurlematelasàcôtédemoipourl’inviteràs’yasseoir.―Biensûr,dequoiveux-tuparler?D’uncharmantcommissairedepolice?Elleestadorablelorsqu’ellerougit.Elleseposesurlelit,posesonbrassurmonépauleettirematêtesursesgenoux.Jeposemajouesursajambeettentedemerappelerladernièrefoisquejemesuisallongée comme cela. Un parfum d’enfance remonte à la surface, je me souviens, qu’il y a desannées,qu’ellemeracontaitdeshistoirespourm’endormir.Ellemecaresselescheveuxpuiscommenceàparler.―Oui,onpourraitcommencerparçaetl'onpourraitaussiparlerdeBrian.Jel’aientendupartiràl’instant.Jehochelatêteetellecontinue.

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―Jemedisaisbienquemêmes’ilnevientplusvoirNancy,ilnepourraitpass’empêcherdevenirtevoir.Je tourne la têtepourétudiersonexpression.C’estdrôle, jecroyaisqu’ellevivaitdanssonpropremondealorsqu’enréalitéelleobservaitcequisepassaitautourd’elle.―Tusaisquecen’estjamaisunebonneidéedecourirdeuxlièvresenmêmetemps?Ilfautquetuchoisisses,c’estBrianoucejeunepolicier,Ernest,jecrois.―JesaisMaman,Ernestestgentil,maisBrianc’est...Jen’arrivepasàtrouverdesmotsquineluiferaientpasdelapeine.DavidetBrianétaientlesdeuxpiliersdemavie.Jecroyaisque,quoiqu’ilarrive,ilsseraienttoujourslàpourmoi.MaintenantqueDavidestparti,jen’arrivepasàrenonceràBrian.Pastoutdesuite.C’estleseulpointd’ancragequimereste.Mêmesitoutmeditdelâcherprise,mêmesitoutmepousseàpenserqu’ilachangéetpasenbien,jenepeuxpasrenonceràlui.―Brianétaittonpremieramouretsansdoutepenses-tuquetul’aimesencore,maisilnefautpasquecelat’empêchedevivretavie,meditmamère.Ellemesentmeraidiretcontinueàmecaresserlescheveux.―Quandtonpèreestdécédé,j’aicruquej’étaismorteaussi.S’iln’yavaitpaseutonfrèreettoi,jel’aurairejointdèslelendemain.J’aieul’impressionquequelqu’unm’avaitarrachélecœur.J’étaisvideetjesuisrestéecommecelajusqu’àcequeDavidmeureàsontour.Son décèsm’a fait un choc salutaire. Jeme suis rendu compte que j’avais gaspillé un temps trèsprécieux.Onabienpeuletempsdevivreetd’êtreheureux.QuandjemesuistenuedevantlatombedeDavid,j’aijuréderecommenceràvivre.J’aidécidédeprofiterdetoutcedontjepourraiencoreprofiteretlà,ilyaeuunmiracle,ilyavaitcethommeadorablequisetenaitàmescôtés.Unsouriresedessinesurmeslèvresparcequel’adjectif‒adorable‒n’estpasceluiquimesembleleplusappropriépourdécrirecethomme.―Qu’est-cequitefaitsourire?demande-t-elle.―TadescriptionduCommissaireWilliams...Jeveuxbienqu’ilsoitfort,puissant,peut-êtremêmebelhommedansun styleunpeubrut etmême impressionnant.Maisadorable?Non cen’était pasdansmaliste.Elleritetjemerendscomptequecelafaisaitdesannéesquejen’avaispasentendusonrire.Celamemetleslarmesauxyeux.―Oh,Maman.Jesuiscontentequetusoisrevenuedelàoùtut’étaisperduetoutessesannées.―Moiaussi,machérie,moiaussi.

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CHAPITREDOUZE

Uneautresemaineestpasséeet jecommenceàm’inquiéteràproposdemesrevenus.Jemesuisprésentéedansplusieursrestaurantsducoin,maissanssuccès.Leproblèmec’estque jeneracontepasdebobardsàproposdemasituation.Jeleurdisqu’ilspourrontm’exploitertoutl’été,maisquejenesuispascertainederesterà l’automne,car jepourraisêtrepartieetque,mêmesi jereste, jenepourraiplustravaillerquelesoiretlesweek-ends.Ducouponhésiteàm’engager.Iln’yapasdesmassesdetravailpendantl’été.LasaisonpleineenFloridec’estl’hiver,aprèsThanksgiving,lorsquelesretraitésdunordmigrentverslesud.Jesuisinstalléeàlatabledelacuisineavecmamèreentraindemettredesquartiersdepommedansune tartequ’ellepréparepour leCommissaire‒ appelle-moiStevenpuisqu’on est presque famillemaintenant‒Williamslorsqueletéléphonesonne.Mamèrerépond.―OuiMonsieur,delapartdequis’ilvousplait?Uneminute,jevaislachercher.―Elleposelamainsurlecombinéetmefait:c’estlegérantdurestaurantLesDélices.Jem’essuielesmainsetprendsletéléphone.―LisaMayfieldàl’appareil.―Bonjour, Lisa, c’est Thierry desDélices. Je t’appelle pour te dire que tu as le boulot. Tu peuxremercier ton ancienne patronne. Elle ne tarit pas d’éloges sur toi. Elle m’a presque ordonné det’engagerpendantquej’enavaisencorel’opportunité,explique-t-ilenriant.―Jenemanqueraipasdel’appelerpourlaremercier.Quandestcequejecommence?―Dimanche,pourlebrunch.Débutdeservice,dixheures.―Merci,Monsieur,jeserailà.Jeraccrocheetsuisprêteàsauterdejoie.Auvudemonlargesourire,mamèredit:―Jevoisquetuaseuleposte.―Oui,grâceàLyv.J’adorecettefemme.Ilfautquejeluienvoiedesfleursouquelquechose.―Jenecomprendstoujourspaspourquelleraisontun’espasretournéeàNewYorkpourtonstaged’éténipourquoitun’enaspascherchéunicidansuncabinetlocal,insiste-t-elle.J’aiessayédeluifairecomprendrecentfoiscommentfonctionnelesystèmedesstagesd’été,queles

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placessontréservéespresqueunanenavance,maisellenecomprendpas.Enréalité,ellearaison,celan’auraitriencoutéd’essayer,maisjenemesuispaslancéedanscetterecherche.Lavéritableraisonpourlaquellej’aicherchédanslarestaurationetpasdansledroitestquej’aiencoredesdoutessursonétat.Elleestfragileetcertainjourelleaencorel’airperdu.J’aivouluêtrecapablededonnermadémissiondujouraulendemainsiellecraque.EtçajepeuxlefairedansunrestaurantalorsquejemesaborderaissijelefaisaisdansuncabinetlocalaprèsavoirplantéuncabinetdeNewYork.Jehausselesépaulesetplacelerestedesmorceauxdepommesdanslatarte.J’abandonnemamèredans la cuisine et elle met à fond la radio sur sa chaine préférée de rock classique. Elle chante‘Gloria’deVanMorrisonquandjesorsdelacuisine.Jemontelesmarchesenl’entendantépelerleprénomàtue-tête.Parfois,jemedisqu’unextra-terrestreaprispossessiondemamère.Cesoir,Everestm’emmèneàunfestivalderock.C’estunévénementquidureplusieursjoursavecpleindegroupesdifférents.Jemepréparedansmachambre.Nousyallonsavecdeuxdesesamisdel’unitéspéciale.J’adopte le look motard. Mon pantalon de cuir, un teeshirt blanc, des bottes de moto et le vieuxblousondeDavid, celui qu’il portait quand il était gamin. Je sais que c’est ridicule,maisquand jel’enfile, j’ai l’impressionqu’il n’est pas vraiment parti.Comme si son esprit était incrusté dans lecuir.Lorsquejeredescendsdanslacuisine,mamèremeregardeavecattention.―J’ail’impressiondeterevoirà18ans.―MerciMaman.Maisnem’attendspas.Silesgroupessontbons,onvasansdouterestertard.―Pasdesouci,amuse-toibien!Ellesouritetj’aidumalàcroireàquelpointelleachangéencesquelquessemaines.C’estcommesielleavaitabsorbétoutelajoiedevivrequeNancyaperdu.Jesuisnavréepourmatante,maisjenesaispasquoifairepourelle.J’entendslebruitdesmoteursdanslarueetjesorsparlaportedugarageavecmoncasque.J’adoreleventdansmescheveux,maisjepréfèrequemoncerveaurestedansmaboitecrânienne.Lasécuritéavanttout.Jelisdanslesourired’Everestqu’ilaimematenueetquantàmoijetrouvequ’iln’estpasmaldutoutnon plus. Je fais un signe de la main à l’autre couple, Thomas et Catherine et brosse les lèvresd’Everestaveclesmiennesavantdegrimperderrièrelui.Jel’aimebeaucoup,ilestgentiletsurtout,ilesttrèspatientavecmoi.Onarriveausitedufestivalquiestimmense.Jenecroispasavoirdéjàvuautantdepersonnesréuniesdansunseullieu.C’estimpressionnant,maisjesuisencadréepartroispoliciersd’uneunitéspéciale,onnepeutpasfairemeilleureprotection,d’autantquelorsquej’étaisderrièreEverest,j’aipusentirqu’ilétaitarmé.Noustrouvonsunendroitcorrectavecunsolassezdurpourgarerlesmotos.Everestcherchetoutdemêmeuncailloupourglissersouslabéquille,parprudence.Jenefaisaucuncommentaireparceques’il y a une chose que j’ai apprise en observantmon frère avec samoto c’est qu’il ne faut pas semoquerdesattentionsqu’aunmotardpoursonpremieramour.Je regarde les machines briquées autour de moi. Si les propriétaires des plus impressionnantesavaientachetéunbijouà leurfemmeàchaquefoisqu’ilsontrajoutéunaccessoirechroméà leursmotos,cespauvresfillesseraienttellementchargéesenorqu’ellesnepourraientplussedéplacer.―Prête?medemandeEverest.

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―Ouichef,jetesuis.Nous nous rendons pas trop loin de la scène principale lorsqu’un groupe commence à jouer et lamusiqueestbonne.Noussommesrapidemententourésd’unefouledontlesmembressemblentunpeubourrés,maisilsontl’alcooljoyeuxàmoinsquecesoitautrechosequilesfasseplaner.JeprendsunegranderespirationetsourisàEverestquimesouritenretour.Oui,cesoir,jevaismelâcher.

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CHAPITRETREIZE

Auboutd’unmoment,ThomasetCatherinedécidentqu’ilestl’heuredemanger.Nouslessuivonsjusquedansuncoinoùdescamionnettessesontinstallées.Ilyadestablescommedansuneairedepique-nique.Catherine etmoi nous installons à une table pendant que les garçons vont chercher àmanger.―J’aimaisbientonfrère,meditCatherine.Onvatrouverceuxquiluiontfaitcelaetondormiratousbienmieux.―Merci.C’esttoutcequejetrouveàluidire.Cen’estpasquejen’aipasenviedeluiparler,maisjustequejenesaispastropquoiluidire.Ellem’intimideunpeuaussi.Jesuissûrequ’illuiafallubeaucoupdecourageetunefortepersonnalitépourréussiràsefaireadmettredansl’unitéspéciale.Catherinemedémontrequ’elleestaussipersistanteparcequ’elleneselaissepasdécouragerparlabrièvetédemaréponse.―J’aientendudirequetamèresortavecleCommissaireWilliams,medit-elle.Jet’avouequejeseraiscurieusedelevoirdraguer.C’estquoisonstyle?Cettequestionmedécoinceetjeluiraconteàquelpointilestattentifetdévouéavecmamèreetquecelaleuraprisunebonnedizained’heurespourremplirlestroismalheureusesfeuillesdeformulairede l’assurance.Lesmecs reviennent avec de la bière fraîche, du poulet et des frites.La nourrituren’est pas mauvaise et Thomas et Catherine me racontent comment ils ont commencé par fairesemblantdesortirensembleàl’occasiond’unemissiond’infiltration.―J’aieudumalàcroireàmachancequand jemesuis renducomptequesoncerveauétaitaussigénialquesonsourire,ditThomas.Catherinelèvelesyeuxaucieletmeregardeendisant:―Parcequebiensûrunefilledèsqu’elleestmignonneestsoitidiotesoitsuperficielle.―Maistuesbienplusquemignonne,estlaréponsequimevientspontanément.Catherineéclatederireetm’explique.― Avant cela me rendait dingue qu’on me parle comme si j’étais idiote parce que je suis jolie.Maintenant,j’aidécidédetirerprofitdecetteidéepréconçueàchaquefoisquejepeuxlefaire.Je suis en train d’essuyer un peu de ketchup du coin de la bouche d’Everest lorsqu’il se raidit et

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regardederrièremoienfronçantlessourcils.L’expressiondeThomaschangeaussietjesuissurlepointdemeretournerpourcomprendrecequisepasselorsqueCatherinemetsamainsurlamienneetmedit:―Nebougepasetcontinuedeparler.ElleregardeThomasquisecouesatêteetposesamainsurlatableaveclepoucereplié.Jetentedetrouverquelquechoseàrépliquer,maisc’estlevidecomplet.Jecherchel’inspirationautourdemoietmesyeuxseposentsuruneaffichettedufestivalquequelqu’unacolléesurunedescamionnettes.―Combiendegroupesparticipent-ilsàcefestival?Maisjeparletouteseule.C’estfascinantdevoirEverestsetransformerd’unmeccoolenofficierdepoliceauxaguets.Ilfaitcommes’ilsegrattaitledos,maisjepensequ’ilestentraindesesaisirdesonarme.Catherinechangedepositionetsemetàcalifourchonsurlebancavecunemaindanslesacqu’elleportaitàl’épauleetjesuispresquecertainequ’elles’estaussisaisiedesonarmedeservice.Jefermelesyeuxetpriepourqu’ilsnesoientpasentraind’envisagerunrèglementdecompte.Avectoutcemonde,ceseraitundésastre.Lorsquejerouvrelesyeux,ilaquatrehommesdeboutprèsdenotretable.L’und’euxestWaxer,unautre est son pote qui l’avait provoqué avant de le calmer lorsque je les avais rencontrés à lapharmacie,lesdeuxautresontl’airaussipeuaimablequeWaxer.―Qu’est-cequenousavonslà?demandeWaxerenregardantCatherinepuisenmedévisageant.Jeteconnais,non?medemande-t-il.Cen’estvraimentpasunelumière.J’ignoresaquestion,maissonpoterépondpourmoi.―Ouai,c’estlananad’Ice.Tusaiscellequiadevinéquetabiteavaitlatailled’unCarambar.CelafaitrireCatherine.―Félicitations,toitusaisvraimentcommentflatterunmec.―Qu’est-cequetufaisici?medemandeWaxer.Jepensaisquet’étaisàIce.Thomassembleêtresurlepointdedirequelquechose,maisavantqu’ilnelefasse,Waxerluidit:―Laisselananaparler.―Jesuisjustevenueavecdesamispourécouterdelamusique.Iln’yapasdemalàcela.―C’estvraimentcequetucrois?mefaitl’amideWaxerenmefixantdanslesyeux.C’estcequ’onvavoir,ilnousretrouveici.―Çarisqued’êtreintéressant,répondl’undesautresmecs.Enattendant,onvamanger.Ilsnousquittentpourprendreladirectiondel’étalmexicain.―Etmerde!ditEverestaveclesdentsserrées.―QuiestIce?medemandeCatherinelorsqu’ilssontassezéloignés.―BrianHatcher,lefilsdematante.―Çafaitpasdeluitoncousin?demandeThomas.―Non,parcequematantel’aeuavantd’épousermononcle.

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―Onsemoquedesavoirsic’esttoncousinoutoncousinparallianceoujenesaispascommentondit.Pourquoiest-cequ’ilspensentquetuesaveclui?demandeEverest.―C’estcequ’illeuraditpourmeprotégerdeWaxer.―Lemec à qui t’as dit qu’il avait un pénis de la taille d’un caramelmou ? Fait Catherine. Jen’arrivepasàdécidersituescourageuseoucinglée.»― Ilm’avait demandé quel gel parfumé j’aurai choisi pour lui faire une pipe etma réponsem’aéchappéesansquej’aieprisletempsdebienl’examineretdevoiràquijeparlais,j’explique.Jenesuispassuicidaire.―Etqu’aditIcepourlecalmer?demandeThomas.―Quej’étaisàluietqu’ilallaitm’apprendrelesbonnesmanières,jerépondsenregardantThomas.Everestquimefixemepousseàcontinuer,Et...―Ilm’aforcéeàm’excuserpuisilm’asortiedelapharmacieetm’aditdemebarrer,cequej’aifaitsansdiscuter,j’ajouteenévitantdecroiserleregardd’Everest.―Et...Everestnelâchepaslemorceau.Àl’évidenceilyaquelquechosedansmafaçondemetenirquim’atrahie.―Ilm’aembrasséedevanteux.Jecroisqu’iltentaitdeprouverquej’étaisvraimentsanana.―Jevois.Everestdétournesonregardetfroncelessourcils.Putain,levoilà.Ah,alorsilsseconnaissent.―Ceneseraitpasmieuxqu’onparte?jedemande.―Non,onresteicijusqu’àcequetoutsecalme,ditThomas.Jemeretournepour regarderBrianarriver jusqu’auvendeurambulantde tacos.Ses‒ frères‒ luidisentquelquechoseetilsetourneversnous.Ilmetourneledosànouveauetilssemblentavoirunediscussionanimée.―Jeparieunmoisdesalairequ’ilssontentraindejouerlaprovoc.Ilnevapasavoirlechoix.Ilvafalloirqu’ilviennelachercher,ditCatherine.―Qu’est-cequejefais?Jedemande.EverestaleregardposésurBrianetignoremaquestion.―Tupartirasaveclui,ditCatherine.Cen’estpascommesituavaislechoix.Brianseretourneetsedirigeversnous.JeregardeversEverestetjeluidemande:―Ettoiqu’est-cequetuveuxquejefasse?Ilcontinuedem’ignorer,ilnequittepasBriandesyeux.―Bien,sic’estcequevousvoulez,c’estcequejevaisfaire.Pasdeproblème,jesuiscertainequeBriannemeferajamaisdemal.Enfinpasphysiquement.Jenesuispasvraimentàl’aise.En réalité, je suis tellement en dehors dema zone de confort que je crois que j’ai le cœur prêt àéclaterdansmapoitrine.

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CHAPITREQUATORZE

LorsqueBrianarrive jusqu’ànotre table, il se conduit commesi j’y étais assise seule. Il attrapemonbrasetm’annonce:―Allez,onyva.JemelèveetEverestm’ignore.Ilregardelesquatreautresmotardsquiviennentversnous.ToutcequejepeuxliredanslesyeuxdeBrianc’estdeladétermination.Catherinechuchotequelquechosedansmondos,maisjen’arrivepasàcomprendrecequ’elleraconte.J’attrapemonblousonquej’avaisposésurlebancetjesuisBrian.Jen’aipasvraimentlechoix,carilmetientfermementparlebras.Nousarrivonsauniveaudesautres,maisBriancontinued’avanceretalorsquenouslesdépassons,illeurdit:―Nem’attendezpas.J’aibesoindetempspourluirappelerquiestlepatron.Cela nous vaut quelques sifflements et je crois entrevoir l’ombre d’un sourire sur les lèvres deBrian.Nouscontinuonsdemarcherjusqu’àcequenousarrivionsàuneairedestationnementoùunjeunegarçonsurveillelesmachines.Sursonblouson,iln’yaquelesymboledesTornadesd’Acieretunbadge‒prospect‒indiquantqu’ilsouhaiteintégrerleclub.C’estdrôlequecesmecsquisontsupposésêtreenrébellioncontrelasociétéetentraindefixerdenouvellesrèglesnefassentqueremettreenplaced’anciensritesd’initiation.Ilsn’ontrienàenvieràl’arméeouauxordresreligieuxoumêmeauxfraternitésdesuniversités.L’hommepassesontempsàréinventer la roue. Les ‘ prospects’ des clubs de motards sont comme tous les aspirants à cesgroupes.Pendant un anouplus, ils bossent commedesdingues en se faisantmaltraiter et cen’estqu’unefoisquelegroupeestimeleuravoirfaitavalerassezdecouleuvresqu’ilsdeviennentàleurtourmembresduclub.Cegarçonnedoitpasavoirbienplusde18ans.Lorsqu’ilaperçoitBrian,ilsetientplusdroit,unpeucommeunsoldataugarde-à-vous.Maisd’ailleursc’estcequ’ilest,unsoldatdansl’arméeducrimeorganisé.Bon,d’accord,jesuissansdouteunpeuinjuste.C’estlesoldatd’unclubdemotardauseinduquelilyadescriminels.Iln’asansdouteaucuneidéedecequisepassevraiment,ilestbientropbasdanslahiérarchiepoursavoircequ’ilenest.C’estalorsqu’uneautrequestions’imposeàmoi.Commentest-cequeBrianafaitpouréchapperàla

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périoded’initiation?Ilyamoinsd’unan,ilétaitàl’écoledepolice.Jen’yconnaisrienenmatièredegalons,maisjesuiscertainequecertainsdesbadgescousussursonblousonindiquentqu’iln’estpasenbasdel’échelle.Qu’est-cequ’il a bienpu faire pour gravir lesmarches aussi rapidement ?Alors qu’il démarre lemoteur,jemedemandesijeleconnaisencore.―Casque!aboie-t-ilaugaminquiluientendundutasposéàcôtédelui.―Montetonp’titculenselle, medit-ilenposant lamainderrière luiavantdemettresonproprecasquequiétaitaccrochéàunepoignée.Jelèvelesyeuxauciel,maisjegrimpederrièrelui.Unefoisinstalléejemepositionneaussidroitequepossibleenm’accrochantàlastructuremétalliquedel’arrière.Iltournelatêteetrit.―Vraiment?C’estcommecelaquetuveuxrouler?Ilmefautàpeuprèscinqsecondespourabandonnermapositiontellementelleestinconfortable.Jelâchelesbarresdemétalpourposermesbrascontrelui.Immédiatement,unedesesmainsvientseposersurlesmiennespendantuncourtinstantet,bizarrement,cesimplegested’affectionmevadroitaucœur.LeBrianque jeconnais,celuiqui s’est toujoursoccupédemoiestencorequelquepartàl’intérieur.Jeposematêtesursondosetfermelesyeux.Peuimporteladestination,lemomentestdélicieux.Maisquandnousnousarrêtonsetquej’ouvrelesyeux,jemerendscomptequej’auraidûmeméfier.Noussommesdanslesterres,aumilieudenullepart,àcôtédel’immeubleprincipalduclub.Jenesuisjamaisvenue,maisjesaisoùnoussommes.Audépartcelaadûêtreuneferme.Ilyaunemaisonprincipale,unestructureenAtypiquedelaFlorideetpuisquelquesautresconstructionsquiontdûêtredesétablesoudesécuries.Lesportesd’unedesstructureslesplusimportantessontouvertesetjevoisqu’elleaététransforméeenatelierderéparationdemoto.Noussommesgarésàquelquesdizainesdemètresdelamaisonsurunezonequiasansdouteétégoudronnéepourservirdeparking.Il y a quelques tables dehors et une douzaine d’hommes, qui arborent tous les couleurs du club,autourdestables.Ilssemblentavoiruneconversationtrèssérieuse.Jenesaispastropsijedoisêtresoulagéeoum’inquiéterdufaitquelaréaliténecorrespondpasaufilmquejem'étaisfaitdansmatête. J’aurais juré que le club-house aurait ressemblé à une sorte de bordel avecorgie permanentealorsquejesuislaseulefemmedanslecoin.―Onvaàmapiaule,ditBrian.Tutetaisjusqu’àcequ’onyarrive.Sontonnelaissepasmatièreàdiscussionetfranchementjesuistoujourstellementloindemazonedeconfortquejenesaispasquoidire.Jemecontentedehocherlatête.Lesautresarrêtentdeparlerquandnousnousrapprochonsdeleurtable.―EtbienIce,tuasdelachairfraîche!―Unpeudemanières,Lobster,luirépondBrianavecuntonautoritaire.―Pourquoi?Tuvaspaspartagercelle-là?Allons,elleestbienassezrondepourdeux!Lobsterestuntypejoufflu,rouxetcouvertdetachesderousseur.Jenesaispasquelletailleilpeutavoirparcequ’ilestassis,maisc’estplutôtdugenrecostaud.

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C’estenregardantdesgenscommeluiquel'oncomprendcommentlesmédecinsdu18esiècleonteul’idéedeprocéderàdessaignées.Quandjevoisdespersonnesaussirougesetgonfléesquelui,j’aicetteenviefolledelespiqueravecuneaiguillejustepourvoircequisepasserait.―Maissituveuxpaspartager,c’estpasunproblème.Oniraàtourderôle.Peut-êtrequ’elleauraenvie de venir faire un tour chezmoi quand tu en auras fini avec elle, dit-il àBrian avant de setournerversmoietdemelancer.―Et,p’titcul,tuveuxsavoirpourquoionm’asurnomméLobster?Je jette unœil vers Brian et avec un légermouvement de la tête il m’indique que je ne dois pasrépondre,alorsjemecontentedesecouerlatête.―Parceque,commelehomard,lapartielaplusdélicieuseetlaplusimportantedemonanatomie,c’estlaqueue,dit-ilavantd’éclaterderire.Lesautreshommesassisàsatablerientaussi,maisj’ail’impressionqu’ilsrientdeluietpasaveclui.L’und’euxamêmeunpeul’airgêné.Briancontinueàavancerenmetirantderrièrelui.―Apluslesgars,dit-ilavantquenousnedisparaissionsdanslamaison.

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CHAPITREQUINZE

Lapièceprincipaleressembleàunbaravecunetrèsgrandetableetplusieurspetites.Maisavantquejen’aie le tempsdetoutbienregarder,nouscommençonsàgrimper lesmarchesd’unétageetpuis d’un autre. Nous arrivons sur un palier avec une demi-douzaine de portes et Brian ouvre ladernière.Ilmefaitsignederentreretpuisfermelaportederrièrelui.Noussommesdanssachambre.Jen’aipasdedouteparcequ’ellesentcommelui.Lesmeublessontsans intérêt, une commode avec un miroir, une table, une chaise et un lit. Tout est recouvert devêtementsetdepapiers.Jenesuispassurprise,lebordelatoujoursétél’étatnatureldelachambredeBrianquandilétaitplusjeune.Jevoisquel’arméen’apasplusréussiavecluiqu’avecDavidpourcequiconcernel’ordre.Ilyaunepetitefenêtrequidonnesurlestablesdevantlesquellesnoussommespassés.J’entendslebruitdelaconversationdeceuxquisontdehors.Ilyaunesecondeporteentrouverteetjelatireversmoi.Elledonnesurunedecessallesdedouchedanslesquellesonpeutsebrosserlesdentsau-dessusdel’évierensefaisanttremperlespiedsdansladouchetoutenétantassissurlestoilettes.Maisbon,aumoinsc’estsasalledebainàlui.―Super,t’asunesuite.Jevoisquetuasréussi.Tufaispartiedel’aristocratieduclub.Brianrit.―C’estchezmoi.Ilesttoutprèsdemoi,maisilnemetouchepas.Aujourd’hui,tunevaspasmecontrarier.Jet’aiamenéoùjevoulaisetc’estl’heuredumatchretour.C’estdrôlecommefaçondeleprésenter.Lematchretour.Notrepremière foisétait tendre.Enfin, j’aiaimé la sensationd’intimitéet jemesuis sentieunpeurebelle,justeàêtrenuedanssesbras,maisl’actelui-mêmeavaitétéunvéritabledésastre.Rienàvoiravec les feux d’artifice et l’extase dont m’avaient parlé des amies plus expérimentées. J’avais ététellementfrustréequej’avaiseuenviedecrier.Maisjenel’avaispasfait.J’avaisaffichéunsourireetproclaméquec’était trèsbien.Jenevoulaispasluifairedelapeine.Ilnes’étaitcependantpasfaitd’illusionetducoup,aulieudetenterderattraperlecoupavecuncâlinils’étaitenfuiàtoutevitesse.Alorsmoiaussijeveuxcematchretour.J’enaimêmesansdouteplusenviequeluiparcequejen’aiaucundoutesurlefaitquel’expérienceluiaapprisdeschosesaucoursdesdernièresannées.Ilsuffit

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qu’ilm’embrassepourquejefondealors,biensûrjeveuxplus.JeveuxlanouvelleversiondeBrian,jeveuxdécouvrirlecorpsd’hommequis’estbâtisurceluidutendregarçon.Dansunmondeidéal,l’affectiondecegarçonseraitdevenuel’amourd’unhomme...maisjesaisquejenevispasdansunmondeidéalalorsjeprendraicequ’ilmepropose.Jeprofiteraidumatchretouretjeposeraimesquestionsplustard.Ilserapprocheencoredemoiet jedécided’oublierquenoussommesdanssonclubdemotard, jevaisfairecommelesautresp’titsculs,jevaismelaisseralleretprofiterdelabalade,justepourleplaisir.Jeluilaisseretirermonblousonetjeluienlèvelesien.Ilmesouritcommesic’étaitunjeud’enfant,chacunsontour.Ilsortmonteeshirtdemonpantalonetlepassepar-dessusmatête.Lesoutien-gorgequejeporten’estpasceluiendentellenoirequej’auraichoisisij’avaissuquej’allaismedéshabillerdevant lui, mais ça va, il est présentable... et de toute façon je crois qu’il n’aurait pas remarquépuisqu’ilestdéjàausol.C’estmontour.Jeluienlèvesonteeshirtetj’enperdslesouffle.Pasàcausedes tatouages, jem’attendais à ce qu’il en ait,mais à cause des cicatrices sur sa poitrine et d’uneblessurerécentesursonépaule.Duboutdesdoigts,jecaresselacicatricelaplusprofonde.Jecomptelamarque de douze points de suture bien trop près du cœur et je posemes lèvres sur les chairsmeurtries.Pendantquejecontinued’explorerlesmontagnesetvalléesdesontorse,ilarriveàfairedisparaîtrele reste de nos vêtements, comme par magie et nous sommes tous les deux nus au milieu de sachambre.Ilmeretourneetpressesoncorpsmusclécontremondos.―Regarde, me dit-il enme tournant vers notre reflet dans le miroir. Il pose ses mains sur mapoitrineetmemurmureàl’oreille,C’estparfait.Touttoncorpsestjusteàlabonnetaillepourmoimaintenant.Le regarderme caresser ainsimebouleverse.Mesyeux sont collés à sesmains et j’oublie tout lereste.J’ailaboucheouverte,maisjenepeuxplusrespirer.Maisquandilpinceleboutdemesseins,lesoupirquim’échapperelancelamachine.Jamaisjenemesuissentieaussivivante.Jetentedemeretourner,jeveuxlecaresseraussi.―Non,jen’aipasfinideteregardercommecela,grogne-t-ilenmemaintenantenplace.Unedesesmainsabandonnemapoitrineetdisparaîtducadredumiroir.Invisible,maispasinactive.Elle se pose entremes cuisses et jem’enflamme. Je ferme les yeux pourme concentrer surmessensations,maisdèsquemespaupièressontclosessamains’immobilise.Jeprotesteengémissant.―Tunefermespaslesyeux,medit-il.Jeveuxquetumeregardesentrouvanttonplaisir.Mesyeuxs’ouvrentetilreprendsonexploration.Monsouffleestcoupélorsqu’iltombesurunpointparticulièrementsensible.Unsourireférocesedessinesurseslèvreslorsqu’ilremarquemaréaction.Sacaresseseconcentresurcepointsensibleetilnefautpaslongtempspourquejesoishaletante.Ilyacetteincroyablebouledefeuquimedévore.Jemebatspourgarderlesyeuxouvertsjusqu’àcequejesoisemportéeparuneexplosionsolaire.Matêtebasculeenarrièreetjedoism’appuyersurBrianpourresterdebout.Ilm’attrapeetmeposesurlelit.―Etd’un,dit-ilens’allongeantprèsdemoiavecunairassezcontentdelui.

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Jehochelatêteenreprenantmonsouffle.Jeposeunemainàplatsursapoitrineetjesenssoncœurquibataussivitequelemien.Jeposemamainsursoncoupettiresonvisageversmoijusqu’àcequenoslèvressetouchent.Jeveuxunnouveaubaiserd’enferetjel’obtiens.Ilbasculesurmoi.J’écarteles jambes et bascule les hanches, mais il ignore mon invitation. Il abandonne ma bouche pourmordillerunseinetpuisl’autre.Maisjeveuxdessensationsplusfortesalorsj’appuiesursatêteetsamorsuresefaitplussoutenue.Toutmoncorpsestsecouédetremblement.Ilpasseàl’autrecôtéetlabouledefeuserallumerapidement.J’attrapesatailleettentedeletirerversmoi,maisilrésiste.―Chut,Lisa,murmure-t-il.Détends-toietlaisse-moifaire.―Embrasse-moiencore,jeluidemande.―Toutdesuite,dit-il.Maisaulieudemonterversmonvisage,ildescendversd’autreslèvresetj’entrembled’impatience.Jevaisenfinsavoiràquoiressemblecedontj’aientenduparlertantdefois.Oh,cequej’aipulireestbienendessousdecequejeressensetjelecomprendsparfaitementparcequejen’aipaslesmotspourledirenonplus.Brianfaittournerl’universsurleboutdesalangue.Jedécouvreunnouveaulangagequej’aimeraisétudierdesheuresdurant.J’enfoncemesdoigtsdanssescheveuxlorsquej’explose.―Et de deux, je l’entends annoncer avant que ses doigts viennent soutenir sa boucheme faisantréaliserquejepeuxencoregrimperplushaut.Jem’enflammeànouveauetàchaquefoisquejepenseavoiratteintlesommetilmesoulèveplushautencore.Jerespiretellementvitequemoncœurestauborddel’explosion,maiscen’estpasmoncœur,maistoutmoncorpsquiexplosequandjecriesonnom.Mavoixestcasséeetmarespirationcoupéequandjeluivolesaréplique‒Etdetrois.Ilritetremontelelongdulitjusqu’àcequesonvisagesoitfaceaumien.Seslèvresbrûlentmoncou.―Maintenantquej’aipayémadette,avecintérêt...dit-ilensortantunpréservatifdutiroirdesatabledenuit.―C’esttontourànouveau?―Non,cettefois-ci,c’estnotretour.L’expressionde sonvisageme fait fondre.Dans le regard de l’homme, je retrouve le garçonquej’adoraisetlatendressedontilfaitpreuvelorsqu’ils’approcheànouveaudemoimemetleslarmesaux yeux. Je blottis mon visage dans son cou et cligne des paupières pour chasser ces larmesstupides.Il faut que je protègemon cœur.C’est juste une fois, une nuit avec un semi-inconnu, une dose debonheurphysiqueavecIce,unmembredesTornadesd’Acier,froidcommelapierre.J’arrêtedepenserpourjusteressentir.Ilestlentetgentilcequiestbienparcequejenemerappellepasqu’ilétaitsilarge.Jedétendsmoncorps pour le laisser entrer et ses mouvements deviennent plus puissants. Je pensais que j’étaistotalementsatisfaiteetvoilàquejeréagisànouveausoussesmains.Ilyaunincendieenmoietjusteaumomentoùjesuisdenouveauprêteàm’envoler,ils’immobiliseetmedemandebrusquement.―Combiend’autresdepuismoi,Lisa?Jedétournelatêteetréponds.

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―Bienmoinsquetoi,c’estcertain.―Réponds-moi,grogne-t-il.Jesecoue la tête.Uninstant, ilsemblecomprendreque jemerefuseàrépondre,puis il réalisequej’avouequ’iln’yaeupersonned’autre.Jenesuispascertainequ’ilmecroitparcequ’ilsemurmureàlui-même.―Toutescesannéesetpersonnes.Ilme regardehocher la tête et l’expression sur sonvisage est indéchiffrable.Néanmoins, il paraitheureux de la réponse puisqu’il recommence à bouger. Ses mouvements sont plus puissants et jesavourechacund’entreeuxenm’abandonnantunpeuplus.Letempss’arrêteetjen’entendsànouveauletic-tacdesonréveilqu’unefoisquenoussommestouslesdeuxépuisésetàboutdesoufflecôteàcôte.C’estàcemoment-làqu’ilmeprouvequej’avaisraison,c’étaitjusteuncouppourvoir.Iln’étaitpasquestiond’amour,maisdefierté.Safiertéexigeaitunerevancheetmaintenantqu’ilapayésadette,avecintérêtcommeill’aditsiélégamment,ilm’annoncequ’ilesttempsdemeramenerchezmoi.Iln’yaplusunenuancedetendressedanssavoix.Nousnousrhabillonsensilenceetjemedemandes’ilyenjamaiseu.Sansdoutepas.C’étaituneillusion.J’aientenducequej’avaisenvied’entendre.

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CHAPITRESEIZE

Recommenceràbosserm’afaitunbienfou.D’abordparcequejesuisquelqu’undesociableetquej’adoreletravaild’équipe.Lefaitderesteràlamaisonavecmamèrefinissaitparmesaperlemoral.Fairepartied’uneéquipemechangelesidées.Ilnem’apasfalluplusd’unservicepourmerendrecompte que mon nouveau patron était un drôle de bonhomme avec des sautes d’humeurimprévisibles. Et comme personne ne peut prédire quand ou pour quelle raison la foudre va denouveaufrapper,toutel’équipeesttrèssoudée.Onseprotègelesunslesautres.AlorsqueLyvcréeunesolidaritéenfavorisantuneatmosphèredetravailsereine,cethommearriveaumêmerésultatendevenantl’ennemicommun.LyvmemanqueetNewYorkaussi,maisjefaisavec.L’autreavantagedu travail,enplusde la rémunérationquin’estpasmauvaise,c’estque lorsque jerentrelesoir,jesuistellementfatiguéequejenepassepasdesheuresàmeretournerdansmonlit.Jem’endors dès que ma tête touche l’oreiller. J’ai toujours des rêves dans lesquels j’entends Davidm’appeler,mais ils se fontmoins fréquents. Jevoudraisqu’il enailledemêmedemes rêvesdanslesquelsBrianalepremierrôle.Cela faitplusd’unmoisqu’ilm’a ramenéedesonnouveauchez luiet,depuis, jene l’aipas revu.Périodiquement,jevoisdesgensdesonclub,maisjen’arrivepasàsavoirs’ilssontplusnombreuxqu’avantousic’est justequemaintenant je les remarque.C’est sansdoute l’undecesphénomènesdécrits par les femmes enceintes. Elles expliquent qu’à la seconde où elles apprennent qu’ellesattendentunheureuxévénement,ellesvoientdesventres rondspartout.Alorsc’est sansdoute justeunequestiond’attention.LesTornadesd’Aciernesontpasnéesd’hier.Ilestprobablequejenelesremarquaispas,carilsnereprésentaientriendeparticulierpourmoi.Aujourd’hui,ilssontdevenuslafamilledeBrianetjesuispresquecertainequ’ilsontquelquechoseàvoirdanslamortdemonfrèrealorsbiensûrjelesrepèretoutdesuite.Jesorsmamotodugaragelorsquemamèremerattrape.―Lisa,machérie,medit-ellealorsquejemetsmoncasque.Puisquetuesenroutepourletravail,celanetedérangeraitpasdedéposercelaaupostedepolice?Stevenaoubliésondéjeunerquandilestparticematin.Sansattendremaréponse,ellerangedéjàlesacdansmasacoche.―Biensûr,Maman.JemedemandequeleffetcelavafaireauCommissaireWilliamsd’avoirsondéjeunerlivreràlaréception.

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Lecommissariatn’estpasloin.C’estsansdoutelaraisonpourlaquellemamèreetlecommissaireontdécidéqu’ilallaitvendresamaisonpours’installerdanslanôtrelorsqu’ilsserontmariés.Il a fait sa demande trois semaines après l’enterrement de David. Je suppose qu’à leurs âges ilsdoiventpenserqu’ilestinutiledetournerautourdupot.Depuisquemamèreaditoui,ilesttoutletempsàlamaison.Lefaitqu’ilaitredonnélegoûtdevivreàmamèremel’arenduplussympathique,maisjenesuispastoutàfaitàl’aiseaveclui.Etd’ailleurs,luinonplus.Ilyaquelquesjours,ilm’ainterrogéeàproposdemadatederetouràNewYork.―Cen’estpasparcequejeveuxquetupartesoupourtechasser,m’a-t-ilexpliqué.C’estjustequenousn’allonspasnousmariersanstoi,alorsilfautquej’organisetoutavanttondépart.Ilsont retenu ladatedu1eraoût,quelques joursavantmondépartpourmadernièreannée.Jesuiscontentequ’ilaitfaitsademandeavantquel’universitén’aitcommencéàtravaillersurunpossibletransfertdemondossier.Ouais,leCommissaireWilliamsn’estpasparfait,maisilrendmamèreheureusealorsjepeuxluilivrersondéjeuner.Je laisse lemoteurde lamoto tourneretapporte lesacauposte.L’équipedumatinest toujoursenplace.C’estMikequiestàlaréception.―Hé,Mike.Tonbossaoubliésondéjeunerdanslefrigo,jeluidisenluifaisantunclind’œil.Illèvelesyeuxversmoiavecungrandsourire.―Génial,peutêtrequ’unpeudenourriturevalecalmer,réplique-t-ilenfaisantunegrimace.Ilaétéodieuxtoutelamatinée.―Ahbon?Àl’évidenceilaenviedeparler.Jesuiscertainequ’ilesttellementfrustréd’êtrecoincéici derrière ce bureau qu’il est prêt à exploser. La seule façon qu’il a de partager la vie de sescollèguesc’estderacontercequ’ilsfont.Jejetteunœildiscretàmamontre.Jepeuxluiconsacrerquelquesminutesetarriverauboulotàl’heure.―Dis-moitout,turacontessibien,jeluidis.Quandc’esttoi,c’estbienpluspassionnantquelorsquec’estleCommissaireWilliamsquilefait.Sansdoutedéculpabiliséàl’idéequedetouteslesfaçonssonsupérieurvatoutmeracontercesoir,Mikeselance.―Lanuitdernière,onasuquelesTornadesd’Acieravaientapprisqu’ellesavaientétéinfiltréesparunpolicierencivil etnousonaapprisqu’ilsavaientun indicdansnos rangs, murmure-t-il. Lesmembres de la mission spéciale ont été convoqués pour une réunion spéciale avec la police despolices.Compte tenudes fuites, lepoliciercorrompuest l’und’eux. Iln’yavaitpasdesmassesdegensquiétaientaucourantdel’infiltration.Inutiledetedirequ’aujourd’huijesuisbiencontentd’êtreàmaplace.Ilyadestêtesquivonttomberalorsjegardelamiennebaissée.―Tuasbienraison.―Etbiensûr,jenet’airiendit,medéclareMikealorsquelaportes’ouvrederrièremoi.―Qu’est-cequetuneluiaspasdit?Faisunevoixderrièremoi.C’estEverest.Luinonplusjenel’aipasrevudepuis le jourdufestivalderock.C’estunebonnechosequejenemesoispassentiecommeunedemoiselleendétresseparcequ’ilestaussiinconstantqueBrian.Mikedevientrougecramoisi.

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―Combiende roses lecommissaireacommandéespourmamère, je lui rétorque. Jen’aiaucunproblèmeaveclesmensonges,jepeuxbaratineràlongueurdejournée.Celamevientspontanément.Etdetoutemanière,celaneteregardepas.JetourneledosàEverestetmedirigeverslaporte.―SalutMike,c’esttoujoursunplaisirdebavarderavectoi.Everestmesuitsurleperron.―Lisaattend.Jecontinueàmarcherversmamotoetilneditrien.Jelèvelessourcilsetluidemande.―Qu’est-cequetuveux?―Jevoulaist’expliquer,tusais...Je le regarde se dandiner d’un pied sur l’autre à la recherche de ses mots. Je n’ai pas le tempsd’attendrequ’ilsedécide,sijecontinueàattendrejevaisêtreenretard.―Ouais, t’inquiète.Cen’estpascommesi tum’avais faitdespromesses.Allez, il fautque j’aillebosser.Jedémarreettoutàcoup,grâceàMike,lavieestunpeuplusroseaujourd’hui.Monespritéchafaudedestasd’hypothèsespourmonplusgrandplaisir.Pendantunmomentjevaismedonnerlapermissionderêver:etsiBriann’avaitjamaisétéjetédel’écoledepolice?S’ilavaitétérecrutépourparticiperàcetteopérationavantmêmed’avoirachevél’année?Sic’étaitluil’agentinfiltréauseindesTornadesd’Acier?Jenesourispasparcequ’enFloride,sanscasqueintégralilnefautpassourireàmoto.Ilyabientropd’insectespourcela.

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CHAPITREDIX-SEPT

Toutestmagnifique.JedoisbienreconnaîtrecelaauCommissaire‒maisquedois-jefairepourquetum’appellesSteven?‒Williams,ilsaitorganiserunefête.Ilalouécemagnifiquepavillondansunclubdegolftrèschicetill’afaitdécoreravecbeaucoupdegoût.Deschaisesontétéinstalléesdansl’herbe.AupremierrangilyalasœurduCommissaireWilliamsetsesenfantsd’uncôtéetmatanteNancyetmoidel’autre.Derrièrenousdenombreuxpoliciersenuniforme. Je vois Catherine et Thomas ainsi que Mike et quelques autres visages familiers. Pasd’Everest.Jesuiscertainequ’iln’estpaslàparcequ’ilesttellementgrandquejenepourraispasleraters’ilétaitprésent.LeCommissaireWilliamsestdeboutsousunesortedetonnellecouvertedefleursetundesesamisjugesse tientàsescôtés. Jenesaispas trops’ilest làpourofficieroucomme témoin,mais ilestraidecommes’ilavaitavaléunparapluie.Lamusiqueetlancéeetnousnousretournonstous.Mamère avancedans l’allée centrale aubrasdemononcleTony.Est-ceque je suis la seule àmerendrecompteàquelpointc’estétrange?Elleestmenéeàl’auteloùl’attendsonfuturépouxparlefrèrejumeaudesondéfuntmari.Je regarde le double de mon père confier mamère à un autre homme. J’aimerai que David soitauprèsdemoipourpartagerl’étrangetédumoment.JemetourneversNancyetbienqu’elleaitunsourireauxlèvres,jevoisleslarmesluimonterauxyeux.Nancyabienl’aird’êtreheureusepourmamère, mais il y a quelque chose qui manque. Depuis la mort de David, c’est comme s’il y avaitquelque chose de cassé en elle. C’est comme si toute son énergie et sa joie de vivre avaient étéabsorbéesparmamère.Je lui prends la main et elle serre la mienne. Je voudrais tant savoir comment la réconforter. Jevoudraisluifairepartdemessoupçonsàproposdecequisepassevraiment,maisjenepeuxpas.Toutd’abordparcequejenesuispascertainequeBriansoitvraimentlepolicierinfiltrédansleclubdemotard.Depuisque j’ai parlé àMike, il y abien euquelques arrestationsmentionnéesdans lesjournaux,mais je n’ai pu tirer d’informations de personne.LeCommissaireWilliams a érigé unesortedemurdeBerlinentrelepostedepoliceetlamaison.Ilneparlejamaisduboulot.Ensuite,sic’estbienBrianquiestinfiltré,ledireàNancymettraitcelui-ciendanger.Elleporteunsilourd fardeau et elle se sent tellement coupable qu’elle ne pourrait pas se retenir de dire à quivoudraitbienl’écouterquesongarçonn’apasmaltourné.C’esttropdangereux.

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Alorsjemecontentedeluitenirlamainjusqu’àcequemononcleTonyviennes’asseoirprèsd’elleetl’envelopped’unbrasprotecteur.Jesuiscontentequ’ilsoittoujoursàsescôtés.Ildoitêtretoutaussidéchiréqu’elle.Lacérémonieestrondementmenée.Jedétourneleregardlorsdubaisertraditionnel.Biensûrjesuislapreuvevivantedu fait quemamère apuavoirunevie sexuelle,mais cen’estpasmon sujetderéflexionpréféré.LebaiserpassionnééchangéavecleCommissaireWilliamsétaitunpeudérangeantpourmoi.Tout lemonde se lèvre et applaudit.Les invités font la queue pour saluer les nouveauxépouxetjem’enfuisverslepavillon.Quandj’ouvrelaportejemecognecontreEverest.Ilesttrèsfringantdans sonuniforme.Est-ceque jeviensdepenser fringant?C’est tellement désuet commequalificatif,unpeuAutantenemportelevent,maistoutàfaitapproprié.― Tu n’aimes pas la foule ou tu es contrariée par l’événement ? me demande Everest en merattrapant.―Nil’un,nil’autre,jeluidis.Lesdémonstrationsd’affectionpubliquesmemettentmalàl’aise.―Tuveuxparler?demande-t-il.―Avectoi?Non,pasvraiment,jerépondsunpeuagressive.Enfait,j’aimeraibien.Jevoudraisqu’ilmedisepourquoiiln’apastentédemerevoiraprèsm’avoirlaissé partir avec Brian. Je voudrais savoir pour quelle raison il n’a même pas pris la peine devérifierquetoutallaitbien.J’aidessentimentspartagésencequileconcerne.Jenevoulaispaslefairemarcheret,toutdemême,jesuisvexéequ’ilaitabandonnéaussivite.Monagressiviténeluifaitpaspeur,carilmedit.―Etbienmoijevoudraisteparler,tupeuxmeconsacrerdeuxminutes?Sansattendremaréponse,ilm’attrapeparlecoudeetmeconduitjusquedanslecoindelapiècederéceptionlepluséloignédesportesdujardin.Jemeposesurunechaiseetils’installeprèsdemoi.―Jet’aimebeaucoup,medit-il.Ilrestesilencieuxletempsqu’enregardantautourdemoijeréalisequejesuiscoincéeentrelemur,latableetlui.Jeleregardesansriendire.C’estsansdoutecequ’ilattendaitparcequ’ilrecommenceàparler.―Je t’aimebeaucoup, merépète-t-il,mais j’aicomprisque tuavaisquelquechosequin’étaitpasrégléavecquelqu’und’autre.Danslamesureoùjeneluidoisaucuneexplicationetoùilneposepasdequestions,jemecontentedeleregarderenattendantqu’ilpoursuive.―JesaisqueturentresàNewYorkpourfairetadernièreannéededroitetquetunereviendraspasavantjuinprochainpourpasserlebarreaudeFloride.Je constate que le mur de Berlin du Commissaire Williams n’est étanche que dans un sens. Lesinformationscirculentbiendanslesensmaison–travail.―Alorscequejevoulaisvraimenttedirec’estquejeserailàlorsquetureviendrasetquesi,àcemoment-là,tusaisoùtuenes,jeseraisravidepasserdutempsavectoi.»Il a un regard si doux et un sourire si triste. Ce ne serait pas difficile de craquer pour quelqu’und’aussigentil.

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Oui,ilaraison,j’aideschosesàrégleravecBrianeud’unefaçonoud’uneautre,ilfautquejetrouveunesolution.Jerestesilencieuse,carjenesaispasquoidire.Ilselèvreetrepoussesachaisepuis,avantdepartir,ilm’embrassesurlefront.―Au revoirma douce. Je te verrai au printemps prochain, dit-il avant de se rendre auprès desmariésquientrentmaintenantdanslepavillon.Je le regarde saluer ma mère et puis le Commissaire Williams. Pendant qu’Everest s’éclipsediscrètement,jerejoinslenouveaucoupleetserremamèredansmesbras.―Jesuistellementcontentepourtoi,luidis-je.Jemetourneverscethommequiestmaintenantmonbeaupèreetajoute.―etpourtoiaussiSteven.Lesouriresursonvisagememontrequ’ilconsidèrecommeunevictoirelefaitquej’accepteenfindel’appeler par son prénom. Il a raison. Cela veut dire que je vais lui donner une chance. Je leursouhaitevraimentd’êtreheureux.

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CHAPITREDIX-HUIT

Les pas-si-jeunesmariés se sont envolés pour Paris. Le CommissaireWilliams – il faut que jem’habitueàl’appelerSteven–exauceundesrêvesdemamère.Demain,jevaisfermerlamaisonetrepartirpourNewYork.Pendantunequinzainedejours,jevaispouvoirtravailleràpleintempsaurestaurantavantderetournerencours.Ilyaunenouvellechambrequim’attenddanslacitéuniversitaire.Encoreuneannéed’étudeetauprintempsprochainjerentreraipasserlebarreaudeFlorideetjeseraienfinuneavocate.Ensortantdeladouche,jerentredanslachambredemonfrère.Monbeau-pèrel’auratransforméeenbureau pour lui quand je reviendrai. Le panier à linge sale est vide. Les vêtements deDavid sontsoigneusementpliéssursesétagères.Laforcedel’habitude.Mamère a aussi changé les draps. Je prends son oreiller dans les bras,maismaintenant il sent lalessive.Jeremetsl’oreillerenplaceetchoisisdeuxdesteeshirtslespluslargesdeDavid.Jevaislesutiliserpourdormir.Est-cequec’estmorbide?Jenepensepas.Jemedéshabilleetenenfileune.Jeprendsaussi sonblousondecuirdans sapenderie et l’emporteavecmoidansmachambre. Jemecouchedansmonlitenl’utilisantcommeunecouverture.Jefermelesyeuxetj’imaginequejel’entendsrentreràlamaisonetm’appeler...etj’aiànouveaucesentimentdedéjàvupuisquej’entendsréellementdespasdansl’escalier.J’ouvrelesyeuxetBrianestàmaporte.――Jesuisvenutedireaurevoir,medit-ildoucement.――Commentsais-tuquejem’envaisdemain?jeluidemande.――J’aimes sources,medit-il en avançantdedeuxpaspour s’agenouiller auprèsdemon lit. IlprendlavestedeDavidetlaposesurmonbureauderrièrelui.Jepeuxlirelatristessedanssesyeuxaucontactduvêtement.――Jesaisqu’iltemanqueaussi,jeluidis.Etjenesuisplusfâchéecontretoi.Jecroisquejesaiscequetufais.Ilmeregardecommes’ilnecomprenaitrienàcequejeluidis.――Tun’asjamaisétévirédel’écoledepolice.Tueseninfiltrationpourlapolice,non?――Tu as raison, je neme suis pas fait virer de la police, j’ai démissionné. Par contre, je suis

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désolédetedécevoir,jenesuispasunmembredel’unitéspéciale.――Jesaisqu’ilyadeschosesquetun’aspasledroitdemedire.Maisjeveuxquandmêmequetumeparles.Ilselèveet,uninstant,jecroisqu’ilvas’enaller,maisnon,ilretiresesbottesetenlèvesonblouson.Jereculepourluifairedelaplace.Ils’allongeàcôtédemoietmeprendsdanssesbras.Jeposemajouesursonépauleetmamainsursoncœur.Sonrythmeréguliermecalme.Jesuisheureused’êtreàsescôtés.――Ilyatellementdechosesquejevoudraispouvoirtedire,avoue-t-ilauboutd’unmomentenenfouissantsonvisagedansmescheveux.Jeluiadresseuneprièresilencieuse.Allezouvre-toiunpeu,laisse-moientrer.―― Les Tornades d’Acier sont aussi ma famille. Je déteste le fait que Maman et Tony ne lecomprennent pas. J’espère que toi tu le comprendras.Quand tu reviendras... je pourrais prendre letempsdet’expliquer.―Jenepeuxpasattendreaussilongtemps,jeluidiset,ensoupirant,jepassesonteeshirtpar-dessussatête.――Maissituvasvoir,dit-ilenroulantfaceàmoietenôtantlelongteeshirtdeDavidquejeviensd’enfiler.―Tum’asattendusilongtempsdéjàquequelquesmoisdeplusnevontpaschangergrand-chose.Jenepeuxpasm’empêcherdememoquerdel’arrogancedontilfaitpreuve.―Etqu’est-cequi tefaitcroireque je t’attendais?Tun’aspasenvisagé lapossibilitéque jen’aiejustepaseuletempsd’avoirunerelationetquedèsquej’auraifinilafac,jevaisjetermonbonnetpar-dessuslesmoulins?―Non,dit-il.Ilm’embrasseetjesaisqu’ilaraison.Jen’aijamaiseuenviequedelui.LeseulautrehommequiaaccrochémonregardestlegentilEverest.Brianécarteseslèvresdesmiennes,letempsdedireavecuntontendreetpossessif.―Tuesàmoi,unpointc’esttout.―Jenesaispasquoipenserdesoninsolence.―Ettoi?jeluidemande.――C’estunpeudifférent...――Oh!Nejouepaslavieillerengaine,‘leshommesontplusdebesoins’parcequecen’estpasvrai,jeluirétorqueenl’interrompant.―C’estpascequevoulaisdire, m’explique-t-il. Ceque jevoulaisdirec’estque jesavaisque jereviendraisàlamaisonetauprèsdetoi,maiscommeonnes’étaitrienpromis...Ledébutdesaphrasemefaittournerlatêteetlorsqu’ilm’embrasseànouveau,c’estclairquejememoquetotalementdesavoiravecquiilaétépuisqu’ilestavecmoiaujourd’hui.―Jedoisreconnaîtrequejenesuispasmécontentequetuaiesacquisdel’expérience.Jel’admetsvolontiersenleregardantretirerlerestedesesvêtements.―Etmoijesuisraviducontraire,dit-il.Tuvoistoutestparfait.Aujourd’hui,jesaisquijesuis,je

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saiscequejesuisetcequejeveux.Ilyatantdechosesquejeveuxfaireavectoietl’idéequejeseraileseulavecquitulesaurasfaitesm’éclate.Jeteprometsquetuneleregretteraspas.―Tuasquelquesheurespourmeconvaincre,professeur,jeluidisavecunevoixdegorgequej’aidumal à reconnaître.Tu as intérêt à commencer tout de suite parce qu’il va falloir que cela noussuffiseàtouslesdeuxpourleslongsmoisàvenir.Etlorsqu’ilselance,iln’aaucunedifficultéàmeconvaincredufaitquemoncorpsréagitdefaçonmerveilleuseàsoncontact.Sesmainsnelaissentaucuncentimètrecarrédemoncorpsinexploré.Seslèvresbrûlentmoncouet torturentmapoitrine. Jeveuxquecettenuitne finisse jamais. Je suisauparadiset jeneveuxpaspartir.Et lorsque je suispersuadéequ’ilnepourra jamais fairemieux, ilmurmureàl’oreille.― Tu sais que tu es à moi, n’est-ce pas ? Et mon univers éclate en milliers de petites bulles debonheurparcequejesuiscertainequecelaveutdirequ’ilm’aime.Jem’endorsdanssesbraspour lapremièrefoiset jesaisquej’aireferméunpremier livredemavie.La mort de David l’a rendu triste, mais le temps des larmes va passer. Il est temps d’ouvrir unnouveaulivreetj’aimedéjàsonpremierchapitre.J’aihâtededécouvrirlesprochainspuisquecesoirj’aieulachanced’avoirunaperçudeceàquoipourraitressemblerlerestedemesnuitslorsquejereviendrai.

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Sivousavezaimécelivre,

ceseraitgentildelefairesavoirenécrivantuncommentaireauprèsdevotrefournisseurpréféréoudevotreclubdelecture.

Sivouslefaitesenvoyezmoiunmailàolivia@oliviarigaldotcom

pourquejepuissevousremercier.

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Al’attentiondecellesquionttéléchargécelivresurunsitede«partage»

-LepremiertomedesTornadesd’Acierestà0.99euros,-Mesautreslivressontà2,99euros.C’estleprixd’unsandwichet,sic’estsansdoutemoinsnourrissant,celavoustient

compagniependantunpeupluslongtemps.Or,alorsquevousnesongeriezpasunesecondeàvolerquoiquecesoitchezvotre

boulanger (enfin je le suppose !), si vous avez téléchargé ce livre sur votre site departagepréféré,vousl’avezvolé.

Vous n’êtes pas la seule, certains sites de téléchargement illégal ayant descompteurs,j’aipuconstaterquelenombred’exemplairesvendusdesTornadesd’Acierestbienmoinsdelamoitiédeceuxquisontdanslanatureaujourd’hui.

Je ne vais pas pleurer misère car j’ai encore un autre travail qui me permet degagner ma vie mais je voulais vous faire part de quelques chiffres pour vous faireréfléchir et comprendre pourquoi autant de mes amies indépendantes américaineshésitentencoreàfairel’investissementd’unetraductionenfrançaisdeleurslivres.

Surunlivreà99centimes(90centimesHT),l’auteurtouche30centimesparventeetsurceluià2,99euros(2,90eurosHT),l’auteurgagne2euros.

Toutauteurindépendantdoit,pourpubliercelivresonlivre,*payerunetraductrice,*payeruneéditrice,parcequ’onabeaulireetrelire,ilyatoujoursquelquesfautesquis’échappent,* acheter les droits sur une image et payer une graphiste pour faire une joliecouverture.

Ilfautdoncplusieursmilliersdeventespourrentrerdanssesfraismêmesil’onfaitunemoyenneentreleslivresà99centimes(souventlepremierdesséries)etleslivresà2,99euros(surlesquelsonrattrapelapertedupremier).

Il en faut quelques milliers de plus pour gagner sa vie et vivre de sa plume...plusieursmilliersquenousnevendonspasparcequ’ilssonttéléchargésillégalement.

Pensezylaprochainefoisquevoussereztentéedevolerunlivre.

Enfin,cequiestfaitestfaitetvouspouvezencorevousrattraperenmefaisantlacourtoisiedelaisserunerevuesurunsiteofficiel.

Merci!

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Autreslivresd’Olivia

LESTORNADESD’ACIER

FROIDFROIDCOMMELAPIERRE

Revenantd’urgencechezelledepuisNewYorkoùellefaitsesétudes,LisaMayfieldestconfrontéeaudécèsdesonfrèreetàsonpremieramourqu’ellenereconnaîtplus.

BrianHatcher,lemeilleuramidesonfrère,aabandonnél’écoledelapolice.Aulieudes’associeraufrèredeLisadansuneunitéspécialedeluttecontrelecrimeorganisé,ilestdevenuunmembreàpartentièredesTornadesd’Acier,unclubdemotardhorslaloi,celui-làmêmequisembleêtreàl’originedudécèsdesonfrère.

ÀlarecherchedesréponsesàsesquestionssurlamortdeDavid,Lisanepeutnierl’attractionquilapousseencoreversBrian.

Mais si la tentation est toujours là, elle ignore s’il reste encore quelque chose dugarçonqu’elleaaiméous’ilestdevenufroidcommelapierre

FROIDBRULANT

QueveutdoncBrianHatcher?

Il veutprendre la têteduclubdemotardsde sonpère,mettre sixpieds sous terrel’assassindeDavid,sonmeilleuramiet,surtout,ilveutLisa,lasœurdeDavid.IlveutLisaderrièreluisursamoto,chezluidanssonlitetsouslecharmedufroidbrûlant.

Maisvoilà,Lisaseposedesquestionsàproposdurôlequ’ontpujouerlesTornadesd’Acierlorsdelamortdesonfrèreetelleveutdevenirprocureur.

AlorscequeveutBrian...

FUSIONFROIDE

Lorsqu’il sort de l’école de police,DavidMayfield n’est pas un bleu. Fort de sonexpérience dans la police militaire, il saute à pieds joints dans une missiond’infiltration.

EngagéauBuissonArdent,unclubdestripteasequiappartientaugroupeextrémistesurlequelilenquête,ilapourtached’obtenirdesinformationssurleursréseaux.

FascinéparJeanne-Michelle,unevoluptueusedanseusehaïtienne, ilcomprendviteque la véritable difficulté de samission va être de respecter l’unique règle du club :

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«Onnetouchepasàlamarchandise.»Maintenantqu’elleaachevésesétudes,Sallyvaquitterleclubavecunseulregret,

Slider. Elle est amoureuse du vice-président du club de motard depuis qu’elle acommencéàtravailleravecluimaisilesttempsdetournerlapage.

ACHAUD

SallyestlafemmedontSlideratoujoursrêvé,généreusedecœuretdeforme,maisune liaisonavecelleneferaitquecompliquersaviedepolicier infiltré.D’autantquepourSlider,l’heuredeschoixasonné.

Ilatrouvésonéquilibreauprèsdesesfrèresmotardsetaujourd’huiquesamissions’achève, il doutedepouvoir rentrerdans les rangs ... jusqu’àceque laviedeSallysoitenjeu.

Deprochainsépisodes«Chauds»sontprévuspour2015ChaudbouillantChaufféàblanc.

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BooksbyOlivia

DUCOTÉDECHEZLYV

LYV

Lyvestjolie,touteenrondeuretoptimiste.Ellen’aqu’unehâte,passersonbacafinde pouvoir enfin échapper à sa banlieue et à sa mère qui trouve dans l’alcooll’inspirationpourlatorturerdemilleetunefaçon.

Le seul soutien de Lyv, c’est son ami Tennessee, un garçon de bonne famillepassionnédemusique,quipoursuitsesétudesdedroitàManhattan.

Pendant lesvacancesdeNoël,TenetLyvrencontrentAlexander,starmontantedurock.

Alexanderestsurlepointdepartirpourunetournéed’unan.AveclacomplicitédeTen,sonvœuderevoirLyvestexaucé.

Au lendemain d’un réveillon passionné plein de promesses, Lyv se dit que sa vien’estpeut-êtrepassinulleaprèstout...siseulementellesavait.

JADE

Jadea22ansetelleestbrillante.Tellementbrillantequelesétudesneluiontjamaisposédeproblèmes.Cequiestdifficilepourellec'est larelationauxautres,auxmecsenparticulieretpuisaussil'aiguilledelabalance.

Alorsquandsonamied'enfance,Agathe, luiproposedevenir la rejoindreenAsiepourtravaillersurunprojetderecherche,Jadesautesurl'occasiond'échapperàsavieuniversitairepourregarderlemondeautrement.

Et voilà qu'arriveOliver, un expert en pierre très séduisant, qui ne s'intéresse pasqu'àsabelleintelligence.

C'est alors que tout semble si facile que Jade réalise que rien n'est jamais aussisimplequ'onlecroit.

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Aproposdel’auteurNéeàManhattan,OliviaRigalapassésajeunesseàfairelanavetteentrelesEtats-unisetlaFrance.Elleavécuetétudiéledroitdanscesdeuxpays.Pendantsesétudeselleaexercédenombreuxmétiers.

Ainsi, elle a travaillé aux Puces de Clignancourt ainsi que dans un studiod’enregistrementparisien.AManhattan,elleaététoiletteusedechienetassistanteadministrativedansunesalledesventesanglaiserenommée.Olivia s’est installée en France pour y élever sa famille. Elle a beaucoup voyagé àtraversl’AsieduSudEstetaunetendresseparticulièrepourleLaosetlaThaïlande.LorsquesonmétiernelaretientpasàParis,Oliviasesauvejusqu’enFloride,danssamaison à coté du Parc National de MacArthur Beach State Park pour y écrire desromans.Depuis la finde l'année2012elleparticipeaumouvementdes"Indies"enpubliantàtitreindépendantdecourtsromansenanglais.Apartirdudébut2014ellelestraduitaussienfrançais.Leshistoiresqu'elle y racontepeuvent être lues séparément bienqu'il arrive souventquesespersonnagesserencontrentdesortevouspouvezlesretrouverdansplusieursromans.Elleadorebavarderavecseslecteursalorssurtoutn’hésitezpasà-venirluirendrevisitesursapageFacebookhttp://www.facebook.com/AuthorOliviaRigal-ouàluienvoyerunmotpourluidirecequevousavezpensédeseslivresOlivia@OliviaRigalpointcom