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L es besoins sont très variables au cours de l'année. La première période est celle de fin d'hiver, de début à fin mars, un peu avant le débourrement. Il faut que l'arbre dispose d'azote assimilable (nitrates). La fourniture en azote doit répondre aux besoins de la florai- son, à un moment où la nitrification n'a pas ou très peu démarré. En Midi-Pyrénées dans toutes les situa- tions un stock d'azote de 40 kg par hectare était suffisant pour faire face aux besoins des arbres. La deuxième époque critique est celle de mi-avril à mi-juin. Les stocks d'azote doivent répondre aux besoins de la nouaison. Toutefois un excès d'azote en début de nouaison peut être responsable de coulures importantes sur certaines espèces. Les stocks d'azote maximum néces- saires sont de 60 kg d'azote par hec- tare. Il est inutile d'apporter de l'azote de mi-juin au mois d'août (minérali- sation suffisante) d'autant plus qu'un apport estival peut avoir des consé- quences néfastes sur le fruit. La troisième période importante est après l'enlèvement des récoltes en début d'automne. L'essentiel des consommations d'azote réalisées au printemps et début d'été se retrouve exporté dans les feuilles et dans les fruits. L'azote mis en réserve dans les racines et les tiges est absorbé principalement d’août à octobre. A cette époque l'arbre doit disposer de 40 unités dans le sol pour assurer une bonne mise en réserve. Il en découle le choix suivant pour l’azote. Il faut tenir compte de l’apport par le sol. Suivant le taux de matière organique et les conditions climatiques, la libération sera très différente d’une année sur l’autre. La fourniture par le sol peut atteindre de 70 à 200 unités. De plus, il faut s’assurer que les pics de consommation, d’environ 60 unités sont cou- verts. Ce qui correspond aux mois de mai juin en arbres fruitiers à pépins. Il faut aussi tenir compte des pertes par lessivage. Seul un suivi par analyse de reliquat azoté sur les trois périodes clés permet d’optimi- ser les apports d’engrais. La nécessité d'un raisonnement de la fumure, et surtout des intrants azotés est comprise depuis plusieurs années pour essayer de concilier au mieux azote-verger-environnement. Globalement, on observe une baisse significative des apports azotés, sans baisse de rendement, ni de qualité en verger. Une évolution pourrait provenir d'une meilleure prise en compte de la minéralisation aux mois de mai et juin, par la mise en place du suivi du reliquat azoté dans le sol. Les suivis d'analyses foliaires mon- trent que l'on arrive à un seuil limite avec 50 unités d’azote en moyenne dans les conditions de Midi-Pyrénées. Bibliographie : guide fertilisation raisonnée en arboriculture fruitière en Midi-Pyrénées Jean-François LARRIEU-Chambre d’Agriculture 82 www.agri82.fr Fruits et Légumes 22 MARS 2012 ACTION AGRICOLE 11 Azote en pomme : ni trop, ni trop peu Réaliser une fumure qui optimise la qualité et le résultat économique du verger, tout en préservant l’environnement, est tout à fait réali- sable. Une première étape, indispensable pour aboutir à ce résultat, réside dans une bonne connaissance du sol dans lequel le verger est implanté et la façon dont il va réagir en fonction du climat. P AULIN SARL P AULIN SARL Cette action de diffusion est cofinancée par l'Union européenne avec le fond européen agricole pour le développement rural en Midi-Pyrénées et par l'Etat au travers du CasDar Cette action de diffusion est cofinancée par l'Union européenne avec le fond européen agricole pour le développement rural en Midi-Pyrénées et par l'Etat au travers du CasDar Eclaircissage du pommier durant la floraison Depuis de nombreuses années des essais sont réalisés au CEFEL pour expérimenter de nouvelles stratégies d’éclaircissage pendant la floraison du pommier en utilisant des produits dessicants. L’ observation au verger est primordiale pour ce type d’intervention, pendant la période de floraison, pour pou- voir décider de l'intensité à réali- ser. Cette sévérité va bien sûr dé- pendre du niveau de floraison, mais aussi et surtout des conditions cli- Essai 2011 CEFEL : Les différentes modalités expérimentées T1 T2 Floristar 20 L/ha Floristar 20 L/ha Maxcel 5 L/ha Maxcel 5 L/ha Maxcel 5 L/ha Maxcel 5 L/ha Maxcel 5 L/ha Fixor T3 Floristar 30 L/ha Floristar 30 L/ha T4 BSC 20 L/ha + huile 10 L/ha BSC 20 L/ha + huile 10 L/ha T5 PRM 3 L + Floristar 20 L/ha Floristar 20 L/ha T6 Floristar 20 L/ha Floristar 20 L/ha PRM 12 3 L/ha Maxcel 5 L/ha Fixor + Maxcel 5 L/ha T7 Floristar 20 L/ha Floristar 20 L/ha PRM 12 3L/ha Ballon 30% fleurs ouvertes 70% fleurs ouvertes F2 6-8 mm 8-10 mm 10-12 mm témoin non traité 300 250 200 150 100 50 0 Témoin T2 T3 T4 T5 T6 T7 taux de nouaison taux de fructuation T2 : F20 / F20 / M T3 : F30 / F30 / M T4 : (BSC+H) / (BSC+H) / M T5 : (PRM+F20) / F20 / M T6 : PRM / F20 / F20 / FIX / M T7 : PRM / F20 / F20 / (FIX+M) / M 264 a 153 a 126 b 73 b 103 b 56 bc 114 b 69 b 78 b 50 bc 71 b 29 c 98 b 30 c Taux de nouaison et de fructification - Essai 2011 • Floristar : Ammonium thiosulfate (ATS) - produit non homologué pour cet usage, utilisé à titre expérimental • BSC : Bouillie sulfocalcique Polisenio - produit non homologué, utilisé à titre expérimental • Huile : huile de colza estérifiée Mix-in - produit non homologué pour cet usage utilisé à titre expérimental • Fixor (ANA) appliqué à 150 g/hL Conclusion On observe un effet dose du Floristar (T3 > T2), à 30 L/ha l’effi- cacité est équivalente à celle l’asso- ciation bouillie sulfocalcique + huile (BSC + H : T4) La modalité T5, avec le mélan- ge PRM12 + Floristar à 30% de fleurs ouvertes, obtient des taux de nouaison et fructification infé- rieurs à ceux de T2, T3 et T4. En 2011, 84% des fruits de la modalité T5 (PRM12 Floristar / Floristar) étaient indemnes de ru- gosité contre seulement 73% des fruits de la modalité T4 (Boullie sulfocalcique + huile). L’association des deux sub- stances PRM12 + Floristar à 30% de fleurs ouvertes, déjà testée avec succès en 2009 et 2010, confirme donc son intérêt : éclaircissage identique à celui de BSC + H, mais avec moins de rugosité. J-François Larrieu (CA 82) J-François Saint Hilary (CEFEL) Essai : éclaircissage - Verger CEFEL Gala matiques. La période d’utilisation de substances dessicantes pour l’é- claircissage s’étend du stade 10 % F2 à G. Pour faire varier l'intensité de l’éclaircissage dans cette période, le plus efficace est de “jouer” sur le nombre d’interventions. Ce nom- bre est adapté aux conditions de nouaison. 4 applications seront plus sévères que 2. De même, il vaut mieux 3 passages à 20 L/ha que 2 à 30 L/ha, quelque soit le produit. L'idée dominante est qu’un passa- ge correspond à une fleur en moins par bouquet. 2 passages ne feront chuter que 2 fleurs, et il en restera toujours 3 par bouquet, et donc une nouaison largement excédentaire. Cette notion de séquence de traitements, positionnés dans les fenêtres “idéales” et en tenant compte des conditions climatiques pour une bonne efficacité des pro- duits, est donc primordiale. Stratégies d’éclaircissage : deux produits expérimentés En 2011, deux produits dessicants ont été testés au CEFEL : La bouillie sulfocalcique Dose d’utilisation : 2 L/hl, à mo- duler en fonction des variétés, des conditions climatiques et de l'in- tensité d'éclaircissage souhaitée. C’est la substance active la plus utilisée dans le monde en bio pour l’éclaircissage. Son mode d’action est une inhibition de la germina- tion des grains de pollen, une alté- ration de la surface des stigmates et une réduction de l’activité pho- tosynthétique. En cas de forte nou- aison, l'utilisation en mélange avec des huiles améliore l'efficacité. L’ammonium thiosulfate (Flo- ristar) Dose d’utilisation : 2 L/hl, à mo- duler en fonction des variétés, des conditions climatiques et de l'inten- sité d'éclaircissage souhaitée. C’est un engrais foliaire azoté. Son mode d’action est une altéra- tion de la surface des stigmates.

Fruits et Légumes Eclaircissage du pommier durant la floraisoncefel.eu/images/stories/articles/pomme/2012/eclaircis... · 2015-10-21 · De plus, il faut s’assurer que les pics

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Page 1: Fruits et Légumes Eclaircissage du pommier durant la floraisoncefel.eu/images/stories/articles/pomme/2012/eclaircis... · 2015-10-21 · De plus, il faut s’assurer que les pics

Les besoins sont très variables au cours de l'année. La premièrepériode est celle de fin d'hiver, de début à fin mars, un peu avantle débourrement. Il faut que l'arbre dispose d'azote assimilable

(nitrates). La fourniture en azote doit répondre aux besoins de la florai-son, à un moment où la nitrification n'a pas ou très peu démarré. En

Midi-Pyrénées dans toutes les situa-tions un stock d'azote de 40 kg parhectare était suffisant pour faire faceaux besoins des arbres.La deuxième époque critique est

celle de mi-avril à mi-juin. Lesstocks d'azote doivent répondre auxbesoins de la nouaison. Toutefois unexcès d'azote en début de nouaisonpeut être responsable de couluresimportantes sur certaines espèces.Les stocks d'azote maximum néces-saires sont de 60 kg d'azote par hec-tare.Il est inutile d'apporter de l'azote

de mi-juin au mois d'août (minérali-sation suffisante) d'autant plus qu'unapport estival peut avoir des consé-quences néfastes sur le fruit.La troisième période importante

est après l'enlèvement des récoltesen début d'automne. L'essentiel desconsommations d'azote réalisées auprintemps et début d'été se retrouveexporté dans les feuilles et dans lesfruits. L'azote mis en réserve dans

les racines et les tiges est absorbé principalement d’août à octobre. Acette époque l'arbre doit disposer de 40 unités dans le sol pour assurerune bonne mise en réserve.Il en découle le choix suivant pour l’azote. Il faut tenir compte de

l’apport par le sol. Suivant le taux de matière organique et les conditionsclimatiques, la libération sera très différente d’une année sur l’autre. Lafourniture par le sol peut atteindre de 70 à 200 unités. De plus, il fauts’assurer que les pics de consommation, d’environ 60 unités sont cou-verts. Ce qui correspond aux mois de mai juin en arbres fruitiers àpépins. Il faut aussi tenir compte des pertes par lessivage. Seul un suivipar analyse de reliquat azoté sur les trois périodes clés permet d’optimi-ser les apports d’engrais.La nécessité d'un raisonnement de la fumure, et surtout des intrants

azotés est comprise depuis plusieurs années pour essayer de concilier aumieux azote-verger-environnement. Globalement, on observe une baissesignificative des apports azotés, sans baisse de rendement, ni de qualitéen verger. Une évolution pourrait provenir d'une meilleure prise encompte de la minéralisation aux mois de mai et juin, par la mise en placedu suivi du reliquat azoté dans le sol. Les suivis d'analyses foliaires mon-trent que l'on arrive à un seuil limite avec 50 unités d’azote en moyennedans les conditions de Midi-Pyrénées. Bibliographie : guide fertilisation raisonnée en arboriculture fruitière enMidi-Pyrénées

Jean-François LARRIEU-Chambre d’Agriculture 82www.agri82.fr

Fruits et Légumes

22 MARS 2012 ACTION AGRICOLE11

Azote en pomme : ni trop, ni trop peu

Réaliser une fumure qui optimise la qualité et le résultat économiquedu verger, tout en préservant l’environnement, est tout à fait réali-sable. Une première étape, indispensable pour aboutir à ce résultat,réside dans une bonne connaissance du sol dans lequel le verger estimplanté et la façon dont il va réagir en fonction du climat.

PAULIN SARLPAULIN SARL

Cette action de diffusion est cofinancée par l'Union européenneavec le fond européen agricole pour le développement rural

en Midi-Pyrénées et par l'Etat au travers du CasDar

Cette action de diffusion est cofinancéepar l'Union européenne avec le fond

européen agricole pour le développementrural en Midi-Pyrénées et par l'Etat

au travers du CasDar

Eclaircissage du pommier durant la floraisonDepuis de nombreuses années des essais sont réalisés au CEFEL pour expérimenter de nouvellesstratégies d’éclaircissage pendant la floraison du pommier en utilisant des produits dessicants.

L’observation au verger estprimordiale pour ce typed’intervention, pendant

la période de floraison, pour pou-voir décider de l'intensité à réali-ser. Cette sévérité va bien sûr dé-pendre du niveau de floraison, maisaussi et surtout des conditions cli-

Essai 2011 CEFEL : Les différentes modalités expérimentées

T1 T2 Floristar 20 L/ha Floristar 20 L/ha Maxcel 5 L/ha

Maxcel 5 L/ha

Maxcel 5 L/ha

Maxcel 5 L/ha

Maxcel 5 L/ha

Fixor

T3 Floristar 30 L/ha Floristar 30 L/ha

T4 BSC 20 L/ha +huile 10 L/ha

BSC 20 L/ha +huile 10 L/ha

T5 PRM 3 L +Floristar 20 L/ha

Floristar 20 L/ha

T6 Floristar 20 L/ha Floristar 20 L/haPRM 123 L/ha

Maxcel 5 L/ha

Fixor +Maxcel 5 L/ha

T7 Floristar 20 L/ha Floristar 20 L/haPRM 123L/ha

Ballon30%

fleurs ouvertes70%

fleurs ouvertes F26-8mm

8-10 mm

10-12 mm

témoin non traité

300

250

200

150

100

50

0Témoin T2 T3 T4 T5 T6 T7

taux de nouaison taux de fructuation

T2 : F20 / F20 / MT3 : F30 / F30 / MT4 : (BSC+H) / (BSC+H) / MT5 : (PRM+F20) / F20 / MT6 : PRM / F20 / F20 / FIX / MT7 : PRM / F20 / F20 / (FIX+M) / M

264 a

153 a126 b

73 b103 b

56 bc

114 b

69 b 78 b50 bc

71 b

29 c

98 b

30 c

Taux de nouaison et de fructification - Essai 2011

• Floristar : Ammonium thiosulfate (ATS) - produit non homologué pour cetusage, utilisé à titre expérimental• BSC : Bouillie sulfocalcique Polisenio - produit non homologué, utilisé à titreexpérimental• Huile : huile de colza estérifiée Mix-in - produit non homologué pour cet usageutilisé à titre expérimental• Fixor (ANA) appliqué à 150 g/hL

ConclusionOn observe un effet dose du

Floristar (T3 > T2), à 30 L/ha l’effi-cacité est équivalente à celle l’asso-ciation bouillie sulfocalcique +huile (BSC + H : T4)La modalité T5, avec le mélan-

ge PRM12 + Floristar à 30% defleurs ouvertes, obtient des taux denouaison et fructification infé-rieurs à ceux de T2, T3 et T4.En 2011, 84% des fruits de la

modalité T5 (PRM12 Floristar /Floristar) étaient indemnes de ru-gosité contre seulement 73% desfruits de la modalité T4 (Boulliesulfocalcique + huile).L’association des deux sub-

stances PRM12 + Floristar à 30%de fleurs ouvertes, déjà testée avecsuccès en 2009 et 2010, confirmedonc son intérêt : éclaircissageidentique à celui de BSC + H, maisavec moins de rugosité.

J-François Larrieu (CA 82) J-François Saint Hilary (CEFEL)

Essai : éclaircissage - Verger CEFEL Gala

matiques. La période d’utilisationde substances dessicantes pour l’é-claircissage s’étend du stade 10%F2 à G. Pour faire varier l'intensité de

l’éclaircissage dans cette période,le plus efficace est de “jouer” surle nombre d’interventions. Ce nom-

bre est adapté aux conditions denouaison. 4 applications seront plussévères que 2. De même, il vautmieux 3 passages à 20 L/ha que 2à 30 L/ha, quelque soit le produit.L'idée dominante est qu’un passa-ge correspond à une fleur en moinspar bouquet. 2 passages ne ferontchuter que 2 fleurs, et il en resteratoujours 3 par bouquet, et donc unenouaison largement excédentaire.

Cette notion de séquence detraitements, positionnés dans lesfenêtres “idéales” et en tenantcompte des conditions climatiquespour une bonne efficacité des pro-duits, est donc primordiale.

Stratégies d’éclaircissage : deuxproduits expérimentésEn 2011, deux produits dessicantsont été testés au CEFEL :La bouillie sulfocalcique Dose d’utilisation : 2 L/hl, à mo-duler en fonction des variétés, desconditions climatiques et de l'in-

tensité d'éclaircissage souhaitée.C’est la substance active la plusutilisée dans le monde en bio pourl’éclaircissage. Son mode d’actionest une inhibition de la germina-tion des grains de pollen, une alté-ration de la surface des stigmateset une réduction de l’activité pho-tosynthétique. En cas de forte nou-aison, l'utilisation en mélange avec

des huiles améliore l'efficacité.L’ammonium thiosulfate (Flo-ristar)Dose d’utilisation : 2 L/hl, à mo-duler en fonction des variétés, desconditions climatiques et de l'inten-sité d'éclaircissage souhaitée.C’est un engrais foliaire azoté.Son mode d’action est une altéra-tion de la surface des stigmates.