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FUMAY, ma ville Le Charnois, ma cité Mes souvenirs par Enzo DE PAOLI

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FUMAY, ma ville

Le Charnois, ma cité

Mes souvenirs

par Enzo DE PAOLI

INTRODUCTION

Ce livre sans prétention prend le prétexte d’une collection personnelle de cartes postales que je me suis toujours promis « d’encarter ». Vous trouverez un petit récit émaillé de plus de 270 cartes postales et d’une dizaine de photos diverses. Les quelques explications sur les lieux sont tirées soit de lecture, soit de recherches sur internet. Les autres observations sont tirées de ma vie personnelle. J’ai vécu ma jeunesse au Charnois, cité ouvrière du Pied-Selle, gros quartier de Fumay, sur la Meuse, dans les Ardennes. Fils de parents immigrés italiens, après de courtes études, j’entre aux usines du Pied-Selle comme le faisait la presque totalité des jeunes d’alors. Puis, je pars accomplir 18 mois de service militaire juste à la fin de la « Guerre d’Algérie ». Mes classes seront accomplies à Laon à partir de septembre 1962. Une partie de mes camarades rejoignent l’Algérie pour rapatrier les matériels. Moi, je me dis que j’ai eu la malchance de finir mon service légal à Lille. Attiré par cette vie militaire plus attrayante que celle du bureau en usine, je rengage avec le grade de maréchal des logis (sergent). Encouragé par mon épouse, je reprends des études par correspondance pour pouvoir préparer et réussir un concours d’officier. D’engagement en engagement, de garnison en garnison entre la France et l’Allemagne, je terminerai ma carrière au bout de 27 années de service militaire en qualité de Chef d’Escadron (commandant) au ministère des Affaires Etrangères à Paris, au commencement de la Guerre du Golfe. Entre temps, je découvre les plaisirs de la « collectionnite » et la collection de cartes postales en particulier que je fais partager à ma compagne.

Apprécié de ma nouvelle hiérarchie civile, je serai intégré avec le grade de chargé de mission pour être responsable du suivi de dossiers militaires dont celui du dossier financier du Gouvernement militaire français de Berlin jusqu’à la chute du Mur et à l’évacuation des troupes françaises. Cela m’ouvre d’autres horizons en matière de collections. Mes voyages à l’étranger et ma fréquentation du milieu militaire me permettent de trouver toutes sortes d’objets qui me serviront de troc. Mon épouse, née à Vireux-Wallerand, fille d’un Belge vivant en France et d’une Française viroquoise, a vécu sa prime jeunesse en Belgique puis dans la Vallée de la Meuse (Petite commune, Revin puis enfin Fumay). Elle m’attendra impatiemment auprès de nos deux enfants. Nous quitterons la vie active pour nous retirer à la périphérie de Paris, puis à Bénerville sur Mer (4 kms de Deauville) dans le Calvados, à deux heures de Paris, de nos enfants et petits enfants. En fin de livre, j’ai ajouté quelques cartes postales de Vireux-Wallerand trouvées au cours de mes pérégrinations pour honorer le lieu de naissance de mon épouse.

TABLE DES MATIERES

Description héraldique : d'azur à trois têtes de loup au naturel, posées deux en chef affrontées et

une en pointe

1. Situation, géographie et histoire pages 9 à 16 2. L’église St Georges pages 17 à 29 3. L’hôtel de ville pages 30 à 34 4. Rue de Prousse pages 35 à 39 5. La Mairie pages 38 à 40 6. Le quai des Carmélites pages 41 à 52 7. Le Pont pages 53 à 62 8. Le Château pages 63 à 66 9. La place d’Armes pages 67 à 74 10. La gendarmerie pages 75 à 81 11. Le monument aux morts pages 82 à 85 12. La grande et petite rue pages 86 à 94 13. La route de Rocroi pages 95 à 99 14. L’hôtel des Roches pages 100 à 105 15. L’avenue de la gare pages 106 à 116 16. L’hôtel de la gare pages 117 à 119 17. La gare pages 120 à 142 18. Divers Monts pages 143 à 148 19. Fumay, ville frontière pages 149 à 153 20. La roche de l’Uf pages 154 à 159 21. Le Douaire école publique pages 160 à 165 22. Le Bâty les écoles libres pages 166 à 175 23. L’usine du Pied-Selle pages 176 à 189 24. Le Charnois pages 190 à 207 25. Les HLM pages 208 à 211 26. Les ardoisières pages 212 à 246 27. Le quartier Saint Joseph pages 247 à 251 28. Vues diverses pages 252 à 263 29. Souvenirs pages 264 à 265 30. Quelques cartes de Vireux pages 266 à 272

SOUVENIRS DE FUMAY

ET DU CHARNOIS, MA CITE OUVRIERE (en cartes postales)

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent

pas connaître …» dit la chanson…

C’est l’histoire de ma ville, de mon quartier, même si je n’y ai vécu que 20 ans et vis maintenant à des centaines de kms de là. Elle reste bien présente dans mon esprit, dans mon cœur. Je poursuis sa quête à travers une collection de cartes postales qui retrace la vie d’antan. Commencée il y a un peu plus de 25 ans, elle recouvre la majeure partie de la ville, de ses quartiers, de mon quartier et de quelques évènements. Elle met en exergue les ardoisières qui ont fait sa réputation. Il y a des manques qu’il me faudra combler mais ayant eu l’opportunité de faire éditer, un rêve, un défi que je me suis lancé, je n’attends pas la plénitude de cette collection que je ne pourrai peut-être jamais atteindre. Une collection ne peut pas être complète. Que resterait-il alors de cette quête ? J’ai connu en région parisienne où j’ai séjourné 15 ans pour mon job, un collectionneur acharné qui toute sa vie, je répète, toute sa longue vie, à amasser toutes les cartes éditées sur sa ville, une ville de près de 50.000 habitants. Cela en fait des cartes à trouver ! Cela en fait du temps et de l’argent ! Mais quand on aime on ne compte pas, disait-il ! Il n’a pas pu donc

faire éditer son bouquin qu’il voulait exhaustif. Il est mort en sachant qu’il lui manquait ces deux ou trois cartes qu’il traquait depuis des années. Je ne veux pas connaître le même sort. En rapprochant les vues d’hier et d’aujourd’hui, je m’aperçois que rien ne change ou presque rien. Seuls les hommes passent.

Vue aérienne du Charnois avec usines du Pied-Selle

La ville de Fumay s'est développée dans un méandre de la Meuse. Cette boucle, véritable enceinte naturelle par sa forme de presqu'île a permis le développement et la concentration de petits quartiers. C’est ma ville, ma cité, celle qui vit 20 années de ma jeunesse s’y écouler. C’est aussi là que sont enterrés mon père et ma mère, un frère, mes oncle et tantes, ma nièce et où seront enterrés ou incinérés certains proches. D’autres choisiront une dispersion des cendres au pied du Relais tourné vers cette cité. Dans ce cimetière paisible au pied de la Meuse et des forêts verdoyantes environnantes, Fumaciens d’adoption, Fumaciens de coeur, ils reposent ou reposeront.

Vues aériennes

1. SITUATION, GEOGRAPHIE ET HISTOIRE

Tout le monde sait ou devrait savoir que le département des Ardennes fait partie de la région Champagne-Ardenne, qu’il est limitrophe des départements de la Meuse, de la Marne et de l’Aisne, ainsi que de la Belgique. Ce que l’on sait un peu moins est que son point culminant (504 m) est nommé la Croix-Scaille, le bien nommé. Et cela nous rapproche déjà de Fumay. Mais continuons.

Lithographie

Fumay avant 1900

Le nom "Ardennes" tire très certainement son origine de l'époque celte. Déa Arduina était une déesse celte représentée sous la forme d'une diane chasseresse juchée sur un sanglier. Cette représentation et cette assimilation au sanglier ont traversé les siècles car elle est toujours l’emblématique drapeau des Ardennes. Et de certains de ses représentants. N’oublions pas dans les années 50, Roger Marche, le footballeur ardennais surnommé le « Sanglier des Ardennes » (il fut l’un des plus grands joueurs français, arrière gauche, longtemps recordman du nombre des sélections en équipe de France). Déa arduina fut la déesse protectrice des chasseurs

Quelques dates historiques

Les tribus gauloises ont foulé le sol de cette région recouverte par l'immense forêt ardennaise (arduenna sylva), lieu de prédilection des druides. Les Rèmes, (d’où découlera le nom de Reims et les Trévires qui donnent leur nom à la ville de Trèves) étaient les alliés des Romains et leurs terres furent incorporées à la Gaule Celtique. Elle connut les invasions franques au 5ème siècle et fut partie intégrante de l'Austrasie. Le traité de Verdun en 843 la partagea entre Charles le Chauve et Lothaire, Le 9ème siècle vit la formation des grandes seigneuries féodales : comtés de Champagne, d'Ardenne, de Rethel et de Porcien, principauté de Sedan. Le 13ème siècle vit le rattachement du comté de Champagne à la France par le mariage de Philippe le Bel avec Jeanne de Navarre, héritière du comté. Le comté de Rethel suivit la destinée des Nevers, aux Bourgogne, aux Clèves, aux Gonzague, puis acquis par le cardinal Mazarin. La principauté de Sedan, très importante place forte, fut acquise par les ducs de Bouillon (la Marck, puis la Tour-d'Auvergne).

Au 17ème siècle, cession au roi de France. Puis, le traité de Nimègue rattache une partie du Hainaut à la France (Givet, Fumay). Guerres, batailles, sang furent son lot :

-le chevalier Bayard (Pierre du Terrail dit seigneur de Bayard, le chevalier Sans peur et sans reproche) assiégé à Mézières en 1521; -le combat de la Marfée où le comte de Soissons trouva la mort (la bataille de la Marfée eut lieu le 6 juillet 1641, entre les troupes du maréchal de Châtillon et celles de Frédéric-Maurice de la Tour d’Auvergne, prince de Sedan) ; -victoire du Grand Condé sur les Espagnols à Rocroi en 1643 ; -occupation par l'archiduc Léopold-Guillaume de Habsbourg (gouverneur général des Pays Bas espagnols) ; -guerres de la Révolution et de l'Empire; -désastre et capitulation de Sedan, le 2 septembre 1870 (télégramme de Napoléon III à l’Impératrice Eugénie : « l’armée est vaincue et captive, moi-même suis prisonnier »); -combats sanglants des deux guerres mondiales …

L’histoire de Fumay, petite bourgade ardennaise, cernée par la Meuse et entourée de forêts, fut agitée. Tiraillée entre Pays Bas et Royaume de France, jusqu'à son rattachement à ce dernier en 1769. Sa particularité ? Etre ancrée sur cette langue de terre, ce doigt qui s’enfonce dans les Ardennes belges. Non, ce n’est pas une histoire belge même si les patois, wallon et fumacien, sont semblables et différents à la fois. Mais c’est une autre histoire, traitée quelques pages plus loin !

Parlant de la Meuse on dit qu’elle constitue une voie de communication naturelle au sein du massif ardennais : forêts composées de multiples essences chênes, hêtres, charmes, frênes, résineux, érables et bouleaux recouvrent ses flancs. En s’encaissant, elle a créé de profondes vallées en forme de méandre, de boucle. La Meuse et le pont de St Joseph carte des années 50

Les méandres de la Meuse

La ville de Fumay est donc située dans la Vallée de la Meuse (les vieux Fumaciens disent la valléï en insistant bien sur le éi. Ils habitent la Valléi!). J’ai vécu 20 ans dans la vallée en ignorant longtemps que les Ardennes étaient vastes et que des villes et villages existaient au-delà de Charleville (rapprochement avec Mézières dans les années 60). Le sous-sol de la vallée est riche d'un schiste ardoisier de qualité. Il fut exploité jusqu'en 1971, date de la fermeture de la dernière ardoisière. La tradition orale rapporte que le premier bassin de vie se serait situé à la jonction de l'Alyse, petit affluent de la Meuse sous la forme d'un camp gallo romain ; on aurait érigé un temple à proximité. L'origine du nom de ce site, le Chestion, découlerait de cette implantation. Saint Materne (1) évangélisant la région, aurait construit sur ce temple romain une chapelle dédiée à la Vierge, la Chapelle de Notre Dame de Divers Monts, futur siège de la Corporation des ardoisiers (la chapelle de Notre Dame de Divers- Monts reconstruite en 1802 et 1923).

(1) Les Eglises de Tongres, de Trèves et de Cologne en faisaient leur fondateur. On raconte des choses merveilleuses le concernant. Saint Pierre l’aurait ressuscité deux fois. Par contre, les documents historiques disent plus prosaïquement que : "Materne, le savant évêque de Cologne, prit une part active au concile de Rome en 313 et à celui d'Arles l'année suivante". Il avait la confiance de l'empereur Constantin. Il serait mort à Trèves vers 344.

Méandre de la Meuse cachet de 1959

Au 19ème siècle, l'essor de l'industrie métallurgique fera de Fumay l'une des villes les plus importantes de la pointe de Givet. Le décor est planté !

Fumay est donc connue pour ses ardoisières : l’ardoise bleue de Fumay en a fait sa réputation. Cela a donné des séries de cartes postales de toute beauté montrant les « scailleteux » à la peine. Fumay est parsemée d’immenses buttes de déchets d'ardoises, les fouégés que les scailleteux ont laissés là lors de l'exploitation des ardoisières. Elle est également connue pour son usine qui draina moult ouvriers de part et d’autre de la frontière. Le Pied-Selle rythma tout ou partie de la vie des Fumaciens.

Toute cette activité attirera et permettra l’implantation d’une population ouvrière qui déclinera vers les années 70. Ce tableau montre la lente érosion de cette population besogneuse.

POPULATION

1962 -je partais faire mon service militaire 6185

1968 -nous étions à Senlis (60) 6426

1975 -nous étions en Allemagne puis à St Germain en L. (78)

6147

1982 -nous étions à Strasbourg (67) 5782

1990 -nous étions à Sartrouville (78) 5363

1999 -nous étions à Sartrouville (78) 4667

2006 -nous sommes à Bénerville/ mer (14) 4066

La chapelle de Notre Dame de Divers-Monts

Carte des années 50

On entrevoit au premier plan, sur cette carte, l’abattoir communal, aujourd'hui ateliers communaux. L’Abattoir communal (architecte Dié Aristide). La ville en assurera la gestion de 1908 à 1984. Pour moi, gamin, la ville était constituée de deux grands quartiers distincts : -le premier s’est développé autour de son église omniprésente et de sa place d’Armes, -le second, la cité ouvrière, le Charnois, autour et pour le Pied-Selle. J’y ai vécu pratiquement 20 années avant de m’expatrier en « terres lointaines ». D’autres petites enclaves sont disséminées : -sur la route de Rocroi, le trou du Four -sur la route de Revin, Saint Joseph.