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fustibale

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  • Le fustibale

    Une arme oublie dans l'voation mdivale

    Bernard Martini

    Colletif 1186-583

    http://www.1186-583.org

    Cette ration est mise disposition selon le Contrat

    Paternit - Pas d'Utilisation Commeriale - Pas de Modiation disponible en ligne

    http://reativeommons.org/lienses/by-n-nd/2.0/fr/

    ou par ourrier postal

    Creative Commons, 559 Nathan Abbott Way, Stanford, California 94305, USA.

  • Le fustibale (fustibalus en latin, fustis signiant bton) est une arme de jet

    onstitue d'une fronde monte au bout d'un bton. Relativement peu onnu, il

    est peu voqu dans le monde de la reonstitution historique, ertainement du

    fait de sa raret dans les rits (aniens ou modernes). Nous nous aperevons

    ependant, ave un peu d'attention, que sa prsene dans les soures ionogra-

    phiques n'est pas si anedotique qu'il y parait. Au milieu des autres armes de

    jet, nous le retrouvons souvent dans les snes d'attaque ou de dfense de plaes

    fortes, de ombats navals, et e, sur une trs large priode. Que e soit Vge

    (Flavius Vegetius Renatus) qui l'voque dans son De Re Militari (rdig entre

    386 et 388 ap. JC), ou Leonardo da Vini qui en fait un roquis pris dans son

    Codie Atlantio (f. g. 1), ette arme, premire vue primitive, parsme

    l'Histoire ave disrtion. Elle n'a jamais marqu les esprits omme la fronde

    leve au rang de mythe par David, l'arbalte, interdite par la papaut, ou l'ar

    que les anglais ont rendu lbre aux dpens de la hevalerie franaise.

    Fig. 1 Codie Atlantio, par Leonardo da Vini, folio 144 r

    o

    , rdig entre

    la n du XV

    e

    et le dbut du XVI

    e

    .

    Il est pourtant sr, aux vues de sa prsene travers une si longue priode

    de l'Histoire et des rsultats des essais de tirs, que son impat sur les hamps

    de batailles, s'il n'tait pas exeptionnel, n'tait ertainement pas ngligeable.

    1 Utilisation du fustibale

    1.1 Dans les batailles ranges

    Quand la lgion romaine se mettait en ordre de bataille, les frondeurs se d-

    ployaient ensemble, indiremment arms de frondes ou de fustibales

    1

    . Si on en

    1. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, 1885, I 15 De la

    manire de mettre une lgion en bataille, et des armes des enturions et des

    tribuns ...les frondeurs, qui jetaient des pierres ave la fronde ou fustibale...

    1

  • roit Vge, les frondeurs et les fustibulatores s'entranaient ave les arhers en

    tirant sur des fagots et des bottes de pailles plas six ents pieds (178 m envi-

    ron) et touhaient souvent leur ible

    2

    . Cette porte leurs permettait de se plaer

    l'arrire de la ligne de bataille ave l'artillerie

    3

    . Leurs tirs atteignaient l'en-

    nemi en passant par-dessus les premiers rangs de leur propre arme, permettant

    ainsi de faire susamment de dommages aux troupes adverses avant le orps

    orps. Vge onseille aussi de les utiliser ontre les quipages des lphants de

    guerre

    4

    . Sans doute es derniers taient-ils protgs des hes et des javelots

    dans leurs tours, mais les tirs en lohe des frondes et des fustibales pouvaient

    les atteindre plus failement. Si de plus, es quipages portaient des armures, les

    balles de pierre pouvaient tout de mme les blesser

    5

    . Pour la priode mdivale

    qui nous intresse (entre le X

    e

    et le XV

    e

    sile), auune utilisation en bataille

    range n'est atteste.

    1.2 Dans la dfense et l'attaque de plaes fortes

    Les fustibales taient, semble-t-il, frquemment utiliss pour la dfense et

    l'attaque de plaes fortes. Les soures suivantes nous en montrent des exemples.

    Une sne de la Bible de Saint Pierre de Roda (f. g. 2) montre deux tours

    de sige montes sur lphants. Dans haune d'entre elles, un homme est quip

    d'un fustibale. Dans le mme ouvrage (f. g. 3), la reprsentation du ombat

    entre les isralites et les troupes d'Holopherne nous permet de voir deux dfen-

    seurs utiliser ette mme arme.

    Un autre est visible dans le Liber ad honorem augusti : un dfenseur, en haut

    d'une tour, est prt tirer son projetile (f. g. 4).

    Dans le Chteau d'Issogne du Val d'Aoste, une fresque (n XV

    e

    dbut XVI

    e

    )

    nous montre une salle de garde ave un rtelier d'armes varies (f. g. 5), s-

    rement destines la dfense de e hteau. Parmi elles, se trouve un fustibale

    a

    roh entre une arme d'hast et une arme feu.

    Comme le fait remarquer Vge, il est avantageux d'utiliser une arme de jet

    depuis une hauteur ar sa porte est allonge

    6

    . Le fustibale ayant une porte

    2. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, 1885, II 23 De

    l'exerie des troupes Les arhers et les frondeurs dressaient pour but des fagots ou des

    bottes de paille, ontre lesquels ils tiraient des hes six ents pieds de distane (environ

    178 m) : ils jetaient aussi des pierres ave le fustibale, et frappaient souvent le but.

    3. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, 1885, III 14 Quel

    doit tre l'ordre de bataille le plus propre rendre une arme invinible On a

    form quelquefois un inquime rang de mahines propres laner des pierres ou des javelots,

    et de soldats destins servir es mahines, ou laner eux-mmes direntes armes de trait.

    Ceux qu'on appelle fustibulatores se servaient d'un bton (fustibalus) de quatre pieds de long

    (1,20 m environ), ...

    4. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, III 24 Comment

    on rsiste aux hariots arms de faux, et aux lphants On y joignit des frondeurs,

    qui ave la fronde ou le fustibale assommaient oups de pierre les onduteurs des lphants,

    et les soldats qui taient dans les tours.

    5. Vge trad. par Vitor Develay 1859 Livre I, Chap. seizime Fronde Contre le

    asque, la uirasse et les ataphrates, une pierre d'un ertain alibre, lane par la fronde ou

    le fustibale, fait plus de mal qu'une nue de hes ; la blessure qui en rsulte, sans dhirer les

    hairs, est nanmoins mortelle ; l'ennemi frapp su

    ombe sans perdre une goutte de sang.

    6. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, IV 29 Des ma-

    hines qui servent la dfense des plaes De mme les hes dohes ave l'ar,

    et les pierres pousses ave la main, la fronde ou le fustibale, vont d'autant plus loin qu'elles

    partent de plus haut.

    2

  • Fig. 2 Bible de Saint Pierre de Roda, Paris, BNF, Ms Lat 6, vol III, fol.

    144v

    o

    , Catalogne, XI

    e

    sile (peut-tre X

    e

    ).

    dj intressante, il s'avre trs utile pour les dfenseurs d'un rempart ou les

    attaquants monts sur une tour de sige.

    Le fait que le fustibale ait t vraisemblablement utilis pour envoyer des pro-

    jetiles inendiaires sur l'ennemi dans d'autres ironstanes que l'attaque de

    plaes fortes (f. setion 1.3) nous amne penser qu'il tait galement avanta-

    geux d'en user ainsi lors de siges.

    1.3 Dans les arontements navals

    Le fustibale est une arme utilise pour les ombats entre navires au mme

    titre que les autres armes de jet

    7

    . Son intrt dans e type d'engagement vient

    du fait que ses tirs en lohe permettent de touher des ibles dissimules der-

    rire des protetions et que ses projetiles parviennent blesser des ennemis en

    armure (f. setion 1.1). De plus omme dit i-dessus, le fustibale peut toujours

    laner des projetiles inendiaires (f. g. 6) parfois plus utiles que de simples

    balles. L'ajout sur les bateaux de tour ou hteau (f. g. 7) permet d'lever le

    tireur et ainsi d'allonger la porte des armes (f. setion 1.2).

    2 Coneption tehnique

    2.1 Observation des soures

    Le fustibale est priori frquent, tel point que Vge ne juge pas nes-

    saire de le drire

    8

    .

    7. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, V 14 Des armes

    et des mahines navales De part et d'autre on se lane des pierres, des hes, des dards,

    des plombes, ave les frondes, fustibales, onagres, balistes et sorpions...

    8. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, IV 22 Des balistes,

    onagres, sorpions, arbaltes, fustibales, frondes, et, pour la dfense des plaes

    Aux mahines d'attaque dont on vient de parler, les assigs en opposent d'autres, qui sont

    les balistes, les onagres, les sorpions, les arbaltes, les fustibales, les frondes et les hes (...)

    Il me parat superu de drire le fustibale, l'arbalte et la fronde, armes assez onnues par

    3

  • Fig. 3 BNF Rihelieu Manusrits Latin 6 Bible, Espagne, Catalogne, XI

    e

    sile (peut-tre X

    e

    ).

    Il semble aussi qu'il ne soit pas onsidr omme une arme noble : sur toutes les

    soures ionographiques, les utilisateurs sont reprsents au ombat sans auune

    protetion (e qui voque des ombattants pauvres ou o

    asionnels). De plus,

    les matriaux de onstrution ne sont que du bois pour le manhe, du uir pour

    la fronde et de la pierre pour les projetiles.

    Conernant la reonstitution de l'arme et onsidrant qu'il s'agit d'une arme

    de piton pauvre, le travail sur le fustibale, s'il est soign, doit tre simple. Les

    premires questions pour la ralisation de l'arme onernent la forme et la ma-

    tire du manhe. Celui-i semble tre monoxyle : le rohet qui retient la fronde

    n'est visiblement pas une pie rajoute mais une extrmit taille. Sa longueur,

    pour l'poque de Vge, est onnue (1,20 m)

    9

    ; pour la priode allant du X

    e

    au

    XII

    e

    sile, sa dimension ne semble pas avoir beauoup volu ; quant au XV

    e

    sile (f. g. 5), le manhe s'allonge sensiblement et sa forme hange lgrement

    l'oppos de la fronde (peut-tre un ontre-poids). Auune information n'est

    disponible quant au type de bois du manhe. Celui-i est srement d'un bois

    (qui varie suivant la rgion mais qui reste ommun) relativement solide et lger

    (pour ne pas gner le tir).

    La fronde, toujours selon Vge, est en uir

    10

    et l'observation des soures ul-

    trieures ne ontredit pas ette donne, une exeption prs : la fresque du

    Chteau d'Issogne (f. g. 5) semble montrer une fronde entirement tresse en

    l'usage qu'on en fait prsent.

    9. Vge trad. Par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, 1885, III 14 Quel

    doit tre l'ordre de bataille le plus propre rendre une arme invinible Ceux

    qu'on appelle fustibulatores se servaient d'un bton (fustibalus) de quatre pieds de long (1,20

    m environ), au milieu duquel on attahait une fronde de uir, qui, reevant des deux mains

    une impulsion violente, lanait des pierres presque aussi loin que la atapulte.

    10. Vge trad. Par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, 1885, III 14 Quel

    doit tre l'ordre de bataille le plus propre rendre une arme invinible Ceux

    qu'on appelle fustibulatores se servaient d'un bton (fustibalus) de quatre pieds de long (1,20

    m environ), au milieu duquel on attahait une fronde de uir, qui, reevant des deux mains

    une impulsion violente, lanait des pierres presque aussi loin que la atapulte.

    4

  • Fig. 4 Liber ad honorem Augusti, Petrus d'Eboli, Berne, Bibliothque de la

    Bourgeoisie, Cod. 120, II, fol. 111r

    o

    , enlumin en Italie du Sud vers 1195-1197.

    Fig. 5 Fresque, Salle des gardes, Matre Colin, Chteau d'Issogne, Val d'Aoste

    vers 1499-1509.

    orde.

    La taille des brins de la fronde varie : les gures 1, 2, 3, 5 nous montrent des

    frondes longs brins alors que les fustibales des gures 4, 6, 7 ont des brins

    ourts.

    Les munitions sont priori les mmes que pour la fronde, 'est dire des pierres

    relativement petites (entre 80 et 200 g)

    11

    . Cependant, en regardant ertaines

    soures (f. gures 2, 3, 5), les projetiles semblent plus gros. Il est vrai que

    parfois les dessins ne respetent pas les proportions, mais dans la fresque du

    Chteau d'Issogne, le ralisme de la sne est plus exploitable. La pierre qui se

    trouve dans la pohe de e fustibale pourrait peser entre 500 et 800 grammes.

    11. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, IV 8 Des appro-

    visionnements de munitions pour la dfense des plaes On les [les pierres entasse

    dans les tours et sur les remparts, les plus petites pour tre jetes la main ave la fronde ou

    le fustibale, les mdiorement grosses pour tre lanes ave les onagres.

    5

  • Fig. 6 Bataille navale, XIII

    e

    sile, soure inonnue.

    Fig. 7 Attaque navale d'un hteau tier, Historia Anglorum par Matthieu

    Paris, Angleterre, vers 1255.

    Comme les Romains ou les Gres utilisaient des balles de fronde en plomb

    12

    et

    les Celtes des balles en terre uite

    13

    , il reste possible que es matriaux aient

    aussi t utiliss pour le fustibale, mais ela ne reste qu'une supposition.

    2.2 Ralisations

    Le but de es ralisations est de reonstituer un fustibale tel qu'il aurait pu

    exister la n du XII

    e

    ou au dbut du XIII

    e

    sile. Les frondes ourtes des

    gures 4, 6, 7 semblaient plus diiles reonstituer que les frondes longues

    (gures 1, 2, 3, 5) : la fronde aura don de longs brins. La taille de la pohe

    dterminera aussi le type de projetiles que l'arme tirera. Deux fustibales se-

    ront don reonstitus, le premier pour tirer, omme une fronde, des projetiles

    ompris entre 80 et 200 grammes (permettant ainsi une ventuelle omparai-

    son balistique des deux armes), le deuxime pour tirer des projetiles bien plus

    lourds, entre 500 et 800 grammes.

    12. Une quantit innombrable de balles de frondes romaines ou greques ont pu tre retrou-

    ves en fouille. Une liste serait trop longue tablir ii.

    13. Plusieurs balles de fronde en terre uite ont t trouves sur dirent

    sites arhologiques omme elui du Mont Lassois en Cte d'Or. Voir le site

    www.gzg.fn.bw.shule.de/heunebg/vix/vixfr.htm.

    6

  • 2.2.1 Premier modle

    La fronde du fustibale est ompose de trois parties : une pohe et deux

    brins. Cette pohe est un moreau de uir mesurant 18 m sur 8. Les brins sont

    omposs de trois ls de lin

    14

    tresss pour une longueur de 70 m, omme on

    peut le voir sur les gures 1, 2, 3, 5. Le premier brin est x au manhe, le

    deuxime se termine par une boule. Aprs un ertain nombre de tirs (entre 100

    et 200), les brins s'usent sur le bois tant au niveau de la xation au manhe

    qu'au niveau de la boule, il a don fallu remplaer es extrmits par un lien

    de uir (f. gure 8). Le manhe est une branhe de frne d'un diamtre ompris

    entre 2,5 et 3 m. Plusieurs longueurs ont t testes, entre 0,90 et 1,50 m mais

    la dimension la plus pratique est prohe de 1,20 m (orrespondant la mesure

    donne par Vge) plus ou moins 10 m (suivant la morphologie du tireur). Le

    bois est simplement or, une extrmit est taille en rohet et un trou est

    per 1 m sous e rohet (f. gure 9).

    Fig. 8 Les brins sont remplas par des liens de uir pour viter l'usure lors

    des tirs.

    Fig. 9 Le bois est simplement or, une extrmit est taille en rohet et

    un trou est per 1 m sous e rohet.

    14. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, 1885, III 14 Quel

    doit tre l'ordre de bataille le plus propre rendre une arme invinible Les

    frondeurs proprement dits sont eux qui portent des frondes de lin ou de rin, matires trs

    propres et usage.

    7

  • 2.3 Deuxime modle

    Ce deuxime modle destin tirer des munitions plus lourdes sera don

    plus gros mais les matires utilises ne hangeront pas (f. gure 10). La fronde

    mesure 30 m sur 12 et ses brins 90 m. Le manhe avait une longueur de 1,55

    m pour un diamtre de 3,5 4 m mais, aprs une dizaine de tirs, il a t

    indispensable de le rduire 1,30 m. Ave la taille d'origine, l'arme, trop lourde,

    ralentissait le mouvement nessaire un tir.

    Fig. 10 Les deux fustibales sont onus de la mme faon, seules les dimensions

    varient.

    Quelque soit le modle, la diult prinipale de la fabriation est la taille

    du rohet. Lors du tir, le rohet doit librer la boule de la fronde au bon

    moment ; si la fronde est libre trop tard, le projetile vient frapper le sol 5 m

    devant le tireur, si la boule se dtahe trop tt, la pierre peut partir presque

    la vertiale du tireur (e qui est dangereux et videmment ineae). Le rglage

    se fait de faon empirique, on essaye, on taille et on reommene.

    3 Essais de tir

    3.1 Premier modle

    Les essais de tirs ont t raliss ave des galets d'un poids allant de 40

    200 g, ainsi qu'une dizaine de tirs ave des projetiles de 400 500g (f. gure

    11). Deux tehniques de tir direntes sont possibles.

    La premire tehnique permet un tir en lohe. Ave un mouvement ample,

    le fustibale bien dans l'axe du orps, le projetile atteint une distane variant

    entre 90 et 140 m, aprs une trajetoire parabolique. Les meilleurs tirs (120

    140 m) ont t fait ave des galets pesant de 70 130 g. On est loin de la porte

    donne par Vge (six ents pieds ou 178 m).

    Bien que un millier de tirs environ ait t eetu, e n'est pas susant pour

    atteindre la omptene de fustibulatores professionnels de l'arme romaine s'en-

    tranant rgulirement (peut-tre tous les jours). Toujours est-il que la prision

    longue distane requiert une grande pratique.

    La deuxime tehnique permet un tir tendu. Ave un mouvement rapide, le

    fustibale faisant un angle d'environ 60 75

    o

    par rapport l'axe du orps, le pro-

    jetile part l'horizontal. La porte est relativement rduite (50 60 m), mais

    la vloit de la balle est impressionnante (auune vitesse n'a malheureusement

    pu tre mesure). Dans e type de tir la prision s'aquiert plus rapidement,

    8

  • 30 ou 40 m, il n'est pas rare de faire mouhe.

    Quant aux dommages, il est ertain qu'un gambison et une otte de maille ne

    protgent pas susamment d'une balle de fustibale lane de ette faon.

    Fig. 11 Squene de tir d'une pierre d'environ 400 grammes ave le premier

    fustibale.

    3.2 Deuxime modle

    Les premiers projetiles tirs par e fustibale taient quatre pierres de 570

    g, 700 g, 790 g et 860 g. Les portes maximales atteintes par es dernires sont

    respetivement de 46 m, 44 m, 38 m et 30 m. Les pierres n'tant pas quilibres,

    leur positionnement dans la pohe de la fronde n'tait pas orret. Les tirs

    n'taient pas satisfaisants ; auune rgularit en porte et en prision.

    Des tirs ont don t eetus nouveau ave des boules de ptanque de 700

    g. La prision en est grandement amliore et la porte moyenne atteint 50 m.

    Les dommages que peuvent o

    asionner e genre de projetiles sont failement

    imaginables, surtout si le tireur est en haut d'un rempart et la ible en bas.

    Mme si la vitime est quipe d'un gambison, d'une otte de maille et d'un

    heaume, le ho d'un projetile de 700 g doit tre partiulirement dvastateur.

    9

  • Conlusion

    Les essais de tir permis par la reonstitution des deux fustibales ompltent

    les indies laisss par les soures. Que e soit pour l'utilisation de l'arme ou

    le hoix des projetiles, ette exprimentation prouve l'utilit d'une telle d-

    marhe. Par exemple, l'amplitude du mouvement de tir montre que l'arme tait

    inutilisable travers de petites ouvertures (type arhre, fentre, porte...) ou

    dans un espae non dgag tel un sous-bois (hauteur nessaire onstate entre

    4 m et 4 m50). La prision a

    rue gre des projetiles aux formes aussi

    rgulires qu'une boule de ptanque amne songer une sletion, sinon une

    onfetion, des projetiles. Les balles de terre uite ou de plomb des frondeurs

    romains ne dmentant pas ette hypothse, elle reste envisager. De surrot,

    l'entranement minimal que nessite une prision a

    eptable montrerait que

    le fustibale n'est pas une arme improvise.

    Plus indiretement, es reonstitutions amnent d'autres onstatations :

    Un des avantages du fustibale par rapport d'autres armes de jet est que

    son emploi est relativement indpendant des onditions mtorologiques.

    L'humidit ou les hangements de temprature (exibilit du bois, tension

    des ordes...) n'en emphent pas l'usage et le vent n'inue que peu sur

    les trajetoires de ses projetiles (ontrairement aux arreaux et surtout

    aux hes).

    Le rythme de tir (6 8 tirs par minute) et la stabilit nessaire (impossi-

    bilit de se dplaer ave l'arme prte tirer sans que la boule se dtahe

    ou que la balle quitte la pohe de la fronde) ne failitent pas son emploi

    lors d'une esarmouhe ou dans une bataille range (sauf dans le as d'une

    position prpare omme par exemple des fortiations provisoires autour

    d'un amp ou ave des pies d'artillerie

    15

    fournissant des tirs d'appui).

    C'est--dire que le fustibale ne permet pas de tir d'opportunit ontraire-

    ment l'arbalte ou l'ar qui peuvent tre maintenus prts tirer lors

    de dplaements, sans que l'eet de surprise quand un objetif se dvoile

    soudainement soit trop handiapant.

    Par ontre, le fait que le dpart du projetile se fasse bien au-dessus du

    tireur lui-mme failite le tir tendu en dlement (i.e. le tireur est derrire

    un obstale et seul le haut de la tte jusqu'aux yeux dpasse de l'abri).

    Quoiqu'il en soit, es onlusions ne sont le fait que d'un tireur o

    asionnel

    et mriteraient d'tre orrobores par :

    une pratique plus rgulire,

    de nouvelles soures historiques,

    et les observations et tmoignages d'autres fustibaliers ...

    15. Vge trad. par le hevalier de Bongars, revue par N. Shwebelius, 1885, III 14 Quel

    doit tre l'ordre de bataille le plus propre rendre une arme invinible On a

    form quelquefois un inquime rang de mahines propres laner des pierres ou des javelots,

    et de soldats destins servir es mahines, ou laner eux-mmes direntes armes de trait.

    Ceux qu'on appelle fustibulatores se servaient d'un bton (fustibalus) de quatre pieds de long

    (1,20 m environ), ...

    10

  • Table des gures

    1 Codie Atlantio , par Lonardo da Vini, n XV

    e

    dbut XVI

    e

    1

    2 Bible de Saint Pierre de Roda, XI

    e

    sile (peut-tre X

    e

    ). . . . . . 3

    3 Bible, Catalogne, XI

    e

    sile (peut-tre X

    e

    ). . . . . . . . . . . . . 4

    4 Liber ad Honorem Augusti, vers 1195-1197 . . . . . . . . . . . . 5

    5 Chteau d'Issogne, Val d'Aoste vers 1499-1509. . . . . . . . . . . 5

    6 Bataille navale, XIIIe sile. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

    7 Matthieu Paris, vers 1255 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

    8 Brins remplas par des liens de uir. . . . . . . . . . . . . . . . . 7

    9 Bois simplement or, taill en rohet ave un trou. . . . . . . 7

    10 Les deux fustibales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

    11 Squene de tir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

    Table des matires

    1 Utilisation du fustibale 1

    1.1 Dans les batailles ranges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1

    1.2 Dans la dfense et l'attaque de plaes fortes . . . . . . . . . . . . 2

    1.3 Dans les arontements navals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

    2 Coneption tehnique 3

    2.1 Observation des soures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

    2.2 Ralisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

    2.2.1 Premier modle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

    2.3 Deuxime modle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

    3 Essais de tir 8

    3.1 Premier modle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

    3.2 Deuxime modle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

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