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O N E N P A R L ELecasMurmelsteinQuiétaitvraimentlerabbinMurmelstein,dernier«doyendesJuifs»dughettodeTheresienstadt?L’Histoireaportésurluidesregardsdivergents.ClaudeLanzmannluiconsacresondernierfilm

CambodgeversusSotheby’sLastatues’appelle«Duryodhana», elle estengrès, pèse230kget représenteunguerrierhindou.Estiméeà 2millionsdedollars (1,46milliond’euros), elleestconsidéréecommeunchef-d’œuvredel’artkhmerduXesiècle. Problème: elleaétédécoupéedans le templedeKohKerpardesvoleurs, auCambodge,pendant laguerrecivilede1967-1975.Détenueparuncollectionneurbelgeaprèsêtrepasséeentreplusieursmains, elleaétémiseauxenchèreschezSotheby’sNewYorkenmars2011. Cequi a fait scandale. Laventeaétéarrêtéeparunprocureur fédéralà lademandedugouvernementcambodgien.Depuis, Sotheby’set l’Etat américainbataillaient.Finalement,unaccordaététrouvéentre lesparties, le 12décembre.Sotheby’sva rendresous90jours«Duryodhana»auCambodgeets’acquitterducoûtde l’expédition,ensignedesabonnefoi.QuantauprocureurdeManhattan, il a reconnuqueSotheby’set le collectionneur–quin’a reçuaucunecompensation– ignoraient l’originelitigieusede la statue.AndrewGully,unporte-parolede la célèbremaisondevente, adéclaré:«L’accordconfirmequeSotheby’set sonclientontagicorrectemententout temps.»Desoncôté,ChanTani, le secrétaired’Etatcambodgien,adéclaré:«Nous sommestrèsheureuxde l’aidedugouvernementaméricain, carbeaucoupdenos statuesontété voléesouontdisparu, etnousvoulons les rendreaupeuplecambodgien.»Enmai, leMetropolitanMuseumdeNewYork (MET)avaitdéjàrestituédeuxstatuesduXesiècleprovenantdumêmetemplekhmer.

LaposteduLouvrereconvertieenhôtelNombredeParisiensconnaissent lapostecentralede la rueduLouvre,ouverte24heures sur 24,pouryavoirdéposé leurdéclarationd’impôtavantminuit le jourlimite.Maispeusaventque l’«hôteldespostes», conçupar l’architecte JulienGuadetentre1880et 1888, fait 35000m2

et abriteuneextraordinaire«usinepostale», considéréepar leshistoriensdel’art commeunchef-d’œuvredel’architecture industrielle.Constituéed’unegrandeossaturemétallique, elleoccupeplusieursmagnifiquesnefs.D’oùle litigequi oppose,depuis finnovembre,LaPoste et l’associationParishistorique,ainsique la commissionduvieuxParis.En juillet2012, à la suited’unappeld’offresappuyésurun jury composéd’élusetd’architectes, LaPostea confiéàDominiquePerrault, architectede labibliothèqueFrançois-Mitterrand, lareconversiondes lieux.C’étaitdevenuunenécessité.Avec l’arrivéeducourrierélectroniqueet le transfertducentrede trienbanlieue, les activitéspostalesontconsidérablementréduit.Conscientdesenjeuxpatrimoniaux,DominiquePerraultveutpréserver l’ancienbâti etconserver lesvestigesde l’usinepostale,toutens’adaptantà lanouvelledonne:ramenerà20% lesactivitéspostales,consacrer 17%auxservicesmunicipauxetrécupérer60%pourunhôtelde luxeetdes commerces.Pourcela, il vaévider lebâtiment touten le conservant, construireunentresolet démanteler lesnefsmétalliques.Ducôtédesassociationsparisiennes,oncraintqueceprojetnedénature l’ensemble.

LucBesson lancel’exposition«StarWars»Lesplaces sontdéjàenventeen ligne.Du15février 2014, et jusqu’au30juin, laCitéducinéma, àSaint-Denis, crééeetfinancéeparLucBesson,accueillera sapremièreexposition: «StarWarsidentités». Lancéepar le siteStarwarsidentites.com,elleproposeunedémarcheinédite conçuepar lesconcepteurscanadiensdeX3Production:découvrir«quelles forcesvoushabitent?». Autrementdit: qui êtes-vous,commentvousdéfinissez-vous? Inspirépar lagénétiqueet laneuropsychologie, leparcoursproposeàchaquepromeneurdedécouvrirgrâce àunbracelet interactif les10composantesdesapersonnalitéetdecellesdeshérosdeStarWars : l’espèce, lesgènes, lesparents, la culture, lesmentors,les amis, les événements, laprofession, lapersonnalitéet les valeurs.A la sortie,unprofilpsychologiquesera remisauparticipant.Onverraaussi 200piècesoriginalesvenuesdes archivesduLucasCulturalArtMuseum,commele robotR2D2, levaisseauFauconMilleniumou lescostumesde laprincesseLeia.> Starwarsidentites.com

¶À V O I R

« LE DERNIERDES INJUSTES »

de Claude Lanzmann(3h40).En salles.

CULTURE&IDÉES

NicolasWeill

Al’automne, grâce audernier filmde Claude Lanzmann, Le Dernierdes injustes, le public français adécouvert en Benjamin Mur-melstein (1905-1989) unperson-nage fascinant. S’étant lui-

mêmeaffublé, en 1963, du sobriquet de «dernierdes injustes», référence ironique au best-sellerfrançais Le Dernier des Justes, d’André Schwarz-Bart (Seuil, 1959), Murmelstein était rabbin àVienneavantlaguerre. Ilestaussidocteurenphi-losophie et devient, après l’annexion de l’Autri-che, en 1938, une des figures marquantes de lacommunauté juive, avant d’être déporté, en1943,aucamp-ghettodeTheresienstadt(actuelle-mentenRépublique tchèque). Il en est fait, selonla terminologienazie, l’ultime«doyendes Juifs»(der Ältester der Juden), officiellement àpartir dedécembre1944.

Il survità laguerreetpartvivreàRomeen1947aprèsl’abandondel’instructionpour«collabora-tion» par le tribunal populaire de Leitmeritz(Litomerice, en Tchécoslovaquie). C’est dans lacapitale italienne que Claude Lanzmann leretrouve, devenu représentant enmeubles, et lefait parler au milieu des années 1970, quand ilcommence le tournage de Shoah (contacté pourcette enquête,M.Lanzmannn’apu être joint).

A ladifférencedes rescapésde«conseils juifs»(organismes formés sous la pression allemandepour administrer les communautés juives envoie de destruction), plutôt discrets dans l’après-guerre,Murmelsteinn’a jamaishésitéàparlerdeson action. Comme le résume l’historien berli-nois Wolfgang Benz, dans son Theresienstadt(Beck, 2013),«Murmelsteinétaitpersuadédepou-voirsauverdesviesencoopérant[aveclesnazis]etil amis résolument cette conviction enpratique».Or, dans le monde de l’après-guerre où l’on neveutentendreparlerquederésistantsoudecolla-borateurs, cettepositionest indéchiffrable.

Murmelstein n’en a pas moins écrit un livre,paruenitalienen1961:Terezin. Ilghetto-modellodi Eichmann («Theresienstadt. Le ghettomodèled’Eichmann»). A sa mort, la communauté juivedeRome l’enterre à la lisièreducarré juif, dans lecimetière de la ville. Controversé, l’homme aquand même trouvé des défenseurs, commel’historienet résistant autrichien JonnyMoser.Ason tour, le film de Lanzmann lui permet pen-dantplusdetroisheuresderendrepublicunplai-doyer.Mais qu’enpensent les spécialistes?

Pour la plupart, ils ont été sévères avec Mur-melstein. A commencer par l’historien et écri-vain H.G. Adler (1910-1988) lui-même interné àTheresienstadt, puis déporté à Auschwitz. Samonographie de près de 1000pages en alle-mand (non traduite), Theresienstadt. 1941-1945.Das Antlitz einer Zwangsgemeinschaft («Le visa-ge d’une communauté de contrainte», 1955 et1960, réédité en 2005), fait encore autorité. On y

trouve un portrait au vitriolde Murmelstein :«D’apparence extérieure, il faisait penser à Fals-taff [personnage shakespearien de noble déchuet ventripotent]. (…) Ses petits yeux, profondé-ment enfouis dans son visage, paraissaient nejamais vous regarder ; c’était une créature opa-que, impassible et calculatrice. (…) La crainte quil’entourait le disputait à la haine. Les Juifs dont ilavait la charge semblaient lui être indifférents. Ilexécutait avec ponctualité et diligence tous lesordresdesSS,etqu’il eûtcruqueseule l’obéissancehabilementexercéesauveraitcequipouvait l’êtreest une faible excuse. Murmelstein avait l’aird’êtrecaparaçonnécontre la compassion.Si ce finnégociateurapu, vers la finde laguerre,oserpar-fois un mot en faveur du camp, il ne l’a fait quesous l’empire des circonstances, quand le risqueencouruavait déjà diminué.»

RaulHilberg, l’auteur américain de LaDestruc-tiondes juifs d’Europe (Folio, 1992), n’a pas la dentmoins dure. Dans son Exécuteurs, victimes,témoins(Gallimard,1994), ilparledu«rabbinMur-melstein qui fut lourdement mêlé aux déporta-tions».Quant au grand érudit de la kabbaleGers-

homScholem,ilaffirme,en1963,surlafoidessur-vivantsdeTheresienstadtàquiilaparlé,queMur-melstein«aurait certesméritéd’êtrependu».

Les nouvelles générations de chercheurs sontassurément plus nuancées. Au premier chef,l’historien et romancier autrichien Doron Rabi-novici, auteur d’une étude détaillée et scientifi-que sur la communauté juive de Vienne à l’épo-quenazie, parueen2000sous le titre significatifd’« Instances de l’impuissance» (Instanzen derOhnmacht, Suhrkamp, non traduit). Lui estimeque, sympathique ou pas, Murmelstein ne sau-rait être traité de «collaborateur». «Les raisonspourlesquelles ilaconcentrésur luiautantdehai-nesaprès1945sevoientdanslefilmdeLanzmann.Il était dur et pouvait être colérique. Il étaitconvaincu que sa stratégie était la bonne. Et sur-tout: il a survécu.»

Sur la question des déportations, il diffère deRaul Hilberg : «Les deux premiers “doyens desJuifs” de Theresienstadt [le sioniste tchèqueJakub Edelstein et le sociologue berlinois PaulEppstein, assassinés par les Allemands] s’étaientvu transmettre par la Kommandantur de la SSuneresponsabilitébienplusétenduequ’àluidansla constitution des listes de déportation. Certes,

Murmelstein a fait auparavant partie du conseiljuif à qui était assignée la tâche de les dresser.MaispourquoienfairereprocheauseulMurmels-tein?Disons-le toutnet : iln’avaitaucuneinfluen-ce sur le nombre de Juifs qui devaient être dépor-tés»–lequelétait fixéparlesSS.Quepense-t-ildela charge en forme de légende noire laissée parAdler?«Lacritiqued’Adlerestsurtoutuneprotes-tationcontrelesystèmedelamiseàmortadminis-trée – dans tous les sens du terme– de l’homme.»

Adleravaitunecertainepropensionàlamisan-thropie, ajoute Anna Hajkova, historienne del’université de Warwick (Grande-Bretagne). Il aété envoyé à Auschwitz en octobre1944, avantque Murmelstein ne prenne ses fonctions de«doyen».Cette spécialistedesarchivesdeThere-sienstadt a étudié le dossier de l’instruction (entchèque)deMurmelsteinàLeitmeritz.Asonavis,danslesonzeheuresderushsdel’interviewLanz-mann-Murmelsteinqu’elleavisionnées,l’ex-rab-binmultiplie lesmétaphores et, «plutôt qu’il nement, laisse déferler une avalanche de faits» –d’où l’importance selon elle de bien restituer lecontexte. «Rétrospectivement, en 1976 [lors de larencontreavecLanzmann],Murmelsteinprétendque sa marge de manœuvre était plus étenduequecelledont il disposait réellementàTheresiens-tadt. Ainsi n’a-t-il pas à étaler sonmanque d’em-prise sur les choses. C’est une caractéristique denombreux témoignages tardifs de survivants del’Holocauste: les gens détestent l’impuissance,c’estpourquoidans leurs récits ils en rajoutentsurle degré demaîtrise qu’ils ont eu dans le passé (enparticulier leshommes…).»Aproposdesdéporta-tions,elle soulignequ’à l’automne1944lesSSontconstitué eux-mêmes les listes des sept derniersconvois. Auparavant, Murmelstein n’a jamaisappartenu aux commissions qui, au sein de l’ad-ministration juive, géraient les convois. Desconcepts comme «collaboration» ou même«coopération» n’ont, selon elle, de toute façonplusrienàfaireaveclarecherche,quin’apasàdis-tribuerdes blâmesni des satisfecit.

UneautrehistoriennedeTheresienstadt,l’Israé-lienneMargalit Shlain, qui a procédé à une étudecomparative des trois dirigeants juifs du camp-ghetto,seréjouitdel’inversiondetendanceconsé-cutive au film. Elle a rencontré un des témoins àcharge de l’instructiondeMurmelstein,MiroslavKarny (1919-2001), historien et chroniqueur dughetto, qui a affirmé avoir changéd’avis. «Certes,dit-elle,Murmelstein était une personnalité secrè-te, toujours sur la défensive. Cependant, ce n’estpas au bénéfice du doute qu’on l’a acquitté, maisparcequel’onn’arienputrouvercontrelui.Lesseu-lespreuvesétablissentqu’ilasauvédenombreusesvies.»«OncélèbreSchindlerparcequ’ila sauvédesJuifs, renchérit Doron Rabinovici, sans lui fairereprochede tous ceuxqu’il n’apu sauver.Quand ils’agitde Juifs etpasd’Allemands,c’est l’inverse.Ondemande: et lesautres?»BenjaminMurmelstein,peu avare de formules, le confie à Claude Lanz-mann: les victimes de la Shoah ont été desmar-tyrs.Tousn’ontpas étédes saints.p

«Les gensdétestent l’impuissance,c’est pourquoi dans leurs récits

ils en rajoutent sur le degré demaîtrisequ’ils ont eudans le passé»

AnnaHajkovahistoriennede l’université deWarwick (Royaume-Uni)

BenjaminMurmelstein, dans «Le Dernier des injustes», de Claude Lanzmann.DR

6 0123Samedi 21 décembre 2013