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VERSION PROVISOIRE ( 13 ) CRIc N o 55-Cult7 (2014-2015) un tout petit peu repenser ce qu’on attend. Il y a le rôle vis-à-vis des jeunes publics et de l’école. Le Musée de la Gravure à La Louvière a des projets magnifiques. Déjà « gravure », on a l’impression d’être au temps de Nuremberg, mais pas du tout! Il faudrait d’ailleurs changer de nom parce qu’il ne correspond pas non plus à ce qui se passe. C’est du numérique. Ils font des projets avec les écoles, donc il y a vraiment une manière de se repenser. Il y a des fédérations d’initiatives dans un même en- droit entre les différents musées. Quand on parle de coordination à Bruxelles sur les pôles muséaux etc., c’est aussi repenser le rôle à l’égard de l’école et des jeunes publics par ailleurs, ou en lien avec d’autres types d’académies ou d’institutions liées aux arts de la scène, aux contes. On voit bien qu’à partir de certaines biblio- thèques, on fait des centres culturels, à partir de certains centres culturels on commence aussi à faire du livre et du numérique. Voilà, c’est un peu de tout cela qu’il s’agit et bien évidemment, nous allons demander que le monde du musée, mais en lien avec d’autres types d’artistes, repense dans un délai relativement court et cadré, mais néanmoins participatif et avec le temps de la réflexion, repense un peu son rôle et les nouvelles innovations pour que nous puissions les consacrer alors dans des cadres qui parfois les en empêchent. On a des cadres très rigides. Voilà un tout petit peu mes sentiments sur les musées. M. Olivier Maroy (MR). – Eh bien je remercie la ministre d’avoir précisé un petit peu sa pensée. Moi je m’inscris vraiment, je suis assez séduit par ce que la ministre vient de développer parce quiconque a un peu voyagé dans les grandes ca- pitales européennes ou au-delà, quiconque prend un peu de temps à aller visiter les musées se rend compte que, à l’étranger, on est parfois beaucoup plus avancé que chez nous et qu’effectivement, un musée, ce n’est pas égal à « poussiéreux ». Le pro- blème c’est que chez nous, cette idée là semble s’être un peu imposée même s’il y a évidemment chez nous des tas de musées qui ont fait des ef- forts de modernité et qui mixtent effectivement les disciplines. Et je suis d’accord avec vous, tout cela est beaucoup trop compartimenté mais je pense qu’il faudrait peut-être, pas tout de suite, aller jusqu’au bout du raisonnement et vraiment, de manière in- citative, lier peut-être l’octroi de subventions à la capacité qu’ont ces responsables des musées de chercher en permanence à aller capter des publics nouveaux et des publics qui ne fréquentent pas les musées. En tous cas, merci pour ces réponses. 1.9 Question de Mme Véronique Salvi à Mme Joëlle Milquet, vice-présidente et mi- nistre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance, intitulée « Fréquentation des ciné- mas » Mme Véronique Salvi (cdH). – Madame la mi- nistre, selon les chiffres du SPF Économie, la fré- quentation des cinémas a baissé malheureusement de 4,1 pour cent en Belgique en 2013. Pour être plus précise, 25 millions d’entrées ont été recen- sées. C’est un recul de plus ou moins huit cent no- nante mille visiteurs par rapport à 2012 alors que le nombre de séances ont quant à elles augmenté de plus ou moins 0,3 pour cent. Sur l’ensemble de notre Belgique, c’est plutôt Bruxelles et la Wallonie qui sont les plus touchées. Deux cent neuf mille tickets en moins à la capitale, 576 000 en moins au sud du pays. C’est quand même important. Assez énorme. Les Flamands se portent mieux puisqu’ils réduisent seulement de 108 000 unités. Et au niveau de la moyenne du spectateur, là aussi elle est en diminution, tout comme le nombre de cinémas qui ne disposent que d’une salle. Ils étaient 34, ils ne sont plus aujour- d’hui qu’une trentaine. Et donc, par rapport à ce premier constant chiffré, j’aurais souhaité que vous puissiez, au sein de cette commission, nous proposer, nous faire part d’une série, éventuellement de pistes d’amé- liorations, que vous ambitionnez à porter durant l’ensemble de cette législature. Une autre réflexion concerne évidemment l’ex- ception culturelle qui est quelque part aujourd’hui la pierre d’achoppement de notre politique cultu- relle communautaire, voire pour certains, euro- péenne. Il faut quand même reconnaître et consta- ter que cette exception culturelle fonctionne mieux en Flandre et en France, où il est vrai il y a un sen- timent identitaire et culturel beaucoup plus fort au niveau du citoyen que chez nous. Et, malheureusement, ce n’est pas valable que pour le cinéma. C’est aussi valable en littérature, en arts de la scène ou dans une série d’autres do- maines. Ne dit-on pas que nul n’est prophète dans son pays ? Et c’est vrai que cela se confirme. Et on a parfois l’impression que lorsqu’on est reconnu au niveau de Paris, ou lorsque l’on obtient un prix international, que ce soit aux Césars ou ailleurs, qu’on attise quelque part la curiosité du public même si, en plus, ce n’est pas toujours non plus vrai et que cela ne se traduit pas non plus toujours par une fréquentation en hausse. Par ailleurs, on vit aussi dans une société en mutation où la manière de consommer l’art et plus spécifiquement les films a évidemment fortement évolué. La rapidité avec laquelle on dispose au- jourd’hui de films qui sortent en salle que ce soit en streaming ou en vidéo à la demande, évidem- ment rapide, n’est nullement comparable à ce que

FWB - fréquentation cinéma - janvier 2015

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( 13 ) CRIc No55-Cult7 (2014-2015)

un tout petit peu repenser ce qu’on attend. Il y ale rôle vis-à-vis des jeunes publics et de l’école. LeMusée de la Gravure à La Louvière a des projetsmagnifiques. Déjà « gravure », on a l’impressiond’être au temps de Nuremberg, mais pas du tout !Il faudrait d’ailleurs changer de nom parce qu’il necorrespond pas non plus à ce qui se passe. C’estdu numérique. Ils font des projets avec les écoles,donc il y a vraiment une manière de se repenser. Ily a des fédérations d’initiatives dans un même en-droit entre les différents musées. Quand on parlede coordination à Bruxelles sur les pôles muséauxetc., c’est aussi repenser le rôle à l’égard de l’écoleet des jeunes publics par ailleurs, ou en lien avecd’autres types d’académies ou d’institutions liéesaux arts de la scène, aux contes.

On voit bien qu’à partir de certaines biblio-thèques, on fait des centres culturels, à partir decertains centres culturels on commence aussi àfaire du livre et du numérique.

Voilà, c’est un peu de tout cela qu’il s’agit etbien évidemment, nous allons demander que lemonde du musée, mais en lien avec d’autres typesd’artistes, repense dans un délai relativement courtet cadré, mais néanmoins participatif et avec letemps de la réflexion, repense un peu son rôle etles nouvelles innovations pour que nous puissionsles consacrer alors dans des cadres qui parfois lesen empêchent. On a des cadres très rigides.

Voilà un tout petit peu mes sentiments sur lesmusées.

M. Olivier Maroy (MR). – Eh bien je remerciela ministre d’avoir précisé un petit peu sa pensée.

Moi je m’inscris vraiment, je suis assez séduitpar ce que la ministre vient de développer parcequiconque a un peu voyagé dans les grandes ca-pitales européennes ou au-delà, quiconque prendun peu de temps à aller visiter les musées se rendcompte que, à l’étranger, on est parfois beaucoupplus avancé que chez nous et qu’effectivement, unmusée, ce n’est pas égal à « poussiéreux ». Le pro-blème c’est que chez nous, cette idée là sembles’être un peu imposée même s’il y a évidemmentchez nous des tas de musées qui ont fait des ef-forts de modernité et qui mixtent effectivement lesdisciplines.

Et je suis d’accord avec vous, tout cela estbeaucoup trop compartimenté mais je pense qu’ilfaudrait peut-être, pas tout de suite, aller jusqu’aubout du raisonnement et vraiment, de manière in-citative, lier peut-être l’octroi de subventions à lacapacité qu’ont ces responsables des musées dechercher en permanence à aller capter des publicsnouveaux et des publics qui ne fréquentent pas lesmusées.

En tous cas, merci pour ces réponses.

1.9 Question de Mme Véronique Salvi àMme Joëlle Milquet, vice-présidente et mi-nistre de l’Éducation, de la Culture et del’Enfance, intitulée « Fréquentation des ciné-mas »

Mme Véronique Salvi (cdH). – Madame la mi-nistre, selon les chiffres du SPF Économie, la fré-quentation des cinémas a baissé malheureusementde 4,1 pour cent en Belgique en 2013. Pour êtreplus précise, 25 millions d’entrées ont été recen-sées. C’est un recul de plus ou moins huit cent no-nante mille visiteurs par rapport à 2012 alors quele nombre de séances ont quant à elles augmentéde plus ou moins 0,3 pour cent.

Sur l’ensemble de notre Belgique, c’est plutôtBruxelles et la Wallonie qui sont les plus touchées.Deux cent neuf mille tickets en moins à la capitale,576 000 en moins au sud du pays. C’est quandmême important. Assez énorme. Les Flamands seportent mieux puisqu’ils réduisent seulement de108 000 unités. Et au niveau de la moyenne duspectateur, là aussi elle est en diminution, toutcomme le nombre de cinémas qui ne disposent qued’une salle. Ils étaient 34, ils ne sont plus aujour-d’hui qu’une trentaine.

Et donc, par rapport à ce premier constantchiffré, j’aurais souhaité que vous puissiez, au seinde cette commission, nous proposer, nous fairepart d’une série, éventuellement de pistes d’amé-liorations, que vous ambitionnez à porter durantl’ensemble de cette législature.

Une autre réflexion concerne évidemment l’ex-ception culturelle qui est quelque part aujourd’huila pierre d’achoppement de notre politique cultu-relle communautaire, voire pour certains, euro-péenne. Il faut quand même reconnaître et consta-ter que cette exception culturelle fonctionne mieuxen Flandre et en France, où il est vrai il y a un sen-timent identitaire et culturel beaucoup plus fort auniveau du citoyen que chez nous.

Et, malheureusement, ce n’est pas valable quepour le cinéma. C’est aussi valable en littérature,en arts de la scène ou dans une série d’autres do-maines. Ne dit-on pas que nul n’est prophète dansson pays ? Et c’est vrai que cela se confirme. Et ona parfois l’impression que lorsqu’on est reconnuau niveau de Paris, ou lorsque l’on obtient un prixinternational, que ce soit aux Césars ou ailleurs,qu’on attise quelque part la curiosité du publicmême si, en plus, ce n’est pas toujours non plusvrai et que cela ne se traduit pas non plus toujourspar une fréquentation en hausse.

Par ailleurs, on vit aussi dans une société enmutation où la manière de consommer l’art et plusspécifiquement les films a évidemment fortementévolué. La rapidité avec laquelle on dispose au-jourd’hui de films qui sortent en salle que ce soiten streaming ou en vidéo à la demande, évidem-ment rapide, n’est nullement comparable à ce que

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l’on pouvait connaître en Fédération Wallonie-Bruxelles il y a dix ou vingt ans. J’ai interpellévotre collègue, le ministre Marcourt, en commis-sion des Médias, justement sur la conséquence deNetflix, par exemple, sur le paysage audiovisuel,en le questionnant sur la manière dont on pouvaitaussi, à travers des opérateurs comme celui-là, àun moment attirer l’attention sur la sauvegarde etla mise en valeur du cinéma belge, voire du cinémaeuropéen puisque aujourd’hui, quand on fait desrecherches sur Netflix, on ne trouve pas de visua-lisation rapide, par exemple, du cinéma européenou du cinéma belge

En fonction de cet état des lieux, j’aurais sou-haité savoir quelles sont aujourd’hui les premièrespistes de réflexion pour valoriser justement nosfilms au niveau du public.

Les tentatives précédentes c’était plutôt demettre un focus sur l’aide à la production. Je medemande si à moment il n’y a pas plutôt moyen defaire un focus vers la promotion ou vers la diffu-sion justement pour promouvoir la promotion etla diffusion des films.

Et enfin, j’aurais souhaité savoir si le Centredu cinéma, à ce stade, a pu vous rendre un avissusceptible de pouvoir nourrir votre réflexion à cesujet.

Je vous remercie pour votre réponse.

Mme Joëlle Milquet, vice-présidente et mi-nistre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance.– Je vous remercie pour la question qui est étayéeet qui a une vision, je pense, assez pertinente parrapport à l’évolution de la politique culturelle àl’égard du cinéma. C’est vrai que nous sommesévidemment très fiers de la manière avec laquelle,par une stratégie commune, au fond, fédérale avecle Tax shelter, et tout le soutien au niveau de laFédération, nous avons, en ayant bien ciblé unepriorité, en ayant mis les moyens et les outils juri-diques, au fond pu faire éclore une très belle his-toire dont il ne faudrait pas diminuer ni l’excel-lence ni l’impact par un fléchissement de nos poli-tiques.

Donc, c’est pour cela que la première chosec’est de pouvoir continuer à s’inscrire dans une vi-sion transversale où on mutualise les efforts entreles différents secteurs, opérateurs et dès lors ni-veaux de pouvoir ou responsables. Il y a les créa-teurs, il y a les exploitants, il y a les producteurs, ily a les distributeurs, il y a les opérateurs culturels,il y a le monde associatif, il y a les écoles. Voilà,c’est vraiment dans une stratégie collective pouravoir en fait une meilleure rencontre entre notre ci-néma et son premier public. Et c’est d’abord aussimême connaître son propre cinéma. On n’a pasde cours d’histoire du cinéma, contrairement à laFrance, et on n’a pas dès lors, comme pour la lit-térature belge, de cours de notre cinéma belge. Jepense qu’il y a des modules que l’on devrait dé-

ployer également par rapport à cela, notammentdans les écoles.

Alors, c’est vrai, vous l’exprimez, il y une di-minution de la fréquentation cinématographiquequi est un fait de société lié, chez les jeunes notam-ment, à l’augmentation, il n’y a pas que les jeunes.Il y a à la fois tout l’achat des films que l’on peutfaire directement sur sa propre télévision et puis,chez les jeunes où ils regardent dans leurs propresordinateurs et où la télévision n’est déjà plus tota-lement le véhicule pour regarder un film.

Donc on a une baisse de fréquentation quitouche un peu plus fortement la Région wallonneque la Région flamande. Je ne dis pas pour au-tant que le cinéma se porte mieux en Flandrequ’en Wallonie mais il est vrai qu’il y a une poli-tique, une stratégie culturelle identitaire plus forteavec l’investissement aussi dans la diffusion, vousle dites, au niveau flamand et un investissementaussi dans la médiatisation et la personnalisationdes acteurs qui sont aussi parfois des acteurs dethéâtre. Nous, nous ne personnalisons pas, nousnous mouvons pas assez personnellement, nous nestarisons pas suffisamment nos propres acteurs.C’est vrai qu’en Wallonie, nous sommes, et celac’est politico-sociologique et culturel, on est dansle monde francophone.

Nous sommes dans le monde francophone,et donc dans le monde français, et nos acteursdoivent dès lors faire souvent passer par la caseParis avant de revenir. On a une identité quiest moins forte en termes de monde francophonebelge, liée évidemment à notre très grande proxi-mité avec le monde culturel français.

Nous ne pouvons pas fléchir en matière d’aideà la production et avoir une diminution du finan-cement de la Commission du film. Sûrement pas.Au contraire, nous devons soutenir la création desjeunes créateurs, nous devons rester au top ; on nepeut pas passer de la production à la diffusion.Par contre, on doit monter parallèlement en puis-sance, également en ce qui concerne le soutien à ladiffusion.

La politique a quand même évolué. Depuispratiquement cinq ans, un effort volontaire s’estdéployé vers la promotion et la diffusion de nosfilms. Des modifications des aides à la promotionsont entrées en vigueur encore récemment en no-vembre 2013 et visent à apporter un accompagne-ment adapté afin de permettre à chacun de trouverson public. On a des moyens qui ont été consacrésà cet effet. On est passé de 700 000 euros en 2009à plus d’un million en 2014. Il y a la création desMagritte depuis 2011, qui permet aussi d’identi-fier beaucoup mieux notre cinéma et de dévelop-per un peu un sentiment de fierté francophone. Il ya le Week-end du Doc, le jour le plus court, autresinitiatives de la Fédération créées en 2013-2014.

Mais il est vrai que, notamment par rapport

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aux centres culturels, il y a déjà des obligations.Est-ce qu’elles sont assez bien portées ? Est-ce qu’ilne faut pas les repenser ? On a le nouveau CinéPalace qui va s’ouvrir où on va pouvoir beaucoupplus déployer notre propre cinéma en art et essai.

Je pense qu’il faut déployer cet aspect-la demanière plus volontaire encore, et vous avez rai-son.

Mme Véronique Salvi (cdH). – Je remercieMme la ministre pour ses réponses. Je retiens entout cas le lien qu’on pourrait faire avec le mondede l’enseignement. C’est vrai que l’identité, elle seconstruit aussi au travers de l’éducation et de l’in-formation qu’on donne aux plus jeunes et que sansdoute ce pan-là de notre histoire culturelle est ab-sente. Donc, si effectivement une réflexion peutêtre menée en ce sens, c’est évidemment très bien.Je me rends bien compte que la question ne peutpas apporter de réponse définitive et que le travailen partenariat y sera évidemment fondamental.

Juste une petite touche régionale : le Pôle del’image va également s’ouvrir à Charleroi, norma-lement l’année prochaine. Ce seront quatre sallesexclusivement dédiées au cinéma d’art et essai avecun centre de formation et de promotion. Je penseque c’est vers ce type d’outil qu’on doit pouvoiraller pour justement valoriser notre nouveau ci-néma.

1.10 Question de M. Bruno Lefebvre àMme Joëlle Milquet, vice-présidente et mi-nistre de l’Éducation, de la Culture et del’Enfance, intitulée « Écoles des devoirs »

M. Bruno Lefebvre (PS). – Les écoles des de-voirs sont un élément crucial de la lutte contre lesinégalités scolaires, l’exclusion sociale et la discri-mination. Elles mènent un travail préventif dansplus de trois cents structures et auprès de plusde quinze mille jeunes et leurs familles. En effet,les enfants n’ont pas toujours la chance de pou-voir être aidés à la maison ou ne peuvent pas tou-jours travailler dans de bonnes conditions. Dansles écoles de devoirs, soixante pour cent des en-fants accueillis sont issus de milieux précarisés.Lieu d’épanouissement, d’écoute, d’accompagne-ment et de soutien pour construire son avenir etcombattre la précarité, les écoles de devoirs en-tendent faire des enfants des futurs citoyens, actifset responsables.

Dans la société actuelle, où malheureusementles inégalités se développent encore, les écoles dedevoirs ont donc un rôle d’accompagnement desjeunes qui est primordial. Et les résultats sont làpuisque la majorité des élèves prenant part à uneécole de devoirs termine l’année avec un bulletinpositif.

Cependant, le manque de places dans lesécoles de devoirs est criant. En effet, la Fédération

francophone des Écoles des devoirs a constaté cesdernières années une augmentation croissante dela demande en places en écoles de devoirs danstoute la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il existedes listes d’attente dans deux tiers des écoles de de-voirs ; presque cent pour cent des écoles de devoirsont des listes d’attente dans les villes de Bruxelleset Liège.

La Fédération francophone des Écoles des de-voirs attribue ces faits à plusieurs facteurs dont,notamment, l’augmentation des inégalités sco-laires et la précarité dans notre société. Notre sys-tème scolaire doit donc être repensé dans sa glo-balité afin d’enrayer cette recrudescence des inéga-lités à l’école. En dehors d’une évaluation et d’uneremise en question du système scolaire, il est né-cessaire aujourd’hui de prendre des mesures spéci-fiques.

Aujourd’hui, les écoles de devoirs accueillentde plus en plus d’enfants mais les moyens octroyés,eux, n’augmentent pas. Les écoles de devoirs fontdonc face à un manque de moyens financiers, maiségalement humains. La subvention moyenne ac-cordée actuellement par an et par école de devoirss’élève à 5 413 euros.

L’enquête Sonecom de 2012 démontrait que lesubside de l’ONE, octroyé par décret, ne permetgénéralement aux écoles de devoirs que de couvrirune petite partie des frais engendrés. Dans la moi-tié des cas, le subside ne représente que trois pourcent des subsides nécessaires au fonctionnement.Dans près de 79 pour cent des cas, le subside re-présente seulement 9,82 pour cent du subside glo-bal. À côté de cela, aucun emploi n’est attribuéaux écoles de devoirs.

Elles revendiquent notamment un emploi, unéquivalent temps plein, par école de devoirs ainsiqu’un subside pour l’accueil des quinze à dix-huitans puisqu’actuellement, le décret reconnaît lesécoles de devoirs comme des structures ouvertesaux enfants de six à dix-huit ans, mais il n’existeaucun subside pour l’accueil de ces derniers alorsque celui-ci nécessite pourtant un accompagne-ment tout à fait spécifique.

La Fédération des Écoles de devoirs regretteégalement une multiplication des sources de fi-nancement, ce qui entraîne une lourdeur adminis-trative qu’elles peuvent difficilement prendre encharge par manque de temps, les équipes étantdéjà largement surchargées. De plus, il existe untrès grand roulement dans les équipes, ce qui renddifficile la mise en place de projets sur le longterme. En effet, trois écoles de devoirs sur quatrebénéficient d’aide à l’emploi, sans pérennité deposte donc.

En outre, la Fédération attire l’attention surles normes de sécurité et d’hygiène qui ne cessentd’évoluer pour le bien-être des enfants maisauxquelles elles ne peuvent faire face, faute de