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1 GAÏA SCIENZA ga ï a s enza ci Gazette du Centre d’Écolog ie Urbaine #08 équinoxe d’automne 2013 Les plantes sauvages 2€

Gaïa scienza #8

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Publication de l'équinoxe d'automne 2013 du Centre d'Ecologie Urbaine de Bruxelles sur le thème des plantes sauvages

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éditoLes modernes, les post-modernes,

les hyper-modernes, les ultras-modernes ou les super-modernes

sont tous d’accord : Quand on veut s’élever, on regarde vers le haut. Quand les cahuttes des plus pauvres tapissent le sol, les buildings des plus riches convoitent le ciel. S’arracher à la terre et aux lois de la nature est presque toujours présenté comme un exploit, une performance, une victoire. Élévation par les sauts à la perche, les balades en échasses, les voyages en fusée, les appartements aux derniers étages d’un gratte-ciel ou le choix audacieux du talon-aiguille : tout est bon pour gagner quelques centimètres, quelques mètres ou quelques kilomètres. C’est ainsi que l’on grappille un peu plus de réputation, de prestige, de renom et d’allure. Pour parodier Baudelaire qui aimait bien causer sur la modernité de son époque : « Par-delà les terres, par-delà les prés, les montagnes ou les étoiles, l’intelligence s’élance avec agilité vers ses tendres billevesées ». Mais attention : il n’y a rien de plus ridicule et de plus dangereux que de porter des talons hauts quand on ne

sait pas marcher avec. A fortiori si c’est pour se balader dans les petites rues pavées de Bruxelles ou partir glaner de la berce sphondyle dans les enclaves sauvages de la ville.Ainsi, dans une interview exclusive récemment donnée à Gaïa Scienza, un hêtre du bois de la Cambe a déclaré sans détour : « je regarde vers le bas parce que je suis arrivé au sommet ». La futaie, visiblement peu au fait de l’air du temps, s’est attirée les foudres. « Se prend-elle pour le premier moutardier du pape ? » s’est écrié un bûcheron passant par là, la hache affûtée au poing. L’histoire évidemment est dramatique. D’autant que cet hêtre était connu dans toute la forêt pour sa grande bonté, son humilité et son infinie générosité. Ses racines puissantes allaient puiser l’eau des profondeurs sans pour autant déranger les plantes et les insectes nichés à son pied. A l’automne, sa large couronne s’enflammait et donnait l’humidité qui favorise les symbioses fongiques, autrement dit les champignons. Aussi considérait-il toujours les plus petits avec déférence qui, à leur tour, le nourrissaient, le soignaient

Gardons le s pieds sur terre

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et lui racontaient des tas d’histoires et d’anecdotes en vue de le divertir car les hêtres, souvent, s’ennuient. En l’abattant, le bûcheron s’est donc trompé. Il a pris pour de la roguerie ce qui n’était qu’une déclaration rugueuse de bon sens : quand on est arrivé en haut de quelque chose, on ne peut plus que redescendre. Il faut donc faire attention à se prendre les pieds dans le tapis quand on a le nez dans les nuages et les idées qui divaguent.

Cette édition automne-hiver de Gaïa Scienza voulait ainsi traiter d’économie locale. Mais nous ne sommes pas allés si loin pour ne pas provoquer le courroux de bûcherons qui pourraient être durs de la feuille et mal comprendre nos desseins. Nous avons donc fait une halte en cours de route. Nous avons regardé à nos pieds, autour de nous, tendu l’oreille à ce qui se dit et à ce qui se fait. Pas de micro ou de macroéconomie à proprement parler dans ce numéro. Juste une reconnaissance de terrain, un stage d’observation, un regard circulaire pour identifier ce qui a du sens dans le fait de vouloir s’enraciner plus

localement. Nous avons ainsi accueilli dans nos colonnes un petit examen de Jancovici sur la notion d’ « industrie », un texte de Gwenaël Breës sur un des grands enjeux Bruxellois : le Canal du Biestebroeck. Nous avons également navigué vers l’utopie aquaponique où nous avons trouvé quelques outils utiles pour la gestion écologique des villes. Et puis nous avons aimé réaliser une revue de presse Bruxelloise à tendance persiffleuse où l’on apprend qu’une vendetta contre les herbes sauvages a éclaté alors même que notre journaliste Jacqueline Fletcher en fait une charmante apologie pleine d’érudition : les mauvaises herbes, ça soigne et ça se mange ! Pour ceux qui voudront joindre le geste à la parole, toutes les recettes qui ont fait les glorieux repas de cet été sont là, dans ce numéro. Plutôt que de nous prendre les pieds dans les tapis d’herbes sauvages, nous y avons mis les mains pour les cuisiner. Et comme on ne parle pas la bouche pleine, on ne dit pas de bêtise.

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sommaireL’économie bouddhistepar Ernest Friedrich

Sauver l’industrie, oui mais quelle industrie? par Jean-Marc Jancovici

Grande dis tribution ve rsus commerce s de proximité: quel avenir pour l’emploi?par Benjamin Taveau

Une croisette à Anderlecht par Gwenaël Braës

DoSSier AqUAponie par Swen Ore et Stephan Kampelmann

L’aquaponie à la recherche du mouvement perpétuel?

Comment évaluer le s différente s techniques d’horticulture en ville?

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The bad seeds par Jacqueline Fletcher

Les mauvaise s g raines par Jacqueline Fletcher, traduit par Swen Ore

Agenda de l’écolog ie urbaine

Aban(do)nnez-vous

Les brève s

Les plantes sauvages ont le goût de l’abondance

L’aquaponie et la recherche du mouvement perpétuel

L’aquaponie, une propédeutique à la complexité d’un jardin en p leine terre

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Gagner son pain honnêtement est l’un des préceptes du Noble Sentier à huit voies du Bouddha.

Il doit donc exister une science économique bouddhiste.

Les pays bouddhistes ont souvent affirmé vouloir rester fidèles à leur héritage en alliant valeurs religieuses et progrès économique, santé spirituelle et bien-être matériel [...]. Malgré tout, ces pays affectent invariablement de pouvoir calquer leurs plans de développement économique sur l’économie moderne. Ils appellent en consultation des économistes modernes de pays dits avancés, pour établir la politique à suivre et pour échafauder le grandiose projet de développement: plan quinquennal ou autre, quel que soit le nom qu’on lui donne. Personne ne semble songer qu’un style de vie bouddhiste réclame une économie bouddhiste, tout comme

le style de vie matérialiste moderne a fait naître l’économie moderne.

Les économistes eux-mêmes, comme la plus part des spécialistes, souffrent normalement d’une cécité métaphysique, et tiennent leur spécialité pour une science aux vérités absolues et immuables, sans aucun présupposé. Certains vont même jusqu’à clamer que les lois économiques sont aussi indépendantes de la „métaphysique“ ou des „valeurs“ que l’est la loi de la gravitation. Point n’est pourtant besoin d’entrer dans des querelles de méthodologie. Prenons plutôt quelques uns des principes et voyons à quoi ils ressemblent, du double point de vue de l’économiste moderne et de l’économie bouddhiste.

Le travail humain est unanimement admis comme source fondamentale de richesse. L’économiste moderne en

L’économie bouddhiste

L’article «Buddhist economics» fut publié pour la première fois en 1966 et depuis maintes fois réimprimé et réédité. L’extrait français que nous proposons est une traduction de Danielle et William Day et Marie-Claude Florentin édité par Contretemps / Le Seuil dans le chapitre 4 de Small Is Beautiful - une société à la mesure de l’homme. Cet extrait pose que les fonctions économiques sont nécessairement liées aux dimensions métaphysiques et éthiques d’une culture qui, prises ensemble, permettent une définition satisfaisante de la notion de « travail ».

Ernest Friedrich Schumacher et the New Ecomics Institute

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est arrivé à considérer désormais le „travail“ comme un mal nécessaire, ou à peine plus. Pour l’employeur, c’est en tout cas un simple élément de coût, qu’il convient de réduire à un minimum, faute de pouvoir l’éliminer complètement, disons, par l’automation. Pour l’ouvrier, le travail n’a pas d’utilité en soi (il est ce que les économistes nomment une «désutilité»). Travailler revient à sacrifier son temps de loisir et son confort, le salaire n’étant qu’une sorte de compensation reçue pour ce sacrifice. L’idéal est donc, pour l’employeur, de produire sans employés et, pour l’employé, d’avoir un revenu sans travailler.

Les conséquences, aussi théoriques que pratiques, de telles attitudes, sont bien sûr d’une très grande portée. Si l’idéal, en ce qui concerne le travail, est de s’en délivrer, toute méthode qui „allège la charge de travail“ est bonne. La méthode la plus efficace, proche de l’automation, est celle dite „division du travail“. Il ne s’agit pas ici d’une spécialisation ordinaire, pratiquée par l’humanité depuis la nuit des temps, mais de la division de chaque processus global de production en infimes parties. Ainsi peut-on fabriquer le produit final à une cadence accélérée, sans jamais demander à l’ouvrier de contribution autre qu’insignifiante, le plus souvent réduite à un banal mouvement de jambes ou de bras.

Du point de vue du bouddhisme, la fonction du travail est au moins triple.

Donner à l’homme la chance d’exploiter et de développer ses facultés. Lui permettre de dominer son égocentrisme en participant avec d’autres à une tâche commune. Produire les biens et les services nécessaires à une existence décente. Les conséquences d’une telle optique sont, ici encore, infinies. Organiser le travail de sorte à lui ôter toute signification, à le rendre ennuyeux, absurde, à en faire un véritable supplice pour les nerfs de l’ouvrier, friserait l’acte criminel. Ce serait preuve d’un plus grand intérêt pour les choses que pour les gens, d’un dangereux manque de compassion et d’un degré d’attachement à l’aspect le plus primitif de cette existence terrestre, nuisible pour l’âme. De la même manière, vouloir faire des loisirs une alternative au travail passerait pour une total méconnaissance de l’une des vérités les plus fondamentales de l’existence humaine, à savoir que le travail et les loisirs sont des parties complémentaires d’un même processus d’existence, que l’on ne saurait séparer sans ruiner la joie que procure le travail et la félicité qu’apportent les loisirs. [...]

L’économie bouddhiste doit donc être très différente de celle du matérialisme moderne, puisque le bouddhisme conçoit l’essence de la civilisation non comme une multiplication des besoins, mais comme la purification du caractère de l’homme, caractère que forge, en premier lieu, le travail. Le travail consacre par ailleurs ceux

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qui l’exécutent, ainsi que leurs produits […]. Si un homme n’a pas la chance d’obtenir du travail, il se trouve dans une situation désespérée, non pas simplement parce qu’il ne dispose d’aucun revenu, mais parce qu’il est privé de ce facteur que rien ne peur remplacer: le travail discipliné, qui nourrit et stimule. Un économiste moderne peut se lancer dans de très savants calculs pour savoir si le plein emploi „paie“, ou s’il serait plus „économique“ de faire marcher une économie en-dessous du plein emploi, de façon à assurer une plus grande mobilité de la main-d’œuvre, une meilleure stabilité des salaires, et ainsi de suite. Pour lui, le critère fondamental du succès est uniquement la quantité totale de biens produits pendant une période donnée. «Si l’utilité marginale des biens est minime, écrit le Professeur Galbraith dans l’Ère de l’Opulence (1958), la nécessité d’employer la main-d’œuvre jusqu’au dernier homme ou jusqu’au dernier million d’hommes ne se fait pas davantage sentir ». Et, plus loin: «Si notre besoin de production est tellement restreint que nous puissions nous permettre un certain chômage dans l’intérêt de la stabilité, nous pouvons aussi accorder aux chômeurs les biens qui leur permettent de conserver leur niveau de vie.»

D’un point de vue bouddhiste, c’est le monde renversé que d’estimer les biens plus que les gens, et la

consommation plus que l’activité créatrice. Cela revient à déplacer le centre d’intérêt de l’ouvrier au produit de son travail, c’est-à-dire de l’humain au sous-humain: c’est là une véritable reddition aux forces du mal. Le point de départ même de la planification du plein emploi, dans le but principal, en fait, d’assurer un emploi à tous ceux qui ont besoin de travailler «au-dehors». Rien à voir avec la maximisation de l’emploi ou la maximisation de la production. Les femmes, somme toute, n’ont pas besoin de travailler «au-dehors». L’embauche à grande échelle de femmes, dans les bureaux et les usines, serait considérée comme un signe d’échec économique sérieux. Il serait en particulier aussi peu économique, du point de vue de l’économie bouddhiste, de laisser les mères de jeunes enfants travailler en usine pendant que leurs enfants sont livrés à eux-mêmes, que d’envoyer un ouvrier spécialisé à la guerre, du point de vue de l’économie moderne.

Tandis que les richesses intéressent plus que tout le matérialiste, la libération représente le souci numéro un du bouddhiste. Mais le bouddhisme, «la Voie du Milieu», n’est en aucun cas opposé au bien-être physique. Ce n’est pas la richesse qui fait obstacle à la libération, mais l’attachement à la richesse; ce n’est pas non plus le plaisir que procure les choses agréables qui est condamnable, mais le désir ardent de les obtenir. Simplicité et non-violence sont donc les dominantes

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de l’économie bouddhiste. Pour un économiste, l’aspect merveilleux du style de vie bouddhiste réside dans sa rationalité absolue: des moyens étonnamment faibles conduisant à d’extraordinairement bons résultats.

L’économiste moderne éprouve beaucoup de difficultés à comprendre cela. Habitué qu’il est à évaluer le « niveau de vie » d’après le montant de la consommation annuelle, il postule constamment qu’un homme qui consomme davantage « vit mieux » que celui qui consomme moins. Un économiste bouddhiste tiendrait cette approche pour le comble de l’irrationnel : puisque la consommation n’est qu’un moyen du bien-être de l’homme, le but devrait être d’obtenir le maximum de bien-être par le minimum de consommation. Ainsi, si la fonction des habits est de nous tenir chaud et de nous donner une agréable apparence, il faut atteindre ce but avec le moins d’effort possible, donc avec un moindre gâchis d’étoffe par an, et en choisissant les modèles qui requièrent le minimum de peine. Moins on prend de peine, plus on peut consacrer de temps et de force à la créativité artistique. Il serait, par exemple, grandement anti-économique de se lancer dans des coupes compliquées, comme on en voit dans l’Occident moderne, quand on peut obtenir un bien plus bel effet en se drapant habilement dans une étoffe non coupée. Ce serait le comble de la folie que de fabriquer du tissu qui s’use rapidement, et le comble de la barbarie

que de fabriquer quelque chose de laid ou de piètre apparence. L’habillement ne constitue pas un exemple à part. Il en va de même de tout ce dont l’homme a besoin. Propriété et consommation des biens sont des moyens en vue d’une fin. L’économie bouddhiste étudie systématiquement comment atteindre des fins données avec un minimum de moyens.

[…] Simplicité et non-violence sont, de toute évidence, étroitement liées. Le modèle de consommation optimal, qui procure aux hommes un haut degré de satisfaction grâce à une consommation relativement faible, permet aux gens de vivre sans grande tension. Ils peuvent alors obéir au Premier Commandement de l’enseignement bouddhiste : « cesse de faire le mal, cherche à faire le bien ». Comme les ressources physiques sont partout limitées, ceux dont les besoins sont satisfaits par un faible emprunt aux ressources naturelles risquent certainement moins d’en venir aux mains, que ceux qui en consomment en quantité. Pareillement, ceux qui vivent dans de petites communautés, presque en autarcie, courent moins de risques de se trouver confrontés à la violence à grande échelle, que ceux dont l’existence dépend de systèmes commerciaux à l’échelle mondiale.

Pour l’économie bouddhiste, une production tirée des ressources locales pour les besoins locaux est donc le style de vie économique le plus rationnel. Dépendre d’importations de l’étranger

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et, par conséquent, devoir produire pour l’exportation des biens destinés à des peuples inconnus et lointains représente par contre le summum du non-économique, et ne se justifie que dans des cas exceptionnels, et à petite échelle. Tout comme l’économiste moderne tient pour une calamité, et non pour le signe d’un haut niveau de vie, un temps élevé de transport entre le domicile d’un individu et son lieu de travail, l’économiste bouddhiste soutient que satisfaire les besoins des hommes à partir de sources lointaines plutôt que des voisines est signe d’échec, bien plus que de succès. L’économiste moderne a tendance à

Pour l’économiste bouddhiste, au contraire, les mêmes statistiques indiqueraient plutôt une dégradation fort peu souhaitable du mode de consommation. […]

Les enseignements du bouddha prescrivent de témoigner d’une attitude respectueuse et non-violente, non seulement à l’égard de tous les êtres sensibles mais aussi – on y insiste – à l’égard des arbres. Chaque disciple de Bouddha se doit de planter un arbre tous les deux ou trois ans, et d’en prendre soin jusqu’à ce que celui-ci ait bien pris. L’économiste bouddhiste peut sans difficulté démontrer que

considérer les statistiques montrant un accroissement du nombre de tonnes/kilomètre par habitant véhiculé par les moyens de transport comme une preuve de progrès économique.

l’observance universelle de cette règle entraînerait un haut niveau de développement économique véritable, qui n’aurait nul besoin d’une aide étrangère. La décadence économique

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de beaucoup de régions du monde est indubitablement due, en grande partie, à la négligence imprudente et scandaleuse dont on fait preuve à l’égard des arbres.

L’économie moderne ne distingue pas entre matières renouvelables et non renouvelables, dans la mesure où sa méthode consiste à tout égaliser et à tout quantifier au moyen d’un prix évalué en termes monétaires. Ainsi, prenons diverses sources d’énergie, au choix, comme le charbon, le pétrole, le bois et la force hydraulique. La seule différence que leur reconnaît l’économie moderne est leur coût relatif par unité équivalente. La source d’énergie la moins chère est automatiquement celle qu’il faut préférer : agir autrement serait irrationnel et « non-économique ». Aux yeux d’un bouddhiste, cela ne conviendra pas du tout, naturellement. La différence essentielle entre énergies non renouvelables, comme le charbon et le pétrole, et énergies renouvelables, comme le bois et la force hydraulique, ne peut pas être purement et simplement ignorée. On ne doit utiliser les biens non renouvelables qu’en cas de nécessité et, même alors, toujours avec le plus grand discernement et le plus profond souci de leur conservation. En faire un usage inconsidéré ou extravagant est un acte de violence. Or, même si la non-violence absolue ne peut pas être atteinte sur cette terre, l’homme a cependant le devoir inéluctable de tendre, par ses actes, à cet idéal de

non-violence.

Un économiste européen moderne ne considérerait certes pas que vendre à des prix intéressants à l’Amérique tous les trésors de l’art européen soit un grand succès économique. De la même manière, l’économiste bouddhiste insiste sur le fait qu’une population qui fonde sa vie économique sur des énergies non renouvelables vit en parasite, sur son capital et non de son revenu. Un tel mode de vie ne saurait durer en permanence et ne peut à la rigueur se justifier que comme un expédient purement provisoire. Les ressources du monde en énergies non renouvelables – charbon, pétrole et gaz naturel – sont loin d’être uniformément réparties à travers le globe. De plus, elles existent sans aucun doute en quantités limitées. Il est donc évident que leur exploitation toujours plus importante est un acte de violence perpétré contre la nature, qui doit presque inévitablement conduire à la violence entre les hommes.

Ce seul fait devrait donner matière à réflexion, même à ces gens des pays bouddhistes qui se moquent des valeurs religieuses et spirituelles de leur héritage, et désirent ardemment embrasser, le plus vite possible, le matérialisme de l’économie moderne. Avant de rejeter l’économie bouddhiste comme, au mieux, un rêve nostalgique, ils feraient bien d’examiner si le chemin du développement économique tracé par l’économie moderne a des chances

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de les conduire là où ils veulent aller vraiment [...].

Il reste la question immédiate de savoir si la « modernisation », telle qu’elle est pratiqué aujourd’hui, sans égard pour les valeurs religieuses et spirituelles, donne vraiment des résultats satisfaisants. En ce qui concerne les masses, les résultats apparaissent désastreux : effondrement de l’économie rurale, vague montante du chômage dans les villes et les campagnes, et croissance du prolétariat urbain privé de nourritures corporelles et spirituelles.

C’est à la double lumière de l’expérience immédiate et des perspectives à long terme que l’on pourrait recommander l’étude de l’économie bouddhiste, même à ceux pour qui la croissance économique est plus importante que n’importe quelle valeur spirituelle ou religieuse. Car il ne s’agit pas de choisir entre « croissance moderne » et « stagnation traditionnelle ». Il s’agit plutôt de trouver le vrai chemin du développement, la Voie du Milieu entre l’insouciance matérialiste et l’immobilité traditionaliste ; en résumé, de trouver comment « gagner son pain honnêtement ».

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L’air est désormais entonné depuis des années : notre pays se désindustrialise. Les

symptômes sont bien connus : la part de l’industrie dans l’emploi diminue, la balance commerciale des produits manufacturés est à la peine, les entreprises de croissance dans le domaine industriel se font rares, etc. C’est grave, docteur ? Peut-être. Mais peut-être qu’il est surtout bien plus malaisé de tirer une conclusion qu’on le pense. Car le bon vieux triptyque agriculture-industrie-services est de moins en moins représentatif du monde qui nous entoure, et bon nombre d’activités placées dans une des catégories pourrait tout aussi bien figurer dans une autre au regard de la réalité physique. Que fait un ouvrier dans un laminoir, qui est assurément une industrie? Il appuie sur des boutons et des manettes pour piloter une machine d’une puissance de 100 MW environ. Que fait un pilote dans un avion, dont l’exploitation entre dans la catégorie « services » ? Il appuie sur des boutons et des manettes pour piloter une machine d’une puissance de 150 MW… Que fait un ouvrier sur une chaîne de montage de machines à café ? Un mouvement répétitif près

d’un convoyeur d’objets. Que fait un manutentionnaire d’aéroport qui charge des valises sur un tapis roulant ? Un mouvement répétitif près d’un convoyeur d’objets. Que fait un cuisiner dans un restaurant, classé dans les services? Il transforme des produits alimentaires pour fournir des plats qui se mangent. Que fait un ouvrier dans une charcuterie industrielle ou une usine de préparation de plats surgelés ? Il transforme des produits alimentaires pour fournir des plats qui se mangent. Qu’est-ce qui sort d’une usine de voitures ? Des voitures qui roulent, sur lesquelles des ouvriers ont installé des pièces. Qu’est-ce qui sort d’un garagiste ? Des voitures qui roulent, sur lesquelles des ouvriers ont installé des pièces. Le lecteur l’aura compris : depuis que les machines fonctionnant à l’énergie (pas seulement électrique) sont devenus des exosquelettes surpuissants omniprésents dans notre vie productive, la ligne qui sépare l’industrie des services est devenue de plus en plus floue. Avec une autre définition de l’industrie, qui collerait à la réalité physique et non à une nomenclature vieille de plusieurs siècles et désormais purement

Sauver l’industrie, oui, mais quelle industrie ?

Par Jean-Marc Jancovici

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formelle, il n’est pas sûr que nous aurions le même résultat ! Car en termes quantitatifs, notre société n’a jamais été aussi industrielle qu’aujourd’hui. Jamais nous n’avons produit autant de voitures, d’avions, de tables, de chaises, et... de plats surgelés ! Si nous prenons comme étalon les flux physiques que nous manipulons, y compris au travail, l’affirmation de « baisse de l’industrie » devient parfaitement inexacte. La « désindustrialisation » est aussi une notion discutable. Toute une partie des produits manufacturés que nous importons aujourd’hui n’ont tout simplement jamais été fabriqués dans notre pays. C’est notamment le cas de l’électronique de loisirs (à quelques exceptions près, nous n’avons jamais eu d’usines dans ces domaines), de l’informatique, d’une partie du textile (la France métropolitaine n’a jamais eu de coton), etc, pour lesquels nous n’avons jamais rien connu que le « made in ailleurs ». Où est la délocalisation en pareil cas ? Une usine de constructeur automobile fait-elle « le printemps » pour la totalité de l’activité ? Parlons maintenant d’avenir, en commençant avec cette question en apparence provocante ici : pourquoi faudrait-il développer l’industrie coûte que coûte ? Si nous diminuons l’emploi industriel en diminuant la charcuterie industrielle vendue en supermarchés, mais que dans le même temps plus de charcutiers tiennent des commerces de centre ville, c’est un bien ou un mal pour la société ? Si plus de garagistes

maintiennent en vie plus longtemps un parc automobile, avec une baisse de la fabrication de voitures, c’est un bien ou un mal pour la société ? A l’heure du monde fini et de la fin prochaine de l’énergie facile, qui vont radicalement bouleverser les schémas de pensée habituels et la poursuite de la mondialisation, il n’est pas sûr que la multiplication des usines soit un but en soi, ni que toute usine en vaille une autre. La bonne question est désormais de savoir quelle industrie sera la bonne pour faire face aux défis majeurs qui nous attendent maintenant que nous savons que le monde est fini, et qu’une partie des ressources - l’énergie fossile - ne s’utilise qu’une seule fois.

Tribune publiée sur le site de La Fabrique de l’Industrie en février

2012

site de l’auteur : www.manicore.com

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Le livre noire de la grande distributionLes grandes surfaces sont apparues en France dans les années 1960. A l’époque, toutes les communes disposent de leurs commerces de proximité mais celui-ci véhicule une image extrêmement négative pour la plupart des consommateurs : nombre d’intermédiaires élevés entre le producteur et le client (10 à 12), prix gonflés, absence de choix...Edouard Leclerc, pour remédier à cette situation, ouvre son premier magasin à Landerneau en 1949. En supprimant tous les intermédiaires, le fondateur du groupe Leclerc arrive à vendre des produits deux fois moins chers : le succès est immédiat.La suite de l’histoire de la grande

distribution est moins rose. La taille évolue rapidement, en passant du petit magasin du Finistère de 50m2 aux vastes hypermarchés disposant d’une surface de vente de plus de 2.500 m2. Le nombre de grandes surfaces connaît ensuite une augmentation exponentielle – de 284 en 1975 à plus de 1700 aujourd’hui – malgré les tentatives de régulation des pouvoirs publics.

Peu à peu, le rapport de force entre les producteurs (industriels, agriculteurs) et la grande distribution s’inverse dangereusement. Très vite, les grandes surfaces sont incontournables pour n’importe quel industriel agro-alimentaire désirant vivre ou survivre. Aujourd’hui, seules

Grande distribution versus commerces de proximité: quel avenir pour l’emploi?

Par Benjamin Taveau

A l’heure où beaucoup d’hommes politiques se demandent comment faire face au chômage de masse en Europe, le redéploiement du commerce de proximité est peut être une des solutions les moins évoquées. Pourtant, les gains potentiels

en terme d’emploi, de cohésion sociale et d’aménagement du territoire sont nombreux et trop souvent sous-estimés. Christian Jacquiau, dans son ouvrage Les coulisses de la grande distribution, s’attarde sur les conséquences néfastes du passage d’un commerce tradionnel centré sur l’économie locale à un commerce dominé par les grands distributeurs.

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cinq centrales d’achats, représentants les cinq plus grandes enseignes de la distribution ont le pouvoir de vie ou de mort sur les quelques 70 000 entreprises fournisseurs et les 300 000 exploitations agricoles.

Chaque producteur doit passer l’étape du référencement s’il veut continuer à exercer son activité. Les règles édictées par la centrale d’achat sont nombreuses pour qu’un fournisseur puisse obtenir le droit d’apparaitre dans les rayons des grandes surfaces : compression des prix au maximum, incitation à délocaliser la production, peu de regard sur la qualité du produit... Pour autant, c’est la seule façon que détiennent les agriculteurs et les fournisseurs pour avoir accès au marché de 65 millions de consommateurs.

C’est donc une situation de quasi-monopole pour les grands distributeurs. Ces derniers possèdent un pouvoir de pression immense sur les producteurs. Les conséquences en terme d’emplois et d’activités se révèlent désastreuses. Pour preuve, on assiste à un phénomène de création

surface, c’est trois à cinq emplois détruits ailleurs »2. Les chiffres officiels parlent d’une disparition de 174 200 entreprises de commerces de proximité entre 1966 et 1998, avec un funeste record pour les épiceries tradionnelles qui passent de 87 600 à 13 800 sur la même période.

Ce système favorise par ailleurs une agriculture intensive et productiviste qui ne se soucie ni de la qualité des produits, ni du capital humain.

Mais le consommateur dans tout ça ? N’est-il pas gagnant en ayant accès à des milliers de produits à bas coûts ? En fait non, « la lutte contre la vie chère » se retourne contre le client à moyen terme. Chaque consommateur, en achetant dans les grandes surfaces, scelle le déclin du commerce de proximité et participe à l’augmentation du chômage. Qui dit plus de demandeurs d’emplois dit moins de salaires distribués, donc moins de cotisations salariales et patronales, donc plus d’impôts pour pouvoir financer le système de sécurité sociale. Au final, selon Christian Jacquiau, « les salaires que nous ne payons plus aux salariés pour le travail qu’ils effectuent sont transférés sur la collectivité, via la protection sociale ». Les seuls gagnants sont les grands distributeurs qui arrivent à faire fortune via des marges arrières conséquences.

1. Par opposition à la théorie

de destruction créatrice

développée par l’économiste

Joseph Schumpeter

2. JACQUIAU Christian,

« Comment les hypers

détruisent les emplois »,

Marianne (n°400), décembre

2004.

destructrice1: les rares emplois crées dans les grandes surfaces ne compensent pas les perte d’emplois m a s s i v e s d a n s l’économie locale.

Ainsi, l’économiste Christian Jacquiau, estime « qu’un emploi crée en grande

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Le cercle vertueux des commerces de proximitéDepuis toujours, les grandes surfaces désirent investir dans de nouveaux secteurs : parfumerie, fleuriste, électroménager, culture, librairie, parapharmacie jusqu’à aujourd’hui revendiquer la vente de médicaments sans ordonnance. Malgré le fait que l’impact sur l’emploi soit extrêmement négatif, les politiques – de gauche comme de droite – n’ont jamais su résister aux sirènes de la grande distribution. Longtemps, l’ouverture des hypermarchés et des supermarchés a coïncidé avec le financement occulte de plusieurs partis ou élus3. Aujourd’hui, la France est le territoire où la densité d’hypermarchés par habitant est la plus forte d’Europe.

Il est maintenant temps de passer à un autre modèle de développement commercial, qui favorise le commerce de proximité. Les vertus du commerce traditionnel sont nombreuses : tout d’abord, il emploie 3,5 à 4,3 fois plus de personnel4 que la grande distribution pour une même surface de vente. Ensuite, il a une fonction de lien social, de convivialité et d’animation des centres-villes et des villages.

Après des années de déclin (1966-1998), le nombre de commerces de proximité tend à s’équilibrer sur la période 2000-2008. Néanmoins, la crise économique que nous connaissons a tendance à orienter

les consommateurs vers les grands distributeurs.

Il s’agit, une fois pour toutes, de préserver les commerçants et les artisans traditionnels par le biais de mesures efficaces et relativement simples à mettre en place:

• Mettre en place un prix unique (comme pour les journaux, les livres ou les cigarettes) su r ce r ta ins p rodu i t s .

• Révéler, via un indice INSEE paraissant chaque année, les marges que s’octroient les grands distributeurs .

• Réaliser, avant toute ouverture ou extension d’une grande surface, une étude d’impact sur les conséquences futures en terme d’emplois dans l’économie locale.

• Mettre en place une taxe pour toutes grandes surface supérieure à 1.000 m2 qui reviendrait aux

3. JACQUIAU Christian : « La démission des responsables politiques » IN Les coulisses de la grande distribution, ed Albin Michel, 2000.

4. Chambre régionale de com-merce et d’industrie du Rhône-Alpes : « Quel avenir pour le commerce de proximité ? », septembre 2008.

c o m m e r c e s tradionnels de petites surfaces (< 300 m2), leur p e r m e t t a n t a i n s i d e combler l’écart de prix.

Réguler la localisation des surfaces commerciales en mettant en place des documents d’aménagement

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commercial (DAC) contraignants.

En attendant que toutes ces solutions se mettent en place, chacun de nous, chaque consommateur peut participer au renouveau du commerce traditionnel. Comment ? En utilisant la méthode infaillible des grands distributeurs. Puisque ceux-ci ont supprimé tous les intermédiaires entre le producteur et le client final hormis la centrale d’achat, chaque consommateur peut décider lui-aussi de passer outre la case « grande surface » en favorisant les circuits-courts. Tout est à gagner et rien n’est à perdre dans le redéveloppement du commerce traditionnel : l’emploi, la convivialité, l’environnement, la proximité, la cohésion d’une société.

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À l’heure où la Région bruxelloise vient de fixer le sort d’une partie du bassin de Biestebroeck dans son nouveau Plan régional d’affectation du sol (PRAS « démographique ») et où la Commune d’Anderlecht doit conséquemment réanimer le processus d’élaboration d’un Plan particulier d’affectation du sol (PPAS) pour cette zone, il est intéressant de se demander comment et pour quelles raisons les autorités ont ouvert le débat sur la planification de ce périmètre… Dans le cadre d’une réflexion de fond sur la crise du logement et l’avenir du canal, ou pour s’adapter sur mesure aux projets d’investisseurs privés, comme c’est trop souvent le cas à Bruxelles ?

Celui qui a donné le coup d’envoi et fait mousser l’intérêt des promoteurs pour le bassin de Biestebroeck est l’architecte Philippe De Bloos. En 2010, maquette et vidéo à l’appui, il présente au salon immobilier Realty le projet « Rives » : une transformation radicale du bassin industriel en marina bordée de logements de luxe. Pour convaincre les plus sceptiques, il promet la création de pas moins de

5 000 emplois. Par sa démesure, son projet est irréaliste, mais qu’importe : il crée une image et est susceptible de lancer une dynamique. Le Bourgmestre d’Anderlecht y voit une opportunité de se débarrasser d’un « ghetto industriel crapoteux ». Lui qui avait demandé à l’architecte d’inclure dans son étude la rive habitée du côté de la rue Wayez, s’empresse donc d’afficher son soutien à cette initiative ambitieuse et innovante comme il les aime. Tant sa Commune que la Région annoncent ensuite assez rapidement leur intention de revoir les affectations de la zone. En prenant soin d’afficher publiquement leur réticence conjointe et appuyée pour la fonction industrielle et leur nette préférence pour le développement d’une zone à la fois récréative et de logements de standing. Un dessein semblable à celui qui est caressé par De Bloos et quelques investisseurs…

Planification à vau-l’eauDans les mois qui suivent la présentation de « Rives », le signal est bien compris. Quelques promoteurs confiants acquièrent dans le périmètre d’importantes

Une croisette à Anderlecht?Par Gwenaël Breës

Bruxelles en Mouvementn°263 Mars-Avril 2013

Comment les ambitions d’un architecte-promoteur, suivi par les pouvoirs publics, ont transformé un bassin industriel en zone « tendance » prisée par les investisseurs immobiliers.

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parcelles, pourtant inscrites dans le PRAS comme industrielles, sans attendre le lancement d’une quelconque procédure de révision des affectations. Face à l’appétit apparent des investisseurs et à leur confiance affichée, les valeurs foncières (au départ peu élevées en raison de cette affectation industrielle) s’envolent. Un phénomène qui va s’accroître avec le début des discussions autour du PRAS et du PPAS, qui confirment la volonté de modifier les affectations. En 2011, la Société de développement régional de Bruxelles (SDRB) s’inquiète des effets de cette spéculation, estimant qu’il sera trop tard lorsque les nouveaux plans auront abouti : la majorité du foncier sera passée aux mains des promoteurs, les pouvoirs publics

les valeurs immobilières sont basses. Il n’y a donc pas de temps à perdre. Le Gouvernement bruxellois, saisi de la demande de la SDRB au début 2012, ne l’entend pourtant pas de cette oreille : un an plus tard, le plan de préemption est toujours en train de mariner au frigo. Un coup d’épée dans l’eau pour la SDRB. De son côté, la Commune d’Anderlecht ne se montre pas plus pressée de contenir la hausse des valeurs foncières : plutôt que d’entamer la phase d’élaboration de son PPAS, elle commande une étude préalable qui nécessite de longs mois d’élaboration.Pendant ce temps, d ’autres acquisitions s’opèrent tranquillement dans le périmètre. Il faut dire que le travail des promoteurs a été prémâché

n’auront plus beaucoup de marge de manœuvre pour tenter d’imposer leurs vues. La SDRB préconise donc l’adoption d’un plan de préemption, qui pourrait lui permettre d’être informée de toutes les transactions et peut-être même d’encadrer la situation.

Le droit de préemption rend en effet les pouvoirs publics prioritaires dans toute transaction immobilière dans un périmètre déterminé, mais comme la fixation du prix de vente y est basée sur le prix du marché, ce dispositif n’est efficient que lorsque

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par un certain… Philippe De Bloos. Patron d’un bureau d’architecture qui porte son nom, l’homme entretient une certaine confusion des genres : à la fois architecte, il se profile aussi tel un urbaniste « visionnaire » qui n’hésite pas à concevoir des projets bouleversant des zones qui ne lui appartiennent pas et pour lesquelles il n’a pas de client, et joue aussi le rôle de conseiller ou d’entremetteur avec des hommes d’affaires et des grosses sociétés de promotion immobilière. Par excès de modestie probablement, il semble penser que cette façon de jouer sur plusieurs registres passe inaperçu. Lorsqu’en 2011 il se retrouve confronté à la fronde des habitants de la place Brugmann (Ixelles) mobilisés contre le projet de parking géant qu’il a mis à l’étude, il affirme agir uniquement en tant qu’architecte pour le compte d’une société privée. Il suffit à un journaliste1

de vérifier les statuts de cette société, pour se rendre compte que 99% des actions en sont détenues par un certain De Bloos Philippe. Mauvais pour la crédibilité de l’architecte-promoteur…

L’homme sait pourtant s’entourer. Ayant des intérêts dans une série de sociétés immobilières (dont au moins trois ont des visées directes sur les quais de Biestebroeck, d’autres s’occupant par exemple de projets de grande ampleur le long des voies de chemin de fer à Uccle), il s’adjoint comme bon nombre de promoteurs des conseils juridiques de STIBBE, un cabinet d’avocats spécialisé en aménagement

du territoire — et travaillant à ce titre pour la Région, notamment dans l’élaboration du futur PRAS. La CEO de la société qui pilote « Rives », Edith Lieckens, est une administratrice de société liée à la Fondation Boghossian et qui siège aux côtés de De Bloos dans plusieurs sociétés. Lui-même a travaillé pour cette fondation libanaise, qu’il conseilla notamment pour la rénovation de la Villa Empain (Ixelles) en 2006. Il n’est donc pas étonnant de retrouver des membres de la famille Boghossian derrière la société qui a acquis un vaste terrain le long des quais de Biestebroeck, en 2007… trois ans avant la médiatisation de « Rives ». Au passage, il semble que cette société demande aujourd’hui 18 000 000 d’euros pour ce terrain qu’elle a acheté au tiers de ce prix il y a six ans.

Vivre au bord de l’eauL’intérêt de De Bloos pour Biestebroeck commence en 2006, lorsqu’il apprend l’intention de l’usine Univar (Petite-île) et des AMP (boulevard Industriel) de déménager. S’inspirant d’un projet réalisé à Bordeaux, il perçoit le potentiel du bassin pour y développer un méga-projet sur 45 hectares et 300 mètres de quais. Avant de présenter

1. « Brugmann s’interroge », Le Soir, 15 octobre 2011.

p u b l i q u e m e n t «Rives», il tente désespérément de rassembler dans une association foncière les 18 propriétaires de la zone, ce qui aurait dû lui permettre de prendre les commandes d’une grande et unique

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opération. Ce rêve étant tombé à l’eau, il s’assure tout de même de signer lui-même des options d’achat pour plusieurs parcelles stratégiques, se rendant ainsi incontournable auprès des différents promoteurs et pouvant dès lors imposer une vision d’ensemble pour la zone, du moins le pense-t-il.Atenor est l’un des premiers à prendre la balle au bond. De Bloos cède au promoteur une option d’achat pour les 5 hectares d’Univar et reçoit en échange la promesse de pouvoir dessiner l’un des bâtiments du futur projet, lequel s’inscrirait dans le cadre de « Rives ». D’autres promoteurs (CFE, Project2, Foremost Immo, SIF, Denys…) prennent à leur tour la route de Biestebroeck, pour y développer des projets jouant également la carte de la proximité avec la gare du Midi et ayant pour leitmotiv la « mixité » et le « vivre, travailler et se détendre au bord de l’eau ».

Il en va ainsi du « Watergate », sur l’ancien site de Shell. De « Key West », sur la pointe du bassin, un projet qui garantit déjà son inscription dans le futur PRAS. Et, comme la marina c’est un peu la Croisette, De Bloos attire même Christophe Lambert sur les quais d’Anderlecht. L’acteur de Greystoke, aujourd’hui associé à un ancien publicitaire et reconverti dans le vin et l’immobilier, amène avec lui des actionnaires : un holding actif dans les services aux entreprises et un fonds d’investissement danois. Leur projet ? Rénover les anciennes brasseries

Atlas pour les transformer en « lieu de création, de vie et de travail ». Mais, malgré les efforts de Philippe De Bloos, tous ces projets évoluent séparément. Chaque promoteur imagine de son côté son propre bassin d’eau entouré de logements de luxe, à l’image d’Atenor qui s’éloigne vite du concept de « Rives » pour développer « City Docks ».

Il manque une vision d’ensemble, se désole De Bloos. Dépité, il peste contre l’individualisme des promoteurs et le manque d’ambition des autorités. Alors qu’il a été le premier sur le coup et qu’il a refilé le bon plan à tout le monde, le voilà réduit à gérer quelques éléments épars de l’ensemble. D’autres architectes travaillent désormais sur la zone. Des urbanistes et des élus, aussi, à la Région et à Anderlecht. L’architecte-promoteur a perdu son pari personnel. Mais son opération a créé un « buzz » immobilier qui a bel et bien des effets dans le réel. Des effets qui ne se perçoivent pas encore lorsqu’on se balade sur place, mais qui ont déjà modifié une grande partie de la propriété et des valeurs foncières dans le périmètre et ont profondément changé l’approche politique et urbanistique de la zone.Pour connaître la vision des pouvoirs publics du futur bassin de Biestebroeck, faut-il dès lors attendre le PRAS et le PPAS ? Ou suffit-il, pour en avoir une idée assez précise, d’aller faire un tour dès aujourd’hui sur les sites web des promoteurs ?

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L’aquaponie se propose ainsi de participer au développement des circuits courts de distribution tout en favorisant la biodiversité ou la gestion des cycles de matières organiques si on y adjoint par exemple un système de compostage. Elle est en ce sens présentée comme une réponse appropriée aux défis actuels de relocalisation de l’économie et d’écologie urbaine. Elle fait ainsi des vagues un peu partout dans le monde, souvent saluée dans les réseaux de permaculture, prenant la forme d’installation pour particuliers (le plus souvent) jusqu’à l’exploitation professionnelle4 (plus rarement).

A Bruxelles, entre l’unité du Village Partenaire de Saint Gilles, l’œuvre

réalisée par un artiste désigner lors du festival Burning Ice du Kaaitheter5 (voir plus loin) et les essais à Anderlecht de l ’ a s s o c i a t i o n Eco-Innovation6, l’aquaponie en est aux stades du prototype et du design, c’est-à - d i r e d a n s une pos i t ion incer ta ine à cheval entre l’art et la technique. Art décorati f et nouvel les

L’aquaponie: à la recherche du mouvement perpétuel ?

Dossier de Swen Ore et Stephan Kampelmann

Le principe de l’aquaponie1 est d’élever des poissons et de cultiver des plantes en symbiose : les plantes filtrent l’eau pour les poissons qui les fertilisent par leurs déjections riches en azote, en phosphore et en potassium. Ce cercle vertueux

est empiriquement connu en agriculture depuis des millénaires. On le retrouve en effet dans les zones lacustres de la mésoamérique (les chinampas2) ou dans certaines rizières. La nouveauté de l’aquaponie repose sur un agencement technique qui permet de recréer des écosystèmes cultivés en circuit fermé hors-sol pour permettre de produire sur les zones polluées ou imperméables des villes. En 2013, ces zones imperméables représentent près de 50% de la superficie de la Région de Bruxelles-Capitale (RBC), contre moins de 30% en 1950.3 1. Le mot « aquaponie » est

formé des mots « aquaculture » (la culture de poissons) et « hydroponie » (la culture de légumes et d’herbes aromatiques hors-sol). 2. CHAPIN, Mac, 1988, The seduction of Models. Chinampa Agriculture in Mexico, Grassroots Development, 12:1, native-lands.org/PUBLICATIONS/Pub/SEDUCTION%20OF%20MODELS.pdf 3. Hamdi, R., A. Deckmyn, P. Termonia, G.R. Demarée, P. Baguis, S. Vanhuysse, et E. Wolff (2009). Effects of Historical Urbanization in the Brussels Capital Region on Surface Air Temperature Time Series: A Model Study, Journal of Applied Meteorology and Climatology, vol. 48, Oct. 2009, pp. 2181-2196.4. Voir par exemple le site francophone de l’aquaponie www.aquafolie.com et la ferme aquaponique Québécoise de Sainte-Agathe-des-Monts www.cultures-aquaponiques.com. 5. www.kaaitheater.be6. www.eco-innovation.net

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fonctionnalités urbaines d’un côté, technique innovante d’horticulture et de pisciculture de l’autre. Le large périmètre pratique et sémantique utilisé a tendance ainsi à brouiller les pistes. Ce qui est sûr, c’est que l’aquaponie ne fait pas l’unanimité. Lors d’une des émissions de radio « Nuwa » consacrée à l’agriculture urbaine diffusée en mai 2012 sur La Première, le secrétaire de l’asbl Eco-Innovation Frédéric Morand en présenta succinctement les principes. En face de lui, Mathieu Dohmen, formateur de l’asbl le Début des Haricots7, interrogé par le présentatrice Corinne Boulangier, déclara laconiquement que s’il connaissait le principe des techniques de cultures hors-sol, cela ne le « faisait pas rêver »... Quelques mois plus tard, lors de la conférence « Agriculture urbaine : le futur des villes ? » organisée notamment par Bruxelles Environnement, Etopia, Groupe One et Greenloop, rebelote. Un collaborateur d’Eco-Innovation présente en détail l’aquaponie et Antoine Sterling du Début des Haricots, notamment en charge de la mise en réseau des jardins potagers, se dit être très critique et très dubitatif quant à cette technique.

L’aquaponie continue pourtant d’attirer l’attention. L’association Groupe One8 en partenariat avec Village Partenaire9 et soutenue par Bruxelles-Environnement10 et le SPP Intégration Sociale11 y voit le moyen de développer une économie « durable » et s’intéresse

donc au développement des projets dans ce secteur dit « émergeant ».

On se demande naturellement sur quoi reposent les critiques qui sont adressées à l’endroit de l’aquaponie. Ignorance et technophobie ? Nostalgie romantique du potager de grand-mère ? Les questions soulevées sont intrigantes. Pourquoi en effet s’obstiner à vouloir garder les légumes en terre quand un système novateur permettant de cultiver en plein cœur des villes ouvre la voie vers le renouvellement systémique de la fertilité ? Il faudrait être fou pour passer à côté de cette opportunité...

C’est dans le cadre de ce débat que le Centre d’écologie urbaine a été invité à s’exprimer lors d’une table ronde organisée par Groupe One le 10 juin 2013. Cet article a été inspiré par les discussions qui s’y sont tenues et vise à clarifier nos positions sur l’aquaponie.

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7. www.haricots.org 8. www.groupeone.be9. www.villagepartenaire.com10. www.ibgebim.be 11. SPP Intégration Sociale, Lutte contre la Pauvreté, Économie Sociale et Politique des Grandes Villes » (le SPP IS, LP, ESPGV si l’on respecte les majuscules sur le site www.mi-is.be

Selon nous, un système d’horticulture comme l’aquaponie ne peut pas être évalué sans prendre en compte son insertion dans l ’écosystème urbain. Dans cet article, c’est sur la base des critères des services écosystémiques que nous allons tamiser les questions relatives à l’aquaponie et la comparer à d’autres techniques d’horticulture. On trouvera certainement quelques pépites.

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Art ou technique ? Le festival Burning Ice organisé par le Kaaitheater explore chaque année les bouleversements environnementaux au travers du travail d’artistes issus d’horizons très variés. L’édition de 2012 « we the gardeners » accueille ainsi l’artiste designer Damien Chivialle qui expose une unité d’aquaponie intégrée dans un container standard dont la superficie est à peu près équivalente à une place de parking. Une dizaine de carpes vivent dans un bac d’eau qui alimente en circuit fermé à l’aide d’une pompe des plants de tomates, de basilic et de poivrons. Le système n’est pas techniquement conçu pour produire efficacement, c’est le message et la vision qui comptent : reprendre l’espace consacré aux voitures en ville pour y substituer une bulle de nature, interroger le spectateur sur la qualité et la provenance de son alimentation. La démarche de Damien Chivialle s’inscrit en conséquence dans la dimension culturelle de l’agriculture urbaine. Le Centre d’écologie urbaine a été le guide et le gardien de cette installation pendant plusieurs semaines, y compris pendant le festival. Nous avons ainsi pu constater que l’aquaponie ne laisse pas indifférent et suscite toujours un tas de réactions disparates... Les curieux : qu’est-ce que c’est ? Les scientifiques : comment ça marche ? Les sceptiques : ça marche vraiment ? Les esthètes : c’est beau. Les critiques : c’est pas très efficace. Les économistes : c’est rentable? Les enfants : des poissons ?! Les fines bouches : le basilic est délicieux. Les fines mouches : il est où le cannabis ? Les suspicieux : ils sont nourris avec quoi les poissons ? Les philosophes : le symbole est intéressant...

Urban Farm Unit (UFU)

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Dans un contexte urbain caractérisé par un manque de place et une proportion

importante de surfaces polluées (environ 10 % du territoire de la RBC), les différentes cultures hors-sol (dont l’aquaponie, mais aussi l’hydroponie, les cultures en bacs, en sacs géotextiles, les toitures vertes etc) attirent un nombre croissant d’initiatives commerciales ou amatrices. En effet, les cultures hors-sol présentent un certain nombre d’avantages incontestés : elles permettent de se libérer de la contrainte terrestre et d’investir des espaces typiquement urbains comme les toits, les intérieurs et d’autres surfaces minéralisées et imperméabilisées. Sans remettre en question ces atouts, nous adoptons ici une posture plus générale sur les différents modes d’horticulture urbaine : celle fondée sur la notion des biens et services écosystémiques.

Les biens et services écosystémiques désignent l’ensemble des bénéfices que toutes les formes de vie tirent des écosystèmes. Ils sont ainsi souvent considérés comme des biens communs et/ou publics. Suivant Constanza et al. (1997) et « The Millennium Ecosystem

Comment évaluer les différentes techniques d’horticulture en ville ?

Assessment » publié en 2005 par l’ONU, on en distingue en général quatre grandes catégories:

• Les services d’approvisionnement (provisioning services) : fournissent des services améliorant la qualité de l’air, de l’eau, liés à la production de nourriture, de fibres, etc.

• Les services de régulation : sont liés aux processus des écosystèmes (regulat ion services). Ex: inondations et sécheresses, températures basse et haute, etc.

• Les services de soutien : servent de soutien aux conditions favorables à la vie sur Terre (supporting services). Ex : cycles des éléments nutritifs, du carbone etc. nécessaires à la production de tous les autres services comme la production de biomasse et le recyclage de la nécromasse, la formation et la rétention des sols et des humus, l’offre en habitats naturels, etc.

• Les services culturels (cultural services) : engendrent des aménités et des bénéfices

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de nature dite culturelle. Ex: bénéfices spirituels, récréatifs, esthétiques, pédagogiques etc.

La survie des êtres humains dépend de la production de ces biens et services, et la détérioration des conditions de vie dans les villes - où l’on observe une progression du bâti ou une augmentation de la pollution - est directement imputable à la dégradation des écosystèmes urbains. Car même si leur extension en termes de surface est relativement faible, les villes sont aujourd’hui de loin les plus grandes consommatrices de services écosystémiques alors même qu’elles en produisent que très peu. Cela est d’autant plus problématique que de nombreux services ne peuvent pas être importés de l’extérieur de la ville puisqu’ils sont étroitement liés au contexte local. Impossible par exemple de transporter un microclimat....

L’enjeu est par conséquent d’augmenter la fourniture des biens et services écosystémiques en ville et pas seulement de s’appliquer à les préserver. Ceci est en lien d’ailleurs avec les mouvements de « Transition »12, par le biais par exemple d’une offre de nourriture dans les paysages comestibles (un service d’approvisionnement). Mais force est de constater que l’engouement actuel pour la production de fruits et de légumes en ville manque encore d’outils pour évaluer la performance relat ive des di fférents types

d’horticultures urbaines. Cet article est un premier pas vers une telle évaluation et vise à comparer, dans le contexte bruxellois, l’aquaponie avec deux autres principaux modes d’horticulture en ville que sont la culture en pleine terre et la culture en hors-sol. Pour chacun de ces trois modes de culture nous résumons les principaux biens et services écosystémiques qu’ils fournissent (voir tableau en page suivante).

Les services de régulation C’est dans la situation d’un potager en pleine terre que les services de régulation sont les plus importants. L’avantage écrasant aux plans des services de régulation repose notamment sur le fait que la perméabilité des sols en milieu urbain permet une meilleure gestion des cycles de l’eau, des déchets organiques et du

12. Voir Gaïa Scienza #7, www.urban-ecology.be 13. Churkina, G., Brown, D.G. & Keoleian, G. (2010). Carbon stored in human settlements: the conterminous United States. Global Change Biology, 16, 135–143. Edmondson, J.L., Davies, Z.G., McHugh, N., Gaston, K.J. & Leake, J.R. (2012). Organic carbon hidden in urban ecosystems. Scientific Reports, 2, 963.Gillespie, T.W., Pincetl, S., Brossard, S., Smith, J., Saatchi, S., Pataki, D. & Saphores, J.D. (2012). A time series of urban forestry in Los Angeles. Urban Ecosystems, 15, 233–246.

microclimat. Aussi, seule cette perméabilité permet de cultiver des futaies. Le rôle clef des arbres en matière de service de régulation, n o t a m m e n t e n contexte urbain, a été mis en avant par de nombreux auteurs13. Ils ont pu conclure que plus de 97% de la séquestration du carbone en ville est associée aux arbres plutôt qu’aux autres formes de végétations. Cette fonction de

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horticulture en pleine terre

horticulture hors-sol (en bac sur les

toits)aquaponie

services d’approvisionnement

Production d’une très grande variété

de légumes et fruits, d’herbes sauvages

comestible ou de fleurs

Production d’une grande variété de légumes, de petits fruitiers, d’herbes

sauvages, de fleurs

- Production plus orientée en fonction

des besoins d’appoint, spécifiques

- Possibilité de produire certains légumes en hors-

saison- Production de

poissons

services de régulation

- Régulation du microclimat (humidité,

sécheresse, températures...)- Drainage de

l’eau vers la nappe phréatique

- Régulation de la pollution de l’air (en cas de présence d’arbustes

ou d’ arbres)

- Faible influence sur le microclimat

- Faible régulation de la pollution de l’air

- Faible influence sur le microclimat

(et seulement si en extérieur)

- Faible régulation de la pollution de l’air

services de soutien

- Biodiversité très importante (sol et air)

- Formation de sol- Gestion des cycles de

la matière organique- Soutien aux pollinisateurs

- Offres en habitats naturels (haies, ...)

- Biodiversité plus réduite

- Gestion des cycles de la matière organique

- Soutien aux pollinisateurs si fleurs

mellifères

- Faible soutien aux pollinisateurs et seulement si en

extérieur- Possibilité de gestion

des cycles de la matière organique

services culturels

- Loisir de plein air- Pédagogie- Lien social

- Patrimoine génétique et gastronomique

- Création de paysage urbain

- Loisir de plein air- Pédagogie- Lien social

- Patrimoine génétique et gastronomique

- Création de paysage urbain

- Loisir de plein air- Pédagogie- Lien social

- Patrimoine génétique et gastronomique

- Création de paysage urbain

- Pédagogie- Innovation technique- Élément de technique

et de design- Création de design

urbain

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TABLEAU 1. Comparaison de l’horticulture en pleine terre et hors-sol et de l’aquaponie en fonction des biens et services écosystémiques.

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stockage du carbone a en retour un impact plus que significatif sur les services de régulation et de soutien avec par exemple la création de sol. Inversement, l’horticulture en bacs ou en sacs géotextiles fournit moins de services de régulation du fait de l’absence de lien avec la nappe phréatique et d’un plus faible potentiel des systèmes racinaires limitant l’implantation d’arbustes ou d’arbres. De leur côté, les cultures en bacs peuvent contribuer à la régulation de l’humidité par la trans-évaporation des plantes. L’action de l’aquaponie est à ce niveau complètement impuissante car son influence sur la régulation du micro-climat, de l’eau ou de la pollution de l’air est presque toujours négligeable.

Les services de soutienSur les enjeux des services de soutien, une culture en pleine terre peut encore montrer des avantages incontestables en matière de biodiversité, de création de sol, de gestion des cycles de matière organique et de soutien aux pollinisateurs aujourd’hui menacés par l’utilisation de pesticides et de produits chimiques. L’horticulture en pleine terre permet souvent une complexité des écosystèmes plus grande que les modes de culture en hors-sol et permet la création d’habitat naturels. Le soutien de l’aquaponie à la biodiversité est là encore quasi nul puisqu’elle est un système réduisant la complexité à quelques éléments maîtrisables et paramétrables. La

biodiversité est pourtant un facteur déterminant pour la stabilité des écosystèmes14 : cette proposition implique par conséquent qu’en plus de ne pas soutenir le développement de la biodiversité, un système en aquaponie est par nature très instable sans le recours plus ou moins constant à des apports extérieurs de toutes sortes. Enfin, les cultures en bacs ou en aquaponie ne contribuent que de manière limitée à la formation de sol mais elles constituent souvent des habitats pour de nombreuses espèces végétales et animales.

Les services d’approvisionnement Mais ce que vise l’aquaponie, au même titre que l’hydroponie déjà largement utilisée à travers le monde, c’est de développer des services d’approvisionnements efficaces et originaux. C’est sur ce point que, souvent, elle se distingue en apportant des éléments de réponses intéressants. De nombreux contextes urbains n’offrent pas, ou difficilement, la possibilité d’un accès à la pleine terre :

14. Ce qui explique par exemple que les régions où les écosystèmes sont très pauvres, tels l’arctique ou l’antarctique, soient plus sensibles aux pollutions chimiques.

l’aquaponie propose donc d’exploi ter ces niches pour produi re de la nourriture. Associée à un restaurant ou une cantine dont la demande en produits très frais est constante, elle peut alors fournir des services d’approvisionnement précieux en offrant une production très spécifique, sur place, d’herbes

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aromatiques ou de petits produits frais. Et l’idée, il faut bien l’avouer, de pouvoir déguster une truite d’Anderlecht est séduisante. Mais à plus grande échelle, le rêve peut vite se transformer en cauchemar. L’aquaponie pourrait alors s’apparenter à une techniques de production industrielle, tout à fait comparable à ce que l’industrie agro-alimentaire ou l’élevage industriel font de pire.

Les services culturelsLa comparaison des services culturels est moins aisée : les cultures en pleine terre et en hors-sol relèvent d’approches très différentes sans toutefois s’exclure. Les activités de plein air ne plaisent qu’à certains, c’est là une question de goût. Si d’autres regrettent l’absence d’une fonction de créateur de lien social et de convivialité avec l’aquaponie, des interactions originales et instructives

transmettre les cycles biogéochimiques à l’œuvre dans les écosystèmes naturels ou cultivés. Lors de la table ronde sur l’aquaponie, Jérôme Vériter de Groupe One mettait justement en avant les atouts pédagogiques de l’installation aquaponique en observant que l’unité installée au Village Partenaire à Saint-Gilles suscite un intérêt accru pour l’horticulture en ville, surtout lorsqu’il s’agit d’un public peu sensibilisé à cette thématique. L’aspect « gadget » d’un système d’aquaponie joue donc sans doute un rôle ludique pour des nouvelles générations de citadins pour la plupart plus familières aux i-pod qu’aux égopodes (voir page 47) ...

D’un autre côté pourtant, un jardin potager est un sujet plus difficile d’accès car il ne fait pas abstraction de la complexité et de la diversité mises en jeu. Un potager en pleine terre n’est jamais gadget technique et sa conception n’a finalement évoluée que très peu depuis l’émergence des pratiques horticulturelles du néolithique il y a environ 10000 ans.15 La démarche est plus lente et plus sensuelle : plus de goût, plus de couleurs, plus d’odeurs (y compris dans l’assiette !). Si le plus est parfois ennemi du mieux, c’est qu’il peut confondre et décourager : l’apprentissage dans un potager a des racines amères, mais finit toujours par donner des fruits sucrés. C’est ainsi que certains auteurs ont pu montrer que le niveau de biodiversité perçu (la connaissances des plantes, des

15. Voir Mazoyer, M. et

Roudart, L. (2002). Histoire

des agricultures du monde

- Du néolithique à la crise

contemporaine. Paris, Editions

Seuil.

16. Dallimer, M., Irvine, K.N.,

Skinner, A.M.J., Davies, Z.G.,

Rouquette, J.R., Armsworth,

P.R., Maltby, L., Warren,

P.H. & Gaston, K.J. (2012).

Biodiversity and the feel-

good factor: understanding

associations between self-

reported human well-being and

species richness. BioScience,

62, 46–55.

dossier

aquaponie

peuvent se créer autour de la curiosité qu’elle suscite. La technicité du procédé, doublée d’un design attractif en font en effet un objet intriguant dont la portée symbolique n’est pas négligeable, tout à fait dans le ton de l’œuvre de Damien Chivialle qui exprime la nécessité de décongestion des

villes et de changement de nos habitudes d’approvisionnement. Pédagogiquement, elle permet sans doute d’expliquer et de

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33

insectes ect...) augmente le bien-être individuel.16

L’offre culturelle ne s’estime donc non pas en fonction d’une technique de production, mais en fonction de la manière de penser et d’utiliser ces techniques. Que dit l’aquaponie sur nous et sur notre culture ? Quelles valeurs ou informations vise-t-elle à transmettre aux citadins, à nos enfants ?

dossier

aquaponie

Je parle régulièrement d’aquaponie à des gens qui ne connaissent pas et lorsque j’explique que ça sert à cultiver des légumes et manger son poisson, on me regarde bizarrement et on me répond que rien ne vaut le bon potager… par contre, lorsque j’explique l’intérêt « décoratif », pédagogique et l’association possible avec un aquarium tropical (sous forme de mûr végétal ou gouttière par exemple), Les personnes me répondent que c’est super et certaines seraient même prêtes à acheter ce type de système.De plus, nous sommes dans l’ère de l’écologie, du retour à la terre et des bons produits ! Du coup, je crains que l’aquaponie soit trop vite associée à l’agriculture hydroponique industrielle…Pour faire évoluer cette idée, il va falloir multiplier les initiatives associa-tives tels que celle de « cultivons nos toits » et « urban farm »

Commentaire de aqualic sur le site www.aquaponie.fr

L’aquaponie : une branche de l’aquariophilie ?

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dossier

aquaponie

Comme il existe une histoire des jardins ou une histoire de l’art – l’horticulture est d’ailleurs

considérée comme un art dans le dictionnaire de l’Académie Française – il doit exister, sinon une histoire de l’aquaponie, au moins une genèse. Et si c’était la recherche du mouvement perpétuel ?

Attardons-nous encore un peu sur les services culturels fournis par l’aquaponie. Une installation aquaponique est un bon exemple d’un système anthropogénique qui pose la question de notre relation avec la complexité et la possibilité de maîtriser des écosystèmes cultivés. Car il apparaît que quand l’un s’en fait des choux gras, l’autre la dédaigne. C’est une forme de dédain en effet de croire que l’on peut isoler les cycles naturels pour les faire fonctionner en vase clos. S’il est vrai, par exemple, qu’un système aquaponique offre un modèle pédagogique du cycle de l’azote, il est également vrai que ce cycle est infiniment plus complexe lorsqu’on l’étudie à l’échelle d’un écosystème cultivé plus large : entre autres, l’aquaponie fait forcément abstraction de la fixation de l’azote par

L’aquaponie et la recherche du mouvement perpétuel

les phénomènes météorologiques ou de l’activité des azotobacters, pourtant des facteurs primordiaux pour la vie sur terre...

Il se pourrait bien qu’avec l’aquaponie nous ayons affaire à un reliquat de cette vielle croyance humaniste que la perfection est une chose accessible à l’homme. Cette intime conviction fut par exemple à l’œuvre dans la conception des modèles théoriques idéaux dans l’urbanisme des années 1950 – 1970. Tout à la fois moteur de la modernité et cécité spirituelle, le rêve de création et de maîtrise de systèmes parfaits a mené vers toutes sortes de réalisations saugrenues. De l’escroquerie à l’invention géniale, les musées en sont pleins. Et parmi elles, il y a bien sûr le mouvement perpétuel.

De nombreux esprits, et pas seulement loufoques, s’y sont penchés. Ces derniers siècles, Léonardo Da Vinci a noirci quelques croquis, d’autres ont bricolé quelques machines et déposés quelques centaines de brevets. Mais à défaut de réussir, cette recherche fut une source intarissable d’énergie pour titiller l’imagination et provoquer les innovations : l’horlogerie

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est aux premières loges ! Le rêve du mouvement perpétuel a aussi ses expressions géométriques et artistiques. La lithographie « Chute d’eau » de l’artiste néerlandais Esher illustre à merveille l’impossibilité parfois si vraisemblable d’une énergie infinie (page 24). Esher imagine un système défiant les lois de la gravité où l’eau court en boucle pour actionner le moulin de l’homme qui, débarrassé de la contrainte énergétique, peut se reposer en contemplant l’œuvre de son imagination. Avec sa promesse intenable d’un renouvellement continuel de la fertilité, l’aquaponie s’inscrit d’une certaine manière dans cette quête profondément humaine, trop humaine.

A nouveau l’analogie avec la pensée urbaniste de l’après-guerre s’impose, avec sa conviction de pouvoir rationaliser, canaliser, optimiser les flux urbains, que ce soit aux plans de la mobilité, de l’habitat ou des matières solides et liquides. Aujourd’hui encore on essaye de trouver la formule du mouvement perpétuel. Mais il n’y a jamais de perpétuel pour les hommes que cette dynamique de recherche ! Les services culturels fournis par l’aquaponie, et notamment sa valeur pédagogique, consistent donc en plusieurs niveaux : l’aquaponie reflète l’ingéniosité de l’homme à pouvoir maîtriser des processus naturels au point d’en pouvoir recréer certains ; mais elle nous rappelle également l’impossibilité d’y parvenir

complètement et la nécessité de rester humble face aux échecs que les systèmes anthropogéniques rencontrent aujourd’hui. Étant donné la pollution du sol et la minéralisation de la ville, l’aquaponie peut ressembler à une réponse technicienne à des problèmes justement engendrés par les failles de nos systèmes techniques : en ne fournissant pas ou peu de services de régulation et de soutien, elle est à la fois solution et problème.

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aquaponie

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dossier

aquaponie

Le « secteur émergeant » de l’aquaponie, ainsi qu’il est parfois présenté, est rempli d’espoir et de bonne volonté. La logique du raisonnement et du procédé technique rend le concept percutant. Rien n’est pourtant dit sur son adéquation

aux besoins d’écosystèmes urbains. Si l’aquaponie est développée comme une technique industrielle de production, son intérêt est nul et même négatif. Même si un système aquaponique pouvait être financièrement rentable – ce qui n’est pas aisé étant donné les importants investissements de départ – l’analyse écosystémique souligne que l’aquaponie ne fournit que peu de services de régulation et de soutien, contrairement à d’autres techniques d’horticulture. Ceci nous conduit à penser que la valeur écologique d’une culture en pleine terre est toujours plus importante par rapport à un système aquaponique et devrait donc être prioritaire sur des sites avec un accès à la terre.17

Si en revanche l’aquaponie est pensée comme un système hyper-localisé de production très spécifique associé à une recherche esthétique, dans certains endroits sans accès à la terre et peu propices à des cultures en bacs ou en sacs géotextiles, l’aquaponie devient un objet de design et d’éducation à l’environnement très désirable. L’offre

L’aquaponie, une propédeutique à la complexité d’un jardin en pleine terre

17. Même une pollution plus

ou moins importante ne signifie

pas toujours qu’une culture

hors-sol est la seule possibilité.

C’est pour cela que le Centre

d’écologie urbaine s’est engagé

dans la dépollution des sols de

Bruxelles à l’aide des plantes

au travers de l’ «opération

tournesol», une plateforme

de phytoremédiation qui initie

des projets concrets (www.

phytoremediation.be); voir Gaïa

Scienza #7 sur www.urban-

ecology.be.

culturelle peut alors ouvrir la voie à une compréhension et à une réflexion critique portant sur les conditions biologiques de la vie dont on ne devrait jamais perdre de vue l’irréductible complexité. La simplification réalisée par l’aquaponie serait alors une méthode en même temps qu’un outil pour commencer à penser et à comprendre la complexité des cultures en pleine terre dont nous avons tâché ici de montrer l’importance cruciale et irremplaçable. Car il est bon d’avoir la tête dans les étoiles si on sait aussi garder les pieds sur terre.

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invité pendant cet été 2013 sur la place des possibles du festival Esperanzah à l’abbaye de Floreffe en août 2013, le Centre d’écologie urbaine a proposé un atelier de cuisine sauvage. Nous sommes partis glaner des orties, de la consoude, de la

bourrache pour en faire beignets, filets et soupe glacées. Les usages de ces plantes ont traversé les siècles dans les pharmacopées et les livres de recettes des sorciers. Et c’est délicieux! Beaucoup de ces plantes poussent en abondance (certains les disent «invasives»), il n’y a donc qu’à se servir pour satisfaire notre estomac et notre soif de connaissance! Le succès rencontré et le plaisir à explorer ces possibilités culinaires nous ont mené à l’organisation de deux jours de cuisines sauvages (the wild kitchen days) en partenariat avec les Kitchen Party au 789 de la chaussée de Waterloo. Aujourd’hui, ces recettes sont entrées dans nos habitudes en nous rendant plus riches dans tous les sens du terme. La cuisine sauvage a le goût de l’abondance!

Nous vous proposons dans les pages suivantes le détail de ces recettes après cette préface originale de la permacultrice Dr. Jacqueline Fletcher (en anglais et en français).

Les p lante s sauvages ont le goût de l’abondance

Centre d’écologie urbaine: www.urban-ecology.be, facebook.

L’asbl Cuisine sauvage développe une base de données officielle de recettes à base de plantes sauvages comestibles, testées pour vous puis diffusées gratuitement. http://cuisinesauvage.be/po

ur en

savo

ir plus

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The Earth is about 4.5 billion years old and scientists believe that life first appeared about 4

billion years ago. But it wasn’t until plant life appeared around 475 million years ago that oxygen became a major component of the Earth’s atmosphere. Our hominid ancestors arrived just 200 million years ago and without plant life we wouldn’t be here at all. Plants provide us with oxygen as a by-product of photosynthesis; they regulate the hydrological cycle and they are also a carbon sink.1 So think twice before covering your garden with gravel to

food forest gardening expert Martin Crawford, while individual humans today consume about 20 varieties of plants on a regular basis, our closest foraging relatives fare much better. Our cousins the Orang-utans, for example, still consume about 400 varieties of seeds, leaves, fruits and flowers.2 Monkeys and even insects have been shown to recognise medicinal herbs. A monkey with tummy ache knows exactly which plants are curative. White-faced capuchins rub themselves with the leaves of the piper plant to treat parasite bites. Tamarins choose to ingest special seeds that function as vermicides. 3

About 8,000 years ago humans invented agriculture and animal husbandry and settled down. That’s when all the bother began: hierarchies, slavery and the subjection of women, not to mention the hard labour involved in farming and the depletion of biodiversity. Nonetheless, our ancestors continued to forage for wild plants and even cultivate them. While visiting the ruins of a Roman bathhouse in France recently I found large quantities of wild roquette (Diplotaxis ericoides) on the edge of surrounding woods. The Romans

keep out those pesky weeds.

There’s actually no such thing as a ‘weed’. Those plants we refer to as weeds, like the

ubiquitous dandelion, are just plants that happen to be growing in places that are inconvenient for humans in Western societies. Or that we think are inconvenient. Most of the wild plants we condemn today were part of a diverse and very healthy diet for our hunter-gatherer ancestors who possessed a wide-ranging knowledge of plants and their nutritional and medicinal qualities. According to

The bad seeds

1. “What’s the value of

something we can’t do without?”

http//:www.davidsuzuki.org/blog

2. Martin Crawford’s Forest

Garden, http://www.youtube.

com/watch?v=GFbcn06h8w4

3. http://www.pbs.org/wnet/

nature/episodes/clever-mon-

keys/monkeys-and-medicinal-

plants/3957/

Par Jacqueline Fletcher

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La terre a environ 4,5 milliards d’années et les scientifiques pensent que la vie est apparue

pour la première fois il y 4 milliards d’années. Mais ce n’est qu’avec l’apparition il y a 475 millions d’années de la vie végétale que l’oxygène est devenu un élément majeur de l’atmosphère terrestre. Nos ancêtres hominidés sont arrivés quant à eux il y a 200 millions d’années, et, sans la vie végétale, il n’y aurait pas de trace de nous aujourd’hui. Les plantes nous fournissent l’oxygène comme produit dérivé de la photosynthèse ; elles régulent le cycle hydrologique et constituent également des puits à carbone1. Donc réfléchissez deux fois avant de couvrir votre jardin avec du gravier pour vous débarrasser de ces fichues mauvaises herbes.

Il n’y a rien en réalité qui soit de la « mauvaise herbe ». Ces plantes si souvent désignées comme de la mauvaise herbe telle que l’omniprésent dents-de-lion2, ne sont que des plantes à qui il arrive de pousser dans des endroits inconvenants pour les humains dans les sociétés occidentales. Ou que l’on juge inconvenants. La plupart des plantes sauvages que nous condamnons aujourd’hui

faisaient partie du régime sain et très varié de nos ancêtres chasseur-cueilleurs qui possédaient une très large connaissance des plantes et de leurs qualités nutritionnelles et médicinales. Selon l’expert en agro-foresterie Martin Crawford, quand les hommes consomment aujourd’hui, sur une base régulière, en moyenne une vingtaine de variétés de plantes, nos parents glaneurs les plus proches font beaucoup mieux. Nos cousins les orangs-outans par exemple consomment encore environ 400 variétés de graines, feuilles, fruits et fleurs.3

Les mauvaises graines

1. “What’s the value of something we can’t do without?” http//:www.davidsuzuki.org/blog. Ndlr: Ce sont surtout les arbres qui ont le rôle de puit à carbone (voir l’article sur l’aquaponie)2. Plus élégant que le courant « pissenlit » qui réfère aux vertus diurétiques de la plante. 3. Martin Crawford’s Forest Garden, http://www.youtube.com/watch?v=GFbcn06h8w44. http://www.pbs.org/wnet/nature/episodes/clever-mon-keys/monkeys-and-medicinal-plants/3957/

Par Jacqueline Fletchertraduit de l’anglais par Swen Oré

Les singes et même les insectes ont été vus capables de reconnaître les herbes médicinales. Un singe avec un mal de ventre sait exactement quelles plantes sont curatives. Le capucin moine (cebus capucinus) se frictionne lui-même avec des feuilles de piper (Piper marginatum) pour traiter les morsures de parasites. Les tamarins choisissent d’ingérer des graines particulières qui fonctionnent comme vermicides.4

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loved roquette and the wild plants I found were descendents of those cultivated nearly 2,000 years ago for their healthy salads.Even when I was growing up in the 1950s, three of my aunts still brewed up a mildly alcoholic beverage called Dandelion and Burdock from the roots of two plants regarded today as every gardener’s nightmare. In fact, the Dandelion (Taraxacum officinale) is a highly accommodating addition to any productive plot of land. The entire plant is edible and very nutritious, rich in vitamins (A, C, B1, B2) and minerals. Herbalists use it to treat liver and digestive complaints, for high cholesterol and for skin conditions. The young leaves and flowers can be added to salads and herbal teas can be brewed from the roots and the flowers too.4 And its long, sturdy taproot

plant contains anti-microbial and anti-fungal properties and can be used on small wounds and stings.5 Besides, my aunties’ Dandelion and Burdock drink was delicious. Hic!Wild plants are more nutritious than their cultivated counterparts; therefore, we eat less. They make a healthy addition to other dishes. Take Ground Elder, for example (Aegopodium podagraria). Found in abundance in the shady undergrowth in woods or roadside hedges, its perfumed aroma is a welcome addition to soups and salads. Like Good King Henry (Chenopodium henricus-bonus) and Fat Hen (Chenopodium albus), it can be boiled as a ‘wild spinach’. These ‘weeds’ were among the most popular pot-herbs throughout Europe until the introduction of large leafed spinach.6

Wild plants are abundant in the works of Shakespeare and his 16th century London audiences would have been familiar with them all. The magical flower called Love-in-Idleness in A Midsummer Night’s Dream, attributed with the power to make someone fall in love, was the wild pansy Viola tricolor. It was known as the Elizabethan version of Viagra under the more evocative common name of Johnny Jump Up! Foraging for wild plants is making a big come back and many plants are also being cultivated again. Permaculture gardeners set zone 5 aside for what most people think of as weeds and even include them deliberately in food forests. Comfrey (Symphytum officinale), for example,

sale on market stalls every day and it is cooked like turnips pureed or in soups. It contains inuline, a type of sugar used as a diuretic as well as for hypoglycaemia, to lower cholesterol and the leaves can be used as a compress to soothe arthritic pains. The

4. Thierry Thévin, Les Plantes

Sauvages: Connaitre, Ceuillir,

Utiliser, Lucien Souny, 2012,

p. 61

5. Thevin, p. 117 and Francois

Couplan, L’Herbier a Croquer,

Favre, 2004, p. 32.

6. Thevin, p. 91, Couplan p.

32 and Richard Mabey, Food

for Free, Collins, 2004, pp. 69,

73, 79.

7. Martin Crawford, Forest

Gardening Pt I, http://www.

youtube.com/watch?v=b_

fhAch5qiY

breaks up compacted soil. Burdock (Arctium lappa) with its thick, persistent root and rhubarb-like leaves, the thistle-like flowers on long stems, is usually found on waste land in Europe. In Japan and China, the roots can be found for

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Il y a plus de 8000 ans les hommes inventaient l’agriculture, l’élevage et se sédentarisaient. C’est là où tous les ennuis ont commencé : hiérarchie, esclavage et soumission des femmes, sans même parler de la dureté du travail dans les fermes et la réduction de la biodiversité. Pourtant, nos ancêtres ont continué de glaner les plantes sauvages et les ont même cultivées. Alors que je visitais récemment les ruines de thermes romaines en France, j’ai trouvé de grandes quantités de roquette sauvage (Diplotaxis ericoides) sur les abords des bois avoisinants. Les Romains aimaient la roquette et les plantes sauvages que j’ai trouvées étaient les descendantes de celles cultivées il y a près de 2000 ans pour des bonnes salades romaines.

Même dans les années 1950 durant lesquelles j’ai grandi, trois de mes tantes continuaient de faire une boisson légèrement alcoolisée à partir des racines de dents-de-lion (Taraxacum officinale) et de bardane (Arctium), deux plantes considérées aujourd’hui comme le cauchemar de tous les jardiniers. En réalité, le dents-de-lion est une concentration très arrangeante pour n’importe quel bout de terrain productif. La plante entière est comestible et très nutritive, riche en vitamines (A, C, B1, B2) et minéraux. Les phytothérapeutes l’utilisent pour traiter le foie et les troubles digestifs, pour les forts taux de cholestérol et pour certains problèmes de peau. Les jeunes feuilles et fleurs peuvent être

ajoutées aux salades et des infusions peuvent être faites à partir des racines et des fleurs.5 Leurs longues racines pivots, enfin, aèrent les sols compactés. La bardane, avec ses épaisses et persistantes racines, ses feuilles semblables à celles de la rhubarbe, ces fleurs comme des chardons au bout de longues tiges, pousse habituellement dans les terrains désertiques d’Europe. Au Japon ou en Chine, ses racines sont quotidiennement à vendre sur les étales du marché et elles sont cuisinées comme des purées de navets ou en soupes. Elles contiennent de l’inuline, un type de sucre utilisé comme diurétique, bon contre l’hypoglycémie et pour faire baisser le cholestérol, et les feuilles peuvent être utilisées comme compresse pour adoucir les douleurs arthritiques. La plante possède des propriétés antimicrobiennes et fongicides et peut être utilisée sur de petites plaies ou des piqûres.6 Par ailleurs, la boisson aux dents-de-lion et bardane de mes tantes était délicieuse. Santé!

Les plantes sauvages sont plus nutritives que leurs homologues

5. Thierry Thévin, Les Plantes

Sauvages: Connaitre, Ceuillir,

Utiliser, Lucien Souny, 2012,

p. 61

6. Thevin, p. 117 and Francois

Couplan, L’Herbier a Croquer,

Favre, 2004, p. 32.

cultivées ce qui fait que par conséquent, on en mange moins. Elles constituent un supplément très sain aux autres plats. Prenez par exemple l’égopode (Aegopodium podagraria). En abondance dans les sous-bois ombragés ou dans les haies le long des routes, son arôme parfumé

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is a multi-functional plant. It is used in companion planting to nourish other plants because it has very long tap roots that bring potassium up from deep in the ground, because it fixes atmospheric nitrogen in the soil, because bees adore it and because it is edible.7 In Switzerland it is eaten as ‘schwarzwurz’ fried in batter until crisp and golden. In France it is added to salads and soups. In permaculture, it is also used as mulch or turned into liquid fertiliser.

Another plant attributed with magical powers is Ground Ivy (Glechoma hederacea). With its fresh minty-lemonish smell, it was used to perfume beer before the introduction of hops (Humulus lupulus) and is also used to spice up blander dishes.8 It was used in cough syrups as an expectorant until the end of the 19th century.9

de-grease plates and pans effectively. So, three cheers for the brave shoots that find their way through cracks between paving stones and bricks and colonise abandoned spaces in our cities!

8. Couplan, p. 88

9. Thevin, p. 97.

10. Thevin, p. 107, Couplan

p. 98, Mabey, pp. 104-5.

Last but not least, one mustn’t forget the humble and much abused stinging nettle (Urtica dioica), one of

the very best and most abundant of wild plants. Rich in proteins (5.5%), vitamin A and C, iron and mineral salts, it works as a mild laxative, in detox treatments to clean the liver and kidneys, as a tonic to improve blood circulation and to clear the skin. It can be pureed, added to soups, cooked with potatoes or carrots and in Scotland added to (vegetarian) haggis.10 And if that isn’t quite enough, a (gloved) handful of nettles can be used to replace washing up liquid and

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est le bienvenu dans les soupes et les salades. Le chénopode bon-Henri (Chenopodium bonus-henricus) et le chénopode blanc (Chenopodium album) peuvent être bouillis comme des “épinards sauvages”. Ces “mauvaises herbes” sont parmi les plus populaires des légumes-feuilles à travers l’Europe depuis l’introduction de l’épinard à grande feuille.7

Les plantes sauvages sont abondantes dans l’œuvre de Shakespeare et son public londonien du XVIème siècle aurait été familier avec tous ces noms de plantes. La fleur magique appelée love-in-Idleness dans A Midsummer Night’s Dream8, dont on lui attribue le pouvoir de faire tomber amoureux quelqu’un, était la pensée sauvage (Viola tricolor). Elle était connue comme la version Élisabéthaine du viagra sous le nom très évoquant de Johnny Jump Up (Réveille-toi Johnny!).

Le glanage des plantes sauvages fait donc un grand retour et beaucoup d’entre elles sont aussi en train d’être de nouveau cultivées. Les permaculteurs mettent la zone 5 en retrait pour ce que la plupart des gens considère comme des mauvaises herbes et les incluent même délibérément dans les nourritures forestières. La consoude par exemple (Symphytum officinale) est une plante multifonction. Elle est plantée en association avec d’autres plantes pour les nourrir car ses longues racines pivots ramènent le potassium profondément enfoui à la surface. Elle

fixe l’azote atmosphérique, les abeilles l’adorent et elle est comestible.9 En suisse elle est mangée comme “schwartzwurz” (saucisse noire) frit en beignet jusqu’à ce qu’elle devienne dorée et croustillante. En France elle est ajoutée aux salades et aux soupes. En permaculture, elle est utilisée pour pailler ou transformée en liquide fertilisant.

Une autre plante aux attributs magiques : le lierre terrestre. Avec ses odeurs entre menthe et citron, il était utilisé pour parfumer la bière avant l’introduction du houblon et est également utilisé pour relever des recettes au mixeur.10 Il était utilisé comme sirop pour la toux ou expectorant jusqu’à la fin du XIXème siècle.11

Dernière chose et pas des moindres, on ne devrait pas oublier l’humble et urticante ortie (Urtica dioica), l’une des meilleure et des plus abondantes

7. Thevin, p. 91, Couplan p. 32 and Richard Mabey, Food for Free, Collins, 2004, pp. 69, 73, 79.

8. Songe d’une nuit d’été. 9. Martin Crawford, Forest Gar-dening Pt I, http://www.youtube.com/watch?v=b_fhAch5qiY10. Couplan, p. 8811. Thevin, p. 97.

plantes sauvages. Riche en protéine (5,5%), vitamine A et C, fer et minéraux de sel, elle fonctionne comme faible laxatif, comme traitement de désintoxication pour assainir le foie et les reins, comme tonifiant pour la circulation du sang et purifiant pour la peau. Elle peut être préparée en purée, ajoutée aux soupes, cuisinée avec les patates ou les carottes et, en

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Écosse, ajouté au haggis végétarien.12 Et si ce n’était pas encore assez,

12. Thevin, p. 107, Couplan

p. 98, Mabey, pp. 104-5.

une poignée (gantée) d’orties peut remplacer la lessive et dégraisser

efficacement la vaisselle.

Bravo donc à toutes ces petites pousses vertes qui se fraient un chemin entre les pavés et les briques pour coloniser les espaces abandonnés de nos villes!

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les brèves Le bouddhisme sexyJ’ai lu quelque part que l’économie sans éthique c’était comme le sexe sans amour. L’inverse est aussi à considérer.

Up-Site down.... boy yoU tUrn mePlus, plus, plus... Plus de monde à Bruxelles, plus d’investissements, plus de logements, plus de recettes fiscales... allons-y gaiement, plus c’est toujours mieux. C’est ainsi que chaque jour la plus grande tour de logement «Up-Site» grandit. Elle atteindra en 2014, 140 mètres de haut, pour 2 500 logements. Bravo! Voilà des vrais projets! Seul hic, les eaux (plus) usées se déversent dans la Senne. Eh oui! La tour n’est malheureusement pas encore connectée aux égouts qui mènent à la station d’épuration de Bruxelles-Nord. Les égouts de Bruxelles n’ont qu’a être réparés plus vite, la Banque Européenne d’Investissement a prêté en 2010 de quoi faire les travaux. L’intercommunale de distribution et d’assainissement de l’eau Hydrobru doit donc se dépêcher de s’adapter aux grandes réalisations du privé! Mais ne nous alarmons pas, les pouvoirs publics assurent que le nécessaire sera fait avant la fin des travaux, comme en 2010 au moment de la délivrance du permis. Et puis bon, ceux qui habitent déjà dans la tour ne sont pas très nombreux, alors ça va, hein, ce n’est qu’une petite pollution. Et si on en faisait parfois moins, moins, moins ?

Bruxelles Ville Verte? le verdict a été rendu en juin : malgré sa communication très soignée, Bruxelles-Capitale ne sera pas la Ville Verte européenne en 2015. il y a de la parole, mais les gestes sont incohérents. Qui s’en étonne? le kaléidoscope politique et institutionnel rend difficile l’émergence d’un projet de société sérieux à la hauteur des enjeux environnementaux actuels. Voici un exemple tout fraîchement sorti du four qui concerne le projet universalis Park au Campus de la Plaine (le plus grand espace vert d’ixelles et de surcroît une zone à haute valeur biologique): malgré la pertinence des critiques et plus de 4000 signatures récoltées en très peu de temps (voir le site laplaine.jimdo.com), le non-sens du projet a reçu un avis favorable lors de la commission de concertation publique le 19 juin 2013. Même Bruxelles environnement ne s’y est pas opposé. Que s’est-il passé? ecolos, que faites-vous?

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L’air de Turquie pour Les renards d’ixeLLesUn aspect du mouvement «Occupy wall street» a tendance à être négligé: les contestataires ne sont ni restés dans la rue ni partis se réfugier dans un square ou entre quatre murs. Ils sont allés dans un parc. Le parc Zucotti n’est certes pas le plus bel endroit du monde pour accueillir des insurgés dans des tentes de fortune, mais quelques arbres suffisent à rendre heureux ceux qui, comme eux, cherchent à s’enraciner. Les hommes riches dorment dans des hôtels quatre étoiles, ceux qui dorment à la belle étoile en ont infiniment plus ... Depuis lors les parcs urbains attirent d’autres populations que les amateurs d’oiseaux et les joggers: ils sont devenus l’épicentre de nouvelles formes d’idées et de protestations. Cela s’est ainsi déroulé à Istanbul où 50 environnementalistes ont montré le 28 mai dernier leur volonté de protéger les arbres du site du Taksim Gezi Park menacé de disparaître au profit de la reconstruction de la caserne Taksim et d’un centre commercial. L’événement a fait rapidement tâche d’huile dans tout le pays en devenant un mouvement d’opposition au gouvernement d’Erdogan. Seulement trois jours après le premier rassemblement à Gezi Park, des manifestations de solidarité se sont organisées place du Luxembourg à Bruxelles. Nul besoin d’aller jusqu’à Istanbul pour trouver à s’indigner de la disparition des arbres en ville. Rappelons-nous, grâce à Inter-environnement Bruxelles et d’autres organisations civiles, Bruxelles avait réussi à préserver les platanes de l’avenue du port. Mais d’autres lieux sont encore en danger. Le jardin potager de Boendael-Ernotte à Ixelles continue d’être menacé. Et puis il y en a un autre encore : l’impressionnant parc de la Plaine à côté de l’ULB sur le Boulevard du Triomphe (il fait partie des quelques lieux de Bruxelles où vous pouvez observer des renards). En 2006, l’ULB a vendu au meilleurs acheteur le site et tout l’écosystème qui va avec... mais l’heureux acquéreur n’est pas, hélas! un riche amoureux de la nature et des renards, c’est une société qui investit. «Dans quoi ?» pourrions-nous nous demander. Les voraces promoteurs immobiliers et les politiciens amoureux du ciment feraient peut-être bien de prendre l’air en Turquie avant de chasser le renard d’Ixelles.

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Les herbes sauvages sévèrement réprimées à schaerbeekAoût 2013, Bruxelles. Les plantes sauvages hyper-invasives menacent d’engloutir la commune de Schaerbeek. Pour éviter que les trottoirs ne deviennent des chemins de brousse infestés de serpents, la commune décide de réagir en sanctionnant sévèrement tout citoyen qui laisserait pousser ce qui ressemble de près ou de loin à des „herbes sauvages“. L’inconsciente Marie-Françoise Dispa encourt en conséquence une amende de 250€ pour avoir installé dangeureusement sur son trottoir un Pyracantha (voir photo) qu’elle laisse croître, d’après ses propres aveux, depuis plus de 10 ans.Le Centre d’Écologie Urbaine, une jeune organisation terroriste, se porte à la défense de l’accusée  : «  les plantes sauvages, mangeons-les quand elles sont comestibles. Sinon laissons-les pousser, ça relancera la croissance en Belgique. »La sauvagerie n’a pas disparu !

Des écomistes Du Beci poussent les Bouchons un peu loin„Brussels Enterprises commerce & Industry“ a tapé du poing sur la table pour dénoncer les embouteillages à Bruxelles. Leur argument est brillant d’éloquence. Ils ont multiplié l’estimation du nombre total d’heures passées dans les transports par le salaire horaire net moyen, puis ajouté une louche de réchauffement climatique, une pincée de bruit et un zeste d’accident... 3 tomates + 1 navet + 2 salsifis... Eureka! 511 millions d’euros. Les grands quotidiens libres étaient tous très contents de relayer ce tour de magie (essayez de taper „511 millions“ sur google...).

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Les prophètes de La vaLLée de JosaphatLa vallée de Josaphat se situe à proximité de Jérusalem, en Terre Sainte. En plus d’un parc du début du XXème siècle, la vallée schaerbeekoise du même nom est plutôt connue pour sa Terre Polluée et ses infrastructures ferroviaires obsolètes. Mais notre Josaphat à nous est aussi digne d’une épopée biblique. Elle accueille aujourd’hui une Zone d’Intérêt Régional et plusieurs couches de planification administrative et urbanistique (ZIU, PRAS, PPAS…). Dans ses dimensions et sa configuration, le site ressemble à plusieurs égards à l’ancienne gare de marchandises Saint-Sauveur à Lille, actuellement en pleine transformation : un nouveau centre d’art contemporain, des cafés bobos, des expos, un peu de vert … Il n’est donc pas étonnant que la Région bruxelloise s’inspire de tels précédents et veut convertir cette zone d’une vingtaine d’hectares en « quartier durable exemplaire ». On peut s’imaginer l’irritation des responsables de la Société d’Acquisitions Foncières, maîtresse de la transformation de Josaphat, lorsqu’elle apprend dans la lettre hebdomadaire d’Inter-Environnement Bruxelles du 29 août 2013 d’un « Week-end d’information et de réflexion sur le projet Common Josaphat, qui vise à transformer en bien commun la zone d’intérêt régional de la gare de Josaphat ». En effet, unis sous la bannière de la réflexion sur les biens communs, un groupe de citoyens engagés y organisaient des fâcheuses activités comme une « balade de découverte du terrain », des « mini-ateliers thématiques », un « ciné-club » et même des pratiques culinaires d’origine étrangère (« auberge espagnole »). Mais, tel un roi biblique qui boude de ne pas avoir été invité, la Société d’Acquisitions Foncières ne souhaite pas qu’on découvre son terrain et ferme immédiatement le site. Pour l’instant, Josaphat reste donc un site public sans être un espace public ; un bien foncier qui n’est pas un bien commun. Mais cela n’a pas empêché les citoyens de se réunir (ailleurs) et de densifier leurs réflexions - en attendant peut-être des hommes politiques aussi passionnés par les biens communs qu’eux. Les Chrétiens connaissent d’ailleurs déjà la fin de l’épopée : la Vallée de Josaphat sera le théâtre du Jugement Dernier…

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Sauvez l’antarctique, buvez du cocaWWF-Belgique reçoit chaque année près de 9 millions d’euros de la part de ses 80 000 membres belges qui représentent 70% de son budget. Avec ça, son équipe fait des miracles pour l’économie et l’écologie en Belgique. Dans son rapport 2012 de six pages, on voit qu’ils font le jeudi veggie à la cantine et de la sensibilisation dans les écoles grâce à des volontaires. C’est que le WWF-Belgique s’occupe des vrais grands enjeux, pas des petits machins. Il s’engage ainsi avec Ikea, Crédit Agricole ou Danone sur la voie de la du-ra-bi-li-té! Depuis plusieurs mois, vous pouvez voir leur logo sur toutes les canettes de Coca-Cola. Voilà, c’est fait! En buvant du Coca, vous contribuez maintenant à sauver l’antarctique! C’est Ronald Biegs, président du WWF Belgique et ancien directeur financier de Coca-Cola France qui vous le dit. La Communauté française a bien eu raison en 2006 de faire du WWF une association d’éducation permanente!

Peut-on comPter sur vous ? On reconnait une société civilisée par son obsession pour le fait quantitatif. Seul un orateur qui parle « chiffres à l’appui » mérite d’être entendu, sans quoi nous le taxerons d’idéaliste et de rêveur ou, pis encore, de poête. Les chiffres du PIB augmentent ? L’économie va bien. Le sentiment d’un malaise social ? On s’en fout. Comme elle veut peser sur le débat public, l’Inter-Environnement Bruxelles a dû apprendre que tout ce qu’on ne peut pas compter ne compte pas. Résultat : dans le dernier Bruxelles en Mouvement l’IEB critique, chiffres à l’appui et donc très sérieusement, les cycles déstructions-réconstructions qui ravagent depuis l’invention de la boule de démolition le tissu immobilier de notre ville. Quels sont les chiffres de l’IEB ? Il s’agit d’un outil d’évaluation du bilan carbone développé avec les consultants d’ECORES et l’Association de Quartier Léopold, un instrument « qui n’est, somme toute, qu’une formule mathématique dans un tableau Excel » (Bruxelles en Mouvement, 265 – juillet/août 2013). Souriez, molécules de carbone, vous êtes comptées! Seul hic : l’étude d’ECORES présentant la fameuse formule n’est pas encore sortie, ce qui protège les calculs, en fin de compte quand même assez complexes, de toute évaluation externe. Mais ça ne fait rien, on a l’habitude d’utiliser des chiffres obscurs qu’on ne comprend pas…

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OctobreMardi 1er octobre, Quartier durable Coteaux-Josaphat Deadline pour Appel à projet artistique, participatif et fédérateur dans l’espace public, dans le cadre du contrat de quartier durable Coteaux-Josaphat Plus d’info: www.halles.be

Jeudi 3 octobre, Cuisine des 4 saisons au mielLes légumes d’automne avec Apis Bruoc Sella, Belg’ Apétit & Nature et Progrès. 18h30, 33, Rue Middelbourg, 1170 Bruxelles Info et réservation: www.apisbruocsella.be

Samedi 5 Octobre 2013, Ecole Communautaire Entrepreneuriale Consciente« Quel avenir pour nos écoles ? L’Ecole Communautaire Entrepreneuriale Consciente, un modèle pour la Belgique ? » 9h30, salle D100 de l’ICHEC Brussels Management School Info et réservation sur www.facebook.com/Ecole.ECEC

Vendredi 11 et samedi 12 octobre 2013, PermacultureWeek-end d’introduction générale à la formation longue de permaculture (sur un an) organisée par Terre et ConscienceLe Potager Elisabethlaan, 3080 Tervuren Info et réservation sur www.tetra-asbl.be

Dimanche 13 octobre 2013, Guerrilla-actiePlus d’info sur velt.be/brussels

Lundi 14 octobre 2013, Quartier vert 2013Deadline pour candidature quartier vert 2013Plus d’info sur quartiersverts.ieb.be

Mercredi 23 octobre 2013, Cycle d’introduction aux Initiatives de TransitionSoirée de démarrage de la deuxième édition 2013-2014 du Cycle d’introduction aux Initiatives de Transition19h, Maison de quartier Malibran, 10 rue de la Digue Ixelles.

Agenda de l’écologie urbaine

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Info et réservation sur www.deltae.be

Mercredi 23 octobre, Formation de composatge en appartement par Worms asblCette formation est essentiellement destinée aux personnes ne possédant pas de jardin mais qui souhaitent réduire la quantité de déchets qui fi nissent à l’incinérateur. 18h – 21h, Maison de la Paix d’IxellesPlus d’info et inscriptions sur [email protected] & www.wormsasbl.org

Vendredi 25 octobre, Dans le plus simple appareil: dialogues citoyens pour l’écologie urbaine

Dans le cadre de sa mission d’éducation permanente en partenariat avec Etopia, le Centre d’écologie urbaine enregistre une émission de radio18h. Centre d’écologie urbaine, 789, Chaussée de Waterloo, 1180 BruxellesInfo et réservation sur www.urban-ecology.be

NovembreSamedi 2 novembre, Formation : Compostage au jardinCette formation s’adresse aux personnes qui possèdent un jardin, qu’il soit petit, moyen ou grand. 10h – 13h à la ferme du parc MaximilienInscriptions sur [email protected]

Jeudi 7 novembre, Fabriquer ses produits ménagers à partir des produits de la ruche Le miel, seul édulcorant naturel ne nécessitant pas de transformation, est connu par l’homme depuis la nuit des temps. Mais les autres produits de la ruche ont toujours été appréciés, principalement pour leurs qualités de protections. Stradivarius protégeait ses violons avec de la teinture de propolis, tandis que les navigateurs imperméabilisaient leurs voiles avec de la cire.

Apprenez à fabriquer simplement quelques produits de protection tels que de l’encaustique, du cirage, de la teinture de propolis18h30-21h30 au Centre d’écologie urbaine, 789, Chaussée de Waterloo, 1180 BruxellesInfo et réservation sur www.apisbruocsella.be

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Dimanche 10 novembre, Guerrilla-actiePlus d’info sur velt.be/brussels

Samedi 16 novembre, Formation de composatge en appartement par Worms asblCette formation est essentiellement destinée aux personnes ne possédant pas de jardin mais qui souhaitent réduire la quantité de déchets qui fi nissent à l’incinérateur. 10h, Maison de quartier Scheut (anderlecht) Plus d’info et inscriptions sur [email protected] & www.wormsasbl.org

Dimanche 24 novembre, Bourse aux plantes de Natagora L’équipe «Nature au Jardin» vous propose, dans une ambiance de fête, tout un panel d’activités pour devenir «expert» dans l’accueil de la vie sauvage au jardin.Plus d’info sur www.natagora.be & www.natureaujardin.be

Dimanche 24 novembre, Fabriquer en famille ses bougies en cire d’abeilles Après la découverte de différents usages de la cire, chaque participant pourra

Centre d’écologie urbaine enregistre une émission de radio18h. Centre d’écologie urbaine, 789, Chaussée de Waterloo, 1180 BruxellesInfo et réservation sur www.urban-ecology.be

fabriquer sa bougie à froid ainsi que ses bougies à chaud, à l’aide de différents moules. 14h-16h: Centre d’écologie Urbaine, 789, Chaussée de Waterloo, 1180 Bruxelles-enfants.Info et réservation sur www.apisbruocsella.be

Vendredi 29 novembre, Dans le plus simple appareil: dialogues citoyens pour l’écologie urbaineDans le cadre de sa mission d’éducation permanente en partenariat avec Etopia, le

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DécembreVendredi 6 december, We take the roofs!Plus d’info sur velt.be/brussels

Vendredi 20 décembre, Dans le plus simple appareil: dialogues citoyens pour l’écologie urbaine

Dans le cadre de sa mission d’éducation permanente en partenariat avec Etopia, le Centre d’écologie urbaine enregistre une émission de radio18h. Centre d’écologie urbaine, 789, Chaussée de Waterloo, 1180 BruxellesInfo et réservation sur www.urban-ecology.be

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Soutenez le Centre d’écologie urbaine, aban(do)nnez-vous à sa gazette Gaïa Scienza.

Vous êtes informé de manière originale et critique sur le travail et l’évolution de l’écologie urbaine à Bruxelles et dans le mondeVous soutenez un journalisme artisanal au service de projets concrets d’écologie urbaine

Pour vous abonnez, deux possibilités:

1) Remplir le bulletin de soutien et nous l’envoyer par poste ou pigeon voyageur.

2) Faire un virement permanent (c’est mieux) ou unique sur le compte BE10 3631 0223 4404 (BIC: BBRUBEBB) avec le montant de votre choix et la mention „soutien + nom + prénom“. Faîtes-nous connaître ensuite votre adresse postale pour nos pigeons voyageurs.

789 chaussée de Waterloo, 1180 Uccle

[email protected]

Aban(do)nnez-vous

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Commandez des anciens numéros? Les anciens numéros sont en consultation au Centre d’écologie urbaine et sur son site internet www.urban-ecology.be ainsi qu’à la Bibliothèque Royale de Belgique. Vous pouvez également nous les commander en nous écrivant à [email protected], un pigeon voyageur viendra vous le déposer dans votre boite aux lettres belge pour un sachet de graine équivalent à 2 € (frais de port).

# 1. «Lettre d’intention et note d’intensité», équinoxe du printemps 2010, épuisé. May you share my happiness; Pourquoi Einstein est le père de Bourdieu: le champ physique en sociologie; Nietzsche et la naissance du blues, Nietzsche und die Geburt des Blues; L’absurde, c’est du sérieux; A few things you should know (and see) about Kathakali; Energy, Ecology and the Public Debate; La commission des Shadock Savants; Petit poème d’actualité; Vox Populi; Conseils stylistiques pour essayistes à succès.

# 2. «Waiting for the plumber», équinoxe d’automne 2010. Family Science; Untitled; Les Shadocks jouent au golf en un trou; Une monnaie de singe; Die Vermessung der Dinge; Sound of silence.

# 3. «Long life to Prometheus», solstice d’hiver 2010, épuisé.Dans le Mac Do de la fin du monde; Kotka’s secret; La thaïlande entre deux combats; Le PIB et sa crôassance, depuis son «big bang» jusqu’à nos jours; Jésus est-il en voie de réapparition pour celles et ceux qui sont en voie de disparition?; La volonté du goût; The Da Vinci Skull.

# 4. «Nature», solstice d’été 2011, épuisé. La bombe humaine avec un grand H; www (une waltz à trois temps); Les natures de la nature; Forêt Nagasaki; La mesure des choses: la rose de Goethe; Pinaillage sémantique sur «de rerum

natura»; Le couteau papillon; Ballade à cloche-pieds par-delà nature et culture; Un poète au chômage en l’an 2016; Nature through the lens of childhood; De natura bunkerum; Oh... aren’t they cute!; Sound of silence.

# 5. «Soyons désir», équinoxe du printemps 2012, 2 €Trois cafés au Centre d’écologie urbaine; How things turned out right?; La croissance fantastique (bande dessinée); La pâte à la main; Sound of silence.

#6. «Alimentation», équinoxe d’automne 2012, épuisé. L’histoire des potagers de Bruxelles; les potagers d’Ixelles dans l’ombre de la spéculation immobilière; Balade à Boendael; Densification urbaine: problème ou solution?; Y a t-il une éthique végétarienne?; Le régime végétarien expliqué par une diététicienne; Les jeudi végétériens en Belgique; Et à Bruxelles, quel soutien institutionnel?; Dis moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es!; Se lancer en permaculture; Pourquoi l’agriculture urbaine?; Potagers collectifs, un panier de cultures...; Projet potage-toi; Des poissons et des plantes: l’aquaponie.

# 7. «La transition est arrivée près de chez vous», équinoxe du printemps 2013, 2 € C’est la «crise»! Qui va financer le transition?; Le méchant Pictou détruira t-il le monde?; 30 milliards de barils et moi, et moi, et moi...; Le bénévolat, réacteur de la transition; Une manière originale de penser la politique; La monnaie fait-elle l’échange?; Combien de miracles au Centre d’écologie urbaine?; Initiatives de Transition: les limites du mouvement; The promised land of urban farming; La nouvelle politique agricole commune: quel rôle pour l’agriculture urbaine?; Opération Tournesol: creusons-nous la tête pour dépolluer Bruxelles; Auto-organisons-nous!

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Gaïa Scienza est la gazette du Centre d’écolog ie urbaine768 chaussée de Waterloo, 1180 Bruxelles

[email protected]

023431281

Ont participé à ce numéro: Dr Rabbit, Stephan Kampelmann, Simon de Muynck, Swen Ore, Marie Cocquerelle, Jacqueline Fletcher, Regis

Remigy.

Conception graphique Olga Constant

Gaïa Scienza est mis sous presse dans l’imprimerie-atelier de la Maison de la Poésie d’Almay qui a besoin d’aide et de soutien pour

continuer d’exister.

E-mail [email protected] www.urban-ecology.be

septembre 2013ISSN 2034-0133

Crédits photosp.10, «Zen», Scottmontrealp.12, «Sinister industry», Donnamarijnep.18, «Supermar-ket», Cleopatrap.20, «Diese Stadt ist aufgekauft» (cette ville est accaparée), Songkran

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« »Bien sûr nous sommes en partie subventionnés (Fédération Wallonie-Bruxelles, Province de Liège, Région Wallonne, Forem, Ville d’Amay)Bien sûr nous produisons de beaux livres avec notre branche éditoriale (L’Arbre à paroles),et bien sûr nous disposons d’une imprimerie-atelier qui nous permet de fabriquer de beaux livres pour d’autres petits et moyens éditeurs, cela nous fournissant par ailleurs une base financière bien utile pour nos projets...Mais cela aujourd’hui ne suffit plus... Et tout en souhaitant mieux développer notre distribution et diffusion sur les territoires belges et français, améliorer nos ventes en ligne et dans les bonnes librairies, faire plus de livres pour de nouveaux clients, nous en appelons à VOTRE SOUTIEN DIRECT et ENGAGÉ...

maisondelapoesie.com

la maison de la poésie d’Arnay

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