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LIBRAIRIE LE SQUARE La Gazette Printemps 2008 du Square LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE e-mail : [email protected], site : www.librairielesquare.com Coups de coeur Littérature française, poésie, littérature étrangère, B.D, essais Les rencontres du Square Sorj Chalandon, “Mon traître”, Ed.Grasset Jacques Bouveresse, “La connaissance de l’écrivain, sur la littérature, la vérité et la vie” Anna Gavalda, “La consolante”, Ed. Le Dilettante Et dans le cadre du printemps du livre : Natacha Appanah, Lydia Flem,, Philippe Forest, Eric Reinhardt, Danielle Bassez et beaucoup d’autres... Infos Le Square se dote d’un nouveau site web qui sera bientôt opérationnel. Nous vous aviserons... Un dossier Initiales consacré à Guy Goffette arrive sous peu ! Rencontre exceptionnelle Erri de Luca le 5 mars

Gazette printemps 2008 - Librairie Le square

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La Gazette Printemps 2008

du Square

LE SQUARE LIBRAIRIE DE L’UNIVERSITE 2, PLACE Dr LEON MARTIN GRENOBLE

e-mail : [email protected], site : www.librairielesquare.com

Coups de coeurLittérature française, poésie, littérature étrangère, B.D, essais

Les rencontres du SquareSorj Chalandon, “Mon traître”, Ed.GrassetJacques Bouveresse, “La connaissance de l’écrivain, sur la littérature, la vérité et la vie”Anna Gavalda, “La consolante”, Ed. Le DilettanteEt dans le cadre du printemps du livre : Natacha Appanah, Lydia Flem,, Philippe Forest, Eric Reinhardt, Danielle Bassez et beaucoup d’autres...

InfosLe Square se dote d’un nouveau site web qui sera bientôt opérationnel. Nous vous aviserons...Un dossier Initiales consacré à Guy Goffette arrive sous peu !

Rencontre exceptionnelle Erri de Luca le 5 mars

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Et mon coeur transparent, Véronique Ovaldé, Gallimard, 18€" Et mon cœur transparent ", titre issu d'un poème de Verlaine, conte l'histoire d'un homme prénommé Lancelot dont lafemme Irina vient de mourir d'un accident de voiture, précipitée dans la rivière Omoko. La tristesse et le chagrin qui fontsuite au deuil ne sont rien en comparaison du " Très Grand Choc Supplémentaire " que subit Lancelot. Quel est cethomme qui se fait passer pour le père d'Irina, mort des années plus tôt ? Que faisait sa femme au volant d'une voiturequi ne lui appartenait pas ? Pourquoi des recettes de fabrication d'explosif parmi les recettes de cuisine ? Lancelot décou-vre un amoncellement de détails qui lui font apparaître une autre femme, plus engagée. Peut-on méconnaître la per-sonne avec qui l'on vit ? Véronique Ovaldé pose ces questions à travers un roman noir mais jamais larmoyant, où latristesse se mêle au désarroi. La force de l'auteur est de faire du chagrin une légèreté, d'aborder l'histoire d'amour deLancelot et Irina avec délicatesse et surtout une grande imagination, une écriture sobre et cinglante au rythme rapide etdes dialogues brefs et parfois drôles malgré le sujet. Roman noir, quête amoureuse, univers original dans lequel onplonge avec délice.Le village de l’allemand, Boualem Sansal, Editions Gallimard, 17€Boualem Sansal vit près d'Alger. Auteur de deux essais et de quatre autres romans dont " Le serment des barbares "en1999 ou " L'enfant fou de l'arbre creux " en 2001, il est considéré comme un des auteurs algériens les plus reconnus etengagés ; son œuvre s'inscrit dans une volonté de dénoncer les injustices et les silences de l'histoire. Le village de l'alle-mand, roman de filiation et de mémoire aborde un sujet tabou en Algérie, celui de la Shoa. Ce roman est basé sur unfait réel. Boualem Sansal, en déplacement dans la région de Sétif dans les années 80, est attiré par un village étrange-ment propre et ordonné. Ce village fut le refuge d'un ancien chef nazi, devenu algérien, converti à l'islam et qui portait letitre honorifique de Moudjahid. Partant de là, Boualem Sansal élabore un magnifique roman, livre bouleversant qui relatela découverte par deux frères moitié algériens- moitié allemands, élevés en banlieue parisienne par un oncle, du passénazi de leur père, après son assassinat et celui d'une partie du village par des extrémistes religieux dans les années 90.Commence alors une véritable descente aux enfers pour Rachel, le frère aîné. Fardeau trop lourd à porter pour lui quede se savoir fils de bourreau, il en perd la raison, son travail, sa femme… sa vie. Il laisse en héritage à son frère cadet,un journal, véritable témoignage de ses recherches sur les pas de son père, l'histoire des camps d'extermination.Boualem Sansal, qui cotoit ainsi Primo Levi, frappe par la puissance de son écriture et la violence des événements qu’ildécrit avec, outre la Shoa, les massacres en Algérie dans les années 90 et la montée de l'islamisme dans les banlieuesfrançaises. Ce roman se veut une œuvre de transmission du savoir pour les générations à venir. C.M

Litté

rature

Les noeuds, Editions Le DilettanteLa belle maison, Editions Le Dilettante

Ca y est, il revient, l’unique, le grand Franz Bartelt. Le seul écrivain qui partage avec Frédéric Dard et Georges Simenonle talent d’écrire vite, bien, pour pas cher (respectivement 12 et 15 euros le livre). Il revient donc avec deux ouvrages,plus drôles que jamais. Vous apprendrez, chers lecteurs chanceux, pourquoi les Capouilles n’aiment pas forcément cettebelle maison que leur offre la ville de “Cons” dont le maire Monsieur Balbe est pourtant très fier. Vous saurez pourquoi Basile Porquet fait des noeuds pour sauver la République, quel est le lien entre aimer une femmeet astiquer le parquet et aussi qu’une “femme de chômeur est faite de la même manière qu’une femme qui pose pourdes photos de magazine”. Basile dit :”Je suis le noeud, le noeud c’est moi. Et le noeud est en moi. Donc je suis moi. Si je suis en moi, c’est que jesuis dans le noeud puisque le noeud c’est moi”.Si vous souhaitez comprendre cette logique implacable, faites une psychanalyse en lisant Franz Bartelt car le génie c’estlui, qu’il est dans le génie puisque le génie c’est lui. Cette séance ne vous coûtera que 27 euros tout compris, résultatsgarantis !

L.B

Le boulevard périphérique, Henry Bauchau, Editions Actes Sud, 19,50 €C’est un livre dont on parle beaucoup et à juste titre, la raison en est peut-être que son auteur, agé de 95 ans ne cessede nous émerveiller à chaque publication. Le narrateur du livre est un homme d’un âge certain. Alors qu’il se rendrégulièrement à l’hôpital pour visiter sa belle-fille malade, sa mémoire le ramène sans cesse à la disparition de sonmeilleur ami pendant la seconde guerre mondiale, puis à la rencontre du bourreau nommé Shadow, officier nazi. C’estune véritable vie d’homme que nous raconte ici Bauchau, l’amitié, la mort, le manque mais aussi l’espoir et la bonté siimportante dans ce roman. La limpidité du style de l’écrivain ajoute au récit plus de grâce encore. Plus qu’un livre dechevet, un traité d’humanité.

L’hiver indien, Frédéric Roux, Editions Grasset, 20,90 €Ils sont six, ils sont Indiens de la tribu des Makahs et vivent dans une réserve. Beaucoup sont marqués par la vie, l’al-cool, la prison, la violence sous toutes ses formes et pire. Un jour, ils se souviennent de leurs ancêtres, particulière-ment Stud et Percy. Ils se souviennent que les ancêtres Makahs chassaient la baleine et bien que l’idée puisse paraî-tre saugrenue, ils partent sur les eaux. Frédéric Roux, bien que français, a écrit ici un très grand roman américain. Ilconnaît si bien son sujet et excelle tellement dans les dialogues que c’en est renversant. Ni pastiche, ni roman à lamanière de, il faut absolument découvrir cet écrivain si singulier de la littérature française contemporaine. Du mêmeauteur à lire les bouleversants “Fils de satan “ (Mille et une nuits) et “Et mon fils n’apprendra qu’à pleurer” (Grasset).

L.B

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ratureLitté

Territoires chamaniques, Kenneth White, Héros limite, 24€Kenneth White est né en 1936 à Glasgow. Il n'a que trente ans lorsque André Breton le salue dansun numéro de la N.R.F.. Pour lui, la culture est la manière dont l'être se conçoit, se travaille et se diri-ge. Or, il constate, depuis longtemps, qu'aujourd'hui nous ne pouvons guère prétendre à une culturemais plutôt que nous avons de la culture. En ce sens, il faut se rappeler de la poésie " première " quiest pratique. Cela passe par l'activité dérivante, nomade, par un esprit en nul lieu figé. La géopoli-tique en est le concept. Il s'agit pour lui d'ouvrir les mouvements et de rendre une parole ouverte surelle-même. Territoires chamaniques en est l'illustration, un long travail de récolte, une poésie avec lesentiment de proximité à l'égard des choses et des êtres vivants.

Une variante de la sortie du jardin, Yves Bonnefoy et Farhad Ostovani, William Blake& Co, 70€

Les éditions William Blake & Co ont un catalogue d'une exigence sans concession. Une variante dela sortie du jardin s'inscrit évidemment dans cette lignée. La poésie fait ici écho aux dessins de l'au-tre et vice-versa. Une terre déserte où passent un homme et une femme, un tableau. S'agit-il d'Èveet d'Adam, du jardin d'Éden ? En tout cas, une errance sans chemins où ils vont simplement. Maisquelque chose semble se jouer d'eux - de nous. Un jeu complice de lumières et d'ombres. Magnifiqueouvrage où tous les exemplaires sont servis en feuilles sous coffret.

F.CYves Bonnefoy sera à la Maison des Langues (campus) le 9 avril à 14heures

Mon traître, Sorj Chalandon, Grasset, 17,90€En 2005 Denis Donaldson, une des grandes figures de l'IRA, reconnaissait trahir depuis 20 ansl'organisation pour les services secrets britanniques. Quatre mois plus tard, il était retrouvé mort.Ce traître, Sorj Chalandon, alors grand reporter en Irlande du Nord pour Libération, était son ami.Mon traître est le roman de cette trahison.Mon et non pas le, car la trahison pose la question de la parole donnée. Que reste -t-il d'une ami-tié si l'autre a trahi ce pourquoi il combattait ? Et quelle douleur quand on découvre qu'un traîtren'est pas une figure tapie dans l'ombre mais un ami qui vous serre dans ses bras. Sorj Chalandona bien trop de pudeur pour livrer un témoignage. De cette déflagration, il donne un roman à lapremière personne. Dans sa position, un luthier parisien. Un homme solitaire, peu à l'aise avecles mots ( anglais comme français) qui tombe en amitié avec des Irlandais dans les années 70et épouse leur cause avec la même abnégation qu'il a appris son métier. Une cause belle ethéroïque par le sacrifice de ses combattants. Sorj Chalandon va soumettre son personnage aumême choc mais, pouvoir de la fiction, il lui laisse la possibilité d'affronter une dernière fois sontraître. Autopsie d'une blessure, ce roman réussit à dire en peu de mots l'amitié.

Sorj Chalandon a été journaliste à Libération. Ses reportages sur l'Irlande du Nord et le procèsKlaus Barbie lui ont valu le prix Albert Londres en 1988. Il a publié chez Grasset , Le petit Bonzi(2005) et Une Promesse (2006, prix Médicis).

N.T

Sorj Chalandon sera au Square le 21 mars à 18h30Espace rencontre du Square, 20 rue de Sault

Le rêve de Torkel, Auguste Strindberg, Zulma, 9,50€

Peintre, dramaturge, écrivain, Strindberg avait le génie de donner des formes à des expériences et parla même occasion de susciter des images à partir des mots. Ses peintures comme ses textes sont d'uneconstruction élégante empreinte d'analogie et d'une grande sensibilité à l'égard des difficultés de l'exis-tence. Le rêve de Torkel est l'histoire d'un jeune homme solitaire qui souhaite quitter son île pour celled'en face où la vie semble plus douce. Toutefois, une fois atteint son but, le retour à la réalité est cruel," le paradis commence à ressembler à l'enfer qu'il avait laissé derrière lui ". S'ouvre ainsi la vie tellequ'elle est, ni bonne ni mauvaise. Le rêve devient alors initiatique et Torkel comprend dès lors que sapauvreté et sa dignité sont ses seuls alliés face à la difficulté d'être. F.C

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Libre

Sacré Saramago !Dans son dernier ouvrage le Prix Nobel de Littérature nous offre une nouvelle fable politique à réveiller les morts !Les intermittences de la mort, Jose Saramago, Editions du Seuil, Cadre vert, 20€(As intermicências da morte), traduit du portugais par Geneviève Leibrich

Une nouvelle fois Saramago dépasse les bornes ! Ce n’estplus un prophète, un sauveur, fut-il le fils de Dieu qu’il meten scène , mais l’alter ego de Dieu lui-même, « l’autre facede la pièce » : la mort elle-même ! Cette mort qui d’ordinai-re nous angoisse, qu’on écarte au moindre signe, qu’on segarde bien d’approcher de peur qu’elle nous approche, lui,Saramago, l’octogénaire de Lanzarote, qui n’a pas peur dese déclarer communiste en ces temps de capitalisme uni-versel et éternel, nous propose un petit voyage en compa-gnie puis en amoureux de l’éternel Néant. Curieux voyage, vous allez voir, puisqu’il commence en sonAbsence : « le lendemain, personne ne mourut ». Il estcomme ça, Saramago, d’entrée de jeu, dès la premièrephrase cette fois-ci, il vous met dans le bain, avec ce jourpas vraiment comme les autres, non pas tellement parcequ’il est le premier d’une année nouvelle mais surtout parcequ’il est le premier d’une longue période où personne nemourra ! Quelle aubaine ! L’euphorie est obligatoire, lesmédias et la rue exultent, les drapeaux sont aux fenêt-res...Une véritable ferveur patriotique s’enclenche pour l’é-ternité. Pour l’éternité ? Hum.. Ce qui devait ressembler à un para-dis sur terre tourne vite à la descente aux enfers! Imaginez.Des cimetières et Pompes Funèbres définitivement privésde clients, des hôpitaux surchargés de comateux et d’ago-nisants désormais incapables de franchir le pas, des com-pagnies d’assurance asphyxiées, des « foyers du crépuscu-le heureux » (charmante appellation pour les maisons deretraite !) débordés … c’est tout le système, la société touteentière qui se trouvent rapidement déréglés. Et ça va mêmebeaucoup plus loin puisque les très catholiques piliers de lacivilisation sont ébranlés : quid de la résurrection, du para-dis céleste, et finalement quid des religions, qui « toutesautant qu’elles sont (...) ont la mort comme unique justifica-tion de leur existence » !? Nous sommes dans la panade, mais nous sommes surtoutensorcelés par l’art du conteur, de l’affabulateur au sensstrict, par ce débit qui n’a l’air de rien avec ses longues phra-ses à la ponctuation quasi abolie, mais dont la vivacité tein-tée de feinte naïveté ne cesse de vous interpeller, de vousprendre à témoin, de solliciter votre bon sens ou votre incré-dulité déroutée… Diderot, Jacques et son maître ne sont

vraiment pas loinRevenons au récit. Il faut donc réagir ! Comme de bienentendu les pouvoirs s’en chargent. On crée des commis-sions (« interdisciplinaires »), on philosophe (bonjour lessophismes), on réunionne…. Inefficacité garantie ! Ce n’estcertes pas du Sommet qu’il faut attendre La Solution, maisd’une « famille de petits agriculteurs » qui offre tout simple-ment au grand père souffrant un petit voyage de l’autre côtéde la frontière de ce pays où il n’est plus permis de se repo-ser pour toujours. Premier rebondissement, bien sûr sous lesceau Saramago : une brêche d’humanité qui nous vient dupetit peuple, plus imaginatif et pragmatique que tous lespuissants, scientifiques et lettrés réunis, doublée d’un ren-versement saisissant de l’une des scènes essentielles desEcritures (n’en disons pas plus ici...). Cet acte de rébellionpour mourir en paix ne passe pas inaperçu. Les voisins ontcompris le stratagème, Clochemerle se met en branle, desjournalistes imbéciles assument une nouvelle fois – ce nesera pas la dernière - leur rôle de stigmatiseurs démago-giques…Et Saramago de se régaler en nous régalant pourfiler une nouvelle métaphore au goût du jour sur la régula-tion des flux migratoires…Sévérité affichée, peines exem-plaires, hypocrisie garantie, et à la clef un compromis àgenoux d’un Pouvoir à la solde de la « maphia » .. Oh, lemignon petit « gentlemen’s agreement » !Ainsi va le récit de ces intermittences jalonnées de rebon-dissements, si logiques et si rocambolesques, pour termineren apothéose par une idylle aussi loufoque que délicieuse,aussi imprévisible que romantique. Autant d’occasions pour Saramago de plonger, et avec quelplaisir, dans les rouages, petitesses et les convulsionsbureaucratiques d’une société pas totalement inconnue, degouvernants pas totalement étrangers. Ils nous racontentdes histoires, toujours les mêmes, pour nous endormir ? Etbien moi, semble nous dire l’auteur, je vais vous en racon-ter une, la leur, pour vous réveiller. Et en faisant vivre la mortil nous fait aussi rigoler...Sacré Saramago !

Pierre BALA

Trib

une

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Ascension, Ludwig Hohl, Attila, 15€Traduit de l’allemand par Luc de Goustine.Ascension est l’histoire de deux hommes qui partent à l’assaut d’un glacier. Devant les mauvaises conditions, l’unabandonne laissant l’autre continuer un périple fou vers une mort certaine. Ce court roman que l’auteur a réécrit sixfois en cinquante ans est paru en France en 1980 aux Editions Gallimard. Il est réédité aujourd’hui avec de très bellesillustrations. “Impeccable parabole”, comme le signale l’éditeur, on pense à “Histoire de Tönlë” de Rigoni Stern, “Aucoeur des ténèbres” de Conrad ou un “ Vieil homme et la mer” des hauteurs, bref, un classique exceptionnel tropméconnu.

Grace Land, Chris Albani, Albin-Michel, 22,50€Traduit de l’anglais par Michèle Albaret- Maatsch.Ce livre là est la merveille des merveilles. A situer entre “L’attrape-coeur” de Salinger et “Le destin miraculeux d’EdgarMint” de Brady Udall, le roman de Chris Albani nous emmène au Liberia. Elvis a seize ans. Il porte le prénom célè-bre du roi du Rockn’Roll qui le fascine. Il imite Presley sur les plages en espérant gagner quelques sous. Elvis veutconstruire sa vie à lui, son Graceland personnel, une vie hors du ghetto, loin d’un père alcoolique, loin des délin-quants. Est-ce qu’une vie plus douce, c’est trop demander ? Dans ce texte, récompensé par le Pen-Hemingway en2004, on découvre que l’horreur peut parfois s’effacer quelques instants devant la tendresse. Chris Albani a inventéle roman social sombre plein d’espoir. A lire pour comprendre le paradoxe.

Terres noires, terres blanches, Andrew McGahan, Actes Sud, 23€Traduit de l’anglais(Australie) par Céline Schwaller.Australie, William a dix ans et vient de perdre son père dans l’embrasement d’un champ de blé. Après cet événe-ment tragique, l’oncle Mc Ivor propose à William et à sa mère de venir habiter à Kuran Station, une vieille maisondécrépite. Malgré l’austérité du lieu, le jeune homme se laisse envahir par la magie de l’endroit au point d’avoir deshallucinations... Terres noires, terres blanches est un livre époustouflant, le rapport au paysage âpre, aux rencontreshumaines singulières et inédites n’est pas sans rappeler Le grand passage de Cormac Mc Carthy. Andrew Mc Gahana déjà publié Derniers verres dans la collection noire d’Actes Sud à l’ambiance si particulière. Tout est déroutant maison en redemande : la découverte de cette rentrée 2008 est australienne.

L.B

La route, Cormac McCarthy, Editions de l’Olivier,18,50€Une mention spéciale pour ce roman bouleversant de Cormac McCarthy dont on parle beaucoup mais qui le mérite lar-gement et bien plus encore. Un grand livre terrible et poétique. Vous plongerez comme moi dans ce monde dévasté et hal-lucinant où règne la barbarie et garderez longtemps en mémoire la voix de l’enfant, ultime espoir d’humanité. F.F

Christian de Metter est un auteur discret qui mérite que l’on parle plus amplement de lui. Avec des dessins comme de véri-tables peintures et des scénarios comme de véritables romans, Christian de Metter est un artiste complet. Initialement formé dans le monde de la publicité et illustrateur dans la presse rock, de Metter change vite de support et selance dans la bande dessinée en publiant en 2000 chez Triskel « Emma » une trilogie mettant en scène des personnagestourmentés et blessés par la guerre et développant une atmosphère sombre qui ne le quittera jamais. Sa carrière décolletrès rapidement. Il publie une dizaine d’albums en huit ans ( séries Dusk, Le Curé, Swinging London toutes publiées chezSoleil).

En 2004, son oeuvre est enfin reconnue pour « le Sang des Valentines » chez Casterman qui reçoit le prix public dumeilleur album du festival d’Angoulême. Ses derniers albums, “Vers le démon” en 2006, “Figurec” en 2007, “L’oeil étaitdans la tombe” en 2008, publiés chez Casterman, ne font qu’affirmer le grand talent de ce dessi-nateur et exploitent encore plus en profondeur son univers sombre, noir, digne des meilleursromans policiers. Christian de Metter, par son originalité et la singularité de ses albums, peut êtremis au rang des incontournables. L’oeil était dans la tombe, Casterman,14,95€Patrick, fils d’un célèbre pilote de formule 1 et futur papa, a tout pour être heureux. Or, lorsqu’ildécouvre qu’un homme, détenant un lourd secret sur son père, fait chanter sa femme, sa vie bas-cule d’un coup. D’un coup de colère. D’un coup de sang. D’un coup de couteau. La spirale qui lemène vers la folie s’épaissit et s’accélère. Comme Caïn, Patrick sombre et ne peut se défaire decet oeil de la culpabilité qui le pousse et le condamne.Le dessin de de Metter est encore et toujours une véritable prouesse artistique et son scénariotoujours aussi bien ficelé nous tient en haleine de la première à la dernière planche.Un album brillant, intelligent et littéraire qui plaira à un très grand nombre de lecteurs, amateurs de bandes dessinées oupas. E.P

Litté rature

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HumainesS

cien

ces

Nanosciences, Joachim Christian et Laurence Prévert, Le Seuil, 18 €

Les nanosciences sont l'ensemble des études, des fabrications et des manipulations de structures et desystèmes matériels à l'échelle du nanomètre. Les nanotechnologies quant à elles sont la conception, laproduction et l'application de ces mêmes structures et systèmes. Ce livre raconte l'histoire desnanosciences et des nanotechnologies et comment l'intérêt que nous avions envers elles s'est déplacé,sous la pression des lobbiess, des questions d'électroniques moléculaires vers la micro électronique.Les auteurs abordent les fantasmes et les peurs que cela suscite. L'enjeu étant le contrôle de la matièreà l'échelle atomique ou moléculaire. De là pourraient venir de véritables révolutions, médicales maisaussi de nouvelles armes, voire une forme de technologie du clonage et d'intelligences artificielles. Sanscesse, en filigrane de cet ouvrage nous est posée la question de l'identité.

Le jour où l’abeille disparaîtra, Jean-Christophe Vié, Arthaud, 15 €

J.-C. Vié est vétérinaire et biologiste. Il dresse un constat alarmant de l'état de la biodiversité et s'inter-roge sur les menaces qui pointent. Pour lui, l'adaptation naturelle a des limites et si on ne comprend paspour prévenir nous prenons le risque de réparer ce qui ne sera plus. Prophète de malheur diront cer-tains, mais pour que tout cela n'advienne pas. Notre avenir est évidemment lié à ce qui fait la valeur dela biodiversité, à défaut d'une prise de conscience urgente, il se pourrait bien que la prédiction d'Einsteinse réalise plus rapidement qu'on ne le pense.

Le monde s’est-il créé tout seul, collectif, Albin Michel, 16 €

Voici six regards sur le monde et son origine. Un ouvrage clair sur différentes logiques (botanique, astro-physique, médecine, cybernétique, physique et biologie). Un livre qui a le mérite de nous rendre plusintelligents et de nous ouvrir des mondes d'une rare subtilité et d'une grande complexité. Dès lors c'estnotre propre regard sur ce qui nous entoure qui prend une autre couleur.

L’enfant et le génocide, Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, Robert Laffont, 32 €

Les nombreux textes (Appelfeld, Kertesz, Primo Levi…), les témoignages, les poèmes et les documentshistoriques réunis ici nous révèlent ce que fut l'effondrement d'un monde pour les enfants et le regardqu'ils pouvaient porter sur celui des adultes. Comment l'enfant pouvait-il comprendre la Catastropheautrement qu'intuitivement ? Comment les enfants s'appuyaient-ils sur le jeu pour survivre ? Comments'organisaient-ils dans les ghettos ou les camps ? " Un enfant fait une bêtise dans un service. On leprive de soupe - sur quoi les autres enfants font la grève, par solidarité - ils refusent de prendre leursoupe… (Ghetto de Lodz) “. Sans comprendre les clefs d'un monde trop idéologique, l'écroulement étaitpour eux la vie même. Les enfants saisissaient obscurément leur destin. Le projet d'extermination étaitune énigme qu'ils formulèrent souvent avec une grande précision. Plus d'un témoin évoque la joie deces enfants lorsqu'un air de musique, un poème se faisait entendre ou lorsque jouant ensemble ils nepensaient plus à leur situation. Dans ce livre les enfants ont leur place, mais ils sont les victimes et nonles témoins. Leur regard remet en cause celui des adultes et exprime la trahison.

F.C

L’empire des émotions, les historiens dans la mêlée, Christophe Prochasson, Demopolis, 24€

Depuis une vingtaine d'années, l'histoire savante traverse une crise de confiance, non que l'his-toire n'intéresse plus, au contraire ; on reprocherait plutôt aux historiens de ne pas écrire la bonne.Il faut dire que l'histoire tient une place singulière dans notre pays. Dans une République constru-ite sur la séparation du politique et du religieux, l'Etat invoque l'histoire pour désigner les grandshommes et dessiner par là-même les lignes d'une morale. Et depuis la faillite des grands discours,l'histoire est devenue le lieu de l'affrontement des passions, le lieu où se disent les revendicationspolitiques. Tout groupe veut pour accéder à une reconnaissance écrire l'histoire de son point devue. D'où la confusion de plus en plus grande entre histoire et mémoire, or le propos nuancé del'historien ne peut épouser la souffrance des victimes. Polémique mais refusant la simplicité, C.Prochasson, spécialiste d'histoire politique, montre comment une certaine historiographie aencouragé cette dérive. On saisira la pertinence politique de cet essai. A l'heure où la compassionenvahit tous les discours, l'histoire doit se tenir à distance des émotions et " dégager la relation aupassé de son enveloppe sentimentale ". Un appel à la vigilance très stimulant par son exigence.

N.T

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Murs

Hors les

Le Printemps du livre se tiendra cette année les 4, 5 et 6 avril, les journées du 5 et 6 avril étant plus particulièrementréservées aux rencontres avec le public. La librairie se tiendra sous un grand chapiteau dans le jardin de ville. Les ren-contres débats auront lieu dans différents endroits autour du jardin de ville : Ecole du jardin de ville, Hall du théâtre,Bibliothèque centre ville, Maison du tourisme, salle Juliet Berto. Le thème de cette année est “Portraits de familles”. Commechaque année, après chaque rencontre les écrivains invités retrouveront leurs lecteurs sur les stands des librairies pourdédicacer leurs ouvrages.La librairie Le Square tiendra un stand Iittérature. Nous vous présentons donc ci-dessous les auteurs invités qui vien-dront nous rejoindre sur le stand ( programme complet bientôt disponible à retirer à la librairie).

Erri De Luca est né à Naples en 1950.Au sortir de l'adolescence, il connaît l'engagement politique au sein du mouvement d'ex-trême gauche Lotta Continua, puis choisit d'exercer de multiples métiers manuels tant enAfrique et en France qu'en Italie. Parallèlement, de manière totalement autodidacte, il ap-prend l'hébreu pour lire les textes sacrés, qu'il entreprendra ensuite de traduire, d'abordpour son propre usage puis dans la perspective d'une publication. Alors qu’il exerce lemétier de maçon, il publie son premier livre Une fois, un jour en 1989. Ses brefs récits,notamment Acide, Arc-en-ciel, où se mêlent l'exigence morale et une grande sincérité de lavoix, rencontrent un vaste écho en Italie mais aussi en France, tant auprès de la critiqueque du public. Il obtient le Prix Femina 2002 pour Montedidio. Ses dernières publicationsen 2006, toujours chez Gallimard sont Sur la trace de Nives et Au nom de la mère.Il colla-bore au Mattino, le principal journal de Naples, et à divers autres quotidiens et périodiques.

“Sans s’être rencontrés une seule fois, ils se connaissaient déjà. Ce sont les livres (de l’un) et les chansons (de l’autre) qui les ont conduitsl’un vers l’autre. Le romancier italien Erri De Luca et son compatriote le chansonnier Gianmaria Testa se donnent régulièrement rendez-vous sur scène, comme d’autres au bistrot. Une bonne bouteille de vin, une guitare sèche, des livres… Bref : la fraternitéC’est cette amitié, cette communauté d’esprit, qui leur ont donné envie de réaliser quelque chose ensemble sur scène. Quichotte et lesInvincibles est un spectacle créé pour les théâtres italiens, mais il est né d’abord autour d’une table, dans la belle cuisine d’Erri De Luca,entre un verre de vin et un morceau de fromage. Nous avons donc cherché à rendre sur scène cette atmosphère, intime et intense,de lacuisine. Nous avons essayé et nous espérons y être parvenus. Sur les planches aussi, il y aura une grande table en bois, et sur la gran-de table une bonne bouteille de vin rouge.Quichotte et les Invincibles, suite de textes, poèmes et chansons, est un hommage aux rêveurs qui ne se rendent jamais, à ceux qui s’en-gagent, à ceux qui ne sont jamais des spectateurs passifs de ce qui arrive mais qui se sentent toujours appelés en cause. “ Spectacle à la Mc2 les 4, 5 et 6 mars avec Erri de Luca, Gianmaria Testa et Gabrielle Mirabassi.Le DVD du spectacle (22€ chez Gallimard) est disponible au Square et au kiosque de la librairie à la MC2.

En écho à ce spectacle, vous pourrez rencontrer Erri de Luca et ses deux compèresMERCREDI 5 mars à 12H30 à la bibliothèque Centre Ville (rencontre organisée en collaboration avec LeSquare et l’Institut Culturel italien)

Natacha Appanah, Samedi 5, 14h, salle Juliet BertoNée en 1973 à l’île Maurice, Natacha Appanah est journaliste de formation. Elle vit à Paris ets’est imposée en trois romans qui revisitent la mémoire mauricienne. “Le dernier frère” est sonquatrième roman, publié à L’Olivier. Philippe Forest, Samedi 5, 15h30, bibliothèque Centre ville.Professeur de littérature, critique et romancier, Philippe Forest nous a donné de magnifiquesromans, tels “L”enfant éternel” ou “Sarinagara” mais aussi des essais. Son dernier roman “Lenouvel amour” est paru en 2008 chez Gallimard.Eric Reinhardt, Dimanche 6, 15h30, salle Juliet BertoEditeur de livres d’art, Eric Reinhardt est l’auteur de trois romans, “Demi-sommeil”, “Le moral desménages” et “Existence”. Critique sociale, verve satyrique, les personnages du dernier ouvrageparu “Cendrillon” n’échappent pas à sa plume souvent cinglante.Lydia Flem, Vendredi 4, 17h, salon de l’internationalPsychanalyste et conteuse, Lydia Flem dans “Comment j’ai vidé la maison de mes pa-rents” nous parle du difficile deuil familial.Danielle Bassez, Dimanche 6, 14h, bibliothèque centre ville“Meurs encore”, superbe et bouleversant récit vient de paraître chez Cheyne éditeur. Et dans untout autre style Castells Editeur publie “Le Chant du Klephte”, roman historique qui nous plongedans la guerre d’indépendance grecque aux côtés du soldat Macriyannis.

Page 8: Gazette printemps 2008 - Librairie Le square

Ani

ma tions

Le Squarelibrairie de l’Université

2, place Dr Léon Martin. Grenoble. Tel 0476466163

La Gazette du Square, directrice de publication et rédactrice en chef : F.FolliotRédacteurs : F.Folliot, L.Blondel, C.Méaudre, F.Calmettes, N.Trigeassou, E.Pautus, P.Bala

Sorj ChalandonMon traître

Editions Grasset

Vendredi 21 mars à 18h30(voir article page 3)

Jacques BouveresseLa connaissance de l'écrivain : sur la littérature, la vérité et la vie

Editions Agone

Jeudi 3 avril à 18h30Philosophe réaliste, éminent spécialiste de Wittgenstein et de la philosophie analytique, JacquesBouveresse est aussi connu pour des ouvrages critiques sur les impostures scientifiques et intellectuel-les. Il est professeur au Collège de France où il occupe la chaire de philosophie du langage et de laconnaissance.

Anna GavaldaLa Consolante

Editions Le Dilettantejeudi 10 avril à 18h30

Charles Balanda, 47 ans, architecte à Paris, apprend incidemment la mort d’une femme qu’il a connue quandil était enfant. Alors, sa vie bascule, il perd pied, tout lui échappe et il lui faudra tout reconstruire.Anna Gavalda est née en 1970 à Boulogne-Billancourt . Elle a toujours aimé écrire. Elle vit dans la banlieuesud de Paris. Elle écrit matin et soir avec l’envie de raconter des histoires à tout le monde. Elle est l’auteur,entre autres, de “Ensemble c’est tout”, grand succès d’édition, porté à l’écran par Claude Berri en 2007.

RENCONTRE AVEC Erri de LucaGianmaria Testa et Gabrielle Mirabassi

en écho à Quichotte et les invinciblesMercredi 5 mars à 12h30Bibliothèque Centre ville

en collaboration avec la MC2 et l’Institut culturel italien

Toutes les rencontres ont lieu à l’espace rencontre du Square (entrée 20, rue de Sault), sauf indica-tion autre et dans la limite des places disponibles.

Et aussi un peu plus tard : Gérard Noiriel (“A quoi sert l’identité nationale”, Ed. Agone) vendredi 16 maiEt des rencontres autour de la Littérature italienne, auteurs pressentis Rosetta Loy, Stefano Benni,Massimo Carlotto....la dernière semaine de mai. A suivre...