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GÉNÈSE D'UN PROJET BIM AVEC VECTORWORKS

GÉNÈSE D'UN PROJET BIM AVEC VECTORWORKS · Munie de son attestation de stage BIM, de sa compétence reconnue dans les programmes de logements, et forte de la conance acquise

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GÉNÈSE D'UN PROJET BIM AVEC VECTORWORKS

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Au printemps 2015, Immobilière 3F,

bailleur social d’envergure natio-

nale qui gère 250 000 logements

sociaux dont 140 000 en Ile de

France, lance une consultation

pour la conception-réalisation de 93 logements

en Essonne. Outre ses activités de gestion du

bâti, I3F met en chantier plus de 6 000 loge-

ments par an.

Particularité du concours : le projet devra être

soumis et réalisé en BIM.

L’objectif d’I3F est double : mesurer les avan-

tages du BIM sur une réalisation grandeur

nature, et valider la capacité de son logiciel

de gestion technique de patrimoine immobilier

(Abyla) à travailler en BIM.

Etant novice sur ces sujets, I3F a voulu s’en-

tourer d’expériences et de savoir-faire en

faisant le choix de retenir un AMO BIM, avec 3

missions :

- Mise en place de l’environnement et de la

configuration nécessaire au bon déroulement du projet chez le maître d’ouvrage (I3F)

- Réception et validation des maquettes en pro-

venance des différents acteurs du projet

- Capitalisation des expériences acquises sur

cette opération pilote (en plus d’une deuxième

opération pilote lancée à la même période).

C’est l’agence Z-Studio, emmenée par Olivier

Celnik, pionnier du BIM en France (voir encadré

page 6), qui est retenue. Z-Studio est associée

à CITAE, représentée par Fabrice Kerlogot.

Le cahier des charges Concours précise, entre

autres choses, que la maquette numérique

du projet sera livrée sous forme d’un fichier au format IFC, avec un niveau de détail APS,

accompagné bien sûr d’un dossier de plans. Il

est également demandé que soit remise une

« notice BIM » détaillée sur la façon dont le can-

didat compte développer son projet en BIM au

cours des différentes phases (enrichissement

de la maquette numérique).

Signe que le BIM n’est pas encore rentré dans

les mœurs en France, I3F est surpris de ne re-

cevoir que 19 candidatures exploitables, contre

30 à 40 habituellement pour ce type de projets.

5 projets sont retenus en première sélection,

dont celui du groupement à la tête duquel se

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ille de ARIS - DPA

MOA

Renaud MARRETBIM ManagerArchitecte

Jacques LUCANArchitecte, Urbaniste

IMMOBILIERE 3F

MOAAMO BIM

OSJL ArchitectesArchitecture, Urbanisme

BIM Manager

Olivier TOUCHETDirecteur

Entreprisegénérale

Constantini

Réalisation MaquetteBIM Lot Architecture

BET Fluides, thermique,QE & VRDRéalisation MaquetteBIM Lot Technique

Sylvain MANSOISGérant

Mathieu LEFEBVREResponsable BIM

WORIngénierie

Marion STEPHANChef de projet

Odile SEYLER Architecte, Urbaniste

BET Structure

Nicolas BRETONChargé d’opération

Laurent BOUGARDGérant

SIGMA

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trouve l’agence Odile Seyler & Jacques Lucan,

architectes.

Odile Seyler & Jacques Lucan, archi-

tectes (voir encadré page 5) se sont

illustrés dans le passé sur des projets

similaires et possèdent donc une bonne maî-

trise des contraintes liées à la construction de

logements sociaux. L’agence a alors un délai

très court de trois mois pour répondre à ce

projet de conception-réalisation. Désireuse de

mettre tous les atouts de son côté, elle décide

d'inscrire ses collaborateurs à une série de

formations chez CESYAM, d’abord en modéli-

sation Architecturale, puis en BIM.

Ayant depuis de nombreuses années l’habi-

tude de travailler en 2D (la 3D est utilisée ponc-

tuellement à des fins d’études ou de perspec-

tives concours), les attentes sont donc fortes

en ce qui concerne la représentation géomé-

trale par une modélisation 3D directe.

« Vectorworks a les capacités de faire du BIM.

C’est pas sorcier, on y va ! » nous dit Renaud

Marret, Architecte et BIM Manager sur ce

projet.

Munie de son attestation de stage BIM, de sa

compétence reconnue dans les programmes

de logements, et forte de la confiance acquise auprès d’I3F sur plusieurs réalisations précé-

dentes, l'agence remporte le concours à la fin

de l’été 2015, face à des équipes plus expé-

rimentées en matière de BIM. Le groupement

comprend le BET Fluide & Thermique WOR

Ingénierie qui a déjà une expérience BIM et

« Vectorworks a les capacités de faire

du BIM. C’est pas sorcier, on y va ! »Renaud Marret, OSJL

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travaille sur Revit, le BET Structure SIGMA en

cours de conversion au BIM utilisant AutoCAD

et l’Entreprise générale COnSTAnTInI.

Le programme (93 logements et 1 local

commercial divisible) de la ZAC du Centre

Ville à Grigny (91) répond aux exigences

BEPOS Effinergie 2013. Cette option énergé-

tique produit un bâtiment compact. Il s’articule

autour de 3 corps de bâtiment qui proposent

une alternance de vides et de pleins et qui

offrent la possibilité d’une transparence dans

l’îlot.

La façade est marquée par une série de re-

traits : le socle en briques rouges et constitué

par le rez-de-chaussée accueillant les com-

merces, halls d’entrée et locaux de service et

deux niveaux de logements ; les niveaux R+3

La courbe de Mc Leamy illustre l'incidence d'une approche BIM par rapport à l'approche conventionnelle, tant au niveau de la charge de travail que de l'impact sur les coûts.

3F CAHIER DES CHARGES BIM

M15100146-3F-GEN -CCBIM V0 M15100146-3F-GEN -CCBIM V32

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8. Annexes

8.1. Annexe 1 : Attentes de la maîtrise d’ouvrage pour le lauréat d’un concours

ATTENTES DE LA MAÎTRISE D’OUVRAGE Demandé Sans obligation

CONCEPTION Visualisation de la maquette

x Maquette architecture 5 Pré requis

x Maquette(s) réseaux (MEP) o Réseau principaux o Réseaux secondaire (facultatif)

5 Pré requis

x Maquette structure 5

x Maquette site (socle tel qu’en concours) 5

x Intégration à une maquette existante (ZAC ou SIG territoire) 5

Audit de la maquette

x Surfaces programmatiques à extraire de la maquette numérique (SDP, SU, etc) 5

Pré requis

x Programme (définir les éléments programmatique sur lesquels un rapport issus de la maquette devra être fourni) 5

x Points qualités (définir les éléments qualité sur lesquels un rapport issu de la maquette devra être fourni) 5

Analyse ingénierie interopérable

x Thermique (RT réglementaire avec logiciel BIM (ifc, gbxml, etc.)) 5

Pré requis

x Energétique (STD avec logiciel BIM) 5

x Structure 5 Facultatif

x Lumière (FLJ avec logiciel BIM) 5

Analyse des coûts (économiste BIM) 5

Analyse environnementale 5

x Risque inondation (faire apparaitre les niveaux du PPRI) 5

x Coût global (étude avec logiciel BIM) 5

x Bilan carbone (étude avec logiciel BIM) 5

x Empreinte environnementale (ACV) 5

x Etude d’ombre portée (étude avec logiciel BIM) 5

5

à R+5 sont rythmés par de profondes loggias ;

le couronnement de R+6 et R+7 est en retrait.

En demi-niveau semi-enterrés sur le fond de

la parcelle, sont disposés deux niveaux de

parking (96 places).

Surface : 4 826 m2 SDP - Coût : 10 M€ env.

Le processus BIM a la réputation d’exiger

des efforts importants dès le début de la

conception, contrairement au processus

classique où la montée en puissance est plus

progressive (mais également plus importante).

Ce projet n’échappe pas à cette règle. Tou-

tefois, Marion Stephan (Chef de projet chez

Odile Seyler & Jacques Lucan, architectes)

indique que cette impression est renforcée par

le fait que l’Agence a produit une maquette

concours plus détaillée que celle exigée par

l’appel d’offre (dans ce domaine, deux écoles

s’affrontent : celle de la maquette numérique

dès la phase concours— option choisie par

I3F sur ce projet pilote, et celle du développe-

ment du projet en BIM à l’issue du concours).

Les redimensionnements suite au concours ont

nécessité de remodéliser en phase APD, solu-

tion jugée plus simple et plus rapide par l’agence.

Renaud Marret ajoute que le Maître d’ouvrage—

lui aussi en phase de test d’intégration des don-

nées dans son logiciel Abyla, a réévalué ses

exigences en matière de renseignement de la

maquette, surchargeant sensiblement la mis-

sion des Architectes. Ouvert et conscient de ce

surcroît de travail, I3F a toutefois accordé des

délais supplémentaires au concepteur.

Renaud Marret reconnaît que la 3D commu-

nique bien. En effet, elle reste un mode de re-

présentation qui facilite la communication avec

la Maîtrise d’Ouvrage. Selon lui, il est égale-

ment plus aisé de voir en 3D qu‘en géométral

où l’on ne voit pas tout. Il évoque un autre pro-

jet sur lequel la 3D a été précieuse pour mettre

en évidence un problème de niveaux.

La compétence reconnue d'Odile Seyler & Jacques Lucan, architectes, dans les programmes de logements lui a valu plusieurs prix ou distinctions : premier prix Bauwelt, nomi-nation au prix Mies van der Rohe, mention au prix de la Première Oeuvre Le Moniteur. Ses réalisations architectu-rales ont par ailleurs fait l’objet de nombreuses publica-tions. Dans le domaine du logement, elle réalise également des résidences pour étudiants.L'agence est de plus coordonnateurs de projets urbains, dont elle conçoit les plans d’aménagement d’ensemble et suit le développement des opérations.Odile Seyler et Jacques Lucan sont professeurs à L’Ecole nationale supérieure d’architecture de la ville et des terri-

toires à Marne-la-Vallée, et responsables du Master «Théo-rie et Projet». Jacques Lucan est professeur à l’Ecole poly-technique fédérale de Lausanne (EPFL). Il a été titulaire de la chaire Franqui à l’Université libre de Bruxelles en 2013. Odile Seyler a été professeur invité à l’EPFL.Ils ont été invités dans de nombreuses écoles d’architecture françaises et étrangères pour des conférences et des jurys : EPFZ à Zurich, EPFL à Lausanne, Mendrisio, La Cambre à Bruxelles, Louvain-la-Neuve, Politecnico de Milan, etc.

Odile Seyler & Jacques Lucan, architectes6, rue du Mail 75002 Paris, France +33 1 42 60 90 05 [email protected] - www.seylerlucan.com

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Différentes versions du cahier des charges

BIM ont été établies au fur et à mesure

de l’avancée du projet, sous la houlette

de CITAE et Z-Studio. A chaque phase ont été

précisés entre autres le rôle des acteurs, la

nomenclature ainsi que le niveau de détails

requis. Ces deux dernières notions sont très

importantes dans un projet BIM. Les informa-

tions véhiculées au travers de la maquette

numérique concernent non seulement la géo-

métrie mais également, et même surtout, les

propriétés de chaque élément de la maquette.

Les différents acteurs étant amenés à « lire »

le modèle des autres acteurs, la convention

de nommage, la hiérarchie entre les différents

objets, etc… doivent adhérer à des règles

précises et communes. D’autre part, et c’est

une inquiétude exprimée par de nombreux

architectes, il n’est pas nécessaire de propo-

ser une maquette extrêmement détaillée et

renseignée lors des premières phases du pro-

jet. Autant la représentation des éléments de

géométrie courants (murs, dalles, ouvertures)

est relativement simple, les équipements (élé-

ments de salle de bain par exemple) sont en

revanche très gourmands en ressources ma-

chine. Il convient donc de définir un niveau de détail (on utilise le terme de LOD pour Level

Olivier CelnikArchitecte d.p.l.g. Fondateur et directeur-associé de Z.STUDIO

Maitre-assistant à l’ENSA Paris Val de SeineMaitre-assistant associé à l’ENSA de VersaillesMembre du Conseil Scientifique du Pôle de Formation EVA (Environnement, Ville et Architecture, Ordre des Architectes)Elu au CROAIF (Conseil Régional de l'Ordre des Architectes d'Île-de-France) en octobre 2013Coordinateur pédagogique du Mastère Spécialisé BIM à l'Ecole des Ponts ParisTech.

L'équipe de Z.STUDIO est à l'origine du premier livre sur le BIM publié en France "BIM et Maquette Numérique", paru en juin 2014 aux éditions Eyrolles et CSTB. Ce livre de 620 pages décrit de façon complète les concepts de Ma-quette Numérique et du BIM à travers de nombreuses présentations, et dresse un panorama de leur utilisation à travers les témoignages de 140 profession-nels qui décrivent leurs pratiques, leurs visions, leurs attentes.

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Of Detail) selon les phases en utilisant une

forme simplifiée au stade APD, et de monter en niveau de détail sur les phases ultimes, lors

desquelles on pourra éventuellement utiliser

les bibliothèques des fabricants. Il en va de

même pour ce qui concerne les spécifications (propriétés personnalisées) des différents ob-

jets constitutifs de la maquette, qui peuvent

être précisés au fur et à mesure.

Le cahier des charges liste les bonnes pra-

tiques en matière de modélisation, tout en

mettant en évidence les choix à opérer sur des

questions clés liées aux limitations actuelles

des logiciels et/ou des IFC.

Beaucoup de fantasmes circulent sur le

rôle de BIM Manager et surtout sur qui

doit l’endosser. Ce poste est déterminant

pour mener le projet à bien. Les réponses

varient selon le donneur d’ordre et la compé-

tence avérée des équipes projets. Le Maître

d’Ouvrage I3F considère que le BIM Manage-

ment reste une question de maîtrise d’œuvre

avant d’être une question d’entreprise. Ce rôle

est donc dévolu dans un premier temps au

BET WOR qui possède une première expé-

rience BIM. Toutefois, à l’usage, l'agence Odile

Seyler & Jacques Lucan, architectes, a pris le

poste de BIM Management, affirmant ainsi son rôle de synthèse au sein de la maîtrise

d'œuvre. La fonction déterminante de l’Archi-

tecte-Concepteur du projet justifie à elle seule qu’il revendique cette position. Ici encore, au-

cune règle n’est établie d’avance.

Pour Odile Seyler & Jacques Lucan, archi-

tectes, la collaboration avec CESYAM a été

primordiale. Dès les premières étapes de

modélisation, l’agence fait face à la réalité des

exports au format IFC qui a ses exigences et

ses limitations. Erreurs de modélisation, bugs

logiciels, manipulations à éviter, précautions à

prendre… ont fait l’objet de nombreux échanges

avec le support technique et le service Formation

de CESYAM. Ce retour d’expérience a donné lieu

à la publication d’un petit vade-mecum à desti-

nation de l’utilisateur Vectorworks qui découvre

le BIM : « Comment bien exporter en IFC avec

Vectorworks », disponible sur le site de

CESYAM. Certains points méritent qu’on entre

un peu plus dans le détail.

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Le format IFC a « oublié » la notion de plan et

donc les documents d’exécution si précieux

notamment en phase chantier. Cela implique

que si tout est modélisé en 3D, la représen-

tation 2D du projet continue— et continuera

sans doute longtemps, à être indispensable.

En effet, tout le monde sur site n'est pas en-

core équipé de tablettes... La notion d’objets

auto-hybrides de Vectorworks, qui permet de

paramétrer la représentation en vue plan des

objets 3D, a été souvent mise en œuvre par

l'agence pour obtenir des plans conformes à

leurs souhaits. Le socle du bâtiment avec la

présence de niveaux de parkings décalés et

des caves en demi-niveaux rend complexe

sa représentation en plan. C'est un ensemble

que l'on ne peut scinder. La solution aurait été

la possibilité de fixer le plan de coupe à l'alti-tude voulue.

(Pour information, l’altitude du plan de coupe

réglable par calque, la « projection » des

poutres en vue 2D, le retour des composants

de murs en vue plan, l’outil garde-corps, sont

autant de nouveautés introduites récemment

sur Vectorworks). Il n’en reste pas moins que

la nécessité d’obtenir des plans conformes

alourdit sensiblement la charge de travail et

force à faire des compromis, thème rarement

évoqué dans les écrits autour du BIM.

Agréger des fichiers IFC est une phase im-

portante dans le processus BIM. Cela per-

met notamment de détecter conflits et autres

collisions et donc d’anticiper les problèmes qui

ne manqueront pas de se présenter lors de

la construction. Le problème majeur de ces

échanges est le poids des fichiers, notam-

ment ceux issus des bureaux d’études fluides qui produisent une géométrie lourde du fait

des nombreux coudes des réseaux. La théo-

rie des IFC veut qu’on produise un fichier par bâtiment, ce qui est compliqué ici du fait de la

nature du projet (façade, circulations et équi-

pements communs). Et quand bien même

l’agence aurait opté pour cette solution, elle

aurait été confrontée à des problèmes de re-

présentation (voir plus haut)…

Les solutions logicielles en matière d’allège-

ment de la géométrie (réglages de la réso-

lution 3D, utilisation de Solibri IFC Optimi-

zer…) trouvent rapidement leurs limites. Il

ne faut pas oublier que le format IFC est un

format d’échange et pas un format de tra-

vail. Il y a donc interprétation de la géomé-

trie lors du processus d’import/export, avec

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pour effet immédiat l’augmentation dras-

tique du poids du fichier. Dans le cas de ce projet, c’est Z-Studio qui a procédé à ces

agrégations et qui a envoyé un rapport écrit

aux différents acteurs. Un produit semble

se détacher lorsqu’on évoque la vérifica-

tion et l’agrégation des fichiers IFC : Solibri Model Checker remporte un certain succès

et propose à la fois une version Windows et

et MacOs mais son coût (6 000 € environ)

est encore dissuasif pour de nombreuses

agences. Tekla BimSight (édité par Trimble)

a pour lui l’avantage d’être gratuit (sous Win-

dows uniquement).

Un autre point a été source de nombreux

essais : la hiérarchie imposée par la norme

IFC. Cette dernière considère un ensemble, le

Site, à l’intérieur duquel se trouve le Bâtiment,

à l’intérieur duquel on trouve les Etages, conte-

nant des Zones (dont les logements), zones qui

contiennent les Pièces, à l’intérieur desquelles

se trouvent des Equipements. Or, cette arbo-

rescence est assez réductrice dès lors qu’on

a un bâtiment avec plusieurs montées d’esca-

lier… La mise en œuvre des surfaces dyna-

miques (ifcSpace) a en partie résolu cette pro-

blématique, mais nécessite un paramétrage un

peu fastidieux (cette remarque est à relativiser

compte tenu de la version de Vectorworks utili-

sée à ce stade du projet). Toujours au sujet de

la norme IFC, Renaud Marret aurait aimé que

les fenêtres puissent être décomposées sui-

vant plus de critères. « Ce n’est pas lié à Vec-

torworks mais à la norme IFC. C'est la norme

qui veut ça ».

Enfin, l'agence a été confrontée à une autre limitation des IFC. Il faut savoir que la norme

IFC considère les murs multicouches comme

des entités à part entière. Tout en prenant en

compte les composants dans leurs spécificités

(matériau, dimensions, etc…), elle ne permet

pas de décomposer un mur suivant ses dif-

férents composants. On comprend aisément

que le Bureau d’Etudes Structure ne puisse

pas exploiter une maquette dans ces condi-

tions. Dans le cas de ce projet, cette limitation

des IFC n’a pas été un obstacle majeur dans

la mesure où le Bureau d’Etudes SIGMA n’uti-

lise pas encore de logiciel BIM. Les échanges

se sont donc faits selon l’ancienne méthode, à

savoir via la transmission de fichiers DWG. Vectorworks permet, moyennant l’utilisation

fine des classes et un paramètrage des options d’export de n’exporter que les objets visibles,

en l’occurrence les composants principaux des

murs et des dalles, ainsi que les percements

des ouvertures. Cet exemple illustre encore

une fois la nécessité pour les concepteurs de

« Le BIM c'est 20% de technique

et 80% d'humain ! »Olivier Celnik, Z-Studio

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contourner les limitations des IFC. Le plus im-

portant est de trouver des solutions !

Z-Studio et son partenaire CITAE s’inscrivent

dans une logique ouverte sur l’Open BIM,

et accueillent donc avec intérêt et bienveil-

lance des outils quels qu’ils soient. Ils saluent

l’approche très pragmatique de l’agence OSJL :

« on est dans le numérique depuis longtemps,

on a choisi un outil qu’on maîtrise et qui nous

convient bien. Cet outil a progressé et on a pro-

gressé avec lui (2D au départ, puis 3D, puis

maquette numérique bâtiment puis BIM). L’outil

évolue avec nos besoins et on suit ses possibi-

lités d’évolution. »

Olivier Celnik se souvient : « Le fait qu’Odile

Seyler & Jacques Lucan, architectes, reven-

diquent de façon très posée mais très ferme

quand même le fait de gérer tout ça était tout à

fait crédible et apprécié comme posture.

Certes, ils ne sont pas les plus avancés, ils n’ont

pas les outils dont on parle le plus, mais il n’y

a rien de rédhibitoire dans ce qu’ils savent faire

et ils ont manifestement un état d’esprit ouvert

qui permettra de faire du BIM avec eux. Peut-

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être qu’il faudra un peu plus se retrousser les

manches les uns et les autres, peut-être qu’on

ira un peu moins loin que dans d’autres cas,

mais il y a tout ce qu’il faut, et surtout ça permet

de commencer en douceur, avec des gens que

ça intéresse et qui sont audibles et crédibles. Et

c’est effectivement ce qui s’est passé !

On voit que dans le développement du projet ça

a bien marché. Au fur et à mesure des réunions

de travail on a fait une montée en puissance

avec I3F, les Architectes, le BET, en se posant

ensemble les questions sur ce qui marche, ce

qui ne marche pas, comment modéliser, com-

ment découper le modèle en plusieurs lots,

aussi bien pour des questions de gestion in-

ternes chez les architectes que de cohérence

chez le maître d’ouvrage par rapport à sa façon

de nommer les logements, etc. »

Lors des réunions avec Labéo (l’éditeur du

logiciel Abyla) pour étudier comment inté-

grer leur nomenclature, la capacité de para-

métrage de Vectorworks lui a semblé moins

aisée que sur d’autres outils, sans toutefois

compromettre le résultat. « On sait tous qu’il

n’y a pas de solution miracle, pas plus chez

les soit-disant ténors du marché que chez

les autres. De plus, les logiciels d’analyse

(SMC) ont leur propre façon d’analyser une

maquette. Cela permet de relativiser et de se

dire qu’on est tous en train d’inventer le truc,

de voir ce qu’on peut faire, d’essayer de tirer

des leçons. Aucune solution aujourd’hui ne fait

tout comme on veut tout seul. C’est la bonne

volonté qui compte le plus ! »

Au sujet des échanges IFC, Olivier Celnik ra-

conte que lors des premiers exports, le fichier

IFC issu de Revit était de taille colossale et du

coup inexploitable. Il leur a été demandé de

corriger l’export et de limiter le nombre d’élé-

ments exportés et là, tout allait bien.

A la question sur sa perception de Vec-

torworks par rapport à d’autres outils qu’il a

pu expérimenter dans un processus BIM, Olivier

Celnik répond : « ce que je les ai vu faire est tout

à fait comparable à ce que je fais à l’agence sur

ArchiCAD ou ce que je vois faire par d’autres

avec d’autres logiciels. Il y un espèce de ténor

qui est Revit, il y a deux challengers réels qui

sont ArchiCAD et AllPlan et on trouve Vec-

torworks dans un deuxième cercle, mais c’est

plus parce qu’on n’en parle pas. Manifeste-

ment, il n’a rien à envier aux autres dans ces

contextes là. »

Considérations plus globales sur les pra-

tiques autour du BIM, Olivier Celnik nous

dit : « Le secteur public commence à arrêter de

penser que le BIM ce n’est qu’un accès simul-

tané à la même maquette (autrement dit, le

BIM niveau 3), ce qui suppose pour l’instant

de travailler sur le même outil. L’idée fait son

chemin qu’on va faire comme avant, à savoir

que chacun avec son outil fait ses fichiers, ce qui permet de tracer l’action de chacun, on ne

sort pas des habitudes usuelles, et une fois

que tout ça sera maîtrisé, les outils auront

évolué, et là on pourra, si on trouve ça per-

tinent, faire du BIM niveau 3. Certains consi-

« Manifestement, Vectorworks

n'a rien à envier aux autres ! »

Olivier Celnik, Z-Studio

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dèrent que c’est l’objectif et qu’aujourd’hui on

est sur un pallier contraint par la technique et

pour d’autres, que ce n’est pas si bien que ça

d’atteindre cet objectif. Le BIM, c’est contex-

tuel, ça dépend du projet particulier, de son

programme, de son site, des enjeux spéci-

fiques à un moment donné de l’opération, des acteurs, c’est avec tout ça qu’on définit le BIM particulier d’un projet.

Le BIM c’est 20% de technique et 80% d’hu-

main au sens de coordination, de réflexion, de charte, de règle du jeu, de bonne volonté. Per-

sonne ne se laisse aveugler ou bloquer par

la technique. Derrière, il y a toujours le pro-

jet ! La collaboration existe, elle est mise en

œuvre, et ça permet de meilleurs échanges.

On peut réellement penser que ça permet un

meilleur projet, et que ça fiabilise le proces-

sus. On a toutes les chances d’être à l’abri de

mauvaises surprises.»

Texte original publié par : CESYAM14 rue des Reculettes 75013 ParisTel : 01 72 74 76 76 - www.vectorworks.fr

Images : Odile Seyler & Jacques Lucan, architectes

©2016 CESYAM. Vectorworks est une marque déposée de Vectorworks, Inc. Tous droits réservés.

CREDITS

Aujourd'hui le projet est partiellement

sorti de terre et la maquette numérique

s’est enrichie. La prochaine réunion

BIM est prévue en janvier 2017.