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Genetique de routine au Labm Quelques confreres de la presse non biologique ont trouv6 paradoxal I'apposition des termes g~n~tique et analyse de routine. Cette derniere, avons-nous expfiqu~, ne correspond pas ~ lassitude par repetitivite, mais ~ une analyse de r~alisation courante au Labm : la g~n~tique m~dicale est une des competences du biologiste. p recisement, comme le faisait remarquer le Pr M. Vidaud ~:': ,, La formatlbn des biologistes ~ la g#netique reste imparfaite, a/ors que les progr6s dans cette speciafit6 sont spectaculaires dans /'acquisition de nou- velles connaissances comme clans celui de I'#tude du d#terminisme g~netique des mala- dies hereditaires ou acquises, et surtout dans /'application de nouvelles m#thodes de dia- gnostic ~ /'acquisition de ces connaissances et au suivi de patients **. Le biologiste et le secret Science encore esoterique (mais mot-miracle) pour nombre de Frangais, la biologie moleculai- re appliquee (genetique medicale) est bien entree dans les Labm, comme le prevoyait une session des Dimanches de Lariboisiere il y a quelques annees ~2~. Pour M. Vidaud, la formation des biologistes a certes evolue depuis I'epoque du seul DESC de genetique medicale (peu suivi d'ailleurs) : actuellement, etudiants et biologistes peuvent suivre les trois axes du DES de genetique : clinique, biologie molecu- laire appliquee a la genetique, cytogenetique. II faut en former davantage pour I'avenir. M. Vidaud a tenu a rappeler que la Ioi de bioe- thique, precisee par le decret du 23.06.2000 (n° 2000-570, ./.O., 27.06.2000), a defini les conditions de la recherche des caracteristiques genetiques d'un sujet. Elle differencie recherche genetique a des fins de connaissance fonda- mentale et recherche genetique a but medi- cal debouchant sur un suivi, des mesures pre- ventives, ou un traitement palliatif ou curatif. C'est du domaine de la biologie de routine pres- crite, separee de la recherche pure sur diverses pathologies. Cette biologie appliquee est repre- sentee aujourd'hui en France par 300 Labm hos- pitaliers et liberaux et environ 500 biologistes specialises, realisant soit toutes les analyses dis- ponibles, soit quelques panels d'analyses. ,, La prescription par un clinicien de la recherche des caract#ristiques g~n#tiques d'un patient est actue//ement encadr#e pour des raisons d'~thique mais aussi de protection des indivi- dus ,,, rassure M. Vidaud. Le biologiste devient ainsi, avec le medecin prescripteur le patient, depositaire de veritables ,, secrets de famille ,,. Notre systeme de sante devra periodiquement prevoir, en fonction des avancees en biologie genetique, le financement et I'inscription & la nomenclature de ces analyses, en-dehors du budget global, comme actuellement en majorit& Solutions possibles : rationalisation des pres- criptions d'analyses validees, economies sur des postes de depense, autres modes de fi- nancement : associations de malades, reseaux. II faudra aussi rendre egalitaire entre les de- partements I'acces & ces analyses. Se pose la aussi un probleme de demographie medicale : paradoxal pour une specialite en essor ! J.-M. M. [1 Joum~e du SDB, communication du Pr Michel ½daud (Biochimie, Hepital Beaujon, Clichy ; Facult~ des sciences pharmaceutiques et biologiques, Paris) 2 Un groupe de biologistes franGais acre# en 1998 le R~seau de biologie moleculaire fib~ral (RBML), association de laboratoires d'analyses m#dicales dent/'activite repose principalement sur I'apph'cation n~Toureuse de normes de quafite et sur I'utilisation de techniques de biologie moleculaire. 1 0 Revue Fran~;aise des Laboratoires. decembre 2002, N ° 348

Génétique de routine au Labm

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G e n e t i q u e de routine au Labm

Quelques confreres de la presse non biologique ont trouv6 paradoxal I'apposition des termes g~n~tique et analyse de routine. Cette derniere, avons-nous expfiqu~, ne correspond pas ~ lassitude par repetitivite, mais ~ une analyse de r~alisation courante au Labm : la g~n~tique m~dicale est une des competences du biologiste.

p recisement, comme le faisait remarquer le Pr M. Vidaud ~:': ,, La formatlbn des

biologistes ~ la g#netique reste imparfaite, a/ors que les progr6s dans cette speciafit6 sont spectaculaires dans /'acquisition de nou- velles connaissances comme clans celui de I'#tude du d#terminisme g~netique des mala- dies hereditaires ou acquises, et surtout dans /'application de nouvelles m#thodes de dia- gnostic ~ /'acquisition de ces connaissances et au suivi de patients **.

Le biologiste et le secret

Science encore esoterique (mais mot-miracle) pour nombre de Frangais, la biologie moleculai- re appliquee (genetique medicale) est bien entree dans les Labm, comme le prevoyait une session des Dimanches de Lariboisiere il y a quelques annees ~2~. Pour M. Vidaud, la formation des biologistes a certes evolue depuis I'epoque du seul DESC de genetique medicale (peu suivi d'ailleurs) : actuellement, etudiants et biologistes peuvent suivre les trois axes du DES de genetique : clinique, biologie molecu- laire appliquee a la genetique, cytogenetique. II faut en former davantage pour I'avenir. M. Vidaud a tenu a rappeler que la Ioi de bioe- thique, precisee par le decret du 23.06.2000 (n ° 2000-570, ./.O., 27.06.2000), a defini les conditions de la recherche des caracteristiques genetiques d'un sujet. Elle differencie recherche genetique a des fins de connaissance fonda- mentale et recherche genetique a but medi- cal debouchant sur un suivi, des mesures pre- ventives, ou un traitement palliatif ou curatif. C'est du domaine de la biologie de routine pres-

crite, separee de la recherche pure sur diverses pathologies. Cette biologie appliquee est repre- sentee aujourd'hui en France par 300 Labm hos- pitaliers et liberaux et environ 500 biologistes specialises, realisant soit toutes les analyses dis- ponibles, soit quelques panels d'analyses. ,, La prescription par un clinicien de la recherche des caract#ristiques g~n#tiques d'un patient est actue//ement encadr#e pour des raisons d'~thique mais aussi de protection des indivi- dus ,,, rassure M. Vidaud. Le biologiste devient ainsi, avec le medecin prescripteur le patient, depositaire de veritables ,, secrets de famille ,,. Notre systeme de sante devra periodiquement prevoir, en fonction des avancees en biologie genetique, le financement et I'inscription & la nomenclature de ces analyses, en-dehors du budget global, comme actuellement en majorit& Solutions possibles : rationalisation des pres- criptions d'analyses validees, economies sur des postes de depense, autres modes de fi- nancement : associations de malades, reseaux. II faudra aussi rendre egalitaire entre les de- partements I'acces & ces analyses. Se pose la aussi un probleme de demographie medicale : paradoxal pour une specialite en essor !

J.-M. M.

[1 Joum~e du SDB, communication du Pr Michel ½daud (Biochimie, Hepital Beaujon, Clichy ; Facult~ des sciences pharmaceutiques et biologiques, Paris) 2 Un groupe de biologistes franGais acre# en 1998 le R~seau de biologie moleculaire fib~ral (RBML), association de laboratoires d'analyses m#dicales dent/'activite repose principalement sur I'apph'cation n~Toureuse de normes de quafite et sur I'utilisation de techniques de biologie moleculaire.

1 0 Revue Fran~;aise des Laboratoires. decembre 2002, N ° 348