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Georges Barbarin - Faites Des Miracles

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Page 1: Georges Barbarin - Faites Des Miracles

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GEORGES BARBARIN

FAITES DES MIRACLES , •

ou COMMENT OBTENIR

ÉDITIONS NICLAUS - PARIS

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FAITES DES MIRACLES! ou

COMMENT OBTENIR

Page 2: Georges Barbarin - Faites Des Miracles

GEORGES BARBARIN

FAITES DES MIRACLES , •

ou

COMMENT OBTENIR

EDITIONS NICLAUS 34, RUE SAINT-JACQUES

PARIS-V'

L'ŒUVRE SPIRITUELLE DE GEORGES BARBARIN

LA CLE (Aslra) 70' mille. L'INVISIBLE ET MOI (Aslra) 13' mille. LES CLES DE L'ABONDANCE (Niclaus) 11' mille. LE JEU PASSIO:\'NANT DE LA VIE (AsIr.) 6'

mille VIVRE DIVINEMENT (Aslra) . LES CLES DU BONHEUR (Aslra) 10' mille. LA PEUR MALADIE N" 1 (Nizel) 9' mille. IL y A UN TRESOR EN TOI (Aslra) 6' mille. DEMANDE ET TU RECEVRAS (Niclaus) 6' mille. L'AMI DES HEURES DIFFICILES (Nielaus) 17'

mille. L'INITIATION SENTIMENTALE (Nielaus) 9'

mille. LE REGNE DE L'AGNEAU (Oliven) 10' mille

( épuisé) . LA REFORME DU CARACTERE (Niel. us). PETIT TRAITE DE MYSTICISME EXPERIMEN­

TAL (Nielaus). LA GUERISON PAR LA FOI (Aubanel). GUIDE SPIRITUEL DE L'HOMME MODERNE

(Nizet). PETIT CATECHISME DU SUC CES (Aslra). REHABILITATION DE DIEU (Aslra) . LA NOUVELLE CLE (Nizet).

Page 3: Georges Barbarin - Faites Des Miracles

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LE PROBLEME DE LA CHAIR (Nielaus). LE SECRET DE LA GRANDE PYRAMIDE (Adyar)

55- mille. LE LIVRE DE LA MORT DOUCE (Adyar) li'

mille. L'ENIGME DU GRAND SPHlNX (Adyar) 10'

mille. DIEU EST-IL MATHEMATICIEN? (Astra) 12'

mille. LES CLES DE LA SANTE (Astra) 14' mille. SOIS TON PROPRE MEDECIN (Amour et Vie)

6' mille. LA VIE COMMENCE A CINQUANTE ANS (Au­

banel) 9' mille. J 'AI REUSSI PAR L'OPTIMISME CREATEUR

(Aubanel). DIEU EST-IL TOUT-PUISSANT? (Astra). RECHERCHE DE LA Nième DIMENSION (Adyar). L'ŒIL DE LA TEMPETE, épuisé. LE SCANDALE DU PAIN (Nizet). LA DANSE SUR LE VOLCAN (Adyar) 10' mille

(en réimpression). QU'EST-CE QUE LA RADIESTHESIE? (Astra)

17· mille. AFFIRMEZ ET VOUS OBTIENDREZ (Nielaus). L'APRES-MORT (Astra) 8" mille. COMMENT ON SOULEVE LES MONTAGNES

(Nielaus). LES DERNIERS TEMPS DU MONDE (Dervy)

5' mille. VOYAGE AU BOUT DE LA RAISON (Editions

de l'Age d'Or) 10' mille. LE SEIGNEUR M'A DIT ... (Editions de l'Age

d 'Or). CALENDRIER SPIRITUEL (Editions de l'Age

d 'Or). LA FONTAINE DE JOUVENCE (Aubanel).

LA PENSÉE ET LE VERBE

PEUVENT-ILS AGIR SUR LA MATIÈRE

A DISTANCE?

Page 4: Georges Barbarin - Faites Des Miracles

Le lecteur est en droit de se demander par quels cheminements je suis arrivé à ffi'OCCU·

pel' de celte anomalie de la vie tant ancienne que moderne qu'on a appelée et que, faute de mieux, on appelle encore le miracle et qui n'es t autre qu'un état exceptionnel des mani­fes tations dans la forme, une sorte d'entorse à la vraisemblance, une transgression du réel.

Le dernier tenne, à lui seul, Inérilerait une longue explication puisque, à la vérité, per­sonne n'est d'accord aujourd'hui pour définir le réel, tant les frontières de celui-ci se sont distendues pour laisser passage à un nombre croissant de fails qui, pour être réels, n'en ont pas tnoins paru être une irréalité,

Ainsi de tout. Nous découvrons chaque jour des parcelles d'un monde invisible el les ato­mis tes ont ouvert une baie grandissante vers l'univers inconn u. De sorte qu'on est fondé à dire que plus les inventeurs font de décou­verles et pl us s'agrandit le champ des terres insoupçonnées que la Vie leur offre chaque jour,

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C'est ce qui amena mon correspondant Si­syphe, il y a vingt ans, à inscrire en tête de ses recherches audacieuses de DIEU EST-IL MATHEMATICIEN? (1) l'axiome que voici: «Le vrai n'est pas vraisemblable >. A quoi j'eus l'occasion d'ajouter plus tard 'que lors­que nous nous trouvons en présence de l'ab­sUl'de il y a présomption de confrontation avec le Divin.

Mais laissons de côté ces prémisses philo­sophiques el venons-en aux fails qui, seuls, sont capa hIes d'ébranler la raison raisonnante en s'étayant du témoignage des sens.

• .. Le miracle constituerait, en quelque sorte,

un défi aux lois naturelles, tels ceux du Christ rendant la vic aux morts, la vision aux aveu­gles, multipliant les pains et les poissons, changemll l'eau en vin et aussi toutes autres merveilles, telles les guérisons de Lourdes et de divers lieux de pèlerinage par quoi infir­nlCS et 'mourants recouvrent brusquement la santé.

Dans LA GUERISON PAR LA FOI (2) j'ai faiL remarquer à ce propos qu'à cause même de leur rareté et en dépit de leur apparence spectaculaire les soi-disant miracles ne s'op­posent pas nécessairement aux lois naturelles mais seulement à ridée que présentement

(1) Astra, éditeur. (2) Aubanel, éditeur.

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l'on s'en fail. Bien des choses qui ne s'expli­quaient pas en l'An Mille s'expliquent parfai­tement aux confins de l'An Deux Mille. Des phénomènes qui, au Moyen Age, eussent passé pour actes de sorcellerie sont aujourd'hui logiquement justiciables et scientifiquement expliqués. Si merveilleuse que soit la recons­titution cellulaire ou osseuse d'une tubercu­lose ouverte, les observations cliniques peu­vent l'expliquer par un brusque cbangement dans le métabolisme et la parapsycbologie le justifier par une évolution soudaine du sub­conscient.

TouLefois on remarquera que jamais - et je dis jamais - nul thaumaturge, de quelque ordre qu'il soit, n'a jamais remplacé un œil énucléé ni fait repousser un bras ou une jamhe, phénomène que réalise cependant en ce dernier cas et sans la moindre peine le crabe ou l'écrevisse par voie de rédintégration.

De sorte que l'on peut dire que, seuls, pour­raient être considérés comme de vrais mi­racles ceux qui obtiendraient, chez l'homme par exemple, ce que nul depuis la naissance du monde n'a jamais obtenu.

Mais tel n'est pas mon propos qui, à défaut de nous éclairer sur le miracle absolu, se contentera de la relativité du miracle, bien heureux s'il nous était donné de pouvoir, de temps à autre, meUre en branle ce que, faute d'llll plus adéquat vocable, j'appellerai les mécanismes secrets.

• ••

Page 6: Georges Barbarin - Faites Des Miracles

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li est hors de doute que la civilisation scien­tifique a mis dans les mains des techniciens et des spécialistes des moyens ingénieux et remar')uables de pallier les déficiences de la matière, que ce soit sur le Lerrain de l'indus­trie ou celui de la santé. Pourtant qui ne voit qu'en dépit des progrès enregistrés et de l'ef­ficacité d'une instrumentation toujours plus poussée les etTorts humains ont les limites que leur assignent les présentes possibilités?

On conviendra, par conséquent, avec moi qu'en dehors des phénomènes dont l'Homme a acq uis virtuellement le contrôle il reste une infinité d'nutres phénomènes dont l'adminis­tration lui échappe et devant lesquels la scien­ce ou la technique ne peuvent que se croiser les bras. Ce qui ne veut pas dire que demain tel résultat considéré hier coinme impossible ne sera pas obtenu par des procédés que l'Homme d'aujourd'hui ne soupçonne pas.

Lorsque Branly vit la limaille s'agiter sans contact dans le cohéreur il ne songea pas à une intervention du démon bien qu'il fût pra­tiquant catholique. Il lira les déductions né­cessai res de sa découverte et Marconi en put extraire de géniales conclusions.

Si j'ai choisi l'exemple qui précède ce n'est pas sans raison bi en définie. En effet, c'est par une expérience analogue mais d'une autre sorte que j'ai été amené à approfondir le sujet qui nous occupe précisément.

Je me hâte de dire que le double cas que je va is évoquer et qui devait servir de point de départ à l'enquête faisant l'objet de ce livre

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n'" pas eu pour théâtre un laboratoire scien­tifique mais a été pris dans la vie courante, en pleine banalité. Il n 'y avait rien là qui rappelât une transmission électrique ni même l'émission d'ondes. Cela se rapprocherait plu­tôt de la télépathie avec ceUe ditTérence qu'au lieu de se borner à transmeUre de la pensée pure il a pu y avoir une délégation d'énergie à distance, phénomène exceptionnel aujour­d'hui et qui sera chose courante dans un ave­nir prochain.

Je liens, en effet, pour certain que sont condamnés Lous les procédés de transport énergétique, tels que fils, poteaux, conduites, etc., qui déshonorent les paysages du Inonde ou provoquent l'éventraI ion chronique du sous-sol. Le temps n'est pas lointain où les ondes ne véhiculeront pas seulement la pa­role, l'image ou la musique mais transporte­ront invisiblement la force pour en faire la distribution. Ce sera aussi simple que de dé­clencher dans son récepteur un concert loin­tain ou une causerie. Des postes domestiques nous amèneront à pied-d'œuvre les énergies therlniques, hydrauliques ou atomiques sans intermédiaire et avec compteur à la clé.

• .. Que se passa-t-il donc cerlain jour de lnai

1959 alors qu'en un appartement de Beau­soleil je lisais, toutes fenêtres ouvertes, et durant que le printemps fusait de loutes parts?

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Ceci: il etait dix heures du matin et, hien qu'absorbé par ma lecture, je percevais in­consciemment divers bruits de moteurs du voisinage sans que cela excédât la moyenne des autres jours. Nous étions un dimanche, jour où les emnlurés de la semaine pensent aux félicités de la route et du grand air. De­puis un instant un de ces bruits, familier aux oreilles des automobilistes, se faisait entendre et me tira de la demi-torpeur où j'étais. Mon aUention alertée se fixa sur le son d'un démar­reur qu'un conducteur voisin actionnait avec perseverance: «Trrrrrrr ... Trrrrrrr ... ~. d'ail­leurs sans le moindre résultat. Conducteur moi-même, je sais quel sentiment d'impuis­sance et d'énervement procure le fait d'un moteur qui refuse de démarrer en dépit de sollicitations réitérées. Au temps de mes dé­buts dans la conduite je me souviens d'exté­nuantes séances, au démarreur et à la mani­velle, dues à ma vieille B 14.

Dans le cas présent je réalisai que le chauf­feur inconnu, opérant quelque part dans la rue, demandait à son démarreur depuis dix honnes minutes un effort destiné à mettre la baUerie à plat. Mais il s'entêtait visiblement (et, pour moi, auditivement) si bien qu'après un certain temps je perdis patience et, pour en finir avec ce bruit horripilant (par jeu sans doute) je formulai en pensée, puis à demi-voix, l'injonction catégorique suivante:

- La prochaine fois que ce « type. action­ne son délnarreur le moteur part aussitôt!

Cela fut fait et dit sèchement, à la manière

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d'un coup de couperet qui sectionne et tran­che. Là-dessus, l'automobiliste, momentané­ment découragé, laissa nn instant tranquille son démarreur. Au bout d'une demi-minute il entreprit de l'actionner de nouveau et le mo­teur partit tout de suite.

Je ne pus retenir un sourire. Déjà, le pied sur l'accélérateur, mon homme emballait ses dix-chevaux.

- Curieux tout de même, cette coïncidence, fis-je à part moi.

Et, sans plus, je me remis à ma lecture. Une demi-heure plus tard, j'en fus tiré par un autre bruit de moteur. Il semblait 'venir d'une moto ou d'une Vespa à l'arrêt et l'on sait combien ces engins à deux roues sont générateurs de décibels en surnombre. Comme la pétarade se prolongeait sous ma fenêtre j'allai jeter un coup d'œil au balcon.

Sur le trotloir un jeune homme était à cali­fourchon sur le siège principal d'un side-car tout secoué d'impatience et de colère. Il levait la tête vers les étages d'une maison voisine où sa passagère s'attardait vraisemblablement à mettre du rouge à lèvres ou à rectifier ses sourcils.

Je me souvins de l'histoire du démarreur el, comme le side-car en venait à d'insuppor­tables éructations, je regagnai ma table de travail en pensant à haute voix:

- Que ce bruit de moteur cesse! Instantanément, dans la rue, le moteur s'ar­

rêta.

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J'eus un sourire encore plus large que la première fois et me dis:

- Une coïncidence passe encore! Mais deux de suite, c'est beaucoup.

J e crus avoir trouvé le Inoyen d'agir sur les impondérables et m'en félicitai intérieure­ment. Mais de nature méfiant, par éducation aussi et par principe, je décidai d'effectuer une troisième expérience de contrôle, après quoi je pourrais me faire une opinion. Je cberchai donc autour de moi prétexte à ma vocation incantatoire et mon attention fut attirée par la radio qu'une jeune felnme fai­sait hurler, toutes fenêtres ouvertes, à l'étage du dessus. Il y avait justement bien des jours que ces émissions inconsidérées m'étaient odieuses, la mélomane en question faisant donner l'entière puissance de son diffuseur de Inanière à percevoir paroles et Inusique de toutes les pièces de son appartement.

Je dis donc à baute voix: - Que cette radio ne se fasse pl us en­

tendre! Affirmation qui ne lésait pas le libre-arbitre

de la personne visée puisqu'il In'aurait suffi d'être imperméable à l'audition.

L'adjuration n'étant suivie d'aucun effet je la réitérai sans plus de succès et je dus conve­nir ou bien que le basard seul avait présidé aux deux manifestations précédentes, ou bien que mon injonction n'avait pas été faite en la forme idoine ni avec l'intonation juste, comme disaient les prêtres égyptiens.

Je dois reconnaître qu'entre les deux in-

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jonctions du début et la troisième existait une différence. Les premières avaient été inopi­nées et instinctives alors que la dernière avait quelque chose de voulu et de prémédité. Celle­ci ",'ait-elle moins de force et d'efficacité que celles-là? Je me le demande encore. Cepen­dant les trois expériences de cette Inatinée ouvraient le cbamp à mainte spéculation.

Une fois de plus j'étais confronté avec le mécanisme secret des événements el des cho­ses. lequel. comme tout lllécanisme qui se res­pecte, comporte un certain nombre de bou­lons, de rouages el de leviers. Dans notre ignorance quasi-totale de ce moteur invisible il nous arrive d'y porter la main au hasard et d'une façon empirique. Parfois nous tou­chons la bonne manette mais aussi parfois la mauvaise et tout va bien ou tout va lnal.

Comhien captivante serait la Inanœuvre des impondérables de la Vie si nous étions ca­pables de voir à l'œil nu tous les détails de l'organisme qui' les meut! N'a-t-on pas néan­moins le sentiment que certains hommes ma­nient instinctivement mieux que d'autres les leviers secrets de l'existence et que d'autres, non moins instinctivement, embrouillent les vitesses, font grincer les rouages et n'ap­puient jamais là où il faut?

• .. En solnme l'Homme moderne encore plus

que l'Homme ancien demeure prisonnier des apparences formelles, autrement dit devient

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de plus en plus esclave des phénomènes objec­tifs qu'il a en partie créés.

Jadis, en l'absence de toute industrialisa­tion ou du moins d'une industrialisation pous­sée, comme aujourd'hui, aux extrêmes limites de l'apparence, l'individu humain avait da­vantage la possibilité de se ramasser sur lui­même et de vivre intérieurement.

Les mille et une découvertes que les scien­ces appliquées ont mis à la disposition de l'homme nouveau font, chaque jour un peu plus, appel aux réactions de· ses cinq sens ordinaires, c'est-A-dire que son attention est constamment mobilisée par la vue, par l'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat. Ses travaux comme ses loisirs le sublnergent de sensations matérielles, de sorte que, de plus en plus accaparé par l'univers visible, il est de moins en moins soli ici té par la partie invisible de l'univers. Il y est aidé par la disparition pro­gressive du sentiment religieux due au fait que mainte religion a négligé l'âme pour se référer à l'intelligence et que, pour les raisons sus-exposées, pasteurs et fidèles n'ont plus assez de temps pour réfléchir. La vie moderne est un tourbillon effréné d'impressions visuel­les, auditives et tactiles qui suffisent à absor­ber, chez l'homme du vingtième siècle la fa­culté d'entendre, de voir et de sentir. D'où le besoin instinctif des meilleurs et des plus avisés de s'évader de décors en papier peint et en toile pour se replonger dans la nature primitive, tant du moins que celle-ci pourra survivre A l'écart des moteurs et des avions.

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Il n'en reste pas moins quelques esprits réfléchis pour qui cette intense civilisation industrielle ne représente qu'une énorme bulle de savon, splendidement irisée mais qui ne renferme que du vide et peut éclater au moin­dre vent. Ces esprits. par 'manière de réaction, sont prêts à admettre une civilisation inté­rieure du monde, absolument indépendante des soi-disant merveilles de l'induslrialisalion. Ils savent qu'il existe d'autres valeurs qui, pour n'être ni chiffrables ni monnayables, n'en constituent pas moins l'architecture de l'âme humaine et la seule explication de notre exis­tence dans un monde truqué.

Sans doute cette présomption ne repose ni sur des théorèmes ni sur des équations et l'on serait bien incapable au tableau noir d'en fournir une démonstration scientifique, mais qui s'aviserait de croire que la Science a fait avancer d'un pas l'Homme dans sa connais­sance de lui-même, laquelle, après tout, est telletnent plus indispensable que celle de l'uni­vers matériel?

Plusieurs se sont efforcés de pénétrer dans le monde inconnu de l'Homme et de ce qui l'entoure car, au fond, ce qui importe à la e.réalure humaine c'est, se connaissant mieux elle-même, de connaître, un peu mieux aussi, les êtres qui l'environnent, en même tetnps que l'océan de circonslances inlérieures dans lesquelles les uns et les autres sont plongés.

J'ai écrit, maintes fois, et j'ai quelque honle à le redire encore, que si l'Homme avait fait, pour la découverte de son esprit, les efforts

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gigantesques qu'il a tentés pour le développe­ment de son cerveau, l'Humanité n'en serait pas, deux mille ans après le Christ, au stade de mentalité infantile qui la caractérise au­jourd'hui. Cela est si vrai que la lission de l'atome, génératrice de modestie chez les vrais chercheurs, :1 exalté l'orgueil des découvreurs à courte vue et les a mis en face non d'une plus grande amélioration de l'Homme mais d'une plus grande méconnaissance de lui.

La perspective elle-même de voyages inter­planétaires a de quoi faire frémir par son indigence les hommes éclairés. Qne peut-il résulter d'une exploration de la Lune, de Mars ou de Vénus sinon un agrandissement aux mesures sidérales de la cécité morale des lan­ceurs de satellites? En quoi le fait d'atteindre Neptune ou Jupiter, ou même Sirius et An­tarès modi/ierait-il l'impuissance de l'Homme à se connaître lui-même par exploration de son propre champ inconnu?

Nous ignorons tout ou presque tout du do­maine immense et inexploré que chaque être humain représente. Il existe, en chacun dé nous, de fabuleux territoires vierges .où nul philosophe n'a encore mis le pied. Et tandis que ce champ divin, par l'exploitation intelli­gente duquel nous pourrions dominer inté­rieurement la Nalure, continue de rester en friche, nous tentons, par des moyens unique­ment matériels, de nous imposer à la Nature qui, extérieurement, est beaucoup plus forte que nous.

La sagesse antique l'avait compris et l'adage

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delphiqne contenait tout ce qui précède en puissance. Le Gnôli seaulon impliqnait la connaissance de soi-lnême comme le préam­bule et le principe essentiel de l'évolution. Tant que l'Homme essaiera de dominer les choses matérielles avant de s'être dominé lui­même il affrontera des puissances infiniment plus brutales que lui et qui l'écraseront au moment voulu. C'est pour avoir méconnu celte vérité de la suprématie intérieure que les civilisations Lémurienne, puis Allantidienne, parvenues au dernier stade d'une progressive industrialisation, ont été rayées de la carte du monde par d'effrayants cataclysmes et c'est pour avoir suivi un chemin identique que notre civilisation sans âme périra maté­rie1lement aussi.

• .. Ces considérations m'ont paru indispen­

sables pour aider le lecteur à se familiariser avec la pensée qu'il existe des voies entiere­ment neuves et pratiquement inexplorées pour pénétrer dans les arcanes du monde invisible et, selon la parole d'un de mes correspon­dants, d'en faire jouer les secrets commuta­teurs.

A la vérité, nous sommes, sur ce terrain volontairement négligé par la Science mo­ùerne, dans la situation d'un aveugle tâton­nant dans la nuit. Nous ignorons tout ou presque tout de l'immense mécanique qui nous enloure. Mais puisque celte mécanique

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est invisible et inaudible à quoi nous servi· raient nos oreilles et nos yeux?

Il nous faut donc préalablement nous dé­barrasser de nos œillères habituelles et nous entraîner à y voir clair sans le témoignage de nos sens. Gymnastique insolite, je le recon­nais, et pas faile pour n'importe qui mais qui ne manquera pas de susciter l'intérêt, puis d'év-eiller la curiosité consciente de ceux qui ne s'arrêtent pas à la pellicule du problème et désirent le creuser à fond.

Sans doute nous ne disposerons pour cela que de moyens empiriques, je veux dire qui sont, la plupart du temps, en dehors de toute logique et de toute raison. On sait le peu de cas que je fais de la raison et de la logique, lesquelles n'ont été offertes à l'Homme que pour égarer sa supervision. J'ai déjà écrit ailleurs (1) que le cerveau humain n'avait pour objet que de nous empêcher de penser dans la quatrièlne dimension en nous mainte­nant dans la troisième, à la facon de ces écrans limitateurs posés dans les c;rburateurs au cours du rodage, pour empêcher le conduc­teur de dépasser la vitesse permise en restrei­gnant J'arrivée du carburant.

D'ailleurs, ce faisant, nous ne différons en rien des procédés de la recherche scientilique dont les découvertes sont le plus souvent le fruit d'une constatation empirique et, pour les inventeurs eux-mêmes le fruit du hasard.

(1) Voyage au bout de la raison (Edition. de l'Age d 'Or).

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Depuis la marmite de .Papin et la pomme tom­bée de Newton jusqu'à l'identification du ra­dium et à l'autopsie de l'atome, tout a été la résultante de tâtonnements, voire d'erreurs et de pur empirisme expérimental.

N'ayons donc pas honte de nous servir d'identiques procédés pour une quête dénuée de tout orgueil scientifique et qui, s'appli­quant à un domaine irrationnel, est plus que tout autre indépendant de la logique et de la raison. Ce qui ne nous empêchera pas, le cas échéant, d'utiliser ces moyens de contrôle et de comparaison, mais à notre propre échelle, autrement dit sans leur conférer d'autre im­portance que celle qu'ils ont réellement.

• ••

Revenons, comme un simple chercheur ra­tionnel, à nos observations objectives, quitte à en rechercher le sens subjectif.

Pourquoi l'ordre de départ donné à un mo­teur avait-il été suivi d'effet et pourquoi l'or­dre d'arrêt donné à un autre moteur avait-il été instantanément obéi alors qu'un troisième ordre d'arrêt donné à un récepteur de radio hurlant des chansons imbéciles n'avait eu aucune action?

Comme j'ai tenté de l 'esquisser plus haut ma troisième adjuration n'était pas de la même qualité que les deux précédentes. Celles­ci avaient une force instinctive, non prémé­ditée, alors que la suivante était délibérée et raisonnée, même dans son apparente déraison.

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J'y avais mis une véhémence cependant mais évidenunent d'une autre sorte. J'aurais pu faire de nouvelles tentatives mais elles au­raient été entachées, elles aussi, de prémédi­tation. Je fus donc amené à rechercher, soit auprès de mes relations, soit dans le cours de ma vie passée, des incidents susceptibles d'être interprétés comme une intrusion dans le mécanisme invisible et un moyen d'influer sur l'événement.

Il m 'apparut qu'il fallait mettre en œuvre à la fois une force verbale et une force men­tale el c'est ainsi que mes réflexions abou­tirent à me représenter certains épisodes de la Bible et notamment celui des trompettes de Jéricho. Celles-ci retentirent pendant six jours autour de la ville mais ce ne fut que le septième jour et au septième tour que les sept trompettes, dans le cri de la multitude, firent s'écrouler les murailles de Jéricho. Donc concordance d'adjuration par l'esprit, par la voix, par les instruments aux notes déchiran­tes et, selon toute probabilité moderne, par les ultra-sons. Cela jusqu'à ce que les vibrations nécessaires fussent atteintes et que leur fré­quence ou leur nature eussent un effet de dissociation sur la matière apparemment in­sensible des murs.

Ne sourions pas de cette évocation biblique et n'y voyons pas seulement une image du discours. Dans «Cosmogonie des Rose-Croix. Max Heindel, dont je n'ai pas le texte sous les yeux, rapporte l'écroulement d'un mur de château obtenu dans de semblables conditions.

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Ne peut-on évoquer aussi l'exemple des ponts suspendus que le pas cadencé d'une troupe en marche met en péril, ce qui explique l'inter­diction de les franchir en formations discipli­nées? C'est au fond le même principe d 'as­sonance et de dissonance qui entre en jeu. Dans le seul domaine des ultra-sons, évoqué plus haut, on nous dit que les plus aigus, ceux que n'enregistre nulle oreille humaine, sont capables d'exercer des ravages dans cer­Lains organismes humains. Toul ceci tend à .nous dém,onlrer que si, dans la création, tout vibre, il est des vibrations spécialement dyna­miques qu'une certaine manière d'être ou d'agir peut déclencher et mettre 'en action. Nous approchons par là, jusqu'à un certain point, tels procédés d'action sur les impon­dérables, c'est-à-dire sur les possibilités qui, étant à cheval sur l'esprit et sur la matière, réclament le concours, de l'un et de l'autre pour sortir de leur inertie et entrer en jeu.

• • •

J'en étais là au moment où j'écrivais ces lignes, regrettant de n'avoir pas continué mes expériences personnelles et surtout de n'avoir pas enregistré celles de mcs futurs lecteurs, car je ne doute pas que les plus intelligents et les plus observateurs de ceux-ci voudront, à la faveur de ce qui précède, me faire part de leurs propres constatations dans un do­Dlaine si nouveau. Ces constatations peuvent s'appliquer à des faits récents ou anciens,

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donl cerlains ne les auraienl peut-être pas frappés ou qu'ils auraient attribués à des coïncidences et qui viendraient renforcer mon propre lémoignage, qui esl d'un chercheur impartial et désinléressé.

Là-dessus, j'en reviens à mon propos anlé­rieur selon lequel la manière de déclencher le mécanisme ignoré est presque toujours in­consciente, la conscience ayant pOUf effet habiluel d'en fausser le jeu el d'aboulir à un échec. Je n 'aurais donc pas lenté de rééditer consciemment mes expériences initiales sans les événements qui en disposèrent autrement.

Alors que plusieurs mois s'étaient écoulés depuis les incidenls de Beausoleil que j'ai rapporlés au commencement de ce chapilre et alors que, de mai à septembre, j'avais perdu de vue les fails particuliers pour me borner aux idées générales, je me trouvai de nouveau et presque s'en m'en rendre compte aux prises avec l'expérimentation.

Tout se passa au cours d'un dimanche du dernier automne. J'étais dans un studio de Nice où l'ennui dominical me tenait confiné. Je lrava illais el mon voisin déclencbait à plein diffuseur une radio inepte avec assez de force pour me gêner. J'eus quelques mouvemenls d'impatience à son endroit et même il m'ar­riva de llli décocher intérieurement quelques épilhèles qui ne dépassèrent pas mes lèvres et que je formulai sans la moindre pensée pour le mécanisme secret. Toutefois 'mon hu­meur s'en était ressentie fâcheusement et, après avoir dîné en ville, je retrouvai avec

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déplaisir les ondes de Monte-Carlo. ,Je me couchai tôt et parvins à m'endormir avant vingt-deux heures, moment auquel le voisin a du moins la courtoisie d'imposer silence à son récepleur.

Je fus réveillé par ma voisine du dessus qui avait l'habilude fâcheuse, non de rentrer à des heures tardives (car son métier, je crois, l'y oblige) mais de garder ses chaussures de ville el d'aller et venir chez elle en martelant le parquet de la pointe de ses pelils talons. JI pouvait être alors 23 heures 30, heure à la­quelle un écrivain, même du dimanche, a droit au sOlnmeil.

L'aigreur de ma journée me remonta au nez et (je m'excuse du terme mais tout le monde me comprendra) je m'écriai à demi­voix:

- Oh ! La vilaine femme! A peine avais-je prononcé ces mots, que

nul el surtout ma voisine du dessus ne pou­vail entendre, que je perçus le bruit de ses chaussures lombanl sur le sol. Aussitôt après j'entendis la dame se promener en pantoufles.

Cette coïncidence me remit immédiatement en mémoire l'arrêt et le déclenchement des moteurs en mai. Je m'ébrouai quelque peu pour retrouver la lucidilé de ma conscience et, dOrant que j'examinais en moi-même l'in­cident qui venail de se produire, mon atten­lion fut attirée par le bruit de voitures qui m'arrivait du dehors. Il est bon de dire que mes fenêtres donnaienl alors immédiatement sur la place Franklin, l'une des plus animées

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de Nice et que celle-ci constitue, avec ses voies transversales, le plus beau carrousel auto­mobile qu'on puisse rêver. Le bruit ne cesse guère pratiquement avant une heure du ma­tin. Encore le silence est-il rompu, de temps en temps par quelques engins sonores. Aux environs de minuit la circulation était encore assez forte et je n'y aurais trouvé rien d'ex­traordinaire si mon oreille n'avait été, cette fois encore, alertée par le moteur d'un véhi­cule à l'arrêt. D'après la nature du bruit il devait s'agir d'une de ces plate-formes à trois ou à quatre roues qui servent aux livraisons. Le pot "'échappement laissait fuir des éructa­tions irrégulières, très espacées parfois entre elles et qui tenaient au régime irrégulier de ces sortes de transporteurs.

Cette fois ma réaction fut à la fois cons· ciente el inconsciente. Je veux dire que j'y fus inconscienlmenl poussé par mon irritation précédente et consciemment amené par l'in­cident des talons féminins.

De mon lit je criai à haute Voix: - Stop! Mais le bruit de moteur ne me parut pas

cesser et je crus, comme à Beausoleil pour la radio, que je n'avais pas ébranlé le méca­nisme. Toutefois mes oreilles perçurent un affaiblissement des pétarades, qui se confirtna dans les secondes suivantes. L'engin odieux s'éloignait dans une voie adjacente et je réali­sai qu'il s'était mis en marche dès mon com­mandement d'arrêt.

Sans doute ne fus-je pas obéi dans le sens

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où je l'imaginais mais je fus suivi dans l'ordre profond de ma pensée qui n'était pas d'empê­cher le conducteur de se servir de son véhi­cule mais bien de me délivrer du bruit parti­culier de son moteur.

Une fois de plus il me sembla comprendre que la meilleure façon d'ébranler le méca­nisme était de se mettre en colère. Beaucoup seront, comme moi, déçus par J'efficacité d'un tel comportement. Tout individu raisonnant et, à plus forte raison, tout esprit religieux serait fondé à croire que les résultats les plus sûrs devraient être obtenus par l'amour et par la prière. Pourtant les faits que j'énumère sont là pour s'inscrire en faux contre l'amour et la raison.

Je ne vois pas d'autre explication à présen­ter que celle-ci, émise au cours des pages précédentes, à savoir qu'on n'apporte géné­ralement pas la même énergie dans l'amour que dans la colère. Quand un être humain exceptionnel concentre autant de force dans sa projection d'amour que les êtres humains ordinaires en concentrent dans la colère, il est un curé d'Ars ou un Padre Pia, c'est-à-dire un saint.

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LES FORMES PARADOXALES

DE LA PRIÈRE

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Nombre de gens croient à l'influence de la prière alors que nombre d'autres n'y voienl qu'une perte de salive ét de temps et l'on m'a souvenl demandé ce qu e je pensais de l'aclion de la prière,

J'estime que, de loute façon, la prière élève l'âme et la met dans une disposilion favo­rable pour entrer en contact avec le Divin. Mais il ne s'ensuit pas nécessairement que l'Invisible soit en mesure d'accéder à nos prières. ne serail-ce que parce que celles-ci, qui nous apparaissent justifiées, ne le sont pas loujours vues d'en-baul et que nous som­mes mauvais juges de ce qui nous est salutaire et de ce qui nous est nuisible. Au surplus ce que nous demandons par la prière sur le plan purement matériel entraînerait, si nous l'ob­tenions, une répartition des conséquences qui pourrait léser d'autres êtres ou se montrer contraire au plan universel.

C'est pourquoi la seule manière de prier qui sail hors de tout soupçon esl celle qui n'a pour but que de nous mettre en communion

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avec les puissances invisibles et qui revêt uni­quement une forme de gratitude et d'adora­tion.

Mais j'entends bien que la prière qui vous intéresse le plus et qui, au demeurant, fait l'objet essentiel du présent livre, est consti­tuée par une formule juste, susceptible d'ob­tenir des résultats immédiats. Je ne me déro­berai pas au débat puisqu'il est celui de presque tous les hommes qui prient et qu'il permet de lever, au moins partiellement, le voile qui couvre le comportement matériel du monde apparent.

De tout temps les religions ont eu recours au procédé qui consiste à condenser en for­mule une incantation donnée, sous forme de mantram ou de talisman. Les fameux mou­Jins à prières des .Extrême-Orientaux ne sont pas autre chose que la matérialisation de la prière et il n'est pas téméraire de penser que certaines religions de l'avenir auront recours à la machine électronique pour prier à leur place avec le concours de cadrans appropriés.

Le catholicisme me paraît avoir mis au point, depuis les premiers siècles du christia­nisme, une formule connue sous le nom d'orai­son jaculatoire et qui a le mérite de concentrer dans une courte phrase l'appel aux puissances protectrices et aux célestes gardiens. Tel est, par exemple, le sens de: «Aimé soit partout le cœur de Jésus!. dont fut rebattue mon enfance et que mes condisciples et moi parfai­sions en répondant avec ensemble: «A ja­mais! •. Le simple AMEN, c'est-à-dire «Ain-

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si soit-il! " représente un soubait jaculatoire et la religion romaine dispose de quantité d'oraisons de même sorte qui ne sont pas seulement dispensatrices d'indulgences mais tendent, au moins à l'origine, à ébranler l'uni­versel.

D'où vient le mol «jaculatoire" assez sin­gulier en l'espèce? De jaculari, lancer, qui présuppose le jet précis d'une flèche ou d'un javelot. Le chapelet que murmurent habituel­lement les fidèles incite au ronronnement en­dormeur, que décuple le rosaire, alors que l'oraison jaculatoire doit comporter une ten­sion soudaine, une détente brusque, un choc.

Enseignement précieux, comme nOLIS allons le voir, conférant une vertu particulière à une demande différente des autres puisqu'elle prend la forme d'une affirmation. Encore faut-il que la prière jaculatoire ne devienne pas un cliché qu'estompe peu à peu l'usage et qui, à force d'être mis en œuvre, n'a plus ni relief ni efficacité. D'où la nécessité de changer fréquemment et d'entièrement renou­veler les formules incantatoires, comme le pêcheur relnplace sa mouche, le barbier sa lame. le cuisinier son menu.

• .. Nous voici donc en possession d'un rensei­

gnement précis, lequel est corroboré 'par l'Evangile, où il est dit que Dieu n'aime pas les tièdes et préfère la brebis perdue et le fils prodigue aux ouailles restées au chaud.

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Une amie, que j'interrogeais à ce propos, me lixa sur la nécessité de la demande: oC Un jour, me conlia-t-elle, le Christ m'apparut en rêve el me dit avec un air de reproche: c Tu ne demandes jamais rien pOUf toi! :) Depuis elle rectilia son tir et eut la preuve que les demandes raisonnables trouvent une oreille allentive. Pareille chose advint à un médium de ma connaissance qui s'était fait scrupule, jusqu'à l'année dernière, de prier pour obtenir des avantages personnels. Comme ses ressour­ces baissaient elle usa d'affirmations réitérées et une réussite matérielle honorable s'ensuivit en très peu de mois. Par conlre, un autre médium féminin persuadé que toute demande personnelle est égoïste a vu son travail croître sans augmentation de ses ressources, ce qui semble concluant.

Mais il faut aller plus loin dans une voie au premier abord irrespectueuse, si tant est que l'altitude envers l'Invisible doive être cal­quée sur celle des impétrants à l'égard des gens en place et si l'on admet que la Provi­dence n'est sensible qu'à des actes de servilité. JI est de fait que la presqu'unanimité des orants, des suppliants, des quémandeurs spiri­tuels sont à genoux et multiplient les signes d'humilité el d'obéissance, comme faisaient les porteurs de placets en présence d'un sul­tan oriental.

Je ne crois pas, pour ma part, que Dieu ou les entités qui le représentent soient sensibles aux prosternations adulatrices, aux coups dans la poitrine, aux cendres sur la tête et

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à tout abaissement de même sorte devant eux. Je gage qu'ils prètent beaucoup plus d'allention et d'intérêt à celui qui prie debout dans sa chambre ou dans le désert, la face levée vers le ciel, avec toute la dignité de la personne humaine. J'irai même au-delà de cette impression et dirai, pour en avoir eu maintes fois la preuve, que la Divinité pré­fère les c cabochards:. aux soumis. ,Jésus. Paul, Mahomet, Luther, etc. étaient des ré­voltés et ne mâchaient pas ce qu'ils avaient à dire. Augustin et de l"oucault furent de mau­vais garçons spécialement agréables au Sei­gneur.

Et ce qui vient d'être dit ffi'amène néces­sairement à proposer au lecteur plusieurs exemples qui méritent une étude allentive à cause de leur allure paradoxale et de leur anormale signification.

• • •

J'ai connu une femme qui n'était pas spé­cialement croyante et qui, bien qu'italienne, avait progressivement perdu la foi. Celle per­sonne avait une mère âgée, laquelle, en suite d'infortunes matérielles, était devenue aveu­gle et se trouvait dans la nuit depuis huit ans.

Or il arriva ceci en matière de miracle. Un jour que celle femme procédait à un net­toyage, la malice la prit en raison de la dif­ficulté que lui opposaient certains objets. Elle saisit une pelle à main qui la gênait et la lança derrière elle avec violence. Elle entendit

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un faible cri mais n'y prêta pas tout de suite attention. Ce n'est qu'un peu plus tard que, voyant sa "mère porter la main à son œil, elle constata que la paupière de celle-ci était tu­méfiée. Elle réalisa que la blessure était due à son geste de colère et mit un pansement sur le ma\.

Le lendemain malin, elle crut entendre sa mère divaguer dans son lit et proférer des paroles sans suite qui firent croire à la dérai­son. Mais les phrases se précisaient peu à peu. La vieille femme criait:

- Je vois ... je vois ... ô ma fille !. .. Je dis­tingue la couleur de la robe et même aussi le dessin.

Effectivement, d'un seul coup, la vue lui était rendue mais, attention! à un seul œil, celui que la pelle avait frappé. Le « miracle >, . demeuré impossible au cours de prières pré­cédentes, était donc dû au geste de la colère, lequel était venu parfaire une longue suite d'invocations.

Autrement dit ce que la prière correcte et respectueuse n'avait pas obtenu était acquis au mouvement de violence, conclusion exacle­DleOt opposée au conformisme et aux ensei­gnements.

• • •

J'avais moi-même enregistré semblable le­çon dans une circonstance précédente.

Je venais d'emménager dans un village de Provence et procédais à la répartition des

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meubles dans un vieux mas. On sait la fatigue qu'entraîne ce genre d'opération et le surme­nage qu'il impose. Après une demi-journée harassante je m'assis dans un fauteuil et m'y endormis.

Au réveil, je senlis une douleur dans le gros orleil du pied droit et pensai que, dans le sommeil, j'avais pris une attitude vicieuse. Quand je voulus marcher j'éprouvai une gêne à mettre ce pied sur le sol. Or j'avais à faire, à cinq kilomètres de là, dans une localité voi­sine. Je m'y rendis en voiture, persuadé que la manœuvre de l'accél érateur serail à la 'me­sure de mes moyens. Mais j'avais compté sans le moteur qui, au retour, tomba plusieurs fois en panne et, la dernière fois, si sérieusement qu'il me fut impossible de r epartir. Je laissai le véhicule au bas d'une côte et entrepris de regagner à pied mon nouveau domicile, heu­reusement peu éloigné. Il l'était assez cepen­dant pour démontrer que la douleur de mon pied avait crû avec les heures et c'est aVec difficulté que j'effectuai la dernière partie du traj et.

Tout cela m'avait mis de mauvaise humeur car cet incident imbécile, à la fois retardait ma progression et me mettait en état d'infé­riorité physique quand je n'avais pas trop de tous mes moyens .

Ces diverses considérations m'indisposèrent à tel point qu'une fois rentré dans la maison je sentis croitre ma colère, au point que, péné­trant dans le petit salon, je m 'écriai toul fort en In'adressanl à la lluissance invisible:

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- Enfin! Tu sais bien que j'ai besoin de mes deux jambes aujourd'hui!

Cela dit sur un ton furieux. La réponse ne tarda pas et fut de même

sorte que la demande. Dans mon irritation j'oubliai que deux marches séparaient la pièce où j'étais de la salle à manger. Mon pied droit heurta avec violence la première de ces deux marches el c'est l'orteil malade qui encaissa tout le choc.

Je demeurai un instant pantois, me disant à part moi que ce heurt n'arrangeait pas les choses. Puis je reposai le pied sur le sol et m'avisai que cela n'allait pas plus mal. Je lis un pas, deux pas. Toute douleur était envolée. Le Céleste Rebouteux avait rétabli les choses à la manière forte, exactement sur le ton que j'avais pris pour ffi'adresser à lui.

Une fois encore nous constatons là que la requête. non seulement n'a pas besoin d'être enveloppée de papier de soie, mais encore a plus de chance d'être entendue s'il s'y mêle un accent impératif. Nos prières échoueraient donc par excès d 'onction et de respect et abou­tiraient par excès de brutalité et de violence. Peut-être est-ce simplement parce que tout dépend de l'intensité.

Il est probable qu'une certaine tension, un certain potentiel sont indispensables. De là la nécessité d'une prière fervente (de (ervor, cha­leur) ou d'une prière ardente (de ardere, brû­ler), ce qui implique la condamnation de la tiédeur.

L'adjuration est une forme de prière ins-

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tante qui prend parfois la forme d'une suppli­cation. Comment opère le fameux moine de Foggia qui, à lui seul, dans son couvent ita­]jen, fait plus de miracles en un Illois que Lourdes en dix années? Il dit chaque jour sa messe en versant des larmes abondantes et non comme ces prêtres qui bâclent la leur ainsi qu'ils feraient d'un travail de bureau. Il est pris au piège de sa foi qui le tenaille de morsures. Il «brûle:t à ce point que ses stigmates s'en trouvent et que le sang coule de ses mains et de ses pieds. Dans cet état d'éré­thisme spirituel il est au niveau du Divin comme l'était Jean-Baptiste Vianney, inculte petit curé d'Ars, à demi-évanoui sous la disci­pline et dont le fourreau physique n'empri­sonnait plus l'âme, devenue plus forte que la chair.

A ce stade la prière devient une sorte de passion avec sa croix et sa couronne d'épines, son coup de lance, son éponge de vinaigre, la succession de ses petites morts. Aussi ne pré­tendons-nous pas atteindre les résultats de ces géants de la prière mais nous contenter seulement de miracles à notre étage, c'est-à­dire banals et mesquins. Quoique, à la vérité, ces miracles insignifiants dans leur nudité psychologique portent aussi éloquemment té­moignage que les super-miracles des grands sainls.

• ••

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J'ai narré longuement dans L'iNVISIBLE ET MOI (I) l'incident de la chienne campa­gnarde qui, ayant, sans provocation, mordu au mollet ma fille Françoise, alors âgée de huit ans, fut le point de départ d'une série de constatations dont la plupart sortent de notre cadre mais dont il sied de retenir ce qui corro­bore les exemples précédents.

Celle chienne appartenait à un fermier voi­sin et passait pour être assez dangereuse. Au moment de la morsure elle gardait les vaches dans la prairie sous la surveillance négligente de la fille du patron. Françoise me revint avec sa jambe blessée d'où le sang coulait aVec abondance. Quand je compris la chose je fus empli d'une de ces colères dont je n'étais pas encore maître à ce moment.

Sans réfléchir je me laissai aveugler par une idée de vengeance et m'écriai 'mentale­ment en pensant à l'animal:

- Qu'elle meure! ! Et je mis dans ce souhait toute la fureur

dont j'étais plein. Le lendemain ou le surlendemain, j'appris

que la chienne en question avait été écrasée par un train sur la voie ferrée mais une en­quête ultérieure révéla la fausseté de cette version, accréditée par le propriétaire de la chienne lequel, en réalité, croyant se sous­traire à ses responsabilités, avait abattu la bête d'un coup de fusil.

Personne n'était au courant de mon souhait

(1) Astra, éditeur.

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dont je n'avais fait part à quiconque et cepen­dant l'animal semblait avoir été atteint direc­tement par la flèche mentale décochée dans sa direction.

Dans le même ordre d'idée j'ai recueilli le témoignage d'une jeune femme qui, ayant rompu depuis longtemps avec une tante riche par laquelle elle avait été en partie dépouillée de son héritage, apprit que celle-ci était allein­te d'une maladie grave et se résolut à lui rendre visite pour faire appel à son cœur. Elle fut recue avec méchanceté et s'entendit inlerdire la 'porle. Elle en fut à ce point outrée que, ne pouvant contenir sa colère, elle s'écria intérieurement en sortant de la maison:

- La mort puisse-t-elle l'emporter 1. .. Le monde n'y perdra pas grand-chose,

Projection redoutable qu'elle regretta vive­ment lorsqu'elle apprit que la tan le haineuse était décédée trois jours après.

• .. En effet, il sied toujours de redouter, en

pareil cas, ce qu'il faut bien appeler des re­tours de flamme qui reviennent en force sur l'émelleur.

A ce propos un de mes visiteurs, M. D ... lne narrait une anecdote significative. Car si rémission a assez de force pour ébranler l'in­visible il n'est pas exclu qu'à défaut de tou­cher le but eUe se retourne en direction de l'auleur de l'émission. Voici donc ce qui arri­va à M. D ... selon ses propres dires:

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Je roulais en aulo sur une roule étroite et j'avais devant moi une charrette attelée d'un cheval, laquelle charrette me gênait de­puis un moment. Or j'avais remarqué que. dans ce véhicule suranné, les rOlles flageo­laient autour de l'essieu, à croire qu'eUes allaient se détacher à chaque minute. Enervé, je dis à ma femme qui était assise à côté de moi: « Qu'il perde une de ses roues et que ça finisse! ». Le voiturier ne perdit pas ses roues quanc( je l'eus dépassé. pu moins je n'en sus rien. Mais, au bas de la descente, c'est ma voiture elle-même qui perdit une roue. Ma femme me dit alors: «Tu vois, c'est Je choc en relour. ~

• ••

Un cas bien différent est celui-ci dont je fus témoin dans des circonstances récentes. L,à il n'y eut pas de projection véhémente de la pensée mais une impression profonde de dé­couragement et d'appel. A ce stade on ne sait plus très bien où l'on en est de la supplication intérieure. Il faut croire que celle-ci atteignit à deux, une rare intensité.

Je revenais de Beausoleil avec M. PoO', ingé­nieur, dans la traction-avant de celui-ci. Au sortir de la principauté de Monaco nous enre­gistrons à l'intérieur une forte odeur d'es­sence. Le plein a été fait et l'on suppose qu'il a pu en déborder un peu du réservoir. L'odeur persistant et même s'accusant, nous stoppons sur la place du village d'Eze. M. PoO, soulève

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le capot et s'aperçoit qu'il y a une fuite im­portante au niveau du carburateur. Le danger d'incendie a été grand mais rien de fâcheux ne s'est produit par miracle. Nous cbercbons un garagiste ou un mécanicien; il n'en existe pas dans les environs. L'automobiliste qui nous renseigne nous fait remarquer que c'est le jour des mésaventures car d'autres per­sonnes, non loin, sonl en panne d'au la.

M. PoO, range sa voiture le long d'un trottoir et nous demeurons devant le capot ouvert avec l'impression aiguë de notre impuissance. A ce moment précis une voiture du Secours National routier s'arrête juste devant notre véhicule et il en sort deux anges (c'est le cas de le dire) de la route qui se mettent gracieu­sement à notre disposition. Ceux-ci constatent que la durite d'amenée de l'essence est fissu­rée. Un des gendarmes procède à la réparation nécessaire durant que l'autre alerle par radio un dépanneur de Nice pour les autres voitures à l'arrêt. Tout remis en place, nous repartons avec le sourire. Coïncidence? direz-vous. Moi, je 'veux bien.

• • •

Voici, par contre, une réalisation qui ne laisse aucun doute en ce qui concerne la rela­tion de l'objurgation spirituelle avec l'évé­nement.

J 'étais de passage à Paris cbez un de mes 'éditeurs où m'attendaient plusieurs lecteurs désireux d'obtenir une dédicace. Parmi ces

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derniers se trouvait le capitaine X ... Venu ré­cemment d' Algérie où il commandait une for­mation. Une conversation générale s'engagea au cours de laquelle j'eus l'occasion de parler de mes récentes expériences. Le capitaine parut d'autant plus intéressé qu'il avait un exemple précis à me fournir. Et il me raconta ceci qui date de quelques mois à peine.

- Depuis quelque temps je remarquais que l'un de mes hommes semblait soucieux. J'al­lai le trouver et lui demandai ce qui n'allait pas mais il se déroba sous des réponses impré­cises. J'insistai et lui dis: «Considérez-moi comme votre père spirituel et confiez-moi l'ob­jet de vos préoccupations. A deux nous ver­rons plus clair et peut-être me sera-t-il permis de vous lirer de peine .• Il finit par se laisser convaincre et me dit: «Mon capitaine, je ne voulais pas vous ennuyer avec mes affaires intimes. Je suis malheureux parce que ma femme est au plus mal. Les nouvelles que je reçois laissent entrevoir la possibilité d'une issue falale. ~ Je le réconfortai de mon mieux et lui promis de prier spécialement pour lui. c Vous verrez, fis-je, qu'on peut obtenir beau­coup surtout quand on est détacbé de soi­même . ., Il me remercia et, le soir )))ême ainsi que les jours suivants. je priai de grand cœur.

Cependant les lettres que mon homme rece­vait continuaient d'être de plus en plus alar­mantes. Je le voyais désespéré à ce point que l'impatience me prit. Le huitième jour j'aban­donnai le Ion de la supplication et (Que Dieu me pardonne!) je fus animé d'une sainte

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furie. Je retrouvai mon verbe soldatesque et criai en brandissant mes mains vers le Ciel: « Enfm ! Qu'est-ce que vous f ... là-Haut! 1. .. Vous ne voyez pas que cet homme est déses­péré et que sa femme agonise! • Il faut croire que ce cri d'indignation perça la stratosphère car. peu après. j'appris que la malade était hors de danger.

• .. Je ne saurais mieux terminer qu'en rap­

portant le fait divers ahurissant qui fit. en janvier 1960. l'objet d'articles circonstanciés dans la presse méridionale.

Une femme de 65 ans. Mm, Marie H ...• était clouée au lit depuis vingt-quatre mois par une paralysie jugée médicalement incurable. L 'hospitalisation d'urgence étant envisagée. le mari. Julien H ...• ne put supporter l'idée d'une séparation. Il conçut le projet de tuer sa femme et de se suicider ensuite. Dans ce but il profita du moment où l'impotente allait s'endormir pour lui asséner sur la tête un coup de marteau. Bien loin de rester inerte sous le choc. Marie H ... recouvra instantané­ment l'usage de ses jambes. Elle sauta à bas du lit cependant que le mari affolé lui portait ùn deuxième coup. La paralytique revivifiée eut alors la présence d'esprit de se laisser choir sur le parquet et de faire la morte. ce que voyant. Julien H ... alla dans la pièce 'voi­sine et se pendit. Sa femme se leva d'un bond et, avec raide d'un voisin, coupa la corde homicide et réussit à ranimer son époux.

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Ce que les soins médicaux n'avaient pu oblenir un gesle effrayanl l'avait déclenché non sans raide d'un instrument matériel. Le cas esl lypiquemenl semblable à celui de la mère aveugle frappée indirectemenl par une pelle. Mais n'esl-i1 pas élrange que ces outils, inertes par eux-mêmes, aient été mus par une puissanle el inhabituelle surexcilation ?

• • •

JI serait sans doute aisé de provoquer d'au­lres témoignages personnels parmi les lec­teurs de ce livre dont beaucoup, en remontant le cours de leur vie, seraient en mesure de reconstituer des accidents ou incidents ana­logues à ceux que je viens de rapporter.

L'ensemble de ces faits jelle une lumière d'ordre particulier sur le mécanisme des im­pondérables, nom que j'applique provisoire­ment au déterminisme irrationnel dont il sera que~tion au chapitre suivant.

LES IMPONDÉRABLES

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Ce qui suit ne semble pas avoir d'ordre apparent et n'a pour but que de désarçonner la logique en montrant qu'en dehors des faits explicables par la raison d'autres faits lui échappent et, par leur répétition, leur juxta­position ou leur coïncidence. justifient l'exis­tence de l'irrationnel. Cela ne nous écartera pas de la voie que nous suivons puisque le dernier et le plus important chapitre de cet ouvrage s'inscrira en faux contre Loule inter­prétation scientifique ou même purement lo­gique d'un tout-puissant moyen dont l'empi­risme n'est plus à démontrer.

Je vais donc exposer tour à tour et comme ils s'offrent au courant de la plume diverses anomalies tirées tant de mes informations personnelles que de lnes livres précédents.

Leur rapprochement est des plus instructifs parce qu'il permet de cerner de tous côtés l'inconnaissable et envisage l'anormalité sous les angles les plus divers .

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Les chroniques ont enregistré cet épisode singulier et fort peu connu du siège d'Orléans par les Anglais alors que ceux-ci entouraient la ville de leurs hastides ohsidionales.

11 était de convention tacite entre les deux partis qu'à l'heure des repas toute hostilité était suspendue et que les deux armées déjeu­naient en paix. C'est ainsi qu'un canonnier des assiégés ayant préalahlement chargé sa pièce, ahan donna les remparts pour aller man­ger la soupe chez lui. lnstant tnis à profit par l'enfant du dit canonnier, lequel avait tnaintes fois vu opérer son père et qui utilisa son absence pour mettre le feu à la pièce ainsi qu'il en avait le désir depuis longtemps.

Première circonstance anormale et qui de­vait coïncider avec une seconde, laquelle n'était autre qu'une visite inopinée d'inspec­tion du commandant en chef de l'armée assié­geante, désireux de profiter de la trêve de fait pour contrôler sans péril.

Le coup part et le boulet va fracasser la tête du chef de l'armée anglaise, ce qui suppose la rencontre inouïe d'une foule d'incidents sans lien apparent entre eux. Car il y avait peut­être une chance sur un tnilliard pour que le crâne hritannique fût précisément sur la tra­jectoire du boulet de la pièce française et une autre chance sur un milliard pour que l'ins­pection eût lieu ce jour-là, à cette seconde précise et exactement à cet endroit. Si l'on multiplie ces improhabilités par celles résul­lant de l'absence du canonnier, des intentions de l'enfant et des innomhrables circonstances

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qui pouvaient y faire obstacle on parvient à un nomhre astronomique tel que les chi lIres accumulés durant une vie d'homme ne suffi­raient pas à l'énoncer.

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Autre cas datant des homhardements d'Or­Jéans au cours de la dernière guerre mon­diale.

On sait qu'au centre de la place du Martroi s'élève une statue équestre de Jeanne d'Arc. L'béroine y est représentée tenant en direc­tion de l'ennemi une épée nue, geste destiné à souligner le rôle de la guerrière au préju­dice de la triomphatrice à la bannière, celle du sacre de Reims.

Un violent bombardement allié, qui visait la kommandantur voisine, exerça aulour du monument de grands ravages mais respecta la statue dans l'essentiel. L'épée de Jeanne d'Arc fut seuletnent brisée au ras de la poi­gnée, la Pucelle elle-même demeurant le bras pacifiquement tendu. Nul doute qu'il n'y eût là une indication providentielle destinée à prouver la non-violence de Jeanne d'Arc. L'in­tention ne fut pas comprise par nos contem­porains, épris de militarisme et de logique et l'épée fut restituée à la statue contrairement à l'ordre du ciel.

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Une dépêche de Rome dalée du 26 octobre 1953 el publiée par le Monde du 27 était ainsi conçue:

« Une jeune femme de Caserte, se nommant Giovanna d'Arco (Jeanne d'Arc) a élé brûlée vive accidenlellement. >

• • • Le jour m ême de J'assassinai de Henri IV

par Ravaillac on enregislra à Pau, cité natale du monarque, de curieux présages.

Au cours de la matinée un orage éclala soudain et la foudre, tombant sur la façade du châleou royal, délruisil sur la porte même les iniliales sculplées du roi qui figuraient en marge de J'écu béarnais.

Chose plus élonnante encore: il existait au chàlea u un laureau que, pour sa belle taille el son allure, en même lemps que pour le distinguer de ses congénères, on avait sur­nommé c Le Roi .. . Dans l'après-midi du même jour et à l'heure même où le couteau de Ravaillac faisait son office, cet animal se j eta dons le fossé el se tua d'un seul coup.

• • • Est-il logique que, sur le même trajet de la

Roule Bleue et sur un parcours limité à quel­ques dizaines de kilomèlres, plusieurs mem­bres de la famille Michelin se soient tués à des dales différentes dans des accidents d'aulo ?

• • •

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On n'a pas oublié cette prêtresse fameuse de la danse antique qui, sous le nom d'Isadora Duncan, tenta de restituer à notre époque les mouvements des danseurs grecs sur les vases anciens et les bos-reliefs.

Un sort tragique lui était promis el son des­lin fut lié à celui de l'automobile qui causa le décès des siens el son propre décès. Ses deux filles, qui étaient à bord d'une voiture entraînée par la déclivité vers la Seine furent noyées à Paris auprès du Pont-Neuf. Quant à la danseuse, landis qu'elle parcourait en aulo la Promenade des Anglais à Nice, son écharpe flottante s'enroula autour d'un moyeu, provo­quant ainsi J'é tranglement immédiat. Cela se passait en 1927 et l'accident est présent dans bien des lnémoires.

• ••

Ceci enfin a été raconté par M. Marcel Pagnol dans son admirable livre « La Gloire de mon père ').

« Dans la nuit du 19 au 20 janvier .1716, Mm. Barlhélémy, qui habitail Aubagne et dont le mari s'appelait Joseph, ressentit les dou­leurs de J'enfa ntement et se fit conduire en voi lure chez sa mère à Cassis où elle accou­cha en arrivanl d'un garçon. Cet enfant de­vait êlre plus tard l'abbé Barlhélémy, auteur du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, lequel fut élu li l'Académie française le 5 mars 1789, au 25' fauteuil. >

Or, le 28 février 1895, Mm. Pagnol, qui était

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à La Ciotat et dont le mari s'appelait Joseph, éprouva les premières douleurs de l'enfante­ment et voulut être transportée à Aubagne où elle accoucba d 'un garçon qui devait être plus tard Marcel Pagnol, lequel fut élu à l'Acadé­mie française le 5 mars 1946, précisément au 25' fautellil. , ..

Ce qui suit a été rapporté par Françoise Giroud dans sa présentation du Tout-Pari. (Gallimard) à propos de Marcel Carné, le ci­néaste.

« Pendant la guerre, mobilisé comme pion­nier de 2m• classe dans l'Est, affecté au G.Q.G. à la Ferlé-sous-Jouarre, il vient à Paris comme les camarades avec un faux ordre de mission. Il prend un verre au Bœuf sur le Toit, deux verres, trois verres ... Dans l'euphorie de l'al­cool il se fait des quantités de relations ... Il passe ce qui reste de la nuit chez un camarade qui le conduit, le lendemain matin, à la gare. Le train est à sept heures, ils arrivent à sept heures moins le quart, s'asseyent pour pren­dre un café ... Sept heures moins le quart? Mais les pendules marquent huit heures moins le quart ! ...

«- Garçon, votre pendule avance d'une heure, n'est-ce pas?

c: - Mais non, monsieur ... Vous savez bien qu'on les a avancées cette nuit. C'est l'heure d'été.

«Carné s'imagine déjà déserteur, fusillé, lorsque son camarade lui dit:

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c: - Tu ne te souviens pas ? Hier soir? Un monsieur qui nous a dit: c: Si vous avez des ennuis un jour, moi j'ai une maison à la Ferté et un sauf-conduit pour y aller. >

« Carné se souvient vaguement. Mais qui était-ce ? Où le trouver?

« Les deux hommes se fouillent conscien­cieusement dans l'espoir d'un échange de cartes... Et ils trouvent. Nom, adresse... Ils bondissent.. tombent sur un monsieur furieux d'être réveillé et qui ne se souvient de rien. On lui rafraîchit la mémoire, on lui explique que c'est une question de vie ou de mort. Il consent à se lever et à conduire Carné à La Ferlé. Lorsque celui-ci arrive enfin, le cœur battant, ses camarades lui disent:

.: _ Alors, mon vieux, tu es refait. Hein? «- Refait? « - Ben oui, comme les autres. « - Quels autres? « _ Tous ceux qui sont allés à Paris hier

avec un faux ordre de mission! Ce matin, à l'arrivée du train, les gendarlnes les ont cueil­lis et expédiés dans l'Est ...

« Tous ces aarçons ont été tués ou faits pri­sonniers. Ain~i l'heure de la chance a-t-elle épargné Marcel Carné. >

En vertu de quelle intervention invisible? Mystère.

• .. C'est dans l'histoire des princes d'Angle­

terre qu'on relève cette anomalie. A part la dynastie des .Plantagenets, toutes les autres

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comprennent le même nombre de rois: cinq Guillaume le Conquérant, cinq Lancastres, cmq Tudors, cinq Stuarts.

• .. Mariée à seize ans, .Eli sabeth d'Autriche

perd sa. Ii!le Sophie peu après Sa naissance, aSsIste a 1 effondrement du trône de sa sœur ~arie-Sophie, reine de Naples, enregistre 1 executlOn de son frère l\1:aximilien au Mexi­que, la noyade de son cousin Louis de B~vière ~ans .un étang. Tout le monde a présent à 1 espnt le d~ame. de Mayerling où périt son lils umque, 1 archiduc Rodolphe . . Puis c'est la m~r~ affreuse de sa SŒur Sophie-Charlotte, brulee. VIve dans l'incendie du Bazar de la C?ante et enlin son propre assassinat à Ge­neve.

Une telle accumulation de malheurs relève du mécanisme secret.

• .. Je crois avoir été le seul à sou1igner dans

.LES DESTINS OCCULTES DE L'HUMANI­TE (1 ) l'exemple extraordinaire, tiré des his­t~'tes de France et d'Angleterre de ces trois ~~fle~ de troi~ rois pères d~ trois rois ayant 1 egne . succeSSlve~ent et qUI, caractérisés par ~~s regnes maleliques, aboutissent toutes à 1 etrange concluslOn que voici.

Chaque fois que trois frères règnent consé-

(l) Astra, éditeur.

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cutivement après leur père, la mort du dernier d'entre eux met lin à la dynastie.

Ainsi la dynastie de Philippe le Bel, qui comporte Louis X le Hutin, Philippe le Long et Charles IV le Bel, disparaît à la mort de celui-ci et la branche des Capétiens est éteinte.

Il en est de même de la dynastie de Henri II, qui comporte François II, Charles IX et Hen­ri III, la mort de celui-ci mettant lin à la dy­nastie des Valois.

Et il en est de même encore de la succes­sion d'Henry VIII d'Angleterre, qui comporte Edouard VI, Marie Tudor et Elisabeth, la JUort de celle-ci mettant fin à la dynastie des Tu­dors.

Il existe d'ailleurs une autre série de trois frères couronnés successivement '.mais dont le père n'avait pas régné avant eux: Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, la mort du troisième aboutissant à la chute des Bour­bons .

, Croit-on pouvoir expliquer la répétition de ces fails mystérieux par le raisonnement et la logique?

• .. Il me serait facile de multiplier des exem­

ples choisis à dessein dans les lieux, les temps et les personnages les plus divers mais je dois nécessairement me borner et tenter d'extraire de ce qui précède certaines considérations de nature à nous éclairer.

J'entends montrer par là que toute vie vi-

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sible est une forme de vie partielle, incom­plète, vraisemblablement inférieure, qui nous dérobe l'étendue immense de la vie totale, laquelle n'est pas nécessairement soumise au témoignage de nos sens ni limitée par trois dimensions.

Hors de cette vie sensorielle minuscule, ré­trécie, étriquée, bancale, où l'on attache un prix ridicule à la philosophie, à la religion, à la politique, il l'économie, à l'argent, à l'amour pbysique, etc., existe un monde immense, for­midable, seul réel, qui nous enserre, nous investit, nOLIS pénètre, qui vit, pense et agit sans nous et, au besoin. contre nous s'il trouve nos misérables occupations et prétentions en travers de son chemin. Non parce qu'il nous hail, CQlnlne d'aucuns pourraient le croi re, mais parce que, le plus souvent, il nous ignore ou n'attache qu'une importance insignifiante à nos œuvres matérielles et à nos projets.

C'est l'action de ce monde secret qui, ne se manifestant pas dans le visible, nous amène il parler des impondérables, c'est-à-dire des êtres, des choses et des faits qui jouent un rôle primordial dans l'existence des hommes tout en leur demeurant inconnus.

Sans doute faut-il voir une tentative d 'iden­tiftca tion de ce pouvoir mystérieux dans la croyance aux êtres de l'a utre plan qui a ca­ractérisé toutes les époques: les morts, les entités, l'Invu, les fées, les nymphes, les elfes, les élémentaux, plus ou moins connus ou subodorés.

Il existe certainement des moyens de con-

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lact avec ces forces, les uns que nous avons perdus à notre âge mécanique, les autres qui résul tent de trouvailles modernes telles que les alcaloïdes, l'opium, le chanvre, le peyotl, etc. Nous en saurions beaucoup plus sur ce chapitre si nous n'étions hypnotisés par les moyens d'investigation purement physiques que la Science nous offre et qui, par estime exagérée des trois premières dimensions, qui nous ligotent, négligent l'exploration de la quatrième et de celles qui viennent au-dessus.

Nous nous entêtons de plus en plus à scru­ter l'espace et le temps a u moyen d'appareils de plus en plus perfectionnés mais toujours d'essence matérielle. Les voyages interplané­taires ne sont qu'un agrandissement de celte erreur à l'échelle sidérale, comme je l'ai dit plus haut. La ftssion même de l'a tome, dont on aurait pu tirer une grande leçon concer­nan t l'invisibilité de l'énergie, aboutit prati­quement à la construction d'une superbombe dont l'explosion future est susceptible d'ame­ner la destruction des trois visibles dimen­sions.

• • • Voici le moment venu de rappeler le cas

typique d'Angelo. Aquiles d'Angelo, ftls d'un charpentier de

Naples, a commencé par être cireur de chaus­sures, puis commissionnaire, puis déména­geur, puis homme-sandwich. C'est en cette qualité dernière qu'il y a quelques années, porteur d'un pannea u de publicité et juché

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sur des échasses, un coup de vent l'ahattit sur le trolloir où il eut le crâne fêlé.

Il resLa vingt-six heures dans le coma eL, contrairement au pronostic des médecins, en sortit non seulement pour retrouver ses esprits et se reconnaître mais encore pour fournir la preuve de connaissances qu'il n'avait pas au­paravant. Il était alors et est demeuré coin­pIètement illellré, incapable d'une opération mathématique et pourtant il fut en m esure d'appeler par leur nom l'interne et les infir­mières dont il ignorait tout et qu'il n 'avait jamais vus.

Dès sa guérison il manifesta des possihilités anormales, comme si d~ forces mystérieuses lui étaient venues ou corr;,ne s'il avait été sou­dain muni d'étonnants pouvoirs. On s'aperçut qu'avec un simple geste de la main il pouvait faire perdre l'équilibre à quelqu'un ou le ré­tablir s'il était instable. Cela lui donna l'idée d'utiliser ses dons pour obtenir des guérisons. De fait il opéra, dans ce domaine, des cures exceptionnelles, telles que celle du grand té­nor italien Gigli qui avait perdu la voix à la suite d'un enrouement catarrhal, celle aussi de Fausto Coppi, le campionissimo célèbre, victime d'une mauvaise chule el à qui les 'mé­decins interdisaient toule dépense musculaire pendant huit mois, celle enfin de la reine Maria-José, femme du roi Humbert, ancien souverain d'Italie, que menaçait une cécité totale et à laquelle il rendit une très normale vision.

Il devenait évident pour les inoins avertis

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et les plus sceptiques que ces pouvoirs étran­ges résultaient directement du traumautisme d'Angelo. Quand celui-ci avait son cerveau intact, donc normal, il ne disposait d'aucune puissance miraculeuse. Il avait fallu un ébran­lement extraordinaire pour déclencber une nouvelle et surprenante condition. ,Je ne pense pas qu'il suffise de projeter les gens sur une arête de trottoir ou de leur asséner un coup violent sur la tête pour les transformer en tbaumaturges ou en faiseurs de prodiges. Au contraire, la plupart des traumatismes crâ­niens ont pour conséquence un affaiblisse­ment des facultés. Mais, dans ce cas précis, on est obligé d'admeltre que le choc imprimé au cerveau et à son enveloppe a déterminé dans ceux-ci une modification dont nous igno­rons l'étendue comme le processus et créé un nouvel état.

Celte constatation permet de supposer que, dans sa structure et son comportement actuels, le cerveau humain est organisé pour com­prendre et expliquer un certain nombre de choses apparentes mais, en même temps, fa­çonné de telle sorte qu'il ne puisse accéder aux possibilités du monde supérieur.

On en revient à l'hypothèse paradoxale que, dans RECHERCHE DE LA Nième DIMEN­SION (1), et ici même, quelques pages plus haut, j'ai développées en disant que le cer­veau n'aurait été donné à l'Homme que pour l'empêcher de penser à quatre dimensions.

(1) Adyar, éditeur.

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Déjà quelqu'un, Maeterlink je crois, avait émis l'idée que notre compréhension tri-di­mensionnelle était liée au sens de l'équilibre pour lequel nous disposons des canaux semi­circulaires de J'oreille interne, ajoutant que si ces canaux é taient entièrement circulaires nous aurions peul-ê tre le sens de la quatrième dimension.

:Mais ce n'est pas le seul enseignement à tirer de J'expérience d 'Angelo et je reviens sur le cas de ce dernier pour une ultime re­marque. En 1953 plusieurs médecins pari­siens se livrèrent sur le phénomène à une investigation méthodique à laquelle il se sou­mit 'volontiers. Je négligerai les tests proposés au Napolitain par cet aréopage scientifique pour m'appesantir sur celui dont Angelo prit lui-même l'iniliative au cours de son examen.

Ayant demandé l'heure exacte et fait cons­tater qu' il é tait 15 heures, Angelo se prêta aux divers interrogatoires puis, désignant la pendule, lit observer qu'il était toujours 15 heures au cadran.

- J'en ai, dit-il , arrêté le mécanisme au moment où nl0n regard l'a fixée. Je vais main­tenant la remettre en marche.

Et le tic-tac reprit des qu'il eut pointé son index.

On ne manquera pas de rapprocher ce ré­sultat de ceux que j 'a i cru obtenir moi-même au début de ce livre lorsque j'intimai à une auto l'ordre de démarrer puis à un side-car celui d'arrêter le bruit de son moteur. Toute­fois ce que j'ai peut-être obtenu par hasard

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Angelo est sans doute en mesure de le repro­duire à volonté par suite d'une transformation de sa matiere cérébrale. li n'en resterait pas moins que, même pour le vulgaire, il doit y avoir une manière d'ébranler le mécanisme invis ible et de mettre en marche ou d'ordon­ner les impondérables dont sont faits les évé­nements.

• .. Durant que nous sommes sur ce chapitre­

des faits inexplicables je ne puis résister au désir de montrer une autre face inaltendue de l'anormal. Celle-ci résulte d'une série de cons­tatations effectuées par moi depuis de nom­breuses années et qui peut se traduire ainsi: chaque fois que j'essaie de rendre un service matériel à un tiers il s'ensuit pour moi une mésaventure ou un inconvénient.

Il est probable que je n 'ai pas été châtié par le Destin de toutes mes B.A., pour parler comme les scouts, et que j'ai perdu le sou­venir de celles qui n'ont pas d'histoi re mais j'ai dû admettre que, dans nombre de circons­tances, le salaire que j'ai reçu n'es t pas celui qui, logiquement et équitablclnent, aurait dû m'échoir.

Dans le lot considérable de ces occasions de rendre service mal rémunérées je choisirai deux des plus marquantes pour l'édification du lecteur. La premiere a eu pour théâtre un village du Centre au cours de la deuxieme guerre mondiale. Le facteur mobilisé devait

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se rendre aux Aubrais avec deux grosses va~ lises pour prendre l'express. Les moyens de transport faisant défaut je me mis gracieuse­ment à sa disposition pour le conduire à la gare distante de 35 kilomètres. Parvenu à des­tination je voulus lui rendre le service sup­plémentaire de porter une de ses valises dans le sou terrain. Quand je revins au rond-point où j'avais laissé ma voiture je constatai que celle-ci avait eu l'avant endommagé par un taxi en cours de manœuvre et, bien entendu, le chauffeur s'était éclipsé discrètement.

Ceci serait à rapprocher du cas de l'ingé­nieur P ...• rapporté plus haut. qui me rendit service entre Nice et Beausoleil et fut récom­pensé par une fuite d'essence mais, dans ce cas. on peut admettre que la vérification de la durite lui a évité un accident ultérieur. Il est possible. au surplus. de croire que toute mésa­venture apparente a sans doute sa compen­sation sur un plan très différent.

Je n'ai pas trouvé cependant l'explication satisfaisante de la conjoncture suivante. Tout récemnlent encore des amis me demandèrent de les conduire à Vence avec leurs bagages. Parvenu à destination je trollvai difficilement à me garer et les accompagnai dans leur rési­dence momentanée où je demeurai une demi­heure environ. Quand je revins à la voiture je vis celle-ci entourée d'un attroupement de mauvais augure dans lequel se distinguait un agent. J'appris que j'étais sur le mauvais trottoir et à l'entrée d'un petit chemin que j'avais pris pour un passage domestique. Deux

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autos chargées de gens hostiles et que j'avais empêchées de déboucher sur la route m'ac­cueillirent avec une extrême fraîcheur. Le commissariat de police alerté avait dû requé­rir la camionnelte de levage d'un garagiste pour déplacer mon véhicule et libérer le che­min d·accès. Je dus payer les frais de levage et enregistrer une double contravention pOUf stationnelnent interdit et encombrement de la voie publique. toutes pénitences qui ne m'em­pêcheront pas de rendre service à l'occasion.

D'autres punitions de même sorte m'ont été infligées en diverses circonstances et je me suis toujours étonné de voir les meilleures intentions du monde faire l'objet de telles pénalisations. Peut-être mon rôle n'est-il pas de me livrer à l'action direc te mais d'apporter une aide générale par la parole et l·écrit. CeUe interprétation ne me satisfait d'ailleurs que médiocrement el il me reste à découvrir, sous les divers effets, la cause première. tout se rattachant à cette administration invisihle des circonstances que, faute d'y voir clair, les philosophes préfèrent appeler hasard. Il ne sau rait cependant être question de basard. c'est-à-dire d'incohérence. Ce dernier mot con­vient exactement car ce que justement l'Hom­me n'arrive pas à faire c'est la cohérence des événem ents. La logique voudrait les amener à coïncider exactement comme les morceaux d'un puzzle mais c'est alors qu'il sied d'obser­ver que Je jeu de patience de nos vies com­porte deux faces dont une seule est revêtue de l'image destinée à faciliter les rapproche-

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ments. Ce que voient les logiciens c'est la face blancbe et anonyme d'où ils infèrent que le puzzle de la Vie n'a pas d'autre signification que d'ajuster ensemble des morceaux de bois inégaux, alors que ce que recherchent les illo­giques c'est, au contraire, l'autre face cachée dont l'image donne tout son sens à ]a recons­titution du tableau.

EXPLICATIONS DE L'AUTRE MONDE

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La vie est une succession de prodiges, plus ou moins grands, plus ou moins saillants, plus ou moins évidents, mais qui, tous ou presque tous, se produisent, sinon en dehors de l'Homme, du moins sans sa participation consciente et délibérée, ce qui leur confère une apparence de hasard.

S'il en était autrement, au lieu d'être étroi­tement déterminé comme il semhle bien qu'il le soit le plus souvent et soumis à la dépen­dance des êtres et des circonstances, l'Homme influerait sur l'événement et les créatures et, en pleine possession de son libre-arbitre, dé­terminerait à son lour.

C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'art d'obtenir, c'est-à-dire la réalisation des souhaits, le résultat des prières, ce que d'au­Ires onl appelé la « réponse > car tout dépend de la manière dont on pose la question. Nous avons cependanl un début d'éclaircissement dans le fait que toute invocation adressée aux saints, dieux, héros, ancêtres et entités pro­tectrices, pourvu qu'elle ait le caractère d'une

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adjuration passionnée, déclenche presque in­failliblement le mécanisme secret.

Quel est donc ce mécanisme et quel est donc ce secret? Faute de pouvoir le demander à la raison et à la logique j'ai été contraint de recourir à des intelligences illogiques et irra­tionnelles, non seulement capables de s'évader de nos trois dimensions habituelles, mais en­core entraînées à se mouvoir à l'aise dans les autres dimensions.

Quand on a des doutes sur un sujet scien­tifique quelconque on va trouver les savants qui formulent des hypothèses en matière d'explication. On ne les croit pas moins sa­vants parce qu'ils confessent, quand ils sont intelligents, leur ignorance. Pourquoi lors­qu'on veut des éc1aircissemenls en matière de n1Îracle ne pas s'adresser à des intermédiaires d'un autre plan ? Pas plus que les savants ces intermédiaires ne sont omniscients mais dans le cas d'entités présumées désincarnées on peul admettre que l'absence de corps rend leur pensée plus active et que, le champ de leur vision étant infiniment plus vas le, elles peuvent avoir des lumières sur bien des cho­ses dont l'exploration leur était interdite par les dimensions de notre cerveau.

J'ai donc, par l'entremise d'un médium, dont je connais les réelles facultés en même temps que la valeur morale, sollicité l'avis d'êtres qui ne sont plus sous la domination de la matière et paraissent susceptibles d'éclairer notre Lerrain.

Voici la première de ces communications

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dont l'inspirateur anonyme n'a pas cr~ ~evoi.r s'abriter sous les noms de personnahtes ce­lèbres comme cela arrive trop souvent. On verra que, pour être resté modestement dans l'anonymat, cet inspirateur n'en formule p~s moins des hypothèses originales et parfOls d'une rare élévation.

JI m'a semblé piquant d'introduire dans ce débat des individualités affranchies de leur personnalité terrestre et qui, comme telles, sont présumées capables d'une hauleur de vu.e que, limités par leuTs clfconvolullOllS cére­braies, les philosophes de ce monde et le. savants de laboratoire n'ont pas.

1" COMMUNICATION

« Ce que vous appelez le miracle m'appa­raît à moi comme la plus naturelle des choses. Et ceci manifeste que la force invisible et la force terrestre sont les deux faces d'une même force.

« Pourquoi le miracle est-il si rare? C'e~t que l'Homme a conquis des pouvolrs CO~~l: dérables sur la matière mais perdu la faclhte de manifester dans la matière les forces du monde invisible.

« Partout un équilibre règne et quand il est rompu un terrain s'écroule où s'~nseve1issent les données précédemment acqUIses. Le tra­vail qui consiste à s'élever au-dessus des for­ces matérielles pour les remplacer par la force astrale est en voie de réalisation. Chaque hom­me devrait posséder en lui-même la puissance

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malérielle et la puissance astrale. Ainsi il n'y aurail plus de miracle. Car ce qu'il est conve­nu d'appeler miracle esl la projection de l'as­tral dans le matériel. Je pense que ceci ne fait pas de doule. Le miracle sur la Terre, tel que l'apparilion des morts ou celle de la Vierge, par exemple, n'est que le transfert de certaines condilions d'existence qui sont apparemment conlraires aux lois physiques. C'est le cas des guérisons instantanées, de l'arrêt d'un méca­nisme sans l'intervention d'un autre méca­nisme matériel. Tout cela qui apparaît surna­lurel ne l'est pas. L'Homme va entrer en possession de facultés qui lui permettront de conquérir dans la matière l'usage de ces for­ces aslrales . Pourquoi éela n'existe-t-il pas aujourd'hui alors que cela exisla jadis? Il Y eul un lemps où, par la force aSlrale, l'Homme étail capable de capter l'électricilé atmosphé­rique, de déplacer les objets les plus lourds (mégalithes) sans la force malérielle et de réaliser des actes incroyables. Pourquoi, je le répèle, cela n'esl-il plus aujourd'hui et pour­quoi puis-je dire que ce sera pour demain? Il Y a là les manifestations d'une loi qui veut que la force issue du Créa leur devienne de plus en plus unie à la matière, s'idenlifie de plus en plus à elle pour obtenir le pouvoir. Ainsi depuis des millénaires l'Homme s'en­fonce dans la seule matière. Il se limite à elle dans son action. Et cependant l'Homme peut aider la matière dans son évolution. Dans l'ordre du Cosmos lout esl solidaire car l'évo­lulion de chacun dépend de l'évolulion du

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resle. Pour faire évoluer la matière l'Homme s'esl amputé d'une part de ses prérogatives (force matérielle et force aslrale), c'est-à-dire de la possibilité d'agir à la fois dans son corps malériel et dans son corps astral. Celle fa­cu llé ne lui a pas élé retirée pour toujours et jl arrive, de loin en loin, qu'un être, au cours de sa vie, reconquière ses sens astraux et la possibilité d'agir à travers eux. Telle est l'ex­plication du miracle visuel ou physiologique. Visuel: les apparitions, les visions matériali­sées des forces cosmiques. comme la Vierge, les Saints, etc. Physiologique: bouleverse­ment d'un organisme détérioré qui retrouve instantanément son organisation interne par l'intermédiaire du corps astral uni au corps physique. Matériellement le miracle se fait par intervention de force humaine projetée sous une influence quelconque sur les objets e t les bouleversant en en attaquant la struc­ture et en les modifiant assez pour qu'ils se dématérialisent et se rematéria1isenl en un instant. )

Il sied de retenir de cet exposé deux don­nées essentielles. La première est que nulle explication complètement satisfaisante ne peut être donnée du miracle si l'on ne tient compte à la fois de la force apparente et de la force cachée, celle-ci étant le complément de celle-là. Il ne nous appartient pas de démêler si l'une des deux est plus nécessaire ou plus agissante que l'autre. Contentons-nous d'ad­mettre qu'elles sont toutes les deux indispen­sables et que le miracle naîtrait de leur union.

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Qu'on appelle l'invisible «astral> n'y cbange pas grand-chose et les occultistes, en utilisant le dernier terme, n'ont pas eu d'autre objet que de faciliter la compréhension par ce qu'ils ont cru être une suffisante dénomina­tion.

)1 est bien certain que les lois physiques sont soumises à d'autres lois inconnues, ce qui explique la fragilité de leur certitude et la précarité de leur significalion. Toule loi ter­reslre actuelle, y compris celle de la gravita­tion, est promise à une révision inéluctable au cours des siècles qui viennent et peut-être Inême celui où nous sommes encore ne s'écou­lera-t-il pas sans qu'on assiste à une héca­lombe des plus évidentes lois. L'univers Eins­leinien est déjà singulièrement bors de l'uni­vers Newtonien et nous ne sommes qu'au débul des découvertes de l'énergie qui, sous les formes les plus subtiles, el parfois sans la moindre forme, nous pénètre et nous investit de loutes parts.

Les spiritualistes ont le triompbe modeste lorsqu'ils voient la Science actuelle aux prises avec des modalités de la matière à ce point immatérielles que ses tenants les plus retar­dataires en restent confondus. Cette science de l'évidence peut étendre son terrain maté­riel à l'infini, c'est-à-dire tenter d'expliquer les choses par le dehors au lieu d'essayer de les saisir par le dedans. Elle peut aller dans la Lune, dans Mars et même dans le Soleil sans faire autre chose que de s'enfoncer dans un peu plus de matière, à moins que des pla-

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nètes inopportunément el. en tous cas, incon­sidérément visitées ne soient projetées vers nous des formes de civilisations dangereuses émanant d'êtres infiniment Inieux outillés ou pl us avancés que nous.

Il est plaisant de songer que l'Homme, four­mi ignorante de notre globe, va heurter de ses fusées dérisoires des mondes dont il ne sait à peu près rien. Il est non moins paradoxal de penser que le même enfantin cerveau provo­que l'inconnu stellaire avant d'avoir fait trois pas dans la propre connaissance de lui-même qu'il ignore autant et peut-être plus qu'aux temps de Cyrus ou de Rhamsès.

Le second enseignement à tirer de la leçon administrée par une voix dite d'outre-tombe est celle qui nous invite à aider la matière dans son évolution. Or on ne peut faire évoluer la matière qu'en la spiritualisant et non en la 'matérialisant davantage. Et nous ne smnmes en situation de spiritualiser la matière qu'en évoluant nous-mêmes, c'est-à-dire en nous spiritualisant.

La communication susvisée implique que cette connaissance intérieure de l'Homme fut l'apanage de celui-ci mais qu'il l'aurait per­due sans qu'on renonce à l'espoir de le voir la récupérer un jour. Lorsque l'étude de son moi profond aura atteint le niveau des études de son moi apparent l'Homme entrera dans une nouvelle ère où la Science, se solidarisant avec l'Esprit, recouvrera ses pouvoirs anciens. Ce sera probablement la conquête essentielle du Verseau, ce nouvel âge où nous allons entrer

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sous peu, à moins que nous n 'y soyons déjà parvenus sans nous en rendre compte. Tout peut être changé dans les destins de l'Huma­nité, comme tout peut être compromis par des équipes à courte vue. Toutefois des élites nais­sent dans la société humaine et des conduc­teurs authentiques se révéleront. C'est d'eux que dépend le grand miracle de demain, celui qu'attendent tous les hommes qui prient et qui pensent et qui marquera l'aube lumineuse des temps futurs.

• .. Avant de poursuivre l'examen d'une com­

munication ultérieure il est prudent de cher­cher à s'entendre sur la signification exacte du miracle tel qu' il est conçu par les plus intelligents.

Un très curieux article a été publié par M. Henri Fesquet dans le Monde des 21-22 sep­tembre )958 au sujet des difficultés que po­sent les guérisons miraculeuses devant les théologiens et les médecins.

L'auteur souligne ce fa it au premier abord anormal, mais qui se jus tifie amplement par la suite, d'une Eglise qui, bien loin de se prê­ter complaisamment il l'acceptation des pro­diges apparaît comme une c machine à refou­ler le merveilleux •. Il est patent que le plus scabreux pour l'orthodoxie est de discriminer les visionnaires et de choisir entre les demi­fous ou les fous complets qui pullulent et les Bernadettes ou Thérèses de l'Enfant Jésus.

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« C'est pourquoi, dit M. Fesquet, l'Eglise s'est placée volontairement sur le terrain rationa­liste >. Et il cite le mot de ce journaliste de 1858, selon qui le miracle était devenu l'épou­vantail de toute conviction sérieuse, ce qui permet il l'auteur d'estimer qu' il est de plus en plus fréquent d'entendre dire que c on croi t à Lourdes malgré les miracles • . . Pensée q ui n'est pas sans profondeur.

J e ferai seulement remarquer qu'en ce qui nous concerne personnellement, comme en ce qui louche au sujet même de ce livre, nous n'avons pas à nous préoccuper d'un problème de foi catholique mais bien de la possibilité d'a juster le miracle il nos préoccupations de tous les jours. Autrement dit, nous voudrions savoir comment obtenir les choses qui nous sont nécessaires ou indispensables sans nous réfé rer à la théologie qui est bien incapable de nous assurer le pain quotidien. Or l'on avouera que pour beaucoup d'humains le pro­blème vital immédiat passe avant toute sco­las tique et que ce n'est pas avec la casuistique qu'un père de famille assure ses échéances ou l'alimentation de ses petits.

• .. Il n'est pas sans intérêt de reproduire des

passages du discours prononcé par le Profes­seur Pierre :Mauriac, de Bordeaux, dans un congrè~ mariologique en présence de plusieurs centaines de théologiens. L'éminent praticien s'y est, en effet, livré il ce que j'appellerai volontiers la dissection du miracle.

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• Inexplicable dans l'état actuel de la scien­ce me parait le qualificatif convenable et le seul que puisse raisonnablement porter un expert médical. Je sais bien que le tbéologien n'aime guère le second membre de cette. pr,?­position. Il y sent comme un relent sClenh­lique barrant la route au surnatureL. Je ferai simplement remarquer que l'inexplicable en soi ne comporte pas le miraculeux. Du point de vue scientifique l'inexplicable d'aujour­d'hui sera explicable demain. Ce n'est pas l'inexplicable qui fait le surnaturel car s'il en était ainsi les médecins seraient des thauma­turges et les bôpitaux des cours de miracles .•

Il continuait ainsi: 4

« 1tlalgré toutes ces difficultés, ces carences, on ne se décourage pas de scruter le problème des miracles, procès qui sera toujours inscrit au rôle de l'inquiétude humaine. C'est que, comme disait M. Blondel, l'épine de l'irration­nel n'a pas fini de nous écorcber . . Elle nous écorche plus que jamais et spécialement les médecins.

« Claude Bernard n'a-t-i1 pas répété que ce que l'on appelle exception est simplement un phénomène naturel dont une ou plusi~urs conditions sont inconnues. Et Paul Valery: Le mépris de Dieu pour les esprits. hu~ains se marque par les miracles. Il les Juge llldl­gnes d'être "mus vers lui par d'autres VOICS

que celles de la stupeur et les modes les plus grossiers de la sensibilité. >

Ces propos rejoignent ceux que j'ai tenus moi-même plus baut mais ne tiennent pas

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compte de certaines données du problème . Ils sont purement négatifs et n 'avancent pas d'une ligne la solution. C'est d'ailleurs ce qui amène M. Pierre Mauriac à faire tet aveu d'impuissance:

• Médecin, le problème de Lourdes ébranle ma foi plus qu'il ne la fortifie. >

Et pour dissiper toute confusion quant il son altitude il émet celle constatation désabusée:

« Le nüracle rebuLe Lous les servants de la science. »

Le bénéfice de ce congrès serait assez illu­soi re si le même orateur n'avait abouti à une conclusion dont on respectera l'bu milité.

<L La vraie sagesse, a-t-il affirmé, nous ren­voie à l'enfance . . Pour ceux parmi les savants qui rougiraient de devenir semblables à ces petits que le Christ aime, le miracle reste la pierre d'achoppement. Puisque nous sommes de ceux auxquels le Ciel fit la faveur de n'être pas sourds à cet appel, généreusement répon­dons-y, perdons-nous avec les enfants dans la foule des pèleri ns. Mais ayons une pensée fra­ternelle pour ceux qui ne nous suivent pas, nous répétant bumblement avec Pascal: C'est la grâce et non la raison qu'il faut suivre. »

• .. Nous ne quitterons cependant pas le congrès

marial sans mettre à part quelques-unes des phrases prononcées et que rapporte aussi M. Fesquel.

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c Le mécanisme des guérisons de Lourdes, y est-il dit, ne parait pas différent de. celui des guérisons ordinaires. Slmplemenl II semble qu'un pied puissanl pèse sur l'accéléra leur el que lous les records de lemps soienl ballus. Dieu manifeste qu'il peut obtenir de la ma­chine qu'il a créée un rendement qu'aucune force naturelle ou médicale n'a pu encore réa­liser. Pourquoi Dieu ? Vous savez bien que la pbysiologie recèle tant de forces encore incon­nues que les difficultés qui nous arrêtent au­jourd'hui seront un jeu pour nos enfants. Sans compler le polenliel parapsychique à peine prospecté. Sans compter l'âme qui, peul­être, Ile res te pas passive. :t

Retenons avec soin la dernière ligne, la seule constructive dans un exposé fait de doutes et de points d'interrogation, au point qu'on sera tenté d'accuser le professeur de s'être conten­té, pa r déformation professionnelle, d 'avoir réa li sé l'autopsie du miracle.

Bien sùr, loin de rester passive, l'âme ou, du moins, la partie surnaturelle de notre na­ture joue dans le miracle un rôle actif de premier plan et je me propose de le montr~r dans la dernière partie de mon ouvrage. MaIS revenons sans tarder à l'image, ci tée plus haut, du pied sur l'accélérateur. A elle seule elle illumine une série de réflexions qui, sans elle, seraient banales.

Personne ne contestera que nous baignons da ns la Vie et que la Vie nous imprègne jus­qu'à la dernière cellule de notre corps. Nous

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autres spiritualistes savons de plus que nous y sommes immergés par tous les plans de notre âme. Tout dépend donc de l'énergie 'vi­tale dont nous disposons. Car la Vie se mani­feste soit d'une façon statique, soit d'une faço n dynamique. Tous les hommes trempent dans la Vie statique alors que pour tremper dans la Vie dynamique il faut remplir cer­taines condi tions. Tels sont gorgés de vie agis­sante alors que tels semblent privés de vie. Cependant les uns et les autres sont en situa­tion de puiser dans le m ême réservoir. Seule­ment certains sont capables d'en extraire le maximum alors que d'autres n~en ont même pas conscience. Le :même outil entre les mains du lahorieux et du paresseux obtient des ré­su lta ts différents. Le pinceau ou le violon ne sont rien en eux-mêmes mais seulement des moyens d'expression d'un dynamisme indivi­duel.

Qu'est donc cette accélération des possibi­lités miraculeuses de guérison sinon le déclen­chement d'un soudain et puissant flot de vie? li existe hien, par conséquent, un mécanisme permettant la domestication du fleuve vital et il n'est pas impensable que, dans le futur, on arrive à en capter le courant comme celui d'un torrent de montagne pour l'encager dans une retenue, le discipliner dans les turhines et le transformer en serviteur obéissant.

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2W' COMMUNICATION

Mais reprenons l'audience des révélations supra-normales. Voici le texte de la deuxième communication reçue des territoires invisibles le 8 février 1959.

« Le miracle ne pourrait exister sur terre s'il n'était dejà dans l'invisible. Ce que vous appelez miracle est la manifestation maté­rielle de l'interpénétration des plans astral et physique.

c: Pour nous, le mil'acle, leI que vous l'en­tendez, es t la chose la plus naturelle. Vous vous étonnez de voir se reconstituer en quel­ques instants des tissus profondément lésés par la maladie. Or il nous est facile de recons­tituer intégralement notre corps astral quand il est lésé. Ceci représente pour nous une opé­ration aussi facile que, pour vous, celle de réparer un tissu déchiré ou troué. }lour nous il nous semble naturel de reconstituer le corps astral lorsqu'il y a altération du plan phy­sique.

« Il vous pa rait de même impossible d'ar­rêter par la pensée un moteur sous .votre fenêtre. Il nous paraît à nous normal de stop­per une entité qui s'approche de nous avec de mauvaises intentions.

« Il en est ainsi de tous les nliracles 'et VOllS allez comprendre la nature de ceux-ci. Le miracle est susceptible d'être obtenu à cer­Lai ns nloments el pas à d'autres. Vous avez fail deux expériences dans ce domaine el avez

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pensé que cela, dù au hasard, n'était pas inté­ressant.

«Voici comment il se fait que le miracle n'est pas journalier. La manifestation astrale dans le physique ne dépend pas uniquement de votre volonté. Il vous faut tenir compte de l'état magnétique ambiant qui permet aux vibrations de s'équilibrer. Votre pensée n'est qu'une part, indispensable mais non suffi­sante à la réalisation du miracle. Pour cette réalisation l'enveloppe magnétique de la terre ne permet pas toujours le mélange de l'astral et du physique.

« Si vous vous reportez au problème de la guérison instantanée vous verrez de même que la force fluidique émise par une foule de pè­lerins, encadrés d'adjurations et de chants, demeure intermittente. Là aussi c'est l'état magnétique qui ne peut toujours favoriser l'action de la m atière astrale. Or c'est la ma­tière astrale qui agit dans la guérison puisque c'est elle qui est chargée de contrôler la vie dans la matière. On voit par là que la répara­tion des cellules physiques ne peut être elTec­tuée que dans le corps astral.

« Le miracle est donc un elTet matériel pro­duit par une cause purement astrale. C'est en accordant votre volonté avec ce dernier plan que vous pouvez paraître violer les lois natu­relles mais il n'y a pas violation en l'espèce puisque vous ne faites qu'appliquer les lois des deux plans.

« Mais les miracles ne peuvent être réalisés à volonté parce qu'ils dépendent de conditions

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particulières pas toujours faciles à réaliser. . c S.i vous assistiez par la clairvoyance aux

pelermages de Lourdes vous verriez flott er, au-dessus de la foule immense, une lumière assez terne émanant des êtres humains. Mais parfois, sur celte nappe lumineuse, descend un éclair magnétique qui va tomher non pas sur celu i qui a le plus de foi, ni sur celui qui d~Slre le jllus sa guérison, ni sur celui qui vIent depms plus longtemps à Lourdes, mais su r ~'i.mporte lequel des malades pourvu que celm-cl se trouve sur le chemin de l'éclair c'est-à-dire exactement entre le douhle courant des vihrations terrestre et astrale.

«Le miracle peut donc difficilement être pratiqué comme un art ou comme une science puisque la réunion de certaines conditions de vibration magnétique sont indispensables.

« Vous pouvez exercer vos pensées à VOUs accorder avec l'astra l mais si cela n'a pas lieu au moment magnétique précis il n'y aura pas de miracle. Par suite d'un respect insolite le miracle n 'a pas été jusqu'ici envisagé sous cet angle et cependant le miracle est absolument ~ndé'pendant ~es forces divines qui n'ont rien a fUlre dans ceci.

« Le miracle parfai t, qu 'il est rare! On peut l'obtenir par la rencontre de la volonté hu­maine concentrée avec la vihration astrale. Tel est le mécanisme et la loi .•

Le procédé indiqué ci-dessus me semble rappeler les manifestations sporadiques de la foudre où le fluide s'ahat sur des points ilnpré-

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visibles, en vertu de lois auxquelles nous ne comprenons rien. Tel arbre ou tel être est frappé parce qu'il est au point précis de jonc­tion des magnétismes céleste et terrestre (1). Ainsi les phénomènes naturels nous rappel­lent-ils l'action des phénomènes dits surna­turels, le bas étant comme le haut.

(1) A rapprocher, plus expressément encore, de la piscine de Belhesda aux cinq portiques dont parle saint Jean (V, 1 à 9).

Les malades y attendaient le c mouvement:t de l'eau c car, dit l'Evangéliste, un ange descendait de temps en temps dans la piscine et agitait l'eau, el celui qui y descendait le premier après que l'eau avait été agitée était guéri quelle que fut sa maladie. >

Ce frisson liquide et intermittent n'est-il pas semblable à l'éclair ma~nétique auquel il a été falt précédemment allusiOn?

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LE PROCÉDÉ AFFIRMATOIRE

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J'ai naguère consacré tout un livre à dé­montrer le 'mécanisme de l'affirmation: AF­FIRMEz ET VOUS OBTiENDREZ (1 ) . Je ne saurais ici le passer sous silence car le pro­cédé affirmatoire constitue une des tentatives de l'Homme pour mettre en branle les rouages de la réalisation.

L'affirnlation est entièrement basée sur le Verbe, considéré comme l'élément créateur par la Genèse. Au dire des Ecritures le Démiurge ne se contenta pas de penser l'univers visible. Il le décréta par la parole. « Que la Lumière soit! » Et la Lumière fut.

La parole est la preuve essentielle de la dif­férence existant entre l'Homme et la Bête. Celle-ci n'est pas dépourvue de la faculté de reproduire des sons ni même de les moduler mais il lui manque la. possibilité d'articuler et surtout le don d'y adapter la pensée, la pa­role étant une délégation de l'Idée et l'inter-

(1) Nielaus, éditeur.

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médiaire obligé entre l'esprit et le monde ma­tériel.

Malbeureusement l'immense majorité des huinains ne se servent de la parole que pour des fins ridicules. Il est absolument dérisoire d'appliquer le verbe aux bavardages par quoi s'extériorisent la plupart des gens. Seuls, des hommes conscients de leurs pouvoirs. ont cbercbé à tirer de la profération verbale une part de ce qu'elle est capable de faire car il n'est aucune magie au monde qui ait trouvé le 'moyen d'extraire du Verbe la totalité de sa vertu.

Les prêtres chaldéens et égyptiens, qui s'y entendaient, ont possédé jadis certains des secrets de la parole, appliquée à la manifes­tation de l'idée dans le monde formel. Ces secrets sont aujourd'hui perdus, non point tant à cause de leur hermétisme qu'en rai­son du fait qu'est nécessaire une certaine discipline mentale dont sont incapables les soi-disant initiés d'aujourd'hui.

On a tellement vulgarisé l'usage de la pa­role dans les cercles politiques, économiques, industriels, littéraires, etc. qu'elle sert habi­tuellement à exprimer les choses les plus ba­nales et à recouvrir les intérêts les plus baS. Nul ou presque ne soupçonne le don diVin qui lui a été conféré par un privilège spécial entre touLes les créatures et bien des hommes eL des femmes seraient stupéfaits d'apprendre qu'ils disposent sans le savoir du pouvoir créateur.

Ceci est la conséquence d'une éducaLion et d'une instruction purement formelles en vertu

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de quoi tout le monde est plié au langage des sens. Cependant l'Jdée n'a rien de matériel et ses émanations ne peuvent être captées physi­quement ni analysées par le microscope. Néan­moins eUe mène le monde et tout ce dont il est composé.

C'est pour retrouver ceUe faculté perdue ou du moins pour en recueillir quelques vestiges que je souhaite aujourd'hui persuader les cerveaux les moins frustes de m'accompagner dans ma tentative pour ouvrir des couloirs nouveaux. Je ne serai certes pas suivi par ceux qui ont mis leur foi dans l'instrumenta­tion et pour qui la civilisation industrielle est un dogme. Un très petit nombre d'hoinmes sont en mesure de parler pour dire quelque chose. Ils sont encore moins nombreux à mou­voir les leviers profonds de l'univers. Si la multitude des êtres agglomérés en société soupçonn,,"L la valeur de l'instrument prodi­gieux qt:: lui a été confié la face de la Terre serait changée. Mais peuL-être est-il préférable que la faculté créatrice soit réservée aux seu­les individualités assez sages pour ne pas en faire un usage mauvais ou nocif.

J e pense que ines lecteurs sont de ceux qui considèrent la question sous son aspect reli­gieux, lequel comporte le respect de l'Esprit qui les a dotés de ses pouvoirs et investis d'un fragment de · ses possibilités éternelles. C'est pour ceux-là que j'écris afin de les mettre à même de poursuivre leurs recherches dans un 'monde inconnu et enchanté.

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• .. Le Verbe est une forme de l'énergie univer­

selle mais qui dépasse en puissance toutes les autres formes d'énergie car la Parole était avant que le reste fût. Tout ce qui frappe l'âme et les sens était en puissance dans le Verbe et celui-ci ne se traduisit dans la Parole que pour se manifester.

Comme toutes les formes d'énergie le Verbe a besoin d'être canalisé, dirigé, concentré et c'est seulemenl quand il est parvenu à un certain degré de condensation qu'il révèle tout son dynmnisme. Celui qui manie sciem­ment le Verbe crée une ouverture dans le Divin.

Les grands êtres ont tous été des proféreurs et se sont retirés pour lancer leur adjuration dans le silence de leur cœur et le désert de leur pensée, là où les hommes ordinaires ou vulgaires n'ont point accès.

• .. On serait tenté de croire que l'affirmation

n'est que de l'autosuggestion. Quand bien 'même eHe ne serait pas autre chose on aurait ainsi obtenu celle révolution intérieure sans laquelle est viciée toute notre participation à l'univers. Car l'univers, comme je ne cesse de le répéter, n'est pour nous rien sans nous, vérité élémenlaire mais dont si peu s'avisent et qui permet à chacun de créer son univers personnel.

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Mais l'affirmation est bien autre chose que de l'autosuggestion pure et simple. Celle-ci, en effel, ne mobilise que le mental alors que l'affirmation met en branle le spirituel. L'auto­suggestion est un procédé humain; l'affirma­tion, conçue et réalisée d'une certaine sorle, est un procédé divin. C'est ce dernier, et ce dernier seulement, qui agit directement sur la Cause au lieu de se borner à peser indirec­tement sur l'effet. C'est pourquoi l'affirmation, si elle est le fruit d 'une délibération concen­trée de la pensée, crée une matrice invisible où le visible viendra se mouler.

Pour acquérir toute sa valeur la profération verbale ne devra pas être en contradiction avec les lois générales du monde ni en oppo­sition avec l'Esprit. C'est une arme à deux tranchants qui ne devrait êlre maniée qu'avec prudence sous peine de la voir se retourner contre son mauvais utilisateur. Elle exige donc une pureté intime d'intention, une hon­nêteté morale qui servent de rempart et de bouclier .

• .. Le Verbe suppose une émission distincte

de la parole, soit à voix basse, soit à voix haule, soit à demi-voix. D'où la nécessité d'une excellenle articulation qui mette la pensée en évidence, cette dernière étant I"animalrice qui conditionne la valeur de l'affirmation. Les initiés de l'ancienne Egypte y joignaient l'in­tonation qu'ils appelaient « la voix juste. ou c la j uslesse indicible du timbre >, par quoi

1.

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ils mellaient en valeur le mysticisme de la voix humaine basée sur la rectitude du ton.

On a parlé, à ce propos, de la force exigée par l'initiation égyptienne en qualifiant le verbe occulle d'objurgalion jaculaloire, de psalmodie dominatrice, de rythme souverain, de formule incantatoire, de véhémence con­centrée et ceci nOLIS ramène infailliblement à notre lbèse essentielle selon laquell e, pour oblenir, la violence est indispensable dans le commandement comme dans la supplication.

• .. Sans doule le point d'appui principal, celui

sur lequel viendra s'arc-bouler le levier de la pensée, est la Foi qui, si elle ne soulève pas toujours les montagnes, aide du moins à en faire l'ascension.

Et c'est le moment de rappeler l'ulilité de la Foi dans la manifestalion car la réalisation n'est aulre que la Foi manifestée. On verra bientôt qu'il exisle une manière de toucher le grand mécanisme qui repose en même temps sur la Foi et sur l'Amour.

C'esl la confiance en Dieu qui permet de marcher sur la mer et d'aller au Christ mal­gré le vent el la tempête. Cela nécessite la ferme volonté de négliger les apparences et de mesurer la Vie en profondeur.

Il n 'est pas donné à lous les bommes d'affir­mer contre l'apparence. Nier un mal de tête au moment où il vous opprime. une fièvre quand elle vous terrasse, une angoisse quand elle

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vous élreint n'est à la portée que d'esprits virils. Ceux-là sont délerminés à ne pas s'en laisser imposer par la surface des événelnenls et des choses.

• .. Elevons maintenant le débat et ouvrons une

voie qui, pour n'êlre pas nouvelle, n'est cepen­dant connue qu'imparfaitemenl par les bom­mes bien qu'elle recèle d'immenses possibi­lités.

De quoi s'agit-il au premier chef? De mo­difier les circonstances el les événements? Non, mais bien de changer de conscience. Quand nous avons délibéré consciemment que ~ous sommes dans la quatrième, déjà nous echappons à la troisième dimension. Et il en est ainsi, de dimension en dimension, à me­sure que nous gravissons les étages successifs des plus. élevées jusqu'à ce que nous soyons affra nchIs de plus en plus des limilations.

Nous vivons enfernlés dans ce Inonde des limitalions par éducation et par grégarisme. CeluI qlll, dès le berceau, serait élevé dans l'art de s'abslraire des apparences n'éprouve­raIl aucune difficulté à s'affranchir de leurs InconV,~nienls. Il, n'est. pas nécessaire pour cela d etre un heros Dl un saint mais seule­'ment Un homme de bonne volonté aux prises avec sa conscience et qui tire les enseigne­menls d'une confrontation intelligente de celle­Cl avec l'univers.

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LES INTERMÉDIAIRES

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Par un sentiment bien humain, dû à l'im· pression de leur fragilité dans le monde des choses apparentes, beaucoup sont enclins à penser que l'accès de Dieu est difficile, même par la Foi et l'Amour.

La notion du Parfait leur semble inacessi­ble. Aussi cherchent-ils des étages intermé­dia ires entre l'Absolu et eux. C'est ainsi que, pour nous borner au monde chrétien, la plu­pa rt des fidèles ont recours à l'entremise des saints qui, ayant été des hommes comme eux, leur paraissent plus indiqués pour entendre et sa tisfaire leurs requêtes qu'une autorité divine abstraile et sans commune mesure avec eux.

Cha que sorte de saint a, de la sorte, sa vertu et ses adulateurs. Certains sont connus depuis longtemps, tel saint Antoine de Padoue, spé­cia lisé par la dévotion unanime dans la quête des objets perdus. D'aulres, plus accessibles à la mode, vouent un culle spécial à la petite sainle Thérèse de Lisieux, car il y a un temps et une saison, même pour les efficiences cé·

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lestes. Tel saint d'autrefois a perdu peu à peu (ou d'un seul coup comme saint Georges) son audience alors qu e tel élu de fraîche date dis­pose d'un crédit tout neuf. Il est des vénérables et des bi enheureux qui n'ont de notoriété et, par suite, d'efficacité que dans des régions déterminées. en raison de contingences locales inapplicables à d'autres r égions. C'est le cas, par exenlple, de sainle Rita, inconnue d'une grande partie du monde religieux mais qui jouit d 'une grande faveur dans les Alpes-Ma­ritimes où son église, située dans le Vieux Nice, est illuminée par les milliers de cierges de la Foi. Ce qui se produit autour de l'autel de cette patronne des causes désespérées se répèle dans maint autre lieu à l'endroit de saints peu ou mal connus. Tels dévots, au contraire, n'ont foi que dans les noms les plus illustres de l'hagiographie et ne s'en remettent qu'à des sommilés reconnues, comme saint Michel Archange ou saint Joseph.

Est-ce à dire que le Divin est compartimenté à la façon d'une officine de pharmacien ou d 'herboriste où cbaque spécialité et chaque planle Qnt leur rayon et leur vertu? Y a-t-il des terrains de la Foi réservés à telle ou telle entité à l'exclusion de toutes les autres ? A-t-on davantage à gagner par l'intervention de ce­lui-ci ou de celui-là?

Un esprit sage ne saurait se satisfaire de vues aussi puéril es . Les spécialisations envi­sagées d-desslis ne sont et ne peuvent être que des supports de la Foi. Chacun suscite et exalte la sienne comme il peut en invoquant

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telle puissance au lieu de telle aulre. Le geste n'a d'autre effet que d'établir la communica­tion pour chacun. On pourrait comparer le processus employé à celui des correspondants de l'horloge parlante. Tout abonné dispose d'un appareil dont le numéro est différent. Certains appellent sur CARnot 8064, d'autres sur DANton 40 95 mais c'est toujours le même centre que l'on touche et la même voix qui répond.

Pour m'exprimer plus ouvertement l'appel fait par le truchement de n'importe quel saint abou tit à mouvoir les leviers du même méca­nisme invisible et la valeur du résultat est en proportion non de la grandeur ou de la renom­mée de l'élu mais en fonction de la foi du suppli ant.

Au risque de choquer ou de décevoir j'ajoute qu'il en est de 'même de toute adjuration adres­sée au Christ, à la Vierge Marie, à l'Ami Cé­leste, à la Providence, au Père. au Ciel, toutes dénominations purement humaines et qui ten­dent à dissocier l'indissociable, lequel est un Tout.

Quel que soit le vocable sous lequel est solli­citée l'aide divine, cette aide est uniformément la même dans son principe et dans ses effets. Mais, ceci dit, je suis le premier à reconnaître l'utilité pratique de ces discriminations qui permettent à chaque croyant d'invoquer l'ima­ge de ses préférences. Et pour montrer le crédit que j'attache à lelles formes de la solli­citation je me permettrai de citer mon cas personnel en ce qui concerne mes rapporls

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avec Marie, considérée par moi comme un test de l'efficacité de la prière orientée dans sa spéciale direction. . Cela est dû vraisemblablement au fait que,

SI nous cherchons le Divin, le Divin lui-même nous cberche et que tous moyens, comme tou­tes représentations, sont hons pour nous enga­ger dans la voie de la réalisation.

Le dernier chapitre fera cependant la preu­ve que tout peut être obtenu sans intermé­diaire par connexion directe avec le Parfait. Il n'en reste pas moins que tous les individus ne sont pas prêts en même temps ni parvenus au même étage, ce qui explique la nécessité d'échelles différentes selon le lieu, le temps et l'opportunité.

• .. Durant mon enfance, qui s'écoula dans une

école congréganiste, consacrée à Nolre-Dame du Sacré-Cœur, la plus grande partie du culte s'effectuait dans une hasilique adjacente où la Vierge Marie s'offrait à notre contempla­tion comme la Mère ineffahle de l'ineffable Enfant. Le mois de mai entourait l'effigie ma­riale d'une adora lion parfumée et j'avoue avoir été infiniment sensible au cbarme de cette divine maternité.

J'étais myope prématurément et je voyais très mal la statue érigée sur le maître-autel, mais le flou des lignes ne faisait qu'accroître la sensation de mystère et mes prunelles fa­tiguées l'entouraient d'un nimbe lumineux.

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Par la vertu de ce halo je créais un hymne intérieur, cent fois plus enivrant que celui des chœurs et des grands orgues. Et mon émotIon montait à son comble lorsque, dans les hta­nies alternées. s'égrenaient les vocables carus­cants: « Porte d'ivoire ... Etoile du Matin ... •

Puis la vie adulte m'enveloppa de son man­teau quotidien où disparurent les lumières enfantines. Je fus un homme parmi les autres et la Vierge s'estompa dans mes souvenirs. J 'oubliai, peu à peu, le sens des cérémonies pour n'en retenir que la contrainte abusive de mes jeunes ans.

L'étude fréquente du Nouveau Testament à laquelle je me livrai par la suite ne me pa­ra issait pas d'ailleurs conférer à la mère de J és us une importance considérable, hors le fait de la mise au monde de celui qui devait être le Christ. Son rôle est constamment relé­gué dans l'ombre évangélique et même, lors­qu'on annonce à Jésus la présence de sa mère et de ses frères, il semble les écarter, dIsant en montrant ses disciples: c Voici ma mère et mes frères . (Matthieu XII 46-50) . La pré­sence de Marie au Golgotha n'est même pas mentionnée par les trols premiers évangé­listes mais seulement celle des autres Maries: Mari e de Magdala, Marie, mère de Jacques et de J oseph. Seul, l'évangile de ,Jean fait men­tion d'elle: « Près de la croix de Jésus se te­naient sa mère et la sœur de sa mère (XIX 25) . >

Ainsi s'affaiblit en moi l'un des symboles les plus émouvants du christianisme et cet

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affaiblissement se trouva renforcé par l'exem­ple de la désaffectation de l'Eglise Réformée pour la Vierge Mère, en Allemagne et dans les pays anglo-saxons.

J'étais. par c?nséquent, étranger à toule ~ropagande manale et même saturé jusqu'à 1 écœurement des exagérations de celle-ci. ,Je n'apercevais plus, de ce fait, Marie qu'à tra­vers ses représentations sulpiciennes . . Je me trouvais dans les meilleures conditions ou si l'on préfère, dans les pires avant de me c~n­fronler à nouveau avec un culte oublié.

C'est alors que la présence de la Vierge s'affirma à nouveau dans mon existence sans que j'eusse fait consciemment le moindre pas dans sa direction. Et ceci confirme l'opinion précédemment émise qu'il y a un temps pour tout, que tel terrain ne peut être ensemencé qu'à son heure, que les voies d'en-baut sont multiples et secretes, qu'il sied de nous y en­gager avec uoe ardeur non exempte de cir­conspection.

• ••

En ce qui me. concerne il est donc signifi­callf que, depUIs plusieurs années, J'indivi­dualité protectrice de la Vierge resserre son élreinte autour de moi. Des ouvrages ou des publications d'ordre marial me sont envoyés sans que je le demande et sans que j'en con­naisse toujours les expéditeurs ou les auteurs. Où que j'aille je mé trouve confronté avec les sanctuaires ou les représentations les plus

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propres à recréer en moi l'enthousiasme ado­lescen!.

Une Vénitienne m'a raconté comment, en pleine incuriosité spirituelle, par la vertu d'un jeune scout et l'introduction d'une mé­daille dans la poche de son manteau, elle ava it é té littéralement jetée aux pieds de la Vierge et y trouvait, de temps à autre, une réponse à ses adjurations passionnées et à ses plus intimes sentiments. Je l'accompagnai un jour dans la plus vieille église de Monaco, sur le Rocber, et elle s'immobilisa à genoux en face de la statue virginale. De ses yeux cou­lai ent des larmes abondantes et elle me disait tout bas: « .Je vois ses yeux qui bougent et qui me regardent avec tendresse. Son teint se colore par instants et offre tous les signes de la vie . • Son émotion était à son comble et je la connaissais assez pour savoir que tout cela était vrai. Il est des extases qu'on ne saurait feindre. Pour moi, en dépit de mon désir inté­rieur et d'une allente manifeste, je n'aperce­vais ri en qu'une statue immobile et un regard pétrifié. Sans doute n'est-il donné à chacun de percevoir ce que sa nature sentimentale lui permet de prendre. En l'occurrence j'étais certainement le plus pauvre des deux. Toute­fois si je n'y participais pas directement je n'étais pas exclu du mystère. Une part du trouble d'autrui s'infiltrait en moi. JI en sera touj ours ainsi des révélations surnaturelles; les uns y seront admis et d'autres en seront absents. Je ne me reconnais ni assez simple ni assez pur pour ces noces spirituelles.

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Plus tard, llne autre chrétienne m'entraîna à Notre-Dame de Laghet. Sa dévotion était primaire mais n'en avait pas pour cela moins de force et je fis avec elle la rencontre d'en­droits bénis. Cela se produisit avec nne telle constance dans la répétition que j'eus le sen­timent d'être cerné par les puissances invi­sibles sous la forme la plus poétique et la plus propre à tou~her un cœur aitnant. Vierges blanches et VIerges noires se succédèrent au hasard de mes déplacements comme si cette confrontation statuaire répondait à une se­crète intention.

• ••

C'est en 1953 que j'eus l'impression d'être directement visé par l'initiative mariale.

Avec ma femlne, morte depuis, je remonlais un soir la Côte Adriatique. li pouvait être dix­neuf ou vingt heures. Le soir approchait et j'estimais qu'il était temps de s'arrêter pour diner et dormir. Nous arrivions de Pescara et roulions en direction d'Ancône. Une agglomé­ration sans importance et qui nous parut être un gros village se dessina sur notre gauche à deux cents mètres de la mer.

J'obliquai dans cette direction et rangeai la voiture le long d'une grande basilique, à proximité d'un hôtel. Ce dernier me sembla spacieux et l'église encore plus immense, les deux hors de proportion avec l'importance du hourg.

Nous avions faim et désirions nous coucher

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tôt pour reprendre la route de bonne heure. On nous servit dans l'hôtel un diner solitaire dans une vaste salle à manger. Menu copieux et sans prétention. Service silencieux et défé­ren t. Le garçon marchait à pas feutrés dans la salle et sa voix confidente, comme ses ges­tes , était réduite au minimum. Tout respirait l'onction et la respectabilité. L'atmosphère était proprement ecclésiastique. La maison-à­manger semblai t être le prolongement de la maison-à-prier.

Quand nous eûmes gagné notre chambre nous trouvâmes à celle-ci l'aspect d'une gran­de cellule aux murs virginaux. Sur les parois blanchies à la chaux pullulaient des gravures édifiantes et cela nous confirma dans l'idée que nous étions dans un établissement pieux. Cela jusqu'au moment où, près de mon che­vet, j'aperçus une image de la Vierge, aVec au-dessus ce simple mot: LORETO.

Nous étions arrivés sans le savoir près du sanctuaire de Notre-Dame de Lorette.

On connaît la légende: les anges de l'.Eter­nel, choqués par l'abandon où la cabane de Bethléem était laissée depuis l'Assomption de Marie. soulevèrent la petite maison et l'em­portèrent d'un vol rapide dans les environs de F iume. Sans doute n 'y trouvèrent-ils pas la ferveur qu'ils attendaient puisque les divins déménageurs entreprirent de reconstituer leur tapis volant et transportèrent de nouveau l'habitation galiléenne oû avait vécu la Sainte­Famille de l'autre côté du Golfe Adriatique, dans un pelit bois de lauriers (lauretum).

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C'est là que la foi italienne, informée par on ne sait quel céleste message, édifia une cathédrale destinée à mettre sous globe l'hum­ble demeure de .Jésus, Marie et Joseph, le tout à la façon dont les zélateurs espagnols de Saint-Ignace recouvrirent d'une haute église la casa solar où vécut le fondateur de la Com­pagnie de Jésus.

Apres une nuit peuplée de songes immacu­lés et de salutations angéliques nous pénétrâ­mes dans le sanctuaire le lendemain matin. A la hauteur du chœur nous vîmes une humble maisonnette dans laquelle, sur un petit autel, un prêtre célébrait une messe basse devant quelques fidèles agenouillés.

II ne m'appartient pas de me prononcer sur l'authenticité des faits servant de base à la légende. Tout au plus m'est-il permis de dire que les assistants priaient dans le recueille­ment absolu. La Foi ne s'analyse, ne se pèse ni ne se discute. En dépit des ratiocinations positivistes la conjoncture m'apparut être la conséquence d'une délibération supérieure. Durant un moment, je communiai avec l'Indi­vidualité Invisible et, sans anticiper sur le mystère, très réellement j'eus foi.

• .. Marie, mère de Jésus, nous apparaît, à la

veille de l'An Deux-Mille, comme la préfigu­ration de la Femme éternelle dans les plus hautes de ses virtualités.

- 113-

Elle est la continuation directe d'Eve ou la Vie, non plus charnelle comme au sortir de l'Eden mais spirituelle au sens vital le plus élevé.

Je ne disconviens pas qu'elle équivaut, sous cette forme, à une puissance d'intercession d'autant plus étendue qu'elle fédère toutes les fois accumulées en elle. Elans, prières. adora­tions s'unissent pour constituer un courant fluidique intense sur lequel les âmes trop dé­nuées pour s'orienter elles-mêmes n'ont qu'à se brancher.

Pour ma part, la surrection de la Vierge dans ma vie se propose un autre but, celui de m'aider spécialement dans l'œuvre que j'ai entreprise à la gloire de la Femme mais je reconnais l'assistance pratique que l'Auxi­liatrice apporte à beaucoup.

Sous cette réserve je me propose de mettre en évidence, dans le dernier et aussi le plus important chapitre, l'intérêt majeur qu'il y a pour les âmes fortes à s'adresser directement à la Source, seule capable de tout admettre, de tout comprendre, de tout donner.

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LA NOTION DU PARFAIT

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Dans maint ouvrage j'ai mis l'accent sur la notion de Dieu-direct, c'est-à-dire de ce plan du Divin qui permet à l'Homme d'être en com­munication immédiate avec l'Amour Invisible, celui qui régit les sphères et ordonne l'Univers.

Car, je le répète, il n'y a pas de hasard dans la Création mais des lois qui nous échap­pent et nous échapperont toujours davantage à mesure que nous nous enfoncerons dans le formel.

Alors que l'esprit peut tout nous donnons au corps la priorité dans le gouvernement de notre vie sans nous aviser que la Vie, qui re­présente l'ensemble des énergies visibles et invisibles, ne doit pas être utilisée partielle­ment, sous peine d'incompréhension et d'im­puissance mais dans son intégralité comme lin Toul.

Dans « Dieu est-il tout-puissant? (J) où je démontre que le Créateur fait ce qu'il peut dans l'ordre naturel des lois qu'il a lui-mêine

(1) Aslra, édileur.

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- 118-

édictées et évolue sans cesse vers une crois­sante perfection, j'ai pris soin de séparer les deux notions apparemment incompatibles du relatif et de l'absolu, lesquelles mènent géné­ralement à l'impasse si l'on tente de les conci­lier d'une façon logique mais qui, vues d'un certain angle, n'apparaissent pas du tout in­conciliables même pour des cerveaux moyens.

• • •

Il est bien certain qu'au-delà de la Création apparente, dont les imperfections ne sont que trop visibles, il existe un Ordre Parfait. C'est cet ordre parfait, cet équilibre total, cette com­pensation automatique, et elle seule, qui a droit au titre d'Absolu.

L'Absolu ne suppose, en effet, aucun défaut, aucun manque, aucune lacune, aucune insa­tisfaction. C'est véritablement l'Essence de ce gui Est, notion tellement différente de ce qui existe et dont on peut seulement dire qu'elle est indiscutable et indicible, hors de toute logique et de toute raison.

Cet Absolu est totalement impersonnel sous peine de n'être plus l'Absolu. On ne peut lui assigner ni forme ni dénomination. 11 est indé­finissable et échappe à toute explication.

Il ne nous est pas interdit d'en envisager la possibilité au moyen du relatif où nous som­mes, en admettant q oe tout ce que nous voyons, sentons, touchons, entendons, goûtons, suppo­sons, pensons, imaginons constitue précisé-

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ment le relatif et que l'Absolu est précisément ce que nous ne voyons, ne sentons, n'enten­dons, ne goûtons. ne supposons, ne pensons et n'imaginons pas.

Cet Informulahle serait donc la seule Vérité et la seule Perfection. Tout ce qui n'est pas inclus en lui est imperfection et mensonge. Notre seule ressource, par conséquent, est de nous extraire du relatif pour nous plonger dans l'Absolu .

Qu'importe que vous ignoriez la nature et la modalité de celui-ci puisque celui-ci n'a ni modalité ni nature et qu'il écbappe et échap­pera toujours à l'entendement humain.

C'est là que réside le mécanisme secret dont tout dépend et qui ne peut être atteint, ce qui semble être une gageure, qu'à l'aide de nos facultés relatives. Mais si nous sommes cons­cients d'une énergie suprême, par ce seul fait nous l'approchons.

Ceci explique comment aucun effort pure­ment cérébral et encore plus sottement logi­que n'ébranlera la Puissance Infinie, unique­ment sensible au choc émotionnel. Parce que l'émotion est un sentiment extra-corporel, une transcendance de l'âme qui, parvenue au stade de l'extase, échappe alors entièrement au re­latif. Tels mystiques ont pli, du relatif où ils croupissaient, bondir dans l'Absolu et en tirer des joies parfaites. A ce moment jaillissait d'eux le miracle, éclair de l'Absolu dans le relatif.

Notre politique doit donc consister à nous soustraire consciemment à nos dimensions

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extérieures pour nous faire aussi complètement que possible une conscience de la perfection. Car, dès que l'idée de perfection entre en nous, nous avons accès à la loule-puissance.

Il s'agit, en fait, d'obtenir notre dégagement d'un état d'âme Iimitateur pour nous projeter dans l'l\Iimité. Haussés à ce degré d'évasion hors du relatif, nous baignons dans l'Absolu et rien ne nous est plus impossible.

Dans le but de faciliter ce dégagement et cette évasion, dont il m'a été donné la preuve qu'ils étaient constamment réalisables, j'ai éla­boré, après en avoir constaté l'étonnante effica­cité moi-même, un certain nombre de formules que chacun est libre d'adapter à ses mesures et d'harmoniser avec ses besoins.

Il y a là, semble-t-il, un procédé nouveau et spécialement dynamique pour mettre en branle l'Absolu et tout changer dans le relatif.

Je serai d'ailleurs reconnaissant à ceux ou celles que en auront fait l'expérience de bien vouloir me faire connaître les résultats qu'ils auront obtenus.

Pratiquement rien n'est impossible désor­mais à qui lise de la transcendance, c'esl-à­dire de la facullé qui est accordée à tous les hommes et à toutes les femmes d'écbapper au relativisme de leur condition. Toules les voies d'accès dans toutes les directions sont ouver­tes à qui sait en discerner les portes et c'est pour VOliS les désigner d'une façon concrète que sont conçues les pages ci-après.

,

Axiome

ÉVIDENCES

DIEU EST PARFAIT ET

DIEU EST TOUT DONC

TOUT EST EN DIEU OR

SI TOUT EST EN DIEU TOUT EST PARFAIT AUSSI

CAR RIEN D'IMPARFAIT

NE PEUT SUBSISTER EN DIEU PARFAIT.

16r Corollaire

PUISQUE JE SUIS UNE CREATURE DE DIEU

ET COMME TELLE

FAIS PARTIE DE LUI JE SUIS DONC

UNE CREATURE PARFAITE EN DIEU PARFAIT.

2nu! Corollaire

SI EN DIEU PARFAIT

JE SUIS UNE CREATURE PARFAITE AUCUNE IMPERFECTION

NE PEUT SUBSISTER EN MOI CAR

LA PERFECTION N'A PAS DE LIMITES. ELLE EST OU ELLE N'EST PAS.

9

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- 122-

3me Corollaire SI ELLE EST

JE SUBIS INEXORABLEMENT TOUTES LES CONSEQUENCES

DE LA PERFECTION. SI ELLE N'EST PAS

JE SUBIS INEXORABLEMENT TOUTES LES CONSEQUENCES

DE L'IMPEHFECTION. C'EST AUTOMATIQUE

4me Corollaire PAR CONSEQUENT

DES QU'UNE IMPEHFECTION EST EN MOI ET QUE JE M'EN A VISE IL M'APPARTIENT D'EN

CONSTATER L'INEXISTENCE REELLE CAR

L'EXISTENCE DE CE'ïl'E IMPERFECTION SUFFIRAIT A VICIER

LA NOTION DE L'ETRE PARFAIT.

5me Corollaire MAIS

COMME RIEN NE PEUT VICIER LA NOTION DE L'ETRE PARFAIT

SI CE N'EST SA MECONNAISSANCE ABSOLUE

IL RESTE QUE POUR CELUI QUI A FOI

EN LA PERFECTION DE DIEU LA MEME FOI EXISTE

EN LA PEHFECTION DE TOUT CE QUI VIT EN DIEU.

• FORMULES

Je suis parfait en Dieu Parfait

et si je suis parfait tout est parfait

en moi sans exception ni réserve.

Mon corps étant parfait

chacun de mes atomes est parfait chacune de mes cellules est parfaite chacun de mes viscères est parfait chacun de mes organes est parfait chacun de mes membres est parfait chacune de mes fonelions est parfaite.

Je sllis

un parfail organisme de vie parfaite en Dieu parfait.

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VARIATIONS

Ma sagesse est totale dans la totalité de Dieu Ma santé est intégrale dans l'intégralité de Dieu.

Je suis sage dans la sagesse de Dieu Je suis calme dans le calme de Dieu Je suis fort dans la force de Dieu Je suis heureux dans le bonheur de Dieu Je suis intelligent dans l'intelligence de Dieu Je suis patient dans la patience de Dieu Je suis bon dans la bonté de Dieu Je suis pur dans la pureté de Dieu.

J'aime et je suis aimé dans]' Amour de Dieu J'agis et je suis agi dans l'Action de Dieu.

Je suis parfaitement heureux dans le bonheur [parfait de Dieu

Je suis parfaitement sage dans la parfaite [sagesse de Dieu.

Dieu a foi en moi dans la mesure où j'ai foi [en lui

Dieu attend tout de moi comme j'attends tout [de lui

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- 126-

Dieu est mon mi racle quotidien comme je [suis moi-même son miracle

Dieu est mon unique but si je suis une seule [de ses fins

Dieu est pl us près de moi que moi. Il est pl us [moi que moi-même

[et je m'appartiens moins qu'à lui.

Je suis complètement heureux dans le complet [bonheur de Dieu

Je suis totalement sage dans la totale sagesse [de Dieu

Je suis intégralement bon dans l'intégrale [bonté de Dieu.

Ma santé est parfaite en Dieu parfait Ma vie est parfaite en Dieu parfait Mon corps est parfait en Dieu parfait Mon àme est parfaite en Dieu parfait Mon esprit est parfait en Dieu parfait.

Ma santé est totale dans la totalité de Dieu Ma réussite est certaine dans la certitude de

[Dieu. Ma joie est incommensurable dans l'incom­

[mensurabilité de Dieu.

LE PROCÉDÉ DU CADRE

Pour satisfaire Je besoin de concentration mentale, puis spirituelle, qu'exige la notion de la Divinité Parfaite imaginez-vous cette perfection condensée dans un petil cadre com­me celui qui figure ci-dessous.

DIEU PARFAIT

Faites abstraction de toutes vos limitations, de toutes vos imperfections, de toutes vos mi­sères, de toutes vos frustrations, de tous vos insuccès, de toutes vos petitesses et introdui­sez-vous dans ce cadre de la perfection de Dieu avec interdiction d'en sortir.

Paf ce simple procédé vous vous incorporez à j'idée de perfection qui est exclusive de toute autre et vous vous y maintenez aussi long­temps que possible avec la ferme intention d'y rester.

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Même si votre nature imparfaite et le senti­ment que vous avez de vos impuissances finit par vous rejeter hors du cadre, VOliS conser­verez le bénéfice du temps que vous y aurez passé. Et chaque incursion dans le cadre de la perfection facililera l'incursion 'suivante, de sorte qu'en un temps très court vous éprou­verez le besoin de vous réfugier dans la per­fection de Dieu.

Quand on pénètre dans le cadre de Dieu Parfait on n'a plus que le sentiment de ses perfections personnelles alors que, dès qu'on en sort, toutes les imperfections apparaissent. Il se produit alors par comparaison entre les deux états de conscience un désir de captivité qui, fmalement, s'avère être une libération.

Car cette image du cadre ne doit pas vous suggérer une idée de frontières et de limites. Si vous regardez un tableau représentant la mer ou le ciel, ceux-ci sont au-delà et en deçà des bords du cadre et votre regard intérieur les voit jusqu'à l'infini. De même l'idée de la Perfection vous permet de crever la toile et d'entrer dans l'Illimité.

Dans ce cas il n'y a même pas besoin de parler de toute-puissance ni même de puis­sance. La Perfection est au-dessus et même en dehors de cela.

La puissance est toujours capable d'aug­mentation ou de diminution. La Perfection étant infinie n'a pas de mesure et pas d'étalon. Sa seule évocation met en hranle la Force des forces, l'Energie des énergies sans aucune li-

]

- 129-

milation. Ainsi touchez-vous aux sources su­prêmes de la Vie.

• .. Etre en Dieu est autrement efficace qu'avoir

Dieu en soi. Dans le deuxième cas on est seulement ha­

bité par Dieu. Dans le premier cas on y est immergé, on y baigne. On en est investi de toutes parts.

Etre en Dieu c'est disparaître dans sa per­fection totale, perdre de vue ses imperfections physiques et morales, renaître à l'initiale in­tégrité.

1\ faut se laisser inonder par Dieu, submer­ger par lui, s'engloutir dans sa perfection im­muable. Si l'on réussit à opérer cette immer­sion on échappe Il l'action des choses, des êtres et des événements car on a réalisé en soi les conditions ultimes de l'absorption par le Divin et l'on est soustrait par la Cause au détermi­nisme des effets.

• .. Cette méthode de vie spirituelle appliquée au

gouvernement de la vie temporelle permet de résoudre tous les problèmes, même les plus insolubles, par simple délégation. Et celle-ci ne dépend de rien ni de personne que de vous qui êtes maître ou non de vous en investir.

Les déf ecluosités de votre état présent ne sont donc imputables qu'à vous-même, c'est-

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à-dire à l'ignorance où vous êtes de vos pou­voirs. Et ce qui précède, croyez-le bien, n'est pas une théorie de plus ni une simple hypo­thèse mais une certitude qu'il vous appartient personnellement de vérifier.

L'essai n'en coûte rien qu'une modification de votre jugement et une nouvelle altitude de volre pensée. Le miracle, sachez-le, n'est pas une manifestation extérieure car la fonction miraculeuse est en Yous.

C'est aussi simple que d'utiliser une paire de jumelles prismatiques qui agrandissent su­bitement votre champ de vision. Mais combien plus prodigieuse est la vision spirituelle par les conséquences qu'elle entraîne! Et la fa­culté d'agir sur les impondérables s'applique à tous les domaines humains: santé, réussite, beauté, bonheur.

Vous êtes le maître de tout modifier par la parole véhémente, de tout embellir, de tout harmoniser dans la Vie, en songeant que vous rendre heureux d'une certaine facon et à un certain étage c'es t faire des heu;eux autour de vous.

Par conséquent, n'hésitez plus. Vous aussi, FAITES DES MIRACLES!

ANNEXES

Le présent ouvrage venait d'être terminé lorsqu'une nouvelle el dernière expérience me fut présentée dans des conditions encore plus curieuses que les premières el dont on ne sau­raiL négliger l'enseignement.

En février dernier, à six heures du malin, je suis réveillé par le bruit d'une mise en mar­che dont l'ampleur me fait croire à un moteur de camion. La carburation se fait de plus en plus vive comme si le conducleur craignait de caler et ma intenait un haut régime, ce que révélait le changement de rythme lorsqu'il le­vait le pied.

Cela persistant et même s'aggravant au bout de plusieurs minutes, l'énervement me gagna et je criai brutalement: « Assez! • . Le bruit cessa d'abord complètement puis, après plu­sieurs secondes, reprit. Je réitérai mon com­mandement à divers intervalles et, chaque fois, le bruit s'arrêtait comme si j'avais agi sur le carburateur. Je jouai ainsi pendant un instant de celte pétarade syncopée, m'amusant par

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curiosité à en provoquer à volonté les hauts et les bas.

De guerre lasse, j'intimai l'ordre suivant: « Hors d'ici! » Et, sans plus. j'entendis le véhicule s'éloigner et se perdre dans la rue.

Il y avait là quelque chose de plus que dans les expériences de Beausoleil. Comment admet­tre les coincidences successives de mes com­mandements et des changements de régime du moteur, celui-ci allant de l'exagération des explosions au plus complet silence, comme si j'avais mentalement reliré les bougies ou cou­pé les étincelles à volonté.

Le premier succès ne fut pas immédiat mais ensuite j'eus l'impression de freiner les re­prises et d'agir psychiquement sur l'allumage.

Ces sortes d'expériences mériteraient d'être développées mais l'intrusion d'un processus logique ne contrarierait-il pas l'observation? Il m'a paru que l'état de demi-sommeil, ou de demi-réveil, comme on voudra, facilitait mes émissions en leur conférant un caractère illo­gique, l'apparition de la pleine conscience claire, loin de favoriser le phénomène, s'oppo­sant, au contraire, à son épanouissement.

• ••

Pour ceux qu'aura intéressés la curieuse aventure d'Angelo, doué soudain de pouvoirs de la quatrième dimension à la suite d'une fraclure du crâne, qu'il me soit permis de rapporter l'histoire encore plus extravagante de Mollie Fancher, jeune Américaine de 17

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ans qui, à la suite d'un terrible accident de tramway, avait été, en 1866, condamnée par la science médicale, le traumatisme l'ayant lais­sée aux trois quarts paralysée, avec le bras droit immobilisé au-dessus de sa tête et les jambes tordues de manière que les talons étaient du même côté que l'abdomen. En dépit de cet état la malade vécut son demi-siècle et, durant ce temps, manifesta les dons les plus anormaux. Aveugle totale des yeux, elle voyait par le sommet de la tête. La fausse science a beaucoup médit de la vision exlrarétinienne dont Jules Romains s'était fait le propagateur el, en quelque sorLe, le parrain. L'auteur de Knock était pourtant dans le vrai mais comme le vrai est souvent invraisemblable il fut ren­voyé à ses pièces de théâtre par c les hommes de mauvaise volonté :t .

Mollie Fancher voyait aussi par les mains rien qu'en les passant à la surface d'un tableau ou d'un livre. A partir d 'une certaine époque, elle cessa complètement de s'alimenter, tant en liquides qu'en solides et le médecin qui la soignait, le D' Speir, déclara avoir la certitude qu'il n'y avait chez elle ni ingestion ni évacua­tion. D'ailleurs la palpation ne rencontrait plus de poche stomacale et la colonne vertébrale se révélait par l'avant sous les doigts.

A chaque instant Mollie, qui revêtait plu­sieurs personnalités, se c: promenaiL (selon son expression) hors d'elle-même • . Dans ces cir­constances son esprit pouvait saisir et décrire des spectacles qui se déroulaient à plusieurs kilomètres de son corps.

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Tous ces phénomènes ont été observés ou rapportés tant par un juge et des médecins que par le R.P. Thurston, dans un livre récent paru Outre-Atlantique et la caution de ce r eligieux jésu ite n'est pas la moindre de celles dont a bénéficié la petite infirme de Brooklyn.

Pour nous maintenir dans notre sujet, cons­tatons, une fois de plus, que la violence est payante, même sous la forme d'un traumatisme non délibéré.

Comment ne pas noter, dans ces conditions, que la télépathie, la transmission de pensée, les apparitions, prémonitions. annonces de décès à distance, etc. ne se produisent que lorsqu'elles sont consécutives (ou concomi­tantes ) à une grande émotion, un grand effroi, un ard ent désir?

Donc on voit, comme pour le miracle, que seules la véhémence du sentiment, la prière passionnée ou, à défaut, certaines lésions orga­niques metlent en branle le secret organisme et les facullés inexplorées de l 'être hnmain.

TABLE DES MATIÈRES

PAGES

La Pensée et le Verbe peuvent-ils agir sur la matière à distance? .......... 9

Les formes paradoxales de la prière .. 33

Les impondérables ............ ..... .. . 51

Explications de l'autre monde ........ 71

Le procédé affirmatoire ............ ... 91

Les intermédiaires . ....... . ........ • .. 101

La notion du Pa rfait..... ...... ....... 115

Evidences

F ormules

121

123

Variations . ..... .. .. ...... ... ..... .... 125

Le cadre de la Perfection . . . ..... . .. ... 127

Annexes .... . ............ . ......... . .. 131

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IMPRIMERIE LABALLERY ET C" 12, Rue Porte-d'Auxerre CLAM BCY (Nièvre )

4e Trimestre 1963