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« Ceci n’est pas un musée » Quand les arts visuels dialoguent avec la danse, la poésie, la musique

Gérard Fromanger / Ceci n'est pas un Musée

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Catalogue d'exposition collective, Fondation Maeght, 2015

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« Ceci n’est pas un musée »

Quand les arts visuels dialoguent avec la danse, la poésie, la musiqueFONDATION MAEGHT

06570 Saint-Paul de Vence, Francetél. +33 (0)4 93 32 81 63www.fondation-maeght.com

« La Fondation a toujours été le théâtre de dialogues fructueux, harmonieux ou dissonants entre les arts visuels, la musique, la danse, la poésie. Il ne faut jamais oublier que cet esprit enrichit l’art et la pensée. »

ADRIEN MAEGHT

ISBN: 978-2-900923-65-8

Davy Brun, 21 février 2015

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Des peintres ou bien des poètesou bien des hommes qui exprimentpuissamment la poésie de notre temps

Tremplins, Nuits de la Fondation Maeght, 1969

(mise en scène de Jacques Polieri ; décors et costumes

de Alain Le Yaouanc)

Répétition de Merce Cunningham dans la cour Giacometti pour les Nuits de la Fondation Maeght, 1966.

Théâtre gonflable imaginé par Hans Walter Müller et dans lequel auront lieu toutes les manifestations des Nuits de la Fondation l’été 1970

« Ceci n’est pas un musée », titre de l’exposition est une phrase paradoxale (Ceci n’est pas une pipe de René Magritte) empruntée à André Malraux. Elle affirme combien l’art vivant comptait pour Aimé Maeght qui l’exprime dans de nombreux entretiens présentés, ici, grâce au partenariat avec l’INA. Prononcée lors du discours d’inauguration de la Fondation Maeght le 28 juillet 1964, elle incarne la vitalité de la création qui s’affirmait au cœur de ce lieu d’un genre nouveau, dédié aux artistes, aux arts et à leur dialogue : « Madame, Monsieur, vous venez de tenter ici, par le fait que vous avez tenté de résumer probablement la suite des amours d’une vie, par le fait que les peintres qui sont là se trouvent être tous à quelque degré ou bien des poètes ou bien des hommes qui expriment puissamment la poésie de notre temps, vous avez tenté de faire quelque chose qui n’est en aucune façon un palais, en aucune façon un lieu de décor et, disons le tout de suite parce que le malentendu va croître et embellir, en aucune façon un musée. Ceci n’est pas un musée. […] Mais ici est tenté, avec un résultat que nous n’avons pas à juger et qui appartient à la postérité, est tenté quelque chose qu’on n’a jamais tenté : créer l’univers, créer instinctivement et par l’amour, l’univers dans lequel l’Art Moderne pourrait trouver à la fois sa place et cet arrière-monde qui s’est appelé jadis le surnaturel. »

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Terry Riley, Nuits de la Fondation, 1970

Pierre Henry, Nuits de la Fondation, 1986, structure scénique conçue et réalisée par Jean Stryjenski

Spectacle Mondovision, Fondation Maeght, 1967

René Koering et Françoise Hardy, Nuits de la Fondation Maeght, 1969

Cecil Taylor et Aimé Maeght, Nuits de la Fondation Maeght, 1969

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Ce que nous savons sur les arts, nous le savons par ceux qui en ont eu la pratique, essentiellement par leurs œuvres, occasionnellement par leurs commentaires [...]

Nous ne connaissons PAS le passé dans des séquences chronologiques. Il peut être intéressant de l’étendre endormi sur la table avec des dates collées çà et là, mais ce que nous savons de ce passé c’est par ondulations et spirales nous traversant que nous le savons,

et ces spirales tournoient depuis notre temps.

Ezra Pound (1885-1972)In Guide to Kulchur, Peter Owen, Londres, 1952. Traduction in “Je rassemble les membres d’Osiris”. Tristram, 1989.

Werner Heisenberg élabora, en physique, le principe d’« incertitude » et proposa les principes de base de la mécanique quantique. Principes qui ne sont pas étrangers à la conception et à l’accrochage de cette exposition, comme on peut le comprendre dans cet extrait du roman de Jérôme Ferrari adressé à Heisenberg.: « Je regrette de vous avoir cru désinvolte, vous ne l’étiez pas, pas plus que vous étiez si peu naïf qu’il vous était impossible de croire que toute la réalité du monde se laisserait un jour apprivoiser par les concepts familiers du langage des hommes, vous saviez qu’il faudrait en venir à la cruelle nécessité d’exprimer, comme le font les poètes, ce qui ne peut l’être et devrait être tu (…) Vous n’affirmez rien que vous ne verriez finalement contester, dans un incessant mouvement fait de sauts, de replis, de perspectives souvent renversées, il est épuisant de vous suivre dans ces circonvolutions qui tordent le langage dans tous les sens avec un sérieux d’autant plus empreint de pieuse compassion que vous savez mener une tâche impossible – faire dire aux mots ce qui ne peut être dit mais doit cependant l’être. »

In « Le Principe » Jérôme Ferrari, Actes Sud 2015, pp. 47 et 48.

À propos de « Ceci n’est pas un musée »

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Hélène VANELUne danseuse surréaliste sur les collines de la Fondation MaeghtUne danseuse, une école et un théâtre à Saint-Paul de Vence

Avant même que la Fondation existe, quarante ans auparavant, dans les années 1920, comme un présage à ce dialogue entre les arts, sont venues s’installer à Saint-Paul, les danseuses Hélène Vanel et Loïs Hutton. Elles animaient un théâtre et une école. Adeptes d’une danse vitaliste, elles s’exprimaient aussi dans la nature. Elles dansaient sur les collines au-dessus de Saint-Paul, à l’endroit même où se construira la Fondation. Philippe Dagen, professeur à l’Université de Paris I nous a informés des recherches de Maria-Rosa Lehmann sur le surréalisme et sur cette danseuse. La présence d’Hélène Vanel est ici, évoquée par elle comme une prémonition, à cette exposition consacrée aux dialogues entre les arts.

Hélène Vanel, ou « l’iris des brumes » comme elle était surnommée par André Breton, est encore une figure assez mal connue. Repérée et présente dans l’histoire du Surréalisme pour sa performance de l’Acte manqué, présentée lors de l’Exposition Internationale du Surréalisme de 1938, elle fut l’actrice de la première et unique danse surréaliste. Dans ses mémoires, Georges Hugnet, un membre du groupe, décrit sa remarquable apparition : « D’un retrait, converti sur-le-champ en coulisses, fusa une sorcière hirsute, cassante, cassée, spectre en charpie qui se nommait Hélène Vanel. ».

Malgré la sensation que crée l’Acte manqué en 1938, Hélène Vanel ne semble susciter que peu de curiosité. Il n’existe que de rares informations biographiques sur la danseuse. Elles sont parfois fausses. Née le 3 Octobre 1898 à Vitry-le-Francois, Hélène Vanel meurt en 1989, à l’âge de 93 ans, en possession de toute son énergie créatrice. Peu connaissent les liens entre Hélène Vanel et la ville de Saint-Paul-de-Vence. C’est ici, en 1924, que la future danseuse surréaliste fonde avec Loïs Hutton la compagnie Rythme et Couleur. Un théâtre est rattaché à leur studio, qu’elles installent dans une maison du village.

Hélène Vanel

Théâtre Hélène Vanel Hélène Vanel à la Colombe d’or, Saint-Paul

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Ce tout petit théâtre devient vite un lieu d’enseignement et d’information pour la danse comme pour d’autres expressions artistiques dont la poésie et les arts plastiques. Rythme et Couleur recherche un langage théâtral différent, combinant la danse, la pantomime et les arts plastiques, on pense au rapport, lettres et couleurs dans Voyelles d’Arthur Rimbaud.

Leurs spectacles sont à ce point fréquentés qu’elles doivent souvent les répéter jusqu’à tard dans la nuit. Paul Roux, le propriétaire de la Colombe d’Or, les accueillent pour des représentations dans la cour de l’hôtel. Elles iront aussi, à la manière des acteurs du Monte Verita ou de Mary Wigman, danser dans une relation « vitaliste » avec la nature, sur les pentes des collines qui verront se bâtir, plus tard, la Fondation Maeght.

Plus intéressée à créer qu’à enseigner, Hélène Vanel attire particulièrement « l’élite artistique du Midi ». Pablo Picasso est un des spectateurs : « Je me souviens de cette présence de Picasso, qui ne parlait pas, mais regardait avec des yeux intenses, à la fois sombres et brillants. Je me demandais ce qu’il pouvait penser. Peut-être nos combinaisons de mouvements abstraits l’intéressaient-ils. »

La notoriété de Rythme et Couleur s’étend rapidement dans les cercles artistiques. À partir de 1926, Hélène Vanel et Loïs Hutton jouent à Paris et suscitent, à nouveau, un grand intérêt. Au printemps 1927, elles sont invitées à se produire dans plusieurs villes en Italie.

En 1934, malgré ces succès, les deux danseuses de Saint-Paul se séparent. Loïs Hutton décide de rester dans le Midi et Hélène Vanel déménage à Paris. Elle y ouvre son propre théâtre, soutenue par l’artiste Jean Villeri et sa femme Olivia. Elle devient rapidement une amie proche de Paul Eluard, Man Ray puis Benjamin Péret. Hélène Vanel ressent pour André Breton une

admiration « entière, totale, absolue ». Ses créations, souvent soutenues par les surréalistes, sont de plus en plus inspirées par les idées du groupe. C’est ainsi que la petite danseuse de Saint-Paul devint l’Iris des brumes, danseuse surréaliste, qui inventa ses chorégraphies au croisement de plusieurs arts.

Vitrine Hélène Vanel (photos et documents)et un tableau de Ladislas Kijno, Hommage à André Breton, 1970, bois gravé

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Joan MIRÓ« Mori el Merma », un événement théâtral dans le labyrinthe de la Fondation Maeght

Lors de l’exposition Miró qui eut lieu en 1979 à la Fondation Maeght, la troupe du théâtre de La Claca présenta son spectacle « Mori El Merma ». Ce spectacle mettait en scène à la manière des grotesques un « Ubu roi » qui rappelait le général Franco, accompagné par sa cour et en butte aux moqueries du peuple. Cette manifestation eut lieu dans le labyrinthe Miró où les artistes évoluaient dans les costumes dessinés et peints par Miró, permettant ainsi de retrouver l’esprit si particulier et l’univers poétique et politique du peintre catalan. L’événement « formidable » que fut la pièce “MORI EL MERMA” du Théâtre de la Claca en 1979 à la Fondation Maeght est remis en lumière grâce au prêt, par la Fondation Miró de Barcelone, de certains costumes, marionnettes et masques créés par Joan Miró et accompagnés du film, réalisé par Clovis Prévost, de sa représentation dans le labyrinthe de la Fondation. La puissance graphique et poétique de l’artiste catalan est magnifiée et mise au service des arts vivants, mêlant tradition catalane et expérimentation artistique d’avant-garde. Joan Miró, Costume du personnage :

Máscara, 1977, Fundació Joan Miró, Barcelone

Joan Miró, Costume des personnages : Calabaza, Merma, Mujer, Máscara, 1977, Fundació Joan Miró, Barcelone

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Joan Miró posant avec les costumes réalisés pour le spectacle Mori el Merma présenté par le théâtre de La Claca en 1979 à la Fondation Maeght

Alexander Calder, Pour Francis et Geneviève (Miroglio), 1968, gouache sur papier, collection privéeCostumes de La Claca par Joan MiróLa Dispute de Barcelone de Christian Bonnefoi

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Dans la salle de la mairie, les œuvres de Miró, Bonnefoi, Calder et Richier composent un ensemble plastique énergumène et carnavalesque.

Christian BONNEFOI« La Dispute de Barcelone »

Christian Bonnefoi est un des maîtres du « collage » contemporain, en peinture, comme le démontrait son impressionnante rétrospective au MNAM-Centre Georges-Pompidou en 2008. Héritier de cette esthétique majeure de l’histoire de l’art au XXe siècle, sa création construite par ce procédé dialogue avec celle de Miró, maître du collage en sculpture. Christian Bonnefoi crée une grande œuvre sur le mur qui débat, discute, dispute avec les formes carnavalesques et clownesques de “Mori el Merma”. Elle accompagne les dessins de Calder et les sculptures de Germaine Richier qui expriment à la fois l’énergie du cosmos et de personnages, au caractère animal, qui le peuplent.

Alexander Calder, Les Trois Soleils Jaunes, 1965, mobile, collection de la Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence Germaine Richier, La Montagne, 1955-1956, bronze, collection Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence Christian Bonnefoi, La Dispute de Barcelone, 2014, papier de soie peint, acrylique et collages fixés au mur avec des épingles, collection privée

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Christian Bonnefoi, La Dispute de Barcelone, 2014, papier de soie peint, acrylique et collages fixés au mur avec des épingles, collection privée

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Claudine DRAI « Renaissance », les êtres de l’espace et de la danse

Aux sculptures de Germaine Richier, à leurs danses et parfois à leurs combats cruels, répondent les sculptures de Claudine Drai qui s’échappent de la matière et relancent le mouvement dans l’air, soulignant sa transparence, sa vibration par un geste circulaire rappelant la danse des Derviches tourneurs.Architectures éphémères, les installations de Claudine Drai sont conçues et vécues comme un « corps mental » que l’on traverse, comme une invitation à un voyage à l’intérieur de soi, à l’intérieur des sensations. Telles d’énigmatiques silhouettes aux bras tendus, ses sculptures faites de papier de soie attisent la sensation d’imaginaire, nous emmènent dans leur errance pour donner à voir les mondes invisibles qu’elles saisissent, ceux de l’espace immatériel et du non-lieu du temps.

La Renaissance de Claudine Drai, sculpture en bronze, puisant son énergie dans le mouvement archaïque de la danse libérant les énergies, dialogue avec les désordres et les déséquilibres du Cabaret Voltaire de Marco Del Re, qui met en scène le « lâcher-tout », rendant hommage à Dada et à Hugo Ball dans un tableau où le peintre se délivre de la pesanteur.

La création est pour moi une tentative de vivre sa propre présence au monde. Je cherche la matière qui ressemble aux émotions de l’être, de l’âme, pour tenter de les faire traverser sans en perdre l’essence.

Claudine Drai

Claudine Drai, La Renaissance, 2011, bronze. Courtesy Jérôme de Noirmont Art et confrontation, Paris

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Claudine Drai, Sans titre, 2014, papier de soie, acrylique sur toile, collection privée

Claudine Drai, Sans titre, 2014, papier de soie sur toile, collection privée

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Les êtres

Les êtres d’espace respirent l’ailleursLe regard se perdRéapparait d’émotions de songesUn ballet d’anges Une pureté lumineuse et fragileIncite au bonheur d’êtreA la clarté des sentiments Prisonnier de cette armée de fantômesCapture de mon âmeUn voyage dont je ne connais l’issueOmniprésence des sensationsElles peuvent puiser à la profondeur des rêvesLeur puissance poétiqueUne renaissance l’oubli du tumulteUn enchantement dans l’au-delàComme une demeure au tempsLe blanc dessine une trameD’un théâtre de papier de soieInvente un corps harmonieL’aube d’un premier jourMystère d’une énergie secrèteUne ode trace le mondeD’ un désir intérieur à jamais protégéLes gestes de papier Libérés de la penséeRessentent l’infini qui s’ouvre au mondeL’Instant d’un éclat cosmiqueImpulse à la mémoire son chaos originelFigures éternisées du présentErrances éperdues d’histoireElles s’incarnent Dans la substance des étoilesLes bras cherchent le visible imaginéLe corps effigie d’histoire Se projette de lignes irréellesancrées à la vie

Gilles Weil

Claudine Drai

Dessin d’Hubert Barrère pour la chorégraphie de Davy Brun sur une musique de Jean-Jacques Lemêtre. Performance dansée à la Fondation Maeght, le 21 février 2015

Vue de l’exposition

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Marco DEL REDans le théâtre de l’atelier, un personnage principal : le peintre

L’univers en mouvement des formes, personnages en papier, de Claudine Drai dialogue avec les travaux de Marco Del Re qui mettent en jeu des espaces théâtraux, dans lesquels circule la musique vibrante du concert de Terry Riley aux Nuits de la Fondation (1970).

Marco Del Re fut d’abord acteur et « performer ». En Italie, il fonda notamment le « Patagroup ». Il construisit scénarios et décors. Lors d’une représentation de « La Conquête du Mexique » d’Antonin Artaud, la rencontre avec Arturo Schwartz le ramena aux arts visuels qu’il avait pratiqués dans son adolescence. Depuis et aujourd’hui encore, il crée un théâtre pictural où le peintre devient le personnage principal comme il en est aussi dans l’œuvre de Jörg Immendorff, avec qui il est mis en relation, dans cette exposition. Pour paraphraser le livre célèbre de Xavier de Maistre Voyage autour de ma chambre, le peintre est le héros d’un voyage autour de l’atelier qui devient une scène fictionnelle pour la peinture. Cette salle est marquée par le grand tableau Cabaret Voltaire où le personnage, à droite, reprend la fameuse photo où se trouve Hugo Ball, à l’époque DADA, mais, cette fois, détournée, le pinceau se transforme en baguette magique qui libère le mouvement des oiseaux, qui affranchit les meubles de la pesanteur, redonnant au monde la mobilité de l’énergie du désordre.

Marco Del Re, Songes et mensonges I, III, IV, 2014, linogravures, Galerie Maeght, Paris

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Marco Del Re, Cabaret Voltaire, 2005, huile sur toile, Galerie Maeght Paris

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Marco Del Re, polaroïds peints en couleur, 1974, collection Galerie Maeght, Paris Vidéo de Terry Rilay, Nuits de la Fondation Maeght, 1970

Terry Riley et Daniel Caux, Nuits de la Fondation Maeght, 1970

Dans cette salle, à côté de documents d’archives de théâtre de Marco Del Re, sont présentées des séries de ses polaroids qui sont autant de narrations où s’inventent des univers fictionnels. Cet « art narratif » transforme, par exemple, les bords du Tibre en « Terra incognita ». Cette fiction au travail dans les performances, les photos et la peinture, est un élément majeur de l’œuvre de Marco Del Re. Elle dialogue ici avec la musique enivrante et onirique de Terry Riley, lors d’un concert de la Fondation Maeght (1970).

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Gérard FROMANGERLa couleur est une « dépense », une arme, un événement

En 1967, Stockhausen composait Hymnen, fresque électronique d’envergure, saisissante tant par sa durée (2 heures) que par sa composition, à partir d’objets sonores trouvés, des hymnes nationaux aux chants d’oiseaux en passant par des bruits de foule, des cris d’enfants ou des enregistrements d’événements, comme des fêtes ou des réunions publiques. En 1970, Jean-Albert Cartier, directeur du Ballet Théâtre contemporain d’Amiens, réunit, avec le danseur et chorégraphe Michel Descombey un collectif de cinq chorégraphes pour créer un spectacle sur et autour d’Hymnen, en collaboration avec Gérard Fromanger pour la scénographie, les décors et les costumes. Plus de trente-cinq ans plus tard, Didier Deschamps, directeur du Ballet de Lorraine, centre chorégraphique national de Nancy, à l’heureuse initiative de remonter ce ballet, sans en faire une reconstruction historique. La musique est donnée telle qu’à l’origine, le peintre et le dessinateur Gérard Fromanger reprend le fil et propose une nouvelle scénographie. La chorégraphie est créée par Didier Deschamps et Lia Rodrigues, danseuse-chorégraphe brésilienne.

Affiches réalisées pour « Hymnen » de Stockhausen, pièce dont Gérard Fromanger a été le collaborateur et le scénographe pour la version de 1971 avec le Ballet-Théâtre contemporain d’Amiens puis pour le Ballet de Lorraine, chorégraphiée en 2007 à Nancy.

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Les autres œuvres de Gérard Fromanger, présentes dans l’exposition, expriment par les couleurs, leur vibration, leur mobilité, les relations entre les arts visuels et la danse. L’artiste par ses travaux, à partir d’Hymnen et des drapeaux, à partir des médias qu’il a souvent questionnés, ou encore, à partir de l’Afrique qu’il aime, fait vivre intensément l’espace aux côtés des musiques des concerts des Nuits de La Fondation, notamment ceux de Sun Ra et son Arkestra.

Karlheinz Stockhausen, Nuits de la Fondation Maeght, 1969

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Gérard Fromanger, Chine USA URSS Russie, 1968-2014, acrylique sur toile, Courtesy Galerie Caroline Smulders, Paris

Gérard Fromanger, Le Dipri de Gaumont, 1988, huile sur toile, collection de la Fondation Maeght

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Ladislas KIJNOLa passion pour le Jazz, la cultureet les combats afro-américains

L’œuvre de Ladislas Kijno s’est souvent élaborée en correspondance avec des œuvres littéraires, celles de Nikos Kazantzáki, Francis Ponge, Aragon, Pablo Neruda et Bernard Noël, avec lesquels il créa des livres. Elle s’est aussi faite en relation avec la musique, celle de Pierre Boulez, Max Pinchard, Henri Dutilleux, Miguel Estrella, Jean-Claude Casadesus. Il inventa des « interventions plastiques » pour le ballet Mandala sur une chorégraphie de Menaka. L’univers du jazz lui a été essentiel, grâce à Steve Lacy, Yves Hasselmann. Il associa cet univers à la culture afro-américaine, comme un levier pour la reconnaissance des droits des noirs aux Etats-Unis. C’est avec cette culture et cette musique qu’il conçu cette série de tableaux La femme qui marche en hommage à son amie Angela Davis. Elle est accompagnée de grands papiers froissés, de grandes écritures d’un texte de Pablo Neruda, lui aussi, farouche défenseur de la liberté, en Espagne d’abord puis au Chili contre les juntes militaires.

Ladislas Kijno, La femme qui marche - Hommage à Angela Davis, 1975, acrylique sur bois, collection privée

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Ladislas Kijno, La Femme qui marche - Hommage à Angela Davis 41975, acrylique sur bois , Collection privée

Ladislas Kijno, La Femme qui marche - Hommage à Angela Davis (face A)1975, acrylique sur bois , Collection privée

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L’exposition évoque les prestigieuses Nuits de la Fondation Maeght, événements notamment préfacés par des écrivains comme Francis Ponge ou Jean-Pierre Faye. Elle rend hommage aux artistes qui y ont donné des spectacles légendaires : des musiciens tels Albert Ayler, prodige du free jazz, Terry Riley, la Monte Young, Sun Ra, Cecil Taylor, ou encore John Cage, Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen ou Mstislav Rostropovitch, mais aussi des danseurs comme, entre autres, Merce Cunningham, Sara Pardo, Jean Barraqué... Poètes et philosophes tels René Char, André Frénaud, Jacques Prévert ou Jacques Derrida, s’y sont également succédé par leur présence ou leurs écrits, dont certains figurent dans l’exposition. Cette évocation sous forme de films et de photographies de Jean-Michel Meurice, Clovis Prévost, Raoul Sangla, bénéficie d’un partenariat avec l’INA qui permet, à travers de nombreux films et documents sonores, de retrouver l’esprit de ces rencontres. Les œuvres de Kijno sont ici, en résonance avec les concerts de Cecil Taylor et Albert Ayler.

Ladislas Kijno, L’arbre mort, poème de Pablo Neruda, 1977, acrylique sur papier kraft froissé, collection privéeVidéo du concert Albert Ayler, Nuits de la Fondation Maeght, 1970

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Cecil Taylor, Nuits de la Fondation Maeght, 1969

Angela Davis, grande figure du mouvement Noir américain

The Sun Ra Arkestra, Nuits de la Fondation Maeght, 1970

Albert Ayler, Nuits de la Fondation Maeght, 1970

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The Sun Ra Arkestra, 1970

Samuel Rivers et Joan Miró, 1969

Albert Ayler et Mary Maria, 1970

Call Cobbs, 1970

Nuits de la Fondation Maeght

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Andrew Cyrille, 1969

Allen Blairman, 1970

Allen Blairman, 1970

Steve Tintweiss, 1970

James Lyons et Samuel Rivers, 1969

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Duke Ellington et Aimé Maeght, 1966

La Monte Young, 1970

John Cage, 1966

Olivier Messiaen, 1966

The Sun Ra Arkestra, 1970

Diego Masson et Aimé Maeght, 1969

Serge Lifar et Merce Cunningham, 1966

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Compagnie de Danse Contemporaine Sara Pardo, 1967

Louise Bourgeois et Carl André,, 1970

Diego Masson et Francis Miroglio, 1969

Vue des gradins, 1969

Compagnie théâtrale Jacques Guimet poèmes de René Char, 1967

Merce Cunningham and Dance Company, répétition, 1970

Jack Lang et Adrien Maeght

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Jörg IMMENDORFFRake’s progress, opéra d’Igor Stravinsky ou l’artiste-acteur se souvient des voyelles de Rimbaud

Jörg Immendorff réalisa ces dessins pour la scénographie et les costumes de l’opéra The Rake’s Progress (La Carrière du libertin) pour le Festival de Salzbourg en 1996. Opéra en trois actes composé par Igor Stravinsky entre 1948 et 1951 sur un livret de Wystan Hugh Auden et Chester Kallman, inspiré en partie de la série de huit peintures de William Hogarth : A Rake’s Progress.

Jörg Immendorff “The Rake’s Progress”, 1993-1994, dessins Courtesy Galerie Michael Werner, Märkisch Wilmersdorf, Cologne & New York

Jörg Immendorff, Sans titre (“The Rake’s Progress”) 1994, crayon, blanc opaque, gouache sur carton

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Jörg Immendorff a été notamment formé dans l’atelier de Joseph Beuys, dont il fut l’élève préféré et avec lequel il garda le contact jusqu’à sa mort. Ancien étudiant à l’académie des Beaux-Arts de Düsseldorf de 1963 à 1964, il faisait partie des artistes néo-expressionnistes allemands, appelés aussi les « nouveaux fauves ». Très vite, il s’en éloignera pour créer un théâtre très personnel où, comme chez Marco Del Re, le peintre est le personnage principal.

Mêlant à l’héritage expressionniste, l’héritage symboliste et surréaliste, Jörg Immendorff construit des théâtres avec le peintre, comme héros ou anti-héros.Il s’empare ici du récit du « Rake’s Progress » de l’opéra de Stravinsky et du livret d’Auden et de Kallman qu’il s’approprie en le peuplant de personnages contemporains ou appartenant à l’histoire de l’art comme Arthur Rimbaud qui crée une équivalence entre couleurs et voyelles. Dans ses dessins, pour la scénographie qu’il créa à Salzbourg, le pinceau devient l’anneau d’alliance scellant un pari Faustien, ouvrant sur un commerce avec la mort et ses images comme il en est dans l’œuvre de Damien Deroubaix.

Jörg Immendorff “The Rake’s Progress” 1993-1994, dessins

Courtesy Galerie Michael Werner, Märkisch Wilmersdorf, Cologne & New York

Jörg Immendorff, Flieger über Dunkel (“The Rake’s Progress”), 1995, gouache, blanc opaque et crayon.

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Damien DEROUBAIX« Picasso et moi »,sous les feux de la rampe : l’austérité

L’exposition présente des dialogues entre les arts visuels et la danse, la musique et la poésie mais aussi des dialogues entre les artistes d’une même discipline comme ceux souhaités par Damien Deroubaix avec Picasso, où peinture, sculpture, gravure, tapisserie accompagnées de lecture comme « Le désir attrapé par la queue » nous font vivre intensément les échanges entre l’œuvre d’un jeune artiste et un grand maître qui détermina la vocation de Damien Deroubaix à la vue de sa tapisserie réalisée à partir de Guernica. Sous le titre à la fois humoristique et sérieux qu’il a désiré donner, « Picasso et moi », à cet échange, Damien Deroubaix présente, pour la première fois, accompagnée d’un ensemble de dessins préparatoires, la tapisserie World Downfall, tissée par les Ateliers NEOLICE à Felletin en 2014, et inspirée d’une peinture de Damien Deroubaix qui elle-même s’inspire de la tapisserie de Picasso réalisée à partir de Guernica.

Damien Deroubaix, World Downfall, 2014, éléments de dentelle, broderie, peau de poulain, fils de laineGalerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris

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Damien Deroubaix présente également 25 gravures réalisées spécialement pour l’exposition ainsi qu’un ensemble de peintures, en dialogue avec des gravures de Pablo Picasso que Damien Deroubaix a choisi dans la série des « 60 » de 1966, prêts du musée Picasso de Paris et du Musée d’Art moderne de Strasbourg.

La série dite des « 60 » de Picasso est composée de 60 planches créées à Mougins, pour la plupart en 1966. Picasso produit alors chaque jour des gravures qui sont comme un résumé de son univers. Véritable journal intime de sa création, ces gravures sont le lieu où s’expriment tous ses thèmes de prédilection : l’éros, la famille, la référence aux grands maîtres, le peintre et son modèle dans l’atelier, le thème du Minotaure et l’ensemble de ces thèmes était alors, comme il l’indique « Sous les feux de la rampe » dans un espace qu’il veut théâtre de l’imagination.

Pablo Picasso, Sans titre – série les «60» de 1966-1968,aquatinte et eau-forte, Dation 1990 - Musée National Picasso - ParisEn dépôt au Musée d’art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg © Succession Picasso 2015

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La sculpture de verre Homo bulla de Damien Deroubaix entre en connexion, ample et légère, avec la céramique, Tanagra prêtée par le musée Picasso d’Antibes. Une salle nous conduit à un nouveau face à face avec les gravures de Picasso où, comme dans les tableaux de Damien Deroubaix, qui s’en inspire, les sujets et figures sont à l’intérieur, « encapsulés », dans des formes phalliques qui deviennent les véhicules d’Eros et Thanatos.

Damien Deroubaix, Homo Bulla, 2012, verre et bois, 231 x 131 x 131 cm. Galerie In Situ Fabienne Leclerc

Pablo Picasso, Tanagra à l’amphore, 1947-1948, terre de faïence blanche, décor gravé et peint aux engobes, aux oxydes et à l’émail blanc, 45 x 33 x 19 cm. MPA 1949.4.33. Musée Picasso d’Antibes. © Succession Picasso 2015

Damien Deroubaix, Suite de 25 gravures (eau-forte, aquatinte, pointe sèche et grattoir), 2014, Courtesy galerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris / Courtesy galerie Nosbaum & Reding, Luxembourg, Item édition, imprimées par l’Atelier René Tazé et Bérengère Lipreau

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Damien Deroubaix, Homo Bulla, 2012, verre et bois (détail). Galerie In Situ Fabienne Leclerc. Œuvre réalisée au Centre international d’art verrier de Meisenthal.

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Damien Deroubaix, Life 2014, huile sur toileGalerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris

Damien Deroubaix, Death 2014, huile sur toile

Galerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris

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Nouvelles impressions d’Afrique est un bois sculpté au sein de panneaux peints et gravés. Damien Deroubaix poursuit son dialogue dans un ensemble d’aquatintes et d’eaux fortes en relation avec celles de Picasso. Toujours « Sous les feux de la rampe » mais cette fois-ci les siens : « Sous les feux de la rampes : l’austérité ». Damien Deroubaix présente ici une installation en s’emparant de la salle Miró où un « relief » sur bois, une peinture accompagnent ses gravures qui se présentent dans une sorte de chambre noire rythmée par la lumière des projecteurs, sous la forme de cercles gravés qui donnent une étonnante apesanteur, nocturne et intemporelle à l’installation.

Damien Deroubaix, Nouvelles impressions d’Afrique 2014, bois gravé, encre, clous, billet et sculpture en fibre de verre collection François Fauchon

Sous les feux de la rampe 1 : l’austérité 2013, aquarelle encre acrylique et collage sur papier collection de l’artiste & Galerie In Situ - Fabienne Leclerc, Paris

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Lars FREDRIKSON La sculpture du son

Peintre, sculpteur, dessinateur, Lars Fredrikson devint très vite, l’un des grands précurseurs de la sculpture sonore minimaliste. Passionné de musique et de sons uniques, il est l’auteur d’extraordinaires œuvres acoustiques et plastiques comme cet Incurvé IV. Véritables espaces virtuels, ses inox reflètent et déforment le monde et la position du spectateur, d’un point de vue formel et visuel mais également d’un point de vue auditif par la réverbération du son environnant.

Lars Fredrikson explore, dans les années 1970, les rapports entre l’espace immatériel de la sculpture et le son. Ses recherches se rapprochent alors de la synesthésie, amenant le spectateur à prendre conscience de son corps.

Lars Fredrikson Nuits de la Fondation Maeght, 1969

Lars Fredrikson, dessin enregistré, 1980, dessin enregistré sur papier électrosensible, don de la Société des Amis de la Fondation, 2009, collection Fondation Maeght, Saint-Paul de VenceLars Fredrikson, Incurvé IV, 1971, acier inoxydable et plexiglass, collection Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence

Exposition Lars Fredrikson, Fondation Maeght, 1972

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Pascal BROCCOLICHIL’écoute de l’espace

Pascal Broccolichi, qui fut l’élève de Lars Frederikson et l’un des jeunes plasticiens les plus passionnants d’aujourd’hui. Il expérimente comme le décrit Anne-Giffon Selle, les phénomènes liés à l’écoute. « Loin de toute musicalité, les sons – fréquences, ondes, résonances – qu’il recueille, sélectionne puis transmet, à travers divers dispositifs ou objets, sont une matière qui va modeler un espace [...] ». Pour cette installation, l’artiste a entrepris de délocaliser puis relocaliser un matériau sonore capté sur plusieurs sites industriels de la Vallée de la Chimie au sud de l’agglomération lyonnaise, certains en activité, d’autres délaissés.

Lars Fredrikson, Incurvé IV 1971, acier inoxydable et plexiglass collection Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence

Pascal Broccolichi, Sans titre - série Aliasing 2010, poudre d’aluminium sur papier Cordenons, Pascal Broccolichi - Courtesy Galerie Catherine Issert

La musique, le son, créent un espace immatériel, réceptacle de points d’émissions, d’ondulations, qui peut s’exprimer dans les formes plastiques visuelles comme dans la sculpture ou installations « acoustiques », « acousmatiques » ou encore dans des dessins enregistrés sur papier électro-sensible ou sur papier Cordenons comme c’est le cas dans ces étonnants dessins stellaires de Pascal Broccolichi. Pascal Broccolichi, Sans titre - série Aliasing

2010, poudre d’aluminium sur papier Cordenons Pascal Broccolichi - Courtesy Galerie Catherine Issert

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Pascal Broccolichi, Sans titre - série Aliasing, 2010, poudre d’aluminium sur papier Cordenons, Pascal Broccolichi - Courtesy Galerie Catherine Issert

Lars Fredrikson, Incurvé IV, 1971, acier inoxydable et plexiglass, collection Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence

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Alain LESTIÉMotifs pour poème, figure et mouvement

Alain Lestié est un peintre et un dessinateur qui a toujours affirmé les relations entre sa pensée et celle de philosophes comme Gérard Granel avec lequel il collabora, de scientifiques comme Jean-Didier Vincent ou de poètes comme Michel Deguy avec lequel il a écrit un livre, associant les « Poèmes en pensées » de cet auteur, à ses dessins, « Motifs pour un poème ». Chez lui comme chez Magritte, la pensée, les mots, sont indissociables de la peinture. « S’orienter dans la pensée par figures et mouvements c’est le jeu (...) L’artiste éclaire notre lanterne – faiblement : ampoule, lumignon, faisceau, cadran lunaire… » écrit, à son sujet, son ami, Michel Deguy.

Alain Lestié, dessins, non datés, collection de l’artiste

Alain Lestié, L’Arc-en-ciel, non daté, crayon sur papier, collection de l’artiste

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Alain Lestié est sans doute l’un des rares héritiers de Magritte qui manie l’image et le concept pour penser et construire ses œuvres, picturales ou graphiques, en dialogue permanent avec la poésie. Il dessine ou illustre des livres de poésie, comme ceux de Michel Deguy. Passionné de musique, Alain Lestié incarne cette passion dans cette série à travers l’œuvre Piano Solo où il mêle nuit, silence, notes de piano, horizon, piège visuel et expérience de la transparence.

Alain Lestié, Piano solo non daté, crayon sur papier, collection de l’artiste

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Jean-Charles BLAISRythme et utopies

Jean-Charles Blais établit des relations entre son œuvre et la musique notamment la musique minimaliste de Morton Feldman, comme on peut le voir dans une œuvre faite de deux « vidéos-jumelles ». Il y interprète, à sa manière, la rupture artistique entre le musicien et son ami le peintre Philip Guston quand celui-ci abandonne l’abstraction pour la figuration, avec, en écho, les rythmes « abstraits » noir et blanc d’une frise extraite du livre Miracle et situé en haut du mur un portrait « figuratif » d’un Janus chanteur. Dans cette salle nous comprenons que nous nous projetons et que nous nous approprions, de façon tout aussi intimes et significatives, les formes figuratives commes les formes abstraites.

Jean-Charles Blais qui a également travaillé avec la danse et les danseurs présente, ici, les « patrons » en toile de laine découpée, qui ont été réalisés pour la scénographie d’une chorégraphie de Richard Alston sur Le Marteau sans maître de Pierre Boulez pour la compagnie de Régine Chopinot (1994).

Jean-Charles Blais, Sig(dRunk), 1ère copie 18.1.2002, vidéo, Edition progressive, Production et édition : Art-Netart, Paris

Jean-Charles Blais, Patrons 1993, toile de laine découpée (6 pièces), Art-Netart, Michèle Monory et Jean-Charles Blais, Paris

Jean-Charles Blais, Miracle, 2004, frise en papier imprimée, Editions Analogues / Musée Reattu, Arles.

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Jean-Charles Blais, SuperPosition (after Morton Feldman and Philip Guston) 2003, vidéo, Edition progressive, Production et édition : Art-Netart, Paris

Jean-Charles Blais, Sig(dRunk), 1ère copie 18.1.2002, vidéo, Edition progressive, Production et édition : Art-Netart, Paris

Jean-Charles Blais a conçu pour l’exposition une mise en espace où l’œuvre d’art se fait insaisissable et immatérielle. Pour cela il a réuni la vidéo évoquée à propos de la musique de Morton Feldman et de la peinture de Philip Guston, la projection d’un dessin numérique, mobile sur la construction architecturale, les figures peintes de chanteurs, les formes qu’il a conçues pour la chorégraphie de Richard Alston et, enfin, la frise du livre Miracle.

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François ROUANL’expérience de la métamorphose

François Rouan, à l’œuvre peinte considérable, crée des photographies et des vidéos où le rythme musical et poétique, le son, la musique, la voix, notamment, joue un rôle majeur dans les images qu’il construit. Il présente à la Fondation des travaux sur le désir où l’on retrouve les théâtres du peintre et ses modèles, présents dans toute l’exposition, mais aussi un film conçu en commun et dédié à l’espace mental, physique et spirituel de Bernard Noël. François Rouan et Bernard Noël se sont rencontrés dans les années 1970 et n’ont jamais perdu le fil de cette relation. Ils entretiennent un dialogue fécond et collaborent à quatre mains sur différents ouvrages tels Ce jardin d’Encre ou Le Chemin d’encre. Le travail de François Rouan consiste en une création qui porte sur la structure même des livres, sans en être l’illustration. Ainsi le peintre tresse une série de photogrammes autour du texte de Bernard Noël.

« … je travaille autour d’une suite de poèmes de Bernard Noël, intitulée Ce Jardin d’encre, avec pour but d’inventer autre chose que le traditionnel livre d’artiste. J’ai accumulé les images, les transformant, les métamorphosant pour que, au-delà de l’apparence première, chacune révèle ce que l’apparence, justement, nous cache. Toutes ces images envelopperont le texte de leurs dizaines d’avatars… » Ce travail d’enfouissement, de disparition et de révélation est aussi au cœur d’une œuvre composée de 12 photographies Politique du corps.

Vidéo et tirages photographiques de François Rouan

Figure/Paysage, 1977, encre de Chine, encre de couleur et crayon sur papier, 96 x 69,5 cmcollection Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence

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François Rouan, Politique du corps, 2011, tirages photographiques DIASEC à partir de négatifs couleurs argentiques, collection Cadastre8zéro Editeur

« Superpositions, nouages des unes ou des autres, images fixes et images en mouvement cherchent toujours le même tressement indénouable de la figure et du fond »

François Rouan

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L’exposition, le parcours, portés par les formes visuelles, la danse, la musique, la pensée, l’écriture, s’achèvent avec cette œuvre. Les visiteurs l’ont commencé par le corps dans ce qu’il a de plus matériel, de plus vital, de plus incarné, pour, pas à pas, s’achever dans ce qu’il a de plus funambule, de plus spirituel, de plus volatile, passant d’une sensation à l’autre, d’une vision à l’autre, d’un art à l’autre.

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Affi che réalisée par Marco Del Re

Carlos Santos – 23 août 2014

Fernando Maglia et Linda Wetherill avec la participation de Thierry Miroglio – 7 août 2014

Nice Jazz orchestra – 28 juillet 2014

Lingling Yu. Concert Chine/Hong Kong – 13 novembre 2014

Jean-Claude Gallotta. Spectacle de

Daphnis é Chloé – 26 septembre 2014

Musique / Danse 2014-2015

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Le grand jeu : Composition de Bruno Mantovani (1999) dans une version audiovisuelle avec projection d’œuvres de Marco Del Re. Percussion solo et électronique de Thierry Miroglio - 18 septembre 2014

Ecce Cello : David Fernandez – 15 août 2014

Robert Black – 20 novembre 2014

Davy Brun, 21 février 2015

Daphnis é Chloé, spectacle de Jean-Claude Gallotta,

26 septembre 2014

Axel Ibot, visite dansée, 18 juillet 2013

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CRÉDITS ET COPYRIGHTS

Crédits photographiques : © Archives Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence : page 26 (Duke Ellington et Aimé Maeght) ;

pages 46-47 (Concerts 2014-2015).

© Archives Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence : Photos Jacques Gomot : couverture, p. 27 (Jack Lang et Adrien Maeght). Photos Claude Germain : 2e de couverture, 19. Photos Claude Gaspari : pp. 1, 2 (Terry Riley), 8. Photos Jacques Robert : p. 2 (sauf Terry Riley), pp. 16, 18, 23 (sauf Angela Davis),

pp. 24 à 27 (sauf Jack Lang et Adrien Maeght), p. 36. Photos Roland Michaud : pp. 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 20, 22, 28, 29, 30, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 39, 41,

42, 43, 45.

© Galerie Maeght, Paris : p. 15, p. 47 (Le grand jeu). Photo Clovis Prévost © Archives Galerie Maeght, Paris : couverture.© FNAGP – Fondation nationale des arts graphiques et plastiques, Paris

MABA - Maison d’Art Bernard d’Anthonioz, Nogent-sur-Marne : page 4 (photo Paul Louis en bas à gauche).© Camille Bonnefoi : p. 10.© Courtesy Galerie Caroline Smulders, Paris : p. 19.© Galerie In Situ Fabienne Leclerc, Paris : p. 34.© Photo Musées de Strasbourg, M. Bertola : p. 31. Photo imageArt Claude Germain © Succession Picasso 2015 : p. 32.© Pascal Broccolichi - Courtesy Galerie Catherine Issert : pp. 37, 38.© Photo François Fernandez - Courtesy Galerie Catherine Issert : p. 42.© Photo : Kai-Annett Becker, Berlin - Courtesy Galerie Michael Werner Märkisch Wilmersdorf, Cologne & New York : p. 28.© Courtesy Galerie Michael Werner Märkisch Wilmersdorf, Cologne & New York : p. 29.© Daphné Parrot : p. 47, 4e de couverture.© Droits réservés: p. 23 (Angela Davis), p. 21 (œuvres de Kijno), pp. 38-39 (œuvres Alain Lestié),

p. 41 (œuvres Jean-Charles Blais), pp. 46-47 (Lingling Yu, Jean-Claude Galotta, Robert Black).

Copyrights : Pour les œuvres© ADAGP Paris 2015 pour Valerio Adami (2e de couverture), Germaine Richier (p. 9), Claudine Drai (pp. 11-13, 47),

Ladislas Kijno (pp. 20-22), Jean-Charles Blais (pp. 41, 42), Alain Lestié (pp. 39-40), François Rouan (pp. 43-45), Alain Le Yaouanc (p. 1)

© Successió Miró / ADAGP Paris 2015 pour Joan Miró (couverture, 2e de couverture, pp. 6, 7, 8)© Calder Foundation New York / ADAGP Paris 2015 pour Alexander Calder (pp. 2, 8)© Succession Picasso 2015 (pp. 31, 32)© Christian Bonnefoi (pp. 8, 9, 10)© Marco Del Re (pp. 14, 15, 16)© Gérard Fromanger (pp. 17, 18, 19)© Estate of Jörg Immendorff, Courtesy Galerie Michael Werner Märkisch Wilmersdorf,

Cologne & New York pour Jörg Immendorff (pp. 28, 29)© Damien Deroubaix (pp. 30, 32-35)© Lars Fredrikson (pp. 36-38)© Pascal Broccolichi (pp. 37-38)© Droits réservés : dessin d’Hubert Barrère (p. 13)

Pour les textes© Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence© Olivier Kaeppelin© Maria-Rosa Lehmann© Adrien Maeght© Tristram (citation Ezra Pound)© Actes Sud (citation de Jérôme Ferrari)© Gilles Weil / Claudine Drai© Anne Giffon-Selle (citation)

Achevé d’imprimer en mars 2015 sur les presses de Tipografia DUC, Saint-Christophe - Vallée d’AosteISBN: 978-2-900923-65-8

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REMERCIEMENTS

Adrien MaeghtPrésident de la Fondation Maeght

Olivier KaeppelinDirecteur de la Fondation Maeght et commissaire de l’exposition

les membres du Conseil d’Administration de la Fondation Maeght

remercient tout particulièrement les artistes présents dans cette expositionChristian BONNEFOI ; Claudine DRAI ; Marco DEL RE ; Gérard FROMANGER ; Ladislas KIJNO ; Damien DEROUBAIX ; Pascal BROCCOLICHI ; Alain LESTIÉ ; Jean-Charles BLAIS ; François ROUAN.

ainsi que tous les musiciens, danseurs et scénographes qui ont créé les concerts et les chorégraphies animant notre cinquantenaire.

mais également les institutions et les collectionneurs qui nous ont aidé par leurs prêts importants, que tous soient assurés de notre reconnaissance.

Jean-Louis Andral, directeur du Musée Picasso, Antibes ; Mireille et Philippe Bera de l’Association Cadastre8zero Editeur ; Pascal Broccolichi et le CAP Saint Fons ; Jean-Pierre Simon, directeur de la Villa Arson ; Catherine Issert, directrice de la Galerie Catherine Issert ; Konrad Bitterli, directeur du Kunstmuseum St. Gallen ; Gérard Alaux, directeur et Caroline Cournède, directrice adjointe de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques, Nogent-sur-Marne ; Isabelle Maeght, directrice de la Galerie Maeght, Paris ; Fabienne Leclerc, directrice de la Galerie in Situ-Fabienne Leclerc, Paris ; Laurent Le Bon, président du Musée National Picasso, Paris ; Joëlle Pijaudier-Cabot, directrice des Musées de Strasbourg, Estelle Pietrzyk et Marie-Jeanne Geyer, conservatrices, et Audrey Gonzalez, régisseur ; Rosa Maria Malet, directrice de la Fondation Miró, Barcelone et Jordi Juncosa, régisseur ; Marianne et Pierre Nahon, directeurs de la Galerie Beaubourg, Paris et leur assistante Brigitte Bourguelot ; Malou Kijno ; Antonio Sapone et Paola Sapone, Galerie Sapone, Nice ; Alex Reding, directeur de la Galerie Nosbaum & Reding, Luxembourg ; Michael Werner de la Galerie Michael Werner et son assistante Jenny Graser ; Gina Kehayoff ; François Fauchon ; Colette Tornier-Beriot ; Sylvain Gelinotte ; Maria-Rosa Lehmann ; Madeleine Fredrikson et Gaël Fredrikson ; Thierry Miroglio, prêteur et conseiller artistique sur les concerts de notre cinquantenaire.

Ainsi que les prêteurs qui ont souhaité conserver l’anonymat.

Toute notre reconnaissance va également à ceux qui ont contribué à la réalisation de cette exposition, de ces concerts, de ces chorégraphies et de cette publication : Philippe Dagen ; Emmanuelle et Jérôme de Noirmont ; Sylvie Turpin ; Jacky Fauster ; Thierry De Preux ; Antonio et Paola Sapone ; Jean-Jacques Bailly ; Agnès Saal, présidente-directrice générale de l’INA, Mireille Maurice, déléguée régionale de l’INA à Marseille ; Clovis Prévost ; Raoul Sangla ; Jean-Michel Meurice ; les Productions Maeght ; François de Rancourt, président et Monique Vigouroux, vice-présidente de la Société des Amis de la Fondation Maeght.Et tout spécialement, Isabelle Maeght.

Et toute l’équipe de la Fondation Maeght, en particulier : Assistante de direction : Cathy Cordova ; Communication : Charlène Sokoloff ; Evènement : Carole Besnaïnou ; Concerts (logistique) : Aurélie Franzin ; Documentation : Florence Monnier ; Régie : Julien Canovas ; Technique : Nicolas Guffroy, Cédric Canino, Eric Biolay, Jacky Vignal, Nicolas Cabanal ; Restauration des oeuvres : Florence Feuardent

ainsi que Frédérique Delcroix et Noalig Tanguy (Agence Bonne Idée, Paris).

Affiche des Nuits de la Fondation Maeght

par Joan Miró, 1965

Affiche des Moments musicaux de la

Fondation Maeght

par Valerio Adami, 1976

CouvertureAndré Malraux à l’inauguration de la Fondation Maeght en 1964. Photo Jacques Gomot © Archives Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence

Costumes et décors de Joan Miró réalisés pour le spectacle Mori el Merma présenté par le théâtre de La Claca en 1979 à la Fondation Maeght. Fundació Joan Miró, Barcelona. Photo Clovis Prévost - Archives Galerie Maeght, Paris © Successió Miró, Adagp Paris 2015

En 2014 et en 2015, la Fondation Maeght a donné rendez-vous à tous les amateurs de l’art et de la création pour fêter son cinquantenaire autour de trois temps forts. Ce troisième temps, « Ceci n’est pas un musée » qui est l’objet de cet ouvrage, est dédié aux rencontres entre les arts et s’est accompagné de concerts et d’événements reprenant l’esprit des Nuits de la Fondation. « La Fondation a toujours été le théâtre de dialogues fructueux, harmonieux ou dissonants entre les arts visuels, la musique, la danse, la poésie » explique Adrien Maeght, président de la Fondation Maeght.

Indépendamment de ces soirées qui se sont succédé en 2013, 2014, 2015, ce dernier rendez-vous, pensé comme une exposition-mosaïque, est composé de dialogues entre les arts visuels et la danse, la littérature, la musique, le théâtre, grâce à des archives sonores, photographiques et filmiques, et par la présentation d’œuvres mettant en regard, en relation, en « arc électrique », ces différentes disciplines.C’est ainsi que nous nous replongeons dans le passé, avec le retour, pour la première fois, depuis la représentation de Mori El Merma par la troupe La Claca à la Fondation en 1979, des grandes « poupées-personnages » de Miró. De même sont évoqués ces dialogues à travers des œuvres appartenant à la collection de la Fondation et comme Aimé Maeght le souhaitait, des œuvres d’aujourd’hui se construisant avec la danse, la musique, la littérature, la vidéo, le son ou les arts numériques. Dans cette exposition les créateurs de différentes générations dialoguent, porteurs de cette altérité ils ne se contentent jamais du passé pour incarner l’esprit de « l’art vivant ».Sont présentés suivant l’ordre de présentation dans l’exposition les travaux de :

Hélène VANEL ; Joan MIRÓ ; Alexander CALDER ; Christian BONNEFOI ; Germaine RICHIER ; Claudine DRAI ; Marco DEL RE ; Gérard FROMANGER ; Ladislas KIJNO ; Jörg IMMENDORFF ; Damien DEROUBAIX ; Pablo PICASSO ; Lars FREDRIKSON ; Pascal BROCCOLICHI ; Alain LESTIÉ ; Jean-Charles BLAIS ; François ROUAN

Cette exposition présente également à travers des concerts filmés les œuvres de Joan Miró, Terry Riley, Cecil Taylor, Albert Ayler, Sun Ra, Iannis Xenakis, ainsi que de nombreux documents et entretiens avec les créateurs et acteurs de l’époque.

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« Ceci n’est pas un musée »

Quand les arts visuels dialoguent avec la danse, la poésie, la musiqueFONDATION MAEGHT

06570 Saint-Paul de Vence, Francetél. +33 (0)4 93 32 81 63www.fondation-maeght.com

« La Fondation a toujours été le théâtre de dialogues fructueux, harmonieux ou dissonants entre les arts visuels, la musique, la danse, la poésie. Il ne faut jamais oublier que cet esprit enrichit l’art et la pensée. »

ADRIEN MAEGHT

ISBN: 978-2-900923-65-8

Davy Brun, 21 février 2015