3
Jérôme SENAC. IEN de Brest Est. Introduction Le fonctionnement en atelier principalement utilisé en maternelle ne crée pas de grandes différences entre la gestion d’un cours simple et d’un cours double. Hormis bien entendu la prise en compte du rythme de l’enfant en fonction de son âge qui implique des adaptations certaines (TPS/PS par exemple). Les propositions qui suivent peuvent toutefois être transférées à l’école maternelle. La classe multi niveau nécessite un aménagement particulier du temps, de l’espace et des modalités de prise en charge des élèves. Pour une gestion efficace, l’alternance des différentes phases est un principe à instaurer et à inculquer aux élèves. Cette alternance implique des phases de transition pour lesquelles également une réflexion doit être engagée. La plus grande des difficultés, que l’on retrouve d’ailleurs lors de la mise en place de toute forme de différenciation pédagogique y compris dans un cours simple, est bien entendu la disponibilité de l’enseignant. Ce point ne doit pas être éludé ou considéré comme implicitement compris par la classe. Faute de quoi, la gestion du groupe classe risque d’être compliquée. Des règles précises doivent être énoncées et enseignées aux élèves. Du temps pour qui ? pour quoi ? Au cours de la journée, comme au cours d’une même séance, il y a des temps forts et des temps faibles. Il convient d’équilibrer ces temps pour pouvoir utiliser au mieux les capacités de concentration des élèves. On évitera par conséquent d’enchaîner trop d’enseignements lourds cognitivement ou des phases d’apprentissages de même type. Pour ce qui est de la gestion de la journée, je vous renvoie aux propositions d’emploi du temps sur 4 jours et demi distribuées en 2013. Au sein d’une même plage horaire, que ce soit sur des champs disciplinaires différents ou identiques, c’est la disponibilité de l’enseignant qui détermine les tâches et les supports confiés aux élèves. Il est primordial d’habituer les élèves d’un groupe donné ou d’un niveau à réaliser une tâche de la manière la plus autonome possible à partir du moment où l’enseignant s’occupe du reste de la classe. Il s’agit d’un véritable apprentissage pour lequel des repères doivent être donnés aux élèves. Ces repères peuvent prendre la forme d’affichages spécifiques, d’un codage visuel au tableau tel qu’un pictogramme positionné à côté d’un niveau pour signifier de quel groupe l’enseignant s’occupe. Cet affichage plus efficace qu’une simple consigne orale s’accompagnera toujours d’éléments relatifs au temps et de règles de fonctionnement claires. Exemple : « lorsque la maîtresse est avec les CE2, les CM1 doivent faire leur travail seuls et en silence. La maîtresse ne répondra pas aux questions des CM1 pendant 20 min mais au bout de ce temps-là ça sera aux CE2 de travailler seuls et la maîtresse s’occupera des CM1». Si cet énoncé est évident, il ne l’est qu’en apparence. En effet, pour qu’il soit suivi d’effet, plusieurs éléments doivent être présents : Le groupe en autonomie doit avoir une tâche adaptée à ce fonctionnement

Gestion des cours doubles

  • Upload
    vandien

  • View
    214

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Gestion des cours doubles

Jérôme SENAC. IEN de Brest Est.

Introduction

Le fonctionnement en atelier principalement utilisé en maternelle ne crée pas de grandes différences

entre la gestion d’un cours simple et d’un cours double. Hormis bien entendu la prise en compte du

rythme de l’enfant en fonction de son âge qui implique des adaptations certaines (TPS/PS par

exemple). Les propositions qui suivent peuvent toutefois être transférées à l’école maternelle.

La classe multi niveau nécessite un aménagement particulier du temps, de l’espace et des modalités

de prise en charge des élèves. Pour une gestion efficace, l’alternance des différentes phases est un

principe à instaurer et à inculquer aux élèves. Cette alternance implique des phases de transition

pour lesquelles également une réflexion doit être engagée.

La plus grande des difficultés, que l’on retrouve d’ailleurs lors de la mise en place de toute forme de

différenciation pédagogique y compris dans un cours simple, est bien entendu la disponibilité de

l’enseignant. Ce point ne doit pas être éludé ou considéré comme implicitement compris par la

classe. Faute de quoi, la gestion du groupe classe risque d’être compliquée. Des règles précises

doivent être énoncées et enseignées aux élèves.

Du temps pour qui ? pour quoi ?

Au cours de la journée, comme au cours d’une même séance, il y a des temps forts et des temps

faibles. Il convient d’équilibrer ces temps pour pouvoir utiliser au mieux les capacités de

concentration des élèves. On évitera par conséquent d’enchaîner trop d’enseignements lourds

cognitivement ou des phases d’apprentissages de même type. Pour ce qui est de la gestion de la

journée, je vous renvoie aux propositions d’emploi du temps sur 4 jours et demi distribuées en 2013.

Au sein d’une même plage horaire, que ce soit sur des champs disciplinaires différents ou identiques,

c’est la disponibilité de l’enseignant qui détermine les tâches et les supports confiés aux élèves.

Il est primordial d’habituer les élèves d’un groupe donné ou d’un niveau à réaliser une tâche de la

manière la plus autonome possible à partir du moment où l’enseignant s’occupe du reste de la

classe. Il s’agit d’un véritable apprentissage pour lequel des repères doivent être donnés aux élèves.

Ces repères peuvent prendre la forme d’affichages spécifiques, d’un codage visuel au tableau tel

qu’un pictogramme positionné à côté d’un niveau pour signifier de quel groupe l’enseignant

s’occupe. Cet affichage plus efficace qu’une simple consigne orale s’accompagnera toujours

d’éléments relatifs au temps et de règles de fonctionnement claires.

Exemple : « lorsque la maîtresse est avec les CE2, les CM1 doivent faire leur travail seuls et en

silence. La maîtresse ne répondra pas aux questions des CM1 pendant 20 min mais au bout de ce

temps-là ça sera aux CE2 de travailler seuls et la maîtresse s’occupera des CM1». Si cet énoncé est

évident, il ne l’est qu’en apparence. En effet, pour qu’il soit suivi d’effet, plusieurs éléments doivent

être présents :

Le groupe en autonomie doit avoir une tâche adaptée à ce fonctionnement

Page 2: Gestion des cours doubles

Jérôme SENAC. IEN de Brest Est.

La durée d’autonomie doit être limitée (15 à 30 min suivant l’âge des élèves, voire 10 min en

début de CP par exemple) et annoncée (avec support visuel comme l’horloge par exemple)

Des outils d’aides peuvent exister pour faciliter l’autonomie

Le recours à l’aide d’un pair peut être parfois envisagé (Ex en binôme mais en chuchotant)

L’explicitation des consignes par les élèves avant le lancement de l’activité vérifiée

Quoi faire quand ?

Une fois posé le principe d’alternance, deux questions se posent immédiatement :

Ce fonctionnement doit-il se mettre en place en permanence dans une journée de classe ?

Plus le cours double sera rodé, plus la part de séances clairement différenciées sous ce format sera

importante. Il reste toutefois essentiel que le groupe classe au complet partage des mêmes activités

pour la vie de classe. Il paraît donc évident que certaines séances seront communes tout en étant en

partie différenciées (exercices plus ou moins difficileS, travail de groupe sur un support ou une tâche

un peu plus complexe pour le niveau supérieur…). Quelques exemples :

En EPS, CP et CE1 pourront pratiquer ensemble une même activité mais avec des adaptations

des règles ou du niveau d’exigences qui tiendront compte des niveaux d’habiletés. Ces

niveaux étant d’ailleurs le plus souvent liés à l’âge ou à la maturité de l’enfant plus qu’au

niveau scolaire.

En sciences ou en histoire/géographie, en utilisant des programmations spiralaires au sein du

cycle, une même thématique peut être abordée par le groupe entier. Le niveau d’attente des

connaissances ou de maîtrise de certaines compétences pourra toutefois différé d’un groupe

à l’autre.

En anglais, une même fonction langagière peut être abordée mais à des niveaux différents.

Dans un CM1/CM2, les CM2 devront par exemple exprimer ce qu’ils aiment mais avec des

formulations plus complexes, bénéficier de moins d’aide (vocabulaire pour comprendre un

document audio par exemple) ou réaliser une tâche à l’écrit plus exigeante.

Pour être tout à fait clair, même si dans ces disciplines le travail avec le groupe classe entier sur un

même support ou thématique est possible à condition d’opérer une différenciation pédagogique,

l’alternance proposée précédemment sera privilégiée en français et en mathématiques. Les repères

de progressivité des programmes par niveau de classe l’induisent.

Quels choix complémentaires opérer pour qu’une séance d’enseignement soit

efficace ?

Si l’on reprend le principe d’une séance alternant des phases de prises en charge des élèves par

l’enseignant et des phases d’autonomie, il convient d’appliquer quelques principes éprouvés. Cela

n’a toutefois rien de dogmatique car la pédagogie doit s’adapter aux objectifs d’apprentissage et aux

contraintes imposées par le contexte.

Ce qui ne fonctionne pas bien :

Aborder la découverte d’une notion en même temps avec chaque niveau

Changer de groupe en permanence

Page 3: Gestion des cours doubles

Jérôme SENAC. IEN de Brest Est.

Ce qui favorise la réussite des séances :

Lorsqu’une nouvelle notion est découverte avec un groupe, donner une tâche

d’entrainement au reste de la classe ou une activité autonome sans difficulté particulière.

Traiter des notions différentes (domaines ou disciplines) entre les 2 niveaux facilite le travail.

Prévoir des outils d’aide pour les élèves en « autonomie » et/ou du travail en plus ne

nécessitant pas la présence de l’adulte pour les plus rapides (jeux à compter, mots fléchés

adaptés, fiches de lecture compréhension…)

Proposer une courte activité (5 min), ne nécessitant que peu de consignes (réactivation de la

séance précédente, activité de tri plus ou moins guidée…), au groupe qui sera pris en charge

en premier par l’enseignant, le temps d’expliquer au second groupe « autonome » ce qu’il va

devoir faire et s’assurer de la bonne compréhension de la tâche.

Un exemple concret pouvant être transféré à d’autres niveaux et/ou d’autres disciplines : CE1/CE2 Découverte de la notion de féminin/masculin avec des CE1. Leur donner des étiquettes de mots et leur demander de les trier en 5 min en binôme (sans consigne particulière). Pendant qu’ils réalisent le tri avec leurs propres critères, expliquer aux élèves de CE2 qui vont travailler en autonomie ce qu’ils ont à faire (problèmes à résoudre en binôme, série d’opérations à faire seul, exercices d’application de la séance de grammaire de la veille…). Une fois l’activité lancée, revenir au groupe de CE1 pour faire le point sur leur tri et faire ressortir la notion de féminin/masculin. Prolonger par une structuration de la notion (20 à 25 min). Leur faire recopier la trace écrite et revenir pour les 10 min qui restent avec les CE2 pour corriger en collectif le travail réalisé. Enchainer sur une autre séance.

Conclusion

Dans cette perspective, l’emploi du temps ne doit pas rester figé et tenir fortement compte de la

démarche d’apprentissage au sein de chaque séquence. Penser son emploi du temps sur 2 à 3

semaines devient donc préférable. Il est d’ailleurs important de garder à l’esprit que si les horaires de

mathématiques et de français sont fixés à la semaine, ce n’est pas le cas des autres enseignements

qui sont annualisés. En projetant une organisation du temps qui dépasse la semaine, on assouplit la

mise en place du projet pédagogique de la classe, particulièrement en cours double.

Les conseillers pédagogiques de la circonscription peuvent vous donner des exemples d’emploi du

temps, toutefois, c’est surtout la manière dont vous organisez l’alternance des phases au sein de

chaque séance et au sein de la journée qui fera l’efficacité de la gestion du cours double.