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INTRODUCTION J'avais dix ans quand mes parents s'installèrent près de Milly- la-'Forêt. Il y avait des rochers dans les bois qui entouraient la maison, et j'eus très vite envie de grimper dessus. Puis, peu à peu, je m'éloignai à la recherche de nouvelles escalades jusqu'au jour où je découvris de mystérieuses flèches de couleur. J'en conclus que d'autres grimpaient là et pourtant je ne voyais pas la moindre prise où m'accrocher. C'est aux Trois-Pignons que je vis pour la première fois des individus semblant «léviter» sur des parois lisses et verticales. A force d'obstination, je parvins moi aussi à m'élever sur certains passages fléchés de vert et je compris alors qu'il y avait des «trucs» que je n'arriverais jamais à découvrir seul. Le premier me fut révélé par un copain de classe : les bottes de caoutchouc n'étaient pas conseillées car il existait des chaussures spéciales permettant ces miracles d'adhérence dont je rêvais. Mon ami m'expliqua ensuite que les chaussures ne suffisaient pas. Il y avait une technique pour les utiliser. — Même tes doigts, tu ne dois pas les placer n'importe comment. Des années ont passé et chaque fois que je reviens aux Trois- Pignons ou au Cuvier, je repense au temps que j'ai perdu en voulant découvrir seul l'art de l'escalade. Mais les premiers rochers que j'ai vaincus restent parmi mes souvenirs les plus émouvants. UN PEU D'HISTOIRE Durant les débuts de l'alpinisme, les hommes s'intéressaient essentiellement aux sommets ; en France, au mont Blanc en particulier, car il dominait tous les autres. A l'époque, le principe était de vaincre le sommet en recherchant pour ce faire la voie la plus facile. Grâce à l'évolution du matériel et des mentalités, la plupart des sommets furent vaincus ; on s'intéressa alors aux faces, mettant ainsi en évidence le fait que la valeur d'une ascension et sa difficulté dépendaient du chemin suivi. D'une façon générale, par exemple, une face nord est plus froide qu'une face sud qui voit plus souvent le soleil, d'où un surcroît de difficulté. Par la suite, une proportion importante des faces ayant été vaincue, les grimpeurs ouvrirent dans les mêmes faces des itinéraires parallèles. A ce stade, ce n'est plus la recherche de la facilité pour vaincre un sommet qui dominait, mais bien celle de la difficulté. Les premiers alpinistes tenaient donc plus de l'explorateur, tandis que leurs successeurs pratiquaient plutôt un jeu ou un sport dans un cadre à la sauvagerie mieux maîtrisée, du fait des acquis de leurs prédécesseurs.

Ghid, l'escalade

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INTRODUCTION

J'avais dix ans quand mes parents s'installèrent près de Milly-la-'Forêt. Il y avait des rochers dans les bois qui entouraient la maison, et j'eus très vite envie de grimper dessus. Puis, peu à peu, je m'éloignai à la recherche de nouvelles escalades jusqu'au jour où je découvris de mystérieuses flèches de couleur. J'en conclus que d'autres grimpaient là et pourtant je ne voyais pas la moindre prise où m'accrocher.

C'est aux Trois-Pignons que je vis pour la première fois des individus semblant «léviter» sur des parois lisses et verticales. A force d'obstination, je parvins moi aussi à m'élever sur certains passages fléchés de vert et je compris alors qu'il y avait des «trucs» que je n'arriverais jamais à découvrir seul.

Le premier me fut révélé par un copain de classe : les bottes de caoutchouc n'étaient pas conseillées car il existait des chaussures spéciales permettant ces miracles d'adhérence dont je rêvais.

Mon ami m'expliqua ensuite que les chaussures ne suffisaient pas. Il y avait une technique pour les utiliser.

— Même tes doigts, tu ne dois pas les placer n'importe comment.Des années ont passé et chaque fois que je reviens aux Trois-Pignons ou au Cuvier, je repense au

temps que j'ai perdu en voulant découvrir seul l'art de l'escalade. Mais les premiers rochers que j'ai vaincus restent parmi mes souvenirs les plus émouvants.

UN PEU D'HISTOIRE

Durant les débuts de l'alpinisme, les hommes s'intéressaient essentiellement aux sommets ; en France, au mont Blanc en particulier, car il dominait tous les autres. A l'époque, le principe était de vaincre le sommet en recherchant pour ce faire la voie la plus facile.

Grâce à l'évolution du matériel et des mentalités, la plupart des sommets furent vaincus ; on s'intéressa alors aux faces, mettant ainsi en évidence le fait que la valeur d'une ascension et sa difficulté dépendaient du chemin suivi. D'une façon générale, par exemple, une face nord est plus froide qu'une face sud qui voit plus souvent le soleil, d'où un surcroît de difficulté.

Par la suite, une proportion importante des faces ayant été vaincue, les grimpeurs ouvrirent dans les mêmes faces des itinéraires parallèles. A ce stade, ce n'est plus la recherche de la facilité pour vaincre un sommet qui dominait, mais bien celle de la difficulté. Les premiers alpinistes tenaient donc plus de l'explorateur, tandis que leurs successeurs pratiquaient plutôt un jeu ou un sport dans un cadre à la sauvagerie mieux maîtrisée, du fait des acquis de leurs prédécesseurs.

Dans le même temps, le matériel utilisé s'améliorait et la technique d'escalade se raffinait. Jusque dans les années 1950, seuls les pitons étaient utilisés ; ceux-ci ne pouvant être placés que dans des fissures, les passages raides et dépourvus de fissures étaient alors impossibles à pitonner. Mais l'apparition des pitons à expansion ou golots permit de forcer n'importe quel passage rocheux. Ces golots fonctionnent suivant le même principe que les spits utilisés dans le bâtiment. Les spits donnent un point d'attache dans du béton compact. Certes un facteur temps intervient (il faut environ une demi-heure pour planter un golot), mais cette technique supprime l'incertitude de la victoire qui fait la saveur de l'alpinisme. Heureusement, le sport n'est pas perdu pour autant car, dès lors qu'apparaît le concept de style, le «jeu» peut continuer.

Avant 1940, déjà, Pierre Alain et quelques autres «grands» de l'histoire de l'alpinisme français pratiquaient à Fontainebleau la varappe, c'est-à-dire l'escalade de petits blocs de rochers sans danger d'une hauteur moyenne de 4 m. Les grimpeurs de Fontainebleau encouraient à l'époque les sarcasmes des guides de montagne de Chamonix qui qualifiaient la varappe de ridicule et sans rapport avec la montagne. Quelle ne fut pas leur stupéfaction lorsque Pierre Alain, ce clown, cet acrobate, comme ils disaient, réussit avec brio la première ascension de la face nord des Drus, dans les Alpes, depuis longtemps convoitée. Et ce ne fut pas là la seule course de montagne dans laquelle Pierre Alain et les autres «Bleausards» damèrent le pion aux guides chamoniards.

C'était le début de l'escalade de bloc (ou varappe) qui, on ne s'en doutait pas, allait devenir plus tard une activité en soi et non plus seulement un entraînement pour la montagne.

Aux Etats-Unis, après les années 50 qui connurent la frénésie de l'escalade artificielle poussée à l'extrême, l'escalade naturelle reprit peu à peu ses droits. Quelques grimpeurs de l'époque essayèrent de refaire certaines voies d'artificielle où le matériel avait été laissé en place en ne se servant des pitons que pour l'assurage (ou protection) sans se hisser ou se reposer ; le problème consistait donc à ne se servir que

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des prises naturelles du rocher — sans prendre de risques inutiles pour autant. Cette forme d'escalade dite «libre» devait rapidement connaître un engouement sans égal qui fait maintenant des Etats-Unis l'un des royaumes du free-climbing.

En Angleterre, on peut dire que l'escalade libre est une tradition. Depuis longtemps déjà les grimpeurs précisaient s'ils avaient utilisé telle sangle ou tel piton comme point d'aide ou comme repos. C'est aussi actuellement l'un des pays d'élection pour les amateurs de free-climbing.

LES DIFFÉRENTS JEUX

Le profane confond toujours les différentes activités d'escalade. Leur seul dénominateur commun est l'inutile (comme dans tous les sports d'ailleurs), et le mouvement vers le haut. Ces «jeux» ou activités n'ont pas vraiment de rapports entre eux mais, pour les classer, on peut utiliser le principe du grimpeur-écrivain américain Tito Téjada Florès. On peut considérer que chaque jeu est fait d'un système de handicaps qui préservent la potentialité d'incertitude de ce jeu. Ainsi, il est normal de mettre une échelle en travers de la crevasse d'un glacier en Himalaya — ce n'est pas ça qui garantira la victoire — tandis que, sur un bloc de 4 m, mettre une échelle garantira le succès, rendant alors le problème inintéressant.

Les quatre jeux, par ordre de difficulté et de moyens qu'ils mettent en œuvre, sont les suivants :

Le blocPar définition, c'est l'escalade de rochers de faible hauteur (en général celle d'où on peut sauter)

sans utilisation de moyens artificiels tels que cordes, pitons, etc. Le système de handicap est maximum.

La falaiseRocher d'une hauteur suffisante pour demander l'emploi d'une corde et d'un matériel extérieur pour

l'assurage en cas de chute. La hauteur peut varier de 20 à 200 m. Il existe en général un petit chemin pour redescendre. En somme il n'y a pas d'engagement. Le handicap consiste à ne pas utiliser le matériel pour la progression mais seulement pour la protection.

Bloc et falaise constituent ce qu'on appelle communément l'escalade.

La montagneIci, l'escalade devient presque secondaire. En revanche, une course en montagne comprend des

dangers dits objectifs : chutes de pierres, avalanches, foudre, froid, brouillard... La course ne se termine pas au sommet : une fois celui-ci vaincu, il faut redescendre, ce qui est parfois aussi difficile que de monter. Il y a ici engagement. Le handicap consiste à ne pas laisser de cordes fixes.

L'expéditionII s'agit d'une ascension dans l'un des massifs les plus lointains et les plus hauts. En général, elle

fait appel à des moyens humains et matériels très importants. Les ascensions supposent le plus souvent l'installation de camps intermédiaires, de dépôts de vivres et de matériel. Intrinsèquement, l'escalade y est facile comparée à la montagne, la falaise ou le bloc ; mais, globalement, l'altitude, l'isolement, le manque d'oxygène augmentent considérablement la difficulté. Il n'y a pas vraiment de handicap. Seul moyen interdit : l'hélicoptère.

L'ESCALADE

Sujet de ce livre, ce terme regroupe comme on l'a vu deux activités différentes : le bloc et la falaise. Expression la plus dépouillée de l'escalade, le bloc pose un problème bien défini : un rocher, un homme, et sur le rocher un itinéraire que l'homme doit suivre, avec la possibilité de sauter à tout moment.La deuxième activité est l'escalade libre en falaise. Ici le jeu devient un peu plus complexe car des facteurs psychotechniques entrent en ligne de compte. Par ailleurs, outre les techniques d'escalade, il faut connaître les techniques d'assurage, qui font de cette activité un sport absolument sans danger. En aucun cas il ne faut comparer les risques que présente la falaise avec ceux qu'offrent la montagne ou les expéditions, tant la nature de ces pratiques est différente. D'une façon générale il n'y a aucune contre-indication médicale ni d'âge pour ces différentes activités, hormis les restrictions triviales dues à la nécessité de pouvoir sauter d'une hauteur de 3 m sur un sol pas trop dur (sable le plus souvent). D'un coût assez modique, c'est une

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activité de plein air que tous peuvent aborder.

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I. LA VARAPPE OU LE BLOC

On désigne sous ces deux noms1 l'escalade de tout rocher de faible hauteur (entre 2 et 15 m). L'utilisation de cordes, d'échelles ou de tout autre moyen artificiel est prohibée. C'est une très bonne école d'apprentissage pour la falaise et la montagne, mais ce n'est pas uniquement ça ! C'est aussi une activité en soi, avec ses adeptes du week-end, ses spécialistes qui peuvent grimper sans les mains là où vous ne pourriez grimper avec vos deux mains.

Il ne faut pas se laisser tromper par la faible hauteur des rochers (la moyenne courante est de 3,50 m), car la plupart du temps les petits rochers sont les plus durs. Le saut étant possible, les essais successifs sont donc autorisés et permettent de travailler les mouvements pour trouver la solution d'un problème.

En France, le lieu le plus connu où l'on pratique la varappe est Fontainebleau. Il est formé d'une vingtaine d'affleurements gréseux principaux appelés massifs. Chaque massif offre plusieurs centaines de «voies d'escalade» déjà parcourues et répertoriées, et autant ou plus de voies potentielles. Certaines de ces voies sont fléchées et numérotées, formant ainsi un parcours d'escalade dans le genre jeu de piste appelé «circuit». Le COSIROC, organisme qui s'occupe de la protection des sites rocheux de Fontainebleau, impose des normes concernant le balisage des circuits.

1) Les tracés doivent être de difficulté homogène, tout en présentant des passages variés : dalle, cheminée, dièdre, surplomb, traversée, saut...

2) A chaque difficulté correspond une couleur précise.3) Le balisage doit être effectué de façon telle qu'il ne porte pas atteinte au site.4) La taille de prises est strictement interdite.En varappe, le but ne consiste pas à atteindre le sommet du rocher car, sauf cas exceptionnel, il

existe toujours une voie d'accès très facile. Le jeu consiste donc à se fixer un itinéraire précis. En général on s'astreint à progresser entre deux lignes parallèles imaginaires espacées d'une envergure d'homme (environ 2 m). Autrement dit, sur un circuit, si on veut jouer le jeu, sur un itinéraire fléché, il faut grosso modo garder le bassin dans l'axe de la flèche.

Heureusement, cette activité de plein air n'est pas aussi codifiée que ce qui précède peut le laisser croire. Dans chaque massif, il y a autant et même plus de voies non marquées qui permettent le choix, l'initiative, la découverte. On reconnaît ces voies à ce qu'elles ont été «brossées». Le brossage consiste à enlever sur les prises le lichen qui rendrait impossible l'ascension des dites voies.

Autres lieux :La varappe est pratiquée dans beaucoup d'autres endroits outre Fontainebleau : Iseron,

Gueberschwihr (voir annexe 2). Au pied de chaque falaise, on trouve souvent des «blocs d'entraînement et d'échauffement». Dans les villes, certains types de bâtiments offrent aussi d'intéressantes possibilités d'escalade (la presse s'est fait récemment l'écho de l'exploit de ces audacieux qui ont «vaincu» certains des plus hauts gratte-ciel américains).

LE MATÉRIEL

Le matériel nécessaire pour la varappe est à la fois peu encombrant et peu coûteux. Seul élément onéreux : les chaussures, appelées «chaussons d'escalade». Ajoutez-y une chute de moquette de 0,30 X 0,40 m et un bout de chiffon, et vous voilà paré ou presque pour votre première sortie à Fontainebleau, soit pour un peu moins de 200 F (prix moyen d'une paire de chaussures d'escalade en 1980).

Les chaussuresUne paire de «chaussons» dure environ une ou deux années suivant l'utilisation.Si vos moyens vous interdisent cette dépense ou que votre intérêt pour le bloc ne justifie pas

encore un investissement, prenez une vieille paire de «tennis» les plus lisses possible, de préférence d'une pointure en dessous de votre pointure habituelle, mais pas de chaussures de marche ni de chaussures armées.

1 Varappe est à l'origine le nom d'un couloir rocheux du Salève, près de Genève.

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Le chausson d'escalade est un genre de «basket» amélioré à semelles lisses qui lui confèrent, aussi contradictoire que cela puisse paraître, des qualités d'adhérence exceptionnelles. Le caoutchouc de la semelle possède une moins grande ductilité que celle des chaussures de sport habituelles. Ainsi la semelle ne s'épate pas sur les petites prises. La qualité d'une chaussure correspond à l'obtention du meilleur compromis entre les capacités d'adhérence et de «grattonnage».

Dans ce domaine comme dans d'autres, ce ne sont pas les chaussures les plus chères qui sont les meilleures et le choix doit souvent se faire au détriment du confort. Plus on est .serré, plus la précision et la sensation sont grandes, mais il faut respecter un grand principe : le pied ne doit pas être comprimé de face mais seulement latéralement. De face, les articulations sont abîmées, tandis que latéralement seules les chairs sont comprimées. Le pied et la chaussure doivent donc former l'ensemble le plus compact possible.

En ce qui concerne le laçage, un bon truc : le double laçage. Un petit lacet sur les trois premiers œillets du bout du pied et un grand pour le reste. Le petit lacet serré au maximum ne coupe pas la circulation du sang. Le second doit être le plus serré possible (mais attention : lui par contre peut gêner la circulation sanguine).

Le tapis et le chiffonPour le profane pique-niquant parmi les rochers de Fontainebleau, il peut paraître surprenant de

voir les grimpeurs s'essuyer les pieds, se mettre sur leur moquette, essuyer le rocher, pour enfin grimper. Mais le débutant comprend très vite la nécessité de la chose ; le sable collé aux chaussures agit comme une multitude de petites roues qui empêchent l'adhérence des semelles sur le rocher. Par ailleurs, il y a dans cette succession de gestes un petit côté rituel qui décontracte et «désinhibe» le grimpeur avant chaque escalade. Le chiffon sert aussi à essuyer les semelles des chaussures lorsque le sol est mouillé.

MATÉRIEL ANNEXE

HabillementUne tenue souple est de rigueur pour ne pas entraver les mouvements. Evitez les pantalons serrés,

prenez un short ou un pantalon de survêtement. Le reste de l'équipement vestimentaire dépend des goûts de chacun.

En hiver, une tenue chaude pour éviter les accidents musculaires ou articulaires. En été, une tenue légère ou un bandeau pour supprimer le désagrément de la sueur qui coule dans les yeux. Un bandeau est utile aussi pour les cheveux longs qui cachent la vue.

Le «pof» :II s'agit de résine pilée (ou cellophane) que l'on trouve chez les marchands de couleurs (environ 10

F le kilo). Avec 100 grammes de pof enserré dans un tissu ni trop fin ni trop épais (il est conseillé de prendre deux épaisseurs de vieux drap juxtaposé, par exemple), vous en aurez pour un an. Par petits tapotements, la résine filtre à travers les trames du tissu. Son rôle : éviter la sudation des mains. Même en état d'inactivité, les mains transpirent naturellement ; par ailleurs, le frottement des doigts sur le rocher et certains facteurs psychologiques provoquent une sudation supplémentaire qui fait glisser les mains sur les prises. Les passages en adhérence sur les mains demandent que celles-ci soient parfaitement sèches, d'où la nécessité du pof. On peut aussi en mettre sur le rocher pour assécher une prise humide. Au départ, cette résine était appelée «popof», en raison du bruit produit lorsque l'on tapote le sachet le contenant. Le nom raccourci, «pof», fait aujourd'hui partie du jargon des «Bleausards».

La craieC'est la même que celle utilisée par les gymnastes. On la trouve en pharmacie sous la

dénomination d'«hydrocarbonate de magnésium» (environ 25 F le kg) ou en pain dans certains magasins de sports. Elle a la même utilité que le pof, avec néanmoins certaines différences. Elle est placée dans un sac (appelé sac à craie) dans ilequel on trempe les doigts. Il faut alors souffler sur les doigts pour éviter de laisser ensuite des traces sur le rocher (c'est son inconvénient, par rapport au pof). En revanche, elle présente deux avantages : elle use moins les doigts et se révèle très utile sur les «grattons» coupants. Utilisez-la donc à bon escient. Aujourd'hui les grimpeurs évitent de l'utiliser durant l'hiver, l'adhérence étant naturellement bonne pendant cette période.

Le benjoint :

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Le benjoint (ou teinture de benjoint) s'achète en pharmacie et permet de «tanner» la peau des doigts. Il est surtout utile pour le spécialiste grimpant très souvent et usant ainsi sa peau plus vite qu'elle ne se régénère. Seule son application régulière donne des résultats satisfaisants. Il existe d'autres produits aux vertus tannantes, mais c'est le benjoint, avec son odeur agréable, qui est entré dans la tradition des escaladeurs.

La brosse métallique :C'est également un outil du «pro». Elle sert à enlever le lichen du rocher. Le brossage est une

tâche pénible mais qui apporte beaucoup de satisfactions à celui qui «ouvre»1 une nouvelle voie.

La brosse à dents :Elle est utilisée pour retirer la craie sur les prises. C'est un gadget de spécialiste qui s'avère parfois

nécessaire : par exemple dans les passages extrêmes, à la limite de l'adhérence, où des grimpeurs désinvoltes ont laissé de la craie sur les prises.

LES TECHNIQUES

Contrairement à une opinion très répandue, l'escalade n'est pas une affaire de force. Pour illustrer cette affirmation, citons l'exemple de cette grimpeuse américaine qui a atteint le plus haut niveau, alors qu'elle ne dispose que de moyens physiques minimes : elle est incapable d'effectuer une traction sur les deux bras !

Lorsque la force intervient, il s'agit d'une force de blocage statique (effort isométrique) plutôt que de celle, dynamique, engendrée par un véritable effort. Or, chez tout individu, la puissance statique est supérieure à la puissance dynamique. On peut donc affirmer qu'un débutant en condition très moyenne possède déjà une force physique bien suffisante pour obtenir des résultats et des satisfactions, en varappe.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que — dans cette activité sportive particulière comme dans beaucoup d'autres — l'important c'est le «rapport poids-force» plus que la force en valeur absolue. Ainsi un malingre est souvent avantagé car, bien qu'il ait moins de force que le «costaud», il a également moins de poids à hisser.

Si l'escalade n'est pas une simple question de force pure, de quoi dépend-elle ? De l'apprentissage d'une maîtrise de son corps, de la coordination des mouvements, des sensations d'équilibre avant, arrière et latéral. Sans que l'escalade soit vraiment un art, on peut cependant la comparer à la danse où la donnée physique ne serait rien sans l'acquis technique.

On peut dégager deux grands principes qui s'appliquent à tous les rochers. Leur mise en pratique est nécessaire et vous garantit des progrès rapides.1er principe : le moindre effort : il faut toujours chercher à produire le moins d'efforts et utiliser le moins de force possible pour escalader un rocher.2e principe : l'utilisation des pieds : La réussite de l'ascension dépend avant tout d'une utilisation adéquate des membres inférieurs : en effet, la musculature inférieure étant celle qui vous porte, sa puissance et sa force sont beaucoup plus importantes que celles de la musculature supérieure (bras, doigts, mains, épaules).Entre vous et les rochers que vous voulez gravir, vous devez établir des points de contact avec vos pieds, vos mains et éventuellement d'autres parties de votre corps ; les points de contact subissent des contraintes mécaniques correspondant à vos caractéristiques physiques : envergure, taille, souplesse, etc.

On distingue deux sortes de points de contact, les prises et les coincements. Ils sont utilisés grâce aux mouvements et aux positions.

LES PRISES

1. Les prises de mains : (fig. 1)En escalade, cette expression désigne les excroissances de rocher en général, et en particulier celles dont on se sert pour grimper. Leur variété en taille et en forme est infinie. Pour un peu plus de précision et de compréhension, les grimpeurs ont donné des noms à chaque forme de prise typique.Bosseffe.

1 C'est-à-dire qui en réalise la première ascension.

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Réglette : c'est une prise plus longue que large, dont la longueur est comprise entre 5 mm et 2 cm. Lorsque la largeur n'excède pas 5 mm, on l'appelle «gratton» ; si vous voulez parler d'un tout petit gratton et que vous voulez être «dans le vent», il faut dire : «micro-gratton».A-plat : c'est une prise large, plate, horizontale ou légèrement déversée.Grosse prise : ce terme désigne une prise large, longue et rentrante. Des générations de grimpeurs ont inventé une multitude de mots rivalisant d'originalité pour désigner une grosse prise : un baquet, un bénitier, un bac, un baxif, une poignée de métro (ou de valise, au choix), une manette, une bassine...Inversée : c'est une prise à l'envers, souvent négligée par les débutants.

La notion de «prise» est très relative : le rocher qui apparaît comme lisse au profane est pourvu de bonnes prises pour l'habitué. Si la meilleure façon de réaliser une prise est rarement la plus naturelle, c'est toujours celle qui permet de respecter au mieux le principe du moindre effort.

Les muscles sollicités par les prises de mains sont tous situés dans l'avant-bras. Les muscles de l'avant-bras sont reliés aux doigts par des tendons qui s'insèrent plus ou moins profondément jusqu'à la première ou la deuxième phalange de chaque doigt. Ils se divisent en deux groupes principaux : les fléchisseurs profonds et les fléchisseurs superficiels.

a) Les doigts de la mainLes doigts n'ont pas tous la même force, chacun d'eux ayant une fonction bien déterminée.

Toutefois, chez les bons grimpeurs, cette différence est minime.Le pouce étant considéré à part, on a par ordre de force décroissant : le majeur, l'annulaire, l'index

et l'auriculaire. L'auriculaire ou petit doigt est le plus faible, mais ne le négligez pas ; il peut faire toute la

différence, dans certaines circonstances ; si vous pouvez le placer, faites-le. L'index : il est tentant de croire que l'index est le doigt le plus fort, mais ce n'est pas le cas :

c'est le doigt le mieux innervé, le mieux commandé neurologiquement, ce qui crée cette impression de puissance. Son habileté est un avantage, mais il en possède un autre ; il est plus fin que le majeur et l'annulaire. Cette finesse permet dans certains cas de rentrer l'index dans une petite prise en trou, alors que le majeur ou l'annulaire ne peuvent s'introduire dans la prise, ou bien trop superficiellement pour permettre de se hisser.

L'annulaire : il est parfois moins fort que l'index, chez certains individus. Mais il a l'avantage d'être presque aussi long que le majeur : vous pouvez donc prendre une prise avec le majeur et l'annulaire tendus sans qu'il y ait de décalage.

Le majeur : le plus fort de tous, car le plus directement relié aux tendons. Il est courant chez les grimpeurs de haut niveau de se suspendre par un doigt (le majeur évidemment), voire de se hisser à sa seule force.

Couplage : lorsqu'une prise ne permet de rentrer que deux doigts, le couplage majeur-annulaire est préférable. Si la prise est trop étroite, utilisez le couplage majeur-index. Essayez :

1) de placer le maximum de doigts ;2) de les rentrer le plus possible.

Dans les prises en trous, il faut souvent établir un subtil compromis entre ces deux règles : c'est une question d'expérience et de choix personnel.

b) Mode de préhension dit arqué : (fig. 2)

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Cette façon de prendre les prises n'est pas très naturelle au début. Les premières phalanges doivent être retournées (ou «arquées»). C'est parfois un peu douloureux au niveau des butées, mais les doigts s'adaptent très vite. Essayez toujours de placer le petit doigt. La position du pouce est très importante ; elle renforce l'index... une petite contorsion très efficace !Arquez les doigts sur toutes les prises rentrantes dont la largeur n'excède pas deux phalanges. On pourra généraliser le mode arqué sur des prises à deux doigts ou à un doigt en plaçant toujours le pouce par-dessus le ou les doigts considérés. Donc arquez les doigts sur les réglettes et les grattons.

c) Mode tendu : (fig. 3)Tandis que les doigts arqués font travailler les fléchisseurs superficiels, cette méthode fait

travailler les fléchisseurs profonds. Plus naturelle que la précédente, elle comporte cependant quelques finesses :— accrochez le plus possible le bourrelet des doigts ; par simple friction mécanique vous gagnerez une

force non négligeable ;— placez le plus de doigts et le plus de phalanges possible ;— soyez le plus statique possible.

d) Mixte :Ce n'est pas à proprement parler un cas de figure type, mais il faut comprendre qu'il n'y a pas de

loi et que suivant les prises il faut faire preuve d'imagination. Les doigts peuvent être en partie arqués et en partie tendus, toujours dans le but d'un gain de force.

2. Les prises de piedsElles constituent la base même de la technique de l'escalade. Le meilleur compliment que l'on

puisse faire à un grimpeur consiste à lui dire qu'il grimpe avec ses pieds. Pourquoi l'utilisation correcte des membres inférieurs en général et des pieds en particulier est-elle capitale ? Parce que les muscles qui travaillent alors sont les mollets, qui ont — c'est bien connu — un volume (donc une force et une puissance) bien plus grand que l'ensemble des muscles de l'avant-bras. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les pieds servent même dans les passages «surplombants». Tout comme les mains, les pieds supposent des modes de préhension typiques.

a) Adhérence :Les débutants n'ont pas conscience des merveilleuses possibilités de l'adhérence. Ici, le pied tient

par le contact du catoutchouc de la semelle sur le rocher. Une erreur commune à tous les débutants consiste à relever le talon quand ils sentent le pied glisser. Ils doivent avoir constamment à l'esprit ces quatre règles

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fondamentales :— Garder toujours le talon le plus bas possible ;— Essayer de rester le plus statique possible ;— Choisir avec soin le placement du pied : pour ce faire, déterminer la ligne de moindre déclivité de la

prise en adhérence considérée et placer le pied à cheval le long de cette ligne ;— Pour pouvoir bien adhérer, les chaussures doivent être parfaitement essuyées et séchées.

b) Grattonnage :C'est l'utilisation des petits et gros grattons comme prises de pieds. C'est surtout un travail de

précision. Sur un petit gratton. le pied doit rester absolument fixe par rapport à celui-ci. Pour assurer cette fixité, les mouvements du corps doivent être compensés par le jeu de la cheville et du genou. Il existe différents types de gratton-nage. Cherchez toujours, dans la mesure du possible, à éviter le grattonnage facial (du bout du pied) car c'est de loin le plus pénible. Par contre, sachez que le grattonnage latéral (interne et externe) demande plus de précision.

Un conseil : Lorsque vous grattonnez, ayez un pied «tonique» dans la chaussure ; comme une danseuse qui fait des pointes, arquez le cou-de-pied : vous obtiendrez un gain de force.Ici l'importance du laçage des chaussures se fait sentir ; donc, pour bien grattonner, ayez une pointure très ajustée et un double laçage très serré à l'avant.

c) Crochetages :C'est déjà un peu le domaine de l'escalade acrobatique, qui n'a pas pour autant un caractère de

difficulté extrême, au contraire. C'est une utilisation du pied à laquelle on ne pense pas à priori. Il y a deux possibilités : crocheter le talon ou le cou-de-pied. La première méthode est toute simple et peu usitée. La seconde est plus subtile, car, la plupart du temps, ce n'est pas vraiment le cou-de-pied qui est utilisé mais

plutôt le bord interne du pied

Deux principes à respecter :— soyez le plus statique possible ;— cherchez à tourner au maximum le pied vers l'intérieur ; plus l'angle est fermé, meilleure est la tenue.

Cette technique évite bien souvent un passage en force, notamment dans les surplombs.

LES COINCEMENTSC'est le mode d'escalade le moins naturel qui soit, en ce qui concerne la préhension aussi bien que

les mouvements. Seule l'expérience permet d'acquérir la maîtrise des techniques de coincements, mais le

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savoir théorique est aussi nécessaire, car il s'agit là d'un ensemble de techniques créatives qu'il est très difficile de trouver empiriquement (sinon très partiellement).Les coincements sont les techniques utilisées spécialement pour aborder les fissures : à chaque largeur de fissure correspond une technique spécifique.

Le principe général des coincements — qu'ils soient de mains ou de pieds — est basé sur les pressions antagonistes, les principes de cames et de leviers.

Ces techniques sont peu utilisées en varappe et à Fontainebleau, pour des raisons qui tiennent plus à une tradition qu'à un manque de blocs en fissure. Néanmoins, il existe à Apremont (important massif de Fontainebleau) un circuit spécialement composé de fissures. Bien que ces techniques réservent des joies à tout grimpeur de bloc, elle reste néanmoins particulièrement utilisée en falaise.

1. Coincement de pied (fig 5)II s'applique à des fissures larges.Tournez le pied vers l'intérieur, en sortant le genou et en jouant sur l'articulation de la cheville : la

semelle se présente alors dans un plan vertical. Enfoncez le pied maintenu dans cette position dans la fissure, puis pesez dessus tout en exerçant une torsion tendant à ramener le pied dans sa position normale. C'est cette torsion qui demande un effort conscient de la part du grimpeur et qui est la clé du coincement de pied. Si vous sentez une légère douleur à la cheville, votre coincement est réussi.

2. Coincement de main large (fig. 6)

Lorsqu'il est bien fait, il est à peu près autobloquant, c'est-à-dire que l'intervention d'aucune force n'est nécessaire. Le muscle qui travaille est celui de la partie charnue de la paume, située près du pouce, à savoir l'éminence thénar. Quand vous tirez sur la main, la peau en est tendue. Par ailleurs, la traction doit «épaissir» la main, c'est-à-dire faire rentrer le pouce dans la main.18

Veillez bien sur les points suivants :— tâchez d'avoir, d'un côté ou de l'autre de la main, une «bossette»1, dans la mesure du possible ;— cherchez à produire un verrou le plus large possible ;— l'extrémité du pouce doit être le plus près possible de la base du petit doigt.

1 Bossette : prise au relief arrondi et peu marqué.

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Ce type de coincement demande une grande expérience car il constitue un subtil compromis entre la tenue, la force et la douleur causée. La morphologie des os de leurs mains désavantage certains grimpeurs lors des coincements de main et de poing.

3. Coincement de poing

Apparemment moins difficile à réaliser, il nécessite beaucoup d'expérience pour lui faire confiance, car il crée toujours une désagréable sensation d'insécurité. Rentrez le pouce sous les autres doigts de la main, puis enfoncez le poing ainsi fermé de côté dans la fissure. Tournez ensuite le poing pour le ramener dans une position de pronation naturelle. Lorsqu'il est bien fait, le coincement de poing constitue une prise à toute épreuve.

4. Coincement de doigts (fig 7)Rentrez les doigts verticalement dans la fissure, puis tirez vers le bas. En tirant, gardez le plus

possible le poignet collé au rocher, même si vous élevez le corps au niveau de votre coincement. Ce type de coincement est douloureux au début, car fondamentalement il n'y a pas d'effort à fournir : seules les articulations des doigts sont coincées par adhérence.

Le type 2 (fig. 8) offre un avantage supplémentaire : par sa position, le bras exerce un couple de torsion qui favorise la tenue du coincement. Le type 1 s'impose lorsque la fissure est trop étroite et que seuls le petit doigt et l'annulaire rentrent suffisamment dans la fissure.

5 Verrou d'avant-brasCette technique de coincement (fig. 9 et 10) constitue une excellente position d'arrêt. Dans un

verrou d'avant-bras bien fait, les muscles ne travaillent pas, seuls les articulations, les os et les ligaments sont sollicités. Une réalisation correcte suppose l'observation des points suivants :— gardez toujours la paume à un niveau inférieur à celui du point de contact du coude avec le rocher (A <

B) ;— cherchez à placer la paume sur une bossette qui. même minime, fera toute la différence ;— cette technique demande un peu de souplesse dans l'épaule ; une personne trop nouée (c'est le cas des

gens très musclés) peut rencontrer des difficultés ;— plus l'angle que fait le bras avec l'avant-bras est grand (en restant inférieur à 90° néanmoins), mieux le

coincement tient, mais plus il fait mal. C'est donc à vous de trouver un juste milieu.

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POSITIONS ET MOUVEMENTS

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Etant donné la complexité mécanique d'un mouvement du corps, il est très difficile de le décrire

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correctement, sinon en le considérant comme une succession (infinie) de positions statiques et en décrivant celles-ci. En escalade, les positions statiques — lorsqu'elles sont bonnes — permettent de chercher des yeux ou de la main la prise suivante.

On peut considérer que toutes les positions sont dérivées de trois positions de base.

FacialC'est la position la plus naturelle, celle que l'on adopte pour grimper à une échelle. Soyez collé au

maximum à la paroi, en reportant tout votre poids sur vos pieds. C'est le défaut des débutants un peu avancés de se décoller quand ils manquent de précision dans les pieds.

Opposition (fig. 11)Les efforts sont latéraux : la main tire latéralement et le pied pousse latéralement. Il est impossible

de grimper sans utiliser l'opposition. Le cas extrême est la dulfer, que l'on pratique dans les fissures. Athlétique par excellence, la dulfer est grisante pour celui qui a des moyens physiques. Dans une opposition main droite -pied droit, le problème est d'éviter de tourner (on dit aussi de faire charnière). Donc, essayez toujours d'avoir une prise de pied gauche ou de main gauche qui, même en étant très secondaire, évite la chute.

Pied en clé (fig. 12)Ici, ce sont la main et le pied opposé qui travaillent principalement. C'est une position peu

naturelle, mais très efficace. Essayez de rester collé au maximum et d'avoir le talon le plus près possible de la fesse. A l'extrême, on peut lâcher les mains sur un mur vertical. Attention, la position en clé demande de la souplesse dans le bassin et fait travailler en torsion le ménisque de la jambe repliée.

RÈGLES DE SÉCURITÉ

Les règles de prudence et de sécurité ne sont pas vitales, mais vous éviteront des accidents. Il faut toujours les avoir à l'esprit, car la force de l'habitude tend à faire oublier qu'il existe des concours de circonstances défavorables.1. Avant de monter en bloc, observez la «chute», c'est-à-dire l'endroit où vous pouvez tomber.2. Si le bloc est en traversée, surveillez attentivement l'aire de réception potentielle, qui change donc

pendant l'escalade.3. Observez les branches d'arbres situées en hauteur à un mètre du rocher environ, car si en sautant vous

les heurtez avec le dos, vous risquez de ricocher et de prendre une mauvaise position de chute.4. Méfiez-vous particulièrement du rocher couvert de lichen et mouillé : alors qu'un rocher mouillé ne

glisse pas ou peu, conservant une certaine adhérence, le moindre lichen en fait une véritable savonnette (par exemple, on peut glisser sur une inclinaison de 10° seulement).

Quelques autres régies de prudence :1. Evitez les sauts répétés : pendant dix ans, il ne se passe rien, puis le martyre des pincements

intervertébraux commence.2. Echauffez-vous par une petite course et des rochers de difficulté croissante.3. Quand vous vous faites parer (même parade qu'en gymnastique), prenez garde si le pareur n'est pas

votre pareur habituel.

LES JEUX

Comme tous les sports, le bloc est parfaitement «inutile». Quoi de plus bête que de monter sur un rocher pour redescendre de l'autre côté, surtout lorsque l'autre côté est d'accès infiniment plus facile ? Pourtant, les grimpeurs poussent l'inutile encore plus loin en essayant de franchir des passages d'une main... ou sans les mains (il s'agit en général des passages en dalles). Ainsi, ils renouvellent le jeu en développant leur équilibre.

Quand on le franchit d'une seule main, le passage peut avoir un tout autre aspect, des prises inutilisées deviennent indispensables, de subtils jeux d'équilibre apparaissent.

Le circuit chronométré constitue un autre jeu, un peu plus compétitif, bien que la compétition soit

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surtout contre soi-même. Un bon truc pour gagner du temps : accrochez votre tapis à une ficelle d'environ 1,50 mètre, pour ne pas avoir à le rechercher après chaque rocher. Il y a dans l'enchaînement d'un circuit (chronométré ou pas) un plaisir du rythme analogue à celui du jogging, mais avec une activité plus complète du corps puisque bras et jambes sont utilisés de façon équilibrée On pratique cet enchaînement sur des circuits de difficulté moyenne. Même si vous enchaînez un circuit, évitez de sauter, car les sauts répétés entraînent des pincements des disques vertébraux.

Un autre jeu très en vogue consiste à «faire en statique». «Faire en stat» ou «passer en statique», c'est renoncer à «jeter» ou «lancer». Il faut donc passer d'une prise à l'autre avec un mouvement lent, par opposition au jeter qui est un mouvement très rapide de la main et du bras d'une prise à une autre, et au lancer qui est un mouvement plus gymnique encore, où les jambes se détendent en même temps que le bras. Le statique est un très bel exercice de style. Certains grimpeurs considèrent même comme seule valable une ascension statique, quand elle est possible.

Mais ce n'est là qu'une question d'appréciation personnelle car, heureusement, l'escalade n'a ni arbitres ni censeurs.

Les traversées au ras du sol font également passer de bons moments. En choisissant un bloc avec une traversée qui en fait le tour, on peut enchaîner autour du bloc jusqu'à épuisement. Si la traversée vous semble trop facile, vous pouvez organiser une course-poursuite avec un ami. Les deux grimpeurs partent de positions diamétralement opposées et c'est à celui qui touchera l'autre.

Si vous connaissez bien un rocher dont la chute est bonne, un autre jeu consiste à le gravir les yeux fermés. Vous pouvez faire appel à un ami qui vous indique les prises : ce jeu développe les sensations tactiles des pieds et des mains et vous fait prendre conscience du rocher.

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II. LA FALAISE

Bien que l'on utilise les mêmes techniques d'escalade en bloc et en falaise, la falaise n'est pas vraiment un prolongement logique du bloc. Par analogie, on pourra dire que le rapport entre bloc et falaise est du même genre que celui existant entre le «blitz» et la partie longue, aux échecs. Néanmoins, l'acquis technique du bloc jouant un rôle prépondérant en falaise, il vaut mieux commencer par faire du bloc ; si vous ne le pouvez pas, essayez de compléter votre activité de falaise par de l'escalade de murs, de bâtiments ou de toute autre structure de faible hauteur.

On peut noter trois différences fondamentales entre ces deux techniques : Une différence psychologique : c'est ce qu'on appelle les facteurs psychotechniques, à savoir

la peur de la chute, qui n'existe pas dans les blocs non exposés. Une différence physique (la continuité) : en bloc, l'effort est court et intense, tandis qu'en

falaise, les efforts sont moins intenses, mais ils sont fournis l'un après l'autre. On dira qu'une voie de falaise est continue si elle comprend une longue succession de mouvements sans position de repos intermédiaire [vire1 ou ensemble de bonnes prises].

Une différence mentale (la lecture du rocher) : sur un bloc, on peut chercher les prises à loisir en se reculant, en sautant, en montant sur un autre rocher. En falaise, en revanche, le champ de vision est plus restreint : les prises n'apparaissent qu'au fur et à mesure de l'escalade. Il faut parfois essayer plusieurs fois un mouvement pour trouver une prise, d'où surcroît d'effort. Dans ces conditions, éviter une fatigue supplémentaire est affaire d'expérience, et quelquefois d'intuition.

Le terrain de jeuPar définition, une falaise est une paroi de hauteur moyenne (40 mètres). La retraite n'est pas trop

problématique et la descente se fait le plus souvent par un petit chemin, ainsi que l'accès à la falaise. En plus de l'équipement nécessaire pour le bloc, on utilise du matériel d'assurage : cordes, mousquetons, sangles, baudriers, frein. Ce matériel ne sert pas pour la progression, mais seulement pour prévenir les chutes.

Les falaises sont, en général, équipées à demeure avec des pitons scellés à toute épreuve quand leur scellement est bien fait.

Le jeu consiste donc à gravir une paroi en choisissant un itinéraire ou voie (comme en bloc) et à escalader cet itinéraire uniquement avec des prises naturelles. L'escalade se fait à deux : lorsque le premier grimpe, le second l'assure, et réciproquement.

LE MATÉRIEL

La possession, l'entretien et le caractère fonctionnel du matériel spécifique à la falaise — ou matériel d'assurage — sont vitaux. Prenez soin de votre matériel et surveillez attentivement l'évolution de son usure. Par ailleurs, pour que votre vie ne soit pas confiée à quelques artisans peu scrupuleux, les fabricants sont tenus de suivre des normes très strictes. Plus précisément, l'U.I.A.A2 sanctionne d'un label portant son sigle le matériel jugé apte à la suite d'essais réalisés scientifiquement. Donc, assurez-vous que les cordes, les mousquetons, les baudriers et les sangles que vous achetez comportent le label U.I.A.A. Pour le reste de l'équipement, ces normes n'existent pas, puisque la vie des grimpeurs ne dépend pas de lui.

Les cordesA l'époque héroïque de l'escalade, les grimpeurs utilisaient des cordes en chanvre, matériau

aujourd'hui remplacé par le nylon tressé qui possède de multiples avantages, entre autres la légèreté, la solidité et l'élasticité. La charge de rupture est de l'ordre de 2 tonnes. Elles coûtent environ 400 francs pour une longueur de corde utile.

Le casque

1 Vire : plate-forme.2 Union internationale des associations d'alpinisme.

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Dans tout sport de plein air, en général, et dans l'escalade en particulier, il faut compter avec la nature, ses manifestations et ses caprices. Une pierre, même de faible dimension, peut causer de graves lésions si elle tombe d'une certaine hauteur. Un bleu — ou même une fracture — ce n'est pas encore trop grave, contrairement aux conséquences d'un traumatisme crânien. Le casque constitue la seule protection efficace contre les chutes de pierres déclenchées par le grimpeur de tête, par une autre cordée ou tout simplement par le vent.

Les différents modèles — ils ne sont pas soumis au label U.I.A.A. — sont assez légers, dans le genre casque de chantier en plastique dur.

Le baudrierCette pièce — qui correspond au harnais du parachutiste — sert à répartir la force du choc (en cas

de chute) sur les différentes parties du corps. Là aussi, beaucoup de modèles sont proposés dans le commerce. Soumis au label U.I.A.A., ils sont tous d'une solidité à toute épreuve.

Les chaussuresOn utilise les mêmes que pour le bloc, exceptionnellement des chaussures un peu plus rigides.

Le sac à craieLes rares modèles existant dans le commerce sont assez peu fonctionnels. Il est donc préférable de

fabriquer cet accessoire soi-même, à moins que vous ne puissiez en rapporter un des Etats-Unis. Là-bas, le choix est important entre les modèles de bonne qualité.

Les mousquetonsIls sont d'une grande solidité (résistance à 2,5 tonnes). Tous les modèles ont des qualités

identiques, l'idéal restant les mousquetons ultra-légers (40 grammes au lieu de 60), mais le prix augmente lorsque le poids diminue !

La sangleLa sangle, ou sangle américaine, existe en plusieurs largeurs. Elle peut être plate ou tubulaire. La

sangle tubulaire est théoriquement plus solide mais le moindre effilochage en affecte rapidement la solidité.Pour 500 francs environ, vous pouvez grimper en falaise avec quelqu'un possédant déjà le matériel

d'assurage. Si vous êtes inscrit dans une association, celle-ci prête en général du matériel pour les sorties qu'elle organise.BUDGET MATÉRIEL DE FALAISE

Matériel Individuel Cordée(2 personnes)

Chaussures 180 F 360 FBaudrier 150 F 300 FCasque 120 F 240 FCraie 20 F 20 FCorde 400 F 400 F

Mousquetons (20) 200 F 200 FSangle 50 F 50 F

TOTAL 1 120 F 1.570 F (soit 785 F) par personne

LES TECHNIQUES

1. L'ASSURAGE (fig. 13)

a) PrincipePremier temps : Les deux grimpeurs de la cordée s'encordent, c'est-à-dire qu'ils s'attachent chacun

à un bout de la corde. Cet encordement est immuable durant tout le temps de l'escalade : c'est le cordon ombilical de la cordée.

Deuxième temps : L'un des protagonistes grimpe en mousque-tonnant la corde sur chaque piton

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(ou point d'assurage) qu'il rencontre, tandis que le second, ayant passé la corde dans la plaquette d'assurage ou frein, donne de la corde au fur et à mesure. La corde coulisse dans les mousquetons.

Troisième temps : Le grimpeur de tête arrive en bout de corde ou sur une bonne vire, il s'arrête et fait relais ; il s'attache à au moins deux «points d'assurage» directement au baudrier, de manière à garder les mains libres.

Quatrième temps : Le second grimpe à son tour, étant assuré par le premier depuis le relais.Cinquième temps : Le second, arrivé au relais, s'attache à son tour (on dit qu'il se «vache»).Sixième temps : Le premier repart de nouveau, assuré par le second.Il s'agit donc d'une progression en chenille, chaque étape étant appelée une longueur.En cas de chute, le grimpeur de tête tombe de deux fois la hauteur comprise entre lui et le dernier

mousqueton dans lequel il a passé la corde. Le second enraye alors la chute selon un principe de poulie avec frottement. Ces frottements compensent largement l'éventuelle différence de poids entre les grimpeurs.

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Traditionnellement, l'assurage se faisait à mains nues ou avec des gants, désormais ces techniques sont plutôt révolues, on se sert d'un frein ou d'une plaquette que l'on rattache directement au baudrier. Grâce au frein, plus de faute d'inattention, plus de brûlures sur les mains et plus besoin de forcer pour bloquer la chute.

b) Conseils1. Pour assurer, placez-vous près de la paroi. Sinon, en cas de chute du premier de cordée, vous

risquez d'être projeté violemment contre la paroi et de vous blesser.2. Pour votre confort, prenez une vieille paire de gants. Ainsi, vous n'aurez pas les mains

boursouflées en fin de journée par le frottement de la peau sur les cordes.3. Ne relâchez pas votre attention tant que le grimpeur de tête n'est pas vache.

c) Les ordresDurant les manœuvres de cordes, la communication est nécessaire entre les deux membres de la

cordée. Mais, comme la communication orale peut poser des problèmes à 30 ou 40 mètres de distance, il existe une gamme d'ordres précis et concis consacrée par la tradition et évitant les erreurs.

«Du mou !» : pour demander de la corde libre, lorsque le second oublie de donner de la corde, par exemple, et que le premier ne peut donc plus monter.

«Relais !» : cela signifie que le grimpeur arrive au relais mais qu'il n'est pas vache.«Vaché !» : lorsque le premier dit cela, le second peut lâcher l'assurage et se préparer à partir.

Néanmoins, certains grimpeurs considèrent que «relais» signifie «relais et vache», l'ordre «vache» devenant alors implicite.

«Avale!» : prononcé par le second pour que le premier ramène à lui le restant de corde libre.«Départ !» : lorsque le second part à son tour, il l'indique au premier pour que celui-ci commence

à assurer.«Bloque !» : si le second se sent tomber, il demande au premier de bloquer la corde : ainsi, il peut

se reposer sur la corde.«La rouge !» : si vous grimpez avec deux brins de 9 millimètres, la corde étant avalée, il se peut

très bien qu'il reste une boucle sur l'un des brins. Les brins ayant toujours des couleurs différentes, on indique la couleur du brin qui doit être égalisé. En disant : «La rouge !», on sous-entend : «Egalise la rouge !».

«Bout de corde !» : s'il n'y a plus de corde libre et que le grimpeur de tête n'a pas encore fait relais, le second l'avertit alors en criant «Bout de corde !». Il doit également avertir le premier lorsqu'il ne reste plus que quelques mètres de corde en criant : «Cinq mètres !», par exemple. S'il reste six mètres, il peut dire : «Six mètres, deux frois trois !», évitant ainsi la confusion phonétique possible entre «six» et «dix».

«Pierre !» : si vous faites tomber une pierre par inadvertance, vous devez aussitôt en avertir votre second en criant cet ordre.

Ne hurlez pas les ordres : ils doivent être prononcés clairement et à haute voix. Evitez les discours inutiles à distance, vous préserverez ainsi la tranquillité de la falaise et son silence, interrompu seulement par des ordres brefs.

d) Points d'assurageCe sont les différents points d'attache possibles au rocher.1. Les pitons. Dans les falaises, ils sont souvent scellés et donc à toute épreuve. Comme disait un

alpiniste célèbre à propos d'un piton non scellé mais très bon quand même : «Ce clou est capable de tenir une vache et son étable en sus.» Avant de grimper dans un lieu que vous ne connaissez pas, renseignez-vous sur l'état général de l'équipement en place.

2. Les coinceurs. Ce sont de petits cubes métalliques aux formes excentrées montés sur cordelettes ou sur câbles, que l'on coince dans les fissures. Le marteau est inutile et ils se posent aussi vite qu'ils s'enlèvent. Il en existe des jeux numérotés par ordre de tailles croissantes. Les très petits coinceurs (environ 2 millimètres d'épaisseur) sont de peu d'intérêt pour l'assurage dans les roches tendres. Leur emploi demande une grande expérience, mais la mise en place de sa propre protection apporte de grandes joies.

3. Les cordelettes et sangles. Si vous rencontrez un bracelet de rocher ou une lunule1, vous

1 Lunule : petit bracelet de rocher.

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pouvez placer un anneau (fig. 14). Ce type de protection évite la surabondance de pitons et laisse un peu d'initiative au grimpeur. Si la lunule est fine, placez la sangle le plus près possible de la base de la lunule. S'il y a déjà une cordelette en place, il vaut mieux en mettre une des vôtres, dans la mesure du possible. Les becquets rocheux sont des saillies de rocher sur lesquels on peut placer un anneau de sangle. La sangle est préférable à la cordelette car cette dernière roule et peut donc sortir de son emplacement, en particulier si le becquet est peu marqué.

2. L'UTILISATION DU MATÉRIEL : TRUCS ET CONSEILS

a) Les cordesII y a deux diamètres possibles : le 9 et le 11 millimètres.

— Le 9 millimètres : Vous devez impérativement l'utiliser en double (sur deux brins) ; 2X30 mètres est un peu juste, 2X35 mètres est correct, mais parfois insuffisant. La longueur classique est 2X40 mètres. Au-delà, ce sont des longueurs pour spécialistes, utilisées exceptionnellement. Le 9 millimètres en double permet de faire un «rappel», si c'est nécessaire. Il permet aussi d'éviter le «tirage» (cf. plus loin).

— Le 11 millimètres : On l'utilise en simple. Un peu moins sécurisant que le 9 millimètres, il offre un indéniable avantage de légèreté et de prix, à longueur efficace égale. Son inconvénient : les retraites peuvent être problématiques. Sur une paroi un peu haute, les inconditionnels du 11 millimètres s'assurent avec et emportent de surcroît un brin de 7 millimètres dont la solidité est bien suffisante pour faire un rappel, s'il y a lieu.

Conseils : évitez l'exposition des cordes au soleil, en particulier sur la lunette arrière d'une voiture. Les ultraviolets sont un facteur considérable d'usure des cordes en nylon. Dans le coffre d'une voiture, faites attention à l'acide d'une batterie. L'essentiel de la solidité d'une corde dépend de son âme (fig. 15) : si celle-ci est endommagée, il faut mettre la corde au rebut ou couper le morceau défectueux. Un accroc sur la gaine est moins grave si l'âme n'est pas atteinte.

Evitez d'employer votre corde de falaise pour l'assurage à Fontainebleau, car le sable qui entre dans la gaine abîme très vite la corde (les grains de sable provoquent des microcisaillements des fibres de nylon). Utilisez de préférence un vieux morceau de corde de 7 millimètres.

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b) Le casque

Certaines falaises dont la paroi est bien nettoyée ne nécessitent pas le port du casque, mais elles sont rares. Ne vous laissez pas abuser par les habitués d'un massif grimpant sans casque. Ce ne sont pas des imprudents, mais vous le seriez si vous tentiez de les imiter sans porter de casque. Le casque peut aussi vous protéger en cas de chute. Pour les porteurs de lunettes, on peut attacher ses lunettes au casque.

c) Le baudrierEvitez les baudriers trop lourds. Un baudrier doit être confortable. Pour tester son confort, il suffit

de se pendre sur le baudrier pendant un long moment : le port de certains baudriers, confortables pendant cinq minutes, devient très vite un supplice. Souvent, les baudriers sont munis de deux boucles métalliques à l'avant prévues pour un mousqueton à vis. Il ne faut pas s'encorder sur le mousqueton à vis, mais directement sur les boucles, voire pratiquer un double encordement. Le double encordement consiste à s'attacher avec la corde sur soi dans un premier temps, puis sur le baudrier.

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d) Le sac à craieSi un simple sac en papier suffit pour le bloc, ce n'est pas le cas pour la falaise. Le sac doit être

d'accès facile pour les deux mains, accroché devant, derrière ou sur les côtés du baudrier. Son entrée doit être assez large pour que la main puisse s'y glisser rapidement. Lestez le fond du sac avec des petits cailloux pour éviter qu'il ne se renverse et laisse sur la paroi de grandes taches blanches inesthétiques. On se sert de la craie pendant l'ascension. De prime abord, il peut sembler contradictoire de se fatiguer à se tenir sur une main pour se mettre de la craie sur l'autre, mais l'aspect psychologique de ce geste n'est pas négligeable. En effet, dans les débuts, on ne «craye» que dans les positions confortables, par la suite, le grimpeur se met de la craie même dans les passages difficiles, pour se convaincre qu'il est dans une position confortable. Cette sorte de réflexe conditionné l'emporte alors sur toute considération méca-niste. Un conseil : soufflez sur vos doigts après les avoir enduits de craie, vous laisserez moins de traces... Ecologie oblige !

e) Les sanglesEmportez toujours un jeu de sangles, vous pourrez les fixer d'avance sur les mousquetons, en

mettant l'ensemble sur un sus-pensoir (fig. 16). Pour le suspensoir, prenez une sangle large qui ne vous sciera pas le cou.

f) Les nœudsUn vieil adage d'escalade dit : «Sachez en faire peu, mais sachez bien les faire et en toute

situation.»Le choix d'un nœud dépend de plusieurs paramètres : la tenue, l'effet de cisaillement et le caractère

autobloquant. La tenue d'un nœud est le fait qu'il ne se desserre pas lorsqu'il est soumis à des petits mouvements. D'autre part, lors d'un choc, le nœud ne doit pas se défaire : un nœud autobloquant est un nœud dont la tenue est précisément renforcée en cas de choc. Au cours d'essais de rupture effectués sur les cordes, il a été montré qu'un nœud constitue un point faible sur la corde et que certains nœuds affectent plus la solidité de la corde que d'autres, cela par effet de cisaillement.

Quelques nœuds de base utilisés en escalade :— Le nœud de chaise (fig. 17) : c'est le nœud classiquement utilisé pour faire son encordement. C'est un

nœud autobloquant. — Le nœud en huit : c'est le nœud qui donne le moins d'effet de cisaillement sur la corde, car tous ses

angles sont doux.— Le cabestan : à utiliser pour les vaches, grande facilité de réglage.— Le nœud de sangle (fig. 18) : spécialement conçu pour les sangles, son principe étant d'éviter de faire

des plis. Faites un nœud simple avec un des bouts autour du deuxième, puis suivez le contour de ce premier nœud avec le deuxième bout.

— Le nœud de pêcheur (fig. 19) : utilisez-le pour les cordelettes.

g) Le frein ou plaquette (fig. 20)C'est un outil nécessaire aux techniques de l'assurage moderne ou «assurage dynamique». Il est

d'un prix modique, mais son utilisation demande de l'expérience. Malgré leurs formes différentes, tous les modèles remplissent la même fonction : astreindre la corde à décrire un coude masqué qui, associé aux frottements, suffit à enrayer une chute. Le frein est surtout nécessaire pour l'assurage du grimpeur de tête, et évite au second (l'assureur) de se brûler les mains. Il possède deux modes d'utilisation :

Premier cas : lors de la première longueur, le grimpeur qui assure est au sol ; il fixe le frein directement à son baudrier, après avoir passé la corde dedans.

Deuxième cas : à un relais, le second fixe la plaquette directement à un piton ; en cas de chute, c'est le piton qui encaisse la force de choc et non l'assureur. Le rôle de celui-ci est réduit à donner le mou au fur et à mesure et, en cas de chute du grimpeur de tête, à exercer sur la corde une légère tension qui se transforme en blocage grâce au frein.

h) Les mousquetonsOn les utilise par paires, le plus souvent en plaçant une sangle intermédiaire (fig. 21). Le

mousqueton placé près du piton demande une attention particulière qui doit devenir réflexe : le doigt du mousqueton ne doit pas toucher la paroi. La raison est la suivante : la résistance d'un mousqueton est de

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2000 kg, mais les essais étant faits avec le mousqueton fermé (un mousqueton ouvert a une résistance très diminuée), si le doigt du mousqueton est contre le rocher un choc risque d'ouvrir le doigt du mousqueton et celui-ci se brise sous le choc. Grâce aux sangles intermédiaires, vous éviterez le tirage, c'est-à-dire la résistance qu'offre la corde au grimpeur de tête. Cette résistance est non seulement due au poids de la corde, mais aussi à ses frottements sur les mousquetons à travers lesquels elle est passée. L'effet de ces frottements augmente considérablement si la corde décrit des zigzags (fig. 22). On évite zigzags et frottements (fig. 24)

grâce aux sangles intermédiaires.

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3. TECHNIQUES CORPORELLES

Toutes les techniques de bloc sont valables en falaise, mais les techniques de repos sont spécifiques à la falaise.

a) Le reposPar définition, c'est un endroit où le grimpeur n'est pas obligé d'utiliser ses mains. C'est le cas

d'une vire. Mais, avec de l'expérience et de l'astuce, on peut trouver des lâchers de mains en coinçant la tête, un pied, en faisant un grand écart, etc. De toute façon, il ne sert à rien de se passer de ses mains si l'on n'est pas capable, dans le même temps, de trouver la meilleure position pour récupérer rapidement ses forces.

b) Le demi-repos ou technique de l'alternanceLe problème est de récupérer ses forces (des avant-bras en particulier) dans un endroit où il est

impossible de se passer de ses mains. Cas typique : vous avez deux bonnes prises de main. Tenez-vous par une main et laissez retomber l'autre le long du corps, en la secouant, comme le font les athlètes avant le départ d'une course. Puis changez de main et répétez l'opération jusqu'à ce que vos avant-bras soient «défatigués», selon un principe physiologique assez simple : durant l'escalade, les bras sont tendus vers le haut, donc mal irrigués par le sang. En les laissant retomber, vous permettez au sang d'affluer de nouveau. C'est précisément cet afflux de sang que recherchent les coureurs à pied quand ils agitent leurs membres.

Vous pouvez aussi utiliser cette technique pour les pieds. Lorsque vos mollets deviennent durs, reposez le poids de votre corps sur chaque pied alternativement. La technique d'alternance demande une certaine pratique pour choisir quand l'utiliser, combien de temps, et l'intervalle de temps entre chaque changement de main ou de pied. N'oubliez pas que, si vous faites de l'alternance de bras trop longtemps, vous risquez de fatiguer une autre partie de votre corps, les pieds, par exemple.

c) ConseilSi vous ne connaissez pas la difficulté exacte d'une voie, ou l'emplacement des difficultés,

conservez toujours le maximum de forces, profitez des repos, grimpez à un rythme lent, soyez toujours vigilant pour trouver de bonnes prises ou une bonne position de repos. A l'attaque d'une voie, le grimpeur a tout loisir de repérer la ligne d'ascension à suivre et d'estimer les difficultés. Cette estimation est évidemment grossière, mais elle permet de repérer des vires ou une ligne de prises. La «vision de loin» permet de découper la voie en séquences, mais seule la vision rapprochée (pendant l'escalade) permet d'anticiper la technique de chaque séquence.

d) Types d'escaladeEn falaise, la roche offre parfois des structures typiques qui font appel à un même genre de

mouvements.— Dièdre : deux pans de rocher à angle droit en concavité, l'angle pouvant être inférieur à 90° (dièdre

fermé) ou supérieur à 90° (dièdre ouvert, parfois appelé «livre ouvert»). Abordez-le les pieds écartés, avec des appuis pour les mains. Ne vous collez pas dans le fond du dièdre. Si un seul pan du dièdre présente des prises, progressez en adhérence et en appui du côté lisse, utilisez les prises de l'autre côté.

— Dalle : un pan de rocher globalement uniforme, de raideur moyenne (environ 85°). Cherchez les positions en écart. Si la dalle est couchée, décollez-vous du rocher.

— Mur : dalle verticale, ou presque. Cherchez les assises de pieds et collez-vous au maximum à la paroi.— Surplomb : avancée de rocher qui peut aller jusqu'à l'horizontale (dans ce cas, il s'agit d'un «toit»).

Cambrez les reins : vous retarderez ainsi le moment où vous serez pendu par les bras. Gardez dans la mesure du possible le contact avec le rocher, n'hésitez pas à faire des mouvements acrobatiques.

— Eperon : le contraire du dièdre. Lorsqu'il est peu marqué, on l'appelle «pilier». Faites beaucoup de mouvements avec les pieds en clé. Cherchez systématiquement des oppositions.

— Cheminée : deux pans du rocher parallèles (correspondant aussi à une fissure très large). Grimpez en opposition. L'escalade en est possible, même si les deux pans sont lisses. Si la cheminée est étroite, n'ayez pas le mauvais réflexe, classique chez les débutants, d'élever les mains : gardez au contraire les mains basses, en supination, avec les paumes en adhérence, les coudes ou les épaules s'appuyant

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derrière.— Fissure large (fig. 23) : la règle de base est de garder le plus souvent les mains vers le bas, paumes

ouvertes plaquées sur le rocher, en jouant des épaules sur la face arrière. Le mauvais réflexe de tous les débutants consiste à monter les mains à la recherche de prises. La progression se fait par blocage alternatif entre «paumes et épaules» et «pieds, genoux et fesses». Le rythme est important et il faut

constamment s'observer et agir analytiquement, pour parvenir à une coordination des mouvements qui n'est pas du tout naturelle.

4. LA CHUTE (OU VOL)

Traditionnellement, le vol était considéré comme un accident. Il est certain qu'en montagne il ne

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doit pas être considéré comme un incident, alors qu'en falaise les grimpeurs actuels tendent à le considérer comme tel.

Lorsqu'une cordée maîtrise parfaitement ses techniques d'assurage, une chute dans le vide (par opposition à une chute où le grimpeur touche le rocher) est sans gravité, à condition que celui qui tombe soit suffisamment décontracté pendant sa chute et au moment du choc en bout de corde.

En effet, mécaniquement, le vol est la conjugaison de deux principes. La chute est amortie, premièrement par l'élasticité de la corde, deuxièmement par l'assurage dynamique (le partenaire laisse filer un peu la corde). Le calcul de la force de choc se mesure donc en fonction de la hauteur de chute et de la longueur de corde déployée.

Les chocs les plus violents ne sont pas ceux que l'on croit. La violence du choc ne dépend pas directement de la hauteur de la chute. Le choc le plus violent a lieu quand la corde n'est pas mous-quetonnée et que le grimpeur tombe avec l'assurage direct au relais. Dans ce cas de figure, une chute de 2 mètres seulement est beaucoup plus violente qu'une chute de 20 mètres avec un point d'assurage à 5 mètres du relais, par exemple. En effet, l'énergie du choc est absorbée par la longueur de corde déployée entre le premier et le second grimpeur. Plus cette distance est importante, mieux le choc est absorbé.

SÉCURITÉ ET PRUDENCE

En falaise, les règles de sécurité qui suivent sont vitales et véritablement intégrées chez le bon grimpeur. Le débutant, lui, devra toujours les avoir présentes à l'esprit. Les règles de prudence sont d'application plus lâche, mais ne doivent pas être oubliées pour autant.

a) Règles de sécurité1. Ne jamais s'encorder sur le mousqueton du baudrier.2. Le second doit toujours attendre que le premier ait dit : «Vaché !» pour relâcher son attention.3. Vérifiez votre encordement.4. Ayez toujours au moins deux points d'assurance pour faire un relais.5. Si vous ne connaissez pas encore la personne qui vous assure, vérifiez sa façon d'assurer.

b) Règles de prudence1. Vérifiez l'usure de votre matériel.2. Prenez l'habitude de porter un casque le plus souvent possible.3. Un «topo» peut être périmé : renseignez-vous sur la qualité de l'équipement en place et les

modifications de cet équipement.4. On ne choisit pas un compagnon de cordée à la hâte : si vous ne connaissez pas les capacités

de votre compagnon, commencez par des voies de moindre difficulté.5. Au cours de l'ascension, en tête, essayez d'estimer les conséquences d'une chute (présence

d'une vire, hauteur potentielle de chute, etc.).6. Si vous faites une voie en traversée, grimpez avec un second de la même force, car, en

traversée, il ne bénéficie pas d'une assurance vers le haut.

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III. L'ENTRAINEMENT

L'escalade étant un sport de liberté, les grimpeurs ont du mal à s'astreindre à un entraînement régulier. On les entend souvent dire : «Le meilleur entraînement à l'escalade, c'est l'escalade.» Encore faut-il avoir la possibilité de grimper de façon régulière : en France, peu de gens disposent réellement de temps libre et, si l'on n'est pas enseignant, le travail ne vous laisse que le week-end pour grimper.

Lorsque cela est possible, il vaut mieux grimper deux jours séparés par semaine que deux jours consécutifs. En effet, lors d'un week-end, après le premier jour, vous avez les «bouteilles» et le lendemain devient une journée d'escalade sans progrès et sans vitalité, qui procure moins de plaisir. Pour ceux qui n'ont pas la possibilité de faire autrement, ménagez-vous le premier jour et profitez à fond du deuxième.

Si vous avez un emploi du temps réellement défavorable, voici quelques éléments d'entraînement qui vous permettront de garder la forme en escalade, et même de réaliser des progrès.

L'entraînement pour l'escalade, à la différence de celui relatif à beaucoup de sports, n'a pas encore fait l'objet d'une recherche scientifique rigoureuse. Néanmoins, une partie des résultats obtenus et démontrés scientifiquement par les entraîneurs des autres disciplines peut être utilisée. On peut classer en trois catégories les qualités que l'entraînement est susceptible de développer : la souplesse, l'équilibre, la force.

1. LA SOUPLESSE

C'est essentiellement celle du bassin et des jambes qu'il convient de développer. Pour les épaules, il faut seulement veiller à ne pas avoir les muscles trop noués («ailes de poulets»), à part cela, aucune souplesse particulière n'est nécessaire.

a) Travail d'entretienPlacez-vous en écart moyen et fléchissez alternativement sur chaque jambe en gardant les pieds à

plat.Autre exercice : placez-vous en tailleur avec les plantes de pied l'une contre l'autre, et appuyez sur

les genoux pour les amener au sol. Vous pouvez aussi faire des fentes avant en forçant un peu sur la fin du mouvement. Au cours de tous ces exercices, tâchez de garder le dos droit, au niveau des vertèbres lombaires en particulier.

b) Exercices spécifiquesLes exercices d'entretien constituent un bon échauffement. Leur but est de révéler à chaque

individu sa souplesse potentielle et de la maintenir à un niveau convenable. Les exercices spéciaux vont plus loin et doivent être pratiqués avec précision, pour que la pratique de votre sport favori ne soit cause ni de lésions ni d'échecs. Le but est de faire un grand écart facial, une première étape consistant à produire un grand écart en fente, qui est plus facile.

Placez-vous au maximum de votre écart du moment avec le pied arrière portant à l'envers (pas d'orteils retournés) et le dos bien droit. A partir de cette position, laissez-vous descendre par votre propre poids. Vous ressentirez alors une douleur qui est normale et nécessaire : respirez et décontractez-vous au maximum. Au bout de 20 secondes, arrêtez-vous et dégourdissez-vous les jambes pendant une minute. En un quart d'heure, vous ferez donc une série de dix stations de 20 secondes espacées d'une minute. A raison d'une série par jour, vous réussirez le grand écart en quelques mois. L'assiduité et la régularité sont essentielles. N'utilisez pas de charge, sinon vous risquez de vous blesser, le poids du corps est suffisant et vous garantit contre les lésions. Par ailleurs, cet exercice est un excellent «inducteur de sommeil» : pratiqué le soir, il vous assure une bonne nuit de repos.

Cette méthode, que l'on pourrait appeler «de courtes stations statiques (éventuellement douloureuses) séparées par un repos» est applicable à toutes les positions de recherche de souplesse citées dans les exercices d'entretien.

D'une façon générale, l'assouplissement du bassin ne doit pas se faire sur les capsules articulaires des têtes de fémur. Il doit porter sur les muscles des cuisses en les allongeant, les adducteurs (face interne de la cuisse) en particulier. C'est sur ces muscles que se localise la douleur, lors des exercices spéciaux. Il

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faut se méfier par ailleurs des compensations par les genoux. Le genou est une articulation sensible qui peut difficilement s'assouplir, contrairement aux hanches.

2. L'ÉQUILIBRE

L'équilibre est une qualtié essentielle pour pratiquer l'escalade au niveau supérieur. Pour vous donner un ordre d'idées, essayez de marcher sur une corde non tendue placée entre deux arbres, très près du sol : c'est un exercice sans danger que très peu de gens arrivent à faire. Et bien, sachez qu'un grimpeur de haut niveau réussira au bout d'une demi-heure, même s'il n'a jamais pratiqué l'exercice auparavant !

a) La cordeUne simple corde tendue entre deux arbres permet d'effectuer de nombreux exercices. Voici une

gamme de jeux possibles, par ordre de difficulté croissante, mais n'oubliez pas, avant de commencer, de bien vous échauffer les muscles des jambes !

Premier temps : la corde bien tendue, essayez de tenir debout sans marcher et près d'une extrémité de la corde (la tension y est meilleure). Gardez une position fléchie. Pour rattraper une perte d'équilibre, fléchissez les jambes.

Deuxième temps : même chose avec la corde moins tendue, puis en vous rapprochant du milieu, ce qui est plus difficile.

Troisième temps : avec la corde tendue, gardez l'équilibre sur place, faites un pas et retrouvez votre équilibre. Puis avec la corde moins tendue.

Quatrième temps : enchaînez les différents mouvements.Mais ce n'est pas tout : vous pouvez affiner encore cet exercice en faisant des demi-tours, en vous

allongeant et en vous relevant, etc. Aux Etats-Unis, dans le parc national de Yosemite, dans un des camps qui est réservé aux grimpeurs, ceux-ci ont aménagé des agrès pour s'entraîner, en particulier ils ont placé une chaîne entre deux arbres, le clou étant d'arriver à marcher dessus à deux personnes et à se croiser au milieu, une performance réellement impressionnante...

b) Autres exercicesUn haltère posé sur le sol, essayez de tenir debout dessus, puis de faire un demi-tour : c'est plus

agréable que de le soulever, mais pas facile. Posez une planche sur un ballon et essayez de tenir dessus. Tous ces exercices aiguisent votre sens de l'équilibre. Les sensations cinesthésiques sont perçues au niveau du plexus, un déséquilibre provoquant une sorte de pincement.

LE VERTIGEC'est un phénomène médicalement défini comme un dérèglement de l'oreille interne qui amène des

pertes d'équilibre. D'apparition rarissime (environ un cas sur dix mille), beaucoup le confondent avec une peur intense du vide dont les manifestations psychosomatiques peuvent s'apparenter à celles du vertige (nausées, sueurs froides, etc.). D'où l'avantage de commencer par l'escalade en bloc, qui laisse la possibilité de sauter à tout moment sur du sable, d'une faible hauteur.

Un conseil et un principeDans un premier stade, développez votre équilibre pur statique-ment, la deuxième étape consistant

à produire des exercices associant un effort musculaire et une recherche d'équilibre. Ce deuxième type d'exercices est plus difficile car l'effort musculaire altère les sensations cinesthésiques. Un exemple typique en est donné par l'exercice du verre (voir plus loin).

3. LA FORCE

II ne faut pas confondre force, puissance, vitesse et volume musculaire. C'est surtout au niveau des exercices spéciaux que l'on doit faire le distinguo.

a) EntretienTout d'abord, il convient d'observer une hygiène musculaire générale en faisant un peu de jogging.

Le souffle, qu'amélioré le jogging, n'apporte pas une meilleure efficacité dans l'escalade, mais il facilite

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grandement la récupération, que ce soit entre deux blocs ou dans un demi-repos en falaise. Quelques exercices classiques d'abdominaux sont nécessaires à un programme d'entretien. Toujours dans l'idée d'un bon entretien, vous pouvez faire quelques petits exercices pas trop difficiles, qui sont à la fois spécifiques à l'escalade et moins «desséchants» que des séries de tractions à la barre fixe.

Relever sur une jambePouvoir se relever sur une jambe est une nécessité absolue pour goûter à l'escalade. Descendre sur

une jambe avec le pied à plat, la fesse collée au talon, l'autre jambe finissant tendue à l'horizontale, puis se relever en essayant aussi de garder son équilibre. Une femme gardera le pied au sol relevé car, sinon, sa morphologie du bassin lui rendra souvent impossible le mouvement : elle tombe en arrière quand elle est assise sur le talon. Pour ceux qui n'y parviennent pas, ils peuvent au début s'aider d'un léger appui, puis s'en passer petit à petit.

L'exercice du verreC'est une variante corsée du relever de jambe. Prenez un verre de table épais ordinaire (ou une

pièce de bois de même forme) que vous poserez par terre, à l'envers. Montez dessus avec un pied (une première difficulté surgit : il faut tenir en équilibre), faites ensuite un relever de jambe comme décrit ci-dessus. C'est un exercice qui marie effort et équilibre. L'effort est plus grand car la surface de sustentation est plus réduite et donc le mollet travaille en plus de la cuisse.

Lever de jambeLevez une jambe repliée, avec lenteur et le plus haut possible, puis dépliez-la sans redescendre.

Arriver à déplier sa jambe à l'horizontale et à la maintenir dans cette position constitue déjà une bonne performance, si vous avez gardé le corps à peu près droit.

b) A un niveau supérieurPour les jambes, on peut faire des relevers de jambes sur des surfaces de sustentation de plus en

plus réduites et faire des levers de jambes statiques de plus en plus haut, en alliant alors force et souplesse. Les abdominaux sont supposés soutenir facilement une équerre, mais rien de plus. Il est inutile de développer une superpuissance des abdominaux car l'escaladeur n'a que son propre poids à soutenir. Les choses changent radicalement sur la musculature supérieure, le but d'un grimpeur de haut niveau étant de réaliser ou d'approcher la traction d'un seul bras, la planche, la croix de fer, mais heureusement sans le souci esthétique du gymnaste, souci qui rendrait la performance trop difficile.

La traction d'un seul brasSelon certaines statistiques, une personne sur cent mille seulement peut se tracter naturellement

sur un bras. Une méthode inspirée de l'interval-training consiste à faire des tractions sur un bras avec une légère aide de l'autre bras, en les faisant une par une, avec 30 secondes de repos entre chaque. On diminue cette aide petit à petit, on fait ainsi un travail submaximal. Cette méthode est autrement efficace que les séries répétées de tractions, et beaucoup plus agréable ; par définition, on peut pratiquer l'exercice indéfiniment car le muscle récupère toujours, sans se charger d'acide lactique. Faites vingt ou trente tractions de cette sorte, et ce, trois jours par semaine : des résultats se feront sentir au bout d'un mois si l'exercice est fait régulièrement.

On peut associer cette méthode avec le principe d'«action positive», découvert il y a une dizaine d'années. Dans tout exercice, il y a une action positive (la traction) et une action négative (la descente). Le principe consiste à supprimer la phase d'action négative. L'expérience a été faite sur des grimpers de corde ; les athlètes montaient à la corde lisse (action positive), puis redescendaient par un escalier aménagé à cet effet (suppression de l'action négative des bras). On peut adapter ce procédé à la traction d'un bras en plaçant un tabouret à côté de soi ; dès la traction achevée, on monte sur le tabouret et on redescend par la force des jambes.

L'ESCALADE CHEZ SOIPour les bricoleurs, si votre logement le permet, vous pouvez installer un mur d'escalade à

domicile pour un coût modique. Fixez sur un mur une grande planche de contre-plaqué (environ 1,5 centimètre d'épaisseur) de 2x2,5 mètres, et clouez dessus des tasseaux de bois que vous ajouterez au fur et à mesure de vos besoins et de vos idées. Pour reconstituer les grattons, clouez des petites plaquettes métalliques dont l'épaisseur tient lieu de prises. Vous pouvez tailler en creux le contre-plaqué lui-même avec un ciseau à bois.

Vous pouvez aussi pratiquer des prises inversées en taillant dans la partie inférieure d'un tasseau.En Angleterre, il existe 500 murs d'escalade publics dans des gymnases et des universités. Ces

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murs permettent de s'entraîner régulièrement sans être tributaire des conditions atmosphériques. On cite le cas de John Sirett qui n'avait jamais mis les pieds en falaise mais s'entraînait depuis deux ans sur un mur. Sur l'insistance de ses amis, il vint en falaise : 'six mois plus tard, il ouvrait des itinéraires extrêmement difficiles en solo.

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ANNEXE 1 LA COTATION DES DIFFICULTÉS

Une échelle numérique permet d'évaluer la difficulté d'un passage ou d'un itinéraire d'escalade. L'appréciation d'une difficulté est très subjective. La cotation est en général le produit de plusieurs avis. En France, on utilise pour la falaise l'échelle de Welzen-bach, ouverte vers le haut :

I : presque de la marche.II : peu difficile.III : on utilise les deux mains.IV : assez difficile (subdivisé en —IV, IV et IV + ).V : difficile (subdivisé en —V, V et V + )

Au-delà, on utilise les notations 6 a, 6 b, 6 c, 7 a, 7 b, 7c. On peut considérer qu'à partir du IV, un minimum de technique est nécessaire ; jusqu'au V, la technique peut compenser des lacunes physiques, mais à partir du V + un minimum de force est parfois nécessaire. Dans les degrés supérieurs, c'est soit la force, soit une technique très raffinée, soit les deux, qui interviennent. Le 7 a se fait actuellement sans connaissance préalable du passage (ce qui n'était pas le cas en 1979). Les niveaux 7 b et 7 c nécessitent encore une connaissance préalable, ce sont des passages dans le genre passage de bloc qui demandent parfois des essais répétés qui se terminent par autant de chutes répétées.

En plus de la cotation des passages, il existe des cotations pour évaluer la difficulté d'ensemble :F : facile.PD : peu difficile.AD : assez difficile.D : difficile.TD : très difficile. ED : extrêmement difficile.

Du fait de l'évolution rapide de l'escalade, une ED a été divisée en E1, E2, E3, E4, E5... Cette qualification intègre à la fois la difficulté du passage, l'exposition et la continuité.

En bloc, la cotation est encore plus subjective qu'en falaise. La difficulté d'un circuit est caractérisée par sa couleur :

Jaune : PD Vert : AD Bleu : D Rouge : TD Blanc ou noir : EDOn ne peut pas vraiment faire de comparaison entre les cotations de falaise et de bloc. Les

passages de falaise sont intrinsèquement moins durs que ceux de bloc mais, dans un passage de falaise, il faut bien tenir compte des paramètres d'exposition, de continuité, de nonconnaissance du passage, etc. On peut dire qu'un 6a de falaise équivaut à un 4 en bloc, mais la comparaison n'est pas systématiquement possible. En bloc, les rochers les plus durs ne figurent pas dans un circuit et sont parfois indiqués par un petit triangle ; leur difficulté est telle que l'on a souvent intérêt, même si l'on est très fort, à chercher quelques tuyaux. Les circuits sont parfois formés de flèches successives — le jeu consistant à poser le pied par terre le moins souvent possible —, parfois d'une succession de numéros (environ quarante) avec des points de liaison. Lorsque l'on enchaîne d'entrée un circuit que l'on ne connaît pas, on peut considérer que l'on domine cette difficulté.

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ANNEXE 2 LES ÉCOLES DE BLOC

Dans l'absolu, la France ne possède que deux vraies «écoles de bloc», mais il en existe une multitude d'autres qui, si elles sont plus restreintes, peuvent présenter un réel intérêt pour celui qui approfondit les problèmes.

FONTAINEBLEAUOn désigne sous ce nom l'ensemble de tous les affleurements gréseux de la forêt domaniale de

Fontainebleau (60 km de Paris) et de ses alentours. On le divise en trois groupes principaux :Zone Barbizon : comprenant Apremont, Franchard, Cuvier, Rocher-Canon ;Les Trois-Pignons ;La zone de la Dame-Jeanne : Eléphant, Manoury, Dame-Jeanne.La zone de Barbizon possède des rochers plutôt en bossettes, avec des sorties rondes et sans

prises. Celle des Trois-Pignons offre des escalades au caractère plus athlétique avec des grattons. Désormais interdite aux voitures et autres véhicules à moteur, cette zone propose un calme que l'on ne trouve nulle part ailleurs. La Dame-Jeanne, le plus haut rocher de Fontainebleau (15 mètres), mais pas le plus dur évidemment, est, comme les rochers qui l'entourent, fait d'un grès un peu plus tendre. Dans cette zone, on rencontre souvent des voies surplombantes avec des grosses prises.

Au total, Fontainebleau compte 150 circuits et plusieurs milliers de voies, du bas de l'échelle jusqu'au haut de la gamme.

GUEBERSCHWIHRC'est la seule école comprenant des circuits fléchés comme à Fontainebleau. Située à 15

kilomètres de Colmar. Les blocs sont cadrés dans la forêt dominant les vignes, dans un style très athlétique. De très beaux rochers de grès rosé agrémentés de petits galets noirs enchâssés. De belles fissures, comme il en manque à Fontainebleau.

Il existe de nombreuses écoles secondaires : celle du col des Grands-Montets, à Chamonix, où s'entraînent les montagnards, Iseron près de Lyon, ou la «Carrière» à Grenoble.

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ANNEXE 3 OU ESCALADER ?

EN FRANCEOn peut diviser les falaises en deux catégories. Tout d'abord, les petites falaises individuelles dont

l'équipement est très souvent contrôlé par les habitués. Et les groupes de falaises qui, eux, contiennent trop de voies pour permettre ce contrôle. Pour y pratiquer l'escalade, il vaut mieux un peu plus d'expérience car le terrain est souvent plus sauvage ; par contre, on y trouve un plus grand nombre de voies faciles.

A) LES FALAISES1. Le Saussois : une des plus fameuses falaises du Nord, avec ses mythes et ses légendes, à

environ 200 km de Paris. Carte Michelin n° 65. A 30 km d'Auxerre, prendre la N 6, puis la D 100 à l'embranchement de Bazarnes. Les rochers sont situés sur la commune de Merry-sur-Yonne, sur la rive droite de l'Yonne. Par le train, arrêt à Châtel-Censoir (5 km du massif). Rocher calcaire. Environ 250 itinéraires (45-50 m)

2. Surgy : située aussi dans la vallée de l'Yonne, à 15 km du Saussois, à 1 km de la commune de Surgy. Equipement scellé de bonne qualité. Roche calcaire. Environ 100 itinéraires (30-35 m).

3. Saffres : falaise de calcaire gris très fréquentée. Voies de tous niveaux. Environ 200 voies. 270 km de Paris par la N 5. Saffres est située à 4 km de Vitteaux et 40 km de Dijon. Un service de cars permet d'atteindre Vitteaux (35 m).

4. Cormot : magnifique falaise dans un cadre bucolique. 315 km de Paris et 60 km de Dijon. Atteindre Nolay, puis Cormot-le-Petit. Calcaire jaune fissuré, escalade en dalle fameuse. Tout cela dans le pays du vin. Hauteur moyenne 35-40 m, une centaine de voies.

5. Fixin : 9 km de Dijon. Son rocher rappelle celui des Calanques (hauteur moyenne 25-30 m). Sur la D 122, dite route des Grands-Crus. Commune de Fixin. Site très agréable, environ 80 itinéraires répertoriés.

6. Vallée de l'Anglin (carte Michelin n° 68) : 50 km à l'est de Poitiers, se trouve sur la commune d'Angles-sur-l'Anglin, 4 km au sud-est en suivant le cours de l'Anglin. On trouve deux falaises, la «Guignoterie» et la Dube... Aspect impressionnant offrant néanmoins des passages de tous niveaux. Calcaire blanc à trous, dur en surface et tendre à l'intérieur. Equipement en place correct.

7. Beauvoir : petite école d'escalade pleine de personnalité, 8 km à l'ouest de Poitiers, topo édité par le C.A.F. de Poitiers.

8. Saint-Jeannet : on y grimpe toute l'année, 20 km au nord de Nice. De Nice, on passe par Saint-Laurent-du-Var, puis on arrive à la commune de Saint-Jeannet dominée par sa falaise qui présente deux aspects : d'une part, une grande face de 200 m avec des voies de tous niveaux, d'autre part, un autre versant formé de ressauts successifs dans chacun desquels se trouvent des voies de 30 à 40 m. Un petit chemin permet de passer d'un ressaut à l'autre. Calcaire gris, escalade très variée.

9. Buis-les-Baronnies : depuis Orange, prendre à l'est Vaison, puis Buis-les-Baronnies. Grande falaise de 150 m. Le port du casque est impérativement conseillé. Equipement moyen, assurage sur coinceurs conseillé en complément.

10. Buoux : falaise située dans la merveilleuse vallée du Luberon. Depuis Apt, après la combe de Lourmarin, dépasser l'intersection du CD 36 allant à Bounieux sur 2,5 km, et prendre le CD 113 pour Buoux (réf. carte Michelin n° 81, pli n° 14). Roche calcaire compacte ciselée. On distingue deux groupes principaux : la petite falaise, dite des Confines (environ 30 m) et la grande falaise de l'Aiguebrun (jusqu'à 150 m).

11. Pic Saint-Loup (carte Michelin n° 83, pli n° 7) : environ 30 km de Montpellier. On y grimpe toute l'année, seul le vent d'hiver rend l'escalade pénible. Equipement moyen.

12. Le Salève : c'est à côté de ce massif, situé à 5 km de Genève, en territoire français, que se trouve le rocher dont le nom a servi à désigner l'escalade en bloc (varappe).La falaise du Salève est très développée par les grimpeurs suisses. Les voies atteignent jusqu'à 150 m. Equipement de qualité dans la plupart d'entre elles (carte Michelin n° 23, pli n° 11). La falaise est située juste au-dessus de Collonges-sous-Salève.

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13. La Fosse-Arthour (carte Michelin n° 59, pII no 10) : école modeste. Un grès armoricain très compact. Hauteur 25 m. Situé sur la D90, entre Barenton et Domfront, sur la commune de Saint-Georges-de-Rouelley.

14. Mortain (carte Michelin no 59, pli no 9) : située à 15 km de la Fosse-Arthour. Falaise en plein essor, en dépit de son potentiel réduit : les voies y sont nombreuses et variées.

15. Connelles : on remonte la Seine de Paris puis, après Les Andelys, se trouve la falaise de Connelles, à 15 km. De nombreuses voies dans un calcaire très blanc (de la craie, en fait) où sont enchâssés des silex qui fournissent de bonnes prises.

16. La Rocque : la tradition en a fait une falaise où toutes les voies sont très dures et très exposées. Le rocher est de même nature que celui de Connelles, mais l'escalade y est beaucoup plus difficile.

17. Vertu : située à 20 km au sud d'Epernay, la falaise de Vertu est une modeste école aux prises multiples modelées de façon éolienne, offrant de magnifiques «poignées de métro», comme on n'en trouve nulle part ailleurs. On peut associer sa visite à celle de Grauves, à mi-chemin entre Vertu et Epernay.

18. Freyr : 5 km au sud de Dinant (240 km de Paris). Falaises dominant la Meuse, le massif de Freyr possède une longue tradition d'escalade.

19. Luxembourg : à 40 km de Luxembourg, sur la E42, se trouve Echternach ; Berdof est à 4 km d'Echternach, cachée dans la forêt. C'est une des rares falaises en grès, comme celui de Fontainebleau. Située dans le cadre très romantique d'une forêt de grands arbres parcourue par des touristes calmes. Rocher ciselé offrant des voies très dures et des voies faciles.

20. Martinswand : une des seules falaises de granit située au col de la Schlucht, près du Honneck. Hauteur moyenne 70 m. Escalade souvent athlétique, néanmoins la falaise contient des voies en dalles qui demandent de la finesse.

B) LES GRANDES RÉGIONS

Les CalanquesDe nombreux topos existent, chacun décrivant une ou plusieurs calanques de Marseille. Totalisant

des milliers de voies, les Calanques font partie des sites les plus fameux d'escalade D'accès presque immédiat de Marseille, le Parisien, lui, y organisera un séjour d'une semaine. Le seul impératif climatique, en dehors de la pluie, est le mistral qui, lorsqu'il est fort, a une fâcheuse tendance à vous faire jouer le rôle d'un cerf-volant au bout de la corde de votre second de cordée. Les calanques les plus fameuses : La Grande Candelle, Anvau, les Goudes.

Le VercorsSes voies sont à mi-chemin entre la montagne et la falaise, mais, par beau temps, on peut les

considérer comme des voies de hautes falaises (200 m). Le massif le plus développé est celui de Presles, d'une hauteur moyenne de 200 m, comportant maintenant une centaine de voies, et toujours en plein essor. L'équipement en place est parfois à compléter par des coinceurs.

Le VerdonConnues dans le monde entier par les grimpeurs, les gorges du Verdon offrent des falaises d'une

raideur impressionnante qui présentent une profusion de fissures et de prises permettant de progresser dans un terrain très raide. Les 300 voies répertoriées sont réparties sur plusieurs massifs principaux : l'Esculès, l'Imbut et les Mali-nes. Elles sont toutes disposées le long du cours du Verdon. L'assu-rage naturel sur coinceurs constitue l'essentiel de l'assurance. On s'émerveille aussi de voir pousser en pleine paroi verticale des petits résineux appelés baragnes, qui offrent de bons points d'assurance et des prises à toute épreuve. De par sa hauteur (200 à 300 m), on considère le Verdon comme une «haute falaise».

Le Puy-de-DômeLes alentours de Clermont-Ferrand renferment de nombreuses petites falaises, chacune de

potentiel assez modeste, mais qui, réunies, constituent un réel centre d'intérêt pour l'escalade (carte touristique IGN no 50, Saint-Etienne - Le Puy).

Voici les voies d'accès au départ de Clermont-Ferrand :1. Ceyrat : 7 km au sud de Clermont-Ferrand, RN 89. Traverser Ceyrat. Avant le pont, premier

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chemin à droite, la carrière est à 100 m (grand parking après le pont, arrêt d'autobus). Arêtes, plaques, adhérence (hauteur 15 m, granité).

2. Bolsséjour : 6 km au sud de Clermont-Ferrand. RN 89, Boissé-jour. Suivre D 21 E sur 2 km. Petit parking. Le rocher est à gauche, de l'autre côté du ruisseau. Fissures, cheminées, plaques ; adhérence, escalade artificielle (hauteur 25 m, granité à gros grains).

3. Enval : 20 km au nord Riom-Mozac-Enval. D 15 direction Châ-tel-Guyon. Parking à 2 km. Avant le pont, sentier à gauche, le long du ruisseau, jusqu'à la cascade. Rochers à droite, hauteur 25 m. Plaques, fissures, cheminées, arêtes (granité). Rocher délicat.

4. Rivalet : 40 km au sud. Route d'Issoire-Champeix. Route de Saint-Nectaire, 6 km. Le Rivalet. 2 km. Petit parking à droite, continuer quelques mètres, à droite sentier, éboulis, belle arête, dièdres, ^ plaques (hauteur 40 m, granité).

5. Roche-Tuilière : 40 km au sud-ouest, RN 141 A, 19 km. Les ' 4-Routes. RN89, 14 km. Rochefort-Montagne. Route du Guéry D 80, 7 km. A droite, transformateur, chemin carrossable par La Malviale (abri). Parking. Continuer chemin de terre, même direction (piste du Guéry n° 3). Ne pas prendre le sentier à gauche qui mène au sommet. Marcher 200 m. La piste emprunte un chemin à gauche, le suivre pendant 40 m, ensuite prendre à gauche, traces de sentier. La paroi est à 100 m (face sud-est). Belle arête, plaques, surplombs, fissures. Hauteur totale : 150 m. Longueur moyenne des voies : 50 m. Rocher délicat (phonolithe).

6. Vallée de Chaudefour : 50 km au sud-ouest (réserve naturelle, site protégé), RN 89, 20 km. Col de la Ventouse, D 5, 17 km. Lac Chambon, 3 km Chambon-sur-Lac, D 36 E, 6 km. Puis route du Mont-Doré, sur 1 km. Enfin, chemin carrossable jusqu'aux chalets Sainte-Anne (maisons abandonnées, abri possible). Parking. Une demi-heure : La Rancune, face ouest 50 m, face sud 90 m ; une heure et demie : Le Moine 50 m (rocher délicat). Autres rochers : crête de Coq, Le Graton, la pointe Stofer, le Grand Dièdre du Chapial, la l cheminée du Dôme (Trachy-Andesite).

C) ESCALADE A L'ÉTRANGER

La joie que l'on tire de l'escalade ne vient pas seulement de soi, mais également du terrain sur lequel on la pratique. Ainsi parle-t-on de belles escalades ici ou là. Chaque pays recèle ses propres joyaux. L Allemagne, l'Italie, le Luxembourg, la Belgique, la Suisse, l'Espagne, méritent qu'on les visite. Mais c'est l'Angleterre qui devance tous les autres pays par la qualité et la quantité des escalades. Véritables mosaïques géologiques du point de vue extérieur, certaines côtes anglaises contiennent jusqu'à quatre types de roches différentes sur quelques kilomètres. Un grand principe valable outre-Manche : partout où il y a un rocher, il y a une escalade ! Toute la côte anglaise est donc à visiter, mais l'intérieur des terres aussi. Les régions principales sont le Pays de Galles, près de Llan-beris, avec la fameuse falaise de Clogwyn dur Arddu (calembour facile), située près du Snowdown ; le «Peak District», à l'est de Manchester, qui comporte plus de 150 affleurements rocheux de 25 m de haut en moyenne, et dont certains font 4 km de long, soit des milliers d'escalades en tout genre. Troisième haut lieu : le «Lake District», aux parois plus hautes en général, avec des dizaines de falaises en bon rocher, dont certaines encore inexploitées.

LES ASSOCIATIONS D'ESCALADE

Club Alpin Français (C.A.F.)9, rue de la Boétie - 75008 Paris Groupe de Haute Montagne (G.H.M.)7, rue de la Boétie - 75008 Paris Touring-Club de France (T.C.F.), Groupe de Montagne65, avenue de la Grande-Armée - 75016 Paris Chalet Internationaux de Haute Montagne (C.I.H.M.)15, rue Gay-Lussac - 75005 Paris Union des Centres Sportifs de Plein Air (U.C.P.A.)62, rue de la Glacière - 75013 Paris Groupe Universitaire de Montagne et de Ski (G.U.M.S.)53, rue du Moulin-Vert - 75014 Paris Groupe Montagne de F.S.G.T.24, rue Yves-Toudic - 75010 Paris C.O.B. - Section Montagne119, rue du Point-du-Jour - 92100 Billancourt Groupe Melunais de Montagnec/o M. Gérard Neff, 25, rue du Président-Despatys - 77000 Melun Association Touristique des Cheminots (A.T.C.)23, rue Yves-Toudic - 75010 Paris A.R.O.E.V.E.N.

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c/o M. Ancelin, 18, passage Turquetil - 75011 Paris Club Montagne de Coulommiersc/o M. G. Halle, 28, rue Carnot - 77120 Coulommiers Club Montagne Sud de Seine-et-Marnec/o R. Letondu, 34, rue de Paris - 77140 Nemours A.S. du Commissariat à l'Energie Atomique - Saclayc/o M. Garin, B.P. n° 2 - 91190 Gif-sur-Yvette A.S. Université P. et M. Curie11, quai Saint-Bernard - 75005 Paris Jeunesse et Montagne9, avenue de Celle - 92360 Meudon-la-Forêt A.S. de la Faculté des Sciences d'OrsaySection Escaladec/o M. Goll, Gymnase Bât. 225 - 91400 Orsay Union Touristique des Amis de la Nature197, rue Championnet - 75018 Paris Camping-Club de France218, boulevard Saint-Germain - 75007 Paris

REVUES

L'escalade est dans de nombreux pays une activité jeune. Difficilement acceptée au début comme une activité en soi par les milieux montagnards français, ce n'est que récemment qu'elle s'est taillé une place appréciable dans les revues alpines.

En revanche, les Américains et les Anglais, chez qui la tradition d'escalade existe depuis plus longtemps, ont produit de fantastiques articles et photos d'action qui entretiennent le rêve et le mythe. En Angleterre, les deux revues principales sont Crags et Mountains. La deuxième est de meilleure qualité peut-être, mais n'a pas la jeunesse et l'agressivité de la première ; dans les deux, les photos abondent.

Avec l'humour anglais en moins, les Américains produisent deux revues de bonne qualité : North American Climber et Climbing, agrémentées d'articles philosophiques sur l'escalade (les différentes approches mentales de l'escalade, la créativité en escalade, etc.). Là aussi, des photos d'action explosives.

La France, toujours un peu en retard dans ce domaine, possède plusieurs revues : la Montagne, éditée par le Club alpin français, qui, comme son nom l'indique, ne s'occupe pas trop d'escalade ; Alpinisme et Randonnée qui, comme son nom ne l'indique pas, s'intéresse dans une proportion raisonnable à l'escalade. Ce mensuel décrit chaque falaise avec son escalade mais aussi ses à-côtés et son cadre : car chaque falaise en France a son histoire et ses légendes. Légendes venant d'une époque où l'escalade, loin d'être connue comme fait social, créait de solides amitiés. Certaines équipées de nos ancêtres tenaient parfois de la bonne grosse blague. Quel plaisir d'accrocher le vélo du facteur au milieu d'une paroi : le profane, surnommé pékin ou touriste, se trouvait bien ennuyé pour récupérer son engin, car il ne pouvait guère demander l'aide des pompiers ou des forces de l'ordre. Si un athlète court vite, on a du mal à le rattraper, si en plus le stade est vertical...

Montagne magazine est également digne d'intérêt pour les escalades. On y parle des falaises du Sud et il est de bonne qualité dans le ton comme dans les photos (mensuel).

On peut se procurer Alpinisme et Randonnée (surnommé Alpi-rando) chaque mois dans les kiosques. Pour les revues étrangères, l'abonnement est possible, sinon il existe à Paris une boutique très bien fournie : la Librairie des Alpes, 6, rue de Seine, 75008 Paris. La librairie du Vieux Campeur offre aussi un bon choix de topos, de guides et de livres pour rêver (elle jouxte le magasin de matériel, rue des Ecoles, à Paris).

GLOSSAIRE

Adhérence (des pieds ou des mains) : frottement offert par le rocher, et qui permet de tenir sans prise apparente.Arquée (préhension) : technique de préhension des doigts utilisée en particulier pour les grattons.Artificielle (escalade) : faite par des moyens artificiels : pitons, coins de bois, etc.Avaler : ramener la corde à soi.Avoir les bouteilles : jargon pour dire que l'on a les avant-bras tétanisés (sous-entendu : «durs comme des bouteilles»).Baquet : jargon pour désigner une grosse prise, on dit aussi «bac», «poignée de métro», «poignée de valise», etc. Baudard : jargon pour «baudrier». Baudrier : harnais utilisé par le grimpeur en falaise.Becquet : proéminence rocheuse sur laquelle on place une sangle pour avoir un point d'assurage.Benjoint : produit pour durcir la peau des doigts. Bleausard : grimpeur de bloc de Fontainebleau.Bloc : terme générique pour désigner les petits rochers et leur escalade.

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Bossette : prise au relief arrondi et peu marqué.Brin : désigne l'une des deux cordes lorsque l'on grimpe avec une double corde.But : «coller un but», c'est faire un essai qui se solde par un échec (jargon).Cheminée : pans de rocher parallèles d'espacement moyen (entre 1 et 1,70 m).Circuit : succession de passages de blocs numérotés que l'on enchaîne dans l'ordre ou dans le désordre.Clou : jargon pour désigner un piton. Coincement : technique spécifique à l'escalade en fissure. Coinceurs : cubes métalliques de différentes tailles que l'on coince dans les fissures, donnant ainsi des points d'assurage.Continuité : intensité de la succession des efforts de l'escalade en falaise.Cordelette : corde de diamètre inférieur à celui de la corde d'assurance (diamètre compris entre 2 et 5 mm).Cotation : échelle numérique donnant une idée de la difficulté de l'escalade.Craie : produit pour assécher les mains.Crochetage (de pied) : technique utilisant le cou-de-pied ou le bord interne du pied.Dalle : pan de rocher grossièrement uniforme. Descendeur : pièce métallique utilisée pour le rappel. Dévisser : tomber en falaise.Dièdre : structure rocheuse formée de deux pans de rocher à angle droit.Dulfer (en anglais : lay-back) : opposition extrême des pieds et des mains.Expo : jargon pour exposé. Exposé : voir «exposition».Exposition : caractère dangereux d'une voie : mauvaise chute en bloc ou longue distance sans point d'assurage en falaise.Faire les ailes de poulet : expression imagée pour désigner le repliement extrême des bras avec les coudes vers le haut dans un rétablissement difficile.Fifi : jargon pour désigner un crochet de vache rapide.Frein (ou plaquette) : pièce métallique dans laquelle on passe la corde et qui sert à enrayer les chutes en pratiquant l'assurance dynamique.Friends : coinceurs autobloquants pouvant tenir dans des fissures ouvertes.Golots : pièces mécaniques à plusieurs éléments permettant d'avoir un point d'attache dans un rocher compact sans fissure. Les «spits», les «expansions» et les ««compressions» ont le même rôle, mais fonctionnent différemment.Goutte d'eau : prise en creux formée par l'eau qui goutte sur un même endroit.Gratton : réglette de faible largeur comprise entre 1 mm et 5 mm approximativement.Grattonnage : fait de prendre un gratton.Hors taille (en anglais : off width) : fissure de mauvaise largeur ; trop étroite pour entrer le corps et trop large pour coincer les pieds ou les mains.Inversée : prise à l'envers, que l'on prend donc en supination.Jaune : terme ancien d'origine belge ; l'escalade en jaune par opposition à l'escalade où l'on tirait sur les clous. Dans une de leurs écoles, les Belges avaient peint en jaune les «clous» qu'ils n'utilisaient pas pour la progression.Lunule : petit bracelet de rocher.Mou : ordre pour demander de la corde libre.Nouille : jargon pour «corde».Opposition : terme général désignant toutes les techniques faisant appel à des forces latérales.Ouvrir : ouvrir une voie, c'est réaliser sa première ascension.Pincette : technique de préhension des mains consistant à prendre une prise en pinçant avec les doigts. Par extension, on appelle pincette une prise que l'on prend en pinçant.Pof : résine pilée utilisée en bloc pour assécher les mains.Point d'assurage : terme générique désignant les points d'attache au rocher : pitons, coinceurs, anneaux, pierres coincées, etc.Réglette : prise plus longue que large (largeur entre 1 et 3 cm).Relais : point d'arrêt de la cordée où les deux grimpeurs se rejoignent.Surplomb : avancée proéminente du rocher.Suspensoir : sangle mise en bandoulière pour tenir le matériel.Toit : surplomb avançant à l'horizontale.Vacher (se) : s'attacher à la paroi par un moyen artificiel, ce qui permet de se libérer les mains pour assurer

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le partenaire.Verrou : technique de fissure basée sur des forces antagonistes.Vire : plate-forme au milieu de la paroi.Voler : jargon pour chuter ; le vol, c'est la chute.Yoyo : faire un yoyo, c'est se faire descendre sur la corde lorsque l'on grimpe en tête pour réessayer un passage.

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction

I. La varappe ou le bloc Le matériel Les techniques Règles de sécurité Les jeux

II. La falaise Le matériel Les techniques Sécurité et prudence

III. L'entraînement Annexe 1. La cotation des difficultés Annexe 2. Les écoles de bloc Annexe 3. Où escalader ? Les associations d'escalade Revues Glossaire

ORIGINE DES DOCUMENTS PHOTOS :Didier Gohin : pages 45, 49, 54. Rôtche Jurgen : pages 27, 38. Sources privées : pages 2, 10, 22, 50. Maquette : Michel Bai

Achevé d'imprimer sur les presses de Bernard Neyrolles - Imprimerie Lescaret,à Paris, le 8 mai 1981. Dépôt légal : 2- trimestre 1981 ISBN 2-263-00538-2 Numéro d'éditeur : 849

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