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Gilliéron (J.), Patois de la commune de vionnaz (Bas-valais), avec une carte, 1880

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Gilliéron (J.), Patois de la commune de vionnaz (Bas-valais), avec une carte, 1880.http://archive.org/details/bibliothquedel40ecol

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  • BIBLIOTHQUEDE l'cole

    DES HAUTES TUDESPUBLIEE SOUS LES AUSPICES

    DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

    SCIENCES PHILOLOGIQUES ET HISTORIQUES

    QUARANTIEME FASCICULE

    PATOIS DE LA COMMUNE DE VIONNAZ (BAS-VALAIS), PAR GILLIRON

    PARIS

    F. VIEWEG, LIBRAIRE-DITEUR67, RUE DE RICHELIEU, 67

    1880

  • AS\ ta.

    tv^iiT

  • PATOIS

    COMMUNE DE VIONNAZ(BAS-VALAIS)

  • PATOfSbK LA

    COMMUNE DE VIONNAZ(BAS- VALAIS)

    PAK

    J. GILLIERON

    ACCOMPAGNE d'uNE CARTE

    PARISF. VIEWEG, LIBRAIRE-EDITEUR

    07, RUE RICHELIEU, 67

    1880

  • Sur l'avis de M. Gr. Faris^ directeur de la confrence

    de langues romanes et de MM. Bral et Darmestkter,

    commissaires responsables, le prsent mmoire a valu

    M. Jules GILLIRON le titre 'lve diplm de la sectiond'Histoire et de Philologie de l'Ecole pratique des Hautes

    Etudes.

    Paris, le 20 avril 1879.

    Le directeur de la confrence de

    langues i^omanes^

    Sign : G. Paris.

    Les commissa^es responsables,

    Sign : Bral et Darmesteter,

    Le prsident de la section,

    Sign : L. Renier.

  • A MONSIEUR GASTON PARIS

    PROFESSEUR A.U COLLEGE DE FRANCE

    ET A l'cole pratique des hautes tudes

    /

  • INTRODUCTION

    Pour recueillir les matriaux du prsent travail, je ne suispas sorti des limites du hameau de Torgon. Mais, comme jen'ai constat qu'une seule diffrence peu importante entre lelangage de cette localit et celui des autres hameaux de lacommune dont elle fait partie, et de Vionnaz en particulier,qui en est le chef-lieu, je me suis cru autoris l'appeler :

    Patois de la commune de Vionnaz.

    Le village de Vionnaz est situ sur la route du Simplon,dans la valle du Rhne, neuf kilomtres de l'embouchuredu fleuve dans le lac Lman. Outre ce village, la communecompte trois hameaux, perchs peu de distance l'uu del'autre, sur les pentes escarpes de la chane de montagnesqui forme la limite entre le Valais et la Savoie ; ce sont :Mayen, Revereulaz et Torgon. Ces trois hameaux sont plusde 500 mtres au-dessus du niveau de la valle du Rhne ;Torgon, le plus lev, est 1,110 mtres au-dessus de lamer. Aucune voie carrossable ne relie ces quatre^ localits

    entre elles.

    Tel est le domaine o se parle notre patois ; il n'occupequ'une surface de deux ou trois kilomtres carrs.En 1870, la commune de Vionnaz comptait 760 habitants

    rpartis en 153 mnages; 3 mnages parlent une languetrangre, tous les autres le langage local et plus ou moinsbien le franais. Le hameau de Torgon n'entre que pour une

    GiLLiRON, Patois, 1

  • II

    faible part dans ces chiffres ; les tableaux statistiques durecensement fdral, auquel nous empruntons ces indica-

    tions, ne donnent pas la rpartition par hameau ; je ne pensepas que la population de Torgon excde 60 mes.

    C'est pour des motifs entirement trangers la philologie

    que j'ai fait choix du dialecte de la commune de Vionnaz.Dsireux de cooprer d'une faon systmatique l'entreprisede mes prdcesseurs, j'avais d'abord l'intention d'tudier ledialecte du coin de terre qui s'tend entre la Haute-Gruyreet le lac Lman, contre adjacente au territoire qu'tudieM. Cornu. Une autre considration m'y engageait galement :Montreux et ses environs, lieux de sjour d'trangers de toutenationalit, mritent tout particulirement la sollicitude d'un

    philologue, car le langage local, curieux et digne d'tude, est

    la veille de disparatre.

    Je prvoyais bien que, d'une part, l'tat d'abandon dans

    lequel s'y trouve le patois, d'autre part, l'obligation dans

    laquelle je me trouverais d'avoir recours des personnes fortoccupes par la prsence de nombreux trangers, me cre-raient des inconvnients srieux. Aussi, me trouvant avec

    mon ami Gruyres, et le voyant install dans cette char-mante petite ville hospitalire, entour de personnes amiesqui lui chantaient l'envi coraules et rondes patoises, et de

    vieillards qui l'arrtaient dans la rue pour lui dire un pro-

    verbe nouveau, je ne pouvais m'empcher de l'envier, et jeme disais en moi-mme : Venu le premier, il a choisi lameilleure part !

    Les difficults que je rencontrai dans la ralit furent plusgrandes encore que je ne m'y attendais ; au bout de quelquesjours je vis bien que, pour arriver obtenir un rsultat, ilfallait plus de temps et de patience que je n'en avais madisposition dans ce moment, et, renvoyant l'entreprise com-

    nience de meilleurs jours, je me htai de fuir ce centrecosmopolite o j'entendais plus souvent parler anglais quepatois.

    Je me dirigeai du ct du Valais. Torgon, perch sur lamontagne, loign de tout centre important, me parut rem-

    plir toutes les conditions que les expriences faites m'obli-

  • III

    goaioiit rechercher. Comme le hameau n'a pas d'auberge,j'eus recours l'hospitalit helvtique et devins l'hte d'unbrave paysan, que j'accompagnai partout dans ses travauxpendant trois semaines. Le jour mme de mon arrive, j'avaisTait la connaissance de presque toutes les personnes du ha-meau, qui me prtrent ensuite toutes leur concours. Monrenom descendit mme dans la valle, o j'acquis la rpu-tation d'tre venu pour redresser les patois.

    Influence du frcmais sur le patois. Les patois romansdu Valais ont subi l'influence du franais un moindre degrque ceux des autres cantons de la Suisse romande. L'in-struction populaire, dont le franais est l'instrument, y estmoins rpandue. Le Valaisan, content dans ses montagnes,se suffit lui-mme ; il n'exporte presque rien et n'achtepas beaucoup au dehors. Les touristes ne font que traverserla valle principale ou le Saint-Bernard ; les endroits o ilssjournent sont dans la partie allemande du canton. Il estbien des coins retirs o n'ont pntr encore que des bota-nistes et des gologues, et o le reste du monde n'est connuque par les rcits de quelque enfant du pays qui a t auservice militaire l'tranger. Le franais, qui a fait derapides progrs dans les cantons de Genve, de Vaud, deNeuchtel et de Berne, et qui y a refoul en partie les dia-lectes locaux, peut donc tre encore regard comme unelangue trangre dans le Valais. Sion seule, le chef-lieu ducanton, l'a adopt partiellement comme langue courante

    ;

    partout ailleurs, le patois rgne encore comme unique langueparle. Je ne crois pas exagrer en admettant que la moitides Valaisans ne connat pas le franais

    ;quant l'autre

    moiti, elle le parle occasionnellement, mais plus imparfai-tement que dans les autres cantons de la Suisse romande.

    Quoique l'influence de la langue franaise sur les patoisvalaisans soit moins sensible qu'ailleurs, elle est cependantnotable. Chaque idiome en est rduit s'approprier des motstrangers pour dsigner des ides, des objets qui lui sontnouveaux, pour lesquels il n'a pas ou ne peut pas former

    d'expression quivalente. Ces additions de mots sont moinsnombreuses dans les localits recules du Valais o peu

  • IV

    d'ides nouvelles trouvent accs. Mais l ne se bornent pasles emprunts faits au franais. Ce dernier fournit au patois

    des synonymes ; une expression dialectale il ajoute lasienne : voil le signe certain de l'envahissement, le premier

    assaut d'une guerre lente dont le dnoment final doitncessairement tre la perte du patois. En effet, le vocablepatois, ainsi refoul par le vocable franais, devient vul-

    gaire, pour disparatre ensuite. Une personne, un objet, uneide gagnent en valeur porter un nom franais. Ainsi,

    Torgon, rar, par ont t remplacs par mi^e, pre et sontdevenus des termes de mpris. Mon hte, quoique peu in-struit, avait pleinement conscience de ce phnomne, et mecitait l'appui de son dire un exemple parfaitement bien

    choisi, exemple que je rapporte en ses propres termes : Autrefois la chambre o nous sommes, on la nommait lpailj maintenant nous l'appelons la tshra, et ma femme,qui veut tre plus fine que nous, la nomme kabin.

    Je ne me souviens plus quel est l'auteur qui prtend que lafemme conserve plus religieusement que l'homme l'idiomede ses pres !

    Toutefois le peuple a quelque peu assimil son patois lesmots qu'il emprunte au franais, il les a soumis cer-taines lois phontiques particulires son dialecte, loisfondamentales dont il a encore conscience.

    Ainsi : marts ct de fvrlawa lavyoflo hoty

    Son oreille s'habitue de plus en plus ces mots trangersqui font invasion dans sa langue, elle n'en est pas choque,et n'a pas conscience de leur origine trangre.

    Si le vocable patois en concurrence avec le vocable fran-

    ais est regard comme vulgaire, comme ordinaire, et finitpar disparatre, grce au prestige qu'a la langue littraire etau dsir qu'prouve le paysan, aussi bien que le citadin,d'ennoblir son langage, il est vident que le patois, dansson ensemble, une fois en lutte avec le franais, deviendravulgaire et finira par disparatre. C'est, hlas ! ce qui a eu

  • V

    liou dans une grande partie de la Suisse franaise. On nesaurait douter que, l'heure qu'il est, mainte expression lo-cale et originale n'ait succomb sous l'action destructive dufranais. Nous sommes rarement en mesure de constaterdirectement ces disparitions, mais le phnomne en lui-mme est un fait avr par la prsence en patois de termesvieillis, que le pajaan dsigne comme tels. Autrefois onle disait ou c'est mon pre qui disait ainsi: voil ceque j'ai souvent entendu dire des paysans.Vu ces circonstances, il est urgent d'oprer avec prudence

    dans le relev d'un dialecte. Il faut s'abstenir autant quepossible de tout systme d'interrogation qui amnerait lecampagnard traduire du franais en patois, si l'on ne veutpas courir risque d'tre dupe de ce mlange de langues, et sil'on tient recueillir tout ce qu'il y a de vraiment originalet particulier dans le langage que l'on tudie. Le philologuedoit tre l'afft des mots et les saisir au passage ; s'il veutarriver trop directement au but, la fausse monnaie se m-lera la bonne dans son calepin.

    Influence du patois sur le franais. Nous venons devoir l'influence du franais sur le patois

    ;profitons de la li-

    cence que donne le caractre d'une introduction, et disons unmot de celle de la langue vulgaire, qui disparat, sur lalangue qui est appele la supplanter.

    L'change d'idiome, comme nous venons d'avoir l'occasionde le dire, a dj eu lieu dans une grande partie de la Suisseromande; il est complet dans les villes et petits centresindustriels, o le langage local a compltement disparu ; ilest en train de s'oprer dans les villages et les hameaux descontres les plus avances, et il ne tardera pas s'effectuerdans les valles habites par des agriculteurs et des bergersencore fidles aux idiomes locaux, mais o l'on parle franaisaux enfants pour les mieux prparer suivre les coles.

    C'est dans le Valais et dans quelques contres du cantonde Fribourg que le dialecte de l'Ile-de-France est le moinsgnralement rpandu.

    J'ai eu un instant l'intention d'tudier dans un appendiceles phnomnes principaux que prsente ce franais populaire

  • vi-de la Suisse romande. Aprs une premire rcolte des mat-riaux, dont je ne prsumais pas d'abord l'abondance, j'aiajourn ce projet jusqu' ce que je puisse en largir le cadre,en soumettant une autopsie dtaille les ouvrages de nos

    crivains suisses, tant pour enrichir mon recueil d'expressions

    locales, que pour relever l'influence du franco-suisse popu-laire, dont ils n'ont pas toujours su ou voulu se prserver.

    Le commencement de l'importation du franais dans laSuisse romande remonte une poque trs recule ; son en-vahissement s'est opr lentement mais sans arrt, et main-tenant il semble s'acclrer.

    Avec son lexique, la langue de Paris a apport ses lmentsde vie, de production, qui continuent vivre et produire,indpendamment de toute influence trangre ; elle a apportses germes de maladie qui la minent et l'appauvrissent danssa nouvelle patrie comme dans son pays natal. Le franais

    reste franais.

    Cependant, sans abandonner son dveloppement naturel,il subit l'influence du dialecte parent avec lequel il vit, aveclequel il est en lutte.

    Dans le domaine de la phontique et de la morphologie,les altrations qu'a subies le franais import dans la Suisseromande sont assez importantes; dans le domaine du lexique,elles sont considrables. L'enrichissement du vocabulairefranais ne pouvait manquer d'avoir lieu dans une fortemesure, vu l'originalit du sol, des institutions sociales de laSuisse, des murs, des occupations de ses habitants. Les

    phnomnes de la nature alpestre, la configuration du sol,la vie la montagne et tout ce qui s'y rattache, tels sont lesdomaines auxquels appartiennent les objets et les idesqu'expriment les nologismcs d'origine patoise qui ont enrichile lexique du franais populaire.

    Les savants qui ont tudi le sol de la Suisse ont emprunt ce franais populaire un certain nombre d'expressions, quiont cours dans le langage scientifique, et dont quelques-unesont t admises dans la langue littraire, sanctionnes parl'Acadmie franaise.

    Les nologismcs d'origine patoise, en entrant dans le

  • - VII

    franais populaire de la Suisse romande, subissent un traves-tissement inverse celui que nous avons observ dans lesmots qu'emprunte le patois au franais.

    La langue dont nous parlons prsente une certaine unit,

    compare la diversit des patois. Cela s'explique:Pour la forme des mots, parce que les habitants de la

    Suisse romande ont, un degr gal, conscience de la cor-respondance entre les sons franais et les sons de leurs

    patois respectifs;

    Pour le choix des mots, parce que les raisons qui amnentle nologisme sont gnralement les mmes dans les diverspatois, et que le lexique est peu prs identique dans toutes

    les parties de nos cantons romans.Elments constitutifs du patois. Autant que me permet

    d'en juger la somme des mots dont l'origine m'est connue, jecrois pouvoir affirmer que les lments constitutifs de notrepatois sont les mmes qu'en franais, et que les diffrenteslangues qui fournissent le lexique franais entrent pour une

    part gale dans la composition du ntre.Je ne saurais me dissimuler que le nombre des mots dont

    l'origine m'est inconnue est trs grand, et je pense qu'il seraitaudacieux de ma part d'conduire aussi cavalirement que lefait M. Ajer les amateurs de celtique.On pourrait s'attendre, vu la proximit immdiate du do-

    maine de l'allemand, ce que les langues germaniques occu-pent une place plus importante que dans la langue de Paris.

    Abstraction faite d'une certaine quantit de mots, dont la

    forme dnote un emprunt fait une poque rcente, et dontla signification a pris un sens dprciatif, les lments alle-mands ne jouent qu'un rle tout aussi minime dans notrepatois qu'en franais.

    11 ne me reste plus que quelques mots dire sur les diff-

    rents chapitres dont se compose le prsent travail.Phonologie . J'ai suivi, en somme, dans mon exposition

  • VIII

    l'ordre observ par M. Nigra, dans son travail sur le dialecte

    de Val-Soana, et aprs lui par M. Cornu, dans sa Phono-

    logie du bagnard; j'ai facilit ainsi la comparaison entre les

    rsultats obtenus par les auteurs de ces deux excellents tra-

    vaux et les miens. Les quelques modifications apportes cet

    ordre ne sont pas de nature nuire cet examen comparatif.

    Je tiens signaler tout particulirement l'attention des

    romanistes les articles suivants :

    I. Traitement des voyelles influences par un y ou une

    gutturale, tout principalement celui de Va libre

    accentu.

    IL Traitement du y dans les groupes de consonneso il entre comme dernier lment.

    III. Traitement des gutturales c et g.

    Ces trois articles, intimement lis entre eux, prsententune srie de faits nouveaux que je ne puis me flatter d'avoirexpliqu mon entire satisfaction.

    Sommaire des flexions. La conjugaison est la partie demon travail qui m'a pris comparativement le plus de temps.On sera tonn de la richesse de ses formes et en mme tempsde la rgularit phontique qu'elle prsente, quand on la com-pare la conjugaison franaise. Abstraction faite des termi-naisons, qui ont subi l'influence exerce par l'analogie, sontude peut servir de pierre de touche, pour faire subir uncontrle aux lois phontiques tudies sur les difi'rentes par-ties du discours. Les faits les plus intressants relever con-cernent les verbes double radical, fort et faible : l'assi-milation de la premire personne du pluriel aux formes fortes, la conjugaison des verbes dont le radical est termin parune gutturale ou un groupe de consonnes dans lequel y entrecomme dernier lment, les quelques verbes qui, dans lesformes faibles, prsentent une mtathse de 1';*^ mtathse quin'a pas lieu lorsque cette consonne fait partie de la syllabe

    accentue, et un certain nombre d'autres phnomnes qu'ilserait troj) long d'numrer.On comprendra qu'au milieu de ce ddale de faits, j'aie pu

  • IX

    m'garer parfois, ot l'on mc'pardonnora si les divisions faitesno sont pas assez systmatiquement distingues.Ce tableau de la conjugaison n'est pas complet. J'ai eu lieu

    de regretter plusieurs reprises de n'avoir eu le temps derecueillir plus de matriaux.

    Patois des environs. Dans cet appendice je signale, sansproccupation de divisions dialectales, les diffrences princi-pales que j'ai releves dans les patois des villages voisins dela commune de Vionnaz. C'est un tableau comparatif som-maire que j'espre pouvoir complter plus tard. Dans desrecherches ultrieures, il s'agira de fixer les limites de diff-rents phnomnes constats dans cet appendice, tels que latransformation de ly en dy la contraction de y en i, en nousdirigeant du ct du sud-est dans la direction du domaine dubagnard.

    La diversit des patois valaisans s'explique jusqu' un cer-tain point, d'une part, par la position gographique qu'ilsoccupent entre des langues surs, l'italien, le franais et le

    provenal ; d'autre part, par la conformation topographiquetout exceptionnelle de cette longue valle, laquelle viennentdboucher foule de vallons latraux descendant des crtesneigeuses de montagnes qui i entourent le canton entier. Onne saurait s'imaginer une contre dont l'ensemble soii aussispar du reste du monde et dans l'intrieur de laquelle ontrouve en mme temps autant' de petites units gographiquesnaturelles que les difficults de communications isolent lesunes des autres.

    Glossaire. Le glossaire contient tous les mots que j'airecueillis pendant mon sjour Torgon sans distinction d'ori-gine. La rigueur avec laquelle j'ai cart, dans le choix desmots devant servir tablir les lois phontiques, tout vocableemprunt au franais, n'tait pas sa place dans notre glos-saire, o il- s'agissait de recueillir sans examen les mots quiont cours dans la langue. Aussi y trouvera-t-on un certainnombre de vocables franais n'ayant subi qu'une lgre trans-formation, mais gnralement usits. Pour ne pas courirrisque d'mettre des hypothses tymologiques errones, etd'anticiper sur un travail qui ne pourra tre fait avec fruit

  • X

    que dans plusieurs annes, lorsqu'un plus grand nombre dematriaux auront t recueillis, je me suis abstenu de touteremarque tymologique et de tout dtail grammatical ou syn-taxique. Je me suis content de donner le mot franais cor-respondant quand cela tait possible ; sinon j'ai indiqu exac-tement l'acception du mot telle qu'elle m'a t donne parles paysans. Je ne donne d'indication de genre que l o lesubstantif franais correspondant est d'un autre genre que le

    substantif patois.

    Textes. Il n'existe pas ma connaissance de documentcrit en patois de la commune de Vionnaz.Une traduction de la parabole de l'enfant prodigue, trois

    contes qui n'ont aucune valeur littraire ou historique, quel-

    ques proverbes dont la plupart ont dj t relevs dans laGruyre par M. le cur Chenaux et M. Cornu, voil toute lalittrature locale que j'ai prsenter au lecteur. Bien en-tendu je ne la donne qu' titre d'chantillons linguistiques.

    J'ai bien recueilli quelques chansons patoises, versions mal-

    traites de celles qui ont t publies par M. Cornu, mais ellesprsentent un dialecte fortement imprgn de savoyard oud'autre patois. Ce sont des productions sans mrite littraire,chantes par des vieillards titre de curiosits et dans le butde faire rire ; aussi se garde-t-on de les dpouiller de leursformes trangres, qui contribuent tout particulirement leur succs. On leur donne le nom de fbyula, mot que l'onm'a traduit par chanson de mensonges, ou celui de tsf deuyeu t, chanson du vieux temps, ou encore tsf d'hy,chanson d'ancien. La plupart de ces productions taient des-tines servir d'accompagnement la danse populaire, ladanse en plein air. Mais les rondes, les coraules ont fait placeaux danses trangres, et le chant qui les accompagnait auson des instruments. Il ne faut pas attacher trop d'importance ces productions de la muse patoise. Elles sont bien loind'avoir la valeur littraire des chansons franaises, dont laSuisse romande n'est dans la plupart des cas que la dposi-taire consciencieuse. Il y a plus de mrite pour elle avoirconserv intacte une chanson franaise qu' avoir produitune fanbioule. J'en ai recueilli une quantit dont une ou

  • XI

    deux, fort jolies, ne sont pas encore connues, ou du moinsn'ont pas t releves ailleurs.

    TRAVAUX CITES DANS CETTE ETUDE

    Cornu, Phonologie du bagnard, Remania, tome VI.

    Chenaux et Cornu, Proverbes fribourgeois , Remania,tome VI.

    NiGRA, Fonetica del dialctto di Val-Soana, Archivio glot-tologico romano, vol. III, Punt. i.

    AscoLi, Schizzi franco-provenzali, Archivio glottologicoromano, vol. III, Punt. i.

    Ayer, Introduction l'tude des dialectes du pays romand.Neuchtel, 1878.

    Haefelin, Recherches sur les patois romans du canton deFribourg, lahrbuch fur rom. und engl. Lit. N. F. III.

  • TRANSCRIPTION DES SONS

    La transcription des sons patois est un des points les plusdlicats.

    Des trois auteurs dont il a paru dans le courant des der-nires annes des travaux scientifiques ayant trait des patoisde la Suisse romande, chacun a employ un systme ortho-graphique diffrent. Aprs examen, j'ai d donner la prf-rence au systme de M. Cornu, qui satisfait aux exigences dela science et qui est en outre fort simple. Je l'ai adopt en yapportant quelques modifications et en le compltant l ocela me paraissait ncessaire.Nous devons parler du systme de M. Ayer, parce que

    l'auteur le propose, dans l'intention de prparer la voie d'autres travaux linguistiques, en donnant au romand ce quilui a manqu jusqu'ici, c'est--dire une orthographe ration-nelle qui puisse s'appliquer tous ses dialectes , et parcequ'il recommande son systme tout spcialement auxmembres de la Socit des patois vaudois, qui il pourrait,croyons-nous, rendre un mauvais service.

    L'auteur cre au patois une orthographe traditionnelle,reprsentant la prononciation d'une poque ou plutt de dif-frentes poques disparues de la langue. Nous ne devons nine pouvons crer au patois une tradition orthographique :d'abord ce serait le doter fort mal propos d'un embarrasqui est regrettable pour la plupart des langues littraires, etprincipalement pour le franais

    ;puis une orthographe base

    sur rtymologie conduit l'absurde ; en effet nous ignoronsl'tymologie exacte du tiers, peut-tre de la moiti des motspatois, nous n'avons aucune notion exacte sur l'poque laquelle se sont opres les diffrentes transformations des

  • 14

    sons dans les diffrents patois ; cette orthographe serait donc

    un fort bizarre assemblage d'poques linguistiques diverses,

    et, tout fait arbitraire pour les mots d'origine inconnue, elle

    serait ce qu'est notre orthographe franaise aux yeux duphilologue, et n'aurait pas l'excuse que l'on peut faire valoir

    en faveur du franais.Ecrire arar (labourer), Uer (chair), tsaud (chaud), gros

    (gros), dur (dur), comme le fait M. Ayer, au lieu de ara,ts, U, cjr, d, tels que ces mots se prononcent, c'est

    rtablir l'orthographe d'une poque qui n'a jamais exist;car qui voudrait affirmer que la chute de ces diffrentes

    consonnes se soit effectue simultanment.D'aprs M. Ayer, o provenant de al latin doit s'crire au

    (comme la diphtongue) ; on doit crire an de anniim, maistsaiit de cantum et fam de famem, qui tous trois se terminentpar un a nasal. Mais comment crira-t-on les mots d'origineinconnue qui prsentent la mme finale en patois ?

    Voici une consquence de son orthographe grammaticale.Il dit qu'il faut crire fiert de ferum, parce que le fminin dece mot est fierla, rmand de romaiium, parce qu'il a plu auxSuisses franais d'appeler leur contre Suisse romande. Leparticipe pass de crescere est en patois de Torgon ki^u, il apour fminin kruva, donc nous devrions crire le masculincruv) ou cruf?

    Il serait vraiment plus rationnel d'crire tous les motsd'origine latine en latin classique et de les prononcer enpatois.

    Le systme de M. Haefelin est beaucoup plus rationnel, ilest phontique. M. Ayer en dit du mal : Malgr ses prten-tions il ne vaut gure mieux que la phonographie vulgairequi fait de notre romand un vritable argot indchiffrable. A notre avis le systme de M. Haefelin a un dfaut : il est

    trop compliqu. Il faut toute une tude pour se familiariseravec son orthographe. Il me semble que quelques mots placsen tte du travail auraient suffi pour claircir considrable-ment ce fouillis de signes diacritiques placs au-dessus et au-dessous des voyelles.Nous prfrons donc de beaucoup le systme de transcrip-

    tion de M. Cornu tel que nous le trouvons dans la Panera derevi fribordzey (1) et dans la Phonologie du bagnard (1).

    (i) Romania, tome VI.

  • 15

    Il est phontique, relativement simple, et ne prte jamais quivo(iue.

    Voici la nomenclature des signes employs dans cettetude.

    VOYELLES

    a est bref. L' provenant de la terminaison verbale are estoriginairement long, mais il a une tendance devenirbref.

    est long. est ferm.e est \ ou Xc suivi de deux consonnes. est ouvert.

    est un e presque muet. Il se prononce comme IV muet fran-ais, lorsqu'il est suivi d'une consonne. Cet a un sonparticulier quand il suit la consonne r et qu'il est final.Il se trouve aussi avec le mme son dans quelques verbestermins en latin en dere et o Xr est tombe unepoque rcente, comme dans /?

  • 16

    elle est prcde d'un y, comme dans frmy ^ formicarinm.o est un son qui phontiquement pourrait tre tout aussi

    bien rendu par u.

    CONSONNES

    k est le c franais tel qu'il se prononce devant a, o et u,c'est--dire le c guttural.

    g est toujours guttural. Le g palatal n'existe pas dans notrepatois.

    h La valeur de h franais n'existant pas en patois, nous em-ployons ce signe pour dsigner l'aspire gutturale doucetelle qu'on la rencontre en allemand dans ich, reichen,weichen.

    l est / mouille.n est n mouille.8 a toujours la valeur de s franais initial ou de ss.IV est le son de l'ancien allemand qui s'est transform en gu

    en franais, et qui s'est maintenu dans notre patois. Il nese trouve gure que dans des mots d'origine germanique.C'est le w anglais de William, p. ex.

    X Faute de mieux nous employons ce signe pour dsigner lech franais, transcription qui dans notre patois prterait quivoque. La valeur de x franais n'existe pas dans lepatois.

    y est le/ allemand.z est le son du z franais, comme dans zle, p. ex., ou dans

    rose, o ce son est transcrit par s.Les consonnes b, d, f, j, l, m, n, jj, r, t, v ont la valeur

    des signes franais correspondants.Outre ces sons nous en avons encore deux, dont l'un a

    dj t relev par M. Cornu : c'est le son qui correspondexactement au ^ tel que je l'ai entendu prononcer en Grce,ou au th dur des Anglais. M. Cornu le transcrit par ; lesamateurs de patois le transcrivent par th, qui est un signecompos. Le second est un son particulier notre contre, etn'a pas encore t constat ailleurs dans le domaine de lalangue franaise, du moins pas ma connaissance ; c'est leson du d grec moderne. Faute de mieux, nous avons transcritle premier son par t (3- grec), le second par d [^ grec). Cettenotation a du moins un avantage, c'est qu'elle indique la rela-tion de forte faible qui existe entre ces deux consonnes.

  • PHONOLOGIE

    VOYELLES TONIQUES

    A latin libre ou entrav (1) = aA -\- 71 ou m terminant la syllabe = [anam = na)A -]- y ^z=z ei, la fin dOvS mots Y -\- =z y [yare, yarium =z y, mais yatum, yatem

    y)Y -\- a entr. et a entr.

    -\-y := ab, av, al, at, [atam =: ay, yat.. = y) = ariurriy ariam = ai, aire

    clarum = ta, clairA latin libre ou entrav =

    alam = la, aileavarum = av, ara, avarenasum = n, nezde mme tous les infinitifs en are, except ceuxo Ya s'est chang en sous l'infiuence d'un y.\ja de l'infinitif a une tendance devenir bref.

    cantare = tsCita, chantercubare = kova, couverinalpare ^ nerpa, monter

    l'alpe

    auscultare = akeuta, couteradplanare = apdana, aplaniradvisare r= avza, aviser

    (1) Nous adoptons les expressions libre et entrav pour dsimnier lesvoyelles non en position et en position, comme on les a dsignesjusqu' prsent. Ces nouvelles expressions proposes par M. GastonParis nous paraissent plus justes.

    GiLLiRON, Patois. 2

  • 18

    A : fabam = fva^ fvefabrum = fvre\ forgeron

    A entrav dj en latin :

    arcam = rts^ coffre

    arborem = b/^, arbrebalmam = barma, baume,

    grotte

    diem Martis = dm, mardihastam = ta, manche du

    rteau

    A entrav en roman :

    aquilam z= ad, aigleanimam = ma, mearaneam = aran, araigneasinum = n, neimag(inem)=:

  • li

    do Va latin (311 franais. Elle s'tend plus loin dans notrepatois. La nasalisation de Va a lieu mmo quand la syllabequi la contient n'est pas finale. Le suffixe anum devient enfranais ain (= e), et la nasale disparat ds que la voyellefminine fait reparatre Yn; en patois le fminin garde lanasale cot de \n qui reparat. C'est un fait commun la plupart des patois de la Suisse romande (1).

    antianum = cihy, na, an-cien, enne

    fontanam =z ftna, fontainegentianam r= dzfdna, gen-

    tianegranam = gria, graine

    planam z^pdna, plainesan^im, am ^ say sna, sain, eseptimanam = snna, se-

    mainevillanum, am= i^l, vlna,

    vilain, aine

    A -{- y (ou gutturale) = ei, la fin des mots

    -\-y : facere = few, fairemacrum = meigr, maigreplacere =zpcleir, plaire

    -\-y \ acrum = eigr, aigre

    Dans ces mots le c guttural devenu y a chang Xa qui leprcdait en e et a produit la diphtongue ei. Cettediphtongue s'est rduite dans lacum = l, lac, piitna-cem =z pon, punais, o elle tait devenue finale.

    A entrav prsente les mmes faits :vadyo pour vado = veiz,

    vais

    caveam = dzeiha, cage

    A final :

    magidem = m, ptrissoire saxum = se, rocherbrachium = hr, bras sta(g)num ^ t, tainradium = r, rayon

    F + ^ = y^Le dveloppement d'un y produit par le son guttural c

    transforme en :

    capram = tyvra, chvrecarum = ty, cher

    scalam = tyla, chelle

    y arium r= y (voir anum)

    (l) Franais populaire de la Suisse romande: ane, anioersaire.

  • 20

    Nous avons vu que Va de l'infinitif des verbes en are semaintenait.

    Mais un y, quelle que soit son origine, qu'il existt djen latin ou qu'il soit un dveloppement roman de gutturale,qu'il prcde immdiatement Va^ ou qu'il en soit spar parune autre consonne, a chang Va en . Le ?/ a tantt per-sist, tantt la consonne prcdente l'a absorb. Ce simplefait de phontique divise la conjugaison des verbes latins enare en deux catgories bien distinctes :

    verbes termins en averbes termins en y [)

    Nos verbes en a correspondent exactement aux verbes ener de l'ancien franais, les verbes en y, ceux en ter. Laprsence de ces verbes en y ou , constate dans un grandnombre de dialectes regards jusqu'ici comme provenaux,est un des faits principaux sur lesquels se base M. Ascoli pourcrer une nouvelle division linguistique dans le domaine deslangues romanes, celle du franco-provenal. Vu l'importancedu sujet nous en donnons une liste assez nombreuse.

    Dans les verbes suivants le ij qui a chang Ya en taitlatin : (1)

    Verbes termins en dy:

    cambiare = tsdy, changerdesomniare == dsdy, se r-

    veiller

    inrabiare := rady, enrager

    Verbes termins en i :

    inoleare = nol, tacherd'huile

    Verbes termins en n:

    adpugnare = apon, empoi-gner

    cuneare = kon, cogner

    repropiare = rprdyy re-procher

    vindemiare = vndy, ven-danger

    foliare == fol, se couvrir defeuilles

    balneare = bn, baignerail. wcidanyare = wan, se-mer

    (l) Ou c'tait un e qui se transformait facilement en i/ tant suivid'une voyelle.

  • 21

    Verbes termins en hy :captiare = tsahy, chassercuminitiare = hmhy, com-

    mencer

    ail. = rhy, rinceradnuntiare=:n%t(,annoncer

    Verbes en x:

    adbrachiare = ahrax, em-brasser

    bassiare = hx, baisser *directiare = drx, dresserse excurtiare r=^ s'korx

    ,

    relever ses jupons

    Verbes en je :adtardiare = atarj, attardercv\xQ,idiYQ=^kroaij, croiserdisradiciare = dirij, dra-

    cinerimputnaciare = ponaij

    ,

    salir

    pretiare = preij, priserputeare =^;o2ye^ puiser

    Si(\(\u[c\ciro=: adrni/iye, adoucirpcrhyd, percer

    ail. dhy, danserabantiare =^ avhy, avancer

    hirpiciare = otxJ, herserminatiare = mnax, mena-

    cer

    tractiare = trax, tracerail. = boxj heurter

    acutiare = awij, aiguiserse == se kaij, se taireail. = segrj, se plain-

    dre=: s'praij, s'ten-

    dre paresseuse-ment

    Le y se trouvait dans la syllabe prcdant l'accentue etest venu se placer aprs la consonne qui le sparait de Vadans :

    baiulare i= hal, donner adjutare = idy^ aider.

    Ce y doit son origine la gutturale sourde ou sonore.Cette gutturale prcde immdiatement Va dans les verbessuivants :

    Verbes en ty :

    collocare == keuty, coucherexcorticare = korhj, cor-

    cherexbrancare = hrty, bran-

    cherinsaccare = saty, mettre

    dans un sa(;deroccare= di^oty, drocher

    masticare = mty, mchersiccare = sty, schercircare = tserty, chercherail. lecken ==: lttjy lcherconcacare = kty, salirdr. de bouc ^ boty, mener

    la chvre au bouc

  • 22

    Verbes en dy :

    bullicare= beudy, bougerjudicare = dzdy, jugerinmanicare = mdy, em-mancher

    fabricare ^ favrady, forgermanrlucare = mdy, mangermendicare = mdy, mendiercarricare = iserdy, charger

    revindicare= rvdy, revan-cher

    praedicare = prdy, prcherirrigare = ardy, arroserpurgare = pu^dyy purgerail. albergare = aherdy, h-

    berger

    Verbes en y (o la gutturale est tombe)

    adlocare = aloy, arrangerjocare = dzoy, jouer

    de mme baptizare = hatay, baptiser,

    precare = preye, prierplicare =^ pdy, plier

    et des drivs patois tels que bdtsy= blanchoyer, pdeiday= plaidoyer.

    La gutturale spare de Va par une dentale passe dans lasyllabe accentue aprs s'tre transforme en y et change Vaen .

    adlactare :=: alty, allaiter

    digitare = doaity, montrer

    du doigt

    exfrigidare= fraidy, refroi-dir

    Les groupes cl et gl se rduisant l quand ils sont pr-cds d'une voyelle persistante, les verbes suivants appar-tiennent la mme catgorie :

    coagulare ==: kal, caillerdormiculare = drml, som-

    meillertrabaculare = travaly tra-

    vailler

    maculare = mat, mailler

    strangulare = trl, tran-gler

    vigilare= vt, veiller

    se adgenuculare= s'adznof,s'agenouiller

    Tandis que Va de toutes les formes faibles des verbes enyc ou (i a subi l'influence du y, le participe pass fait uneexception curieuse : il conserve Va intact. C'est un fait com-mun tous les patois du Valais connus jusqu' prsent. Letraitement divers des formules drr et dtiwi est un des pro-

  • 23

    blmes les plus intressants que prsente le provenal (1).La question a t aborde, mais n'a pas encore reu desolution satisfaisante.

    sicoatum = stymanducatum=:i??2

  • 24

    L est tombe dans alterum, am = t7'e, a, autreet albanum = av, osier

    peut-tre en passant par les formes intermdiaires arterum etai'hanum.

    At=.At dans les terminaisons atum, atem devient :

    paupertatem = piirt, pau- bonitatem =: bt, bontvret pratum ^^pr, pr

    veritatem .= vrt, vrit gratum i= (mc) gr, malgr

    de mme tous les participes passs des verbes de la premireconjugaison qui ont a l'infinitif.

    amatum =: amo, aimsibilatum = sbd, siffl

    cantatum = tst, chantadvisatum = a^z, avis

    Yj de atum s'est conserv intact dans les participes passsdes verbes qui, l'infinitif, sont termins en y ou en , c'est--dire dans les verbes o \a de are a subi l'influence d'un ij,de quelque origine qu'il soit. La conservation de cet a estun fait purement phontique ; nous le retrouvons dans desformes qui sont en dehors de la conjugaison, ainsi que dans lesuffixe atem.

    adbrachiatum = ahrax, em-brass

    baptizatum = hataij, baptis

    siccatum = stij, schmanducatum = mdij

    ,

    mangDe mme : mercatum = martij, march

    commeatum = kody, congamicitatem = amity, amitipietatem =1 pdy, piti

    Le fminin de la terminaison participiale est ay (atam).

    cantatam = tstay, chante amatam = amay, aimesibilatam = shday, siffle advisatam = avzay, avise

    De mme : fatam = ff^yf", fe.

    Le fminin du participe pass des verbes en y et e est sem-blable au masculin : y. atum, y. atam = y.

    sty = sch et sche | abraxd = embrass et embrasse

    de mme araneatam = aran, toile de l'araigne.

  • - 25

    Le suffxo atJim est devenu en patois un suffixe nominalqui sert driver des substantifs dsignant le contenu d'unobjet, l o le franais emploie le fminin atam fcuiller, cuil-lere). Dans ces mots comme dans les participes,, atum ydevient , y.atum y.

    Gts, baquet, gtycl, contenu d'un baquet; fjtso,petit baquet, gtsn, contenu d'un petit baquet.

    Potsy poche (cuiller de mtal), poty, contenu de lapoche

    ;potso, petite poche, potsii, contenu de la

    petite poche.

    Seila, seille, seil, contenu de la seille; seido, petiteseille, seidn, contenu de la petite seille.

    pipa, pipe = pip, contenu de la pipe

    kaf, casserole == kahy, contenu de la casserole

    kol, cuiller =1: kodr, cuillere

    Ce moyen de drivation est trs vivant dans les patois dela Suisse franaise en gnral, et sa frquence semble avoiractiv la drivation franaise au moyen du suffixe fminin e,formation excessivement en vogue dans la Suisse romande.Ex. : seille, pioche, pipe (contenance d'une pipe), cor-beillee, etc., etc.

    Arium, a7'iam=^ ai, aire et y, yre.

    Comme pour le franais nous avons deux catgories demots distinguer :

    ceux o arium, ariam sont devenus al, aire

    et ceux o arium, ariam sont devenus y, yr.

    (Cf le franais vair (varium) contraire (contrarium) et meu-nier, meunire de molinarium, ariam).

    Mais pour nous les faits se prsentent sous un tout autrejour. Compar au franais, notre patois nous montre unergularit frappante. Nous n'avons pas besoin de recouriraux explications donnes jusqu' prsent pour le franais.

    Arium est devenu ai. \Ji du au y qui suivait Xr ne s'entendpresque plus, mais il reparat au fminin, ariam =. aire.

  • 26

    Arium = ai :cinerarium= fdri, cendriergranarium = grni, greniermolinarium = menai, meu-

    nieroperarium = ovimi, ouvrierpanarium =1:^ panai, panierpomarium ^=^ pomi, pommierrosarium = ruzi, rosiercarbonarium = tsei^honi,

    charbonnierprunarium = prmi, prunierfebruarium == fvri, fvriercorylarium= kudri, coudrierColumbarium= Kolohi, Co-

    lombiercatillarium? =^katli, potier

    Ariam=^air.

    filariam = flair, fleuse

    petrariam rr^ prair, boulisde pierres

    caldariam = tseudair, chau-dire

    carrariam = tsrair, rue devillage

    tophariam = tovair, tuffirecacariam = kakair, lieux

    d'aisance= dzarotair

    ,jarre-

    tire= baraire, barrire

    butirariam = horair, ba-ratte

    fabariam = favair, champde fves.

    De mme que are sous l'influence d'un y prcdant est de-venu y, de mme arium sous la mme influence est devenuy et son fminin yi^. En d'autres termes y remonte y. arium.

    bulengarium = boldy, bou-langer

    tatyr == flachre, terrainmarcageux.

    castanearium= tstan, ch-taignier

    vervecarium = herdy, re,berger, re

    cloccarium = toty, clocher

    formaticarium = frmady, celui qui fait le fromage

    leviarium == ldy, lger | flancarium = tty, flanc

    extranearium =: trdy, trangerfalcarium =: feiity, manche de la fauxbancariam = btyr, rucher

    Gallinariam^^i devenu dzntr. Il y a eu dans ce motune transposition de syllabes qui explique cette forme (galli-nsim=z dznd et non pas dzedn, cf. genillc). Elle remontephontiquement ganillariam.

    Prmy pour prmi est emprunt au franais.Formicariiim a donn frmy et non frmy.

  • 27

    Des mots tels que kornoli (cornouiller), kof'zhii (cuisi-nier) ne remontent srement pas des primitifs latins, maissont des drivs patois. En (!st-il de mme du frrai/d?

    E loue/ tonique

    E =^ ai, ai.E suiv. de n -\- syllabe = .

    E long tonique se change en ai et en ai la fin des mots(l'e ne s'entendant presque pas) :

    ste(l)lam = taila, toilepe(n)sile = pail, chambrescalam =: saila, seigleburge(n)sem = hordzi, bour-

    geoisdebere = dvi, devoirsapre =:^ savi, savoirhabere = avi, avoirdicebam = dzaiv, disaiscandelam = tsdaila, chan-

    delle

    setam =: saya, soieprehe(n)sam=/?rzza^ rcolteflebilem = faibde, faibledebeo = daiv, doiscredis =: cri, crois

    valere = vali, valoir,

    sapebam = savaiv, savaisftam = faya, brebismetam = maya, meule de

    foin.

    U se conserve comme e ferm devant n.avenam = avia, avoine | pnam = pna, peine

    E bref tonique

    E == ai, ai la fin des mots. En =: .E suivi de n = .E -^^ y aprs avoir refoul son accent sur la syllabe sui-

    vante.

    E bref est trait comme e long, il devient ai. \Ji de cettediphtongue, devenu presque muet la fin des mots et tenanttout autant de Xe ferm que de \i, apparat sous la fcn'me d'une nasal quand il est suivi d'une )i finale.

  • 28

    regem = rai, roifebr

    -f- am = fawra, fivremdium tempus =1 mait, moi-

    ti.

    S9epem = si, haiegrve (pour grave) =: gri,

    difficilement.

    :bene = b^ bienvenis = vj, vienstenes, tenet= ^e^ tiens, tient

    illam hederam = lair, lierrelepor -j- am =: laivra, livrefem. de mum := maina,

    mienneBartholomseum = Bertmi,

    Barthlmy

    meum = ma, mientum (pour tuum)=^ t, tiensum (pour suum) =1 s, sien

    E bref est devenu e ferm dansrem = re, rien

    tandis que hene devenait be

    Dans les mots suivants :

    nebulam = nyola, nuagebetulam = byola, bouleautegulam = tyola, tuile

    I

    fsenum = f, foin

    melius = my, mieuxpedem z=^ py, piedego = yo, je

    V par la chute des consonnes qui se trouvaient entre deuxvoyelles s'est trouv en contact immdiat avec la voyellesuivante, a rejet son accent et s'est consonantis en y selonles lois du latin.

    Il est arriv un fait semblable dans ir de lgre.

    Singularits. Venio et teiyo sont devenus vn et tne.On peut rapprocher de ce fait celui que nous avons dj

    constat dans la phontique de Va, o les groupes 7iy et lyabrgent Va long qui les prcde (neam, lyam = n, d)

    Sequere = xeur, crepo = kreuv. Ce traitement excep-tionnel de Ve est sans doute attribuer au voisinage du v(crev, sekv), qui dans le premier cas est tomb, mais qui apersist dans le second.

    E tonique entrav

    E entrav = ou E + '^y^ ou st= eiEct = aiEllum =: et Erium, eriam = cire

  • 29

    LV toniquo entrav se conserve, mais il est tantt ferm,tantt ouvert, selon les consonnes qui le suivent ou le sui-vaient. Il n'est pas toujours facile de distinguer la qualit decet e. Versus devient v, mais ventum et vitellum= v.

    dents = d, dentsgentes = dz, gensventrem = vtr, ventreserpentem = serp, serpentincrementum = krm, nou-

    veau-ndiam Mercuri = dmh^,

    mercredidiam Veneris= dvdr, ven-

    dredicopertum -=1 kiiv, couvert

    pendre == pdr, pendrevendere = vdr vendre,,mentam == meta, menthebona mente = bonam, bon-

    nementfrumentum =/rome^ fromentLaurentium = Lo7', Laurenthaereticum = irdz, rusfeminam = fna, femmetenerum = tdr, tendreperdere =r perde, perdre

    E -\- sp ou st= eiQuand e est suivi de st ou de sp, c'est--dire de s impitr, il

    se change en ei en compensation de Vs qui tombe.

    bestiam = heity, btetestam = teita, ttevesperas =: veipr, vpres

    festam = feita, ftefenestram = fneitra, fentrevespam = weipa, gupe

    Dans tr de essere, crtr de crescere, ipr de vesperum[bo pr bonsoir) ei s'est contract en . Cf. veipr, vpresavec p7' de vesperum, eit (estis) ct de t7', tre.

    tectum = ti, toit

    materiam = mateir, cuir

    Ect=

    directum, am = dri, draita,droit, te

    Eriiim, eriam = y, eir

    ministerium = mty, mtierferiam, feir, foire.

    Ellum =^ e et 6

    Ellum est devenu :

    botellum == bti, boyaucultellum == keut, couteaucorbellum = korb, corbeaumartellum = marte, marteau

    mais dans quelques mots il faut supposer que cet e s'est

    castellum = tst, chteauavicellum = iz, oiseaulacticellum = laf, lait

  • 30

    largi en a, il a t du moins trait comme dans la combinai-son al() dans les mots

    batellum = hat, bateau grumellum=^r(?"mo^ grumeau....ellum =: bar6, barreau

    Bij (fm. halo) prsente le mme changement. D'o vientle y?

    L'e devant les liquides a une tendance trs marque sechanger en a, surtout devant r.

    Tsan == chne doit probablement son a Y?' qui suivaitVe dans son primitif quercinum, si toutefois ce vocable est lavritable origine du mot.

    I long

    1= iI -\- syll. fm. =:e1 -\- 71 finale = ; aprs zItum, tam = ai, aita

    = e

    Ludovicum =: Loij, Louisamicum = ami, amigentilem = dzti, gentilaprilem = avri, avrilcohortile = korti, jardinterminaison ire de l'inf. =venire = vni, venirpunire = poni, punir

    dormire = drmi, dormirnidum = ni, nidvenibam = vniv, venaisvenite = vni, venezdeviso = dviz, parle (mais

    l'infn. dvza, parler)ripam = riva, bord

    LH s'affaiblit souvent en quand il est suivi d'une syllabelatine qui persiste en patois, ou d'un groupe de consonnes quidemande une voyelle d'appui. Ex.: caminum = tsm, maiscamino ==: tsmn.

    spinam == epena, epinemicam == mts, miche

    cribrum = krbcl, criblegallinam =:: dznd, poule

    Nous avons cit plusieurs mots o devant une consonnesuivie d'une voyelle a perdu son accent aprs la chute de laconsonne, et l'a rejet sur la voyelle suivante. Dans ce cas

  • 31 -

    V n'tait plus reprsent que par un //. La forme iirtf/a deurticam nous prsente le mme fait pour l. V!i long a enti-rement disparu dans \\\\^\\\\{ dicero, = dr

    .

    Iniim = . L'f devant une n finale semble avoir ttrait comme Vi bref.

    caminum =^ tsm, chemin | clavinum =^ tav, petit cloufr. cote-f-2Vi2/m=A'o^^_, jupon | florinum = trj florindr. de diable = diabdotd, diablotin

    ainsi que le fm. dodaina de Claudhiam.

    La diphtongaison ne s'est pas produite dans les mots vzde vicinurn, voisin, et koz de consohrinu7n, cousin ; c'estsans doute sous l'influence de la consonne.

    L'2 long du suffixe participai itum a t trait comme un ibref ; ainsi :

    dormitum = drmi, dormi.

    I bref

    1= ai, ai la fin des motsI ^ n finale =

    I = ai.

    bibere = hair, boire|

    piperem, paivr, poivre

    juniperum = dznaivr, genivre (ce mot peut remonter jimepirum ou juniperum)

    librum = laivr, livre | vitrum =: vair, verre

    i\

    nivem ^ ni, neige|picem = pi, poix

    / -j- n finale =

    Rem est devenu r, sine devient se, sansin , dansminus m, moins

    Minus a donn une double forme, m, moins et m quisert former la ngation et qui remplace pas. Brnc, nousavons oubli de le dire, ct de bd a une autre forme qui

    est b.

  • 32

    Nigrum et nigram sont devenus n^i neir (comme erium,eriam)

    I entrav

    I entr. -\- c o\x g -\- t ^::^ aiI entr. = ou I entrav -\- hj ^=^ ht ==: ei et Ile = eu

    I entr. -\- c ou g -{- t ^=z ai. Dans les trois mots suivantsai est d la gutturale prcdant t (cf. tectum = ti, direc-tum = dri) et non pas au dveloppement libre de i bref dansdigitum, de i long dans ficatum et frigidum

    digitum = dcii, doigt | ficatum = fi, foie

    frigidum ^^ frai, fraida, froidQuinque est devenu f, cinq.

    /=z e ou . L'e est ferm ou ouvert selon les consonnes quisuivaient Vi.

    dominicam = dmdze, di-manche

    circulum :^ fh^t, cerclepatrignum =z pare, parrain

    cinerem = fdr, cendre,viginti = v, vingtintra = try entre

    signo =:= si, signelinguam = /eit;^ langue

    . . . iculum ==:

    articulum = art, orteil | soliculum = sul, soleil

    / = quand il est suivi d'une syllabe fminine commenantpar ^ [cjl, cl=:^ly). Les exemples recueillis nous autorisentdu moins croire que c'est dans ce cas seulement que Vientrav s'affaiblit en .

    tiliam = td, tilleul

    filiam = fd, fillevigiliam =^ vd, veille

    ... iculam, d

    apiculam = avd, abeillebuticulam =: botod, bouteillelenticulam = itd, lentille

    concaculamquille

    corbiculambeillc

    kukdy co-

    krbd, cor-

  • 33 -

    Villam a t trait de mmo et est devenu vla. C'est unfait curieux. Toutes les langues romanes s'accordent garderVi. (Voir forme analogue dans le bagnard; Sovam villarn =Nvla, village prs de Torgon ; la carte fdrale de Dufourl'appelle Noville.

    ht= ^2 (cf est ^^ ci).

    aristam = ai^eita, arte

    Cet ci s'est contract en i dans plt, je pile, depisto. Cettecontraction, nous l'avons dj observe pour e suivi de simpur. La forme correspondante du bagnard est /)?^o, ce mota t mal expliqu par M, Cornu (page 12).

    // -j- c = eu dans heiidz, fougre de fiiicam.

    Fait isol. Viscum = vi, gui. Ce mot a conserv soni qui tait long.

    io?g

    = eu et la fin des mots+ ^= -\- n finale = o

    =: eu, 6. La diphtongue eu se rduit o la fin desmots.

    ovum = y uf | horam == eiira, heure

    tropo = treuv, trouve (mais l'infinitif= trova)i^oso ^= peiiz, pose ( z=poza)ploro = pdeury pleure ( = pdora)spo(n)sum, am =: po, euza, poux, pouse

    illorum = hjo, leur | nodum == nb, nud

    ... osum =

    gaudiosum = dzoyy euza, joyeux, seami(ci)tosus = amitb, euza, aimablezelosum = dzalo, euza, jaloux, securiosum = koryo, euza, curieux, se

    GiLLiRON, Patois. 3

  • 34

    Je n'ai qu'un seul exemple d'o long suivi de t, il se main-tient dans ce cas : Totum, totam = ta, tta, tout, toute.

    -\- n finale == o

    cautionem = hxo, cautionpulmonem = jjormo, poumonactionem =^ axo, action

    ainsi que quantit de diminutifs de formation patoise pour laplupart termins en o (=:^ latin nen).

    munitionem = monxo, mu-nition

    ats, petite hacheawdo, aiguillonfeiro, petite foire

    hd, billothotody petite bouteilleravd, petite rave

    a botso, sur le nez (tomber a botso)

    bref

    = eu

    suivi de ^ =Ocum = o

    -[- n =

    = eu. L'o bref est trait de mme que Vo long.novam = neuva, neuve | filyolam = fdeula, filleuleprobo = jweuv, prouve (infin. prova)opero = euvr, travaille (infin. ovra)molere ==^ meudr, moudre

    A la fin des mots la diphtongue eu ne se rduit pas 6,comme quand elle remonte un o long, mais elle persiste :

    diam Jovis = ddzeu, jeudi | novem = neu, neufprobe r=:preu, assez, beaucoup. Cependant bovem =. bo,

    taureau

    0=^0, L'o bref s'est conserv intact dans le mot ro,roue, erotam, parce qu'il tait suivi d'un t (cf. ttum = t).

    Ocum = o. L'o bref s'est galement conserv dans ladiphtongue o produit de o -j- c.

    jocum == dzo, jeu | focum = fo, feulocum =: lo, lieu

  • 35

    -{- 71 ==^ 0. LsL nasalisation s'est galement produite pourVo bref comme pour Vo long dans le mot o da bonum. Maiselle ne s'tend pas au fminin (cf. hyiX, hyna de antia-niim, am) qui est bona.

    La nasale disparat galement dans les composs. Ex. :honom, bonhomme.

    M a empch la transformation de o en fm dans koma,crinire, de coma.

    Fait isol. Deforas = dfo, dehors.

    entrav

    O entr. = o, on = oentr. = en

    Ost, oss= n

    Oc -\- cons. = oaiy oi

    entrav persiste gnralement. Devant n -}- consonne ilse nasalise.

    portam ^=:. porta, portedorsum =:^ d, dosroccam = rots, rochesomnum =^ son, sommeilad montem = a7nd, amontpontem = po, pont

    porto = port, portemordre = morde, mordrepropius zzzzprots, prochefoliam =:= focl, feuillefrontem = fr, front

    = eu. DsLns poliicem = peiidz, pouce, la diphtongaisonde est due 1'/ qui le suivait. Elle est plus difficile expli-quer dans Rhodanum = Reun, Rhne. Le v du mot romancosvere n'a pas entrav Vo, tant tomb de bonne heure, con-suere^=.keudr, coudre. Meid)d, de mobilem, est probable-ment form sur le franais meuble.

    Ost, oss = ib

    costam = kuta, ctecoxam devenu cossam = kus, cuissegrossum, am = gr, grsa, gros, grosse

    Il faut joindre ces mots : boscum = b, bois

  • 36

    Oc -\- cons. = oai, oi la fin des mots,

    coquere = koair, cuire | coctum = koi, cuit

    pote smn devenu potsum, puis pocsum = poi, puis

    Odium, oriam == 6, or

    colatorium = kolyo, vase de bois en forme d'entonnoiravec lequel on filtre le lait.

    inbuccatorium =^ hoxo, en-tonnoir

    armtoriam = armybr, ar-moire

    xo, manche du flaurpyo, = table o se fait le

    fromage

    Istor vient du franais histoire.

    Faits isols, longe= lue, loinoleum = ud, huilenoctem =z n, nuit

    U long

    f/long =

    U it

    sambucum = savii, sureaumaturum, am = m, mura,

    mr, esecurum, am := su, sra, sr,

    srefirmaturam = fermr, ser-

    rure

    culum = k, culmulam = mla, mulenudum, am = nu, nda, nu,

    nue

    facturam = ftr, moule fromage

    Le suffixe participial utum devient galement , mais sonfminin utam = oa.

    de mordere == mordi, oa, mordu, ede tordere =: tord, oa, tordu, cde perdere =:z pe?'d, oa, perdu, o

  • - 37

    Ce suffixe participial il s'tend des verbes qui, en fran-ais, ont recours au suffixe itiim.

    de sentire = setu, oa, senti, iede = rpt, oa, repenti, ie

    La terminaison oa du fminin de ces participes est sansaucun doute une altration postrieure de a. La prsenced'une seconde forme drivant de iitam nous montre qu'vi-demment les habitants de la contre prouvaient une diffi-cult prononcer a, qu'ils trouvaient cette diphtongue inso-lite. Cette seconde forme, plus commune que la premire,est va. Le v n'est qu'une consonne adventice, euphoniquesi l'on veut ; sa prsence ramne le produit phontique de Vulong, c'est--dire , qui avait t chang en o, grce laconcidence des deux voyelles et a.

    de cresccre = kr, krva, cr, cruede cognoscere =: kon, va, connu, uede sapere = su, sva, su, suede valere = valu, va, valu, value

    Quand 1'/^ long est suivi d'une m ou d'une n sans appui, il senasalise.

    diam lunae = dl, lundiunum = , un

    coagulumen = kad, laitcaill

    communem =: km, communremolumen = rmol, son de

    farine

    La nasalisation s'tend mme des formes fminines,

    plumam = pdma, plumeunam = na, une, ct de la forme apocope 7ia

    qui sert d'article indfini ;

    mais, de mme que bo a pour fminin bona, km a k-mona, commune.

    V =^ . Liinam est devenu ina, lune (cf. spnam =pna, pine ; villam = vla, ville).

  • SS-

    II bref

    U bref= eu, 6 la fin des motsU bref -|- n sans appui = o

    Les exemples de u bref accentu sont trs rares. Le peuque nous avons recueilli nous permet d'affirmer que le trai-tement de cette voyelle est le mme que celui de l'o.

    ^=: eu, 6

    lupum == 16, loupgulam = geida, gueule

    U -\- n ^=^m(e)m == mo, mons(u)m = s, son

    lupam = leuva, louve

    t(u)m = t, ton

    U entrav

    U entr. t=: o, u -\- n -\- cons.U entr. = uU-^y {c) =z oi

    Ul -\- cons. = eu

    o

    U entr. 0, u -{- 71 -\- cons. = surdum = sa, so?'da, sourdrotundum == ry, ryda, ronddiurnum = dzo, jourauctumnum = eiit, automnemedullam = myola, moellenuptias = 7iof, nocesprofundum :=zprv, da, pro-

    fond, delocustam =: dota, sauterellebucculam = bota, boucle

    kolda, poutrecolumnam -

    verticalecurvum == korb, a, courberuptum , am 1= ro, 7'ota, rompufurnum = fo, fourmuscam = mots, moucheungulam = d, ongleguttam = yota, goutterubeum ^= rodze, rougebyrsam =: borsa, bourse

    U ^= u. Il serait difficile de dire pourquoi les mots sui-vants ont u et non :

    dulccm = d, dsa, doux,douce

    furcam =/i/r/6Y^"^ fourchepurgam = purdz, purge

  • 39

    U -\- y [c) = odi (Cf. focum = fod, feu, etc.).buxum = hoi, buis | puteum =^ podi, puits

    pulvi(s) -|- a = peufa, pous-sire

    ^/_|- cons. = c?^pulvera ^=^peudra, poudrebullico = beiidz, bougebulgarum = beugr, bougre

    Dans jnilpam = porpa, viande sans os, / s'est changeen Ty comme nous avons vu tarpa de talpam, ct de cal-

    dam = tsda. Dans sulprvm = sopr(', 17 est tombe et Vu at trait selon la rgle gnrale de Vu entrav.

    peduculum = pyeu, pou | genuculum ==: dzneu, genou

    ont t traits comme les quatre exemples cits.

    Faits isols. Pulpam ^z^ porpa, viande sans oscucurbitam = kyorda, courge

    DIPHTONGUES TONIQUES

    Oe et ae. Voir e long et e bref.

    Au :=^

    causam = tsza, chosepauperum, am = pr, a,

    pauvreclaudere =: tr, clore

    auram = ra, ventpaucum = pii, peuclausum = tu, enclos

    Gabatam devenu gautam par la vocalisation du v produitde Z> = dziita, joue

    Rapidum, raptum, rautum = rt^ en pente.

    Caudam, dj en latin vulgaire devenu codam, = kaua,forme difficile expliquer (Cornu, Phou. du bagnard, p. 17).

  • .; 40 -

    VOYELLES ATONES

    L Voyelles posttoniques

    Les voyelles posttoniques sont sujettes des lois gnralesque nous exposons brivement ici pour nous dispenser derptitions inutiles dans l'tude spciale que nous leur con-sacrons.

    Ces lois sont semblables celles du franais.

    1. A est la seule de toutes les voyelles posttoniques quipersiste rgulirement ; les autres tombent.

    2. Dans les proparoxytons latins, la syllabe qui suitimmdiatement l'accent, tant la plus branle, tombe.

    Cependant la conservation de certains groupes de consonnesempche la disparition complte des voyelles finales autresque a. Tantt ces groupes existaient dj en latin, commedans pa^rem, tantt ils sont un produit roman d la chutede la voyelle qui suit la syllabe accentue, comme dans j-d[i)cQm. ; reprsente, dans le patois de Torgon, la voyellelatine prcde de ces groupes. Cet n'est pas simplementune voyelle d'appui d'origine purement romane, mais il est unaffaiblissement de la voyelle latine. Cela nous semble prouvpar la prsence d'un (son intermdiaire) dans la plupartdes patois de la Suisse romande, dans les cas o la voyelleremonte un u latin. Ce fait, nous l'avons constat dans ledomaine si restreint du patois de la commune de Vionnaz.Ainsi villaticwn est devenu vladz Torgon, mais vladzo Mayen et Revereulaz. Cet o s'est tendu des mots quin'y avaient aucun droit. Ex. : omo, de hominem, etc.

    Je suis donc port croire que certains groupes de con-sonnes, ne tombant pas et ne pouvant exister sans l'appuid'une voyelle, ont empch la voyelle latine de tomber et l'ontrduite c.

    A posttonique se conserve :alam ^^ la, aileavenam = (wna, avoineplantam = pdta, plantepulpam=yvr'^?y;^ viande sans

    os

    Johannam = Dzna, Jeanne

    aristam = areita, artenebulam = nola, nuagebucculam = bota, bouclefestani =^ feita, ftebonam = hona, bonne

  • 41

    Mais a posttonique se rduit

  • - 42

    E, i, 0, u posttoniques. Il est superflu de citer desexemples de la chute de ces voyelles. Elles tombent gnra-lement, except aprs certains groupes de consonnes. Cesgroupes sont forms de :

    1

    .

    Muette ou liquide -|- liquide [l, r, n);

    2. Muette ou liquide -(- gutturale {c, g),

    et quelquefois de muette ou liquide -|- y ;

    mais il faut noter que jamais une consonne redouble nemaintient la voyelle suivante.

    alterum = try autrefabrum = fvr, marchalasinum = n, neplatanum ^ pdan, platanepatrem = par, precinerem == fdr, cendrepollicem ^=peudz, poucebulgarum = beug^, bougreconsuere= keudr, coudrelibrum = laivr, livreoleum = ud, huilesetaticum == dz, gecribrum = krhd, criblejudicem = dzdz, juge

    fraxinum = fran, frnesomnum = son, sommeilimag(in)em == madz, imagesalicem =: sdz, saulepiperem = paivr, poivrebullico = beudz, bougeRhodanum = Reun, Rhnemolere = meiidr, moudretenerum = tdr, tendresapium = sadz, sagediam Veneris= dt^dr, ven-

    dredidiabolum = diabd, diable

    II. Voyelles protoniques

    Proionique non initiale, non en position. Je ne doutepas que le travail de M. Darmesteter, publi dans le tome Vde la Romania (p. 140), n'ait pos une des lois fondamentalesdu traitement des voyelles protoniques : L'accent toniquedivise le mot en deux moitis et la finale de la premiremoiti est soumise des lois de mme nature que celle de laseconde. (P. 163.) Je ne doute pas non plus que cette loi nes'applique notre patois, mais je n'ai pu le dmontrer pourles raisons que l'on va voir.

    Il a fallu toute la science de M. Darmesteter pour dgagercette loi fondamentale de toutes les anomalies qui sont venuesla troubler, anomalies dues l'influence exerce par laforme des mots simples sur celle des drivs, l'influence

  • 43

    exerce par la drivation de la conjugaison la plus usuellesur la drivation des autres conjugaisons. Ce que M. Darmesteter a fait pour une langue littraire

    dont la richesse lui fournissait assez de matriaux et dont lesnombreux documents, datant de toute poque, retraaientl'histoire des mots, nous n'avons os l'entreprendre pour unpatois pauvre et sans pass littraire.

    Si nous faisons abstraction des mots n'manant pas direc-tement d'un primitif latin, il nous en reste fort peu qui con-tiennent deux syllabes protoniques. Une grande partie deceux qui ont t cits par M. Darmesteter n'existent pas dansnotre patois, et de ceux qui sont propres ce dernier, il yen a beaucoup dont j'ignore l'origine.

    D'une part l'influence trs marque exerce par l'analogie,d'autre part le nombre restreint de matriaux et l'absencecomplte de documents, qui ne nous permettent pas de dter-miner l'importance de l'influence analogique, m'ont dcid ngliger dans l'tude de la protonique ce qui a rapport laprotonique non initiale et non en position (1).

    A protonique

    Ar=^ a, anz^ Y -\- a ^=. , eA -\- y z=. eiAl::^ euy er

    il = . .4 protonique persiste, il se nasalise devant n.

    amare = ama, aimerarticulum = art, orteiladtardiare = atarj, attarderabantiare = cwhy, avanceravarum = av, avarefabariam = favair, champ

    de fvescantionem = tsf, chansonirrigare =: ardy, arroser

    advalantiam = alavts, ava-lanche

    captiare = tsahy, chasserstrangulare ==: trl, tran-

    gler

    manducare= mdy, mangerplacare zzz^ pdaka, cesseraraneam = aran, araigne

    (t) C'est pour des raisons analogues que j'ai vit, autant (jue possiblede m'appuyer sur des formes verbales dans l'iwpo^ de la Phonologie.

  • ~ 44

    F + = , c. Sous l'influence d'un y, que dveloppentles gutturales c et g qui prcdent, Va s'est altr en , ouen devant le groupe liquide

    -f- muette.

    adcaptare = atsta, achetercarrariam ==:: tsrair, rue de

    village

    cardonem = tserd, chardoncaballum == tsv, chevalcarbonarium = tserhoni,

    charbonnier

    caprare = tsvra, mettre bas(de la chvre)

    castanearium = tstan, ch-taignier

    caminum == tsm, chemingallinam = dznd, poulecanalem =: tsny chenal

    Il est singulier de trouver le mme fait dans les mots sui-vants :

    exgranare = grena, grenerraiiaculam = rnady gre-

    nouille

    granarium == gernai, grenierBartholomaeum = Bertomi,

    Barthlmy

    Est-ce l'influence de l'r qu'il faut l'attribuer? A l'occa-sion de Ya posttonique, nous avons vu le mme fait se pro-duire dans le voisinage de Yr (mavr, de malvam).

    A suivi du groupe et s'altre en e ouvert.

    infactare =: fty, fixer dans adlactare =^ alty, allaiterun trou

    Dans les mots : imputnaciare = ponaij, salirexclariare = teiry, clairer

    le y a agi et sur la voyelle tonique et sur l'atone.

    ^/==: eu, er

    Eu :

    altare = euta, haussercaldariam = tseudair, chau-

    diresaltare = seuta, sauter

    Er :

    inalpare =:: nerpa, menerpatre la montagne

    falcarium = feuty, manchede la faulx

    salsitiam =: seufert, saucissecalceonem =: tseuf, chausson

    caldiare = tserfa, chauff'er

  • 45

    E protonique

    E libre = E entrav = eE -\- st:= eiE devant r r=z a

    E libre = arenare = arrna, briser

    se ingeniare = s'dzny s'ef-forcer

    venire = vni, venirquserire = kri, qurircrepare = krva, crever

    Cette rgle n'est pas sans comporter des exceptions nom-breuses. Beaucoup de mots sont traits comme s'ils avaientun e entrav.

    genuculum = dziieii, genoutenere = tni, tenirdebere = dvi, devoirfsenare = fna, fanerprfixe re == r

    serpentem = serp, serpentprsedicare = prdy, prcherBernardum= Beim, Bernard

    De mme :februarium =::: fm^i, fvrierpetrariam z:^ prair, carrire

    E entrav = eindentare = dta, mettre des

    dentspersicarium = perfi, pcherlenticulam = ltcl, lentillehibernare = verna, hivernergentilcm = dzti, gentil

    E ^ st-=^ eifestare = feita, fter | extestare = teita, assommer

    mais htair, fumier, qui remonte hestiariam.

    E devant ri^^ a. Ce changement de \e devant r, quoiqueaccidentel, est plus frquent qu'en franais. Le franais po-pulaire de la Suisse romande n'a pas chapp cette alt-ration que l'on retrouve dans la plupart des patois de notrecontre [sarpillire, i^esarrer, sarchcr ; fait contraire : sei'-ment ^oviV sarment, sercler pour sarcler).

    mercatum = marty, marchherbare = m^ba, arracher les

    mauvaises herbesterratiam = taraf, terrasse

    = graso, cresson

    hirpiciare =: ai^x, herserremercediare = remx, re-

    mercierreserare = rsara, resserrerterrinam= tarina, terrine

  • 46

    Le mme changement s'est produit dans le mot zelosum=dzaloy jaloux, exemple isol.

    E= ynec unum = ny, personne | peduculum =^jnjeu, pouLa chute de la consonne sparant la voyelle protonique de

    la voyelle accentue est tombe et a amen la collision desdeux voyelles ; la premire s'est change en y (cf. latin olam= yolam, a = ya; patois nhulam = nijola, etc.).

    Faits isols.

    adprivensiare = aprovaij, tectatam = taity, toitureapprivoiser

    sont sans doute des drivs romans de ti, toit, et d'un ad-jectif qui n'existe plus, mais que l'on peut supposer avoir tprovi, privois.

    h8ereticum= 2re^ze^rus, m- heritare = irta, hriterchant

    Gentianam = dzfna, gentiane, prsente la nasalisationde Xe. C'est un fait isol : Ye ne se nasalise pas dans notrepatois.

    I protonique

    /=: l^ eI largi en a

    I = gnralement quand il est libre.

    mirare = ynerye, mirerprimarium = prmy^ pre-

    mierdevisare = dvza^ parlergallinariam = dznlyr

    ,

    poulailler

    filariam = flair, fileuse

    filare = fla, filer

    girare = vry, tourner

    Si nous rapprochons les mots suivants :

    picinariam -^^pdznah', ca-chette de rsine

    advisare = avza, aviserdivinare = dvna, devinermiratorium = inryo, miroirvicinum = vze, voisinminare = mena, meneradripare = arva, arriver

    filiolum ==: fikli, filleul

    villaticum = vldz, villagefiliolam = fcdnia, filleulevillanum = vl, vilain

  • 47

    des faits qui ont t cits l'occasion do Vi entrav /^voirp, 32), nous sommes obligs de reconnatre que /// n'entravepas cette voyelle.

    Dans ce cas, la rgle pose ci-dessus est presque sansexceptions. Je n'ai relev que :

    siccare = stj/, scher

    I^ e quand il est entrav.

    hibernare = verna, hivernerlictare = dta, liersingularem= snuy, sangliersignare = sn, signercinerarium =:^ fdri, cendrierrevindicare == rvdy, revan-

    chermissaticum = msadz, mes-

    sage

    intrare = tra, entrerpiscionem r=^ps, poissonsilvaticum = servdz, sau-

    vagecircare = tserty, chercherlinteolum =: lfo, nappe, drapcuminitiare = kmliy, com-mencer

    Quand i est libre et qu'il est initial, il devient , ainsi :imaginem z=. madz, image ; inalpare= nerpa, mener patreles vaches la montagne.

    / largi en . L'largissement de Vi proximit d'un rest moins frquent que celui de Ve. Le franais prsente cefait dans sarcler, de circulare, o notre patois a sria. Je n'airecueilli que deux exemples de cet largissement :

    irrigare ^ ardy, arroser | fabricare ^ fanrady, forger

    ht.

    ^i^idiVQ z=pta, piler

    protonique

    O libre r= -\- dent, lab., m, r ^= o

    O entrav. =: o= o

    01=^ eu

  • 48

    libre =z sonare = sna, sentir mau-

    vaisco(ni)munem =: km, ptu-

    rage commun

    co(m)mendare = kmda,commander

    cautionare=-cJ^'V2!^ caution-ner

    copertam = kverta, couverteiretonare == rtna, retentir

    De mme les trois mots suivants, traits comme si l'o taitlibre, grce la mtattise de or en ro :

    dormire = drmi, dormirformaticum = frmdz, fro-mage

    corbiculam ^ krhd, cor-beille

    O -\- dent., j^j^ b, v, m, r. Les consonnes cites semblentdans certains cas avoir maintenu Vo intact.

    nodare = noa, nouertotare = ton, tuer, teindre

    (cf. rotam =. roa, roue)tropare= ^ro?;a, trouver (tropo= treuv)

    tophariam = tovair, tuffreoperare = ovra, travailler

    (opero = euvr)posare z=^poza, poser (posor:=

    ovare =: ova, pondreail. foderare = fora, fourrer

    (fodero =.feure)corrosare = kroza, creuser

    (corroso == kreuz)probare = prova, prouver

    (probo = pi^euv)plorare =r pclora, pleurer

    (ploro = pdeifr)peiiz)

    Dans dzoy, jouer, de jocare, rpoy, monter une secondefois la montagne avec le btail, de repodiare, Vo atone s'estmaintenu pour la mme raison que Vo tonique dans jociim 1=dzo, jeu.

    Le nom propre Bertomi montre galement la conservationde Vo, sans doute sous l'influence de Vm qui suit. Ce motremonte Bartholomseum (voir ol protonique).

    entrav 1=. o, -\- n, m=zo

    contrare r= kotra, rencontrer

    cornare = korna, cornercommeatum = kdija, congconflare = gta, gonflermonstrare =:= motra, montrercostare = kota, coter

    excorticare = korty, cor-cher

    portare :=: porta, porter

    montaneam = mtan, mon-tagne

    bonitatem z= bto, bont

    O = o. Une srie de mots ont o l o nous attendions

  • 49

    soit 0, soit . Dans quelles circonstances ce changements'est-il produit? Nous ne parvenons pas le trouver.

    colligere= kodi, cueillircochleare = kot, cuillreforetum= for, fouetcarbonarium ^ tserboni,

    charbonniertalponariam = derbonair

    ,

    taupinire

    apothecam = hoU'ka, bou-tique

    consobrinum zr^ kodz, cousinmonetam z= monaya, mon-

    naiemorire = mori, mourircohortile = korti, jardin

    (Voir Cornu, Bagnard, p. 23, 85.)

    01= eu

    collocare = keuty, coucher solidatum = seuda, soldatsolidare = seuda ^ souder

    L7 est tombe sans laisser de trace dans :molinarium= menai, meunier Bartliolomseum z= Bertmi,colaphare = kopa, couper Barthlmy

    Corylarium, devenu colrarium, a t trait d'une faonexceptionnelle ; il est devenu kudri, coudrier.

    Faits isols. Contraction de oa en a :

    coactare =z katy, cacher | coagulare == kal, cailler

    0=zUrosarium = mzi, rosier (rosam = riiza^ rose, est

    galement exceptionnel)soliculum =z siil, soleil

    0=^uoblitare = bda, oublier

    0=profundum ^=:^prv, da, pro- 1 donare = dna, donner

    fond, eI

    U protonique

    U= U=U = oUl z= eu

    GiLi.iRON, Pniois\ 4

  • 50

    U protonique est trait absolument comme o protonique.U = quand il est libre.

    fumare = fma, fumeraclcostumare = akotma, ac-

    coutumer

    su(f) ferre z=z sfri^ souffrir

    grumellum^^ grm, grumeaunutrire = nri, nourrir

    11=10 quand il est entrav, et quand il est libre devant lesconsonnes t, p, b, v, m.

    adnuntiare = anhy, annon-cer

    ad bucconem = a botso, surle nez

    remutare = rmoa, remuersulphurare = sopra, souffrer

    bucculare = hota, boucler

    U =oindurare = dora, endurerputnacem =^po7i, punais munitionem = monx, mu-

    nition

    butjrariam =n borair, ba-ratte

    67= enauscultare = akeuta, couterbullicare = beiidy, bougercultellum = keut, couteau

    multonem = meut, mouton

    m =^ or

    adbuccare r= aboty, renverserun objet

    putare ^j06Z, taillersuperare = sobra, rester

    frumentum =i from, fromentcubare = kova, couver

    excurtiare= korx, accour-cir

    punire ^ poni, punirfugire = foyi^ fuirmuraleam = morade, mu-

    raille

    addulciare = adeuhy, adou-cir

    cultellare = keutla, donnerdes coups de couteau

    pulmonem r=7jormo, poumon

    L7 est tombe sans laisser de trace dans sulphurare =sopra, souffrer.

    purgare ^ purdy, purgerurticam = urtya, ortie

    gustare = gta, gotersingularcm =: 5e?z2^ye, sanglier

    Fait isol :

    subcutere = sakeiir, secouer

  • 51

    DIPHTONGUES PROTONIQUES

    Ae et oe. Voir e protoniqiic.

    Ail. La diphtongue protonique au a t traite de faonstrs diverses. Nous nous contentons de citer ces divers trai-tements sans les commenter.

    Au =:

    cautionare = kxiia, cau-tionner

    fraudare = froda, frauderauriculam = ord, oreille

    cautionem = kxo^ cautionClaudinam ^ IJodama, Clau-

    dine

    Au = euauctumnum = eut, automne

    Au = 6Laurentium = Lr, Laurent

    Aus :=z as = a

    auscultare = akeuta, couter

    Au = oSanctum Mauritium = Se Mori, Saint Maurice

    Au = auaudire = aui, entendre

    Au = ausare == za, oser

    Avi = iavicellum =z iz, oiseau

    CONSONNES

    Nous observons dans l'expos de la phonologie des con-

    sonnes peu prs le mme ordre que celui qui a t suivipar M. Nigra dans son excellent travail sur le dialecte de ValSoana, et aprs lui, par M. Cornu, dans sa Phonolo/ie dubagnard.

  • 52

    Rgles cjnrales qui rgissent les consonnes suivant lavoyelle accentue.

    1. Toute consonne tombe aprs la voyelle accentue,sauf quand elle est suivie de la voyelle a,

    2. Tout groupe de consonnes tombe aprs la voyelleaccentue, sauf quand il est suivi de la voyelle a, ou quand ilest compos de :

    consonne -\- liquideconsonne

    -f- gutturale

    et quelquefois consonne -j- yCependant il faut remarquer que jamais consonne redou-

    ble ne persiste, elle est traite comme simple. La voyellequi appuie les trois groupes cits est toujours .

    Il n'existe donc aucun mot patois qui soit termin parune consonne.

    Les consonnes tombes ont eu une influence de naturediverse sur la voyelle accentue qui les prcdait ; tanttelles l'ont transforme en une autre voyelle, tantt elles l'ontnasalise, tantt elles l'ont rendue ferme ou ouverte, longueou brve. Ces cas ont t tudis dans la phonologie desvoyelles accentues.

    Les seules consonnes quiescentes, ne se faisant entendreque devant un mot commenant par une voyelle, sont :n, r, z [s latin), t, ces deux dernires seulement dans ledomaine de la flexion, et l plus rarement qu'en franais.Exemples : bon ami^=^ un bon ami [bonum^:^ b) ; sot e=sont-ils (mais s ami = ils sont amis)

    CONSONNES CONTINUES

    HH est tomb sans laisser de trace.

    J ou YJ = dz

    diam Jovis = ddzeu, jeudijactare = dzta, jeterdr. de joria = dzor, vent

    qui vient de la montagnejuxtare = dzota, ctoyerjocarc = dzoyy jouer

    juniperum = dzcnaivr, ge-nivre

    jejunare = dzna, jenerjudicum = dzdz, jugeJoliannam = Dzna, Jeanne

  • 53

    J =dyJohannem = Djj, Jean

    dyetr,

    empreinteque laisse une personnecouche sur l'herbe

    joriam ? = dyu, fort desapins

    dyeu, fort demontagne

    Y qui suit une consonne

    Ly =. d =^ i devant a accentu devenu Cl ( ^=^Cly = Ly) = d, l devant a accentu devenu e; =^

    quand il est initial ou qu'il suit une consonneG/ (= Gly = Ly) == d, l devant a accentu devenu PI {= Ply) zzz: PdBl (^ Bly) = BdFi{=Fly) = tTy = /; hy devant a devenu Cy =^ f; hy devant a devenu Fy hyDy =^ dz et tombeSy = zVy = yjyy =z n (intercalation d'un d)My = (d) yBy = dy, dzPy =z. ts, ty

    On voit par ce sommaire la diversit du traitement desgroupes de consonnes dans lesquels y entre comme secondlment. Ce chapitre est celui qui prsente le plus de faitsnouveaux, c'est le plus intressant de notre travail, maisaussi le plus compliqu, le plus difficile. Je n'ai pas la prten-tion d'avoir rsolu les nigmes qu'il renferme. Il faut attendredes matriaux plus nombreux. Le bagnard est le seul desdialectes voisins qui ait t tudi srieusement, et, loind'claircir les questions pendantes, il les complique et sembleles embrouiller singulirement.

    Ly = d. Ly remonte H, ou le suivi d'une voyelle, ou //.

  • 54

    morad, mu-muraleam =raille

    oleum = ud, huilefallere :=^fadi, falloirfiliolam = fdeida, filleulefoliam = fody feuille

    paleam ==: pad, pailletiliam = td^ tilleulfiliam = fd, fillecolligere= kocli, cueillir

    gallinam = dznd, poule(au lieu de dzdn)

    Ly se maintient, lorsqu'il prcde un a accentu devenu sous l'influence du y

    moUiare = mole, mouillergraply grappil-

    ler

    defoliare = dfoie, ter lesfeuilles

    cohortiliare = kortil, tra-vailler au jardin

    mais l'ind. prs, mollio = mode, etc.; de mme au parti-cipe pass, o Va ne se change pas en (voir phontique deVa accentu), molliatum = ynod, mouill.

    En dehors de ces cas, il s'est produit une / mouille par laliaison d'une palatale et de / latine dans :

    lubricare = deudy, glisserdon, lappaminor

    locustam = dota, sauterellelictare = dta, lier

    Ces faits viennent confirmer l'explication ingnieusedonne par M. Cornu aux formes telles que lire, de lgre,Iota, de locustam, liien, de longe, lueydjy, de lub^icay^e, qui,contrairement aux rgles de la phontique du bagnard, sem-blent avoir conserv /initiale. Sa conservation n'est qu'appa-rente. L, dans ces conditions, est le produit direct de cl, quidrive lui-mme de ly. Je ne sais si M. Cornu avait constat ceson intermdiaire ci. C'est partir de Vouvry qu'on le trouveet il s'tend en tout cas jusque dans le Val d'Illiez : la para-bole de l'Enfant prodigue rdige dans cette valle le trans-crit par t/i avec sa valeur anglaise ; c'est une notation peuheureuse.

    Cl =^ ci. L'/ s'tant mouille, cl a t assimil ///

    maniculam :=:manocl, oreilled'un vase

    apiculam = avcl, abeillefalciculam = fofcl, faucilletenaculam= tnad, tenaillessonaculam= 5enr]?(?', sonnette

    aquilam = ad, aiglebutticulam= botocl, bouteilleacuculam = awcl, aiguilleranaculam = rencl, gre-

    nouille

    auriculam = ord, oreille

  • 55

    Ly s'est maintenu devant d devenu \ trabaculare =travat, travailler (trabaculo = travadc, trabacuiatum =;travad)

    Cl^=t. Le premier lment de la combinaison a ou unecertaine influence sur 17 devenue mouille, lorsqu'il taitinitial ou lorsqu'il tait prcd d'une consonne, qui le sou-tenait pour ainsi dire. Dans ces deux cas, cl est devenu t;au lieu d'un d interdental, nous avons un t interdental.Le premier lment a donc renforc le second. Il y a l unfait plus facile constater qu' expliquer. Nous serons obli-gs d'y revenir.

    jaculare = dzita, fr. pop.gicler

    cloccam = tots, clochecloccarium == toty, clocherexclariare= teiry, claircirclarum = ta, clairclaudere = try clorecirculare = serta, sarcler

    bucculam = hota, bouclemisculare = mta^ mler

    = 7'ata, raclercirculum =r fhi, cercleclausum = t, enclosclavem = t, clefpessuculum = pt, loquet

    Je n'ai relev qu'une seule exception : Claudium = Dod,Claude. La tendance affaiblir le c devant liquide en g estexcessivement rpandue dans la Suisse romande (cf. le fran-ais populaire : grayon pour crayon, grible pour crible,migroscope pour microscope). On peut admettre que do bonneheure Claudium devint Glandium. L'habitant de la Suissefranaise dit encore aujourd'hui reine-Glaude pour reine-Claude.

    Gl {= ly) = d.glandem == ad, glandvigiliam = vd, veilleglaciam = daf, glace

    gelimare = adna, glanerungulam = d, ongle

    Ly maintenu devant a accentu devenu

    strangulare=

  • 56

    grande partie de la Suisse franaise. Ici encore le bagnardprsente la rduction / simple, que j'explique de la mmefaon que dans les mots Iota, lueydjy, etc.plicare =^f?(??/e, plierplantam = pdta, planteplanam ^=ipd7ia, plaineplateam = pdaf, placeplangere ^^^pddr, plaindreplovere ^=^ pdovi, pleuvoirplumam =:: pdma, plume

    planum = pd, aplaniplatanum = ptdan, plataneplastrum -z^pdtr, pltreplacare ^::^ pdaka, cesserplacitum dare = pcleiday,

    plaidoyer.

    Bl {Bly) = bd. Mmes remarques que pour pitabulam = trabda, tableinsabulare= e5(/Z>(f, ensablerflebilem = faibd, faibleoblitare =:: bda, oublierablatum = bdo, bltremulare = trbda, trembler

    sibilare = sebda, sifflerinnebulare = nebda, se cou-

    vrir de nuagesblancum = bd, blancpnabilem ^=^ pnabd

    ,

    pni-ble.

    tremulam = trbde, tremble

    Il faut ajouter ces mots duplum ::== drobd, double,di'obda, doubler.

    FI {Fly) = ^. Le groupe fl a t trait comme cl, quand cedernier tait initial ou prcd immdiatement d'une consonne.Quelle a pu tre la combinaison intermdiaire, produit de clyet de fly, qui a abouti ^? Malheureusement, hormis le seulmot dzrotaya, girofle, de caryophyllntam, nous n'avonsaucun exemple qui nous apprenne si l'identit du traitementde cl et de fl est complte, c'est dire si /?non initial etnon prcd d'une consonne devient galement d. Dans lesmmes circonstances que dans notre patois, les deux groupesdonnent en bagnard hl. ( pour prononcer ce son, il faut re-doubler la langue, dont la pointe s'appuie contre le haut dupalais, et laisser chapper l'air de chaque ct. ) (1).flammam = tma, flammeflancum = ta, flancflancarium = tty, ce qui est

    en rapport avec le flanc

    exflorare = tora, crmertatyr, flachre

    conflarc = gta, gonflertapi, y, fltri, ie

    filtrum =^ tenir, feutreflorinum = tr, florininflarc = ta, enfler

    sufflaro =^ sta, souffler

    (1) Cornu, Phon. du bagnard, p. 2.

  • 57

    linteolum = lf'o, drapplateam = pdaf, placericcatiam = rtsf, richesseneptiam = nf, nicelacticellum = laf, laitgentianam = dzfna, gen-

    tiane

    minus cadentiam r= metsfcymauvaise chance

    cantionem = tsf, chansonpetiam= /?y'7e', picedim. :^ pyfta, picetteterratiam =:^ taraf, terrasse

    Ty =^ hy devant d devenu (are)

    captiare = tsahy, chasserperhyy percer

    ail. dhy, danser

    cuminitiare = kmhy, com-mencer

    rhy, rincer

    De mme gratiosum = grahyo, gracieux, et antianum =hy, ancien, ct de gentianam = dzfna, gentiane,qui se trouve cependant dans les mmes conditions. Lesdrivs en atam prsentent galement hy et non/": ainsi kaf^casse, mais kahy, contenance d'une casse.

    Cy = /". Traitement identique celui de ty

    glaciam = daf, glacede fond = fof, fonce,

    rsidu restant au fond d'unvase.

    calceam = tsf^ chausse= mdf, maon

    calceonem ^^ tseuf, chausson

    Ci devient galement / quand la voyelle est suivie d'uneconsonne. La gutturale a dvelopp un y ct de Vi[Ci^=^cy),

    cinerarium= fdri, cendriercirculum = fert, cerclecentum = f, cent

    cinerem = fdr, cendreFranciscam= Fmfaiza, Fran-

    oisecinque zz^f, cinq

    Insimul a subi le mme traitement = fehd, ensembleSalsitiam = seufrty saucisse, s'il n'y a pas eu mtathse

    de syllabes (cf dznd pour dzdn) rentre dans la mmecatgorie.

    Ty et Cy ont t traits diffremment sans que nous puis-sions en connatre la raison dans :

    attentionem = tex , atten-tion,

    actionem = ax, action

    cautionem = koxo, cautioncautionare == kxna, cau-

    tionner

  • 58

    Cy:

    Franciscum = Frti, Fran-ois

    Ty s'est maintenu dans bestiam = beitij, btedr. de crustam = kroty , entamure du

    pain.

    paleaceonem = padet, pail-lasson.

    Puteare est devenu poaij,puiser.

    de ex radiciare == dirij, dra-ciner

    Mais :

    excurtiare =: korx, accour-cir

    adbrachiare = abrax, em-brasser

    adlaet(y)are = aleij, se r-jouir

    cruciare = kroaij, croiserpretiare = preij, priser

    minatiare=mena:e, menacerredirectiare = rdrx, re-

    dresser

    Cy devant a accentu devenu =:: hy

    addulciare = adeuhij, adoucir

    Quelle est l'origine du mot hy, hyna = pais, trouble?de rnahy = fatigu ?

    Avant de chercher l'explication de ces phnomnes divers,rcapitulons les faits relatifs y noncs jusqu' prsent ; ilsnous guideront dans nos recherche^ ultrieures.

    Le bagnard prsente l'tape la plus avance des transfor-mations qu'a subies / mouille isole, ou accompagnant uneautre consonne. Nous avons vu que / simple du bagnard neremonte pas directement ly, mais suppose le son interm-diaire d existant Torgon

    ;que la conservation de / initiale

    dans certains mots, alors que selon la phontique de ce patoiscette consonne tombe rgulirement, n'tait qu'apparente, etque cette consonne tait le produit de la liaison de / -[- pala-tale, c'est--dire de ly passant par d.

    Ly (patois vaudois) = d (Torgon) =: / (bagnard)

    de mme : P/= Ply = Pd (Torgon) = PI (bagnard).niBly = Bd (Torgon) = Bl (bagnard).

    Cl initial, ou suivant une consonne, et fl produisent le

  • 59

    mme rsultat : Torgon t et hl dans le val de Bagnes. L'in-termdiaire, produit commun de ci et de // et source com-mune de t et de /il, doit tre vraisemblablement hit/.

    Cl FI

    Cly Fly

    HlyHd

    ] (Tor^y^^HHBagO^Ci non prcd d'une consonne et non initial, Gi =

    HlyLyP (Torgon)L (Bagnes)

    Quant aux groupes ty et ci/, il est plus difficile de suivreleurs tapes et de s'expliquer la diversit de leur traitement.Ils deviennent dans le patois de Torgon soit h?j (devant aaccentu de are), soit /^ x, j, t. Correspondant ces sonsdivers, le bagnard n'en prsente qu'un seul : Iii, qui est aussile produit de cl et de //. Ainsi donc il existe pour le bagnardun intermdiaire commun entre ci, fi, ty, cy et hl. Quel estcet intermdiaire ?

    D'aprs ce qui a t dit plus haut, hl bagnard proviendraitde hly ; mais ty et cy ne peuvent aboutir hly, mais bien hy. Plusieurs patois de la Suisse romande, comme aussi l'ita-lien, n'ont conserv de 1'/ mouille que la mouillure, que ydans les groupes tels que bl, pi, etc. [planum plyan pyan). Il n'y aurait, bien entendu, aucune difficult admettreque iily se soit rduit ijy, mais alors est-il possible que hydevienne hcl., puis iil? Si cela est, nous aurions du introduirecet intermdiaire dans notre premier tableau et nous aurionspour ty et cy les transformations suivantes :

    CyHy (Torgon : de-

    vant cire)

    Hd

    7T^ X j (Torgon)

  • 60

    Fy = hxjcptaXam = hyola, fiole, bou-

    teille

    fidare = hya, fierfilicam = heudz, fougre

    Ry = ry

    curiosum = koryo, curieux

    Gnralement y est attir dans la syllabe prcdente,comme dans le suffixe arium, ariam = ai, aire.

    Dy =z dzdiurnum = dzo, jour

    le d tombe dans yaudiosum = dzoyo, joyeuxdy s'est maintenu dans diabolum = diabd, diable

    Sy ^=^ z

    mansionem =: maiz, maisonoccasionem = okaz, occasionbassiare =^ bax, baisser

    viaticum = ydz, foisvi(t)am = ya, vievioletam = yolta, violettevi(v)anda = yda, pain et fro-mage

    dr. de via= F;z= Vionnazdr. de via := yri, petit che-min

    vi(d)utum =: y, vuve(t)ulum = yen, vieux

    violetum = yol, violet

    Dans l'intrieur des mots le v tombe et y est trait selonla rgle (= dz et dy devant a libre accentu).leviarium = ldy, lger | salviam = sdz, sauge

    Dans caveam = dzeiba, le y a t attir dans la syllabeaccentue, et le v s'est alors transform en b comme danscurmim = korb, courbe.

    Ny = araneam = aran, araignearaneatam =:^ aran, toile

    d'araignemontaneam = %ntan, mon-

    tagnesignare = sn, signercuneare = kon, cogner

    ail. weidanjan == ivan, se-mer

    venio = vn, viensteneo = tn, tiensadpugnare = apon, empoi-

    gner

  • 61

    Dans les mots suivants le y s'est dvelopp librement,tandis que n nasalise la voyelle prcdente. Y est devenu dzet dy devant a accentu chang en .

    trdy, graneam = yrdzr,, grangesomniare = sody, rver

    extranearium =tranger

    lineum =^ ldz, linge

    My a t trait d'une faon analogue : commeatum = k-dy, cong.

    Forme curieuse : vindemiare = vndy, vendanger.

    By. By a eu le mme sort que vj dans l'intrieur des mots.Le h est tomb et y s'est dvelopp librement selon ses rgles-(= dz, mais dy devant a accentu devenu ).rabiem = radz, ragecambio = tscidz, changecambiare = tsdy, changer

    P