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Go de nuit Abidjan, les belles oubliées une exposition d’Eliane de Latour Présentation de l’exposition

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Go de nuitAbidjan, les belles oubliéesune exposition d’Eliane de Latour

Présentation de l’exposition

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Le parcours de l’exposition Go de nuit comprend 5 espaces.

Le premier nous plonge dans le quotidien des filles saisi sur le vif et de leurs macs; le deuxième est un passage vers le travail à la photo posée avec Nafissa, avant de découvrir les portraits de jour et de nuit dans les espaces 3 et 4. Le dernier espace concrétise la matérialité du «business» avec les chambres de passe.

Ce dossier présente le détail des œuvres présentées, l’ensemble des textes et les éléments scénographiques différenciant chacun des espaces. Ces derniers correspondent au parcours réalisé pour l’exposition à la Maison des métallos à Paris; ils sont bien entendu adaptables en fonction des contraintes des lieux d’accueil de l’exposition.

Plan de l’exposition à la Maison des métallos à Paris

Sommaire

Présentation................................................................................................................................................................. 4

Introduction ................................................................................................................................................................. 5

Espace 1 : Quotidien............................................................................................................................................... 6

Espace 2 : Nafissa.................................................................................................................................................... 14

Espace 3 : Portraits de jour.................................................................................................................................. 16

Espace 4 : Portraits de nuit................................................................................................................................. 18

Espace 5 : Chambres de passe........................................................................................................................ 20

Hommage................................................................................................................................................................... 21

Contact....................................................................................................................................................................... 22

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et plus d’information sur www.el ianedelatour.com

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INTRODUCTION

> 1 photographie format 80 x 120 cm

PRÉSENTATION

ESPACE 1 : QUOTIDIEN

> 40 photographies qui présentent les lieux, la vie quotidienne dans le ghetto de Bel Air,

les macs et les bagarres, les corps et les cicatrices.

ESPACE 2 : NAFISSA

> 5 photographies qui racontent la rencontre d’Eliane de Latour avec les go.

ESPACE 3 : PORTRAITS DE JOUR

> 22 portraits posés des go de jour : elles peuvent être autre et veulent le faire savoir.

ESPACE 4 : PORTRAITS DE NUIT

> 13 portraits posés des go de nuit entre les moments de raccolage.

ESPACE 5 : LES CHAMBRES DE PASSE

> 4 photographies des chambres de passe et le détail des tarifs pratiqués

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De très jeunes femmes se vendent dans la ville d’Abidjan comme dans beaucoup de mégapoles, du nord au sud. Ce phénomène est en expansion avec les guerres et la pauvreté croissante.

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ESPACE 1 : QUOTIDIEN

> 1 photographie format 19,50 x 60 cm

8 photographie format 17 x 30 cm

21 photographie format 20 x 30 cm

7 photographie format 33,50 x 50 cm

1 photographie format 53 x 30 cm

1 photographie format 160 x 30 cm

> photographies contrecollées sur aluminium, logées dans la cimaise creusée à chaque format

> scénographie : cimaises en medium noir teinté dans la masse

> éclairage : une bande de lumière sur les photos qui court tout le long de

la cimaise

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20 x 30 cm 33,50 x 50 cm

Des jeunes femmes se vendent dans la ville d’Abidjan où les clients savent qu’ils vont trouver des fraîchenies, des fraîches de 12 à 24 ans. Venues massivement du nord après la guerre en 2002, ces go, analphabètes et pour la plupart musulmanes, pratiquent une prostitution de survie et non de profession.

Depuis longtemps, on sait les femmes victimes de violations spécifiques lors des conflits armés et dans leur environnement domestique, mais ce viol marchand, domestiqué, qui existe partout dans le monde, est plus rarement évoqué.

17 x 30 cm33,50 x 50 cm 20 x 30 cm

20 x 30 cm 33,50 x 50 cm

Dans les durées creuses, « la litière du quotidien » [Flaubert]

19,50 x 60 cm

Derrière la banque, jouxtant ce décor rutilant se trouve Bel Air, un ghetto de fraîchenies, un dédale de petits hôtels de passe démolis au fur et à mesure que les baux viennent à échéance. Les gravas sont transformés en décharge. Les tenanciers d’hôtels, les go, leurs gars (macs) résistent.

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17 x 30 cm 53 x 30 cm

20 x 30 cm 17 x 30 cm 33,50 x 50 cm

20 x 30 cm 33,50 x 50 cm 20 x 30 cm

Leur corps leur échappe. Une enveloppe sans profondeur qu’elles couvrent de masques de beauté mais ne soignent pas.

160 x 30 cm

Les go sont en mauvais état de santé. Leurs corps portent les stigmates de la violence qu’elles reçoivent et qu’elles portent aux autres. Certaines perdent la raison. Des jours entiers, Ami ramasse des « trésors » enfouis dans le sol. Une autre va poursuivre son gars avec un caillou à la main quel qu’en soit le résultat.

Macs ou clients… elles tombent sans cesse enceintes.

D’évidence, leurs gars exigent des rapports non protégés si on compte le nombre important de grossesses précoces. Ils en sont fiers. Tout homme doit avoir une descendance. Dissociée de toute contrainte matérielle, la «reconnaissance de paternité» leur est facile.

Elles courent de charlatans en infirmiers, avalent n’importe quelle « prescription ». On pouvait entendre « pour les veilles, le seul remède c’est dieu », les jeunes possèdent désormais la même pharmacie. Elles meurent «citoyennes non reconnue» ; la plupart n’a pas d’acte de naissance.

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33,50 x 50 cm 20 x 30 cm

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Les garçons chassent en meute sous l’effet de drogues douteuses aux effets catastrophiques. Ils crient, s’énervent, se battent. Comme les filles, ils ont grandi sans protection, mais l’environnement machiste leur « confère » un pouvoir sur les femmes.

Les go ne sont pas démunies face à l’adversité.Elles donnent des coups pour changer d’homme : « Mon con, c’est pour moi !»Elles éliminent une rivale avec une lame : «Go maudite là ! Tu vas retourner dans le ventre de ta maman !»

17 x 30 cm

20 x 30 cm

33,50 x 50 cm

De la même génération que les go, les gars ont inventé une polygamie d’extorsion. Chaque mac a plusieurs femmes qui l’appellent mon mari. Sensés les protéger, ils peuvent à tout moment leur demander une paire de Nike, du fric, un jean… Ou se faire couper les ongles avec les dents pour éviter la sensation du fer. Ou être servi sexuellement quand ils le veulent.

Mais ils laissent filles libres de gérer leur business avec leur busi [client]. Bien que rançonnées de manière aléatoire, elles n’ont pas de compte à rendre.

Un ghetto est labile. Selon la situation, les filles partent de zone en zone dans Abidjan, mais aussi dans les villes aux alentours.

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ESPACE 2 : NAFISSA

> 1 photographie format 13 x 24 cm

1 photographie format 22 x 40 cm

1 photographie format 33,50 x 60 cm

1 photographie format 50,50 x 90 cm

1 photographie format 67,50 x 120 cm

> photographies contrecollées sur aluminium

> scénographie : il s’agit de la rencontre qui a inspiré l’ensemble des portraits et l’implication d’Eliane de Latour auprès des go. C’est donc un «passage» symbolisé par un sas, ou par le plafond et le sol mar-qués d’une couleur

> lumière tangstène

> son : chant, trio de filles à capela, à diffuser dans une

ambiance mat et douce

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Tout a commencé avec ces cinq photos de Nafissa…

Quand j’ai aperçu Nafissa sur le seuil de la porte d’un hôtel de passe, j’ai été attirée par son sourire et son regard droit dans l’objectif. Cette mise en scène m’était adressée. Persuadée que j’allais me faire écharper, j’ai quand même sorti mon appareil. Je promets de lui rapporter sa photo le lendemain.

Quand je suis revenue avec quatre tirages sur papier, les go se sont précipitées sur moi pour me les arracher. Toutes m’ont demandé de poser. La photo est devenue un mode d’échange entre elles et moi.

Convaincues d’être la lie de l’humanité, elles se sont soudain trouvées belles dans ces portraits sans masque. Alors que, précisément, leur image les enferme négativement, les go ont envoyé ces portraits à leurs parents qui ne savent rien, les ont utilisés pour leurs funérailles, gardés pour leurs bébés plus tard etc.

13 x 24 cm 22 x 40 cm 33,5 x 60 cm 50,5 x 90 cm 67,5 x 120 cm

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ESPACE 3 : PORTRAITS DE JOUR

> 7 photographies format 67,50 x 120 cm

15 photographies format 80 x 120 cm

> photographies contrecollées sur aluminium, insérées en recto/verso dans les totems

> scénographie : 11 totems de 2m de haut, boites en bois disposées pour donner un effet de groupe qui nous regarde (mais possibilité de présenter les portraits en linéaires)

> lumière jour, murs blancs, impression d’éclat et de silence.

> son : un silence fabriqué pour couvrir les bruits contingents exterieurs : on est dans une enclave aux limites de la ville, on entend juste des petits événements sonores au loin.

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67,50 x 120 cm et 80 x 120 cm

Le jour, quand la beauté éclatante se mêle à une lueur ténébreuse, indicible, née d’une enfance du mauvais côté de la vie.

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ESPACE 4 : PORTRAITS DE NUIT

> 13 photographies, format 160 x 90 cm, contrecollées sur aluminium

> scénographie : boite noire fermée par un rideau épais

> lumière : éclairage direct sur chaque photographie

> son : la rumeur de la ville la nuit, son «grondement» qui sourd, et en même temps des voix, des enfants, des cris, des klaxons. c’est la nuit, mais la vie est toujours là

160 x 90 cm

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La nuit, entre les moments de racolage. L’attente interminable. La solitude. La peur de rentrer sans argent. La hantise de tomber sur un fou.

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ESPACE 5 : CHAMBRES DE PASSE

> 3 photographies format 110 x 67 cm

1 photographie format 200 x 80 cm

> photographies tirées sur toile

110 x 67 cm 200 x 80 cm

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Dans ces chambres, pour 0,08 €, l’hôtel fournit une capote, quelques mètres de papier hygiénique. Pipe, passage [passe], dormant [nuit entière] se négocient entre 2,30 € et 7,30 €, là où les professionnelles prennent de 15 € à 30 €.

Entre les tarifs affichés et les sommes reçues se trouve une détresse sans mesure. Elles encaissent l’argent, elles encaissent les blessures.

Une fois le jour levé, tout finit par un sommeil épais qui couvre la désillusion.

HOMMAGE

Cette exposition est dédiée à Ramatou et Djeneba, mortes dans la nuit du 29 septembre 2010 et à toutes ces très jeunes femmes qui ne savent plus comment accompagner la vie.

Arrivée à Petit Bassam, Ami et Kanté me racontent que la veille elles sont parties sur une pirogue avec trois autres filles, dont Djénéba et Ramatou que je connaissais pour les avoir photographier un an auparavant. Comme souvent, des pêcheurs sont venus les ramasser, pour monter sur les grands cargos où des marins français, russes, grecs, les attendent. Mais cette nuit là, arrivées près d’une langue de terre, un « bois sacré » disent-elles, les piroguiers, bons nageurs, ont fait basculer la coque. Les cinq filles se sont retrouvées au milieu des énormes vagues. Aucune ne savait nager.

Kanté, la meilleure amie de Ramatou, et Ami s’accrochent à une corde vers l’arrière. L’eau entre dans leurs poumons. Kanté voit Ami commencer à couler, elle lui attrape la tête quand celle-ci lui dit d’une voix entrecoupée : « laisse-moi partir… c’est pas grave, c’est dieu qui l’a voulu… je n’ai plus de forces, demande pardon à mon fils, c’est pas ma faute…» Kanté essaye de la tenir quand soudain prises dans les rouleaux de l’Atlantique, elles sont projetées sur la plage. Elles ne voient plus rien, sauf qu’il n’y a aucun cargo à l’horizon et que les trois autres filles ont disparu avec les entremetteurs.

Kanté me demande si j’ai gardé les photos que j’avais faites de Ramatou et de Djénéba. «Quand on sera prête, on va organiser leurs funérailles dans le village ici. On va mettre leur photo sur t-shirt et nous toutes on va porter ça pour la nuit de la cérémonie. »

Deux jours après, la mer a laissé le cadavre de Djeneba sur le sable. Elle n’avait plus de tête, ni de seins, ni de sexe. C’était une commande pour un sacrifice dont le nombre croît en période électorale et, dont les premières victimes sont les enfants, les albinos, les femmes enceintes. Et enfin, les jeunes filles « pas comptées » qui meurent «citoyenne non reconnue» sans enquête policière.

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+33 (0)6.21.52.31.78 / [email protected]

agence sbstéphane berthier / production exécutive