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L’industrie dunkerquoise M ise à l’arrêt de hauts-fourneaux chez Arcelor-Mittal (site de Dunkerque), suspension temporaire de la production chez Polimeri-Europa, 10 % de production en moins et licenciements annoncés chez Rio Tinto (ex- Alcan, ex-Pechiney), chômage technique chez Arcelor-Mardyck avec mise à l’arrêt d’une ligne Galma 2, suppression d’emplois chez Astra- Zeneca, vague de suppression de postes chez Multiserv, comme chez de nombreux presta- taires, tels Cegelec, Gagneraud, Dunelec, priés de rappeler leurs salariés faute d’activité sur les sites où s’exerçait leur sous-traitance, forte régression en fin d’année du trafic portuaire… Colosse aux pieds d’argile Dans la foulée de la crise financière, la crise économique frappe durement l’ensemble de la production et des échanges à l’échelle de la planète. Mais elle risque fort aussi d’être le révé- lateur de ce que nous pressentions de longue date : l’économie dunkerquoise qui s’articule en large part autour de grands groupes internatio- naux et de grosses unités de production est fragile, particulièrement fragile. Le colosse a les pieds d’argile et rien ne dit – ce que nul ne sou- haite bien sûr – que, comme ce fut le cas voici une vingtaine d’années avec la construction navale, l’un ou l’autre pan de notre économie aux mains de sociétés multinationales, plus sensibles aux desiderata de leurs actionnaires qu’aux légitimes aspirations de leurs salariés, ne s’écroule avec perte et fracas un jour ou l’autre, victime d’une récession sans précédent ou presque. Hypothèse “irréaliste”, nous ont souvent rétorqué les tenants du “toujours plus” indus- triel, constituant à leurs yeux le socle incontournable d’un développement territorial prometteur. Eh bien, nous y voilà ! Or, pour assurer le bien-être de leurs adminis- trés et le devenir de leurs enfants et petits- enfants, les décideurs du littoral auraient été sûrement mieux inspirés de procéder à un réexamen approfondi de leurs dogmes, his- toire de mettre préventivement d’autres fers au feu, comme l’ont fait avec bonheur des collectivités qui nous sont proches et qui jouent de longue date la carte de la diversifi- cation économique. Quoi qu’il en soit, les turbulences annoncées étant à l’ordre du jour, l’important est désor- mais de savoir quelle porte de sortie l’on trouvera sur le littoral pour renouer avec la croissance et l’emploi. Sans nul doute – c’est notre conviction – selon d’autres schémas que ceux professés ici pendant des décennies. Vive l’intelligence économique ! Les réactions émanant des milieux écono- miques et politiques locaux nous semblent jusqu’à présent désespérément conventionnel- les, on l’a vu ici ou là à l’occasion des cérémo- nies d’échanges de vœux. L’une des solutions aux problèmes du moment, ce serait le fameux terminal méthanier dont on sait pour- tant qu’après une période d’embellie, cor- respondant aux travaux de chantier, il ne crée- ra à terme qu’une bonne cinquantaine d’em- plois directs pour un investissement farami- neux dépassant le milliard d’euros. D’autres pensent qu’il faut apporter de l’argent public aux multinationales défaillantes. À croire 1• GRAINS DE SEL Bulletin de l’Assemblée de Défense de l’Environnement du Littoral Flandre Artois Fédération d’associations de l’environnement 26 mars avril 2009 à l’heure de la crise p 4 Téléphonie mobile • p 5 INES • p 6-7 CLICs et PPRT • p 8 Alimentation : où allons-nous ? • p 9 Steene : une vie de château • p 10 Looweg s’adresse aux élus • p 12 Etude d’un corridor favorisant la biodiversité

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L’industrie dunkerquoise

Mise à l’arrêt de hauts-fourneaux chezArcelor-Mittal (site de Dunkerque),

suspension temporaire de la production chezPolimeri-Europa, 10 % de production en moinset licenciements annoncés chez Rio Tinto (ex-Alcan, ex-Pechiney), chômage technique chezArcelor-Mardyck avec mise à l’arrêt d’une ligneGalma 2, suppression d’emplois chez Astra-Zeneca, vague de suppression de postes chezMultiserv, comme chez de nombreux presta-taires, tels Cegelec, Gagneraud, Dunelec, priésde rappeler leurs salariés faute d’activité surles sites où s’exerçait leur sous-traitance, forterégression en fin d’année du trafic portuaire…

Colosse aux pieds d’argileDans la foulée de la crise financière, la criseéconomique frappe durement l’ensemble de laproduction et des échanges à l’échelle de laplanète. Mais elle risque fort aussi d’être le révé-lateur de ce que nous pressentions de longuedate : l’économie dunkerquoise qui s’articule enlarge part autour de grands groupes internatio-naux et de grosses unités de production estfragile, particulièrement fragile. Le colosse a lespieds d’argile et rien ne dit – ce que nul ne sou-haite bien sûr – que, comme ce fut le cas voiciune vingtaine d’années avec la constructionnavale, l’un ou l’autre pan de notre économieaux mains de sociétés multinationales, plussensibles aux desiderata de leurs actionnairesqu’aux légitimes aspirations de leurs salariés,ne s’écroule avec perte et fracas un jour oul’autre, victime d’une récession sans précédentou presque.Hypothèse “irréaliste”, nous ont souventrétorqué les tenants du “toujours plus” indus-triel, constituant à leurs yeux le socleincontournable d’un développement territorialprometteur. Eh bien, nous y voilà !Or, pour assurer le bien-être de leurs adminis-trés et le devenir de leurs enfants et petits-enfants, les décideurs du littoral auraient étésûrement mieux inspirés de procéder à un

réexamen approfondi de leurs dogmes, his-toire de mettre préventivement d’autres fersau feu, comme l’ont fait avec bonheur descollectivités qui nous sont proches et quijouent de longue date la carte de la diversifi-cation économique.Quoi qu’il en soit, les turbulences annoncéesétant à l’ordre du jour, l’important est désor-mais de savoir quelle porte de sortie l’ontrouvera sur le littoral pour renouer avec lacroissance et l’emploi. Sans nul doute – c’estnotre conviction – selon d’autres schémas queceux professés ici pendant des décennies.

Vive l’intelligence économique !Les réactions émanant des milieux écono-miques et politiques locaux nous semblentjusqu’à présent désespérément conventionnel-les, on l’a vu ici ou là à l’occasion des cérémo-nies d’échanges de vœux. L’une des solutionsaux problèmes du moment, ce serait lefameux terminal méthanier dont on sait pour-tant qu’après une période d’embellie, cor-respondant aux travaux de chantier, il ne crée-ra à terme qu’une bonne cinquantaine d’em-plois directs pour un investissement farami-neux dépassant le milliard d’euros. D’autrespensent qu’il faut apporter de l’argent publicaux multinationales défaillantes. À croire

1• GRAINS DE SEL

Bulletin de l’Assemblée de Défense de l’Environnement du Littoral Flandre Artois

Fédération d’associations de l’environnement

n°26marsavril2009

à l’heure de la crise

p 4 Téléphonie mobile • p 5 INES • p 6-7 CLICs et PPRT • p 8 Alimentation : où allons-nous ? • p 9 Steene : une vie de château • p 10 Looweg s’adresse aux élus • p 12 Etude d’un corridor favorisant la biodiversité

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qu’ils ont oublié le précédent Du Pont deNemours, parti sans un merci après avoir faitsa pelote. Vous verrez que d’ici peu, le spectrede l’EPR resurgira du côté de Gravelines, alors

que sa nécessité estloin d’être prouvée. Ensomme toujours lerecours aux mêmes scé-narii, alors que déjàautour des grosses uni-tés de production, lesmenaces de délocalisa-tion planent et que pourla plupart d’entre elles,elles génèrent risques etpollutions.Facile de critiquer, objec-tera-t-on, mais concrète-ment que proposez-vousen échange ? Tout sim-plement – et sans pourautant faire montre d’an-gélisme – l’investisse-ment dans des filières

moins classiques, relevant du tertiaire, commedu service rendu aux groupes ou à la personne.

Exemples :• Dans les meilleurs délais, la CUD pour-rait s’engager aux côtés des villes dansune démarche d’isolation de tous les équi-pements publics situés sur son territoire :mairies, gymnases, salles des fêtes, ateliers, etc.qui, ainsi que l’a confirmé la thermographieaérienne, sont des “gouffres” en terme dedéperdition d’énergie. Une semblable opérationd’envergure devrait être menée dans le parc delogements collectifs et privés; notamment pourles immeubles antérieurs aux années 70, c’est-à-dire édifiés avant le premier choc pétrolier. Cetype d’opération, faut-il le rappeler, est généra-lement assorti de dégrèvement fiscal.D’évidence, ces actions volontaristes seraientéminemment rentables : réduction de la factureénergétique d’au moins 30 %, création d’em-plois pérennes dans le BTP, la construction, unsecteur qui n’a guère de perspective de déve-loppement autre que précisément l’isolation etla rénovation vu la chute des mises en chantier.Plusieurs centaines d’emplois utiles, durablespourraient ainsi voir le jour dans le cadre dechantiers d’efficacité énergétique (100 000 à l’échelle du pays, disent les économistes.)

• Secteur où les besoins déjà exprimés nepourront que croître et embellir avec unelongévité accrue des individus : les struc-tures d’accueil pour personnes âgées.Faute de place dans les établissements duDunkerquois, nombre de nos pensionnés trou-vent refuge dans des maisons de retraitesituées en Belgique. Les pensions qu’ellesrèglent contribuent à rendre un peu plus floris-sant encore l’emploi là-bas au sein du corpsmédical et infirmier, chez le personnel soignantet d’accompagnement. Une maison de retraite,c’est en moyenne une cinquantaine d’emploispérennes créés. À comparer avec ceux quepourrait offrir certain grand projet industriel…

• En ces temps où le Grenelle del’Environnement met l’accent sur les éner-gies renouvelables, force est de constaterque le superpôle énergétique européendont le littoral s’est doté s’appuie pour l’es-sentiel sur un socle d’énergies… nonrenouvelables ! Au moment où Zeebrugghe sedote de centaines d’éoliennes of shore, ici lesprojets sont l’un après l’autre retoqués sous pré-texte qu’ils gèneraient la pêche ou la navigation(plus que les évolutions des méthaniers ?) Riennon plus de significatif sur le plan de l’énergiesolaire. Quant à la pile à combustible, on peut sedemander si le prototype synthois n’avait d’autrevocation que d’assurer un affichage médiatique.C’est simple : la France est bonne dernière ausein de l’Europe des 15 en matière de produc-tion primaire d’énergie renouvelable. C’est pour-tant un secteur en développement… ailleurs etdont l’apport en termes d’emplois est plus queprometteur… ailleurs.

• En France, nos recyclons ou faisonssubir un traitement biologique à 32,2 %des déchets municipaux et nous mettonsencore en décharge 34,7 % des déchets demême origine. En Allemagne, ce sont 67,7 %des déchets qui sont recyclés et 0,7 % qui sontmis en décharge ! Il n’y a pas photo. À l’échelleeuropéenne (celle des 15), l’Allemagne occupeévidemment le premier rang en la matière.Nous sommes quant à nous 12e (chiffres :Eurostat). Le littoral dunkerquois ne dérogeguère à la règle hexagonale. Pionnier en matièrede tri avec la création de Triselec à la fin desannées 80, Dunkerque a, depuis, été distancéepar nombre de collectivités comparables nette-ment plus performantes. Or la filière “vertueuse”de traitement des déchets avec implication desproducteurs, des personnels œuvrant dans lerecyclage-valorisation, est beaucoup plus créa-trice d’emplois que ne l’est la mise en déchargeou en incinérateur. Ainsi manquent chez nousdes entreprises-pilotes qui, par exemple, trans-forment les déchets en nouveaux matériaux,voire tout simplement œuvrent à la mise enplace de plans locaux de prévention desdéchets municipaux, industriels et autres.

D’autres exemples pourraient être cités quiattestent que des alternatives peuvent être trou-vées à la filière industrielle qui globalement pré-sente un déficit en termes de création d’emploiset ce depuis 30 ans. On citera en vrac la luttecontre le changement climatique et la vulnérabi-lité du territoire (waeteringues, rivages), la pré-vention des pathologies spécifiques à notre ter-ritoire et un accès facilité aux soins pour tous,l’agriculture biologique et le commerce équita-ble qui instituent d’autres rapports marchands,la mise sur le marché de produits “propres” (enremplacement des pesticides par exemple), lerenforcement de l’offre éducative, etc. En somme, tout ce qui a trait à un modèle decroissance soutenable à laquelle le système libé-ral qui imprègne notre société tourne le dos. Ilne suffit pas de parler de mettre le développe-ment durable à toutes les sauces. Encore faut-ils’inscrire résolument dans cette démarche ! ■

Jean Sename

LapidaireInterrogé par le journal Le Monde, le 1ernovembre2001, au lendemain de la catastrophe AZF àToulouse en procès ces jours-ci, M. MichelDelebarre, maire de Dunkerque a déclaré : « C’estnotre vocation d’accueillir ces usines à risques… »Par la suite, interrogé par L’Express dans lecadre d’une enquête intitulée : “Où vit-on lemieux ?”, le même déclare : « J’ai conforté notrevocation industrielle. Et j’assume ce choix :nous acceptons les sites Seveso ». Et plus loin :« J’assume mes contraintes. Et je poursuivrai ledéveloppement industriel de Dunkerque. »On lira ci-après que, depuis que le président dela République a fait part de son intention desupprimer la taxe professionnelle, le député-maire ne tient plus tout à fait le même langage.

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3• GRAINS DE SEL

Dans notre précédent numéro, nous avons évoqué les risques que fait courir à notre

littoral, polder reconquis sur la mer, le chan-gement climatique assorti d’une montéesignificative des eaux.D’aucuns qui n’ont pas connu les grandesinondations locales de 1953 ont pu estimerque nous versions dans le catastrophisme,que jamais au grand jamais pareille agressionmarine ne se reproduirait…

Eh bien, pas plus tard que le 12 février der-nier, nous avons eu un avant-goût de ce quinous menace à terme, si nous ne prenons pasle taureau par les cornes.Les fortes marées enregistrées ce jour-làamplifiées par une tempête venue du largeont provoqué une surcote de l’ordre de 0,80à 1 m. Cela aurait pu être pire !

Voilà qui a suffi pour que les vagues déferlentsur la digue-promenade de Dunkerque-Malo,lèchent les protections dunaires du côté deLeffrinckoucke-Zuydcoote et entament large-ment celles situées du côté de Gravelines.

L’événement n’est donc pas passé inaperçu etl’on ne peut que souhaiter que les adminis-trations, les services qui ont pour mission desurveiller notre littoral, soient conscients quele moment est peut-être venu d’imiter lesBelges et les Hollandais qui ont surélevé leursdigues, remblayé leurs plages, bref ont misen branle le principe de précaution. Le PlanClimat Territorial n’est pas seulement sujet dedébats, sa mise en œuvre est d’ores et déjàune exigence. ■

La mer monte

L'hebdomadaire Le Phare a rapporté le 26 février les échanges du président de la

CUD avec les jeunes dirigeants du Centre dumême nom. D'où il ressort que, sans taxeprofessionnelle à la clé, le président de laCUD ne soutiendra plus le projet de terminalméthanier à Loon-Plage. « Promouvoir cetteinstallation pour les quelques 50 emploispérennes qui en découleraient ? Allons,soyons sérieux, comment faire prendre cerisque aux habitants d'une zone qui comptedéjà 13 sites Sévéso sans contrepartie....Ils semettent le doigt dans l'oeil ! ».

Trait d'humour, idée poussée à l'extrêmeselon certains, plutôt du côté des dirigeants.A l'extrême, le constat est là : le déclic, pourles décisions de développement du territoire,est l'économique. Il faut d'abord des contre-parties financières à tout projet d'implanta-tion d'entreprise, quelle qu'elle soit. Pour lereste, les Dunkerquois s'en accommoderont :

pollutions, risques technologiques, risquesd'attentats terroristes, pertes d'espaces natu-rels, atteinte à la biodiversité, manquementsdans la lutte contre le changement clima-tique... Ils s'en accommoderont bien encore50 ans. Après ?

D'autant que les habitants d'une zone quicompte déjà 13 sites Sévéso ont quandmême, en plus, des mesures compensatoires.Pour le projet de terminal méthanier, les diri-geants nous en concoctent dans leur coin,sans rien dire à personne : la fermeture duClipon, le déplacement du terrain de moto-cross, un zonage pour les oiseaux sauvages,une base de loisirs sous les poussières duport Ouest, de légers sifflements à 90 bars encas de fuite du GNL (inodore) dans son gazo-duc près du vapocraqueur, une maison de laNature et de l'Energie à Loon-Plage, etc. etc. Allons rions ! Ce sont des idées qui vont seréaliser. ■

Rions ! Il en restera au moins quelque chose…

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GRAINS DE SEL •4

Des succès pour les opposants aux antennes-relais

Du côté desopérateurs

de téléphoniemobile, ce n’estpas, ce n’est plusla joie.En effet, le 4février dernier –c’était une pre-mière en France– la Cour d’Appelde Versailles acondamnéBouyguesTelecom àdémonter lesinstallationsd’une antenne-relais installéesur un pylône

proche d’habitations dans la banlieue lyonnaise.Qui plus est : les juges ont décidé que l’opéra-teur devrait indemniser trois couples de plai-gnants à hauteur de 7000 € chacun.

Ce n’est pas d’aujourd’hui que des personnesqui ont la malchance de vivre non loin de cetype d’installation leur imputent des problèmesde santé dont autrement ils ne s’expliquent pasl’origine. Or jusqu’à présent, lorsqu’elles s’adressaient à la justice, parfois soutenues parles autorités de la commune dans lesquelleselles vivent, la réponse des juges était invaria-blement : l’impact des antennes-relais n’est pasprouvé. Circulez, il n’y a rien à voir !

Le jugement de la Cour de Versailles fera sansnul doute jurisprudence dans la mesure où il ren-verse en quelque sorte la charge de la preuve :aux opérateurs désormais de prouver que leursinstallations sont sans danger. Ce qui dans l’arrêtse trouve traduit en ces termes : « aucun élé-ment ne permet d’écarter péremptoirementl’impact sur la santé publique de l’exposition depersonnes à des ondes ou des champs électro-magnétiques. » Bref pour la première fois enFrance, une juridiction invoque sans le dire leprincipe de précaution pour refuser à un instal-lateur de faire tout et n’importe quoi.

Tout et n’importe quoi, oui. En effet voilà bienlongtemps, trop longtemps que sur le littoral,des collectivités, les habitants d’un quartier,d’un immeuble ont tiré la sonnette d’alarme.Ce fut le cas, voici peu à Leffrinckoucke, àCoudekerque-Village, dans les quartiers àhabitat social où des opérateurs jurent leursgrands dieux que les installations mises enplace en catimini sur le toit des immeubles

les plus hauts (c’est moins cher que de lefaire au sommet d’un pylône !) n’auraientaucun impact sanitaire. N’empêche qu’ici et làun écriteau placé généralement en des lieuxinaccessibles (notre photo ci-dessous) inciteles riverains, les passants à prendre des pré-cautions. La preuve, somme toute, que lesantennes ne sont pas aussi inoffensives qu’onl’a longtemps prétendu. N’empêche encoreque devant la montée des inquiétudes, lesopérateurs les plus vicieux mettent parfois enplace des antennes ayant la forme d’un arbreavec ses branches. Histoire sans nul douted’endormir le riverain ignorant qu’au-dessusde sa tête plane une menace aux contoursimprécis…

Si le débat reste ouvert – car il est évidentque les ondes électromagnétiques ne tuentpas sur le champ, mais ont des effets à plusou moins long terme sur l’individu –, il estclair que désormais le risque ne peut quecroître avec l’extension des services offertsaux détenteurs de portables (captage desprogrammes de télévision, internet, etc.), uneextension nécessitant un “balayage” électro-magnétique de plus en plus puissant.

Aussi, si l’on ne peut dédouaner les usagers“accros” de leurs propres responsabilités, l’onne saurait excuser, les collectivités qui signentles autorisations d’installation et acceptent, lecas échéant l’implantation d’antennes-relais surles équipements publics, pas plus que les pro-priétaires d’immeubles, les offices d’HLM, etc.,qui ne résistent pas à l’appât du gain. Le chiffren’est pas officiel, mais l’on entend dire ici et làqu’une antenne-relais “rapporte” à qui l’accueilleune prime d’installation de 6000 € ! ■

J.S.

Téléphonie mobile

Pour approfondir laquestion, lire le rap-port de BioInitiativesur la toxicité de latéléphonie mobilesur le site : robindestoits.org.Aller également surles sites internet deTeslabel.be et de laCriirem.

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5• GRAINS DE SEL

Nucléaire

INES : une échellequi ne mène nulle part

Combien de fois n’avons-nous pas entendu ou lu cette information, ou une version

similaire, lorsque l’industrie nucléaire “déclare”un événement ou un incident survenu dansune de ses centrales nucléaires. C’est classéniveau 0, donc ce n’est pas grave… Pour l’anecdote, on notera que c’est la seuleéchelle comportant un barreau 0, ce qui ensoi relève déjà d’une performance rare quel’on n’observe d’ailleurs que dans le domainedu nucléaire. Mais de toute façon que l’inci-dent soit classé niveau 1 ou niveau 2, cela nepeut pas être grave, puisque l’échelle INEScomporte 7 niveaux, du plus bénin au plusgrave !Or le problème – et nous avons eu l’occasionde la souligner lors d’une récente séance dela Commission Locale d’Information de laCentrale Nucléaire de Gravelines, – c’est quecette fameuse échelle INES (commeInternational Nuclear Events Scale) n’est pasfaite, contrairement à ce que l’on pourraitcroire et surtout à ce qu’on laisse entendre,pour évaluer la gravité des incidents enmatière nucléaire. Non, selon l’Autorité deSûreté Nucléaire (ASN) elle-même, « elle estdestinée à faciliter la perception par lesmédias et le public de l’importance des inci-dents et des accidents nucléaires ». En clair,ce n’est pas une échelle de gravité, maisune échelle de médiatisation.

La meilleure des preuves est que, bien qu’elleait un caractère international, la grille de lectured’INES diffère considérablement d’un paysnucléarisé à l’autre. Ainsi la France, particulière-ment vertueuse en la matière a déclaré entre1986 et 2006 quelque 10 000 évènementssur son parc de 58 réacteurs, dont 1 615 deniveau 1. Dans le même laps de temps, lesÉtats-Unis qui abritent environ deux fois plusde réacteurs en ont déclaré en tout et pourtout 22. Cherchez l’erreur !Autre exemple de distorsion : on se souvientque voici quelques années à Gravelines, ons’était aperçu lors d’un contrôle que pendanttoute une année, une alarme susceptible dedéclencher un système de secours n’avait pasété connectée et n’était donc pas opération-nelle. L’autorité de sûreté avait classé l’inci-dent au niveau 1, au prétexte que c’était unesimple anomalie et qu’il ne s’était rien passéqui aurait nécessité la mise en œuvre dudispositif de secours… Même chose à la cen-trale de Tricastin où le blocage dans la cuved’un réacteur d’assemblages de mox conte-nant du plutonium fut considéré comme unesimple anomalie et classé niveau 1.Aux dernières nouvelles, il serait questionque l’AIEA, grand manitou du nucléaire à l’échelon international, revoie sa copie.En attendant, souvenez-vous que l’échelleINES, ce n’est pas parole d’évangile ! ■

Le couple EDF-Areva s’est attaché les servicesd’un VRP de luxe, en la personne d’un certainNicolas Sarkozy, président de la Républiquede son état. Le brave homme parcourt la pla-nète à grandes enjambées pour vendre ledernier fleuron de la technologie française,l’EPR qu’Areva peine à sortir de terre tant enFinlande qu’à Flamanville. On a vu le zélécommis-voyageur faire l’article chez Kadhafi,en Chine, chez Poutine, tout récemment chezBerlusconi, tous pays et chefs d’État respirantla démocratie et la liberté par tous les pores.De surcroît, comme les décideurs ne manifes-tent pas suffisamment d’ardeur sans doute àprendre les décisions qui s’imposent, le super-président a décidé tout seul dans sa super-tourd’ivoire de l’Élysée, passant par-dessus le

Gouvernement, leParlement et… leGrenelle de l’envi-ronnement, d’offrirau pays un deuxiè-me EPR. Monsieurnotre président adû oublier qu’autitre de ses pro-messes électorales,il avait annoncéque l’on attendrait que le prototype finlandaisait fait ses preuves avant de se lancer dans unenouvelle aventure ; également que l’objectifpour la France est de passer à 20 % d’énergiesrenouvelables à l’horizon 2020. Sûr : on n’enprend pas le chemin ! ■

« L’incident n’a eu aucune conséquence sur la sécuritédes personnes, ni sur la qualité de l’environnement. Il a été classé au niveau 0 de l’échelle INES. »

Le fait du prince

d’après Cabu

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GRAINS DE SEL •6

Àla suite du très grave accident survenu, voici sept ans, sur le site de l’entreprise

AZF à Toulouse, accident qui provoqua lamort de trente et une personnes, fit des cen-

taines de blessés et donne lieu actuellementà un procès retentissant, la ministre de laSanté de l’époque fit adopter une loi quiporte son nom : la loi Bachelot. Ce texte, quia pour objet de faire en sorte que l’on nerevive plus jamais de telles situations, s’esttraduit notamment par la création des CLICs,les Comités Locaux d’Information et deConcertation à l’appréciation desquels sontsoumis les Plans de Prévention desRisques Technologiques (PPRT). Ces plansconcernent les établissements Seveso à hautrisque, dits Seveso “seuil haut” et ils doiventêtre élaborés par les industriels concernéssous le contrôle de la DRIRE.

Sur le littoral, ont été créés un CLIC en zoneindustrialo-portuaire dunkerquoise, décliné endeux sous-CLICs Est et Ouest, chargés de la“surveillance” de 13 sites à risques, un CLICen zone calaisienne (3 sites à risques) et unCLIC dans l’audomarois (2 sites).Le CLIC dunkerquois a vu officiellement lejour le 21 décembre 2006. Quatre membresdes associations de l’ADELFA y siègent auxcôtés des représentants des élus, de l’admi-nistration, des entreprises, des syndicalistes.En principe donc, on ne peut que se féliciterque l’après-AZF ait débouché sur un renforce-ment de la législation, en particulier dans unerégion comme la nôtre qui se situe propor-tionnellement au 3e rang national en matièrede concentration de risques industriels. Dansla pratique malheureusement, la mise enapplication de cette loi suscite de la part desentreprises, des élus, voire de la populationelle-même bien des réticences. Explications.

• Les modifications en profondeur que sous-tend la loi sont impactées principalement pardes questions de financement. Ainsi sur leDunkerquois, voilà des années qu’il est questionde “déplacer” le village de Mardyck et les 372habitants qui y habitent du fait que cette petiteentité est ceinturée de sites Seveso polluants :une raffinerie Total, un vapocraqueur, une zonede stockage pétrolier, un terminal gazier et,peut-être demain, le gazoduc issu du terminalméthanier. Une partie du village comporte deszones dites létales. En fait rien ne bouge, carpersonne ne veut financer et tous les habitantsne sont pas d’accord pour s’en aller. Qu’en sera-t-il lorsque le problème concernera un quartierurbain, une ville petite ou grande ?

• Si administration et industriels tendent géné-ralement à minimiser les risques industriels etsurtout leur impact sanitaire potentiel, on trou-ve également des élus pour mener campagne

ouvertement (communiqués de presse, décla-rations) contre le dispositif CLIC qui mettrait àmal les libertés et les finances communales.Citations de presse : « la mise en place d’un telzonage réduirait à néant toute politique enurbanisme et surtout déprécierait la valeur desmaisons de façon plus que conséquente » … «J’ai dit au sous-préfet toute ma déterminationà défendre ma ville… On me demande de nepas “y” construire de grands éléments d’habita-tion, alors que l’entreprise m’a certifié que lerisque était plus que faible ». Titre dans unjournal : « le PPRT, frein au développementimmobilier ». On s’oriente vers un lobbying eton oublie que doit prévaloir en toutes circons-tances la sécurité des populations…

• La loi, les PPRT focalisent sur les installa-tions Seveso fixes. Or il convient de prendreen compte aussi les inquiétudes réelles despopulations, s’agissant de la circulation et du

CLICs et PPRT contribuent-en compte des risques

Premiers enseignements

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7• GRAINS DE SEL

stationnement (anarchique) des Transports dematières dangereuses (TMD). Les accidentsimpliquant des PL sont fréquents.Dans le même ordre d’idée, les canalisationsenterrées (et assez fréquemment éventrées) nerelèvent pas du dispositif. Or elles contiennentdu gaz, des produits pétroliers, chimiquesdangereux. De même, les gares de triage,notamment à l’approche des week-ends,accueillent des convois dangereux laissés sanssurveillance. Ce qui correspond sans doute àune politique de transports dite à flux tendu.Enfin les ports par lesquels transitent denombreux produits dangereux (environ 20 %du trafic sur Dunkerque) devraient être assu-jettis à la loi Bachelot. Or ils ne le sont pas.

• Il semble important d’activer la mise enplace de plans communaux de sauvegarde.De même des campagnes spécifiques sur lesrisques industriels devraient être organiséesbeaucoup plus fréquemment. Le plus souventles riverains des usines Seveso ne saventmême pas ce qui entre et sort des usinesprès desquelles ils vivent et quels sont lesrisques qu’ils encourent.

• Le recours généralisé à la sous-traitance etl’interim, le non-renouvellement à temps deséquipes expérimentées dans les usines finitpar accroître l’insécurité, de même que la pra-tique du stockage hors site (pour que l’entre-prise ne soit pas classée Seveso !).

-ils à une meilleure prise industriels ?

La réelle nouveauté des CLICs, c’est que sil’on se fie au sigle, l’on y a introduit la notionde concertation, alors que jusqu’alors en com-mission nucléaire ou autre, on ne dépassaitpas le stade de l’information. Qui dit concerta-tion en effet dit qu’il y a d’abord consultationet que celle-ci débouche sur une participationà la prise de décision. Cela va beaucoup plusloin que la simple information !Alors y a-t-il réelle concertation au sein desCLICs ? Pas sûr du tout !Prenons l’exemple des PPRT. Il est dit dans la loique « le CLIC participe à l’élaboration des PPRT »(art. L515-22 de la loi, Bachelot). Rien n’estmoins sûr pourtant. En effet les opérations d’éla-boration se déroulent en deux phases.Au cours de la première, purement technique,les industriels réalisent leurs obligatoires étu-des de danger. À partir de celles-ci, la DRIREfournit des estimations chiffrées de probabili-tés d’accidents et dresse une carte des aléas.En découle un premier zonage menant à envi-sager des mesures d’urbanisme plus oumoins restrictives.C’est alors que vient la phase stratégique dedécision : elle voit entreprises, élus, adminis-tration se retrouver, les premiers avec pourobjectif naturellement de minimiser lesrisques et les seconds d’obtenir une réduc-tion des contraintes urbanistiques par uneréduction par exemple des zonages, tout cecisous l’œil de l’arbitre administratif.Quand tout ce petit monde s’est bien misd’accord, le projet de PPRT est déféré au CLICqui a pour mission de le voter. Il est évidentque les associatifs qui, à aucun moment,n’ont été associés à la phase d’élaboration, nepeuvent qu’avoir une influence marginale surla décision. D’ailleurs, s’il leur prenait l’enviede la contester, ils auraient vite compris

qu’au sein de l’instance, ils sont largementminoritaires.Moralité : la mise en place des PPRT a de bon-nes chances de se traduire par un recul de laprise en compte du risque industriel enFrance. Ce qui, après AZF, est quand mêmeparadoxal !

Plus d’un mois après l’accident survenu à laraffinerie Total de Mardyck, accident qui fit unmort, trois blessés graves et 15 intérimaires“choqués”, le CLIC ne s’est pas réuni, non paspour juger des responsabilités encourues dansla survenue de ce drame (c’est l’affaire de laJustice), mais simplement pour bénéficier d’unminimum d’informations de la part de l’exploi-tant et de la DRIRE. À quoi sert le CLIC ? ■

J.S.

Quelle concertation dans les CLICs ?

Le 29 janvier, chez Total.

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Il était une fois en mai 2007 une habitante duGrand-Millebrugghe qui, lasse de supporter

les nuisances de la décharge sauvage de la fri-che de la distillerie Duriez, fit parvenir une péti-tion accompagnée d’un courrier au Préfet derégion. Comme d’habitude celui-ci tarda àrépondre espérant que sa correspondante lais-serait tomber l’affaire. Il faut savoir que depuis1992 la friche de la distillerie Duriez de Steeneest utilisée comme décharge et ceci au su etau vu de toutes les autorités qui, de temps entemps, tentent d’obtenir une remise en ordrepar ses propriétaires et les prient de s’arrêter.Un dossier de 204 pages avec annexe consti-tué par l’association DEFI et envoyé au Préfetet au Sous-Préfet de Dunkerque a bénéficiéde la sempiternelle réponse : « on le transmetau service intéressé. » Sans le nommer biensûr. Quant à la DRIRE, elle joue la partitiondes abonnés absents comme d’habitude, nesachant sans doute comment se comporterdevant ces “notables” de Steene. Imaginezqu’ils aient des appuis politiques ? Mauvaispour la carrière ça ! Le maire, pour sa part,n’avait rien trouvé de mieux que de permett-re par arrêté municipal en 2008 le passagede plus de cent camions de détritus par jourdans la rue de la Gare, des véhicules de plusde dix tonnes pour une desserte locale !

Vous avez dit : bizarre…Or, où l’affaire s’est corsée, c’est quand il aété demandé de définir le Plan Locald’Urbanisme (PLU) du village. Après bien despéripéties un PLU a donc été mis à l’enquêtepublique, bien sûr en pleine période de Noël.Mais tout à fait bizarrement, il portait pourl’essentiel sur l’autorisation d’aménagement…du château de Steene en hôtel de luxe. Toutaussi bizarrement on y parle d’une résidencehôtelière comprenant l’actuel hôtel de 10chambres du château, des anciennes dépen-dances transformées en 7 logements, ainsique de 33 maisons et locaux pour le person-nel de l’établissement, de la construction d’uncentre de conférences avec bureaux et d’uncentre de balnéothérapie donc avec restau-rant cuisine et bar. Les travaux y seront réali-sés, est-il précisé, par le futur propriétaire, lasociété PHY Promotion et le programme gérépar la société “Les chevaliers de Steenbourg”.Jusque-là si on n’y prête garde, on se dit :génial pour le village, de l’emploi dans l’air !Oui, mais quand on visite le site de PHYPromotion sur le net, c’est différent : le châteause nomme “le château de Bergues”, et le projetcomporte cette fois : un ensemble hôtelier 4 étoi-

les de 80 chambres dont la gestion sera assuréepar “les chevaliers de Bergues”. Les plus du pro-jet, ce sont : un village de 35 maisons pour enaccroître la capacité et offrir un centre de balnéo-thérapie de plus de 600m2, ainsi que des infras-tructures pouvant accueillir séminaires et maria-ges avec une capacité de 600 personnes.Voilà évidemment qui incite à reprendre ledossier. Et là, nouvelle bizarrerie : on ne parlepas de la gestion des eaux de vannages pré-sentes et encore moins futures.Un complément d’information demandé aucommissaire-enquêteur est resté à ce joursans réponse. Circulez, y a rien à voir ! Mieuxencore on se rend compte que pour un PLUcouvrant la zone 1, celle du château, onretrouve comme par hasard les plans de lazone 2, celle du centre du village et ceux dela zone 3, celle du Grand-Millebrugge, là oùse trouve la friche Duriez, dont il n’est nullepart question dans le document. La remarqueen a été faite à la commissaire-enquêteur.Après discussion il lui a été demandé biensûr d’annuler l’enquête publique pour vice deforme et d’adjoindre au dossier d’enquêtecelui récapitulatif de la friche Duriez.Au vu de cela, il faut se demander si le maireet la commission environnement qui a tra-vaillé ce PLU n’ont pas été tout simplementéblouis par la manne susceptible d’êtreapportée au village, au point d’oublier l’autrequestion : celle de la friche contestée qui, encas d’approbation du PLU tronqué, serait pas-sée à la trappe…Pour l’instant en Steenie toutes les affairessont en attente. Reste donc la nécessité decontinuer l’action, de suivre le calendrierprévu et d’attendre un prochain PLU pourl’ensemble du village. ■

E. Kociszewski

Steene :Une vie de château, ouimais pas pour tous

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Sauf versement courant 2009 de votre quote-part (4 €), votre abonnement à “Grains de Sel”est venu à expiration. Si vous souhaitez que nous continuions de faire un bout de cheminensemble (même plus si affinités), merci de nous adresser votre participation.

Donner aux pollueursl’énergie d’être meilleurs.

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Looweg s’adresse aux élusMonsieur le Député,

Actuellement l’association “Pays des Moulins de Flandre” consulte les citoyens, par le biaisde municipalités, sur l’opportunité de l’implantation d’une ou plusieurs piscines.Cette structure supplémentaire, opposable aux citoyens, est composée d’élus de nos collecti-vités territoriales existantes, et non des moindres, puisque vous en êtes le président.

D’autre part, La presse locale nous informe de décisions diverses prises ici et là en matièred’environnement. Or, cette problématique semble appréciée différemment, ce qui aboutit àdes options contradictoires.

Ainsi, par exemple, l’épandage de pécalite, résidus de station d’épuration d’usine est consi-déré comme inoffensif et approuvé par les élus à Warhem, à l’inverse il est refusé àCappellebrouck. Bien sûr chaque municipalité est souveraine. En dernier ressort la préfecturedécide. Dans la plupart des cas, l’autorisation est donnée par-delà les choix municipaux.

Les plans d’épandage doivent être respectés de façon à limiter les surcharges d’azote,phosphates etc. Malheureusement, les agences de l’eau ne peuvent que constater l’état déplo-rable des cours d’eau. Les stations d’épuration ne sont plus “aux normes” bactériologiquesdepuis des années, comme celle de Bergues… Alors quand on nous dit que les boues issuesdes traitements sont stabilisées, on peut douter.

L’incinération des déchets, qui aurait fait l’unanimité des élus, est décriée par une grandepartie de la population, de par sa dangerosité et son coût exorbitant de 74 millions d’euros.En septembre 2008 une manifestation de protestation contre cette implantation imminente arassemblé 4000 personnes à Saint-Omer, dont de nombreux professionnels de santé.

À Rexpoëde, ces jours derniers, le maire informe les élus sur la possibilité d’une alternati-ve à l’incinération. Cette solution présentée par les Ets Baudelet, déjà utilisée en Allemagnereprésente un intérêt écologique.

Une consultation doit être de rigueur pour les “grandes” questions, encore faut-il s’entendresur le qualificatif. Car, ici et là, les principales questions demeurent en suspens, notammenten ce qui concerne l’environnement. “L’esprit même du Grenelle” est ignoré ou éludé quand onpense au vote de l’assemblée nationale, favorable aux cultures OGM, ou l’abandon du mora-toire sur plusieurs projets d’incinérateurs, en opposition totale avec les attentes de la majeurepartie de la population. Quant à la réduction des pesticides, les modalités seraient détermi-nées d’ici 2012…

Nous souhaitons que vous accordiez une véritable écoute promise dans toutes les campa-gnes électorales, et vous en remercions à l’avance.

Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’expression de notre considération distinguée.

La présidente, Françoise BollengierLes secrétaires Claude Bollengier, Yvon Brisse,

Simonie Nivesse

Ce courrier a étéadressé à M.JP Decool Député,copie à M. DerosierPrésident du ConseilGénéral, M. Schepman, VicePrésident du CG,M. Becquet,Président de la CCF,M. Bouttemy, Mairede Warhem,M. Brongnart, Mairede Rexpoëde,M. M Decool, Mairede Cappellebrouck, M. Le Président duSM Flamoval,M. Laporte,Président du SiromFlandre.

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La foire aux n’importe quoiAu cœur des océans80 % de la planète appartiennent aux océans.C’est dire que les espaces y sont tellementvastes que nul n’aurait jamais imaginé qu’unjour, deux sous-marins, l’un britannique, l’autrefrançais, s’aborderaient au cœur de cetteimmensité abyssale.Eh bien voilà : l’impensable est arrivé. Fort heu-reusement la rencontre s’est soldée parquelques tôles froissées. À peine de quoi faireun constat ! Encore que : avec à bord des char-ges nucléaires même non activées, l’événementsoit un peu plus sorti de la pure banalité…De cette collision, deux enseignements peu-vent être tirés :1- voilà qui met à mal les thèses probabilistesselon lesquelles il n’existerait une “chance”sur x millions pour que se produise à nou-veau un jour un accident majeur dans unecentrale nucléaire ou ailleurs…2- une fois de plus on aura constaté que pré-vaut en France l’esprit “nuage de Tchernobyl”.Si les Britanniques n’avaient pas vendu lamèche, on n’aurait rien su chez nous de l’inci-dent-accident.Toujours aussi transparentes nos autorités !

Transparence et concertationM. Quillichini, nouveau patron de la CentraleNucléaire de Gravelines, a inauguré une nou-velle formule en matière de communication.Dans les derniers jours de février, il a présen-té exclusivement aux journalistes le bilan del’activité 2008 du site.Ni l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), qui apourtant pour mission de surveiller de prèsles faits et gestes du fleuron d’EDF, ni laCommission Locale d’Information (CLI) dont lepositionnement en tant qu’acteur de latransparence et de la concertation a été,paraît-il, renforcé par la loi “Transparence etSûreté Nucléaire” (TSN), n’a été conviée à par-ticiper à la grand’messe. « Circulez ! Pourvous (qui auriez pu poser quelques bonnesquestions restées dans la plume de nosradieux informateurs), il n’y a rien à voir ! »Avec ce type de méthode, EDF n’a plus à sesoucier de la transparence. EDF est translucide…

“À l’insu de mon plein gré”La nouvelle a fait à l’époque l’effet d’unebombe. À retardement.Un trafic de déchets toxiques cancérogènes aété mis au jour à Arcelor Mittal, impliquant, a-t-on dit, un digne représentant des douanesfrançaises et des trafiquants belges.Le trafic durait depuis plus de 10 ans, selon lapresse locale et à Arcelor, parangon de vertusécologiques, on n’était pas au courant. Ce qui,a minima, laisse planer quelques doutes sur lafaçon dont sont gérés certains secteurs de lagrande entreprise.Quant à la DRIRE, qui a pour mission decontrôler les firmes industrielles : dans leschoux ! Nous aussi d’ailleurs.La preuve en tout cas qu’il y a encore du tra-vail en perspective pour qui veut savoir ce quedeviennent certains déchets.

Eureka !Dunkerque s’efforce de draguer les chefs d’en-treprise pour qu’ils viennent s’installer cheznous. Une campagne promotionnelle baptisée“made in Dunkerque” a été lancée au milieu del’année dernière et un premier bilan dressévoici peu. Fort bien, me direz-vous.Or on apprend en prenant connaissance de cebilan que ce qui empêche en fait la mayonnaisede prendre, c’est que « Dunkerque a une mau-vaise image environnementale due à la pollu-tion… principalement d’origine industrielle ».Eureka ! Vous parlez d’une révélation ! Direqu’il aura fallu des décennies pour exhumerune vérité que de modestes associationscomme les nôtres, fort peu dotées de moyensd’investigation au demeurant, affirment hautet fort depuis toujours !Eh oui, comme l’indique le slogan qui porte lamarque de cette campagne : « Dunkerque vavous surprendre ! »

Des forces vives pour un nouveau bureauDans la foulée de l’Assemblée Générale Annuelle, tenue le 3 février dernier, et qui avait vu lesparticipants procéder au renouvellement statutaire de l’ensemble des membres du bureau (ony procède tous les trois ans), trois nouveaux membres sont venus renforcer l’équipe sortantedont avait démissionné Françoise Bollengier.Reconstitué, le bureau s’est réuni quelques jours plus tard afin de se répartir les responsa-bilités et les tâches jusqu’en 2012. Il est donc désormais composé de :Président : Jean SenameVice-présidents : Michel Mariette (eau, enquètes publiques)

Edmond Kociszewski (monde rural)Marie-Paul Hocquet (quartiers, consommation)

Secrétaire Général : Nicolas Fournier (nucléaire)Trésorier : Gérard Vermersch ( milieux naturels, biodiversité)Membres : Huguette Flament (déchets), Elizabeth Gueuret (port), Nelly Sans (monde rural)

Il nous arrive assez fréquem-ment d’être interrogés par despersonnes qui souhaitent parici-per aux activités de l’ADELFA.

Rappelons que l’ADELFA est unefédération associative regrou-pant par définition des associa-tions adhérentes. Elle ne reçoitpas d’adhésions individuelles,mais conseille à tous ceux quiveulent nous rejoindre d’adhé-rer à l’une des associations,dont la liste figure en dernièrepage de ce bulletin.

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Etude d’un corridorfavorisant la biodiversité

Directeur de la publication :Jean Sename

Réalisation : FrançoisVandenbunderimprimé sur papier recyclé

Le prix de l’abonnement : 4 €

ISSN 1293-5484

Maison de l’Environnement106, avenue du Casino – BP 2159941 Dunkerque cédex 2Tél. 03 28 20 30 40Fax : 03 28 20 30 39www.maison-environnement.orgdunkerque.pollution.free.fr

l’ADELFA bénéficie du concours de la ville de Dunkerque, de la Communauté Urbaine de Dunkerque et du SyndicatMixte de la Côte d’Opale

Corridor biologique", vieille notion souvent exprimée par les naturalistes. Le Grenelle

de l’Environnement en a fait une priorité enfaveur de la biodiversité. En parallèle, leConseil Régional a élaboré un schéma régio-nal d’orientation de la Trame verte et bleue etlocalement le Syndicat mixte pour le Schémade COhérence Territoriale (SCOT) de la régionFlandre-Dunkerque a inscrit le principe demaintien et de création des corridors biolo-giques dans son document d’orientationsgénérales. Ayant en charge l’aide aux com-munes pour la réalisation des Plans Locauxd’Urbanisme qui incluront réglementairementces corridors, l’Agence d’Urbanisme et dedéveloppement de la région Flandre-Dunkerque (AGUR) s’est adressée à notre

association pourréaliser une étude-diagnostic d’un pre-mier corridor entrel’Audomarois et leDunkerquois.Notre réflexions’est d’abord tour-née vers les grou-pes d’espèces àfavoriser de parleur rareté, leurmode de déplace-ment, puis nous

avons envisagé la faisabilité du corridor.L’Audomarois et le Dunkerquois font partie del’entité géographique de la Plaine MaritimeFlamande dont la caractéristique principaledu paysage est le milieu humide. Il est traver-sé par un grand nombre de canaux et un che-velu dense de watergangs qui sont autant decheminements naturels pour une partie de laflore et de la faune.Si les oiseaux ou les grands mammifères parexemple peuvent parcourir de longues distan-

ces avant de trouver refuge, les reptiles parcontre tels les couleuvres, les lézards et cer-tains amphibiens tels les tritons et la rainetteverte ne se déplacent que dans des milieuxnaturels ne comportant que de très faiblesdiscontinuités. Ce type de corridor favoriseraégalement d’autres groupes d’espèces faunis-tiques : papillons, libellules... ainsi que lespetits mammifères sans oublier évidemmentla flore dont les semis se font pour la plupartdes espèces de proche en proche.Nous avons éliminé le canal à grand gabaritpourtant bordé de nombreux dépôts desvoies navigables favorables à la biodiversitémais dont les berges bétonnées sont des obs-tacles quasi infranchissables pour la plupartdes espèces précitées ; de même la Haute etMoyenne Colme le furent pour absence cons-tatée d’amphibiens.Notre dévolu s’est porté sur les divers water-gangs proches de la ligne de niveau de 2,5 md’altitude délimitant la Flandre maritime de laFlandre intérieure. L’ensemble de ces water-gangs tous situés dans la 3e section Nord deswateringues relie deux Cœurs de nature quesont les Bois Royal et du Ham et les fortifica-tions boisées de Bergues. Des liaisons serontétudiées en amont pour se connecter auxmarais proches de la Réserve naturelle duRomelaere et en aval au Bois des Forts.D’autres liaisons seront aussi proposées pourmettre en contact les différents milieux natu-rels humides situés entre les deux Cœurs denature tels les Mares de Millam, le Bois deGalberg, les prés de l’Eeckhout veld, etc.Notre réflexion inclura les données du SAGEdu Delta de l’Aa et portera sur les conséquen-ces imaginables des changements climatiquessur la biodiversité des milieux humides. ■

Pour le Groupe Ornithologique et Naturalistedu Nord/Pas-de-Calais

Gérard Vermersch

L’ADELFA, c’est plus de trente associations…L’Amicale des Associations de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique (AAPMA : 8 associa-tions) ; Association de Défense des Copropriétaires du Littoral Dunkerquois (ADCLD); Associationde Défense de l’Environnement du Calaisis (ADECA); Association de Défense de l’Environnementdu Littoral Est (ADELE) ; Association de Protection du Patrimoine et de l’Environnement (APPE) ;Association Régionale de Défense des Victimes de l’Amiante (ARDEVA); Bien Vivre à Herzeele;Boulonnais Nature Environnement; Collectif Gravelinois contre les Poussières; Comité Anti-Pollution Les Amis de la Terre; Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) ; Cercle Naturiste duWesthoek (CNW); Défense de l’Environnement de la Flandre Intérieure (DEFI) ; Défense del’Environnement de Pitgam (DEPIT) ; Excentric Demain; Groupement Ornithologique et Naturalistedu Nord-Pas-de-Calais- section de Flandre Maritime (GON); Groupe Louis Lecoin; Het Reuzekoor;Houtland Nature; Les Delphiniums; Loon-Plage Environnement; Looweg; Santé et Environnementdes Rives de l’Aa (SERA) ; SOS-Blootland; Transp’Art en CE; Union Fédérale des Consommateurs(UFC- Que Choisir) ; Union Féminine Civique et Sociale (UFCS).