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extraits de l’ouvrage Grand Paris Stimulé, l’AUC, 2009

Grand Paris Stimulé - extrait

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  • extraits de louvrage Grand Paris Stimul, lAUC, 2009

  • 148

    PROVOQUER POUR FAIRE RAGIR

    La consultation sur lavenir du Paris mtropolitain devrait faire date. Elle sinscrit dans le fil (inter-

    rompu ?) des grandes rflexions sur lagglomration parisienne associant dans un mme objet la question

    spatiale, la question socitale, la question de la gouvernance, la question de larchitecture, de lespace pu-

    blic, de lesthtique de la ville et la question des reprsentations. Elle marque aussi la volont de la mtro-

    pole parisienne de raffirmer sa position sur la scne mtropolitaine : qute dune identit renouvele,

    comme Londres en son temps, Barcelone, Madrid plus rcemment, Berlin aprs 1989, Shanghai et Pkin,

    les Emirats...

    De ce point de vue, il faut reconnatre que Paris a pris un certain retard. la fois causes et effets, lchec

    des candidatures de Paris aux Jeux Olympiques de 2008 puis de 2012 sont, parmi les symptmes dun dficit

    de visibilit/lisibilit, celui quon peut le plus manifestement attribuer un dficit de projet mtropolitain.

    La consultation sur lavenir du Paris mtropolitain est particulire : elle nest pas dclenche par la

    perspective dun grand vnement international mais elle sinscrit dans le cadre dun foisonnement ex-

    traordinairement riche de rflexions, de projets, de travaux de recherche, de publications, de dbats ins-

    titutionnels et publics... qui croisent questionnement sur la gouvernance, sur lorganisation spatiale, la

    structure de lappareil conomique, larchitecture mtropolitaine : rvision du schma directeur dle-de-

    France, confrence mtropolitaine puis syndicat mixte Paris Mtropole, grands projets sur des territoires

    stratgiques, de la Plaine Saint-Denis au Plateau de Saclay, de Seine Amont au Mantois Seine Aval..., plan

    de transports, rflexions et projets sur la hauteur Paris ou sur le renouveau du quartier daffaires de la D-

    fense...

    Le contexte parisien change, et il faut rendre ce changement plus visible, plus manifeste. Ce nest pas

    selon nous une affaire de coordination, de mise en cohrence, de synthse ou dintgration ; ce type dap-

    proche est dpass, serait vou lchec et ne nous intresse pas. Cest plutt une affaire dagitation, de pro-

    duction dides, de stimulation.

    Cest pour cela une opportunit rare, certainement unique. Le nouveau contexte qui se met progres-

    sivement en place autour de la question mtropolitaine, les nouvelles catgories, les nouveaux dfis qui ca-

    ractrisent laprs Kyoto, ouvrent un champ illimit pour la production dides et pour lexprimentation,

    aussi bien dans le domaine de la spatialit mtropolitaine que des mthodes danalyse et de projet ou des

    outils de communication et de reprsentation.

    Nous ne prtendons pas puiser le sujet mais nous proposons, travers la spcificit de notre dmarche,

    douvrir quelques brches dans le bloc sclros des reprsentations, des rflexes et des modes de production

    de la mtropole parisienne : provoquer pour faire ragir.

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    crise de la reprsentation / crise de lidentit mtropolitaine parisienne

    La mtropole parisienne est dj l, cest une mtropole hrite, mais elle nest pas identifie. Plombe par

    son modle radio-concentrique elle semble incapable de se saisir de sa vritable dimension. Paris enferme

    dans le priphrique, certes, mais peut-tre surtout intellectuellement enclave dans des reprsentations et

    des modes de faire en dphasage complet avec la ralit et les pratiques de sa population. Enferme dans une

    reprsentation pr-mtropolitaine1, qui refuse dadmettre pour de bon que la mtropolisation a depuis long-

    temps dpass les limites de la premire couronne. Enferme dans une lecture qui reste malgr tout radio-

    concentrique, dans une faon de voir qui reste surfacique, planimtrique, alors que ce qui caractrise le fait

    mtropolitain ce sont plutt des donnes topologiques, des rseaux, des flux, des effets de polarisation.

    Il y a videmment, et cest trs important, des compositions, des axes historiques, la RN1, laxe Louvre-

    Dfense..., des figures enveloppantes, la ligne des Forts, la Seine et la Marne, les canaux... qui participent

    une structuration globale de Paris et de ses couronnes jusqu trs loin dans lpaisseur du bassin franci-

    lien. Ces lments sont fondamentaux car ils sont porteurs didentits pour le Grand Paris. Ils en consti-

    tuent lassiette topographique et gographique.

    Ces grandes figures ont aussi dans le temps long dessin les grandes continuits, la gographie des sec-

    teurs stratgiques de dveloppement mtropolitain : la Plaine Saint-Denis, Seine Amont, Seine Aval, la

    Dfense, elle-mme sur laxe historique qui a fini par prendre son nom, le Plateau de Saclay...

    Mais si lon observe dautres dynamiques de dveloppement de la mtropole parisienne on saperoit

    quil y a aussi des effets de polarisation et de fort dveloppement 10, 20, 30 km de Paris (Eurodisney et

    Bussy-Saint-Georges en seraient un exemple particulirement frappant) qui sont les lieux dautres modes

    de vie, comme si la ville tait ailleurs et quelle ntait plus du tout ce quon croyait ou ce que lon voudrait

    quelle soit. Il y a des choses qui dbordent, qui investissent des portions de territoire moins rsistantes,

    moins contraintes, o peuvent sinstaller, presque comme dans lombre de la ville agglomre, des program-

    mes dune nature et dune chelle dont on envisageait peut tre mme pas la possibilit il y a seulement

    une dizaine dannes : des gated communities, des centres-ville cls en main, des mga-malls, des arovilles... Ces

    choses qui dbordent, elles sont la plupart du temps prcisment situes sur les ttes de rseaux, aux points

    dquilibre entre accessibilit et disponibilit du territoire, aux points datterrissage de logiques dinvestis-

    sement globalises : cest aussi l que se produit de la valeur, peut-tre mme plus rapidement que dans la

    ville compacte du centre et de la premire couronne.

    Et puis il y a cette substance mtropolitaine, ralise ou en devenir, plus ou moins diffuse, difficile d-

    crire, en gnral peu stratgique lchelle de la mtropole, mais de laquelle mergent des enjeux locaux parfois

    en conflit avec les visions den haut. On y dcouvre des phnomnes surprenants, condition dy accommoder

    son regard.

    1 Selon lexpression de Frdric GILLI.

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  • matrice

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    diag

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    parisienn

    eth

    mes

    situation

    s

    MATRICE, CARTE DIDENTITS DU GRAND PARIS

    La lecture radioconcentrique opposant centre et priphrie (respectivement premire couronne et grande couronne) est dou-blement pr-mtropolitaine : elle se mprend sur le statut, la localisation et le fonctionnement des lieux centraux et elle empche par la mme occasion danalyser correctement la mutation des frontires externes de la mtropole. Les reprsentations mentales contraignent les espaces et les actions.

    ... Dans les dernires dcennies, plusieurs centaines de milliers demplois ont quitt le centre de lagglomration... Ce redploiement a nourri le dveloppement de ples en priphrie. Certains sont grands et visibles de tous (villes nouvelles, Roissy,etc.). De nombreux autres ples sont plus discrets... Une vritable mutation de lorganisation spatiale de la rgion a eu lieu. Elle transforme la notion de territoire dans la mtropole, oblige penser et grer des interdpendances croissantes entre les territoires. 1

    Pour contourner la crise de la reprsentation dans la mtropole parisienne, nous proposons la matrice du Grand Paris comme moyen de faire merger par le bas, partir dune slection de 18 territoires trs diff-rents les uns des autres (certains trs connus, dautres beaucoup moins, mais aucun choisi par hasard), les ressorts dun faire mtropole en se posant avant tout la question du sens que cela pourrait avoir, ici ou l, pr-cisment. La mtropole parisienne est faite de cette multitude de figures, de dynamiques, de territoires, de sites, dhistoires et de situations... qui, pour tre singulires isolment, nen construisent pas moins, une fois mises les unes ct des autres, une reprsentation de notre grand espace commun. Cest cette repr-sentation que la matrice du Grand Paris (parfois des communes, parfois des quartiers, parfois des groupements de communes, parfois des objets...) cherche esquisser sous la forme non pas dun plan mais dune carte d identits de la mtropole parisienne.

    Cette reprsentation de la mtropole est-elle plus fidle que tous les plans quon pourrait en dessiner ? Elle est coup sr diffrente, et sans doute mieux capable que le plan de saisir la dimension subjective qui conditionne largement les potentialits dun territoire et les possibilits dagir sur ce territoire. Elle per-met en effet de construire un point de vue, parfois htif et quil faudrait affiner, mais sans a priori et partir duquel peuvent souvrir de nouvelles faons denvisager un devenir possible, partiel, localis, du fait mtro-politain.

    Le choix des 18 territoires est loin dtre exhaustif. Ce nest pas son objectif. Sans pour autant prfigu-rer une quelconque typologie, ce choix couvre cependant une bonne partie du champ des problmatiques de la mtropole parisienne tel que nous nous le reprsentons.

    Les micros rcits de la matrice npuisent videmment pas la ralit complexe de chacun des territoires quelle contient. Ils se concentrent chaque fois sur quelques traits saillants, toujours positionns sur la ligne de basculement entre observation dcale et interrogation prospective.

    1 Frdric GILLI, Les nouveaux contours de la mtropole parisienne, laviedesidees.fr, nov. 2008.

  • Le ParcLe Techniparc La Grande Brche

    La Croix Blanche

    Les Ciroliers

    La Marinire

    Les Montatons

    3704

    857 3493

    508

    1778 854

    + 12%+ 9%

    + 5%

    + 60%+ 5%

    + 12%

    Evolution du nombre demplois entre 2006 et 2008

    Principaux ples logistiques en Ile de France

    ORLY 28,5

    12,1

    59,4

    ORLYLA CROIX BLANCHESAINT-QUENTIN-

    EN-YVELINESLA SEINEVILLETANEUSE

    AgE dOR dU mOdERNISmE

    ANTICIpATIONNATURE SAUVEgARdENATURE pROgRAmmE

    NATURE dE LESpACEmENT

    QUELLES fORmES dE VIVRE ENSEmBLE?

    mTROpOLISATION

    pAYSAgE mTROpOLITAIN

    mISE EN SCNE dUN CIEL mTROpOLITAIN

    VIEILLISSEmENT dU RVE

    fLUIdIT

    CONTENANT

    ECHEC dE LA pLANIfICATION

    VILLE dE pAQUET gRANULOmTRIE

    VARIABLECONTENU

    INTERCOmmUNALIT

    tri-DPAP-A.indd 152 8/04/09 6:45:32

  • Ligne de tramway T2

    80 000 personnes par jourFonctionnement de 5h30 00h304 min dintervalle entre deux tramway (heures de pointe)8 min (heures creuses)28 minutes entre Porte de Versailles et la Dfense6 minutes entre Issy Val de Seine et Porte de Versailles

    20 min

    15 minbanlieue

    Paris

    les Halles

    banlieue

    banlieue

    banlieue

    banlieue

    banlieue

    Cinastes, La Plaine

    500 m1000m1500m

    RER D

    Beaubourg

    Louvre

    Montorgueil

    Brunoy Epinay sous Snart

    CENTRE COMMERCIALRER

    RER E

    7,4 %

    37,6 %

    45 %

    20,9 %

    10,4 %

    6,4 %

    17,3 %

    Gare du Nord, gare de lEst

    45% du transit ferroviaire parisien

    214 millions de voyageurs par an

    Premires gares europenne

    Troisime gare du monde aprs les gares de Shin-juku et Ikebukuro Tokyo.

    7,4 %

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    45 %

    20,9 %

    10,4 %

    6,4 %

    17,3 %

    Gare du Nord, gare de lEst

    45% du transit ferroviaire parisien

    214 millions de voyageurs par an

    Premires gares europenne

    Troisime gare du monde aprs les gares de Shin-juku et Ikebukuro Tokyo.

    1920 2009

    soit 31% du territoire

    soit 13% du territoire

    X

    42

    1

    1

    EPAD

    EPGD

    EPAD

    loi du 07/02/07

    gestionnaire des espaces publics financs

    millions deuros par Puteaux, Courbevoie, Hauts-de-Seine

    amnageur + dveloppeur

    millions deuros financs pour lagestion de lespace public sur 150 millions deuros gagns par la taxe professionnelle

    taxe professionnelle

    EPAD

    nord mesnilois

    sud mesnilois

    1919 2007

    PARIS 13BOBIGNYFOSSES-MARLY-St WITZ-SURVILLIERS

    GIF SUR YVETTEISSY-LES-

    MOULINEAUXLES HALLES

    GARE DU NORDGARE DE LEST

    BRUNOYEPINAY SOUS

    SENARTLE BLANC MESNILROISSY METROPOLE VERSAILLES

    PUTEAUX COURBEVOIE

    CARRIERES-SOUS-POISSY

    matric

    e

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    diag

    no

    stic prospectif d

    e lagg

    lom

    ration

    parisienn

    eth

    mes

    situatio

    ns

    LABORATOIRE DE MODERNIT

    INCURSION DE LA BANLIEUE EN VILLE

    ELVATION

    PLE MTROPOLITAIN DSHRIT

    PHNOMNES 100% MTROLITAINS

    VILLE GNRIqUE

    LELOIGNEMENT COMME GNRATEUR DUN

    MODE DE VIE

    FRILOSIT

    EROSION

    IMAGE DE SUPERIORIT

    TERRITOIRE AMNE

    MTROPOLE LA CARTE

    S.H.O.N

    PLUG AND PLAY

    EXCURSION PARISIENNE EN BANLIEUE

    BANLIEUETLPORTE

    POINT FOCAL DES CHELLES TERRITORIALES

    MONDES SOUTERRAINS

    MTROPOLISATION INVISIBLE

    ESPACE DE COMPROMIS

    NIMBY

    ATTRACTION1 : EFFICACIT+PUISSANCE

    ATTRACTION3 : URBANISME DE MONDES

    INTRIEURS

    ATTRACTION2 : ATTRACTION/RPULSION

    ACCESSIBILIT MTROPOLITAINE NON-

    ACTIVE

    ESPACE SATUR

    VILLE A-CENTR

    LOGEMENT DE MASSE V.S.

    PAVILLONAIRE

    LOGEMENT DE MASSEV.S.

    PAYSAGE

    LOGEMENT DE MASSE COMME PAYSAGE

    LE GRAND PROjET

    MITHRIDATISATION

    DOUBLE-ESPACE

    RETOUR SUR INVESTISSEMENT

    SMOOOTHNESS?

    jUNGLE

    CONTRAINTES ACCUMULES

    SUPER ATTRACTIF

    RSISTANCE LA MTROPOLISATION

    tri-DPAP-B.indd 153 8/04/09 6:52:34