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Mercredi 10 juillet 2019 au Pavillon Gabriel, dans le cadre de l’International Financial Forum GRAND PRIX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE De gauche à droite : Gilles Schnepp (Legrand), Franck Lemery (Legrand), Sébastien Thévoux-Chabuel (Comgest), Anne-Marie Jourdan (ICGN et FRR), Cédric Lavérie (ISS), Nicolas Huet (Eurazeo), Viviane de Beaufort (Essec Business School), Jean-Louis Chaussade (SUEZ), Philippe Castagnac (Mazars), Nicole Notat (Vigeo Eiris), Jean-Marc de Royere (Air Liquide), Isabelle Kocher (ENGIE), Bertrand Dumazy (Edenred), Caroline de La Marnierre (ICR), Éliane Rouyer-Chevalier, Muriel de Szilbereky (ANSA), Alain Pietrancosta (Panthéon-Sorbonne), Marie-Cécile Collignon (Capgemini), Olivier Lepick (Capgemini)

GRAND PRIX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

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Mercredi 10 juillet 2019au Pavillon Gabriel, dans le cadre de l’International Financial Forum

GRAND PRIX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

De gauche à droite : Gilles Schnepp (Legrand), Franck Lemery (Legrand), Sébastien Thévoux-Chabuel (Comgest), Anne-Marie Jourdan (ICGN et FRR), Cédric Lavérie (ISS), Nicolas Huet (Eurazeo), Viviane de Beaufort (Essec Business School), Jean-Louis Chaussade (SUEZ), Philippe Castagnac (Mazars), Nicole Notat (Vigeo Eiris), Jean-Marc de Royere (Air Liquide), Isabelle Kocher (ENGIE), Bertrand Dumazy (Edenred), Caroline de La Marnierre (ICR), Éliane Rouyer-Chevalier, Muriel de Szilbereky (ANSA), Alain Pietrancosta (Panthéon-Sorbonne), Marie-Cécile Collignon (Capgemini), Olivier Lepick (Capgemini)

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Cérémonie de Remise des Prix

Compte rendu

La 14ème Édition du Grand Prix de l’Assemblée Générale s’est déroulée le 10 juillet 2019 dans le cadre de l’International Financial Forum (IFF) de Paris EUROPLACE, en présence notamment de Muriel Pénicaud, Ministre du Travail, Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des Finances, Nicole Notat, co-Présidente du Jury du Grand Prix de l’AG 2019 et Présidente-Fondatruce de Vigeo Eiris, Isabelle Kocher, co-Présidente du Jury du Grand Prix de l’AG 2019 et Directrice Générale d’ENGIE – société Lauréate du Grand Prix de l’AG 2018 –, Jean-Louis Chaussade, Grand Témoin du Jury 2019 et Directeur Général de SUEZ – société Lauréate du Trophée SBF 80 2018 –, Gilles Schnepp, Président de Legrand et Lauréat 2019, Philippe Bordenave, Directeur Général Délégué de BNP Paribas et Lauréat 2019, Patricia Barbizet, Présidente du Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise (HCGE) et Présidente de Témaris & Associés, Arnaud de Bresson, Délégué Général de Paris EUROPLACE, Caroline de La Marnierre, Directrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable, Bruno de Laigue, Président de la DFCG, Philippe Castagnac, Président honoraire de Mazars et Président du département des entités d’intérêt public au CNCC, Bertrand Dumazy, Président-Directeur Général d’Edenred et Lauréat 2019, Nicolas Huet, Secrétaire Général d’Eurazeo, Jean-Marc de Royere, Directeur d’Air Liquide et Lauréat 2019, Anne-Marie Jourdan, membre du Board de l’ICGN et Directrice Juridique et Communication du Fond de Réserve pour les Retraites (FRR), Sébastien Thévoux-Chabuel, Analyste ESG chez Comgest et Lauréat 2019, Viviane de Beaufort, Professeure à l’ESSEC Business School et plus de 300 participantes et participants.

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Table des matières

01. Introduction des Grands Prix de l’AG 5Ouverture des Grands Prix de l’AG 6Allocution de Muriel Pénicaud 8

02. 03.

04.

Conversation autour de la Loi Pacte 11 Remise des Grands Prix 14

Table Ronde 1 20

Allocutions d’ouverture 5

À propos et remerciements 4

06.

07.

08.

Table Ronde 2 26

Jury 2019 32

En savoir plus... 34

05. Viviane de Beaufort 25

Membre du Jury 32Les recommandations du Jury 33

Déroulé 34Partenaires 35

À propos des Grands Prix de l’Assemblée Générale 4Remerciements 4

Allocution 25

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À propos et remerciements

À propos du Grand Prix de l’Assemblée Générale

Créé en 2005 et piloté par l’Institut du Capitalisme Responsable (ICR), le Grand Prix de l’Assemblée Générale (GPAG) vise à diffuser et récompenser les meilleures pratiques des sociétés cotées en matière d’Assemblées Générales, de Gouvernance et de performance globale.

Pour récompenser les meilleures Assemblées Générales, le Jury du Grand Prix se fonde sur l’analyse de grilles d’évaluation composées de plus de 90 critères, portant sur la qualité de la brochure de convocation et du compte rendu, la qualité et la pertinence des informations présentées en AG en matière de stratégie, perspectives, métiers, résultats, responsabilité sociétale des entreprises, gouvernance, rémunération et gestion des risques, ainsi que sur la qualité des relations avec les actionnaires et de l’organisation de l’Assemblée.

Les grilles d’évaluation sont remplies par des équipes composées d’ambassadeurs et d’analystes de l’ICR, en partenariat avec des étudiantes et étudiants de l’ESSEC Business School et de la Sorbonne. Plus d’informations sur http://www.capitalisme-responsable.com/le-grand-prix-de-lassemblee-generale/

Remerciements

L’Institut du Capitalisme Responsable remercie tout d’abord ses quatre partenaires stratégiques, Paris EUROPLACE, Mazars, Eurazeo et l’ESSEC Business School, qui ont été très impliqués dans l’organisation de cette nouvelle Édition des Grands Prix de l’Assemblée Générale et également l’ensemble des 21 membres du Jury pour leur engagement et leur assiduité tout au long des 4 sessions de travail organisées cette année, qui furent riches en échanges et en confrontations.

L’ICR souhaite également remercier Viviane de Beaufort et Alain Pietrancosta, Professeurs des Universités, respectivement à l’ESSEC Business School et à la Sorbonne qui mobilisent plus de 60 étudiants chaque année dans le suivi de ces AG et leur permettent de découvrir le monde de l’entreprise à travers cette démarche.

Enfin, l’Institut remercie ses ambassadeurs : Caroline Meignen, Edouard Gridel, Erik Songeur et Gilles Hengoat mais également les équipes de l’ICR pour leur suivi assidu des AG. Un grand merci à eux !

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Allocutions d’ouverture1Introduction des Grands Prix de l’AG

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Nous sommes très heureux de vous accueillir pour célébrer la quatorzième édition du Grand Prix de l’Assemblée Générale. Cela fait 14 ans que les membres du Jury récompensent les dirigeants les plus exemplaires pour leurs pratiques en Assemblées Générales et cette saison a été marquée par l’émergence d’un thème auquel je ne m’attendais pas, en tout cas pas aussi vite, celui de la raison d’être. Environ un quart des entreprises du CAC 40 ont abordé ce sujet et deux l’ont fait voter avec des taux d’approbation avoisinant les 100%.

Créer de la valeur et s’interroger sur une répartition équilibrée de cette valeur et de ses impacts sur l’ensemble des parties prenantes – et de la société civile dans son ensemble – revient à s’interroger sur ce à quoi dirigeants et collaborateurs croient in fine. La raison d’être offre donc l’opportunité de se demander à quoi nous croyons et ce que nous voulons, au-delà de la réalisation du business, pour notre génération et les générations futures. Or, c’est dans le cadre de l’AG que les dirigeants ont choisi de partager le sens de leur entreprise.

L’AG est ainsi devenue un moment de partage qui transcende la présentation stricto sensus du business, des performances et de la gouvernance. Elle aborde désormais le sens de son business, le sens de ses performances et de sa gouvernance. L’AG vise à éclairer les actionnaires et les parties prenantes sur le sens de l’entreprise : à quoi croit-elle ?

Nous pouvons dire que nous avons franchi une nouvelle étape avec cette saison des AG, et Nicole vous parlera de cette évolution plus en détail dans quelques instants. Ce n’est pas un hasard si les dirigeants ont choisi l’AG pour partager leur raison d’être. Ils ont choisi de s’inscrire dans l’intemporalité puisque le sens n’a pas d’horizon de temps. Les actionnaires individuels et salariés – majoritairement représentés lors des AG – fondent leur relation avec l’entreprise en grande partie sur ce que l’on appelle l’affectio societatis. Cette relation est construite sur un socle dépassant largement la performance de court terme. L’autre raison de sa présentation en AG est le fait qu’il faille bien entendu la faire voter, ce qui nécessite une présentation.

Tout cela me réjouit car cette évolution creuse encore le sillon d’un capitalisme plus responsable, plus incarné, qui fait sens et se met en résonnance avec le vivant. Je m’arrêterai ici en précisant toutefois que les pratiques que nous allons récompenser ce matin sont absolument remarquables, que ce soient pour les nominés ou les Lauréats.

Pour terminer, je souhaiterais dire deux mots sur l’évolution de nos Grands Prix. Nous n’avons pas défini notre raison d’être – ce que nous ferons peut-être l’année prochaine si Nicole considère cela pertinent – mais nous nous sommes demandés comment donner encore plus de sens à ces Grands Prix. Ce que nous souhaitons, c’est transmettre aux futures générations toutes ces bonnes pratiques que nous récompensons chaque année. C’est pourquoi nous allons produire des business case à partir de ces pratiques récompensées pour les inscrire dans le programme académique de l’ESSEC Business School. Ces pratiques deviendront référentes dans leur domaine auprès des étudiants, et Viviane de Beaufort vous en parlera en détail un peu plus tard.

Au sein de l’Institut, nous souhaitons développer ce type de partenariat qui donne du sens à notre démarche et qui permettra aux futures générations de travailler sur les pratiques les plus récentes – et trop souvent méconnues – en matière de capitalisme responsable, car les pratiques évoluent très rapidement. Il est fondamental – pour nous – de renforcer le lien entre investisseurs, entreprises et corps académique.

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Allocutions d’ouverture1Ouverture des Grands Prix de l’AG

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

Bonjour à toutes et à tous, merci Caroline, et bienvenue. Avant de revenir sur les évolutions dont Caroline nous a parlé, je voudrais vous faire part du gros travail qui a été réalisé par l’équipe de l’Institut pour permettre au Jury de travailler dans les meilleures conditions possibles. Avoir des restitutions de ce qu’il se passait en AG, de manière à la fois complète et très synthétique, ce qui bien évidemment, vous vous en doutez, facilite la délibération et les décisions du Jury. Donc vraiment bravo à l’équipe !

Notre sentiment est que cette année, nous avons assisté à un grand cru d’Assemblées Générales, marquant un saut qualitatif, tant sur le fond que sur la forme des thèmes présentés. La prise de conscience des mutations, des transformations, qui étaient induites par les révolutions numériques, technologiques, énergétiques, la rareté des ressources, autant de par les changements de mode de consommation, laissait présager une prise de conscience dans la nécessité d’un changement de modèle. Nous passons aujourd’hui à la vitesse supérieure dans la traduction et la prise en compte de ces transformations très lourdes.

Les années précédentes, nous avions noté que les politiques de responsabilité sociales s’introduisaient progressivement à l’ordre du jour des AG avec la prise de parole des parties prenantes externes, d’experts de la société civile, la montée en puissance des politiques de rémunération (en particulier celle des dirigeants, accentuée par le vote devenu contraignant lors les AG). Nous avons également observé un effort de pédagogie sur la manière de présenter les sujets, une amélioration de la qualité de la relation avec les actionnaires et de la présentation de l’activité des Conseils eux-mêmes.

Nous avons donc fait un vrai saut qualitatif. Les différents thèmes que nous avons pu relever en AG sont davantage connectés entre eux. Ils marquent une vision plus intégrée du business model avec la présentation des risques auxquels sont intégrés de plus en plus les risques extra-financiers, un enrichissement du dialogue avec les actionnaires, la répartition de la valeur ajoutée et le ratio d’équité pour certaines d’entre elles. Nous avons même vu, Madame la Ministre, chère Muriel, une AG du CAC 40 qui a présenté son Index mixité.

Alors en vous décrivant ceci, je ne vous décris pas le meilleur des mondes. Je ne vous dis pas que tout cela reflète la réalité de toutes les AG, mais je pense qu’à certains moments, il est bon de regarder en tendance ce qui progresse car les bonnes nouvelles sont les bienvenues. Le Jury l’ayant souligné, je tenais donc à vous faire partager cette tendance.

Cette tendance a aussi eu un effet sur les délibérations du Jury, qui trouve matière à renouvellement de ses discussions, à la richesse de ses délibérations et qui est nourrie par la diversité de ses membres.

Isabelle, nous venons de parler de la restitution des AG, mais tout cela n’existe finalement que si l’entreprise en tant que telle se saisit de ces sujets. Nous n’imaginons pas que ceci se fasse en claquant des doigts. Peux-tu nous parler de la manière donc l’entreprise – en général – approche ces questions ?

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Allocutions d’ouverture1Isabelle KocherCo-présidente du Jury et Directrice Générale d’ENGIE

Merci Nicole et bonjour à tous. Je crois qu’il faut te rendre hommage car tu as fait, depuis des années, prendre conscience du rôle de l’entreprise, comprendre que le capitalisme avait besoin de bouger. Je pense que si vous êtes tous là, présent ce matin à l’Institut du Capitalisme Responsable, qui porte bien son nom, c’est que nous sommes tous sur la même longueur d’onde. Merci à notre Ministre qui contribue à ce mouvement !

C’est véritablement toute la société qui bouge. Et la société civile est aussi dans nos entreprises. Ceux qui sont ici le savent très bien, cette communauté porte les mêmes réflexions, les mêmes espoirs de voir le sens de l’entreprise changer. Je pense que le réchauffement climatique a joué un rôle révélateur tout à fait incroyable, même s’il est tout d’abord un challenge mondial.

C’est la première fois que n’importe quelle décision, prise par n’importe qui, a un impact sur tout le monde. J’ai un sentiment que cela a provoqué une forme de réveil qui, je l’espère, verra le monde économique réparer un certain nombre de fractures non résolues. Il y a un point sur lequel je voudrais insister, parce qu’en tant qu’acteur de l’énergie, nous nous sommes retrouvés tout en haut de la liste des émetteurs de carbone. Toutes les entreprises de l’énergie ont été mises au pied du mur avant les autres.

Chez ENGIE, nous avons fait un choix, celui d’inverser notre business model pour devenir des champions de l’économie d’énergie, ce qui revient à lutter contre le réchauffement climatique. Avec une conviction forte qui était qu’il ne fallait surtout pas opposer cela aux actionnaires et à leur rémunération. Il ne faut pas faire un choix entre être responsable ou être rentable. C’est exactement le contraire dans la société d’aujourd’hui parce que la société est devenue activiste.

Les consommateurs font de plus en plus attention, les talents font de plus en plus attention, les jeunes font de plus en plus attention. Nous sommes de plus en plus questionnés sur le sens, il faut les convaincre. Dans cette société qui veut autre chose, je suis convaincue qu’une entreprise qui fait des choix vrais et authentiques sera préférée, car la génération qui arrive déteste le faux.

Des choix honnêtes, authentiques et traçables font qu’une entreprise est préférée. Et comme elle devient préférée, elle a plus de clients, plus de talents, et finalement, elle est plus performante économiquement.

Avec ENGIE, nous avions à faire cette transformation en un temps court, parce que le système actionnarial ne laisse pas de temps à la démonstration. Nous avons demandé 3 ans à nos actionnaires, en sécurisant certains éléments comme leur dividende dont le montant a été fixé sur 3 ans, pour qu’ils nous laissent ce temps car nous étions convaincus d’avoir par la suite un modèle très rentable. En 3 ans, nous avons diminué de 50% nos émissions de CO2, augmenté notre rentabilité d’un point et accéléré notre croissance organique.

Le return total pour les actionnaires, qui était négatif en 2012-2015 (-15% de TSR sur la période) est repassé en positif en 2016. S’occuper du long terme, cela ne se fait pas en 10 minutes. C’est l’une des convictions que je voulais partager avec vous ce matin. Je pense que c’est un bon thème de débat pour les tables rondes qui vont démarrer.

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Allocutions d’ouverture1Allocution

Muriel PénicaudMinistre du Travail

Bonjour à toutes et à tous. Merci de votre invitation, fidèle, et ma réponse est – elle aussi – fidèle. Ce matin, je voudrais partager avec vous une conviction sur les sujets du capitalisme responsable. Je pense qu’il y a à la fois urgence et un momentum.

Urgence pour de nombreuses raisons évoquées par Caroline, par Nicole et par Isabelle. Urgence climatique, urgence sur les aspirations de la jeunesse. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles il y a urgence.

Cela fait des années que je sillonne le monde et aujourd’hui, avec un regard singulier qui est celui de Ministre, je suis frappée à quel point nous irons dans le mur si nous n’intégrons pas les dimensions sociales et climatiques dans la régulation économique. Ce ne sont pas des mots, c’est une réalité.

Demain, le fait de ne pas avoir traité les sujets climatiques à temps aura des effets dépassant tout ce que nous avons déjà vu. Les migrations climatiques ont à peine commencé. Cela représente des dizaines de millions de personnes, ce qui déstabilisera encore plus le tissu économique et social de nombreux pays.

Sur le plan de la justice sociale, le bilan de la mondialisation est ambigu, il est double. D’un côté, cela a permis la sortie de la pauvreté de dizaines de millions d’individus. Mais de l’autre, cela a accru les inégalités. Dans de très nombreux pays, ces inégalités créent des tensions qui ne sont plus soutenables socialement, et qui prennent des formes diverses. Des formes de nationalisme, de communautarisme, d’extrémisme, de luttes, de tensions qui ne sont plus supportables. C’est aussi ce qui permet à des gouvernements populistes protectionnistes d’avoir des arguments qui au premier abord semblent s’entendre, comme la fermeture des frontières. C’est une illusion totale. La France est l’un des pays les moins inégaux. Une fermeture serait un désastre économique qui aboutirait à une paupérisation sur le plan social, des tensions et potentiellement des risques pour la paix.

Il y a urgence pour le climat et nous le voyons bien chaque jour, nous sommes de plus en plus proche des catastrophes, elles commencent à se dérouler sous nos yeux. Mais nous pouvons encore agir.

Sur le plan social, il en va de même. D’une certaine façon, le long terme est devenu extrêmement urgent. C’est le cœur de ce que vous dites à l’Institut du Capitalisme Responsable, ces sujets ne sont pas juste des nice to have dans un rapport annuel. C’est au cœur de notre capacité d’une performance durable, d’un partage de la valeur durable, et d’une cohésion sociale durable.

Aujourd’hui, nous avons un momentum. Un momentum de prise de conscience. Nous l’avons vu sur le climat, notamment avec la jeunesse. Nous l’avons aussi vu sur le sujet de l’égalité hommes/femmes. Le mouvement #MeToo a créé un réveil, une opportunité, une capacité à agir sur ces sujets. Beaucoup pensent encore que nous n’avons pas besoin de changer de modèle.

Pour aboutir à tout cela, il faut une cohésion et un engagement des entreprises et des pays et nous avons un momentum avec le G7 et l’Europe. Le G7 sera présidé cette année par la France et le Président de la République a choisi comme thème du G7 la lutte contre les inégalités. En amont, il y a huit G7 ministériels où chacun d’entre nous réunit ses collègues. Les 6 et 7 juin 2019, j’ai réuni le G7 social avec les Ministres du Travail et de l’Emploi.

Aujourd’hui, nous avons un momentum. Un momentum de prise de conscience.

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Allocutions d’ouverture1Le résultat de ce G7 social est une déclaration commune des partenaires sociaux mondiaux et des pays du G7 qui, de par leur poids, influent sur l’ensemble du monde sur 4 sujets majeurs. Le premier étant la prise en compte de la dimension sociale dans le multilatéralisme.

Dans le cadre de l’Organisation Internationale du Travail, les État et les partenaires sociaux établissent des normes sociales internationales, normes minimales permettant de faire progresser les sujets sociaux et économiques. Lorsque les mêmes pays se retrouvent autour de la table du FMI, de la Banque Mondiale ou de l’OMC, nous avons d’autres critères, parce que nous avons d’autres enjeux. Le résultat étant que nous ne pouvons pas dire que le multilatéralisme soit toujours cohérent, ce qui est dangereux au moment même où certains veulent le mettre à bas, et considèrent que les rapports bilatéraux entre les pays suffisent et sont meilleurs (en tout cas pour leurs propres intérêts).

Il y a un double combat et nous ne pouvons conclure d’accords commerciaux sans prendre en compte des aspects environnementaux ou sociaux et un respect des normes internationales sur le plan social et climatique. Le Président de la République a annoncé que la France ne signerait pas d’accords commerciaux avec les pays qui ne respectent pas les accords de Paris. C’est lourd de conséquence, c’est structurant, mais c’est le momentum.

Le deuxième sujet c’est évidemment la révolution numérique qui bouleverse les contenus des métiers mais aussi l’organisation du travail et la structuration des entreprises.

Le troisième qui a été de haute lutte, est l’accès universel à la protection sociale. Il faut savoir qu’aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à une protection sociale. 60% du travail est un travail informel – très souvent occupé par les femmes – qui n’apporte aucune protection de couverture santé, de retraite, de revenu minimum et de conditions décentes. Ce sujet n’est pas un petit sujet, mais il obéit à une responsabilité parce que nos entreprises ont toutes des chaînes de valeur à l’étranger. Je sais par expérience à quel point il est difficile de savoir, de contrôler et d’avoir la vigilance pour le sous-traitant du sous-traitant du sous-traitant. Nous le savons tous et c’est pour cela qu’il y a encore plus de 135 millions d’enfants qui travaillent dans le monde. C’est difficile mais cela ne veut pas dire pour autant que nous sommes dispensés de cet effort. Et je pense que le travail sur les chaînes de valeur, et notamment sur l’accès universel à la protection sociale est essentiel.

Le quatrième sujet, c’est l’égalité hommes/femmes. L’égalité hommes/femmes dans la lutte contre le harcèlement, sur les salaires et les carrières.

Quand je dis qu’il y a un momentum, tout fait sens et tout fait cascade. Quelques jours après le G7 social, il y avait le 100ème anniversaire de l’Organisation Internationale du Travail. Le fait que nous ayons trouvé un accord, fait une déclaration commune des pays du G7 et des partenaires sociaux, patronats et syndicats mondiaux, a joué beaucoup dans le fait de l’adoption de la déclaration du centenaire, mais notamment de la première convention mondiale contre le harcèlement et la violence au travail. Tous fait sens, c’est-à-dire que ce que vous faites ici, a une résonance sur ce que d’autres font. C’est là où le travail commun du secteur privé et public est essentiel.

Dans ce momentum, je voudrais aussi parler du momentum européen. Nous avons une ambition forte pour l’Europe. Nous sommes persuadés que c’est le lieu qui est le meilleur creuset pour avancer sur les sujets climat et social, intégrés dans un modèle de capitalisme prenant en compte les impacts sociaux et environnementaux, travailler sur la raison d’être et offrant des alternatives à certaines formes de capitalismes qui aujourd’hui sont en train de nous entraîner dans le mur. C’est en Europe que sont nées beaucoup de ces idées de développement durable, elles se sont répandues dans différents pays, dans différentes entreprises, mais il y a quand même un creuset. Nous avons besoin que le secteur privé le fasse, comme les États et comme les Parlementaires.

Il y a un double combat et nous ne pouvons conclure d’accords commerciaux sans prendre en compte des as-pects environnementaux ou sociaux...

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Allocutions d’ouverture1Aucun ne peut y arriver seul. Mais ensemble, nous pouvons faire bouger les lignes pour que cette prise en compte de l’agenda climatique et social soit internalisé comme un élément de la performance collective des entreprises, des États, et de l’Europe.

Les mentalités changent, la jeunesse nous aide. J’avais proposé à Bruno Lemaire, Nicole Belloubet et Nicolas Hulot que l’on confie une mission à Nicole Notat et Jean-Dominique Senard, au moment où Bruno Lemaire lançait ses travaux sur la loi Pacte. Nicole Notat et Jean-Dominique Senard ont réalisé un travail extraordinaire. Ils ont réussi à rassembler en écoutant très largement les entreprises, à faire bouger la limite qui sépare les pionniers du début du peloton. Le rapport qu’ils ont fourni a beaucoup inspiré la loi Pacte, il a inspiré la responsabilité de prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux et d’inscrire la raison d’être comme une possibilité juridique qui fait sens. Les entreprises rendent compte devant leurs actionnaires, non seulement des résultats de leur performance financière, mais aussi de leur performance sociale et environnementale.

De la même façon, nous avons fait une avancée très importante pour les femmes avec la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel et l’Index d’Égalité hommes/femmes. Nous avons également pris une longueur d’avance en France avec la loi Coppé-Zimmermann en 2011. Les entreprises dépassent même la loi puisque nous atteignons environ 45% de femmes dans les CA du SBF 120 et du CAC 40, avec une grande partie de ces femmes dans les Comités d’Audit.

L’étape suivante concerne l’égalité salariale et des chances de carrière. Après un travail de 4 mois avec les partenaires sociaux, nous avons trouvé une ligne de force commune patronat et syndicat, ce qui est très important pour créer une dynamique qui porte, y compris au-delà de la loi si nécessaire. Nous y avons ajouté une obligation de résultat avec un délai de 3 ans pour se mettre en conformité. L’index permet de mesurer – de façon objective, transversale, simple, facile à calculer et à analyser – 5

critères principaux : à travail égal, salaire égal (sur le même niveau de poste et le même niveau d’ancienneté), égalité des opportunités de carrière, égalité des opportunités d’augmentation de rémunération, respect de la loi sur les retours de congés maternité et part des femmes dans les 10 plus hautes rémunérations. 16% des entreprises de plus de 1000 salariés (il y en a plus de 1300 en France) sont en alerte rouge et beaucoup le découvraient. Je ne connais pas de CEO qui fasse exprès de discriminer les femmes. C’est un ensemble de microdécisions du management et des RH. Il faut décider de ne pas discriminer pour ne pas discriminer.

Il y a deux sujets où les entreprises sont en retard : la part des femmes dans les 10 plus hautes rémunérations et le retour de congé maternité. Les entreprises ne respectent pas la loi, et ne le savent pas forcément. Mais ce qui est intéressant, c’est que la transparence créé un effet positif. Les CEO veulent être meilleurs que leurs concurrents dans ce domaine pour être plus attractifs. Ceux qui ont eu les meilleurs résultats ont déjà commencé à communiquer pour attirer les jeunes talents. Pour ceux qui n’atteignent pas les objectifs, il y aura des sanctions financières lourdes, le but étant cependant que ces sanctions soient appliquées le moins possible.Nous sommes en train d’entraîner un mouvement, et la France a un rôle à jouer en Europe et dans le monde. Samedi dernier lors du Global Summit of Women à Bâle j’ai présenté notre Index d’Égalité hommes/femmes. La plupart des pays présents sont venus me voir et m’ont demandé comment faire pour le généraliser.

Aujourd’hui sont réunis Présidents, Directeurs Généraux et équipes de direction de groupes mondiaux : faites-le dans toutes vos filiales, tout ce que vous ferez aidera. Il y a quelque chose qui se passe autour de cet Index, autour de la raison d’être et tout cela contribue à rendre un visage humain au capitalisme. Un capitalisme où l’Homme y est au cœur et non une variable d’ajustement et c’est un élément clé de la performance de demain. Le social pour le social ne résout pas les problèmes que nous évoquons, l’économie pour l’économie tourne vite au financier seul et ce n’est pas durable. Mais lorsque nous faisons converger le social, l’économique et maintenant l’environnemental, nous créons de la performance durable, de la cohésion et du bien commun. Je pense que c’est l’objet de vos Prix et je vous en remercie car c’est l’engagement de tous qui nous permettra d’avancer.

il a inspiré la responsabilité de prendre en compte les impacts sociaux et envi-ronnementaux et d’inscrire la raison d’être comme une possibilité juridique qui fait sens.

Un capitalisme où l’Homme y est au coeur et non une variable d’ajustement et c’est un élément clés de la performance de demain.

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Conversation autour de la Loi Pacte2Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Nous observons que le capitalisme retrouve des couleurs dès lors qu’il se dirige vers le monde de la responsabilité. Madame la Ministre, chère Agnès, comment la loi Pacte joue-t-elle un rôle de catalyseur ou d’accélérateur pour permettre cette mutation ?

Agnès Pannier-RunacherSecrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des Finances

En premier lieu, ce capitalisme plus patient, qui laisse une place plus grande à un modèle social et environnemental plus respectueux, il existe. C’est même quelque chose qui était au fondement de la culture européenne lorsque nous parlions de capitalisme. C’est un capitalisme patient, c’est un capitalisme qui investit dans les compétences et qui n’est probablement pas suffisamment orienté sur l’environnement. Mais le changement climatique fait que ce changement est aussi très présent dans les préoccupations européennes, peut-être plus présent sur le continent européen que sur d’autres continents. La loi Pacte, c’est la possibilité de se donner une raison d’être. De reconnaître que l’entreprise est certes au service des actionnaires, mais pas uniquement pour le profit. Pour d’autres objectifs, qui peuvent être plus larges et de natures assez variés.

Deuxième chose, le fait de prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux systématiquement permet de se donner la capacité à gérer le long terme. Je suis persuadée que la performance financière donne une idée du passé, mais si on veut avoir une idée du futur et des risques futurs, il faut aussi embrasser les enjeux sociaux et environnementaux. Si vous faites une analyse de vos actifs au regard du changement climatique, cela peut être très violent pour certaines entreprises. Les actifs que vous croyez avoir, tout ce qui est immobilisé à votre bilan, n’ont peut-être plus aucune valeur. C’est aussi de la performance financière future.

Quant aux enjeux sociaux, Isabelle Kocher le rappelait. Aujourd’hui, un CEO est parfois celui passant un entretien lorsqu’il souhaite recruter des talents. Quand il y a une guerre des talents, le fait d’intégrer les

enjeux sociaux et environnementaux rend l’entreprise plus attractive pour cette nouvelle génération et cela aura un impact direct sur votre performance future.

Ce capitalisme s’inscrit finalement dans le fondement de notre économie. Il faut juste le rendre plus visible et faire ce lien entre la performance en générale et celle qui se construit dans le long terme. Tous ces changements que nous amorçons (donner du sens à l’entreprise, une raison d’être, le nouveau statut d’être une entreprise de mission, etc.) créent cette notion de capitalisme qui a du sens.

J’ai été dirigeante d’entreprise, j’ai été dans un grand groupe international, avec des objectifs cash à 6 mois. Je me suis vue prendre des décisions pour respecter mes objectifs dont je savais pertinemment qu’elles étaient contraires à l’intérêt à moyen terme de l’entreprise. Il faut changer de perspective et donner un peu plus de temps car cela peut tout changer dans le capitalisme. Il faut être fiers de nos racines européennes, fiers de nos racines autour d’un capitalisme plus patient et qui est capable de construire plus dans le long terme.

Je suis persuadée que la performance financière donne une idée du passé, mais si on veut avoir une idée du futur et des risques futurs, il faut aussi embras-ser les enjeux sociaux et environnementaux.

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Conversation autour de la Loi Pacte2Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Vous le soulignez avec beaucoup de justesse, la difficulté réside dans ces injonctions paradoxales. Vous parliez de votre expérience en tant que dirigeante. Justement, nous ne pouvons pas parler de capitalisme responsable si nous ne parlons pas de gouvernance responsable. Dans le cadre de la loi Pacte, en quoi contribue-t-elle véritablement à l’édification d’un modèle de gouvernance encore plus responsable ?

Agnès Pannier-RunacherSecrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des Finances

Une première chose, c’est de donner une plus grande place aux administrateurs salariés. Lorsqu’un Conseil d’Administration a plus de 8 administrateurs, il faut 2 administrateurs salariés et non plus un seul. Cela donne une part plus grande aux différentes parties prenantes dans l’entreprise et change cet équilibre. Un administrateur salarié supplémentaire ce n’est pas beaucoup, mais cela peut faire beaucoup dans la façon dont nous prenons les décisions dans les entreprises et cela apporte de la confiance. Reconnaître la part des administrateurs salariés, c’est quelque part dire que nous sommes capables de dialoguer en transparence et en confiance avec les salariés pour construire la performance de l’entreprise future et sa stratégie.

Le deuxième élément, c’est la parité. La diversité et la parité sont aussi des facteurs de performance. Le premier élément de diversité est un équilibre entre les hommes et les femmes dans les entreprises. Vous savez qu’il n’y a encore que 17% de dirigeantes d’entreprise qui sont des femmes, donc il y a clairement un déséquilibre et c’est se priver d’un vivier de talents. Dans la loi Pacte, il y a deux mesures qui sont importantes.

La première est celle qui rend désormais les délibérations de Conseil d’Administration nulles dès lors qu’il ne respecte pas la loi Coppé-Zimmermann. Au bout de neuf ans d’application, nous pouvons considérer que nous avons eu le temps de nous adapter et de créer le vivier de femmes administratrices compétentes.

Le deuxième sujet est un vrai changement qu’il faut que tout le monde prenne en compte dans le recrutement des mandataires sociaux : le

fait d’avoir le meilleur candidat homme et la meilleure candidate femme, jusqu’au bout du recrutement. Cela veut dire qu’il faudra, dans les entreprises n’ayant pas de vivier de femmes pour ce type de poste, accepter de recruter en externe. Le but étant d’arriver à une situation d’égalité des chances où la candidate qui n’est pas recrutée est celle qui ne s’est pas présentée. C’est s’obliger à se poser la question de la meilleure candidate femme. L’idée de la loi Pacte, c’est aussi de lancer un mouvement consistant simplement à ce que les CEO d’entreprises s’engagent – dans les postes à responsabilités – à se demander systématiquement «Quel est la meilleure candidate femme et quel est le meilleur candidat homme ? ». Cela obligera les entreprises à construire des viviers et à se poser la question de «Qu’est-ce qu’il manque à telle candidate pour arriver au niveau de compétence attendu ? », ou tout simplement à prendre des risques en se disant «Pourquoi ne lui donnons-nous pas le poste ? «.

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Cela fait bouger les lignes aussi dans les Comex et comme vous l’avez souligné, 17% est insuffisant…Nous avons beaucoup parlé ce matin de la raison d’être. La raison d’être est totalement corrélée au partage de la valeur, et le partage de la valeur, c’est le sens. Comment allons-nous redistribuer la richesse créée de la façon la plus équitable possible ? Dans quelle mesure la Loi Pacte favorise-t-elle cette dynamique en faveur d’une répartition plus équilibrée de la valeur auprès de l’ensemble des parties prenantes ?

La diversité et la parité sont aussi des facteurs de performance.

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Conversation autour de la Loi Pacte2Agnès Pannier-RunacherSecrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des Finances

La première chose, c’est la notion de transparence. Le ratio d’équité permet de mettre en relation la rémunération la plus élevée et la rémunération médiane ou moyenne, ce qui est une façon de poser le débat.

La deuxième chose est de favoriser ce partage de la valeur en favorisant l’accès à l’intéressement. C’est particulièrement vrai dans les PME et dans les entreprises de tailles intermédiaires. Nous avons fait le choix de supprimer le forfait social sur l’intéressement pour les entreprises de moins de 50 employés, et de supprimer le forfait social sur la participation pour les entreprises de moins de 250 employés. L’idée étant de doubler le nombre de salariés bénéficiant de l’intéressement d’ici à fin 2020 (1.4 millions de salariés en bénéficient aujourd’hui). L’enjeux étant que lorsque vous avez un salarié qui est intéressé, il l’est aussi dans la mécanique de l’entreprise. Il profite de la réussite de l’entreprise et lorsque celle-ci va moins bien, il se demande pourquoi. C’est donc une manière d’élargir le nombre d’associés de l’entreprise et d’intéresser le collectif de travail à

sa performance de manière plus fluide, plus évidente. C’est un marqueur très important et nous avons une ambition très grande.Mon message en direction des chefs d’entreprise c’est de porter cette ambition. Pour ceux qui ont déjà des accords d’intéressement, d’en parler à leurs sous-traitants, aux PME avec lesquelles ils travaillent, comme un élément qui est porteur de performance de long terme dans l’entreprise. Je crois profondément que la motivation des salariés, c’est l’élément clé de la performance aujourd’hui.

Caroline de la MarnierreICR

Nicole NotatVigeo Eiris

Isabelle KocherENGIE

Muriel PénicaudMinistre du Travail

Agnès Pannier-RunacherSecrétaire d’État Participants

Je crois profondément que la motivation des sala-riés, c’est l’élément clé de la performance aujourd’hui.

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Remise des Trophées3Trophée de la Performance Globale

BNP Paribas Lauréat 2019

Le Trophée de la Performance Globale, anciennement Trophée de la RSE, récompense la meilleure Assemblée Générale en matière de présentation de ses performances financière et extra-financière. En 2018, le Trophée a été remis au Groupe BNP Paribas ; en 2019, cinq entreprises ont été nommées : Casino, BNP Paribas, Legrand, Kering et L’Oréal.

Le Trophée de la Performance Globale a été remis par Nicole Notat, Présidente-Fondatrice de Vigeo Eiris et co-Présidente du Jury et Nicolas Huet, Secrétaire Général d’Eurazeo.

Bonnes pratiques

Le Lauréat 2019 du Trophée de la Performance Globale est une fois encore BNP Paribas, représenté par Philippe Bordenave, Directeur Général Délégué du Groupe.

Les pratiques qui ont plus particulièrement retenu l’attention du Jury lors de l’AG 2019 de BNP Paribas sont :

• Présentation chiffrée des réalisations concrètes de l’année passée (3 milliards d’euros de sustainable linked loans accordés en 2018, 15,4 milliards d’euros de financement dédiés aux énergies renouvelables, etc.) ;

• Focus sur le désengagement du charbon, illustré par la baisse progressive et continue de la part de charbon financée par la banque depuis 2011, ainsi que de la décision de mettre fin au soutien des énergéticiens en Pologne dès 2019 ;

• Introduction de critères RSE dans la rémunération variable annuelle des mandataires sociaux, de façon détaillée et pédagogique ;

• Compensation de l’impact environnemental de l’AG 2019 de BNP Paribas par le financement d’un projet de lutte contre la déforestation au Pérou, permettant d’éviter l’émission de 166 tonnes de CO2, soit davantage que les émissions liées à l’organisation de l’évènement.

Philippe Bordenave sur scène après la remise du Trophée de la Performance Globale

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Remise des Trophées3Prix de la Gouvernance

CapgminiLauréat 2019

Le Prix de la Gouvernance récompense la meilleure Assemblée Générale en termes d’information sur la Gouvernance et les rémunérations. En 2018, le Prix a été remis au Groupe L’Oréal ; en 2019, six entreprises ont été nommées : AXA, Air Liquide, Capgemini, Kering, L’Oréal et Legrand.

Le Prix de la Gouvernance a été remis par Viviane de Beaufort, Professeure à l’ESSEC Business School.

Bonnes pratiques

Le Lauréat 2019 du Prix de la Gouvernance est Capgemini, représenté par Olivier Lepick, Secrétaire du Conseil d’Administration, et Marie-Cécile Collignon, Directrice de la Gouvernance d’Entreprise du Groupe.

Les pratiques qui ont plus particulièrement retenu l’attention du Jury lors de l’AG 2019 de Capgemini sont :

• Présentation particulièrement pédagogique de l’Administrateur référent sur i) les thèmes abordés par le Conseil et ses Comités, ii) la politique de succession, iii) la composition du CA et iv) sa politique de diversité ;

• Présentation détaillée et claire de la politique de rémunération des dirigeants, aussi bien pour le PDG que pour les DG Délégués ;

• Présentation exhaustive et stratégique des résolutions les plus importantes (modification des statuts, composition du CA et rémunérations).

Remise du Prix de la Gouvernance avec Viviane de Beaufort, Marie-Cécile Collignon et Olivier Lepick (de gauche à droite)

Remise des Trophées3Prix Spécial du Jury

Collectif d’investisseursLauréat 2019

Le Prix Spécial du Jury récompense une Assemblée Générale ou une initiative qui ont particulièrement marqué le Jury au cours de la saison. En 2018, le Prix a été remis à l’entreprise Covivio.

Le Prix Spécial du Jury a été remis par Jean-Louis Chaussade, Grand Témoin du Jury 2019 et Président de Suez, et Anne-Marie Jourdan, membre du Board de l’ICGN et Directrice Juridique et Communication du Fond de Réserve pour les Retraites (FRR).

Bonnes pratiques

Le Lauréat 2019 du Prix de la Gouvernance est un collectif d’investisseurs regroupant Baillie Gifford, Comgest, Edmond de Rothschild, Fidelity, Guardcap, Phitrust et Sycomore, représenté par Sébastien Thevoux-Chabuel, Responsable de la Recherche ESG chez Comgest. Les pratiques qui ont retenu l’attention du Jury sont :

• Face à la paralysie du Conseil d’Administration d’EssilorLuxottica pendant plusieurs semaines, volonté de 7 investisseurs institutionnels de se regrouper pour défendre l’intérêt supérieur de la société sur le long-terme ;

• Dépôt de deux résolutions en faveur de l’élection de deux nouveaux administrateurs indépendants aux compétences reconnues – Wendy Lane et Jesper Brandgaard – lors de l’Assemblée Générale 2019 d’EssilorLuxottica ;

• Originalité de la démarche de campagne commune de ces investisseurs institutionnels, qui constitue une première en Europe Continentale.

Remise du Prix Spécial du Jury avec Jean-Louis Chaussade et Sébastien Thevoux-Chabuel (de gauche à droite)

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Remise des Trophées3Trophée du SBF 80

EdenredLauréat 2019

Le Trophée du SBF 80 récompense la meilleure Assemblée Générale du SBF 80 tous critères confondus. Ces critères traitent des documents préalables mis à disposition des actionnaires, de la stratégie, de la RSE, de la Gouvernance et des rémunérations, ainsi que de l’organisation de l’Assemblée Générale. En 2018, le Trophée a été remis au Groupe SUEZ ; en 2019, cinq entreprises ont été nommées : Air France-KLM, Arkema, Casino, Edenred et Faurecia.

Le Prix de la Gouvernance a été remis par Isabelle Kocher, co-Présidente du Jury du GPAG 2019 et Directrice Générale d’ENGIE, et Bruno de Laigue, Président de l’Association Nationale des Directeurs Financiers et Contrôle de Gestion (DFCG).

Bonnes pratiques

Le Lauréat 2018 du Prix de la Gouvernance est SUEZ, représenté par Bertrand Dumazy, Président-Directeur Général du Groupe, et Solène Zammito, Directrice de la Communication Financière et des Relations Investisseurs. Les pratiques qui ont plus particulièrement retenu l’attention du Jury lors de l’AG 2019 d’Edenred sont :

• Présentation d’une cartographie des risques et du dispositif d’éthique et de contrôle interne ;

• Pédagogie sur la répartition de la valeur créée au bénéfice des parties prenantes et rappel de la règle de calcul utilisée ;

• Témoignage d’une employée « Jeune Talent » sur les différentes opportunités dans l’entreprise ;

• Présentation d’objectifs RSE clairs et chiffrés à horizon 2022 et 2030 (25 % de femmes dans les positions exécutives en 2022, 52 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre en 2030, etc.).

Remise du Trophée du SBF 80 avec Bruno de Laigue, Isabelle Kocher, Solène Zammito et Bertrand Dumazy (de gauche à droite)

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Remise des Trophées3Grand Prix du CAC 40

Bonnes pratiques

Les Lauréats 2019 du Grand Prix du CAC 40 sont Air Liquide et Legrand, représentés par Jean-Marc de Royere, Directeur de la Société Air Liquide, Gilles Schnepp, Président-Directeur Général de Legrand et Franck Lemery, Directeur Finance de Legrand.

Les pratiques qui ont plus particulièrement retenu l’attention du Jury lors de l’AG 2019 d’Air Liquide sont :

• Mise en perspective de la rémunération de Benoît Potier avec celle des collaborateurs ;

• Présentation du dispositif de gestion des risques à travers une cartographie détaillée ;

• Intégration de la stratégie RSE au business model et nombreux engagements pris en ce sens (amélioration de l’efficacité des unités de productions, augmentation de la part d’électricité renouvelable, solutions de capture du CO2 proposées aux clients, etc.) ;

• Forte considération apportée au rôle des actionnaires, à travers i) une vidéo sur le travail du Comité de Communication auprès des Actionnaires, ii) la valorisation du parcours d’actionnaires individuels.

Les pratiques qui ont plus particulièrement retenu l’attention du Jury lors de l’AG 2019 de Legrand sont :

• Longue présentation du dispositif de prévention et de gestion des risques, notamment à travers une vidéo faisant intervenir 3 risk managers du groupe ;

• Présentation détaillée de la répartition de la valeur ajoutée au bénéfice des parties prenantes ;

• Présentation d’une nouvelle feuille de route RSE, plus ambitieuse et avec un délai plus court que prévu initialement, à horizon 3 ans plutôt que 5 ;

• Présentation du séminaire 2019 du Conseil d’Administration sur le thème de la relation avec les parties prenantes.

Air Liquide et LegrandLauréats 2019

Le Grand Prix du CAC 40 récompense la meilleure Assemblée Générale du CAC 40 tous critères confondus. Ces critères traitent des documents préalables mis à disposition des actionnaires, de la stratégie, de la RSE, de la Gouvernance et des rémunérations, ainsi que de l’organisation de l’Assemblée Générale. En 2018, le Grand Prix a été remis à ENGIE ; en 2019, six entreprises ont été nommées : Air Liquide, AXA, Bouygues, Capgemini, Legrand et L’Oréal.

Remise du Grand Prix du CAC 40 par Isabelle Kocher, co-Présidente du Jury du GPAG 2019 et Directrice Générale d’ENGIE, et Nicole Notat, co-Présidente du Jury du GPAG 2019 et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris.

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Remise des Trophées3

Remise du Grand Prix de l’Assemblée Générale avec Jean-Marc de Royere, Nicole Notat, Gilles Schnepp, Franck Lemery et Isabelle Kocher (de gauche à droite au premier plan)

Philippe BordenaveBNP Paribas

Olivier LepickCapgemini

Sébastien Thévoux-Chabuel

Comgest

Bertrand DumazyEdenred

Gilles SchneppLegrand

Jean-Marc de RoyereAir Liquide

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Table Ronde 14Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

Nous venons de vous parler des AG, nous allons maintenant nous concentrer sur le rôle du Conseil d’Administration.Nous commencerons avec Patricia, ayant une longue expérience en tant qu’administratrice de sociétés, Présidente du Haut Comité de Gouvernance d’Entreprise (HCGE). Nous avons aujourd’hui dans les Conseils d’Administration énormément de sujet de compliance, qui continuent à alimenter la responsabilité des Conseils. Nous avons aussi la loi Pacte qui invite les conseils à s’intéresser à leur orientation stratégique et qui aide à intégrer dans leurs délibérations les enjeux sociaux et environnementaux. Sommes-nous dans des responsabilités qui s’alimentent ?

Nicolas HuetSecrétaire Général d’Eurazeo

Les dernières évolutions législatives ne renforcent pas la compliance pesante pour les entreprises. Cela rajoute un élément intéressant. Je suis plutôt optimiste et ces dernières solutions peuvent apporter du temps de qualité, du débat de qualité et de fond au sein des Conseils.

Patricia BarbizetPrésidente du Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise

Bonjour à tous. Merci Nicole. Effectivement, j’ai beaucoup d’expérience au sein de Conseils dans des sociétés de toutes tailles et de tout pays, ce qui permet de voir que la France est très au point sur de nombreux sujets. À la fois dans la réflexion, dans la législation et aussi dans la façon de faire. Il y a un special touch français qui a été guidé par les rencontres qui se sont développées de façon mondiale. Nous avons appris des uns et des autres, sans tomber dans les travers, et en respectant globalement l’équilibre entre l’aspect économique/financier d’un groupe et les autres aspects. L’aspect humain bien entendu, l’aspect RSE – qui est venu en France je crois plus tôt que dans d’autres pays – et le fait de prendre en compte et d’écouter les différentes parties prenantes. Nous avons un bon équilibre de toutes ces composantes. Cet équilibre a été bâti par un dialogue entre les différentes parties prenantes, que ce soit les entreprises, les pouvoirs publics, etc. Les choses sont réfléchies et mesurées. Pour revenir plus précisément à la question de la façon de faire, je pense que les deux existent dans un CA. Il faut mesurer les deux piliers que sont la compliance, l’aspect obligatoire, réglementé et l’aspect de guide. Certains éléments sont devenus par la suite des outils de gestion. La cartographie des risques par exemple n’a de sens que parce qu’elle est devenue un outil de gestion. Tous ces éléments de compliance n’ont de sens que si on les surmonte et qu’on en fait un élément de stratégie. Et c’est le rôle du CA de guider les dirigeants dans la mise en œuvre de stratégies au quotidien, dans le long terme et le court terme.

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Table Ronde 14Olivier LepickSecrétaire du Conseil d’Administration

Le rôle principal du CA est de définir et de veiller à la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise. J’ai la chance de travailler dans une entreprise qui a préempté beaucoup de sujets qui sont aujourd’hui d’actualité, notamment avec 2 administrateurs représentant les salariés depuis 2016, 50% de femmes au CA de Capgemini, des critères RSE qualitatifs et quantitatifs sur les actions de performance, etc. De plus, en tant que Maire d’une petite commune, je constate que le contexte sociétal a une importance majeure. La transparence et l’exemplarité sont demandées par nos concitoyens. Nous constatons la même évolution de la part des entreprises. Nous nous devons d’être transparents mais également totalement exemplaires dans la manière dont nous intégrons un certain nombre de considérations aujourd’hui vitales pour nos concitoyens, nos actionnaires et l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise.

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

Finalement, ce que j’entends, c’est que vous avez anticipé beaucoup de loi qui sont venues depuis. On sait que ce sont les lois s’appliquant sur des pratiques déjà établies qui ont le plus de chance d’être suivies. C’est la preuve que ceci a été une réalité pour vous.

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

Diriez-vous que l’introduction par le code du commerce de la loi Pacte est quelque chose qui vous paraît nouveau ou l’aviez-vous largement anticipé ?

Jean-Louis ChaussadePrésident de SUEZ

La compliance nous a aidé à structurer un certain nombre de problèmes qui étaient à étudier pour les Conseils. Grâce à la compliance, nous pouvons mieux protéger le Conseil, le P-DG et l’entreprise en termes de réputation. Elle n’est pas que formelle, elle structure les choses qui sont importantes comme la sécurité, la RSE, tous ces éléments progressivement ajoutés. Chez SUEZ nous avons 3 représentants des salariés au sein du Conseil. Cela introduit une discussion des problèmes au sein de l’entreprise. Nous n’avons plus une vision purement économique de l’entreprise et de ses résultats, nous observons également les conséquences de l’ensemble des politiques de l’entreprise sur l’ensemble des stakeholders qui sont aussi des actionnaires, des salariés et des clients. Il n’y a pas d’incompatibilité entre le problème de la compliance et l’ensemble des problèmes qu’il faut traiter dans l’entreprise et qui sont extrêmement larges. Grâce au code Afep-Medef et à un certain nombre d’éléments qui ont permis aux entreprises de structurer leurs Conseils, nous avons progressé et sommes probablement en avance dans ce que nous voyons dans d’autres pays. L’entreprise française est en avance dans de nombreux domaines grâce à une utilisation intelligente des lois d’application et de recommandations que l’on nous a demandé d’appliquer progressivement, qui se sont faites en consensus. Par exemple, personne ne conteste le nombre minimum de femmes requis dans les Conseils en France. De même pour le nombre d’administrateurs salariés. Je ne pense pas que la compliance empêche la vision de long terme nécessaire dans l’entreprise.

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Table Ronde 14Jean-Louis ChaussadePrésident de SUEZ

En tant qu’entreprise spécialisée dans le domaine de l’environnement, nous nous étions préoccupés des sujets environnementaux avant la loi Pacte, mais nous voyons cela comme une forme d’opportunité. Nous nous sommes imposés à nous même des objectifs environnementaux, et cela nous permet de proposer des voies d’amélioration à nos clients. Je vois cela comme un accélérateur plutôt qu’un frein.

Philippe BordenaveDirecteur Général Délégué de BNP Paribas

Ce n’est pas vraiment de la compliance. Le Conseil reflète la société civile, ce qui a été dit tout au long de cette matinée. Il est passionné et s’en occupe.

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

Et sur les enjeux sociaux et environnementaux ?

Sébastien Thévoux-ChabuelAnalyste ESG chez Comgest

L’un des soucis majeurs – et l’un des rôles les plus corrosifs sur la société civile en général – c’est ce court-termisme. Chez Comgest, nous avons une vision de long terme car nous accompagnons les entreprises dans la durée. Dans le cas d’Essilor-Luxottica, nous étions actionnaire depuis 1994 chez Essilor et depuis 1998 chez Luxottica. C’est aussi ce qui nous a motivé, nous ne l’aurions peut-être pas fait si nous n’avions pas ressenti cette forme de légitimité du fait de la relation ancienne qui nous liait.Le sujet du court-termisme est terrible, ainsi que celui du découplage qu’il y a entre un investissement et la réalité sous-jacente de l’entreprise.

Philippe BordenaveDirecteur Général Délégué de BNP Paribas

Dans les relations que nous avons avec les investisseurs, des tendances en matière d’environnement, de climat et de RSE se manifestent mais pas de façon uniforme. D’un côté, nous avons une très forte demande de la société et des épargnants, et cela se traduit par l’apparition de fonds spécialisés vers lesquels les épargnants se tournent. Cela se traduit aussi par les indices et un certain nombre de gestions indicielles qui commencent à s’orienter sur les indices ISR. Il y a cependant toujours une part de gérants n’intégrant pas les sujets ISR dans leur appréciation de l’entreprise pour une décision d’investissement. Il y a encore tout un pan de personnes orientées purement vers la performance financière. Nous observons tout de même une perte d’importance relative de cette part de gérants, mais pas par une infiltration des idées ISR dans cette poche.

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Table Ronde 14

Philippe BordenaveDirecteur Général Délégué de BNP Paribas

C’est ce que nous faisons. Dans toutes les présentations de BNP Paribas, il y a plusieurs slides sur nos décisions, nos engagements à renoncer à financer le charbon, le tabac, gaz de schiste, etc. Mais ces présentations ne sont pas attractives pour les investisseurs.

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

Est-ce que ce n’est pas aux chefs d’entreprise d’amener ces sujets aux investisseurs ?

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

Une remarque sur ce point ?

Patricia BarbizetPrésidente du Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise

Sur l’éducation par les dirigeants, je pense qu’elle se fait de plus en plus dans les AG. Cela sera graduel et deviendra aussi évident que d’autres aspects qui sont aujourd’hui évidents.

Philippe BordenaveDirecteur Général Délégué de BNP Paribas

Dans les AG où cela est fait, les actionnaires individuels sont intéressés et convaincus. Reste à convaincre les investisseurs professionnels qui ne sont pas dans les fonds à thème.

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Table Ronde 14Nicolas HuetSecrétaire Général d’Eurazeo

Je dirais simplement que cela évolue mais que les transformations majeures des sociétés prennent du temps. Isabelle Kocher parlait des transformations dans l’énergie, et je pense que c’est l’un des domaines où les transformations sont les plus fortes et importantes. Nous ne pouvons pas à la fois dire qu’il faut 5 ans pour transformer l’entreprise et exiger en même temps que tous les trimestres, les résultats soient en progression. Il y a une divergence. Et même si la plupart des fonds et actionnaires acceptent l’idée qu’il faille 4-5 ans pour faire une transformation, il y a une part importante qui reste encore sur le court-terme. Nous sommes dans un capitalisme dual qui se transforme assez lentement.

Olivier LepickSecrétaire du Conseil d’Administration

Je viens de faire mes premiers road show, et en reprenant l’image du patinage artistique, personne ne regarde les figures imposées : tout le monde regarde le programme libre. J’ai la même impression. Peut-être parce que les résultats de Capgemini sont bons, mais les investisseurs nous challengeaient beaucoup plus sur des thématiques RSE que sur nos résultats, et ça a été surprenant.

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

La situation est contrastée, le secteur d’activité joue aussi sur la manière dont les investisseurs interagissent. Un mot de conclusion ?

Nicole NotatCo-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo-Eiris

C’est donc une conclusion optimiste qui nous invite à aller de l’avant. Merci à vous tous, merci Patricia !

Patricia BarbizetPrésidente du Haut Comité de Gouvernement d’Entreprise

Continuons le combat. On voit que le capitalisme responsable devient une idée partagée, et j’espère que nous arriverons assez vite à ce que cela soit évident pour tout le monde, et pour ceux pour lesquels ça ne l’est pas encore, qu’ils aient besoin de s’en excuser. Il ne faut pas perdre de vue ce long terme, il faut accompagner les entreprises dans leurs capacités à remplir toutes leurs obligations et leur donner le temps de la pédagogie interne.

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Allocution5Présentation du Partenariat avec l’ESSEC Business School

Viviane de BeaufortProfesseure à l’ESSEC Business School

J’ai la vision d’un projet qui n’est pas encore construit car nous allons le construire pas à pas. La gouvernance n’est pas que de la compliance et j’espère que cette tribune et les témoignages de nos intervenants vous en ont convaincu.

Pour moi, la gouvernance est une matière vivante, qui doit suivre la réalité, anticiper les textes de loi et surtout mettre en valeur les pratiques des entreprises.

Caroline de La Marnierre et moi-même partageons ce point de vue, et c’est pour cela que l’on a si bien réussi, de manière improbable à lancer nos étudiants de l’ESSEC sur les GPAG et dans un exercice qui va continuer et s’enrichir. Nos 6 Lauréats de cette année ne serons pas seulement des Lauréats. Ils seront nos Grands Témoins. Avec nos étudiants formés, le programme dédié aux femmes administratrices et nos participants, nous allons associer les entreprises pour étudier plus en profondeur le concept de démocratie actionnariale et leurs pratiques pour voir ensemble comment les améliorer.

J’ai déjà pré-contacté quelques intervenants et partenaires ici présents et qui m’ont donné leur accord pour participer à cette construction collective que je commence avant le 14 juillet. Nous commencerons avec les étudiant(e)s aujourd’hui présentes qui aurons des recherches à effectuer pendant les mois de juillet à août.

En deuxième étape, les étudiants du Master 1 Droit des Affaires Internationaux – qui ferons les interviews dans les entreprises – devront creuser les sujets comme le rôle d’administrateur salarié, la RSE, la mixité, etc. Et nous verrons ensuite pour un récapitulatif l’an prochain autour de ces 5 entreprises exemplaires.

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Table Ronde 26Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Merci beaucoup aux Lauréats et participants de la table ronde de vous être rendus disponibles. Nous allons parler des meilleures pratiques en AG, l’idée étant de sortir des sentiers battus et d’être le plus libre possible dans vos paroles. Je voudrais revenir sur les fondamentaux des AG. A quoi sert une AG? Pourrait-on se passer d’une AG si la loi ne la rendait pas obligatoire ?

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Gilles, partages-tu le fait que les AG se déroulent maintenant devant un public plus éclairé que dans les roadshows investisseurs ?

Gilles SchneppPrésident de Legrand

Il y a des différences entre les deux. Isabelle a utilisé le mot de «partage», l’AG est le moment unique où il y a un message descendant de l’équipe dirigeante, et l’expression ascendante des attentes/inquiétudes/satisfactions des actionnaires. Il est très intéressant de la part de l’ICR d’avoir distingué l’initiative d’investisseurs institutionnels. C’est intéressant de voir que la finance est, depuis le haut, en train de faire évoluer les pratiques. C’est ce qui a été annoncé récemment concernant le financement du charbon par le Ministre de l’Économie et des Finances, mais également les engagements pris par l’ensemble des sociétés de gestion. Le chaînon manquant aujourd’hui, c’est lors des roadshows. On a l’impression que lorsque nous utilisons des slides RSE, cela est perçu comme un prétexte pour ne pas aborder le sujet des performances économiques.

Isabelle KocherDirectrice Générale d’ENGIE

L’AG est le lieu de partage du projet d’entreprise. Les actionnaires individuels sont en amont sur les investisseurs institutionnels. J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt ce qu’a dit Sébastien Thevoux-Chabuel tout à l’heure, et il y a des actionnaires qui rentrent dans le fondamental du projet, mais ils ne représentent qu’une minorité.Ce n’est pas parce que l’on s’intéresse au long terme que l’on néglige le court terme. Nous avons fait le pari avec ENGIE que sur 3 ans, nous pouvions être beaucoup plus green et beaucoup plus profitable. Résultat ? Les clients sont revenus. Les talents sont revenus. Nous avons gagné de la dynamique, ce qui explique pourquoi notre performance boursière est meilleure, et non parce que les investisseurs se sont mis à faire attention à la qualité de notre résultat, ce qui n’est pas normal.

Nous devrions avoir 3 effets : préférence par les clients, préférence par les talents et préférence par les investisseurs. Nous observons les deux premiers mais pas la préférence par les investisseurs. Il y a quelque chose qui manque dans le dispositif pour faire en sorte que cette chaîne se ferme, car ce sont les mêmes individus qui sont clients, talents et épargnants. Les clients font de plus en plus attention et préfèrent aller vers des groupes qui se donnent du mal dans ce sens. Pour les talents, c’est même spectaculaire. Mais le même individu épargnant ne sait pas se servir du dispositif d’épargne. Comment faire en sorte que l’individu soit aussi conscient dans ce qu’il épargne que dans ce qu’il est au quotidien ? Cela mériterait que le monde des investisseurs se penche sur ce sujet.

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Table Ronde 26Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Et toi Bertrand, as-tu ce sentiment que le public est plus perméable en AG que pendant les roadshows ?

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Jean-Marc, est-ce que pour les actionnaires présents à l’AG d’Air Liquide, ces graines germent dans le sens du partage de la valeur, de fête de famille, etc. ?

Jean-Marc de RoyereDirecteur de la Société Air Liquide

C’est une fête de famille qui peut être sérieuse, c’est l’examen du Président. Nous avons 400 000 actionnaires individuels, ce qui est très important et assure l’indépendance stratégique des entreprises.Le moment le plus important pour nous est l’aspect questions/réponses. Cela influe sur notre façon de manager notre entreprise. Lorsque nous évaluons un projet, nous nous demandons si ce projet s’explique avec facilité pour que le Président puisse expliquer aux actionnaires la logique d’Air Liquide à faire ce projet. Si le projet est trop complexe et difficilement explicable, ce n’est pas un projet pour Air Liquide. Il est intéressant de voir que ce moment influence nos décisions sur nos projets.

Bertrand DumazyPrésident-Directeur Général d’Edenred

Mon regard sur l’AG a beaucoup évolué. Pour moi, c’était une obligation et un moment à passer le plus rapidement possible avec le minimum d’investissements, une obligation, ni plus, ni moins.Aujourd’hui, je perçois l’AG comme une fête de famille. Mais une fête de famille très libre, avec des actionnaires venant du monde entier et nous sommes là pour leur expliquer ce que nous avons fait et où nous allons. Je suis passé d’un mode contraint à une joie d’organiser une fête de famille libre. Cette fête est symbolique. C’est un rassemblement où nous allons prendre le temps de réfléchir. 80% de l’investissement des équipes de communication financière passe par la préparation des AG.Nous avons des investisseurs de très long terme, ce qui pose des problèmes en termes de liquidités. Au regard des critères du CAC 40, nous n’avons pas assez de liquidité car nous avons des actionnaires trop fidèles, ce qui est tout à fait paradoxal. Globalement, il y a une prise de conscience générale de la volonté de long terme et qu’un capitalisme non guidé peut être destructeur. C’est donc un sujet d’évangélisation et d’explication. Semons et les choses germeront.

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Table Ronde 26Philippe CastagnacPrésident du Département des entités d’intérêt public de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (CNCC)

Il est vrai que les associés ont une attente très forte sur la transparence de ce que nous faisons.Nous voyons que les actionnaires n’attendent plus une histoire mais l’Histoire de la société, ses valeurs, comment elle les applique et comment elle les appliquera demain. Comprendre le business model, l’évolution de la société, c’est essentiel et c’est un moment privilégié dans ces AG permettant d’expliquer en détail et avec des critères autres que juridiques et financiers comment en est-on arrivé à ces résultats et comment arriver à des résultats de moyen et long terme de manière pérenne. L’Histoire de l’entreprise doit être expliquée avec des moyens nouveaux. Le reporting extra-financier est l’un des moyens de faire comprendre les composantes de la valeur ajoutée, et la manière dont elle est répartie. Il faut travailler dessus mais nous avons déjà fait énormément de chemin.

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Comme le disait Nicole ce matin, nous avons passé un cap cette année. On ne pouvait pas imaginer que l’on puisse transcender le matériel productif pour aller vers un partage de sens.J’aimerais vous interpeller sur le fait que nous avons récompensé un collectif d’investisseurs ce matin. C’est inédit, il y a plusieurs lectures que nous pouvons en faire. Nous pouvons nous dire que c’est une superbe initiative, que c’est un collectif qui a pallié une déficience du CA qui n’a pas trouvé de solution à une situation inextricable. Est-ce que tu as été surprise Isabelle, cette initiative fait-elle sens pour toi ?

Isabelle KocherDirectrice Générale d’ENGIE

Dans un contexte où la gestion indicielle a pris des proportions spectaculaires, il est intéressant d’observer une telle initiative car cet activisme actionnarial est généralement plutôt court-termiste. Là, au contraire, c’est une démarche pro-active et collective d’investisseurs de long terme qui ont souhaité faire entendre leur voix au sujet d’une affaire de gouvernance mais qui, en fait, traduisait un débat stratégique. Je trouve que c’est une bonne initiative.

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

C’était une décision collective arbitrée par Nicole, et c’était audacieux. Et toi Gilles, qu’en penses-tu ?

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Table Ronde 26

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Jean-Marc, si Air Liquide se trouvait dans une impasse et qu’un collectif d’actionnaires déposait des résolutions pour essayer de sortir de l’ornière, comment cela serait-il vécu au sein du Groupe ?

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Et toi Bertrand ? Si elle s’appliquait à Edenred, serait-ce une bombe nucléaire ou au contraire une vraie réflexion pour pouvoir évoluer en matière de gouvernance ?

Bertrand DumazyPrésident-Directeur Général d’Edenred

Je considère que mon métier de Chairman et CEO d’Edenred est d’être contemporain, d’éviter que les problèmes ne surgissent. Mon action est structurelle. Si malgré mon action, ce type d’événement exceptionnel arrive, il faut le prendre tel qu’il est. Il y a des questions posées dans une impasse, il y a une gouvernance et ces thèmes doivent être pris en compte et débattus pour essayer de trouver des solutions. Ce qui sous-tend, c’est la qualité du CA. Est-ce que c’est un CA qui soutient, qui est diverse, indépendant, etc ? Est-ce que c’est un CA qui ne perd pas de vue la raison d’être, la vision, qui est d’être au service du bien commun ?Si ça devait arriver chez Edenred, je pense que nous le traiterions comme n’importe quel autre problème, avec une bonne dose d’énergie et de bon sens pour trouver des solutions au service de la communauté d’Edenred et ses parties prenantes. Ni plus, ni moins.

Gilles SchneppPrésident de Legrand

Je l’évoquais dans l’intervention précédente, Comgest est un actionnaire de long-terme d’Essilor-Luxottica, ce qui lui donne une vraie crédibilité en AG et il est pertinent que le collectif se soit exprimé à travers des résolutions. Ce qui n’a pas été indiqué, et nous aurions dû l’incorporer dans le Prix, c’est que les actionnaires salariés sont également intervenus en proposant une résolution pour aider à résoudre ce problème de gouvernance, ce qui est exemplaire. Madame la Ministre Agnès Pannier-Runacher évoquait plus tôt l’importance de l’actionnariat salarié, et son renforcement peut aider l’entreprise à résoudre les problèmes de gouvernance ou de performance à court terme. C’est bien de la part de l’ICR de l’avoir distingué parce que cela permet de dire que les actionnaires ont un rôle important à jouer dans l’entreprise.

Jean-Marc de RoyereDirecteur de la Société Air Liquide

Nous avons une structure qui est déjà très différente. Nous n’avons aucun actionnaire de référence, ou important. Nous n’avons pas d’actionnaire qui possède plus de 5% du capital. À partir de là, cela met une pression sur l’entreprise pour avoir des résultats, mais cela nous a aussi préservé de ce type de conflit.Ce dialogue direct du Président avec ses actionnaires (institutionnels ou individuels) est très important. Nous n’avons jamais eu ce type de cas qui s’est présenté jusqu’à présent, et j’espère que cela ne se présentera pas de sitôt.

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Table Ronde 26Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Avec pragmatisme... et raison !Philippe, nous avons récompensé 6 Lauréats et nous avons essayé de mettre en exergue les raisons pour lesquelles les membres du Jury ont élu ces Lauréats. Quel est la pratique qui vous a le plus interpellé ?

Philippe CastagnacPrésident du Département des entités d’intérêt public de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (CNCC)

Je ne pense pas que le terme «interpeller» conviendrait pour ce que je vais dire, mais chez Edenred, la transparence autour de la répartition de la valeur et les principes suivis est ce qui m’a le plus marqué. Ici, nous n’avons pas de standard et c’est bien car il faut adapter et faire du sur-mesure. Cette transparence est le driver de toute communication, qu’elle soit financière ou avec les actionnaires. Je la trouve portée à un niveau qui est nouveau et intéressant pour comprendre l’entreprise autrement. Une entreprise attachée à la répartition de cette valeur et à la manière dont nous pouvons nous améliorer à ce sujet.Sur le sujet précédent, je retiens une chose : c’est que nous étions dans une fusion entre égaux. C’est une situation très particulière et il est vrai qu’un certain nombre de corps extérieurs peuvent jouer un rôle important comme ils l’ont fait chez Essilor.

Isabelle KocherDirectrice Générale d’ENGIE

Toutes les bonnes pratiques évoquées ce matin sont intéressantes, et les Lauréats de ce matin ont tous fait des percées intéressantes.Je trouve que le thème du dialogue avec les parties prenantes fait par Legrand est une manière d’aller tout naturellement vers le sujet de la raison d’être. Un certain nombre de Groupes, la loi Pacte à peine votée, sont venus sur ce sujet-là.

Bertrand DumazyPrésident-Directeur Général d’Edenred

L’exercice nous a forcé à regarder les choses d’une autre manière : plus horizontale et inclusive. Il est très intéressant de regarder notre bien commun, et de le regarder différemment. Toutes les questions posées sont bonnes.Le schéma proposé autour des 6 pratiques était passionnant parce que j’ai mieux découvert ce que je faisais et ce que faisait notre maison commune.Le thème qui m’a le plus intéressé cette année est le modèle d’affaire. Qu’est-ce que nous faisons vraiment et à qui cela profite. Cela est passionnant et j’ai découvert de nombreuses choses sur ma propre maison. J’ai beaucoup aimé cet exercice et nous aurons à cœur de bien faire les années suivantes.

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Table Ronde 26Gilles SchneppPrésident de Legrand

Je voudrais prolonger la remarque d’Isabelle, qui était le cœur de ton introduction. Le grand changement de 2019 était la discussion sur la raison d’être, mais nous avons oublié qu’il y avait des discussions autour du travail de Jean-Dominique Senard et Nicole Notat sur le fait de prendre en compte les aspects sociaux et environnementaux. Aujourd’hui, nous en sommes à discuter de la raison d’être qui est une étape secondaire et facultative. J’ai le sentiment que ce questionnement va être suivi par les sociétés. Cela montre que l’impulsion de départ, si elle est bien construite, est dépassée quelques mois plus tard. C’est pour moi l’événement le plus novateur des AG. Les sujets environnementaux et sociaux ne peuvent plus être facultatifs aujourd’hui dans le fonctionnement des entreprises.

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Il est impressionnant de voir avec quelle rapidité tout cela s’est installé, entre la production du rapport et la mise en application.

Jean-Marc de RoyereDirecteur de la Société Air Liquide

Je voudrais rappeler que pour nous [Air Liquide], l’AG est le temps fort du dialogue avec les actionnaires, mais ce n’est qu’un moment dans l’année. Je voulais signaler le fait que cette année, nous avons mis en place un mode de questionnement par SMS qui permettait aux actionnaires d’interroger le Président.Quand nous nous adressons aux actionnaires individuels, nous devons expliquer à quoi sert l’entreprise. Que faisons-nous avec leur argent ? À quoi cela contribue-t-il sur la durée ?Nous voulons des actionnaires pour 10, 20, 30 ans. Nous sommes donc obligés de nous inscrire dans le long terme et de leur expliquer ce à quoi Air liquide contribue et va contribuer. Il est important pour l’entreprise et l’économie française d’avoir plus d’actionnaires individuels qui obligent à ce dialogue très concret.

Isabelle KocherDirectrice Générale d’ENGIE

Je pense que nous vivons une époque incroyable. La société a changé de lunettes, et je suis convaincue que le réchauffement climatique l’a conduit à cela, tout particulièrement la génération qui arrive. Elle est fermement déterminée à construire autre chose, à inventer autre chose, un capitalisme différent. Cela commence à se voir dans nos recrutements d’aujourd’hui. Ce sont nos consommateurs et actionnaires de demain. Il y a en Europe les moyens de revenir à notre vocation première. L’Europe a inventé un capitalisme différent, et je pense qu’elle a un nouveau rôle à jouer, celui d’être pionnière sur ces modèles.Lorsque tu as créé l’ICR il y a quelques années, Caroline, je pense que tu as été vue comme quelqu’un d’utopique. Je pense qu’aujourd’hui le regard a changé, et nous sommes tous attendus là. Je trouve que c’est formidable et suis convaincue que notre croissance de demain se fera en grande partie sur la réparation de ce qui ne va pas dans notre monde, au plan environnemental et social. Je constate qu’un certain nombre de problématiques, sur lesquelles nous n’étions pas questionnés il y a quelque temps, sont aujourd’hui soulevées. Et je trouve cela encourageant. Je souhaitais terminer cette table ronde sur une touche d’optimisme parce que je crois que le monde est en train de bouger, et rapidement !

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Jury 20197Les membres du Jury

Co-présidente du JuryNicole NotatPrésidente-FondatriceVigeo Eiris

Anthony AttiaPrésident-DirecteurGénéralEuronext

Arnaud de BressonDélégué GénéralParis EUROPLACE

Philippe CastagnacPrésident duDépartement des entités d’intérêt publicCompagnie Nationale des Commissaires auxComptes (CNCC)

Anne-Marie JourdanMembre du Réseau International de la Gouvernance d’EntrepriseICGNDirectrice Juridique et CommunicationFonds de Réserve pour les retraites

Marie-Pierre PeillonPrésidente de la Commission AnalyseExtra-financière Société Française des Analystes Financiers (SFAF) Directrice de la Recherche et de la Stratégie ESG Groupama AM

Éliane Rouyer-ChevalierAdministratrice indépendante de sociétés

Muriel de SzilberekyDélégué GénéraleAssociation Nationale des Sociétés par Actions (ANSA)

Agnès TourainePrésidenteAct III Consultants

Co-présidente du JuryIsabelle KocherDirectrice GénéraleENGIE

Viviane de BeaufortProfesseureESSEC Business School

Caroline de la MarnierreDirectrice Générale et FondatriceInstitut du CapitalismeResponsable

Michael HerskovichPrésident de la Commission Gouvernance d’EntrepriseAssociation Françaisede la Gestion Financière(AFG)Head of CorporateGovernanceBNP Paribas AM

Bruno de LaiguePrésidentAssociation Nationaledes Directeurs Financiers et de Contrôle de Gestion(DFCG)

Alain PietrancostaProfesseurParis IPanthéon-Sorbonne

Grand Témoin du JuryJean-Louis ChaussadePrésidentSUEZ

Gonzague de BlignièresCo-fondateurRAISE

Nicolas HuetSecrétaire GénéralEurazeo

Cédric LavérieDirecteur de la Recherche FranceInstitutional Shareholder Services (ISS)

Jean-Hervé LorenziFondateurCercle des Économistes

Éric PinonPrésidentAssociation Française de la GestionFinancière (AFG)

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Jury 20197Les recommandations du Jury

Présenter le modèle d’affaires de l’entreprise – intégrant ses enjeux sociaux et environnementaux – ainsi que la répartition de sa création de richesse.

Expliciter les risques et opportunités financiers / extra-financiers de l’entreprise, de façon claire, lisible et transparente.

Mettre en perspective la politique de rémunération des dirigeantes et dirigeants avec la performance globale et la politique interne de rémunération.

Mettre en exergue les enjeux, le rôle et les travaux du Conseil d’Administration / de Surveillance et présenter les conditions du dialogue avec les actionnaires.

Valoriser l’intégration de la politique de diversité au projet d’entreprise

Déjeuner de délibération du Jury, 27 juin 2019De gauche à droite : Sarah Ménegaire Loubeyre (ICR), Alain Pietrancosta (Panthéon-Sorbonne), Agnès Touraine (Act III Consultants), Nicole Notat (Vigeo Eiris), Philippe

Castagnac (Mazars), Bruno de Laigue (DFCG), Florent Gautron (SUEZ), Thierry Touchais (ICR), Loïc Degras (ENGIE), Michael Herskovich (AFG et BNP Paribas), Jean-Louis Chaussade (SUEZ), Caroline de La Marnierre (ICR), Pierre Bollon (AFG), Cédric Lavérie (ISS) et Muriel de Szilbereky (ANSA)

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En savoir plus...8Déroulé

Introduction et présentation des évolutions des Grands Prix de l’Assemblée Générale par : Caroline de La Marnierre, Directrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Clotûre de la 14ème Cérémonie des Grands Prix de l’Assemblée Générale par :Isabelle Kocher, Co-présidente du Jury 2019 et Directrice Générale d’ENGIE

Ouverture des Grands Prix de l’Assemblée Générale par :Nicole Notat, Co-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo EirisIsabelle Kocher, Co-présidente du Jury 2019 et Directrice Générale d’ENGIE

Allocution de :Muriel Pénicaud, Ministre du Travail

«Conversation» autour de la Loi Pacte entre :Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Économie et des FinancesCaroline de La Marnierre, Directrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

Remise des 5 prixTrophée de la Performance Globale remis par :Nicolas Huet, Membre du Jury et Secrétaire Général d’EurazeoPrix de la Gouvernance remis par :Viviane de Beaufort, Membre du Jury et Professeure à l’ESSEC Business SchoolPrix Spécial du Jury remis par :Jean-Louis Chaussade, Grand Témoin du Jury 2019 et Président de SUEZTrophée du SBF 80 remis par :Isabelle Kocher, Co-présidente du Jury 2019 et Directrice Générale d’ENGIEBruno de Laigue, Membre du Jury et Président de la DFCGGrand Prix de l’AG du CAC 40 remis par :Nicole Notat, Co-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo Eiris Isabelle Kocher, Co-présidente du Jury 2019 et Directrice Générale d’ENGIE

Table ronde en présence des dirigeants Lauréats des 3 Prix et de :Nicole Notat, Co-présidente du Jury et Présidente-Fondatrice de Vigeo Eiris Jean-Louis Chaussade, Grand Témoin du Jury 2019 et Président de SUEZPatricia Barbizet, Présidente du Haut Comité de Gouvernement d’EntrepriseNicolas Huet, Membre du Jury et Secrétaire Général d’Eurazeo

Table ronde en présence des dirigeants Lauréats des 2 Grands Prix et de :Isabelle Kocher, Co-présidente du Jury 2019 et Directrice Générale d’ENGIEPhilippe Castagnac, Membre du Jury, Président honoraire de Mazars et Président du Département des entités d’intérêt public de la CNCC Caroline de La Marnierre, Directrice Générale et Fondatrice de l’Institut du Capitalisme Responsable

09h45

10h05

10h43

09h30

09h05

09h15

09h00

11h20

Projet pédagogique de valorisation des meilleures pratiques des Lauréats des Grands Prix de l’Assemblée Générale 2019 présenté par Viviane de Beaufort, Membre du Jury et Professeure à l’ESSEC Business School

10h40

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En savoir plus...8Les partenaires

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EurazeoEurazeo est une société d’investissement mondiale de premier plan, avec plus de 16 milliards d’euros d’actifs diversifiés dont plus de 10 milliards pour compte de tiers. Sa mission est de détecter, accélérer et valoriser le potentiel de transformation des entreprises dans lesquelles elle investit. Son actionnariat institutionnel et familial, sa structure financière solide sans endettement structurel et son horizon d’investissement flexible lui permettent d’accompagner les entreprises dans la durée.

Paris EUROPLACEParis EUROPLACE est l’organisation en charge de promouvoir et développer la Place financière de Paris. Interface privilégiée auprès des pouvoirs publics et des instances européennes, avec lesquels elle entretient un dialogue régulier et constructif, Paris EUROPLACE est force de propositions et organe de mobilisation au service des intérêts collectifs de la Place.

MazarsMazars est une organisation internationale, intégrée et indépendante, spécialisée dans l’audit, le conseil ainsi que les services comptables, fiscaux et juridiques. Mazars est présent dans 89 pays et territoires et fédère les expertises de 23 000 professionnels qui accompagnent les grands groupes internationaux, ETI, PME et organismes publics à toutes les étapes de leur développement.

ESSEC Business SchoolL’ESSEC Business School, institution académique d’excellence irriguée par la recherche de son corps professoral, est nourrie par l’esprit pionnier qui caractérise son ambition scientifique, son approche pédagogique et anime la communauté des diplômés. L’ESSEC Business School a pour mission de créer et de diffuser des savoirs de pointe, prospectifs et empreints de valeurs sociétales afin de former des managers audacieux et des leaders influents mais aussi d’éclairer l’action des entreprises et leur responsabilité d’organisation au sein de leur écosystème.

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L’Institut du Capitalisme Responsable (ICR) est un centre de recherche appliquée à l’entreprise et à la communauté financière dans son ensemble, sur la pensée intégrée et responsable.

L’Institut conçoit, pilote et anime des groupes de travail entre dirigeants d’entreprises, investisseurs, représentants de la société civile et experts de Place, afin d’embarquer le plus grand nombre d’acteurs économiques désirant améliorer les modèles de croissance/performance en les rendant plus durables, “intégrés“ et responsables.

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