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Un réseau de chemins et sentiers à la découverte d’un patrimoine exceptionnel Esneux Neupré Le Grand Site de la Boucle de l’Ourthe

Grand Site de la Boucle de l'Ourthe entre Esneux et Plainevaux

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Page 1: Grand Site de la Boucle de l'Ourthe entre Esneux et Plainevaux

Un réseau dechemins etsentiers à ladécouverte d’unpatrimoineexceptionnel

Esneux � Neupré

Le Grand Site de laBoucle de l’Ourthe

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Le collège communald’Esneux

Le collège communaldeNeupré

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Les Collèges d’Esneux et de Neuprésont heureux de vous présenter cette brochure,fruit d’un partenariat mené depuis fin 2007.

Au fil de ces pages, nous vous souhaitons d’agréablesdécouvertes au sein du réseau de promenades

de ce riche patrimoine qu’est le cœur du Grand Sitede la Boucle de l’Ourthe entre Esneux et Plainevaux (Neupré).

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Le Grand Site de laBoucle de l’Ourthe

De nombreux passionnés, spécialistes où bénévoles,ont participé à l’élaboration de ce projet. Leur implication,

leurs connaissances, le partage de leurs compétences, que ce soiten toponymie, histoire locale, archéologie, géographie,géologie ou encore dans le domaine du patrimoine,

ont permis la réalisation de cette brochure.Que toutes les personnes qui se sont impliquées, de près ou de loin,

dans ce merveilleux projet soient remerciées. Grâce à elles, leGrand Site de la Boucle de l’Ourthe a acquis une autre dimension.

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En 2005,le projet de Plan d’ItinérairesCommunaux Verts (PICVerts) a étéinitié par la Région wallonnesoucieuse de répondre à une de-mande croissante en matière demobilité douce : déplacements lentspédestres ou cyclistes.

L’objectif du PICVerts est donc d’ai-der les communes dans la concré-tisation de projets visant à réaliserdes travaux de réhabilitation ou decréation d’itinéraires verts par l’oc-troi d’un subside couvrant 80% ducoût. A terme, l’ambition du projetvise la création d’un système cohé-rent de voies lentes reliant lesdifférents hameaux, villages,grands lotissements entre eux ainsiqu’avec les pôles d’activitéstels que les écoles, bâtiments ad-ministratifs, équipements sportifs,transports en commun,...

En juin 2007, les communes deNeupré et d’Esneux ont introduitchacune une demande de subsidePICVerts pour le « Grand Site de laBoucle de l’Ourthe », à cheval surles deux communes.

Ce « Grand Site » correspond àl’unité paysagère du vaste méandrede Fêchereux, creusé par l’Ourthe,

(*) Liste des biens classés dans le périmètre duGrand Site ou à proximité immédiate.EsneuxSite de Beaumont : plateau (1936) et pentes(1948) - Château Lavaux (1961) - Pour parties :le versant de Limoges et Monceau (1978) - Val-lée de l’Ourthe (1981) - Hameau de Ham (1991)NeupréRoche aux Faucons et tout le versant boiséjusque Rosière (1947) - Vallée de l’Ourthe (1981)- Château, ferme et chapelle Saint Donat (1989)à Strivay

du pont d’Esneux jusqu’au tournantdu Coleu à Hony. L’ensemble de cemerveilleux paysage peut être vudepuis le site de la Roche auxFaucons.

Un long combatVoici plus d’un siècle que les quali-tés naturelles et esthétiques de laBoucle de l’Ourthe ont été recon-nues et appréciées. Au fil dutemps, plusieurs parties de cetteBoucle ont été classées en tant que« site, monument ou ensemblearchitectural », ce qui leur confèreune reconnaissance « d’intérêtgénéral ». (*)

Le premier site a avoir été classéest la colline de Beaumont. C’estelle qui a inspiré les premiersdéfenseurs de l’ensemble de laBoucle de l’Ourthe.

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Depuis 1993, les différentes partiesclassées par la Wallonie sontreprises sur la liste du Patrimoineexceptionnel.

Un projet globalEn décembre 2007, les candida-tures des deux communes ont étéacceptées. Vint alors la phased’élaboration du dossier qui prisdeux bonnes années. Elle débutapar la réalisation d’un inventaire detoutes les voies de circulation, sui-vant ainsi une méthodologie stan-dardisée pour tous les projetsPICVerts.

En raison de la qualité paysagèreintrinsèque du Grand Site, et de sesnombreux points d’intérêts patrimo-niaux, la logique du choix d’un cer-tain nombre d’itinéraires privilégiésa été abandonnée au profit de lastructuration d’un réseau. Partantdu principe que toutes les petitesvoiries, chemins et sentiers méritentd’être pris en considération dans leprojet. L’objectif étant de garder leremarquable potentiel de décou-vertes pour les randonneurs et lespromeneurs au travers de la diver-sité des cheminements possibles.

Deux autres conséquences ontdécoulé de cette option de réseau :

� la première est l’intérêt d’une ap-pellation de tous les chemins etsentiers par leur nom et leur nu-méro vicinal afin de permettre leuridentification et leur (ré) appropria-tion par les usagers ;� la seconde vise à marquer lespoints d’entrée au moyen de pan-neaux porte-d’accueil comportantun plan général, mais aussi de pan-neaux didactiques pour informerdes spécificités du Grand Site.

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En fin ce projet de valorisation pa-trimoniale de la Boucle de l’Ourthea permis de mettre en œuvre :

� un réseau à nouveau praticablepartout suite à la réouverture et/oula remise en état d’un certain nom-bre de chemins et sentiers. Ce dis-positif est complété par les petitesroutes à circulation locale exis-tantes;� une identification de tous les che-mins et sentiers ;

� une information sous forme depanneaux d’accueil et de panneauxdidactiques ;� un sentier thématique « Paysageet Géologie » au départ de laRoche aux Faucons ;� une brochure permettant d’appré-hender l’ensemble de la démarcheet de compléter les informationsdes panneaux ;� un dépliant avec le plan généraldu réseau de promenades dans leGrand Site de la Boucle de l’Ourthe.

< Légende dela cartepages 8 et 9

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Le réseau enquelques chiffres

La longueur totale descirculations « mobilité

douce » du Grand Site,dans le périmètredélimité par les

panneaux porte-d’accueil pour les deux

communes, est de40 Km 600.

Pour Esneux,le réseau est de

25 km 970et se répartit en :

� 6 km 400 de voiries àcirculation locale ;

� 7 km de chemins ;� 6 km 370 de sentiers.A ces chiffres, il y a lieud’ajouter 3 km 100 de

RAVeL en site propre et3 km 100 de Pré-RAVeL

empruntant la petiteroute de la vallée, en

rive droite, jusqu’àl’écluse de Devant

Fêchereux.

Pour Neupré,le réseau s’étend sur

14 km 630réparti en :

� 3 km 450 de voiries àcirculation locale ;

� 5 km 750 dechemins ;

� 5 km 430 de sentiers.

Ces chiffres permettentde situer l’intérêt duprojet tant pour leshabitants des deux

communes soucieux dedécouvrir leur

patrimoine, que pour letourisme de proximité.

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Le paysage vu de la Rocheaux Faucons... un point de vue

remarquable

Le monde souterrain duvallon de Beauregard...sous nos pieds

L’Ourthe hier et aujourd’huiFètchîre, bètchète, tsip-tsieup...

Le Grand Site de la Bouclede l’Ourthe... découvert par

l’homme depuis la Préhistoire

Traces d’exploitationancienne... des ressources

naturelles

Patrimoine bâti à découvrir...aux portes du Grand Site de la

Boucle de l’Ourthe

Protection et sauvegarde...du Grand Site de la Boucle de

l’Ourthe

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Bonnes découvertes au fil duréseau des chemins et sentiersà travers ce paysage préservé !

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13 18 24 25 26 27

3 21

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20

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N° de page

N° du panneau

68

52

46

38

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Découvrir...L’arrivée à un belvédère est un moment privilégié : une émotion naît.Une vaste étendue s’offre au regard. Tous nos sens sont en éveil. Uneimpression d’ensemble s’impose très vite. Elle est subjective et dépend dela personnalité de chacun. Elle est aussi influencée par des facteursextérieurs : la météo, les saisons… La découverte se fait instinctivement.

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Le paysage vu dela Roche aux Faucons...

Panneaux 2 & 3

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...un point de vue remarquable

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L’œil suit les lignes de force liées au relief. Il individualise lesgrandes plages de mêmes forme et couleur. Il est attiré parles points d’appel visuels (clochers, arbres isolés...).L’intégrité d’un paysage se mesure à l’authenticité de sescomposantes et à l’absence d’éléments dévalorisants.

Le panorama visible de la Roche aux Fauconsest célèbre à juste titre. Nous ne pouvons

qu’encourager le lecteur à se rendre sur place !Il profitera par la même occasion du panneau

d’orientation permettant de repérerles différents éléments qui le composent.

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On remarque que toutes les crêtes du pa-norama s’allongent d’ouest en est. Il y a300 millions d’années, en effet, lesplaques tectoniques européenne et afri-caine sont entrées en collision, formantun continent unique : la Pangée.L’énorme pression exercée par cette col-lision a comprimé et soulevé les couchesde roches dans un mouvement du sudvers le nord («plissement hercynien »).

Observer...Mais comme un poème fait de mots, de sons, de rimes, le paysage peutaussi être analysé. Après la découverte, vient l’observation, qui permetd’identifier les points de repère, de se situer dans le paysage, de compren-dre son organisation générale. Ensuite, on peut tenter de le comprendre, del’interpréter, c’est-à-dire de découvrir les secrets de sa formation et les tracesde son histoire.

Interpréter...Pour façonner ce paysage grandiose, il a fallu un temps considérable etplusieurs étapes.

Il y a 370 millions d’années, ce qui de-viendra plus tard la Roche aux Fauconsétait entièrement recouvert par une merchaude et grouillante de vie. Au cours dutemps, des milliards de petits animauxmarins se sont déposés sur le fond, for-mant ce sous-sol calcaire dans lequel ontrouve aujourd’hui des fossiles(des restes ou de simples empreintes)d’animaux marins disparus.

Fossiles : brachiopodes... et coraux

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Il y a 2 millions d’années, l’Ourthe a com-mencé à creuser son lit sur le plateau duCondroz et s’est enfoncée progressivementjusqu’à son niveau actuel.

Le plateau originel montait en pente doucevers l’Ardenne. L’Ourthe, peu encaissée, di-vaguait et faisait de nombreux méandres enabandonnant quantité d’alluvions : caillouxroulés par le courant, sables, limons…

Sporadiquement, l’Ardenne et le Condroz sesoulevèrent, augmentant la pente. Dansces périodes de soulèvement, l’Ourtherecreusait activement sa vallée. Entreces périodes, l’Ourthe coulait plus « pares-seusement » et déposait des alluvions.

Les « terrasses » sont ces replats étagésdans le paysage qui témoignent de l’enfon-cement progressif et intermittent de larivière.

Actuellement, l’Ourthe coule 130 mètres encontrebas de la Roche aux Faucons. Sur larive convexe, le promontoire du hameau deHam étale ses terrasses alluviales en pentedouce. La rive concave est abrupte etérodée par les forces vives de la rivière.

A Rosière et à Fêchereux, deux cônestorrentiels formés par les dépôts d’anciensaffluents ont repoussé l’Ourthe vers l’intérieurdu méandre.

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Terrasses

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Le monde souterrain duvallon de Beauregard...

Panneaux 1, 4 & 5

Le vallon de Beauregard estun réseau de galeries de plusde 2 km de long. Ici, la grottedu “Souffleur” s’enfonceà 94 m sous terre.

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...sous nos pieds

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Les phénomènes karstiques :la dissolution de la roche calcaire

Le sentier « Paysage et Géologie » du vallon de Beauregardpermet au promeneur d’observerquelques phénomènes karstiques. De quoi s’agit-il ?

En général, les roches sont érodées par les rivières, lamer, le gel, les glaciers... La roche calcaire de la Rocheaux Faucons et du sous-sol du vallon de Beauregard subitune érosion particulière : la dissolution. L’eau, rendueacide par la végétation, dissout le carbonate de calciumprésent dans le calcaire. Les fissures de la roche calcairesont progressivement élargies par l’eau acide, ce quidonne lieu à des phénomènes spectaculaires, comme lesgrottes ou les galeries souterraines. A plus modesteéchelle, on voit aussi dans la roche de petits trous et desmini-galeries creusées par l’eau.

Le vallon de Beauregard recèle précisément un réseau degaleries d’un grand intérêt pour les spéléologues (le« Souffleur » de Beauregard). En surface, le promeneurapercevra quelques dépressions appelées dolines : lesterres de surface se sont effondrées à travers les fissuresélargies par l’eau. Dans les bois de Nomont, une vingtainede dolines, de tailles variables, sont alignées suivant ladirection des couches calcaires.

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La triple douve de Plainevaux

Il arrive également que l’eau use lecalcaire en un point et s’engouffredans le sol : ce phénomène, appeléchantoire (ou chantoir) ou« douve » (en langage local), est vi-sible en de nombreux endroits dansle vallon de Beauregard : par exem-ple, ce petit ruisseau qui descendde Boncelles, le long de la route quilonge le parking de la Roche auxFaucons. Après un passage dansune canalisation, il réapparaît dansle bois voisin, quelques dizaines demètres plus loin, et plonge dansune profonde dépression creuséepar l’eau dans la roche calcaire : la« Douve aux Eaux sauvages ».Après un trajet d’un bon kilomètresous terre, le ruisseau réapparaîtdans la grotte du Monceau à Tilff. Ils’agit d’une résurgence, égalementtypique des sous-sols calcaires.

Les phénomènes karstiquespeuvent avoir des

conséquences importantes surles infrastructures humaines et

ils imposent pour les projetsd’urbanisation une analyseminutieuse des contraintesnaturelles. Une cartographie

des situations potentiellementdangereuses a d’ailleurs été

réalisée par la Région wallonne.

Chantoir (ou douve)

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Une première approche du site peut se faire par ce petit circuit illustrant la relation étroite entre le paysage et le sol etsous-sol façonnés par les forces de l’érosion. Ce sentier vous permet de découvrir le point de vue de la Roche auxFaucons et d’observer de nombreux phénomènes de dissolution de la roche calcaire dans le vallon de Beauregard.Une première boucle entre les panneaux 1, 2, 3 et 4, d’accès aisé, révèle, à partir du point de vue, quatre régionsnaturelles de Belgique. Les pieds sur la bande calcaire, le dos tourné vers l’Ardenne condruzienne, vous aperçevezles tiges (crêtes) du Condroz oriental et, à l’horizon, le plateau ardennais. Une seconde boucle, un peu plus sportive,poursuit jusqu’au panneau 5 dans le bois de Nomont avec ses nombreuses douves, dolines et minières de fer.

Le sentier « Paysage et Géologie »signale d’autres dépressions(fosses) en alignement, entouréesd’un petit tas de déblais. Il s’agitd’anciens puits de mine. Le sous-sol contient en effet des poches deminerai de fer. Son exploitation arti-sanale dès le MoyenAge était sansdoute saisonnière ; plus tard elle aalimenté les fonderies liégeoises(notamment à Grivegnée) dès le16e siècle. Plus de 140 fosses de cetype ont été dénombrées. Panneau 1

Ancien puits de mine

Sentier « Paysage et Géologie »

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L’Ourthe hieret aujourd’hui

Panneaux 13, 18, 24, 25, 26 & 27

Passage à gué d’un charriot

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Fètchîre, bètchète, tsip-tsieup...

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La communication entreles localités des deux rives

Le passage à guéQuand on suit la rivière vers l’amont, au départ de Hony,sur deux kilomètres environ, on découvre le hameau deFêchereux composé d’une petite dizaine de maisons, enpierre du pays. Des constructions modernes, pour la plu-part de type « pavillons », sont venues s’y greffer – sanscompter un camping le long de l’Ourthe –, mais le noyaudu hameau et sa quiétude sont relativement préservés.

Fêchereux est mentionné dans les archives dès 1453, mais il est certainement plusancien. Son nom se réfère au wallon fètchîre, qui désigne un lieu où croissent lesfougères. Ces plantes étaient autrefois utilisées comme litière pour le bétail.

Construit à hauteur suffisante pour être à l’abri des cruesde l’Ourthe, Fêchereux était étroitement lié au hameau voi-sin d’Avister, distant de 500 mètres à vol d’oiseau. Un che-min empierré y conduisait, escarpé et d’une ascensionardue. Il menait à l’ancienne voie de Tongres (Vôye diTonk) et, de là, vers la Hesbaye.

Au contraire d’Avister, situé sur le plateau cultivé, Fêche-reux devait se contenter de maigres ressources natu-relles : quelques bois et pâtures. L’endroit était plutôt«reculé». L’actuelle route de Fêchereux n’était pas encore

Panneau 27

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de la poussée du courant. La traversée n’était pastoujours une partie du plaisir, surtout pour les at-telages. Les voyageurs en difficulté pouvaienttrouver assistance (sous forme de chevaux d’al-lège) à Fêchereux ou, pour la rive droite, à Ham.

Certains gués furent définitivement remplacés parun passage d’eau à la suite des importants tra-vaux entrepris dans le lit de l’Ourthe, lors de la ten-tative de jonction avec la Moselle (projethollandais, 1827-1832) et surtout lors de laconstruction du canal de l’Ourthe (projet belge,1846-1857). Les petites îles fluviales, qui facili-taient le passage à gué, mais aggravaient lescrues et provoquaient des rapides gênants pour lanavigation, ont disparu pour la plupart à la mêmeépoque.

Les gués de l’Ourthe

construite : elle ne le fut qu’en1894 ; avant cette date, le hameaun’était accessible que par le petitchemin d’Avister ou par l’Ourthe. Larivière était en effet navigable et Fê-chereux devint un relais de batelle-rie. Par ce minuscule hameaupassait en outre une voie de com-munication de la région reliant l’Ar-denne et le Condroz à la Hesbaye.Les voyageurs traversaient l’Ourtheà gué, directement dans le lit de larivière, car à cet endroit, le niveaude l’eau était bas. L’existence de cegué est rappelée par la « rue duGué d’Amont » qui traverse le ha-meau de Fêchereux.

En fait, le passage était double. Le gué d’amont,emprunté dans le sens Ardenne-Condroz vers laHesbaye (du sud vers le nord), partait environ200m en amont de l’ancienne écluse sur la rivedroite, pour aboutir à Fêchereux. Le gué d’aval,situé à environ 600 mètres en aval du guéd’amont, assurait le passage dans le sens Hes-baye vers Condroz-Ardenne et Liège (du nord versle sud).

Cette disposition en V devait permettre aux pié-tons, bétail, animaux de bât et charrettes de pas-ser en oblique vers l’aval en profitant chaque fois

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L’Ourthe : une voiede communication

La navigation sur l’OurtheLa navigation sur l’Ourthe entreBarvaux et Liège est multiséculaire.On sait qu’au Moyen Age, les ab-bayes utilisaient et favorisaient cetype de transport. Or un couvent deCisterciens était installé, dès 1192,à l’actuelle ferme de Rosière, et celieu fut administré par les moines duVal-Saint-Lambert, avec des inter-ruptions, jusqu’à la fin de l’AncienRégime. En outre, des documentsdu 17e siècle font état de travauxd’entretien partiels concernant laVesdre et l’Ourthe, ainsi que leschemins de halage. Ces travauxconcernant la sécurité de la naviga-tion incombaient au seigneur dulieu, qui percevait des droits de pas-sage, mais les bateliers devaientsouvent introduire des plaintes réi-térées avant d’obtenir satisfaction.

Panneau 24

Passage d’eau

Abri du passeur d’eauLe passeur d’eauA cet endroit, le chemin de halagechangeait de rive. Il fallait donc fairetraverser les chevaux en barque.Ceux-ci, habitués à la manœuvre,s’y hissaient spontanément. Un filin,tendu entre les deux rives et ma-nœuvré par le passeur, permettaitau « bac » de traverser sans êtredévié par le courant.

Le passeur de Lhonneux habitaitl’ancienne maison éclusière duColeu, 300 mètres en aval du pas-sage. Son abri minuscule, construiten brique et peint en blanc, est tou-jours visible le long du RAVeL.

Ce passage d’eau a été supprimépeu avant la réalisation de la pas-serelle en 1975. Le dernier bac sertactuellement de jardinière à Méry,en bas de la route de Dolembreux.

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L’Ourthe fut principalement utili-sée pour le transport du bois, despierres et du minerai de fer, cedernier extrait en grandes quanti-tés et convoyé jusqu’aux usines àfer liégeoises, à mesure du déve-loppement de la sidérurgie.

Cependant, entre sécheresses etinondations, le débit de l’Ourthe de-puis sa source dans le Luxembourgétait très capricieux, partagé entredes passages torrentueux et desendroits où le lit était presque à sec(et où les cailloux auraient raclé lefond des embarcations). De plus, larivière était entrecoupée de redou-tables « vennes » : ces barrages deretenue aménagés pour maintenirune profondeur suffisante possé-daient un pertuis réglable dans

L’Ourthe vers 1910. A droite, le chemin de halage.

lequel l’eaus’engouffraitavec violence.Le passageen était péril-leux. Seules

les bètchètes, em-barcations à fond plat, d’une ving-taine de mètres de long, et quidevaient leur nom à leur proue trèsrelevée, pouvaient s’y engager (enwallon bètchète signifie pointe). Enpermettant de redresser le bateau,basculé fortement vers l’avant lorsdu franchissement du pertuis et en-traîné par le courant violent, cettepointe le sauvait du naufrage. Postéà l’avant, le batelier dirigeait la ma-nœuvre à l’aide d’un fèrré (gaffe), àla grande admiration des specta-teurs. Pourtant, malgré le sang-froid

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Hèrna (au centre) et bètchètes

et la compétence des profession-nels, on déplorait beaucoup denoyades.

Les bètchètes transportèrent desmarchandises, mais parfois aussides passagers, pour qui, àl’époque, la rivière était souvent laseule voie de communication, maisparfois aussi des amateurs de sen-sations fortes (déjà !), en villégia-ture à Esneux.

Des bètchêtes, dont la charge étaitsouvent inférieure à 10 tonnes,continuèrent à être utilisées, malgréla concurrence de bateaux de plusgros tonnage : une photo repré-sente la dernière bètchète en fonc-tion sur l’Ourthe, en 1930 !

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La mise en service du canal del’Ourthe en 1857 vit apparaître desbateaux adaptés au gabarit desécluses : les hèrnas (avec un roofcentral) et les pontons (sans roof) ;ces bateaux permettaient de trans-porter jusqu’à 40 tonnes de mar-chandises.

Bètchètes, hèrnas et pontonsétaient tirés à l’aide d’un cordageattaché au mât du bateau. Ce tra-vail pénible était effectué depuis lechemin de halage qui longeait la ri-vière ou le canal par des chevaux,ou même par des hommes : ce futle cas durant la guerre de 14-18lorsque les chevaux furent réquisi-tionnés.

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Moselle via la Sûre, ce qui repré-sentait près de 300 km de chantieren terrain accidenté et une dénivel-lation de 684 mètres! Sans compterle renforcement des berges etl’aménagement des chemins de ha-lage.

Les travaux commencèrent en1827. L’indépendance de la Bel-gique, en 1830, ne les compromitpas immédiatement. Mais l’incerti-tude au sujet de l’unité territorialede la Belgique avec le Grand-Duché rendit les investisseurs fri-leux : le chantier s’interrompit doncen 1832, par manque de fonds.

Panneau 13 La maison éclusière dite “du Castel” (rive droite)Le projet hollandais decanalisation de l’Ourthe etde liaison Meuse - MoselleSous le régime hollandais, au débutdu 19e siècle, le Grand-Duché deLuxembourg était pauvre, sauvageet extrêmement isolé. Les routes etvoies de communication étaientinexistantes ou mauvaises, et les ri-vières n’étaient navigables qu’unepartie de l’année (hors périoded’étiage ou de crues) . Or, on venaitd’y découvrir des gisements miniersintéressants : il fallait donc désen-claver la région et l’ouvrir aux trans-ports et aux échanges.

Le colonel du Génie Rémi De Puydtconçut une jonction entre la Meuseet le Rhin via la Moselle. Il réussit àintéresser Guillaume d’Orange etc’est avec l’appui (notamment fi-nancier) de ce dernier que fut crééeen 1827 la Société du Luxembourg,chargée de superviser les travaux.Ce projet pharaonique impliquait decanaliser l’Ourthe jusqu’à sa sourceet de régulariser son débit capri-cieux par la construction de bar-rages et d’écluses. La jonction à laWoltz devait ensuite s’effectuer parun tunnel souterrain de 2,5 km entreBuret et Hoffelt, puis rejoindre la

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déjà percés ! Les travaux de jonc-tion Meuse-Moselle, pourtant, nereprendront jamais. Aucun des ou-vrages, à l’exception de la maisonéclusière de Poulseur et dequelques portions du chemin de ha-lage, ne sera récupéré par le projetbelge ultérieur.

Le projet belge, d’ailleurs, étaitd’une autre nature : il ne prévoyaitplus de canaliser l’Ourthe elle-même, mais de creuser un canallatéral...

Un inventaire de 1834constate que, entreLiège et Barvaux, 16maisons éclusièresprévues étaient déjàconstruites (ellesavaient même servi delogement aux ouvriersdu chantier), que lechemin de halage étaitpraticable, les piles etculées de 16 barragesconstruites, et les ma-çonneries des éclusesbien avancées. 1130des 2528 mètres dutunnel de Buret étaient

Le projet de jonction Meuse-Moselle

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Le projet belge de 1846 oucanal de l’OurtheCe nouveau projet ne prévoit que quelquesportions de trajet dans le lit de l’Ourthe, auxendroits les plus profonds et les plus calmes.La majorité du parcours sera constituée parun canal plus ou moins parallèle. Aucun ou-vrage du projet hollandais n’est récupéré : niles barrages, ni les écluses et, à quelquesrares exceptions près, pas davantage leschemins de halage ou les maisons éclu-sières.

Les travaux s’interrompent à peine commen-cés : la crise industrielle engendrée par lesévénements révolutionnaires de 1848 para-lyse l’économie et la fourniture des matièrespremières. La section du canal de Liège àComblain-au-Pont ne sera achevée qu’en1857. L’ensemble comptera 17 écluses et 8barrages, ces derniers assurant le mouillageminimum de 1 m 20 requis pour la navigationtant en rivière que dans le canal. Les cheminsde halage sont élargis et, à deux endroits,

Maison éclusière “Devant Fêchereux”

Panneau 26

Trajet du canallatéral (en vert)avec les écluses(en noir) et lesmaisons éclusières(en rouge)

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Halage d’un hèrna à Sauheid - 1911

passent d’une rive à l’autre : un desdeux bacs « passe-cheval » estsitué au passage de Lhonneuxcomme décrit plus haut.

Cependant, en août 1866, on inau-gure la ligne de chemin de fer del’Ourthe. Mis en concurrence avecle rail, le canal n’est plus rentable.L’extension et le développement duréseau routier lui donnèrent le coupde grâce : dès 1892, il était déjàquestion de le supprimer. La sec-tion située en amont de Tilff seradésaffectée en juin 1914 puis peu àpeu remblayée. La section de Ri-vage-en-Pot (Angleur) à Chênéerestera cependant en usage jusquevers 1970.

Trace de frottementdu câble de halage(“Devant Fêchereux”)

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L’Ourthe : un milieu naturelriche et varié

Faune et floredes bords de l’OurtheL’Ourthe déroule ses méandres sur23 km dans la traversée d’Esneux.Entre Martin et Fêchereux, la rivièrematérialise la limite communaleavec Neupré dans le méandre ditde Fêchereux. Celui-ci est à lafois le plus ample de tout le coursde l’Ourthe depuis ses deuxbranches ardennaises jusqu’à saconfluence avec la Meuse et le plusconnu, grâce à la notoriété qui s’at-tache au Grand Site.

Après le pont d’Esneux, la rivièredécrit une vaste courbe de 6 kilo-mètres avant de revenir à 550 mè-tres à peine de celui-ci (distance àvol d’oiseau), juste après le tour-nant du Coleu. Le « pédoncule » duméandre est marqué par le site deBeaumont qui constitue en quelquesorte la porte d’entrée vers l’inté-rieur du lobe, parfois aussi appeléla presqu’île de Ham.

On note encore que la route princi-pale de la vallée franchit le « col »du pédoncule pour court-circuiter

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le méandre tandis que la ligne dechemin de fer passe en tunnel pourarriver directement à la gare.

Mais l’Ourthe est aussi un milieu vi-vant. Dans le Livre blanc réalisé en1980 par l’Association de la Protec-tion de l’Environnement à Esneux,le milieu naturel est largement do-cumenté. Un chapitre y est spécia-lement consacré à la qualité deseaux qui constituait à l’époque uneimportante préoccupation environ-nementale. Depuis la mise en ser-

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vice de la station d’épuration en2003, on constate une réelle amé-lioration du biotope aquatique engénéral et, en particulier, des popu-lations piscicoles.

Les poissonsUn panneau de la Fédération deSociété de Pêche de l’Ourthe et de

l’Amblève est situé à côté du pa-villon du tourisme (près du pont,rive droite). Il présente tout ce qu’ilfaut savoir sur la « zone à bar-beau » qui caractérise le cours in-férieur de l’Ourthe. On peut ytrouver le vairon, l’ablette, la truite,le brème, la loche, le brochet, laperche,… On peut les apercevoirlorsqu’ils sortent la tête hors del’eau pour capturer des insectesprès de la surface ou lorsqu’ils na-gent dans une eau claire et peuprofonde. Leur nourriture est consti-tuée de petits poissons, mol-lusques, crustacés et insectesaquatiques.

Les arbres des bords de l’eauDe nombreux arbres, en cordonplus ou moins discontinu, bordent larivière. Cette galerie rivulaire, es-sentiellement constituée par l’aulneglutineux, le frêne et différentes es-pèces de saules, crée un paysagede transition entre l’eau et la terreferme, comme une lisière diversi-fiée donnant son caractère à la ri-vière.

L’espèce dominante y est l’aulneglutineux. Reconnaissable entretous par ses feuilles arrondies, ausommet échancré et base en coin,à ses petits cônes globuleux sem-blables à de minuscules pommes

Le RAVeL, entre l’écluse de Devant Fêchereux et lapasserelle, permet un cheminement en bordureimmédiate de la rivière. A peu près à mi-chemin sesitue Lhonneux qui signifie « lieu planté d’aulnes ».

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L’Ourthe

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de pin dont les graines sont unrégal pour le tarin des aulnes1.L’aulne protège naturellement lesberges en les consolidant par unsystème de racines presque verti-cales qui constituent aussi des re-fuges intéressants pour la fauneaquatique.

Le frêneSon tronc bien droit et haut luidonne fière allure. Au printemps, leredressement des rameaux termi-naux présentant leurs bourgeonsnoirs veloutés est typique. C’est ledernier à sortir ses grandes feuillescomposées pennées. Son feuillage

aéré et léger laisse filtrer les rayonsdu soleil. Dès la fin de l’été, desgrappes de fruits secs ailés (sa-mares) seront appréciées par lesoiseaux granivores tels que le char-donneret et le gros-bec. Son feuil-lage reste vert jusqu’à la chute desfeuilles qui survient d’un coup aprèsune gelée nocturne. Le frêne estune essence très prolifique, à crois-sance rapide et à enracinement

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profond mais moins efficace quel’aulne pour la fixation des berges.

Les saulesEspèces très ornementales par leurtronc souvent divisé dès le sol, aubois léger. Les rameaux dressés,grêles, jaunes ou olivâtres ou rou-geâtres sont utilisés en vannerie.Dès le mois de mars, la floraisonforme des chatons dressés (saulesmâles et saules femelles). A remar-quer aussi les vieux saules têtards,aux troncs creux, à proximité deLhonneux.

Les fleursDu printemps à l’automne, la florai-son des plantes herbacées ponctuele camaïeu de vert chlorophylliende notes de couleurs vives avec

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parfois émissions de parfums per-ceptibles à distance.

Fleurs et insectes sont intimementliés : en se nourrissant du nectar etdu pollen des fleurs, ces dernierscontribuent grandement à la pollini-sation et ainsi à la fructification.

Parmi les plantes herbacées qui crois-sent sur les berges, dans les eaux peuprofondes ou dans les zones régulière-ment inondées, remarquons : la salicairecommune2 avec de longues grappes defleurs pourpres ; le pétasite officinal3 (ouchapeau du diable) avec se grandesfeuilles ressemblant à des feuilles derhubarbe, en colonies sur terrains richesen alluvions ; la reine des prés4 (jusqu’à1,20 mètre de haut) aux petites fleursgroupées de couleur crème et odo-rantes ;

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Des intrus envahissants :Plantes invasivesCe sont des plantes venues d’ail-leurs, introduites dans nos parcs oujardins, bien loin de leur habitatd’origine. Certaines peuvent émi-grer (transport des graines par lesanimaux, le vent,…) et coloniserdes milieux naturels au détrimentde la flore indigène. Tel est le casde deux espèces rencontrées surles berges du cours d’eau.

La renouée du Japon3, dont la tigerappelle celle du bambou et peut at-teindre jusqu’à 2 mètres de haut.Originaire d’Asie orientale, intro-duite pour ses qualités ornemen-tales ou comme plante fourragère,elle est très difficile à contrôler etpresque impossible à éradiquer.Une importante plage de renouéescolonise la digue du barrage deLhonneux situé à 250 mètres enaval de la passerelle.

La balsamine de l’Himalaya, es-pèce d’impatiente à fleurs roses, qui

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l’iris jaune ou iris d’eau1, aux feuillesraides à nervure médiane ; le populagedes marais2 à fleur jaune brillantecomme une grosse renoncule, à feuilleréniforme ; la renoncule flottante, à fleursblanches aux nombreuses tiges traî-nantes et à petites feuilles au niveau deszones à courant plus rapide.

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éjecte ses graines par un systèmede torsion des valves de son fruitdès qu’on le touche. Cette dernièreprend la place de la balsamine indi-gène « ne-me-touche-pas », decouleur jaune.

Animaux invasifs ou réintroduitsLe rat musqué4 ne doit pas êtreconfondu avec le castor. Il estbeaucoup plus petit, originaired’Amérique du nord et importé poursa fourrure ; depuis il prolifère etconstitue une véritable calamité parses dégâts aux berges.

Commun autrefois, mais intensé-ment chassé pour sa fourrure, lecastor5 avait disparu de chez nous.Il a été réintroduit. Il recolonise au-jourd’hui les berges de nos coursd’eau, à condition qu’il s’y trouvebeaucoup d’arbres, qu’il cisaille

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pour édifier ses huttes et sesbarrages. Farouche, très difficile àobserver car essentiellement noc-turne, il se nourrit d’écorces, ra-meaux et feuilles de la galerierivulaire.

La bernache du Canada6, une oiede grande taille est originaired’Amérique du Nord. Dès 1986,suite à une introduction dequelques individus, à Vervoz dansun élevage, l’espèce s’est bienadaptée à notre environnement ce-pendant fort différent de son habitatd’origine et sa population augmented’année en année. Par conséquent,elle exerce une pression sur la vé-gétation des zones et des prairieshumides et entre en concurrencepour le territoire et la nourriture desautres animaux d’eau tel que lapoule d’eau, le foulque et le canardcolvert, ce qui engendre une pertede la biodiversité locale et un dés-équilibre du milieu naturel.

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Les oiseaux des bords de l’eauLe héron cendré1 est souvent per-ché au sommet d’un arbre du bordde rivière. Il s’envole en déployantses ailes de grande envergure(1,40 mètre), pattes tendues versl’arrière. Piscivore, très vorace, ilplonge à toute vitesse dès qu’il a re-péré un poisson, il se nourrit ausside crustacés et de batraciens.

Le canard colvert présente un plusgrand contraste entre la femelle2

brunâtre terne pour le camouflageet le mâle3 à tête vert brillant et col-lier blanc.

La bergeronnette des ruisseauxprésente une poitrine jaune qui ladistingue de la bergeronnette grise,sa cousine, moins liée à la proxi-mité de l’eau. Toutes deux, élé-gantes par leur fine silhouette etleur démarche agitent nerveuse-ment la queue. Elles se nourrissentd’insectes ou d’autres petits ani-maux aquatiques. 5

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2La poule d’eau4 et le foulque ma-croule5 ont un air de famille, lapoule d’eau est plus petite avec unbec rouge à pointe jaune tandis quele foulque est à bec et plaque fron-tale blancs. La richesse de l’avi-

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rapide et ont au repos,les ailes ouvertes, lesdemoiselles sont à vol lentet au repos, les ailes fer-

mées. Le calopteryx éclatant7 estune magnifique demoiselle aucorps long et fin ; elle chasse les in-sectes au-dessus de l’eau. Le mâlea le corps et les ailes bleus tandisque la femelle les a bruns ou dorés.

Toute la rivière dans son parcours duméandre a été classée comme site en1981 et, plus récemment, reprise dansles zones Natura 2000 dont l’objectif estle maintien de la diversité des habitatset des espèces de la flore et de la fauneà l’échelle de l’Union européenne.

faune est due à la diversité deshabitats servant de « refuge »pour la nidification ou de« territoire de chasse »,c’est pourquoi Le Martin pêcheur6et le Cingle plongeur sont observésplus rarement.

En nocturne on observe un petit mammifèrevolant : la chauve souris, le vespertilion

(envergure 15 cm), chassant des insectesau-dessus de l’eau.

Les insectes : les libellules et de-moiselles ont un air de famille.Toutes deux ont deux paires d’ailestransparentes, nervurées, de grosyeux et un abdomen plus ou moinsfin. Alors que les libellules sont à vol

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L’eau : élément de vieà protéger et à épurer

La station d’épurationd’EsneuxAutrefois, les eaux usées domes-tiques étaient rejetées directementdans les cours d’eau1, notammentpar l’intermédiaire des égouts.Cette situation perdure encore ende nombreux endroits.

Or les cours d’eau remplissent desfonctions écologiques, écono-miques et sociales importantes :zones d’abri et de nourriture pourla faune naturelle, lieux de tou-risme et de loisirs, évacuation deseaux de pluie, pisciculture, etc.

Dans une certaine mesure, la na-ture peut « éponger » la pollutiond’origine humaine. Mais si les re-jets sont trop importants ou troptoxiques, elle ne peut plus jouerson rôle. L’environnement est alorsdégradé et les espèces naturellesvivant en milieu aquatique souf-frent ou disparaissent. Il est doncimportant de purifier nos eauxusées avant de les rendre à la na-ture.

Une directive européenne imposed’atteindre un bon état physique,chimique et écologique pour tousles cours d’eau de l’Union euro-péenne d’ici 2015. Un grand pro-gramme de construction d’égouts,de collecteurs2 et de stationsd’épuration est actuellement misen place pour atteindre cet objectifambitieux.

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Vue aérienne de la station d’épurationd’Esneux. À droite, le RAVeL

La capacité de la station d’épuration est de 7500équivalents/habitants. En 2010, elle traite les eauxde 3000 habitants d’Esneux et de 2500 habitantsde Plainevaux (Neupré). En raison de la grandequalité esthétique du site et de l’importante fré-quentation touristique, un soin particulier a été ap-porté à l’intégration paysagère de la station.

Pour plus d’information, consultez le site del’AIDE : www.aide.be/step_serv_am/esneux.html

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Une grille retientles plus grosdéchets

Sables et graviers sont capturés, huiles et graisses sont récupérées

Traitementbiologique

Les bactériessont retirées

Rejet de l’eauépurée

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Le Contrat de Rivière Ourthe (CRO)Le Contrat de rivière Ourthe est une asbl regrou-pant divers gestionnaires et usagers publics et pri-vés de l’eau dans le bassin versant de l’Ourthe.Ensemble, ils élaborent un programme d’actionspour protéger, restaurer ou valoriser nos res-sources en eau. Depuis 1998, ils ont réalisé pasmoins de 856 actions en faveur de l’Ourthe, en

Une station d’épuration utilise un processus naturel tel qu’on le rencontre dans les cours d’eau : la « di-gestion » des polluants par des bactéries3. Mais l’épuration s’y déroule de manière fortement accélérée(en +/- 24 heures) et dans un espace réduit. L’eau épurée peut ensuite être rejetée dans un cours d’eau4,où la nature achève l’élimination de la pollution. Il faut noter que l’eau rendue à la rivière par la stationd’épuration n’est pas potable : pour être rendue propre à la consommation, elle devrait encore subir d’au-tres traitements. Les boues résiduelles après épuration sont épandues comme engrais sur les cultures, ouséchées et utilisées pour alimenter les fours des cimenteries.

matière d’amélioration de la qualité de l’eau, delutte contre les inondations, de développementéconomique durable, de protection du patrimoinenaturel et culturel ou pour favoriser la concerta-tion et l’information dans le bassin.Pour plus d’informations, consultez le site :http://users.skynet.be/cr.ourthe/

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Le Grand Site dela Boucle de l’Ourthe...

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Premières occupations humaines du site

La Roche aux Faucons et le plateauLa Roche aux Faucons est un site archéologique remarquable. Sur la rivedroite de l’Ourthe, plusieurs « stations » riches en objets et en traces di-verses datant de la préhistoire ont été mises au jour par des générations

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...découvert par l’hommedepuis la Préhistoire

d’archéologues depuis la fin du 19e siècle. Elles concer-nent les époques mésolithique et néolithique. Au muséedu Grand Curtius à Liège, une partie de l’exposition per-manente liée à la Préhistoire est consacrée aux décou-vertes archéologiques à la Roche aux Faucons.

La Roche aux Faucons (vue de la vallée)

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Le mésolithique est une périodecomprise entre 11.000 et 5.000ans avant notre ère : elle voit inter-venir un réchauffement climatiquepar rapport à l’époque précédente(paléolithique). Ce réchauffementchasse progressivement vers lenord de gros mammifères commele renne et fait disparaître l’impo-sant mammouth. En conséquence,la taille des armes de jet (flèches)utilisées par l’homme se réduit pro-gressivement, pour s’adapter à lachasse d’animaux plus petits, san-gliers ou cervidés…

La position stratégique de laRoche aux Faucons a été utiliséepar des petits groupes de chas-seurs-cueilleurs du mésolithique.De nombreux silex taillés y ont étédécouverts, tant dans la pente quesur le plateau (bois de Nomont) ouen vallée (Rosière). Au cours desnombreuses fouilles dont le site aété l’objet, on a également re-

trouvé des grattoirs, des burins,des couteaux, des haches, etc. Ilest possible que nos ancêtresaient eu une préférence pour lesreplats rocheux s’adossant à laparoi calcaire, même si aucunetrace d’habitat n’a été identifiéedans la pente proprement dite.

A l’époque néolithique (5.000 à2.000 avant notre ère), le mode devie des hommes subit une trans-formation radicale. L’invention del’agriculture et de l’élevage ainsique la sédentarisation ont amenénos ancêtres à construire leurs ha-bitations en dur et non plus enpeaux de bêtes. De premiers défri-chements se font à l’aide de lahache, de l’herminette, du pic oupar la technique de l’essartage :les arbres abattus sont brûlés surplace et la culture se pratique surce brûlis. Quelques objets (hache,meule en poudingue…) ont été re-

Scène du Mésolithique

Scène du Néolithique

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trouvés aux environs de la Rocheaux Faucons. Cependant, au néo-lithique, l’homme semble s’être da-vantage établi sur le plateau(Beauregard, Nomont), là où la fer-tilité du sol permettait l’agricultureet où les réserves en silex étaientd’un accès aisé.

Il est facile de comprendre pour-quoi la Roche aux Faucons a puattirer l’homme préhistorique, il y ades milliers d’années. Disponibilitéen eau (rivières et chantoirs), ex-position sud, reliefs dominants pro-pices à la surveillance, milieuforestier riche en gibier, rivièrepoissonneuse, gisements de silexà proximité, terres fertiles : l’en-droit ne manquait pas d’atouts.

Néanmoins, les vestiges d’occupa-tion ultérieure sont rares ou dou-teux. Quelques moellons de grèset de poudingue trouvés à l’extré-mité nord de la Roche aux Fau-cons permettent de fairel’hypothèse qu’il s’y trouva jadisune fortification gallo-romaine.N’oublions pas non plus, datantprobablement de l’époque de ladomination romaine, le Chemindes Romains (ou vôye di Tonk,voie de Tongres) qui reliait la Hes-baye à l’Ardenne, via le hameau deHam, le passage à gué de l’Ourthe

et la montée vers Avister : c’étaitune voie carrossable, quoiqued’importance secondaire.

Pour la période comprise entre lapréhistoire et le Moyen Age, nousn’avons plus de témoignages pro-bants de vie humaine tant dans laBoucle de l’Ourthe que sur la col-line de Beaumont…

L’éperon fortifié de BeaumontLe lieu-dit Beaumont occupe laportion sud de la « presqu’île » deHam. La fortification de Beaumonten occupe la partie la plus orien-tale. De son éperon rocheux cal-caire, elle domine la vallée àl’endroit le plus étroit du méandre.L’absence de boisement permettaitautrefois une vue à 300° (seul leplateau de Beaumont obstruait la

Mur d’enceinte (entrée sud)

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vue à l’ouest). Un bon observa-toire, donc, bien utile pour garderl’œil sur un ennemi éventuel.La présence d’une rivière naviga-ble ou franchissable à gué, ainsique le petit réseau des voies com-munication reliant la Hesbaye àl’Ardenne, pouvaient aussi motiverune installation humaine. En fait,tout indique que la colline ne fut oc-cupée que de manière sporadiqueau cours de l’histoire, et sansdoute particulièrement lorsd’époques troublées et périlleuses.

Les premières traces de fréquen-tation remontent à la préhistoire.De l’âge de pierre (+/- 13.000 ansavant notre ère) sont conservésquelques silex taillés (grattoirs, la-melles…). A l’âge du bronze (+/-1.000 ans avant notre ère), l’occu-pation des lieux se précise. Plu-sieurs fragments de poterie decette époque ont été découvertssur le chemin de crête. On ne peut

pas encore parler de fortifications,mais une palissade de bois estdressée durant cette période : ondistingue encore l’empreinte del’enfoncement des pieux dans laroche. Ensuite, plus rien ne permetde conclure formellement à uneoccupation du site avant 250 aprèsJ.-C., date approximative où lesRomains, aux prises avec les pre-mières invasions barbares, équi-pèrent le sommet de la butte d’unetour de guet.

Un bond de 600 ans nous amèneaux invasions normandes. Les ter-ribles Vikings remontant le coursde l’Ourthe en 870 durent semerune terreur sans nom dans les po-pulations riveraines ; peut-êtremême la colline servit-elle de re-fuge, mais aucune preuve ne vientà l’appui de cette hypothèse.

Le plus ancien écrit mentionnantune place forte sur la colline de

Fer de lance Monture de miroir (13e siècle)

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Beaumont date de 1154 : il s’agitd’une charte ou Henri II, évêque deLiège, énumère ses biens. Il estévident, d’après ce document, quela fortification était antérieure au12e siècle. D’après les résultatsdes fouilles, il est probable qu’unréduit défensif existait près d’unsiècle avant la mention du castrumde Beaumont dans les textes. Maisles fouilles démontrent égalementque cette construction en pierreavait fait table rase des vestigesantérieurs.

On retrouve ensuite Beaumontdans un document de 1277 ; lecastrum est devenu propriété duchevalier Henri d’Esneux. Commeil est qualifié de vetus (ce qui si-gnifie « vieux » ou « ancien » enlatin), on est en droit de penserqu’il n’était déjà plus opérationnel.Cet abandon fut définitif et les ha-bitants d’Esneux dépouillèrent lesite de ses pierres pour leurs pro-pres constructions.

Les premières fouilles (1928) déga-gèrent la forme de l’enceinte, tandisque les recherches menées depuisles années 1960 ont exhumé desobjets divers, témoignages de l’oc-cupation de la colline de Beaumont.Nous avons déjà parlé des vestigespréhistoriques ou de l’âge dubronze. Dans la pente nord et nord-est, des fragments de poteried’époque romaine ont été décou-verts. Mais le gros des trouvaillesconcerne surtout une période com-prise entre le 11e et le 13e siècle : ci-tons par exemple de nombreuxfragments de poterie de type« d’Andenne », des pentures decoffrets, des pendeloques en al-liage cuivreux provenant de harna-chements de chevaux, des clous,des pointes de flèches ou de lanceset des pointes de protection pourfourreaux, un pion et un dé, ou en-core une belle monture de miroir enandouiller de cerf, qui représentepeut-être la légende de Tristan etYseult.

Eperon à molette (14e siècle) Parties de bouterolle en bronze

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des fours, des pièces au sol plusplat, plus travaillé, en terre battue…Tout cela suggère un certain nom-bre de commodités plus attenduesdans un bâtiment résidentiel quedans un camp militaire.

Le plan ci-dessous donne une idéede la taille relativement réduite du siteet de la disposition des lieux.Les fouilles se poursuivent etun projet d’aménagementtouristique est à l’étude.

Après le dégagement des premiersmurs d’enceinte en 1928, lesfouilles s’interrompent avec laseconde Guerre mondiale (la col-line de Beaumont abrita même desnids de mitrailleuses) ; elles ne re-prendront qu’en 1967. Se dessinentalors plus nettement les traces d’unaménagement structuré qui évoqueune fortification médiévale à partentière, et non simplement une tourde guet. Des vestiges d’une entrée« solennelle », des âtres, deux dé-potoirs où on a retrouvé des osd’animaux sauvages et d’élevage,

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Vue de Hony et de Lhonneuxdepuis la colline de Beaumont

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Traces d’exploitationancienne...

Panneaux 5, 7, 10 & 19

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...des ressources naturelles

Les pierres à moudreA la Heid de Rosière, un réseau de galeries témoigned’une exploitation de pierres en grès. Les débris de l’ex-ploitation forment des remblais bien visibles. Les déblaisde cette carrière passaient pour contenir de bonnespierres à aiguiser, que les habitants allaient chercher dansla pente qui s’incline doucement vers les Fonds de Ro-sière.

Il est probable que les pierresextraites servaient à fabriquerdes meules de moulin. Ce lieuest en effet identifié comme« carrière de pierres à moudre »sur les cartes de l’Atlas descommunications vicinales dePlainevaux de 1843.

Panneau 10

La galerie appelée “Trou Marie”

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Entre les couches de calcaire re-dressées ici presque à la verticale,des poches de limonite avaient at-tiré l’attention dès le 16e siècle. Lefer récolté rejoignait déjà les fonde-ries de Grivegnée (Liège), trans-porté probablement sur l’Ourthegrâce aux « bètchètes ». L’exploita-tion était artisanale et sans doutesaisonnière : à la mauvaise saison,les mineurs s’installaient dans lapente avec leur attirail etconvoyaient ensuite leur récoltejusqu’à la rivière à l’aide debrouettes.

Les fours à chauxVers 1900, Esneux comptait encorequelques fours à chaux (tchâfors enwallon) de petites dimensions. Lachaux est fabriquée à partir du cal-caire, la roche qui forme l’essentieldu sous-sol dans la Boucle del’Ourthe.

Depuis l’Antiquité, la chaux servaità fabriquer le mortier de construc-tion. Elle avait également un usageagricole, dont les bénéfices se re-tournaient cependant contre l’utili-sateur. « La chaux enrichit lesparents et ruine les enfants », dit eneffet un vieux proverbe. Comme fer-tilisant pour terres trop acides, elle

Les mines de ferUn peu plus haut que les dolines duvallon de Beauregard, le prome-neur rencontrera un alignement defosses d’assez faible profondeur,entourées d’un remblai de terre : cesont d’anciens puits de mine, où onextrayait jadis du minerai de fer.Elles ont déjà été présentées dansle chapitre traitant des phénomèneskarstiques. Les traces de ces an-ciennes minières peuvent être faci-lement observées en suivant laseconde boucle du sentier d’inter-prétation Paysage et Géologie dansle bois de Nomont.

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Ancien puit de minePanneau 19

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Les fours à chaux de Beaumont

Coupe d’un four à chaux

est certes efficace, mais pour peude temps : au bout de quelques sai-sons d’épandage intensif (il en faut10.000 kilos par hectare !), l’humusest brûlé et le sol devient improduc-tif. Vers 1850, la chaux n’était d’ail-leurs presque plus utilisée commeamendement des sols, mais

l’arrivée des engrais chimiques luidonna le coup de grâce. Restait laconstruction, gros débouchéjusqu’à l’invention et le triomphe duciment.

Les fours étaient situés directementau pied de carrières de calcaire.Concassée en morceaux groscomme le poing, la roche était en-fournée par le haut (dans le gueu-lard), en alternance avec descouches de charbon de bois oud’anthracite. Après une calcinationde 48 heures, la chaux « vive » étaitdéfournée par trois bouches à labase du four. En la mélangeant

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avec de l’eau dès la sortie du four,on obtenait de la chaux « éteinte ».Il fallait environ 1.800 kilos de cal-caire pour avoir au final 1.000 kilosde chaux.

C’était un travail dangereux et par-ticulièrement pénible, du fait de lachaleur dégagée par le four et despoussières irritantes en suspen-sion. La chaux était ensuite trans-portée par des charrettes tirées pardes chevaux pour l’usage local ouen « bètchètes » pour des clientsplus éloignés.

Avant le rachat par une grosse so-ciété et les projets d’extension de1925, l’exploitation des fours àchaux de Lhonneux et de Beau-mont était encore familiale et elledonnait de l’emploi aux autoch-tones. Les velléités d’agrandisse-ment de 1925 déclenchèrent unevague d’opposition, tant des rive-rains (qui craignaient de subir lesnuisances sans recueillir les avan-tages économiques des nouvellesinstallations) que des amis de la na-ture. En 1929, les fours d’Esneuxfurent arrêtés définitivement. Laconcurrence du ciment et des foursà grande capacité n’aurait pas per-mis la poursuite d’activités de petiteenvergure.

Laissés à eux-mêmes, ces témoinsde notre passé industriel furent re-colonisés par la végétation ; les fa-çades, particulièrement exposéesle long de la voirie et libres d’accèsjusqu’aux années 1980, subirentvols de pierres et déprédations. Au-jourd’hui, conscient de l’intérêt dece patrimoine, les Esneutois s’atta-chent à leur mise en valeur.

Les anciennes terrassesde cultureDans le bois de la Heid de Rosière,au lieu-dit l’Ermitage, on peut ob-server ce qui ressemble à d’an-ciennes terrasses de cultures. Ellesappartiennent en quelque sorte à la

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Les parcelles de culture ont été soi-gneusement débarrassées de leurspierres : on les retrouve dans lespierriers allongés ou dans les mursde soutènement qui les bordent.L’irrégularité des parcelles est pro-bablement due à la médiocrefertilité du sol, utilisé dans sesmeilleures parties. Cependant, leurorientation est très favorable : pleinsud.

Selon certaines sources orales, cesterrasses auraient encore été utili-sées durant la seconde Guerremondiale, à l’abri du regard de l’oc-cupant.

A hauteur de ces terrasses, on ob-serve aussi les vestiges d’un bâti-ment ancien, d’époque etd’affectation inconnues. Selon unhistorien local, les habitants y au-raient jadis trouvé des monnaies etdes pavés de terre cuite datant del’époque romaine.

Ancienne terrasse de culturebordée de charmes

mémoire orale de Neupré et au-cune source écrite n’y fait réfé-rence. Par conséquent, nous n’ensavons pas grand-chose. On ignoremême ce qui pouvait y être cultivé.Leur défrichage date peut-être del’époque gallo-romaine. Elles sontdélimitées par des charmes (Carpi-nus betulus) qui portent la traced’une ancienne coupe en taillis. Letaillis est un ensemble de cépées(rejets de souche) coupées réguliè-rement pour obtenir du bois de pe-tites dimensions, par exemple dubois de chauffage. Il est probableque ces arbres devenus touffusgrâce à la coupe en taillis servaientégalement de clôture.

Levée d’épierrage délimitant les parcelles

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Patrimoine bâtià découvrir...

Panneaux 11, 15, 17, 22 & 23

La Place du Roi Chevalier vers 1900

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... aux portes du Grand Sitede la Boucle de l’Ourthe

Petite histoire d’Esneux etdu quartier de Lavaux

Esneux est un village très ancien, cité dans les documentsdepuis le haut Moyen Age, sous des formes diverses : Asta-nido (814), Astanetum (827), Astenoit (12e s.)s.), Asseneut (15e

s.), Asseneu (16e s.), puis Esseneux (fin du 16e s.). Toutes lesvariations de ce toponyme dérivent du bas latin Astanetum.Composé du suffixe etum signifiant « lieu planté de » et du ra-dical astan, du germanique ast, branche, rameau, il signifie-rait donc un endroit abondant en broussailles, en bois ou entaillis.

Le village d’Esneux se divise en deux parties : la par-tie basse, qui étale ses habitations sur les rives del’Ourthe, et la partie haute, le « Mont », située sur lescontreforts de la « presqu’île », c’est-à-dire du méan-dre formé par l’Ourthe. Les deux quartiers sont reliéspar un vieil escalier de pierre de 156 marches, le« Vieux Thier ».

Du Moyen Age à la Révolution française, Esneuxconstitua une seigneurie dépendant du duché de Lim-bourg. Elle fut qualifiée de comté à partir de 1465.Avant 1140, la terre d’Esneux appartenait à la puis-sante famille de Duras. A la fin du 12e siècle, Esneuxpassa à la famille de Walcourt puis de Clermont. De1351 à 1787, la famille d’Argenteau fut propriétairedes terres et du château d’Esneux appelé communé-ment « Alle Thour ». Leurs armoiries sont toujoursprésentes sur la façade du bâtiment.

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Par mariage, la seigneurie d’Es-neux passa ensuite aux mains desde Rahier, seigneurs de Villers-aux-Tours, jusqu’à la Révolution fran-çaise. Les de Rahier assistèrent àl’abolition des biens et des droitsseigneuriaux, mais ils conservèrentleurs terres et le château. En 1794,l’armée républicaine française ex-pulsa les Autrichiens du territoiredes Pays-Bas ; une de ces batailleseut lieu sur le plateau de Hamay,près du hameau de Fontin, le 18septembre 1794. La France annexales Pays-Bas et Esneux fut rattachéau « Département de l’Ourte ». Laseigneurie d’Esneux devint alorsune commune qui conserva ses an-ciennes limites.

En 1842, les héritiers des de Rahiermorcelèrent le bien familial et levendirent à des particuliers.

Signalons qu’en dehors de ces sei-gneurs « comtes d’Esneux », il exis-tait une famille noble portant lepatronyme « d’Esneux », qui étaitpropriétaire des terres et du châ-teau de Lavaux.

Jusqu’au début du 19e siècle, Es-neux resta un village assez pauvre.La localité était fort isolée, les che-mins rares et mal entretenus. La ri-vière constituait la principale voie

de communication. Des barques,adaptées à la navigation en rivière,les « bètchètes », servaient autransport des marchandises maiselles embarquaient parfois des pas-sagers.

Le développement démographiqued’Esneux se manifesta très tard.Jusqu’au 19e siècle, on vit peu dechangements dans la population.Avant la construction du pont en1840-1843, Esneux était complète-ment à l’écart de ses voisins. Lapremière route digne de ce nom, deLiège à Esneux, fut décidée dèsl’achèvement du pont. Les travauxs’étalèrent de 1848 à 1852. Laroute d’Esneux à Hamoir futconstruite dix ans plus tard. La val-lée de l’Ourthe s’ouvrit donc au tra-fic, mais la vie du village nechangea réellement qu’avec lamise en exploitation du chemin defer en 1865. Esneux connut à cemoment un réel essor économiqueet touristique. Le village devint uncentre de villégiature renommé, re-cherché par de nombreux écrivainset artistes attirés par son écrin bu-colique. Pour les Esneutois, unenouvelle ère commençait, le débutd’une période de prospérité et detransformation des mentalités. Lapériode qui a précédé la premièreGuerre mondiale fut certainement

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l’âge d’or du tourisme à Esneux.C’est aussi, comme on le verra plusloin, le moment d’une prise deconscience de la fragilité de la na-ture et des paysages.

Le château de LavauxLe château tel que nous le connais-sons actuellement, construit enmoellons blanchis, date du 18e siè-cle. Ses fondations remontent au13e siècle. Le linteau de la ported’entrée date de 1781. Une grilleouvragée très ancienne, surmontéedes blasons des familles Nizet-Ber-

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leur, propriétaires de 1783 à 1820,orne l’entrée de la propriété.Le « franc, haut et noble fief » de LaVaulx dépendait directement duduché de Limbourg mais sa « mai-son » se trouvait sous la garde duseigneur de Sprimont, représentantdu Duc de Limbourg. La famillenoble d’Esneux, propriétaire de LaVaulx, n’avait rien de commun avecles seigneurs Comtes d’Esneux. Ilest déjà question d’un Winand d’As-tenoit dans une charte du Val-Saint-Lambert de 1236, mais la lignéedes d’Esneux s’éteignit en 1365.Plusieurs propriétaires se succéde-ront.

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En 1820, La Vaulx est vendu àLambert de Melotte, bourgmestred’Esneux. C’est la première venteque nous trouvons de cette pro-priété, transmise par successiondurant plus de cinq siècles. Le der-nier habitant du château, proprié-taire du bâtiment, de sesdépendances et d’une partie de lacolline de Beaumont, mourut céli-bataire en 1920 et légua tous sesbiens à l’Assistance publique deLiège.

Ce vieux manoir devait être démolipour aménager les abords du nou-veau pont inauguré en 1959. Il futsauvé de justesse par un arrêté declassement en 1961 mais, privéd’entretien, il ne tarda pas à se dé-grader. En 1976, il fut mis en venteet acquis par des particuliers.

Les bâtiments de la ferme, rema-niés avec beaucoup de soin par lespropriétaires, ont gardé leur carac-tère d’origine.

Le pont et la Placedu Roi ChevalierLe premier pont sur l’Ourthe futconstruit en 1783, à l’emplacementdu pont actuel. Une forte crue l’em-porta le 27 février 1784. Un nou-

veau pont, construit en 1843 un peuen amont, fut détruit par l’arméebelge le 10 mai 1940. Il fut rem-placé par un pont provisoire en boisen 1942.

En 1954, on décida de construireun pont d’une seule portée, enbéton armé. Après bien des diffi-cultés, il fut inauguré en 1958. Ilporte le nom du jeune ingénieur quifut l’auteur de projet, mort durant lestravaux, Pierre Neuray. Une plaquecommémorative à son nom estscellée dans la pierre de taille dugarde-corps amont, sur la rivedroite. La construction de ce pontnécessita la destruction d’une ving-taine de maisons du quartier La-vaux pour la plupart très anciennes.

La place actuelle du Roi Chevalierportait autrefois le nom de « placedu Lavaux ». Elle est aujourd’huidédiée au Roi Albert 1er.

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Le « Vieux-Thier »Anciennement dénommé « Thier duMont », il fut longtemps l’uniquechemin reliant le quartier bas d’Es-neux au « Mont », la partie supé-rieure du village.

Le mot tiér est un régionalisme désignantun coteau, une côte assez raide,

ou un chemin escarpé.

Il y a des siècles, il existait au som-met du Thier une source dont l’eaudégringolait à flots vers la valléepour aller se jeter dans l’Ourthe,creusant le massif schisteux. Lasource disparue, le lit asséché de-

vint un chemin utilisé par les habi-tants pour se rendre de la valléevers le « Mont » et vice-versa. LesEsneutois qui, du bas du village,désiraient se rendre dans la partiehaute, devaient escalader pénible-ment cette pente abrupte et rocail-leuse. Plus tard, un escalier futconstruit en plusieurs étapes. De-puis, le Vieux-Thier a subi d’impor-tantes réfections, dont le repavagede plusieurs marches ou laconstruction de paliers. Actuelle-ment, il compte 156 marches.Classé depuis 1986, il a été res-tauré récemment pour améliorer leconfort des usagers.

La Roche trouéeAu cours des millénaires, le coursde l’Ourthe a subi d’importantesmodifications. Coulant autrefois plu-sieurs dizaines de mètres plus haut,elle a creusé dans la roche des ga-leries dont il reste quelques ves-tiges. L’arcade nommée la « Rochetrouée », est une de ces curiositésgéologiques. Elle est classée de-puis 1948.

Il y a 160 ans, ce rocher comportaitdeux ouvertures superposées. En1851, l’arcade supérieure fut démo-lie en raison du danger d’écroule-

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ment sur les habitations situéesà son pied. En 1969, pour desraisons similaires, l’administrationcommunale d’Esneux entreprit destravaux de consolidation de l’arcadeinférieure.

Dans le flanc de la colline, àquelques mètres du sol et juste endessous de la Roche trouée, s’ou-vre l’entrée d’une grotte dite « destrois ours » ou « trou des Sottais ».En 1884, on y découvrit des osse-ments d’ours des cavernes (Ursusspelaeus), qui peuplaient nos ré-gions il y a vingt mille ans.

L’EgliseDédiée à Saint-Hubert, elle futconstruite en 1900 par l’architecteLéonard de Liège sur l’emplace-ment d’une ancienne église dont lesorigines remontent au-delà de1263, et dont on déplorait depuislongtemps l’exiguïté. Elle est destyle néogothique en grès et cal-caire du pays.

Jadis les inhumations se faisaient,soit dans le cimetière près del’église soit dans l’édifice même, cequi explique la présence de nom-

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breuses pierres tombales au-jourd’hui scellées dans le mur de lacrypte. La principale, fixée dans laparoi du porche de l’entrée actuelle,date du 15e siècle : c’est celle deJean d’Argenteau, comte d’Esneux.Le défunt y est représenté en gran-deur réelle, entre ses deux épousessuccessives Marie d’Alsteren etMadeleine de Longchamps.

La pratique d’inhumation dansl’église subsista jusqu’en 1783. Lecimetière du côté sud, dont dix-huitcroix sont alignées au chevet del’église, fut remplacé par un nou-veau cimetière en 1899.

Le château « Le Fy »A la fin du 19e siècle, la famille VanParys-Solvay vint s’installer à Es-neux dans une villa située sur unpromontoire qui surplombait la par-tie basse du village. Cette villa rap-pelait les chalets suisses – ou dumoins l’idée qu’on s’en faisait àl’époque. C’est à son emplacementque s’érigea le château Le Fy. Sonhistoire est amusante.

En 1899, le curé décida la construc-tion d’un nouvel édifice, à l’empla-cement de l’ancien lieu de culte.Van Parys, anticlérical notoire, pro-mit une large contribution finan-

cière, à condition que le curé ac-ceptât de déplacer le lieu de saconstruction, faute de quoi ilconstruirait, lui, Van Parys, un im-meuble plus haut que l’église ! Lecuré fut inflexible et l’église futconstruite à l’endroit prévu : VanParys entreprit alors les travaux duchâteau actuel, en 1904 et 1905.Comme promis par son proprié-taire, il est plus haut que l’église (satour atteint 41 mètres) et dominetoute la vallée. Construit au milieud’un parc arboré, de style éclec-tique, il ne comprend pas moins de26 pièces. La tour comporte une

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plate-forme à 19 mètres du sol. Surla face ouest, un joli médaillon réa-lisé en mosaïque de verre coloré re-présente une tête de femme.Charmée par la silhouette quelquepeu fantastique du château, uneéquipe de cinéastes américains vintle filmer sous tous ses angles, pourle faire figurer dans une productionde la Walt Disney Company.

Après le décès de Van Parys en1915, le château fut occupé par plu-sieurs propriétaires jusqu’en 1964,puis laissé à l’abandon pendant 18ans. Acheté par la commune d’Es-neux en 1982, sa toiture fut réno-vée, mais un incendie la détruisitentièrement en 1985, charpentescomprises.

Le bien a été revendu en 2002 à unhomme d’affaires du Limbourgnéerlandais malgré l’état ruiné duchâteau. Aujourd’hui, il est complè-tement restauré à l’identique. Onpeut l’admirer à l’extérieur du parcdepuis le sentier des Roches au dé-part de la placette latérale del’église.

Ce château original est dû au talentd’un grand architecte bruxelloisPaul Saintenoy. Une première lec-ture privilégie tout naturellement sadimension pittoresque et roman-

tique. Mais une analyse plus appro-fondie révèle une œuvre uniquedont la composition s’inspire des rè-gles d’or des bâtisseurs du MoyenAge. Il en résulte une grande cohé-rence d’ensemble. C’est elle qui ai-mante notre regard par les lignesde force visuelles sous tendues parcette architecture forte.

Petite histoire de Rosière,Strivay, Grandzee –hameaux de Neupré

Les hameaux de Rosière, Strivay etGrandzee – bordés par la Bouclede l’Ourthe - font partie de Neupréet plus précisément de l’anciennecommune de Plainevaux. Plaine-vaux, la Plana vallis fut citée pour lapremière fois en 1188. A l’origine, ledomaine de Plainevaux appartenaità l’abbaye du Val-Saint-Lambert.

La ferme de RosièreLa plupart des bâtiments visiblesaujourd’hui datent du 17e siècle,mais les murailles ont peut-être étéédifiées à partir de matériaux deréemploi. En effet, une premièremention des prés de Rosière setrouve dans une charte de 1192 :Gilles Duras, seigneur d’Esneux, en

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La ferme de Rosière vue depuisla Roche aux Faucons

La ferme de Rosière vers 1900

fait don, avec les hameaux de Stri-vay et Plainevaux, aux moines cis-terciens de Signy (près deCharleville-Mézières), avant de par-tir en croisade. En 1196, le duc deLimbourg y ajoute la terre de Ham.

Il faut croire que le site était parti-culièrement ingrat car, deux ansplus tard, ces moines pionniersabandonnaient la place et s’en re-tournaient à l’abbaye mère. En1315, les Cisterciens, installés auVal Saint-Lambert, revendirent Ro-sière, en même temps que les au-tres terres qui leur appartenaient

dans la Boucle de l’Ourthe. Cepen-dant, en 1649, l’abbaye du ValSaint-Lambert rentra à nouveau enpossession de ces biens et les ad-ministra jusqu’à la fin de l’AncienRégime. Les bâtiments sont passésensuite par différents propriétaires.

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Vers 1900, la ferme de Rosière étaitun restaurant champêtre très ap-précié. On y venait à pied depuis lagare d’Esneux, soit par un sentiersuivant l’Ourthe, soit par le cheminde halage du canal, qu’il fallait en-suite traverser, avec l’aide du pas-seur. L’ambiance conviviale du lieurécompensait sans doute largementles efforts consentis pour y arriver.

Une annexe de la ferme fut détruitepar une bombe volante en 1944. Ilsubsiste aujourd’hui le corps delogis, et des bâtiments liés à sanouvelles destination de manège.

Le hameau deStrivay-GrandzeeLe hameau de Strivay apparaît dès1192, dans une charte de GillesDuras, seigneur d’Esneux, qui enfait don, en même temps que Plai-nevaux et Rosière, aux moines deSigny, sous la promesse deconstruire une abbaye à Rosière.En 1316, les moines cédèrent leurspossessions à Jacques de Tongres,avant d’en redevenir propriétairesen 1649, moyennement payement,jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

Strivay regroupe principalementd’anciennes fermes et des maisons

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rurales. Il y avait autrefois desétangs sur la place et à proximité dela chapelle.

L'ensemble formé par la chapelle Saint-Donat,le château et son parc à l'anglaise est classé

(arrêté du 30//11/1989)

Chapelle Saint-Donat1

La chapelle Saint-Donat fut construite en1830, sous l’impulsion du propriétaire duchâteau, en concertation avec les habi-tants du hameau. Elle fut agrandie en1884, pour faire face à l’augmentation dela population. Il s’agit en fait d’une « cha-pelle annexe », qui dépend de l’église dePlainevaux.

Elle aurait été dédiée à Saint-Donat, unsaint invoqué contre la foudre et la grêle,suite à un orage violent ayant dévasté lacontrée en épargnant Strivay.Construite en brique et calcaire, avec unsoubassement calcaire, elle possède unclocheton à quatre pans et un portail àpilastres surmonté d’un fronton semi-cir-culaire qui a perdu sa peinture d’origine.

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Monument Menten4

Ce monument futérigé à la mémoire ducommandant de Men-ten de Horne, premierofficier tombé en août1914 lors de l’inva-sion allemande.

Ancien bâtiment de Seraing Radio5

Réplique à échelle réduite de la biblio-thèque du milliardaire américain Vander-bilt, cette villa a abrité, de 1933 à 1940, lastation d’émission «Seraing-Radio». Uneantenne de 22 mètres de haut (disparueaujourd’hui) coiffait le bâtiment.

L’entrée de la chapelle était autrefoismunie d’une barrière métallique (dispa-rue), pour contenir les fidèles à l’exté-rieur.

Ferme-château2

Une partie de cette construction remar-quablement homogène remonte au 18e s.La tour carrée, en moellons calcaires, futremaniée en 1796. Le portail d’entrée estdaté de 1795. Remarquez les borneschasse-roues, destinées à empêcher lesroues de charrettes d’abîmer les mursaux angles du portail.

En 1906, la tour carrée fut enserrée denouvelles constructions évoquant le style18 e s. par l’architecte P. Jaspar.

Les bâtiments principaux ouest et est(château et ferme) présentent chacun unmur avec pignon à rue.

Ferme de Grandzee3

Probablement construite en 1670, elle secompose d’un ensemble logis, d’une éta-ble et d’une grange.

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La qualité architecturale deHam ne réside pas tant dans lavaleur de chaque constructionprise séparément que dans laremarquable homogénéité etl’impression d’harmonie quedégage l’ensemble. Cette« plus-value » a été très tôt re-connue, et si Ham a gardé sonaspect traditionnel, c’est grâceà la vigilance de ses habitantset à l’influence exercée parLouis Gavage, président de l’As-sociation pour la Défense del’Ourthe(ADO) de 1924 à 1964.

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“Maison des Artistes”

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...au cœur duGrand Site dela Boucle de l’Ourthe

Le hameau de HamLe hameau de Ham occupe le cen-tre de la presqu’île du même nom.Une route y monte depuis Esneux(de la rue Simonis, prendre la rueLéon Souguenet), escalade la col-line boisée de Beaumont, et dé-bouche dans les prairies, d’où l’onaperçoit les toitures du hameaudans un cadre bucolique.

En 1991, le hameau a été classéentièrement par la Région wallonnepour sa valeur architecturale, es-thétique et paysagère. Ham fut lepremier ensemble architecturalclassé après l’introduction de cettecatégorie de bien immobilier dansla législation du Patrimoine de laRégion wallonne.

A l’origine, Ham se composait defermes et de maisons d’ouvriersagricoles. Mais dès le début du20e siècle, la bourgeoisie intellec-tuelle était friande de l’atmosphèredu lieu. Ham devint le repère desartistes, des journalistes et des écri-vains. Léon Souguenet, Isi Collin,Auguste Donnay, Camille Lemon-

nier… venaient y passer dejoyeuses vacances, entre bai-gnades, promenades et écriture (oupeinture) : un petit groupe d’amisunis par l’amour de la nature, quiest à l’origine de la première Fêtedes Arbres en 1905.

L’entrée du hameau est encore au-jourd’hui constituée de vergers. Lebâti se serre naturellement le longde trois ou quatre ruelles, mais unpeu en retrait, ce qui crée des es-paces de dégagement où la ver-dure se déploie joliment. Il n’y a pasd’église, mais une grange au toit

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couleurs restreinte. Pour préserverencore mieux l’attrait et la poésie del’endroit, les fils électriques ont étédissimulés il y a quelques annéeset un nouvel éclairage public plusdiscret mis en place.

La machine hydrauliquedu ColeuAu lieu-dit Coleu (du wallon coleû,couloir) est érigé un petit bâtimentisolé abritant les restes en assezmauvais état d’une ancienne ma-chine hydraulique. De 1891 à 1947,cette machine assura l’alimentationen eau potable du hameau de Ham– soit une quinzaine de maisons.

Auparavant, Ham ne disposait qued’un puits surmonté d’un treuil. Il yavait bien, en contrebas du ha-meau, une fontaine naturelle, ainsiqu’une mare pour abreuver le bé-tail, mais cette situation était incon-fortable. En 1888, la communed’Esneux avait mis sur pied un pro-gramme de captage qui amenaitl’eau par gravité depuis les hau-teurs, à destination de certainsquartiers d’Esneux. Mais vu son al-titude et son éloignement, Ham nepouvait bénéficier de ce réseau.

La commune fit donc construire en1891 une machine hydraulique quipompait l’eau dans le gravier de

plus élevé crée tout de même un« point d’appel » qui guide le re-gard. Le volume des habitations esttoujours très simple mais lesconstructions ne sont pas iden-tiques : du coup, leur juxtapositionévite toute monotonie, bien qu’onse maintienne dans une gamme de

La plus ancienne maisonde Ham (à gauche)

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La machine hydraulique était unréel progrès pour les habitants deHam, en dépit de petits inconvé-nients. Les usagers des bornes-fon-taines eurent ainsi l’occasion de seplaindre de la qualité de l’eau oùflottaient, de temps à autres,quelques indésirables : gravillonsou bestioles aquatiques. Les mai-sons ne disposaient pas non plusd’un raccordement individuel et letransport du précieux liquide à l’aidedu harkê (joug, en wallon) restaitune corvée. Ces restrictions n’em-pêchèrent nullement nombre d’in-tellectuels et d’artistes d’êtreséduits par le calme du lieu et labeauté de ses paysages.

En 1947, Ham fut raccordé au ré-seau public de distribution d’eau etla machine fut abandonnée.

l’Ourthe pour la refouler dans un ré-servoir, d’où elle redescendait versdeux bornes-fontaines publiques, àHam. Celles-ci ont été conservéeset on peut encore les y admirer.

Le concepteur de la machine, l’in-génieur Heindrick de Hodimont, fitle choix d’une roue à auges, ali-mentée par le haut. Dans ce casprécis, ce système était plus effi-cace qu’une roue à aubes, dont lespales auraient été mises en mou-vement par le bas, poussées par lecourant. L’eau qui actionnait la ma-chine provenait d’un étang de rete-nue situé en amont, sur la rivedroite de l’Ourthe, et proche du bar-rage de Lhonneux. La faible déni-vellation de la chute d’eau imposaitune roue de diamètre assez res-treint ; cela suffisait néanmoins pourdévelopper une puissance de 2chevaux vapeur, ce qui permettaitd’acheminer jusqu’à Ham environ20 m3 d’eau par jour.

La machine hydraulique du Coleu

Une borne-fontaine à Ham

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Protection etsauvegarde...

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...du Grand Site dela Boucle de l’Ourthe

Dès la fin du 19e siècle, le caractère exceptionnel et pittoresquedu site de la Boucle de l’Ourthe a été reconnu et apprécié.

Ce patrimoine a acquis d’autant plus de valeur que son intégritémenacée à de nombreuses reprises a suscité et suscite toujoursde la part des amoureux de la nature et des paysages un grand

attachement et une volonté passionnée de protection.

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de joyeux drilles composée d’illus-tres personnalités comme CamilleLemonnier, Jean d’Ardenne, LéonSouguenet, Maurice des Ombiaux,Auguste Donnay, Isi Collin etquelques autres, s’immerge joyeu-sement dans les plaisirs de la cam-pagne et des beaux paysages.

Cependant les secteurs de l’immo-bilier et de l’industrie ont, eux aussi,des vues sur cet endroit idyllique.Certains projets menacent déjàl’écrin de verdure. Au nom de la mo-dernité et du profit, on détruit la na-ture sans état d’âme – et enparticulier les arbres, qui payent unlourd tribut à l’urbanisation galo-pante et aux intérêts privés. Il y apourtant de virulentes protesta-tions : les plus connues émanent deJean d’Ardenne, grand défenseurdes sites menacés, qui s’élève in-lassablement contre ce saccage.C’est ainsi que lorsque Léon Sou-guenet a l’idée de créer une « Fêtedes arbres », avec une plantationsolennelle, il choisit tout naturelle-ment Jean d’Ardenne commeporte-drapeau et parrain de la ma-nifestation.

La « Ligue des Amis des Arbres »naît à Esneux en 1905, sous la pré-sidence de Jean d’Ardenne ; la Fêtedes Arbres a lieu la même année :

Combats d’hier etd’avant-hier

Au début du 20e siècle, Esneuxn’est plus un village isolé et difficiled’accès : depuis la construction dupont, de la route vers Hamoir et,surtout, de la ligne de chemin defer, en 1865, il est devenu un lieu devillégiature réputé, un vrai centretouristique qui attire dans la Bouclede l’Ourthe une clientèle déjà variéeet nombreuse.

Des artistes, des littérateurs et au-tres intellectuels y séjournent ou s’yinstallent, vantant ses charmes rus-tiques et sa quiétude. Beaucoupd’ouvriers de la région industrielleliégeoise viennent y savourerquelques heures d’un repos domi-nical bien mérité. La ferme laiteriede Rosière, fait le plein malgré lapeine qu’il faut se donner pour y ar-river. Tandis qu’à Ham, une bande

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Lhonneux, ainsi qu’un nouveau pro-jet au Monceau, provoquent unelevée de boucliers, chez les amou-reux de la nature comme chez lesriverains. A la tête de l’opposition,Louis Gavage, un … industriel quimènera pendant 40 ans un combatacharné (et souvent efficace) pourla préservation du site. L’affaire desfours à chaux se conclura finale-ment par l’abandon de l’exploitationde la chaux dans la Boucle del’Ourthe.

c’est la première d’une longuesérie, à Esneux et ailleurs. Jugéesaugrenue par d’aucuns, l’idée ferapourtant florès jusqu’en 1914 ; in-terrompue par la première Guerremondiale, elle renaîtra de ses cen-dres après la seconde Guerre, avecune périodicité de 5 ans, grâce auRoyal Syndicat d’Initiative d’Es-neux. Le 100ème anniversaire a étéfêté avec faste en 2005.

En 1924, un projet d’extension desfours à chaux à Beaumont et à

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tiels sauvages, où l’anarchie archi-tecturale régnait en maître ; elletenta également de contrecarrerquelques « projets d’aménage-ment » désastreux concoctés par leMinistère des Travaux publics (em-pierrement des berges de l’Ourthe,bétonnage des chemins de halage,passerelle inesthétique à Lhon-neux…).

Quant à la Commission Royale desMonuments et Sites, elle combattitpour le classement intégral de laBoucle de l’Ourthe, et pas seule-

Les fours hors circuit, la menacevint de Bruxelles : en 1928, la So-fina voulut construire des barragessur l’Ourthe et y faire des travauxqui aboutiraient à la destruction dela boucle faite par la rivière ! C’étaitinacceptable. Gavage, en tant queprésident de l’Association ADOcréée 4 ans plus tôt, alerta les au-torités, ameuta l’opinion durantdeux ans. Intimidée, la Sofina finitpar renoncer au projet.

C’est encore à Louis Gavage que lacolline de Beaumont doit d’avoiréchappé à un projet immobilier(1926) : il réussit à faire classer leplateau en 1936 et les pentes en1948. La Roche aux Faucons faillitaussi s’orner d’une tour en acier (en1935) et le hameau de Ham se cou-vrir de constructions après la se-conde Guerre mondiale. Peineperdue : Louis Gavage veillait.

La détermination de Gavage étaitexceptionnelle, mais la Boucle del’Ourthe eut bien d’autres défen-seurs au fil du temps. En 1975, na-quit l’Association pour la Protectionde l’Environnement à Esneux(APEE) présidée énergiquementpar Suzanne Gavage, fille de LouisGavage. L’action de l’APEE futd’abord la lutte contre l’extensiondes campings et des parcs résiden-

La colline de Beaumont

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ment de quelques éléments épars,fussent-ils du plus haut intérêt. Si laRoche aux Faucons ou la colline deBeaumont (entre autres) furentassez tôt protégés par un arrêté, lehameau de Ham attendit son tourjusqu’en 1991.

On notera deux avancées significa-tives dans la poursuite de cet ob-jectif du classement intégral :� la première intervient en 1981, un anaprès la publication du Livre blanc parl’APEE, avec le classement del’Ourthe (lit, berges, chemins et sentiersles longeant, depuis le pont d’Esneuxjusqu’au pont de Hony) qui constituel’épine dorsale, l’axe structurant duGrand Site ;� la seconde, en 1993, représente unenouvelle étape avec l’inscription des par-ties déjà classées sur la liste du Patri-moine majeur de Wallonie.

Il en résulte que même si l’entièretédu Grand Site n’a pas encore étéclassée, cette reconnaissance tendà exprimer une valeur d’ensemble.Par ailleurs, avec ces deux avan-cées, il faut noter une certaine simi-litude avec la démarche et le label« Grand Site de France » initié dansce pays il y a une quinzaine d’an-nées. Ce label n’est acquisqu’après l’élaboration et l’approba-tion d’une « charte du paysage »,

outil spécifique indispensable pourdégager une vision d’avenir. Unetelle charte constitue un documentde référence, fruit d’une largeconcertation, destiné à la valorisa-tion, la gestion et la promotion desGrands Sites dans l’esprit de laConvention Européenne du Pay-sage (Florence 2000).

Le site de Beaumont –une “colline inspirée”

En 1907, c’est sur la colline de Beau-mont, déclarée à cette occasion « site àrespecter à jamais » qu’est célébrée laFête des Arbres. Beaumont est le sym-bole du combat acharné mené parquelques défenseurs des arbres, de lanature et des sites.

C’est Louis Gavage qui, le premier,a parlé de colline inspirée en com-parant Beaumont au site de Sion-Vaudemont en Lorraine immortalisépar Maurice Barrès comme un…« lieu où souffle l’esprit » (bull. del’ADO, janvier 1929). Le qualificatifinspiré se réfère à la force, au ca-ractère prégnant, à la densité sym-bolique, parfois aussi à l’épaisseurhistorique d’un lieu qui peut être àla fois source d’inspiration et d’ac-tion pour ceux qui peuvent en cap-ter la nature singulière.

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Sur le plateau de Beaumont, le pro-meneur peut voir quelques monu-ments érigés à la mémoire de cesprécurseurs de la protection de lanature et de l’environnement, qui fu-rent sensibles au charme de la Bou-cle de l’Ourthe et militèrent pour laconservation de ce site.

Jean d’Ardenne (1839-1919)De son vrai nom Léon Dommartin, cejournaliste et inlassable globe-trotter,écrivain, chroniqueur et reporter barou-deur, fut un des prophètes actifs du tou-risme en Belgique – et d’ailleurs membrefondateur du Touring Club de Belgique.On lui doit un Guide de l’Ardenne, unGuide de la Côte de Flandre, ou encore deSpa et ses environs, ainsi que de nom-breuses chroniques dans les journauxfrançais et belges. Il s’était fait le porte-parole des arbres et des sites sacrifiésaux intérêts privés. En 1905, il fonda avecLéon Souguenet la première « Fête desArbres » à Esneux.

Camille Lemonnier (1844-1913)Surnommé de son vivant le « Maréchaldes Lettres belges », ou encore le « Zolabelge », Camille Lemonnier fut un auteurfécond (une septantaine d’œuvres). Cri-tique d’art et dramaturge à ses débuts, ilexerça une influence considérable sur denombreux écrivains et artistes de notre

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pays et aida à la renommée de nos ar-tistes wallons. Chef de file du mouve-ment littéraire « La Jeune Belgique », ilest l’auteur de romans réalistes, natura-listes et de veine symboliste, où la natureest le héros principal. Son roman le pluscélèbre est « Un Mâle ». C’est dans laquiétude du hameau de Ham en 1906qu’il écrit son dernier roman de terroir,« L’Hallali ».

Léon Souguenet (1871-1938)Journaliste, écrivain et poète, Léon Sou-guenet est un grand communicateur,rassembleur des forces vives.

Devant le spectacle de la nature dévastéepour laisser place à l’industrialisation ga-lopante, Souguenet récupère l’idée ca-nadienne de fêter les arbres, en tant quesymbole de la Nature, par une plantationsolennelle. Cette première Fête des Ar-bres est célébrée à Esneux en 1905, puissur la colline de Beaumont en 1907.

Directeur du journal de Liège en 1905,cofondateur de la revue « PourquoiPas ? » en 1910, Souguenet figure parmiles premiers membres de l’Associationpour la Défense de l’Ourthe créée en1924 par Louis Gavage, dont il sera uncollaborateur actif.

Louis Gavage (1885-1965)Cet industriel liégeois est un pionnier dela conservation des sites et de la natureenWallonie. Possesseur d’une résidence

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La pierre commémorative dela fête des Arbres de 1907

Le mémorial Louis Gavage

Le monument à Camille Lemonnier

Le monument à Léon Souguenet

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d’été à Ham, il est consterné par les dé-gâts infligés aux beautés naturelles de lavallée de l’Ourthe et se jette dans le com-bat à l’occasion du projet d’extension desfours à chaux.

En 1924, il fonde l’Association pour la Dé-fense de l’Ourthe et de ses affluents Il ré-instaure la Fête des Arbres en 1932,l’accompagnant d’une cérémonie d’hom-mage à Léon Souguenet, qui assiste àl’inauguration d’un monument à son nomsur la colline de Beaumont.

Durant 40 ans, il écrit des milliers de let-tres et d’articles de presse, donne desconférences en faveur de la conservationde la nature, des arbres et des sites. Illutte avec une énergie indéfectible, faceaux intérêts à courte vue des industrielset des promoteurs, qui ne rêvent que deprofits et ont tendance à oublier la qua-lité de vie, le besoin de beauté et de sé-rénité de l’être humain.

Son acharnement lui vaudra de grandssuccès dans certains dossiers épineux.On peut le considérer comme le sauveurde la colline de Beaumont, qu’il réussit àfaire classer intégralement en 1948.Cette même année, il acquit une noto-riété dépassant nos frontières en deve-nant membre fondateur de l’UnionInternationale pour la Conservation de laNature.

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La stèle du Vieux - Liège

Le 20 février 1944, dans des conditionshivernales et alors qu’un combat se dé-roule dans les airs, on commémore à laHeid des Rosières les 50 ans de la créa-tion des Amis du Vieux-Liège (devenusAsbl Le Vieux - Liège en 1921). Outre unedélégation de la vénérable asbl, la mani-festation rassemblait des représentantsde l’ADO de Louis Gavage, du TouringClub de Belgique, de la Ligue pour la Sé-curité des Routes et de la Circulation pé-destre ainsi que des Amis de la Fagne,d’Ardenne et Gaume, et de la presse non

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censurée. Vingt hêtres, dont 17 subsis-tent aujourd’hui, sont plantés à cetteoccasion par l’administration des Eaux etForêts. Le choix de ce lieu se justifie cer-tainement par le passage à proximitéd’un itinéraire de promenades balisé parle Vieux-Liège au début du siècle. Lastèle commémorative fut placée le 27septembre 1970, un mois avant celle, si-milaire, inaugurée à Harzé pour célébrerles 75 ans du Vieux - Liège. La forme deces stèles commémoratives rappelle lesbornes de l’ancienne Principauté deLiège.

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Bibliographie

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Texte et mise en page : www.education-environnement.be©Photographes : A.I.D.E, A. Baltia, A. Batteux, Prof. F. Boulvain (ULg), E. David, P. De Bie, M. et L.De Boeuf, M.Dubois, M. Eubelen, D. Fortemaison, J. Fouarge, Image et Communication, A. Moulin,N. Owca et Qualité Village Wallonnie. Illustrations : A.I.D.E, A. Batteux, M. Bay, T. Delhaye et M. Eubelen.

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ont travaillé en partenariat pour concrétiser ce pro-jet de mise en valeur du Grand Site de la Boucle del’Ourthe.

La réhabilitation du réseau de promenades au cœurde ce site, ainsi que l’élaboration des panneaux, duplan et de cette brochure ont été possibles grâce ausoutien de la Wallonie via les subsides PICVerts« Plans d’Itinéraires Communaux Verts » obtenuspar les deux communes.

Nous remercions toutes les personnes qui de prèsou de loin, ont apporté leur soutien, leur conseil etleur aide à la réalisation de ce projet. La collabora-tion de bénévoles qui prennent à cœur de sauve-garder et de partager les valeurs liées à notrePatrimoine.

Un grand merci également aux Groupes Sentiers deNeupré et d’Esneux pour leur important travail d’in-ventaire et l’attention qu’ils portent à l’égard de nospetites voiries publiques.

Les communes de Neupré et d’Esneux

Communed’Esneux

Editeurs responsables : les Collèges communaux d'Esneux et de NeupréImprimé sur papier recyclé

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Cover

Le Grand Site de laBoucle de l’Ourthe

Pour en savoir plus...

Office du Tourisme d’Esneux04 380 93 20

www.esneux.be

Agence de DéveloppementLocal de Neupré04 372 99 71 & 72www.neupre.be

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