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Revue de presse scientifique jeunes en bonne sante, la probabi- lit6 de conception est de 20 & 25 0/o par cycle et de 90 o/o au bout d'un an. Un bilan est recommande apres une ann6e de rapports non proteges sans conception, ce qui definit de maniere standard I'infertilite clinique. Mais la fertilite diminue en fonction de I'&ge de la mere et I'on peut consid6rer qu'un bilan doit 6tre r6alise apres seulement 6 cycles de rapports non proteges chez les femmes &gees de plus de 35 ans. Un couple comme celui decrit ici doit etre conseille au sujet des effets de leur &ge sur leur fertilit& Les specialistes s'accordent pour reserver un traitement moins onereux que la fecondation in vitro dans ce cas. En cas d'echec seulement, une fecondation in vitro pourra alors etre envisagee. L'analyse du capital ovarien permettra d'apporter des informa- tions sur I'interet d'une stimulation ovarienne. Un transfert d'un ou de deux blastocystes & J5 ou de deux ou trois & J3 pourra 6tre envisage en fonction de la qualite obtenue par la FIV. Les embryons juges de bonne qualite pourront etre congeles. Gr&ce & cette methede, on estime & 28 0/0 la probabilite d'obtenir au moins un enfant. Elle pourra etre r~it6ree si besoin. Veorhis V., N. EngL J. Med. 356 (25/01/07) 3?9-386 Grippe espagnole : I'immunite innee prise en defaut e virus de la grippe espagnole a sevi en 1918, infectant 30 0/o de la population mondiale et causant entre 40 & 50 millions de d6ces. Les raisons de sa forte pathogenicit6 (le taux de mortalite est superieur & 2,5 %) et de sa capacite 61ev6e de transmission sont restees Iongtemps hypothetiques, aucun echantillon de virus infectieux n'ayant ete conserve. A I'instar du Dr Frankenstein, plusieurs chercheurs am6ricains ont fait le pari de reconstruire le virus de la grippe espagnole #. L'atherosclerose detectee par IRM L ath~roscl6rose est une cause majeure de pathologies affectant le coeur, le syst~me c~r~brovasculaire et les art~res p~riph~riques. Se/on les estimations les plus r~centes, les pathologies li6es ~ I'ath~roscl~rose constitueront I'une des premieres causes de mortalit6 clans les 15 ans ~ venir. Plusieurs 6tudes cliniques d6montrent qu'un infarctus du myocarde et/ou /a mort du subite constituent /es premiers signes d'ath~roscl6rose coronaire chez plus de la moiti~ des patients. II est donc urgent d'associer aux politiques san#aires (amelioration de/'hygiene de vie principalement) des strategies de d~tection pr~coce des I~sions d'ath~rome afin d'identifier les sujets ~ risque et de mettre en place un sum adapt& Plusieurs dquipes am~ricaines se sont associ~es afin de d~velopper des m~thodes d'analyse non invasives permettant d'~valuer I'~tat des art~res et la presence dventuelle de plaques d'athdrome. Elles s'appuient sur des techniques d'imagerie par IRM, une approche permettant de visualiser et de cartographier in vivo la fixation de marqueurs biologiques sp~cifiques pr~.alablement inject~s au patient. L'6tude qui vient d'etre publi~e ddmontre, sur un mod~le murin, I'int~r~t d'une nouvelle classe de marqueurs clans la d~tection des plaques d'ath~rome. II s'agit d'immuno-micelles de synth~se marques au gadolinium. Ces mol6cules se fixent sp~cifiquement sur des recepteurs dits ,6boueurs ~, les MSR, exprim6s a la surface des macrophages. Cette strat6gie s'est r6v616e tr~s performante pour plusieurs raisons : d'une part les r6cepteurs MSR sont tres exprim~s clans les macrophages qui infiltrent la plaque d'ath6rome, d'autre part les macrophages participent ~ toutes les ~tapes de la formation de la plaque, enfin la richesse de la plaque en macrophages est un facteur favorisant la rupture de la plaque et son d~tachement de la paroi arterielle. C'est donc un tr6s bon indicateur du risque d'obstruction vasculaire et d'infarctus du myocarde. L'6tude de faisabilit6 a 6t6 realis6e avec succes sur des souris deficientes en apolipoprot6ine E. Ces dernieres ont des taux de cholesterol s6rique 61ev~s, ce qui conduit ~ la formation de lesions d'ath6rome proches de celles observees dans les coronaires humaines. II reste a evaluer I'int6r~t de cette strategie chez I'homme, ses coClts et ses b6n6fices r6els. Amirbekian V. et aL, Detecting and assessing macrophages in vivo to evaluate atherosclerosis noninvasively using molecular MRI, Proc. Nat. Acad. ScL USA 104 (3) (2007) 961-966 partir de fragments epars de genomes conserves dans les tissus de patients morts en 1918, et conserves depuis dans le sol gele de I'Alaska. Pari reussi en 2005, comme en temoigne la publication du genome complet de ce fameux virus... Depuis, deux equipes au moins ont reussi & (re)produire le virus de la grippe espagnole en laboratoire ; elles s'int6ressent depuis a ses proprietes biologiques. Les premiers essais d'infection, realis6s sur la souris, ont permis de confirmer le tres haut pouvoir pathogene du virus grippal de 1918. Le demier numero de la revue britannique Nature presente des resultats obtenus sur le macaque, un modele experi- mental suffisamment proche de rhomme pour autoriser certaines extrapolations. Les auteurs ont realise deux etudes en parallele, I'une avec le virus de 1918, et I'autre avec un virus grippal contemporain. Le virus de 1918 est, comme pour la souris, tr~s virulent : les singes ont d0 etre eutha- nasies apres 8 jours en raison de la s6verit6 des symptSmes. Des les premieres 24 h, les macaques infectes ont arrete de s'alimenter et ont manifeste des signes respira- toires (toux seches/encombrements du nez) qui ont rapidement evolue vers un syndrome de detresse res- piratoire aigu& Ces signes 6talent accompagnes d'une augmentation du rythme respiratoire et d'une reduction du taux de saturation en oxyg6ne du sang. Le virus de 1918 se replique a tres haut niveau dans les differents etages du tractus res- piratoire, et il a par ailleurs et6 detecte dans le coeur et dans la rate des animaux malades. A I'oppose du virus actuel, celui de 1918 se replique de fa~on intense et durable dans les tissus respira- toires, entraTnant cedeme et lesions hemorragiques. Cette hyperacti- vite, inhabituelle pour un virus grippal, a pu etre associee & une deregulation majeure de nombreux acteurs de I'immunite innee : le tissu infecte et le serum des animaux est particulierement riche en certaines interleukines (IL-6, 11_-8)et chimio- kines (CCL2 et CCL5). II s'agirait en fait d'une veri- table temp~te cytokinique dont I'expression est parfaitement cor- rel~e & la gravite de rinfection. De tels phenomenes ont dej& 6te observes avec d'autres virus (virus West-Nile et poxvirus notamment). A I'oppose, plusieurs acteurs essentiels de la reponse anti-virale innee (IFN-cq prot~ines DDX58 et MDA-5) sont peu ou ne sont pas induits... En designant la reponse innee comme rune des principales failles de la defense de I'h6te contre le virus de la grippe espagnole, les auteurs ouvrent la piste & de nouvelles approches therapeutiques (immunotherapies) qui pourraient montrer leur interet si un virus grippal aussi virulent venait & (re)emerger. Kobasa D. et aL, Aberrant innate immune response in letal infection of macaques with the 1918 influenza virus, Nature 445 (2007) 319-323 RevueFrancophone des Laboratoires, avri12007, N o391 1 9

Grippe espagnole l'immunité innée prise en défaut

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Revue de presse scientifique

jeunes en bonne sante, la probabi- lit6 de conception est de 20 & 25 0/o par cycle et de 90 o/o au bout d'un an. Un bilan est recommande apres une ann6e de rapports non proteges sans conception, ce qui definit de maniere standard I'infertilite clinique. Mais la fertilite diminue en fonction de I'&ge de la mere et I'on peut consid6rer qu'un bilan doit 6tre r6alise apres seulement 6 cycles de rapports non proteges chez les femmes &gees de plus de 35 ans.

Un couple comme celui decrit ici doit etre conseille au sujet des effets de leur &ge sur leur fertilit& Les specialistes s'accordent pour reserver un traitement moins onereux que la fecondation in vitro dans ce cas. En cas d'echec seulement, une fecondation in vitro pourra alors etre envisagee.

L'analyse du capital ovarien permettra d'apporter des informa- tions sur I'interet d'une stimulation ovarienne. Un transfert d'un ou de deux blastocystes & J5 ou de deux ou trois & J3 pourra 6tre envisage en fonction de la qualite obtenue par la FIV. Les embryons juges de bonne qualite pourront etre congeles. Gr&ce & cette methede, on estime & 28 0/0 la probabilite d'obtenir au moins un enfant. Elle pourra etre r~it6ree si besoin.

Veorhis V., N. EngL J. Med. 356 (25/01/07) 3?9-386

Grippe espagnole : I'immunite innee prise en defaut

e virus de la grippe espagnole a sevi en 1918, infectant 30 0/o de la population mondiale et causant entre 40 & 50 millions de d6ces. Les raisons de sa forte pathogenicit6 (le taux de mortalite est superieur & 2,5 %) et de sa capacite 61ev6e de transmission sont restees Iongtemps hypothetiques, aucun echantillon de virus infectieux n'ayant ete conserve.

A I'instar du Dr Frankenstein, plusieurs chercheurs am6ricains ont fait le pari de reconstruire le virus de la grippe espagnole #.

L'atherosclerose detectee par IRM

L ath~roscl6rose est une cause majeure de pathologies affectant le coeur, le syst~me c~r~brovasculaire et les art~res

p~riph~riques. Se/on les estimations les plus r~centes, les pathologies li6es ~ I'ath~roscl~rose constitueront I'une des premieres causes de mortalit6 clans les 15 ans ~ venir. Plusieurs 6tudes cliniques d6montrent qu'un infarctus du myocarde et/ou /a mort du subite constituent /es premiers signes d'ath~roscl6rose coronaire chez plus de la moiti~ des patients. II est donc urgent d'associer aux politiques san#aires (amelioration de/'hygiene de vie principalement) des strategies de d~tection pr~coce des I~sions d'ath~rome afin d'identifier les sujets ~ risque et de mettre en place un sum adapt&

Plusieurs dquipes am~ricaines se sont associ~es afin de d~velopper des m~thodes d'analyse non invasives permettant d'~valuer I'~tat des art~res et la presence dventuelle de plaques d'athdrome. Elles s'appuient sur des techniques d'imagerie par IRM, une approche permettant de visualiser et de cartographier in vivo la fixation de marqueurs biologiques sp~cifiques pr~.alablement inject~s au patient. L'6tude qui vient d'etre publi~e ddmontre, sur un mod~le murin, I'int~r~t d'une nouvelle classe de marqueurs clans la d~tection des plaques d'ath~rome.

II s'agit d'immuno-micelles de synth~se marques au gadolinium. Ces mol6cules se fixent sp~cifiquement sur des recepteurs dits ,6boueurs ~, les MSR, exprim6s a la surface des macrophages. Cette strat6gie s'est r6v616e tr~s performante pour plusieurs raisons : d'une part les r6cepteurs MSR sont tres exprim~s clans les macrophages qui infiltrent la plaque d'ath6rome, d'autre part les macrophages participent ~ toutes les ~tapes de la formation de la plaque, enfin la richesse de la plaque en macrophages est un facteur favorisant la rupture de la plaque et son d~tachement de la paroi arterielle. C'est donc un tr6s bon indicateur du risque d'obstruction vasculaire et d'infarctus du myocarde.

L'6tude de faisabilit6 a 6t6 realis6e avec succes sur des souris deficientes en apolipoprot6ine E. Ces dernieres ont des taux de cholesterol s6rique 61ev~s, ce qui conduit ~ la formation de lesions d'ath6rome proches de celles observees dans les coronaires humaines. II reste a evaluer I'int6r~t de cette strategie chez I'homme, ses coClts et ses b6n6fices r6els.

Amirbekian V. et aL, Detecting and assessing

macrophages in vivo to evaluate atherosclerosis noninvasively using molecular

MRI, Proc. Nat. Acad. ScL USA 104 (3) (2007) 961-966

partir de fragments epars de genomes conserves dans les tissus de patients morts en 1918, et conserves depuis dans le sol gele de I'Alaska. Pari reussi en 2005, comme en temoigne la publication du genome complet de ce fameux virus...

Depuis, deux equipes au moins ont reussi & (re)produire le virus de la grippe espagnole en laboratoire ; elles s'int6ressent depuis a ses proprietes biologiques. Les premiers essais d'infection, realis6s sur la souris, ont permis de confirmer le tres haut pouvoir pathogene du virus grippal de 1918. Le demier numero de la revue britannique Nature presente des resultats obtenus sur le macaque, un modele experi- mental suffisamment proche de rhomme pour autoriser certaines extrapolations.

Les auteurs ont realise deux etudes en parallele, I'une avec le virus de 1918, et I'autre avec un virus grippal contemporain. Le virus de 1918 est, comme pour la souris, tr~s

virulent : les singes ont d0 etre eutha- nasies apres 8 jours en raison de la s6verit6 des symptSmes. Des les premieres 24 h, les macaques infectes ont arrete de s'alimenter et ont manifeste des signes respira- toires (toux seches/encombrements du nez) qui ont rapidement evolue vers un syndrome de detresse res- piratoire aigu& Ces signes 6talent accompagnes d'une augmentation du rythme respiratoire et d'une reduction du taux de saturation en oxyg6ne du sang. Le virus de 1918 se replique a tres haut niveau dans les differents etages du tractus res- piratoire, et il a par ailleurs et6 detecte dans le coeur et dans la rate des animaux malades.

A I'oppose du virus actuel, celui de 1918 se replique de fa~on intense et durable dans les tissus respira- toires, entraTnant cedeme et lesions hemorragiques. Cette hyperacti- vite, inhabituelle pour un virus grippal, a pu etre associee & une deregulation majeure de nombreux acteurs de I'immunite innee : le tissu infecte et le serum des animaux est

particulierement riche en certaines interleukines (IL-6, 11_-8) et chimio- kines (CCL2 et CCL5).

II s'agirait en fait d'une veri- table temp~te cytokinique dont I'expression est parfaitement cor- rel~e & la gravite de rinfection. De tels phenomenes ont dej& 6te observes avec d'autres virus (virus West-Nile et poxvirus notamment). A I'oppose, plusieurs acteurs essentiels de la reponse anti-virale innee (IFN-cq prot~ines DDX58 et MDA-5) sont peu ou ne sont pas induits... En designant la reponse innee comme rune des principales failles de la defense de I'h6te contre le virus de la grippe espagnole, les auteurs ouvrent la piste & de nouvelles approches therapeutiques (immunotherapies) qui pourraient montrer leur interet si un virus grippal aussi virulent venait & (re)emerger.

Kobasa D. et aL, Aberrant innate immune

response in letal infection of macaques with the 1918 influenza virus, Nature 445 (2007) 319-323

Revue Francophone des Laboratoires, avri12007, N o 391 1 9