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GUIDE D’AUDIT D’UN MARCHÉ PUBLIC GUIDE PRATIQUE DU CHAI Version présentée lors de la session plénière du CHAI du 9 mars 2015

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GUIDE D’AUDIT

D’UN MARCHÉ PUBLIC

GUIDE PRATIQUE DU CHAI

Version présentée lors de la session

plénière du CHAI du 9 mars 2015

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AVRIL 2014

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Précaution concernant l’utilisation du présent document

Le présent guide a été élaboré par un groupe de travail interministériel, sous l’égide du Comité d’harmonisation de l’audit interne (CHAI). Il est le fruit de plusieurs mois de travaux collectifs, de partage d'expériences et de mise en commun des meilleures pratiques ayant cours dans les corps de contrôle ou les missions ministérielles d’audit interne. Son objet est au premier chef de faciliter l’harmonisation de la méthodologie de travail des auditeurs internes et il se rapporte à ce titre à la partie « dispositions recommandées » du cadre de référence de l’audit interne de l’Etat. Ce document est une première version, actuellement en cours d’expérimentation par les praticiens de l’audit interne en fonction dans les différents ministères. L’attention du lecteur est appelée sur le fait que, même une fois devenu définitif, le présent guide ne pourra en aucun cas être considéré comme le seul référentiel à la lumière duquel les auditeurs auront à former leur opinion globale et porter leur jugement professionnel dans le domaine considéré.

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Ce document a été produit par un groupe de travail animé par Pascal PENAUD (IGAS), Isabelle PAVIS (IGAS) et Hervé

PEREZ (CHAI) composé de :

Marie-Caroline BEER (CNRS),

Delphine CASTILLON (CGA),

Jean-Pierre DUDOGNON (CGA),

Hélène LOUBIER (DGFiP),

Juliette ROGER (IGAS),

Anne TAGAND (IGA),

Hervé TORO (CGEDD).

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Introduction et mode

d’emploi

1. Introduction

La régularité de la passation et de l’exécution des marchés publics est un

sujet traditionnel de préoccupation et donc d’audit pour les organismes

soumis à la réglementation spécifique qui régit la commande publique, au

regard, en particulier, du risque pénal qui est, à cette occasion, couru par

l’acheteur public.

Cet aspect est déjà traité dans le guide d’audit des achats proposé par le

CHAI, en le replaçant dans le cadre d’un audit général des achats. Le

présent guide, complémentaire, a pour objet de donner une méthode pour

l’audit de la régularité de la passation et de l’exécution d’un marchépublic.

Il est destiné à fournir à un auditeur ayant une connaissance de base du

code des marchés publics, une méthode d’analyse et des référentiels de

régularité, étayés par la connaissance des problèmes les plus souvent

rencontrés et des jurisprudences notables. Il ne prétend pas être un

manuel de droit des marchés publics et l’auditeur sera amené, dans

certains cas à un travail complémentaire ou à faire appel à un juriste

spécialisé.

Il est aussi fourni, en complément, des éléments pour mener une mission

qui porterait uniquement sur la passation et l’exécution des marchés, ce

qui emporterait la nécessité de sélectionner un échantillon de marchés à

contrôler.

Le présent guide s’applique aux organismes soumis au code des marchés

publics. Il ne peut être utilisé directement pour des organismes soumis aux

directives européennes mais non au code des marchés publics.

Il a vocation à être complété, en particulier par des fiches traitant de

procédures de passation non abordées ici.

2. Mode d’emploi du guide

Le guide comporte quatre parties.

La première est constituée de fiches définissant des travaux de prise de

connaissance ; elle s’applique principalement à des missions qui ont pour

objet d’auditer des marchés passés dans un secteur particulier ou par un

organisme dans son ensemble. Ces étapes pourront être omises lorsqu’il

s’agit d’auditer un marché préalablement ciblé.

La seconde est le guide d’audit proprement dit, il déroule la méthode

proposée qui découpe la procédure de passation en plusieurs phases et

comporte une fiche relative à l’exécution. Deux fiches sont consacrées à

l’audit de la passation dans le cas des procédures les plus courantes c'est-à-

dire les marchés sur appel d’offres et les marchés à procédure adaptée.

La troisième regroupe des fiches techniques qui donnent soit des

informations utiles (organisation des travaux, champs d’application des

directives, notion d’opération) soit des précisions sur des points d’audit ou

des éléments particuliers de la procédure de passation (critère de jugement

des offres, allotissement,…).

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La quatrième comporte des fiches relatives à des marchés particuliers en

raison de la nature des biens ou prestations acquis.

L’auditeur pourra utiliser la première partie de manière différenciée selon

le contenu de sa mission, la seconde partie vise à structurer ses

investigations, la troisième et la quatrième fournissent des éléments

complémentaires mobilisables en fonction des besoins.

3. Les rubriques des fiches

Sans que toutes les rubriques soient systématiquement présentes (tous les

points n’étant pas forcément pertinents pour toutes les fiches) sont

abordés dans chaque fiche :

Des éléments de cadrage spécifiques ;

Les risques spécifiques au sujet traité ;

Les articles du code pertinents ;

Les documents qui peuvent être demandés pour étayer l’audit ;

Les points de contrôle ;

Les signaux d’alerte qui peuvent attirer l’attention de l’auditeur ;

Quelques recommandations qui peuvent paraitre pertinentes en

général au regard des difficultés les plus couramment rencontrées.

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Partie SOMMAIRE DU GUIDE PRATIQUE D’AUDIT DES MARCHÉS PUBLICS N° page

Introduction et mode d’emploi 7

1

FICHE 1.0 : « Champ d’application du présent guide » 13

FICHE 1.1 : «Prise de connaissance et analyse de risques » 17

FICHE 1.2 : «Établir la cartographie des achats et des marchés » 19

FICHE 1.3 : « Repérage du « saucissonnage » 23

FICHE 1.4 : « Échantillonnage/représentatif ou procédures à risques » 27

2

FICHE 2.0 : « Organisation des travaux d’audit » 31

FICHE 2.1 : « Les acteurs des marchés publics » 33

FICHE 2.2. : « La définition du besoin» 35

FICHE 2.3 : « Analyse du choix de la procédure » 41

FICHE 2.3 - Annexe : (Article 27 du CMP) 46

FICHE 2.4 : « Description du marché et de la procédure » 49

FICHE 2.5 : «Analyse du dossier de consultation des entreprises » 51

FICHE 2.6 : «Analyse de la procédure de mise en concurrence et du choix de l'attributaire » 57

FICHE 2.6.1 : «Analyse de la passation d’un appel d’offres ouvert» 69

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FICHE 2.6.2 : «Analyse de la passation d’un marché à procédure adaptée (MAPA) » 73

FICHE 2.7 : «Analyse de l’exécution du marché » 79

3

FICHE 3.0 : «Composition du dossier de marché à demander » 87

FICHE 3.1 : « La notion d'opération (article 27, II [1er]) » 91

FICHE 3.2 : « Modification des conditions de la consultation » 95

FICHE 3.3 : « Les critères de jugement des offres » 99

FICHE 3.4 : «L’allotissement » 105

FICHE 3.5 : «L’examen des candidatures – les candidatures irrecevables ou incomplètes » 109

FICHE 3.6 : «Négociation » 115

FICHE 3.7 : «Le traitement des offres irrégulières, inacceptables, inappropriées » 119

FICHE 3.8 : «Pondération des critères - Méthode de notation - Classement des offres » 125

FICHE 3.9: «Le traitement des offres anormalement basses » 131

FICHE 3.10 : «La déclaration d’infructuosité – la déclaration sans suite » 135

FICHE 3.11 : « L’information des candidats évincés » 139

FICHE 3.12 : «La régularité des avenants » 143

FICHE 3.13 : «Les marchés complémentaires » 149

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4

FICHE 4.1 : « Marchés de travaux » 153

FICHE 4.2 : «Marché de prestations intellectuelles (audit, conseil, AMOA)» 161

FICHE 4.3 : «Les marchés de prestations informatiques (études et développements) » 167

FICHE 4.3.1 – Annexe : Les différentes phases d’un projet informatique 176

FICHE 4.4 : «Les marchés de prestations informatiques : Tierce maintenance applicative » 179

FICHE 4.4.1 - Annexe : extraits du CCAG TIC mentionnant la TMA 187

FICHE 4.5 : «Les marchés de prestations informatiques : Les logiciels libres » 189

FICHE 4.5.1 – Annexe : Comparatif des principales licences utilisées par les logiciels 200

FICHE D’ÉVALUATION DU GUIDE 203

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FICHE 1.0 : «Champ

d’application du présent

guide»

1. Le présent guide est utilisable pour les

« pouvoirs adjudicateurs » (PA) soumis à

la première partie du code des marchés

publics et non pour cette forme

particulière de PA que constituent les

« entités adjudicatrices ».

Le droit des accords cadres et des marchés publics est avant tout un droit

communautaire qui prime sur le droit interne. Le droit européen

comporte une vision plus extensive et moins organique que le droit

interne des personnes morales susceptibles d’être soumises au droit des

marchés publics, notamment au travers de la notion «d’organisme de

droit public » (cf. encadré).

Extrait de la directive 2014/24/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014 sur la passation des marchés publics et abrogeant la directive 2004/18/CE : Aux fins de la présente directive, on entend par: 1. «pouvoirs adjudicateurs», l’État, les autorités régionales ou locales, les

organismes de droit public ou les associations formées par une ou

plusieurs de ces autorités ou un ou plusieurs de ces organismes de droit

public;

2. «autorités publiques centrales», les pouvoirs adjudicateurs figurant à

l’annexe I et, dans la mesure où des rectificatifs ou des modifications

auraient été apportés au niveau national, les entités qui leur auraient

succédé;

3. «pouvoirs adjudicateurs sous-centraux», tous les pouvoirs adjudicateurs

qui ne sont pas des autorités publiques centrales;

4. «organisme de droit public», tout organisme présentant toutes les

caractéristiques suivantes:

a) il a été créé pour satisfaire spécifiquement des besoins d’intérêt

général ayant un caractère autre qu’industriel ou commercial;

b) il est doté de la personnalité juridique; et

c) soit il est financé majoritairement par l’État, les autorités régionales

ou locales ou par d’autres organismes de droit public, soit sa gestion

est soumise à un contrôle de ces autorités ou organismes, soit son

organe d’administration, de direction ou de surveillance est composé

de membres dont plus de la moitié sont désignés par l’État, les

autorités régionales ou locales ou d’autres organismes de droit public;

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Le droit français a été plus en retrait dans sa conception mais il tend à

évoluer et à s’aligner sur le droit européen notamment depuis le code des

marchés publics (CMP) de 2006.1

Le droit européen comporte deux directives l’une, générale, 2014/24 sur

la passation des marchés publics et une autre 2014/25 relative à la

passation de marchés par des entités opérant dans les secteurs de l’eau,

de l’énergie, des transports et des services postaux. La directive

sectorielle pose des règles propres à une catégorie spécifique de pouvoirs

adjudicateurs qui lui sont soumis. Ces deux directives mettant à jour des

directives plus anciennes n’ont pas encore été transposées dans le droit

interne et leurs nouveautés ne sont donc pas prises en compte dans le

présent guide.

En droit les organismes soumis aux deux directives sont des pouvoirs

adjudicateurs. En pratique « pouvoir adjudicateur » est le nom de

principe des organismes soumis aux directives sur les marchés publics

tandis que la catégorie particulière qui relève de la directrice sectorielle

est appelée « entité adjudicatrice ».

Le code des marchés publics comporte ainsi une première partie qui

s’applique aux pouvoirs adjudicateurs. C’est dans ce champ que se situe le

présent guide.

1 Lors de contacts avec des auditeurs d’autres pays européens on est frappé du

fait qu’ils utilisent directement les directives comme référentiel de leur discours sans se référer à des normes transposées de droit interne.

2. Ce guide ne peut être utilisé sans

précautions pour tous les organismes

auxquels la directive 2014/24 est

applicable

La France a fait le choix de « recopier » dans son droit interne les

directives européennes de sorte que des textes sont pris pour soumettre

au code des marchés publics des organismes qui relèvent des directives. A

l’inverse il est possible d’être amené à auditer un organisme qui relève

des directives mais qui n’a pas été soumis au code des marchés publics.

Entrent dans le premier cas les organismes de sécurité sociale. Pour les

organismes gérant tout ou partie d’un régime légalement obligatoire de

sécurité sociale l’article L 124- 4 du code de la sécurité sociale prévoit

qu’ils passent des « marchés dont le mode de passation et les conditions

d'exécution respectent les garanties prévues en matière de marchés de

l'Etat. »

Article L. 124-4 Code de la sécurité sociale (modifié par la loi n°2007-1786

du 19 décembre 2007 - art. 101)

Les travaux, les fournitures, les prestations intellectuelles et les services

pour le compte des organismes de droit privé jouissant de la personnalité

civile assurant en tout ou partie la gestion d'un régime légalement

obligatoire d'assurance contre la maladie, la maternité, la vieillesse,

l'invalidité, le décès, le veuvage, les accidents du travail et les maladies

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professionnelles ou de prestations familiales, ainsi que des unions ou

fédérations desdits organismes, font l'objet de marchés dont le mode de

passation et les conditions d'exécution respectent les garanties prévues

en matière de marchés de l'Etat.

Les dispositions du premier alinéa sont également applicables aux

groupements d'intérêt public et aux groupements d'intérêt économique

financés majoritairement par un ou plusieurs organismes mentionnés au

premier alinéa, ou par un ou plusieurs organismes nationaux cités à

l'article L. 200-2.

Les conditions d'application du présent article sont fixées par arrêté

interministériel.

Peut entrer dans le second cas de figure, une association loi 1901 qui

remplirait les conditions figurant dans la directive sans pour autant être

soumise au code des marchés publics. Il faudra toutefois vérifier que les

dispositions du code auxquelles on fait référence figurent bien dans les

directives.

Enfin il faut noter que le droit interne peut (ou pourrait2) soumettre au

CMP des organismes qui ne sont pas soumis aux directives. A titre

d’exemple la CJUE a jugé que l’ordre des médecins de Westphalie Lippe

n’était pas soumis aux directives. Pourtant les ordres professionnels

figuraient sur la liste annexée à la directive concernant l’Allemagne mais

la Cour a jugé qu’aucun des trois critères du 4.c) n’étaient remplis. En

particulier il n’y avait pas de financement (même indirect) car il avait une

2 Ce pourrait être une recommandation de l’auditeur

grande autonomie de l’organisme dans la définition de la nature, de

l’étendue et des modalités de ses actions et partant dans la fixation de

son budget et de ses cotisations. Le critère du contrôle de la gestion

n’était pas rempli car ce contrôle a posteriori ne permettait pas aux

pouvoirs publics d’influencer les décisions de l’organisme concerné en

matière de marchés publics. Rien n’interdirait par contre de soumettre un

organisme de ce type au code des marchés publics par un texte législatif.

Pratiquement la méthode de travail exposée et bon nombre des éléments

de ce guide peuvent être utilisés dans ce cadre mais il conviendra de bien

prendre en compte les quelques différences juridiques qui existent entre

les deux champs.

Par ailleurs, les EPIC ou des EPA mais aussi des services de l'Etat, sont

opérateurs de réseaux. La DSNA par exemple, SCN, l'est depuis 2005.

Dans ce cas s’ils passent des marchés de travaux les deux directives

s'appliquent et l’auditeur devra prendre en compte ce fait.

3. Limites au champ des marchés publics

traités par le présent guide

Les partenariats public-privé (PPP) sont des marchés publics au sens des

directives3, mais ils n’en sont pas au sens du CMP et n’entrent pas dans le

champ du présent guide.

Les spécificités des marchés de défense ne sont pas traitées dans ce

guide.

3 L’ordonnance qui les crée vise la directive marchés publics

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Il en va de même de règles particulières à certains marchés (comme par

exemple les règles spécifiques aux marchés passés par les établissements

à caractère scientifique et technologique pour leurs achats de fournitures,

services ou travaux, destinés à conduire leurs activités de recherche).

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FICHE 1.1 : «Prise de

connaissance et analyse de

risques»

On ne se place pas ici dans le cadre de l’audit d’un marché particulier mais

d’une mission d’audit de marchés, dont le champ peut d’ailleurs être

variable (marchés d’un organisme ou d’une partie d’un organisme,

marchés particuliers, mission portant sur des points particuliers) et qui

porte uniquement sur la régularité.

On pourra se reporter utilement à la fiche de même titre du guide de

l’audit des achats et aux fiches relatives à l’organisation des achats qui

peuvent être tout à fait pertinentes dans le cadre d’une mission portant

sur les seuls marchés. La présente fiche propose une démarche plus

réduite dans son ampleur.

1. Organisation des travaux de prise de

connaissance

La phase de prise de connaissance traitera les points suivants :

• Prise de connaissance de l’organisation de la commande publique

afin principalement d’en apprécier la

centralisation/décentralisation et repérer les principaux

interlocuteurs (cf. fiches 2.1 et 2.5 du guide d’audit des achats) ;

• Prise de connaissance de la cartographie des achats et des

marchés (cf. fiche 1.2 du présent guide) ;

• Prise de connaissance du système d’information sur les achats (cf.

fiche 2.4 du guide d’audit des achats) et en son sein de la partie

qui concerne la seule commande publique ; repérage de systèmes

d’information spécifiques comme des logiciels d’aide à la

passation des marchés ;

• Obtention ou lancement des demandes permettant de constituer

une base des marchés passés et actifs pendant la période sous

revue.

2. Principales questions d’audit sur

l’analyse des risques

Les principales questions d’audit de la fonction achat demeurent

pertinentes en les recentrant sur la seule commande publique :

• L’organisme a-t-il conduit une analyse des risques en matière de

commande publique ?

- Cette analyse est-elle formalisée dans un document

auditable ?

- Couvre-t-elle l’ensemble du processus commande

publique ou uniquement la partie correspondant aux

tâches accomplies par une fonction commande publique

identifiée (tout ou partie) ?

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- A-t-on défini au sein du processus et de la fonction

commande publique des points critiques et les risques

associés ?

• Un contrôle interne est-il formalisé ? Se fonde-t-il sur l’analyse

des risques conduite par la structure, le cas échéant ?

• Existe-t-il des documents explicitant les principaux contrôles

informatisés fournis par le système d’information et des

restitutions de leurs résultats ? Qui utilise ces restitutions ?

- Cela existe-t-il pour les systèmes d’information supportés

par des progiciels ou des logiciels propres couvrant la fonction

achat ?

- Est-on dans le cas de logiciels locaux ou ne couvrant

qu’une part de la fonction ?

- Est-on dans le cas d’un système d’information supporté

par des tableaux type Excel® ?

3. La question difficile de l’organisation

interne de l’administration

En droit pur une entité juridique constitue un pouvoir adjudicateur au

sens des directives et donc c’est à ce niveau que doivent s’apprécier les

règles, en particulier les règles de seuil.

Cela pose une difficulté pour l’Etat, à qui on ne peut appliquer

simplement ce raisonnement :

Il n’est clairement pas applicable aux assemblées parlementaires

et aux autorités indépendantes de toute nature ;

Au sein même de l’exécutif il pose question au regard de la

structure ministérielle et du principe selon lequel le ministre est le

chef de son administration.

L’auditeur devra donc vérifier que le découpage qui lui est présenté

n’est pas un moyen de se soustraire à des contraintes du CMP et qu’il

apparait de ce point de vue raisonnable.

Dans cette analyse la suppression de la notion de personne

responsable du marché (PRM) clarifie le débat car elle pouvait avoir

été utilisée pour apprécier au niveau du champ de compétence de la

PRM les règles du CMP. L’existence d’une ou plusieurs personnes

habilitées à passer des marchés n’a aucun lien avec la structure

organique et donc la définition de ce qu’est le pouvoir adjudicateur.

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FICHE 1.2 : «Établir la

cartographie des achats et

des marchés»

Dans le cas où la mission ne porte pas sur un marché mais sur la régularité

de la passation des marchés soit dans un organisme, soit pour un segment

de son activité, il sera nécessaire de dresser la cartographie des marchés

qui sont passés, au minimum afin de constituer la base dont sera tiré

l’échantillon de marchés examinés. Ce travail peut aussi avoir d’autres

usages.

Dans cette fiche on utilisera le terme de « marché » pour le contrat passé

avec un fournisseur et l’expression « consultation » pour une procédure

de mise en concurrence, qui peut éventuellement donner lieu à plusieurs

marchés.

1. Etablir un lien entre cartographie des

achats et nomenclature produits ou

services « homogènes » au sens du

code des marchés publics

S’il existe une cartographie des achats elle devrait comporter une

nomenclature de famille de produits et celle-ci devrait être identique à

celle utilisée pour apprécier les produits ou services homogènes, c'est-à-

dire pour appliquer les règles de computation des seuils. Toute différence

devrait être justifiée et analysée par l’auditeur.

Si le système d’information le permet, l’auditeur peut envisager de

repartir de données sur les achats ou les marchés et, s’il disposepour

chacun d’entre eux des code CPV (Common Procurement Vocabular) de

les examiner sur cette base, ces codes permettant de reconstituer des

familles homogènes.Constituer une base de données de consultations et

de marchés (y compris les avenants)

L’objectif est de constituer une base exhaustive des marchés passés et en

cours d’exécution à la date du contrôle : en général les marchés passés

serviront de base à la sélection des marchés faisant l’objet d’un audit de

leur passation, notamment si on veut en évaluer l’évolution dans le

temps, les marchés totalement exécutés ou en cours d’exécution

serviront de base à la sélection des marchés faisant l’objet d’un audit de

leur exécution.

Le logiciel comptable et, s’il existe, le logiciel de gestion des achats sont

les bases globales de travail. Ils ne possèdent souvent pas toutes les

informations dont l’auditeur a besoin. Il sera donc nécessaire de le

compléter à partir d’autres sources (publication des marchés attribués,

tableaux Excel divers tenus par les services).

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Les éléments principaux à recueillir sont :

Identification de la

consultation

Si un marché d’une consultation présente

des irrégularités, celles-ci risquent de

concerner aussi les autres marchés

auxquels elle a donné lieu

Identification du marché

Date de passation

(JJ/MM/AA)

Permet de calibrer l’échantillon en fonction

des exercices couverts par l’audit. Des

marchés trop anciens encore utilisés sont

une zone de risque au regard des règles de

durée des marchés, les marchés en fin

d’exercice présentent des facteurs de

risque particuliers, ce qui suppose de

connaitre non seulement l’année mais

aussi le mois

Mode de passation Permet de calibrer l’échantillon sur ce

critère et de cibler les procédures

considérées comme « à risque »

Montant du marché C’est le montant du marché initial figurant

mais aussi celui des avenants si possible en

ayant les deux informations

Montant dépenses par

exercice et cumulé depuis

le début du marché

Permet de calculer des ratios de

couverture par rapport au champ couvert

Le montant peut être un critère de

sélection dans l’échantillon

Famille produit code CPV Application des règles de computation.

Attention un même marché peut recouvrir

des produits de familles différentes. Il

faudra donc être attentif à la qualité et la

pertinence de cette donnée au niveau du

marché.

Service acheteur Afin de pouvoir différencier la performance

de chaque service acheteur ou d’identifier

le champ de l’audit

Service

utilisateur/prescripteur

On cherche ici à identifier à la fois

l’utilisateur et le prescripteur et il peut

parfois être pertinent de distinguer les

deux notions

Signataire Important car c’est le « porteur » du risque

juridique et pénal final

Il est nécessaire de préciser comment sont identifiés et éventuellement

suivis les avenants avec comme principe que les informations à recueillir

sont les mêmes que celles des marchés.

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2. Définir les échantillons de contrôle

On se reportera sur ce point à la fiche correspondante du guide d’audit

des achats (cf. fiche 0.4). Deux questions sont à se poser

1. Prend-on un échantillon représentatif de la base selon des critères

d’attribut à déterminer (poids financier, type de procédure, …) ou utilise-

t-on un échantillon de marchés à risque ? Dans le premier cas on peut si la

base est suffisante extrapoler les résultats, dans le second on est en

mesure de déterminer si, lorsque l’organisme est confronté à un risque, il

est en mesure de le traiter.

2. Fonde-t-on l’analyse sur un échantillon de marchés qui seront examinés

dans leur ensemble de la passation à l’exécution, ou constitue-t-on un

échantillon ad hoc pour chaque risque analysé ou par morceau du

processus étudié (par exemple si le risque est l’absence de validation du

service fait on ne prendrait que des dossiers de validation de services

faits).

Les choix dépendront des objectifs de la mission, des résultats de

l’analyse des risques et des données disponibles. Ils devront être

documentés dans le dossier d’audit.

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Fiche 1.3 : «Repérage du

‘saucissonnage’»

Nb : En complément de la présente fiche, on renverra à des travaux plus généraux dédiés aux méthodes et modalités de computation des seuils (cf. fiche 4.1 du guide d’audit des achats).

1. Principaux risques

Le « saucissonnage » s’apparente à un fractionnement artificiel des

commandes aboutissant à se soustraire aux obligations concurrentielles,

dans le but d’éviter le recours à une procédure formalisée ou de

favoriser certaines entreprises.

Ce fractionnement peut alternativement être opéré à l’échelle d’une

prestation ou à celle de l’organisme, en lien avec l’organisation des achats

retenue par la structure.

Le Code des marchés publics de 2001 renvoyait les acheteurs à une

nomenclature très détaillée en matière de fournitures et de services et à

la notion d’opérations ou d’ouvrage en matière de travaux. Le Code de

2006 supprime le caractère obligatoire des nomenclatures. Pour autant

lorsque le pouvoir adjudicateur établit un avis d’appel public à la

concurrence communautaire, il est tenu de faire référence au numéro de

nomenclature du règlement n° 2195/02/CE relatif au vocabulaire

commun pour les marchés publics, dit CPV pour Common Procurement

Vocabulary.

Par ailleurs le code de 2006 maintient l’obligation pour le pouvoir

adjudicateur d’identifier des prestations homogènes.

Pour les marchés de fournitures et de services, l’acheteur doit pouvoir

justifier ses choix par référence à la notion de fournitures et services

homogènes4 dans lesquelles les services acheteurs doivent classer les

commandes. Il doit pour ce faire procéder à une estimation de la valeur

de l’ensemble des fournitures ou des services qui peuvent être considérés

comme homogènes :

ou bien en raison de leurs caractéristiques propres,

ou bien parce qu’ils constituent une unité fonctionnelle. Le

pouvoir adjudicateur définira alors ces unités en fonction de la

vocation de sa commande.

Sauf si le PA a de bonnes raisons pour et la capacité à mener un travail de

nomenclature propre, le recours au CPV est la solution la plus aisée et la

moins coûteuse en temps de travail. Elle a aussi l’avantage de se couler

dans les obligations prévues au-dessus des seuils européens.

Pour les marchés de travaux, la computation des seuils s’appuie sur la

notion d’opération : celle-ci s’apparente à un ensemble de travaux

indissociables en raison de leur objet, des procédés techniques employés

ou du financement que le maitre d’ouvrage a mis en œuvre dans une

période de temps et un périmètre géographique déterminé.

4 Pour une présentation détaillée de la notion de familles de fournitures ou de

services homogènes, on se référera utilement à la fiche 4.1 du guide d’audit des achats.

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Quelle que soit la technique qu’il emploie, la délimitation d’une

catégorie homogène de fournitures ou d’une opération ne doit pas avoir

pour effet de soustraire certains marchés aux règles qui leur sont

normalement applicables dans le cadre du Code des marchés publics. La

période à prendre en compte est celle du nombre d’années maximum

pendant lesquelles le marché peut être exécuté.

2. Articles du code pertinents et autres

textes

L’article 5 du Code des marchés publics rend nécessaire de pouvoir

justifier les choix effectués sans indiquer comment ces choix doivent être

faits. Les principes de computation des seuils exposés dans l’article 27

visent à lutter contre le « saucissonnage » des marchés et à imposer aux

pouvoirs adjudicateurs l’utilisation de procédures en adéquation avec le

montant estimé de leurs besoins.

3. Etapes du contrôle

L’objectif pour l’auditeur consiste à vérifier notamment quel impact la

méthode de computation des seuils (si le pouvoir adjudicateur recourt à

une méthode) peut avoir sur le franchissement de ceux-ci.

On voit mal comment un pouvoir adjudicateur peut couvrir les risques liés

au saucissonnage sans avoir défini dans un document traçable et

auditable une nomenclature de ses achats courants de fournitures et de

services (homogènes par nature).

Pour cadrer les travaux l’auditeur peut utilement procéder en deux

étapes :

Mise en évidence de certaines situations manifestes

de fractionnement L’auditeur pourra utilement retracer la part du hors marché dans les

achats. Trop importante, elle est le signe d’un « saucissonnage » dans le

but de contourner l’obligation réglementaire de passer un marché. Le

poids des achats hors marché donne ainsi une indication sur les

possibilités existantes en matière d’agrégation de la demande. Il est

nécessaire de prêter attention à une évolution de cet indicateur dans le

temps : a priori l’indicateur doit au minimum faire apparaître une

stabilité.

Une analyse plus détaillée en fonction de la typologie des achats peut

s’avérer utile. Si l’auditeur ne peut s’appuyer sur la nomenclature CPV

ou celle établie par l’organisme, une approche par ligne de compte (ou

groupe de lignes de compte) regroupant des opérations de même nature

afin de repérer les agrégations possibles, notamment sur plusieurs

années, est pertinente, dès lors que l’on se place à un niveau de compte

assez fin. L’auditeur peut également procéder à une analyse fine par

centre d’achat, afin de repérer un type d’achat présentant une part

notoirement plus élevée de dépenses hors marché en proportion des

dépenses réalisées.

Il est recommandé de prêter une attention particulière à l’évolution

dans le temps du poids des procédures sans concurrence et avec

concurrence, afin de mettre en avant certaines évolutions notoires.

En cas de changement récent dans les modes de computation des seuils,

il est conseillé de vérifier l’impact de ce changement. En particulier une

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augmentation du nombre et/ou du poids financier des marchés en

dessous du seuil des procédures formalisées est une évolution qui devra

être expliquée car cette évolution peut faire supposer une volonté de

fractionnement des marchés. Ce même exercice peut être pratiqué à des

fins de comparaison entre la méthode employée par le pouvoir

adjudicateur et une méthode alternative.

L’auditeur s’intéressera enfin aux choix d’allotissement du pouvoir

adjudicateur, au regard de la possibilité de passer des marchés à

procédure adaptée pour les lots de faible montant5. L’existence de séries

de marchés présentant des variations significatives dans les périmètres

pour une même catégorie de produits d’un marché à l’autre peut

constituer un signal d’alerte.

Analyse de la méthode de computation des seuils

Pour les marchés de fournitures et de services :

Il est nécessaire d’auditer l’existence et l’utilisation effective d’un

document interne (ou des règles utilisées dans le système d’information

en place) définissant les familles de fournitures et services homogènes,

5 Selon l’article 27 du CMP, le montant d’un marché alloti s’apprécie sur la base

de la totalité des lots qui le compose. Cependant pour les lots inférieurs à 80 000 € HT pour les marchés de fournitures et de services et à 1 000000 € HT dans le cas des marchés de travaux, il est possible de recourir à une procédure adaptée à la condition que le montant cumulé des lots n’excède pas 20 % de la valeur de la totalité des lots.

ainsi que son utilisation effective par les services acheteurs pour classer

les commandes.

Il convient de vérifier ensuite le caractère sincère et raisonnable de la

méthode utilisée pour élaborer ce document : référence à la

nomenclature CPV, à celle annexée à l’arrêté du 13 décembre 2001, à la

nomenclature SAE ou à une cartographie des achats réalisée en interne,

prise en compte de l’impact de la méthode sur le nombre de marchés

susceptibles de dépasser le seuil de l’appel d’offres…. A minima il est

nécessaire de s’assurer que le choix de la méthode de computation

(computation par famille homogène ou par unité fonctionnelle) obéit à

une définition claire. Si la méthode retenue impacte fortement le nombre

de procédures formalisées, le pouvoir adjudicateur doit être en mesure

de prouver que ce fractionnement correspond à des besoins de nature

différente ou à la structure du marché des fournisseurs. En d’autres

termes, l’impact doit être justifiable par des arguments objectifs.

Pour les marchés de travaux, il est nécessaire de s’assurer que la notion

d’opération de travaux est bien identifiée par des critères (période de

temps et zone géographique données pour un ensemble de travaux

caractérisés par une unité fonctionnelle, technique ou économique).

Pour les marchés de fournitures et de services on s’intéressera à

l’utilisation de la notion d’unité fonctionnelle pour vérifier qu’elle ne sert

pas à camoufler le dépassement des seuils dans une famille de prestations

et services homogènes par nature.

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Il convient enfin de s’assurer que les choix d’allotissement sont

effectivement justifiés par des avantages économiques, financiers ou

techniques.

4. Documents à utiliser

Pour ces travaux il est nécessaire, outre les tableaux de synthèse des

achats, tableaux de bord et rapports prévus à l’article 138 du CMP, d’avoir

accès à l’ensemble des documents retraçant la méthode de computation

des seuils ainsi que la classification des achats par familles.

Il sera nécessaire d’examiner si à partir du SI Achats ou du SI Budgétaire et

comptable il est possible de produire les données recherchées.

Si ces données sont intégrées dans le SI il conviendra d’auditer les choix

faits et les contrôles programmés.

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Fiche 1.4 :

«Échantillonnage/représent

atif ou procédures à risques»

Nb. Dans le cadre d’un contrôle de marchés, l’auditeur tendra à faire

porter son contrôle sur un seul et même échantillon. Cette pratique diffère

de celle valable lors d’un contrôle des achats, consistant à déterminer pour

chaque étape de l’audit nécessitant de recourir à un échantillon, la taille

de celui-ci, l’unité d’échantillonnage (marché, fournisseur, commande,

etc.) et ses principales caractéristiques. Une démarche comparable à celle

d’un audit des achats n’est toutefois pas à exclure a priori s’il s’agit de

tester des risques spécifiques (exemple : conformité des clauses de prix). 6

Etape n°0 : déterminer si le recours à un échantillon est nécessaire

Le recensement des marchés passés sur la période de référence apparaît

comme un préalable à la constitution de l’échantillon. La décision de

recourir ou non à un échantillon doit être prise au regard de la taille de la

population considérée et de la possibilité de faire usage de logiciels

spécialisés pour le retraitement des données.

On portera une attention particulière à la détermination de la population

de référence en fonction des objectifs de l’audit et de l’analyse des

risques. S’il s’agit d’apprécier la passation des marchés pendant une

6 Cette fiche reproduit pour des raisons de commodité la fiche établie dans le

cadre du guide d’audit des achats. Cette fiche a été rédigée par Issahne SLIMANI stagiaire à l’IGAS

période donnée, remonter trop loin dans le temps n’a pas de sens et la

population de référence risque d’être faible si la période est courte. S’il

s’agit d’apprécier l’exécution, la population de référence est l’ensemble

des marchés exécutés ou en cours d’exécution, soit un nombre plus

important.

Etape 1 : choisir la méthode d’échantillonnage

L’échantillon de marchés pourra alternativement être constitué sur une

base statistique (échantillonnage aléatoire) ou non statistique

(échantillonnage raisonné), en fonction des objectifs de l’audit :

dans le cas d’un échantillon statistique, l’auditeur souhaite

obtenir une base raisonnable à partir de laquelle pourront être

tirées des conclusions probantes concernant la population dans

son ensemble. Il aura recours à ce type d'échantillonnage lorsqu'il

entend faire un énoncé quantitatif au sujet d'une population plus

grande en se fondant sur les résultats d'un échantillon ; cette

approche n’est pertinente que pour un nombre de marchés

relativement élevé (cf. infra) ;

dans le cas d’un échantillon non statistique, l’auditeur

sélectionne l’échantillon de marchés en fonction d’une

caractéristique donnée et n'a pas l'intention de tirer des

conclusions au sujet d'autres cas que ceux qui sont dans

l'échantillon. L’échantillonnage non statistique ou raisonné donne

à l’auditeur la flexibilité d’utiliser son opinion professionnelle

pour sélectionner les éléments qui ont le plus besoin d’être

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testés. Le recours à ce type d’échantillon se justifie lorsque les

énoncés généraux sont d'ordre qualitatif plutôt que quantitatif.

Par exemple, on peut avoir l'intention de recenser les cas

particuliers de dysfonctionnements sans faire d'observation sur la

fréquence avec laquelle ils se produisent. Nb : Pour les petites

populations, une démarche non statistique peut permettre

d’obtenir des résultats significatifs : si sur 50 marchés, on en a

examiné 15 dont 10 sont irréguliers, on ne pourra déduire que 2/3

des marchés sont irréguliers, mais on aura montré que 20% le sont

effectivement. Dans une autre, si sur 50 marchés on a examiné 15

tous réguliers, on ne pourra déduire que 100% des marchés le sont

mais on sera sûr que 30% sont réguliers, sans pouvoir exclure que

70% ne le soient pas.

Si l’approche statistique permet de soutenir des conclusions et des

recommandations de manière plus crédible, sa constitution peut s’avérer

difficilement compatible avec les contraintes de temps d’un contrôle des

marchés. Elle doit notamment intégrer le risque d’échantillonnage (risque

que la conclusion basée sur un échantillon soit différente de celle à

laquelle il serait parvenu si l’ensemble de la population avait été soumis à

la même procédure d’audit). Ce risque est notamment fonction :

de la taille de la population (cf. tableau ci-dessous), à croiser avec

les moyens dont dispose l’auditeur pour l’analyse (effectifs en

jour/homme et accès à des logiciels spécialisés), ainsi qu’avec la

précision et la marge d’erreur acceptées de l’estimation ;

de son caractère plus ou moins uniforme au regard de la

caractéristique observée. La conception d'un échantillon devient

plus complexe dans le cas où les caractéristiques principales des

membres de l'échantillon ne sont pas uniformément réparties

dans toute la population (ex : petit nombre de marchés de

montant élevé et grand nombre de marchés dont le montant

relatif est très faible), rendant nécessaire le recours à des

échantillons complexes (ex. échantillons aléatoires décomposés

en strates de caractéristiques similaires).

Tableau 1 : Taille d’échantillon en fonction de la taille de la population,

de la précision et la marge d’erreur acceptées de l’estimation

Niveau de

confiance

Marge

d'erreur

Taille de la population étudiée

10 15 30 50 100 150 200

99% 2% 10 15 30 50 98 145 191

5% 10 15 29 47 87 123 154

10% 10 14 26 39 63 79 91

95% 2% 10 15 30 49 96 142 185

5% 10 15 28 45 80 108 132

10% 10 13 23 33 49 59 65

90% 2% 10 15 30 49 95 138 179

5% 10 15 27 43 73 97 115

10% 9 13 21 29 41 47 51

Exemple : si sur une population de 200 commandes, l’auditeur veut

estimer le montant moyen et avoir 95% de chances que le chiffre de la

population soit dans la fourchette chiffre de l’échantillon à plus ou moins

5% il faut que cet échantillon soit de 132.

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Cf. notamment sur ce point la norme ISA530 sur les sondages en audit.

Un croisement possible entre les deux approches peut consister à

procéder en deux temps :

1/ Analyse de risques préalable permettant d’isoler une population « à

risque ». Cette analyse prendra en compte :

l’impact, ce qui peut notamment amener l’auditeur à la sélection

d’achats d’un montant élevé ou encore d’achats de caractère

stratégiques ;

la probabilité, ce qui peut conduire l’auditeur à constituer son

échantillon à partir des points d’alerte les plus facilement et

rapidement repérables aux différentes étapes de la procédure.

Etape de l’audit Exemples de population « à risque »

Auditer les modalités de

computation des seuils

- « Série » chronologique de marchés

présentant des variations significatives dans les

périmètres pour une même catégorie de

produits d’un marché à l’autre,

(traduisant possiblement des variations dans

le référentiel utilisé).

- « Série » chronologique de marchés

caractérisés par la récurrence d’un même

fournisseur dans le temps, (traduisant

possiblement un mode de computation des

seuils ou des modalités d’allotissement

inadaptés).

Auditer les modalités de

choix de la procédure

- Marchés passés grâce à des procédures

simplifiées (procédure adaptée, MAPA).

Auditer l’analyse des

offres

- « Série » chronologique de marchés

caractérisés par la récurrence d’un même

fournisseur dans le temps (faible taux de

rotation des attributaires) ou à l’échelle d’un

même marché, pour ceux d’entre eux qui ont

fait l’objet d’un allotissement.

Analyser l’exécution

financière des achats

- Marchés présentant des difficultés au stade

de l’exécution (problèmes

d’approvisionnement, inexécution de certaines

dispositions contractuelles, ruptures de stock,

défauts de qualité signalés par les services,

etc.)

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Etape de l’audit Exemples de population « à risque »

Auditer les avenants et

décisions de poursuivre

- Marchés ayant fait l’objet de plusieurs

avenants successifs d’un montant important.

2/ Sélection d’un échantillon statistique de marchés, destiné à être

représentatif, non de la population dans son ensemble, mais du type de

marché « à risque » isolé.

Etape 2 : constituer l’échantillon de marchés

Pour la constitution d’un échantillon probabiliste et la présentation des

différentes techniques disponibles (aléatoire simple, aléatoire

systématique, échantillonnage stratifié, l’échantillonnage en grappe à

plusieurs degrés, etc.), l’auditeur pourra notamment se référer au guide

d’audit des achats (cf. fiche 0.4), ainsi qu’aux manuels d’utilisation des

logiciels d’audit type IDEA©, qu’il croisera utilement avec les supports

existants de formation à l’audit.

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Fiche 2.0 : «Organisation des

travaux d’audit»

On décrira ici une démarche générale d’organisation des travaux

d’audit d’un marché. Pour la passation on examinera la

consultation qui donnera éventuellement lieu à plusieurs marchés

au sens d’un contrat. Pour l’exécution on examinera marché par

marché (au sens de contrat par contrat).

1. Constitution du dossier : principaux

documents à demander

Reconstituer le dossier du marché : - Les pièces standards (CCAP, CCTP, AE, rapport de présentation,

..) - Les documents formalisés qui retracent les travaux menés

(rapports, notes, voire mail dont on peut trouver trace dans les dossiers …)

- Les offres des sociétés non retenues (elles sont éventuellement difficiles à obtenir car souvent elles n’ont pas été conservées)

Repérer l’ensemble des intervenants dans la procédure tant de passation que de l’exécution, tant en terme d’organisation (service d’appartenance) que d’identification individuelle ( nom et coordonnées des personnes).

2. Entretiens

On recommandera le plus souvent de commencer par une phase

d’analyse des documents permettant d’acquérir une première

compréhension, puis par les entretiens, destinés à vérifier la

compréhension et à obtenir des informations sur des points précis,

auprès :

des personnes qui ont participé à la procédure à quelque stade que ce soit

des décideurs tant en amont (lancement et choix de la procédure) qu’en aval (décision sur l’attributaire)

des sociétés qui ont retiré le cahier des charges et n’ont pas répondu,

des sociétés non retenues (les coordonnées de la personne responsable figurent sur les offres, un contact téléphonique peut être intéressant).

3. Travaux à mener et documents à

produire

Le tableau ci-dessous donne les travaux minimum à mener pour conduire

l’audit. Il ne comporte pas tous les travaux possibles ou recommandés (cf.

fiches suivantes).

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Etape Tâche

Analyse des étapes

préalables à la

consultation

Définition du besoin

Comprendre ce qui s’est passé avant le lancement

de la consultation, de la définition du besoin à

l’élaboration des documents de consultation ; une

approche des délais de cette phase permet

d’apprécier à sa juste valeur le poids des délais

imposés par le CMP

Analyse du choix de

la procédure

Vérifier le respect des seuils de montant pour

certaines procédures

Vérifier l’adéquation de la procédure choisie à

l’objet du marché

Description du

marché et de la

procédure

Relever le contenu précis du marché et le coût de

ses composantes

Calculer ou évaluer le montant total du marché

Repérer la nature de la procédure de choix et celle

du marché (modalités d’exécution)

Relever les étapes de la procédure

Comparer les délais légaux aux délais effectifs

Analyse du dossier

de consultation

Vérifier les conditions d’élaboration de ces

documents

Vérifier le contenu du DCE

Vérifier la mise en œuvre du principe

d’allotissement

Vérifier le contenu des clauses ( en particulier

qu’elles n’avantagent pas une société) et

l’opportunité des clauses dérogatoires au CCAG

Vérifier, s’il y en a eu, la régularité de la

modification du DCE

Analyse de la mise

en concurrence et

du choix du

fournisseur retenu

Vérifier la conduite de la procédure de mise en

concurrence

Vérifier que la procédure de dépouillement a bien

conduit à retenir le mieux disant

Analyse de

l’exécution

Vérifier la réalité des prestations

Vérifier le contenu et le montant des avenants et

faire un tableau des avenants

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Fiche 2.1 : «Les acteurs»

1. Eléments introductifs

Les acteurs d’un marché public sont nombreux : représentant du pouvoir

adjudicateur, unité achat centralisée ou bureau de la coordination de la

commande publique, cellule marchés, groupes d’utilisateurs, commissions

de choix (commission d’appel d’offres,…)… Suivant les cas, certains de ces

acteurs ont (ou non) un caractère obligatoire.

Cette fiche est une approche méthodologique destinée à aider l’auditeur

dans l’organisation de ses travaux pour ce qui concerne l’identification

des différents acteurs intervenus sur le marché audité.

Le champ pourra être limité à la phase de passation ou porter y compris

sur l’exécution et le suivi selon le champ de l’audit.

2. Principaux points d’attention

a- Identifier l’ensemble des acteurs et documenter leur liste

En premier lieu, l’auditeur est invité à lister dans un document

récapitulatif (description littérale ou tableau) l’ensemble des acteurs

intervenus sur le marché.

Afin de favoriser une identification exhaustive de ces acteurs et de

fonder l’analyse sur des éléments opposables, il est recommandé de

documenter qui a fait quoi dans la production des différents

documents du marché : dossier de consultation des entreprises,

cahier des clauses administratives particulières, cahier des clauses

techniques particulières, …

De plus en plus d’échanges se font par voie électronique. Par

conséquent l’auditeur doit s’interroger sur la documentation de ces

échanges et vérifier qu’ils ne font pas intervenir d’acteurs qui

n’apparaîtraient pas dans les documents fournis.

b- Principaux axes de questionnement guidant l’identification des

acteurs

Dans ce cadre, il n’est évidemment pas question de porter un

jugement de valeur sur les compétences de ces différents acteurs.

Il convient pour l’auditeur notamment de s’assurer que le stade de la

procédure auquel interviennent ces acteurs, la direction / le service /

le bureau dont ils relèvent ainsi que leur positionnement hiérarchique

(directeur,…) sont de nature à favoriser une bonne appréciation et

une correcte maîtrise des risques associés au marché.

Une attention toute particulière est également à porter sur les

interactions entre ces différents acteurs (conflits d’intérêts,…).

A titre d’illustrations, l’auditeur examine :

qui intervient dans la définition des besoins ? S’agit-il

uniquement d’experts ou de techniciens ? S’agit-il

uniquement de l’utilisateur final ? Uniquement des membres

de la cellule marchés ?...

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qui intervient dans le choix des prestataires ?...

qui assure l’exécution du marché et son suivi ?

S’agissant de ces interactions, l’auditeur s’assure non seulement de

leur existence mais aussi du contrôle interne associé.

c- Nécessaire adaptation de l’analyse

Afin d’être pertinente, la démarche d’analyse de l’auditeur est à adapter à

chaque cas.

En particulier, l’auditeur doit adapter son questionnement et les critères

de formulation de son diagnostic prioritairement aux dispositions

règlementaires applicables à la structure / entité qui procède à l’achat

dans le cadre duquel s’inscrit le marché mais aussi à l’organisation de

cette structure / entité.

Ainsi, à titre d’illustration, l’auditeur adapte son analyse, et surtout est

susceptible de formuler un diagnostic différent, selon que les instances

sont ou pas obligatoires.

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Fiche 2.2 : «La définition du

besoin»

Les étapes préalables à la consultation revêtent une importance souvent

mésestimée par leurs conséquences par la suite.

1. Eléments introductifs

Le besoin doit être défini avec méthode :

Identification des finalités et des objectifs (recueil de données sur

les besoins des utilisateurs).

Identification du marché fournisseurs et donc de ce qu’offre le

marché au regard des besoins exprimés (avec la possibilité d’une

discussion sur le bilan avantage/coût de certaines expressions de

besoin et spécifications techniques qui en découlent).

Intégration à ce stade des démarches de globalisation des achats

(entre utilisateurs, dans le temps,...).

Description via des spécifications techniques.

Puis intervient la définition des modalités d’acquisition (mode de

dévolution du marché ou de l’accord-cadre, procédure de passation,

durée du marché).

L’auditeur devra s’assurer que, pour le marché contrôlé, la nature et

l’étendue du besoin ont été déterminés avec précision, avec

réalisme, en lien avec l’offre existante, en termes de fonctionnalités

à obtenir.

L’auditeur sera vigilant car les descriptions techniques peuvent

notamment être des freins à la concurrence voire avantager certains

fournisseurs.

Par ailleurs définir le besoin n’est pas dire comment il doit être

satisfait.

Du fait des spécificités de la procédure de dialogue compétitif, cette

fiche ne lui est pas applicable.

2. Risques

La définition du besoin est une exigence en tant que telle et conditionne le choix de la procédure à mettre en œuvre. Les risques associés sont en particulier les suivants :

a- Les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

nullité du marché, spécifications techniques qui induisent une atteinte au principe d’égalité des candidats, délit de favoritisme, erreur dans le choix de la procédure puisque cette dernière se détermine en fonction du montant et des caractéristiques du besoin, risque de requalification d’un achat en prêt illicite de main d’œuvre…

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L’imprécision du besoin peut entraîner l’annulation de la

procédure d’attribution, si cette imprécision ne permet pas aux

candidats de disposer d’informations suffisantes pour élaborer

leurs offres :

Informations inexactes données aux candidats7 :

Absence d’informations sur la durée du marché, que les

candidats doivent fixer eux-mêmes dans leurs offres8 :

L’imprécision peut entraîner la nullité du marché9. Il en est

ainsi lorsque la consistance de l’objet du marché ne peut être

définie avec suffisamment de précision10) ou par exemple

lorsque des prestations sont ajoutées au marché alors qu’elles

n’étaient pas initialement prévues11.

b- Risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et au bon usage

des achats : inadéquation de l’objet du marché et du besoin réel

du fait de sa définition incomplète ou parcellaire, sous-estimation

non fondée du besoin conduisant à un marché

« complémentaire », procédure infructueuse du fait d’une

mauvaise définition de l’objet du marché, engagement de la

responsabilité publique dans le cadre de l’exécution du marché, …

7 CE 12 mars 2012, Dynacité, Société Dalkia France

8 CE 1

er juin 2011 Commune de Saint Benoît.

9 CE 29 décembre 1997 Département de Paris

10 CE 8 mars 1996, Commune de Petit-Bourg

11 CAA Marseille 1

er avril 2003, OPHLM d’Aix-en-Provence

La mauvaise détermination du besoin n’affecte pas, en tant que

telle, la légalité du marché mais elle peut permettre l’engagement

de la responsabilité publique dans le cadre de l’exécution du

marché12: responsabilité de l’administration pour les dépenses

supplémentaires supportées par l’entreprise, en raison des

erreurs graves de l’administration quant à la nature et aux

quantités d’ouvrages à réaliser).

c- Risques de nature à impacter l’efficacité économique et la

maîtrise des coûts : regroupement insuffisant des demandes,

évaluation incomplète car elle n’intègre pas les dépenses induites,

imprécision des besoins altérant les conditions de la mise en

concurrence et menaçant la sécurité du marché.

Toutes ces zones de risques constituent des points d’attention particuliers pour l’auditeur lors de ses contrôles du marché.

3. Articles du code pertinents

Concernant la définition du besoin, les articles de référence du code des marchés publics sont les articles 5 et 6 :

L’article 5 prévoit : « I. - La nature et l'étendue des besoins à satisfaire sont déterminées avec précision avant tout appel à la

12

CE 12 mai 1989 Fougerolles

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concurrence ou toute négociation non précédée d'un appel à la concurrence en prenant en compte des objectifs de développement durable. Le ou les marchés ou accords-cadres conclus par le pouvoir adjudicateur ont pour objet exclusif de répondre à ces besoins. II. - Le pouvoir adjudicateur détermine le niveau auquel les besoins sont évalués. Ce choix ne doit pas avoir pour effet de soustraire des marchés aux règles qui leur sont normalement applicables en vertu du présent code. »

L’article 6 dispose notamment « I. - Les prestations qui font l'objet d'un marché ou d'un accord-cadre sont définies, dans les documents de la consultation, par des spécifications techniques formulées : 1° Soit par référence à des normes ou à d'autres documents équivalents accessibles aux candidats, notamment des agréments techniques ou d'autres référentiels techniques élaborés par les organismes de normalisation ; 2° Soit en termes de performances ou d'exigences fonctionnelles. Celles-ci sont suffisamment précises pour permettre aux candidats de connaître exactement l'objet du marché et au pouvoir adjudicateur d'attribuer le marché. Elles peuvent inclure des caractéristiques environnementales.

Un arrêté du ministre chargé de l'économie précise la nature et le contenu des spécifications techniques.

Pour les marchés passés selon une procédure adaptée, les spécifications techniques peuvent être décrites de manière succincte.

II. - Le pouvoir adjudicateur détermine les prestations qui font l'objet du marché ou de l'accord-cadre qu'il passe : 1° Soit en

utilisant exclusivement l'une ou l'autre des catégories de spécifications techniques mentionnées aux 1° et 2° du I ; 2° Soit en les combinant. (…) ».

4. Documents

Il convient de demander tous les éléments attestant d’une stratégie d’achats qui comprendrait voire porterait sur le marché contrôlé.

Pour une analyse détaillée de ce point, voir les fiches 1.1 à 1.5 (politique et stratégie achats) du guide d’audit de la fonction achats (publication du CHAI - avril 2014).

En outre l’auditeur doit prendre connaissance des comptes rendus des commissions internes préparant l’élaboration des documents administratifs et techniques du marché si elles sont obligatoires. La question reste néanmoins fondée même si ces commissions ne sont pas obligatoires. Les dispositions de l’article 11 du CMP prévoient que « Pour les marchés passés selon les procédures formalisées, l'acte d'engagement et, le cas échéant, les cahiers des charges en sont les pièces constitutives. ». Dans les autres cas, le cahier des charges constitue une obligation.

Les documents fondamentaux à solliciter sont : le cahier des charges (documents généraux : CCAG et documents spécifiques : CCAP, CCTP). Il convient également de solliciter une nomenclature d’appréciation des besoins homogènes si elle existe.

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5. Contrôles à effectuer

Les contrôles à effectuer concernent trois approches

complémentaires du besoin :

a- Les aspects amont à l’identification du besoin en tant que telle :

Le besoin s’inscrit-il dans une stratégie d’achats, qu’elle soit globale, propre au segment ou spécifique au marché ? Il convient donc pour l’auditeur de rapprocher ce qui relève du marché contrôlé des éléments attestant de cette éventuelle stratégie pour s’assurer de leur cohérence.

La définition du besoin est-elle réellement préalable ? Cela est essentiel au regard des principes généraux du droit de la commande publique (liberté d’accès à la commande publique, égalité des candidats et transparence des procédures). Ce point est consacré par le juge13.

L’anticipation du besoin par le pouvoir adjudicateur est-elle suffisante pour lancer, en temps utile, une consultation sans avoir à invoquer, à tort, l’urgence impérieuse pour passer un marché négocié ?14

L’appréhension du besoin est-elle globalisée au niveau adéquat

et n’est-elle par trop limitée ?

13

CE 23 décembre 2009, Etablissement public du Musée et du domaine national de Versailles, req. n°330054 14

CAA Lyon 18 mai 1989, Société Royat Automobiles

Pour la nomenclature d’appréciation de besoin homogène, voir

fiche 32 du présent guide « Analyse du choix de la procédure ».

b- La pertinence de la définition même du besoin :

Le besoin est-il suffisamment défini ? Le juge administratif sanctionne l'insuffisance de définition des besoins (voir arrêt 06DA00353 de la Cour administrative d'appel de Douai du 10 mai 2007 qui invoque « de l'imprudence de la commune qui n'a pas hésité à signer un contrat dont les subtilités des clauses pouvaient être sujettes à interprétation »).

Le besoin est-il réalisable ? Une consultation ne peut être lancée

sur deux projets alternatifs si l’un ne peut pas être réalisé

(notamment, CE avis 6 juillet 1993, EDCE Rapport 1993, p. 375 :

au sujet d’un appel d'offres portant sur deux projets alternatifs de

section d'autoroute, à savoir une variante «aérienne» et une

variante «souterraine» dont, seule, la première avait fait l'objet

d'une déclaration d'utilité publique).

Le besoin exprimé n’est-il pas excessif ? L’acheteur public ne doit pas exiger des prestations qui excèdent manifestement les besoins du service au point qu’aucun candidat ne peut les satisfaire15.

Le besoin n’est-il pas nettement et de façon infondée sous-estimé ?

15

CE 18 novembre 1988, Ministre de l'Intérieur c/ SARL Les voyages Brounais

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c- Régularité de la définition du besoin :

Le besoin, objet du marché, est-il régulier ? Le tribunal administratif de Lyon a annulé la délibération par laquelle le conseil de la communauté urbaine de Lyon avait décidé le réaménagement d’un boulevard et de lancer, à cet effet, une procédure d’appel d’offres ouvert pour la passation des marchés relatifs à ces travaux, car l’aménagement en question était de nature à compromettre la commodité de la circulation au point de faire obstacle à un usage normal de la voie publique concernée16

Le pouvoir adjudicateur ne substitue-t-il pas de façon injustifiée, des spécifications techniques particulières à des normes ou à des documents préétablis ayant fait l’objet par exemple d’un agrément technique européen, ou par exemple encore à des écolabels (écolabel européen : “Copying paper”…) ?

Les spécifications mentionnent-elles une marque, un brevet, un type, une origine ou une production déterminés qui auraient pour finalité ou pour effet de favoriser ou d’écarter certains produits ou productions ?

N’y a-t-il pas de confusion entre les options (demande du pouvoir adjudicateur) et les variantes qui relèvent d’une proposition du candidat ?

Le besoin est-il suffisamment précis ? Car cela conditionne la qualification du marché (contrat susceptible de présenter le

16

TA Lyon 17 septembre 1997, Association pour lutter contre les effets néfastes du

périphérique nord

caractère d’un prêt de main-d’œuvre illicite en cas d’objet insuffisamment défini).

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Fiche 2.3 : «Analyse du

choix de la procédure»

1. Risques

Les risques associés au choix de la procédure sont notamment les suivants :

Les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

délit d’octroi d’avantage injustifié ou délit de favoritisme constitué

même en l’absence de volonté de favoriser un candidat et même

lorsque l’octroi d’un avantage n’a pas eu les conséquences

escomptées sur le choix de l’attributaire, nullité du marché,

irrégularité du fait de l’inadéquation entre la nature et le montant du

besoin et le choix de la procédure, fractionnement infondé du besoin

afin d’échapper aux règles du Code des marchés publics ou non

allotissement injustifié.

Risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et au bon usage des

achats : procédures infructueuses du fait de leur mauvaise

appréhension et maîtrise,…

Risques de nature à impacter l’efficacité économique et la maîtrise

des coûts : choix d’une procédure mal maîtrisée,…

2. Articles du code pertinents

En fonction des montants hors taxe engagés pour l'achat public et de

l'objet du marché, les procédures à respecter sont différentes.

L’article 5 II du CMP précise le niveau de détermination du besoin (voir ci-

après).

Conformément aux directives de l’Union européenne, le CMP établit des

seuils de procédures différents selon que le contrat est conclu dans les

secteurs classiques (art 26 du CMP) ou dans les secteurs des opérateurs

de réseaux (article 144 du CMP). Depuis le décret n°2011-1104 du

14 septembre 2011 relatif à la passation et à l'exécution des marchés

publics de défense ou de sécurité, ces contrats doivent être traités

séparément. L’auditeur sera attentif à se référer au seuil pertinent pour le

marché examiné.

L’article 26 du CMP porte sur la présentation des procédures de passation et sur la définition de seuils de passation

L’article 27 interdit le « saucissonnage », définit les modalités d’estimation du besoin et de calcul du montant du marché

L’article 28 porte sur la procédure adaptée.

L’article 29 porte sur les procédures applicables aux marchés de services.

L’article 30 porte sur les marchés et les accords-cadres ayant pour objet des prestations de services qui ne sont pas mentionnées à l'article 29.

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Au sein des procédures de passation des marchés publics, l’appel d’offres est la procédure de droit commun.

C’est la procédure obligatoire lorsque le contrat dépasse un certain montant, sous réserve de certaines dérogations.

Elle est toujours possible en deçà des montants où elle est obligatoire.

À l’inverse, les autres procédures de passation sont soumises à des conditions (montant du contrat, objet et/ou les circonstances de l’achat…).

3. Points de contrôle

SINCERITE DE L’ESTIMATION DU BESOIN AU REGARD

DU RISQUE DE FRACTIONNEMENT EXCESSIF

L’auditeur doit contrôler que :

L’estimation est sincère et le besoin non abusivement

fractionné dans le but d’échapper aux règles du CMP. Le

découpage doit présenter un avantage pour être justifié. Des

lots donnent lieu chacun à un marché distinct « lorsque cela

présente des « avantages économiques, techniques ou

financiers ».

L’allotissement qui s’impose désormais comme règle de

droit commun est cohérent avec les caractéristiques du

marché.

Pour le traitement détaillé de ce point, voir la fiche 3.4 du

présent guide « l’allotissement ».

CHOIX DE LA PROCEDURE ET CHIFFRAGE DU

MARCHE

L’auditeur doit contrôler les éléments qui ont été pris en compte

dans le chiffrage du marché qui a servi de base au choix de la

procédure.

Article du code pertinent : Article 27 (annexé à la présente fiche)

Une bonne estimation du montant du marché est un point

fondamental du choix de la procédure. Les éléments de

jurisprudence ci-après l’illustrent et peuvent guider l’auditeur

dans ses contrôles et dans la formulation de son appréciation :

Le pouvoir adjudicateur commet un manquement à ses

obligations de publicité et de mise en concurrence en sous-

estimant les quantités du marché lors de la définition du

besoin17.

La sous-estimation du besoin conduit à un fractionnement

irrégulier du marché, le pouvoir adjudicateur ayant lancé, la

17

CE 29 juillet 1998, Commune de Léognan, req. n° 19045

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même année, une procédure d’attribution d’un second

marché ayant le même objet que le premier18.

Rappel : pour le traitement détaillé de ce point, voir la fiche

31 du présent guide « la définition du besoin ».

CHOIX DE LA PROCEDURE AU REGARD DES SEUILS Le choix de la procédure de mise en concurrence repose sur l’estimation

du montant du marché et de son objet distinguée en trois catégories :

marché de travaux : travaux du bâtiment et des constructions civiles (ponts, routes, ports, barrages, infrastructures urbaines….),

marché de fournitures : achat de matériels, de mobilier ou de produits « sur étagères »,

marché de services : services matériels (comme l'entretien des locaux par exemple) ou immatériels (conseil juridique, projet informatique,…).

L’auditeur doit contrôler la compatibilité du choix de la procédure avec

l’objet et le montant du marché.

L’existence de seuils de procédures permet la proportionnalité entre le

degré de contrainte imposé et l’enjeu économique de l’achat. Pour les

consultations engagées ou avis d’appel public à la concurrence envoyés à

18

CAA Paris 22 juin 2004, Commune de Bussy-Saint-Georges

la publication postérieurement au 1er janvier 2014, les seuils des

procédures de passation ont été fixés par le décret n° 2013-1259 du

27 décembre 2013.

Tableau : Seuils en vigueur en 2014-2015 (pour les secteurs classiques)

(montant HT) Marchés sans mise en

concurrence

Procédures adaptées (Mapa)

Procédures formalisées

Marché de travaux (pour tout type d'acheteur)

jusqu'à 14 999 €

de 15 000 € à 5 185 999 €

à partir de 5 186 000 €

Marché de fournitures et de services pour l'État et les EPA nationaux

jusqu'à 14 999 €

de 15 000 € à 133 999 €

à partir de 134 000 €

Marché de fournitures et de services pour les collectivités territoriales et les Épic locaux

jusqu'à 14 999 €

de 15 000 € à 206 999 €

à partir de 207 000 €

Marché de fournitures et de services passés dans le domaine de la défense et de la sécurité

jusqu'à 14 999 €

de 15 000 € à 413 999 €

à partir de 414 000 €

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L’auditeur doit notamment contrôler l’adéquation entre la procédure

choisie et les seuils règlementaires.

A noter que :

Le délit de favoritisme (article 432-14 du code pénal) est

applicable aux marchés sans formalités préalables et aux

marchés à procédure adaptée quel que soit leur montant19.

Le Conseil d’Etat a annulé le décret n°2008-1356 du

19 décembre 2008 «en tant qu’il relève le seuil applicable aux

marchés passés selon la procédure de l’article 28 du code des

marchés publics» qui avait fait passer le seuil de publicité et

de mise en concurrence de 4 000€ à 20 000€ et conduisant

ainsi à un retour au seuil de 4 000 €20. Néanmoins le décret n°

2011-1853 du 9 décembre 2011 modifiant certains seuils du

code des marchés publics a relevé le seuil de dispense de

procédure à 15 000 € HT, tout en garantissant, en dessous de

ce seuil, le respect par l'acheteur public des principes

fondamentaux de la commande publique.

En dessous du seuil à partir duquel le choix de la procédure

est encadré, il convient donc tout autant de s’assurer du

respect des principes fondamentaux de la commande

publique.

19

Cass. crim. 14 février 2007, pourvoi n° 06-81924 20

arrêt Perez du CE du 10 février 2010, req n°329100

La DAJ a établi à ce sujet une fiche technique21 qui précise et explicite les modalités de mise en œuvre de trois règles permettant à l’acheteur public d’effectuer son achat en dessous de ce seuil, en bon gestionnaire dans le respect des principes fondamentaux de la commande publique :

o choisir une offre répondant de manière pertinente au besoin ;

o respecter le principe de bonne utilisation des deniers publics ;

o ne pas contracter systématiquement avec un même prestataire lorsqu’il existe une pluralité d’offres potentielles susceptibles de répondre au besoin

(*) Fiche DAJ relative aux achats de moins de 15 000 €.

NIVEAU D’IDENTIFICATION DU BESOIN Art 5 II. du CMP « - Le pouvoir adjudicateur détermine le niveau auquel les besoins sont évalués. Ce choix ne doit pas avoir pour effet de soustraire des marchés aux règles qui leur sont normalement applicables en vertu du présent code ». L’auditeur doit contrôler que :

La déconcentration est bien seulement utilisée en tant que facilité de gestion de la mise en œuvre des procédures de passation et ne constitue pas un moyen de fractionner les besoins, destiné à permettre l’utilisation d’un régime plus souple de passation.

21

http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/daj/marches_publics/conseil_acheteurs/fiches-techniques/mise-en-oeuvre-procedure/achats-moins-15-000-euros.pdf

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L’appréciation de la nécessité de l’achat et la mise en œuvre concrète de la procédure sont seules déconcentrées. La procédure appliquée est celle qui l’aurait été sans ce fractionnement.

Même si l’évaluation des besoins est effectuée au niveau d’une direction ou d’un service, le contrat destiné à satisfaire ces besoins a été conclu sur appel d’offres dès lors qu’une évaluation au niveau de la personne publique elle-même aurait imposé le respect de cette procédure.

Le fractionnement organique n’est pas argué pour diminuer artificiellement le montant du marché en le «saucissonnant» entre plusieurs prestataires.

UTILISATION DE LA NOMENCLATURE ET PRINCIPE DE

COMPUTATION DES SEUILS La procédure à mettre en œuvre doit être appréciée en regroupant, à l’intérieur d’une même famille homogène de la nomenclature, les produits qui la composent (ou, en l’absence de nomenclature, en additionnant la totalité des fournitures ou services considérés comme homogènes). Les seuils seront appréciés par famille.

L’appréhension du besoin est-elle cohérente avec une

nomenclature d’appréciation de besoins homogènes si elle

existe ?

La nomenclature communautaire de référence applicable aux

marchés publics est fixée par le règlement (CE) n° 2195/2002 du

parlement et du Conseil du 5 novembre 2002 relatif au

vocabulaire commun pour les marchés publics (Common

Procurement Vocabular [CPV]), la liste des codes, ainsi que des

tables de concordance avec d’autres nomenclatures, figurent en

annexe au règlement. Il convient que la référence à la

nomenclature CPV pour exprimer le besoin soit précise. Le juge

contrôle l’utilisation des codes CPV et admet une marge de

manœuvre limitée au bénéfice de l’acheteur public22.

A l’issue de cette analyse, l’auditeur est invité à poursuivre ses

travaux en se reportant notamment à la fiche 70 du présent

guide : « Analyse de la procédure de mise en concurrence et du

choix de l’attributaire ».

Il pourra en particulier examiner la question du choix de la

procédure au regard du risque de pluralité fictive de co-

contractants. L’examen du choix de la procédure ne permet en

effet pas d’auditer ce risque.

22

TA Paris 23 février 2007, Société Clear Channel France, req. n° 0701657, MTP 16 mars 2007, Suppl. TO, p. 20; le juge admet l’usage de codes CPV approchant, dans la mesure de l’absence de codes rassemblant l’ensemble des prestations

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ANNEXE A LA FICHE 3.2 : Article 27

du CMP

« I- Le pouvoir adjudicateur ne peut pas se soustraire à l'application du présent code en scindant ses achats ou en utilisant des modalités de calcul de la valeur estimée des marchés ou accords-cadres autres que celles prévues par le présent article.

II. - Le montant estimé du besoin est déterminé dans les conditions suivantes, quel que soit le nombre d'opérateurs économiques auxquels il est fait appel et quel que soit le nombre de marchés à passer.

1° En ce qui concerne les travaux, sont prises en compte la valeur globale des travaux se rapportant à une opération portant sur un ou plusieurs ouvrages ainsi que la valeur des fournitures nécessaires à leur réalisation que le pouvoir adjudicateur met à disposition des opérateurs.

Il y a opération de travaux lorsque le pouvoir adjudicateur prend la décision de mettre en œuvre, dans une période de temps et un périmètre limités, un ensemble de travaux caractérisé par son unité fonctionnelle, technique ou économique.

2° En ce qui concerne les fournitures et les services, il est procédé à une estimation de la valeur totale des fournitures ou des services qui peuvent être considérés comme homogènes soit en raison de leurs caractéristiques propres, soit parce qu'ils constituent une unité fonctionnelle.

La délimitation d'une catégorie homogène de fournitures ou de services ne doit pas avoir pour effet de soustraire des marchés aux règles qui leur sont normalement applicables en vertu du présent code.

Pour les marchés d'une durée inférieure ou égale à un an, conclus pour répondre à un besoin régulier, la valeur totale mentionnée ci-dessus est celle qui correspond aux besoins d'une année.

III. - Lorsqu'un achat peut être réalisé par lots séparés, est prise en compte la valeur globale estimée de la totalité de ces lots.

Les pouvoirs adjudicateurs peuvent décider de mettre en œuvre soit une procédure commune de mise en concurrence pour l'ensemble des lots, soit une procédure de mise en concurrence propre à chaque lot. Quelle que soit l'option retenue, lorsque la valeur cumulée des lots est égale ou supérieure aux seuils de procédure formalisée définis à l'article 26, la ou les procédures à mettre en œuvre sont les procédures formalisées mentionnées au I de cet article.

Toutefois, même si la valeur totale des lots est égale ou supérieure aux seuils des marchés formalisés, il est possible de recourir à une procédure adaptée :

1° Pour les lots inférieurs à 80 000 Euros HT dans le cas de marchés de fournitures et de services ;

2° Pour les lots inférieurs à 1 000 000 Euros HT dans le cas des marchés de travaux,

à la condition que le montant cumulé de ces lots n'excède pas 20 % de la valeur de la totalité des lots. Dans le cas où un minimum et un maximum sont fixés, les 20 % s'appliquent au montant minimum du marché.

Cette dérogation peut également s'appliquer à des lots déclarés infructueux ou sans suite au terme d'une première procédure ainsi qu'à des lots dont l'exécution est inachevée après résiliation du marché initial

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lorsque ces lots satisfont aux conditions fixées par les trois alinéas précédents.

Cette dérogation ne peut, en revanche, s'appliquer aux accords-cadres et aux marchés qui ne comportent pas de montant minimum.

IV. - Si le pouvoir adjudicateur prévoit des primes au profit des candidats, il prend en compte leur montant pour calculer la valeur estimée du besoin.

V. - Pour les accords-cadres et pour les systèmes d'acquisition dynamique, la valeur à prendre en compte est la valeur maximale estimée de l'ensemble des marchés envisagés pendant la durée totale de l'accord-cadre ou du système d'acquisition dynamique.

VI. - Pour les marchés à bons de commande comportant un maximum, la valeur à prendre en compte correspond à ce maximum. Si le marché ne fixe pas de maximum, sa valeur estimée est réputée excéder les seuils de procédure formalisée définis à l'article 26. »

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Fiche 2.4 : «Description du

marché et de la procédure»

Cette fiche est une approche méthodologique destinée à aider l’auditeur

dans l’organisation de ses travaux pour ce qui concerne l’appréhension du

marché ainsi que l’identification des étapes de la procédure et de son

calendrier.

1. Description du marché et de la

procédure

Il est utile de décrire le contenu du marché et des prestations dans un

document récapitulatif (description littéraire ou tableau) permettant de

bien s’approprier, d’une part le contenu des prestations demandées et les

livrables correspondants et, d’autre part, le découpage de la prestation

(lots, tranches, options …).

En second lieu, l’auditeur est invité à constituer un tableau pour chaque

procédure/marché avec une ligne pour chaque étape et en débutant

l’analyse, a minima, avec la phase de définition du besoin afin de

formaliser la chronologie des opérations.

Il s’agit d’une étape initiale pour les travaux de l’auditeur dans le

contrôle du marché. Ce support accompagnera également l’auditeur

dans l’essentiel de sa démarche pour deux raisons : d’une part il

contribue à structurer ses contrôles et, d’autre part, il lui est

recommandé de l’alimenter et de l’étayer progressivement.

2. Identification et contrôle du calendrier

du marché/de la procédure

Principe de la démarche Cette démarche simple et pragmatique d’identification du calendrier du

marché/de la procédure permet de mettre en exergue la chronologie et

facilite le contrôle des délais, qu’ils soient ou non règlementairement

définis.

Pour les délais et durées qui ne sont pas règlementairement définis

comme par exemple lors de la phase de définition du besoin, c’est la

cohérence de l’ensemble du marché/procédure que l’auditeur est invité à

contrôler.

Il convient également d’examiner non seulement la durée laissée aux

candidats pour répondre mais aussi la période concernée (période

estivale, fêtes de fin d’année, période calendairement courte et

comportant de nombreux jours fériés avec (ou non) des « ponts »…).

De même, il importe d’examiner les durées de dépouillement (ouverture

des offres), les délais de prise de décision et d’attribution du marché et

d’information de l’ensemble des candidats ainsi que les délais entre ces

différentes étapes.

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Enfin, l’auditeur pourra comparer la part des délais imputables aux délais

réglementaires et celle qui est liée aux délais propres à l’organisme. Cet

examen permet souvent de relativiser le poids des premiers.

L’auditeur doit contrôler le calendrier et le cadencement de la

procédure/marché.

Signaux d’alerte (exemples)

Des durées anormalement courtes ou réduites de fait (jours

fériés…) peuvent être le signe qu’un candidat aura été choisi par

avance ou aura été favorisé par une information préalable à sa

publicité portant sur la procédure en elle-même ou son contenu.

Des durées anormalement longues et des reports peuvent être

au contraire le signe de négociations bilatérales avec un seul

candidat.

Des modifications d’offres.

Point de contrôle Même si l’auditeur est le plus souvent conduit à procéder par

recoupement entre différents éléments, à ce stade de prise de

connaissance du marché, le seul point de contrôle concerne l’observation

des délais, qu’ils soient ou non règlementaires.

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Fiche 2.5 : «Analyse du

dossier de consultation des

entreprises»

Le dossier de consultation comporte trois catégories de documents :

Les documents de procédure : principalement, le règlement de la consultation aux mentions obligatoires s’il est établi, les formulaires relatifs aux renseignements et pièces exigibles.

Les documents qui constitueront les pièces du futur marché et qui sont donc des clauses contractuelles :

o Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP)

définissant le besoin, c’est à dire la consistance et la

spécification des prestations,

o Le cahier des clauses administratives particulières (CCAP)

définissant les dispositions administratives propres au

marché,

o L’acte d’engagement, cadre incorporé dans le DCE qui

une fois complété, daté et signé par le candidat au

marché constitue son offre.

Des documents complémentaires pouvant faciliter la compréhension

du dossier (qui peuvent n’être consultables que sur place)…

Son contenu est important car le principe d’égalité conduit à ce que :

L’administration ne peut pas imposer des conditions contraires à celles prévues par les documents de consultation,

Elle ne peut pas fonder sa décision sur des conditions non prévues dans le dossier de consultation.

Surtout c’est lui qui définit le contenu du contrat ce qui a des effets

pendant toute la vie de ce dernier (par exemple son contenu peut être

important pour savoir si l’entreprise peut être rémunérée pour des

travaux supplémentaires dans le cadre d’un marché à prix forfaitaires).

1. Risques

Les risques sont à la fois opérationnels et pénaux :

La mauvaise maîtrise de l’élaboration des documents ou

l’insuffisante précision du DCE peuvent provoquer des motifs

d’annulation de la procédure, une sous-évaluation du coût réel

final ou la non-conformité des réponses aux besoins.

Il peut exister une entrave volontaire à la mise en concurrence

(rédaction orientée du dossier ou du règlement de la

consultation), par l’organisme lui-même (informations privilégiant

certains notamment le titulaire actuel) ou par l’un des futurs

candidats au marché.

Il peut s’avérer nécessaire de vérifier l’application de règles tirées

de réglementations autres que celles des marchés. Ainsi, parce

que le code de la déontologie médicale (décret) interdit au

médecin toute ristourne, le TA d’Amiens a annulé un marché

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hospitalier relatif à des actes d’anatomie et de cytologie

pathologique car le CCTP prévoyait une rémunération sur la base

de la lettre clé « P » assortie d’une ristourne exprimée en

pourcentage de la dite valeur par le candidat23.

2. Articles du code pertinents

Article 6 :définition des spécifications techniques ;

Article 10 : allotissement ;

Articles 11, 12 et 13 : documents constitutifs du marché.

3. Etapes du contrôle

En pratique, on procédera souvent en deux temps en analysant en

premier lieu les clauses qui définissent les conditions de la mise en

concurrence, puis dans un second temps celles qui concernent l’exécution

du marché. Il est toutefois important de « boucler » cette analyse. En

effet, certaines clauses d’exécution peuvent avoir un impact sur la mise

en concurrence si elles favorisent un candidat, en particulier si, après

application des avenants, l’offre moins disante se révèle supérieure à des

offres non retenues lors de la passation du marché.

23

TA Amiens 12/3/98 Lelarge

4. Vérifier les conditions d’élaboration de

ces documents

L’auditeur vérifiera:

qu’ils ont bien été rédigés par la puissance publique ou une

AMOA sans intervention irrégulière d’un ou de futurs

soumissionnaires, (si elle n’est pas en mesure de le faire, il faut

faire appel à un dialogue compétitif),

que certains candidats n’ont pas eu un accès privilégié et

antérieur à la publication,

en cas de renouvellement, que les dispositions techniques du

CCTP ne sont pas le décalque de l’offre du précédent titulaire.

Il n’est pas possible d’écarter par principe un candidat qui a

contribué à la rédaction des pièces contractuelles, il faut pouvoir

justifier que sa participation lui donne un avantage24.

On traite de la même manière toutes les prestations d’assistance

technique.

5. Vérifier le contenu du DCE

Au-delà des principales pièces citées ici le contenu du DCE varie

selon l’objet du marché et la nature de la procédure de

passation ; on pourra se référer à une liste des mentions par

24

CE 1998 Ministère Justice c/ Génicorp

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exemple dans le Moniteur III-327-1. En particulier dans certaines

procédures doit figurer le programme de l’opération.

o Sauf si toutes les informations nécessaires ont été

données dans l’avis d’appel public à la concurrence, un

règlement de la consultation est obligatoire dans toutes

les procédures impliquant une mise en concurrence. Il

ne peut être différent de l’appel public à la concurrence

qu’il peut seulement compléter.

On ne peut se limiter à un renvoi général au CMP (en particulier

pour les critères d’attribution).

De manière générale les documents doivent être exacts, non

ambigus, non contradictoires entre eux, complets, rédigés de

façon claire et normalement compréhensible, précis (en

particulier la durée doit être impérativement définie).

6. Vérifier la mise en œuvre du principe

d’allotissement

L’article 10 du code pose le principe de l’allotissement, le non

allotissement doit être justifié. Par contre ce choix est fait

« librement » ce qui limite le contrôle du juge au contenu des lots

à l’erreur manifeste d’appréciation. La répartition géographique

des prestations est l’indice d’une possibilité d’allotir mais elle ne

rend pas l’allotissement obligatoire.

Les cas de non allotissement prévus par le code sont :

o si l'objet du marché ne permet pas l'identification de

prestations distinctes ;

Sujétions techniques d’un marché de

maintenance d’installation de chauffage même

sur plusieurs sites.

o si le PA estime que :

la dévolution en lots séparés est de nature, dans

le cas particulier, à restreindre la concurrence,

(l’allotissement par zone géographique

conduisant à un seul prestataire possible par

exemple),

elle risque de rendre techniquement difficile ou

financièrement coûteuse l'exécution des

prestations,

il n'est pas en mesure d'assurer par lui-même les

missions d'organisation, de pilotage et de

coordination.

La jurisprudence donne des précisions sur les possibilités de ne

pas allotir :

o Le recours au marché global peut être justifié par de

moindres coûts et par extension par l’économie

budgétaire mais celle-ci doit être « démontrée au

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moment du choix entre les lots séparés et le marché

global »25,

o La limitation du nombre de lots pouvant être attribués à

un même candidat est contraire au CMP (on ne peut la

justifier par la volonté de s’assurer que les candidats

seront en mesure d’exécuter simultanément un nombre

de lots raisonnables26).

Sans que cela soit traité ici il faut noter que certaines dispositions

du CMP dérogent à l’obligation d’allotir :

o Possibilité de réserver des lots à des opérateurs

économiques spécifiques27,

o Marchés ayant pour objet à la fois la construction et

l’exploitation ou la maintenance d’un ouvrage (article 73

du CMP).

o

7. Vérifier le contenu des clauses28

L’auditeur vérifiera :

Que les clauses ne sont pas contraires aux règles des marchés

publics,

25

CE 9/12/2009 Département de l’Eure 26

TA Bordeaux 22/6/2009 Sté Multitec SA 27

(artisans, sociétés coopératives d’artisans, entreprise adaptées, pour les travaux

artistiques artisans d’art) avec un risque juridique au regard du droit européen avec une question préjudicielle en cours 28

Les clauses de prix ne sont pas vues ici elles seront traitées aux fiches 2.7 et 3.9

Qu’elles ne sont pas discriminatoires29

o L’implantation géographique des candidats (cas d’un

marché portant sur l’entretien d’espace verts attribué à

une entreprise qui s’était engagée à créer l’implantation

locale demandée) peut être une condition exécution mais

non un critère d’attribution. Si le marché nécessite la

présence d’une implantation locale, l’entreprise doit la

mettre en œuvre mais celle-ci ne doit pas être préalable

et faire à ce titre l’objet d’un critère d’attribution.

o Des exigences élevées non justifiées par les nécessités du

service ou par l’organisation de la dévolution du marché

qui limiteraient le nombre de candidats potentiels.

En particulier que le contenu technique ne favorise pas un

candidat ou une marque, (ces références doivent être justifiées

par l’objet du marché ou à titre exceptionnel en cas

d’impossibilité de décrire autrement la prestation demandée).

Des CCTP qui écartent un produit susceptible, au regard des normes à

atteindre, de produire le même résultat que le produit particulier que

favorisent ces dispositions sont irréguliers30 Il appartient à

l’administration de justifier que les spécifications techniques figurant

dans le CCTP qui ont pour effet de limiter la concurrence, sont

29

Une clause illégale n’est discriminatoire et donc n’entraine l’irrégularité de la passation que si elle a excerçé une influence sur le choix du cocontractant 30

TA Nancy 20/9/93 Sarl Norit c/ District agglomération nancéienne

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justifiées par les nécessités propres du service public31 En l’espèce : il

est possible d’adopter des caractéristiques supérieures aux normes en

vigueur pour la fourniture d’eau destinée à la consommation

humaine ; par contre restreindre le marché aux seules techniques à

charbon actif au détriment de ceux traités à la vapeur n’est pas justifié

par les nécessités propres du service public.

L’indication d’une spécification technique qui désigne en fait la marque

d’un produit déterminé est une clause discriminatoire tant au plan du

droit national que du droit européen. Ainsi dans un cahier des charges on

ne peut demander à acquérir un système informatique UNIX sans rajouter

la mention « ou équivalent » car ce produit n’est pas normalisé (CJCE

24/1/95) : ce point est sanctionné pour manquement aux obligations

prévues par la directive.

On vérifiera particulièrement qu’il n’y a pas de dispositions de nature à

favoriser le candidat en place

qu’il est fait référence au bon CCAG,

que les dérogations aux CCAG sont bien nécessaires et n’ont pas

pour effet de favoriser une entreprise,

plus largement, que le dossier de consultation permet de

déterminer précisément la nature de la prestation à réaliser et

les besoins réels de la personne publique (notamment en

matière de marché d’études).

31

CE 3/11/95 District agglomération nancéienne

8. Vérifier, s’il y en a eu, la régularité de la

modification du DCE

L’application du principe d’égalité devrait conduire à interdire toute

modification des documents de consultation, toutefois des exceptions

très encadrées existent pour ne pas imposer le déroulement d’une

procédure à partir de documents mal rédigés ou inadaptés à la

satisfaction des besoins. Les marges de manœuvre sont différentes selon

que la modification a lieu avant ou après le dépôt des offres.

A noter : dans ce cas la personne publique peut mettre fin à la procédure.

Modification avant le dépôt des offres

Les modifications du DCE, une fois qu’il est à la disposition des entreprises,

ne doivent pas atteindre à l’objet même du marché ou être

discriminatoires32.

Au fond on ne peut faire une modification qui altère les conditions de

droit ou de fait de la mise en concurrence. Dans le cas des procédures

ouvertes la modification doit faire l’objet d’un appel public à la

concurrence.

Dans une espèce, le juge a ainsi annulé une procédure au motif que la

modification apportée au cahier des charges « présentée postérieurement

au commencement des opérations du concours, a eu pour effet, bien qu’il

ait été précisé que le jury ne ferait pas de l’acceptation des entreprises

32

CE 9/3/60 Massida

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concurrentes, ni une condition de sa décision, ni même un élément

déterminant de son choix, de modifier en fait les conditions initiales du

concours et de porter atteinte à l’égalité des candidats »33.

Les candidats doivent avoir un délai suffisant pour adapter leurs offres. Ce

n’est pas le cas d’une modification portée à la connaissance des candidats la

veille de la remise des offres, au surplus alors que certaines sociétés avaient

déjà remis leurs offres34 ou d’un délai de trois semaines pour un

bouleversement des conditions du marché (desserrement de la contrainte

de quatre ans pour les phases de conception et de réalisation).

S’agissant de la forme le pouvoir adjudicateur doit informer tous les

candidats et leur laisser un délai suffisant pour répondre

Modifications après le dépôt des offres : elles ne peuvent porter sur le

règlement de la consultation et doivent être mineures.

On ne peut modifier le programme après le dépôt des plis ayant déterminé

le choix du candidat car cela rompt l'égalité entre les candidats35

La durée du contrat n’est pas une modification mineure36.

L’appréciation de la modification par la jurisprudence varie en fonction de

la procédure de passation :

Elle est très stricte pour les appels d’offres et les concours,

33

CE 18/12/68 Cie générale des eaux c/ ville de Vannes 34

CE 9/3/97 Min agriculture c/ S. Bull 35

CE 22/4/83 Auffret et autres 36

CE 4 avril 1997 commune de l’ile d’Yeu

Elle l’est moins pour les procédures négociées avec mise en

concurrence où le juge pourra admettre des

« adaptations », non « substantielles », qui doivent

toutefois respecter le principe d’égalité des candidats.

Elle se pose dans des termes différents pour les procédures

de dialogue compétitif.

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Fiche 2.6 : «Analyse de la

procédure de mise en

concurrence et du choix de

l'attributaire»

Les mesures de publicité et de mise en concurrence assurent le respect

des principes rappelés à l'article 1er du code : liberté d'accès à la

commande publique, égalité de traitement des candidats et transparence

des procédures.

La publicité présente une double utilité. Elle permet le libre accès à la

commande publique de l'ensemble des prestataires intéressés en

informant les secteurs économiques concernés du lancement d'une

procédure d'achat. Elle suscite une plus grande diversité des offres, elle

permet d'accroître les chances d'obtenir l'offre économiquement la plus

avantageuse et de garantir un bon usage des deniers publics.

Le choix de l’attributaire doit s’effectuer selon des modalités

transparentes dont la traçabilité et l’objectivité sont de nature à garantir

l’égalité de traitement des candidats et la sécurité juridique de la

procédure suivie.

1. Risques

L’exigence de publicité est mal satisfaite

En raison d'une insuffisance de la publicité destinée à faire connaître

l'intention du service de passer un marché, la concurrence entre les

fournisseurs potentiels ne peut pas jouer. Il s'agit donc de vérifier que

les règles de publicité ont bien eu pour but d'informer clairement les

candidats potentiels de l'objet et des contraintes techniques du

marché et de donner à tous le même délai raisonnable pour formuler

une offre cohérente.

La violation ou la manipulation des règles relatives à la publicité

peuvent cacher des actes de favoritisme.

L’appel public de candidature est vicié

Le défaut d’information ou l’imprécision des mentions figurant dans

l’avis d’appel public à candidature (AAPC) nuit à la bonne information

des candidats potentiels et au respect du principe d’égalité de

traitement.

Les modalités de sélection des candidats portent atteinte au

principe de liberté d’accès à la commande publique et d’égalité

de traitement

Le principe de l’égalité d’accès à la commande publique implique

l’impossibilité d’écarter une candidature, sauf cas particulier

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d’opérateurs économiques placés sous l’effet d’une interdiction de

soumissionner.

La possibilité offerte aux candidats de compléter leur dossier de

candidature doit être mise en œuvre dans le respect de l’égalité de

traitement. Cette possibilité ouverte par le code des marchés publics

n’est pas une obligation imposée à l’acheteur.

L’examen des candidatures doit permettre d’identifier la réelle

pluralité des dossiers présentés (entreprise intervenant sous

plusieurs raisons sociales différentes pour une même

prestation…).

Les modalités d’examen des offres ne garantissent pas le respect

du principe de transparence des procédures et d’égalité de

traitement

Une analyse des offres objective permettant d’obtenir les conditions

économiques et qualitatives les plus favorables repose en amont sur

la définition par l’acheteur de son besoin sur la base d’une bonne

connaissance du secteur d’activité et des exigences proportionnées

au besoin, afin de susciter une mise en concurrence optimale et de

limiter le coût des procédures.

Les modalités de choix de l’attributaire ne satisfont pas aux

règles en vigueur

La procédure irrégulière, qui viserait à choisir un candidat qui ne

satisferait pas aux obligations requises, peut constituer un acte de

favoritisme vis-à-vis du candidat retenu.

Les modalités de l’information sur l’attribution et notamment

celle des candidats évincés ne satisfont pas aux règles en vigueur

Une information non conforme peut cacher une attribution

irrégulière.

2. Articles du code pertinents

Article 39 : avis de pré-information ;

Article 40 : organisation de la publicité ;

Article 52 : sélection des candidatures ;

Article 53 : attribution des marchés ;

Article 57 : procédure d’appel d’offre ouvert ;

Article 60 II : délai de remise des candidatures (AOR) ;

Article 62 II -III : délai de remise des offres en appel d’offre

restreint ;

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Article 65 II : délai de remise des candidatures (procédure

négociée) ;

Articles 80 et 83 : information des candidats évincés ;

Article 81 : notification du marché ;

Article 85 : publication de l’avis d’attribution ;

Guide de bonnes pratiques en matière de marchés publics du 24

septembre 2014 sur lequel la présente fiche s’appuie.

3. Etapes de l’audit

Vérification de la conformité à l’exigence de

publicité

Les éléments ci-après doivent être vérifiés :

Si le délai de remise des offres a été réduit : publication d'un avis

de pré-information conforme au modèle européen lorsque

l’acheteur public veut réduire le délai de remise des offres pour

les cas d’appel d’offre ouvert et d’appel d’offre restreint à partir

du seuil de 750 000 euros HT pour les fournitures et les services et

de 5 186 000 euros HT pour les travaux (art. 39 du CMP). Tout

raccourcissement des délais de remise des offres en l’absence

d’avis de pré-information est irrégulier.

La réduction du délai minimal suppose, outre la publication d’un

avis de pré information, le respect de deux autres conditions (art.

57 – appel d’offre ouvert - et 62 II – appel d’offre restreint - du

CMP) :

o publication de cet avis cinquante-deux jours au moins et

douze mois au plus avant la date d'envoi de l'avis d'appel

public à la concurrence,

o diffusion dans cet avis des mêmes renseignements que

ceux qui figurent dans l'avis d'appel public à la

concurrence (AAPC), pour autant que ces renseignements

soient disponibles au moment de l'envoi de l'avis de pré-

information.

Respect des règles obligatoires de publicité au BOAMP, au JOUE

et sur le profil acheteur du pouvoir adjudicateur (site

dématérialisé auquel il a recours pour ses achats). Des publicités

complémentaires facultatives (presse quotidienne régionale,

presse spécialisée…) sont possibles. Se reporter au tableau

synthétique de la DAJ :

o Publicité de la modification des dates limites de remise des

candidatures.

Absence de divulgation d'informations non contenues dans

l'appel d'offres à destination d'un candidat privilégié.

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Vérification de la conformité de l’appel public de

candidature

Le contenu de l’avis d’appel public de candidature (AAPC) doit

faire l’objet d’un examen attentif :

Vérification que les avis publiés au JOUE et au BOAMP ont un

contenu identique et que la publication au BOAMP n’est pas

intervenue avant l’envoi à l’Office de publication de l’Union

européenne. Les risques relatifs à ces deux points sont toutefois

très restreints en pratique compte tenu du système de

transmission automatique mis en place par les services du

BOAMP.

Vérification du correct renseignement des rubriques du modèle

d’avis : les omissions, erreurs ou ambiguïtés dans le

renseignement des rubriques sont autant d’occasions pour les

candidats évincés de demander l’annulation de la procédure. Ils

ne peuvent, cependant, utilement invoquer devant le juge des

référés précontractuel et contractuel que des manquements qui,

eu égard à leur portée et au stade de la procédure auquel ils se

rapportent, sont susceptibles de les avoir lésés ou risquent de les

léser37.

Formulaires européens : se reporter à la fiche de conseils aux

utilisateurs de la DAJ :

o En particulier, le correct renseignement de l’avis doit

permettre de couvrir tant les risques susceptibles d’emporter

37

CE Sect., 3 octobre 2008, Smirgeomes, n° 305420

une annulation de procédure que les risques susceptibles

d’être qualifiés pénalement :

o S’agissant des risques portant sur la procédure :

Définition du type d'AAPC : l'avis doit préciser

s’il s’agit d’une procédure ouverte, restreinte,

restreinte accélérée, négociée, négociée

accélérée, de dialogue compétitif ;

Renseignement de la rubrique relative aux

accords-cadres dans le cas de marchés à bons

de commande (art. 77 du CMP) dès lors que

ceux-ci sont des accords-cadres au sens

communautaire ;

Information selon laquelle le marché est ou

non couvert par l’accord sur les marchés

publics (AMP) conclu dans le cadre de l’OMC ;

Mention de la quantité ou de l’étendue

globale du marché, y compris en cas d’accord-

cadre ou de marché à bons de commande

sans minimum ni maximum. Dans ce cas, les

quantités à fournir ou des éléments

permettant d’apprécier l’étendue du marché

doivent être précisés à titre indicatif et

prévisionnel ;

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o S’agissant des risques susceptibles d’être qualifiés

pénalement et qui demandent un examen attentif par

les auditeurs :

Description exacte et précise de l’objet du

marché. Le Conseil d’Etat a jugé que la

Chambre de commerce et d’industrie de

Calais a méconnu les obligations de publicité

auxquelles était soumise la passation d’un

marché de travaux dès lors qu’est avérée

l'imprécision de la description de l'objet du

marché dans deux avis adressés à des

journaux d’annonce légale même si l'avis

envoyé au BOAMP comporte des mentions

suffisantes38;

Liste des justifications à produire sur les

qualités et sur les capacités des candidats, les

habilitations et les certificats de qualité. A

titre d’exemple, le Conseil d’Etat a jugé qu’en

annulant la procédure de passation d’un

marché au motif que les avis d'appel public à

la concurrence ne comportaient pas l'énoncé

de pièces figurant à l'article 1er de l'arrêté du

26 février 2004 à partir desquelles la

Communauté urbaine de Lyon entendait

contrôler les garanties financières des

entreprises, le juge des référés n'a pas

38

CE, 29 juin 2005, CCI de Calais, n°266631

commis d'erreur de droit. L'avis de marché

doit en effet énoncer les documents ou

renseignements, à partir desquels le pouvoir

adjudicateur entend contrôler les garanties

professionnelles, techniques et financières

des candidats39.

Vérification, le cas échéant, de la bonne justification du

recours à la procédure d’urgence (urgence simple) qui

autorise le raccourcissement :

o du délai minimum de réception des candidatures pour

l’appel d’offres restreint (art. 60 II du CMP) et la

procédure négociée (65 II du CMP),

o du délai minimum de réception des offres pour la

procédure d’appel d’offres restreint (article 62-III du

CMP).

Les acheteurs publics doivent être en mesure de motiver le

caractère objectif de l’urgence, ainsi que l’impossibilité de respecter

les délais réglementaires. Ces raisons ne peuvent résulter de leur

fait, et, en particulier, de la carence de leurs services dans la gestion

de la procédure de passation du marché. Ainsi le Conseil d’Etat a

jugé que l’urgence invoquée par le département d’Ille et Vilaine

dans un contentieux relatif à la passation de marché de travaux

n’était pas recevable. Ce dernier a, par la voie d'un avis d'appel

d'offres publié le 28 juin 1991, lancé une procédure d'appel d'offres

ouvert en vue de travaux de réfection de la chaufferie d’un collège

39

CE, 26 mars 2008, communauté urbaine de Lyon, n° 303779

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avec recours à l'urgence en raison de la proximité de la date de la

rentrée scolaire, le délai de réception des offres étant fixé au 15

juillet 1991, soit 17 jours plus tard. Le Conseil d’Etat a jugé que le

retard apporté à l'engagement de la procédure d'appel d'offres,

alors que les travaux étaient programmés dès le mois de janvier

1991, n’était pas imputable à une cause ne résultant pas du fait du

département40.

En cas d’erreur affectant un avis d’appel public à la concurrence,

l’acheteur public peut publier un avis rectificatif. Toutefois, si cette

rectification apporte une modification substantielle au marché, il est

nécessaire de reporter la date limite de dépôt des candidatures, pour

respecter à nouveau le délai minimum fixé par le code.

Distinctions des phases d’examen des candidatures

et des offres

L’examen de la recevabilité des candidatures est obligatoire en

procédure formalisée, comme en procédure adaptée (art. 52 du

CMP). Elle doit précéder l’examen des offres. Les offres ne

peuvent donc être jugées sur des critères qui relèvent de

l’appréciation des capacités des candidats.

Il ne faut pas sous estimer cette phase dans les travaux d’audit en

effet il est bien moins visible et plus facile d’éliminer un candidat

« dont on ne veut pas » lors de cette phase.

40

CE, 4 avril 1997, département d’Ille et Vilaines

Vérification du respect des principes du libre accès

à la commande publique et d’égalité de traitement

lors de l’examen des candidatures

NB : La procédure est distincte selon le type d’appel d’offre ouvert

ou restreint (AOO ou AOR) :

AOO : il s’agit d’éliminer les candidatures dont les capacités sont

jugées insuffisantes,

AOR : l’acheteur ne retient, après classement, que les meilleurs

candidats parmi ceux qui ont les niveaux de capacités requis, le

nombre de candidats admis à présenter une offre étant limité.

S’agissant de l’examen des candidatures, le principe est que tout

opérateur économique peut se porter candidat. Le rejet d’une

candidature doit donc être justifié. L’auditeur devra donc s’attacher à

vérifier les points suivants :

Les candidatures jugées irrecevables le sont pour des raisons

objectives et étayées :

o La candidature d’un opérateur économique ne peut être

écartée, par principe, du seul fait qu’il a participé, sous

quelque forme que ce soit, à la préparation d’un marché

public. Dans le cadre d’un litige opposant la société

Fabricom à l’Etat belge, la CJCE a jugé que les

réglementations visant à rejeter par principe la remise

d’une offre pour un marché public de travaux, fournitures

ou services par une personne qui a été chargée de la

recherche, de l’expérimentation, de l’étude ou du

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développement de ces travaux, fournitures ou services

sont contraires à la réglementation européenne. En effet

il convient de laisser à cette personne la possibilité de

faire la preuve que, dans les circonstances de l’espèce,

l’expérience acquise par elle n’a pu fausser la

concurrence41). Si la collaboration préalable d’une

entreprise lui a permis de recueillir des informations

susceptibles de l’avantager par rapport aux autres

candidats, l’acheteur public doit supprimer la différence

de situation des entreprises en communiquant ces

informations à tous les candidats.

o De même, un acheteur public ne peut interdire, par

principe, à des entreprises entre lesquelles il existe un

rapport de contrôle ou qui sont liées entre elles de

soumissionner concurremment à l’attribution d’un même

marché. Dans le cadre d’un litige opposant la société

Assitur et la chambre de commerce, d’industrie,

d’artisanat et d’agriculture de Milan, la CJCE s’est

prononcée sur une demande de décision préjudicielle

relative à l’interprétation de la réglementation

communautaire en matière de marchés publics et à la

compatibilité avec une réglementation nationale

interdisant la participation à une même procédure

d’attribution de marché, de manière séparée et

concurrente, de sociétés entre lesquelles existe un

rapport de contrôle ou lorsque l’une d’elles exerce sur les

autres une influence importante. La CJCE a jugé qu’il

41

CJCE, 3 mars 2005, Fabricom SA, aff. C-21/03

serait contraire à une application efficace du droit

communautaire d’exclure systématiquement les

entreprises liées entre elles du droit de participer à une

même procédure de passation de marché public. Il

appartient en effet au pouvoir adjudicateur d’apprécier

dans les faits si ce rapport de contrôle a eu une influence

sur le contenu respectif des offres. Une exclusion de fait

réduirait en effet considérablement la concurrence au

niveau communautaire. Au cas particulier, trois

entreprises s’étaient portées candidates, l’une des trois

possédant la totalité du capital de l’une des deux autres42.

Les interdictions de soumissionner peuvent résulter de

condamnations pénales, de la situation personnelle de

l’entreprise ou de la violation de ses obligations fiscales et

sociales.

L'article 43 du code des marchés publics renvoie à l'article 38 de

l'ordonnance du 6 juin 2005 relative aux marchés passés par

certaines personnes publiques ou privées non soumises au code

des marchés publics qui, lui-même, renvoie à l'article 8 de cette

même ordonnance. Une interdiction de soumissionner peut être

prononcée par le juge dans les cas :

o De condamnations pour participation à une organisation

criminelle, pratique de corruption, de fraude ou de

blanchiment de capitaux, mais également à des cas de

faute professionnelle ou de fausse déclaration,

42

CJCE, 19 mai 2009, Assitur Srl c. Camera di Commercio, Industria, Artigianato e

Agricoltura di Milano, aff. C-538/07

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64

o d’une mesure d’exclusion des contrats administratifs,

ordonnée par le préfet, en application de l’article L. 8272-

4 du code du travail (dans le cas d’un constat

d’irrégularité en matière de travail dissimulé, de

marchandage, de prêt illicite de main-d’œuvre ou

d’emploi d’étranger sans titre de travail, par exemple),

o d’impossibilité pour un candidat de déclarer sur l’honneur

qu’il est à jour de ses obligations sociales et fiscales,

o de l’état de liquidation judiciaire ou de faillite personnelle

qui exclut l’entreprise de la participation à la procédure

de marché public. L’admission au redressement judiciaire

d’une entreprise ne permet pas le rejet de sa candidature

dès lors que le juge l’a habilitée à poursuivre son activité

durant la durée de l’exécution du marché.

Si l’acheteur, conformément à la faculté offerte par le code des

marchés publics (art. 52) propose à un candidat, en cas de pièces

absentes ou incomplètes, de compléter son dossier pour ce qui

concerne sa candidature, il en informe les autres candidats qui se

voient ouvrir une même possibilité de complément dans un

même délai qui ne peut excéder 10 jours. Cette faculté favorise la

concurrence en permettant plus de candidatures.

L’acheteur doit vérifier les garanties professionnelles, techniques

et financières du candidat tout en respectant l’obligation

d’allègement des charges administratives pesant sur les

candidats :

o Cette vérification s’effectue au vu des documents ou

renseignements demandés dans les avis d’appel public à

la concurrence ou, en l’absence d’un tel avis, dans le

règlement de consultation. Il ne peut être exigé des

candidats que les pièces mentionnées par l’arrêté du

28 août 2006 fixant la liste des renseignements et des

documents pouvant être demandés aux candidats aux

marchés passés par les pouvoirs adjudicateurs

o L’acheteur ne doit demander que des renseignements

objectivement nécessaires à l’objet du marché et à la

nature des prestations à réaliser, permettant d’évaluer

l’expérience, les capacités professionnelles, techniques et

financières, ainsi que des documents relatifs aux pouvoirs

des personnes habilitées à engager l’entreprise.

Dans un contentieux concernant la commune de Brunoy, le

juge estime ainsi que les conditions d’exécution d’un marché,

dont la durée est limitée à six mois et qui porte sur des

prestations courantes, n’impliquent pas la nécessité de

justifier d’un chiffre d’affaires, sur trois années consécutives,

égal à vingt-quatre fois le seuil minimal du marché et à six fois

son seuil maximal. En imposant un tel niveau de capacité

financière aux candidats au marché, alors qu’il n’a fourni

aucun élément établissant que cette exigence était rendue

nécessaire par l’objet du marché et la nature des prestations

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65

à réaliser, l’acheteur a méconnu les obligations de mise en

concurrence43.

Si des niveaux minimaux de capacité ont été définis dans

l’AAPC, l’acheteur doit éliminer toute candidature qui

n’atteint pas ces niveaux.

Vérification de la réalité de la pluralité des

candidats

L’auditeur doit être vigilant pour identifier une pluralité fictive de co-

contractants (prête-nom, sociétés fictives, sociétés différentes mais

dirigées par les mêmes personnes…) :

Information pénale ouverte au motif que «des études auraient

été exécutées par les mêmes personnes sous des raisons sociales

différentes pour éviter les contraintes du Code des marchés

publics»44..

Affranchissement irrégulier des différents seuils et soustraction à

l’obligation de mise en concurrence imposée par le Code des

marchés publics par une répartition volontaire des montants

entre différentes entreprises dont certaines n’étaient en réalité

que :

43

CAA Versailles, 25 mai 2010, commune de Brunoy, n° 08VE02066 44

CAA Marseille 28 mai 2004, M Christian X. req n°00MA01911

o la façade d’un même prestataire45,

o des prête-noms pour le véritable fournisseur ou

entrepreneur46 .

Vérification des modalités d’examen des offres et

de leur adéquation avec les principes de

transparence des procédures et d’égalité de

traitement

Pour l’Etat, ses établissements publics et les établissements publics de

santé, sociaux et médico-sociaux, l’obligation de constituer des

commissions d’appel d’offres a été supprimée par le décret n° 2008-1355

du 19 décembre 2008 relatif à la mise en œuvre du plan de relance

économique dans les marchés publics. Le code laisse donc une totale

liberté aux personnes publiques concernées pour mettre en place

l’organisation de nature à optimiser l’efficacité de leurs achats. L’acheteur

public peut choisir d’instaurer une instance consultative collégiale. Il est

libre de décider de la composition de cette commission, en fonction de

ses besoins et des caractéristiques du marché.

L’auditeur s’attachera à vérifier les points suivants :

L’acheteur s’est organisé pour analyser les offres de manière à ne

pas laisser place au doute quant à son objectivité :

45

Cour de discipline budgétaire et financière 11 et 12 décembre 1991, MP novembre 1992, n°269 46

CDBF 22 mai 1990

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66

o une procédure d’ouverture des plis a été définie et a été

formalisée,

o la durée d’analyse des offres n’est pas anormalement

longue,

o L’analyse des offres est faite de manière collégiale et

implique des personnes de services différents,

o La séparation totale entre une phase « technique » et une

phase « administrative » est souvent un indice négatif.

Les critères choisis, ainsi que les sous-critères, doivent toujours

être objectifs, opérationnels et liés à l’objet du marché.

L’acheteur public peut librement choisir les critères de sélection

des offres : les critères énumérés à l’article 53 du CMP ne sont pas

limitatifs. Ces critères doivent :

o avoir été rendus publics dans l’avis d’appel public à la

concurrence ou dans les documents de la consultation,

o ne pas être discriminatoires, mais liés à l’objet du marché,

o être suffisamment précis pour ne pas laisser une liberté

de choix discrétionnaire au pouvoir adjudicateur.

Les modalités d’application des critères de jugement des offres et leur pondération doivent être conformes à l’AAPC ou au

règlement de la consultation. Les critères de sélection des offres ne peuvent être modifiés après le dépôt des offres des candidats.

La qualité et la cohérence des motifs invoqués pour éliminer des

offres doivent garantir la sécurité juridique de la procédure de

sélection. L’auditeur doit examiner avec attention le dossier

d’analyse des offres.

o Il regardera le cas échéant la manière dont une offre

anormalement basse aura été traitée (opportunité pour

l’administration ou suspicion d’une offre émanant d’une

entreprise non pérenne ou en difficulté),

o Il s’attachera à vérifier que le prestataire retenu pour un

même type de marché n’est pas toujours le même :

Montant

des

marchés

sur les 5

dernières

années

Répartition des achats

par catégorie de produits

et nombre de marchés

concernés

Répartition des

achats par

entreprises

Répartition des

montants des

marchés par

service de

l'organisme

considéré

matériel informatique

- - en €

- nombre de marchés

Indice de

concentration

sur 1

entreprise ? sur

3 entreprises ?

service technique

service général

autre

matériel bureau

- - en €

- nombre de marchés

Idem Idem

matériel technique

- - en €

- nombre de marchés

Idem Idem

matériel consommable

- - en €

- nbre de marchés

Idem

Idem

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67

Examen du respect des obligations de vérification

de la régularité des obligations fiscales et sociales

de l’attributaire Le candidat auquel il est envisagé d’attribuer le marché doit produire des

preuves de la régularité de sa situation au regard de ses obligations

sociales et fiscales. A cette fin, il doit produire des attestations et

certificats délivrés par les administrations compétentes. Le défaut de

présentation de ces documents par le candidat rend obligatoire le rejet de

son offre.

L’auditeur s’attachera à vérifier les points suivants :

Fourniture par le candidat des justificatifs nécessaires avant

l’attribution du marché et en cours d’exécution. A défaut si son

cocontractant s’avère avoir recours au travail dissimulé, le

donneur d’ordre sera reconnu solidairement responsable des

sommes dues par le contrevenant, en application de l’article

L. 8222-2 du code du travail.

Remise par le candidat, avant la notification du marché et tous les

six mois durant l’exécution de ce marché, de la liste nominative

(cf. articles D. 8254-2 à D. 8254-5 du code du travail) des salariés

étrangers qu’il emploie et soumis à l’autorisation de travail

mentionnée aux articles L. 5221-2, 3 et 11 du code du travail.

Le contrôle de ces dispositifs revêt une particulière importance. En cas

d’infraction commise par son cocontractant à la réglementation relative à

l’emploi d’étrangers, l’acheteur est solidairement sanctionné, s’il n’a pas

procédé aux vérifications exigées (cf. fiche DAJ « Marchés publics et

dispositifs de lutte contre le travail dissimulé »).

Examen des modalités d’information notamment

des candidats évincés

Information des candidats évincés

Le code des marchés publics prévoit deux types d’information :

l’information immédiate des candidats, dès que l’acheteur public

a fait son choix sur une candidature ou une offre (art. 80) ;

l’information à la demande des entreprises ayant participé à la

consultation (art. 83).

L’information immédiate des candidats s’effectue :

o Au stade de l’examen des candidatures

o Au stade de la sélection des offres : cette information

n’intervient qu’après que le candidat auquel il est

envisagé d’attribuer le marché a produit les attestations

fiscales et sociales mentionnées à l’article 46 du code,

o L’auditeur s’attachera à vérifier que cette information est

systématiquement effectuée et est motivée.

L’acheteur public est tenu de communiquer à tout candidat qui en

fait la demande par écrit les motifs du rejet de sa candidature ou

de son offre, dans un délai de quinze jours à compter de la

réception de cette demande.

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68

o L’auditeur s’attachera à vérifier que cette information est

systématiquement effectuée et est motivée.

Achèvement de la procédure : information de l’attributaire

Vérification du respect de l’obligation de notification : un marché

doit être notifié au titulaire du marché, avant tout

commencement d’exécution (art. 81). La notification consiste en

un envoi d'une copie du marché ou de l'accord-cadre signé au

titulaire. C’est à compter de la date de notification au titulaire,

que le contrat commence à produire ses effets juridiques.

L’acheteur a donc tout intérêt à connaître de manière certaine la

date de réception de la notification par le titulaire du contrat, par

exemple par envoi en recommandé avec accusé de réception. Le

titulaire doit attendre d’avoir reçu la notification, avant de

commencer à exécuter le contrat, faute de quoi les prestations

exécutées n’auront aucune base juridique et leur paiement

pourra être refusé.

Vérification du respect de l’obligation de publication d'un avis

d'attribution pour les marchés et les accords-cadres donnant lieu

à une procédure formalisée (art. 85 du CMP). Le pouvoir

adjudicateur doit publier l'avis d'attribution dans un délai

maximal de quarante-huit jours à compter de la notification du

marché, dans les mêmes conditions et en utilisant les mêmes

moyens publicitaires que ceux utilisés lors de l'avis d'appel public

à la concurrence. La publication de cet avis fait courir les délais de

recours.

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Fiche 2.6.1 : « Analyse de la

passation d’un appel

d’offres ouvert »

La présente fiche couvre la phase allant de la réception et de

l’enregistrement des plis au classement des offres et au choix de l’offre

économiquement la plus avantageuse (cf. fiche déroulement des

procédures DAJ). On traitera ici des spécificités de la passation de l’AOO

et on renverra éventuellement pour certaines étapes du contrôle à des

fiches plus générales.

1. Risques

Les risques principaux peuvent être présentés aux différentes étapes de la

procédure.

Lors de la phase de réception et d’enregistrement des plis les risques

sont principalement :

Des procédures de réception défectueuses permettant la remise

tardive d’une offre ;

Des procédures d’enregistrement n’assurant pas que

l’impossibilité de modifier les offres déposées est effective ;

Un dépassement des possibilités de régularisation des dossiers de

candidature permises par les articles 58-I et 52-I.

Lors de la phase d’examen des candidatures le risque majeur est celui

d’une élimination irrégulière, celui-ci est particulièrement notable, car

l’élimination est alors moins visible qu’au moment du choix des offres. S’y

ajoute un risque de non information des candidats non retenus.

Lors de la phase d’examen des offres le risque principal est celui

d’élimination(s) irrégulière(s) liées à un traitement inégal des candidats ou

à la volonté de favoriser l’un d’entre eux. Il se décline comme suit :

Offre irrégulièrement déclarée inappropriée, irrégulière ou

inacceptable ;

De ce fait déclaration sans suite ou d’infructuosité irrégulière en

particulier quand la suite est le recours à une procédure négociée

et non à un nouvel appel d’offres ;

Irrégularités dans l’analyse des offres et en particulier

comportement allant au-delà des possibilités de préciser et de

compléter la teneur d’une offre, (la négociation est interdite) ;

Irrégularité dans le classement des offres.

2. Articles du code pertinents et autres

textes

Articles 57 à 59 ;

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3. Etapes du contrôle

Pour cadrer les travaux d’audit il est recommandé d’établir un tableau

recensant les sociétés qui ont retiré un cahier des charges, celles qui ont

déposé une candidature, et celles dont l’offre a été examinée.

Vérification de la réception des offres Il convient de vérifier qu’une procédure de réception est mise en place

fiable et traçable. La dématérialisation déporte le contrôle interne vers la

plateforme et limite les possibilités d’investigation à la revue des

documents qui en sont issus et/ou à l’examen du site.

Vérification de l’enregistrement des plis Il convient de vérifier qu’une procédure d’enregistrement des plis est

mise en place, fiable et traçable. La dématérialisation déporte le contrôle

interne vers la plateforme et limite les possibilités d’investigation à la

revue des documents qui en sont issus et/ou à l’examen du site.

Vérification du traitement des candidatures A ce stade le PA peut évaluer l’expérience, les capacités professionnelles,

techniques et financières et les documents relatifs aux pouvoirs des

personnes habilitées à engager les soumissionnaires.

Cet examen est encadré et l’auditeur doit vérifier le respect de cet

encadrement (cf. fiche n° 3.5) :

Le PA ne peut utiliser d’autres renseignements que ceux listés par

l’arrêté du 28 aout 2006 ;

Si le PA a fixé et publié dans l’AAPC des niveaux minimaux de

capacité, il doit éliminer les candidatures qui ne les atteignent

pas ;

S’il n’en a pas fixé, il doit éliminer les candidats qui ne disposent

manifestement pas de ces capacités.

Vérification de l’information des candidats rejetés Il est important de le vérifier car cela conditionne les capacités de

contentieux des candidats et donc un élément de contrôle externe

du système. (cf. fiche n° 3.11)

Vérification de l’examen des offres Le contrôle portera sur :

Les critères de jugement des offres (cf. fiche n° 3.3) ; en

particulier, les critères de sélection des candidatures doivent

être différents des critères de sélection des offres : un critère

utilisé pour l’appréciation des candidatures ne peut être

« réutilisé » pour celle des offres (cf. fiche 3.8) ;

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71

La régularité de la déclaration d’offres irrégulières,

inacceptables ou inappropriées (cf. fiche 3.7) ;

Le traitement des offres anormalement basses (cf. fiche 3.9) ;

La régularité d’une éventuelle déclaration sans suite ou

d’infructuosité (cf. fiche 3.11).

Vérification de la mise en œuvre de la suite de la

procédure

Mise au point éventuelle du marché ;

Attribution du marché ;

Information des candidats dont l’offre n’a pas été retenue ;

Signature du marché à l’issue du délai de suspension.

4. Document à utiliser

Pour ces travaux il est absolument nécessaire de ne pas se limiter au

rapport de présentation, en effet celui-ci est souvent un document ad

hoc, rédigé a minima et ne permettant pas de comprendre ce qui s’est

passé. Il est donc indispensable d’obtenir tous les documents retraçant les

travaux et rendant compte des différentes étapes de choix de manière

détaillée.

Il est aussi très utile de ne pas procéder uniquement par un examen des

pièces. Des entretiens avec les personnes ayant contribué à la procédure

(dès l’amont) sont pertinents. Ils permettent de repérer les documents

intermédiaires produits (et de les obtenir), de demander les courriers

électroniques et autres supports informatiques utilisés et d’obtenir

éventuellement d’utiles explications complémentaires.

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Fiche 2.6.2 : «Analyse de la

passation d’un marché à

procédure adaptée

(MAPA)»

En dessous des seuils des procédures formalisées, l’acheteur peut

organiser la passation du marché comme il le souhaite tout en respectant

les principes constitutionnels de la commande publique (liberté d’accès,

d’égalité de traitement, transparence des procédures). On parle alors de

marché à procédure adaptée (MAPA) dont la procédure de passation est

adaptée à la nature et aux caractéristiques du besoin à satisfaire, au

nombre ou à la localisation des opérateurs économiques susceptibles d’y

répondre ainsi qu’au contexte de l’achat.

1. Risques

Si ce principe donne une grande liberté à l’acheteur en lui permettant

d’adapter la publicité et la mise en concurrence, il doit être mis en œuvre

de façon graduée et réfléchie en cherchant à maîtriser les risques

associés, d’enjeux variables selon le montant et le domaine des achats.

La procédure choisie conduit à ne pas respecter les

principes de la commande publique

Risque de « saucissonnage » des achats pour permettre le recours à la

procédure adaptée et éviter les procédures formalisées (article 27-I du

CMP).

Risque de favoritisme pour réaliser les achats auprès d’un fournisseur ou

prestataire donné.

La procédure retenue n’est pas adaptée à l’achat

effectué

Risque d’une procédure non suffisamment adaptée à chaque achat

(montant et domaine) :

trop de formalisme pouvant rendre l’achat coûteux (perte

de temps, frein à l’accès le plus large des entreprises dont

les petites et moyennes entreprises) ;

peu de formalisme pouvant rendre l’achat douteux (mise

en cause des principes généraux de la commande

publique).

La procédure appliquée n’est pas traçable

Risque de ne pouvoir justifier des achats réalisés, notamment à l’occasion

d’un contentieux.

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Risque de ne pouvoir s’assurer du bien-fondé de la fourniture, du service

ou des travaux achetés en l’absence de cahier des charges.

2. Règlementation et textes généraux de

référence

Code des marchés publics :

o article 26-II et III, article 27-III : conditions de recours aux

MAPA,

o article 28 : marchés à procédure adaptée,

o article 30 : marchés à procédure adaptée de services.

circulaire du 26 septembre 2014 relative au guide de bonnes

pratiques en matière de marchés publics (points 10.3 et 10.4).

Fiche technique de la DAJ Bercy « Les marchés à procédure

adaptée – article 28 du CMP », disponible sur

http://www.economie.gouv.fr/daj/conseils-aux-acheteurs

Nb : la fiche DAJ recense l’ensemble des articles du code des marchés

public applicables expressément ou non aux MAPA ainsi que les articles

expressément non applicables.

3. Etapes de l’audit

Vérification du bien-fondé du recours à un marché

à procédure adaptée

Il faut vérifier si la procédure adaptée est justifiée soit en raison du

montant de l’achat (3.1.1), soit en raison de son objet (3.1.2). Ces

conditions ne sont pas cumulatives.

Les montants d’achat permettant une procédure adaptée

L’auditeur vérifiera que le montant des achats permet le recours à la

procédure adaptée. Les modalités de calcul du montant estimé du marché

sont prévues à l’article 27 (voir fiche 12 du présent guide).

Cas 1 : seuil national (article 28-III)

< 15 000 € HT Tous domaines

Cas 2 : seuils communautaires évoluant tous les deux ans (* au 1er

janvier 2014) (article 26-III CMP)

134 000 € HT* Marchés de fournitures et services de l’Etat et ses

établissements publics

207 000 € HT* Marchés de fournitures et services des collectivités

territoriales, de leurs établissements publics ainsi

que des établissements publics de santé et du service

de santé des armées

207 000 € HT* Marchés de fournitures acquises par des pouvoirs

adjudicateurs opérant dans le domaine de la défense

Marchés de service de recherche et de

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75

développement pour lesquels le pouvoir

adjudicateur acquiert la propriété exclusive des

résultats et qu’il finance entièrement

5 186 000 € HT Marchés de travaux

Cas 3 : petits lots d’un marché formalisé (article 27-III)

Lots inférieurs

à 80 000 € HT

Marchés de fournitures et services

1) lots

inférieurs à

1 000 000 € HT

2) Le montant

cumulé est < à

20% de la

valeur totale

des lots

Marchés de travaux.

Ces conditions sont cumulatives.

Lots déclarés infructueux ou sans suite au terme

d’une première procédure

Lots dont l’exécution est inachevée après résiliation

du marché initial

L’objet de l’achat justifiant une procédure adaptée (articles 30)

L’auditeur vérifiera que, quel que soit le montant du besoin à satisfaire

par le marché contrôlé, le type d’achat de prestations de services n’est

pas mentionné à l’article 29 (services d’entretien et de réparation, service

de transports terrestres…). L’objet des achats rendant possible le recours

à une procédure adaptée porte par exemple, sur des services juridiques,

des actions culturelles et sportives, des prestations de gardiennage…

Vérification des modalités de passation d’un

marché à procédure adaptée

L’auditeur vérifiera que la procédure retenue a été adaptée au type

d’achat réalisé. Cette adaptation porte sur les documents utilisés (3.2.1),

le degré de publicité appliqué (3.2.2) et le niveau de mise en concurrence

(3.2.3).

Les documents nécessaires à la conclusion d’un MAPA

Le vérificateur fera le point des documents constitutifs du MAPA en

tenant compte du fait que chaque pouvoir adjudicateur définit, pour

chacun de ses MAPA, le contenu du dossier de consultation et le

formalisme contractuel. Il doit tenir compte des caractéristiques du

marché (achat plus ou moins complexe), du secteur économique

concerné ainsi que de la rapidité à donner à l’achat (besoin à satisfaire,

temps à consacrer à la démarche). Il s’agit donc d’une vérification de la

pertinence des choix effectués par le pouvoir adjudicateur.

Le marché est de forme écrite, mais libre (lettre, courriel, devis

accompagné de l’accord du pouvoir adjudicateur…) dès lors que l’achat

est au-dessus de 15 000€.

La rédaction d’un cahier des charges est facultative mais fortement

recommandée car en définissant au mieux les besoins à satisfaire, les

candidats peuvent remettre une offre pertinente au meilleur prix.

Un règlement de consultation est obligatoire, même si il peut avoir un

caractère limité (caractéristiques principales de la procédure et du choix

Page 76: GUIDE D’AUDIT D’UN MARHÉ PULI - economie.gouv.fr€¦ · et aspect est déjà taité dans le guide d’audit des achats p oposé pa le HAI, en le eplaçant dans le cade d’un

76

des offres – article 42-2 du CMP). L’objectif est d’assurer une information

optimale des candidats pour garantir une égalité de traitement.

La définition pertinente des mesures de publicité

L’auditeur s’assurera du bon niveau de publicité, variable selon le

montant de l’achat, mais également l’objet, la nature, la complexité et

l’état de concurrence entre les entreprises. L’objectif recherché est de

permettre une réelle concurrence.

Champ

d’application

Montant Niveau de publicité Articles

du CMP

Tous les

marchés

< 15 000 € HT Non obligatoire 28-4

Marchés article

28 CMP

Entre 15 000 €

HT et 90 000 €

HT

Publicité adaptée avec

libre choix des

supports

40-II

Entre 90 000 €

HT et les seuils

des procédures

formalisées

JAL ou BOAMP et

publicité obligatoire

sur le profil

d’acheteur.

Eventuellement,

publicité

complémentaire dans

une revue spécialisée

du secteur

économique concerné

40-III-1°

Marchés article

30 CMP

Quel que soit le

montant du

marché

Publicité adaptée avec

libre choix des

supports

40-II

Source : fiche DAJ en date du 13 janvier 2014.

Une jurisprudence de référence sur la détermination des modalités de

publicité et de mise en concurrence adaptées aux caractéristiques d’un

marché : CE, 7 octobre 2005, Région Nord Pas-de-Calais.

La garantie de mise en concurrence effective

L’auditeur s’assurera que la mise en concurrence est effective. En effet, la

liberté donnée par principe au pouvoir adjudicateur dans le cadre d’une

procédure adaptée ne doit pas conduire dans les faits à fausser et limiter

la mise en concurrence. A ce titre, plusieurs obligations existent :

Les délais de remise des candidatures et des offres doivent, bien

que laissées à la libre appréciation de l’acheteur, permettre aux

candidats potentiels de concourir ;

Les modalités de sélection des candidatures doivent respecter les

exigences du code (contrôle des garanties professionnelles,

techniques et financières, information sur les critères de choix des

candidatures, notamment en cas de niveaux minimums de

capacités exigés) ;

La mise en œuvre des critères de sélection des offres est plus

souple car les critères sont connus sans pour autant que le pouvoir

adjudicateur ait à communiquer sa méthode de notation (pas

d’obligation de pondération des critères de choix). Par ailleurs les

variantes sont autorisées par principe.

La négociation doit être annoncée.

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77

Vérification des modalités de notification d’un

marché à procédure adaptée

L’auditeur s’assurera des modalités de notification du MAPA, dont

la procédure comporte les particularités suivantes :

Le rapport de présentation est facultatif (l’article 79 CMP

ne le prévoit que pour les procédures formalisées) ;

Il n’y a pas d’obligation d’information des candidats évincés

ni de respect d’un délai de suspension de signature ;

L’information à la demande des candidats évincés est

possible ;

La notification de tout marché de plus de 15 000 € HT est

obligatoire ;

L’avis d’attribution n’est pas indispensable

4. Principales recommandations

Adopter un guide interne de détermination du type

d’adaptation de la procédure à mettre en œuvre selon les

montants, objets ou le degré d’urgence des besoins à

satisfaire.

Garder la trace des démarches effectuées.

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79

Fiche 2.7 : «Analyse de

l’exécution du marché»

Concrètement, le contrôle de l'exécution du marché va consister à

s’assurer que les prestations et obligations prévues au marché ont bien

été exécutées par le titulaire en contrepartie des paiements effectués.

Cette analyse comportera donc deux axes principaux :

un axe relatif à la réalisation de la prestation : a-t-elle été

réalisée ? Si oui, la réalisation est-elle conforme au cahier des

charges ? Les délais ont-ils été respectés ?…

un axe relatif à l’exécution financière : le circuit de paiement a-t-il

été respecté ? Le montant du marché est-il conforme à celui

indiqué à l’acte d’engagement ?…

Il conviendra également d’étudier, le cas échéant, le recours à des

avenants ou des décisions de poursuivre.

Une attention particulière sera portée au bon calibrage des travaux en

fonction de l'analyse des risques et des objectifs de l'audit : il peut en

effet être plus simple d'auditer l'exécution financière, au détriment de

l'exécution de la prestation.

1. Risques

Les principaux risques pesant sur l’exécution des marchés publics sont de

deux ordres : les risques pesant sur la réalisation de la prestation et les

risques pesant sur l’exécution financière.

Le risque juridique (contentieux contre l’Etat en cas de non respect de ses

obligations, dissimulation d’entente et volonté de fausser la

concurrence…) est présent dans ces deux familles de risques. Des

exemples sont donnés ci-dessous.

Les risques portant sur la réalisation de la prestation :

o non-satisfaction du besoin initial (prestations non

conformes, retards d’exécution, mal-façons…) ;

o défaillance du titulaire en cours d'exécution du marché.

Cf fiches de la DAJ relatives aux entreprises en difficulté

(http://www.economie.gouv.fr/daj/entreprises-en-difficulte-pdt-

execution-mp) et aux cas de résiliation unilatérale par l'administration (

http://www.economie.gouv.fr/daj/resiliation).

Les risques portant sur l’exécution financière du marché :

dépassement du montant initial du marché lié au non-respect des clauses financières ;

o perte financière pour l’Etat en l’absence de mise en œuvre des garanties demandées en cas de livraison/d’exécution non conforme ;

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o bouleversement de l’économie du marché lié à la multiplication d’avenants.

2. Articles du code pertinents

Les principaux articles du Code des marchés publics s’agissant de

l’exécution des marchés publics sont les articles 20 (avenant), 81

(notification), 87 à 105 (régime financier), 112 à 117 (sous-traitance), et

118 (prestations complémentaires).

L’auditeur doit également se référer au CCAG applicable au marché

étudié.

3. Documents

S’agissant des pièces de marché, les principaux documents à solliciter

sont : le cahier des clauses administratives particulières (CCAP), le cahier

des clauses techniques particulières (CCTP), l’acte d’engagement (AE), les

éventuels avenants ou décisions de poursuivre, les ordres de service ou

bons de commande (a minima, le premier).

D’autres documents justifiant des points de contrôle particuliers pourront

être demandés. Ils sont précisés à chaque étape.

4. Etapes du contrôle

Trois axes de contrôle seront présentés : un premier relatif à l’exécution

des prestations, un deuxième relatif à l’exécution financière du contrat, et

un troisième relatif aux avenants.

4.1 L’exécution des prestations

S’assurer que les prestations n’ont pas été réalisées avant l’entrée en vigueur du marché

L’article 81 du CMP dispose : « Sauf dans le cas de l'échange de lettres

prévu au 1° du II de l'article 35, les marchés et accords-cadres d'un

montant supérieur à 15 000 Euros HT sont notifiés avant tout

commencement d'exécution ».

Il faut rappeler ici que le Conseil d’Etat a érigé la non-rétroactivité des

actes administratifs en principe général du droit47. En vertu de ce principe,

les personnes publiques ne peuvent légalement fixer l’entrée en vigueur

de leurs décisions, réglementaires ou non, à une date antérieure à celle,

selon les cas, de leur publication ou affichage ou de leur signature ou

notification, ou de leur transmission à l’autorité de tutelle.

Le même article du CMP :

o définit ce qu’est la notification : « la notification consiste en un

envoi d'une copie du marché ou de l'accord-cadre signé au

titulaire. La date de notification est la date de réception de cette

copie par le titulaire » ;

47

CE, 25 juin 1948, société du journal «L’Aurore »

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o la portée de cette date : « A l'exception du cas de l'échange de

lettres, le marché ou l'accord-cadre prend effet à cette date ».

Concrètement, il convient de se faire produire la notification du marché et

de comparer sa date avec celle du premier bon de commande ou ordre de

service. Si cela est possible, on cherchera à vérifier que les travaux

effectifs n’ont pas commencé avant ces pièces (ex : réunions avec le

prestataire pour débuter les travaux, travail démarré chez ce dernier).

S’assurer que les prestations réalisées ont bien été commandées

Il s’agit ici de s’assurer que, sauf dérogation prévue au CCAP, toute

prestation est bien réalisée suite à l’émission d’un bon de commande ou

d’un ordre de service.

S’assurer que les prestations ont été totalement réalisées

Pour cela, il convient de s’assurer que le circuit de constatation du service

fait déterminé dans la procédure achats a bien été respecté.

Il conviendra de se faire produire, par échantillon, en cas de volumétrie

trop importante, les PV de vérification quantitative et qualitative, les

décisions expresses d'admission, d'ajournement, de réfaction, de rejet, ou

tout autre document permettant d’acter la vérification physique de la

livraison.

L’ensemble de ces documents doit être archivé par le service des achats.

En tout état de cause, l’auditeur doit s’assurer que la procédure de

réception précisée dans le CCAP (qui peut renvoyer au CCAG) est bien

respectée. Cette procédure peut être plus ou moins complexe selon la

nature du marché (travaux ou fournitures).

Un constat physique peut également être réalisé, mais il est plus difficile à

mener selon la nature des prestations (prestations intellectuelles ou

fourniture de services).

Le contrôle de l’exécution de la prestation doit permettre de vérifier :

la qualité du titulaire du marché, à travers notamment l’étude du

taux de rejet partiel ou total de livraisons et l’importance des

réserves ;

ces mêmes indicateurs peuvent permettre de déterminer la

qualité du suivi par le service (une absence totale de rejet peut

être le signe d’une absence de contrôle).

Ils peuvent être complétés par l’analyse du délai entre la réception des

prestations et la constatation du service fait. Cette analyse dépend de

l’objet du marché, très court pour des biens livrés à un entrepôt ; il peut

être important pour des prestations intellectuelles complexes. Un délai

long, au regard des pratiques habituelles pour la prestation concernée

peut constituer une anomalie :. A contrario, un délai très réduit peut

s’analyser comme une absence de contrôles approfondis.

Remarque : certains marchés prévoient des garanties pour protéger

l’administration en cas de mal-façon (garantie à première demande,

garantie solidaire…). Si une telle garantie est prévue (généralement

indiqué dans l’acte d’engagement ou le CCAP), il conviendra de s’assurer

qu’elle a bien été remise et est conservée avec les pièces du marché.

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S’assurer que les prestations ont été réalisées dans les délais

L’exécution de la prestation et la qualité sa réalisation doivent faire l’objet

d’une attention particulière car cela a un impact sur la satisfaction des

besoins des services et sur l’économie financière du marché.

En effet, des pénalités pour non-respect des délais d’exécution ou non-

réalisation conforme des prestations sont généralement prévues et

doivent être appliquées.

Risques particuliers identifiés : concurrence faussée par la non application

des pénalités, entente illicite entre le titulaire et l’administration

(collusion, rétrocessions…) ;

Il conviendra de s’assurer que :

le respect des délais a été contrôlé ;

en cas de dépassement, des pénalités ont été appliquées ;

les pénalités sont appliquées rapidement (sans qu'il existe

toutefois de délai réglementaire).

Remarque : ces contrôles sont également réalisés par les comptables. Une

consultation des motifs de rejet des demandes d’achat peut également

orienter les travaux de l’auditeur.

4.2 Le respect de l’exécution financière Remarque liminaire : tous ces aspects font l’objet de contrôles par le

comptable public. Une première approche peut consister en la prise de

connaissance des différents échanges entre le comptable et le service

gestionnaire : les différentes communications (lettre d’observation ou

rejets) pourront être demandées au service financier. Un entretien pourra

éventuellement être sollicité auprès du comptable. A noter cependant que

l'audit ne pourra être étendu aux contrôles exercés par le comptable que

dans un cadre partenarial (audit conjoint avec l'IGF ou la DGFiP).

S’assurer du respect de la chaîne d’exécution financière :

L’auditeur se réfèrera ici aux circuits de gestion CHORUS. Il se fera

produire les documents relatifs à procédure prévue dans le service et

s’assurera que la procédure applicable pour la transmission des pièces

nécessaires à la création de l’engagement juridique (pièces de marché et

notification) a bien été respectée.

Cet envoi avant tout début d’exécution du marché permet de s’assurer

qu’il n’y a pas eu d’engagement juridique de régularisation.

De même un contrôle devra être effectué pour s’assurer que la procédure

de demande d’achat est respectée : le service utilisateur doit informer au

préalable le service prescripteur, la création de l’engagement juridique

dans CHORUS devant précéder l’envoi du bon de commande.

Enfin, les habilitations des agents intervenant dans l’exécution du marché

devront être vérifiées (habilitation pour l’émission du BC, l’attestation de

service fait).

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Vérifier l’exactitude des différents types de paiement :

o une avance peut être versée conformément à l’article 87 du CMP ; des garanties peuvent être demandées en contre-partie (article 101 du CMP).

o le montant des acomptes versés ne peut être supérieur au montant des prestations réalisées (article 91 du CMP).

Il doit par ailleurs correspondre au montant des factures ou des

décomptes de travaux préalablement acceptés par l’ordonnateur.

Le CMP dispose ainsi, article 97, que " Les opérations effectuées par le

titulaire d'un marché qui donnent lieu à versements d'avances ou

d'acomptes, à règlement partiel définitif, ou à paiement pour solde, sont

constatées par un écrit établi par le pouvoir adjudicateur ou vérifié et

accepté par lui ".

Remarque : dans le cas d'un paiement partiel définitif (non prévu pour les

marchés de travaux), et contrairement aux acomptes, le montant du

règlement ne peut plus être remis en cause au moment du paiement du

solde (cf article 92 du CMP).

vérifier la correcte application des prix fixés au marché ou au bordereau des prix unitaires ;

s’assurer de la correcte application des clauses d’actualisation ou d’indexation des prix (se référer aux indices disponibles sur le site de l’INSEE ou du MONITEUR) ;

s’assurer que la récupération de l’avance est réalisée conformément aux dispositions du marché ou, à défaut de mention dans les

documents, lorsque le marché est exécuté à plus de 65% (article 88 du CMP) ;

vérifier la périodicité des versements (périodicité maximale trimestrielle ou mensuelle pour les PME-PMI – al 3 – art 91 CMP) ;

en fin de marché (marchés à prix forfaitaire tels les marchés travaux ou prestations intellectuelle), analyser les modalités de détermination du solde. Il conviendra également de s’assurer que le montant maximum du marché n’a pas été dépassé (contrôle à effectuer sur le montant HT, hors actualisation ou révision de prix).

Remarque : les sous-traitants de premier rang ont droit au paiement

direct dès lors que les conditions d’acceptation et d’agrément sont

satisfaites et que le montant de sa créance est d’au moins 600 € TTC

(cf art.115 à 117 du CMP).

Dans ce cas, un acte de sous-traitance doit être présenté et accepté par le

pouvoir adjudicateur.

Les demandes de paiement seront réalisées au profit du sous-traitant,

directement sur son compte. Ce sous-traitant a également droit à

bénéficier d’une avance (le montant de celle-ci sera déduit de celle versée

au titulaire).

Le titulaire du marché reste seul responsable des obligations afférentes

au marché (article 113 du CMP). C’est donc lui et lui seul qui doit

présenter les garanties prévues au marché (garantie à première demande,

caution personnelle et solidaire ou, le cas échéant, application d’une

retenue de garantie de 5% sur les factures).

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Remarque : la retenue de garantie, d'un montant maximal de 5 % du

montant du marché – avenants inclus, doit être libérée au plus tard

un mois après l'expiration du délai de garantie (art. 101 et 103 du

CMP). Le service gestionnaire doit alors adresser au comptable une

décision de remboursement de la retenue de garantie accompagnée,

le cas échéant, du PV de levée des réserves.

Vérifier le respect des délais de paiement

Le délai de paiement peut avoir un impact sur la relation avec le

fournisseur.

Par ailleurs, le non-respect de ce délai est sanctionné financièrement et

engage donc les dépenses publiques.

Pour se faire, l’auditeur rapprochera la date de réception de la facture (ou

de la date de certification du service fait si celle-ci est postérieure) et la

date de paiement.

En cas de dépassement de délai, s’assurer que des intérêts moratoires sont liquidés.

Le montant des intérêts moratoires peut également être contrôlé.

Cependant, le calcul étant automatisé dans Chorus, il y a peu de risque sur

leur liquidation, dès lors que les champs ont correctement été saisis. En

revanche, s’assurer que la DP générée automatiquement est validée, ou à

défaut les motifs de refus de validation par le service prescripteur.

4.3 Le recours abusif aux avenants L’article 20 du CMP précise les conditions de recours à un avenant ou une

décision de poursuivre, et ses limites : «En cas de sujétions techniques

imprévues ne résultant pas du fait des parties, un avenant ou une décision

de poursuivre peut intervenir quel que soit le montant de la modification

en résultant.

Dans tous les autres cas, un avenant ou une décision de poursuivre ne

peut bouleverser l'économie du marché, ni en changer l'objet ».

L’auditeur listera les différents avenants intervenus sur le marché et

dressera un constat des différents motifs, ce qui lui permettra de

contrôler les points suivants.

Vérifier le bien-fondé de la passation des avenants

A titre d’exemple :

o un avenant doit être pris, même lorsqu’une compensation de plus-values et moins-values conduit à diminuer le montant des travaux48;

o lorsqu'une modification des prestations objet du contrat est envisagée, et même si le montant total du marché n'est pas modifié, il convient de prendre un avenant qui est le seul acte juridique pouvant autoriser contractuellement à constater une telle modification ;

o l’avenant ne doit pas permettre de prendre en compte et régulariser des prestations réalisées en dehors de l’objet initial du marché.

48

CRC Rhône-Alpes, 24 février 1999, Ecole Nationale d'Ingénieurs de Saint-Etienne

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Avenant ou décision de poursuivre ?

L’article 118 du code des marchés publics dispose que " dans le cas

particulier où le montant des prestations exécutées atteint le montant

prévu par le marché, la poursuite de l'exécution des prestations est

subordonnée, que les prix indiqués au marché soient forfaitaires ou

unitaires, à la conclusion d'un avenant ou, si le marché le prévoit, à une

décision de poursuivre prise par le pouvoir adjudicateur ".

Conditions d’utilisation de la décision de poursuivre :

o doit être prévue au contrat (à noter que le CCAG Travaux ne fait plus référence à cet acte) ;

o la décision de poursuivre ne peut être utilisée que pour augmenter le volume des prestations à réaliser pour parvenir à l’achèvement de l’ouvrage, et ces prestations ne peuvent en aucun cas être différentes de celles prévues au marché initial ;

o le prix doit correspondre au bordereau des prix initial. Il s’ensuit qu’il est impossible de recourir à la décision de poursuivre pour introduire des prestations nouvelles ou différentes de celles du marché initial ou de nouveaux prix. (…)

o elle ne doit, en aucun cas, bouleverser l’économie du marché, ni en changer l’objet.

Vérifier que le recours aux avenants ne conduit pas à bouleverser l’économie du marché

Bien qu’il n’existe pas de définition chiffrée de cette notion et que celle-ci

soit appréciée au cas par cas par le juge, il est considéré qu’une

augmentation par avenant de 15 % à 20 % ou plus du prix d'un marché est

susceptible d'être regardée par le juge administratif comme bouleversant

l'économie du contrat.

Par ailleurs, il convient de préciser que :

o la hausse du prix, pour un marché unique, ne s’apprécie pas lot par lot, mais dans sa globalité ;

o le bouleversement de l’économie du marché, le plus souvent, interprété de manière quantitative (augmentation de son montant initial), peut aussi concerner des éléments du marché d'ordre non quantitatif concernant la durée du contrat, les conditions d’évolution des prix ou les modalités de réalisation des prestations, par exemple ;

S’assurer que l’avenant est exécutoire

Par parallélisme des formes, les dispositions de l’article 188 du CMP

relatives à la notification du marché initial, sont également applicables

aux avenants qui ont pour objet d’en modifier les clauses.

5. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

la non-satisfaction du besoin initial : une qualité des livrables

inférieure aux attentes, des prestations non (ou partiellement)

réalisées, des retards de livraison ;

une dérive budgétaire par un nombre important d’avenants.

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6. Recommandations possibles

En fonction des différents résultats de contrôle, l’auditeur s’attachera à

rappeler les règles fixées par le CMP ou les documents contractuels.

Le cas échéant, un rappel sur le circuit de la dépense dans CHORUS pourra

également être effectué.

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Fiche 3.0 : «Composition du

dossier de marché à

demander»

Les documents à demander dans le cadre d’un audit des marchés varient

selon l’étendue du contrôle fixée en fonction des risques déterminés par

ailleurs. L’audit peut porter sur les phases de préparation, de passation,

d’exécution et de clôture du marché.

1. Risques

Risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

- Irrégularité de la procédure (absence de document exigé par la

réglementation en phase de passation et d’exécution du marché).

- Non respect de la confidentialité de la procédure (notamment

du contenu des offres des candidats).

Les risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et au bon usage des achats :

- Absence de préparation suffisante de la passation du marché :

inadéquation de la procédure retenue ou du support contractuel

choisi ; mauvaise définition du besoin en phase préparation.

Les risques de nature à impacter l’efficacité économique et la maîtrise des coûts :

- Mauvais suivi de l’exécution et de la terminaison du marché.

2. Documents à demander

A/ Préparation du marché

Préparation du marché Audit

minimal

Audit

approfondi

Stratégie d’achat générale du segment

ou spécifique pour le marché

Compte-rendu des commissions

internes du marché préparant

l’élaboration des documents

administratifs et techniques du marché

Livrables des AMO éventuelles sur le

marché

NB : ces documents, non exigés par la réglementation, permettent de

comprendre le contexte de passation du marché audité.

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B/ Passation du marché

Passation du marché Audit

minimal

Audit

approfondi

Rapport de présentation de la procédure

Note d’organisation de la procédure (dialogue

compétitif, négociation…)

Dossier de consultation (articles 41 et 42 CMP)

Avis d’appel public à concurrence (articles 39 et

40 CMP)

Règlement de la consultation

CCAG et CCAP

CCTP et spécifications techniques du besoin

Modèle d’acte d’engagement

Consultation et analyse des offres

Retraits et téléchargements du dossier de

consultation

Registre des dépôts

Procès-verbal de l’ouverture des

plis/candidatures

Dossiers de candidature de tous les candidats

Analyse des candidatures

Procès-verbal de choix des candidatures

Procès-verbal d’ouverture des offres

Dossiers d’offres de tous les soumissionnaires

Analyse des offres (rapports de choix financier et

technique et tout autre document)

Classement des offres

Documents d’engagement de responsabilité de

confidentialité des parties prenantes à la

procédure (pour les projets majeurs à risque)

Rapports ou procès-verbaux de négociation ou de

dialogue

Choix de l’attributaire

Procès-verbal de décision du pouvoir

adjudicateur

Lettres de rejet et d’acceptation

Prolongation de la validité des offres

Retour des liasses fiscales et sociales

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Demandes d’explications sur le rejet d’une offre

et leur réponse

Mise au point avec le candidat retenu

Notification du marché

Avis d’attribution

Dossier de soumission aux différents contrôles,

notamment celui du contrôleur budgétaire

comptable ministériel (CBCM) (en fonction des

seuils applicables)

C/ Exécution du marché

Exécution du marché Audit

minimal

Audit

approfondi

Documents généraux

Exemplaire du marché notifié avec l’intégralité

des pièces associées (Articles 11 à 13 CMP)

Avenant(s) et rapport de présentation (article 20)

Ordre(s) de service

Certifications de service fait

Courriers entre le pouvoir adjudicateur et le

titulaire

Documents d’acceptation des sous-traitants

Rapport d’avancement du marché ou tout

document de reporting exigé dans le cadre du

marché

Courriers relatifs aux demandes de sursis de

livraison, de prolongation de délais.

Décomptes de pénalités

Documents d’exécution financière (versement

d’avances, d’acomptes, de retenue de garantie,

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de cautionnement…)

Documents spécifiques à certaines catégories de marchés

Pour les accords cadres : marché(s) subséquent(s)

et rapport de présentation éventuel

Pour les marchés à bons de commande : bon(s)

de commande

Pour les marchés à tranches : documents

affermissant les tranches conditionnelles

Pour les marchés d’infrastructure : Voir fiche

marchés d’infrastructure

D/ Terminaison du marché

Terminaison du marché Audit

minimal

Audit

approfondi

Fin normale du marché

Avis de non reconduction

Point de situation du règlement financier du

marché

Rupture anticipée

Lettre de résiliation du contrat

Protocole transactionnel

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Fiche 3.1 : «La notion

d'opération (article 27, II

[1er])»

Une définition :

Cette notion est exclusivement associée aux marchés de travaux publics.

Les marchés de travaux se caractérisent par le fait que le pouvoir

adjudicateur en est le maître d'ouvrage, c'est à dire la personne pour

laquelle l'ouvrage est construit (art. 1er du code).

Un marché de travaux, au sens du code, est un marché conclu avec des

entrepreneurs qui a pour objet soit l'exécution, soit conjointement la

conception et l'exécution d'un ouvrage ou de travaux de bâtiment ou de

génie civil répondant à des besoins précisés par le pouvoir adjudicateur

qui en exerce la maîtrise d'ouvrage (art.1er-III).

Une opération de travaux ne peut être scindée en fonction de l'objet, des

procédés techniques ou de leur financement, lorsqu'ils sont exécutés

durant la même période de temps et sur une zone géographique donnée

(unicité de temps et de lieu).

A titre d'exemple, des marchés conclus presque simultanément entre les

mêmes parties et ayant le même objet, ou des marchés conclus

simultanément pour la réalisation de trottoirs en quatre endroits

différents d'une même commune, ou encore des travaux d'étanchéité de

peinture effectués pour la réfection et le fonctionnement de deux

châteaux d'eau à des dates rapprochées, ont été jugés comme relevant de

mêmes opérations49.

L'évaluation du montant d'un marché de travaux doit être réalisée en

prenant en compte la valeur globale des travaux se rapportant à une

même opération qui peut comporter un ou plusieurs ouvrages, valeur à

laquelle on ajoute la valeur des fournitures nécessaires à leur réalisation

que le pouvoir adjudicateur met à la disposition des opérateurs.

La valeur des services nécessaires à la réalisation des travaux n'a pas à

être prise en compte par les pouvoirs adjudicateurs50. . Ainsi un

établissement public faisant appel à un bureau d'étude n'aura pas à

intégrer le montant des prestations effectuées par celui-ci pour la

réalisation des travaux. En revanche, il est nécessaire d’intégrer par

exemple le stock de tuiles dont il dispose et qu'il met à la disposition du

titulaire du marché.

La notion d'opération de travaux revêt donc une importance particulière

pour l'appréciation des seuils.

La notion d'ouvrage est définie par le code des marchés en conformité

avec le droit communautaire. Cette notion constitue le résultat d'un

ensemble de travaux de bâtiment ou de génie civil destiné à remplir par

lui même une fonction économique ou technique (art.1er-III). Peuvent

donc constituer un même ouvrage des travaux réalisés par plusieurs

pouvoirs adjudicateurs.

49

CE, 26 juillet 1991 commune de Sainte Marie N°117717

CE, 26 septembre 1994 préfet d'Eure et Loir N°122759 CE, 8 février 1999 Syndicat intercommunal des eux de la Gâtine, N° 156233 50

La règle est différente pour les entités adjudicatrices non traitées dans le cadre de ce

guide

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92

L'ouvrage est le résultat obtenu à l'achèvement des travaux de

construction, de restructuration ou de réhabilitation d'un immeuble ou de

travaux de génie civil.

Point de vigilance:

Certains marchés relatifs à des travaux constituent des marchés de

services au sens communautaire. Il a été jugé que des travaux d'entretien

d'espaces verts constituent des services d'entretien au sens des directives

même s'ils constituent des travaux publics en vertu de la jurisprudence du

conseil d'Etat51.

En conséquence les seuils communautaires applicables sont ceux des

marchés de service, moins élevés que ceux relatifs aux marchés de

travaux.

1. Risques

Les risques financiers et économiques résultant d'annulation de marchés

et de condamnations éventuelles de la personne publique ne sont pas à

sous estimer. Toutefois les deux risques les plus importants sont liés au

fait qu'un défaut d'appréciation du seuil est de nature à induire une

procédure irrégulière.

51

CE,7 juin 2010, ville de Marseille N°316528

Un recours introduit peut voir l'attribution initiale annulée par le juge

avec toutes les conséquences qui en résulteraient, en particulier

l'indemnisation du titulaire52 par la personne publique.

Le risque est également d'ordre pénal pour l'agent éventuellement

responsable du délit d'octroi d'avantage injustifié. L’unicité de temps et

de lieu pour la réalisation de travaux, même réalisés dans le cadre de

marchés distincts et / ou attribués à des entrepreneurs différents sont

déterminants pour le juge afin de fonder son appréciation de la notion

d'opération.

2. Articles du code pertinents

Articles 1er-III et 27, II {1°] ;

3. Documents

Circulaire du 26 septembre 2014 relative au guide des bonnes pratiques

en matière de marchés publics

4. Le contrôle

Outre les informations qui pourraient être recueillies dans des entretiens

et fournir des indices, le contrôle nécessite une extraction complète des

52

Transaction amiable

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93

marchés passés par le pouvoir adjudicateur quel que soit leur objet, ceci

sur une période couvrant deux ou trois ans puisque des marchés d'une

même opération peuvent être passés en fin d'année et au début de

l'année suivante.

A partir de quelques informations (numéro d'ordre, objet, montant, nom

du fournisseur, procédure, date de notification et si possible la typologie

du marché (FCS, S, MI ou T), il sera alors possible d'identifier dans certains

cas des marchés avec des objets identiques ou connexes, des fournisseurs

récurrents, des marchés de travaux passés à des dates différentes mais

proches.

A partir d'éléments concrets il sera alors possible de consulter le contenu

des dossiers identifiés en particulier les rapports de présentation, les

cahiers des charges, les offres y compris celles de concurrents afin de

déterminer à partir des éléments transcrits si les marchés sont

susceptibles de relever ou non de la même opération.

Une visite du site concerné peut éventuellement être utile.

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95

Fiche 3.2 : « Modification

des conditions de la

consultation53 »

Si les investigations font apparaître une modification des conditions de la

consultation pendant la procédure, il est nécessaire de vérifier que celles-

ci sont régulières. En effet, si les modifications ne sont pas interdites elles

sont fortement encadrées.

Le principe d’égalité entre les candidats implique le respect des

documents de consultation. L’administration ne peut fonder sa

décision sur des conditions contraires à celles prévues aux

documents de consultation ni sur des conditions non prévues aux

documents de consultation.

Des modifications sont possibles en cas de mauvaise rédaction ou

d’inadaptation des documents mais elles sont encadrées et

plusieurs éléments doivent être pris en compte :

o le principal est le moment de la modification, avant ou

après le dépôt des offres, dans le premier cas, la

modification est plus facile ;

53

Source : Le moniteur III.328.3, juillet 2012

o l’importance de la modification ;

o la nature de la procédure de consultation – en cas de

procédure dérogatoire, la souplesse est plus grande ;

o la nature du document de consultation modifié – le

respect du règlement de consultation est strictement

contrôlé ;

o la nature de la disposition modifiée ;

o le respect de conditions dites formelles, c'est-à-dire de

modalités de mise en œuvre requises pour la

modification.

Si la modification envisagée ne rentre pas dans ce cadre le

pouvoir adjudicateur est dans l’obligation d’interrompre et de

relancer la consultation.

Les travaux de l’auditeur viseront à apprécier la régularité de la ou des

modifications apportées. Les développements ci-dessous donnent les

éléments juridiques principaux permettant de le faire. On sera attentif

dans l’appréciation au niveau du risque :

Purement juridique : annulation du marché,

Susceptible d’être qualifié pénalement si les modifications

avantagent un candidat particulier

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1. Articles du code pertinents en dehors

de ceux qui seront cités infra

article 6 : définition des spécifications techniques ;

article 10 : allotissement ;

articles 11 à 13 : documents constitutifs du marché.

2. Modification avant le dépôt des offres

La personne publique peut décider de modifier les conditions de la

consultation avant le dépôt des offres, mais doit respecter certaines

exigences de fond et de forme.

Au fond, une modification ne peut altérer les

conditions de droit ou de fait de la mise en

concurrence.

Il n’est pas possible d’ajouter une obligation insusceptible d’être justifiée

par l’objet du marché ou ses conditions d’exécution ni de placer les

entreprises dans une situation de fait qui serait discriminatoire.

Dans une espèce, le juge a ainsi annulé une procédure au motif que la

modification apportée au cahier des charges « présentée postérieurement

au commencement des opérations du concours, a eu pour effet, bien qu’il

ait été précisé que le jury ne ferait pas de l’acceptation des entreprises

concurrentes, ni une condition de sa décision, ni même un élément

déterminant de son choix, de modifier en fait les conditions initiales du

concours et de porter atteinte à l’égalité des candidats » (CE 18/12/68 Cie

générale des eaux c/ ville de Vannes).

Dans la forme les modalités sont soumises à des

contraintes

Les candidats doivent avoir un délai suffisant pour adapter leurs

offres ;

o Ce n’est pas le cas d’une modification portée à la connaissance

des candidats la veille de la remise des offres, au surplus alors que

certaines sociétés avaient déjà remis leurs offres (CE 9/3/1997

Min agriculture c/ S. Bull) ou d’un délai de trois semaines pour un

bouleversement des conditions du marché (desserrement de la

contrainte de quatre ans pour les phases de conception et de

réalisation).

o L’administration doit informer tous les candidats des

modifications apportées, dans des conditions respectueuses du

principe d’égalité.

Dans le cas des procédures ouvertes, il faudra un avis d’appel à la

concurrence adressé sur les mêmes supports et dans les mêmes

délais que l’avis initial.

o TA Strasbourg 14/11/2000 Ville de Metz: caractère régulier de

l’augmentation de l’enveloppe d’un marché de conception

réalisation de 25 à 30 % « dès lors que l’ensemble des

groupements candidats en ont été informés préalablement au

dépôt de leur offre ».

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La modification doit être formulée en termes clairs.

3. Modification après le dépôt des offres

Après le dépôt des offres, il n’est plus possible de modifier les conditions de

la consultation. Des modifications mineures sont possibles mais elles ne

peuvent porter sur le règlement de la consultation. L’appréciation de la

modification apportée peut varier en fonction de la procédure retenue.

Possibilité de modification mineure

Les modifications sont impossibles sur le règlement de la consultation. Antérieurement, des modifications portant sur un point étranger à l’objet du marché et sans rapport direct avec les modalités de fixation ou de règlement des prix avaient pu être regardées comme mineures. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le Conseil d'Etat considère en effet qu'en procédure d'appel d'offres ou de dialogue compétitif, aucune modification du dossier de consultation ne peut avoir lieu, même s'agissant d'obligations étrangères à l'objet du marché et n'ayant pas « de rapport avec les modalités de fixation et de règlement de son prix »54. Dans le cas d'une procédure négociée, ne sont admises que « des adaptations correspondant à des éléments d'information complémentaires apparues nécessaires en cours de procédure », ce qui n'est pas le cas s'il s'agit d'éléments de prix55.

Changer la durée du contrat n’est pas une modification mineure56.

54

CE, 23 novembre 2005, S. A. R. L. Axialogic, n° 267494 55

CE, 29 juillet 1998, Editions Dalloz-Sirey et Société Ort, n° 188686 56

CE 4 avril 1997 commune de l’ile d’Yeu

L’appréciation du caractère mineur de la

modification par la jurisprudence varie en fonction

de la procédure de passation mais demeure

généralement stricte

Elle est très stricte pour les appels d’offres.

o Ceci vaut notamment pour le respect du principe

d’allotissement. Une modification de l’allotissement n’est pas

possible.

Elle est aussi très stricte pour la procédure du concours.

o C’est notamment vrai du règlement du concours : documents

à fournir par les candidats ; respect, si le principe en a été posé

dans le règlement, de la présélection d’une partie des

candidats parmi les soumissionnaires pour choisir le lauréat ;

respect de l’enveloppe, de la superficie, de l’implantation.de

l’échelle de présentation des plans.

o Elle l’est moins pour les procédures négociées avec mise en

concurrence où le juge pourra admettre des « adaptations »,

non « substantielles », qui doivent toutefois respecter les

principes d’égalité des candidats et de transparence.

L’adaptation doit être de portée limitée, être justifiée par l’intérêt du

service et ne pas présenter, entre les entreprises concurrentes, de

caractère discriminatoire.

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Le dialogue compétitif représente un cas particulier Cette procédure prévoit que l’administration définisse un programme

fonctionnel sur la base duquel est mené le dialogue avec des candidats

préalablement sélectionnés. Le cahier des charges est arrêté au terme de

ce dialogue après la remise des offres.

Cette procédure est la « transposition anticipée », dans le code des

marchés publics du 7 mars 2004, de la directive 2004/18/CE du 31 mars

2004. Elle est très proche de l’appel d’offres sur performances, abrogé par

le code de 2004 et dont la directive suscitée s’était largement inspirée.

Dans l’appel d’offres sur performance, comme dans les marchés de

conception réalisation, l’administration était autorisée, après audition des

candidats, à modifier le cahier des charges afin de permettre audits

candidats de modifier, le cas échéant, leur offre.

La question était posée, et le reste dans le cadre de la procédure du

dialogue compétitif, de l’étendue du pouvoir de l’administration pour

modifier les documents de consultation.

En premier lieu, les offres, avant l’attribution, peuvent être précisées,

clarifiées ou perfectionnées par l’entreprise candidate à la demande du

pouvoir adjudicateur. Cela ne doit pas « avoir pour effet de modifier les

éléments fondamentaux de l’offre » - formule utilisée par l’article 67 – VII

du code du 1/8/2006.

En second lieu – article 67 – VIII – du code de 2006, après l’attribution, le

candidat peut se voir demander de « clarifier des aspects de son offre ou

de confirmer les engagements figurant dans celle – ci à condition de ne

pas modifier des aspects substantiels de l’offre, de fausser la concurrence

ou d’entraîner des discriminations ».

Ces possibilités existent dans d’autres procédures (appel d’offres ouvert ou

restreint) mais la marge de manœuvre semble plus importante dans le cas

du dialogue compétitif. La vigilance requise est d’autant plus importante.

La jurisprudence exclut la modification de la nature et de l’étendue des

besoins de la personne publique.

Eléments de jurisprudence portant sur la procédure d’appel d’offres sur

performances :

Ministère de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation contre

société Bull, CE 19/3/1997 : en cas d’exigences nouvelles sur un

des objets principaux du marché, nécessité de délais suffisants

pour assurer le respect de l’égalité entre les candidats ;

Société Unisys France, TA Paris 2/9/2003 : les modifications ne

peuvent avoir pour effet de bouleverser les conditions initiales de

la mise en concurrence. C’était le cas de la modification des

exigences techniques dès lors qu’elle portait le montant du

marché de 6 à 14,3 M Francs.

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Fiche 3.3 : «Les critères de

jugement des offres»

Il convient de distinguer :

les critères de sélection des candidatures qui permettent d’évaluer les capacités professionnelles, techniques et financières des candidats (article 52 du CMP) : cette étape est traitée dans la fiche 3.5 du guide marché ;

les critères d’attribution qui permettent de choisir l’offre économiquement la plus avantageuse (article 53-1 du CMP) : c’est l’objet de la présente fiche. La méthode de classement des offres (article 53-2 du CMP) est détaillée en fiche 3.8.

En particulier un même critère ne peut servir à la sélection des

candidatures puis au jugement des offres.

Les critères choisis doivent toujours être objectifs, opérationnels et liés à

l’objet du marché. Selon l’article 53-1 du CMP, le pouvoir adjudicateur se

fonde soit sur une pluralité de critères, soit sur un seul critère qui est alors

obligatoirement celui du prix. On prendra garde cependant que, hormis

pour les achats de fournitures ou de services standardisés, le fait de ne

retenir que le seul critère du prix peut être contraire aux dispositions de

l’article 53 du code57.

En procédure adaptée, néanmoins, le pouvoir adjudicateur peut retenir

un critère reposant sur l’expérience des candidats, « lorsque sa prise en

compte est rendue objectivement nécessaire par l’objet du marché et la

nature des prestations à réaliser et n’a pas d’effet discriminatoire »58.

La liste des critères de choix énumérés à l’article 53-1 ne présente pas un

caractère exhaustif. D’autres critères peuvent être pris en compte, mais

leur choix doit se justifier par l’objet du marché ou ses conditions

d’exécution.

Il est en général préférable de retenir plusieurs critères. Le prix en fait

alors généralement partie (sans que cela soit obligatoire). Les coûts

induits (charges d’entretien ou d’exploitation) peuvent aussi constituer un

critère bien que ne constituant pas l’objet du marché. Le coût global

d’utilisation ou la rentabilité peuvent donc figurer parmi les critères de

choix. Enfin, le critère peut ne pas présenter de caractère uniquement

économique. Il peut aussi être environnemental59 ou esthétique60. Il doit

néanmoins être objectif, opérationnel et non discriminatoire.

L’acheteur se doit de ne pas permettre que différentes interprétations

des critères d’attribution du marché puissent être faites. Ainsi, le

caractère assez subjectif de critères tels que « la valeur technique de

l’offre » ou son « caractère esthétique », impose à l’acheteur public de

57

CE, 6 avril 2007, Département de l’Isère, n° 298584. 58

CE, 2 août 2011, Parc naturel régional des Grands Causses, n° 348254. 59

CJCE, 20 septembre 1988, Gebroeders Beentjes, aff. 31/87. 60

CE, 28 avril 2006, Commune de Toulouse, n° 280197. – CE, 5 novembre 2008, Commune

de Saint-Nazaire, n° 310484

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définir, avec précision, ce qu’il entend par ce critère, en ayant recours à

des sous-critères61. Ces sous-critères doivent alors, également, être

objectifs, opérationnels et non-discriminatoires et liés à l’objet du

marché.

Dans le cas d’une pluralité de critères et de sous-critères, pour les

marchés à procédure formalisée (autre que le concours), le PA précise

leur pondération ou, si cela n’est pas possible62, indique les critères par

ordre décroissant d’importance (cf. fiche 3.8).

Les candidats doivent ensuite être « raisonnablement informés » du

dispositif de sélection des offres. Les critères (et sous-critères le cas

échéant) et leur pondération (ou leur hiérarchisation) sont intégrés dans

l’avis d’appel public à la concurrence ou dans les documents de la

consultation.

Pour les marchés passés selon une procédure adaptée, les principes

fondamentaux de la commande publique impliquent l’information

appropriée des candidats sur les critères d’attribution du marché, ainsi

que, lorsque le prix n’est pas l’unique critère de choix, sur leurs conditions

de mise en œuvre63.

61

Les critères d'attribution doivent être formulés de manière à permettre à tous les

soumissionnaires, raisonnablement informés et normalement diligents, de les interpréter de la même manière : CJCE, 18 octobre 2001, SIAC Construction Ltd c/ County Council of the County of Mayo, aff. C-19/00 (cons. 42 et 44). – CJCE, 24 janvier 2008, Emm. G. Lianakis AE c/ Dimos Alexandroupolis, aff. C-532/06. 62

En raison de la complexité du marché. 63

CE, 30 janvier 2009, ANPE, n° 290236

En procédure formalisée64, comme en procédure adaptée65, le pouvoir

adjudicateur n’est pas tenu de mentionner les méthodes de notation dans

l’avis de publicité ou le règlement de la consultation. Cependant, le choix

de la méthode étant déterminant sur le résultat obtenu, il doit respecter

les principes fondamentaux de la commande publique et pouvoir en

justifier devant le juge. Dans un souci de bonne administration et afin

d’éviter d’éventuelles contestations, il est recommandé d’assurer la plus

grande transparence des méthodes de notation (cf. fiche 3.8).

Après le dépôt des offres des candidats, l’acheteur ne peut pas modifier

les critères de sélection des offres66. Il ne peut pas, non plus, modifier

unilatéralement les offres des candidats. De même, les candidats ne

peuvent pas modifier leurs offres, « sauf dans le cas exceptionnel où il

s’agit de rectifier une erreur purement matérielle, d’une nature telle que

nul ne pourrait s’en prévaloir de bonne foi dans l’hypothèse où le candidat

verrait son offre retenue »67.

Les offres présentées par les candidats sont examinées lot par lot : le

principe d’égalité entre les candidats à un marché public ne s’apprécie

qu’entre les candidats à un même lot68.

64

CE, 23 mai 2011, Commune d’Ajaccio, n° 339406 65

CE, 31 mars 2010, Collectivité territoriale de Corse, n° 334279. 66

CE, 1er avril 2009, Sté des autoroutes du sud de la France, n° 315586. – CE, 27 avril 2011, Président du Sénat, n° 344244. 67

CE, 21 septembre 2011, Département des Hauts-de-Seine, n° 349149. 68

CE, 10 mai 2006, Société Schiocchet, n° 288435

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1. Risques

Risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

o Risque d’irrégularité de la procédure en cas d’absence de choix de critères de sélection par l’acheteur ;

o Risque d’irrégularité de la procédure en cas de choix du critère unique du « prix » non justifié au regard de l’objet du marché ;

o Risque d’irrégularité en cas de choix de critères jugés trop subjectifs, non précisés par des sous-critères objectifs, opérationnels et non-discriminatoires ;

o Risque d’irrégularité en cas de modification des critères ou de modification de l’offre des candidats.

o Risque contentieux en cas d’absence de transparence du dispositif de sélection pour les candidats (critères et pondération/hiérarchisation).

Risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et au bon usage des achats :

o Des critères non pertinents peuvent ne pas conduire à la meilleure offre possible.

Risques de nature à impacter l’efficacité économique et la maîtrise des coûts :

o Risque de choix d’une offre n’étant pas la plus avantageuse économiquement compte-tenu d’un choix non adapté des critères de sélection.

2. Réglementation et textes généraux de

référence

Dans le code des marchés publics :

article 53-1 du CMP

I.-Pour attribuer le marché au candidat qui a présenté l'offre économiquement la plus avantageuse, le pouvoir adjudicateur se fonde :

1° Soit sur une pluralité de critères non discriminatoires et liés à l'objet du marché, notamment la qualité, le prix, la valeur technique, le caractère esthétique et fonctionnel, les performances en matière de protection de l'environnement, les performances en matière de développement des approvisionnements directs de produits de l'agriculture, les performances en matière d'insertion professionnelle des publics en difficulté, le coût global d'utilisation, les coûts tout au long du cycle de vie, la rentabilité, le caractère innovant, le service après-vente et l'assistance technique, la date de livraison, le délai de livraison ou d'exécution, la sécurité d'approvisionnement, l'interopérabilité et les caractéristiques opérationnelles. D'autres critères peuvent être pris en compte s'ils sont justifiés par l'objet du marché ;

Consulter également :

circulaire du 26 septembre 2014 relative au guide de bonnes

pratiques en matière de marchés publics (point 15.1).

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3. Le contrôle

L’auditeur s’attachera à vérifier, dans tous les cas, les conditions de forme

et de fond de la définition puis de la mise en œuvre du dispositif de

sélection du représentant du pouvoir adjudicateur.

Les principaux documents à solliciter en la matière sont :

tout document de travail préalable ayant conduit à définir la nature des critères et à justifier leur pertinence ;

l’AAPC ou le règlement de la consultation (ou tout autre document du DCE) précisant quels sont les critères de choix ;

tout document de travail ayant mis en œuvre le dispositif de sélection ;

tous les documents ayant été présentés au décideur pour fonder sa décision et le rapport de présentation du marché (on ne se fondera pas sur le seul rapport de présentation, celui-ci étant souvent peu explicite, voire produit après la décision pour la justifier auprès d’une autorité externe).

Vérifier le respect des conditions de fond ayant

conduit à définir le dispositif de sélection des offres

Des critères et une pondération ou une hiérarchisation de ceux-ci ont-ils été choisis ? Comment ce choix a-t-il été justifié ?

Le choix de ces critères est-il en adéquation avec l’objet du marché ? Les critères économiques permettent-ils d’apprécier un coût global ? Si non, pourquoi des critères permettant d’appréhender le coût global ne sont-ils pas adaptés ?

Les critères et sous-critères retenus sont-ils objectifs, opérationnels et non discriminatoires ? Leur définition est-elle explicite ?

Vérifier le respect des conditions de forme et de

fond ayant permis une information raisonnable des

candidats

Dans quels documents le(s) critère(s) de sélection sont-ils décrits ? Ces documents étaient-ils accessibles aux candidats ? A quel moment ?

L’information délivrée aux candidats sur le(s) critère(s) de sélection est-elle jugée suffisamment précise ? Permettait-elle des marges d’interprétation de la définition de ces critères ?

La définition des critères de sélection a-t-elle fait l’objet de demandes d’informations complémentaires de la part de candidats potentiels ou de la part de candidats non-retenus ? Ces demandes ont-elles mis en lumière une absence de lisibilité ou des incompréhensions potentielles sur les critères de sélection ? La réponse éventuelle de l’acheteur a-t-elle fait l’objet d’une information de l’ensemble des candidats potentiels (cf. fiche 3.2).

Vérifier les conditions d’application des critères de

sélection

Les critères de sélection initialement retenus ont-ils été effectivement appliqués ?

Les critères sont-ils discriminants ? Leur application a-t-elle conduit à des discussions, des questionnements ou à une adaptation de la définition des critères retenus ?

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4. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

l’absence de critères de sélection explicites ;

le choix du seul critère de prix permettant de sélectionner les offres ;

la subjectivité manifeste des critères ou leur non-adéquation à l’objet du marché ;

des notes identiques pour un ou plusieurs critères posent la question

de la pertinence du ou des critères en question ;

une modification des critères (ou la suppression de l’un ou de

plusieurs d’entre eux) à l’issue de l’ouverture des offres ;

une demande de précision sur la définition des critères avant la

remise des offres émanant d’un candidat potentiel ou émanant, à

l’issue de la procédure de choix d’une offre, d’un candidat non

retenu ;

le rapport de présentation est peu précis et les documents présentés

au décideur de mauvaise qualité.

5. Recommandations possibles

Iinciter l’organisme à mieux définir ses critères de sélection en

procédant à leur élaboration en parallèle de l’élaboration des pièces

du DCE ;

inciter l’organisme à veiller à la qualité des informations fournies aux

candidats ;

inciter l’organisme à procéder à des retours d’expérience à l’issue de

ses différentes procédures de mise en concurrence sur la difficulté

d’application de certains critères de sélection.

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Fiche 3.4 : «L’allotissement»

L’allotissement est le fractionnement d’un marché en plusieurs lots

correspondant à des prestations distinctes. Les lots sont susceptibles de

faire l’objet d’une attribution distincte. Le marché alloti s’oppose au

marché unique ou « à lot unique ».

Le calcul du montant du marché, notamment pour déterminer la

procédure applicable doit se faire en cumulant l’ensemble des lots qui

constituent le marché, à l’exception des cas prévus à l’article 27-III du

CMP.

Depuis 2006 le principe est celui de l’allotissement obligatoire. Il ne s’agit

pas d’une obligation européenne. Ce changement a été fait pour faciliter

l’accès des PME à la commande publique. On rappellera sur ce point que

des dispositions du code de 2006 permettant aux PA de réserver un quota

de marchés aux PME dans les procédures restreintes ont été annulées par

le juge administratif69.

Les offres présentées par les candidats sont examinées lot par lot : le

principe d’égalité entre les candidats à un marché public ne s’apprécie

qu’entre les candidats à un même lot70.

69

CE 9 juillet 2007 Société EGF-BTP et autres 70

CE, 10 mai 2006, Société Schiocchet, n° 288435

1. Risques

On identifie quatre risques principaux :

Utilisation irrégulière des marchés à lot unique en s’appuyant à

tort sur les cas d’exception à l’allotissement prévus à l’article 10

du CMP ;

Montage irrégulier d’un marché pour une opération ayant à la

fois pour objet la construction et l’exploitation ou la maintenance

d’un ouvrage ;

Evaluer incorrecte du montant global du marché et donc utiliser

une procédure non conforme ;

Utilisation irrégulière des possibilités de passation de marchés à

procédure adaptée prévues à l’article 27-III.

2. Articles du code pertinents et autres

textes

Article 10.

Afin de susciter la plus large concurrence, et sauf si l'objet du marché ne

permet pas l'identification de prestations distinctes, le pouvoir

adjudicateur passe le marché en lots séparés dans les conditions prévues

par le III de l'article 27. A cette fin, il choisit librement le nombre de lots,

en tenant notamment compte des caractéristiques techniques des

prestations demandées, de la structure du secteur économique en cause

et, le cas échéant, des règles applicables à certaines professions. Les

candidatures et les offres sont examinées lot par lot. Les candidats ne

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peuvent présenter des offres variables selon le nombre de lots

susceptibles d'être obtenus. Si plusieurs lots sont attribués à un même

titulaire, il est toutefois possible de ne signer avec ce titulaire qu'un seul

marché regroupant tous ces lots.

Le pouvoir adjudicateur peut toutefois passer un marché global, avec ou

sans identification de prestations distinctes, s'il estime que la dévolution

en lots séparés est de nature, dans le cas particulier, à restreindre la

concurrence, ou qu'elle risque de rendre techniquement difficile ou

financièrement coûteuse l'exécution des prestations ou encore qu'il n'est

pas en mesure d'assurer par lui-même les missions d'organisation, de

pilotage et de coordination.

Si le pouvoir adjudicateur recourt à des lots séparés pour une opération

ayant à la fois pour objet la construction et l'exploitation ou la

maintenance d'un ouvrage, les prestations de construction et

d'exploitation ou de maintenance ne peuvent être regroupées dans un

même lot. S'il recourt à un marché global, celui-ci fait obligatoirement

apparaître, de manière séparée, les prix respectifs de la construction et de

l'exploitation ou de la maintenance. La rémunération des prestations

d'exploitation ou de maintenance ne peut en aucun cas contribuer au

paiement de la construction.

Article 27-3

III.-Lorsqu'un achat peut être réalisé par lots séparés, est prise en compte

la valeur globale estimée de la totalité de ces lots.

Les pouvoirs adjudicateurs peuvent décider de mettre en œuvre soit une

procédure commune de mise en concurrence pour l'ensemble des lots,

soit une procédure de mise en concurrence propre à chaque lot. Quelle

que soit l'option retenue, lorsque la valeur cumulée des lots est égale ou

supérieure aux seuils de procédure formalisée définis à l'article 26, la ou

les procédures à mettre en œuvre sont les procédures formalisées

mentionnées au I de cet article.

Toutefois, même si la valeur totale des lots est égale ou supérieure aux

seuils des marchés formalisés, il est possible de recourir à une procédure

adaptée :

1° Pour les lots inférieurs à 80 000 Euros HT dans le cas de marchés de

fournitures et de services ;

2° Pour les lots inférieurs à 1 000 000 Euros HT dans le cas des marchés de

travaux,

à la condition que le montant cumulé de ces lots n'excède pas 20 % de la

valeur de la totalité des lots. Dans le cas où un minimum et un maximum

sont fixés, les 20 % s'appliquent au montant minimum du marché.

Cette dérogation peut également s'appliquer à des lots déclarés

infructueux ou sans suite au terme d'une première procédure ainsi qu'à

des lots dont l'exécution est inachevée après résiliation du marché initial

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107

lorsque ces lots satisfont aux conditions fixées par les trois alinéas

précédents.

Cette dérogation ne peut, en revanche, s'appliquer aux accords-cadres et

aux marchés qui ne comportent pas de montant minimum.

3. Etapes du contrôle

De manière générale il sera nécessaire d’une part de vérifier le calcul du montant global du marché et d’autre part d’auditer les raisons du non allotissement ou le contenu de celui-ci.

Vérification de la justification de l’absence

d’allotissement prévue par l’article 10 du CMP

Les trois critères alternatifs sont les suivants :

la dévolution en lots séparés est de nature, dans le cas

particulier, à restreindre la concurrence,

elle risque de rendre techniquement difficile ou

financièrement coûteuse l'exécution des prestations,

le PA n'est pas en mesure d'assurer par lui-même les

missions d'organisation, de pilotage et de coordination.

L’absence d’allotissement doit être justifiée et elle présente donc

toujours un risque juridique.

La jurisprudence a été confrontée à des cas de macro lots (dans le

cas d’espèce la rénovation d’un collège en deux lots, l’un de

bâtiments tous corps d’Etat et l’autre voirie et réseaux divers

(VRD) espaces verts). Le juge a considéré que le pouvoir

adjudicateur ne justifiait pas que les contraintes liées à la

nécessité d’une parfaite coordination des intervenants étaient

telles que la dévolution en lots séparés aurait rendu difficile

l’exécution du marché. Elle a aussi considéré que le PA ne saurait

se prévaloir pour justifier une dérogation à la règle de ses propres

choix d’organisation (ici les missions de coordination dès lors

qu’elles pouvaient être confiées à un prestataire).

Par contre le recours au marché global reste admis s’il est

justifié71.

L’existence systématique de sous traitants et de cotraitants peut

être un indice d’une entreprise « ombrelle » qui en réalité n’offre

que sa capacité à obtenir le marché pour des raisons

éventuellement critiquables. Une revue analytique des

cotraitants et sous traitants pendant une certaine période peut

être un outil pour documenter ce sujet ; si le système

d’information ne prend pas en compte ces données elle sera

consommatrice de temps.

71

CE 27/10/2011 département des Bouches du Rhône : cas où l’allotissement aurait pu

être de nature à rendre plus couteuse la réalisation des prestations prévues au contrat

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108

Vérification du montage régulier d’un marché pour

une opération ayant à la fois pour objet la

construction et l’exploitation ou la maintenance

d’un ouvrage Examiner les documents du marché permet de vérifier que les prestations

de construction et d'exploitation ou de maintenance ne sont pas

regroupées dans un même lot lorsqu’il y a allotissement.

De même pour vérifier, en cas de marché global, que les dépenses liées à

l’investissement sont distinctes de celles liées à la maintenance et

l’exploitation, celui-ci fait obligatoirement apparaître, de manière

séparée, les prix respectifs de la construction et de l'exploitation ou de la

maintenance.

Vérifier que la rémunération des prestations d'exploitation ou de

maintenance ne peut en aucun cas contribuer au paiement de la

construction est plus complexe et suppose de rentrer dans le détail du

coût des prestations avec d’éventuels éléments comparatifs.

Vérification du correct recours aux possibilités de

passation de marchés à procédure adaptée

prévues à l’article 27-III. Alors même que le montant total du marché atteint le seuil de procédure

formalisée, il est possible de recourir à la procédure adaptée prévue par

l’article 28 pour les « petits lots », cette possibilité est soumise aux

conditions suivantes :

lots inférieurs à 80.000 € HT pour les marchés de fournitures

courantes et de service,

lots inférieurs à 1 M€ pour les marchés de travaux.

Dans les deux cas, le montant cumulé de ces lots ne doit pas dépasser

20% de la valeur du marché.

Vérification de la correcte évaluation du montant

global du marché et donc de l’utilisation d’une

procédure conforme

Mentionné pour mémoire cf. fiche 2.3.

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109

Fiche 3.5 : «L’examen des

candidatures – les

candidatures irrecevables

ou incomplètes»

L’auditeur pourra se reporter à la fiche 2.6.

Il est rappelé que conformément au principe de la liberté d’accès à la

commande publique tout opérateur économique peut se porter candidat

à l’attribution d’un marché public, à l’exception, toutefois, des opérateurs

économiques placés sous l’effet d’une interdiction de soumissionner

résultant d’une condamnation pénale, de la situation personnelle de

l’entreprise ou de la violation de ses obligations fiscales et sociales (cf.

fiche 2.6). Les candidats à un marché public doivent attester sur l’honneur

qu’ils ne sont pas dans une situation leur interdisant de soumissionner à

l’attribution d’un marché public. A cette fin ils peuvent renseigner le

formulaire DC1 « Lettre de candidature – habilitation du mandataire par

ses cotraitants » qui intègre l’ensemble des déclarations sur l’honneur

demandées. En fournissant ce formulaire, qui n’est pas obligatoire, il est

dispensé de fournir l’ensemble des attestations et certificats officiels à ce

stade de la procédure72.

En procédure formalisée comme en procédure adaptée, l’examen de la

recevabilité des candidatures est obligatoire. De même, l’acheteur doit,

72

Cf. Guide des bonnes pratiques en matière de marchés publics du 26 septembre 2014

dans tous les cas, examiner les candidatures avant les offres. La

suppression de la double enveloppe pour les appels d’offre ouverts

(décret n°2008-1355 du 19 décembre 2008) n’a pas mis fin à l’obligation

pour le pouvoir adjudicateur de distinguer la phase de sélection des

candidatures de la phase de sélection des offres. Désormais, les dossiers

comportent une enveloppe comprenant les documents relatifs à la

candidature et à l’offre (article 57-V).

L’examen des dossiers de candidature doit respecter les principes

rappelés à l'article 1er du code : liberté d'accès à la commande publique,

égalité de traitement des candidats et transparence des procédures.

L’auditeur s’attachera dans l’appréciation du niveau du risque à

distinguer les risques de nature juridique pouvant emporter l’annulation

du marché et les risques susceptibles d’être qualifiés pénalement si les

modifications avantagent un candidat particulier.

1. Risques

En procédure ouverte comme en procédure restreinte, les

capacités professionnelles et techniques ainsi que les capacités

financières demandées au candidat ne sont ni pertinentes, ni

proportionnées à l’objet du marché.

L’auditeur doit examiner les critères qui fondent l’analyse des

candidatures et s’assurer de leur caractère non discriminant. Des

critères non proportionnés à l’objet ou non pertinents peuvent

avoir pour objet d’écarter certaines candidatures et cacher un

délit de favoritisme.

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110

La possibilité offerte au pouvoir adjudicateur de demander à un

candidat de compléter son dossier est mise en œuvre de telle

sorte qu’elle a pour effet d’avantager un candidat.

En procédure ouverte les critères d’élimination des candidatures

ne sont pas conformes aux critères fixés dans l’avis d’appel

public à candidature.

Ce risque peut revêtir plusieurs formes :

o L’acheteur a fixé des critères minimaux de capacité dans

l’AAPC et ne les respecte pas.

o L’acheteur n’a pas fixé de critères mais il élimine des

candidats qui ont manifestement les capacités suffisantes

pour exécuter le marché.

o L’acheteur n’élimine pas des candidats qui n’ont pas fourni les

pièces exigées dans le règlement de la consultation.

En procédure restreinte, la sélection des candidats s’effectue sur

la base de critères non mentionnés dans l’avis d’appel public à

candidature.

2. Articles du code pertinents

Articles 44 à 47 : présentation des documents fournis par les

candidats ;

Article 52 : sélection des candidatures.

3. Etapes du contrôle

Vérification de la nature pertinente et

proportionnée à l’objet du marché des capacités

techniques et professionnelles ainsi que des

capacités financières demandées aux candidats

Définir des exigences sans rapport avec l’objet du marché ou

disproportionnées avec cet objet a pour conséquence la mise à l’écart de

candidats potentiels et donc un possible délit de favoritisme.

Il ne peut être exigé des candidats que les pièces mentionnées par

l’arrêté du 28 août 2006 fixant la liste des renseignements et des

documents pouvant être demandés aux candidats aux marchés

passés par les pouvoirs adjudicateurs. La vérification des capacités

professionnelles, techniques et financières des candidats

s’effectue au vu des documents ou renseignements demandés, à

cet effet, dans les avis d’appel public à la concurrence ou, en

l’absence d’un tel avis, dans le règlement de consultation73. Ainsi

on ne peut demander une note présentant la composition de

l’équipe dédiée au projet ainsi que l’organisation mise en place74.

Par contre le pouvoir adjudicateur peut demander aux candidats

l’utilisation de l’imprimé DC275.

73

CE, 29 avril 2011, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés, n° 344617 74

CE 11/4/2014 Ministre de la Défense n°375245 75

CE 21/2/2014 Société AD3 et les lavandières N°373096

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111

Le pouvoir adjudicateur ne peut exiger des candidats que des

renseignements objectivement nécessaires à l’objet du marché et

à la nature des prestations à réaliser, permettant d’évaluer leurs

expériences, leurs capacités professionnelles, techniques et

financières, ainsi que des documents relatifs aux pouvoirs des

personnes habilitées à les engager. Dans une affaire opposant la

commune de Savigny sur Orge et la société Europe Service Voiries,

le Conseil d’Etat a jugé que l’exigence de moyens matériels (une

balayeuse aspiratrice de 5m3 à temps complet, une mini-

balayeuse aspiratrice, une laveuse 5 000 litres, un véhicule léger

utilitaire au prorata temporis et deux souffleurs à dos) et de

moyens humains (six agents techniques, administratifs, et

d’encadrement) est compatible avec l’objet du marché destiné à

assurer le balayage et le lavage de l'ensemble des caniveaux et

trottoirs de la ville76.

L’auditeur doit s’assurer que le pouvoir adjudicateur se donne les

moyens d’évaluer les capacités des candidats sur chacun des trois

volets : le volet professionnel, le volet technique et le volet

financier. La faculté offerte au pouvoir adjudicateur de choisir les

documents ou renseignements permettant d’évaluer les capacités

professionnelles, techniques et financières des candidats ne peut

pas conduire à ne demander aucun document ou renseignement

pour l’une ou l’autre des trois capacités. Dans une affaire opposant

le Garde des Sceaux et l’Institut Génétique Nantes Atlantique, le

Conseil d’Etat a jugé que la possession d’un agrément ayant pour

objet de garantir que les sociétés qui en sont titulaires disposent

des compétences professionnelles requises pour procéder à des

76

CE, 6 mars 2009, commune de Savigny-sur-Orge, n° 315138

identifications par empreintes génétiques dans le cadre d’une

procédure judiciaire ne suffit pas pour s’assurer des capacités

techniques et financières des candidats à un marché public.

L’acheteur public aurait donc dû demander aux candidats de

produire des renseignements ou documents attestant des moyens

humains, matériels et financiers dont ils disposaient et justifiant de

leur expérience dans le domaine des prestations du marché77.

La décision du pouvoir adjudicateur doit reposer sur des faits dont

l'exactitude matérielle ressort uniquement des pièces du dossier. Il

n'est ainsi pas possible de fonder l'éviction d'une société sur la

base de bruits ou de rumeurs laissant présager une restructuration

prochaine d'une société. Un motif d’éviction reposant sur des faits

dont l'exactitude matérielle ne ressort pas des pièces du

dossier ne permet pas d’établir l’insuffisance des capacités du

candidat78.

Enfin si l’article 45 prévoit que faute de pouvoir fournir les

documents demandés, le candidat est libre de la preuve, celle-ci

doit être consistante. Ainsi la simple description de travaux ne

permet pas de compenser l’absence d’une qualification Qualibat

dès lors qu’elle n’est pas assortie de preuves permettant

d’apprécier la qualité des travaux79.

77

CE, 29 avril 2011, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés, n° 344617 78

CE, 20 avril 1993, Syndicat départemental d'électricité de la Drôme, req. n° 81843 79

TA Marseille 21/2/2014 société 4D

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112

Vérification du respect du principe d’égalité de

traitement des candidats quand la possibilité de

compléter leur dossier leur est donnée

Avant l’examen des candidatures, en procédure formalisée comme en

procédure adaptée, les acheteurs peuvent demander aux candidats de

compléter le contenu de leur dossier, en cas d’oubli ou de production

incomplète d’une pièce afférente à leur candidature (capacités

techniques, professionnelles et financières) et à leur capacité juridique

(article 52 du code). Le pouvoir adjudicateur n’a pas obligation de

demander aux candidats les pièces manquantes. S’il ne demande pas de

régularisation, les candidats dont le dossier n’est pas complet ne sont pas

admis à présenter une offre.

Si l’acheteur propose à un candidat, en cas de pièces absentes ou

incomplètes, de compléter son dossier pour ce qui concerne sa

candidature, il en informe les autres candidats qui se voient ouvrir une

même possibilité de complément dans un même délai qui ne peut

excéder 10 jours. Cette faculté favorise la concurrence en permettant plus

de candidatures.

L’auditeur s’attachera à vérifier que cette possibilité de compléter son

dossier de candidature a été offerte à tous les candidats et que le délai a

bien été respecté.

Cette possibilité de compléter le dossier de candidature ne peut pas être

mise à profit pour compléter l’offre. Le Conseil d’Etat a jugé, dans une

affaire opposant la région de la Réunion et la société FMC Antilles que la

région de la Réunion a rejeté bon escient l’offre présentée par la société

FMC Antilles en raison de son caractère incomplet, et donc irrégulier, du

fait de « l'absence du mémoire technique nécessaire au jugement de la

valeur technique de l'offre ". En conséquence, en éliminant l’offre de FMC

Antilles au stade du jugement des offres, la région de la Réunion a bien

respecté le principe d'égalité de traitement des candidats. En effet c’est à

juste titre que la région de la Réunion ne l’avait pas invitée à compléter

son dossier avant l'examen des candidatures dès lors que ce dernier était

bien complet, ainsi qu'elle l'avait fait à l'égard d'un autre candidat80.

Procédure ouverte : vérification du respect des

critères définis dans l’avis d’appel public à

candidature NB : La procédure est distincte selon le type d’appel d’offre ouvert ou

restreint (AOO ou AOR) :

AOO : il s’agit d’éliminer les candidatures dont les capacités sont

jugées insuffisantes,

AOR : l’acheteur ne retient, après classement, que les meilleurs

candidats parmi ceux qui ont les niveaux de capacités requis, le

nombre de candidats admis à présenter une offre étant limité.

L’acheteur a fixé des critères minimaux de capacité dans l’AAPC.

Les risques sont de deux ordres :

o L’acheteur ne respecte pas ces critères dans son examen

des candidatures.

80

CE, 4 mars 2011, région Réunion, n° 344197

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113

o Ces critères minimaux ne sont pas liés à l’objet du marché

ou ne sont pas proportionnés à cet objet.

Il est rappelé que le pouvoir adjudicateur n'est pas tenu de

préciser dans les avis d'appel public à la concurrence des niveaux

minimaux de capacités professionnelles, techniques et financières

exigés des candidats81.

L’acheteur n’a pas fixé de critères mais il élimine des candidats

qui ont manifestement les capacités suffisantes pour exécuter le

marché.

L’acheteur public ne peut éliminer que les candidats ne disposant

manifestement pas des capacités suffisantes pour exécuter le

marché, c’est-à-dire ceux dont les capacités sont, à l’évidence,

insuffisantes pour assurer l’exécution des prestations faisant l’objet

du marché (ex : capacités financières du candidat).

L’acheteur public ne peut pas refuser la candidature d’un ancien

titulaire défaillant en se fondant exclusivement sur l’insatisfaction

rencontrée au cours de l’exécution d’un précédent marché82. En

l’espèce le pouvoir adjudicateur retournait l’enveloppe non ouverte

à une société avec qui il avait résilié des marchés pour faute ; il lui a

été reproché de ne pas avoir recherché d’autres éléments du dossier

avant de rejeter la candidature.

81

CE, 8 août 2008, région Bourgogne, n° 307143 82

CAA Versailles, 10 octobre 2013 Société générale de travaux européens

L’acheteur n’élimine pas des candidats qui n’ont pas fourni les

pièces exigées dans le règlement de la consultation.

Sauf à demander un complément comme l’autorise l’article 52, le

pouvoir adjudicateur doit rejeter les dossiers incomplets.

A noter, le cas particulier des entreprises nouvellement créées qui

ne sont pas en capacité de produire les éléments demandés : le

pouvoir adjudicateur, s’il souhaite faciliter l’accès au marché

d’entreprises de création récente, doit autoriser les entreprises

candidates, qui ne sont pas en mesure de produire les références

demandées, à justifier de leurs capacités financières et

professionnelles par d'autres moyens.

Le Conseil d’Etat a jugé que la communauté urbaine Marseille-

Provence-Métropole, en retenant une entreprise qui ne pouvait pas

produire son chiffre d'affaires global réalisé au cours des trois

derniers exercices, contrairement aux exigences prévues dans le

règlement de consultation, a méconnu les obligations de mise en

concurrence.

En effet, la communauté urbaine n'a pas prévu, ainsi qu'il lui était

loisible de le faire, que les entreprises candidates pouvaient justifier

de leurs capacités financières et professionnelles par d'autres

moyens83).

83

CE, 10 mai 2006, société Bronzo, n° 281976

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Procédure restreinte : vérification du respect des

critères de sélection définis dans l’avis d’appel

public à candidature L’acheteur a limité le nombre de candidats admis à présenter une offre.

Dans ce cas l’examen des candidatures s’effectue en deux temps :

élimination des candidatures qui ne présentent pas les capacités

professionnelles, techniques et financières suffisantes ou qui

n’atteignent pas les niveaux minimaux de capacité fixés,

puis sélection des candidatures au regard des critères de sélection

publiés dans l’avis d’appel public à la concurrence.

Comme pour les procédures ouvertes, l’auditeur s’attachera à vérifier

que :

Les critères de sélection sont proportionnés à l’objet du marché

et non discriminatoires

l’acheteur respecte les critères définis dans l’AAPC.

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Fiche 3.6 : «Négociation»

Nb. Cette fiche traite exclusivement des modalités et du contenu de la

négociation, et non des hypothèses de procédures négociées prévues par

le Code des marchés publics (article 35)..

A la différence de la phase de consultation désormais largement

encadrée, la phase de négociation se caractérise par la liberté dont

dispose l’acheteur pour conduire la négociation selon les modalités qu’il

détermine. Le Code de 2006, tout en venant davantage encadrer cette

procédure, préserve une certaine souplesse dans le choix des modalités

de discussion avec les candidats. Ces modalités mais aussi le caractère

dérogatoire de la négociation qui conduit à un plus faible volume de

marchés –expliquent un contentieux limité sur ce sujet.

1. Risques

La négociation de par son objet remet en cause les conditions

initiales de mise en concurrence.

A l’issue de la négociation, on constate que l’accord s’éloigne des

conditions posées par l’avis d’appel public à concurrence initial. De ce

fait, la négociation porte atteinte au principe d’égalité de traitement

entre les candidats, dans la mesure où certains fournisseurs, qui n’ont

pas soumissionné, l’auraient peut-être fait si les conditions finales

avaient été posées initialement.

Les modalités de négociation ne garantissent pas le respect du

principe d’égalité de traitement.

L’égalité de traitement entre les soumissionnaires n’est pas assurée,

les règles de négociation étant susceptibles d’avantager certains

candidats par rapport à d’autres :

o soit que les candidats ne se voient pas tous appliquer les mêmes

règles : Exemple : les délais de remise de nouvelles offres ne sont

pas les mêmes pour tous les soumissionnaires ;

o soit que les règles appliquées soient discriminatoires:

l’organisation des négociations conduit dans les faits à privilégier

un candidat par rapport aux autres ;

o soit que cette application ne soit pas faite de manière identique.

L’exigence de transparence n’est pas satisfaite.

Deux cas de figure peuvent être envisagés :

o l’information des candidats quant à l’organisation de la

négociation (forme, durée, conditions) n’est pas équivalente ;

o les informations diffusées en cours de négociation sont

discriminatoires au sens où elles aboutissent à avantager

certains candidats par rapport aux autres.

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La négociation n’est pas traçable

Le pouvoir adjudicateur se trouve dans l’incapacité de démontrer aux

autorités de contrôle (qu’elles soient ou non juridictionnelles) qu’il a

effectivement respecté les principes d’égalité et de transparence.

2. Articles du code pertinents

Article 66-V : description de la phase de négociation, limitations posées au

regard des principes d’égalité de traitement et de transparence.

Article 35-V : limites posées à l’objet de la négociation.

Article 65-V : principe de confidentialité des offres.

3. Etapes de l’audit

Vérification du respect des conditions initiales de

concurrence

L’auditeur veillera notamment à vérifier :

que la négociation ne porte pas sur l’objet du marché,

que la négociation ne modifie pas substantiellement les

caractéristiques et les conditions d’exécution du marché telles

qu’elles sont définies dans les documents de consultation. Les

négociations ne doivent pas avoir pour effet d’aboutir à

l’élaboration d’un projet intégralement différent du document

initial. Il s’agit donc de déterminer l’importance des modifications

susceptibles d’être apportées au document initial.

Exemple : les modifications portent sur des éléments du contrat qui

constituent les deux premiers critères d’appréciation des offres tels que

définis par le règlement de consultation du marché84.

Sur ce sujet, l’auditeur se réfèrera à la jurisprudence sur les négociations

de délégations de service public, plus abondantes, qui peuvent - à

quelques exceptions près - éclairer la négociation dans les marchés

publics.

Il s’agit d’une évaluation au cas par cas. Dans certains cas de figure,

l’égalité entre les concurrents est par exemple entendue comme une

égalité entre les candidats (dans le seul cadre de la négociation). La

négociation ne peut conduire à modifier les éléments de la concurrence,

sauf à ce que l’administration invite tous les candidats avec lesquels elle

négocie à adapter leurs propositions à ces modifications85.

En dehors de ces cas de figure, le champ de la négociation apparaît

extrêmement ouvert : conditions financières, conditions techniques,

délais, garanties de correcte exécution du marché, etc. La discussion peut

porter sur tout objet jugé utile par l’administration pour retenir l’offre

économiquement la plus avantageuse.

84

CAA Nancy 8 juin 2009, Commune de Reims. 85

Instruction pour l’application du Code de 2001

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117

Vérification du respect du principe d’égalité de

traitement L’auditeur vérifiera successivement que les règles s’appliquent de

manière équivalente, qu’elles ne comportent pas dans leur application de

caractère discriminatoire, et enfin que l’application faite de ces règles est

la même d’un candidat à l’autre. L’auditeur sera attentif aux éventuelles

modifications apportées au cahier des charges : dans ce cas en effet,

l’acheteur doit proposer à l’ensemble des candidats de remettre une

nouvelle offre sur la base des nouvelles dispositions.

Vérification du respect du principe de transparence L’auditeur s’assurera de l’absence d’attitude discriminatoire des

informations transmises et de l’égal accès à l’information de l’ensemble

des candidats. Cette transparence doit être appréciée à la fois au regard

des candidats, mais également des autorités de contrôle.

Il est à noter que le respect du principe de transparence doit être

combiné avec une certaine confidentialité. Le pouvoir adjudicateur ne

peut ainsi révéler aux autres candidats des solutions ou des informations

confidentielles communiquées dans le cadre de la négociation sans avoir

préalablement obtenu l’accord de celui-ci. Ces dispositions concernent

par exemple les secrets techniques et commerciaux, ou les informations

confidentielles au sens où elles pourraient aider les participants à porter

leurs soumissions aux niveaux d’autres participants. Pour cette raison, les

offres faites par les candidats ne peuvent être diffusées aux autres

candidats sans leur accord.

Examen des modalités de négociation

Les modalités de négociation apparaissent très peu encadrées tant par le

Code des marchés publics que par la jurisprudence : possibilité de prévoir

ou non des phases à la négociation (au terme desquelles les candidats

peuvent être éliminés), choix de la personne en charge de la conduite de

la négociation, choix de la durée des négociations,….

En revanche, l’auditeur pourra vérifier que le pouvoir adjudicateur a

effectivement mené la négociation jusqu’à son terme avec l’ensemble des

candidats admis à négocier. S’il n’a pas eu recours à plusieurs phases, il

doit ainsi négocier avec tous les candidats jusqu’à l’issue des négociations.

Examiner le résultat de la négociation

L’auditeur devra enfin conduire une comparaison entre l’ « avant » et

l’ « après » négociation, destinée à s’assurer de l’existence d’une « plus-

value » pour l’acheteur public. On peut par exemple rencontrer des cas où

la négociation conduit à une augmentation du prix par rapport à l’offre

initiale qui, si elle ne suffit pas à poser un diagnostic, devra être

sérieusement justifiée.

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Fiche 3.7 : «Le traitement

des offres irrégulières,

inacceptables,

inappropriées»

Le code des marchés publics prévoit à l’article 35 :

« Une offre irrégulière est une offre qui, tout en apportant une

réponse au besoin du pouvoir adjudicateur, est incomplète ou ne

respecte pas les exigences formulées dans l'avis d'appel public à

la concurrence ou dans les documents de la consultation. »

« Une offre est inacceptable si les conditions qui sont prévues

pour son exécution méconnaissent la législation en vigueur, ou si

les crédits budgétaires alloués au marché après évaluation du

besoin à satisfaire ne permettent pas au pouvoir adjudicateur de

la financer ».

« Est inappropriée une offre qui apporte une réponse sans

rapport avec le besoin du pouvoir adjudicateur et qui peut en

conséquence être assimilée à une absence d'offre ».

L’auditeur peut organiser ses travaux selon deux angles d’approche

propres à vérifier que le principe d’égalité de traitement des candidats est

effectivement respecté :

S’assurer que les offres déclarées irrégulières, inacceptables ou

inappropriées l’ont été pour des raisons avérées,

Vérifier que le traitement réservé par l’acheteur à ces offres est

conforme au code des marchés publics.

A noter : la présente fiche ne traite pas de la procédure de déclaration

d’infructuosité qui fait l’objet de la fiche 3.10.

1. Risques

Les risques peuvent porter sur la qualification de l’offre irrégulière,

inacceptable ou inappropriée :

L’offre est qualifiée d’irrégulière, inacceptable ou inappropriée à

mauvais escient en contradiction avec l’obligation d’égalité de

traitement des candidats ou de mise en concurrence.

Les risques peuvent porter sur les conditions du rejet de ces offres :

Le pouvoir adjudicateur rejette une offre irrégulière sur des

points de forme qu’il pourrait choisir de ne pas rejeter.

Les risques peuvent porter sur le non respect du caractère intangible de

l’offre :

Le pouvoir adjudicateur complète lui-même, à tort, une offre

incomplète et donc irrégulière.

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En réponse à une demande de complément ou de précision du

pouvoir adjudicateur, le candidat modifie la teneur de son offre.

Les risques peuvent porter sur les modalités de mise en œuvre d’une

procédure négociée suite à la remise d’offres irrégulières, inacceptables

ou inappropriées :

La possibilité offerte au pouvoir adjudicateur de négocier avec

un candidat ayant remis une offre irrégulière, inacceptable ou

inappropriée n’est pas correctement mise en œuvre.

2. Articles du code pertinents et autres

textes

Article 35 I 1 et 35 II 3 : rappel des situations dans lesquels le

pouvoir adjudicateur peut passer un marché négocié. Définition

d’une offre irrégulière, inacceptable et inappropriée.

Article 53 : élimination des offres irrégulières, inacceptables ou

inappropriées.

Article 66 : élimination d’une offre inappropriée lors d’une

procédure négociée.

Fiche DAJ : « Déclaration d’infructuosité »

Guide DAJ : Le guide des bonnes pratiques en matière de marchés

publics (septembre 2014)

3. Etapes du contrôle

L’article 53 du code des marchés publics prévoit que « les offres

inappropriées, irrégulières et inacceptables sont éliminées. Les autres

offres sont classées par ordre décroissant. » Cette disposition s’applique

de manière obligatoire, sauf cas particuliers examinés ci-après (marchés à

procédure adaptée et de cas prévus par les articles 35-1,1° et 35-II 3°- cf.

infra).

Par ailleurs même si le pouvoir adjudicateur a classé une offre de cette

nature il conserve la possibilité de l’éliminer in fine86.

Vérification du caractère adéquat de la

qualification de l’offre comme irrégulière,

inacceptable ou inappropriée

Est irrégulière une offre incomplète ou qui ne respecte pas les

exigences formulées dans l'avis d'appel public à la concurrence

ou dans les documents de la consultation.

Répondent à cette définition notamment :

les offres remises hors délai,

les offres qui, tout en respectant l’objet du marché, ne répondent

pas complètement à la définition des besoins quantitativement

ou qualitativement. Dans le cadre d’un marché ayant pour objet

86

Conseil d’Etat, 29 mai 2013, n° 366456, CU Marseille Provence Métropole / Comatis

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le service hivernal de salage et de déneigement des routes

départementales, le CCTP imposait aux candidats de préciser les

caractéristiques du véhicule de salage et de déneigement dont ils

disposeraient pour l’exécution du marché. Le juge a considéré

que la fourniture d’un simple devis signé obtenu auprès d'un

garage et revêtu de la mention lu et approuvé ne permettait pas

d’assurer que l’entreprise avait entrepris des démarches

suffisantes en vue de disposer effectivement du véhicule adéquat

pour le commencement de l'exécution du marché. A défaut pour

cette entreprise d'avoir fourni une telle justification, l’acheteur a

eu raison de considérer son offre comme incomplète et donc

irrégulière87;

les offres qui ne répondent pas aux exigences posées par le

règlement de la consultation. L’appel d’offre lancé par la

commune de Chatel en vue de l’exploitation de navettes

saisonnières prévoyait dans son règlement de la consultation que

les candidats devaient présenter séparément de la solution de

base une option chiffrée concernant la mise en place d’un

comptage par infrarouge à la montée de voyageurs. Faute d’avoir

prévu une présentation séparée, l’offre du candidat a été jugée

irrégulière88.

les offres anormalement basses, notamment lorsqu’elles

contreviennent à la législation sur le dumping au sens de l’article

L. 420-5 du code du commerce et ne remplissent pas les

87

CE, 12 janvier 2011, département du Doubs, n° 343324 88

Conseil d’État, 23 juin 2010, no 336910, Commune de CHATEL

conditions énoncées par l’article 55 du code des marchés publics

(cf. fiche 3.9) ;

les offres non régulièrement établies (offre non signée si le

dossier de consultation en a fait une obligation, offre (papier ou

électronique) non signée alors qu'il s'agit d'une procédure

formalisée, offre déposée ailleurs qu’au lieu prévu dans le

règlement de la consultation ailleurs qu’à l’endroit précisé dans

le règlement de la consultation, offre contenue dans une

enveloppe portant une mention interdite par le règlement de la

consultation, etc.).

Une offre inacceptable répond aux besoins du pouvoir

adjudicateur mais elle est qualifiée d’inacceptable pour deux

raisons fixées par le code des marchés publics :

o les conditions qui sont prévues pour son exécution

méconnaissent la législation en vigueur. Par exemple, une

offre ne prévoyant pas que des bâtiments d’habitation

collectifs et leurs abords soient construits et aménagés de

façon à être accessibles aux personnes handicapées en

application de la loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour

l’égalité des droits et des chances, la participation et la

citoyenneté des personnes handicapées et de son décret

d’application n° 2006-555 du 17 mai 2006 doit être jugée

inacceptable.

o les crédits budgétaires alloués au marché ne permettent pas

au pouvoir adjudicateur de financer l’offre.

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Toutefois, l’offre ne peut être qualifiée d’inacceptable que si le

pouvoir adjudicateur prouve qu’il n’a pas les moyens de la financer.

Dès lors que son budget lui permet d’accepter l’offre, celle-ci ne

peut pas être rejetée comme inacceptable, même si son prix est

largement supérieur au montant estimé du marché. Ainsi l’offre

d’une entreprise ne peut être rejetée sans classement au motif

qu'elle était supérieure de 25 % à l'estimation de l’acheteur et par

suite, " économiquement inacceptable ", dès lors que l’acheteur n’a

pas prouvé qu’il lui était impossible de la financer. En conséquence,

le juge a estimé que l’acheteur a manqué à ses obligations de mise

en concurrence en s'abstenant de la comparer aux autres en la

classant89.

Est inappropriée une offre qui apporte une réponse sans

rapport avec le besoin du pouvoir adjudicateur et qui peut en

conséquence être assimilée à une absence d'offre.

Répondent à cette définition notamment les offres pour lesquelles

le candidat a pris l’initiative de modifier les documents de la

consultation pour remettre une offre ne correspondant pas à ce qui

est demandé par l’acheteur public. Ainsi l’offre déposée par une

entreprise qui a apporté des modifications au métrage de la surface

à recouvrir de faïence (surface recalculée à hauteur de 31,80 m2 au

lieu de 318 m2) a été déclarée irrecevable par la commission

d'appels d'offres, analyse validée par le juge90.

89

CE, 24 juin 2011, Office public de l’habitat interdépartemental de l’Essonne, du Val

d’Oise et des Yvelines, n° 346665 90

CAA Nancy, 11 mai 2006, Société Ronzat, n° 04NC00519

Vérification de l’utilisation appropriée de ses marges

de manœuvre par l’acheteur Les offres irrégulières, inacceptables ou inappropriées sont en principe

rejetées sans être classées. L’acheteur dispose toutefois de marges de

manœuvre dans certains cas dont il convient de vérifier l’utilisation.

Le pouvoir adjudicateur rejette une offre irrégulière sur des

points de forme qu’il pourrait choisir de ne pas rejeter

Une offre non conforme aux prescriptions du règlement de

consultation ne mérite pas un rejet systématique. En effet, le

pouvoir adjudicateur peut « s’affranchir des exigences de ce

règlement si le document omis par le candidat ne présente pas

d’utilité pour l’appréciation des offres », notamment en raison de

son caractère public91. Le défaut de production de documents qui ne

sont pas exploités dans le cadre du jugement des offres et dont

l’absence ne s’oppose pas à l’analyse du mérite de celles-ci ne peut

conduire à qualifier l’offre d’incomplète. Il s’agit notamment des

documents que les candidats n’ont pas d’autre choix que d’accepter,

tels que les cahiers des clauses techniques particulières (CCTP) et les

cahiers des clauses administratives particulières (CCAP)92.

La possibilité offerte au pouvoir adjudicateur de négocier avec

un candidat ayant remis une offre irrégulière, inacceptable ou

inappropriée n’est pas correctement mise en œuvre

Dans le cadre d’une procédure adaptée, le pouvoir adjudicateur

n’est pas obligé d’appliquer les dispositions de l’article 53 et peut, 91

CE, 22 décembre 2008, « Ville de Marseille », req. n° 314244 92

Le Moniteur (Article Le Moniteur.fr : la fin du rejet systématique des offres irrégulières).

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dans le respect du principe d’égalité de traitement entre les

candidats, négocier avec les candidats ayant remis des offres

inappropriées, irrégulières ou inacceptables et ne pas les éliminer

d’emblée93. Toutefois cette possibilité offerte au pouvoir

adjudicateur n’est pas une obligation : il est libre de refuser de

négocier avec un candidat ayant remis une offre irrégulière.

Dans le cadre d’une procédure formalisée, deux cas de figure peuvent se

rencontrer :

conformément à l’article 35, I, 1°, un marché peut être négocié,

après publicité préalable et mise en concurrence, si seules des

offres irrégulière ou inacceptables ont été proposées au pouvoir

adjudicateur. Seules des offres irrégulières ou inacceptables

peuvent devenir régulières ou acceptable après négociation.

Contrairement à la procédure adaptée, les offres inappropriées

ne peuvent faire l’objet d’une négociation (article 66 du CMP).

conformément à l’article 35, II, 3° un marché peut être négocié,

sans publicité préalable et sans mise en concurrence, si

« aucune candidature ou aucune offre n'a été déposée ou pour

lesquels seules des offres inappropriées ont été déposées, pour

autant que les conditions initiales du marché ne soient pas

substantiellement modifiées et qu'un rapport soit communiqué,

à sa demande, à la Commission européenne ».

Vérification de l’inexistence de comportements

irréguliers

93

Conseil d’État, 30 novembre 2011, no 353121, Ministre de la défense et des anciens

combattants c/ EURL Qualitech

Le pouvoir adjudicateur complète lui-même, à tort, une offre

incomplète et donc irrégulière

Le pouvoir adjudicateur ne peut de lui-même rectifier ou modifier une

offre incomplète. A titre d’exemple, le pouvoir adjudicateur ne peut

renseigner de lui-même les prix devant figurer au bordereau de prix

unitaire, transmis incomplet par l’entreprise, sur la base d’un autre

document figurant dans l’offre de l’entreprise et duquel pouvaient se

déduire les prix attendus94.

En réponse à une demande de complément ou de précision du

pouvoir adjudicateur, le candidat modifie la teneur de son offre

Ainsi, dans cette même décision « département de l’Hérault » du

25 mars 2013, le Conseil d’Etat rappelle que le pouvoir adjudicateur,

sans y être tenu, peut toutefois « demander à un candidat des

précisions sur son offre si celle-ci lui paraît ambiguë ou incertaine, ou

l’inviter à rectifier ou à compléter cette offre sans que le candidat

puisse alors en modifier la teneur ». Si l’offre initiale peut être

précisée, complétée voire corrigée, elle ne saurait être remise en

cause et évoluer vers une offre nouvelle. Cette interdiction de

modifier le contenu essentiel de l’offre suppose que le candidat ait au

moins formellement produit le document ou l’un des documents dans

lequel son offre est établie.95

94

CE, 25 mars 2013, département de l’Hérault, req. n°364824 95

Le Moniteur : même référence

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Fiche 3.8 : «Pondération des

critères - Méthode de

notation - Classement des

offres»

Nb. Cette fiche ne traite que de la pondération des critères et des

méthodes de notation des offres. Les points d’audits relatifs aux critères

de choix des offres (appréciation de la régularité des critères et de la

transparence dont ils font l’objet) sont traités à la fiche 3.3.

1. Risques

Plusieurs degrés d’atteinte au principe de libre concurrence peuvent être

décelés :

Les critères ne sont pas pondérés ou à défaut

classés par importance Lorsqu’il est fait appel à plusieurs critères, ils doivent être pondérés sauf

si le pouvoir adjudicateur peut démontrer que cela n’est pas possible

notamment du fait de la complexité du marché. A défaut, les critères

doivent être classés par ordre décroissant d’importance.

La pondération employée n’est pas transparente Une pondération est effectivement utilisée lors de l’examen des offres,

mais elle n’a pas été communiquée aux candidats, ni dans l’avis d’appel

public à la concurrence, ni dans les documents de consultation. La

transparence sur les modalités de choix apparaît dans ces conditions

insuffisante - l’indication des seuls critères, à défaut d’information sur leur

pondération, n’ayant que peu d’intérêt pour le soumissionnaire.

De manière convergente, l’utilisation de sous-critères (par exemple pour

apprécier le critère de « la valeur technique de l’offre») dont la

pondération n’est pas portée à la connaissance des candidats est

sanctionnée par le juge, « dès lors que, eu égard à leur nature et

l’importance de cette pondération ou hiérarchisation, ils sont susceptibles

d’exercer une influence sur la présentation des offres par le candidat et

doivent en conséquence être eux-mêmes regardés comme des critères »96.

Cas d’espèce97: l’acheteur a fixé pour le critère de la valeur technique,

retenu pour 70 %, les sous-critères pondérés de la façon suivante : 10,5

pour la description des moyens humains affectés au chantier, 10 pour la

description des moyens matériels, 7 pour la liste des principales

fournitures, 28 pour la description de la méthodologie adaptée au

contexte local, 7 pour la description des mesures d'hygiène et de sécurité,

3,5 pour le coût d'exploitation de la station d'épuration et 3,5 pour le

planning de réalisation. Compte tenu de la nature des sous-critères mis en

œuvre et de l'importance de leur pondération, le seul sous-critère du

96

CAA Versailles, 30 juin 2011, STEM Propreté. A noter que le juge français sanctionne

systématiquement l’utilisation de sous-critères qui n’auraient pas été portés à la connaissance du soumissionnaire. TA Marseille 26 juillet 2006, Société et FDM développement. 97

CE, 18 juin 2010, commune de Saint-Pal-de-Mons

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critère de la méthodologie et adaptation au contexte local étant pondéré

pour 28%, l’acheteur devait porter les sous critères et leur pondération à

la connaissance des candidats et a méconnu les règles de publicité et de

mise en concurrence en ne le faisant pas.

La pondération annoncée n’est pas respectée La pondération telle qu’elle a été annoncée aux candidats au stade de la

consultation n’est pas respectée au stade de la notation des offres.

La pondération utilisée laisse à l’acheteur public une

liberté inconditionnée de choix La méthode de pondération employée donne au pouvoir adjudicateur une

complète latitude dans la possibilité de faire prévaloir une offre sur une

autre :

soit qu’un critère imprécis et subjectif (ex : les qualités

esthétiques) bénéficie d’un coefficient de pondération

particulièrement important (par exemple, 50% avec deux

autres critères à 20 et 30% dès lors que la collectivité ne

fournit aucune indication quant à ses attentes en la matière98.

soit qu’un critère s’avère de facto non discriminant (par

exemple en raison de son imprécision, il sera

systématiquement neutralisé par l’attribution de la même

note à l’ensemble des candidats) ;

98

CE 28 avril 2006, Ville de Toulouse

Ces pratiques apparaissent susceptibles de porter atteinte à la

prévisibilité indispensable au bon fonctionnement des mécanismes du

marché.

La méthode de notation employée a pour effet de

fausser les critères communiqués aux candidats Le classement des offres ne se fait pas conformément aux critères

annoncés, soit que ceux-ci ne soient pas du tout utilisés, soit qu’ils ne

soient pas utilisés correctement, soit qu’ils ne soient pas utilisés de

manière objective (cf. infra).

2. Articles du code pertinents

Article 53-2 du CMP : règle générale de pondération des critères et

obligation de communiquer cette pondération.

Article 53-3 du CMP : principe de classement des offres par ordre

décroissant. Ce classement doit permettre de déboucher sur l’offre

économiquement la plus avantageuse.

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3. Etapes de l’audit

Vérification de l’impossibilité de pondérer en cas de

simple hiérarchisation des critères Afin de promouvoir le principe d’égalité de traitement entre les

entreprises, les directives communautaires et la jurisprudence ont posé le

principe de la pondération99 des critères de choix pour les marchés passés

selon une procédure formalisée. Le poids de chaque critère peut être

exprimé par une fourchette dont l'écart maximal est approprié.

Ce n’est que lorsque la pondération n’est pas possible pour des raisons

démontrables que peut simplement être indiqué l’ordre décroissant

d’importance des critères.

Le Code des marchés publics précise que le pouvoir adjudicateur qui

estime pouvoir démontrer que la pondération n’est pas possible,

notamment du fait de la complexité du marché indique des critères par

ordre décroissant d’importance. La jurisprudence apparaît relativement

stricte quant à la nécessité de démontrer effectivement l’impossibilité

d’une pondération. A titre d’exemple, la seule complexité du marché ne

suffit pas à présumer la légalité de l’absence de pondération.

Nb : ces règles ne valent que pour les marchés passés selon une procédure

formalisée. Par conséquent, cette obligation ne s’applique pas aux

concours. Une interprétation de l’article 53-II conclurait que c’est aussi le

cas des marchés adaptés voire des procédures de l’article 30, mais il n’est

99

La pondération renvoie à la définition d’un équilibre entre les différents critères et leur valeur respective, au moyen d’un pourcentage ou d’un coefficient. Le classement et la hiérarchisation des critères consistent à définir un ordre de prééminence entre les différents critères.

pas certain que cette interprétation soit conforme au droit

communautaire : l’auditeur recommande pour plus de sécurité la

pondération des critères pour ces marchés.

Vérification de la conformité à l’exigence de

transparence concernant la pondération L’auditeur devra s’assurer de ce que dès l’engagement de la procédure,

l’acheteur public a effectivement porté à la connaissance des candidats

« les critères d’attribution du marché (…) et les conditions de leur mise en

œuvre, et notamment leur pondération ».

Nb : cette obligation d’informer les candidats vaut pour les MAPA dès lors

que l’acheteur public décide de procéder à une telle pondération.

Vérification du respect de la pondération annoncée

par le pouvoir adjudicateur De la même manière que les critères ne peuvent subir aucune

modification au cours de la procédure, le pouvoir adjudicateur doit se

tenir à la pondération annoncée.

Si les obligations des acheteurs publics sont allées en se renforçant sur ce

terrain, il est toutefois à noter que le juge n’exerce qu’un contrôle

restreint sur ce point, en cas d’erreur manifeste d’appréciation sur

l’utilisation de la pondération annoncée.

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Vérification du caractère discriminant de la

pondération utilisée L’auditeur s’attachera à vérifier que la pondération retenue est

suffisamment discriminante au regard de la nature de l’achat concerné et

met suffisamment en relief les critères principaux par rapport aux critères

secondaires. Il pourra s’assurer de l’existence d’un modèle d’analyse

(formalisé ou non) permettant de tester en amont le caractère

discriminant de la pondération.

Vérification de la régularité de la méthode

d’évaluation des offres Il est à relever qu’aucune obligation d’information n’est prescrite quant à

la méthode de notation retenue par le pouvoir adjudicateur100. Cette

méthode de notation n’apparaît pas pour autant discrétionnaire, et il

arrive que le juge administratif sanctionne la manière dont s’effectue la

notation.

L’auditeur devra à la fois vérifier :

que la notation des offres se fait bien conformément aux critères

annoncés (tous mais eux seuls),

A titre d’exemple, le critère du prix doit nécessairement attribuer

la meilleure note au candidat ayant le prix le plus bas101, ce qui

100

Le pouvoir adjudicateur n’a pas à informer, pour le critère du prix, les candidats de la

méthode de notation qu’il envisage de retenir et d’utiliser pour évaluer les offres (CE

26/9/2012 Communauté d’agglomération Seine Eure)

101 CE 20 octobre 2013, Val d’Oise habitat

interdit notamment d’attribuer la note la plus faible au candidat

ayant présenté l’offre la plus éloignée de l’estimation faite par le

PA102.

que l’évaluation des offres au regard de chacun des critères

retenus s’effectue de façon objective. A titre d’exemple, « tel

n’est pas le cas d’une notation qui attribue 40 points à l’offre la

moins disante et 0 point à la plus disante sans tenir compte de

l’écart réel entre les différents prix »103.

Dans cette optique, il pourra éventuellement être vérifié :

l’existence d’une échelle de notation ou d’un modèle d’analyse

proposé à la validation dès le lancement de la consultation, et

destiné à limiter le risque d’une adaptation a posteriori du

modèle et des paramètres (échelle de notation) et donc de

privilégier l’offre d’une entreprise.

son application homogène à l’ensemble des offres.

Pratiquement, il est très important de vérifier la méthode de pondération

pour s’assurer qu’elle permet bien que les écarts de note soient

proportionnels aux différences objectives (ce qui est plus facile pour les

prix). On pourra, en particulier, vérifier les points suivants :

utiliser le rang de classement comme « élément de

pondération » est à proscrire car cela ne donne aucune

indication sur les écarts entre les offres ;

102 CE 18 décembre 2012, Département de la Guadeloupe

103 TA Melun, ord du 6 mars 2008, Préfet de Seine-et-Marne c/ SMITOM Centre Ouest

Seine-et-Marnais.

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pour les éléments quantitatifs comme le prix, la pondération

doit rendre compte des écarts :

Exemple de grille possible pour les prix critère noté sur 50 ;

moins cher 50, plus cher 0, offre intermédiaire :

50 * (pmax – p)/ (pmax-pmin).

Vérification de la possibilité de noter de manière

objective les offres L’auditeur devra s’assurer de la possibilité effective d’exercer une

notation au regard des critères prévus au cahier des charges et du fait que

cette notation peut être explicitée par référence à une démarche

objectivable et, si possible formalisée.

Il n’est pas possible d’éliminer toute subjectivité dans les appréciations

surtout pour des critères qui peuvent avoir des aspects qualitatifs. Pour

éviter les dérives l’auditeur vérifiera que la procédure présente un

caractère réellement collectif de sorte que les subjectivités se

confrontent.

Vérification de l’existence d’un classement entre les

offres L’auditeur devra s’assurer de l’existence d’une comparaison entre les

offres débouchant sur un classement. Lorsque le nombre d’offres reçues

est trop important, il est possible de ne classer que les dix ou douze

premières offres et de considérer l’ensemble des offres restantes comme

équivalentes.

Il est par ailleurs utile de vérifier qu’à chacun des critères correspondent

un ou plusieurs livrables correctement identifiés qui permettront de

vérifier au stade de l’exécution du marché que celle-ci ne remet pas en

cause les conditions du choix initial (cf. fiche n° 3.3 sur les critères).

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Fiche 3.9 : «Le traitement

des offres anormalement

basses»

Une offre dont le montant est particulièrement bas peut provenir, soit

d’une entreprise qui aura particulièrement bien étudié sa proposition, soit

d’une erreur du candidat, soit encore, ce qui est dangereux pour

l’acheteur public, d’une entreprise fragile ou d’une pratique assimilable à

du dumping.

Pour protéger le pouvoir adjudicateur d’offres financièrement séduisantes

mais dont la robustesse pourrait ne pas être assurée, l’article 55 du CMP,

sans donner de définition de l’offre anormalement basse, prévoit une

procédure de traitement de celle-ci qui permet de ne pas sanctionner

l’offre basse mais de rejeter l’offre anormale, celle qui nuit à la

compétition loyale entre les candidats et qui pourrait, si elle était retenue,

mettre en péril la bonne exécution du marché.

En pratique, caractériser une offre anormalement basse est une tâche

délicate car :

il s’agit de se prémunir contre un risque réel pour l’achat public

alors que ni les directives européennes, ni le droit interne ne

fournissent de critères d’appréciation précis et objectifs ;

il faut apprécier l’intérêt économique global de l’offre sans se

focaliser sur le seul critère du prix ;

il faut raisonner à partir d’une estimation du montant normal de

l’offre sans rejeter des offres qui auraient pour seul défaut d’être

particulièrement compétitives.

1. Risques

Les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

Mise en cause de l'égalité de traitement entre les candidats :

o le juge s’en tient à un contrôle de l’erreur manifeste

d’appréciation quant à l’appréciation du pouvoir

adjudicateur sur le caractère anormalement bas de l’offre

mais exerce une contrôle complet sur le respect de la

procédure ;

o le juge considère que le pouvoir adjudicateur qui omet de

mettre en œuvre la procédure prévue par l’article 55 du

CMP méconnaît ses obligations en matière de mise en

concurrence et d’égalité d’accès aux marchés publics ;

o si le pouvoir adjudicateur omet de demander des

précisions à l’auteur de l’offre et la rejette, la décision

d’attribution du marché est irrégulière.

Risque pénal de travail dissimulé (article L.8222-6 du code du

travail).

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132

Les risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et économique et au bon usage des achats :

o Mauvaise exécution du marché (qualitativement,

quantitativement).

o Défaillance de l’entreprise et résiliation du marché.

o Dérive des coûts du marché par la passation d'avenants ou de

bons de commandes supplémentaires le cas échéant.

2. Réglementation et textes généraux de

référence

Le seul texte faisant référence à la notion d’offre anormalement basse est

l’article 55 du code des marchés publics (CMP) : « Si une offre paraît

anormalement basse, le pouvoir adjudicateur peut la rejeter par décision

motivée après avoir demandé par écrit les précisions qu’il juge utiles et

vérifié les justifications fournies ».

L’article 142 du CMP prévoit que les dispositions de l’article 55

s’appliquent aux entités adjudicatrices et l’article 236 du CMP qu’elles

sont applicables aux marchés de défense et de sécurité.

Les principaux textes généraux de référence :

guide de bonnes pratiques en matière de marchés publics du 26

septembre 2014 (point 15.2) : « une offre peut être qualifiée

d’anormalement basse si son prix ne correspond pas à une réalité

économique ».

fiche DAJ Bercy « L’offre anormalement basse », disponible sur

http://www.economie.gouv.fr/daj/conseils-aux-acheteurs

guide de la DAJ Bercy « Le prix dans les marchés publics »,

disponible sur http://www.economie.gouv.fr/daj/conseils-aux-

acheteurs

3. Le contrôle

L’auditeur s’attachera à vérifier, dans un premier temps l’existence ou

non d’offres particulièrement basses au début de la consultation puis, si

tel a été le cas et dans un deuxième temps, la procédure mise en œuvre

par le pouvoir adjudicateur.

Les principaux documents à solliciter en la matière sont :

le rapport de présentation du marché ;

le rapport d’analyse des offres s’il constitue un document distinct

du RP ;

si nécessaire, les échanges écrits avec le candidat en cours de

procédure pour justifier le niveau de prix de l’offre.

Vérifier la cohérence du niveau des offres

Estimation préalable du montant du marché : il est intéressant de vérifier si l’acheteur a procédé à une telle estimation et si celle-ci a été documentée et fondée sur des bases solides (prestations d’un achat antérieur, estimation des écarts possibles avec un marché antérieur suite à des variations de périmètres ou à des

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133

différences dans l’architecture contractuelle). Lorsque l’estimation est faite raisonnablement, l’offre qui lui est significativement inférieure est suspecte, mais il convient de faire intervenir d’autres critères pour la qualifier valablement d’offre anormalement basse.

Le pouvoir adjudicateur peut valablement utiliser une formule

mathématique afin de déterminer un seuil d’anomalie en-deçà

duquel les offres sont qualifiées d’anormalement basses, ce qui

ouvre la voie à la procédure décrite à l’article 55 du CMP.

L’exclusion immédiate d’une offre sur un critère purement

mathématique, sans engagement de la procédure contradictoire

de l’article 55 du CMP est toutefois interdite104.

Comparaison avec les autres offres déposées : vérifier si, en complément ou à défaut d’une estimation préalable du montant du marché, le pouvoir adjudicateur a procédé à une comparaison du niveau des offres entre elles, en utilisant, le cas échéant, une formule mathématique pour déterminer un seuil d’anormalité.

Analyse des caractéristiques intrinsèques de l’offre : il s’agit de vérifier si, dans l’analyse des offres, l’acheteur s’est attaché à considérer, au-delà du prix, la réalité des prestations et le caractère réaliste des solutions techniques proposées par les différents candidats afin de détecter une offre ne semblant pas permettre une bonne exécution technique des prestations ou ne permettant pas une rémunération normale de l’entreprise. Contrôler en particulier le fait que l’acheteur ait vérifié que tous les candidats aient intégré l’ensemble de leurs coûts dans leur offre.

104

CJCE, 7 novembre 2001, Lombardini et Mantovani, C-285/99 et C-286/99 et CJCE, 22

juin 1989, Sté Fratelli Costanzo SPA c/Commune de Milan C-103/88

L’appréciation par l’auditeur de la qualité de l’analyse effectuée

par l’acheteur peut toutefois s’avérer difficile du fait,

notamment, de la technicité des justifications présentées par le

ou les candidats.

Vérifier le respect de la procédure de qualification

et de rejet éventuellement mise en œuvre Il s’agit de vérifier, lorsque l’analyse des offres a révélé l’existence d’une

ou de plusieurs offres suspectes, que l’acheteur a effectivement mis en

œuvre la procédure contradictoire de l’article 55 du CMP.

Demande écrite préalable obligatoire : vérifier que le pouvoir adjudicateur n’a pas procédé au rejet d’une offre estimée anormalement basse sans avoir préalablement demandé par écrit au soumissionnaire de se justifier105. Il s’agit de s’assurer que les prix proposés sont économiquement viables et que le candidat a pris en compte l’ensemble des exigences formulées dans le dossier de consultation. Lorsque l’acheteur a pris connaissance de l’ensemble des offres, un courrier doit avoir été adressé au candidat concerné, l’informant clairement que son offre est suspectée d’être anormalement basse et lui demandant de fournir toutes justifications utiles, dans un délai raisonnable. Cette obligation s’impose à l’acheteur, même si l’offre concernée

lui semble manifestement anormalement basse et qu’il n’a aucun

doute sur son caractère anormalement bas106.

Le non-respect de cette procédure est, par ailleurs, susceptible

de donner lieu à des poursuites et, dans certains cas, à la

105

CAA Douai, 9 avril 2002, OPAC de l’Aisne 106

TA Rennes, 19 janvier 1994, SARL Pierre Renou et fils

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134

constitution du délit d’avantages injustifiés (article 432-14 du

code pénal).

Enfin, lorsque les vérifications de l’article 55 du CMP ne sont pas

effectuées, une éventuelle décision déclarant un appel d’offres

infructueux est irrégulière et entraine, de facto, l’illégalité de la

décision d’utiliser la procédure du marché négocié.

Appréciation de la pertinence des justifications fournies : vérifier que l’acheteur a considéré les justifications fournies en prenant en compte les cinq justifications décrites par l’article 55 du CMP :

o Modes de fabrication des produits, modalités de la prestation de services, procédés de construction ;

o Conditions exceptionnellement favorables dont dispose le candidat pour exécuter les travaux, fournir les produits ou réaliser les prestations ;

o Originalité de l’offre ;

o Dispositions relatives aux conditions de travail en vigueur là où la prestation est réalisée ;

o Obtention éventuelle d’une aide d’Etat.

Décision de rejet : vérifier l’existence et la motivation de la décision. Une jurisprudence récente107 rappelle qu’il appartient au pouvoir adjudicateur de rejeter une offre s’il apparaît, à l’issue de la procédure contradictoire, que les justifications apportées par le candidat ne sont pas suffisantes pour que le prix proposé ne soit pas regardé comme manifestement sous-évalué et, de nature, ainsi, à compromettre la bonne exécution du marché.

107

CE, 29 mai 2013, Ministre de l’intérieur c/ Société Arteis

L’absence de réponse d’un soumissionnaire à une demande

d’explication du pouvoir adjudicateur permet à ce dernier

d’exclure l’offre de ce candidat108.

4. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

écart important entre les offres financières des candidats,

gratuité d'une prestation constitutive de l'offre…

contentieux à l'issue de la procédure (candidats évincés).

mauvaise exécution du marché (sous qualité) donnant lieu à des

tensions, voire à un contentieux en cours d’exécution.

résiliation d'un marché.

108

CAA de Bordeaux, 17 novembre 2009, SICTOM Nord

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135

Fiche 3.10 : «La déclaration

d’infructuosité – la

déclaration sans suite»

Le code des marchés publics prévoit deux possibilités de mettre fin à une

procédure d’appel d’offres : la déclaration d’infructuosité et la déclaration

sans suite.

Ces deux décisions, du ressort du représentant du pouvoir adjudicateur,

sont proches mais ne doivent pas être confondues car leurs motivations

et, surtout, leurs conséquences ne sont pas identiques. Par ailleurs, si la

déclaration d’infructuosité est prévue pour les cas d’appel d’offres ou de

dialogue compétitif, la déclaration sans suite peut être décidée vis-à-vis

de tout type de procédure.

Une consultation peut être déclarée infructueuse si aucune offre n’a été

remise ou si les offres remises se révèlent soit irrégulières, soit

inappropriées, soit inacceptables.

Une consultation peut être déclarée sans suite pour des motifs d’intérêt

général qui peuvent être de nature économique, juridique ou technique,

et ce, même si une ou plusieurs offres ont été jugées acceptables.

1. Risques

Les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

o risque de contentieux en cas d’absence de respect, par le

pouvoir adjudicateur, des formalités élémentaires liées à une

décision du pouvoir adjudicateur de déclarer une procédure

infructueuse ou sans suite (déclaration d’infructuosité trop

rapide, mauvaise information des candidats suite à une

déclaration d’infructuosité ou de procédure sans suite) ;

o risque de contentieux en cas de déclaration sans suite pour un

motif non lié à un intérêt général (exemple : déclaration sans

suite dans le but d’évincer un candidat) ;

o risque de contentieux sur la procédure suivante si l’avis de

marché de cette consultation ne fait pas mention du caractère

infructueux de la consultation précédente ou de la décision du

pouvoir adjudicateur de déclarer celle-ci sans suite ;

o risques d’irrégularités susceptibles d’affecter d’éventuels

achats effectués postérieurement à une déclaration

d’infructuosité ou une déclaration sans suite et avant la

passation du marché suivant.

Les risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et économique et au bon usage des achats :

o à l’inverse, une déclaration d’infructuosité ou une déclaration

sans suite peuvent être des indices d’une mauvaise

appréciation de ses besoins ou du marché fournisseur par la

personne publique.

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2. Réglementation et textes généraux de

référence

Dans le code des marchés publics :

Déclaration d’infructuosité : code des marchés publics, article 59-III (appel d’offres ouvert), articles 64-III (appel d’offres restreint) et 67-IX (dialogue compétitif).

Déclaration sans suite : code des marchés publics, articles 59-III et 59-IV (appel d’offres ouvert), articles 64-III et 64-IV (appel d’offres restreint), article 66-VI (procédure négociée) et articles 67-IX et 67-XI (dialogue compétitif).

Consulter également :

fiche de la DAJ Bercy « La déclaration d’infructuosité », disponible

sur http://www.economie.gouv.fr/daj/conseils-aux-acheteurs

guide de la DAJ Bercy « La déclaration sans suite », disponible sur

http://www.economie.gouv.fr/daj/conseils-aux-acheteurs

3. Le contrôle

L’auditeur s’attachera à vérifier, dans un premier temps, les conditions de

forme et de fond de la décision du représentant du pouvoir adjudicateur

(infructuosité ou déclaration sans suite) et, dans un second temps, les

conditions de forme et de fond du lancement éventuel d’une nouvelle

procédure.

Les principaux documents à solliciter en la matière sont :

le rapport de présentation du marché ;

le règlement de la consultation et le DCE ;

les décisions du pouvoir adjudicateur ;

les documents portant information des candidats ;

les documents liés à la consultation suivante (si une nouvelle

procédure a été engagée).

Vérifier le respect des conditions de forme et de

fond d’une déclaration d’infructuosité

Conditions formelles : la décision a-t-elle été effectivement prise à l’issue du jugement définitif des offres ou (ce qui est suspect) au moment de la mise au point du marché ? Les candidats ont-ils été informés dans des délais brefs de la décision du représentant du pouvoir adjudicateur et des motifs qui justifient celle-ci ? La décision du pouvoir adjudicateur adressée aux candidats fait-elle mention des délais et voies de recours ?

Conditions de fond : La décision de déclarer la procédure infructueuse est-elle motivée par un des éléments suivants : absence de remise d’offre, offres remises irrégulières, inappropriées ou inacceptables ? L’une des offres remises était-elle acceptable (sauf, pour le pouvoir adjudicateur, à reconnaître une erreur dans le jugement des offres, une décision d’infructuosité prise au moment de la mise au point du marché est alors vraisemblablement infondée) ?

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137

A l’inverse, la consultation a-t-elle été déclarée infructueuse alors qu’une simple mise au point du marché aurait permis à une offre inappropriée d’être conforme au cahier des charges ?

La déclaration d’infructuosité est-elle liée à une carence du pouvoir adjudicateur :

o méconnaissance du secteur économique concerné entrainant une mauvaise estimation du prix ?

o sous-estimation volontaire du prix du marché, notamment en appel d’offres, en vue de déclarer la consultation infructueuse et éliminer ainsi des candidats indésirables ?

La procédure a-t-elle été déclarée infructueuse pour offres

inacceptables alors que le budget du pouvoir adjudicateur

lui permettait de financer les offres, même si le prix de

celles-ci était largement supérieur au montant estimé du

marché ?

Vérifier le respect des conditions de forme et de

fond d’une déclaration sans suite

Conditions formelles : aucune condition relative au moment de la décision (peut intervenir à tout moment avant la signature du marché) et à sa publication. En revanche, les candidats ont-ils été informés, dans les délais les plus brefs, de la décision de ne pas donner suite à la consultation et des motifs de cette décision ? Les motifs indiqués sont-ils exposés de manière précise et non équivoque (sauf cas de l’article 59-III du CMP) ? La décision fait-elle mention des délais et voies de recours ?

Conditions de fond : Si le motif d’intérêt général est d’ordre budgétaire, le pouvoir adjudicateur a-t-il démontré que le budget disponible ne lui permettait pas de financer l’achat ? La décision de ne pas donner suite à la consultation est-elle liée à une insuffisance de concurrence ? Cette dernière est-elle liée à une entente ? La décision de ne pas donner suite est-elle due à une mauvaise appréhension de ses besoins par le pouvoir adjudicateur ? La décision de ne pas donner suite est-elle liée à la volonté de mettre fin à une procédure irrégulière (exemple : contradiction entre le RC et le CCAP) ? La décision de ne pas donner suite est-elle en réalité un détournement de procédure pour éliminer un candidat ?

Vérifier les conditions de forme et de fond du

lancement éventuel d’une nouvelle procédure La déclaration d’infructuosité peut être suivie soit d’un nouvel appel

d’offres si les conditions initiales du marché doivent être

substantiellement modifiées, soit, dans le cas contraire, d’un marché

négocié avec ou sans mise en concurrence (articles 35-I et 35-II du CMP),

ou d’une procédure adaptée pour les lots répondant à la définition de

l’article 27-III du CMP.

Dans tous les cas, l’auditeur doit s’attacher à contrôler tout marché

faisant suite à une procédure infructueuse, même si celui-ci ne figure pas

dans l’échantillon initial.

Condition formelle générale : l’avis de marché de la nouvelle consultation indique-t-il expressément que celle-ci a été lancée suite à une déclaration d’infructuosité ou à une décision de déclarer sans suite la consultation précédente ?

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Nouvel appel d’offres suite à déclaration d’infructuosité : Le dossier de la consultation a-t-il été modifié substantiellement ?

Marché négocié suite à une déclaration d’infructuosité : La déclaration d’infructuosité était-elle fondée ? Si le pouvoir adjudicateur a décidé de ne pas recourir à la publicité et de négocier avec les candidats de la première consultation, accepte-t-il de négocier les offres inappropriées fournies lors de la première consultation (ce qui n’est pas permis) ? Si le pouvoir adjudicateur décide d’élargir la consultation à d’autres candidats, les candidats qui ont répondu à la première consultation ont-ils à nouveau fait acte de candidature (c’est obligatoire) ? Le pouvoir adjudicateur ouvre-t-il une nouvelle procédure de négociation alors que l’infructuosité de la première procédure était la conséquence de carences ou d’anomalies du dossier de consultation ?

Le recours à la procédure adaptée pour des lots infructueux : Les lots répondent-ils bien aux conditions fixées par l’article 27-III du CMP ?

4. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

absence totale d’offres laissant supposer une mauvaise définition

du besoin ou une connaissance insuffisante du marché

fournisseur (indice de sous-qualité de la fonction achat).

écart important entre les offres financières des candidats et le

montant estimé ou budgété du marché.

contentieux (candidats évincés).

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Fiche 3.11 : «L’information

des candidats évincés»

L’information des candidats évincés lors d’une procédure de marchés

publics est une formalité substantielle d’achèvement de la procédure à

deux titres :

elle dérive directement du principe de transparence de l’article 1

du CMP ;

elle a des effets sur les voies de recours ouvertes à ses

destinataires (contre la procédure ou contre le contrat lui-même).

Le code des marchés publics prévoit deux types d’information :

l’information immédiate des candidats dès que l’acheteur public a

fait son choix sur une candidature ou une offre (articles 80 et 253

du code) ;

l’information à la demande des entreprises ayant participé à la

consultation (articles 83 et 255 du code).

Les obligations d’information qui s’imposent aux acheteurs publics ont été

renforcées par la transposition (ordonnance n°2009-515 du 7 mai 2009)

de la directive « Recours » de 2007.

L’obligation d’information des candidats évincés dans le cadre de l’article

80 du CMP concerne les procédures formalisées à l’exception de la

procédure de marché négocié sans publicité et sans mise en concurrence.

S’agissant des marchés passés en procédure adaptée, non soumis aux

obligations de l’article 80 du CMP, plusieurs jurisprudences109 ont

considéré qu’ils doivent néanmoins respecter les principes qui découlent

de l’exigence d’égal accès à la commande publique et, qu’à ce titre, le

représentant du pouvoir adjudicateur devait informer les candidats

évincés du rejet de leur candidature ou de leur offre. Par un arrêt du

29 juin 2012, Société PRO2C, le Conseil d’Etat a rejeté cette interprétation

et rappelé que les obligations de l’article 80 du CMP ne s’appliquaient pas

aux MAPA.

Depuis 2009, le pouvoir adjudicateur ne doit communiquer les motifs de

son rejet à un candidat évincé qui en fait la demande (dans le cadre de

l’article 83 ou 255 du CMP) que lorsqu’il n’a pas rempli ses obligations au

titre de l’article 80 (ou 253). Dès lors que l’offre du candidat ayant été

écarté n’était ni irrégulière, ni inacceptable, ni inappropriée, le pouvoir

adjudicateur doit, en outre, lui communiquer les caractéristiques et les

avantages relatifs de l’offre retenue ainsi que le nom de l’attributaire.

1. Risques

Les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

o Risque d’irrégularité de la procédure en cas de non-respect, délibéré ou non, de l’obligation d’information.

o Risque contentieux en cas de fourniture à un candidat d’éléments supplémentaires par rapport à ceux

109

CAA Bordeaux 7 juin 2011, Association Collectif des citoyens du Breuil-Coiffault – CAA

Marseille 19 décembre 2011, Société Hexagone 2000.

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déterminés par le CMP (risque pour l’acheteur public de fournir des éléments dont la divulgation serait contraire à la loi ou à l’intérêt public ou pourrait nuire à une concurrence loyale entre les opérateurs économiques) ;

o Risque d’annulation du marché ou de pénalités financières infligées par le juge des référés contractuels en cas de signature du marché avant l’expiration, soit du délai de « stand still » (16 jours, ou 11 jours en cas de notification par voie électronique, à compter de la date d’attribution ou de rejet) pour les marchés soumis aux dispositions de l’article 80 du code, soit d’un délai raisonnable pour les marchés conclus selon une procédure adaptée.

2. Réglementation et textes généraux de

référence

Dans le code des marchés publics :

Information spontanée et immédiate des candidats évincés : articles 80 et 253 (marchés de défense et de sécurité) du CMP.

Information à la demande des candidats évincés : articles 83 et 255 (marchés de défense et de sécurité) du CMP.

Consulter également :

guide de bonnes pratiques en matière de marchés publics du

26 septembre 2014 (point 17.2).

fiche DAJ Bercy « L’information des candidats évincés »,

disponible sur http://www.economie.gouv.fr/daj/conseils-aux-

acheteurs

3. Le contrôle

L’auditeur s’attachera à vérifier, dans tous les cas, les conditions de forme

et de fond de la décision du représentant du pouvoir adjudicateur adressé

aux candidats non retenus. Il en sera de même lorsque les candidats

auront sollicité des informations complémentaires.

Les principaux documents à solliciter en la matière sont :

le rapport de présentation du marché ;

le règlement de la consultation ;

les décisions initiales de rejet émises par le pouvoir adjudicateur ;

les échanges éventuels avec les candidats ;

éventuellement, les réponses du pouvoir adjudicateur aux

demandes d’information complémentaires.

Vérifier le respect des conditions de forme et de

fond d’une décision de rejet émise dans le cadre de

l’article 80 (ou 253) du CMP

Conditions formelles : la décision a-t-elle été effectivement prise à l’issue de l’examen des candidatures ou du jugement définitif des offres ou après la mise au point du marché ? Les candidats ont-ils été informés dans des délais brefs de la décision du représentant du pouvoir adjudicateur et des motifs qui justifient celle-ci ? Dans le cas d’une décision de rejet intervenant au stade du choix des offres, le pouvoir adjudicateur a-t-il attendu que le candidat auquel il est envisagé d’attribuer le marché ait produit les attestations fiscales et sociales ? La décision du pouvoir adjudicateur adressée aux candidats fait-elle mention des délais et voies de recours ? Un accusé de réception a-t-il été demandé ? Si elle a été effectuée par voie électronique, la notification a-t-elle utilisé le profil de l’acheteur ?

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Conditions de fond : la décision de rejet mentionne-t-elle les motifs du rejet ? Indique-t-elle le ou les attributaires choisis ? Les appréciations de l’offre retenue ont-elles été portées à la connaissance des candidats évincés ? Les motifs de rejet figurant dans la décision du pouvoir adjudicateur sont-ils cohérents avec les résultats de l’analyse des candidatures ou des offres figurant dans le rapport de présentation du marché ? Les informations figurant dans la décision de rejet portent-elles atteinte aux secrets protégés par la loi ou peuvent-elles nuire à la concurrence loyale entre opérateurs économiques ?

Vérifier le respect des conditions de forme et de

fond d’une information donnée aux candidats

évincés suite à une demande de leur part

Conditions formelles : le pouvoir adjudicateur a-t-il déjà communiqué spontanément aux candidats évincés les motifs de leur rejet dans le cadre de l’article 80 (ou 255) du CMP ? Le candidat qui sollicite la communication des motifs de son rejet dans le cadre de l’article 83 a-t-il formulé une demande écrite ? La réponse du pouvoir adjudicateur a-t-elle été faite dans les quinze jours à compter de la réception de la demande ?

Conditions de fond : dans le cas d’une offre irrégulière, inappropriée ou inacceptable, cf. paragraphe 3.1 ci-dessus. Dans le cas contraire, le pouvoir adjudicateur a-t-il communiqué les indications prévues par l’alinéa 2 de l’article 83 du CMP ? A-t-il respecté les secrets protégés par la loi ou a-t-il fourni des informations pouvant nuire à la concurrence loyale entre les opérateurs économiques ?

Vérifier le respect du délai minimal avant signature

du marché

Le marché a-t-il été signé avant l’expiration du délai de « stand still » ? Si oui, pour quelles raisons110 ? Y a-t-il eu référé ? Quelles sanctions (pénalité financière, réduction de la durée du contrat) ?

4. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

Signature du marché dans un délai très court après la notification

faite au titulaire retenu ;

Réclamations de candidats évincés ;

Contentieux éventuel.

5. Recommandations possibles

Mettre en place une procédure traçable et connue d’information des candidats non retenus ;

En faire un point du contrôle interne.

110

Le respect de ce délai ne s’impose pas pour les marchés attribués au seul candidat ayant participé à la consultation ou pour les marchés subséquents d’accords-cadres ou un système d’acquisition dynamique.

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142

Le non-respect de l’obligation d’information des candidats évincés et du

délai de « stand stil » est sanctionné par le juge. Même en l’absence de

contentieux, l’auditeur qui constate une transgression du CMP sur ces

points devra vérifier qu’elle n’est pas le symptôme de vices cachés dans

l’analyse des offres (cf. fiche n° 2.6)

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Fiche 3.12 : «La régularité

des avenants»

Bien qu’aucun code des marchés publics n’ait jamais défini l’avenant, on

admet qu’il s’agit d’un acte qui modifie les dispositions contractuelles

sans pouvoir changer leur objet. Un avenant doit donc être distingué

d’autres actes qui, soit constituent des modifications non consenties, soit

substituent des obligations nouvelles aux anciennes qu’ils éteignent, soit

enfin ne font que transférer les obligations.

La formation d’un avenant nécessite un contrat valide et le consentement

des parties. Son régime est, pour l’essentiel, celui du contrat qu’il modifie.

Les avenants qui modifient le volume du marché (par exemple par ajout

de nouvelles prestations ou par modification sensible des délais

d’exécution) sont a priori susceptibles de fausser les règles de mise en

concurrence. Ils sont donc soumis à des règles de procédure et de fond

spécifiques.

Sauf sujétions techniques imprévues et imprévisibles ne résultant pas du

fait des parties, les avenants qui modifient le volume du marché ne sont

légaux que s’ils ne modifient pas son objet et ne bouleversent pas son

économie.

1. Risques

Risques ayant des conséquences sur la régularité des achats : introduction par avenant de dispositions ayant pour effet de dénaturer le marché initial ou de bouleverser son économie, plus-value financière trop importante par rapport au montant du marché entrainant un risque de requalification de l’avenant. A l’inverse, poursuite sans avenant de l’exécution d’un marché au-delà de son montant prévu entrainant l’irrégularité des actes passés dans ce cadre (bons de commande par exemple).

Risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et économique et au bon usage des achats : multiplication d’avenants du fait d’une mauvaise définition du besoin ou d’une mauvaise analyse des offres, dérapage budgétaire, incohérence de la solution technique, passation d’avenants en lieu et place d’autres actes (surcharge administrative et perte de temps).

Risque pénal : délit de favoritisme (article 432-14 du code pénal).

2. Réglementation et textes généraux de

référence

L’article de référence du code des marchés publics (CMP) est l’article 20 :

« En cas de sujétions techniques imprévues ne résultant pas du fait des

parties, un avenant ou une décision de poursuivre peut intervenir quelque

soit le montant de la modification en résultant.

Dans tous les autres cas, un avenant ou une décision de poursuivre ne

peut bouleverser l’économie du marché ou en changer l’objet ».

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L’article 118 du CMP prévoit que : « Dans le cas particulier où le montant

des prestations exécutées atteint le montant prévu par le marché, la

poursuite de l’exécution des prestations est subordonnée, que les prix

indiqués au marché soient forfaitaires ou unitaires, à la conclusion d’un

avenant ou, si le marché le prévoit, à une décision de poursuivre par le

pouvoir adjudicateur ». Les dispositions générales de l’article 20

s’appliquent bien sûr aux avenants pris dans le cadre de l’article 118 du

code.

L’article 19 du CMP rend la passation d’un avenant obligatoire pour fixer

le prix définitif d’un marché à prix provisoire.

Les articles 141 et 200 du CMP prévoient que les dispositions de l’article

20 s’appliquent respectivement aux marchés passés par les entités

adjudicatrices et aux marchés de défense et de sécurité. De même, pour

ces derniers, l’article 284 du CMP revoie aux dispositions précitées de

l’article 118.

Les principaux textes généraux de référence :

guide de bonnes pratiques en matière de marchés publics du

26 septembre 2014 (point 21.8), qui reprend notamment les

principaux points de la jurisprudence CJCE111 précisant les cas

dans lesquels la modification d’un marché en cours d’exécution

ne peut être effectuée par avenant (sauf circonstances techniques

imprévues et imprévisibles) :

o lorsqu’elle introduit des conditions qui, si elles avaient figuré dans la procédure de passation initiale, auraient permis

111

CJCE - 19 juin 2008, Presstext Nachrichtenagentur, aff. C-454/06

l’admission de soumissionnaires autres que ceux initialement admis ou auraient permis de retenir une offre autre que celle initialement retenue ;

o lorsqu’elle étend le marché, dans une mesure importante, à des services non initialement prévus ;

o lorsqu’elle change l’équilibre économique du contrat en faveur du titulaire du marché d’une manière qui n’était pas prévue dans le marché initial.

Lettre collective n°144 M du 31 octobre 1972, diffusée par

instruction n°07-019-B0-M0-M9 du 27 février 2007.

Fiche technique « questions-réponses » de la DAJ Bercy

« Sujétions techniques permettant la modification d’un marché

par avenant », disponible sur

http://www.economie.gouv.fr/daj/conseils-aux-acheteurs

3. Le contrôle

L’auditeur s’attachera à vérifier, dans un premier temps l’objet de

l’avenant, dans un deuxième temps, les modalités de sa formation et de

sa signature et, dans un troisième temps, les dispositions propres aux

avenants augmentant le volume du marché.

Les principaux documents à solliciter en la matière sont :

le rapport de présentation de l’avenant ;

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les échanges écrits avec le candidat en cours de procédure.

Vérifier l’objet de l’avenant

Il convient de vérifier tout d’abord que le recours à un avenant était bien justifié ou que, a contrario, d’autres actes n’auraient pas dû être qualifiés d’avenants.

L’avenant doit être, en effet, distingué d’autres actes, comme :

l’ordre de service : acte unilatéral permettant à l’administration

d’exercer son pouvoir de direction ou même de modification. En

théorie, le titulaire n’a pas à y consentir mais un consentement de

ce dernier à une modification présentée comme unilatérale peut

permettre de contourner la réglementation sur la formation des

avenants ;

la décision de poursuivre : elle se distingue de l’avenant par le fait

qu’il s’agit d’une décision unilatérale du pouvoir adjudicateur

(l’accord du titulaire étant consenti par avance) et qu’elle ne vise

pas à modifier les obligations mais à en poursuivre l’exécution

malgré le franchissement du volume prévisionnel du marché. Elle

n’entre pas dans la détermination de la masse initiale des

prestations ;

le marché complémentaire (cf. fiche 3.13) : les marchés

complémentaires des articles 35-II-4° et 35-II-5° du CMP sont,

comme les avenants, passés sans publicité et sans mise en

concurrence. Qualifiés de « marchés », ils sont juridiquement

autonomes par rapport au marché initial mais un même acte

passé dans ce cadre peut être considéré comme un marché

complémentaire au sens du droit de la passation et comme un

avenant pour l’exécution ;

l’acte spécial : utilisé en général pour l’agrément et l’acceptation

des sous-traitants. Rien n’interdit a priori de le faire par avenant

dès lors que le sous-traitant signe l’avenant.

Toute modification des prestations, du calendrier d’exécution ou du règlement financier du marché relève de l’avenant, mais : o les avenants prolongeant les délais d’exécution ou remettant

des pénalités de retard sont valides dès lors que les retards ne

sont pas imputables au prestataire ou que, les délais étant un

critère de choix des offres, il ne s’agit pas en réalité d’une

faveur accordée au titulaire ;

o les avenants modifiant le prix ou les caractères du prix sont

illégaux ;

o les avenants corrigeant erreurs ou omissions sont valides, dès

lors que celles-ci ne sont pas substantielles.

Un avenant ayant pour objet un changement de statut de l’une des parties n’est pas toujours nécessaire :

En règle générale, le changement de statut d’une partie (privée ou

publique) au contrat n’exige pas d’avenant si la personnalité

morale est conservée. Toutefois, en cas de cession de contrat (soit

par la partie privée soit par la partie publique si la nouvelle

personne publique n’est pas substituée à l’ancienne), un avenant

peut être passé.

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Un avenant modifiant les conditions de versement de l’avance est illégal (art. 87-III du CMP).

Vérifier les conditions de formation de l’avenant

La passation d’un avenant exige tout d’abord un contrat valide et en vigueur : il est nécessaire d’être attentif aux avenants passés après réception, mais : o un avenant passé après réception de travaux et qui a un autre

objet que la réalisation de l’ouvrage est possible ;

o la passation d’un avenant, avant décompte définitif, pour

régulariser des opérations antérieures est possible.

La formation d’un avenant nécessite la formalisation du consentement des parties : o l’avenant doit comporter la signature des parties (sauf

exception de l’article 11 du CMP) ;

o un échange de lettres signées entre puissance publique et

prestataire peut valoir avenant.

Vérifier que l’avenant n’est pas rétroactif (art. 81 du CMP), sauf cas d’échange de lettres et marchés d’un montant inférieur à 15 000€ HT).

Le contrôle des avenants augmentant le volume du

marché Deux cas sont à considérer, selon que l’augmentation du volume du

marché est liée ou non à des sujétions techniques imprévues ne résultant

pas du fait des parties. A ce titre, l’examen des justifications apportées

par le rapport de présentation est primordial.

Dans le premier cas, le CMP ne fixe aucun plafond pour le montant de l’avenant. Il conviendra de vérifier la nature des circonstances alléguées : o elles doivent avoir été imprévisibles au moment de la

formation du contrat112 ;

o cette condition est à considérer strictement (des

modifications réclamées par un organisme tiers ne sont pas

des circonstances imprévues dès lors que le maître de

l’ouvrage n’est juridiquement pas tenu de les satisfaire113) ;

o pour les marchés à prix globaux forfaitaires, le prix du marché

inclut normalement une marge de risque : pour de tels

marchés, les circonstances imprévues doivent être, en plus,

exceptionnelles.

En-dehors de ces situations particulières, l’avenant ne peut bouleverser l’économie du contrat ou en changer l’objet. L’appréciation est subjective, mais doit prendre en compte, non seulement le prix, mais aussi l’objet et la nature des prestations supplémentaires demandées au titulaire :

o le CMP ne fixe aucun seuil au-delà duquel l’économie du

contrat doit être considérée comme bouleversée ;

o la jurisprudence s’accorde pour considérer qu’en-deçà d’une

augmentation de la masse initiale des prestations de 15%

par rapport au montant du montant initial, l’économie du

marché n’est pas bouleversée114 ;

112

CE, 8 mars 1996, commune de Petit Bourg 113

CE, 30 juillet 2003, commune de Lens 114

CE, 30 janvier 1995, Sté Viafrance

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147

o au-delà du prix, il importe de prendre aussi en considération

des clauses essentielles du contrat portant sur la durée, le

prix ou les conditions d’exécution des prestations115;

o enfin, en cas d’avenants multiples, il convient d’apprécier le

bouleversement de l’économie du contrat au regard de la

somme des augmentations entrainées par chacun d’eux.

4. Signaux d’alerte

Multiplication d’avenants pour un marché donné.

Montant de l’avenant rapporté au montant total du marché.

Passation d’avenants pour des marchés pour lesquels l’offre

retenue était nettement moins-disante.

Objet des avenants : modifications du prix, des conditions de

versement de l’avance, modification importante des délais.

115

CAA Paris, 17 avril 2007, Société Keolis ; TA Strasbourg, 26 septembre 2000, Préfet de

la Moselle c/ District rural de Cattenom, Sté Edmond Schnitzler

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Fiche 3.13 «Les marchés

complémentaires»

Les marchés complémentaires sont des marchés nouveaux (et non des

avenants) passés sans mise en concurrence ni publicité en application de

l’article 35-II-4° et 5° du CMP.

A ce titre ils sont des procédures à risques et devront être retenus dans

un échantillon constitué dans un objectif de vérification de la couverture

des risques (cf. fiche n° 1.4). Au minimum leur nombre et les

caractéristiques de leur utilisation (service utilisateur, produits, …)

devront faire l’objet d’un recensement et d’une revue analytique.

La possibilité de recourir à un marché complémentaire est prévue par les

articles 35-II-4 (marchés de fournitures), 35-II-5 (marchés de services ou

de travaux) du CMP.

Ces marchés, distincts du marché initial qu’ils complètent, peuvent être

passés sans publicité ni mise en concurrence avec le titulaire du marché

initial lorsque :

pour les marchés de fournitures, le changement de fournisseur

obligerait le pouvoir adjudicateur à acquérir un matériel de

technique différente entrainant une incompatibilité avec le

matériel déjà acquis ou des difficultés techniques d’utilisation et

d’entretien disproportionnées. Il s’agit alors de renouveler

partiellement des fournitures ou des installations d’usage courant

ou encore de procéder à l’extension d’installations existantes. La

durée des marchés complémentaires ne peut excéder trois ans et

le montant total du marché, fournitures complémentaires

comprises, les seuils de procédure formalisée (article 26 du CMP)

sauf si le marché initial a été passé par appel d’offres et a fait

l’objet d’un AAPC publié au JOUE ;

pour les marchés de services et de travaux, il s’agit de recourir à

des prestations qui ne figuraient pas dans le marché initialement

conclu mais qui sont devenues nécessaires à l’exécution du

service ou à la réalisation de l’ouvrage décrit dans le marché

initial à la suite d’une circonstance imprévue. Il faut toutefois que

ces services ou travaux complémentaires ne puissent être séparés

techniquement ou économiquement du marché principal sans

inconvénient majeur pour le pouvoir adjudicateur et que, même

s’ils sont séparables de l’exécution du marché initial, ils soient

strictement nécessaires à son parfait achèvement. Le montant

cumulé des marchés complémentaires ne doit toutefois pas

dépasser 50% du montant du marché initial.

1. Risques

Comme tous les cas de procédure sans concurrence ni publicité cette

procédure est en elle-même à risque : elle peut être utilisée à mauvais

escient et donc être en contradiction avec l’obligation générale de

publicité et de concurrence qui régit l’achat public.

Un risque spécifique est de passer sous la forme de « marchés

complémentaires » des marchés qui sont en réalité « similaires » au titre

de l’article 35-II-6°.

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Le risque principal est qu’il s’agisse non de compléments au marché initial

imposés par des circonstances imprévues mais de demandes des

prestataires d’avenant financier pour des montants jugés comme

susceptibles de remettre en cause l’équilibre de la procédure, donc ne

répondant pas à la définition par le code des marchés publics des

« marchés complémentaires ». Ces marchés irréguliers pourraient être

annulés en contentieux mais aussi justifier une saisine de la Cour de

discipline budgétaire et financière ou être passibles d’une incrimination

pénale, s’ils s’avéraient ne pas relever que de la mauvaise gestion.

S’y ajoutent les risques de non respect des obligations propres aux

marchés complémentaires notamment de montant et de durée.

2. Articles du code pertinents et autres

textes

Article 35-II- 4°et 5°

4° Les marchés complémentaires de fournitures, qui sont exécutés

par le fournisseur initial et qui sont destinés soit au renouvellement

partiel de fournitures ou d'installations d'usage courant, soit à

l'extension d'installations existantes, lorsque le changement de

fournisseur obligerait le pouvoir adjudicateur à acquérir un matériel

de technique différente entraînant une incompatibilité avec le

matériel déjà acquis ou des difficultés techniques d'utilisation et

d'entretien disproportionnées. La durée de ces marchés

complémentaires, périodes de reconduction comprises, ne peut

dépasser trois ans. Le montant total du marché, livraisons

complémentaires comprises, ne peut être égal ou supérieur aux

seuils de procédure formalisée définis à l'article 26, sauf si le

marché a été passé initialement par appel d'offres et a fait l'objet

d'un avis d'appel public à la concurrence publié au Journal officiel

de l'Union européenne ;

5° Les marchés complémentaires de services ou de travaux qui

consistent en des prestations qui ne figurent pas dans le marché

initialement conclu mais qui sont devenues nécessaires, à la suite

d'une circonstance imprévue, à l'exécution du service ou à la

réalisation de l'ouvrage tel qu'il est décrit dans le marché initial, à

condition que l'attribution soit faite à l'opérateur économique qui a

exécuté ce service ou réalisé cet ouvrage :

a) Lorsque ces services ou travaux complémentaires ne peuvent

être techniquement ou économiquement séparés du marché

principal sans inconvénient majeur pour le pouvoir adjudicateur ;

b) Lorsque ces services ou travaux, quoiqu'ils soient séparables de

l'exécution du marché initial, sont strictement nécessaires à son

parfait achèvement.

Le montant cumulé de ces marchés complémentaires ne doit pas

dépasser 50 % du montant du marché principal ;

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Article 35-II-6°

6° Les marchés de services ou de travaux ayant pour objet la

réalisation de prestations similaires à celles qui ont été confiées au

titulaire d'un marché précédent passé après mise en concurrence.

Le premier marché doit avoir indiqué la possibilité de recourir à

cette procédure pour la réalisation de prestations similaires. Sa

mise en concurrence doit également avoir pris en compte le

montant total envisagé, y compris celui des nouveaux services ou

travaux. La durée pendant laquelle les nouveaux marchés peuvent

être conclus ne peut dépasser trois ans à compter de la notification

du marché initial ;

La notion de marché complémentaire issue des directives diffère des

possibilités ouvertes par d’anciennes dispositions du CMP (article 104-II-

2°) on ne peut donc s’appuyer sur la jurisprudence relative à cet article.

L’obligation de faire un marché complémentaire n’est pas liée au fait qu’il

n’y aurait pas d’autre prestataire potentiel, situation qui est traitée par les

marchés passés dans le cadre de l’article 35-II-8°.

3. Etapes du contrôle

Ces procédures sans publicité ni mise en concurrence sont des procédures

à risques et devront être retenues dans un échantillon constitué dans un

objectif de vérification de la couverture des risques (cf. fiche n° 1.4). Au

minimum leur nombre et les caractéristiques de leur utilisation (service

utilisateur, produits, …) devront faire l’objet d’un recensement et d’une

revue analytique.

Vérification de la distinction avec un marché

similaire Il s’agit de vérifier que les pièces du marché initial ne prévoient pas la

possibilité d’un marché similaire.

Vérification des conditions communes aux marchés

complémentaires

Le titulaire doit être le titulaire initial.

Le montant cumulé des marchés complémentaires ne doit pas dépasser

50% du montant du marché principal. Le montant du marché principal est

celui du marché initial augmenté de ses avenants.

Le montant des marchés complémentaires est celui de tous les achats

complémentaires effectués ou envisagés, avec des exceptions.

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Vérification des conditions propres aux marchés

complémentaires de fournitures S’agissant de l’objet du marché les conditions peuvent être de deux

natures :

soit renouvellement partiel de fournitures ou d'installations

d'usage courant,

soit l'extension d'installations existantes.

S’y ajoute une condition liée aux difficultés entrainées pour le pouvoir

adjudicateur de ne pas y recourir : « acquérir un matériel de technique

différente entraînant une incompatibilité avec le matériel déjà acquis ou

des difficultés techniques d'utilisation et d'entretien disproportionnées ».

De plus sauf si le marché initial a été passé par AO et avec une publication

européenne, le montant total du marché initial (avenants compris) et des

marchés complémentaires ne peut dépasser le seuil des appels d’offres.

Vérification des conditions propres aux marchés

complémentaires de services et de travaux Des circonstances imprévues (ce qui est différent de l’urgence impérieuse

résultant de circonstances imprévisibles), ce qui veut dire qu’elles ne

pouvaient pas rentrer raisonnablement dans les prévisions des parties

lors de la conclusion du contrat. C’est le cas d’une nouvelle

réglementation postérieure, ce n’est pas le cas de prestations

programmées.

Une des deux circonstances suivantes :

inséparabilité technique ou économique des prestations,

services ou travaux strictement nécessaires au parfait

achèvement du marché initial.

(pas de jurisprudence récente connue de l’auteur).

Sur ces points l’auditeur demandera les justifications du recours à la

procédure et donnera son opinion au regard du contenu précis de celles-

ci. Le risque principal à couvrir étant l’utilisation de marchés

complémentaires pour dissimuler des avenants bouleversant l’économie

du marché, il ne faut pas s’exagérer la difficulté technique à étayer les

investigations.

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Fiche 4.1 : «Marchés de

travaux»

Définitions :

Au sens de l’article 1er du code des marchés publics

Les marchés publics de travaux sont les marchés conclus avec des

entrepreneurs, qui ont pour objet soit l’exécution, soit

conjointement la conception et l’exécution d’un ouvrage ou de

travaux de bâtiment ou de génie civil répondant à des besoins

précisés par le pouvoir adjudicateur qui en exerce la maîtrise

d’ouvrage. Un ouvrage est le résultat d’un ensemble de travaux

de bâtiment ou de génie civil destiné à remplir par lui-même une

fonction économique ou technique.

Lorsqu’un marché public porte à la fois sur des services et des

travaux, il est un marché de travaux si son objet principal est de

réaliser des travaux.

Un marché public ayant pour objet l’acquisition de fournitures et,

à titre accessoire, des travaux de pose et d’installation de celles-ci,

est considéré comme un marché de fournitures.

Au sens de la directive 2014/24/UE et du livre I du CMP qui sont

couverts dans ce guide

Les marchés publics de travaux sont des marchés publics ayant

pour objet soit l'exécution, soit conjointement la conception et

l'exécution de travaux relatifs à une des activités mentionnées à

l'annexe I ou d'un ouvrage, soit la réalisation, par quelque moyen

que ce soit, d'un ouvrage répondant aux besoins précisés par le

pouvoir adjudicateur. Un ouvrage est le résultat d'un ensemble de

travaux de bâtiment ou de génie civil destiné à remplir par lui-

même une fonction économique ou technique.

Lorsqu'un marché porte à la fois sur des services et des travaux, il

est un marché de travaux si son objet principal est de réaliser des

travaux.

Un marché ayant pour objet la fourniture de produits et, à titre

accessoire, des travaux de pose et d'installation est considéré

comme un marché de fournitures.

1. Points de vigilance

Les marchés de travaux sont spécifiques sur de nombreux points :

La sous-traitance

Il s’agit du domaine privilégié de l’emploi de sous-traitance116. Le code

est particulièrement contraignant concernant le formalisme de

l’agrément des sous-traitants et de leurs conditions de paiement. Le

paiement direct des sous-traitants est une spécificité des marchés

116

Loi de 1975 modifiée

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publics. La sous-traitance intégrale d’un marché est interdite,

contrairement au secteur privé. La loi et le code ne s’appliquent

qu’aux sous-traitants de premier niveau.

La cotraitance

Les cotraitances (entrepreneurs groupés) sont particulièrement

courantes et doivent respecter le formalisme des textes

réglementaires117 (convention de groupement, conjoints ou solidaires,

mandataire, etc…).

La notion d’opération. Cette notion fait l’objet de la fiche 3.1.

Le cahier des clauses administratives applicable aux marchés de

travaux

De nombreuses particularités très spécifiques aux travaux:

La possibilité de prescrire par acte unilatéral (ordre service ou

décision de poursuivre) des modifications, y compris concernant

l’augmentation ou la diminution de la masse des travaux, sans

acte synallagmatique, c'est-à-dire sans avenant, contrairement au

droit commun ou pour les autres natures de marchés publics.

Des obligations relatives à la protection de la main d’œuvre et

conditions de travail, à la confidentialité et à la sécurité. Des

obligations relatives aux prix, à leur contenu ainsi qu’à la

rémunération du titulaire et des sous-traitants, ou encore les

modalités de règlement des comptes.

117

Le code des marchés et le CCAG travaux.

Des stipulations particulières concernant les pertes et avaries

éventuelles, les prolongations de délais, pénalités primes ou

retenues ou encore la réalisation des ouvrages et les garanties. Il

en va de même pour ce qui concerne la qualité des matériaux et

produits, l’application des normes, les vérifications qualitatives

des matériaux, la gestion des déchets, l’enlèvement des matériels

et matériaux.

Les cahiers de clauses techniques générales spécifiques applicables

aux marchés de travaux de génie civil.

Ces fascicules118 qui au nombre de 35119 sont en tant que de

besoin rendus contractuels par les marchés selon la nature des

lots et définissent techniquement les clauses techniques

générales qui sont le cas échéant complétées dans le cadre du

cahier des clauses techniques particulières, ou annexe technique

du marché.

2. Risques

Les risques sont plus nombreux que pour les autres types de marchés

publics, car aux risques communs liés au respect des règles de

publicité et au respect des procédures au regard des règles de

transparence et d'égalité de traitement, s'ajoutent de nombreux

risques découlant des spécificités sus évoquées. Les enjeux et impacts

118 Arrêté du 30 mai 2012 119 Par exemple, la construction des trottoirs, les chaussées en béton, les travaux de

maçonnerie.

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financiers, économiques et juridiques sont en outre généralement

très importants compte tenu du montant des opérations et des

ouvrages concernés.

La sous-traitance

Les titulaires de marchés de travaux et de génie civil font « par

construction » du fait d'un recours à de nombreux corps de métiers

différents, un usage important de la sous-traitance. Les dispositions

de la loi n° 75-1334 modifiée, des articles 112 et suivants du CMP, et

de l'article 3.6 du CCAG travaux doivent être strictement respectées ;

la responsabilité de la personne publique peut être engagée et est

souvent retenue par le juge. Les manquements et risques associés les

plus courants concernent :

o l'acceptation tacite par défaut alors que la personne

publique doit agréer non seulement les sous-traitants

mais également leurs conditions de paiement. Deux

points importants sont récurrents :

Le premier concerne le paiement direct des sous-

traitants par la personne publique, au-delà du

seuil de 600 €120 ;

Le second les conditions de paiement elles-

mêmes.

En l'absence de paiement direct le titulaire doit

répercuter à ses sous-traitants dans le contrat

120

Article 115.1 du CMP

d'entreprise qui les lie au titulaire les conditions que la

personne publique lui consent (avances, acomptes et

éventuellement paiements partiels définitifs),

o l'acceptation du sous-traitant et l'agrément des

conditions de paiement en cours d'exécution de marché

doivent faire l'objet d'un acte spécial121 signé des deux

parties, introduisant le paiement direct s'il y a lieu.

Un risque associé fréquent concerne la non-modification

de l'exemplaire unique remis à la notification du marché

et qui doit être restitué et modifié pour tenir compte de

la minoration du montant financé au titulaire et

corrélativement un exemplaire délivré au sous-traitant

admis au bénéfice du paiement direct. A défaut, une

même créance pourrait être délivrée deux fois à titre de

garantie auprès d'un établissement bancaire ou financier,

Le seul moyen d'obtenir la preuve de la valeur absolue de

la sous-traitance et du respect de la loi relative au

paiement direct est pour la personne publique d'exiger

une copie du contrat de sous-traitance122.

121 Acte portant les mêmes effets juridiques qu'un avenant (art.3.6.1.2 du CCAG Travaux) 122

Article 3.6.1.5 du CCAG Travaux précisant les pénalités appliquées en cas de non

production dudit contrat ainsi que des mesures de résiliation contractuelles éventuelles

en découlant.

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La cotraitance

Les risques d'irrégularités susceptibles d'entacher la procédure et

le choix des titulaires ou de générer des difficultés lors de

l'exécution des marchés de travaux découlent d'obligations ou

d'interdictions non respectées, y compris par la personne

publique.

Il s'agit pour l'essentiel du non-respect des dispositions des

articles 51, 102 et 106 du CMP ainsi que celles de l'article 3.5 du

CCAG travaux.

Les principales obligations et interdictions concernent :

o le choix entre des entrepreneurs groupés ou solidaires

avec les conséquences qui en découlent,

o la désignation d'un mandataire, ce dernier pouvant être

solidaire pour ses obligations contractuelles,

o la constitution d'un acte d'engagement unique dans les

deux cas,

o l'interdiction faite à un même fournisseur d'être

mandataire de plusieurs groupements,

o l'interdiction de modifier la composition du groupement

en cours de procédure, sauf exception,

o la possibilité, sous réserve de l'avoir spécifié, d'interdire à

un même fournisseur de pouvoir établir plusieurs offres

en qualité de candidat individuel et de membre d'un ou

plusieurs groupements,

o l'obligation de se conformer in fine à une demande de la

personne publique visant à constituer une forme de

groupement plutôt que l'autre.

3. Les risques liés à certaines spécificités

des marchés de travaux

Outre ceux qui découlent du non-respect de la notion d'opération pour la

détermination de certains seuils123, ou par un non allotissement qui ne

serait pas justifié, il existe de nombreux risques susceptibles de mettre en

cause la personne publique voire la responsabilité des agents publics eux-

mêmes, ainsi que la qualité des ouvrages.

Au sen du respect global du CCAG une attention particulière doit être

apportée aux articles 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16 et 17 124.

Ces stipulations concernent :

la protection de la main d'œuvre et les conditions de travail,

la garantie relative à la propriété industrielle ou commerciale,

l'assurance,

123

Voir fiche n° 3.1 124

Toutes les stipulations sont contractuelles mais certaines obligations résultent de

dispositions législatives voire de conventions internationales.

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les prix, le règlement des comptes, la rémunération du titulaire et

des sous-traitants,

les constatations contradictoires,

le règlement du prix des prestations supplémentaires,

l'augmentation ou la diminution du montant des travaux,

les changements dans l'importance des natures d'ouvrage.

Les modalités de vérification qualitative, de réception, de détermination

des pénalités primes et retenues, ainsi que de garantie sont également

spécifiques.

L'application de toutes ces clauses contractuelles comportent des risques

y compris pour la personne publique, d'autant que c'est elle qui les

impose.

Deux domaines particuliers trouvent matière courante à irrégularité de la

part du pouvoir adjudicateur dans les marchés de travaux, il s'agit d'une

part des remises de pénalités et de la qualité des signataires des

nombreux actes pris durant l'exécution des marchés, d'autre part.

Concernant les remises de pénalité elles doivent être appréciées non

seulement après instruction formelle systématique d'un dossier de

pénalité, mais surtout toute remise partielle ou totale doit être étayée et

justifiée par la démonstration de l'absence de préjudice pour la personne

publique du fait du retard125. A défaut la responsabilité pécuniaire du

125

A l'exception du cas où c'est la personne publique qui est responsable du retard.

représentant du pouvoir adjudicateur sera recherchée, le cas échéant par

la Cour des comptes dans le cadre de ses contrôles a posteriori.

Concernant tous les actes pris en exécution du marché la seule personne

habilitée est le représentant du pouvoir adjudicateur126, qu'il s'agisse des

décisions de poursuivre, de l'augmentation ou de la diminution des

montants, des actes spéciaux, des décisions relatives aux retards,

réceptions, ajournements, réfactions, résiliations, etc., a fortiori pour les

avenants. Néanmoins dans le cadre d'un marché particulier, le signataire

du contrat peut prévoir une délégation à certains agents que le marché

mentionne, en vue de les autoriser à signer certains actes subséquents, le

cas échéant avec une limite, délégation limitée aux seuls actes cités127. La

signature d'actes d'exécution par des agents non habilités car ne

disposant pas de délégation n'est pas rare dans le cadre de l'exécution

des marchés de travaux.

4. Documentation – références

Les références réglementaires principales ont été mentionnées aux

paragraphes précédents au fur et à mesure de leur évocation.

126

Délégation du ministre pour les services de l'Etat ou subdélégations générales desdits

délégataires. 127 Par exemple les décisions de réception ou d'augmentation/diminution du montant.

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158

5. Points de contrôle

La démarche de contrôle d’un marché de travaux n’est pas différente de

celle d’autres marchés, elle trouve à s’appliquer toutefois dans le

contexte de marchés souvent importants et complexes portant sur des

prestations très techniques.

Les points de contrôle habituels relatifs à la passation pourront être

précisés ou complétés sur les éléments suivants :

Analyse des étapes préalables à la consultation

La vérification du contenu et du périmètre du marché au regard de la

notion d’opération est un point important notamment du fait des

conséquences que cela peut avoir sur le choix de la procédure de

passation.

Analyse du dossier de consultation

En cohérence avec les risques spécifiques identifiés supra, le contrôle

doit mettre l'accent sur les pièces particulières (CCAP et CCTP) qui

peuvent préciser les modalités d'application de certaines dispositions

des CCAG et CCTG mais aussi y déroger, avec d'éventuelles

conséquences en cas de contentieux dans l'exécution.

Le contrôle des règles relatives à la sous-traitance et

à la co-traitance a une importance particulière

Absence de sous traitance intégrale ;

Respect des textes réglementaires relatifs à la co-traitance ;

Vérification de l’acceptation expresse des sous-traitants ;

Vérification du paiement direct des sous-traitants ;

Existence d’un acte spécial en cas de sous-traitance intervenant

en cours de marché ;

Le contrôle de l’exécution est spécifique

Un audit de l’exécution opérationnelle est nécessaire au moins

pour comprendre les évolutions de la vie du marché.

La qualité du suivi de l'évolution du montant du marché durant son

exécution conditionne la régularité des décisions qui s'imposaient

(avenant ou décision de poursuivre), un contrôle de leur régularité

doit être réalisé

Il est nécessaire de vérifier qu'il n'y a pas eu de dérive dans les travaux

du fait d'aléas de chantier supposés.

De nombreuses difficultés résultent de la déficience du

coordonnateur de chantier. Il est utile de vérifier, même a posteriori,

que le choix fait après l'appel à candidature était pertinent (les

références sur des expériences d'opérations déjà menées et leur taille

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159

financière et surtout sur la couverture financière en matière

d'assurance. Des surprises sont courantes sur ce dernier aspect.

Cela amène à auditer non seulement les avenants comme dans un

marché ordinaire mais aussi le respect des règles du CCAG encadrant

les actes unilatéraux constitués par les décisions de poursuivre

(pouvoir adjudicateur) ou plus souvent des ordres de service (son

maître d'oeuvre). Ces possibilités sont encadrées notamment en

montant et peuvent ouvrir droit à indemnité pour les entreprises

contractantes.

On vérifiera en particulier la qualité des signataires des actes pris en

exécution du marché, la signature par des agents non habilités n’étant

pas rare :

La vérification du service fait peut être approchée par le contrôle

des opérations de certification contradictoire des services faits

pour les marchés non forfaitaires et rémunérés par l'application

de bordereaux des prix unitaires et prestations effectivement

réalisées ;

On vérifiera particulièrement l’application des clauses de pénalité

et si des remises de pénalités ont été effectuées leur justification

et la démonstration d’une absence de préjudice pour le pouvoir

adjudicateur.

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Fiche 4.2 : «Marché de

prestations intellectuelles

(audit, conseil, AMOA)»

Un marché de prestations intellectuelles est un marché de services faisant

appel exclusivement à des activités de l’esprit. Il peut s’agir notamment

de prestations d’études, de réflexion, de conception, de conseil,

d’expertise ou de maîtrise d’œuvre. Les domaines d’application sont très

divers (infrastructure, systèmes d’information, RH, finances, organisation,

formation…).

Ces marchés publics de prestations intellectuelles sont aussi appelés

marchés d'études.

La qualité et la performance des prestations réalisées sont par nature

difficiles à évaluer.

Ils peuvent comporter à titre accessoire une part de services dits courants

ou de fournitures.

1. Risques

Les principaux risques identifiables sont :

les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

mise en cause de la liberté d’accès au marché, absence d’égalité

de traitement des candidats, marchés complémentaires non

justifiés.

les risques ayant trait à l’efficacité fonctionnelle et au bon usage

des achats : mauvaise maîtrise de la prestation (commandes

imprécises, livrables inadéquats, absence de validation du service

fait), résiliation du marché, contentieux.

les risques de nature à impacter l’efficacité économique et la

maîtrise des coûts : dérive budgétaire au travers d’avenants, de

bons de commande et de marchés complémentaires.

Il convient de rajouter un risque d’ordre pénal (prêt illicite de main

d’œuvre, article L8241-1 du code pénal) puisque ces marchés consistent

en la mise à disposition de l’administration de ressources et de

compétences, non disponibles en son sein. Les contrats doivent donc

respecter les critères de licéité dégagés par la jurisprudence.

2. Articles du code pertinents

Le Code des marchés publics (CMP) ne définit pas spécifiquement ces

marchés de prestations intellectuelles. Ces marchés sont soumis à un

cadre juridique complexe relevant à la fois du CMP, du Code de la

propriété intellectuelle et du cahier des clauses administratives générales

applicable aux marchés publics intellectuels (CCAG-PI), dont la dernière

version date du 16 septembre 2009.

Toutefois, il peut arriver que le marché étudié relève du CCAG applicable

aux fournitures courantes et de services (FCS).

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Pour déterminer si le marché doit se référer à l'un ou l'autre des CCAG, il

est important de vérifier la nature de la prestation :

Dans le cas du CCAG-PI, les prestations doivent correspondre à des prestations d'études, de réflexion, de conception, de conseil ou encore d'expertises. Le CCAG-PI approuvé par l'arrêté du 16 septembre 2009 précise que " les marchés relevant du CCAG-PI donnent généralement naissance à des droits de propriété intellectuelle tels que droit de propriété industrielle, littéraire ou artistique ". L'existence de ces droits peut servir de critère pour l'application du CCAG-PI.

Dans le cas du CCAG-FCS les prestations seront plus banales et plus répétitives.

3. Documents

Pour la phase de passation les principaux documents à solliciter sont les

comptes-rendus des « commissions internes marchés », le règlement de

consultation (RC), le cahier des clauses administratives particulières

(CCAP), le cahier des clauses techniques particulières (CCTP), les offres

des candidats, le rapport de présentation, l’acte d’engagement (AE), le

contrat, les avenants éventuels.

Pour l’exécution outre les bons de commande, on s’intéressera

particulièrement aux livrables pour en apprécier la consistance et la

réalité mais aussi pour examiner la procédure de réception et de contrôle

qualité. Dans ce domaine l’auditeur peut parfois être en mesure d’avoir

une opinion sur la qualité des produits rendus.

4. Etapes du contrôle

En pratique, on procédera souvent en trois temps en analysant, en

premier lieu, les conditions dans lesquelles le besoin a été défini, en

deuxième lieu, les conditions de la mise en concurrence, et, en troisième

lieu, les modalités d’exécution du marché.

La définition du contenu des prestations

De façon générale, l’auditeur posera au préalable les questions suivantes :

Pour quelles raisons l’organisme a-t-il recours à une société de

conseil ?

Un bilan des marchés précédents a-t-il été réalisé ?

Existe-t-il une base de données, un archivage des marchés

antérieurs ?

Comment le besoin a-t-il été déterminé ?

L’expression du besoin est-elle suffisamment précise ?

S’il s’agit d’un marché à unités d’œuvre, l’auditeur tiendra compte des

risques spécifiques à ce type de marché :

standardisation excessive des unités d’œuvre pouvant entrainer

une rigidité des solutions techniques et des coûts trop élevés ;

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163

décalage entre le catalogue d’unités d’œuvre (UO) , très large, et

les UO effectivement utilisées dans l’exécution du marché ;

difficulté de la maîtrise d’ouvrage à apprécier l’adéquation des

solutions techniques avancées par le prestataire pour répondre

aux bons de commande.

Il pourra notamment être intéressant, de ce point de vue, de comparer le

« panier » d’UO proposé par le candidat dans les scénarios de référence

qui ont servi à sélectionner les offres avec celles effectivement utilisées

dans le cadre de l’exécution du marché.

La procédure de passation du marché

Les points de vigilance sont :

Quelle procédure a été privilégiée ? Les marchés de prestations intellectuelles peuvent faire l'objet

d'une procédure adaptée lorsque leur montant provisionnel est

inférieur à 207 000€ HT pour les collectivités territoriales, et à

134 000€ HT pour l'Etat.

Si le montant prévisionnel du marché dépasse ces seuils,

l'acheteur peut recourir à l'appel d'offres, ce qui, pour les marchés

de prestations intellectuelles, impose une grande rigueur dans

l’analyse des offres (modalités d’évaluation d’un savoir-faire,

d’une méthodologie, d’une équipe sur simple dossier transmis à

l'appui de l'offre).

D’autres procédures peuvent être plus appropriées :

o la procédure du dialogue compétitif (procédure

intéressante surtout dans les cas de projets de grande

importance dans des domaines innovants) ;

o la procédure négociée.

Le CCAG a-t-il été complété ou modifié ? Quel est le régime des droits de propriété intellectuelle ? Le CCAP comporte-t-il, sur ce point, la mention de l’option (A, concession des droits d’utilisation sur les résultats, ou B, cession des droits d’utilisation sur les résultats) du CCAG-PI retenue pour le marché ? Cette option est-elle cohérente avec l’utilisation des livrables envisagée par le pouvoir adjudicateur ? Quelle est la part des postes à bons de commande ? Un transfert de compétences vers l’administration est-il prévu en fin de marché ?

Quels sont les différents critères de sélection ? Les compétences professionnelles des moyens humains affectés à la réalisation de la prestation relative à l'objet du marché font-elles l’objet d’un critère d'attribution particulier ? Les critères sont-ils de nature à favoriser certains candidats ? Comment s’établit le critère financier ?

Il faut rappeler que l'analyse des offres dans le cadre de marchés

publics de prestations intellectuelles peut être assez subjective

(traduction par une note de l’évaluation des informations fournies par

les candidats). Théoriquement, l'acheteur public doit choisir des

critères de pondération permettant de juger le plus objectivement

possible les différents candidats et ainsi de comparer les offres entre

elles.

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L’acheteur dispose-t-il d’une grille de lecture des offres ? Un canevas de réponse est-il fourni par l’acheteur ? Un cas pratique a-t-il été soumis aux candidats ? Les candidats ont-ils été auditionnés pour leur permettre de préciser leur offre ? Dans quelles conditions a été réalisée l’analyse, notamment technique, des offres ? En particulier celle-ci a-t-elle été collective ou faisant appel à plusieurs personnes de manière à limiter le risque de subjectivité ?

L’exécution du marché

L’auditeur vérifiera en particulier les points suivants :

Comment est organisé le pilotage du prestataire ? Les supports de pilotage sont-ils fournis par l’acheteur ou le prestataire ? Existe-t-il des outils d’évaluation des consultants ? Des livrables et prestations ? De la conformité des livrables par rapport aux bons de commande ? Existe-t-il une procédure de réception et de vérification ?

Quel usage est-il fait des postes à bons de commande ? Y a-t-il adéquation entre les intitulés des bons de commande et les prestations effectuées ?

Les avenants et les bons de commande sont-ils justifiés ?

Les bons de commande doivent faire l’objet d’une attention toute

particulière. Il convient notamment de vérifier qu’ils se rapportent

bien à l’objet du marché concerné, qu’ils comportent un objet précis

et qu’ils font appel avant tout à des compétences.

Le traitement du risque de prêt illicite de main

d’œuvre Il conviendra surtout de vérifier que :

le contrat n’a pas pour objet exclusif la mise à disposition de

personnel et porte sur une tâche à accomplir avec précision ;

le prestataire apporte un savoir qui n’est pas disponible au

sein de l’organisme ;

la prestation de services n’aboutit pas au transfert du lien de

subordination au profit de l’organisme vis-à-vis du personnel

détaché. Le prestataire doit donc conserver l’autorité sur son

personnel et exercer un contrôle sur la réalisation du travail ;

la facturation est fixée forfaitairement en rémunération d’une

prestation globale, sans aucune référence même indirecte ou

implicite au nombre d’heures travaillées.

5. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

Une dérive budgétaire, la multiplication des bons de commande, un nombre important d’avenants.

Une mauvaise exécution du marché, des livrables d’une qualité inférieure aux attentes, des retards de livraison.

Une obligation de moyens non réalisée : absences de certains consultants, modification des équipes de consultants en cours d’exécution, taux de « séniorité » décroissant au fur et à mesure de l’exécution des prestations.

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6. Recommandations possibles

En fonction des situations, l’auditeur pourra formuler différentes

recommandations parmi lesquelles :

Limiter le recours aux marchés de conseil et AMOA, privilégier l’utilisation des ressources internes.

Ne recourir aux cabinets que pour des missions très spécifiques et techniques ou encore à haute valeur ajoutée.

Allotir le marché quand cela est possible et limiter le nombre de lots attribués à un candidat.

Limiter l’usage des marchés à unités d’œuvre, des postes à bon de commande sans plafond maximum.

Eviter les critères de sélection discriminants du type « compréhension des problématiques du ministère ».

Vérifier la conformité des offres avec les besoins exprimés.

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Fiche 4.3 : «Les marchés de

prestations informatiques

(études et

développements) »

Il convient de distinguer, les marchés d’études, des marchés de

développements :

Les marchés d’études informatiques consistent le plus souvent à déléguer à un prestataire, une étude de faisabilité ou de rédaction de cahier des charges en vue de la passation d’un marché pour réaliser un logiciel spécifique.

Les marchés de développement consistent à réaliser un logiciel spécifique à partir d’un cahier des charges. Il s’agit le plus souvent d’un marché global dont certains lots sont relatifs à des prestations connexes comme la formation ou la maintenance. Le droit français tout comme le droit communautaire considère que ce type de marchés relève des marchés de services.

En revanche, ce type de marchés ne couvre pas l’achat de logiciels

standards (ou progiciels) dits « sur étagères ». En effet, il s’agira

alors d’un marché de fournitures et non de services. La

nomenclature européenne CPV (Common Procurement

Vocabulary) classe les logiciels qui ne sont pas développés selon

les spécifications d’un donneur d'ordre, dans la catégorie des

« matériel et fournitures informatiques ». Cette différence est

claire pour des progiciels de type bureautique, elle l’est beaucoup

moins quand l’achat d’un progiciel de gestion intégrée (PGI

exemple SAP) conduit non seulement à des prestations visant à

paramétrer le logiciel mais aussi à « l’adapter » à des besoins

spécifiques ce qui conduit en réalité à des développements

nouveaux faits en utilisant des outils de développement

propriétaires.

Un prestataire peut se voir également confier en lien avec ce type de

marchés, une mission d’assistance à maitrise d’ouvrage (AMOA) qui

consistera à suivre, en lien avec le pouvoir adjudicateur, la réalisation

(assistance au pilotage/qualité) et la mise en service d’un logiciel. Dans

certains cas, le marché passé visera à ce que le prestataire assure la

totalité de la maîtrise d’ouvrage.

Une caractéristique spécifique à ce type de marché est une organisation

qui nécessite l’intervention d’un service maître d’ouvrage qui va utiliser le

produit ou représente les utilisateurs, d’une direction des systèmes

d’information qui maîtrise la relation contractuelle et d’un prestataire. Par

rapport aux autres d’achats le rôle du maître d’ouvrage est plus important

car son intervention dans la réception du produit est souvent plus lourde

que dans d’autres domaines.

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1. Risques

Les principaux risques identifiables sont :

Les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

mise en cause de la liberté d’accès au marché, absence d’égalité

de traitement des candidats, marchés complémentaires non

justifiés. De ce point de vue il faut rappeler un trait culturel

spécifique au domaine, longtemps accepté y compris par

certaines instances de contrôle, qui y rendrait l’application du

CMP plus difficile, conforté par une culture technique du « one

best way ».

Il faut également mentionner dans cette catégorie de risques, les

problématiques liées aux droits (concession d’utilisation vs

cession (art. L131-3 du CPI). Ces mentions devront

obligatoirement être précisées (généralement le CCAG-TIC ou le

CCAP). Dans le cadre du développement d’un logiciel spécifique, il

s’agira le plus souvent de la cession des droits de la part du

prestataire au pouvoir adjudicateur.

Les risques ayant trait à l’efficacité de la commande publique et

au bon usage des achats : mauvaise maîtrise de la prestation

(cahier des charges imprécis, livrables non-conformes), résiliation

du marché, contentieux.

Les risques de nature à impacter l’efficacité économique et la

maîtrise des coûts : dérive budgétaire au travers d’avenants, de

bons de commande et de marchés complémentaires souvent de

type correctifs pour résorber les malfaçons.

Des risques d’ordre pénal :

o Le prêt de main d’œuvre à but lucratif (art. L. 8241-1 du code pénal). Ces marchés consistent en la mise à disposition de l’administration, de ressources et de compétences. Il est nécessaire et obligatoire que les collaborateurs du titulaire ne soient pas directement placés sous les ordres du pouvoir adjudicateur. Il ne peut pas y avoir un quelconque lien hiérarchique sous peine de voir la responsabilité du pouvoir adjudicateur engagée. Il faut donc veiller à ce que ne s'établisse aucun lien de subordination entre les collaborateurs du titulaire et la personne publique.

o La loi relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés (n° 78-17 du 6 janvier 1978) édicte un régime strict de protection pour les données personnelles les plus sensibles dont le traitement, à l’exception de quelques cas particuliers, est interdit sous peine de lourdes sanctions pénales (art. L. 226-16 à 226-24, R. 625-10 à R. 625-13 du code pénal). La CNIL est vigilante et stricte dans l’application de la loi. Les traitements mis en œuvre par des organismes publics

doivent recueillir l'avis de la CNIL (art. L 26 et 27) quand des

données concernant les points suivants sont mis en œuvre :

la sûreté, la défense ou la sécurité publique ;

la prévention, la recherche, la constatation ou la poursuite d’infractions pénales ou l’exécution des condamnations pénales ou des mesures de sûreté ;

l’utilisation du NIR (n° de sécurité sociale) ou la consultation du RNIPP (lorsque les organismes ne sont pas déjà habilités) ;

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l’utilisation de données biométriques (empreintes digitales, contour de la main, iris de l’œil, etc.) ;

le recensement de la population ;

les téléservices de l’administration électronique.

2. Articles du code pertinents

Le Code des marchés publics (CMP) ne définit pas de dispositions

particulières pour les marchés de prestations informatiques. Il précise en

revanche, certaines règles applicables aux marchés informatiques :

Article 29 : les « marchés de services informatiques et services connexes » sont soumis aux règles prévues au titre III selon lesquelles la passation des marchés est soumise aux procédures formalisées dès lors que le montant estimé des besoins est égal ou supérieur aux seuils fixés par l’article 26128.

Article 56 : Pour les « achats de fournitures de matériels informatiques et de services informatiques » d'un montant supérieur à 90 000 euros HT, les candidatures et les offres sont transmises par voie électronique.

Pour autant, ce type de marchés est soumis à un cadre juridique

complexe relevant à la fois du CMP et du cahier des clauses

administratives générales applicable aux techniques de l’information et

128

Ce point est repris également à l’article 204 qui est spécifique aux dispositions

applicables pour les marchés de défense ou de sécurité.

de la communication (CCAG-TIC), dont la dernière version date du

16 octobre 2009. Les aspects relatifs à la propriété intellectuelle sont

intégrés dans ce CCAG évitant ainsi de devoir recourir au CCAG-PI pour les

logiciels même complexes.

Dans le cadre d’un audit portant sur un marché antérieur à octobre 2009,

il est important de signaler que les marchés informatiques relevaient

jusqu’alors, d’un chapitre particulier (chapitre VII) du CCAG - Fournitures

courantes et services (CCAG-FCS).

3. Documents

Les principaux documents spécifiques aux marchés de prestations

informatiques à solliciter sont :

le cahier des clauses administratives générales techniques de l'information et de la communication (CCAG TIC) ;

le cahier des clauses administratives particulières (CCAP) ;

le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) qui décrit les fonctionnalités attendues (il est fréquent que le degré de précision soit insuffisant et que les contestations naissent quant à l’inclusion dans les obligations contractuelles de telle ou telle fonctionnalité) ;

Le plan assurance qualité (PAQ) : il s’agit du document qui décrit les dispositions particulières mises en œuvre pour la réalisation d'un produit ou d'un service afin de répondre aux exigences contractuelles en matière de qualité ;

Les plannings (prévisionnels et réalisés) ;

la documentation technique et/ou utilisateur du logiciel.

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4. Points de contrôle

Des étapes habituelles du contrôle (conditions dans lesquelles le besoin a

été défini, conditions de la mise en concurrence, modalités d’exécution du

marché) donnent lieu à des questions spécifiques. L’audit de l’exécution,

afin de mieux prendre en compte les spécificités de ce type de marché,

est organisé en reprenant les grandes phases qui jalonnent les projets de

développement logiciel (cf. annexe).

La définition du contenu des prestations

Des questions spécifiques peuvent être posées

L’expression du besoin est-elle suffisamment précise pour permettre le développement du logiciel ? Toutes les grandes fonctionnalités souhaitées sont-elles énumérées ? Ainsi, que les types d’utilisateurs et leurs droits associés ? Qui a réalisé le cahier des charges ? Qui l’a contrôlé ? A-t-il été réalisé par un prestataire ?

Le cahier des charges privilégie-t-il des normes ouvertes et non propriétaires ? Le logiciel peut-il fonctionner sur du matériel (postes de travail/serveurs) standard et non spécifique ?

Les aspects de sécurité sont-ils pris en compte ? Les référentiels et guides des bonnes pratiques de l’agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) ont-ils été utilisés ?

Des données sensibles seront-elles collectées et stockées ? Si oui, le fichier de données a-t-il fait l’objet d’une déclaration à la CNIL ? Un avis a-t-il été rendu ? Un correspondant informatique et libertés existe-t-il dans la structure ?

L’acquisition de licences tierces est-elle nécessaire pour faire fonctionner le logiciel ? Leur prix est-il inclus dans le coût global ?

Le CCAG TIC est-il utilisé ? Un CCAP existe-t-il ? Les droits d’utilisation et de propriété du logiciel sont-ils précisés ?

La réversibilité est-elle prévue ainsi que les différents types de maintenance (correctives, applicatives) garantissant le bon fonctionnement du logiciel tout au long de sa durée de vie ?

La procédure de passation du marché

La question du choix de la procédure aura une importance

particulière :

Un accord-cadre couvre-t-il ce type de marchés ? Si oui, le marché est-il mis en œuvre via l’accord-cadre (marché subséquent) ?

Quelle procédure a été privilégiée ? Si un appel d’offre restreint a été sélectionné, quelles en sont les raisons (savoir-faire très spécifique) ? L’appel d’offres restreint peut être un moyen pertinent pour retenir des candidats qui maîtrisent des outils techniques particuliers, encore faut-il que le recours à ces outils ne soit pas discriminatoire ce qui conduit à porter un intérêt particulier à la phase de sélection des candidatures.

D’autres procédures peuvent être plus appropriées :

o la procédure du dialogue compétitif : Lorsque le pouvoir adjudicateur ne peut définir seul et à l'avance les moyens techniques répondant à ses besoins (logiciel innovant) ;

o Marché à procédure adaptée (Mapa).

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171

On portera une attention particulière à certaines questions

standards :

L’ensemble des prestations prévues dans le cadre du marché sont-elles exprimées sous la forme d’unités d’œuvre (UO) ? Un panier type d’UO a-t-il été constitué afin de pouvoir comparer les offres des prestataires ? Le panier est-il représentatif de l’ensemble des prestations pouvant intervenir pendant la durée du marché ?

Une réunion d’information a-t-elle été organisée ? Les candidats ont-ils été auditionnés pour leur permettre de préciser leur offre ?

Le marché fait-il apparaître une ou plusieurs tranches fermes ainsi que des tranches conditionnelles ? La mise en place de tranches fermes et conditionnelles permet de valider la compétence du prestataire et de limiter les risques en conditionnant la suite du projet à la réussite des premières réalisations.

Une définition non ambiguë des différents acteurs et de leur rôle existe-t-elle entre le pouvoir adjudicateur et le prestataire ? Il est indispensable qu’apparaisse très clairement à qui revient la maitrise d’ouvrage et le maitrise d’œuvre.

Le non respect du principe d’allotissement est-il justifié ?

Quels sont les différents critères de sélection ? La pondération des critères correspond-elle aux usages habituels ? Des sous-critères sont-ils utilisés ? Les critères sont-ils de nature à favoriser certains candidats ? Une grille de dépouillement des offres faisant apparaître les différents critères existe-elle ? Dans quelles conditions a été réalisée l’analyse, notamment technique, des offres ? Qui a été désigné pour la réaliser ? Est-ce un prestataire ?

Comment est déterminée la formation du prix des offres ? Des offres basées sur des journées/homme sont-elles retenues ? Si oui, pour quelles raisons alors que ce mode de calcul est proscrit ?

En effet, l’offre du prestataire se traduira par une obligation de

moyens (exprimés en journées/hommes) avec une relation

hiérarchique plus ou moins directe entre son personnel et le

pouvoir adjudicateur. Le risque de se retrouver en situation de

prêt illégal de main d’œuvre à but lucratif est alors bien réel. En

outre, la rémunération au temps passé caractérisant l’un des

éléments du contrat de travail, un salarié mis à disposition

pourrait revendiquer d’être embauché par le pouvoir

adjudicateur.

La CSMI (Commission spécialisée des marchés d'informatique -

depuis supprimée) avait rappelé que "des coûts horaires ou des

coûts de journées ne sauraient constituer un prix de marché et

qu'il convenait donc de définir des unités d'œuvre représentatives

de la prestation à réaliser".

Le versement d’avances est-il prévu ? Sont-elles conditionnées à des phases de livraison intermédiaire ? Les montants correspondent-ils aux usages habituels ?

La réversibilité est-elle prévue et si oui quelle forme (prestations expressément identifiée) ?

L’article L.122-6-1, III, du CPI autorise le droit d’étudier et de

tester le logiciel pour déterminer les idées et principes qui sont à

sa base, ce que l’on nomme « ingénierie inverse ». La portée de

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172

cet article résulte surtout de l’interdiction d’y déroger

contractuellement.

L’article L 122-6-1, IV du CPI, afin de garantir l’interopérabilité

entre SI, autorise la possibilité de décompiler le code. Les

informations obtenues ne peuvent être utilisées que pour assurer

l’interopérabilité.

Afin de toujours garantir l’interopérabilité, certaines personnes

(éditeurs de logiciels, exploitants, …) ont droit (art. L 331-32 du

CPI) à la communication des informations essentielles (définies à

l’art. L331-32) l’interopérabilité et peuvent saisir en cas de refus

du détenteur la Haute Autorité (décision sous deux mois).

Des pénalités sont-elles prévues ? Si oui, de quelles natures sont-elles (retards livraison, performances insuffisantes, ...) ? Comment sont définis les montants ? Quelles sont les modalités d’application de ces pénalités ?

Le TCO est-il évalué ? Tient-il compte d’éléments comme l’éventuelle nécessité d’acquérir des licences tierces ou bien encore, des coûts liés à la maintenance ?

L’exécution du marché

Cette partie sur l’exécution du marché est structurée en reprenant les

différentes phases d’un projet d’étude et de développement, telles

que détaillées dans l’annexe à cette fiche.

Néanmoins, les points de vigilance ci-dessous sont communs à

l’ensemble des phases du projet :

Comment est organisé le pilotage du prestataire ? La comitologie habituelle est-elle en place (instances de pilotage, fréquence de réunion, attributions, acteurs) ?

Un plan assurance qualité (PAQ) existe-t-il ? Est-il signé par le pouvoir adjudicateur (généralement au moment de la réunion de lancement).

Le suivi du projet est-il régulier ? Les outils de pilotage sont-ils mis à jour et transmis régulièrement au pouvoir adjudicateur (planning, pourcentage de réalisation, …) ?

Des recettes intermédiaires sont-elles prévues ? En cas de problème majeur, un comité de crise est-il prévu ?

Des outils de suivi de projet sont-ils utilisés (planning : diagramme de gantt, affection des différents profils sur des taches du projet, …)

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1 – Phase d’élaboration et validation des spécifications

fonctionnelles détaillées (SFD)

Les SFD sont-ils conformes au cahier des charges initial ? Couvrent-elles la totalité des fonctionnalités prévues ? Permettent-elles d’élaborer un planning de développement détaillé ?

Qui valide pour le pouvoir adjudicateur le document des spécifications ?

2 - Phase de développement

Les revues intermédiaires donnent-elles lieu à des comptes-rendus ? Comment sont-ils validés ?

Les suivis de planning sont-ils tenus à jour et par qui ?

Des bons de commande sont-ils déclenchés pendant cette phase ? Ils peuvent mettre en évidence une mauvaise évaluation des délais initiaux ou de difficultés techniques qui n’ont pas été suffisamment appréhendées lors de la phase de spécifications.

Le procès-verbal de réception a-t-il été signé ? Si oui, par qui ? Si, un délai a été nécessaire, quelles en sont les raisons ? Des réserves sont-elles consignées ? Quelles en sont la gravité ? Si le pouvoir adjudicateur n’est pas en mesure de prendre une

décision positive de validation de la conformité du logiciel aux

spécifications (VABF) du fait du constat d’anomalies ou de

malfaçons, il prend une décision d’ajournement ou de rejet, selon

les modalités fixées à l’article 28 du CCAG TIC.

En cas d’ajournement, décision prise par le pouvoir adjudicateur

quand il estime que le logiciel pourrait être reçu moyennant des

corrections à opérer, une nouvelle mise en ordre de marche peut

être alors exécutée à sa demande.

C’est à bon droit que peut être résilié un marché informatique dès

lors que les logiciels ne fonctionnent pas bien, ne sont pas

conformes aux spécifications du marché et que les délais ne sont

pas respectés129.

Dans le cas de défauts affectant le logiciel, la personne publique

peut pratiquer la réfaction du prix mais non refuser tout

paiement130.

3 – Phase de recette

L’auditeur vérifiera en particulier les points suivants :

La procédure de contrôle des résultats (protocole de recette) existe-t-elle ? Est-elle documentée ?

Les acteurs appartenant à la MOA sont-ils bien identifiés et compétents pour réaliser la recette ? Des futurs utilisateurs sont-ils associés à la recette ?

Des jeux de tests sont-ils préparés afin de valider la conformité du logiciel aux fonctionnalités prévues ?

129

TA Rouen 7/11/2006, société Objin Ingénierie objet, req n°0402908 130

CAA Paris 20/05//2005 Inserm, req. N° 02PA02792

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Le prestataire a-t-il effectué des tests avant la livraison et les a-t-il consignés dans un cahier de recette ?

Les avenants et les bons de commande éventuellement passés sont-ils justifiés ?

La vérification d’aptitude du bon fonctionnement (VABF) est-elle prévue ? Si oui, est-elle bien définie ainsi que les conditions nécessaires à l’établissement du procès-verbal ?

Le délai imparti au pouvoir adjudicateur pour procéder à la VABF

et notifier sa décision est d’un mois (cf. CCAG TIC – art. 27.2.1) à

partir de la date de notification de l’écrit par lequel le titulaire

avise le pouvoir adjudicateur que les prestations sont prêtes à

être vérifiées ou, à défaut, de la date de notification par le

titulaire du procès-verbal réception au pouvoir adjudicateur.

Des pénalités sont-elles prévues ? Si oui, ont-elles été

déclenchées ?

4 - Phase d’installation en production et de validation de service

régulier (VSR)

Si le résultat de la vérification de service régulier est négatif, le pouvoir adjudicateur prend une décision écrite qu’il notifie au titulaire, soit :

d’ajournement avec vérification de la régularité de

service pendant une période supplémentaire

maximale d’un mois ;

de réception avec réfaction qui consiste à réduire le

montant des prestations à verser au titulaire, lorsque

les prestations ne satisfont pas entièrement aux

prescriptions du marché, mais qu’elles peuvent être

reçues en l’état.

de rejet qui est la décision prise par le pouvoir

adjudicateur qui estime que les prestations ne

peuvent être reçues, même après ajournement ou

avec réfaction.

La preuve du dysfonctionnement de logiciels est à la charge de la

personne publique et ne saurait résulter de simples constatations

unilatérales131. Le recours à un expert indépendant est

recommandé pour faire émerger la preuve.

La réception peut être limitée aux seuls éléments dont la

régularité de service a été vérifiée, pourvu qu’ils permettent

l’utilisation dans des conditions jugées acceptables par le pouvoir

adjudicateur.

Si le pouvoir adjudicateur ne notifie pas sa décision dans le délai

de sept jours mentionné au premier alinéa de l’article 27.2.2 du

CCAC TIC, le résultat de la vérification de service régulier est

considéré comme positif et les prestations sont réputées reçues.

5 – Phase de période de garantie

Quelle est la durée de la garantie ? Est-elle prolongée par la suite par un contrat de maintenance ? Si oui, les anomalies de

131

CAA Paris 4/05/2008, communauté de communes des Coteaux du Morin et l’Aubetin,

req. 06PA01027

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différentes natures (logicielles, matérielles) sont-elles prises en compte par les contrats de maintenance ?

Le délai de garantie est-il prolongé du délai de privation de jouissance en cas d’interruption de service ?

Les délais de remise en état de fonctionnement en fonction de la gravité de l’anomalie sont-ils précisés pendant les période de garantie et de maintenance ?

5. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit

sont :

Un dérapage du planning (retards de livraison) qui met souvent en évidence une mauvaise exécution du marché. Cela peut être l’indice de dysfonctionnements de la maîtrise d’ouvrage comme du prestataire ;

Difficultés de communication avec le prestataire, des consultants remplacés au pied levé pour aller sur d’autres missions (cela met peut mettre en évidence des difficultés de trésorerie du prestataire) ; …

Une dérive budgétaire liée à la multiplication des bons de commande, un nombre important d’avenants pour tenter de corriger des livrables ne répondant pas aux spécifications.

6. Recommandations possibles

En fonction des situations, l’auditeur pourra formuler différentes

recommandations parmi lesquelles :

Favoriser la mise en place des tranches conditionnelles et allotir autant que possible le marché ;

Rencontrer les soumissionnaires et favoriser une analyse des offres collégiale. Ne pas hésiter à rencontrer des clients signalés comme références par le prestataire ;

Mettre en place un suivi important en phase de lancement ;

Valider les SFD avec la direction métier.

S’assurer de l’information et de l’implication de la hiérarchie du côté du pouvoir adjudicateur ainsi que du prestataire ;

S’assurer que la réversibilité est présente dans le marché afin de pouvoir favoriser et permettre la reprise de l’existant par un autre prestataire ;

S’assurer que la documentation technique existe et qu’elle est de nature à assurer la reprise du logiciel par un autre prestataire.

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FICHE 4.3.1 : ANNEXE : LES DIFFÉRENTES PHASES

D’UN PROJET INFORMATIQUE

1 – Phase d’élaboration et validation des spécifications

fonctionnelles détaillées

La première phase d’un projet informatique est constituée par

l’élaboration des spécifications fonctionnelles détaillées (SFD)

et techniques (SFT) du logiciel à réaliser, à partir du CCTP.

Les SFD permettent de détailler le fonctionnement de chacune

des fonctionnalités prévues, les modèles de données ainsi les

écrans associés (cinématique et ergonomie).

Cette phase est la plus importante de tout le projet car elle

conditionne le bon développement du logiciel. Elles

permettent, par ailleurs, de suivre la phase de développement

de manière très précise puisque chaque fonctionnalité est

répertoriée et décrite.

Des méthodes standards existent pour analyser et formaliser

les SFD : la France utilisait historiquement (depuis le milieu des

années 70), la méthode MERISE qui est une méthode complète

de gestion de projet informatique mais progressivement, les

acteurs de l’informatique se sont emparés d’UML qui se

focalise sur la modélisation d’un logiciel. La méthode MERISE

reste cependant très présente dans l’administration.

La validation des SFD par les deux parties (pouvoir adjudicateur

et prestataire) est contractualisée au travers d’un document de

spécifications.

2 - Phase de développement

Une fois les SFD validées, la phase de développement du

logiciel peut commencer (avec les méthodes agiles, le

développement peut commencer une fois certaines parties des

SFD validées).

Cette phase est ponctuée de revues intermédiaires afin de

s’assurer du bon déroulement des développements. Ces revues

peuvent également permettre de déclencher le versement

d’une partie du montant du marché (si prévu) après la

signature d’un procès-verbal de service fait (PVSF) qui établit la

réalité de l’effectivité de la réalisation intermédiaire.

Cette phase s’achève par la signature du procès-verbal de

réception (ou livraison).

La DISIC tend à encourager au sein de l’administration, des

méthodes de développement dites « agiles » qui tendent à

limiter la phase d’élaboration des spécifications en

privilégiant la phase de développement (approche

incrémentale). Ces méthodes qui peuvent avoir leur

pertinence pour des petits projets sont difficilement

utilisables pour des projets importants. Elles exigent, par

ailleurs, une présence permanente du chef de projet

MOA. auprès de l’équipe des développeurs.

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3 – Phase de recette

Les développements sont achevés et la phase de tests et de

recette va pouvoir commencer : il s’agit de s’assurer que le

logiciel développé est conforme aux SFD ainsi qu’à un certain

nombre d’autres métriques comme les temps de réponses,

l’ergonomie, …

Le livrable (logiciel) est installé dans un environnement de pré-

production et la vérification d’aptitude du bon fonctionnement

(VABF) peut commencer.

Un cahier de recette répertorie l’ensemble des tests à effectuer

afin de s’assurer de la conformité du logiciel. Si des anomalies

(bugs) sont constatées, le pouvoir adjudicateur les consigne

dans un recueil d’anomalies.

Les corrections sont apportées, au fur et à mesure, jusqu’à ce

que plus aucunes anomalies bloquantes ou majeures ne soient

décelées. Les anomalies sont réparties en plusieurs catégories

(bloquantes, majeures, mineures). Les anomalies mineures ne

sont, en général, pas de nature à empêcher la finalisation de la

phase de recette.

Au terme de cette phase, si tout est conforme, le procès-verbal

de recette est signé.

4 - Phase d’installation en production et de VSR

Le logiciel est installé dans l’environnement de production. Le

déploiement est souvent progressif et seuls quelques sites

pilotes sont retenus pendant cette phase. En outre, elle ne

commence souvent qu’après la phase de reprise des données

qui permet de limiter les ressaisies d’informations entre le

passage entre un ancien SI et le nouveau. La formation des

utilisateurs est concomitante à cette phase voire réalisée

pendant la phase de recette.

La vérification du service régulier (VSR) peut commencer :

d’une durée variable et pouvant aller jusqu’à plusieurs mois,

elle a pour objet de constater que les prestations fournies sont

capables d’assurer un service régulier dans les conditions

normales d’exploitation prévues dans les documents

particuliers du marché (CCAP et CCTP).

A titre d’exemple, un service pourrait être réputé régulier si la

durée cumulée, sur le mois, des indisponibilités imputables à

chaque élément de matériel ne dépasse pas 2 % de la durée

d’utilisation effective qui s’étend de 8 heures à 18 heures, du

lundi au vendredi, jours fériés exclus. Des tests de montée en

charge peuvent être exécutés.

Au terme de la VSR, si le résultat est positif, le pouvoir

adjudicateur prend une décision de réception.

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5 – Phase de période de garantie

La période de garantie commence à la date de notification de la

décision de réception et fait l’objet d’une durée minimale d’un

an.

Au titre de cette garantie (cf. CCAG TIC), le titulaire s’oblige à

remettre en état ou à remplacer à ses frais la partie de la

prestation qui serait reconnue défectueuse, exception faite du

cas où la défectuosité serait imputable au pouvoir adjudicateur.

Cette garantie couvre également les frais de déplacement de

personnel, de conditionnement, d’emballage et de transport de

matériel nécessités par la remise en état ou le remplacement,

qu’il soit procédé à ces opérations au lieu d’utilisation de la

prestation ou que le titulaire ait obtenu que la fourniture soit

renvoyée à cette fin dans ses locaux.

Lorsque, pendant la remise en état, la privation de jouissance

entraîne pour le pouvoir adjudicateur un préjudice, celui-ci

peut exiger un matériel de remplacement équivalent.

Le délai de garantie est prolongé du délai de privation de

jouissance.

Le délai dont dispose le titulaire pour effectuer une mise au

point ou une réparation qui lui est demandée est fixé par les

documents particuliers du marché ou, à défaut, par décision du

pouvoir adjudicateur après consultation du titulaire.

Pendant le délai de garantie, le titulaire doit exécuter les

réparations qui lui sont prescrites par le pouvoir adjudicateur. Il

peut en demander le règlement, s’il justifie que la mise en jeu

de la garantie n’est pas fondée.

La fin de cette période de garantie met un point final au projet.

Il peut être continué par un contrat de tierce maintenance

applicative (TMA).

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Fiche 4.4 : «Les marchés de

prestations informatiques :

Tierce maintenance

applicative»

Une définition : La « tierce maintenance applicative » (TMA) est définie à l’article 31.1 du

CCAG TIC comme les prestations qui consistent à conserver un

programme informatique dans un état lui permettant de remplir sa

fonction. Ces prestations de maintien en condition opérationnelle

s'exécutent à titre préventif ou correctif. Elles peuvent également

concerner des prestations d'évolution des logiciels. Ces services peuvent

être rendus sur le site du pouvoir adjudicateur ou à distance dans les

locaux du titulaire du marché.

On en distingue trois types :

1. « préventive » : mesures d'entretien exécutées pour éviter la survenance d'anomalies.

2. « corrective » : mesures consistant à corriger les anomalies.

3. et « évolutive » : mesures visant à faire évoluer ou à adapter une ou plusieurs applications, afin d'intégrer de nouvelles fonctions, d'en améliorer le fonctionnement ou

de prendre en compte de nouvelles dispositions législatives ou règlementaires.

Pour autant, la maintenance ne doit pas être confondue avec la garantie

légale des vices cachés. Le concepteur (ou éditeur) de la solution logicielle

est tenu à une obligation de garantie des vices cachés.

1. Risques

Les principaux risques identifiables sont :

Les risques ayant des conséquences sur la régularité des achats :

Un titulaire récurrent :

Il existe un risque d’absence de traitement d’égalité des candidats

quand vient le moment de renouveler un marché de

maintenance. En effet, le titulaire en place (souvent l’éditeur ou la

société tierce qui a développé la solution logicielle) est souvent en

position de force. Changer de prestataire, notamment dans le cas

d’un développement spécifique, n’est pas sans risque : la montée

en compétences d’un nouveau titulaire nécessite un

investissement en temps et en personnel important.

Afin de limiter ce risque, il est recommandé que le marché initial

ait mentionné des unités d’œuvre détaillées relatives à la

réversibilité afin de permettre à un nouveau titulaire de pouvoir

disposer de toutes les informations utiles et nécessaires. Il sera

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alors en capacité de pouvoir assurer la reprise puis la

maintenance du SI dans les meilleures conditions.

Une durée du marché inappropriée:

La durée du contrat de maintenance n’est pas anodine. Trop

courte, elle risque de décourager des réponses lors de l’appel

d’offre (principalement dans le cadre d’une solution développée

pour le PA). En effet, reprendre la maintenance d’une solution

logicielle demande un effort important et seule une durée

suffisante pourra justifier l’investissement.

A l’inverse, une durée trop longue peut installer une trop grande

dépendance du PA vis-à-vis du titulaire.

L’utilisation d’un marché de maintenance pour réaliser des

développements nouveaux qui auraient dû faire l’objet d’une

nouvelle mise en concurrence.

Les risques ayant des conséquences sur l’exécution du marché :

De ces risques nombreux, nous ne mentionnerons que les plus

significatifs :

Un objet du marché imprécis ou incomplet : L’objet du contrat doit être nécessairement précisé ainsi que

l’ensemble des prestations132, faute de quoi, le contrat de

132 CA Paris, 6 mars 1993, Prud’homme Transmissions c/Technologie

Télécommunications Informatique Services, Expertises, n° 165, p. 359. En

l’espèce, la description de la maintenance était trop vague et imprécise.

maintenance pourrait être entaché d’un risque de nullité

absolue133.

Au-delà des seules prestations, il est recommandé que des

délais d’interventions (ainsi qu’éventuellement des pénalités)

soient précisés,à A charge pour le PA de définir la durée

d’indisponibilité tolérée, ainsi que les critères objectifs et

quantitatifs qui la caractérisent (nature de l’incident technique,

durée des interruptions, gravité des conséquences sur le

système, …).

Une confidentialité des données non assurée :

Le prestataire peut être amené à avoir accès à des données

sensibles lors du déroulement de sa mission. Il s’agit le plus

souvent de données personnelles, nominatives et privées.

Une clause de confidentialité sera alors nécessaire. Celle-ci

précisera notamment que le titulaire prendra toutes les

mesures et précautions nécessaires pour assurer la

confidentialité, et s’engagera si nécessaire à faire signer à son

personnel un engagement de confidentialité. Le prestataire

s’engagera à ne pas divulguer des informations, ni à les utiliser

à d’autres fins que l’exécution du contrat. A défaut, il serait

susceptible d’engager sa responsabilité et de voir le contrat

résilié pour manquement à ses obligations.

133

CA Pau, 18 mars 1999, Secura c/ Flore Deco, JAMP 1999/2, p. 287

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Une cession du marché inappropriée:

Un marché de tierce maintenance applicative est cessible

comme tout marché, cela malgré le caractère intuitu

personae du contrat. Cette cessibilité admise par la

jurisprudence134.

Si le PA souhaite limiter cette possibilité notamment au

regard d’aspects liés à la confidentialité, il pourra refuser la

cession au motif que les garanties présentées dans ce

domaine par le cessionnaire sont insuffisantes.

De même, si la cession paraît de nature à remettre en cause

les éléments essentiels relatifs au choix du titulaire initial

du contrat (durée, prix, nature des prestations, …), ou à

modifier substantiellement l'économie du contrat, le PA a

l’obligation de refuser cette cession. Le changement de

cocontractant ne pourra alors être réalisé qu’après

réalisation des procédures de publicité et de mise en

concurrence préalables prévues par le CMP.

L’obligation du titulaire d’être qualifié :

Le pouvoir adjudicateur doit être assuré des compétences

du prestataire : il pourra légitimement lui demander de

prouver sa qualification ainsi que celle de son personnel.

Par ailleurs, le prestataire ne saurait envoyer auprès du PA

134

CE, Avis, 8 juin 2000, n° 364803 : L’approbation de la cession par le pouvoir

adjudicateur est obligatoire, mais de droit, sauf si la personne publique explique en quoi l’économie du contrat est bouleversée ou que les garanties professionnelles et financières du candidat ne sont pas à la hauteur du marché.

un personnel insuffisamment qualifié dans le but de

respecter les délais d’intervention prévus au contrat135.

Le règlement :

Le PA ne paiera au prestataire que ce qui est initialement prévu au contrat, même s’il a effectué des travaux supplémentaires utiles, voire indispensables, dès lors qu’aucun bon de commande ne peut être produit, document justifiant une demande particulière de la part du PA et dépassant le champ de la maintenance contractuelle, et de ce fait, justifiant un paiement supplémentaire136.

L’accès aux codes sources : C’est particulièrement important quand le titulaire n’est

pas celui qui a développé originellement le système

d’information (développement spécifique ou cas de l’achat

d’un « logiciel sur étagère »). La jurisprudence permet au

client d’obtenir les codes sources auprès du propriétaire137.

2. Articles du code pertinents

Le Code des marchés publics (CMP) ne définit pas de spécifications

particulières pour les marchés de tierce maintenance informatique.

135

Paris 14 décembre 1995 société Asi tom c/ Thomainfor spectral. 136

CA Versailles, 16 juin 2000, Aero Entreprise c/Avion Bravo Oscar, D. 2000, IR 249. 137

Bordeaux 24 septembre 1984 société i2s c / S.A meunier. La cour d’appel a condamné

le fournisseur qui a cessé ses activités à remettre les codes sources d’un logiciel à son

client afin que celui-ci puisse procéder à l’entretien normal de ses logiciels.

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182

En revanche, le CCAG-TIC, évoque la TMA (outre la définition et les 3

types de maintenance (art.31.1) déjà mentionnée en introduction à cette

fiche) à plusieurs endroits138. L’utilisation du CCAG TIC dans le marché

requiert de s’assurer au préalable que l’ensemble des clauses relatives

aux marchés de TMA sont compatibles avec les besoins et les exigences

du pouvoir adjudicateur.

3. Documents

En plus de l’ensemble des documents évoqués dans la fiche 4.3, les

principaux documents spécifiques aux marchés de tierce maintenance

informatique sont :

Les licences des logiciels et progiciels ;

Le plan de réversibilité ;

La documentation technique qui peut aller jusqu’aux codes sources. Si la réversibilité a déjà été mise en œuvre, l’ensemble des documents relatifs à celle-ci ;

L’ensemble ou à tout le moins un échantillon représentatif de l’ensemble des procès-verbaux des interventions de maintenance précédentes ;

En cas de données confidentielles nominatives, la déclaration CNIL et les procédures d’accès à ces données. Un auditeur généraliste ne demandera pas la documentation la plus

technique (codes sources) mais pourra demander la documentation

permettant de vérifier l’existence de certains éléments (ex : plan de

138

Se reporter à l’annexe de cette fiche

réversibilité ou documents de type de suivi de projet) même s’il ne

pourra en apprécier la qualité. Une des difficultés du contrôle est

d’extraire d’une documentation technique éventuellement très

détaillée ce qui sert à justifier la prestation rendue.

4. Etapes du contrôle

La définition du contenu des prestations

L’auditeur veillera à :

S’assurer du niveau suffisamment détaillé des prestations souhaitées. Le PA doit définir très précisément l’ensemble des opérations couvertes par la TMA dans le cadre du marché : détail de la prestation, durée et délais, pénalités éventuelles, procédures à respecter, plages horaires, …). Il faudra notamment déterminer avec le plus de précision

possible les anomalies donnant lieu à correction dans le cadre

de la maintenance.

Si la correction d’un dysfonctionnement est impossible ou

difficile, une solution palliative pourra être envisagée pour

permettre au PA de continuer son activité (il s’agit d’une

solution de contournement également appelé « by pass »).

L’indisponibilité générant une situation précaire pour le PA,

celle-ci ne doit pas se pérenniser139. Si une stipulation

contractuelle prévoit une remise en état rapide et que le

139

CA Toulouse, 5 décembre 1979, JCP G, 1980, IV, 392. CA Dijon, 21 mai 1986, Expertises

1987, p. 144.

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183

titulaire ne s’y tient pas, sa responsabilité sera engagée de

plein droit140.

L’obligation de célérité implique également une obligation de

disponibilité assortie d’une obligation de résultat141, et cela,

quelles que soient les circonstances142. Selon les besoins du

PA, les trois types de maintenances devront faire l’objet d’un

traitement spécifique et distinct dans le cadre de la

description des UO.

S’assurer que la définition des prestations n’est pas « orientée » afin de favoriser un fournisseur.

S’assurer que la durée du marché est cohérente. En outre : le marché est-il renouvelable ? Si oui, combien de fois ?

S’assurer que la durée de la consultation est suffisante : elle

doit être assez longue pour que les nouveaux entrants aient le

temps nécessaire pour rattraper l’avantage du développeur

initial ou du titulaire antérieur.

S’assurer en cas de données confidentielles ou d’utilisation de protocoles sécurisés qu’une clause de confidentialité existe. Les procédures d’accès à ces informations seront décrites ainsi que les autorisations nécessaires pour y accéder

140

CA Versailles, 7 novembre 2002, RJDA 2003, n° 378. 141

CA Versailles, 7 novembre 2002, Société KPMG c/Société Sécurinfor. 142

CA Paris, 12 novembre 1998, Microénergie, RJDA 1999, n° 513.

(conditions de mise à disposition du prestataire d’un jeu de données (anonymisation préalable ?), duplication de données de l’environnement de production vers l’environnement de test, la possibilité ou non de consulter les données hors du site du PA, …).

S’assurer qu’une clause de résiliation est prévue. Si rien de tel n’est prévu, quelle en est la raison ?

Cette clause relative à la résiliation du contrat doit être

rédigée de façon à prévoir le sort des relations contractuelles

au terme du contrat. Dans le cadre d’un marché de TMA, il est

tout particulièrement important de se prémunir contre le fait

qu’un SI ne serait plus couvert par un contrat de

maintenance. Ainsi, pour éviter que le PA ne se retrouve dans

une position inconfortable, il sera recommandé d’exiger un

préavis réciproque de durée suffisante pour la résiliation, par

exemple de trois à six mois143, pour permettre à chaque partie

de « se retourner ».

La cause de résiliation la plus fréquente est l’inexécution des

obligations contractuelles.

S’assurer de la présence d’une clause « loyauté et bonne foi » prévoyant les obligations d’information, de conseil, de mise en garde et de collaboration avant tout acte envisagé sur le SI du PA : tous les travaux à effectuer doivent faire l’objet

143

CA Paris, 11 mars 1993, Hyper CBM c/Spectral Maintenance Informatique.

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184

d’une information préalable, même si lesdits travaux ou actes sont nécessaires. L’aval du client est obligatoire144 et toutes les interventions devront être consignées.

La procédure de passation du marché

De manière générale, l’auditeur devra s’assurer préalablement s’il

existe des consignes internes ou interministérielles (DSI de l’entité ou

de la DISIC) en matière d’achat de prestations de tierce maintenance

applicative, notamment via un accord-cadre. Si oui, l’auditeur vérifiera

que le pouvoir adjudicateur en a tenu compte.

Le principal point d’attention consistera à s’assurer que le

choix de la procédure ne vise pas à favoriser un prestataire,

en particulier, dans le cadre de la TMA d’un SI développé pour

le PA. Le choix d’une procédure autre que l’appel d’offres

devra être justifié. En effet, confier la maintenance d’un SI à

un autre prestataire que celui qui l’a développé nécessite de

s’assurer de sa maitrise réelle des technologies utilisées mais

également de vérifier qu’il pourra mobiliser ses collaborateurs

pendant une période suffisante pour être en capacité de

réaliser les prestations prévues dans le marché. Il conviendra

pour cela d’examiner également les critères techniques et les

pondérations ainsi que leur cohérence avec les prestations

attendues. Des points de contrôle standard sont

particulièrement significatifs dans ce cadre.

144

Cass. com., 3 mars 1998, n° 95-20.692, Le Cunf, JCP E 1998, pan. p. 728 ; RJDA 1998, n°

856.

Les questions posées pendant la phase de consultation car

elles peuvent permettre de détecter des difficultés liées au

contenu du cahier des charges et en particulier à la capacité

des autres offreurs à répondre ? Si tel est le cas, de quelle

nature sont-elles (techniques, juridiques, …) ? Les réponses

ont-elles été diffusées à tous les soumissionnaires ?

Une même question est-elle revenue plusieurs fois ? Si oui,

quelle en est la raison (CCTP ou CCAP pas assez précis ?) ?

L’exécution du marché

Le contrôle de l’exécution du marché conduit à examiner la mise en

œuvre de la relation contractuelle avec une dimension de suivi de

projet. Pour la maintenance évolutive il faut en plus vérifier qu’elle ne

va pas au-delà de ce qui est prévu au marché pour constituer des

développements nouveaux qui auraient du faire l’objet d’une nouvelle

msie en concurrence.

Maintenance préventive et corrective :

A / Recensement des dysfonctionnements :

L’ensemble des dysfonctionnements font-ils l’objet d’un

recensement ? Si oui, est-il systématique ? Existe-t-il un outil

spécifique pour recenser ces dysfonctionnements ? Si oui, quelles

sont les données renseignées ? Qui l’alimente du côté du PA ?

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185

B / Intervention du prestataire après le signalement de

dysfonctionnements :

Comment le prestataire est-il informé des

dysfonctionnements ? Accuse-t-il formellement réception

de ces dysfonctionnements ? Si oui, sous quels délais ?

Une cotation de la gravité de ces dysfonctionnements est-

elle effectuée ? Si oui, par qui ? En cas de désaccord sur la

gravité, un arbitrage est-il prévu ?

La procédure d’intervention du prestataire est-elle

toujours respectée ? Les délais prévus sont-ils toujours

respectés ? Si non, pour quelles raisons ? La procédure

d’intervention est-elle formalisée ? Un PV est-il émis

systématiquement ? Est-il signé ? Si oui par qui ?

En cas de non-respect des délais d’intervention, des pénalités

sont-elles appliquées ? Si non, pour quelles raisons ?

Quel est le taux de résolution des dysfonctionnements

après la première intervention du prestataire ? Si le taux

est faible (< 80 %) quelles en sont les raisons ?

Une évaluation et un point de situation à intervalles

réguliers sont--ils prévus avec le prestataire pendant

toute la durée du marché ?

Maintenance évolutive :

Il est conseillé, au préalable, à l’auditeur, de prendre connaissance de la

partie exécution du marché de la fiche 4.3. En effet, une prestation de

type maintenance évolutive est très proche dans sa mise en œuvre d’une

prestation d’études de développement pour un marché de prestation

informatique.

Les questions ci-dessous se concentrent sur la phase préalable à la

réalisation de la prestation :

Une procédure spécifique et formalisée est-elle prévue pour les

demandes de maintenance évolutive (réunions d’expression de

besoins (nombre variable selon la complexité de la demande),

rédactions de SFD (spécifications fonctionnelles détaillées), …) ?

Un chiffrage précis de la demande est-il proposé systématiquement

par le prestataire (devis, documents techniques…) ? L’accord (ou le

refus) de réaliser la demande est-il formalisé dans un document ? Qui

le signe ? Cette personne possède-t-elle une délégation de signature ?

Son niveau hiérarchique est-il cohérent ?

5. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

Renouvellement systématique des titulaires et concentration sur

des prestations sur un nombre limité de prestataires ;

Délais d’intervention trop longs ;

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186

Taux de résolution des dysfonctionnements insuffisant.

6. Recommandations possibles

En fonction des situations, l’auditeur pourra formuler différentes

recommandations parmi lesquelles :

Dans le cadre de la TMA d’un développement spécifiquement

réalisé pour le compte du pouvoir adjudicateur, il s’agira de

s’assurer autant que possible de la capacité du prestataire à

réaliser des opérations de maintenance applicative et évolutive.

Pour cela, le PA lors de l’examen des candidatures, en fonction du

ou des langages de programmation utilisé(s) et des méthodes de

développements mises en œuvre, l’auditeur préconisera de

vérifier que les prestataires possèdent des références précises et

traçables, qu’ils ont mis en place une politique de certification de

leurs développeurs. D’autres éléments pourront venir corroborer

les affirmations des prestataires comme leur appartenance à un

club d’entreprises utilisatrices de telle ou telle technologie (JUG

(java user groups), club des entreprises utilisatrices de tel type

ERP, …).

Il s’agira de ne pas négliger les aspects liés à la localisation du

futur titulaire lors de l’examen des candidatures, si des

interventions sur le site du PA sont souhaitées (ou prévisibles),

dans le respect toutefois des règles qui font de ces dispositions

une condition d’exécution du marché et non un critère de choix.

Insérer une clause de pénalités qui détaille les différentes

situations et les délais associés ainsi que les impacts financiers. Il

conviendra au préalable de prendre connaissance des modes de

calculs proposés par le CCAG TIC (art. 14.1.1, 14.1.2, 14.13).

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FICHE 4.4.1 : ANNEXE : EXTRAITS DU CCAG TIC

MENTIONNANT LA TMA

A/ Chapitre 1er sur les « généralités » :

Art. 10.1.4. Marchés comportant des prestations de maintenance :

« La rémunération du titulaire au titre de la maintenance couvre

notamment la valeur des pièces ou éléments, des outillages ou

ingrédients nécessaires, ainsi que les frais de la main-d’œuvre qui leur est

affectée, y compris les indemnités de déplacement et les frais nécessités

par les modifications mentionnées à l’article 32.

La rémunération de la maintenance ne couvre pas les prestations

suivantes, qui restent à la charge du pouvoir adjudicateur :

- la livraison ou l’échange des fournitures consommables ou d’accessoires,

la peinture et le nettoyage extérieur du matériel ;

- les modifications demandées par le pouvoir adjudicateur aux

spécifications du matériel prévues par le marché ;

- la réparation des défauts de fonctionnement dus à une faute du pouvoir

adjudicateur ou causés par un emploi du matériel non conforme aux

règles figurant dans les documents fournis par le titulaire ;

- la réparation des défauts de fonctionnement causés par les

défectuosités de l’installation incombant au pouvoir adjudicateur ;

- la réparation des défauts de fonctionnement causés par une adjonction

de matériel d’autre origine, par une personne autre que le titulaire ou une

personne désignée par lui, pour effectuer cette adjonction. »

B / Chapitre 3 sur les « délais », dans l’article traitant des pénalités :

Art. 14.1.1 :Les pénalités pour retard commencent à courir, sans qu’il soit

nécessaire de procéder à une mise en demeure, le lendemain du jour où

le délai contractuel d’exécution des prestations est expiré, sous réserve

des stipulations des articles 13.3 et 20.4.

Cette pénalité est calculée par application de la formule suivante :

P = V * R/1 000.

dans laquelle :

P = le montant de la pénalité ;

V = la valeur des prestations sur laquelle est calculée la pénalité, cette valeur étant égale au montant en prix de base, hors variations de prix et hors du champ d’application de la TVA, de la partie des prestations en retard ou de l’ensemble des prestations, si le retard d’exécution d’une partie rend l’ensemble inutilisable ;R = le nombre de jours de retard.

Art. 14.1.2. : Une fois le montant des pénalités déterminé, la formule de variation prévue au marché leur est appliquée. Art. 14.1.3. : Le titulaire est exonéré des pénalités dont le montant total ne dépasse pas 300 euros (HT) pour l’ensemble du marché.

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Art. 14.2.2. :

L’indisponibilité débute :

- dans le cas d’une maintenance sur le site, au moment de l’arrivée de la

demande d’intervention au titulaire. Lorsque l’accès des préposés du

titulaire au matériel défaillant est retardé du fait du pouvoir adjudicateur,

l’indisponibilité est suspendue jusqu’au moment où cet accès devient

effectif ;

- dans le cas d’une maintenance chez le titulaire, au moment de la remise

de l’élément défaillant au titulaire ou à son représentant qualifié, dans un

lieu prévu par le marché.

Art. 14.2.6 : Cet article précise que le titulaire est soumis à des pénalités dans le cadre d’une opération de maintenance lorsque la période d’indisponibilité est supérieure à 8 heures sur site.

C / Chapitre 6 qui traite des "dispositions spécifiques à la maintenance,

la tierce maintenance applicative et à l'infogérance" dont notamment :

Art. 32.1. :

Conditions de la maintenance :« Si les documents particuliers du marché

prévoient la maintenance des prestations livrées, celle-ci comprend les

interventions demandées par le pouvoir adjudicateur, en cas de

fonctionnement défectueux de l’un quelconque des éléments faisant

l’objet du marché, ainsi que l’entretien préventif.

La maintenance porte également sur les modifications apportées aux

prestations livrées sur l’initiative du titulaire. Le pouvoir adjudicateur est

préalablement avisé de ces modifications ; il peut s’y opposer. Le pouvoir

adjudicateur ne peut faire effectuer les opérations de maintenance non

prévues au marché qu’après accord du titulaire. »145

Art. 32.2 :Cet article précise les modalités des personnels du prestataire autorisés à intervenir ainsi que les plages horaires d’accès quand la maintenance s’effectue dans les locaux du PA. Ce point n’est pas anodin car aucune astreinte n’est prévue pour le soir et weekend par défaut dans le CCAG TIC.

D / Chapitre 8 sur la « résiliation » :Art. 42 :Cet article précise que dans le

cas de prestations de maintenance lorsque l’indisponibilité est constatée

pendant trente jours consécutifs, le PA peut obtenir une résiliation du

marché pour événements liés au marché.

145

Cela s’entend dans les limites que pose le CMP à cette possibilité et notamment du fait qu’un avenant ne peut modifier l’équililbre du marché

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189

Fiche 4.5 : «Les marchés de

prestations informatiques :

Les logiciels libres»

Une définition :

D’un point de vue technique, un logiciel libre est un logiciel dont le code

source est librement disponible, duplicable, modifiable et

redistribuable146.

D’un point de vue juridique, un logiciel libre demeure, néanmoins, un

logiciel protégé par le droit d’auteur et reste soumis à une licence qui le

réglemente et en délimite les droits et les obligations afférents. En effet,

dans le cadre d’une licence de logiciels libres, l’auteur ne se contente pas

de divulguer son œuvre, il organise également les usages qui vont pouvoir

en être faits.

Une licence de logiciel libre constitue donc bien un contrat qui organise

les conditions de copie, transmission et modification du logiciel. De fait,

elle pose un cadre juridique. Une décision du Tribunal de grande instance

de Paris du 28 mars 2007147 a confirmé le caractère opposable des

licences des logiciels libres.

146

Ces propriétés fondamentales du logiciel libre sont connues sous le nom des « quatre

libertés fondamentales » du logiciel libre 147

Affaire « Educaffix / CNRS, Université Joseph Fourier et autres » - TGI de Paris, 3ème

chambre, 1ère section

1. Risques

L’acquisition de logiciels libres demande une très bonne connaissance de

ce marché spécifique. De facto, les principaux risques inhérents à un

projet informatique avec des logiciels propriétaires (cf. fiche 4.3) sont

également valables dans le cadre de la mise en œuvre et/ou l’adaptation

de logiciels libres.

Cependant, des risques d’ordre pénal spécifiques aux logiciels libres

existent, parmi lesquels :

Des risques relatifs à l’utilisation de licences rédigées dans une langue étrangère

Comme la majorité des licences open source sont d’origine anglo-

saxonne, elles sont majoritairement rédigées en anglais. Pour

celles qui sont traduites, ce qui n'est pas le cas de toutes, loin s'en

faut, il est toujours spécifié en préambule qu'il s'agit "d'une

adaptation non officielle de la licence" et que "son contenu n'a

aucune portée légale car seule la version anglaise de ce document

détaille le mode de distribution..."

Dès lors que le licencié est de nationalité française, cette

spécificité du logiciel libre peut aller à l'encontre de la législation

française. En effet, pour les personnes de droit public à

l'exception cependant, de celles qui gèrent un service public à

caractère industriel et commercial, l'article 5 de la loi dite

« Toubon » du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue

française dispose que : "Quels qu'en soient l'objet et les formes,

les contrats auxquels une personne morale de droit public ou une

personne privée exécutant une mission de service public sont

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parties sont rédigés en langue française. Ils ne peuvent contenir ni

expression ni terme étrangers lorsqu'il existe une expression ou un

terme français de même sens approuvés dans les conditions

prévues par les dispositions réglementaires relatives à

l'enrichissement de la langue française. ".

En cas de non-respect de ces dispositions, outre la nullité du

contrat ainsi conclu, la sanction encourue est une contravention

de quatrième classe (3.750 euros pour les personnes morales -

article 1er du décret du 3 mars 1995).

Face à ces problématiques, le CEA, le CNRS et Inria ont

conjointement décidé d’élaborer les licences dites « CeCILL » qui

présentent l’avantage d’être compatibles avec le droit français

mais également avec les principales licences libres anglo-saxonnes

dont elles reprennent les principes.

Celles-ci sont conformes au droit français sous deux aspects :

responsabilité civile d'une part et propriété intellectuelle, d'autre

part.

Pour ce qui concerne, la responsabilité civile, l'accessibilité au

code source ainsi qu’aux droits de copie, de modification et de

redistribution qui découlent d'une telle licence ont pour

contrepartie de n'offrir aux utilisateurs qu'une garantie limitée et

de ne faire peser sur l'auteur du logiciel, le titulaire des droits

patrimoniaux et les concédants successifs, qu'une responsabilité

restreinte.

Concernant la propriété intellectuelle, les licences « CeCILL »

offrent une meilleure protection tant aux auteurs qu’aux titulaires

des droits sur un logiciel, de par la prise en compte des spécificités du

droit français en la matière.

Des risques relatifs à la garantie apportée par la mise en œuvre de logiciels libres Le principal inconvénient lié à l'utilisation des logiciels dits-libres

réside dans leur absence de garantie. En cela, ces types de

logiciels se distinguent nettement des logiciels propriétaires qui

prévoient souvent des limitations de garantie mais contiennent

dans la majorité des cas des garanties minimales.

Ainsi, les logiciels libres sont majoritairement publiés avec des

garanties très réduites. Ce point est toujours souligné dans une

licence de logiciel libre. Pour exemple, ci-dessous, un extrait148 de

la licence CeCILL :

Art. 8.2 : « La responsabilité du Concédant est limitée aux

engagements pris en application du Contrat et ne saurait être

engagée en raison notamment: (i) des dommages dus à

l'inexécution, totale ou partielle, de ses obligations par le Licencié,

(ii) des dommages directs ou indirects découlant de l'utilisation ou

des performances du Logiciel subis par le Licencié et (iii) plus

généralement d'un quelconque dommage indirect. En particulier,

les Parties conviennent expressément que tout préjudice financier

ou commercial (par exemple perte de données, perte de bénéfices,

perte d'exploitation, perte de clientèle ou de commandes, manque

à gagner, trouble commercial quelconque) ou toute action dirigée

contre le Licencié par un tiers, constitue un dommage indirect et

n'ouvre pas droit à réparation par le Concédant. »

148

Article 8 (responsabilité) et article 9 (garantie)

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Art. 9.3 : « Le Licencié reconnaît que le Logiciel est fourni "en

l'état" par le Concédant sans autre garantie, expresse ou tacite,

que celle prévue à l'article 9.2 et notamment sans aucune garantie

sur sa valeur commerciale, son caractère sécurisé, innovant ou

pertinent.

En particulier, le Concédant ne garantit pas que le Logiciel est

exempt d'erreur, qu'il fonctionnera sans interruption, qu'il sera

compatible avec l'équipement du Licencié et sa configuration

logicielle ni qu'il remplira les besoins du Licencié. »

Ces limitations des licences de logiciels libres, notamment le

défaut de garantie, et cela malgré les ambitions des licences

CeCILL, interpellent dans le cadre de l’achat public, tant vis-à-vis

du droit de la consommation que du droit commun des vices

cachés.

Cependant, il faut constater qu’à ce jour, aucun cas de

jurisprudence portant sur la validité des clauses précitées des

licences libres n’est apparu. Le contexte juridique n’est, par

conséquent, pas fixé pour l’instant. Aussi, à moins de disposer

d’une très forte compétence en interne, il est conseillé pour le

pouvoir adjudicateur, d’avoir recours à un intégrateur de la

solution libre (SSLL), notamment, pour limiter les risques liés à la

quasi-absence de garantie. En effet, il sera toujours plus aisé de

démontrer la responsabilité du prestataire en cas d’échec du

projet que de poursuivre l’un des auteurs (ou coauteurs) d’un

logiciel libre.

Des risques de violation de propriété intellectuelle et de contrefaçon Outre l'absence de garantie sur le logiciel lui-même, la majorité

des licences de logiciels libres sont également exemptes de

garantie de jouissance paisible du logiciel, contrairement aux

conditions d'utilisation de logiciels propriétaires comme l’illustre

l’article 9.4 de la licence CeCILL :

« 9.4 Le Concédant ne garantit pas, de manière expresse ou tacite,

que le logiciel ne porte pas atteinte à un quelconque droit de

propriété intellectuelle d'un tiers portant sur un brevet, un logiciel

ou sur tout autre droit de propriété. Ainsi, le Concédant exclut

toute garantie au profit du Licencié contre les actions en

contrefaçon qui pourraient être diligentées au titre de l'utilisation,

de la modification, et de la redistribution du Logiciel. Néanmoins,

si de telles actions sont exercées contre le Licencié, le Concédant

lui apportera son aide technique et juridique pour sa défense.

Cette aide technique et juridique est déterminée au cas par cas

entre le Concédant concerné et le Licencié dans le cadre d'un

protocole d'accord. Le Concédant dégage toute responsabilité

quant à l'utilisation de la dénomination du Logiciel par le Licencié.

Aucune garantie n'est apportée quant à l'existence de droits

antérieurs sur le nom du Logiciel et sur l'existence d'une marque.».

Depuis plusieurs années, une jurisprudence commence à

apparaître, à commencer par l’affaire « Educaffix / CNRS,

Université Joseph Fourier et autres149 »

149 TGI de Paris, 3ème chambre, 1ère section - jugement du 28 mars 2007

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192

Il s’agit de la première décision marquante de la justice française

qui a eu pour effet, de reconnaître le caractère opposable des

licences des logiciels libres (ici une licence de type GNU GPL) mais

également de montrer les problèmes potentiels de violation de la

propriété intellectuelle et/ou de contrefaçon liés à l’utilisation

d’un logiciel libre.

Dans cette affaire, l’utilisation d’un module issu d’un autre logiciel

libre nécessitait une autorisation préalable afin de pouvoir

l’utiliser en toute légalité. Cette démarche n’ayant pas été

effectuée, la société Educaffix considéra que le logiciel vendu par

le CNRS tombait sous le coup de la contrefaçon.

Autre illustration de ces problèmes avec l’affaire « AFPA / Société

EDU4150 ». Dans le cadre d’un marché public à bons de

commande, alors que le projet était quasiment en production

(phase de VSR – cf. annexe 1- fiche 4.3), l’AFPA a interrompu la

dernière phase de qualification, en découvrant qu'un module

installé (le logiciel « Référence »), n'était pas la propriété de la

société EDU4. Cette société avait intégré dans sa solution une

version modifiée d’un logiciel libre (VNC). Devant la cour d’appel,

l’AFPA a reproché à la société EDU4 de ne pas l’avoir clairement

informée de l’intégration d’un logiciel libre dans la solution

fournie mais également d’avoir modifié les mentions de propriété

intellectuelle liées au logiciel VNC et d’avoir supprimé le texte de

la licence.

Dans le cas, d’un développement spécifique, il est recommandé

de demander contractuellement au prestataire de fournir la liste

150 Arrêt de la cour d’appel de Paris du 16 septembre 2009

de l’ensemble des modules (librairies) logiciels mis en œuvre par

le logiciel développé ainsi que leur licence respective. Il s’agira de

s’assurer du respect de la propriété intellectuelle.

Des risques relatifs à la compatibilité entre différentes licences de logiciels libres Il y a « compatibilité » entre deux ou plusieurs licences

lorsqu’elles précisent qu’elles peuvent « fonctionner » entre elles.

Il faut ici comprendre que toutes les licences libres ne

fonctionnent pas de la même manière ou comportent des

éléments incompatibles avec une ou plusieurs autres licences

libres.

Pour ne citer qu’un seul exemple : la version 2 et 3 de la licence

GNU GPL151. En effet, d’un point de vue juridique, il n’est pas

possible de combiner des logiciels libres lorsque l’un est sous

licence GNU GPL version 2 et que l’autre est sous la version 3 de

cette même licence, à moins d’obtenir l’accord préalable des

auteurs des logiciels.

Pour se prémunir de toute mise en cause de la responsabilité du

pouvoir adjudicateur, il est indispensable de s’assurer, au

préalable, des compatibilités entre licences libres.

Certaines licences (par exemple, la CeCILL, art. 5.3.4 :

« compatibilité avec la licence GNU GPL ») indiquent avec quelles

autres licences, elles sont compatibles.

151 Un tiers effectuant des apports à un logiciel sous GNU GPL v2 n’est pas autorisé à

imposer plus de restrictions que celles indiquées dans cette licence. De son côté, la licence

GNU GPL v3 énonce des restrictions supplémentaires par rapport à la version 2 qui les

rendent incompatibles

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193

S’il n’y a aucune indication, une analyse au cas par cas s’impose.

Des risques liés aux licences dites à « copyleft » fort En cas de souhait par le pouvoir adjudicateur de diffuser un

logiciel qui s’appuierait à la fois sur des modules propriétaires

mais également sur des modules issus d’un logiciel libre, un soin

tout particulier devra être porté à l’examen des licences

rattachées aux modules du logiciel libre.

En effet, avec les licences libres dites à copyleft (ou « gauche

d’auteur » en français) fort, l’ensemble du code, y compris la

partie propriétaire, doit être obligatoirement rediffusé sous la

même licence et donc devenir un logiciel libre.

La jurisprudence montre que les licences libres sont solides du

point de vue légal, et le pouvoir adjudicateur pourrait être forcé

par un tribunal à se conformer à la licence ou à renoncer à

diffuser son logiciel.

En conclusion, les risques juridiques ne sont pas à mésestimer pour le

pouvoir adjudicateur, dès lors qu’il s’agira de mettre en œuvre des

logiciels libres. En effet, certaines clauses contenues dans les licences des

logiciels libres peuvent apparaître comme des obstacles majeurs à leur

utilisation dans le cadre du secteur public puisque le droit moral de

l'auteur est protégé de façon inégale selon les licences et que l'absence de

garanties peut aller à l’encontre des objectifs d’efficience en matière

d’achat public.

2. Articles du code pertinents

Le Code des marchés publics (CMP) ne définit pas de spécifications

particulières pour les marchés de prestations informatiques relatives aux

logiciels libres. Il précise en revanche, certaines règles applicables aux

marchés informatiques qui sont citées dans la fiche 4.3.

Concernant le CCAG-TIC, seul l’article 30.7 évoque les logiciels libres mais

d’une manière très limitée. En effet, il stipule d’une part que « les logiciels

libres sont utilisés en l’état » et d’autre part que « Le titulaire n'est pas

responsable des dommages qui pourraient être causés par l'utilisation, par

le pouvoir adjudicateur, de logiciels libres dont il n'est pas l'éditeur ». La

première de ces dispositions exclut la modification du logiciel libre par le

titulaire du marché, alors qu’un avantage majeur du logiciel libre est

justement d’en permettre la modification. La seconde va à l’encontre de

la notion de garantie sur laquelle le pouvoir adjudicateur doit pouvoir

s’appuyer.

En définitive, il est recommandé de ne pas utiliser le CCAG-TIC quand il

s’agit d’un marché relatif aux logiciels libres.

3. Documents

En plus, de l’ensemble des documents évoqués dans la fiche 4.3, les

principaux documents spécifiques aux marchés de prestations

informatiques relatives aux logiciels libres sont :

La licence ou les licences liée(s) au logiciel libre ;

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194

La liste des modules issus de logiciels libres mais également, si tel est le cas, de logiciels propriétaires et, qui sont utilisés par assurer le bon fonctionnement du logiciel. Les licences associées à ces modules doivent être également mentionnées dans le document.

Une grille de synthèse rappelant les compatibilités entre les différentes licences.

4. Etapes du contrôle

La définition du contenu des prestations

Dans le cadre d’un audit minimal des systèmes d’information, l’auditeur

devra s’assurer que le pouvoir adjudicateur a pleinement mesuré les

risques liés à la mise en œuvre d’une solution basée sur un logiciel libre et

mis en place les dispositifs nécessaires pour couvrir le ou les risques

identifiés.

Dans le cadre d’un audit plus approfondi, les travaux d’audit supposeront

l’intervention d’un auditeur spécialisé.

Il est recommandé de ne pas utiliser le CCAG TIC dès lors qu’il s’agit

d’adapter ou de développer un logiciel libre. En effet, celui-ci est jugé

insuffisant, tant en termes de définition des prestations que de

responsabilités du prestataire ou bien encore des garanties.

Le pouvoir adjudicateur qui envisage l’adaptation ou le développement

d’un logiciel libre se voit donc dans l’obligation de préciser l’ensemble des

éléments spécifiques dans les documents du marché (RC, CGAG, CCTP, …).

Selon le type souhaité de prestations par le pouvoir adjudicateur, il sera

nécessaire de prendre en compte les éléments suivants :

A/ La seule acquisition de logiciels libres

On comprend ici que la personne publique veut disposer de logiciels

libres, sans y associer de prestations de services.

Dans ce cas, l’acquisition de logiciels libres correspond :

Soit à une situation classique d’achat relevant du CMP ;

Soit à une acquisition à titre gratuit : la personne publique peut tout simplement obtenir des licences en téléchargeant les logiciels. Comme aux termes de l’article 1er du code des marchés publics, « les

marchés publics sont des contrats conclus à titre onéreux … », ce type

de prestations ne rentre donc pas dans le cadre d’un marché public.

Cependant, si le pouvoir adjudicateur souhaite disposer de ces

logiciels sur des supports physiques, il y aura lieu de passer un

marché. Si le coût est inférieur à 15 000 € HT, il sera préconisé de

mettre en œuvre l’alinéa 3 de l’article 28 du CMP qui précise que « Le

pouvoir adjudicateur peut également décider que le marché sera

passé sans publicité ni mise en concurrence préalables si son montant

estimé est inférieur à 15 000 euros HT. … »

B/ L’obtention de services liés à la mise en œuvre de logiciels libres

Dans le cas de la passation d’un marché public de services mis en œuvre

autour de logiciels libres (installation et configuration, adaptation et

développement, formation, etc…), l’obtention des logiciels libres, soit de

manière préalable par le pouvoir adjudicateur, soit de manière gratuite ou

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195

quasi-gratuite via le prestataire, ne sera pas de nature à modifier, ni la

nature, ni l’économie du marché.

Concernant, les licences, il sera obligatoire de préciser dans les

documents de consultation le type de licence souhaitée.

Par précaution, il sera toujours ajouté une mention précisant qu’en cas de

résiliation du marché, celle-ci sera sans incidence sur la licence. En effet,

bien qu’il soit souvent précisé que les licences sont consenties pour la

durée des droits, elles excluent pratiquement toute notion de résiliation.

Selon les besoins et les souhaits du pouvoir adjudicateur, plusieurs cas de

figure pourront être rencontrés :

L’usage exclusif d’un logiciel libre Dans le cas où le pouvoir adjudicateur souhaiterait imposer

exclusivement l’usage d’un logiciel libre, celui-ci en aura la

possibilité. En effet, le Conseil d’Etat a confirmé ce point dans un

arrêt152. Il a même été plus loin dans son arrêt puisqu’il a considéré

que le fait d’imposer un logiciel libre déterminé ne comportait

aucun avantage anticoncurrentiel en faveur de la société qui

éditait le logiciel libre qui faisait l’objet du marché, au motif que ce

logiciel libre « était librement et gratuitement accessible et

modifiable par l’ensemble des entreprises spécialisées dans le

domaine».

152

Arrêt CE 30/09/2011- région Picardie, req. n°350431

La mise en concurrence de logiciels libres et propriétaires Dans le cas d’une mise en concurrence de logiciels libres et de

logiciels propriétaires, l’objet du marché ne pourrait être contesté

par un éditeur de solutions propriétaires au motif qu’il peut

accéder comme tous les autres prestataires aux logiciels libres et,

par conséquent, proposer une solution à base de logiciels libres. Il

n’y aura donc pas de rupture d’égalité.

Cependant, dans une consultation de cette nature, il faudra veiller

lors de l’analyse des offres à comparer les coûts globaux (TCO) et

non pas le seul coût de l’acquisition des licences qui ne seront pas

représentatives dans la majorité des cas pour des offres basées sur

des logiciels libres.

C/ La réalisation d’un logiciel libre pour le compte du pouvoir

adjudicateur

Dans le cas d’un logiciel libre qui serait réalisé pour le compte du pouvoir

adjudicateur par le titulaire, il est conseillé de mentionner dans le CCAP

que la licence fait partie des pièces contractuelles. Le choix d’une licence

de logiciels libres de droit français comme une des licences CeCILL est

recommandé.

Pour la formulation des clauses de garantie, de contrefaçon et de

responsabilité, l’administration devra pouvoir autoriser la désignation par

le titulaire des composants ou modules pour lesquels celui-ci ne peut

fournir aucune garantie.

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196

D/ La diffusion par le pouvoir adjudicateur des logiciels libres après

modification

Même s’il n’y a aucune obligation, la logique du logiciel libre veut qu’il

puisse être redistribué avec ses modifications. Si tel est le souhait du

pouvoir adjudicateur, celui-ci devra alors livrer la version modifiée du

code source puisqu’une majorité des licences rendent obligatoires de

mettre à disposition les modifications apportées en cas de redistribution.

Si l’objet du marché porte sur la réalisation d’une solution matérielle qui

repose pour une partie logicielle sur des logiciels libres, il conviendra

d’examiner avec soin les licences utilisées pour savoir s’il est nécessaire

ou non de publier le code source modifié. En effet, la seule mise à

disposition de cette solution matérielle à destination d’autrui sera

considérée, comme une forme de distribution d’un logiciel libre153.

Pour ce qui concerne, le cloud computing ou « informatique en nuage »,

les licences libres ne sont pas toutes adaptées à ce contexte relativement

nouveau. La licence GNU GPL, par exemple, permet la mise en œuvre d’un

service sur une base de logiciels libres, sans pour autant obliger les

auteurs à publier le code source modifié tant que le logiciel n’est pas

distribué. Or, les logiciels utilisés par les services de type « cloud

computing » sont rarement redistribués : ils ne sont que proposés en

utilisation aux clients.

Pour prendre en compte ces spécificités, certaines licences libres ont été

adaptées à ces nouvelles exigences comme la licence Affero General

153

Accord conclu en juillet 2011 entre les parties du procès initié au TGI de Paris en 2008 par trois auteurs de logiciel libre à l'encontre de la société Free qui avait modifié des logiciels libres pour sa freebox sans les rediffuser

Public License (AGPL). Ainsi, si un service dans le nuage utilise un logiciel

libre publié sous licence AGPL et que le service est accessible sans

restrictions particulières, alors les modifications apportées au logiciel en

question devront être accessibles et redistribuées sous une même licence

AGPL compatible.

La procédure de passation du marché

De manière générale, l’auditeur doit s’assurer préalablement s’il existe

des consignes internes ou interministérielles en matière d’achat de

logiciels libres (DSI de l’entité ou de la DISIC). Si oui, l’auditeur vérifiera

que le pouvoir adjudicateur en a tenu compte.

La seule acquisition de logiciels libres

Les points de vigilance sont :

L’acquisition des licences étant majoritairement à titre gratuit, sur quoi portait le caractère onéreux du marché ?

Quelle procédure a été privilégiée ? Une mise en concurrence a-t-elle effectuée ? Si non, pour quelles raisons ?

L’interface des logiciels est-elle entièrement en français ainsi que l’aide en ligne et le cas échéant la documentation du logiciel ?

La licence est-elle rédigée en français ? Est-ce une traduction ?

Un type de licence était-il précisé dans les documents de la

consultation ? Si non, pour quelles raisons ? Un document

recensant les types de licences mise en œuvre par le pouvoir

adjudicateur existe-t-il ?

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Si d’autres logiciels libres sont utilisés, la licence

retenue est-elle compatible avec les autres licences

utilisées ?

L’obtention de services liés à la mise en œuvre de logiciels libres

Les points de vigilance sont :

Quels types de prestations sont couvertes par le marché ? (paramétrage, mise en production, …) ;

L’objet du marché portait-il exclusivement sur l’acquisition de logiciels de type libre? Si les deux types de solutions étaient autorisés (libres et propriétaires), comment a été réalisée la grille de notation des offres ? Les critères retenus sont-ils de nature à refléter le coût global de possession (TCO) ? Cette grille est-elle de nature à favoriser un type de solution plutôt qu’un autre ?

L’interface des logiciels est-elle entièrement en français ainsi que l’aide en ligne et le cas échéant la documentation du logiciel ?

La licence est-elle rédigée en français ? Si oui, est-ce une traduction ?

Un type de licence était-il précisé dans les documents de la

consultation ? Si non, pour quelles raisons ? Un document

recensant les types de licences mises en œuvre par le pouvoir

adjudicateur existe-t-il ?

Si d’autres logiciels libres sont utilisés, la licence retenue est-elle

compatible avec les autres licences utilisées ?

Le CCAG TIC a-t-il été utilisé ? Si oui, pour quelles raisons ?

Des garanties sont-elles prévues dans le cadre du marché ? Si oui, que couvrent-elles précisément ?

La remise des codes sources est-elle prévue dans les documents du marché ? Le pouvoir adjudicateur s’est-il assuré que le code source pouvait être compilé sur la base des codes sources remis ?

Les mises à jour sont-elles prévues dans le cadre du marché ? Si oui, à quelle fréquence et sur quelle durée ?

Est-il précisé qu’en cas de résiliation du marché, il n’y aura aucune incidence sur la licence ?

La réalisation d’un logiciel libre pour le compte du pouvoir adjudicateur

Les points de vigilance sont :

Quelle licence a été choisie dans le cadre de la réalisation du logiciel ? Est-ce une licence de type CeCILL ? Etait-il précisé dans les documents de consultation ?

L’interface des logiciels est-elle entièrement en français ainsi que l’aide en ligne et le cas échéant la documentation du logiciel ?

Le développement du logiciel s’appuie-t-il sur des « briques » déjà existantes ? Si oui, et que ces briques sont issues des logiciels libres, leurs licences sont-elles compatibles entre-elles mais également avec le nouveau logiciel ?

Si des briques propriétaires sont utilisées, le copyleft prévu dans

la licence est-il de nature à leur conserver un caractère

propriétaire ?

La remise des codes sources est-elle prévue dans les documents du marché ? Le pouvoir adjudicateur s’est-il assuré que le code

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source pouvait être compilé sur la base des codes sources remis ?

Des clauses précisent-elles les usages que peut faire le prestataire du logiciel développé ? Si oui, ces clauses sont-elles compatibles avec la licence ?

Une maintenance est-elle prévue dans les documents de consultation ? Si oui, couvre-t-elle les seuls développements spécifiquement effectués pour le compte du pouvoir adjudicateur ? Cette maintenance est-elle compatible avec les termes de la licence choisie ?

Est-il précisé qu’en cas de résiliation du marché, il n’y aura aucune incidence sur la licence ?

La diffusion des logiciels libres après modification

Rappel : En distribuant un logiciel, l'administration accepte que celui-ci

soit utilisé, adapté et redistribué, et cela peu importe le contexte. Selon

la nature de la licence retenue, les licenciés sont autorisés, entre autres,

à utiliser le logiciel à n'importe quelle fin, à l'insérer à l'intérieur d'une

compilation et même à développer et commercialiser des produits basés

sur celui-ci.

Les points de vigilance sont :

Les modifications apportées au logiciel sont-elles disponibles et accessibles sous forme de code source (cf. affaire Free vs Free Software fondation)154 ?

154

Décision du Tribunal de grande instance de Paris du 28 mars 2007

Quelle est la nature de la licence retenue pour la diffusion ? Est-elle compatible avec celle d’origine ? Est-ce la même ? La diffusion s’effectue-t-elle sous plusieurs licences ? Si oui, pourquoi ?

Quelle est nature du copyleft de la licence (faible/fort) ?

5. Signaux d’alerte

Les principaux signaux d’alerte que l’auditeur doit garder à l’esprit sont :

Une mauvaise compréhension manifeste des licences de logiciels libres et des enjeux associés lors des entretiens avec le service audité mais également lors de l’examen des documents de consultation.

Un titulaire d’un marché disposant de références limitées dans le domaine du logiciel libre.

Des solutions complexes s’appuyant sur de nombreux modules différents. Risques d’incompatibilités entre licences et risques de « contamination » si des modules propriétaires sont présents.

6. Recommandations possibles

En fonction des situations, l’auditeur pourra formuler différentes

recommandations parmi lesquelles :

Accompagner la phase de l’expression de besoins voire de rédaction des documents de consultation avec une mission de conseil confiée à un prestataire spécialisé dans le logiciel libre

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comme les sociétés de services en logiciels libres (SSLL), si peu de compétences en matière de logiciels libres sont disponibles au sein de la structure auditée ;

Lire de manière approfondie les licences et les archiver au moment de leur téléchargement ; il peut être opportun de solliciter le département juridique sur le contenu de la licence.

Apporter un soin tout particulier aux clauses relatives à la garantie contre les malfaçons et les responsabilités qui en découlent. Il relève de la responsabilité du pouvoir adjudicateur de contrôler, par tous moyens, l'adéquation du produit à ses besoins, de s’assurer de son bon fonctionnement et de garantir qu'il ne causera pas de dommages aux personnes et aux biens.

Mettre en place une veille juridique. Il est probable que le contentieux relatif aux licences des logiciels libres va augmenter ces prochaines années, ne serait-ce que par le recours de plus en plus fréquent par le secteur public aux logiciels libres.

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FICHE 4.5.1 - ANNEXE : COMPARATIFS DES

PRINCIPALES LICENCES UTILISÉES PAR LES

LOGICIELS LIBRES Licences Notion

de

copylef

t

Compatibl

e GNU GPL

V2

Compatibl

e GNU GPL

V3

Persistanc

e des 4

libertés

Cohabitatio

n avec une

brique

propriétaire

GNU

GPL V2

Oui

(fort)

Sans objet Non (mais

la plupart

des

logiciels

GPLv2

autorisent

à utiliser

les

versions

ultérieures

)

Persistanc

e des 4

libertés

pour les

additions

de code

Non

GNU

GPL V3

Oui

(fort)

Non Sans objet Persistanc

e des 4

libertés

pour les

additions

de code

Non

CeCILL Oui Oui Oui Persistanc

e des 4

Non

V2 (fort) libertés

pour les

additions

de code

BSD

License

Non Oui Oui Non Autorisée

Apache

License

2.0

Non Non Oui Non Autorisée

GNU

AFFERO

GENERA

L PUBLIC

LICENSE

V3

Oui

(fort)

Non Oui Persistanc

e des 4

libertés

pour les

additions

de code

Non

Pour rappel :

La notion des « quatre libertés » sont :

1. La liberté d'utiliser le logiciel ;

2. La liberté de copier le logiciel ;

3. La liberté d'étudier le logiciel ;

4. La liberté de modifier le logiciel et de redistribuer les versions modifiée.

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La notion de copyleft ou « gauche d’auteur » :

Parmi les différents types de licences de logiciel libre, certaines

permettent la modification et la redistribution du logiciel sans

contrainte et autorisent notamment des dérivés propriétaires, par

exemple sans mise à disposition du code source. D'autres ont comme

caractéristique d'exiger qu'un logiciel dérivé conserve le statut de

logiciel libre de l'original. Cette caractéristique est connue sous le

terme de copyleft.

Les licences avec copyleft exigent qu'un logiciel dérivé conserve son

statut de logiciel libre, notamment par la fourniture du code source de

la version modifiée. Cela signifie en principe, qu'il n'est pas possible de

diffuser un logiciel propriétaire incorporant du code utilisant une telle

licence2.

On parle de copyleft fort lorsque la redistribution du logiciel modifié ou pas ainsi que tous les composants associés ne peuvent se faire que sous la licence initiale.

On parle de copyleft standard lorsque la redistribution du logiciel modifié ou pas se fait sous la licence initiale mais que les ajouts de fonctionnalités et de code peuvent se faire sous d'autres licences voire sous une licence propriétaire.

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203

SECRETARIAT GENERAL

Guide d’audit « Marché Public » -

Fiche d’évaluation - v1.0

Nous vous remercions d’avoir utilisé cette première version de ce

guide.

Afin de pouvoir l’améliorer et élaborer d’autres documents à

l’intention des auditeurs internes de l’Etat, nous vous demandons

de prendre quelques minutes pour remplir la présente fiche

d’évaluation.

1. A quelle occasion avez-vous utilisé ce guide ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………………………

2. Possédiez-vous au préalable à l’utilisation de ce guide une expérience d’audit d’un marché public ?

Oui :…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Non :…………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………………….

3. Aviez-vous préalablement suivi une formation consacrée à l’audit des marchés publics?

Oui :……………………………………………………………………………………

………………………………………………………………………….………………….

Non :……………………………………………………………………………………..

………………………………………………………………………….………………….

4. Globalement, ce guide vous a-t-il apporté l’aide dont vous aviez

besoin ?

Oui :……………………………………………………………………………………

………………………………………………….…………………………………………

Non :………………………………………………………………………………….…

…………………………………………………………………………………………….

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5. L’avez-vous trouvé facile d’utilisation ? Oui :……………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………….

Non :…………………………………………………………………………………….

……………………………………………………………………………………………..

6. Le niveau de détail abordé vous a-t-il semblé adéquat ? Oui :……………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………….

Non :…………………………………………………………………………………….

…………………………………………………………………………………………….

7. Le cas échéant, quels aspects auriez-vous souhaité voir plus développés ? Quels aspects vous ont-ils parus trop développés ?

Pas assez développés : ……………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………. Trop développés :………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………………………….

8. Pouvez-vous évaluer l’utilité de ce guide sur une échelle de 1

(peu utile) à 5 (extrêmement utile) ? 1. Peu utile 2. Assez utile 3. Utile 4. Très utile 5. Extrêmement utile

9. Souhaitez-vous formuler d’autres commentaires ou

suggestions ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………

*

* *

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205

Vous pouvez également télécharger ce formulaire au format électronique à l’adresse suivante :

http://www.action-publique.gouv.fr/files/questionnaire_guide_audit-marche_v01.doc

Formulaire à renvoyer :

a) par voie électronique à : [email protected] ;

b) ou voie postale à :

Secrétariat général du CHAI - Télédoc 659 –

139 rue de Bercy

75572 Paris Cedex 12