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un guide pour tout comprendre sur l'ostéopathie
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GUIDE DE
L’OSTÉOPATHIE
Fabien CHASSE
Ostéopathe D.O.
Diplômé du Conservatoire Supérieur Ostéopathique Français (Paris)
Diplômé de l’European School of Osteopathy (Maidstone - G.B.)
7, rue Blanche - 75009 PARIS
Tél : 01 48 74 58 66
1
« Il a fallu de nombreuses années pour préparer la terre à recevoir la
semence de cette science, comme cela a été le cas pour d’autres vérités qui
sont venues rendre service à l’humanité. » A.T. STILL.
2
SOMMAIRE
INTRODUCTION ......................................................................... 5
DECOUVRIR L’OSTEOPATHIE
1.L’HISTOIRE DE L’OSTEOPATHIE ............................................................... 7
1.1.LA NAISSANCE DE L’OSTEOPATHIE : Andrew Taylor STILL .................... 7
1.2.LES CONTINUATEURS ......................................................................... 11
William Garner SUTHERLAND ................................................... 11
John Martin LITTLEJOHN .......................................................... 12
1.3.L’HISTOIRE DE L’OSTEOPATHIE EN FRANCE ....................................... 14
2.L’OSTEOPATHIE : UNE PHILOSOPHIE, UNE SCIENCE, UN ART ........... 17
2.1.LA PHILOSOPHIE OSTEOPATHIQUE .................................................... 17
2.1.1.Les quatres principes .................................................................. 17
La structure gouverne la fonction ........................................... 18
L’unité du corps ..................................................................... 18
L’auto-guérison ...................................................................... 18
La loi de l’artère est absolue ................................................... 19
2.1.2.La lésion ostéopathique .............................................................. 19
2.2.L’OSTEOPATHIE : UNE SCIENCE .......................................................... 21
2.2.1.Système pariétal ......................................................................... 21
2.2.2.Système Crânio-sacré ................................................................ 21
2.2.3.Système viscéral.......................................................................... 24
2.2.4.Système fascial ........................................................................... 26
3
2.3.L’ART OSTEOPATHIQUE : Techniques manuelles ......................... 26
2.3.1.Techniques structurelles pariétales ....................................... 28
2.3.2.Technique fasciale ............................................................... 28
2.3.3.Techniques viscérales .......................................................... 29
2.3.4.Techniques crâniennes ........................................................ 30
3.UNE SEANCE D’OSTEOPATHIE ............................................................. 32
3.1.L’ANAMNESE ....................................................................................... 32
3.2.TEST ET DIAGNOSTIQUE OSTEOPATHIQUE ....................................... 33
3.3.LE TRAITEMENT .................................................................................. 34
4.CHAMPS D’APPLICATION DE L’OSTEOPATHIE ..................................... 35
CONCLUSION ........................................................................... 40
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................... 41
4
INTRODUCTION
“Qu’est ce que l’ostéopathie ? Quelles différences avec la
kinésithérapie et la chiropratique ?”
Les gens ont entendu parler de l’ostéopathie, mais ils ne la connaissent pas
réellement.
Peu de gens, exceptés ceux qui consultent des ostéopathes, ont
conscience de ce qu’est réellement l’ostéopathie.
Le grand public ne connaît pas les principes ni les techniques
ostéopathiques, il ne sait pas quels maux l’ostéopathe soigne.
Plus grave, les gens ont de nombreuses d’idées reçues tel que “la
vertèbre se déplace, l’ostéopathe la remet”. Ce guide a donc pour ambition
d’informer sur l’ostéopathie, et de supprimer ce genre de malentendu afin
de donner envie de consulter.
Les professionnels de santé n’en savent parfois pas beaucoup plus à
notre sujet.
Nous sommes intégré à un système de soins qui nous connaît mal. Si
certains médecins déconseillent à leurs patients de nous fréquenter, c’est
souvent seulement par ignorance. Nous ne sommes ni des charlatans, ni
des rebouteux !
Je vais donc tenter de transmettre l’histoire, la philosophie, la science
et l’art ostéopathique. Expliquer comment se déroule une séance et ce que
l’ostéopathe apporte à ses patients.
5
« L’ostéopathie est l’art de diagnostiquer et de traiter, par la main, les
dysfonctions de la micro mobilité des tissus du corps, qui entraînent
des troubles fonctionnels pouvant perturber l’état de santé. »
6
DECOUVRIR L’OSTEOPATHIE
1. L’HISTOIRE DE L’OSTEOPATHIE
« On ne pratique bien la science que si l’on en connaît l’histoire. »
Auguste COMTE.
1.1. LA NAISSANCE DE L’OSTEOPATHIE
Le 22 juin 1874, Andew Taylor Still dit avoir soudainement pris
conscience qu’il est en train de développer une nouvelle approche médicale
qui deviendra l’ostéopathie.
« Comme l’éclat d’un soleil, une vérité frappa mon esprit : par l’étude, la
recherche et l’observation, j’approchai graduellement une science qui serait
un grand bienfait pour le monde. » A.T. STILL
L’ostéopathie est né.
Qui est Andew Taylor Still, père fondateur de l’ostéopathie ?
A.T. Still voit le jour le 6 août 1828 en Virginie.
Son père, Abraham Still est pasteur méthodiste1 et pratique la médecine. Sa
mère, Martha Moore, est également issue des assemblées méthodistes.
Le jeune Andrew reçoit une éducation sévère, reflet de la vie rude des
pionniers et de la rigueur de l’église méthodiste.
Solitaire, la nature est son domaine. Il chasse, explore, observe. Il
commence alors à lire dans « le Grand Livre de la nature ». En effet, pour Still
c’est en observant la nature qu’on comprend le fonctionnement de l’humain.
7
1 Mouvement religieux protestant fondé en Angleterre au XVIIIe siècle par John Wesley, afin de promouvoir le “réveil” de lʼEglise anglicane.
Vers l’âge de 10 ans, Andrew, qui souffre régulièrement de maux de
tête, découvre probablement de manière fortuite qu’il peut améliorer son
état en posant sa nuque sur un oreiller lui-même posé sur une corde tendue
entre deux arbres à quelques centimètres du sol. Ce traitement original mais
efficace marque sans doute le début de tout l’intérêt que porte A.T. Still pour
la médecine. Il dira plus tard que cet événement fut sa première «
découverte ostéopathique ».
En 1853, Still rejoint son père dans le Kansas où il est nommé
missionnaire en territoire indien. Il reste 22 ans dans cette région et assiste
alors son père qui exerce la médecine auprès de la population indienne. A.T.
Still, l'élève apprenti de son père médecin, approfondit quotidiennement ses
connaissances médicales par de nombreuses lectures spécialisées.
Aucune loi ne régit alors la formation médicale aux Etats-Unis.
En 1859, Mary Vaughan sa première épouse décède. L’année
suivante, il épouse Mary E. Turner, une fille de l’Est qui lui donnera quatre
garçons et une fille.
Le 12 avril 1861, éclate la guerre de Sécession.
Still s’engage chez les fédéraux. Il joue un rôle actif tout au long de la
guerre, comme combattant mais également comme médecin et chirurgien.
En 1865, quatre membres de sa famille meurent au cours d’une
épidémie de méningite cérébro-spinale. Au-delà de sa souffrance
personnelle, il est traumatisé par l’incapacité des médecins à sauver ses
enfants.
« C’est lorsque je me tenais là, regardant fixement trois membres de ma
famille, tous morts de la méningite cérébro-spinale que je me posai les
sérieuses questions “avec la maladie Dieu a-t-il abandonné l’homme dans un
monde d’incertitude ? “ » A.T. STILL.
Il pense abandonner la médecine, mais finalement, cette épreuve sera
pour lui un puissant stimulant dans sa quête vers une autre médecine.
8
C’est en étudiant la médecine et la mécanique que Still émet l’idée d’une
relation entre l’anatomie du corps et son fonctionnement, ce qui pour
l’époque est révolutionnaire.
Au cours des années 1870, il réalise ses premières expérimentations
d’une autre médecine qui deviendra l’ostéopathie. Voici comment il raconte
avoir guéri un enfant atteint de dysentrie :
« Je pris le petit enfant malade, (...) je plaçai la main sur la région
lombaire du petit bonhomme que je portais, et la trouvai très chaude, même
brulante, alors que l’abdomen était froid. (...) Je trouvai étrange que le dos
fût si chaud et le ventre si froid ; le cou et l’arrière de la tête étaient
également très chaud et la face, le nez et tout l’avant de la tête froids. (...) Je
commençai à travailler à la base du cerveau en pensant qu’avec des
pressions et des frictions, je pourrais pousser un peu du chaud dans les
zones froides. En faisant cela, je trouvai des zones rigides et des zones
flasques dans les muscles et les ligaments tout le long de la colonne
vertébrale, alors que la région lombaire était dans une condition très
congestive. Je travaillai pendant plusieurs minutes avec cette philosophie, et
dis ensuite à la maman de revenir le lendemain ; si je pouvais faire quoi que
ce soit de plus pour son garçon, je le ferais volontiers. Elle revint le
lendemain matin m’annonçant que l’enfant allait bien. » A.T. STILL.
C’est le 22 juin 1874 à 10 heures que Still dit avoir soudainement pris
conscience qu’il est en train de développer une nouvelle approche médicale
qui deviendra l’ostéopathie.
En 1878, il s’installe à Kirksville dans le Missouri et jusque vers 1885,
exerce l’ostéopathie de manière itinérante. Ses succès thérapeutiques lui
font acquérir une renommée dépassant les états du Missouri et du Kansas.
Il découvre les énormes ressources de son invention et traite beaucoup de
maladies.
9
Vers la fin des années 1880, il forme ses propres enfants à
l’ostéopathie et fonde en 1892 la première école : “ L’American School of
Osteopathy” à Kirksville.
Il prouve ainsi que l’art ostéopathique est un art transmissible et non un don
particulier.
En 1914, alors qu’il est toujours actif dans la défense de
l’ostéopathie, le maître est atteint d’un ictus ; il meurt à 90 ans le 12
décembre 1917.
10
1.2. LES CONTINUATEURS
1.2.1. William Garner SUTHERLAND (1873 - 1954)
Le docteur Sutherland est un élève de Still. Il est à l’origine d’une
découverte fondamentale pour l’ostéopathie qu’il appellera « cranial rytmic
impulse » , en français : le Mouvement Respiratoire Primaire (M.R.P.).
W.G. Sutherland ne se destinait ni à la médecine, ni à l’ostéopathie.
Journaliste dans le Minnesota, c’est sa curiosité qui le mène en 1898 au
collège de Kirksville pour se former à l’ostéopathie. Il est tellement
impressionné par ce qu’il découvre, aussi bien au niveau de la technique
ostéopathique, qu’au niveau des résultats constatés, qu’il décide
d’abandonner le métier de journaliste pour devenir ostéopathe.
Sutherland est un observateur, passionné par cette “boule” qu’est le
crâne. Il est particulièrement intrigué par ses sutures, il s’interroge sur leur
rôle et se demande pourquoi certaines d’entre elles sont en forme de
biseau ? Il émet alors l’hypothèse que les os du crâne puissent glisser les
unes sur les autres.
Ne trouvant aucune réponse sur le rôle des sutures dans les livres
d’anatomie, il décide de désarticuler un crâne. Après de nombreuses
manipulations, il trouve la solution : il faut commencer par désarticuler l’os
temporal, clefs de la structure du crâne. Il le surnommera : « le grand fauteur
de trouble ».
L’étude du crâne et ses sutures amène Sutherland à comprendre qu’il
existe un mouvement, faible, des os du crâne, perceptible par une main
entraînée. Ce mouvement d’environ 10 à 12 mouvements par minute est
indépendant des rythmes cardiaques et respiratoires. Afin d’étudier le rôle
de ce mouvement, Sutherland va essayer de le bloquer.
11
Pour cela, il fabrique un casque qui comprime son crâne et le porte
plusieurs jours. Les symptômes ne tardent pas à apparaître : trouble de la
vue, vertiges, céphalées, irritabilité. Il enlève alors son casque et tente de
libérer les sutures qu’il a volontairement comprimées. Il exerce de tout petits
mouvements pour désencastrer les os les uns des autres : le soulagement
est immédiat.
Peu à peu, il développe une compréhension et un modèle mécanique.
L’approche crânienne envisage notamment le crâne comme plusieurs
vertèbres qui se sont modifiées au cours de l’évolution pour protéger le
système nerveux central se développant vers le haut à partir de la moelle
épinière. Elle conduit donc l’ostéopathie à ne plus considérer séparément
crâne et colonne vertébrale, mais à les voir fonctionnant comme un
ensemble.
Après avoir rencontré beaucoup de scepticisme de la part de ses
confrères, il parvint à faire accepter le modèle d’ostéopathie crânienne dans
les années 1940.
W.G. Sutherland meurt le 23 septembre 1954 à l’âge de 82 ans,
laissant un concept qui, aujourd’hui encore, peut sembler révolutionnaire. Il
n’y a pas encore à ce jour d’études scientifiques qui valident entièrement
l’existence du M.R.P., mais l’application journalière qui en est faite de par le
monde montre l’efficacité incontestable de cette approche et l’énorme
contribution qu’elle apporte à l’ostéopathie.
1.2.2. John Martin LITTLEJOHN
D'origine écossaise, Littlejohn reçoit une formation universitaire dans
les domaines de la théologie, des lettres et de la médecine. Il émigre aux
USA en 1892 et y termine ses études de médecine. Il vient consulter A. T.
Still à Kirksville en 1892 pour des problèmes de santé chroniques et il est
tellement émerveillé par le concept et la technique ostéopathiques, qu'il
décide de devenir ostéopathe.12
Il suit la formation au collège de Kirksville, tout en y donnant des
cours de physiologie. Passionné de science, il se heurte bientôt à Still, que
les expériences douloureuses passées avec la médecine de son temps
rendent très réticent à intégrer les progrès de la médecine scientifique
naissante.
En 1913, il rentre en Europe et s'installe en Angleterre, projetant d'y
créer une école d'ostéopathie. A cause de la Première Guerre Mondiale, ce
projet ne prend forme qu'en 1917, avec la création de la British School of
Osteopathy (BSO). Cette école est l'origine de tout un courant
ostéopathique européen.
John Littlejohn a poursuivi l'œuvre de Still, utilisant les éléments
apportés par le développement des sciences de base de la santé et de la
médecine scientifique. Il a beaucoup insisté sur la relation de l'organisme
vivant avec son milieu, affirmant que la santé est essentiellement la
conséquence de l'harmonie de cette relation.
Il a particulièrement étudié les relations existant entre les différents
niveaux de la colonne vertébrale et les organes du corps, ainsi que
l'adaptation de l'homme à la verticalité.
13
1.3. L’OSTEOPATHIE EN FRANCE
Un des premiers propagateurs de l’ostéopathie en France est le
docteur Robert Lavezzari. Il a été formé à l’ostéopathie par le Dr Florence
Gair, élève de Still, et s’est installé à Paris en 1936. En 1950, il fonde la
Société Française d’Ostéopathie qui existe toujours. Société de médecins,
elle cantonne la doctrine à la pratique vertébrothérapique, c’est à dire de
manipulations vertébrales.
C’est en 1957 que Paul Geny, kinésithérapeute, formé à la British
School of Osteopathy, et l’anglais Thomas Dummer, fondent l’Ecole
Française d’Osteopathie, à Paris.
En 1965, pour des raisons juridiques dûes à la pression de l’ordre des
médecins, l’école doit s’expatrier à Maidstone en Angleterre et devient :
European School of Osteopathy.
C’est dans ce collège que les premiers ostéopathes français ont été formés.
Pour y entrer, il fallait être parrainé par deux anciens, et un interrogatoire sur
les motivations profondes sélectionnait les futures ostéopathes.
C’est à Paris, en 1964 que le premier séminaire d’ostéopathie
crânienne est dispensé par trois américains, élève de Sutherland : Harold
Magoun, Viola Frymann et Thomas Schooley.
En 1973, Paul Chauffour est à l’origine de la première structure qui a
pour but de réglementer la profession en France : l’A.F.D.O. (Association
Française de Défense de l’Ostéopathie)
Depuis, la profession ne cesse de s’organiser autour de syndicats,
d’association et de collèges d’enseignement, en vue d’une reconnaissance.
En effet, au vue de la loi, l’ostéopathie est un exercice illégal de la médecine.
En l’absence d’Ordre, une association « veille au maintien, des
principes de moralité, de probité, de compétence et de dévouement
indispensables à l’exercice de l’ostéopathie » : c’est le Registre des
14
Ostéopathes Français (R.O.F.) créé le 23 avril 1981 par R. Perronneaud-
Ferre.
Il faudra attendre le 4 mars 2002 pour voir apparaître au Journal
Officiel la loi n°2002-303 autorisant la pratique de l’ostéopathie en France : «
L'usage professionnel du titre d'ostéopathe ou de chiropracteur est réservé
aux personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant une formation spécifique
à l'ostéopathie ou à la chiropraxie délivrée par un établissement de formation
agréé par le ministre chargé de la santé dans des conditions fixées par
décret. Le programme et la durée des études préparatoires et des épreuves
après lesquelles peut être délivré ce diplôme sont fixés par voie
réglementaire »
Les décrets seront publiés le 25 mars 2007 :
Décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et conditions
d'exercice de l'ostéopathie.
Décret n° 2007-437 du 25 mars 2007 relatif à la formation des ostéopathes
et à l'agrément des établissements de formation.
Ils définissent ainsi pour la première fois le champ de compétence des
ostéopathes :
• L’ostéopathe est habilité à pratiquer des actes de manipulations et
mobilisations non instrumentales directes et indirectes non-forcées.
Ces manipulations sont exclusivement manuelles et externes
(musculo-squelettiques et myo-faciales). Elles sont réalisées dans les
limites physiologiques de l'articulation.
• Le décret définit également les actes interdits et ceux qui ne peuvent
être pratiqués que sur prescription médicale, notamment les
manipulations du rachis cervical et les manipulations du nourrisson.
Les textes précisent le contenu de la formation :
15
• La durée de la formation - 2030 heures au minimum - et son contenu
théorique et pratique garantissent la formation nécessaire à la prise
en charge en sécurité des patients.
• La formation sera dispensée dans des écoles de formation agréées
par l’Etat. Cet agrément sera réexaminé tous les quatre ans.
• Elle peut être faite en complément d’une formation initiale de
p ro fess ionne ls de san té , médec ins ou de masseurs-
kinésithérapeutes, ou sans formation préalable.
• Les professionnels de santé bénéficieront d'une formation en
ostéopathie équivalente qui tiendra compte de la partie théorique des
sciences fondamentales et biologiques déjà incluses dans leur cursus
de formation.
Il y a donc deux façons de se former à l’ostéopathie : soit à temps
plein après le baccalauréat, soit en formation continue pour les titulaires
d’un diplôme de médecin où de masseur - kinésithérapeute.
Ils prévoient également pour les ostéopathes déjà en exercice, que
des commissions spécifiques, composées de médecins, masseurs-
kinésithérapeutes et ostéopathes désignés par leurs organisations
représentatives, délivreront une équivalence du titre au vu de leur formation
initiale et de leur expérience.
16
2. L’OSTEOPATHIE : UNE PHILOSOPHIE, UNE SCIENCE ET
UN ART.
«Vous vous demandez ce qu'est l'ostéopathie ; vous regardez dans le
Dictionnaire médical et trouvez comme définition : «maladie des os.» C'est
une grave erreur. Ostéopathie est composé de deux mots, osteon, signifiant
'os', et pathos, pathein, 'souffrir'. Elle présume que l'os Osteon est le point
de départ à partir duquel j'ai établi la cause de conditions pathologiques,
puis j'ai combiné osteo avec pathie d'où a résulté ostéopathie.» A.T. STILL.
2.1. LA PHILOSOPHIE OSTEOPATHIQUE
Philosophie (n.f.) : 1Etude des principes fondamentaux d’une activité,
d’une pratique. 2Conception de quelque chose fondée sur un ensemble de
principes; l’ensemble de ses principes. (Larousse)
2.1.1. Les quatres principes
Ces principes constituent les piliers sur lesquels A.T. STILL a bâti
l’ostéopathie. Aujourd’hui encore, ces principes sont toujours d’actualité
pour chacun des ostéopathes.
Même si tous les mécanismes d’action n’ont pas encore été élucidés,
l'expérience de milliers de praticiens ayant traité des millions de patients,
apporte la preuve de sa raison d’être et de son utilité pour la santé publique.
17
La structure gouverne la fonction.
La structure est représentée par les différentes parties du corps
humain : os, muscles, organes, glandes, peau, etc.
La fonction désigne l’activité de chacune de ces parties : la marche, la
fonction digestive, la respiration, etc.
Si toutes les pièces de la structure sont bien ajustées, l’ensemble fonctionne
correctement. Si une seule des parties du corps est perturbée dans sa
structure : des manifestations secondaires apparaissent : c’est la maladie.
« Là où la structure est normale et harmonieuse, la maladie ne peut se
développer ». A.T. STILL.
L’unité du corps.
L’ostéopathie est une vision holistique2 de l’être humain, c’est à dire
que l’ostéopathe prend en compte la globalité de l’individu : corps,
mouvement, esprit.
Le corps humain possède un système qui lui permet de maintenir un
équilibre, l’homéostasie, en cas de survenue d’une perturbation physique,
mentale où chimique.
Pour maintenir cet équilibre, un phénomène de compensation se met en
place entre les différentes parties du corps, qui sont en interrelation.
« Le coeur du mal peut être loin de son effet » A.T. STILL.
L’autoguérison.
Le corps possède en lui toutes les ressources pour se soigner, à
condition que les pathologies n’atteignent pas un stade irréversible.
« Je crois que la mécanique humaine est la pharmacie de Dieu et que tous
les remèdes de la nature sont dans le corps » A.T. STILL.
18
2 Tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice.
La règle de l’artère est absolue.
Là où la circulation sanguine s’effectue normalement, la maladie ne
peut se développer. Le sang transporte les éléments nécessaires pour
assurer l’immunité et lutter contre les maladies. A l’inverse, la maladie
s’installe dans les zones mal irriguées.
Par extension, cette règle s’applique à tous les fluides du corps comme la
lymphe où le Liquide Céphalo-Rachidien (L.C.R.).
« Dites moi où est ralenti le flux sanguin et je vous dirai où commence la
maladie » A.T. STILL.
2.1.2. La lésion ostéopathique
La lésion ostéopathique n’est pas une lésion tel qu’on peut l’entendre
au sens d’une modification organique d’une structure. L’ostéopathe
recherche dans le corps les déficits de mobilité des tissus. Une lésion, en
ostéopathie, est donc une perte de mouvement diagnostiqué grâce à un test
de mobilité. Ce déficit de mobilité peut se situer sur une articulation, entre
deux vertèbres par exemple. On peut également la trouver sur un viscère
comme l’estomac où encore au crâne.
Une lésion est donc une perte de mobilité et non un déplacement.
Cette perte de mobilité est au coeur de la médecine ostéopathique.
Une consultation d’ostéopathie vise à rétablir chez le patient un
désequilibre. Pour cela, l’ostéopathe cherche les restrictions de mobilité et
les corrige. Grâce à ces corrections, le corps se réajuste tout seul.
« Trouvez la lésion ostéopathique, réparez-là et laisser faire le reste » A.T.
STILL
Il existe des lésions dites primaires, à l’origine de la douleur qui force
le patient à consulter, et des lésions dites secondaire qui sont des
19
compensations. Tout l’art du diagnostique ostéopathique consiste à trouver
la cause, et d’établir le schéma lésionnel du patient.
Il peut exister plusieurs lésions primaires, entraînant chacune des
chaînes lésionnelles différentes, et donc des symptômes différents, mais
pouvant interagir ensemble. D’où la difficulté à établir un diagnostique
ostéopathique.
20
2.2. L’OSTEOPATHIE : UNE SCIENCE
Science (n.f.) : 1. Ensemble cohérent de connaissances relatives à
certaines catégories de faits, d’objets ou de phénomènes obéissant à des
lois et vérifiées par les méthodes expérimentales.
2. Manière habile de mettre en oeuvre, dans une technique, des
connaissances acquises. (Larousse)
La science ostéopathique est constituée de trois systèmes - pariétal,
cranio-sacré et viscéral - qui correspondent aux trois zones anatomiques du
corps. Toutes les parties de l’organisme sont indisociablement liées, mais on
peut considérer certaines zones comme des sous-ensemble afin d’en
faciliter l’étude.
2.2.1. Le système pariétal
Le système pariétal désigne le système de soutien du corps humain.
Il regroupe les os, les muscles, les articulations, les ligaments. C’est la
charpente et le moteur de l’organisme : il assure stabilité et mobilité.
L’ostéopathe va agir soit sur les articulations pour leur restituer leurs
mobilités, soit sur les muscles pour lever un spasme.
2.2.2. Le système Cranio-sacré
La théorie crânienne fut découverte par W.G. Sutherland, que nous
avons étudiée dans le chapitre sur l’histoire de l’ostéopathie. Nous avons
donc déjà vu que, selon lui, les os du crâne sont animés d’un mouvement.
Nous allons étudier ici plus en détail ce Mécanisme Respiratoire Primaire
(M.R.P.) Il est composé de cinq principes :
21
La motilité inhérente du cerveau et de la moelle épinière
Ce sont des pulsations rythmiques des cellules nerveuses qui se
contractent et se dilatent. L’origine de cette palpitation cellulaire est mal
définie. Elle serait liée au rythme cardiaque, pulmonaire, des ondes
électromagnétiques de la terre et peut-être embryologique. (explication au
chapitre viscéral). Il y a donc un mouvement propre au tissu nerveux.
La fluctuation du liquide céphalo-rachidien
Il ne s’agit pas d’une circulation mais bien d’une fluctuation qui, à
l’image du ressac des vagues, baigne le système nerveux central. C’est la
motilité des cellules nerveuses qui en est le moteur. Sutherland compare le
L.C.R. au “jus dans la batterie”.
Les tensions réciproques des membranes
Ces membranes sont intra-crâniennes (faux du cerveau, faux du
cervelet et tente du cervelet) et intra-rachidiennes (dure-mère). Elles sont
souples mais inextensibles. Elles permettent de transmettre et d’équilibrer
les forces que la motilité des cellules nerveuses et la fluctuation du L.C.R.
impriment aux os du crâne et au sacrum.
Le mouvement des os du crâne
Ce mouvement est donc la conséquence d'un rythme interne créé par
le concours des pulsations du cerveau (les impulsions rythmiques
crâniennes), de la fluctuation du L.C.R. et des tensions réciproques des
membranes. Ce mouvement des os crâniens, palpable par une main
entraînée, est appelé "Flexion - Extension" au niveau des os impairs et
"Rotation externe - rotation interne” pour tous les autres os du corps.
22
Le mouvement du sacrum entre les deux os iliaques
Le crâne et le sacrum sont reliés par une des membranes de tension :
la dure-mère. Celle-ci s’attache au crâne sur l’occiput, et au bassin sur le
sacrum. Le mouvement du crâne est transmis par l'intermédiaire de la dure-
mère jusqu’au sacrum qui est donc animé du même mouvement.
Mouvement Respiratoire Primaire (H.I. MAGOUN)
23
En résumé, le mouvement respiratoire primaire mobilise de façon
rythmique et synchrone le crâne et le sacrum. Si un blocage intervient, il
pourra y avoir des manifestations locales tels que maux de tête, troubles du
sommeil, vertiges, etc. Toutes les parties du corps étant inter-dépendante, le
M.R.P. est transmis à l’ensemble du corps; un blocage cranio-sacré pourra
alors avoir des manifestations à distance comme des troubles digestifs, des
douleurs rachidiennes, etc.
L’ostéopathe va donc évaluer le rythme, l’amplitude et la force du
M.R.P. et rechercher des blocages au niveau des os.
Il existe un cas particulier : le whiplash. C’est un asynchronisme entre
le crâne et le sacrum provoqué par un traumatisme important comme un
coup du lapin. C’est à traiter en priorité en ostéopathie tant les
conséquences peuvent être graves sur l’organisme.
2.2.3. Le système Viscéral
Le système viscéral est constitué des organes contenus dans le
thorax (système cardio-respiratoire), l’abdomen (système digestif) et le petit
bassin (système urinaire et génital). Comme chacune des structures du
corps, ces viscères sont animées d’un mouvement.
On peut distinguer deux sortes de mouvement : des mouvements de
grandes amplitudes (la mobilité) et des mouvements de plus petites
amplitudes (la motilité)
Le muscle respiratoire, qui sépare la cage thoracique de l’abdomen
s’appelle le diaphragme. En se contractant et en se relâchant il fait un
mouvement de piston qui mobilise les viscères. D’autre part, les organes
subissent l’influence du rythme cardiaque et du peristaltisme de certains
organes.
24
Ces mouvements vont mobiliser les viscères entre eux. Entre deux
viscères, on parle d’articulation viscérale.
La motilité du viscère est un mouvement plus lent, de très faible
amplitude, qui est propre à l’organe : il se mobilise par ses propres moyens.
Il n’est perceptible que par une main entraînée.
Il existe deux théories pour tenter d’expliquer ce mouvement :
- la théorie crânienne :
Nous avons vu dans la théorie cranio-sacré que le M.R.P. agit comme
une pompe qui permet la fluctuation du liquide céphalo-rachidien et qui
imprime un mouvement du crâne jusqu’au sacrum. Ce mouvement se
propage ensuite dans l’ensemble du corps : sur le système musculo-
squelettique et les viscères.
- la théorie embryologique :
Durant la vie embryonnaire, l’oeuf fécondé subit des modifications
pour aboutir à un être, constitué de milliard de cellules. Ces cellules se
développent et s’organisent dans un ordre bien défini dans l’espace et dans
le temps. Chaque organe, pour prendre la place qui est la sienne, va subir
un déplacement, un mouvement. La théorie embryologique consiste à dire
que le viscère garde en mémoire ce mouvement, et fluctue de part et d’autre
de sa position : c’est sa motilité. Cette théorie ouvre sur le concept de
mémoire cellulaire.
« Seuls les tissus savent » Rollin Becker.
25
2.2.4. Le système fascial
Toutes les structures du corps sont enveloppées dans un tissu
conjonctif3 appelé fascia. Ce fascia est présent de façon ininterrompue dans
tout le corps : de la tête aux pieds et de la superficie à la profondeur. Il a un
rôle de protection et de soutien des structures, et fait communiquer les
différentes parties du corps entre-elles. Ces interdépendances expliquent
qu'un traumatisme subi à un endroit du corps ait des répercussions à
d'autres endroits. Le fascia est un tissu très réactif qui peut garder pendant
des années en mémoire les stress et chocs subis. Tout traumatisme
physique, psychologique, ou biologique rétracte le fascia, et perturbe
l'équilibre de l'organisme.
Ces fascias sont présents au niveau pariétal (aponévroses
musculaires), au niveau crânien (membranes intra-crânienne et dure-mère)
et au niveau viscéral (plèvre, péritoine), mettant donc les trois systèmes en
relation.
Ce tissu conjonctif abrite les systèmes d’alimentation en nutriments
et d’évacuation des déchets, les vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi
que les nerfs.
2.3. L’ART OSTEOPATHIQUE : Techniques manuelles
Art (n.m.) : 1. Aptitude, habileté à faire quelque chose. 2. Ensemble
des moyens, des procédés, des règles intéressant une activité, une
profession; activité, conduite considérée comme un ensemble de règle à
observer. (Larousse)
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3 Les tissus conjonctifs constituent la majorité de la masse du corps des organismes évolués. Ils sont impliqués dans les fonctions de soutien, de protection, de mouvement, de réponse immunitaire et de croissance.
Il existe deux types de techniques en ostéopathie : les techniques
structurelles directes et les techniques fonctionnelles indirectes.
Nous allons faire une analogie avec une fenêtre pour comprendre le
fonctionnement de ces deux techniques.
Imaginons une fenêtre ancienne qui est ouverte et qui refuse de se fermer,
elle est bloquée dans les derniers degrés avant sa fermeture. Elle est en
“lésion d’ouverture”.
Pour la fermer nous avons deux possibilités. Première possibilité : on force
directement la fermeture; deuxième possibilité, on ouvre la fenêtre en grand,
puis on la referme.
Comparons maintenant cette fenêtre à une articulation. La première
possibilité est une technique directe car on va directement dans le sens où
l’articulation ne veut pas aller : c’est une technique structurelle. Dans la
deuxième possibilité, on va d’abord dans le sens ou l’articulation veut bien
aller, puis on retourne dans l’autre sens : c’est indirecte. C’est une technique
fonctionnelle.
Voyons quelque unes des techniques les plus utilisées.
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2.3.1. Techniques structurelles pariétales
Traitement Général Ostéopathique (T.G.O.) :
Le T.G.O. est à la fois un test de mobilité et un traitement qui permet
d’aborder toutes les articulations du corps en les mobilisant de façon douce
et rythmé.
Manipulation structurelle : le thrust.
C’est une technique qui s’adresse aux articulations et qui corrige le
déficit de mobilité de façon directe, avec une haute vélocité et une faible
amplitude. Cette technique, extrêmement douce et non douloureuse ne
dépasse pas la limite physiologique articulaire et peut être accompagné
d’un craquement. Lorsqu’un ostéopathe normalise une vertèbre il ne la
remet pas en place : il l’a débloque. C’est la rapidité de la technique qui, par
réflexe, va relâcher le muscle qui maintient le blocage articulaire.
Technique d’énergie musculaires :
Cette technique utilise la participation musculaire du patient pour
normaliser l’articulation. Le praticien place le patient en position de
correction et lui demande une contraction contre résistance. A chaque
contraction succède une relaxation musculaire réflexe que l’ostéopathe
utilise pour corriger la lésion.
2.3.2. Techniques fasciales
Le praticien place ses mains sur les tissus en projetant sa pression
jusqu’au fascia. Il perçoit alors un mouvement qui fluctue autour d’une zone,
signant la présence d’une lésion. Après quelques instants le mouvement
s’arrête, ce silence tissulaire est appelé “Stillpoint”. Ensuite, le mouvement
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repart, en rythme avec le M.R.P. : la technique est terminée, le fascia
rééquilibré.
Ce type de technique peut paraitre étrange pour le patient où pour un
spectateur car on ne voit aucun mouvement des mains de l’ostéopathe. ce
mouvement que l’on décrit n’est perceptible que par le thérapeute. Ce n’est
donc ni du magnétisme ni tout autre pratique discutable, c’est simplement
un mouvement de très petite amplitude comme la motilité crânienne où
viscérale.
2.3.3. Techniques viscérales
Une fixation viscérale est le fait pour un organe de perdre sa faculté
de bouger. Cette fixation peut se situer au niveau de l’articulation viscérale :
on parle d’adhérence entre les viscères. Elle peut se situer au niveau du
ligament : on parle de ptôse. Elle peut, enfin, se situer au niveau d’un
sphincter : on parle de viscéro-spasme.
Pour toutes ces fixations, l’ostéopathe utilisera des techniques directes.
Lorsque l’organe est adhérent ou ptôsé, il le contacte directement pour lui
restituer sa mobilité. Sur le viscéro-spasme il pose ses doigts sur le
sphincter afin de l’inhiber.
Pour agir sur la motilité de l’organe, on utilise des techniques
d’induction. L’ostéopathe contacte l’organe puis “écoute”, pour percevoir
cette motilité. Si le mouvement est restreint, le thérapeute va induire à
l’organe un mouvement dans le sens de la correction jusqu’a ce que
l’organe cède, et retrouve ainsi toute son mouvement.
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2.3.4. Techniques crâniennes
Techniques de sutures
Les sutures sont les articulations entre les os du crâne. Lorsque
l’ostéopathe test et trouve un déficit de mobilité au niveau d’une de ces
sutures, il doit la normaliser. Pour cela il contacte les os et les mobilise
directement ou indirectement vers la correction.
Techniques de membranes
Les membranes étant des fascias, l’ostéopathe utilise les même
techniques, vu précédemment.
Techniques globales
Il existe au crâne des techniques particulières, qui ont une action sur
l’ensemble du corps. C’est le cas du “roulement des temporaux” qui peut
relaxer où stimuler l’ensemble du corps. C’est également le cas de la
“compression du quatrième ventricule” qui rééquilibre globalement le corps.
D’autres techniques au crâne sont particulières comme le “drainage
des sinus veineux” qui permet d’améliorer la circulation sanguine au niveau
du crâne. Ce type de traitement est très indiqué dans le traitement des
céphalées par exemple.
Parmi les techniques globales ont peut également citer les techniques
de resynchronisation de la balance cranio-sacré.
30
Il existe encore de nombreuses techniques s’adressant à différents
types de tissus. Ainsi, l’ostéopathe pourra travailler sur les nerfs, les
ligaments, les muscles. Certains utilisent des points réflexes. Les techniques
ne cessent d’évoluer grâce au travail quotidien des ostéopathes.
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3. UNE SEANCE D’OSTEOPATHIE
Une séance d’ostéopathie se déroule toujours à peu de choses près
de la même façon. Tout d’abord, le thérapeute fait connaissance avec son
patient : c’est le temps de l’anamnèse. Ensuite, il observe, palpe, teste son
patient de façon à établir un diagnostique. C’est seulement lorsque le
diagnostique ostéopathique est posé que le traitement peu commencé.
3.1. L’ANAMNESE
C’est un interrogatoire, le thérapeute pose à son patient toutes les
questions qui lui semblent nécessaires pour comprendre son motif de
consultation, généralement une douleur. Il commence alors le travail
d’investigation pour déterminer comment le problème s’est installé au fil du
temps. Voici quelques questions posées fréquemment :
- Renseignements administratifs : Nom, Prénom, date de naissance, etc.
- Profession.
- Motif de consultation, caractéristiques de la douleur.
- Traitement, examens complémentaires en rapport.
- Antécédents : médicaux, chirurgicaux, traumatiques, familiaux
- Hygiène de vie : sport, alimentation, tabac, fatigue.
- Problèmes de : maux de tête, O.R.L., ophtalmologique, dentaire.
- Problèmes : cardio-respiratoire, digestifs, urinaires, gynécologique.
Ces questions varient bien entendu en fonction de la plainte du
patient. A l’issu de l’anamnèse, l'ostéopathe a déjà une idée sur la cause
des symptomes. Il va maintenant confirmer et poursuivre son enquête par
des tests.
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3.2. TEST ET DIAGNOSTIQUE OSTEOPATHIQUE
Avant de tester, le thérapeute commence par observer son patient. Il
pourra déjà noter certains déséquilibres, comme un bassin tordu, où
certaines zones en souffrance. Par exemple, une zone pâle évoque un
problème chronique, tandis qu’une zone rouge et chaude évoque davantage
un problème inflammatoire, plus récent.
Après l’observation, le thérapeute met les mains sur son patient. Il va
alors effectuer des tests, dans un ordre bien hiérarchisé. Tout d’abord des
tests médicaux afin d’évaluer si la plainte du patient est en adéquation avec
un traitement ostéopathique. Si ce n’est pas le cas, le thérapeute redirige
son patient vers son médecin. Ensuite, il pratique des tests d’exclusion, afin
de déterminer si certaines techniques ne sont pas contre-indiquées. Sur les
vertèbres cervicales, par exemple, ces tests vont assurer à l’ostéopathe qu’il
peut pratiquer une technique de thrust sans risque.
Enfin, Le thérapeute procède à des tests ostéopathiques afin de
déterminer où se trouvent les restrictions de mobilité du patient. Certains
tests évaluent le patient dans sa globalité, d’autres sont plus spécifiques :
articulaires, musculaires, crâniens, viscérales, fascials, neurales,etc. A l’issu
de ces tests, l’ostéopathe détermine une chaîne lésionnelle, c’est à dire une
série de lésions qui vont d’un endroit à un autre dans le corps et qui est
responsable de la plainte du patient. Noter que la localisation de la douleur
et la localisation de la chaîne lésionnelle peuvent être tout à fait différentes.
L’ostéopathe a alors posé son diagnostique ostéopathique.
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3.3. TRAITEMENT
Lorsque l’ostéopathe a posé son diagnostique, il doit normaliser les
tissus en restriction de mobilité, en remontant la chaîne lésionnelle à partir
de la lésion supposée primaire.
Il utilise alors les techniques vu précédemment en fonction de la
structure à corriger, du patient,d’éventuelles contre-indication et des
affinités de l’ostéopathe avec certains types de techniques.
En fin de traitement, le thérapeute teste de nouveau son patient pour
observer les modifications. Le traitement n’est terminé que si le patient à
recouvrer un équilibre satisfaisant..Il faut parfois plusieurs séances pour
répondre entièrement à la demande du patient. Malheureusement, dans
certains cas, le thérapeute ne parvient pas à répondre à cette demande.
L’échec ne tient pas forcément à la compétence diagnostique et technique
de l’ostéopathe. Cela peur résulter d’autres facteurs : Il ne faut pas oublier
qu’une séance d’ostéopathie est avant tout une relation humaine entre deux
individus, parfois, il n’y a pas d’affinité. En effet,on sait que dans une relation
thérapeutique, la confiance que le patient porte dans le thérapeute, y est
pour beaucoup dans la guérison.
Soyons humble, un ostéopathe ne guérit pas : il ne fait qu’informer les
tissus de son patient, lequel met en jeu un processus d’auto-guerison.
A la fin du traitement, l’ostéopathe se doit de prévenir son patient que
certaines douleurs peuvent augmenter quelques jours après le traitement,
dû à la rééquilibration du corps qui se poursuit jusqu’à un état stable.
Ensuite, si nécessaire, l’ostéopathe donne des conseils d’hygiène de
vie à son patient. Ils vont concerner son alimentation, son hydratation, son
exercice physique. etc.
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4. CHAMPS D’APPLICATION ET LIMITES
Toutes les pathologies ne sont pas accessibles aux possibilités de
l'Ostéopathie. Elle ne propose pas de guérir les maladies dégénératives
(cancer, sida, sclérose en plaque, parkinson, etc...), les maladies génétiques
(mucoviscidose, myopathie, etc...) pas plus que les maladies infectieuses ou
les fractures.
Cependant, même si l'ostéopathie ne peut avoir d'action sur ces
affections, elle peut avoir une action sur les conséquences, en particulier la
douleur, par libération des tensions des structures environnantes. Dès lors,
l'ostéopathie ne sera plus une thérapie curative mais une thérapie palliative
complémentaire qu'il ne faut pas négliger.
L'Ostéopathie trouve donc ses limites devant :
- la gravité de la maladie
- les pathologies organiques
- Les états infectieux ou inflammatoires majeurs.
Un ostéopathe, au même titre qu’un homéopathe ou un acupuncteur,
traite un patient et non un symptôme. Dans cette mesure, il est plus aisé
d’étudier “qui” l’ostéopathe soigne, plutôt que “quoi”. La réponse est
simple : tout le monde. Nous allons maintenant établir une liste, non
exhaustive, des symptômes les plus fréquemment rencontrés dans un
cabinet d’ostéopathie, en fonction des patients.
Le nouveau-né4
Le premier traumatisme que l’enfant subit est l’accouchement. Le
crâne du bébé est malléable; afin de démarrer dans la vie avec un bon
rythme crânien, il doit être modelé en sortant du ventre de la maman.
Cependant, il peut y avoir lors de l’accouchement des contraintes
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4 Dʼaprès le décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 : les manipulations du crâne, de la face et du rachis chez le nourrisson de moins de six mois ne peuvent être pratiquées que sur autorisation médicale.
excessives qui vont transmettre au nourrisson ses premières lésions, à plus
forte raison lors de l’utilisation de forceps où de ventouses. Le bébé pourra
alors présenter des troubles du comportement (hyperactivité où apathie),
des troubles du sommeil, des troubles digestifs (régurgitation , ballonement)
des troubles de la succion, des troubles O.R.L. (otites, rhinite, sinusite), etc.
L’ostéopathe travaille principalement sur l’axe cranio-sacré et sur le
système digestif afin de rééquilibrer les tensions des différents tissus. C’est
un travail de modelage très doux et non douloureux. Un traitement
ostéopathique chez un nouveau-né est souvent très efficace, car le bébé n’a
pas encore de “vécu”. Il est donc plus facile de trouver et de corriger les
blocages.
Tout nouveau-né, même en l’absence de symptômes apparent mérite
une séance d’ostéopathie à titre préventif. C’est probablement le plus beau
cadeau que les parents puisse offrir à leur enfant pour sa naissance.
L’enfant et l’adolescent
Les indications ostéopathiques de l’enfant et de l’adolescent sont
souvent liées à sa croissance, aux modifications organiques des tissus qui
interviennent jusqu’à l’âge adulte.
Les plus courantes sont les suivantes : allergies, asthme, douleurs
abdominales, reflux gastriques, difficulté de concentration, d’apprentissage
et dyslexie, problème de croissance, scolioses, problèmes occulaires,
troubles du sommeil, difficultés auditives, problèmes locomoteurs,
traumatismes.
L’adulte
On pourrait considérer chez l’adulte que tout ce qui n’est pas une
contre-indication est une indication. Il faut cependant rester vigilant et ne
pas promettre à son patient de soigner l’impossible. Parmi ce qu’il est
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raisonnable de traiter où d'améliorer, voici une liste des motifs de
consultation fréquents.
- Douleurs rachidiennes : cervicalgie, torticoli, nevralgie cervico-brachiale,
lombalgie, lumbago, sciatique.
- Douleurs articulaire : arthrose, arthrite, tendinite.
- Traumatismes : séquelles d’entorse, de fracture, de luxation, d’accident de
voiture.
- Troubles du sommeil.
- Perte auditive, bourdonnement d’oreilles, maux de tête, migraines,
vertiges.
- Troubles O.R.L. : rhinite, otite, sinusite.
- Stress.
- Problèmes d’occlusion dentaire, de mâchoire.
- Troubles digestifs : reflux gastriques, douleurs, ballonnement, troubles du
transit.
- Problème gynécologique : règles douloureuses, stérilité.
- Troubles circulatoires.
- Troubles urinaires.
La personne âgée
A tout âge, notre corps subit des transformations Mais au fil des
années, les ligaments perdent de leur élasticité, les cartilages s'usent et
s'amincissent. Cette évolution naturelle peut occasionner des douleurs, voir
des difficultés motrices. le traitement des personnes âgées est donc celui
des adultes, en ajoutant une prise en charge plus ciblée sur les pathologies
dégénératives.
La femme enceinte
Le traitement de la femme enceinte a deux dominantes : l’une traite
les problèmes liés à la grossesse; l’autre est de préparer l’accouchement.
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La grossesse entraîne des modifications morphologiques chez la
femme. La prise de poids va modifier la posture et l’équilibre. Le corps, en
s’adaptant risque donc de déclencher des douleurs articulaires,
rachidiennes par exemple.
D’autre part, la grossesse provoque sur l’organisme des effets comme des
troubles digestifs, circulatoires, de l'anxiété où des troubles du sommeil, sur
lesquels l’ostéopathe pourra agir.
L’autre intérêt d’une prise en charge est de préparer le corps à
l’accouchement. Le nouveau-né doit traverser le bassin pour naître. Si celui-
ci est bloqué, l’accouchement risque d’être difficile et le bébé pourrait en
subir les conséquences.
Le sportif
Le corps est soumis à rude épreuve lors de la pratique d'un sport.
L'ostéopathie représente pour le sportif de haut niveau comme pour le
sportif amateur, un moyen efficace d'améliorer le rendement du geste sportif
(puissance, souplesse articulaire, capacité respiratoire) tout en augmentant
la récupération après l'effort.
Lors de traumatismes, l'efficacité du traitement ostéopathique permet
d'enrayer le processus d'aggravation de ceux-ci et de conserver l'équilibre
du corps pour pratiquer durablement une activité sportive.
Les animaux
Voici un cas particulier : l'ostéopathie canine et équine. Ces
ostéopathes ont reçu une formation spécialisée dans ce domaine. Ils
utilisent exactement les mêmes principes que nous avons étudiés.
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La prévention
L’ostéopathe est souvent consulté lorsque le patient est en crise.
Mais nous connaissons tous l’adage : “mieux vaut prévenir que guérir”.
Comme on va chez le dentiste une fois par an, il est recommandé de
consulter son ostéopathe régulièrement, à titre préventif, pour continuer à
être en bonne santé. La fréquence des consultations est à déterminer avec
le praticien en fonction des antécédents du patient.
L’ostéopathe ne travaille pas seul, il doit être intégré au système de
soins et travailler en complémentarité avec les médecins généralistes et
spécialistes, dentistes, podologues et kinésithérapeutes.
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CONCLUSION
Où en est l’ostéopathie aujourd’hui ?
Au commencement, A.T. Still a posé les fondements et les principes
de cette discipline. Ils peuvent paraître parfois presque mystiques, mais ils
restent aujourd’hui encore la base de l’ostéopathie actuelle.
Cependant, le progrès scientifique (la physiologie, l’anatomie, la
sémiologie, la biomécanique ) a participé à l’évolution de l’ostéopathie. Les
praticiens, grâce à leurs expèriences, leurs interrogations, leurs recherches
ont su faire évoluer cet art de soigner. Ainsi, on a vu apparaître le traitement
viscéral, le traitement crânien, des techniques neurales. L’ostéopathie ne
cesse d’évoluer et est donc différente de celle de A.T. Still, pour devenir de
plus en plus performante, afin d’offrir à nos patients les meilleurs soins, en
toute sécurité.
NON ! L’ostéopathe ne remet pas une vertèbre déplacée.
NON ! Manipuler une vertèbre cervicale ou un crâne de bébé n’est pas
dangereux.
Il faut simplement prendre certaines précautions et donc avoir suivi une
formation de qualité : CONSULTEZ UN OSTEOPATHE D.O. (Diplômé en
Ostéopathie)
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BIBLIOGRAPHIE
LIVRES
AMIGUES J.P. L’Ostéopathie. Fondements, techniques et applications.
Paris : Ellébore; 1998.
AUQUIER O., CORRIAT P. L’Ostéopathie, comment ça marche ? Paris :
Frison-Roche; 2000.
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Vannes : Sully; 2001.
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MEMOIRES :
Les ostéopathes D.O.M.R.O.F. dans le paysage ostéopathique français en
2001. Laurent MESSEGUER.
SITES INTERNET
Registre des Ostéopathes de France : http://www.osteopathie.org
Fabien CHASSE
Ostéopathe D.O.
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