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GUIDE DE L’OSTÉOPATHIE Fabien CHASSE Ostéopathe D.O. Diplômé du Conservatoire Supérieur Ostéopathique Français (Paris) Diplômé de l’European School of Osteopathy (Maidstone - G.B.) 7, rue Blanche - 75009 PARIS Tél : 01 48 74 58 66 1

guide de l'ostéopathie

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un guide pour tout comprendre sur l'ostéopathie

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Page 1: guide de l'ostéopathie

GUIDE DE

L’OSTÉOPATHIE

Fabien CHASSE

Ostéopathe D.O.

Diplômé du Conservatoire Supérieur Ostéopathique Français (Paris)

Diplômé de l’European School of Osteopathy (Maidstone - G.B.)

7, rue Blanche - 75009 PARIS

Tél : 01 48 74 58 66

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Page 2: guide de l'ostéopathie

« Il a fallu de nombreuses années pour préparer la terre à recevoir la

semence de cette science, comme cela a été le cas pour d’autres vérités qui

sont venues rendre service à l’humanité. » A.T. STILL.

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Page 3: guide de l'ostéopathie

SOMMAIRE

INTRODUCTION ......................................................................... 5

DECOUVRIR L’OSTEOPATHIE

1.L’HISTOIRE DE L’OSTEOPATHIE ............................................................... 7

1.1.LA NAISSANCE DE L’OSTEOPATHIE : Andrew Taylor STILL .................... 7

1.2.LES CONTINUATEURS ......................................................................... 11

William Garner SUTHERLAND ................................................... 11

John Martin LITTLEJOHN .......................................................... 12

1.3.L’HISTOIRE DE L’OSTEOPATHIE EN FRANCE ....................................... 14

2.L’OSTEOPATHIE : UNE PHILOSOPHIE, UNE SCIENCE, UN ART ........... 17

2.1.LA PHILOSOPHIE OSTEOPATHIQUE .................................................... 17

2.1.1.Les quatres principes .................................................................. 17

La structure gouverne la fonction ........................................... 18

L’unité du corps ..................................................................... 18

L’auto-guérison ...................................................................... 18

La loi de l’artère est absolue ................................................... 19

2.1.2.La lésion ostéopathique .............................................................. 19

2.2.L’OSTEOPATHIE : UNE SCIENCE .......................................................... 21

2.2.1.Système pariétal ......................................................................... 21

2.2.2.Système Crânio-sacré ................................................................ 21

2.2.3.Système viscéral.......................................................................... 24

2.2.4.Système fascial ........................................................................... 26

3

Page 4: guide de l'ostéopathie

2.3.L’ART OSTEOPATHIQUE : Techniques manuelles ......................... 26

2.3.1.Techniques structurelles pariétales ....................................... 28

2.3.2.Technique fasciale ............................................................... 28

2.3.3.Techniques viscérales .......................................................... 29

2.3.4.Techniques crâniennes ........................................................ 30

3.UNE SEANCE D’OSTEOPATHIE ............................................................. 32

3.1.L’ANAMNESE ....................................................................................... 32

3.2.TEST ET DIAGNOSTIQUE OSTEOPATHIQUE ....................................... 33

3.3.LE TRAITEMENT .................................................................................. 34

4.CHAMPS D’APPLICATION DE L’OSTEOPATHIE ..................................... 35

CONCLUSION ........................................................................... 40

BIBLIOGRAPHIE ....................................................................... 41

4

Page 5: guide de l'ostéopathie

INTRODUCTION

“Qu’est ce que l’ostéopathie ? Quelles différences avec la

kinésithérapie et la chiropratique ?”

Les gens ont entendu parler de l’ostéopathie, mais ils ne la connaissent pas

réellement.

Peu de gens, exceptés ceux qui consultent des ostéopathes, ont

conscience de ce qu’est réellement l’ostéopathie.

Le grand public ne connaît pas les principes ni les techniques

ostéopathiques, il ne sait pas quels maux l’ostéopathe soigne.

Plus grave, les gens ont de nombreuses d’idées reçues tel que “la

vertèbre se déplace, l’ostéopathe la remet”. Ce guide a donc pour ambition

d’informer sur l’ostéopathie, et de supprimer ce genre de malentendu afin

de donner envie de consulter.

Les professionnels de santé n’en savent parfois pas beaucoup plus à

notre sujet.

Nous sommes intégré à un système de soins qui nous connaît mal. Si

certains médecins déconseillent à leurs patients de nous fréquenter, c’est

souvent seulement par ignorance. Nous ne sommes ni des charlatans, ni

des rebouteux !

Je vais donc tenter de transmettre l’histoire, la philosophie, la science

et l’art ostéopathique. Expliquer comment se déroule une séance et ce que

l’ostéopathe apporte à ses patients.

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Page 6: guide de l'ostéopathie

« L’ostéopathie est l’art de diagnostiquer et de traiter, par la main, les

dysfonctions de la micro mobilité des tissus du corps, qui entraînent

des troubles fonctionnels pouvant perturber l’état de santé. »

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Page 7: guide de l'ostéopathie

DECOUVRIR L’OSTEOPATHIE

1. L’HISTOIRE DE L’OSTEOPATHIE

« On ne pratique bien la science que si l’on en connaît l’histoire. »

Auguste COMTE.

1.1. LA NAISSANCE DE L’OSTEOPATHIE

Le 22 juin 1874, Andew Taylor Still dit avoir soudainement pris

conscience qu’il est en train de développer une nouvelle approche médicale

qui deviendra l’ostéopathie.

« Comme l’éclat d’un soleil, une vérité frappa mon esprit : par l’étude, la

recherche et l’observation, j’approchai graduellement une science qui serait

un grand bienfait pour le monde. » A.T. STILL

L’ostéopathie est né.

Qui est Andew Taylor Still, père fondateur de l’ostéopathie ?

A.T. Still voit le jour le 6 août 1828 en Virginie.

Son père, Abraham Still est pasteur méthodiste1 et pratique la médecine. Sa

mère, Martha Moore, est également issue des assemblées méthodistes.

Le jeune Andrew reçoit une éducation sévère, reflet de la vie rude des

pionniers et de la rigueur de l’église méthodiste.

Solitaire, la nature est son domaine. Il chasse, explore, observe. Il

commence alors à lire dans « le Grand Livre de la nature ». En effet, pour Still

c’est en observant la nature qu’on comprend le fonctionnement de l’humain.

7

1 Mouvement religieux protestant fondé en Angleterre au XVIIIe siècle par John Wesley, afin de promouvoir le “réveil” de lʼEglise anglicane.

Page 8: guide de l'ostéopathie

Vers l’âge de 10 ans, Andrew, qui souffre régulièrement de maux de

tête, découvre probablement de manière fortuite qu’il peut améliorer son

état en posant sa nuque sur un oreiller lui-même posé sur une corde tendue

entre deux arbres à quelques centimètres du sol. Ce traitement original mais

efficace marque sans doute le début de tout l’intérêt que porte A.T. Still pour

la médecine. Il dira plus tard que cet événement fut sa première «

découverte ostéopathique ».

En 1853, Still rejoint son père dans le Kansas où il est nommé

missionnaire en territoire indien. Il reste 22 ans dans cette région et assiste

alors son père qui exerce la médecine auprès de la population indienne. A.T.

Still, l'élève apprenti de son père médecin, approfondit quotidiennement ses

connaissances médicales par de nombreuses lectures spécialisées.

Aucune loi ne régit alors la formation médicale aux Etats-Unis.

En 1859, Mary Vaughan sa première épouse décède. L’année

suivante, il épouse Mary E. Turner, une fille de l’Est qui lui donnera quatre

garçons et une fille.

Le 12 avril 1861, éclate la guerre de Sécession.

Still s’engage chez les fédéraux. Il joue un rôle actif tout au long de la

guerre, comme combattant mais également comme médecin et chirurgien.

En 1865, quatre membres de sa famille meurent au cours d’une

épidémie de méningite cérébro-spinale. Au-delà de sa souffrance

personnelle, il est traumatisé par l’incapacité des médecins à sauver ses

enfants.

« C’est lorsque je me tenais là, regardant fixement trois membres de ma

famille, tous morts de la méningite cérébro-spinale que je me posai les

sérieuses questions “avec la maladie Dieu a-t-il abandonné l’homme dans un

monde d’incertitude ? “ » A.T. STILL.

Il pense abandonner la médecine, mais finalement, cette épreuve sera

pour lui un puissant stimulant dans sa quête vers une autre médecine.

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Page 9: guide de l'ostéopathie

C’est en étudiant la médecine et la mécanique que Still émet l’idée d’une

relation entre l’anatomie du corps et son fonctionnement, ce qui pour

l’époque est révolutionnaire.

Au cours des années 1870, il réalise ses premières expérimentations

d’une autre médecine qui deviendra l’ostéopathie. Voici comment il raconte

avoir guéri un enfant atteint de dysentrie :

« Je pris le petit enfant malade, (...) je plaçai la main sur la région

lombaire du petit bonhomme que je portais, et la trouvai très chaude, même

brulante, alors que l’abdomen était froid. (...) Je trouvai étrange que le dos

fût si chaud et le ventre si froid ; le cou et l’arrière de la tête étaient

également très chaud et la face, le nez et tout l’avant de la tête froids. (...) Je

commençai à travailler à la base du cerveau en pensant qu’avec des

pressions et des frictions, je pourrais pousser un peu du chaud dans les

zones froides. En faisant cela, je trouvai des zones rigides et des zones

flasques dans les muscles et les ligaments tout le long de la colonne

vertébrale, alors que la région lombaire était dans une condition très

congestive. Je travaillai pendant plusieurs minutes avec cette philosophie, et

dis ensuite à la maman de revenir le lendemain ; si je pouvais faire quoi que

ce soit de plus pour son garçon, je le ferais volontiers. Elle revint le

lendemain matin m’annonçant que l’enfant allait bien. » A.T. STILL.

C’est le 22 juin 1874 à 10 heures que Still dit avoir soudainement pris

conscience qu’il est en train de développer une nouvelle approche médicale

qui deviendra l’ostéopathie.

En 1878, il s’installe à Kirksville dans le Missouri et jusque vers 1885,

exerce l’ostéopathie de manière itinérante. Ses succès thérapeutiques lui

font acquérir une renommée dépassant les états du Missouri et du Kansas.

Il découvre les énormes ressources de son invention et traite beaucoup de

maladies.

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Page 10: guide de l'ostéopathie

Vers la fin des années 1880, il forme ses propres enfants à

l’ostéopathie et fonde en 1892 la première école : “ L’American School of

Osteopathy” à Kirksville.

Il prouve ainsi que l’art ostéopathique est un art transmissible et non un don

particulier.

En 1914, alors qu’il est toujours actif dans la défense de

l’ostéopathie, le maître est atteint d’un ictus ; il meurt à 90 ans le 12

décembre 1917.

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Page 11: guide de l'ostéopathie

1.2. LES CONTINUATEURS

1.2.1. William Garner SUTHERLAND (1873 - 1954)

Le docteur Sutherland est un élève de Still. Il est à l’origine d’une

découverte fondamentale pour l’ostéopathie qu’il appellera « cranial rytmic

impulse » , en français : le Mouvement Respiratoire Primaire (M.R.P.).

W.G. Sutherland ne se destinait ni à la médecine, ni à l’ostéopathie.

Journaliste dans le Minnesota, c’est sa curiosité qui le mène en 1898 au

collège de Kirksville pour se former à l’ostéopathie. Il est tellement

impressionné par ce qu’il découvre, aussi bien au niveau de la technique

ostéopathique, qu’au niveau des résultats constatés, qu’il décide

d’abandonner le métier de journaliste pour devenir ostéopathe.

Sutherland est un observateur, passionné par cette “boule” qu’est le

crâne. Il est particulièrement intrigué par ses sutures, il s’interroge sur leur

rôle et se demande pourquoi certaines d’entre elles sont en forme de

biseau ? Il émet alors l’hypothèse que les os du crâne puissent glisser les

unes sur les autres.

Ne trouvant aucune réponse sur le rôle des sutures dans les livres

d’anatomie, il décide de désarticuler un crâne. Après de nombreuses

manipulations, il trouve la solution : il faut commencer par désarticuler l’os

temporal, clefs de la structure du crâne. Il le surnommera : « le grand fauteur

de trouble ».

L’étude du crâne et ses sutures amène Sutherland à comprendre qu’il

existe un mouvement, faible, des os du crâne, perceptible par une main

entraînée. Ce mouvement d’environ 10 à 12 mouvements par minute est

indépendant des rythmes cardiaques et respiratoires. Afin d’étudier le rôle

de ce mouvement, Sutherland va essayer de le bloquer.

11

Page 12: guide de l'ostéopathie

Pour cela, il fabrique un casque qui comprime son crâne et le porte

plusieurs jours. Les symptômes ne tardent pas à apparaître : trouble de la

vue, vertiges, céphalées, irritabilité. Il enlève alors son casque et tente de

libérer les sutures qu’il a volontairement comprimées. Il exerce de tout petits

mouvements pour désencastrer les os les uns des autres : le soulagement

est immédiat.

Peu à peu, il développe une compréhension et un modèle mécanique.

L’approche crânienne envisage notamment le crâne comme plusieurs

vertèbres qui se sont modifiées au cours de l’évolution pour protéger le

système nerveux central se développant vers le haut à partir de la moelle

épinière. Elle conduit donc l’ostéopathie à ne plus considérer séparément

crâne et colonne vertébrale, mais à les voir fonctionnant comme un

ensemble.

Après avoir rencontré beaucoup de scepticisme de la part de ses

confrères, il parvint à faire accepter le modèle d’ostéopathie crânienne dans

les années 1940.

W.G. Sutherland meurt le 23 septembre 1954 à l’âge de 82 ans,

laissant un concept qui, aujourd’hui encore, peut sembler révolutionnaire. Il

n’y a pas encore à ce jour d’études scientifiques qui valident entièrement

l’existence du M.R.P., mais l’application journalière qui en est faite de par le

monde montre l’efficacité incontestable de cette approche et l’énorme

contribution qu’elle apporte à l’ostéopathie.

1.2.2. John Martin LITTLEJOHN

D'origine écossaise, Littlejohn reçoit une formation universitaire dans

les domaines de la théologie, des lettres et de la médecine. Il émigre aux

USA en 1892 et y termine ses études de médecine. Il vient consulter A. T.

Still à Kirksville en 1892 pour des problèmes de santé chroniques et il est

tellement émerveillé par le concept et la technique ostéopathiques, qu'il

décide de devenir ostéopathe.12

Page 13: guide de l'ostéopathie

Il suit la formation au collège de Kirksville, tout en y donnant des

cours de physiologie. Passionné de science, il se heurte bientôt à Still, que

les expériences douloureuses passées avec la médecine de son temps

rendent très réticent à intégrer les progrès de la médecine scientifique

naissante.

En 1913, il rentre en Europe et s'installe en Angleterre, projetant d'y

créer une école d'ostéopathie. A cause de la Première Guerre Mondiale, ce

projet ne prend forme qu'en 1917, avec la création de la British School of

Osteopathy (BSO). Cette école est l'origine de tout un courant

ostéopathique européen.

John Littlejohn a poursuivi l'œuvre de Still, utilisant les éléments

apportés par le développement des sciences de base de la santé et de la

médecine scientifique. Il a beaucoup insisté sur la relation de l'organisme

vivant avec son milieu, affirmant que la santé est essentiellement la

conséquence de l'harmonie de cette relation.

Il a particulièrement étudié les relations existant entre les différents

niveaux de la colonne vertébrale et les organes du corps, ainsi que

l'adaptation de l'homme à la verticalité.

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Page 14: guide de l'ostéopathie

1.3. L’OSTEOPATHIE EN FRANCE

Un des premiers propagateurs de l’ostéopathie en France est le

docteur Robert Lavezzari. Il a été formé à l’ostéopathie par le Dr Florence

Gair, élève de Still, et s’est installé à Paris en 1936. En 1950, il fonde la

Société Française d’Ostéopathie qui existe toujours. Société de médecins,

elle cantonne la doctrine à la pratique vertébrothérapique, c’est à dire de

manipulations vertébrales.

C’est en 1957 que Paul Geny, kinésithérapeute, formé à la British

School of Osteopathy, et l’anglais Thomas Dummer, fondent l’Ecole

Française d’Osteopathie, à Paris.

En 1965, pour des raisons juridiques dûes à la pression de l’ordre des

médecins, l’école doit s’expatrier à Maidstone en Angleterre et devient :

European School of Osteopathy.

C’est dans ce collège que les premiers ostéopathes français ont été formés.

Pour y entrer, il fallait être parrainé par deux anciens, et un interrogatoire sur

les motivations profondes sélectionnait les futures ostéopathes.

C’est à Paris, en 1964 que le premier séminaire d’ostéopathie

crânienne est dispensé par trois américains, élève de Sutherland : Harold

Magoun, Viola Frymann et Thomas Schooley.

En 1973, Paul Chauffour est à l’origine de la première structure qui a

pour but de réglementer la profession en France : l’A.F.D.O. (Association

Française de Défense de l’Ostéopathie)

Depuis, la profession ne cesse de s’organiser autour de syndicats,

d’association et de collèges d’enseignement, en vue d’une reconnaissance.

En effet, au vue de la loi, l’ostéopathie est un exercice illégal de la médecine.

En l’absence d’Ordre, une association « veille au maintien, des

principes de moralité, de probité, de compétence et de dévouement

indispensables à l’exercice de l’ostéopathie » : c’est le Registre des

14

Page 15: guide de l'ostéopathie

Ostéopathes Français (R.O.F.) créé le 23 avril 1981 par R. Perronneaud-

Ferre.

Il faudra attendre le 4 mars 2002 pour voir apparaître au Journal

Officiel la loi n°2002-303 autorisant la pratique de l’ostéopathie en France : «

L'usage professionnel du titre d'ostéopathe ou de chiropracteur est réservé

aux personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant une formation spécifique

à l'ostéopathie ou à la chiropraxie délivrée par un établissement de formation

agréé par le ministre chargé de la santé dans des conditions fixées par

décret. Le programme et la durée des études préparatoires et des épreuves

après lesquelles peut être délivré ce diplôme sont fixés par voie

réglementaire »

Les décrets seront publiés le 25 mars 2007 :

Décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et conditions

d'exercice de l'ostéopathie.

Décret n° 2007-437 du 25 mars 2007 relatif à la formation des ostéopathes

et à l'agrément des établissements de formation.

Ils définissent ainsi pour la première fois le champ de compétence des

ostéopathes :

• L’ostéopathe est habilité à pratiquer des actes de manipulations et

mobilisations non instrumentales directes et indirectes non-forcées.

Ces manipulations sont exclusivement manuelles et externes

(musculo-squelettiques et myo-faciales). Elles sont réalisées dans les

limites physiologiques de l'articulation.

• Le décret définit également les actes interdits et ceux qui ne peuvent

être pratiqués que sur prescription médicale, notamment les

manipulations du rachis cervical et les manipulations du nourrisson.

Les textes précisent le contenu de la formation :

15

Page 16: guide de l'ostéopathie

• La durée de la formation - 2030 heures au minimum - et son contenu

théorique et pratique garantissent la formation nécessaire à la prise

en charge en sécurité des patients.

• La formation sera dispensée dans des écoles de formation agréées

par l’Etat. Cet agrément sera réexaminé tous les quatre ans.

• Elle peut être faite en complément d’une formation initiale de

p ro fess ionne ls de san té , médec ins ou de masseurs-

kinésithérapeutes, ou sans formation préalable.

• Les professionnels de santé bénéficieront d'une formation en

ostéopathie équivalente qui tiendra compte de la partie théorique des

sciences fondamentales et biologiques déjà incluses dans leur cursus

de formation.

Il y a donc deux façons de se former à l’ostéopathie : soit à temps

plein après le baccalauréat, soit en formation continue pour les titulaires

d’un diplôme de médecin où de masseur - kinésithérapeute.

Ils prévoient également pour les ostéopathes déjà en exercice, que

des commissions spécifiques, composées de médecins, masseurs-

kinésithérapeutes et ostéopathes désignés par leurs organisations

représentatives, délivreront une équivalence du titre au vu de leur formation

initiale et de leur expérience.

16

Page 17: guide de l'ostéopathie

2. L’OSTEOPATHIE : UNE PHILOSOPHIE, UNE SCIENCE ET

UN ART.

«Vous vous demandez ce qu'est l'ostéopathie ; vous regardez dans le

Dictionnaire médical et trouvez comme définition : «maladie des os.» C'est

une grave erreur. Ostéopathie est composé de deux mots, osteon, signifiant

'os', et pathos, pathein, 'souffrir'. Elle présume que l'os Osteon est le point

de départ à partir duquel j'ai établi la cause de conditions pathologiques,

puis j'ai combiné osteo avec pathie d'où a résulté ostéopathie.» A.T. STILL.

2.1. LA PHILOSOPHIE OSTEOPATHIQUE

Philosophie (n.f.) : 1Etude des principes fondamentaux d’une activité,

d’une pratique. 2Conception de quelque chose fondée sur un ensemble de

principes; l’ensemble de ses principes. (Larousse)

2.1.1. Les quatres principes

Ces principes constituent les piliers sur lesquels A.T. STILL a bâti

l’ostéopathie. Aujourd’hui encore, ces principes sont toujours d’actualité

pour chacun des ostéopathes.

Même si tous les mécanismes d’action n’ont pas encore été élucidés,

l'expérience de milliers de praticiens ayant traité des millions de patients,

apporte la preuve de sa raison d’être et de son utilité pour la santé publique.

17

Page 18: guide de l'ostéopathie

La structure gouverne la fonction.

La structure est représentée par les différentes parties du corps

humain : os, muscles, organes, glandes, peau, etc.

La fonction désigne l’activité de chacune de ces parties : la marche, la

fonction digestive, la respiration, etc.

Si toutes les pièces de la structure sont bien ajustées, l’ensemble fonctionne

correctement. Si une seule des parties du corps est perturbée dans sa

structure : des manifestations secondaires apparaissent : c’est la maladie.

« Là où la structure est normale et harmonieuse, la maladie ne peut se

développer ». A.T. STILL.

L’unité du corps.

L’ostéopathie est une vision holistique2 de l’être humain, c’est à dire

que l’ostéopathe prend en compte la globalité de l’individu : corps,

mouvement, esprit.

Le corps humain possède un système qui lui permet de maintenir un

équilibre, l’homéostasie, en cas de survenue d’une perturbation physique,

mentale où chimique.

Pour maintenir cet équilibre, un phénomène de compensation se met en

place entre les différentes parties du corps, qui sont en interrelation.

« Le coeur du mal peut être loin de son effet » A.T. STILL.

L’autoguérison.

Le corps possède en lui toutes les ressources pour se soigner, à

condition que les pathologies n’atteignent pas un stade irréversible.

« Je crois que la mécanique humaine est la pharmacie de Dieu et que tous

les remèdes de la nature sont dans le corps » A.T. STILL.

18

2 Tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont supérieurs à la somme de leurs parties, au travers de l'évolution créatrice.

Page 19: guide de l'ostéopathie

La règle de l’artère est absolue.

Là où la circulation sanguine s’effectue normalement, la maladie ne

peut se développer. Le sang transporte les éléments nécessaires pour

assurer l’immunité et lutter contre les maladies. A l’inverse, la maladie

s’installe dans les zones mal irriguées.

Par extension, cette règle s’applique à tous les fluides du corps comme la

lymphe où le Liquide Céphalo-Rachidien (L.C.R.).

« Dites moi où est ralenti le flux sanguin et je vous dirai où commence la

maladie » A.T. STILL.

2.1.2. La lésion ostéopathique

La lésion ostéopathique n’est pas une lésion tel qu’on peut l’entendre

au sens d’une modification organique d’une structure. L’ostéopathe

recherche dans le corps les déficits de mobilité des tissus. Une lésion, en

ostéopathie, est donc une perte de mouvement diagnostiqué grâce à un test

de mobilité. Ce déficit de mobilité peut se situer sur une articulation, entre

deux vertèbres par exemple. On peut également la trouver sur un viscère

comme l’estomac où encore au crâne.

Une lésion est donc une perte de mobilité et non un déplacement.

Cette perte de mobilité est au coeur de la médecine ostéopathique.

Une consultation d’ostéopathie vise à rétablir chez le patient un

désequilibre. Pour cela, l’ostéopathe cherche les restrictions de mobilité et

les corrige. Grâce à ces corrections, le corps se réajuste tout seul.

« Trouvez la lésion ostéopathique, réparez-là et laisser faire le reste » A.T.

STILL

Il existe des lésions dites primaires, à l’origine de la douleur qui force

le patient à consulter, et des lésions dites secondaire qui sont des

19

Page 20: guide de l'ostéopathie

compensations. Tout l’art du diagnostique ostéopathique consiste à trouver

la cause, et d’établir le schéma lésionnel du patient.

Il peut exister plusieurs lésions primaires, entraînant chacune des

chaînes lésionnelles différentes, et donc des symptômes différents, mais

pouvant interagir ensemble. D’où la difficulté à établir un diagnostique

ostéopathique.

20

Page 21: guide de l'ostéopathie

2.2. L’OSTEOPATHIE : UNE SCIENCE

Science (n.f.) : 1. Ensemble cohérent de connaissances relatives à

certaines catégories de faits, d’objets ou de phénomènes obéissant à des

lois et vérifiées par les méthodes expérimentales.

2. Manière habile de mettre en oeuvre, dans une technique, des

connaissances acquises. (Larousse)

La science ostéopathique est constituée de trois systèmes - pariétal,

cranio-sacré et viscéral - qui correspondent aux trois zones anatomiques du

corps. Toutes les parties de l’organisme sont indisociablement liées, mais on

peut considérer certaines zones comme des sous-ensemble afin d’en

faciliter l’étude.

2.2.1. Le système pariétal

Le système pariétal désigne le système de soutien du corps humain.

Il regroupe les os, les muscles, les articulations, les ligaments. C’est la

charpente et le moteur de l’organisme : il assure stabilité et mobilité.

L’ostéopathe va agir soit sur les articulations pour leur restituer leurs

mobilités, soit sur les muscles pour lever un spasme.

2.2.2. Le système Cranio-sacré

La théorie crânienne fut découverte par W.G. Sutherland, que nous

avons étudiée dans le chapitre sur l’histoire de l’ostéopathie. Nous avons

donc déjà vu que, selon lui, les os du crâne sont animés d’un mouvement.

Nous allons étudier ici plus en détail ce Mécanisme Respiratoire Primaire

(M.R.P.) Il est composé de cinq principes :

21

Page 22: guide de l'ostéopathie

La motilité inhérente du cerveau et de la moelle épinière

Ce sont des pulsations rythmiques des cellules nerveuses qui se

contractent et se dilatent. L’origine de cette palpitation cellulaire est mal

définie. Elle serait liée au rythme cardiaque, pulmonaire, des ondes

électromagnétiques de la terre et peut-être embryologique. (explication au

chapitre viscéral). Il y a donc un mouvement propre au tissu nerveux.

La fluctuation du liquide céphalo-rachidien

Il ne s’agit pas d’une circulation mais bien d’une fluctuation qui, à

l’image du ressac des vagues, baigne le système nerveux central. C’est la

motilité des cellules nerveuses qui en est le moteur. Sutherland compare le

L.C.R. au “jus dans la batterie”.

Les tensions réciproques des membranes

Ces membranes sont intra-crâniennes (faux du cerveau, faux du

cervelet et tente du cervelet) et intra-rachidiennes (dure-mère). Elles sont

souples mais inextensibles. Elles permettent de transmettre et d’équilibrer

les forces que la motilité des cellules nerveuses et la fluctuation du L.C.R.

impriment aux os du crâne et au sacrum.

Le mouvement des os du crâne

Ce mouvement est donc la conséquence d'un rythme interne créé par

le concours des pulsations du cerveau (les impulsions rythmiques

crâniennes), de la fluctuation du L.C.R. et des tensions réciproques des

membranes. Ce mouvement des os crâniens, palpable par une main

entraînée, est appelé "Flexion - Extension" au niveau des os impairs et

"Rotation externe - rotation interne” pour tous les autres os du corps.

22

Page 23: guide de l'ostéopathie

Le mouvement du sacrum entre les deux os iliaques

Le crâne et le sacrum sont reliés par une des membranes de tension :

la dure-mère. Celle-ci s’attache au crâne sur l’occiput, et au bassin sur le

sacrum. Le mouvement du crâne est transmis par l'intermédiaire de la dure-

mère jusqu’au sacrum qui est donc animé du même mouvement.

Mouvement Respiratoire Primaire (H.I. MAGOUN)

23

Page 24: guide de l'ostéopathie

En résumé, le mouvement respiratoire primaire mobilise de façon

rythmique et synchrone le crâne et le sacrum. Si un blocage intervient, il

pourra y avoir des manifestations locales tels que maux de tête, troubles du

sommeil, vertiges, etc. Toutes les parties du corps étant inter-dépendante, le

M.R.P. est transmis à l’ensemble du corps; un blocage cranio-sacré pourra

alors avoir des manifestations à distance comme des troubles digestifs, des

douleurs rachidiennes, etc.

L’ostéopathe va donc évaluer le rythme, l’amplitude et la force du

M.R.P. et rechercher des blocages au niveau des os.

Il existe un cas particulier : le whiplash. C’est un asynchronisme entre

le crâne et le sacrum provoqué par un traumatisme important comme un

coup du lapin. C’est à traiter en priorité en ostéopathie tant les

conséquences peuvent être graves sur l’organisme.

2.2.3. Le système Viscéral

Le système viscéral est constitué des organes contenus dans le

thorax (système cardio-respiratoire), l’abdomen (système digestif) et le petit

bassin (système urinaire et génital). Comme chacune des structures du

corps, ces viscères sont animées d’un mouvement.

On peut distinguer deux sortes de mouvement : des mouvements de

grandes amplitudes (la mobilité) et des mouvements de plus petites

amplitudes (la motilité)

Le muscle respiratoire, qui sépare la cage thoracique de l’abdomen

s’appelle le diaphragme. En se contractant et en se relâchant il fait un

mouvement de piston qui mobilise les viscères. D’autre part, les organes

subissent l’influence du rythme cardiaque et du peristaltisme de certains

organes.

24

Page 25: guide de l'ostéopathie

Ces mouvements vont mobiliser les viscères entre eux. Entre deux

viscères, on parle d’articulation viscérale.

La motilité du viscère est un mouvement plus lent, de très faible

amplitude, qui est propre à l’organe : il se mobilise par ses propres moyens.

Il n’est perceptible que par une main entraînée.

Il existe deux théories pour tenter d’expliquer ce mouvement :

- la théorie crânienne :

Nous avons vu dans la théorie cranio-sacré que le M.R.P. agit comme

une pompe qui permet la fluctuation du liquide céphalo-rachidien et qui

imprime un mouvement du crâne jusqu’au sacrum. Ce mouvement se

propage ensuite dans l’ensemble du corps : sur le système musculo-

squelettique et les viscères.

- la théorie embryologique :

Durant la vie embryonnaire, l’oeuf fécondé subit des modifications

pour aboutir à un être, constitué de milliard de cellules. Ces cellules se

développent et s’organisent dans un ordre bien défini dans l’espace et dans

le temps. Chaque organe, pour prendre la place qui est la sienne, va subir

un déplacement, un mouvement. La théorie embryologique consiste à dire

que le viscère garde en mémoire ce mouvement, et fluctue de part et d’autre

de sa position : c’est sa motilité. Cette théorie ouvre sur le concept de

mémoire cellulaire.

« Seuls les tissus savent » Rollin Becker.

25

Page 26: guide de l'ostéopathie

2.2.4. Le système fascial

Toutes les structures du corps sont enveloppées dans un tissu

conjonctif3 appelé fascia. Ce fascia est présent de façon ininterrompue dans

tout le corps : de la tête aux pieds et de la superficie à la profondeur. Il a un

rôle de protection et de soutien des structures, et fait communiquer les

différentes parties du corps entre-elles. Ces interdépendances expliquent

qu'un traumatisme subi à un endroit du corps ait des répercussions à

d'autres endroits. Le fascia est un tissu très réactif qui peut garder pendant

des années en mémoire les stress et chocs subis. Tout traumatisme

physique, psychologique, ou biologique rétracte le fascia, et perturbe

l'équilibre de l'organisme.

Ces fascias sont présents au niveau pariétal (aponévroses

musculaires), au niveau crânien (membranes intra-crânienne et dure-mère)

et au niveau viscéral (plèvre, péritoine), mettant donc les trois systèmes en

relation.

Ce tissu conjonctif abrite les systèmes d’alimentation en nutriments

et d’évacuation des déchets, les vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi

que les nerfs.

2.3. L’ART OSTEOPATHIQUE : Techniques manuelles

Art (n.m.) : 1. Aptitude, habileté à faire quelque chose. 2. Ensemble

des moyens, des procédés, des règles intéressant une activité, une

profession; activité, conduite considérée comme un ensemble de règle à

observer. (Larousse)

26

3 Les tissus conjonctifs constituent la majorité de la masse du corps des organismes évolués. Ils sont impliqués dans les fonctions de soutien, de protection, de mouvement, de réponse immunitaire et de croissance.

Page 27: guide de l'ostéopathie

Il existe deux types de techniques en ostéopathie : les techniques

structurelles directes et les techniques fonctionnelles indirectes.

Nous allons faire une analogie avec une fenêtre pour comprendre le

fonctionnement de ces deux techniques.

Imaginons une fenêtre ancienne qui est ouverte et qui refuse de se fermer,

elle est bloquée dans les derniers degrés avant sa fermeture. Elle est en

“lésion d’ouverture”.

Pour la fermer nous avons deux possibilités. Première possibilité : on force

directement la fermeture; deuxième possibilité, on ouvre la fenêtre en grand,

puis on la referme.

Comparons maintenant cette fenêtre à une articulation. La première

possibilité est une technique directe car on va directement dans le sens où

l’articulation ne veut pas aller : c’est une technique structurelle. Dans la

deuxième possibilité, on va d’abord dans le sens ou l’articulation veut bien

aller, puis on retourne dans l’autre sens : c’est indirecte. C’est une technique

fonctionnelle.

Voyons quelque unes des techniques les plus utilisées.

27

Page 28: guide de l'ostéopathie

2.3.1. Techniques structurelles pariétales

Traitement Général Ostéopathique (T.G.O.) :

Le T.G.O. est à la fois un test de mobilité et un traitement qui permet

d’aborder toutes les articulations du corps en les mobilisant de façon douce

et rythmé.

Manipulation structurelle : le thrust.

C’est une technique qui s’adresse aux articulations et qui corrige le

déficit de mobilité de façon directe, avec une haute vélocité et une faible

amplitude. Cette technique, extrêmement douce et non douloureuse ne

dépasse pas la limite physiologique articulaire et peut être accompagné

d’un craquement. Lorsqu’un ostéopathe normalise une vertèbre il ne la

remet pas en place : il l’a débloque. C’est la rapidité de la technique qui, par

réflexe, va relâcher le muscle qui maintient le blocage articulaire.

Technique d’énergie musculaires :

Cette technique utilise la participation musculaire du patient pour

normaliser l’articulation. Le praticien place le patient en position de

correction et lui demande une contraction contre résistance. A chaque

contraction succède une relaxation musculaire réflexe que l’ostéopathe

utilise pour corriger la lésion.

2.3.2. Techniques fasciales

Le praticien place ses mains sur les tissus en projetant sa pression

jusqu’au fascia. Il perçoit alors un mouvement qui fluctue autour d’une zone,

signant la présence d’une lésion. Après quelques instants le mouvement

s’arrête, ce silence tissulaire est appelé “Stillpoint”. Ensuite, le mouvement

28

Page 29: guide de l'ostéopathie

repart, en rythme avec le M.R.P. : la technique est terminée, le fascia

rééquilibré.

Ce type de technique peut paraitre étrange pour le patient où pour un

spectateur car on ne voit aucun mouvement des mains de l’ostéopathe. ce

mouvement que l’on décrit n’est perceptible que par le thérapeute. Ce n’est

donc ni du magnétisme ni tout autre pratique discutable, c’est simplement

un mouvement de très petite amplitude comme la motilité crânienne où

viscérale.

2.3.3. Techniques viscérales

Une fixation viscérale est le fait pour un organe de perdre sa faculté

de bouger. Cette fixation peut se situer au niveau de l’articulation viscérale :

on parle d’adhérence entre les viscères. Elle peut se situer au niveau du

ligament : on parle de ptôse. Elle peut, enfin, se situer au niveau d’un

sphincter : on parle de viscéro-spasme.

Pour toutes ces fixations, l’ostéopathe utilisera des techniques directes.

Lorsque l’organe est adhérent ou ptôsé, il le contacte directement pour lui

restituer sa mobilité. Sur le viscéro-spasme il pose ses doigts sur le

sphincter afin de l’inhiber.

Pour agir sur la motilité de l’organe, on utilise des techniques

d’induction. L’ostéopathe contacte l’organe puis “écoute”, pour percevoir

cette motilité. Si le mouvement est restreint, le thérapeute va induire à

l’organe un mouvement dans le sens de la correction jusqu’a ce que

l’organe cède, et retrouve ainsi toute son mouvement.

29

Page 30: guide de l'ostéopathie

2.3.4. Techniques crâniennes

Techniques de sutures

Les sutures sont les articulations entre les os du crâne. Lorsque

l’ostéopathe test et trouve un déficit de mobilité au niveau d’une de ces

sutures, il doit la normaliser. Pour cela il contacte les os et les mobilise

directement ou indirectement vers la correction.

Techniques de membranes

Les membranes étant des fascias, l’ostéopathe utilise les même

techniques, vu précédemment.

Techniques globales

Il existe au crâne des techniques particulières, qui ont une action sur

l’ensemble du corps. C’est le cas du “roulement des temporaux” qui peut

relaxer où stimuler l’ensemble du corps. C’est également le cas de la

“compression du quatrième ventricule” qui rééquilibre globalement le corps.

D’autres techniques au crâne sont particulières comme le “drainage

des sinus veineux” qui permet d’améliorer la circulation sanguine au niveau

du crâne. Ce type de traitement est très indiqué dans le traitement des

céphalées par exemple.

Parmi les techniques globales ont peut également citer les techniques

de resynchronisation de la balance cranio-sacré.

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Page 31: guide de l'ostéopathie

Il existe encore de nombreuses techniques s’adressant à différents

types de tissus. Ainsi, l’ostéopathe pourra travailler sur les nerfs, les

ligaments, les muscles. Certains utilisent des points réflexes. Les techniques

ne cessent d’évoluer grâce au travail quotidien des ostéopathes.

31

Page 32: guide de l'ostéopathie

3. UNE SEANCE D’OSTEOPATHIE

Une séance d’ostéopathie se déroule toujours à peu de choses près

de la même façon. Tout d’abord, le thérapeute fait connaissance avec son

patient : c’est le temps de l’anamnèse. Ensuite, il observe, palpe, teste son

patient de façon à établir un diagnostique. C’est seulement lorsque le

diagnostique ostéopathique est posé que le traitement peu commencé.

3.1. L’ANAMNESE

C’est un interrogatoire, le thérapeute pose à son patient toutes les

questions qui lui semblent nécessaires pour comprendre son motif de

consultation, généralement une douleur. Il commence alors le travail

d’investigation pour déterminer comment le problème s’est installé au fil du

temps. Voici quelques questions posées fréquemment :

- Renseignements administratifs : Nom, Prénom, date de naissance, etc.

- Profession.

- Motif de consultation, caractéristiques de la douleur.

- Traitement, examens complémentaires en rapport.

- Antécédents : médicaux, chirurgicaux, traumatiques, familiaux

- Hygiène de vie : sport, alimentation, tabac, fatigue.

- Problèmes de : maux de tête, O.R.L., ophtalmologique, dentaire.

- Problèmes : cardio-respiratoire, digestifs, urinaires, gynécologique.

Ces questions varient bien entendu en fonction de la plainte du

patient. A l’issu de l’anamnèse, l'ostéopathe a déjà une idée sur la cause

des symptomes. Il va maintenant confirmer et poursuivre son enquête par

des tests.

32

Page 33: guide de l'ostéopathie

3.2. TEST ET DIAGNOSTIQUE OSTEOPATHIQUE

Avant de tester, le thérapeute commence par observer son patient. Il

pourra déjà noter certains déséquilibres, comme un bassin tordu, où

certaines zones en souffrance. Par exemple, une zone pâle évoque un

problème chronique, tandis qu’une zone rouge et chaude évoque davantage

un problème inflammatoire, plus récent.

Après l’observation, le thérapeute met les mains sur son patient. Il va

alors effectuer des tests, dans un ordre bien hiérarchisé. Tout d’abord des

tests médicaux afin d’évaluer si la plainte du patient est en adéquation avec

un traitement ostéopathique. Si ce n’est pas le cas, le thérapeute redirige

son patient vers son médecin. Ensuite, il pratique des tests d’exclusion, afin

de déterminer si certaines techniques ne sont pas contre-indiquées. Sur les

vertèbres cervicales, par exemple, ces tests vont assurer à l’ostéopathe qu’il

peut pratiquer une technique de thrust sans risque.

Enfin, Le thérapeute procède à des tests ostéopathiques afin de

déterminer où se trouvent les restrictions de mobilité du patient. Certains

tests évaluent le patient dans sa globalité, d’autres sont plus spécifiques :

articulaires, musculaires, crâniens, viscérales, fascials, neurales,etc. A l’issu

de ces tests, l’ostéopathe détermine une chaîne lésionnelle, c’est à dire une

série de lésions qui vont d’un endroit à un autre dans le corps et qui est

responsable de la plainte du patient. Noter que la localisation de la douleur

et la localisation de la chaîne lésionnelle peuvent être tout à fait différentes.

L’ostéopathe a alors posé son diagnostique ostéopathique.

33

Page 34: guide de l'ostéopathie

3.3. TRAITEMENT

Lorsque l’ostéopathe a posé son diagnostique, il doit normaliser les

tissus en restriction de mobilité, en remontant la chaîne lésionnelle à partir

de la lésion supposée primaire.

Il utilise alors les techniques vu précédemment en fonction de la

structure à corriger, du patient,d’éventuelles contre-indication et des

affinités de l’ostéopathe avec certains types de techniques.

En fin de traitement, le thérapeute teste de nouveau son patient pour

observer les modifications. Le traitement n’est terminé que si le patient à

recouvrer un équilibre satisfaisant..Il faut parfois plusieurs séances pour

répondre entièrement à la demande du patient. Malheureusement, dans

certains cas, le thérapeute ne parvient pas à répondre à cette demande.

L’échec ne tient pas forcément à la compétence diagnostique et technique

de l’ostéopathe. Cela peur résulter d’autres facteurs : Il ne faut pas oublier

qu’une séance d’ostéopathie est avant tout une relation humaine entre deux

individus, parfois, il n’y a pas d’affinité. En effet,on sait que dans une relation

thérapeutique, la confiance que le patient porte dans le thérapeute, y est

pour beaucoup dans la guérison.

Soyons humble, un ostéopathe ne guérit pas : il ne fait qu’informer les

tissus de son patient, lequel met en jeu un processus d’auto-guerison.

A la fin du traitement, l’ostéopathe se doit de prévenir son patient que

certaines douleurs peuvent augmenter quelques jours après le traitement,

dû à la rééquilibration du corps qui se poursuit jusqu’à un état stable.

Ensuite, si nécessaire, l’ostéopathe donne des conseils d’hygiène de

vie à son patient. Ils vont concerner son alimentation, son hydratation, son

exercice physique. etc.

34

Page 35: guide de l'ostéopathie

4. CHAMPS D’APPLICATION ET LIMITES

Toutes les pathologies ne sont pas accessibles aux possibilités de

l'Ostéopathie. Elle ne propose pas de guérir les maladies dégénératives

(cancer, sida, sclérose en plaque, parkinson, etc...), les maladies génétiques

(mucoviscidose, myopathie, etc...) pas plus que les maladies infectieuses ou

les fractures.

Cependant, même si l'ostéopathie ne peut avoir d'action sur ces

affections, elle peut avoir une action sur les conséquences, en particulier la

douleur, par libération des tensions des structures environnantes. Dès lors,

l'ostéopathie ne sera plus une thérapie curative mais une thérapie palliative

complémentaire qu'il ne faut pas négliger.

L'Ostéopathie trouve donc ses limites devant :

- la gravité de la maladie

- les pathologies organiques

- Les états infectieux ou inflammatoires majeurs.

Un ostéopathe, au même titre qu’un homéopathe ou un acupuncteur,

traite un patient et non un symptôme. Dans cette mesure, il est plus aisé

d’étudier “qui” l’ostéopathe soigne, plutôt que “quoi”. La réponse est

simple : tout le monde. Nous allons maintenant établir une liste, non

exhaustive, des symptômes les plus fréquemment rencontrés dans un

cabinet d’ostéopathie, en fonction des patients.

Le nouveau-né4

Le premier traumatisme que l’enfant subit est l’accouchement. Le

crâne du bébé est malléable; afin de démarrer dans la vie avec un bon

rythme crânien, il doit être modelé en sortant du ventre de la maman.

Cependant, il peut y avoir lors de l’accouchement des contraintes

35

4 Dʼaprès le décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 : les manipulations du crâne, de la face et du rachis chez le nourrisson de moins de six mois ne peuvent être pratiquées que sur autorisation médicale.

Page 36: guide de l'ostéopathie

excessives qui vont transmettre au nourrisson ses premières lésions, à plus

forte raison lors de l’utilisation de forceps où de ventouses. Le bébé pourra

alors présenter des troubles du comportement (hyperactivité où apathie),

des troubles du sommeil, des troubles digestifs (régurgitation , ballonement)

des troubles de la succion, des troubles O.R.L. (otites, rhinite, sinusite), etc.

L’ostéopathe travaille principalement sur l’axe cranio-sacré et sur le

système digestif afin de rééquilibrer les tensions des différents tissus. C’est

un travail de modelage très doux et non douloureux. Un traitement

ostéopathique chez un nouveau-né est souvent très efficace, car le bébé n’a

pas encore de “vécu”. Il est donc plus facile de trouver et de corriger les

blocages.

Tout nouveau-né, même en l’absence de symptômes apparent mérite

une séance d’ostéopathie à titre préventif. C’est probablement le plus beau

cadeau que les parents puisse offrir à leur enfant pour sa naissance.

L’enfant et l’adolescent

Les indications ostéopathiques de l’enfant et de l’adolescent sont

souvent liées à sa croissance, aux modifications organiques des tissus qui

interviennent jusqu’à l’âge adulte.

Les plus courantes sont les suivantes : allergies, asthme, douleurs

abdominales, reflux gastriques, difficulté de concentration, d’apprentissage

et dyslexie, problème de croissance, scolioses, problèmes occulaires,

troubles du sommeil, difficultés auditives, problèmes locomoteurs,

traumatismes.

L’adulte

On pourrait considérer chez l’adulte que tout ce qui n’est pas une

contre-indication est une indication. Il faut cependant rester vigilant et ne

pas promettre à son patient de soigner l’impossible. Parmi ce qu’il est

36

Page 37: guide de l'ostéopathie

raisonnable de traiter où d'améliorer, voici une liste des motifs de

consultation fréquents.

- Douleurs rachidiennes : cervicalgie, torticoli, nevralgie cervico-brachiale,

lombalgie, lumbago, sciatique.

- Douleurs articulaire : arthrose, arthrite, tendinite.

- Traumatismes : séquelles d’entorse, de fracture, de luxation, d’accident de

voiture.

- Troubles du sommeil.

- Perte auditive, bourdonnement d’oreilles, maux de tête, migraines,

vertiges.

- Troubles O.R.L. : rhinite, otite, sinusite.

- Stress.

- Problèmes d’occlusion dentaire, de mâchoire.

- Troubles digestifs : reflux gastriques, douleurs, ballonnement, troubles du

transit.

- Problème gynécologique : règles douloureuses, stérilité.

- Troubles circulatoires.

- Troubles urinaires.

La personne âgée

A tout âge, notre corps subit des transformations Mais au fil des

années, les ligaments perdent de leur élasticité, les cartilages s'usent et

s'amincissent. Cette évolution naturelle peut occasionner des douleurs, voir

des difficultés motrices. le traitement des personnes âgées est donc celui

des adultes, en ajoutant une prise en charge plus ciblée sur les pathologies

dégénératives.

La femme enceinte

Le traitement de la femme enceinte a deux dominantes : l’une traite

les problèmes liés à la grossesse; l’autre est de préparer l’accouchement.

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Page 38: guide de l'ostéopathie

La grossesse entraîne des modifications morphologiques chez la

femme. La prise de poids va modifier la posture et l’équilibre. Le corps, en

s’adaptant risque donc de déclencher des douleurs articulaires,

rachidiennes par exemple.

D’autre part, la grossesse provoque sur l’organisme des effets comme des

troubles digestifs, circulatoires, de l'anxiété où des troubles du sommeil, sur

lesquels l’ostéopathe pourra agir.

L’autre intérêt d’une prise en charge est de préparer le corps à

l’accouchement. Le nouveau-né doit traverser le bassin pour naître. Si celui-

ci est bloqué, l’accouchement risque d’être difficile et le bébé pourrait en

subir les conséquences.

Le sportif

Le corps est soumis à rude épreuve lors de la pratique d'un sport.

L'ostéopathie représente pour le sportif de haut niveau comme pour le

sportif amateur, un moyen efficace d'améliorer le rendement du geste sportif

(puissance, souplesse articulaire, capacité respiratoire) tout en augmentant

la récupération après l'effort.

Lors de traumatismes, l'efficacité du traitement ostéopathique permet

d'enrayer le processus d'aggravation de ceux-ci et de conserver l'équilibre

du corps pour pratiquer durablement une activité sportive.

Les animaux

Voici un cas particulier : l'ostéopathie canine et équine. Ces

ostéopathes ont reçu une formation spécialisée dans ce domaine. Ils

utilisent exactement les mêmes principes que nous avons étudiés.

38

Page 39: guide de l'ostéopathie

La prévention

L’ostéopathe est souvent consulté lorsque le patient est en crise.

Mais nous connaissons tous l’adage : “mieux vaut prévenir que guérir”.

Comme on va chez le dentiste une fois par an, il est recommandé de

consulter son ostéopathe régulièrement, à titre préventif, pour continuer à

être en bonne santé. La fréquence des consultations est à déterminer avec

le praticien en fonction des antécédents du patient.

L’ostéopathe ne travaille pas seul, il doit être intégré au système de

soins et travailler en complémentarité avec les médecins généralistes et

spécialistes, dentistes, podologues et kinésithérapeutes.

39

Page 40: guide de l'ostéopathie

CONCLUSION

Où en est l’ostéopathie aujourd’hui ?

Au commencement, A.T. Still a posé les fondements et les principes

de cette discipline. Ils peuvent paraître parfois presque mystiques, mais ils

restent aujourd’hui encore la base de l’ostéopathie actuelle.

Cependant, le progrès scientifique (la physiologie, l’anatomie, la

sémiologie, la biomécanique ) a participé à l’évolution de l’ostéopathie. Les

praticiens, grâce à leurs expèriences, leurs interrogations, leurs recherches

ont su faire évoluer cet art de soigner. Ainsi, on a vu apparaître le traitement

viscéral, le traitement crânien, des techniques neurales. L’ostéopathie ne

cesse d’évoluer et est donc différente de celle de A.T. Still, pour devenir de

plus en plus performante, afin d’offrir à nos patients les meilleurs soins, en

toute sécurité.

NON ! L’ostéopathe ne remet pas une vertèbre déplacée.

NON ! Manipuler une vertèbre cervicale ou un crâne de bébé n’est pas

dangereux.

Il faut simplement prendre certaines précautions et donc avoir suivi une

formation de qualité : CONSULTEZ UN OSTEOPATHE D.O. (Diplômé en

Ostéopathie)

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Page 41: guide de l'ostéopathie

BIBLIOGRAPHIE

LIVRES

AMIGUES J.P. L’Ostéopathie. Fondements, techniques et applications.

Paris : Ellébore; 1998.

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STILL A.T. Autobiographie. Vannes : Sully; 1998.

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MEMOIRES :

Les ostéopathes D.O.M.R.O.F. dans le paysage ostéopathique français en

2001. Laurent MESSEGUER.

SITES INTERNET

Registre des Ostéopathes de France : http://www.osteopathie.org

Fabien CHASSE

Ostéopathe D.O.

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