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L’Irma et la Sopref présentent : Réalisé avec le soutien : du service de coopération et d’action culturelle du Consulat Général de France à Québec, de la direction France du ministère des Relations internationales du Québec. Nous reconnaissons l’aide financière que le gouvernement du Canada a fourni par l’entremise de Fonds de la musique du Canada. Le guide pratique France-Québec du disque et du spectacle G u i d e p r a t i q u e F r a n c e - Q u é b e c d u d i s q u e e t d u s p e c t a c l e . O u t i l d e x p o r t a t i o n e t d e c o l l a b o r a t i o n b i l a t é r a l e développer renforcer importer exporter territoires Jean-Noël Bigotti Jean-Robert Bisaillon

Guide pratique France-Québec du disque et du spectacle

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  • LIrma et la Sopref prsentent :

    Ralis avec le soutien :du service de coopration et daction culturelle

    du Consulat Gnral de France Qubec, de la direction France du ministre des Relations internationales

    du Qubec.

    Nous reconnaissons laide financire que le gouvernement du Canada a fourni par lentremise de Fonds de la musique

    du Canada.

    Le guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

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    exporter

    territoires

    Jean-Nol Bigotti Jean-Robert Bisaillon

  • Irma / Sopref - Fvrier 2006

  • Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Cet ouvrage sinscrit dans la suite des initiatives qui ont dj eu lieu pour favoriser la connaissance de nos territoires respectifs, tout en ayant la volont de pousser plus loin selon certaines spcificits dveloppes dans le contenu de louvrage que vous allez lire. Ces initiatives prcdentes sont, entre autres, le Cahier Canada du Bureau Export. Il nous a sembl important de mettre en avant les spcificits dun territoire comme le Qubec, tellement diffrent du reste du Canada.

    Nous sommes partis des envies, dsirs et besoins revendiqus par les artistes, les producteurs de disques comme de spectacles, les journalistes, en somme tous les partenaires incontournables associer lors dun travail linternational et plus particulirement, bien sr, entre nos terroirs respectifs.

    Les postulats de dpart de louvrage tiennent en un seul adjectif : pratique. Et plutt que de raisonner en parts de march ou de conqute, ce sont les notions dchange et de partenariat que nous avons voulu mettre en avant ; ssames de lentre sur chacun des territoires pour des structures qui ont des artistes en dveloppement (Eh oui ! mme reconnu en son pays, on est toujours un artiste en dveloppement quelque part) et qui partagent un ocan dcart. Nous tenons encore une fois remercier tous ces professionnels qui se sont prts au jeu des questions sur comment ils ont fait, ce quils ont apprci et ce quils ne referont pas

    Le fil rouge qui traverse ce guide a t la formule de complmentarit des diffrentes ressources que tout entrepreneur ne manquera pas daller chercher dans sa prparation de tourne, de lancement de disque ou tout simplement de prospection. Que lon se tourne vers des organismes comme le Bureau Export, Francophonie Diffusion ou lIrma en France, Patrimoine Canada ou la Sopref au Qubec.

    Et pour reprendre la formule dAndre Mnard de Musicaction, lors de la rencontre Qubec aux BIS de Nantes : le rseau franais nest pas un seul rseau, mais de multiples routes . Cest exactement iden-tique au Qubec, mais sur une tendue plus grande.

    Aussi, pour aller au-del et vous aider mieux vous aiguiller sur les multiples chemins que vous allez croiser, nous mettons en place une formation qui se droulera au mois de novembre (plus de renseigne-ments sur nos sites respectifs).

    Jean-Nol Bigotti et Jean-Robert Bisaillon

  • Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    Les pages qui vont suivre sont le fruit de recherches, de rencontres et dentretiens avec les acteurs de la profession suivants :

    En France : Bertrand Aubonnet - PBox Tour

    Serge Beyer - Sur la mme Longueur dOndes

    Patricia Bonnetaud - Ladilaf - Malajube

    Christian Bordarier - Wagram

    Nicolas Cuinier - Nouveau Casino

    Genevive Girard - Azimuth Productions

    Loc Kervarrec Me Te Sh

    Laurent Lacrouts - Ter terre productions

    Yannick Legrain Irfan Les Ogres de Barback

    David Morel - Jarring Effects

    Danile Molko - Abacaba

    Franoise Roger - CLEISS

    Benot Rousseau Point phmre Mains dOeuvres

    Isabelle Sire 2D Tour

    Sbastien Thomas Foutadawa Productions

    Till - Guerilla Poubelle

    Au Qubec : Andr Breault - Subsonik Kulcha Connection

    Nicolas Bouchard - Fusion III

    Sandy Boutin - Festival des musiques mergentes dAbitibi-Tmiscamingue - Karkwa

    Louis Carrire et Isabelle Gentes - Preste

    Marie-Eve Charlebois - Communications Siraba

    Alain Chartrand - Coup de coeur francophone - Area

    Martin Desjardins - Polmil Bazar

    Pierre Gourde et Gourmet Dlice - Bonsound

    David Laferrire - Sopref Local Distribution

    Laurent Saulnier Francofolies de Montral

    Les auteurs souhaitent leur adresser leurs plus chaleureux remerciements.

  • Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Pour leur appui nos recherches et au financement de cet ouvrage, nous tenons aussi remercier :

    Cynthia Bellemare (Sopref), Pierre Blanchet et Nicole Lalonde (Adisq), Pierre Colliot et Aurlie Bruhl (Consulat gnral de France Montral), Jany de Chambrun (OFQJ), Gilles Castagnac, Xavier Bonnot, Yann Perrin, Cline Poirier, Thomas Lematre (Irma), Catherine Doget (Centre de renseignements statis-tiques), Michel Lamarre (Programme Routes Commerciales - Patrimoine canadien), Lonie Marin et Yves Lefebvre (Dlgation gnrale du Qubec Paris), Sophie Mathieu, Ccile Hambye et Alexandra He-garty (Bureau Export de la musique franaise), Andre Mnard (Musicaction), Anne-Lyse Haket (Sodec), Philippe Reynaud (Service rglementation des Douanes), Murielle Savoie (Secrtariat la Culture et au Sport du Nouveau-Brunswick), Louise Vachon (ministre des Relations internationales du Qubec), Andr Dubois (Conseiller commercial lAmbassade du Canada Paris), Romuald Requna (2T3M), Valrie Srandour (Coup de cur francophone).

    Le Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle a t ralis avec le soutien :

    du service de coopration et daction culturelle du Consulat gnral de France Qubec, de la direction France du ministre des Relations internationales du Qubec, de la 60e Commission permanente de coopration franco-qubcoise, de la dlgation gnrale du Qubec Paris, dIndustrie Canada, du Bureau export de la musique franaise, de lOffice franco-qubcois pour la jeunesse, de la fondation Musicaction, du programme Sodexport de la Sodec, du magazine Sur la mme Longueur dOndes, de la Biennale internationale du spectacle de Nantes, de lAdisq.

    Le lexique France-Qubec-Canada anglais est le fruit dune collaboration avec le Secrtariat la Culture et au Sport du Nouveau-Brunswick qui souhaite remercier les sources suivantes :

    Factor, Musicaction, tude de lindustrie canadienne de lenregistrement sonore, Phase I - Description de lindustrie, Groupe de travail sur lavenir de lindustrie canadienne de la musique, ministre du Patrimoine Canada; Rglementation des Flix, Association qubcoise de lindustrie du disque, du spectacle et de la vido (Adisq), All You Need to Know About the Music Business by Donald S. Passman, Simon & Schuster, All Music Guide - Glossary, www.allmusic.com

    Nous reconnaissons laide financire que le gouvernement du Canada a fourni par lentremise de Fonds de la musique du Canada.

  • 6 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    1. Comprendre nos diffrences p.8

    1.1 Une langue commune, et encore ? Deux marchs trs diffrents... p.8

    1.2 Disque ou spectacle ? p.10

    1. Les motivations exporter et le niveau de prparation requis p.11

    1. Les goulets (goulots) dtranglement p.1

    1. Les rapports artistiques avec les publics trangers p.16

    2. Profil des entreprises engages dans les nouvelles initiatives dexportation p.20

    2.1 Taille et nature compare des marchs p.20

    2.2 Taille des entreprises p.22

    2. Donnes pratiques p.22

    2.3.1 Disque : pressages et mises en places, rseaux et certifications p.22

    2.3.2 Concert : tourne et rcurrence, rseaux et acteurs p.27

    2.3.3 Communication : mdias, rseaux, mthodes p.28

    . Lgislations p.1

    .1 Licences : mandats et juridiction p.2

    .2 Importateurs : mandats et juridiction p.2

    . Contrats de spectacles et normes professionnelles p.2

    . Passage aux douanes et carnet ATA p.

    . Taxes p.7

    .6 Circulation des artistes (immigration, dtachement) p.9

    . changes et circulation des biens p.2

    .1 Scnarios dexpdition p.2

    .2 Tarifications douanires p.

    . Paiements et assurances de paiement p.9

    . Les aides publiques lexport p.9

    Sommaire

    SOMMAIRE

  • 7 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    . Stratgies et approches p.71

    .1 La rgle du Triptyque - Disque, concert, communication p.71

    5.1.1 Partenariats configuration variable p.72

    .2 Prparation et chanciers p.7

    5.2.1 Ressources et informations p.76

    5.2.2 Prospection et planification p.78

    5.2.3 Foires professionnelles, festivals et showcases p.79

    5.2.4 Crneaux spcialiss et approches particulires p.80

    . Budgets p.81

    5.3.1 Budget disque : change, import-export, licences : prix et point mort p.81

    5.3.2 Budget concert : cachets, dplacements, merchandising, tour support p.82

    . Plan mdia et marketing p.87

    5.4.1 Budget communications : presse, radio et tl, affichage, tracts p.89

    6. Autres changes, proprit intellectuelle et Internet p.9

    6.1 dition et sous-dition p.9

    6.2 Nouvelles tendances lies la disparition des supports matriels p.99

    7 Cas types p.100

    8 Tableau Arrimages p.106

    9 Fentres de visibilit et rendez-vous incontournables p.118

    10 FCM Financement de tournes lexport p.119

    11 Bibliographie p.120

    12 Adresses utiles p.12

    1 Lexique France/Qubec/Canada Anglais p.126

    Sommaire

    SOMMAIRE

  • 8 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    1 Comprendre nos diffrences

    Dans une interview donne au journal Froggydelight, Olivier et Simon du groupe Les trois accords parlaient des diffrences France-Qubec en ces terme1 :

    Olivier : Ici on revient un peu au point de dpart car il faut convaincre les gens. [] Simon : Cest plus difficile, mais cest plus motivant ! Au dbut ctait vraiment a, arriver avec quelque chose de d-rangeant ou choquant. Et il y avait des ractions spciales ! [] la Maroquinerie, on avait limpression que lon tait considr comme un groupe punk alors quau Qubec, on est considr comme faisant un peu de tout. L-bas a slam un peu, mais ici, tout le monde slam pendant tout le spectacle.

    En parcourant la toile (le Web) avec son fureteur (navigateur), on tombe sur un match France - Qubec2 o lauteur (un Franais migr) parle de nos diffrences sous la forme dune liste des inconvnients et des avantages. Pour la personne qui vit l-bas, le premier inconvnient est lloignement : un ocan qui spare, 6 heures de dcalage horaire, un billet davion 4000 balles . Viennent ensuite les vacances : 3 semaines de vacances, seulement...

    Le milieu du travail ny est pas vident puisque tout se ngocie sans ngociation , car cest le Qu-bec mais cest lAmrique quand mme .

    Sans oublier le climat : trop froid lhiver (-40) et trop chaud lt (+40) et la nourriture.

    Par contre, avantages ! Les impts sont pays sur sa fiche de paye, les loyers y sont moins chers (750 $ pour 2 grandes pices + salle de bains + cuisine vs 650 Euros pour un petit studio Paris 12e mme pas rnov). Le cadre de vie y est plus agrable (plus de parcs) et les sorties moins chres. Sans escompter le fait que les Qubcois travaillent moins, mais commencent plus tt.

    Toutefois, comme le dit lancien prsident de lAssemble nationale, Les deux rameaux du mme arbre doivent se reconnatre pour ce quils sont et en finir avec les malentendus. 3 Rjouissez-vous, notre guide arrive point nomm !

    1.1. Une langue commune, et encore ? Deux marchs trs diffrents...Par chance, Franais et Qubcois ont une langue commune, base solide pour tablir des collabora-tions culturelles et dvelopper des partenariats durables. Solide la base ? Pas si sr Genevive Girard dAzimuth pointe un problme de comprhension lors de diverses tournes organises par sa structure. Il semblerait que Franais comme Qubcois, nous nous comprenions sans toutefois nous entendre sur les terme et enjeux qui sont sous-jacents chaque contrat, chaque lecture de budget, mthode de tra-vail et sommes alloues. En outre, tous les Qubcois vous le diront : Ici, quand on parle de quelque chose, cest que a va se faire. Alors quen France, il y a beaucoup de discussions, de promesses, mais pas grand-chose. 4

    Alors, nous ne pouvons que vous conseiller dclaircir le moindre doute et de clarifier chaque point. Sans tomber dans la schmatisation, la logique qubcoise de travail est trs proche du mode de fonctionne-ment amricain, trs entreprenante, dbrouillarde et directe. La logique de travail franaise est quant elle beaucoup plus prudente, structure et contrle par ltat.

    Ainsi, entendez-vous bien sur les terme marketing ou promotion qui ne recouvrent pas les mmes champs selon le pays dorigine. Ainsi galement sur les missions et tches de chacun lors de la contractualisation des changes.

    [1] www.froggydelight.com/article-2441[2] http://blog.france3.fr/Canadawet/index.php/2005/07/25/3429-match-france-quebec[3] Philippe Sguin, Plus franais que moi tu meurs ! France, Qubec, des ides fausses lesprance partage , d. Albin

    Michel, Paris, 2000.[4] Anonyme et multitude

    Comprendre nos diffrences

    www.froggydelight.com/article-2441http://blog.france3.fr/Canadawet/index.php/2005/07/25/3429-match-france-quebec

  • 9 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Il nest rien de pire que les prsupposs dans tout contrat ayant des ralisations concrtes. Aussi mettez au clair tous les doutes possibles le plus rapidement possible pour viter les confusions et les mauvaises surprises qui auront toujours des consquences financires. Ainsi Alain Chartrand voque la diffrence notoire entre la France et le Qubec o la tradition nest pas par exemple de fournir un repas aux musi-ciens mais de les dfrayer avec un per diem.

    En outre, le Canada est un territoire o trop vouloir lembrasser, on risque de mal ltreindre. Do lintrt de rflchir en terme de Canada francophone et de Canada anglophone. Notre guide porte sur le Qubec et la France, avec leurs spcificits de fonctionnement et leurs rgionalismes. Mme si comme le rappelle Christian Bordarier : Il y a un lment ne pas perdre de vue quand on pense Canada : le Canada francophone ne se limite pas au Qubec. Il faut bien prendre en compte le million dautres francophones dans le pays, situs dans des poches, mais qui ont un poids dans la cration artistique francophone. Mme si dans bon nombre dendroits, la structuration accuse un certain retard, il nen de-meure pas moins que depuis 10 ans, les choses changent et voluent. On saperoit quil y a dsormais des aides pour des infrastructures, pour la ralisation...

    A priori, il est vident que ce qui nous attire les uns les autres est bien entendu le fait que nous parta-gions cette mme langue, que nous puissions dialoguer avec une relative facilit. Pensez consulter rgulirement (ou mieux frquemment) le module des dfinitions compares pour saisir par ailleurs la grande disparit linguistique qui marque nos deux cultures, et raliser quun ocan ne nous spare pas impunment. Nous avons bien compris toute lampleur du phnomne lorsque nous avons voqu en prparation du chapitre 1.4, la notion de goulot ou goulet dtranglement. Deux mots diffrents, tous deux accepts par la langue franaise, ayant chacun un sens propre, et un mme sens figur que lui donne la profession.

    Les Franais parlent relativement peu anglais et la matrise de cette langue ne leur est pas dterminante dans le march interne, mme si cette donne change avec llargissement lEurope. Quant aux Qu-bcois, il nest pas rare que ce soit leur seconde langue et quils la parlent trs souvent aussi bien que la premire. Par contre leur pass politique les a souvent loigns plus que les Franais dune appropriation de la culture anglo-saxonne. Cette culture est pourtant un puissant rfrent du monde de l Entertain-ment business .

    Sachons par exemple, que si France Inter ne boude jamais son plaisir faire tourner le nouveau Beck ou le dernier Bjrk, rarement la chane francophone de Radio Canada le fera-t-elle, par obligation pour le respect des contenus francophones impos par le CRTC. Par consquent, plusieurs grandes stars internationales atypiques ne bnficient pas au Qubec de diffusion radio que ce soit sur les chanes commerciales ou publiques. Au contraire, plusieurs artistes de la francophonie, dont les albums ne sont pas disponibles ou alors quen import et fort prix, sont frquemment entendus dans les radios commu-nautaires, tudiantes ou nationales (non commerciales).

    De telles diffrences environnementales teintent fortement les caractristiques de nos interrelations, la fois organiques, mais aussi compltement dcales. Le Qubec est davantage demandeur pour les artis-tes franais que la France lest pour les artistes qubcois. Les Franais connaissent peu les Qubcois si lon exclut les grands noms des varits tels Garou ou Cline Dion.

    Il existe encore aujourdhui, un fort dcalage entre ce qui marche de part et dautre de lAtlantique, de ce que nous connaissons de nos scnes respectives ou de nos gots. Nous expliquons mal les succs franais de Linda Lemay et Natasha St-Pier (souvent absente du Qubec) ou la froideur rserve au Qu-bec Zazie et Hallyday. La France a t plus rapide faire une superstar de Corneille et elle pourrait trs bien le refaire avec Dobacaracol. Au Qubec, il existe toujours un attachement soutenu et inbranlable pour Aznavour ou Joe Dassin. Essayer de prvoir ces types de comportements relve de lalchimie.

    Ce mme type de dcalage sobserve sur le plan des pratiques professionnelles. Au Qubec, le grant (ou manager) occupe une position relativement forte. Les mtiers de lindustrie sont peu norms et la

    Comprendre nos diffrences

  • 10 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    figure du grant vient souvent cumuler plusieurs fonctions. Le Qubec et le Canada balisent davantage les pratiques professionnelles par des normes contractuelles commerciales et ententes collectives types, alors quen France on lgifre sur les mtiers en les balisant par des licences de pratique. Par consquent et nous le verrons abondamment, nos arrimages professionnels bilatraux seront souvent asynchrones.

    Suivent certaines valeurs sociales. La musique, le divertissement, les sorties, noccupent pas la mme place dans nos socits. Les musiques populaires et la chanson de surcrot. On dit des publics qubcois quils ont une grande coute et sont respectueux, parfois trop. Il nest pas rare de voir loppos un concert du Printemps de Bourges ou des Transmusicales devenir un vritable exutoire, prtexte une cuite collective.

    En France, la chanson contemporaine daprs-guerre et son caractre subversif de lpoque Rive Gau-che sont une forme dexpression dj croise avec le jazz et le world ds les annes 1930 et 1940. Au Qubec, son apparition et son mtissage seront plus tardifs, remontant plutt au tout dbut des annes 1960, dans les botes chansons, symboles dveil identitaire.

    Nous pourrions finalement mettre en relief, une certaine tourne runissant Charlebois et Ferr, en 1973, prlude au rock et aux musiques amplifies de la francophonie. Sachant que nombre de disques qubcois significatifs de la fin des annes soixante portent lempreinte Barclay. Est-il possible quen ces temps immmoriaux, nos changes taient lisses et sans coutures? Voyons ce quil en advient.

    1.2 Disque ou spectacle? Une des meilleures raisons de programmer un groupe dans une salle est la sortie dun nouvel album

    Nicolas Cuinier

    Il est important de crer un vnement autour du disque. Il semble utopique de vouloir dissocier le disque du spectacle, dans le cadre dun travail sur nos deux territoires. Comment trouver une distribution et un tourneur l-bas ? Le cercle vicieux se situe l : il faut un tourneur pour trouver un distributeur et le distri-buteur ne prendra votre disque qu la seule condition quil y ait un tourneur.

    Il faut quil y ait de la scne au Qubec dans les six mois o le disque est sorti, sinon a nest pas la peine. 5

    Primo, un disque distribu sur le territoire daccueil sera un des critres toujours exigs par les festivals, les tourneurs, les organismes professionnels daide lexport ou la mobilit (cf. http://www.french-music.org, rubrique outils, informations sur lexport). Comme le dit Marie-Eve Charlebois : cest le fait davoir un distri-buteur qui va tout dclencher.

    Largument principal de promotion en France comme au Qubec, cest de savoir sil va y avoir un concert et un disque distribu.

    Secundo, parce que le disque assure une prsence continue sur un territoire extrieur impossible occu-per sur une base permanente, mais que sans le concert, ce dernier disparatra des bacs...

    Tertio, repartir de zro (ou presque), pour travailler un disque sur un territoire tranger, de lautre ct de lAtlantique, avec de telles distances lchelle du continent, ncessite que vos artistes aient rellement envie de dfendre leurs disques, leurs spectacles devant des publics qui ne seront pas immdiatement conquis, et dans des conditions de travail qui seront souvent totalement diffrentes et parfois pires que celles dont ils disposent dans leur pays dorigine. Leur nouvel album est probablement le seul lment moteur suffisamment puissant.

    [5] Nicolas Bouchard

    Comprendre nos diffrences

    http://www.french-music.org

  • 11 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    1.3 Les motivations exporter et le niveau de prparation requis On ne peut travailler entre la France et le Qubec quen terme dartisanat et dchange

    Danile Molko

    Cest donc travers le prisme de cet esprit dartisan, de bel ouvrage, que nous souhaitons organiser ce guide pratique. Vous trouverez des informations complmentaires en terme dapproche sectorielle et de donnes conomiques, notamment dans les guides du Bureau Export (http://www.french-music.org), savoir le Cahier export Canada (crit par Rosanna Granieri et remis jour par Gatan Beauregard) et le Cahier export France (t 2004).

    Pour prparer votre dmarche lexport, nous vous recommandons de regarder la bibliographie en fin douvrage qui vous permettra dobtenir encore plus dinformations dans le cadre de votre prospection sur le futur territoire.

    En outre, ce guide tant rdig par une quipe franaise et qubcoise, nous vous encourageons jeter, ds le dbut, un il sur le lexique franco-qubcois-canadien prsent la fin de louvrage pour claircir certains terme qui vous auraient sembl difficiles comprendre Car notre langue est commune, mais notre histoire diverge et lvolution de nos deux pays dans ses pratiques professionnelles fait que des terme, ou mme des professions, diffrent.

    Que vous soyez label, artiste autoproduit, association, vous devrez clairement garder lesprit que le secteur conomique du disque au Qubec est constitu dun tissu dindpendants (les majors tant bien plus prsentes sur le territoire anglophone) ; aussi vous travaillerez avec ces structures comme vous tra-vaillerez en France avec des indpendants.

    Quest-ce qui vous motivera en tant quentrepreneur dmarcher un autre pays et vous lancer dans une initiative prilleuse en terme de finances et dnergie ? Plusieurs raisons cela.

    La premire, la plus vidente, est le fait quconomiquement, le Qubec ou la France sont des marchs dattraction rciproque, et dans le cadre de la francophonie, des partenariats sont plus facilement rali-sables que dans nimporte quel autre pays du monde.

    La seconde, conomique aussi, est que lexport de vos produits est un moyen mcanique daugmenter vos ventes et vos redevances.

    Il peut aussi y avoir des volonts artistiques de la part du groupe ou de la maison de disques. Un territoire comme le Canada est attrayant et reprsente le rve de lAmrique 6 : une bouffe doxygne et des revenus conomiques tangibles

    La France reste fondamentalement un petit march : bien que trs bien situ sur le plan international en terme de ventes, le Franais moyen continue acheter 2,5 disques par an. Mais le dveloppement des niches musicales reste de bon augure, et ce au niveau international : Arrtons dexploiter les quelques mga tubes au sommet des hit-parades pour gagner des millions. Le futur des marchs culturels rside dans les millions de marchs de niches cachs au fin fond du flux numrique. 7 Et oui ! cest l que les petites industries culturelles peuvent se positionner au mieux ! Lexport reste un trs bon moyen dexploi-ter vos enregistrements sonores et une vritable garantie de promotion internationale.

    Nous ne le rpterons pas assez, le dveloppement dun march tranger constitue un enjeu beaucoup plus important que le simple fait de trouver quelques billets davion et une poigne de dates dans le territoire daccueil. On sentend sur le fait que le plus lmentaire dplacement, la toute premire visite de prospection requiert dj un certain investissement au plan de la recherche et du financement. Nan-moins il faudra trs vite raliser quaprs un premier voyage de reconnaissance ou une mini tourne test, percer le march tranger reprsentera nettement plus defforts.

    [6] Danile Molko[7] http://bibliobsession.over-blog.com/article-1194648.html

    Comprendre nos diffrences

    http://www.french-music.orghttp://bibliobsession.over-blog.com/article-1194648.html

  • 12 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    La premire faute grave mettre au crdit de la pense magique et commise par de nombreux artistes qui chrissent une carrire outre-mer, est de croire que ce qui ne fut pas possible chez eux sera plus facile gagner ailleurs : une carrire ltranger sappuie sur des acquis chez soi, sinon il faudra parler dmi-gration et non dexport, avec tout ce que cela comporte. Oubliez lide que vous serez mieux accueillis ailleurs que chez vous. Oubliez lide que lon nattend que vous.

    Je reois une douzaine dalbums franais par mois, souvent dartistes inconnus et je nai pourtant pas mis les pieds l-bas depuis des lustres. 8

    La seconde faute frquente est de penser que linvestissement ltranger sera moins important que celui effectu chez soi. mettre au crdit de cette erreur de jugement, le fait quune carrire domestique soit dj passablement bien en selle. En territoire tranger, mieux vaut se dire que lon repart de zro. Certes une bonne planification et des contacts bien arrims peuvent acclrer les choses, mais le public est seul juge et il peut parfois tre dur.

    Exemple typique des enjeux culturels prendre en compte : au dbut, il tait connu sur la place de Montral dans les communauts blacks, et sest fait encore plus connatre grce un clip vido et sa pr-sence sur une compilation... En terme de dveloppement, il tait frquemment en France. Et son succs en France lui a permis de vendre encore plus de disques au Canada. Il a cr son tiquette (label) et est sign en licence chez Wagram. 9

    La volont de sexporter ne sera pas suffisante comme postulat de dpart. Outre vouloir, il faut aussi pouvoir. Pour pouvoir, il faudra deux choses fondamentales :

    (1) Un rpertoire consquent pour le march extrieur vis, Tryo sont venus une fois ou deux larrache sans poser de conditions et quand on a vu que a mar-chait, on a fait voluer laffaire dans des salles de plus en plus importantes jusqu ce que a devienne une bonne affaire. Il manquait peut-tre un Tryo dans le paysage qubcois. Peut-tre aussi que les Qubcois se sont retrouvs chez Tryo. 10

    (2) Une accroche privilgie avec un premier acteur sectoriel tranger. Mme si le disque est bon, je privilgie la relation humaine, le contact. 11

    Il y a ncessit davoir un relais sur place qui puisse rendre compte et donner des conseils, donner lheure juste. Il faut que tu dveloppes toi-mme cette relation, cette recherche datomes crochus avec une personne de confiance. 12

    Pour atteindre ces deux pr requis on comprendra quil est impossible de forcer un bloc carr dans une ouverture circulaire. Il faut dabord sonder le march daccueil et tre rceptif aux remarques. Certes, avant de conclure que notre projet achoppe sur le plan linguistique ou esthtique, il est permis de solliciter plusieurs avis, mais si ceux-ci convergent, il faudra tre assez honnte face soi-mme pour comprendre ce que cela signifie. Sinon, tre prt dpenser beaucoup dargent pour des rsultats pro-bablement mitigs.

    Quant la ncessit de trouver une antenne, un appui local, un partenaire empathique, quimporte si vous voulez sduire par la mthode forte ou la couchette. Il vous faudra trouver quelquun de rellement prt assumer beaucoup de bnvolat sur le long terme, qui soit vraiment un alter ego au plan des ides, des passions et des nergies. Cela fait partie des rares choses en ce bas monde qui ne sachtent pas.

    [8] David Laferrire[9] Christian Bordarier en parlant de Corneille[10] Louis Carrire[11] Nicolas Cuinier[12] Laurent Saulnier

    Comprendre nos diffrences

  • 1 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Grer son temps et ses ressourcesDvelopper un march tranger correspond faire littralement une opration de clonage. Deux fois plus de temps consacrer la carrire dun artiste et deux fois plus doprations commerciales grer. De plus, le nouveau march pose des handicaps plus importants vu son caractre distant et moins ma-tris. Il est clair que tous les artistes et tous les producteurs de disques ne sont pas prts engager de tels efforts.

    Le niveau daide publique la capitalisation de projet, les aides lexport et les profits gnrs dans le march intrieur seront dterminants. Il vous faudra faire un montage tant financier quau plan des ressources pour parvenir atteindre des rsultats qui justifieront vos efforts. De nombreuses initiatives se heurtent un manque de volont ou de moyens rels pour sancrer long terme. Ceci a pour effet de crer un bruit de fond agaant et des dceptions dans le march daccueil. Depuis longtemps nous faisons de la musique une nouvelle forme de tourisme franco-qubcois et ceci a eu pour consquence dengendrer une trs grande prudence chez les professionnels.

    Ainsi, une nouvelle question dterminante se poser sera : lartiste est-il vraiment mr et prt se prter aux incessants voyages (extrmement fatigants) et au calendrier charg que reprsentera une seconde carrire ? Les proches devront en assumer une part du prix. Dans la mme foule, sinterroger sur la capaci-t de la structure exportatrice ajouter sa charge quotidienne, la pression dun dveloppement tranger, ses cots de main-doeuvre accrus, ses factures de tlphone et son mitraillage incessant de emails.

    Pour les Ogres de Barback et Irfan, le march qubcois est allchant, mais sajoute nanmoins pleins dautres endroits quon aimerait voir et qui commencent sintresser ce quon fait, notamment lAsie. Pour les membres du groupe qui ont aussi des enfants et une vie de famille, il est difficile de se commet-tre venir au Qubec plus de dix jours par anne. 13

    Alors que pour Loc Kervarrec, ce dlai se rduit encore plus : un sjour ltranger devient prilleux aprs 7 jours.

    Ajoutons un nouveau paramtre. Notre guide propose lide quun engagement rciproque est important pour quilibrer et stimuler les efforts de dveloppement des projets dexport. Sengager chez soi avec un artiste du partenaire tranger permet la fois de crer un climat dmulation et de comptition li aux rsultats de chacune des parties ; il permet aussi dans le cas de projets de disques en importation, de dispo-ser dune marchandise exploiter ayant une valeur gale celle exporte vers ltranger. Cela dit, chaque structure exportatrice sera-t-elle prte assumer laccueil dun projet du partenaire tranger, engager lef-fort de dveloppement dun nouvel artiste sajoutant la liste de ses propres projets ?

    Le temps de travail ncessaire pour organiser des tournes avec des groupes trangers est trs impor-tant. Le retour dascenseur semble encore peu consquent... 14

    Finalement, un dernier pr requis savre fondamental : celui de satisfaire la rgle du triptyque. Nous dvelopperons celle-ci tout au cours de louvrage, mais en voici les grandes lignes. Ds quil devient plus clair que votre proposition artistique plat ltranger et quun partenaire empathique se prcise, il vous faudra trs rapidement confirmer lintrt de professionnels permettant de garantir que les trois axes-cls dun dveloppement seront prsents dans votre stratgie. Soit (1) la parution dun disque, (2) la prsence physique de lartiste en concert et enfin (3) une communication soutenue.

    Pour les artistes et labels qubcois souhaitant mettre en oeuvre une opration de commercialisation ltranger, la fondation Musicaction impose demble et de faon quasi statutaire, la prsence dau moins deux de ces partenaires, soit la distribution du disque et la prsence dun tourneur confirm. De faon gnrale, le montage des ressources dun projet dexport ne peut se permettre le luxe de ngliger un seul de ces trois paramtres.

    [13] Yannick Legrain[14] Alain Chartrand

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  • 1 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    Votre partenaire empathique pourra dans certains cas assumer une part de ces responsabilits, mais son rle devrait davantage tre celui de catalyseur et de coordonnateur afin de dnicher et arrimer les divers professionnels spcialiss et complmentaires. Nous verrons plus loin que les rgles du triptyque pourront tre observes par lembauche dune quantit variable de professionnels aux fonctions se chevauchant plus ou moins. Nonobstant ceci, partir (faire dmarrer) la machine sans avoir tabli cette quadrature du cercle est extrmement risqu.

    Pour Sbastien Thomas de Foutadawa Productions, la relation empathique dveloppe avec Sandy Boutin du Festival des musiques mergentes dAbitibi-Tmiscamingue (FMEAT) a donn lieu une prsence qu-bcoise du groupe X-Makeena lautomne 2004 au FMEAT. Par contre, labsence de tourneur ou de label sest solde par une absence de dates additionnelles ou de sortie commerciale de lalbum au Qubec.

    larrive, nous vous proposons davoir runis tous ces pr requis avant de lancer loffensive : (1) r-pertoire consquent, (2) un partenaire empathique, (3) la garantie de disponibilit de lartiste, (4) un montage financier et stratgique spcifique lexport, (5) rencontrer les rgles du triptyque disques-spectacles-communications.

    On sexplique labsence dattach(e) de presse, de tourneur ou dditeur qubcois par le manque de temps disponible consacrer une telle recherche et ngociation. 15

    Enfin, (6) offrir une rciprocit vos partenaires trangers, bien que ntant pas, a priori obligatoire, pourrait renforcer votre stratgie et offrir des garanties de succs additionnelles long terme.

    1.4 Les goulets (goulots) dtranglement chaque pays ses spcificits. On ne le rptera jamais assez. Et mme si lon retrouve des points com-muns dans ces spcificits, il convient de toujours rflchir en terme de nouveau territoire et donc de remise plat des savoirs.

    En France, les goulets dtranglement sont au nombre de trois et se situent au niveau de la signature, des mdia et de la distribution.

    Au Qubec, il y a lieu dajouter une quatrime contrainte, celle que pose lenjeu de la dmographie et du territoire : cots levs pour march restreint et physiquement tendu.

    Il ny a pas une rponse idoine chacun des freins, mais plutt un ensemble de solutions trouver pour pallier ces manques.

    Do lintrt de travailler sur le long terme en anticipant bien lavance et en vous renseignant auprs des professionnels sur les difficults rencontres lors de tournes dartistes, et des facilits selon les ter-ritoires. Utilisez autant que faire se peut tous les rseaux.

    - La signature Le premier niveau de lentonnoir a trouv une rponse partielle via lautoproduction. Mais alors quil y a plus doffres et de productions musicales, celles-ci sont plus difficiles trouver : les ratios de vente entra-nant une disparition des rfrences des catalogues des disquaires Prparez bien votre tude de march en utilisant des outils comme lObservatoire de la musique, lActualit du disque, la presse spcialise.

    Au Qubec rfrez-vous au site de lAdisq www.Adisq.com et de la Sopref www.sopref.org.

    Trs vite, vous comprendrez que la signature dun contrat dartiste ou dun contrat de licence, est chose ardue, quel que soit le territoire.

    - Les mdia tlviss, la presse, les radios, etc.En France : beaucoup de productions de disques avec peu de possibilits de passages radios, encore moins tlviss, quelques espoirs de chroniques et heureusement de plus en plus dInternet.

    [15] Loc Kervarrec

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    www.adisq.com

  • 1 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Alors que les mdia ont un rle des plus importants dans la mise en avant dartistes et dans leur d-couverte par le grand public ; de plus en plus de producteurs misent sur le premier mdia pour chaque groupe : la scne. Pourquoi ?

    Parce que sans investissements financiers en terme dachat publicitaire, il y a peu de chances darriver avoir un titre en playlist sur les radios, particulirement sur les grands rseaux privs, tributaires de ces mannes publicitaires.

    Au Qubec, il en va de mme. Depuis cinq ans, le seul artiste franais avoir russi tourner sur les radios commerciales est Minimum Serious, pas mme -M- 16

    Comment faire connatre un artiste sans passage radio ? Surtout quand certaines radios en France ont pour phrase : Quel est votre budget de pub chez nous ? il est admis que la barre des 10 000 exemplai-res de disques vendus ne peut tre franchie quavec des investissements mdia massifs. Par contre, une tourne avec un artiste connu peut entraner le dclic vers la reconnaissance du public, et donc des professionnels.

    - La distribution Une nouveaut qui nest pas diffuse la radio et qui ne fait pas lobjet dune campagne publicitaire agressive, na pratiquement aucune chance dtre rfrence dans la grande distribution qui assure, aujourdhui, 56 % des ventes de disques. 17

    En France : Fort heureusement, et malgr une situation des plus critiques depuis quelques annes, il existe des dis-quaires. On peut esprer que le fonds pour les disquaires abond par le ministre de la Culture sera utilis pour revitaliser un mtier qui a fait pendant longtemps la part belle la dcouverte.

    On regardera ltude sur les disquaires ralise par lObservatoire de la musique pour connatre le dtail du tissu conomique local dans le disque. De mme, pour prparer au mieux la distribution des uvres de vos protgs, on regardera lOfficiel de la Musique pour trouver disquaires, grandes surfaces spcia-lises (Fnac, Virgin, etc.).

    Au Qubec :La prsence de ces nombreuses chanes de disquaires-libraires spcialises (Archambault, HMV, Music World, Renaud-Bray) ou de petits indpendants fait toujours contrepoids aux grandes surfaces qui pro-posent tant des disques que des conserves. Les grandes surfaces sont responsables dune grande part des ventes, mais elles ne sont pas seules. En outre, la prsence de plusieurs distributeurs indpendants permet de contourner le goulot dtranglement de la distribution de faon satisfaisante.

    Canal de revenus incontournable, le numrique est une donne laquelle vous serez contraints de vous intresser de plus en plus. Nombre de mdia deviennent distributeurs de contenus, en plus dtre pres-cripteurs.

    Pensez aussi agrgateurs de contenus musicaux18 comme Wild Palms Music ou Believe.fr. Cette dernire socit propose un catalogue denviron 30 000 titres dartistes autoproduits ou de petits labels. Les deux compagnies effectuent linterface entre grandes plates-formes numriques et petits indpendants ; et dveloppent galement de nouveaux produits drivs, notamment en tlphonie. Voir ce sujet le chapitre 6.

    [16] Laurent Saulnier[17] Livre blanc de lUpfi, 2002[18] Musique en ligne : la distribution des artistes sorganise sans les majors , source : http://www.zdnet.fr/actualites/

    internet/0,39020774,39228011,00.htm

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    http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39228011,00.htmhttp://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39228011,00.htm

  • 16 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    - Les distancesLes facteurs dmographiques et gographiques constituent au Qubec un goulot dtranglement dans la mesure o il est plus difficile datteindre une masse publique critique significative permettant damortir les cots. En matire de tourne, ltendue du territoire et la petitesse des villes que lon croise est un frein srieux au dveloppement de projets. Planifier une tourne de dix dates est un relatif tour de force et le faire sans cumuler des distances prohibitives lodomtre19 lest encore plus. Les aides disponibles pour surseoir cette contrainte pour les artistes qubcois sont plus difficiles obtenir lorsquil sagit daccueillir des artistes trangers.

    1.5 Les rapports artistiques avec les publics trangers Le public qubcois sapproprie demble lartiste si celui-ci lui plat.

    Isabelle Gentes

    Mais :

    Les Franais sont plus catholiques que le pape en terme dauthenticit musicale. Andr Breault

    Que faut-il pour dmarcher le Qubec ? Ou la France ? Pour imposer ses artistes sur un territoire dat-traction logique entre deux pays de langue commune ? Suffit-il seulement davoir des budgets promos importants sur un nouveau territoire ? Faut-il y tre omniprsent pour noyauter le rseau local et crer des liens ? Bertrand Aubonnet a travaill le Qubec avec des artistes comme No One is Innocent, Proto-type Il le dit lui-mme : Il faut tre prsent pour enfoncer le clou .

    Il ny a pourtant pas une mthode certaine. Il y a par contre des schmas vidents en terme de fonction-nement, sachant que paradoxalement, il y a un vritable problme de perception et de comprhension entre les deux pays.

    Du point de vue de lartiste Avant mme de parler de business, il faut que lartiste accepte de mettre les mains dans le cambouis.

    Louis Carrire

    Il convient de savoir que le grief fait beaucoup dartistes, est de ne pas avoir compris quun territoire se dveloppe en y venant rgulirement.

    Il faut tre ds le dbut trs ouvert sur lexport, sachant que lartiste ne va pas faire beaucoup dargent, au moins les premires fois o il viendra. Les Franais qui ont un bon dveloppement au niveau local, considrent que cela va tre pareil au Qubec, alors que ce pays reprsente dix fois moins de personnes sur un territoire 3,5 fois plus grand, avec des diffrences de marchs et de manires de procder. 20

    Ainsi en terme de dveloppement russi au Qubec :

    La Rue Ktanou est un bel exemple de dveloppement dun groupe franais au Qubec : ils nont pas hsit venir dcouvrir le public qubcois par le terrain, faire des sacrifices (en terme de confort, de conditions exceptionnelles de travail).21

    La phase rcurrente toute dmarche lexport vient, chaque fois, de la ncessaire volont de lartiste de participer un projet o il va devoir tout recommencer zro, en ne bnficiant, lorsquil a eu un suc-cs sur son territoire national, que de la partielle reconnaissance des professionnels du pays daccueil.

    Concrtement ? Devoir conqurir un nouveau public, supporter langoisse des salles vides et tre dispo-nible en permanence pour faire de la promotion, aller sur le terrain, tourner dans des conditions dplo-rables parfois

    [19] Appareil qui sert mesurer un trajet parcouru, notamment par un piton ou compter le nombre de tours que fait une roue en un temps donn

    [20] Louis Carrire[21] Idem

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  • 17 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Partir jouer ltranger, cest un investissement personnel, financier... on se dit quen semant quelques petites graines, quand on y retournera, il y aura des retombes. Le succs dun groupe part du bouche--oreille ! 22

    Comme le disent tous les professionnels, conqurir un march, cest y tre prsent rgulirement. Ceci va entraner la ncessaire obligation pour les artistes de venir une deux fois par an pour prsenter des nouveauts, tablir une rputation, sduire un public et des mdia, avoir un clip en rotation sur les tl-visions. Bref, effectuer une occupation du terrain, et ce, sur tous les fronts. Ce raisonnement pointe un autre problme : la possible exportabilit du projet et les ingalits selon les territoires.

    Soulignons la trs rare initiative prise par lartiste qubcois Yann Perreau qui pour mieux apprhender le march franais a eu linitiative de suivre une formation au Studio des Varits de Paris ou encore celle du tourneur Pierre Gourde de Bonsound, qui a fait de mme lIrma.

    Il est trs rapidement apparu lors des discussions avec des professionnels que la situation en terme dexport nest pas la mme des deux cts de lAtlantique. Un groupe franais tournera au Qubec g-nralement en bnficiant dun tour support de sa maison de disques, alors que linverse pour des grou-pes qubcois en dveloppement nest pas vrai. Lhistoire montre galement que les dispositifs daides existants pour exporter des groupes franais, telle lexpertise spcifique du Bureau Export cet gard, facilitent les initiatives et le dveloppement de marchs. condition toujours de multiplier ces initiatives, et de favoriser des changes.

    Actuellement en France, certains genres musicaux sont surreprsents : lexemple de la nouvelle chanson franaise est criant de vrit. Une brche sest ouverte dans laquelle se sont engouffrs de nombreux ar-tistes. Ce qui implique que notre march local est trs fort en terme doffre musicale sur ce genre prcis. Ce qui, mcaniquement, laisse trs peu de place pour des projets similaires importer. Ce qui dailleurs est valable en France lest dune certaine faon aussi au Qubec.

    Les musiques mtisses se dveloppent de plus en plus au Qubec. Et ce, depuis 10 ans. Cependant, louverture desprit, la francophilie, le got pour la musique, cet ensemble dlments ne justifient pas pour autant de croire quun artiste qui a march en France va forcment marcher au Canada. Le public qubcois est ouvert au niveau de lcoute, mais le march canadien est globalement protectionniste. En outre, il y a un vrai problme d la saturation du march par les aides de lEtat pour produire : trop de micro-productions lheure actuelle. 23

    Il y a quelques annes, la carence des chanteurs voix avait permis certains artistes qubcois de faire leur place au soleil du star-system franais. En sens inverse, le rap franais au Qubec a connu un fort dveloppement avant de connatre un recul d essentiellement au fait que les Qubcois se mo-quaient perdument des problmes des banlieues marseillaises ; prfrant les leurs, et donc favorisant leur scne locale.

    Do une concurrence trs forte dans le march daccueil. Alors, comment imposer certains groupes ? Comment Tryo a pu faire des tournes au Qubec ? Il manquait sans doute un Tryo dans le paysage qu-bcois ; peut-tre aussi que les Qubcois se sont retrouvs dans un Tryo, ou un Rue Ktanou. Alors que du ct franais, les Cowboys Fringants ont profit de linitiative de leur tourneur de lpoque qui a eu lide de mobiliser le rseau de fans en France, et de proposer un co-billing avec Robert Charlebois pour faire davantage de dates parisiennes, et se lancer dans le dmarchage de la France.

    Du point de vue de la maison de disques Cest une vraie dmarche de la part des labels et des groupes, car limplication est ncessaire

    Laurent Saulnier

    [22] Martin Desjardins[23] Christian Bordarier

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  • 18 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    Les questions que se poseront tous labels sont les suivantes : Est-ce que ce territoire est une priorit de dveloppement pour mes artistes ? Combien a va coter en terme de trsorerie ? Combien vais-je ven-dre de disques ? Combien de concerts seront possibles ? Qui peut maider en terme financiers et promo-tionnels pour dvelopper mon artiste ? Qui peut maider en France et qui peut maider au Qubec ?

    Beaucoup de maisons de disques franaises ont des options signes davance avec un distributeur qu-bcois. Cette option sur un album dure entre six mois et un an. Et ne veut pas forcment dire quil y aura sortie de disques. Puisque cest une option.

    Le constat fait par tous les professionnels est la ncessaire implication dun ou plusieurs acteurs locaux sur un projet international et lobligation vitale de bien cibler les contacts. Quelles sont, dans un premier temps, les possibilits dchanges, et de tournes, et de labels ? Ce sont souvent les indpendants qui vont faire ce travail de dveloppement, et crer un engouement, base solide sur laquelle dbuter et qui va permettre ensuite de dvelopper des projets long terme.

    Bertrand Aubonnet distingue deux tapes :

    1 Trouver un distributeur qui va faire exister le disque sur un territoire donn.

    2 Ne jamais semballer sur lexport dans le cadre du groupe car de plus en plus se dveloppe lide de package : en travaillant alors sur un budget prcis concernant 500 ou 1 000 disques et en envisageant ensuite une volution possible selon les rsultats donns.

    Il y a en effet des seuils en dessous desquels il est inutile de travailler lexport Car un groupe a un en-gagement plus ou moins important sur lexport (confort de travail en France, pas vraiment de volont de conqurir des marchs plus petits).

    Nicolas Bouchard de Fusion III au Qubec, lexprime diffremment : A cause de la proximit des EUA, de leur marketing qui influence ici, on est oblig de faire un pro ratio des ventes de 10% par rapport ce qui se vend l-bas. Alors que lon ne raisonne pas comme a pour la France : cest plus bas sur le produit mme, sur ce que lon pense faire en radio, en tl (mais les possibilits en radios ici sont trs limites).

    Ce qui nous conduit au point suivant : Du point de vue du tourneur ou du programmateur Quand tu discutes avec un tourneur franais, il se rfugie derrire le ah, mais nous il y a les charges, il y a des cachets ! Au Qubec, oublie a : il ny a pas dintermittence ! Si tu ne tournes pas, il ny a pas dargent qui rentre.

    Louis Carrire

    Au Qubec, les musiciens ont tous des jobs pour vivre. Le support va se faire en terme de marketing et de promo mais pas de Tour support comme en France : ce sont des postes qui existent dj en interne dans les labels. Tout cela dpend du niveau de dveloppement cependant. Car, comme partout dans le monde : gros artistes, gros moyens. Mais la disparit des quipements est frappante chez nos cousins dAmrique : pour avoir de bonnes conditions de scnes, ce sont des salles avec des siges. Sinon pas de son, pas de siges mais des salles plus adaptes des concert qui ne manqueront pas dambiance.

    On se retrouve donc avec des concerts dans des sous-sols dglises, dans des gymnases ou des patinoires (de 800 5 000 personnes), et peu de salles de 4 500 personnes Consquence : les petits groupes nord-amricains ont une manire en gnral beaucoup plus DIY de tourner. En France il y a un confort de salles de concert et de tournes qui est incroyable pour ces petits groupes. Je connais pas mal de groupes qui conomisent toute lanne pour pouvoir se payer une tourne en Europe parce quils nont aucune aide. 24

    [24] Benot Rousseau

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  • 19 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Tout tourneur franais fait son argent sur le territoire franais. Et avec une programmation trs en avance en terme de prise de rendez-vous ; alors que les programmateurs qubcois nont parfois mme pas la mme culture musicale quen France.

    Il y a beaucoup dimprovisation pour la construction dune tourne rock au Qubec. Il y a beaucoup de festivals au Qubec, mais ce sont des comits qui slectionnent : ils coutent ce qui passe la radio et sont l pour vendre de la bire. Do le dveloppement de festivals thme Difficile alors de construire une programmation varie, surtout lorsque le premier critre est la rentabilit.

    En France, la plupart des salles peuvent se permettre de perdre de largent car il existe des aides pour la tourne des groupes. Do une manire trs franaise et confortable de fonctionner pour les groupes franais.

    Benot Rousseau, programmateur du Point Ephmre prfre travailler avec les groupes directement car cest beaucoup plus simple selon lui. Mais ces groupes ne vivent pas spcialement de leur musique : Je fais la programmation deux trois mois lavance en moyenne. Il y a des priodes de programmation de tournes de groupes trangers un peu creuses comme juillet et aot (les groupes jouent dans les fes-tivals) et janvier fvrier. En terme de confort, il vaut mieux contacter quatre, cinq mois voire six mois lavance : un peu de temps pour lcoute et jessaye de voir les gens (si possible) une fois que jai cout leur disque. Je fonctionne avec mon rseau qui va me dire : je connais ce groupe qui connat tel groupe en France, ce qui permet de monter des plateaux pour avoir le public, une cohrence dans la soire et d-passer la formule de consommation courante de concert (premire partie, deuxime partie et au revoir). Ainsi, laccueil des artistes est trs important : cest un travail de fond dans lintrt de tout le monde.

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  • 20 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    2 Profil des entreprises engages dans les nouvelles initiatives dexportation

    Le prsent chapitre traite des contraintes propres nos marchs respectifs. Nous verrons ici les donnes de march factuelles qui nous guideront ultrieurement dans la dfinition des stratgies de march aux chapitres 4 et 5.

    Nous devons dabord tablir un postulat important. Il vaut mieux partir du principe que rien nest pareil dans nos marchs respectifs et ainsi construire toute relation comme lapprentissage dun terrain vierge. Ainsi les notions dcoute, douverture, dtablir une complicit et une bonne communication seront fondatrices.

    2.1 Taille et nature compare des marchs

    En France Un pralable ncessaire la comprhension du march franais du disque se fait par un rapide brossage de tableau du paysage franais, o lhyperconcentration est le mot dordre, ainsi que la prfrence pour le rpertoire local. Ce dernier phnomne sest largement dvelopp par le biais de la loi sur les quotas de chansons franaises.

    La concentration porte sur de nombreux domaines : dans la distribution du disque, dans les mdias, au niveau des dtaillants.

    Ainsi, quatre majors (bientt trois ?) se partagent au niveau de la production 85 % du march, et 50 % du volume des ventes se fait dans les grandes surfaces et 5 % chez les disquaires indpendants.

    Aussi pour tous les labels de petite taille ou les autoproduits, les chances dentrer directement dans les bacs en France ne seront ralistes que grce des aides, une connaissance des structures et des arrimages professionnels sur le lieu dexport, le dveloppement sur le long terme dune stratgie dexportation.

    Le march franais en 2003, cest 519 singles, 836 albums, 364 compilations qui sont entrs dans les tops de vente ; cela fait plus de plus de 1 700 disques proposs par 160 labels et 22 distributeurs sur une production totale de 656 singles (dont 256 francophones), 3314 albums (dont 718 francophones). Les indpendants ont reprsent en tout 87 singles, 212 albums, et 79 compilations. Ils ont moins de singles prsents dans les tops, mais ont nettement progress dans les albums, passant de 13,6 % 18,4 % en un an. Le rpertoire local est trs prsent (53 % pour les formats courts et 55,2 % pour les formats longs). Les duos remportent 15 % des parts de march, 63 disques de live font 5,7 %, et la tl-ralit a reprsent 11 % des singles et 5 % des albums

    La production musicale franaise est extrmement dveloppe, mais aussi trs concentre sur une di-zaine dartistes qui reprsentent environ 90 % des ventes.

    On gardera bien en tte que, en France, le poids du rpertoire local, tous genres confondus, est le plus important dEurope, comme on peut le lire dans le Cahier export France25 :

    Au sein des statistiques de ventes en gros publies par le Snep, la part des productions francophones stablit 62.9 %. Lanalyse dtaille de la rpartition des ventes en magasins par genres musicaux, pu-blie par Ifop-Tite Live, fait apparatre une part de 35.4 % de la varit francophone. [ ]

    - Varit francophone : 35.4 %

    - Compilations de production francophone : 16 %

    - Autres rpertoires de production francophone : 11 %

    [25] Cahier Export France, p. 12-13

    Profil des entreprises engages dans les nouvelles initiatives dexportation

  • 21 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Dont notamment :

    - Jazz francophone : 2.6 %

    - Bande Originale de Film : 2 %

    - World reggae de production francophone : 2.4 %

    - Autres rpertoires de production francophone : 4 % (techno-jungle-house, soul funk-R&B, rap hip-hop, etc.)

    [ ]Le rock reste la deuxime tendance musicale, derrire les varits franaise et internationale, mais loin devant le rap et les musiques lectroniques comme lillustrent des groupes tels que Placebo et Muse.

    [ ]Les albums rock restent cependant souvent en marge des rseaux radios et tl et leurs ventes dpassent rarement les 15 000 exemplaires. La scne, toujours dynamique (avec les mlanges des genres comme le ska rock), reste le plus sr moyen de faire dcoller les ventes.

    Au QubecComme la dit Louis Carrire, le tourneur qubcois Preste, la population du Qubec reprsente le dixime de celle de la France pour un territoire trois fois et demi plus grand. Lisolement du Qubec face au domaine anglo-saxon en fait un march plutt permable aux artistes franais. Par ailleurs, la ralit dmontre quil nest pas pour autant facile pour un projet franais de trouver preneur au Qubec, puisque loffre intrieure qubcoise est grande et culturellement en meilleure phase avec les auditoires. En dfinitive, il sagit dun march trs risqu reprsentant un potentiel rduit. Les Franais y viennent en prenant des risques finan-ciers difficiles amortir et cest souvent dans le but de changer dair quils le font.

    Cest au chapitre des invitations par les grands vnements que lentre au Qubec se fait le plus faci-lement. Toutefois, certains vnements comme les Francofolies de Montral imposent, pour accrotre la synergie des approches, que les artistes programms aient un album en bac au Qubec. De plus en plus, lindustrie qubcoise se dsintresse de projets dont elle sent que la motivation est davantage touris-tique quconomique. La seule valeur culturelle dune dmarche nest pas suffisante pour justifier tous les efforts impliqus.

    La plupart des artistes franais engags dans une stratgie de dveloppement au Qubec savent quil faudra un minimum de deux voyages avec des investissements perte avant de pouvoir sattendre un dbut de rsultats. Il sagit pourtant dartistes qui atteignent des ventes de 10 000 exemplaires dans lHexagone et qui bnficient par consquent dj dun certain bouche oreille au Qubec.

    Chaque anne, lAdisq et la Soproq recensent entre 200 et 250 productions qubcoises francophones pour les fins du gala des Flix et la Sopref recense environ 400 productions toutes langues dexpression confondues pour le gala MiMi. Environ 15% de ces recensements se recoupent, ainsi nous pouvons affirmer que prs de 600 albums sont publis annuellement au Qubec.

    La Sopref, qui opre le service de distribution collective Local Distribution, affirme que prs de 30% de ses ventes sont ralises chez les disquaires indpendants. Cette donne ne vaut videmment que pour les productions de crneaux spcialiss. On comprendra que pour les varits, cette proportion baissera substantiellement au bnfice des grandes surfaces et chanes spcialises.

    Pour le spectacle, lObservatoire de la culture et des communications du Qubec a mis sur pied un pro-cessus denqute rcurrente qui permet depuis lautomne 2003 davoir accs des donnes compiles de frquentation de plus de 400 salles de spectacles qubcoises.

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  • 22 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    Ainsi, nous apprenons quau Qubec, pour la priode des six premiers mois de 2005, la chanson fran-cophone reprsentait 328 spectacles diffrents dans 187 salles du Qubec, avec un taux payant doccu-pation de 65% et une assistance moyenne de 481 personnes. Prs de 50% de ces concerts provenaient de ltranger.26

    2.2 Taille des entreprisesQuelle est la taille moyenne des entreprises qui sont concernes par ce projet ? La rponse est trs simple : dune personne plusieurs dizaines. Que ce soient des artistes autoproduits ou des structures de type petits labels de deux dix personnes qui cherchent percer un march ou dvelopper des changes ; tous dsirent avoir des pistes et souhaitent profiter de lexprience de certains autres labels, producteurs de spectacles ou autres qui ont dj got lexport entre nos deux territoires.

    Une ressource humaine mi-temps et spcifiquement consacre aux diffrents efforts de recherche de soutiens et de partenaires au dveloppement international de la maison Jarring Effects serait presque ncessaire. 27

    Toutefois, notre sens, cette citation voque bien la notion de taille des entreprises pouvant envisager le dveloppement dinitiatives dexportation. En effet, bien que la maison Jarring Effects ne dispose toujours pas dune ressource affecte spcifiquement son dveloppement international et que cela ne lait pas empch ce jour dtre extrmement active sur ce plan, son porte-parole est clair sur le fait que les initiatives dexportation de la socit ont souffert dun certain manque de ressources. En fait, nous remarquons que bien quil soit la porte de plusieurs de se lancer dans une initiative lexport, il en va autrement pour sassurer que cette initiative atteigne des rsultats optimaux et parvienne se consolider.

    Nous mettons par consquent lide quil est fondamental que la structure qui sengage lexport, peu importe sa taille, dispose effectivement dune ressource linterne ou embauche un spcialiste indpen-dant pour assurer le suivi de telles oprations.

    2.3 Donnes pratiquesVous trouverez en fin douvrage, un tableau des Arrimages France-Qubec (tabli au mois de fvrier 2006) faisant tat de plusieurs cas types de collaboration entre indpendants franais et qubcois ou de projets dexportation.

    2.3.1 Disque : pressages et mises en places, rseaux et certifications

    Voici des donnes de march que toutes les entreprises se doivent de connatre et davoir intgr.

    En France :Concernant les ventes de disques pour le premier trimestre 2005, les chiffres de lObservatoire de la musique sont les suivants : il sest vendu 30,8 millions de CD audio, pour un chiffre daffaires de 366,1 millions deuros. Le march du CD audio (ventes consommateur TTC) a enregistr une augmentation en volume de +3,3% et une baisse en valeur de 9,3 % (vs. 1er trimestre 2004).

    Pour que vous puissiez avoir une ide du prix moyen dun album en 2005, voici quelques indications : le prix moyen de lalbum est de 13,9 euros contre 15,9 euros en 2004. Ce prix moyen est pondrer la baisse, en raison du volume croissant ralis par les oprations. Prs de 39 % des volumes et 13 % du chiffre daffaires ont t raliss par des produits vendus moins de 5 euros TTC. Le prix moyen du single est pass de 5,2 euros au 1er trimestre 2004 4 euros au 1er trimestre 2005.

    [26] http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/art_interpretation/freq_spectacles/mai_juin05.htm[27] Loc Kervarrec

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    http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/art_interpretation/freq_spectacles/mai_juin05.htm

  • 2 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Vous trouverez dans les rapports de lObservatoire de la musique toutes les informations sur le volume de vente et les pourcentages sur le site de lObservatoire de la musique (http://rmd.cite-musique.fr/ob-servatoire/etudes.htm), notamment dans des documents comme le rapport sur les marchs du support musical - T1 2005.

    Les pages 78 149 du Cahier Export France, brossent un portrait trs raliste du fonctionnement de chacun des styles musicaux. Ces sections, ralises par des professionnels de chacun des genres musicaux et comprenant des informations comme les pratiques, les salles, les tourneurs, etc.

    Pour vous donner une ide du paysage des labels franais, retrouvez un extrait du Top 100 des labels indpendants publi dans Musique Info Hebdo du 16 dcembre 2005 :

    (En millions deuros) CA 200 CA 2002 CA 2001

    M6 Interactions 136,00 146,00 101,00

    Wagram Music 52,50 56,00 57,00

    France Tlvision distribution

    48,00 40,00 37,00

    Nave 25,00 19,10 8,20

    PIAS France 12,00 13,20 9,15

    Au Qubec :Les donnes statistiques de ventes de disques qubcois sont compiles par la maison prive Nielsen-Soundscan et disponibles par abonnement professionnel. Ce facteur, conjugu labsence de publica-tion professionnelle, rend laccs aux donnes de ventes du disque difficile. LObservatoire de la culture et des communications du Qubec vient de produire le 14 fvrier dernier, un premier dossier statistique sur lindustrie de lenregistrement sonore au Qubec.28

    Selon ces rcentes statistiques de lOCCQ, 12M de CD sont encore vendus au Qubec par anne, quatre fois plus que les DVD, et presque un album achet sur deux serait qubcois (40%). Ainsi, chaque Qubcois achterait un disque qubcois par anne. Rien ne nous dit toutefois encore de quel genre musical il sagit.

    Ce chiffre constitue une des plus fortes proportions nationales qui soit, et cette forte proportion implique srement le fait quun large spectre de musiques est privilgi. Sinon, les certifications seraient trs com-munes, ce qui ne semble pas tre le cas, si lon se fie au peu dactualit dvoile couramment en ce sens. Pour tout le Canada en 2003, seulement 42 albums taient certifis Or, Platine ou Diamant.

    Le ministre du Patrimoine canadien publie une synthse statistique29 qui a le mrite dtre mise jour annuellement, mais a aussi le dfaut dtre pancanadienne et de ne fonder ses quelques chiffres qu-bcois que sur ceux du collectif Soproq, qui ne recense que les titres publis par ses adhrents. Cette synthse ne dcline pas les ventes de disques par province. Nous vous invitons malgr tout la consulter si vous cherchez des chiffres couvrant lensemble du march canadien.

    Les mises en place en FranceEstimez-vous heureux darriver mettre en place (pour des genres musicaux comme le Rock), entre 3 000 et 5 000 disques. Et pour les musiques du monde (hormis le reggae et le zouk) darriver des chiffres aux alentours de 500 exemplaires Attention, on parle de mise en place dans les bacs. Pour des informations concernant le pressage et les droits de reproduction mcanique, renseignez-vous auprs de la SDRM (www.sacem.fr), notamment si vous importez des disques dont le rpertoire est gr par la Sacem.

    [28] http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/enreg_sonore/index.htm[29] http://www.pch.gc.ca/pc-ch/sujets-subjects/arts-culture/sonore-sound/music_industry/3_f.cfm

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    http://rmd.cite-musique.fr/observatoire/etudes.htmhttp://rmd.cite-musique.fr/observatoire/etudes.htmwww.sacem.frwww.sacem.frhttp://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/culture_comnc/enreg_sonore/index.htmhttp://www.pch.gc.ca/pc-ch/sujets-subjects/arts-culture/sonore-sound/music_industry/3_f.cfm

  • 2 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    Les tarifs de pressage dpendront, comme dhabitude, de ce que vous souhaitez comme produit. Vous trouverez aussi plus de renseignements dans la partie sur les droits de douane, lorsque vous importez des disques. Nanmoins pour vous permettre davoir une chelle comparative, voici les genres musicaux les plus achets par les Franais :

    Tableau des pourcentages par genre musicalTops Singles Tops Albums

    Genre 200 (%) 2002 (%) 200 (%) 2002 (%)Chanson, varits franaises 32,8 29,3 36 33,6Rap, Ragga, Reggae 22,7 13,9 10,2 9,4Pop 15,3 24 13 12,5Electro 5,6 4,3 1,8 3,6Rock 5,3 4,6 14,4 12,3Dance 4,5 4,5 0,1 0,6Rnb Soul 4,4 9,1 4,7 5,9Rock franais 4,2 2,3 7,2 6,4BO de films 2,8 1,1 3,8 4,8World Music 1,5 1,7 2,6 4,6Jazz 0,1 0,1 2,2 2,3Classique 0 0 1,4 1,7Autres 0,8 5,1 2,6 2,3Total 100,0 100,0 100,0 100,0

    (Source : Observatoire du disque et de lindustrie musicale)

    Les mises en place au QubecUn pressage qubcois initial pour un nouveau projet qui ne bnficie pas dun hype spcifique, ne dpassera jamais 1 000 exemplaires puisquun repressage peut gnralement tre obtenu en moins de 10 jours daffaires.

    Une mise en place conventionnelle se fait aux alentours de 250 300 copies sauf sur des produits de niche qui sont de 150 copies mises en place (ex. en jazz et musiques du monde) pour des musiques qui bougent lentement mais longtemps. Pour les albums Pop et Rock, les mises en place sont plus importan-tes mais sur une dure plus courte.Les acheteurs en magasin laissant une place un disque mme ancien. 30

    Il faut savoir que les quatre majors sont absentes du march qubcois de la signature et ne distribuent que des catalogues trangers. Universal est un peu plus active que ses concurrentes en ce qui concerne la mise en march domestique de ses labels Barclay ou AZ pour lesquels elle a mme ngoci un partena-riat avec lindpendant DEP. Par contre, les producteurs indpendants franais auront systmatiquement recours au Qubec des labels et distributeurs indpendants.

    Il faut aussi savoir que la VPC nest pas une option au Qubec. Malgr son grand territoire, peu de VPcistes sont actifs et les gens ne consomment pas de disques par ce biais. Encore plus depuis larrive dInternet.

    Il existe prs de 60 dtaillants indpendants et une centaine de disquaires grandes surfaces. Le nombre de point de ventes de disques et DVD dans les grandes surfaces gnralistes ne cesse par ailleurs daug-menter, mais on sentend sur le fait que laccs ceux-ci est srieusement limit aux produits dont la demande atteint de larges auditoires friands de varits ou de blockbusters internationaux.

    La philosophie mme de la distribution est diffrente au Canada : les distributeurs ne sont pas des la-bels ! Au Qubec, un distributeur est un distributeur ; part Slect (groupe Quebecor) qui a une activit de label. Globalement on trouve plus dimportateurs que de distributeurs : do lexplication du raison-nement en kilogrammes de disques reus. Ainsi Wagram reoit chaque mois un relev des ventes de la part de son importateur. Ces importateurs font peu ou pas de promo. Ils fonctionnent par consignement.

    [30] David Laferrire

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  • 2 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    Un label souhaitant faire de la promo devra engager des frais supplmentaires en terme de promotion : attach de presse, etc. En terme de march, il faut savoir que lon vend plus de disques par habitant au Qubec quen France. 31

    Plus spcifiquement, la mise en place initiale dun nouvel artiste aux fins de constituer un test de march se situe aux alentours de 500 exemplaires. Ainsi, il est souvent plus logique de tenter une premire exp-rience laide de copies importes du march franais avant dimmobiliser des ressources autrement uti-les en communications dans un pressage initial de 1 000 copies. Ds que ces 500 premires ventes sont toutefois confirmes, il deviendra plus conomique et moins risqu de presser en territoire canadien.

    ces 500 copies, il faudra aussi ajouter de 100 300 copies selon les moyens et les points de vue et qui se-ront destines la promotion. Ces copies, il va sans dire, constituent une perte sche pour lexportateur.

    En terme de rgionalisation des ventes, il est intressant galement de constater les diffrences que lon peut avoir entre Montral au public multiculturel, alors que le reste du Qubec est plus traditionnel. Aussi, ce ne sont pas les mmes oeuvres ou rpertoires qui vont tre diffuss. 32

    Quelques dilemmes se poseront ds lors que les partenaires souhaiteront fabriquer en territoire domes-tique qubcois. Dabord, il faut savoir que le format digipack est encore peu rpandu et trs coteux au Qubec qui lui a prfr le botier cristal. Il faudra tre prt refaire la maquette des botiers et livrets pour ltranger.

    Au Qubec :Pour un producteur indpendant qui confie la distribution de son catalogue un distributeur indpen-dant tabli, sur la base dun album incluant dix oeuvres originales, au prix de gros hors taxes de 13$Ca.Frais de pressage (+/- 10%) : 2 $Droits Sodrac (0,8025 le titre) : 0,80 $Frais de distribution (+/- 35%) : 4,42 $Redevance artiste (+/- 8%) : 1,04 $Frais gnraux (+/- 7%) : 0,91 $Total cots variables : 9,17 $Marge Producteur : 3,83 $ (soit 29,4%)

    Au Qubec, pour tre un Prix public dtaillant (PPD) local, il faut tre 13,60 $Ca, ce qui fait une re-devance pour les labels de 9 $Ca. Au maximum 10 $Ca pour un PPD qui va tre 15,90 $Ca. Au-del, on rentre dans la catgorie import qui est plus leve et met hors circuit , cause de la comptition locale. Hormis sil y a un super buzz sur le groupe.

    En France :Un disque 15 dans les bacs arrive 9,22 PGHT, auquel on enlve donc 20 25 %, jusqu un prix de 7,30 .

    titre de comparaison sur le march franais et pour vous donner une ide des cots, un extrait du Guide de la ngociation des contrats dartiste, ouvrage de lAdami, ralis par Jean-Marie Guilloux :

    Pour un producteur indpendant qui confie la distribution de son catalogue une socit multinationale, sur la base dun album au prix de gros catalogue hors taxes de 12 .Frais de pressage (+/- 8%) : 1 Droits Sacem/SDRM (9.009%) : 1,08 Frais de distribution (+/- 40%) : 4,80 Redevance artiste (+/- 8%) : 0,96 Redevance ralisateur (+/- 2 %) : 0,24

    [31] Christian Bordarier[32] Id.

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  • 26 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    Frais gnraux (+/- 5%) : 0,60 Total cots variables : 8,68 Marge Producteur : 3,32 soit 27,66%

    Un autre problme se posera souvent avec acuit : celui du titre lancer. Les artistes ont souvent plus dun album cumul dans leur territoire domestique avant de sattaquer au march tranger. Doit-on faire un best of pour le Qubec, sortir le disque le plus rcent ou sortir lalbum antrieur qui proposait un hit ayant propuls lartiste ? Doit-on en regard de la vitesse de circulation des informations par Internet proposer des sorties simultanes des nouveaux albums dans les deux territoires ?

    Les rseaux en France : Mieux que toutes les explications, un petit tableau qui vous fera mditer sur le type de distribution que lon trouve en France.

    Pourcentage par distributeurs des Chart Shares Singles Albums Compilations Estimation globale

    Universal 37,8 30,5 32,3 33Sony 18,6 19,1 23,1 20EMI 11,1 20,7 16,6 17Warner 15,9 14,8 16,3 15,5BMG 15,4 9,6 8,5 10,5Indpendants 1,2 5,5 3,3 4

    (Source : Observatoire du disque et de lindustrie musicale)

    Un concert est un moyen de vente directe pour les groupes. Contractuellement, il est prvu que le groupe puisse racheter des disques un tarif avantageux pour les vendre lors des concerts. Cependant, il y a une rgle de courtoisie respecter : pas de vente lors du concert lorsquun ou plusieurs disquaires proposent les disques du groupe dans la ville mme. La situation est suffisamment critique pour les dis-quaires pour ne pas leur compliquer la tche !

    Pour tout ce qui concerne les rseaux informels, globalement, la situation est assez similaire au Qubec, alors imprgnez-vous bien du paragraphe suivant.

    Les rseaux au QubecLe premier rseau informel pour le disque est celui constitu par les lieux de concerts. Lors dune premi-re visite, cest indniablement la raction spontane des spectateurs qui constituera le meilleur indicateur de potentiel. Les grands vnements contractent des ententes avec un disquaire dans le but doprer un stand sur les lieux du festival. Cest sous cette tente que sest cr le premier buzz pour High Tone lors du Festival de Jazz de Montral de 2003. Ainsi, toutes les autres ventes directes effectues lors de concerts pourraient permettre de dgager des liquidits pour assumer une part des frais de sjour de lartiste. Rgle gnrale, le label ou distributeur pourra aisment consentir ce genre dactivit. Soyez toutefois prudents dans vos prvisions. Certains artistes comme Parabellum ont pu remplir leurs salles et y mettre le feu sans pour autant gnrer autant de ventes que souhaites. Parfois aussi, les T-Shirts raviront la faveur des consommateurs plutt que lalbum.

    Les disquaires indpendants spcialiss sentiront les premiers les effets dune prsence russie et dun album qui sancre dans le march daccueil. Les grandes chanes de disquaires suivront, sil y a lieu, peu de temps aprs et constitueront le march o les ventes deviendront significatives. Nous nous rfrons ici dabord Archambault et HMV, suivies ensuite par Renaud-Bray et Music-World. Dentre de jeu, il est possible daffirmer que pour les artistes francophones, Archambault et Renaud-Bray dominent le march montralais alors que HMV et Music-World deviennent davantage significatifs lextrieur des marchs centraux de Montral et Qubec.

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  • 27 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    2.3.2 Concert : tourne et rcurrence, rseaux et acteurs

    La production de spectacles est une prise de risque un moment donn. Le mouvement est inverse entre le disque et le spectacle, puisque le disque peut potentiellement se vendre sur la longueur.

    Nicolas Cuinier

    Il y a beaucoup de similitudes entre la France et le Qubec, o la ralit pour bon nombre est quavant mme davoir un cachet pour les musiciens, tout est englouti dans le camion, lessence

    En France Il nous a sembl plus intressant de vous renvoyer sur les contacts de lOfficiel de la Musique en France o vous retrouverez lensemble des contacts sur ce territoire.

    La solution pour vous expliquer la ralit du spectacle en France est trs simple. Le Bureau export a ralis un trs bon balayage global de la situation : il nen reste pas moins trs difficile de tourner pour un artiste tranger peu connu par le public franais. Trouver une date peut se faire de manire relativement facile, mais ds que vous voulez organiser une vraie tourne, il faudra chercher un bon tourneur franais. 33

    Aussi, plus loin, dans le mme document, on peut lire : Il existe une corrlation entre le prix des billets dentre au concert et la valeur commerciale de lartiste. [] En fonction de la notorit, on peut dresser une classification :

    - les artistes dcouvertes, ou en dveloppement, avec des prix de places allant en moyenne de 10 et 25 euros, programms surtout dans les Smacs (Scnes de musiques actuelles) et le rseau subventionn.

    - les artistes confirms, entre 25 et 40 euros environ.

    - les stars, programmes essentiellement dans des salles prives, avec des prix au-del de 40 euros.

    Ces chelles de prix vous donneront une ide des sommes engages par un producteur de spectacles et des (potentielles) rentres dargent quil pourra avoir.

    Pour avoir une ide du montant du cachet dun artiste ou dun technicien en France, reportez-vous aux fiches pratiques de lIrma.

    Au Qubec : Une affaire brune (une petite affaire) est paye 450 $Ca, et il nest pas rare davoir des problmes de matriel, avec un seul retour, une console qui fonctionne mal. Pour des affaires plus importantes (comme une municipalit par exemple), on peut envisager un cachet de 800 $Ca pour des artistes en mergence. Malgr la faiblesse de ces tarifs, il nest pas rare de voir le diffuseur impliquer lartiste dans la prise de ris-que et souhaiter une entente de co-prsentation. Dans de tels cas, cest le nombre dentres qui dtermi-nera le cachet ! Puisque les diffuseurs ne sont pas trs ports sur le risque, il sera frquemment conseill de produire soi-mme son concert en tandem avec un artiste qubcois et le soutien de son partenaire empathique. Le risque sera lev, mais le bnfice des efforts consentis vous reviendra directement.

    Les groupes qubcois essayent dtre le moins possible de musiciens sur scne puisque les concerts sont mal pays. Pour certaines dates, il nest pas rare de trouver une formule plus rduite (par exemple en trio). Par contre, on vite de plus en plus rogner sur la qualit car les publics sont exigeants.

    Pour une tourne en Gaspsie, toutes les salles payent la mme somme : 1200 $ et 3 chambres doubles.

    Dans le contrat, il est stipul le matriel technique dont on a besoin, mais cest le sonorisateur qui ap-pellera les salles pour savoir ce dont elles disposent. Il arrive souvent que lon doive louer du matriel dappoint, frais qui vous seront rembourss si cela est prvu au contrat.

    [33] Cahier Export France, mise jour septembre 2005, p. 39.

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  • 28 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle Irma/Sopref - 2006

    On parle denviron 1200 2000 $Ca pour un artiste nouveau et une premire venue sans buzz majeur en banque ; do limportance des aides... Pour les Qubcois, 5000 $Ca est un seuil critique atteindre, on parle alors dun artiste tabli.

    Sandy Boutin voque les diffrences de chaque territoire pour un mme groupe : A titre de comparaison, la valeur financire dun groupe en France nest pas la mme au Qubec surtout si le groupe nest pas connu. Comme Java, qui lors de sa premire tourne, ntait pas connu par les Qubcois.

    Ce qui a une incidence directe sur la valeur dachat du concert : ainsi, il nest pas rare quun concert dun groupe connu en France se vende 1000 $Ca car les artistes ont montrer ce dont ils sont capables ! Quest-ce que cela prouve ?

    Et bien tout simplement, que la solution pour arriver faire des tournes dans de bonnes conditions est de rpondre quelques points vidents : les Qubcois interrogs esprent dvelopper des partenariats entre la France et le Qubec en changeant des premires parties. Pourquoi ? Parce que cela permet davoir moins de travail faire quel que soit le territoire pour remplir des salles. La renomme dun groupe profitant un autre. Cest ce quont pu vrifier des groupes comme Polmil Bazar avec les Blrots de R.a.v.e.l. ou Loparleur.

    Il faut toujours chercher le bon partenariat ! a ne se fait pas en une fois, mais les liens qui nous unissent sont suffisamment divers pour vous laisser de nombreuses possibilits de crer des opportunits. Bien souvent, comme le rappelait Franois Bensignor, dans le Guide Export France :

    Afin de mettre le plus grand nombre datouts de son ct pour pntrer le march franais, on veillera ne pas ngliger de :

    - reprer les diffrents rseaux, lieux ressource et structures rgionales susceptibles de fournir des informations sur les ralits du terrain ainsi que des contacts

    - trouver des relais ou des appuis au sein de la communaut culturelle de lartiste.

    Associer la venue de lartiste en France son implication dans des projets dans lesquels les populations locales sont partie prenante (stages, master class), ou dans des formes de rsidence aboutissant une rencontre avec des acteurs culturels et des publics 34

    Ce qui sous-entend galement que vous devrez prner lchange : si lon vous aide, noubliez pas de renvoyer lascenseur. Sinon, il y a de fortes chances pour que lchange cesse trs rapidement.

    Le prix moyen des concerts dartistes dcouvrir ou en dveloppement se trouve dans une fourchette allant de $6 $15. Nous ne nous appesantirons pas sur ces prix qui font que les minima sociaux pour les artistes ne sont pas respects dans bien des cas.

    2.3.3 Communication : mdias, rseaux, mthodes

    Les mdia : ceux-ci fonctionnent comme en France mais avec une ractivit et un dynamisme bien plus importants : chanes cbles ou clips, etc. 35

    France-Qubec mme combat !

    Les mdia sont des partenaires difficiles. Partout. En France comme au Qubec. Et les similitudes y sont plus que frappantes : les radios dtat ont un cahier des charges bien prcis. Il est important darriver dcoder les informations au niveau des petites radios, comment elles fonctionnent, leurs cls de pro-grammation

    Comme en France, au Qubec : le premier constat est la difficult au niveau des labels ou des majors de sa-voir quelle radio pourra suivre un disque. Beaucoup de radios commerciales trs coutes ayant un trs faible taux de rotation. Ce qui fait quil savre presque impossible de percer sur les radios commerciales. 36

    [34] France Export Guidebook http://www.french-music.org/exportguidebooks.php[35] Christian Bordarier[36] Laurent Saulnier

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    http://www.french-music.org/exportguidebooks.php

  • 29 Irma/Sopref - 2006 Guide pratique France-Qubec du disque et du spectacle

    En France : Eric Baptiste dans son rapport sur les relations entre les radios et la filire musicale37 : Au total, les reprsentants de lindustrie musicale estiment que [la playlist] repose sur loffre, do la ncessit dune exposition pour faire connatre cette offre alors que les radios sont formates pour rpondre une de-mande, celle du public. Pour eux, le risque serait donc aujourdhui principalement pris par les maisons de disques et non plus par les radios. Dans le mme rapport, on peut galement lire : Pour nombre de producteurs indpendants, il nexiste pas de place en radio hors dun rapport de force. Lorsquun producteur possde un gros artiste, il peut monnayer le passage dartistes moins connus.

    Nous vous renvoyons sur la partie Rseaux de promotion de Je monte mon Label disponible lIrma et la Sopref ; ainsi que sur la partie les mdia du Cahier export France rdige par le Bureau Export pour une description dtaille de ce quest la place des mdia lheure actuelle en France.

    Vous y retrouverez la presse, la radio, les genres diffuss, la rotation des titres, la tlvision En somme toutes les informations primordiales pour vous dans ce que nous appelons de lintelligence conomique pour aller chercher linformation pertinente et utile votre projet. Consultez aussi les guides annuels dits par le Snep (lActualit du disque) pour savoir ce dont il en retourne dans notre belle France !

    En vue ddifier votre comprhension du paysage radio musical franais :

    Rpartition des diffrents genres musicaux :

    En terme de diffusion En terme daudience

    Varit francophone 19% (-1) 31% (-1)

    Varit internationale 9% (+1) 11% (+1)

    Pop/rock international 23% (-) 19% (+1)

    Groove/Rn B 18% (+2) 14% (+1)

    Dance 11% (-2) 6% (-2)

    Rap 6% (-2) 6% (-3)

    Pop/rock francophone 8% (+2) 7% (+1)

    Ragga/Reggae 3% (-) 3% (+1)

    Autres 3% (-) 3% (+1)

    Source : Mediametrie (2003)

    Il vous sera trs difficile de rentrer un titre sur les tlvisions musicales, hormis si vous avez un partenaire puissant. Trs puissant. Cependant la donne commence changer en France grce la TNT (Tlvision numrique terrestre) qui se voit dote de nombreuses chanes musicales. Le souci comme la point Pas-cal Ngre lors de la confrence de presse du Snep au Midem 2006 tant principalement quaux heures de grandes coutes, il ny avait pas de diffusion musicale sur ces chanes. La dcouverte de nouveaux artistes par la tlvision reste (encore et toujours) lternel problme en France.

    Au Qubec : Je suis certain que Subsonik naurait jamais eu la chance de mettre un titre en rotation en France sur Fun Radio ou NRJ. Alors quaussi petit quon soit, nous avons russi placer un titre au Qubec. 38

    Il conviendra pour toute entreprise dsirant dmarcher le Qubec de connatre les rseaux de radios communautaires, et universitaires. Et les rgles de quota qui imposent 45% de musique canadienne dont 65% de musique francophone.

    [37] Baptiste, ric, Rapport sur les relations entre les radios et la filire musicale[38] Andr Breault

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