16
1 JOSEPH OU LA CONTEMPLATION D’UN MYSTERE Gilles de Christen Si Joseph nous est connu comme patron de la vie, c’est en général dans le sens de la vie à sa conception et au moment de la mort. Il ne nous est pas ou peu connu comme patron de la vie en tant que tel, vie qui inclut toute notre vie quotidienne, même s’il est prié pour les problèmes courants de la vie. Devant la dilution de la famille et le non-respect de la vie, devant les lois qui apparaissent dans un nombre de plus en plus important de pays pour légaliser les dérives morales actuelles, avortement, fécondation in vitro, euthanasie en début et fin de vie et maintenant famille homosexuelle (avec "droit" au mariage et à l'enfant), chez les catholiques l'on se tourne de plus en plus vers Joseph. Lentement mais sûrement. Notre mission à nous qui sommes réunis ici, c’est de le faire connaître, pour qu’il soit prié et qu’il puisse agir. Car c’est lui, le patron de toute la vie. Et il est patron de la vie dans l'amour ! Il a accueilli par amour cet enfant donné pour fils, par amour pour Dieu, pour Marie, et pour l'humanité, lui qui avait déjà tant prié pour que Dieu envoie un sauveur aux hommes. Il a vécu toute sa vie dans l'amour de Dieu, dans l'obéissance d'amour pour Dieu, et plus encore il a donné toute sa vie jour après jour par amour pour Dieu en ne cessant de préparer son fils à être l'agneau offert en sacrifice. Enfin il est mort par amour, épuisé d'amour, dit-on même, en voulant laisser désormais toute la place au Père dans l'enseignement de son fils, du Fils par excellence. Et il est mort dans l'Amour, entre les bras du Verbe incarné et de l'Immaculée ! Toute sa vie, il l'a vécu dans l'amour, et tout particulièrement comme Chef de la Sainte Famille, icône de l'amour divin parmi les hommes ! C’est pourquoi tout ce qui concerne Joseph comme patron de la vie le concerne comme patron de la vie dans l’amour. Il est déjà reconnu comme patron de la vie à sa conception, parce qu’il a accueilli le Verbe dès sa conception. J’ajoute même que Dieu l’a toujours choisi comme Père, puisque l’Ange annonce à Marie que son enfant recevra « le trône de David son père ». [Or il ne peut être « Fils de David » que par Joseph. Les femmes ne transmettent pas la royauté davidique. D’ailleurs si une filiation davidique par Marie avait suffi, pourquoi aurait-il fallu que Marie épouse un Fils de David ? Pourquoi deux évangélistes ont-ils autant insisté sur la seule filiation davidique du Christ par Joseph ?] En d’autres termes, avant même l'Incarnation, quand Dieu annonce à Marie la paternité de Joseph, il nous révèle - par anticipation - l’accord plénier de Joseph à l'Incarnation; Joseph est bien « un homme selon le cœur de Dieu », plus encore que David. Ainsi Dieu lui-même nous le donne en exemple devant toute conception d’enfant. Si Joseph voudra s’effacer devant Marie, c’est justement parce qu’il accueille la grandeur de cette conception à laquelle Dieu ne l’a pas encore convié. Avec Joseph apprenons à accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même :

Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

  • Upload
    vunhan

  • View
    216

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 1  

JOSEPH OU LA CONTEMPLATION D’UN MYSTERE Gilles de Christen

Si Joseph nous est connu comme patron de la vie, c’est en général dans le sens de la vie à sa conception et au moment de la mort. Il ne nous est pas ou peu connu comme patron de la vie en tant que tel, vie qui inclut toute notre vie quotidienne, même s’il est prié pour les problèmes courants de la vie. Devant la dilution de la famille et le non-respect de la vie, devant les lois qui apparaissent dans un nombre de plus en plus important de pays pour légaliser les dérives morales actuelles, avortement, fécondation in vitro, euthanasie en début et fin de vie et maintenant famille homosexuelle (avec "droit" au mariage et à l'enfant), chez les catholiques l'on se tourne de plus en plus vers Joseph. Lentement mais sûrement. Notre mission à nous qui sommes réunis ici, c’est de le faire connaître, pour qu’il soit prié et qu’il puisse agir. Car c’est lui, le patron de toute la vie. Et il est patron de la vie dans l'amour ! Il a accueilli par amour cet enfant donné pour fils, par amour pour Dieu, pour Marie, et pour l'humanité, lui qui avait déjà tant prié pour que Dieu envoie un sauveur aux hommes. Il a vécu toute sa vie dans l'amour de Dieu, dans l'obéissance d'amour pour Dieu, et plus encore il a donné toute sa vie jour après jour par amour pour Dieu en ne cessant de préparer son fils à être l'agneau offert en sacrifice. Enfin il est mort par amour, épuisé d'amour, dit-on même, en voulant laisser désormais toute la place au Père dans l'enseignement de son fils, du Fils par excellence. Et il est mort dans l'Amour, entre les bras du Verbe incarné et de l'Immaculée ! Toute sa vie, il l'a vécu dans l'amour, et tout particulièrement comme Chef de la Sainte Famille, icône de l'amour divin parmi les hommes ! C’est pourquoi tout ce qui concerne Joseph comme patron de la vie le concerne comme patron de la vie dans l’amour. Il est déjà reconnu comme patron de la vie à sa conception, parce qu’il a accueilli le Verbe dès sa conception. J’ajoute même que Dieu l’a toujours choisi comme Père, puisque l’Ange annonce à Marie que son enfant recevra « le trône de David son père ». [Or il ne peut être « Fils de David » que par Joseph. Les femmes ne transmettent pas la royauté davidique. D’ailleurs si une filiation davidique par Marie avait suffi, pourquoi aurait-il fallu que Marie épouse un Fils de David ? Pourquoi deux évangélistes ont-ils autant insisté sur la seule filiation davidique du Christ par Joseph ?] En d’autres termes, avant même l'Incarnation, quand Dieu annonce à Marie la paternité de Joseph, il nous révèle - par anticipation - l’accord plénier de Joseph à l'Incarnation; Joseph est bien « un homme selon le cœur de Dieu », plus encore que David. Ainsi Dieu lui-même nous le donne en exemple devant toute conception d’enfant. Si Joseph voudra s’effacer devant Marie, c’est justement parce qu’il accueille la grandeur de cette conception à laquelle Dieu ne l’a pas encore convié. Avec Joseph apprenons à accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même :

Page 2: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 2  

« Quiconque accueille ce petit enfant à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille » (cf. Mt 18,15 ; Mc 9 ,37 ; Lc 9,48). De même il est patron de la [bonne] mort. Mais ce n’est pas seulement parce qu’il a connu une mort incomparable entre le Dieu incarné et l’Immaculée. C’est surtout parce que, comme père, c à d. éducateur, il a consacré (consacré au sens le plus fort) toute sa vie à préparer son fils à être le Serviteur Souffrant : « Toute sa paternité a été dirigée vers l’immolation du Christ … Il savait, en nourrissant ce bel enfant, qu’il engraissait la victime du sacrifice. Il n’a fait que cela toute sa vie : préparer l’Hostie qu’il savait devoir être immolée » 1, disait le chanoine Lallement. Mais entre la conception et la mort, il y a toute la vie et son quotidien, la vie de famille, les autres, le travail, le chômage, toutes nos joies et nos peines. J’aime parler de Joseph comme le « saint du quotidien », le patron de la vie quotidienne, parce que dans la Sainte Famille c’est à lui de gérer tout son quotidien de A à Z. Sans lui, avec seulement une toute jeune fille et un bébé sans défense, l'Incarnation ne pouvait pas ressembler à ce qu’elle aura été avec Joseph. Dieu aurait alors dû se manifester de manière incessante autour de la Mère et de l’Enfant avec force miracles, ce que les musulmans affirment, eux qui justement nient l’existence de Joseph. Il est d'autant plus le patron de notre vie quotidienne qu'il est un cas unique dans toute l'histoire de l'humanité : il est le seul être humain dont nous avons l'ascendance complète depuis Adam lui-même, il est celui qui récapitule, pour l'apporter au Verbe incarné, toute notre humanité avec ce qu'elle fait et de bien et de mal tout au long de ses jours, notre vie à nous en quelque sorte. Si le Christ assume toute notre humanité, il faut aussi que nous comprenions que c'est Joseph qui en premier la reçoit dans sa totalité (depuis le premier homme !) et qu'à ce titre il est vraiment celui qui peut la remettre entre les mains du Christ, qu'il peut vraiment lui remettre toute notre vie quotidienne. Avec lui nous sommes sûrs d’aller dans la bonne direction. En effet ne fut-il pas - avec Marie - le modèle que Jésus a eu devant lui durant tant d’années ? Car c’est le rôle du père de l’éduquer, plus encore par son exemple que par son enseignement. Ils vécurent tant d’années ensemble, du matin au soir, entre vie privée et vie de travail, à l’image de notre vie quotidienne. Et ce modèle de vie, c’est en définitive c’est ce que Jésus nous retransmet durant sa courte vie publique, si courte par rapport à sa vie cachée qu’elle nous révèle a contrario l’importance de cette vie cachée. De plus c’est de Joseph qu’il reçoit l’héritage de toutes les générations antérieures pour assumer notre humanité ; c’est encore le rôle de Joseph de lui donner son nom comme de l’inscrire dans les registres de l’humanité. En résumé le lien le plus étroit que le Verbe dans son incarnation a avec la vie de tout homme, c’est à Joseph qu’il le doit.                                                                                                                          

1 Daniel-Joseph Lallement, Vie et sainteté de St Joseph P.140 et Mystère de la Paternité de St Joseph P.214

Page 3: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 3  

Nous ne pouvons pas oublier l’importance de Joseph dans la révélation que le Christ nous donne sur le sens de notre vie et nous pouvons au contraire nous tourner légitimement vers celui qui fut le modèle de vie, de vie complètement enracinée à chaque instant dans l’amour comme la confiance en Dieu. A Joseph Dieu peut confier la garde complète de la Sainte Famille, sans besoin de faire des miracles. Le miracle, c’est Joseph lui-même en quelque sorte, et ses vertus incomparables. Même le chef d’état le plus puissant du monde ne peut avoir autant de responsabilités que Joseph, car il a à s’occuper d’un Dieu qui se fait homme et Dieu est infiniment plus grand que toute l’humanité réunie, et a fortiori qu’une seule nation, même la plus grande. D’ailleurs c’est Matthieu qui me conduit à faire cette comparaison, puisqu’au début de son évangile il ne cesse de faire référence à l’Egypte du patriarche Joseph, l’une des plus grandes puissances du monde d’alors, dont le patriarche était le ministre le plus puissant. Thérèse de Lisieux, la sainte de la « petite voie » (la spécialité de Joseph, disons-le), a pu dire : « je passerai mon Ciel à faire du bien sur la terre » ; et même « dans le cœur de l’Église, ma mère, je serai l'amour ». Si c’est vrai de la petite Thérèse, à plus forte raison est-ce vrai de Joseph. Adaptons ces phrases à Joseph : « Joseph, modèle de l’amour, passe son Ciel à nous inviter à rentrer dans l'amour de Dieu, instant après instant de notre vie », l’amour étant le summum de « bien » que nous puissions recevoir sur la terre. Il nous y invite comme père, c à d. en nous laissant libres d'agir, tout en nous donnant, comme Providence du Père, des conseils discrets. Mais voulons-nous les voir, les entendre et les suivre ? Si nous voulons arriver à vivre selon le véritable amour, il nous faut remplir plusieurs conditions, que Joseph assume comme chef de la Sainte Famille et qu'à ce titre il assume pour nous aussi; et il nous invite à faire de même. Cet itinéraire intérieur de Joseph est le suivant : avoir une attitude dynamique de confiance totale en Dieu, car elle nous donnera la force pour garder le bon cap. Cela nous apportera alors la paix intérieure. Et cette paix est nécessaire pour que puisse s’épanouir véritablement en nous l’amour, la joie, l’humilité car l’amour de Dieu est toujours infiniment paisible et joyeux, comme il est immensément humble. Examinons les différents éléments qui permettent suivre cet itinéraire dans une vie quotidienne vécue en Dieu avec Joseph. 1. La dynamique vivifiante de la confiance Si Joseph remplace les miracles que Dieu aurait dû faire, c’est parce que, par sa confiance absolue dans le Père, il peut être le symbole même de la Providence du Père sur la terre. Les chrétiens ne s’y

Page 4: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 4  

trompent pas quand ils l’invoquent pour qu’il les aide. Matthieu (aux chapitres 1 et 2) nous révèle l'attitude de Joseph en reprenant les mêmes mots entre d’un côté la demande de Dieu et de l’autre l'action de Joseph : « prends … Marie, et il prit… Marie » (1,20-24) ; « lève-toi, prends … et enfuis-toi … ; et il se leva, il prit… et il s’enfuit … » (2,13-14) ; « lève-toi, prends… et retourne … ; et il se leva, prit … et s’en retourna … » (2,20-21). On ne peut qu’être admiratif devant des réponses aussi parfaites, en actes et pas seulement par des mots, comme nous le faisons si souvent. Cette manière d'agir est la preuve d'une confiance totale en Dieu, que nul ne peut imaginer. On retrouve ici une démarche souvent demandée par le Christ : « lève-toi et marche ! ». C’est au fond le sens du mot grec makarios, « en marche », que les Septante choisirent d’utiliser le mot bienheureux, mot qui évoque quelque chose de statique pour traduire un mot hébreux dérivé du verbe marcher, qui exprime au contraire un mouvement permanent sur le chemin de vrai bonheur. André Chouraqui propose de traduire par « en avant » 2. C’est ce mot qu’a choisi de reprendre le traducteur de Matthieu pour nous dire que la vraie béatitude consiste à se lever et se mettre en marche, à être sans cesse élancé vers Dieu. Et Joseph est le premier a être déclaré « bienheureux » à l’instant même où la Nouvelle Alliance remplace l’Ancienne. Ce n’est pas sans rappeler le titre précédent accordé à Joseph par le même Matthieu (1,19) quand il pousse ce cri d’exclamation : « lui, le Juste ! » (« o dikaios on »), sous-entendu parmi tous les justes, au dessus de tous les justes, bien loin des traductions courantes qui nous viennent du latin et non du grec. Cet élan décrit par Matthieu à propos de Joseph, c’est précisément le même élan qui définit le Verbe dans le Prologue de St Jean : « le Verbe était tourné, élancé vers Dieu ». Mais là aussi, la traduction du grec (pros + accusatif) en latin (apud choisi au lieu de ad) a fait disparaître le mouvement décrit en grec. Adam et Ève après la Chute, au lieu de rester tournés vers Dieu, se sont tournés vers eux-mêmes. C’est ainsi qu’ils se sont vu nus. Au lieu de se regarder l’un l’autre dans un émerveillement d’amour, ils n’ont plus porté leur regard que sur eux-mêmes. Ce regard tourné vers soi fait tomber. Pierre en a fait l’expérience en marchant sur les eaux. Tourné vers le Christ il ne pouvait pas tomber, mais dès qu’il a commencé à tourner son regard sur lui, ce fut à nouveau la Chute, comme pour Adam et Ève. Mais, à la différence du premier couple, lui s’est aussitôt re-tourné vers le Seigneur. Se retourner Dieu, n’est-ce pas le sens de se convertir ? C’est pourquoi il a été sauvé. Nous-mêmes nous nous regardons beaucoup trop, au lieu de nous tourner vers Dieu, n’est-ce pas ?                                                                                                                          

2 André Chouraqui, Matyah (traduction de l’évangile de St Matthieu)

Page 5: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 5  

Dans la Nouvelle Alliance Joseph est le premier à se lever et marcher pour répondre à l’appel permanent de Dieu. C’est bien dans son rôle de père. A ce titre il nous est donné comme signe et pour modèle. En agissant comme lui, en vivant sans cesse tournés vers Dieu, nous découvrirons que, au delà de nos difficultés, notre vie peut être vécue dans la confiance, la force, la paix, le bonheur et l’amour. Inversement, nous ne verrons pas ce que veut nous donner la Providence si nous ne nous tournons pas vers Dieu. N’étant pas assez tournés vers l'Amour, nous ne pourrons pas répondre à son amour. Nous pouvons ici mieux comprendre que cette phrase de Paul (1 Co 13,2), « s’il me manque l'amour, je ne suis rien » veut dire : je ne peux pas accéder à Dieu ; je passe à côté de la beauté de ma vie. « Et nous savons que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8,28). Au-delà de toute épreuve, toute vie tournée vers Dieu est toujours belle. La confiance est donc le fruit de ce mouvement intérieur de se tourner vers Dieu et non vers soi. En faisant confiance à Dieu, nous découvrons que nous possédons une force intérieure nouvelle. C'est ainsi que, parce qu’il est modèle de confiance absolue en la Providence de Dieu, Joseph est le Roc sur lequel Jésus enfant et Marie peuvent s'appuyer et s’abandonner en toute sécurité ; et nous à notre tour, à l’imitation du Christ lui-même. Roc, Képhas, Pierre, ce sera le nom de l'apôtre Simon. Mais c’est avant tout celui du Père, dont le Rocher est un symbole pour les Juifs. Combien de fois voit-on les mots roc (ou rocher, ou des mots équivalents, citadelle, place forte, rempart, bouclier) dans la Bible ? C’est important de comprendre cela. Le rocher est le symbole du Père et Joseph est aussi notre père. Ainsi, ces mots si souvent répétés dans la Bible nous montrent la marche à suivre derrière Joseph. Dieu aime aussi se manifester dans les rochers. « Soulève ce rocher et tu boiras ». Cette phrase de Joseph au jeune berger Gaspard lors de son apparition à Cotignac en France le 7 juin 1660 fait penser à Dieu ordonnant à Moïse de frapper le… rocher pour en faire couler de l'eau « en abondance » pour faire boire les fils d’Israël (Nombres 20,8-11). Le lien entre le Père divin du Fils et son Père humain est ici flagrant, comme il l’est si souvent. Et le titre de Roc qui revient au Père revient aussi à celui qui est son icône pour nous les hommes : Joseph. La parabole de la « maison bâtie sur le roc » nous donne la clé pour comprendre pourquoi Dieu l’a choisi comme époux de Marie et père du Christ. Dans cette parabole Jésus ne pense-t-il pas bien plus à la construction de nos vies qu’à celle de nos maisons ? Et cette association entre maison et vie personnelle ne peut pas ne pas le faire penser à Joseph, lui qui fait si bien le lien entre la construction de la maison et la personne. D’une part il est architecte, charpentier, bâtisseur ; mais d’autre part il est aussi et surtout l’éducateur du Verbe lui-même, en qui Jésus a vu ce Roc sur lequel la Trinité a voulu bâtir sa Famille humaine.

Page 6: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 6  

Parce qu’il est ce Roc sur lequel nous pouvons nous appuyer à la suite de la Sainte Famille, parce qu’il est notre père aussi (mais c’est un autre sujet), Dieu nous le donne comme patron de nos vies du premier instant de notre existence jusque dans notre éternité céleste où sa royauté paternelle fera nos délices comme la royauté maternelle de Marie. Je réalise combien ce titre de Roc est important. « Sur cette pierre, sur ce roc je bâtirai mon Église ». Il nous faut un roc pour nous construire nous-mêmes. Sans force intérieure, nous ne pouvons pas nous construire durablement et nous ne pourrons donc pas connaître la vraie paix et la vraie joie, c à d. la paix et la joie intérieures, ni l’amour agapé. 2. Joseph, ombre du Père, source de paix, permet à la famille humaine de Dieu incarné de vivre l'amour trinitaire Parce que Joseph est ce roc sur lequel Jésus enfant peut s’appuyer sur la terre, Isidore de Isolanis dans sa « Somme des dons de Saint Joseph » 3 le présente comme le lieu de repos de Dieu parmi les hommes. Si le sommet de la Sainte Famille est et sera éternellement le Verbe incarné, il n'en est pourtant pas le « chef ». Jésus nous révèle ainsi qu’il ne vient pas en « Dieu tout-puissant », mais au contraire dans l'humilité, qui est en réalité la nature de notre Dieu dans sa gloire. Dieu est un Dieu d’Amour dont la toute-puissance n’est que douceur et humilité. Le Verbe incarné nous le révèle quand il nous dit qu’il est « doux et humble de cœur » (Mt 11,29). En Joseph quelle humilité indéfinissable, inimaginable même, il lui faut pour accepter d’être chef du Dieu incarné ! Oui, c'est bien à Joseph que revient cette gloire si humble d'être le chef et le gardien de la Sainte Famille, d’être le sceau paternel de la Paix divine. Le Verbe dans son humanité et sa Mère vivent sous son ombre protectrice, source de paix. Joseph, ombre du Père. Grâce à Joseph le Verbe dans son incarnation a goûté sur terre à ses propres délices auprès de Joseph et de Marie, car ce paradis qu’est la Sainte Famille, c à d. la famille de Joseph, est une terre de Dieu, comme un ciel sur la terre. Le mal n'entre pas dans la maison de Joseph. Joseph est le rempart du Père qui veille sur la Sainte Famille. Dieu lui-même lui a confié cette mission. Cela explique qu'il ait été choisi comme patron de l’Église, puisque

                                                                                                                         

3 Isidore de Isolanis, La somme des dons de Saint Joseph, ouvrage rédigé entre 1515 et 1522 par ce dominicain, adressé en 1522 au pape Adrien VI, chapitre premier de la troisième partie, PP.8-10 du second volume, dans son édition franco-latine de 1864, chez Amédée Chaillot, éditeur, Avignon: « Dieu bénit le septième jour parce qu’il se reposa en lui de tout ce qu'il avait fait. O combien de fois, Seigneur Jésus, vous vous êtes reposé sur le sein de Joseph ! [...] Dieu s'est donc reposé corporellement en Joseph. Il s’y est [aussi] reposé spirituellement, par le don de sa grâce qui le lui rendait agréable. Il s'y est reposé par la confiance [qu'il avait en lui] en l’unissant à sa mère. Il s'y est reposé [en s’abandonnant] à ses soins [par lesquels] il l'appelait son père. Il s'y est reposé dans la joie, [car] il vivait de son travail. Oui, vraiment Joseph est ce grand jour du Shabbat dans lequel le Dieu glorieux se reposa de tout ce qu'il avait fait ».

Page 7: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 7  

celle-ci a commencé d'exister sur la terre dans cette maison de Nazareth et Joseph en est pour toujours le protecteur, puisqu'il est notre père. C'est donc concrètement en bonne partie grâce à Joseph que peut régner dans la Sainte Famille cet échange d'amour, de tendresse, de douceur et d'humilité qui règne au cœur de la Trinité divine. C'est pourquoi elle est le chef d'œuvre de la Création par excellence. Pour cela il lui fallait la force et l'humilité de Joseph, celui dont j'ai dit plus haut qu'il était le miracle que Dieu a choisi au lieu de devoir en faire sans cesse pour protéger et secourir Marie et son fils. Et cela concerne tout aussi concrètement l’Église et tous les hommes qui dans leur cœur se lèvent et se tournent vers Dieu à la suite de Joseph et de Marie, tous, enfants de la Sainte Famille qui habitons la maison de Joseph. Que son humilité serve de modèle à tous ceux qui dirigent ou veulent diriger ! Que nous tous, nous comprenions que le seul vrai pouvoir se vit dans un esprit de service et que cela ne peut se vivre que dans l'humilité ! Cela vaut en réalité pour nous tous dans notre vie courante, car nous cherchons tous plus ou moins à contrôler - pour nous rassurer sans doute - ce qui nous entoure et notre avenir en particulier. La renonciation de Benoit XVI nous montre que ce pape a compris à l'exemple de Joseph que son seul rôle était d'être serviteur, et quand il ne s'est plus senti en mesure de servir comme il le devait, il préfère qu'un autre poursuive sa mission avec la force et l'énergie qu'il n'avait plus. Grâce à lui vivront désormais leur mission avec beaucoup plus de liberté, comme on le voit déjà avec notre pape François. Oui, en ne craignant pas d'agir à temps et à contretemps Benoit XVI a agi en véritable fils de Joseph, lui qui s'est effacé pour laisser toute la place au Père dans l’enseignement du Fils. Soyons, nous aussi, de vrais fils de Joseph et nous serons de véritables évangélisateurs dans un monde de plus en plus étranger à la foi chrétienne et même tout simplement à son langage. Avant de conclure, je rappelle un point que j’ai évoqué plus haut. A savoir ce fait - incontestable puisque rapporté dans l’évangile - que Dieu désigne Joseph comme Père avant l'Incarnation. Les prophètes avaient annoncé un Messie Fils de David et les Psaumes affirmé que Dieu s'y est même engagé par serment [dans le Psaume 88 (89) aux versets 4, 36 et 50, comme dans le Psaume 131 (132),verset 11]. Enfin, par son Ange Dieu l'annonce à Marie. Or ai-je dit, Jésus ne peut recevoir le titre messianique et royal de « Fils de David » que par Joseph. C'est exactement comme si Dieu lui-même disait à Marie : « toi, tu seras la Mère de mon Verbe incarné, et Joseph, lui, en sera le Père ». Ainsi Dieu lui annonce la paternité de Joseph et cela avant même que l'Incarnation ne se réalise. Avant l'Incarnation il nous désigne et la Mère et le Père de son Fils. De quel droit oserions-nous, nous les

Page 8: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 8  

hommes, ne pas reconnaître ce que Dieu lui-même (par la bouche de son Ange) a défini ? Cela est si vrai que Jésus en vient même à appeler son Père céleste « papa », comme Joseph ! Alors que les mentalités de notre temps et les lois qui les confortent sont en train de détruire la famille à petit feu, et cela de plus en plus rapidement et dans de trop nombreux pays, comment pourrions-nous laisser faire sans réagir, nous qui connaissons les pouvoirs de Joseph ? Aussi je prie les participants de ce congrès de faire parvenir une supplique à Rome pour que Joseph soit enfin - d’une manière ou d’une autre - reconnu comme « Père du Verbe incarné ». Je sais que cette demande ne sera pas acceptée comme telle avant longtemps. Mais nous pourrions demander que, au moins, sa primauté plénière soit reconnue à côté de celle de Marie, par exemple en introduisant maintenant son nom dans le Confiteor, c à d. dès le tout début de la messe ! Comme il est maintenant introduit dans les quatre Prières Eucharistiques romaines et que notre temps le réclame, c’est le moment de le faire. Alors nous pourrons l’invoquer avec une autre force. En effet, en donnant à l'homme un père après lui avoir donné une mère et un frère ainé (qui est notre Dieu), elle lui donnera alors une vraie famille, une famille complète dans laquelle les hommes pourront enfin se reconnaître, une famille confiée à un homme, au chef de famille, à Joseph. Et Joseph pourra alors, je l'affirme, jouer son véritable rôle de père, patron de la vie dans l'amour, et la famille et la vie pourront être sauvées.

Page 9: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 9  

JOSÉ O LA CONTEMPLACIÓN DE UN MISTERIO

Gilles de Christen Si a José lo conocemos como patrón de la vida es, en general, en el sentido de la vida en su concepción como en el momento de la muerte. No nos es realmente conocido como "patrón de la vida" como tal, vida que incluye toda nuestra vida diaria, incluso si lo pedimos para resolver problemas ordinarios. Ante la disolución de la familia y el incumplimiento de la vida, ante las leyes que aparecen en un número cada vez más importante de países para legalizar las desviaciones jurídicas actuales, aborto y fecundación “in vitro” al comienzo, como eutanasia al final de la vida, y ahora familia homosexual (con "derecho" al matrimonio y al niño), los católicos miran cada vez más hacia José. Eso lentamente pero inexorablemente. Nuestra misión a quienes estamos reunidos aquí, es de dar a conocer a él, para que sea pedida su intercesión y que pueda actuar. Porque él es el patrono de toda la vida. Es el patrón de la vida. ¿Pero cómo? ¡sino en el amor! Acogió por amor a este niño otorgado para hijo, por amor para Dios, para María, y para la humanidad, él que ya había rogado tanto para que Dios envíe a un salvador a los hombres. Vivió toda su vida en el amor de Dios, en la obediencia de amor para Dios, y más aún dio toda su vida día tras día por amor para Dios sin dejar de preparar a su hijo a ser el cordero ofrecido en sacrificio. Por fin, se murió por amor, agotado de amor, dicen incluso, queriendo dejar todo el lugar al Padre en la enseñanza de su hijo, del Hijo por excelencia. ¡Y se murió en el Amor, entre los brazos del Verbo Encarnado y de la Inmaculada! ¡Toda su vida, la vivió en el amor, y muy especialmente como Jefe de la Sagrada Familia, icono del amor divino entre los hombres! Por eso, todo lo que se refiere a José como patrón de la vida lo concierne como patrón de la vida en el amor. Ya es reconocido como el patrón de la vida en su concepción, porque ha acogido al Verbo desde su concepción. Además, Dios siempre lo ha elegido como padre, puesto que el ángel anuncia a María que su hijo recibirá « el trono de David, su padre ». [Ahora bien, puede ser « Hijo de David » solo por José, porque las mujeres no transmiten la realeza davídica. Por otra parte si una filiación davídica por María había bastado, ¿por qué habría sido necesario que contrajese matrimonio con un "hijo de David? ¿por qué"? ¿Por qué dos evangelistas tienen tanto hincapié en la única filiación davídica del Señor por José?]

Page 10: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 10  

En otras palabras, incluso antes de la Encarnación, cuando Dios anuncia a María la paternidad de José, nos revela - con anticipación - el acuerdo plenario de José a la Encarnación. Así, Dios mismo nos lo da como ejemplo ante cualquier concepción de niño. Si José desea alejarse de María, es precisamente porque acoge la grandeza de esa concepción a la que Dios no le ha aún invitado. Con José aprendamos a acoger toda concepción como deseada por el propio Cristo, como un poco del propio Cristo: "Toda persona que acoge a un niño en mi nombre, es a mí a quien acoge »(Mt 18:15 ; Mc 9:37 ; Lc 9:48). De igual modo es el patrón de la [buena] muerte. Pero este no es sólo porque experimentó una muerte incomparable entre el Dios encarnado y la Inmaculada. Sino, sobre todo, porque como padre, es decir: educador, dedicó toda su vida a preparar a su hijo a ser el “Siervo Sufriente”: « toda su paternidad se ha dirigido hacia la inmolación de Cristo… Él sabía, al nutrir a este hermoso niño, que estaba preparando la víctima sacrificial », dijo el canónigo francés Lallement [4]. Pero, entre la concepción y la muerte, hay toda la vida, la vida diaria, la vida familiar, la vida con los demás, el trabajo (o el desempleo), nuestras alegrías y nuestras penas. Y José es el patrón de la vida diaria, ya que en la Sagrada Familia es él quien debe gobernar su vida diaria desde la A hasta la Z. Sin él, con sólo una niña y un bebé indefenso, la Encarnación no podía haber sido como lo fue con José. Dios habría tenido que manifestarse en incesantes milagros alrededor de la Madre y del Niño, como dicen los musulmanes, ellos que niegan la existencia de José. El es el patrón de nuestra vida diaria, ya que es un caso único en toda la historia de la humanidad: es el único ser humano de quien tenemos la ascendencia completa desde Adán él mismo, es él quien recapituló toda nuestra humanidad, para entregarla al Verbo Encarnado con lo que hace en bien como en mal a lo largo de sus días; nuestra vida de nosotros hacia cierto punto. Si Cristo asume toda nuestra humanidad, es necesario también que comprendamos que sólo José es él que la recibe en primer lugar y que la recibe en su totalidad, ¡desde el primer hombre! Como tal es él quien puede entregar toda nuestra vida diaria entre las manos de Cristo. Con él estamos seguros de avanzar en la buena dirección. En efecto ¿no era él, con María, el modelo que Jesús tenía ante él durante tantos años? Ya que es el papel del padre educarlo, más aún por su ejemplo que por su enseñanza. Vivieron tantos años juntos, desde la mañana hasta la noche, entre la vida privada y la vida laboral, a la imagen de nuestra vida diaria. Este modelo de vida es en definitiva lo que Jesús vuelve a transmitirnos durante su corta vida pública, tan corta con relación a su vida oculta no menos importante.                                                                                                                          

4 Daniel-Joseph Lallement, Vie et Sainteté de Saint Joseph p.140 y Mystère de la Paternité de Saint Joseph p.214

Page 11: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 11  

De José Jesús recibe y asume la herencia de todas las generaciones previas. Además es el papel de José darle su nombre y también inscribirlo en los registros de la humanidad (en Belén). En resumen, el vínculo más estrecho que el Verbo en su encarnación tiene con la vida de cada hombre, es a José que lo debe. Pues bien, no podemos olvidar la importancia de José en la revelación que Cristo nos da sobre el sentido de nuestra vida; y podemos al contrario nosotros volver legítimamente hacia él que fue el modelo de vida, de vida completamente arraigada a cada momento en el amor como en la confianza en Dios. A José Dios podrá entregar la custodia completa de la Sagrada Familia, sin la necesidad de realizar milagros. El milagro, es el propio José en cierta forma, y sus virtudes incomparables. Incluso el Jefe de Estado más poderoso del mundo no puede tener tantas responsabilidades como José, ya que tiene de ocuparse de un Dios que se hace hombre; y Dios es infinitamente más grande que toda la humanidad reunida, y a fortiori que una sola nación, incluso la mayor. Mateo mismo me lleva a formular esta comparación, ya que al comienzo de su Evangelio sigue refiriéndose al Egipto del patriarca del mismo nombre José, y Egipto era una de las más grandes potencias del mundo en aquel momento, y su ministro más poderoso era el patriarca. Santa Teresita, la santa del "camino de infancia" (la especialidad de José, digámoslo), pudo decir: "Pasaré mi cielo haciendo del bien en la tierra" e incluso: "en el corazón de la Iglesia, mi madre, seré yo el amor". Si es cierto de Teresita, con mayor razón es eso cierto de José, José que el padre Marie-Dominique Philippe llama el "modelo del amor" [5]. Adaptemos estas frases a José: « José, modelo de amor, pasa su cielo a invitarnos a entrar en el amor de Dios, momento tras momento de nuestra vida », el amor siendo el pináculo de bien que podamos recibir en la tierra. Si queremos lograr vivir según el verdadero amor, debemos cumplir varias condiciones, que José asume como Jefe de la Sagrada Familia y que como tal asume también para nosotros. Nos invita a hacer lo mismo, es decir, dejándonos libres para actuar, dándonos al mismo tiempo, como Providencia del Padre, consejos discretos. ¿Pero queremos verlos, oírlos y seguirlos? Esta ruta interior de José esta la siguiente: en primer lugar tener una actitud dinámica de confianza en Dios, porque nos dará la fuerza para mantener el buen rumbo. Esto nos brindará la paz interior. Es necesario para que en nosotros florezcan verdaderamente el amor, la alegría, la humildad..., porque el amor de Dios es siempre pacífico y alegre, como sobre todo humilde.

                                                                                                                         

5 Marie-Dominique Philippe, Le mystère de Joseph, p.69 y 74

Page 12: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 12  

1. José, dinámica vivificante de confianza al estar sin cesar vuelto hacia el Señor Si José remplaza los milagros que Dios habría debido hacer, es porque, por su confianza total en el Padre, puede ser el propio símbolo de la Providencia del Padre en la tierra. Los Cristianos no se equivocan cuando lo invocan para que los ayude. Mateo (en sus primeros capítulos) pone de manifiesto la actitud de José, al repetir las mismas palabras del mandato de Dios y, por otra parte, la acción de José: “toma… a María, y el tomó… a María” (1:20-24); “levántate, toma… y huye…; y el se levantó, tomó… y huyó…” (2:13-14); “levántate, toma… y regresa…; y el se levantó, tomó… y regresó…” (2:20-21). No se puede ser sino admirativo ante respuestas tan perfectas, en actos y no sólo en palabras, como lo hacemos a menudo. Esta forma de actuar es la prueba de su confianza absoluta en Dios. Aquí nos encontramos con un enfoque a menudo solicitado por Cristo: "¡Levántate y anda!". Ahora bien, la Septuaginta utilizaba la palabra griega makarios - que significa bienaventurado, que evoca más bien algo estático - para traducir una palabra hebrea derivada del verbo "andar", que expresa al contrario un movimiento permanente sobre la carretera de la felicidad. el judío-francés André Chouraqui proponga de traducir par “¡en marcha!” [6]. Es esta palabra que eligió el traductor de Mateo para decirnos que la verdadera bienaventuranza consiste en levantarse y ponerse en marcha, siendo sin cesar vuelto, lanzado hacia Dios. Así José es el primero en ser declarado bienaventurado, en el mismo momento dónde la Nueva Alianza se sustituye a la Antigua. Nos recuerda el título anterior concedido a José por el propio Mateo (1:19) cuando dio este grito de exclamación, hablando de José: "¡él, el Justo!”, lo que me parece estar la mejor traducción del griego "o dikaios on”. Mateo dijo claro que no es solo un justo entre otros justos, sino el justo sobre todos los justos; muy lejos de las traducciones comunes que vienen del latín y desgraciadamente no del griego. Este impulso descrito por Mateo con respecto a José es el mismo impulso que define el Verbo en el Prólogo de San Juan: “el Verbo se volvía hacia Dios”. Pero la traducción del griego en latín hizo desaparecer el movimiento descrito en griego. Adán y Eva después de la Caída, en lugar de permanecer vueltos hacia Dios, se volvieron hacia ellos mismos. Por eso se vieron desnudos. En vez de mirar el uno al otro en una admiración de amor, ya no miraron sino hacia ellos mismos. Esta mirada vuelta hacia sí mismo hace caer. Pedro hizo esa misma experiencia, caminando sobre el agua. Vuelto hacia el Cristo, no podía caer, pero apenas empezó a volver su mirada hacia él mismo (hacia sus pies exactamente), fue de nuevo la Caída como para Adán y                                                                                                                          

6 André Chouraqui, Matyah, traducción en francés del evangelio de San Mateo

Page 13: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 13  

Eva. Pero él, a diferencia de la primera pareja, inmediatamente se dio la vuelta hacia el Señor. ¿Devolverse a Dios, no es el sentido de convertirse? Y por eso fue salvado. Nosotros mismos nos miramos demasiado, en vez de volvernos hacia Dios, ¿no es verdad? En la Nueva Alianza José es el primero en levantarse y caminar para responder a la llamada permanente de Dios. Está bien en su papel de padre. Como tal se nos da como señal y modelo. Actuando como él, al vivir sin cesar vueltos hacia Dios, descubriremos que, más allá de nuestras dificultades, nuestra vida puede vivirse con confianza, fuerza, paz, felicidad y amor. Al contrario, si nosotros no volvemos hacia Dios, no veremos lo que quiere darnos la Providencia. También si no estamos vueltos hacia el Amor, no podremos responder a su amor. Aquí podemos entender mejor el sentido de esta frase de Pablo (1 Cor 13:2), “si me falta el amor, no soy nada”: no puedo llegar a Dios; paso al otro lado de la belleza de mi vida. “Y sabemos que todo contribuye al bien a los que aman a Dios” (Rom 8:28). Más allá de toda prueba, cualquier vida vuelta hacia Dios es siempre hermosa. La confianza es, pues, el fruto de este movimiento interior al volverse hacia Dios y no hacia sí mismo. Al tener confianza en Dios, descubrimos que poseemos una nueva fuerza interior. Por eso, porque es modelo de confianza absoluta en la Providencia de Dios, es José la Roca en la cual Jesús niño y María pueden apoyarse y abandonarse en total seguridad; y nosotros a nuestra vuelta, a la imitación del propio Cristo. Roca, Kephas, Pedro… será el nombre del apóstol Simón. Pero es sobre todo el símbolo del Padre en toda la Biblia. ¿Cuántos veces se ve la palabra roca (o palabras equivalentes: ciudadela, plaza fuerte, defensa, escudo) en la Biblia? Es importante entenderlo. La roca es el símbolo del Padre y José es también nuestro padre. Así pues, estas palabras tan repetidas en la Biblia nos muestran la marcha que debemos seguir detrás José. A Dios le gusta también manifestarse en las rocas. “Levanta esta roca y beberás”. Esta frase de José al joven pastor Gaspar (en su aparición en Cotignac en Francia el 7 de junio de 1660) hace pensar en Dios ordenando a Moisés que golpeara la roca para hacer correr el agua “en abundancia” para los hijos de Israel (Números 20,8-11). El vínculo entre el Padre divino del Hijo y su Padre humano es aquí obvio, como lo es a menudo. Y el título de Roca que corresponde al Padre corresponde naturalmente a su icono para nosotros los hombres: José. La parábola de la "casa edificada sobre roca" nos da la clave para entender por qué Dios lo escogió como esposo de María y padre del Cristo. Claro que en esta parábola Jesús piensa más bien en la edificación de nuestras vidas que en la de nuestras casas. Y esta asociación, casa y vida personal, nos lleva a pensar en José, él quien hace tan bien el vínculo entre la edificación de la casa y de la persona. Por una parte es arquitecto, carpintero, constructor, pero también y sobre todo es el educador de la

Page 14: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 14  

propia Palabra, en el cual Jesús vio esta Roca sobre la cual la Trinidad quiso construir su familia humana. Porque es esta Roca en la cual podemos apoyarnos tras la Sagrada Familia (y también porque es nuestro padre, pero es otro tema), Dios nos lo da como patrón de nuestras vidas del primer momento de nuestra existencia hasta en nuestra eternidad celestial, donde su realeza paternal hará nuestras delicias, tal como la realeza maternal de María. Me enteraba hasta qué punto este nuevo título de "Roca de humanidad" es importante. “Sobre esta piedra, sobre esta roca edificaré mi Iglesia”. Necesitamos esta roca para construir nuestra casa interior, es decir nosotros mismo. Es el papel del padre, de José. Sin fuerza interior, no podemos construirnos duraderamente. No podremos, pues, conocer la verdadera paz y la verdadera alegría, la paz y la alegría interior, ni tampoco el amor ágape. 2. José, "sombra del Padre” en la familia humana de Dios Encarnado Porque José es esta roca en la cual Jesús niño puede apoyarse en la tierra, Isidoro de Isolanis en su “Suma de los dones de San José” [7] lo presenta como el "lugar de descanso" de Dios entre los hombres. Si la cumbre de la Sagrada Familia es y será eternamente el Verbo Encarnado, sin embargo no es el “jefe”. Jesús nos revela así que no viene en “Dios Todopoderoso”, sino al contrario en la humildad, que es en realidad la naturaleza de nuestro Dios en su gloria. Dios es un Dios de amor cuya omnipotencia sólo es suavidad y humildad. El Verbo Encarnado nos lo revela diciendo que es “manso y humilde de corazón” (Mt 11:29). ¡En José qué humildad indefinible, increíble incluso, él necesita para aceptar ser jefe de Dios Encarnado! A José pertenece completamente esta gloria tan humilde ser el jefe y guardián de la Sagrada Familia, ser el sello paternal de la Paz divina sobre ella. El Verbo en su humanidad y su Madre viven bajo su sombra protectora, fuente de paz. ¡José, sombra del Padre! Gracias a José el Verbo en su encarnación puede probar en la tierra a sus propias delicias junto a José y María, ya que este paraíso que es la Sagrada Familia, es decir la familia de José, es una tierra de Dios, como un cielo en la tierra. El mal                                                                                                                          

7 Isidoro de Isolanis, la suma de los dones de San José, obra redactada entre 1515 y 1522 por este dominicano, remitida en 1522 al papa Adriano V: “Dios bendice el séptimo día porque se descansó en él de todo lo que había hecho. ¡O cuánto veces, Señor Jesús, se basó en el seno de José! [...] Dios pues se descansó corporalmente en José. Se descansó [también] espiritualmente, por el don de su gracia que se lo volvía agradable. Se descansó por la confianza [que tenía en él] uniéndolo a su madre. Se descansó [abandonándose] a sus cuidados [por los cuales] él lo llamaba su padre. Se descansó en la alegría, [ya que] vivía de su trabajo. Sí, de verdad José es este gran día del Sabbat en el cual Dios glorioso se descansó de todo lo que había hecho” (primero capítulo de la tercera parte, pp.8-10 del segundo volumen, en su edición franco-latina de 1864, en Amédée Chaillot, editor, Aviñón).

Page 15: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 15  

no puede entrar en su casa. José es la amurada del Padre que vela por la Sagrada Familia. Dios mismo le confió esta misión. Eso explica que se haya elegido como patrón de la Iglesia, puesto que ésta comenzó a existir en la tierra en la casa de Nazaret; y José es eternamente su protector porque es nuestro padre. Concretamente, pues, es en buena parte gracias a José que puede reinar en la Sagrada Familia el intercambio de amor, ternura, suavidad y humildad como reina en el centro de la Trinidad divina. Por eso es ella la obra maestra de la Creación por excelencia. Pero para eso necesitaba la fuerza y la humildad de José, del cual dije más arriba que era el milagro que Dios eligió para proteger y ayudar a María y a su hijo. Y eso también se refiere concretamente a la Iglesia y a todos los hombres quienes en su corazón se levantan y se vuelven hacia Dios tras José y María como hijos de la Sagrada Familia. ¡Que su humildad sirva de modelo a todos los que dirigen o quieren dirigir! ¡Que todos entendamos que el poder real sólo se puede vivir en un espíritu de servicio, lo cual no puede vivirse sino en la humildad! Eso vale realmente para nosotros en nuestra vida corriente, ya que intentamos más o menos controlar - para tranquilizarnos probablemente - lo que nos rodea y nuestro futuro en particular. La renuncia de Benedicto XVI nos muestra que este papa ha comprendido, al ejemplo de José, que su solo papel era ser el siervo de los siervos de Dios y, cuando no se sintió más en condiciones de servir como lo debía, prefiera que otro prosiga su misión con una fuerza y energía que no tenía más. Así protege la Iglesia. Es exactamente el papel de José. Gracias a él sus sucesores podrán vivir su misión como mucho más libertad, como ya se ve con nuestro papa Francesco. Sí, no temiendo actuar a tiempo y a contratiempo, Benedicto XVI actuó en verdadero hijo de José, el cual eligió también desaparecer… para dejar todo el lugar al Padre en la enseñanza del Hijo. Seamos también nosotros verdaderos hijos de José, luego seremos verdaderos evangelizadores en un mundo cada día más extraño a la fe cristiana e incluso simplemente a su lenguaje. Antes de concluir, recuerdo un punto que mencioné más arriba: este hecho - innegable puesto que se encuentra en el evangelio - que Dios designa a José como Padre antes de la Encarnación. Los profetas habían anunciado a un Mesías Hijo de David y los Salmos afirmado que Dios se compromete por juramento [en el Salmo 88 (89) a los versículos 4, 36 y 50, como en el Salmo 131 (132), versículo 11]. ¡Y por fin, Dios mismo lo anuncio a María por su Ángel! Ahora bien, ya mencioné que Jesús no puede recibir el título mesiánico y real de “Hijo de David” sino por José. Pues, es exactamente como si Dios mismo hubiera dicho a María: “tú serás la Madre de mi Verbo Encarnado y José, él será su padre”. Así Dios le anuncia la paternidad de José y eso incluso antes de que la Encarnación se realice. Nos designa a nosotros y la Madre y el Padre de su Hijo antes de la Encarnación. ¿Con cual derecho nos atreveríamos,

Page 16: Guilles-Contemplation d’un mystere - Tarcisio Stramare · accueillir toute conception comme désirée par le Christ lui-même, comme un peu du Christ lui-même : 2!! ... Il nous

 16  

nosotros humanos, a no reconocer lo que Dios mismo (por la boca de su Ángel) definió? ¡Eso es tan verdadero que Jesús llamará a su Padre celestial “Papá”! ¿De dónde saca este nombre si no de José? Mientras que las mentalidades de nuestro tiempo y las leyes que las consolidan están destruyendo poco a poco la familia, y eso cada vez más rápidamente en demasiado numerosos países ¿cómo podríamos dejarlo hacer sin reaccionar, nosotros quienes conocemos los poderes de José? Por eso ruego a los participantes de este congreso enviar una petición a Roma para que por fin José sea - de una manera u otra - reconocido como Padre del Verbo Encarnado. Sé bien que esta demanda no podrá ser aceptada como tal antes de mucho tiempo. Pero, podríamos pedir que, al menos, su primacía plenaria sea reconocida junto a la de María, por ejemplo introduciendo ahora su nombre en el Confiteor, es decir: ¡desde el comienzo de la Misa! Ya que ahora esta introducido en las cuatros Plegarias Eucarísticas romanas y que nuestro tiempo lo reclama, es el momento para hacerlo. ¡Pues, podremos invocarlo con otra fuerza! En efecto, al dar a los hombres a un padre después de haberles dado a una madre y un hermano mayor, quien es nuestro Dios, nuestra Iglesia les dará entonces a una verdadera familia, una familia completa en quien los hombres podrán por fin reconocerse, una familia confiada a un hombre, al jefe de familia, a José. Entonces José podrá, lo afirmo, desempeñar su verdadero papel de padre, patrón de la vida en el amor; y la familia y la vida podrán salvarse.