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GUÉRIR & BIEN VIEILLIR LES DOSSIERS DU DR MÉNAT N°23 - MARS 2019 Ne passez pas le printemps cloîtré chez vous ! Mon plan de bataille contre les allergies Rhume des foins, eczéma, asthme… Les allergies sont de plus en plus fréquentes depuis quelques années. Et la plupart des traitements peinent à stopper les mécanismes qui déclenchent ces maladies invalidantes. Dans ce dossier, le Dr Ménat nous éclaire sur les allergies respiratoires – et nous livre ses remèdes utiles pour passer enfin un printemps sans rhinite. 1 Inserm L es allergies sont une des affections les plus répandues. À tel point que le mot « allergique » est utilisé à toutes les sauces : je suis allergique à la lumière, à la couleur jaune, aux extrémistes et parfois même au travail. Que se cache-t-il derrière ce mot galvaudé ? Une réalité médicale qui handicape la vie de millions de personnes. On peut globalement différencier les aller- gies respiratoires (ORL et pulmonaires), les allergies dermatologiques (eczéma, urticaire…) et les allergies alimentaires, sans parler des allergies médicamenteuses qui, elles aussi, ne cessent d’augmenter. Dans ce dos- sier, je me limiterai aux allergies respiratoires qui sont fréquentes et, pour certaines, potentiellement graves. Il n’existe pas de traitement pour « guérir » défini- tivement ces allergies, et c’est pourquoi une prise en charge globale et naturelle peut être d’un grand secours pour soulager ces millions de personnes qui respirent mal, dorment mal et, parfois, ont leur vie menacée en cas de crise d’allergie. LE « BOOM » DES ALLERGIES Les allergies font partie des maladies les plus fréquentes et elles touchent de plus en plus de personnes (30 % de la population française est allergique d’une façon ou d’une autre et on ne compte pas dans ces chiffres les diverses intolérances alimentaires) 1 . D’ailleurs, cette augmentation vertigineuse des allergies pose question, et prendre en charge ces maladies impose aussi de com- prendre leurs causes. - SOMMAIRE - Le Dossier Comment devient-on allergique ? Les différentes allergies respiratoires Les principaux allergènes En pratique : traitons les allergies Comment traiter les symptômes En bref ! Antiulcéreux : 40 % de prescriptions inutiles… et dangereuses ! Trois façons de réduire significativement son risque de cancer du sein Question de patient J’ai régulièrement des palpitations. Que faire ? La recette du Dr Ménat Mousse de carottes au cumin Un peu de lecture Vous êtes fous d’avaler ça ! P02 P32 P35 P27 P34 P36 P32 P13 P17 P21

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GUÉRIR & BIEN VIEILLIRLES DOSSIERS DU DR MÉNAT

N°23 - MARS 2019

Ne passez pas le printemps cloîtré chez vous ! Mon plan de bataille contre les allergies Rhume des foins, eczéma, asthme… Les allergies sont de plus en plus fréquentes depuis quelques années. Et la plupart des traitements peinent à stopper les mécanismes qui déclenchent ces maladies invalidantes. Dans ce dossier, le Dr Ménat nous éclaire sur les allergies respiratoires – et nous livre ses remèdes utiles pour passer enfin un printemps sans rhinite.

1 Inserm

L es allergies sont une des affections les plus répandues. À tel point que le mot « allergique » est utilisé à toutes les sauces : je suis allergique à la lumière, à la couleur jaune, aux extrémistes

et parfois même au travail.

Que se cache-t-il derrière ce mot galvaudé ? Une réalité médicale qui handicape la vie de millions de personnes. On peut globalement différencier les aller-gies respiratoires (ORL et pulmonaires), les allergies dermatologiques (eczéma, urticaire…) et les allergies alimentaires, sans parler des allergies médicamenteuses qui, elles aussi, ne cessent d’augmenter. Dans ce dos-sier, je me limiterai aux allergies respiratoires qui sont fréquentes et, pour certaines, potentiellement graves.

Il n’existe pas de traitement pour « guérir » défini-tivement ces allergies, et c’est pourquoi une prise en charge globale et naturelle peut être d’un grand secours pour soulager ces millions de personnes qui respirent mal, dorment mal et, parfois, ont leur vie menacée en cas de crise d’allergie.

LE « BOOM » DES ALLERGIESLes allergies font partie des maladies les plus fréquentes et elles touchent de plus en plus de personnes (30 % de la population française est allergique d’une façon ou d’une autre et on ne compte pas dans ces chiffres les diverses intolérances alimentaires)1. D’ailleurs, cette

augmentation vertigineuse des allergies pose question, et prendre en charge ces maladies impose aussi de com-prendre leurs causes.

- SOMMAIRE -Le DossierComment devient-on allergique ?Les différentes allergies respiratoiresLes principaux allergènesEn pratique : traitons les allergiesComment traiter les symptômes

En bref !Antiulcéreux : 40 % de prescriptions inutiles… et dangereuses !Trois façons de réduire significativement son risque de cancer du sein

Question de patientJ’ai régulièrement des palpitations. Que faire ?

La recette du Dr MénatMousse de carottes au cumin

Un peu de lectureVous êtes fous d’avaler ça !

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L’asthme est 5 fois plus fréquent dans les pays occiden-taux, ce qui est énorme comme différence statistique ! L’alimentation déséquilibrée, le mode de vie urbain, la trop grande utilisation d’antibiotiques sont autant de pistes explorées par les chercheurs pour tenter de mieux en comprendre les raisons. En tout cas, notre mode de vie est en cause, c’est une certitude. Cela explique aussi l’augmentation de près de 50 % du nombre d’enfants asthmatiques en 20 ans ! Il naît toutes les dix minutes un futur asthmatique et, chaque année, on constate 1 000 décès liés à l’asthme. Ce sont finalement 4 millions de personnes qui souffrent d’un asthme plus ou moins invalidant. 10 % des enfants en sont atteints et leurs hos-pitalisations pour crise d’asthme sont de plus en plus fréquentes, atteignant près de 40 000 séjours par an !

Une prise en charge précoce et globale doit permettre d’éviter les aggravations et les persistances de la maladie à l’âge adulte.

PARTIE 1

COMMENT DEVIENT-ON ALLERGIQUE ?

Q uand je demande à un patient s’il a un « terrain allergique », il a parfois du mal à comprendre qu’on puisse avoir ce type de terrain sans avoir une allergie cliniquement

très marquée. Ou parfois il le rapporte uniquement à un type d’allergie, comme le rhume de foins ou les aller-gies alimentaires.

Avoir un terrain allergique, c’est avoir un système immu-nitaire qui réagit trop brutalement à la rencontre d’un agent extérieur, entraînant des symptômes très divers.

Ces mécanismes sont très complexes et pas encore tous identifiés. Voici comment cela fonctionne dans les grandes lignes.

Avant tout, sachez qu’on parle aussi d’atopie ou de ter-rain atopique. L’atopie est la prédisposition génétique à faire des allergies spontanées sans forcément avoir eu un contact préalable avec l’allergène. C’est pourquoi on parle parfois d’une peau « atopique » chez des personnes qui réagissent de façon excessive aux contacts avec des substances étrangères, comme un parfum ou des herbes. L’atopie concerne autant les muqueuses respiratoires que la peau.

DES PETITS SOLDATS À VOTRE SERVICENotre système immunitaire est fait pour nous défendre contre les agressions extérieures comme les microbes, mais aussi contre les corps étrangers ou même des molé-cules potentiellement toxiques.

Pour cela, nous disposons de nombreuses cellules, dont les principales impliquées dans l’allergie sont :- les lymphocytes B, qui fabriquent des anticorps appe-lés aussi immunoglobulines ;

UN PEU D’ÉTYMOLOGIE...?Le mot atopie a été proposé en 1923 pour réunir sous un même terme tous les symptômes d’aller-gie. À l’époque, on avait pu démontrer que ces maladies n’étaient pas d’origine infectieuse, mais étaient liées au contact avec une substance assez courante. « Atopie » vient du grec et est composé du « a » privatif et de topos, qui signifie « lieu », puisque les allergies interdisent aux personnes qui en souffrent de fréquenter certains lieux.

Rhinite : + 300 % en 30 ans !

La plus fréquente est sans aucun doute le rhume des foins, qu’on appelle en médecine coryza ou, plus souvent, rhinite allergique. Elle touche 15 à 20 % des personnes (dont 1/5 sont atteints d’une forme sévère de la maladie). Sa prévalence a triplé en 30 ans, c’est-à-dire une augmentation de 300 % !L’autre allergie respiratoire la plus fréquente, l’asthme, potentiellement bien plus grave, touche 7 à 10 % de la population, en sachant qu’un certain nombre de personnes présentent à la fois un rhume ET un asthme allergique. À noter que tous les asthmes ne sont pas strictement allergiques : 15 % ont d’autres causes, mais je n’en parlerai pas dans ce dossier.

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LES ALLERGIES

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- les lymphocytes T, qui permettent une régulation du système immunitaire pour qu’il puisse réagir vite, mais sans excès ;- les polynucléaires, qui sont de plusieurs sortes et ont des fonctions multiples. Les polynucléaires éosinophiles sont ceux qui nous intéresseront le plus dans les aller-gies ;- les mastocytes, qui sont au cœur de la réaction aller-gique proprement dite.Un élément étranger à notre organisme est appelé un « antigène ». Cela peut être un microbe ou une molécule non reconnue par notre système immunitaire.

Quand le système immunitaire (SI) rencontre un anti-gène, il commence par l’analyser grâce à différentes cellules, puis produit des « anticorps » qui vont neu-traliser l’antigène et permettre sa destruction et son élimination. Évidemment, je simplifie un peu les méca-nismes.

Les lymphocytes B sont donc chargés de produire ces anticorps, qui sont de plusieurs types :- les immunoglobulines de type M (IgM) produites quand le SI rencontre un microbe pour la première fois ;- les immunoglobulines de type G (IgG) vont persister dans le sang après un premier contact avec un microbe afin d’accélérer la réaction immunitaire lors d’un deu-xième contact. Elles sont un peu la mémoire de notre SI et ce sont ces IgG qu’on tente de produire quand on vaccine un patient. Les IgG sont surtout destinées à nous défendre contre les infections, mais elles sont aussi impliquées dans des mécanismes d’allergies dites de type 3, qu’on retrouve par exemple dans l’hypersensibilité au gluten ;- les immunoglobulines de type A (IgA) sont des anticorps proches des IgG, mais qu’on retrouve essentiel-lement dans la lumière des muqueuses (poumons, sinus, intestin…) afin de créer une première ligne de défense au niveau de ces organes directement en contact avec l’extérieur ;- les immunoglobulines de type D (IgD) sont les moins nombreuses et leurs fonctions sont mal définies, mais on sait qu’elles sont surtout impliquées dans la défense anti-infectieuse et probablement antitumorale ;

- les immunoglobulines de type E (IgE) sont celles qui nous intéresseront le plus aujourd’hui, car ce sont ces anticorps qui sont impliqués dans les réactions aller-giques de type 1, à l’origine des rhinites ou de l’asthme allergique.Les polynucléaires éosinophiles sont des globules blancs qui s’attaquent avant tout aux parasites. Une aug-mentation importante des éosinophiles dans le sang doit faire suspecter une parasitose.

Mais ils sont aussi impliqués dans la réaction allergique et, dans la plupart des cas, une élévation modérée des éosinophiles signe avant tout un terrain atopique.

Un autre type de cellules est impliqué dans la réaction allergique, les polynucléaires basophiles, mais leur dosage sanguin est moins spécifique et peu utilisé. Ils sont particulièrement riches en histamine, qui est la molécule centrale de la réaction allergique.

Le mastocyte est proche des basophiles, puisque ce sont les 2 cellules les plus riches en histamine. Si les basophiles se trouvent pricipalement dans le sang, les mastocytes sont situés directement dans les tissus où ils sont responsables de la réaction allergique. Ils sont aussi impliqués dans les infections parasitaires ou encore les maladies auto-immunes. Pour autant, la physiologie précise de ces cellules est encore mal connue. Les masto-cytes vont surtout libérer directement dans les tissus des composants pro-inflammatoires qui expliquent les symptômes allergiques, mais ils participent également à la réparation et au remodelage tissulaires grâce à des facteurs de croissance.

LE CERCLE VICIEUX DE LA RÉACTION ALLERGIQUE

Voyons les principaux mécanismes impliqués dans les réactions allergiques. Je prendrai l’exemple de l’aller-gie aux pollens dont les mécanismes s’appliquent à la majorité des allergies.

La plupart du temps, l’allergie se déclare alors que nous avons été en contact pendant des années avec l’allergène. Ainsi, depuis que nous sommes nés, nous respirons chaque année les pollens qui volent au printemps et, jusque-là, tout se passait bien. Nous pro-duisions probablement des IgG et des IgE pour nous défendre contre ces substances étrangères, mais sans le moindre symptôme.

Et puis un jour ce système s’emballe. On parle alors de réaction allergique ou d’hypersensibilité de type 1 (d’après la classification de Gell et Coombs) appelée aussi « immédiate », car elle est brutale, parfois elle survient en quelques secondes.

Voici l’enchaînement des réactions immunitaires et tis-sulaires une fois que l’allergie à une substance (ici les pollens) s’est installée :Les anticorps produits par les lymphocytes B neutralisent l'antigène

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L’allergène (le pollen) pénètre dans l’organisme où il est capté par un macrophage (une grosse cellule qui mange tout ce qui passe à sa portée et qui est reconnu comme étranger). Le macrophage présente cet anti-gène au système immunitaire, et en particulier aux lymphocytes T. Ces premières étapes se déclenchent chez tout le monde et pour tous les antigènes et ne sont donc pas spécifiques de l’allergie.

Ensuite, les facteurs génétiques (terrain atopique), mais aussi épigénétiques (pression de notre mode de vie sur nos gènes et donc notre système immunitaire) vont influencer la suite. Le lymphocyte T se trans-forme suivant plusieurs voies possibles.

En cas de réaction allergique, c’est la voie TH2 qui est privilégiée. Elle favorise la production d’IgE et d’éosi-nophiles. Je vous indique tous ces noms barbares, car on peut doser tous ces éléments dans le sang. Je les reprendrai plus loin pour vous expliquer les causes des allergies et les différentes prises en charge possibles.

Si une personne est devenue allergique, son système immunitaire est donc trop dévié vers les TH2 ce qui entraîne une surproduction d’IgE spécifique de l’an-tigène (ici du pollen). Ces IgE spécifiques du pollen se retrouvent en quantité très importante sur nos mastocytes.

Quand on va à nouveau respirer du pollen, il va se fixer directement, grâce aux IgE, sur les mastocytes présents dans les tissus (ici les voies respiratoires) et ces cellules vont libérer brutalement (en moins de 30 secondes) des cytokines pro-inflammatoires (interleukines) et des médiateurs de l’inflammation, l’HISTAMINE en particulier, mais aussi des prosta-glandines.

Ces molécules déclenchent alors la réaction inflam-matoire faite d’irritation, de démangeaison puis d’hypersécrétion et d’œdème.

L’HISTAMINE AU CENTRE DE LA RÉACTION ALLERGIQUEL’histamine fait partie de la grande famille des cytokines, mais on parle aussi de médiateur chimique, qui va entraîner divers symptômes en fonction des récepteurs cellulaires sur lesquels l’histamine se fixe.

On connaît 4 types de récepteurs de l’histamine, nommés H1, H2, H3, H4.

Nous ne détaillerons pas ici les récepteurs H3 et H4, très indirectement concernés par l’allergie, pour nous concentrer sur les récepteurs H1 à l’histamine, qui sont les plus importants dans la réaction allergique.

Si vous êtes allergique, vous avez probablement déjà pris des « antihistaminiques » qui sont en fait des médi-caments qui bloquent les récepteurs H1 à l’histamine et réduisent ainsi les symptômes de l’allergie (mais n’ont aucun effet sur l’estomac). Reportez-vous au chapitre sur la prise en charge pour plus de détails sur ces trai-tements.

L’histamine est donc libérée par les mastocytes et se fixe sur diverses cellules (surtout les vaisseaux et les muscles

NE PAS CONFONDRE H1 ET H2Sans le savoir, vous connaissez peut-être les récep-teurs H2 impliqués dans les ulcères de l’estomac. Aujourd’hui, on utilise surtout les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) pour traiter gastrites et ulcères, mais il existe aussi des inhibiteurs du récep-teur H2 à l’histamine (comme le Tagamet®), qui ont été les premiers antiulcéreux mis sur le marché.

LA RÉACTION ALLERGIQUE A UNE UTILITÉ… RESTE À DÉTERMINER LAQUELLE !

On considère, en médecine, que la réaction allergique est une pathologie, un dérèglement du système immunitaire qui correspond à une perte de la tolérance vis-à-vis de substances a priori inoffensives, comme les pollens.Nous verrons au cours de ce dossier que mon avis, comme celui de beaucoup d’homéopathes, est un peu différent quant à la compréhension des mécanismes. En effet, les IgE sont naturellement produites par notre système immunitaire et, pourtant, on considère qu’une réaction à IgE est obligatoirement « pathologique ».

Je ne vois pas pourquoi la nature aurait prévu ces IgE juste pour nous ennuyer et déclencher une maladie. Il est donc probable que la réaction allergique soit la conséquence d’un dérèglement, mais qu’à la base tout ce système ait été prévu aussi pour nous protéger. Pour Marc Daëron, directeur de recherche à l’Inserm, à l’Institut Pasteur (Paris) et au Centre d’immunologie de Marseille-Luminy, «  la réaction allergique révèle l'existence de quelque chose qui joue un rôle tellement important qu’elle a été sélectionnée malgré ses inconvénients ». Reste à découvrir quoi !

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LES ALLERGIES

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lisses des bronches) qui possèdent ces récepteurs, entraî-nant les symptômes connus de la réaction allergique en fonction de l’organe impliqué :- vasodilatation expliquant la rougeur et l’hypersécré-tion (rhinite, conjonctivite). Cela peut aller jusqu’à des chutes de tension avec malaise jusqu’à un arrêt cardiaque dans le fameux choc anaphylactique ;- ensuite une irritation, un prurit puis un œdème (nez bouché) pouvant aller jusqu’à l’œdème de Quincke, qui va bloquer les voies respiratoires ;- une bronchoconstriction à l’origine de la crise d’asthme.L’histamine est donc au cœur de la réaction clinique allergique, et c‘est pourquoi elle est la cible prioritaire des traitements allopathiques. Mais en agissant sur l’histamine, on agit sur la conséquence du dérèglement immunitaire, pas sur les causes ni même sur l’immunité elle-même !

COMMENT DÉTECTER UNE ALLERGIE ?À partir de ces mécanismes, il y a plusieurs façons d’ex-plorer un terrain allergique.

TESTS BIOLOGIQUES

On différencie les tests « généraux » des tests spécifiques à la recherche des allergènes impliqués.

On peut doser dans un premier temps la numération formule sanguine (NFS) : c’est un des dosages les plus courants permettant d’analyser grossièrement les glo-bules rouges et blancs ainsi que les plaquettes. Ce bilan est riche d’enseignements multiples, mais, pour les aller-gies, on regardera presque exclusivement le taux de polynucléaires éosinophiles. On dit que son taux est anormalement élevé à partir de 500 cellules par milli-litre de sang. On peut aussi raisonner en pourcentage et dans ce cas on considère qu’un taux supérieur à 5 % commence à être suspect.

Sachez que quand ce taux dépasse 10 ou 12 %, il faut suspecter avant tout une parasitose.

L’analyse des éosinophiles va donc permettre de suspecter un terrain atopique, mais ne permet pas de diagnostiquer de quelle allergie il s’agit.

On dose ensuite le taux d’IgE totaux. Il ne doit pas dépas-ser 100 ou 150 kUI/l suivant les laboratoires. Quand il dépasse le seuil, on peut en déduire là encore un terrain atopique plus ou moins important. J’ai des patients qui dépassent largement les 1 000 quand ils sont très aller-giques !

On peut ensuite rechercher des allergènes par un test global qu’on appelle PHADIATOP. Il permet de tester en même temps par une simple prise de sang les principaux allergènes respiratoires : acariens, pollens, moisissures, animaux, mais ne permet pas de les différencier.

Sachez qu’il existe un test équivalent pour les allergies alimentaires qu’on appelle TROPHATOP, qui dépiste les allergies de type 1, mais pas les hypersensibilités.

Quand un patient a des signes d’allergie respiratoire et que les dosages ci-dessus – éosinophiles, IgE totaux et Phadiatop – sont anormaux, il sera alors nécessaire de prolonger le bilan chez un allergologue pour préciser les allergies en cause.

TESTS SPÉCIFIQUES À LA RECHERCHE DE L’ALLERGÈNE EN CAUSE

L’allergologue pourra réaliser 2 types de tests :• Des tests cutanés ou « prick-tests » dont la réali-sation est simple et possible à tout âge. On dépose une goutte contenant un allergène spécifique et on pique la peau à travers cette goutte pour faire entrer en contact notre système immunitaire (très présent dans la peau) et l’allergène suspecté. En cas d’allergie, il va apparaître au bout de 20 mn environ une plaque rouge plus ou moins importante, gonflée, voire prurigineuse, un peu comme une piqûre de moustique.

On compare la rougeur à un test fait avec une substance neutre pour éviter les faux positifs chez une personne très réactive ou très atopique réagissant à tout et n’im-porte quoi.

Ces tests cutanés sont souvent suffisants pour la plupart des patients et permettent de savoir à quels allergènes le patient est sensibilisé. • Comme ces tests ont leurs limites, en cas de doute on pourra compléter le bilan par un dosage sanguin à la recherche d’IgE spécifiques de tel ou tel allergène sus-pecté. On parle aussi de RAST (radioallergosorbant test), qui est la méthode de dosage originelle. On peut doser ainsi des centaines d’allergènes très spécifiques, ce qui permet aussi de dépister des réactions croisées entre plusieurs allergènes. À cause du coût, le législateur a limité la possi-bilité de dosage d’IgE spécifique à 5 allergènes en première intention. Pour être plus précis, il est possible de cumuler sur la même ordonnance jusqu’à 5 pneumallergènes + 5

La rhinite allergique touche entre 15 à 20 % de la population

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trophallergènes (allergènes alimentaires) + 5 venins d’hy-ménoptères + 5 médicaments + 1 latex. Ils ne sont réalisés que si les prick-tests ne sont pas concluants.

TESTS RELATIFS À LA PATHOLOGIE

Pour aller plus loin dans le bilan du patient, on peut aussi explorer les organes impliqués dans l’allergie.

En cas d’allergie ORL, on peut surtout proposer un scan-ner des sinus pour analyser la muqueuse, qui peut être chroniquement épaissie, expliquant les symptômes de nez bouché, et pour rechercher d’éventuels polypes (du nez ou des sinus), qui sont une complication des allergies respiratoires.

On complétera ce bilan par une radio des poumons à la recherche d’autres causes ou de complications.

Évidemment, d’autres bilans pourront être prescrits par le médecin en fonction de chaque cas particulier.

FACTEURS FAVORISANTS (LES ALLERGIES NE SURVIENNENT PAS SANS RAISON)Voici un des chapitres les plus importants à mon sens, car comprendre la cause d’une maladie est sans aucun doute la meilleure façon de la soigner. Or, cette question est loin d’être résolue dans le cas des allergies.

Si vous demandez à votre médecin pourquoi vous êtes devenu allergique aux pollens ou aux acariens, il y a de grandes chances qu’il vous réponde : « Je ne sais pas, ça arrive comme ça sans raison, vous aviez une prédisposi-tion génétique. » Et, pourtant, ces maladies sont en forte augmentation avec des caractéristiques épidémiologiques surprenantes. Ainsi, les allergies sont près de 10 fois plus fréquentes en Europe de l’Ouest qu’en Europe de l’Est !

Toutes ces observations nous amènent obligatoirement à mettre en cause notre environnement et notre mode de vie. Mais alors si c’est vrai, pourquoi ne nous le dit-on pas ? Pourquoi aucun allergologue, face à un rhume de

foins, ne nous propose de changer notre mode de vie ? La seule réponse à une allergie, c’est l’antihistaminique en traitement de fond et la cortisone en cas de crise.

Et ces maladies qui touchent de plus en plus de personnes dans les pays industrialisés va impacter notre PIB, notre productivité et notre qualité de vie. Pourquoi ne fait-on ni recherche ni prévention pour comprendre et enrayer cette épidémie d’allergie ?

Pourtant, je peux vous assurer qu’un certain nombre de causes sont connues et pourraient être mieux prises en charge.

On peut diviser ces causes en 3 groupes :- les causes réelles, les raisons pour lesquelles notre sys-tème immunitaire va décider un jour de réagir dans le sens des TH2, dans le sens d’une réactivité excessive et mal contrôlée ;- les facteurs déclenchants, qui font qu’on est devenu allergique en juin 2004 et pas l’année d’avant ;- les facteurs aggravants des maladies allergiques.

LES CAUSES RÉELLES DE L’ALLERGIE

Cette question est loin d’être tranchée, mais des pistes importantes sont mises en évidence.

Évidemment, il existe une prédisposition génétique. Lorsque les deux parents sont allergiques, la probabilité d’avoir des enfants allergiques est de 50 %, et la proportion est encore plus importante si les conjoints ont la même allergie. Quand aucun des parents n’est atteint, le risque chute à 10 %.

Mais quels gènes sont impliqués ? On ne le sait pas vrai-ment et aucun bilan ne paraît à ce jour suffisamment fiable pour vous être proposé. L’observation de l’arbre généa-logique et des différents cas d’allergie dans votre famille est donc le critère le plus important.

Quand on parle de génétique et de maladie liée à l’im-munité, on peut néanmoins envisager un typage HLA, le bilan génétique de notre système immunitaire. Ce bilan est rarement proposé en cas d’allergies respiratoires et c’est un peu dommage, car il peut apporter des éléments utiles. Ainsi, pour ma part, je le propose dans les asthmes

Un test génétique non remboursé

Le coût d’un typage HLA explique qu’on ne le fasse pas pour la prise en charge d’un « simple » rhume des foins. Mais dans des pathologies plus graves, comme certains asthmes, il peut vraiment être utile, mais n’est malheureusement pas remboursé par la Sécurité sociale dans cette indication. Comme un typage HLA coûte plusieurs centaines d’euros, on ne le fait donc pas à tout le monde.

VOS CAPACITÉS PULMONAIRES EN CAS D’ASTHME

En cas d’asthme, un bilan appelé EFR (exploration fonctionnelle respiratoire) est proposé pour éva-luer la gravité de l’asthme, mais aussi l’efficacité des thérapeutiques. Le principe en est simple : il suffit de souffler dans un tuyau pour mesurer la capacité respiratoire ainsi que les débits d’air expirés.

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LES ALLERGIES

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graves, car il m’aide à mieux comprendre le terrain face à cette maladie potentiellement mortelle.

On peut trouver dans le HLA :- des gènes favorisant l’atopie, en particulier les HLA B7 et B35 (qui entraînent aussi des carences en magnésium et un foie fragile) ;- des gènes favorisant les maladies auto-immunes, et donc des réactions immunitaires excessives et inappro-priées. Une maladie auto-immune ressemble sur certains aspects à une allergie. Dans la première, les anticorps sont dirigés contre des éléments du soi (ce sont surtout des IgG) et, dans la deuxième, ils sont dirigés contre des éléments du non-soi (ce sont surtout des IgE). Mais dans les 2 cas, il y a un défaut de régulation de la réaction immunitaire impliquant en particulier le rapport des lymphocytes TH1 et TH2 ;- des gènes prédisposant aux intolérances alimen-taires.Nous sommes en contact avec de plus en plus de molé-cules chimiques étrangères.

Quand on observe l’épidémiologie et la répartition des allergies sur la planète, force est de constater que plus on vit dans une société industrielle et riche et plus on souffre d’allergies. On suspecte donc fortement les nombreux contacts que nous avons avec tout plein de molécules étrangères que l’on respire, mange ou touche !

Notre système immunitaire est sollicité en perma-nence par de nouveaux antigènes rencontrés :- par notre alimentation de plus en plus industrielle riche en additifs de toutes sortes ;- à cause de la pollution atmosphérique liée à l’in-dustrie et à l’agriculture intensive, mais aussi dans nos maisons où l’on utilise de plus en plus de produits chimiques pour nettoyer, désinfecter, désodoriser, désinsectiser ;

1 “Holt P. Parasites, atopy and the hygiene hypothesis: resolutions of a paradox?”, Lancet, 356 p., 1699-1701. 2000

- dans les cosmétiques et autres produits de soins riches en molécules étrangères présentes dans nos gels douche, déodorants, crèmes de jour ou de nuit… mais aussi de plus en plus dans nos vêtements syn-thétiques.À force d’être sur-sollicité, le système immunitaire se dérègle et devient trop réactif. C’est une réac-tion de défense pour nous préserver de toutes ces « agressions », mais cela déclenche malheureusement d’autres maladies.

On ne devient pas allergique à toutes ces molécules chimiques, car toutes ne sont pas « allergéniques ». Mais ces multiples molécules étrangères créent un terrain favorable à des réactions immunitaires exces-sives. Il peut aussi exister des réactions croisées entre une molécule chimique particulière et les antigènes présents dans des pollens ou des acariens.

HALTE AUX HYGIÉNISTES !

Mais la cause la plus importante qui pourrait expliquer l’augmentation spectaculaire des allergies dans les pays occidentaux est certainement le facteur « hygiéniste » 1.

Les allergies ont énormément augmenté à partir des années 60. Il est impossible que la cause soit l’évo-lution de nos gènes, qui mettent des siècles à se modifier. Seules des modifications du mode de vie et

PLUS D’ALLERGIES, MOINS DE CANCERS ?

Certains pensent que les personnes qui réagissent ainsi en faisant des manifestations allergiques feront en revanche moins de maladies dégénératives et de cancers. Ces notions ne sont pas démontrées à ce jour, mais peut-être les allergies sont là pour nous dire que notre organisme est trop agressé, trop déréglé, et que si on ne fait rien pour changer on risque « plus gros ». Voilà une belle piste de réflexion et d’étude pour nos scientifiques, mais aussi nos philosophes et nos psychothérapeutes.

L’ALLERGIE : UNE MALADIE PSYCHOLOGIQUE ?

Pourquoi, à un moment donné, notre système immunitaire décide-t-il de ne plus supporter un élément de notre environnement proche et quotidien ? Pourquoi, après avoir passé 10, 20, 30 printemps sans problème devient-on allergique aux pollens ?Des spécialistes se sont penchés sur les relations avec les facteurs émotionnels et se sont posés la question  : que ne supportons-nous plus dans notre entourage ? À quoi devenons-nous allergiques dans notre quotidien  ? Pourquoi avons-nous cette réaction de rejet vis-à-vis de notre environnement ?Ces liens sont très discutés, pour ne pas dire totalement rejetés, par les plus scientifiques des médecins, mais je pense que la question doit rester ouverte, car il serait étonnant que notre cerveau, nos émotions, ne jouent pas un rôle dans ces maladies immunitaires si particulières. Et si les facteurs psychologiques ne sont pas une cause profonde de l’allergie, ils peuvent au moins en être un facteur déclenchant !

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de l’environnement peuvent expliquer cette véritable explosion des maladies allergiques.

Dès 1873, Charles Backley, un des pionniers de l’aller-gologie, avait remarqué que les allergies aux pollens étaient plus fréquentes chez les citadins « éduqués » que chez les paysans « illettrés » (je reprends ici les mots exacts utilisés par Backley). Et il avait conclu en visionnaire que « avec la civilisation et l’amélioration de l’éducation, les maladies allergiques [allaient] deve-nir plus fréquentes ».

Mais comment expliquer « scientifiquement » ces constatations empiriques ?

Il apparaît que le mode de vie trop « sain » et trop asep-tisé des citadins angoissés et effrayés par le moindre microbe soit une des causes. À la campagne, les enfants en bas âge sont au contact des animaux, de la nature et de microbes divers et variés. La cuisine dans une ferme est, vous en conviendrez, très différente des cuisines laquées blanches et quotidiennement désinfectées des appartements bourgeois parisiens.

Il est démontré que les enfants qui ne sont pas suf-fisamment soumis à des contacts microbiens dans leur petite enfance ne développent pas leur système immunitaire de la même façon que les enfants des campagnes. Les enfants des villes ont une immunité plus orientée vers les TH2, et donc vers les réactions allergiques.

C’est un peu comme s’il fallait rencontrer les molécules de notre environnement, les allergènes potentiels, tôt dans notre vie pour qu’on y soit habitués et qu’on puisse les tolérer. Quel paradoxe de constater que les enfants des campagnes, qui vivent en pleine nature, au contact des foins et des fleurs fassent beaucoup moins de rhumes des foins et d’allergies aux pollens que les enfants des villes !

Mais comprenez bien que ce n’est pas seulement le contact avec la nature qui compte. C’est aussi le contact avec les microbes. Pas les microbes dangereux, mais ceux qui vont éduquer notre système immuni-taire.

Cela explique pourquoi il y a beaucoup plus d’aller-giques dans les populations « éduquées », comme le disait Charles Backley. Ces populations sont mieux informées sur les « méchants » microbes, au point d’en faire une phobie, et ont surtout un meilleur accès aux soins médicaux et donc aux antibiotiques. Il y a 80 ans, à la campagne, il y avait plus de mortalité infantile à cause des infections, car elles étaient souvent soignées avec les « moyens du bord », sans consulter un méde-cin. En ville, à partir des années 60, la moindre fièvre se retrouvait chez le médecin, qui prescrivait un antibio-tique « au cas où ». L’espérance de vie a ainsi progressé, mais aux dépens d’une explosion des maladies aller-giques et auto-immunes. Alors certains diront qu’il vaut mieux être allergique mais vivant, néanmoins peut-être pourrions-nous trouver des solutions médianes qui protègent la vie de nos enfants sans en faire des allergiques à vie !

Ces éléments expliquent pourquoi des enfants ayant des parents avec un haut degré d’éducation, ou bien issus d’une première grossesse tardive (du fait de la carrière professionnelle de la mère notamment) ont un risque significativement plus élevé de développer des allergies. J’utilise ici les mots et les critères exposés dans les mul-tiples études sur l’épidémiologie des allergies.

STOP AUX ANTIBIOTIQUES !

Quand j’ai fait mes études à l’hôpital Necker- Enfants-Malades, on nous apprenait qu’un nou-veau-né devrait faire environ 50 infections avant l’âge de 2 ans pour rendre son système immuni-taire mature.

Mais aujourd’hui, qu’enseigne-t-on aux jeunes médecins ? Vaccins et antibiotiques ! La peur, la phobie des microbes qui sont devenus nos pires ennemis alors que nous savons parfaitement que nous ne pourrions pas survivre dans un monde sans microbes !

Et l’usage excessif, pour ne pas dire irrespon-sable, des antibiotiques chez les enfants a prouvé son rôle dans la genèse des terrains atopiques. Ils surchargent le foie, détruisent la flore (2 causes des allergies sur lesquelles je reviendrai) et ils empêchent les enfants de mettre en place un système immunitaire équilibré et efficace !

ENFANTS DES VILLES / ENFANTS DES CHAMPS : PAS TOUS ÉGAUX !

Dès 1989, un épidémiologiste anglais, David Stra-chan, avait constaté que les infections contractées pendant la prime enfance entraînaient un déve-loppement de lymphocytes Th1 qui protégeraient des maladies allergiques. Deux chercheurs, un Américain et un Australien, ont ensuite poussé plus loin cette théorie  : l’excès d’hygiène, qui protège les enfants des maladies infectieuses, empêcherait la stimulation des Th1, bloquant la balance immunitaire des enfants atopiques dans un profil Th2.

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LES ALLERGIES

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Parmi les autres explications de cette théorie hygiéniste, il y a nos habitations. Ainsi, depuis la crise pétrolière de 1974, les habitudes de vie ont été modifiées : meil-leure isolation, appartements plus petits, plus chauffés et introduction de la climatisation ont entraîné un confinement et une augmentation du taux d’humidité, favorisant ainsi le développement des acariens, ennemis publics numéro un des allergiques.

Les habitations modernes ultra-cloisonnées et aseptisées peuvent favoriser les acariens : pensez à aérer

En 1988, J’ai fait ma thèse de médecine sur l’étude de l’asthme à l’île Maurice. Pourquoi ce sujet s’est-il pré-senté à moi ? Parce que mon directeur de thèse avait été contacté par le gouvernement de l’île Maurice pour les aider à comprendre pourquoi cette maladie était en plein essor sur l’île.

La conclusion a été surprenante, mais logique : l’arrivée de la « civilisation » avait apporté des conditions de confort, le chauffage et la climatisation, mais aussi l’augmentation des richesses et donc des délits qui vont avec. Alors, les Mauriciens les plus aisés ont fermé leurs portes et leurs fenêtres, ont installé des climatiseurs et ont ainsi créé un milieu très favorable au développement des acariens. Si on ajoute à cela les explications hygiénistes exposées ci-dessus, on a toutes les causes de l’augmentation de l’asthme à l’île Maurice qui a touché en priorité, bien entendu, les classes les plus aisées !

Et je ne parle pas de l’augmentation des animaux de com-pagnie dans des appartements de plus en plus « étanches » qui augmentent d’autant les contacts avec de multiples allergènes. On a même montré que le fait de ne plus faire sécher son linge sur des fils à l’extérieur des maisons (et ainsi de les aérer) pouvait être une des explications de l’augmentation des allergies aux acariens !

Donc, pour réduire le risque de développement des aller-gies, il faut se méfier d’un mode de vie aseptisé et isolé de la nature, surtout pour les jeunes enfants. Pas sûr que la mode des jeux électroniques qui éloignent nos enfants des forêts et des terrains de foot soit très favorable à tout cela.

Car souvenez-vous d’une chose : une fois qu’on est devenu allergique, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de faire machine arrière. On pourra réduire les symptômes, contrôler nos réactions immu-nitaires, mais guérir définitivement d’une allergie est très hypothétique !

Allergie et dépressionDans un autre domaine, une association entre l’apparition d’une allergie et la dépression (surtout d’origine maternelle) a été soulignée par des études finlandaises. Est-ce que le stress est directement un facteur favorisant des allergies ou bien est-ce que la peur de voir son enfant malade ou, pire mourir, pousse-t-elle les parents à surprotéger leurs enfants, à les surmédicaliser et à les éloigner du moindre microbe ?

L’ALLAITEMENT MATERNEL : QUE DU BON !

Dans le même esprit, un autre facteur a joué un rôle majeur dans la genèse des allergies  : la réduction de l’allaitement maternel. Les plus anciens se rappellent peut-être que dans les années 60 on disait même aux mères que le biberon était plus sain que l’allaitement ! Comment avons-nous pu nous laisser manipuler à ce point par les lobbys ! ?Il est aujourd’hui bien démontré que plus l’allaitement maternel recule et plus l’allergie progresse !

Bien entendu, vous trouverez toujours des enfants qui ont été allaités et qui font pourtant des allergies, car ces maladies ne sont pas monofactorielles. Mais l’allaitement maternel est certainement le meilleur moyen de permettre à l’enfant de développer un système immunitaire de meilleure qualité, et donc de réduire la mortalité infantile tout en réduisant le risque allergique.Cette étude comparative montre à quel point l’allaitement maternel est protecteur vis-à-vis des allergies respiratoires.

L’allaitement permet aussi de retarder le contact entre l’enfant et des aliments industriels ou potentiellement allergisants. Ainsi, il est démontré qu’il faut au moins attendre 1 an pour faire consommer aux enfants des arachides ou même des œufs. Et plus le contact avec le lait de vache est tardif et plus cela paraît réduire le risque d’allergies. C’est particulièrement vrai dans les familles atopiques !

Prévalence des maladies atopiques, à l'âge de 5 ans, selon le type d'allaitement pendant les 6 premiers mois de la vie

allaitement allergies alimentaires

dermatoses atopiques

asthme

maternel exclusif

13,3 20 6

hydrolysat de PLV

13,2 25 12

lait de vache 36 43 28

lait de soja 28 39 26

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LA « MARCHE DES ALLERGIES »

Je parle dans ce dossier essentiellement des allergies res-piratoires, mais on ne peut pas les dissocier totalement des autres allergies et en particulier des dermatoses ato-piques.

En effet, dans la majorité des cas, les allergies res-piratoires feront suite à des dermatoses atopiques, elles-mêmes très fréquemment en lien avec des aller-gies ou intolérances alimentaires.

Ce schéma illustre bien ces liens et cette succession de symptômes allergiques.

Il existe un continuum dans les manifestations atopiques. Cette progression est souvent mentionnée sous le terme « la marche allergique » montrant que les manifestations se succèdent dans le temps et peuvent éventuellement évoluer vers des formes plus graves 2. Ce sont des consta-tations cliniques et épidémiologiques, mais, à ce jour, nous n’avons pas d’explications claires sur cette suc-cession de maladies allergiques différentes, mais liées les unes aux autres.

FLORE INTESTINALE ET INTOLÉRANCES ALIMENTAIRES

Toutes les causes exposées dans ce chapitre nous ramènent au principal centre de notre système immu-nitaire : l’INTESTIN.

J’aime rappeler que 60 % des cellules de l’immunité sont situées dans l’intestin, et que c’est là que sont fabriqués la majorité de nos anticorps (immunoglobulines). De très nombreuses études ont pu ainsi montrer les liens entre équilibre immunitaire et flore intestinale, ou encore entre maladies à composante immunitaire et santé de l’intestin.

Les allergies ne font pas exception et on retrouve dans ces maladies 2 liens majeurs avec notre tube digestif :- un lien fort et parfaitement démontré entre flore intestinale et allergies. La place des probiotiques dans la prise en charge des allergies est ainsi de plus en plus reconnue ;

2 Boguniewicz M. et coll., “Current management of atopic dermatitis and interruption of the atopic march”, J Allergy Clin Immunol., 112 (6 Suppl.): S140-50, 2003.

- un lien évident, mais encore discuté, entre intolérances alimentaires et allergie. J’y reviendrai plus loin en détail.Évidemment, on comprend ainsi que les antibiothéra-pies excessives chez les enfants puissent être des causes majeures du développement des allergies ! D’autant plus que la perturbation de la flore intestinale, mais aussi une alimentation totalement aseptisée (car irradiée et bourrée de conservateurs) vont favoriser les réactions immuni-taires TH2 aux dépens des TH1, et je vous rappelle que c’est cet équilibre TH1/TH2 qui fait le terrain atopique !

D’ailleurs, certains auteurs considèrent que la théo-rie hygiéniste expliquée ci-dessus (et à laquelle je crois beaucoup personnellement) devrait être appelée « théorie microbiotique », car le microbiote se met en place et mature durant les premières années de la vie. De récentes études ont en effet montré que les enfants présentant un risque élevé de devenir asthmatiques possédaient un microbiote déséquilibré à l’âge d’un mois. Dans le même esprit, si nos gènes mettent des générations à se modifier, notre microbiote peut se modifier en quelques mois. À la suite de ces constata-tions, les projecteurs se sont braqués sur le mode de vie occidental et la façon dont il influence le métagénome (appellation qui recouvre l’ensemble formé par notre génome et la multitude de génomes microbiens qui nous accompagne).

Il n’en fallait pas plus pour faire de notre flore intes-tinale le premier responsable de l’augmentation du nombre d’allergiques.

Pour ma part, même si je suis persuadé du rôle majeur de la flore (et de la perméabilité intestinale) dans la genèse des maladies allergiques, je ne pense pas qu’il faille en faire la cause exclusive ou même prioritaire. Pour autant, nous verrons que l’alimentation est une des principales pistes de prise en charge des allergies respiratoires.

LES PROBIOTIQUES PRESQUE TOUJOURS EFFICACES

Dans la même idée, des chercheurs américains ont effectué une méta-analyse sur les relations entre allergies respiratoires et flore intestinale. Sur les 23 études analysées, 17 rapportent une amélioration significative des symptômes et de la qualité de vie chez les personnes atteintes de rhinite allergique avec les probiotiques1.

1 Zajac A. E., Adams A. S., Turner J. H., “A systematic review and meta-analysis of probiotics for the treatment of allergic rhinitis”, International Forum of Allergy & Rhinology, Volume 5, Issue 6, 524-532, 2015.

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LES ALLERGIES

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3 FACTEURS QUI DÉCLENCHENT DES ALLERGIESIl y a donc de nombreux facteurs qui vont créer le terreau nécessaire à l’apparition d’une allergie. Il est certain que ce dérèglement immunitaire n’a pas une seule cause. Mais pourquoi une allergie apparait-elle à un moment précis ? Pourquoi pas 6 mois plus tôt ou 1 an plus tard ?

Là encore, nous avons plus d’hypothèses que de preuves, mais l’expérience, l’observation, le récit de nos patients et quelques études nous permettent de pointer du doigt certains responsables.

1. LES VACCINS

Je sais, il est mal venu pour un médecin d’oser critiquer les sacro-saints vaccins ! Et pourtant, n’est-ce pas la base d’une démarche scientifique que de douter et de remettre en question l’ordre établi ?

Et puis, j’ai vu trop de patients me décrire l’apparition d’allergies dans les mois qui ont suivi un vaccin pour ne pas commencer par citer ce facteur déclenchant.

D’ailleurs, quand on observe l’épidémiologie des mala-dies allergiques, il existe aussi un lien troublant entre le développement de la vaccination et ces dérèglements immunitaires. C’est bien dans les pays occidentaux, chez les citadins éduqués et surmédicalisés, qu’on a vu se déve-lopper la vaccination en même temps qu’un mode de vie favorable aux allergies.

Et les vaccins sont bien des produits qui agissent sur notre système immunitaire pour produire des anticorps. Le but du vaccin est de stimuler l’immunité pour lui faire produire des IgG (immunoglobulines G) spécifiques d’un microbe. L’objectif est de créer un « premier contact » pour permettre de développer une immunité protectrice.

Oui, mais voilà, pour que cela marche, on utilise aussi des adjuvants pour sur-stimuler nos globules blancs. Sans adjuvants, les vaccins sont très peu efficaces. Mais quel est l’effet de ces adjuvants sur un système immunitaire prédisposé à faire des allergies ?

Si je vais plus loin dans mon questionnement, quel est l’ef-fet des vaccins chez un enfant entre 4 et 18 mois qui reçoit un minimum de 10 injections vaccinales avec autant d’ad-juvants à une période où il rencontre tant de nouveaux aliments, pas toujours très naturels, et où son système immunitaire est censé devenir mature grâce à des infec-tions qui doivent lui permettre d’équilibrer ses réactions TH1 et TH2 ?

Sans oublier que, dans cette même période, les enfants reçoivent beaucoup d’antibiotiques qui perturbent leur flore intestinale !

Ainsi, j’ai vu de nombreux bébés démarrer un eczéma dans les suites d’un vaccin.

Et quand ils sont passés à côté de cette maladie, je les revois entre 10 et 14 ans, quand ils démarrent une rhinite allergique ou un asthme suite aux rappels vaccinaux qu’ils reçoivent à cet âge charnière.

Évidemment, aucune preuve définitive n’existe à ce sujet et les scientifiques préfèrent parler de coïncidence, puisque tous les enfants (ou presque) sont vaccinés et tous ne font pas des allergies.

Sans oublier que les vaccins réduisent d’autant les mala-dies infantiles. Pourquoi la rougeole, la rubéole sont-elles des maladies « infantiles » ? Ne doivent-elles pas juste-ment participer à la maturation du système immunitaire ? En éliminant ces maladies, est-ce qu’on ne participe pas à des modifications de notre système immunitaire dans le sens de trop de réactions TH2, comme cela a été démontré entre les enfants des villes et les enfants des champs ? Ces questions, très peu étudiées, méritent d’être posées, mais, à ce jour, il n’existe aucune preuve scientifique permettant de trancher entre ces hypothèses.

Alors que faire ? Ne plus vacciner les enfants ? Bien sûr, ce n’est pas là mon discours, et comme les pouvoirs publics ont peur que la méfiance envers les vaccins s’amplifie, on comprend qu’ils ne veuillent absolument pas évoquer les liens entre vaccins et allergies.

Mais la réalité du terrain est qu’on observe souvent les pre-miers symptômes allergiques dans les mois, les semaines, voire les jours qui suivent une vaccination.

Et je le dis sincèrement, je n’ai pas trouvé de solution par-faite pour éviter cela. On ne peut jamais prédire si tel ou tel enfant présente un risque de développer des allergies après un vaccin. On peut juste essayer d’être prudent quand il y a un terrain atopique marqué dans la famille. On peut aussi consulter un homéopathe pour avoir un traitement d’accompagnement en cas de vaccination, mais aucune méthode ne protège à coup sûr. Il sera aussi néces-saire de bien choisir le moment de la vaccination pour

FAUT-IL FAIRE CONFIANCE AUX ÉTUDES ?Les études existantes concluent à l’absence de relation significative entre vaccin et allergies.1 Mais j’aimerais qu’on refasse ces études en prenant en compte les prédispositions génétiques, le typage HLA et les autres critères qui favorisent les allergies. Si on prenait en compte tous ces facteurs, je reste persuadé que l’on se rendrait compte que la vaccination peut être un facteur déclenchant des allergies, même si ce n’est pas la cause principale.

1 “No epidemiological evidence for infant vaccinations to cause aller-gic disease”, Koppen S – Vaccine, 2004 Sep 3;22(25-26): 3375-85. - DOI: 10.1016/j.vaccine.2004.02.033.

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ne pas avoir une accumulation de facteurs négatifs. Mal-heureusement, l’obligation vaccinale nous a enlevé toute possibilité de moduler ce type de traitement préventif en fonction du risque et des besoins de chacun !

2. PLACE DU STRESS

J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises les facteurs émo-tionnels dans les causes potentielles des allergies. Nous avons vu que, souvent, ce n’est pas le stress, mais ses conséquences sur notre mode de vie qui crée un terrain favorable à l’apparition des allergies.

Mais un très gros stress, une grande peur, un grand cha-grin peuvent être des facteurs déclenchants d’une allergie. On sait que ces stress majeurs influent sur notre immu-nité. C’est d’ailleurs pour cela que certains vont avoir une poussée d’herpès après une telle émotion. Sans parler de l’effet du psychisme sur notre deuxième cerveau, l’intes-tin, centre de l’immunité.

En cas de terrain favorable, ces stress pourront aussi être l’étincelle qui permettra aux allergies d’apparaître.

3. LES MODIFICATIONS DU MODE DE VIE

Il arrive que les allergies apparaissent à la suite de démé-nagements ou de modifications du rythme de vie. Une nouvelle maison avec tout plein de nouveaux allergènes, une nouvelle région qui va « agresser » notre système immunitaire, des modifications de notre alimentation en changeant de vie sont autant de facteurs qui peuvent désé-quilibrer notre immunité.

Les changements peuvent aussi être liés à une maladie chronique, la prise d’un médicament sur le long terme, la nécessité d’arrêter le sport, de rester enfermé chez soi. Tous ces changements, souvent accompagnés de stress, sont autant de facteurs déclenchants potentiels des allergies.

On voit bien ainsi que la prise en charge du terrain et des causes principales qui ont été décrites dans le précédent chapitre sont particulièrement importantes, car il existe beaucoup de facteurs déclenchants qu’on ne peut pas toujours prévenir. Alors évitons d’avoir un terrain trop favorable aux allergies !

5 FACTEURS AGGRAVANTSQuand une allergie a commencé à s’exprimer, de nom-breux éléments pourront en aggraver les symptômes. Bien entendu, ces facteurs aggravants dépendent du type d’allergie. Voici une liste des principaux éléments qu’on essayera de prendre en compte pour éviter que la maladie allergique ne s’aggrave.

1. LE TABAC

Le tabac est évidemment un élément qui aggravera les allergies respiratoires, et en particulier l’asthme. Il sera

évité au maximum. Il ne faut surtout pas oublier que le taba-gisme passif chez les enfants est une des causes d’asthme grave et de crises potentiellement mortelles. Vous com-prenez quelle est ma colère quand je vois des adultes, pire, des parents, fumer en présence de leurs jeunes enfants !

Le tabac est même une cause directe d’allergies, non seule-ment à cause du tabagisme passif, mais aussi par d’autres mécanismes toxiques puisque le tabagisme de la femme enceinte augmente bien plus le risque de terrain atopique chez l’enfant que le tabagisme du père.

Cette étude montre une élévation très importante des IgE du sang du cordon ombilical quand la mère fume, en opposition à un tabagisme exclusif chez le père. Évidem-ment cette différence se retrouve ensuite dans les taux de maladies allergiques à 18 mois.

2. LA POLLUTION

La pollution a des effets assez similaires au tabac. C’est à la fois une des causes des allergies et un facteur aggravant des symptômes respiratoires, et surtout de l’asthme. Je parle de la pollution atmosphérique liée à l’activité indus-trielle et aux voitures, mais aussi à la pollution de l’air des maisons liée aux produits d’entretien et parfois aux cheminées à bois.

En cas d’allergie respiratoire chez un membre de la famille, il sera indispensable de se méfier de ces sources de pollution en commençant par agir sur l’air ambiant à l’intérieur de la maison.

3. LES INFECTIONS RESPIRATOIRES

Les infections respiratoires sont évidemment des facteurs aggravants des allergies du même nom ! C’est pourquoi des traitements préventifs des infections hiver-nales seront nécessaires chez ces patients.

Je veux rappeler ici que les enfants qui font des otites séreuses à répétion ont très souvent un terrain atopique et sont des allergiques en puissance. Les otites séreuses se prennent d’ailleurs très bien en charge en agissant sur l’équilibre nutritionnel et les intolérances alimentaires.

Influence du tabagisme passif pré-natal et post-natal sur le risque atopique chez l'enfant (Magnusson et al, 1986)

Relations entre le tabagisme parental pré- et post-natal et - le taux des IgE totales dans le sang de cordon- la prévalence des maladies atopiques à l'âge de 18 moisdans un groupe de nouveaux nés non sélectionnés

Tabagisme parental total

IgE du sang de cordon

Allergie à l'âge de 18 mois

certaine probable

mère seule 39.3%

1.26 UI/ml 17.1 % 12.2 %

père + mère 20%

3.18 UI/ml 16.7 % 3.3 %

père seul 21.9%

0.33 UI/ml 11.6 % 10.1 %

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LES ALLERGIES

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4. LES HORMONES

Ce facteur concerne surtout la femme puisqu’on a décrit des aggravations des allergies à la puberté, lors d’une gros-sesse et surtout à la ménopause. Cela dit, si l’asthme de la ménopause est une entité bien connue et une maladie souvent plus grave, il apparaît qu’il n’est pas spécifique-ment d’origine allergique et le facteur hormonal me paraît secondaire dans les allergies respiratoires dont il est ques-tion dans ce dossier.

5. L’ALIMENTATION

L’alimentation sera le dernier facteur aggravant que je citerai ici, mais c’est loin d’être le moins important. Nous avons déjà évoqué l’alimentation comme une des causes majeures du terrain allergique. Il est évident de ce fait que manger « n’importe comment » peut nettement aggraver les symptômes allergiques. Les explications sont multiples.

D’abord, si on ne respecte pas ses intolérances alimen-taires. Si on mange par exemple du gluten alors qu’on y est hypersensible, il est obligatoire de voir apparaître brutalement des symptômes allergiques. J’ai vu cela chez des centaines de patients. Mais même en respectant les exclusions alimentaires nécessaires, l’alimentation peut être une source d’aggravation des allergies.

Ainsi, les excès alimentaires (trop de graisses, de sucre ou d’alcool) vont surcharger le foie. Or, le foie est un organe important chez les allergiques. En homéopathie, il est classique de dire qu’il faut toujours traiter le foie des aller-giques. En effet, une réaction allergique est considérée

pour un homéopathe comme une réaction de défense, mais aussi une réaction d’élimination. Si l’organisme doit passer par la peau ou les muqueuses respiratoires pour éliminer une surcharge toxinique, c’est que le foie est sur-chargé ou déficient.

On comprend donc que si on surcharge encore plus le foie par des excès alimentaires on risque de voir ses symp-tômes allergiques s’aggraver.

À côté de ces excès, l’alimentation peut être une source d’ag-gravation à cause des carences nutritionnelles. Cette liste de facteurs aggravants n’est évidemment pas exhaustive.

PARTIE 2 

LES DIFFÉRENTES ALLERGIES RESPIRATOIRES

V oyons maintenant les principales allergies respiratoires pour mieux apprendre à les reconnaître.

LE « RHUME DES FOINS » : PAS SEULEMENT LIÉ AU POLLEN Le « rhume des foins » est une des allergies respira-toires les plus fréquentes. Contrairement à son nom populaire, elle est plus souvent liée aux acariens ou aux pollens qu’aux foins, surtout présents en fin d’été.

On parle en médecine de « rhinite allergique » ou par-fois de coryza saisonnier.

Le coryza est un rhume avant tout d’origine virale. Le but sera donc, face à un patient qui décrit un coryza, de savoir s’il s’agit d’une infection aiguë ou d’une allergie, sachant que cette dernière peut parfois (rarement) se surinfecter.

Les symptômes de la rhinite allergique sont surtout :- l’écoulement nasal comme pour un rhume, mais cet écoulement est clair, parfois irritant, voire blanc et col-lant. Mais jamais jaune ni vert ;

2 nutriments essentiels

Le magnésium, car les allergiques manquent sou-vent de cet oligoélément ; je propose donc souvent une supplémentation régulière chez mes patients allergiques ;

Les oméga-3 sont également impliqués dans les mécanismes de l’allergie en favorisant la production de thromboxane A3, une prostaglandine protec-trice qui s’oppose aux diverses prostaglandines pro-inflammatoires et pro-allergiques comme le thromboxane A2 ou certains leucotriènes. Une sup-plémentation en oméga-3 doit être envisagée en cas de terrain allergique marqué.

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- il s’accompagne d’un prurit des fosses nasales, voire du palais ou du fond de la gorge, et surtout d’éternuements fréquents. La notion de prurit avec une envie irrépres-sible de se gratter est très évocatrice d’allergie ;- le nez peut couler beaucoup ou bien être bouché ;- ce coryza est souvent associé à une conjonctivite aller-gique, c’est-à-dire une irritation des yeux qui sont rouges, qui grattent et qui peuvent pleurer plus ou moins abon-damment. Là encore on différenciera cette conjonctivite allergique d’une cause infectieuse, car en cas d’infection, les paupières seront collées le matin et l’écoulement sera plus épais et jaune. Mais une surinfection de la conjonc-tivite allergique est toujours possible.Faire la différence avec un coryza infectieux est en géné-ral assez simple, car :- il n’y a ni fièvre, ni frissons, ni courbatures dans une allergie ;- les allergies donnent des symptômes qui durent longtemps, avec des hauts et des bas en fonction de la quantité d’allergènes, alors qu’une infection peut s’ag-graver avec fièvre puis pharyngite, mais durera rarement plus de 2 semaines, ou bien elle évoluera en pharyngite ou trachéite, ce qui est rarement le cas pour les allergies ;- les infections s’accompagnent de pus, donc d’un écou-lement jaune épais, mais uniquement dans les infections bactériennes. Dans les infections virales, l’écoulement peut être clair et irritant comme dans une allergie. C’est le principal piège diagnostique ;- en revanche, un écoulement blanchâtre et collant, élastique, est assez évocateur d’une allergie.On peut donc confondre coryza viral et coryza allergique au début des symptômes à cause d’un nez bouché avec un écoulement clair et irritant et des éternuements.

C’est l’évolution au bout d’une semaine qui permettra de faire la différence sans risques de se tromper.

Je me souviens d’un enfant de 10 ans, Julien, qui passait ses vacances d’été chez ses grands-parents à la campagne. Au bout d’une semaine, début juillet, il présente les signes d’un gros rhume avec le nez très bouché, des éternuements et des céphalées. Bien qu’il n’ait pas de fièvre, les grands-pa-rents s’inquiètent et suspectent une infection. Il est alors mis au lit avec interdiction de se baigner et d’aller jouer avec les autres enfants. Au bout d’une semaine, comme il ne va pas mieux, on consulte le médecin qui diagnostique une première poussée de coryza allergique. Il a donc pu retourner se baigner et jouer au foot, même si ce contact étroit avec la nature augmentait chaque fois ses symptômes.

Les réactions en cas de contact avec un allergène sont typiques et laissent peu de doute au diagnostic.

Ces circonstances ont ainsi permis de définir ce qu’on appelle le « coryza saisonnier ». Quand un patient présente de tels symptômes au printemps ou au début de l’été, alors qu’il fait beau et qu’il n’y a aucune épidémie virale, les aller-gies sont la première cause à évoquer.

C’est un peu moins évident pour des symptômes apparais-sant à l’automne. Dans ce cas, ce sont les acariens qu’il faut suspecter. Quand il commence à faire froid, qu’on ferme portes et fenêtres et qu’on ressort couettes et couvertures, les acariens se développent dans les maisons, entraînant des coryzas allergiques. Comme pour Julien, il faut savoir les différencier d’une infection virale dans une saison où elles sont fréquentes.

Mais si un doute peut exister lors de la première saison d’al-lergies, l’année suivante, aucune hésitation n’est possible. C’est pour cela qu’on appelle cela un coryza « saisonnier » : il surgit chaque année à la même saison, dès que les aller-gènes en cause réapparaissent.

L’allergie aux acariens peut donner des symptômes toute l’année, car la poussière peut également être présente aux beaux jours. Ce sera la même chose si le coryza est déclen-ché par le chat ou le chien de la famille !

Un autre piège possible est l’évolution vers une sinusite. Quand le nez est très bouché à cause d’une allergie, on peut observer des symptômes de sinusite avec des douleurs typiques au niveau du front ou de chaque côté du nez. Les sinusites allergiques sont fréquentes, mais comme il s’agit

Le "rhume des foins" bien que court (env. 2 semaines) reste handicapant

UN MATCH QUI TOURNE COURTArthur aime beaucoup jouer au foot. Pendant

les ponts de mai, il est allé chez ses cousins et a fait un match sur la pelouse du jardin. Il fait chaud, il transpire et tombe souvent à terre. Au bout d’une heure, il a le nez qui coule et commence à éternuer, mais pas question d’arrêter. Il continue à courir en s’essuyant le nez avec son maillot plein d’herbe. 30 mn plus tard, il devra arrêter à cause d’une conjonctivite aiguë. Ses yeux sont rouges et grattent énormément, mais surtout les paupières sont gonflées et il a du mal à voir. Une bonne douche et un traitement adapté le calmeront en 2 heures. Évidemment, du fait des circonstances, l’origine allergique ne faisait aucun doute.

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d’une cavité en cul-de-sac, les surinfections ne sont pas rares et il faudra s’en méfier.

En dehors des surinfections, un coryza allergique est sans danger. Il est très invalidant et peut entraîner des pertes de productivité, voire interdire la pratique de certains métiers, mais, sur le plan de la santé, ces rhinites allergiques n’évoluent pas vers des maladies graves, contrairement à l’asthme.

Aucun examen n’est nécessaire en dehors de la recherche des allergènes en cause (tests cutanés et IgE spécifiques) afin de déterminer le meilleur traitement à envisager.

En revanche, ces allergies ORL peuvent se compliquer de polypes.

LES POLYPES DU NEZ ET DES SINUSLes polypes du nez et des sinus sont une pathologie com-plexe et plus rare, dont l’allergie est la principale cause, mais pas la seule.

On peut avoir des polypes uniquement dans les sinus, par-fois à cause d’infections à répétition ou encore à cause d’une affection dentaire supérieure qui retentit sur les sinus maxillaires.

J’évoquerai uniquement dans ce chapitre les polypes du nez qui peuvent aussi toucher les sinus, d’où le terme « naso-si-nusien », et qui sont essentiellement d’origine allergique.

Dans les livres de médecine, on trouve la définition sui-vante : « La polypose naso-sinusienne est une rhino-sinusite chronique des sinus de la face. Cette affection implique la pré-sence d’une inflammation persistante de la muqueuse nasale, qui réagit en développant des polypes muqueux responsables d’une obstruction nasale progressive. Les polypes sont des excroissances translucides, régulières, pédiculées, qui bombent dans les narines. »

En pratique, on voit apparaître des polypes chez des per-sonnes qui ont une rhinite chronique parfois associée à une sinusite chronique non infectieuse. Au bout d’un certain temps, le nez est de plus en plus bouché, d’abord par un œdème plus ou moins chronique des muqueuses puis par l’apparition de polypes.

Ces polypes peuvent être si importants qu’on peut les voir dépasser à l’extrémité des narines !

Contrairement au coryza, ces affections naso-sinusiennes ne sont pas exclusivement liées à des allergies. Néanmoins on retrouve des tests allergiques positifs dans près de 50 % des cas et ces polypes sont associés dans 40 % des cas à un asthme.

Il se trouve que j’ai souvent pris en charge ce type de patients avec de plutôt bons résultats en appliquant les mêmes prises en charge que dans les autres allergies. J’y reviendrai plus loin, mais dans la majorité des cas que j’ai

eu à traiter, j’ai retrouvé des intolérances alimentaires dont l’exclusion a toujours été bénéfique.

La surveillance de la maladie et de l’efficacité du traitement

est ensuite très simple. Elle est basée sur l’évolution de la respiration et de l’odorat du patient !

S’il existe un asthme associé, on complétera la surveillance par les bilans habituels dans l’asthme.

Ces polypes ne donnent jamais de cancer et leur principal inconvénient, c’est le nez bouché en permanence et la perte d’odorat, qui peuvent devenir particulièrement handica-pants. Je vous rappelle que le goût vient du nez autant que de la langue et les patients qui ont de gros polypes nasaux peuvent faire de véritables dépressions à cause de la perte de ces 2 sens : l’odorat et le goût !

En plus des allergies, il existe des facteurs favorisant les polypes, comme le reflux gastro-œsophagien, qui entraîne un contact des muqueuses nasales avec l’acide chlorhy-drique de l’estomac, mais surtout l’exposition à des produits chimiques irritants liés à la profession (comme le formal-déhyde) ou au chlore (nageurs et employés des piscines) ou encore à la cocaïne consommée par voie nasale.

Le tabac reste le principal facteur aggravant et est évidem-ment fortement déconseillé dans ces affections, mais il faut savoir que la prise d’aspirine ou d’anti-inflammatoires est contre-indiquée dans ces polyposes pour éviter l’évolution vers une pathologie particulière qu’on appelle « maladie de Fernand Widal », qui associe asthme-intolérance à l'as-pirine-polypose nasale et peut se compliquer de crises d’asthme sévères.

L’ASTHME : D’ORIGINE ALLERGIQUE DANS 80 % DES CASL’asthme est avant tout une maladie inflammatoire des bronches entraînant un bronchospasme et donc une

DÉTECTER UN POLYPELe diagnostic est assez simple : le patient se plaint d’un nez bouché de façon plus ou moins importante et permanente avec souvent une perte d’odorat. Un examen du nez avec un otoscope permet souvent de voir les polypes, mais, dans tous les cas, on adres-sera le patient à un ORL qui fera une fibroscopie des fosses nasales, permettant d’affirmer le diagnostic. Éventuellement, on pourra compléter ce bilan par un scanner des sinus permettant de mieux visualiser les polypes dans le sinus.

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difficulté respiratoire. Dans plus de 80 % des cas, il est d’origine allergique, et c’est uniquement de cette mala-die que nous parlerons ici.

En fonction des contacts avec les allergènes et de l’importance de la maladie, l’asthme peut donner des symptômes uniquement par poussées ou bien des dif-ficultés respiratoires chroniques parsemées de crises plus importantes.

Les mécanismes sont les mêmes que pour toutes les allergies : inflammation puis œdème et hypersécré-tion, mais va également survenir un bronchospasme qui est le plus dangereux, car il peut aboutir à l’as-phyxie.

Ces crises sont très angoissantes, car le patient a de réelles difficultés à respirer.

En général, quand un asthme apparaît, les crises ne sont pas très importantes et, le diagnostic étant assez simple, le traitement permettra d’éviter les crises graves. Pour autant, on dénombre au moins 1 000 morts par an chez des personnes dont l’asthme

LE DIAGNOSTIC DE L’ASTHME

Le diagnostic de l’asthme est assez aisé  : une dyspnée, une gêne respiratoire plus ou moins brutale sans autre maladie associée et entraînant un wheezing, un sifflement caractéristique prédominant à l’EXPIRATION. L’hypersécrétion entraîne aussi une toux et la crise se terminera par l’expectoration de sécrétions plus ou moins collantes et grisâtres pouvant contenir comme des petites billes un peu plus compactes.

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LES ALLERGIES

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s’est brutalement aggravé ou qui prennent mal leur traitement. Il existe aussi des asthmes résistants aux traitements.

En dehors des tests allergologiques développés plus haut, le bilan d’un asthme nécessite des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR).

Le principe de l’examen est simple : on fait souffler plusieurs fois le patient dans un tuyau pour mesurer les volumes et les débits. On fera cet examen avant et après la prise de médicaments, comme des broncho-dilatateurs. On peut également mesurer les échanges gazeux puisque l’appareil mesure la quantité de gaz carbonique expiré.

Si l’examen est simple à décrire, ses résultats sont assez complexes à analyser et je ne rentrerai pas dans les détails. Je dirai simplement que cet examen permet de :- faire le diagnostic de l’asthme ; - évaluer sa sévérité et le pronostic de la maladie ;- confirmer l’efficacité des traitements envisagés ;- surveiller l’évolution et l’éventuelle aggravation.En dehors des crises graves, si l’asthme n’est pas correctement soigné on peut voir apparaître des surin-fections, mais surtout une insuffisance respiratoire par destruction progressive des alvéoles. On parle en particulier d’atélectasie : une partie du poumon n’est plus fonctionnelle et le patient perd donc en capacité respiratoire.

PARTIE 3

LES PRINCIPAUX ALLERGÈNES

J e vais détailler ici les principaux allergènes res-piratoires pour que vous puissiez les connaître et mieux comprendre comment gérer vos aller-gies, si vous en avez.

LES POLLENS QUI « SE GLISSENT » EN NOUSCertains pollens sont allergisants du fait de plusieurs caractéristiques : ils sont microscopiques et ils sont anémophiles, c’est-à-dire transportés par le vent. Ainsi, ils peuvent arriver facilement en contact avec nos muqueuses respiratoires.

On distingue 3 familles de pollens allergisants : (illus-tration pour chaque pollen)

- les pollens d’arbres comme le platane, le bouleau ou le peuplier ;- les pollens de graminées qu’on croise un peu par-tout dans les prairies, sur les rochers, en forêt, dans l´eau, les fossés et accotements de routes, etc. En voici quelques exemples : fétuques, ray-grass, les pâturins, mais aussi le blé, le seigle, l´orge, l´avoine… ;- les pollens d’herbacées dites spontanées, souvent des « mauvaises herbes », poussant naturellement dans les champs comme le pissenlit, l’armoise ou le plantain.En fonction des espèces auxquelles vous êtes sensible, les allergies commenceront plus ou moins tôt dans l’année. Bien connaître ces notions permet de faire de la prévention en démarrant les traitements de terrain 2 mois avant la saison de vos allergies et d’augmenter éventuellement le traitement symptomatique dans la période la plus à risque. Cela permet aussi de mettre en place des mesures d’évitement quand cela est possible.

Ainsi, la pollinisation des arbres débute à la fin jan-vier et s’étend jusqu’au début du mois de mai, celle des graminées du mois de mai jusqu’à la fin juillet et celle des herbacées du mois de juillet jusque vers la fin septembre. Évidemment, tout cela dépend de la région où vous vivez et des variations climatiques d’une année sur l’autre.

Les personnes allergiques ont toujours beaucoup de symptômes dès qu’il fait beau et sec (les pollens volent beaucoup) et sont améliorées dès qu’une pluie arrive, car elle entraîne tous les pollens au sol !La pollinisation s'étend de janvier à septembre, selon les différents arbres

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ATTENTION POLLEN EN APPROCHE !

1 https://www.alk.fr/calendrier-pollinique.2 https://www.homeophyto.com/le-calendrier-pollinique.

Pour mettre en place cette prévention, il faut être alerté de l’arrivée des pollens. C’est le but du RNSA (Réseau national de surveillance aérobioloigique). Sur son site, vous pouvez trouver un Bulletin allergo-pollinique mis à jour toutes les semaines environ  : http://www.pollens.fr/les-bulletins/bulle-tin-allergo-pollinique.php. Il existe également des calendriers polliniques qui nous permettent de nous organiser et d’anticiper l’arrivée des pollens. Ces calendriers dépendent de la région où vous habitez. Voici 3 exemples où l’on voit bien que, en fonction de la région, les pollens et leur date d’ap-parition sont très différents1. On peut trouver aussi des calendriers qui donnent une notion générale de la pollinisation dans l’hémisphère Nord2.

Mais, bien entendu, pour pouvoir se servir utilement de ces tableaux, il aura été nécessaire de repérer les pollens auxquels vous êtes allergique grâce aux tests allergologiques détaillés plus haut.

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LES ALLERGIES

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GARE AUX ACARIENS TAPIS DANS VOTRE MAISONAprès les pollens, l’allergie aux acariens est certainement la plus fréquente des allergies respiratoires.

La poussière de maison regorge de particules et d’élé-ments divers : moisissures, pollens, débris de peau ou de cheveux, mais aussi des acariens, responsables dans 90 % des cas des allergies à la poussière.

Les acariens sont de petits arachnides (famille des arai-gnées) microscopiques se nourrissant de débris de peau humaine ou animale. Ils adorent les milieux chauds et humides et se nichent essentiellement dans les tissus, la laine et la plume. On les trouve le plus souvent dans les matelas, les oreillers, les tapis et les canapés.

Ces petites bestioles microscopiques peuvent gâcher la vie et les nuits des personnes qui y sont allergiques.

Les saisons les plus propices à ces allergies sont l’au-tomne et l’hiver, durant lesquelles les acariens frileux se réfugient dans les maisons pour profiter de la chaleur et se reproduire. Ils peuvent pondre jusqu’à 300 œufs dans leur courte vie de 80 jours et évacuer 200 fois leur poids en excréments. En moyenne, un lit peut être infesté par des millions d’acariens.

On ne trouve pas d’acariens en montagne au-dessus de 1 200 m en général.

Les acariens peuvent donner toutes les allergies respi-ratoires détaillées plus haut.

Au-delà des traitements exposés dans la dernière partie de ce dossier, des démarches préventives pour éliminer les acariens de notre environnement sont absolument nécessaires. Surtout dans la chambre à coucher qui, vous l’avez compris, est le refuge privilégié de ces arachnides.

Sachez que les acariens sont présents même dans les maisons les plus propres. Ce n’est donc pas un manque d’hygiène qui explique leur présence. Pour limiter leur

présence, il faudra bien plus qu’un coup de balai ou le passage quotidien de l’aspirateur.

Voici les principaux conseils que l’on peut donner en cas d’allergie aux acariens :

- aérer tous les jours la chambre pendant au moins 30 mn pour limiter l’humidité ;- limiter le chauffage (18-19 °C) ;- limiter l’humidité en effectuant les réparations si nécessaire ou en déplaçant les meubles pour favoriser la circulation de l’air ;- limiter l’apport d’humidité (pas d’humidificateur, pas de plantes, ne pas saturer les radiateurs, etc.) ;- lutter contre les moisissures ;- éviter les tapis, moquettes, tentures et rideaux en tissu dans les chambres. Préférer des parquets ou des linos, voire du carrelage. Passer l’aspirateur tous les jours si possible sans oublier le dessous du lit ;- préférer un sommier métallique ou à lattes de bois et une literie synthétique ;- utiliser des housses spéciales imperméables aux aca-riens ou nettoyer une fois par mois à 60 °C les couettes et oreillers (les acariens sont détruits par une température supérieure à 59 °C) ;- supprimer au maximum les peluches ou les laver au moins tous les 3 mois à 60 °C ;- laver chaque semaine les draps à 60 °C ;- ajouter un acaricide à la lessive pour les lavages à 30 °C ;- ranger si possible le linge et les vêtements hors de la chambre ;- fermer les meubles pour éviter la diffusion des pous-sières et limiter les bibelots et tout ce qui retient la poussière et gêne un ménage efficace.Comme vous le voyez, ce n’est pas simple, mais ces démarches permettent de réduire de plus de 50 % les symptômes allergiques et de retrouver des nuits plus paisibles et réparatrices.

LES POILS D’ANIMAUXC’est la troisième cause d’allergies respiratoires. Elle est à la fois simple et complexe. Simple, car les patients font vite le lien entre le contact avec l’animal et leurs symp-tômes.

Et c’est bien la difficulté de ces allergies : comment éli-miner les allergènes quand on est attaché à son animal de compagnie ? Impossible. Je me souviens d’une de mes chefs de clinique quand je faisais mes études de méde-cine. Elle nous faisait un cours sur l’asthme (c’était dans le service du célèbre et formidable Pr Even à Laennec) et les allergènes et, nous révélant sa propre allergie aux

Les acariens ne sont pas liés à la propreté. Mais pensez à aérer souvent

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chats, nous avoua qu’elle aimait trop le sien pour l’em-pêcher de dormir dans son lit !

Tous les chats n’ont pas le même pouvoir allergisant. On peut ainsi posséder un premier chat sans souci et décou-vrir, à l’adoption d’un second, que l’on est allergique !

Mais on rencontre aussi des allergies aux poils de chien ou de cheval qui, de la même façon, ne sont pas liés aux poils eux-mêmes. Dans le même esprit, on connaît aussi des allergies aux sécrétions des oiseaux de compagnie.

Dans tous les cas, une enquête à la Sherlock Holmes per-mettra de suspecter l’origine de l’allergie puis les tests cutanés confirmeront le diagnostic.

Il existe également des allergies croisées, par exemple poils de chat et viande de porc. Une allergie respiratoire aux oiseaux peut aussi évoluer vers une allergie alimen-taire à l’œuf.

AUTRES ALLERGÈNES RESPIRATOIRESOn peut également observer des allergies aux moisissures qui s’exprimeront dans les maisons très humides, sou-vent anciennes, mal entretenues et surtout mal aérées.

Plus rarement, on pourra diagnostiquer des allergies à des particules polluantes qui sont surtout handicapantes si elles s’expriment dans les milieux professionnels, nécessitant un reclassement.

Mais on peut être allergique à beaucoup de choses et il est impossible d’en faire la liste ici. Malgré tout, concernant les allergies respiratoires, plus de 90 % des cas sont liés aux 3 familles d’allergènes cités ci-dessus.

Pourquoi l’allergie aux chats est-elle la plus fréquente ?

C’est en raison d’une protéine particulière des félins très allergisante. En réalité, cette protéine est produite par les glandes sébacées (glandes de la peau) et salivaires du chat. Elle se retrouve ensuite sur les poils, qui ne sont pas, eux, directement allergisants.

ALLERGIQUE À SES PARENTS... OU AUX POILS DE CHAT ?

Je me souviens d’Isabelle. Cette patiente me racontait que dès qu’elle revenait chez ses parents, ses nuits étaient horribles. Son nez bouché, ses yeux qui grattent, une toux incessante rendaient ses séjours pénibles. Elle aimait pourtant ses parents, mais elle avait fini par espacer ses visites. Bien entendu, ce n’était pas une allergie aux parents ni même à la maison, mais une allergie au chat de la famille qui était en cause. Et en effet, les prick-tests d’Isabelle se sont révélés spectaculairement positifs concernant les poils de chat !

DES ALLERGIES CROISÉES ENTRE POLLENS ET ALIMENTS

Des personnes présentant une rhinite allergique à cause de certains pollens pourront aussi décrire des allergies en cas d’ingestion des aliments croisant avec ces pollens. On observera alors un « syndrome d’aller-gie orale » : prurit de la bouche, des gencives, du voile du palais, irritation de la gorge, sensation d’œdème des lèvres, parfois irritation conjonctivale et éternue-ments. La plupart du temps les symptômes restent limités à la sphère ORL et n’entrainent pas de symp-tômes généraux ni d’œdèmes de Quincke.

Ainsi, par exemple :- les patients souffrant d’une allergie aux pollens du bouleau présentent fréquemment (40 % des cas), un syndrome d’allergie orale à la consommation de fruits crus de la famille des rosacées (pomme, poire, pêche, nectarine, cerise, abricot, prune…), au kiwi et à certains oléagineux, comme l’amande ou la noisette ;- ceux présentant une allergie aux pollens d’armoise présentent parfois des allergies alimentaires croisées avec les ombellifères (céleri, carotte, fenouil, persil, cumin, coriandre…) ;- plus rarement, les patients souffrant d’allergie aux pollens de graminées peuvent développer une allergie orale à la consommation de cucurbitacées,

particulièrement le melon et la pastèque.

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LES ALLERGIES

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PARTIE 4

EN PRATIQUE : TRAITONS CES ALLERGIES !

M aintenant que vous savez tout (ou presque) sur les allergies respiratoires, voyons comment se soignent ces maladies bien han-dicapantes.

La priorité est bien évidemment à l’éviction la plus complète possible des allergènes en cause, mais on a vu que ce n’était pas toujours simple.

Dans un premier temps, je vais vous expliquer comment prendre en charge le terrain allergique, quelle que soit la maladie allergique dont vous souffrez, puis nous verrons comment traiter spécifiquement chaque type d’allergie.

PRISE EN CHARGE DU TERRAIN ALLERGIQUEC’est vraiment là le domaine des médecines complémen-taires, car en allopathie il n’y a que 2 traitements proposés : les antihistaminiques et la désensibilisation.

TRAITEMENTS CLASSIQUES DES ALLERGIES

LES ANTIHISTAMINIQUES

Ces médicaments agissent sur les conséquences de la réac-tion immunitaire, c’est-à-dire la libération d’histamine, mais en aucun cas sur les causes ou sur le dérèglement immunitaire lui-même.

Mais comme il n’existe pas de traitement très efficace pour agir plus en amont, les antihistaminiques sont les médica-ments les plus utilisés en cas d’allergie. Il faut dire qu’ils sont assez efficaces et ont peu d’effets secondaires.

Il existe de nombreuses molécules, sans qu’aucune ne soit vraiment plus efficace qu’une autre. À vous, avec l’aide de votre médecin, de trouver le médicament qui ait le meilleur rapport efficacité/tolérance.

Le principal défaut des antihistaminiques, c’est qu’ils ne soignent rien. Ils ne sont efficaces que si on les prend tous les jours. Dès qu’on arrête, les symptômes reviennent. Mais comme beaucoup d’allergies sont saisonnières et dépendent de la présence ou non des allergènes, on peut utiliser ces médicaments ponctuellement dans les périodes les plus difficiles. Il n’y a aucun danger à les prendre quelques jours puis les arrêter pour le reprendre au prochain contact avec l’allergène incriminé.

LA DÉSENSIBILISATION, TRÈS PROCHE DE L’HOMÉOPATHIE

La désensibilisation a fait beaucoup de progrès en 30 ans. Pendant mes études, dans les années 80, on utilisait des produits injectables qui étaient peu efficaces et mal tolérés (ils existent toujours, mais je vous les déconseille !).

Aujourd’hui, il est amusant de constater que la désensi-bilisation « allopathique » est devenue une méthode très proche de l’homéopathie, bien qu’aucun spécialiste ne veuille admettre cette parenté entre les 2 approches. Et pourtant, les faits sont là : on utilise des dilutions des aller-gènes retrouvés, administrées par voie sub-linguale.

QUAND LES MÉDICAMENTS VOUS ENDORMENT…

Le principal effet secondaire des antihistaminiques est la somnolence. Parfois, le patient s’endort 1 h après la prise, tellement il est sensible au médicament. C’est pourquoi on donne ces produits le soir et qu’on déconseille la conduite dans les heures qui suivent la prise.On peut également ressentir des vertiges, des céphalées et plus rarement des nausées et de la sécheresse buccale. Mais, globalement, à part la somnolence, ce sont des médicaments bien tolérés.

Les antihistaminiques stoppent les crises sans régler le problème de fond

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La seule différence, c’est qu’en homéopathie on part de faibles dilutions pour aller vers des dilutions plus impor-tantes, alors que, dans la désensibilisation allopathique, on augmente au contraire progressivement la concentration de l’allergène tant que le produit ne déclenche pas de réac-tion allergique. Cette méthode progressive dure entre 2 et 3 ans en général.

Elle peut être très efficace quand on a une allergie très spé-cifique, comme l’allergie aux piqûres d’insectes ou bien une allergie aux acariens. Quand le patient présente de multi-ples allergies (plusieurs types de pollens + acariens), comme on le voit assez souvent, les désensibilisations sont bien moins efficaces.

Pour certains allergènes, comme les poils de chat, la désen-sibilisation est également plus décevante.

Cela reste le seul traitement curatif officiel des allergies respiratoires et, quand on présente une allergie accessible à cette désensibilisation, il sera utile de l’envisager.

LE RÔLE FONDAMENTAL DE L’ALIMENTATION

Nous ne parlons pas ici des « allergies alimentaires », mais de l’impact de l’alimentation sur le terrain allergique et les allergies respiratoires. Dans ce cas, pour moi, la priorité chez un patient allergique est de rechercher ses intolé-rances alimentaires.

DÉPISTEZ LES INTOLÉRANCES OU HYPERSENSIBILITÉS ALIMENTAIRES

Dans mes précédents dossiers, j’ai de nombreuses fois parlé des intolérances alimentaires. J’ai même réalisé un dossier complet sur ce sujet (Guérir & bien vieillir n°15 – Juillet 2018). Je ne vais donc pas tout détailler ici, mais vous rap-peler les grandes lignes de cette approche.

D’abord, je dois vous dire que mes plus beaux résultats dans le domaine des allergies respiratoires, et en particulier de l’asthme, ont été obtenus par cette approche. Je me sou-viens de 2 petites patientes, jumelles, Ingrid et Victoire, qui avaient toutes les 2 un asthme grave. Elles avaient déjà effectué plusieurs séjours à l’hôpital pour des crises qui avaient nécessité une fois une intubation pour difficultés respiratoires.

J’ai commencé par leur donner un traitement homéopa-thique comme je vais le décrire ci-dessous, qui avait permis une amélioration d’environ 50 %, mais elles continuaient à faire des crises trop fréquentes et donc invalidantes. Nous avons alors décidé de rechercher des intolérances alimentaires. Les 2 jumelles avaient globalement les mêmes intolérances (prouvant la fiabilité du test IMUPRO que j’ai fait réaliser chez elles) dont les œufs et le lait, mais aussi la volaille, ce qui est plus rare. À partir du moment où nous avons modifié leur alimentation en nous basant sur ce test IMUPRO elles n’ont plus jamais fait de crises graves et n’ont

plus jamais été hospitalisées. Même si un fond asthmatique a persisté, elles n’ont plus ressenti de handicap dans leur vie quotidienne et ont pu reprendre des activités « normales » pour leur âge.

Si je traite un simple coryza saisonnier, je ne pres-cris pas ce bilan systématiquement, même si je sais que, dans 100 % des cas, il me serait utile. Il a un coût non négligeable et on ne fait pas ce test à la légère. Malgré tout, chaque patient atopique pourrait trouver un intérêt à réaliser un test IMUPRO.

En revanche, devant une allergie plus grave, plus com-plexe, je propose systématiquement cette recherche des hypersensibilités alimentaires. C’est le cas en par-ticulier pour les maladies asthmatiques, mais aussi pour les polyposes naso-sinusiennes. Je ne compte plus le nombre de patients qui ont retrouvé un odorat, au moins partiel, depuis qu’ils appliquent les résultats du test IMUPRO.

En conclusion, devant toute allergie respiratoire invalidante, il est vraiment utile de rechercher les intolérances alimentaires par un bilan IMUPRO et d’appliquer au plus vite les résultats de ce test.

LA SURCHARGE DU SYSTÈME DIGESTIF

Pour agir sur le terrain allergique, si éliminer les ali-ments auxquels on est hypersensible est prioritaire, il faudra également se méfier des excès alimentaires de toute sorte, et en particulier de l’alcool.

En effet, le foie est un organe central dans ce terrain allergique qui, pour un homéopathe, est un mécanisme de défense et d’élimination de toxines. Et les patients le décrivent bien : « Docteur, dès que je fais un gros repas bien arrosé, j’ai le nez bouché et davantage de symp-tômes allergiques. »

LE CAS DU NEZ DE DANIELJe me souviens de Daniel dont les polypes affleuraient presque au niveau de l’orifice de la narine. Au bout de 6 mois de traitement et d’exclusions alimentaires, les polypes s’étaient réduits de 2/3 et il commençait à mieux respirer. Au bout d’un an, il a retrouvé une partie de l’odorat et il fallait que je cherche bien avec mon otoscope pour repérer les résidus des polypes qui persistaient au fond des fosses nasales. En revanche, son terrain allergique était si marqué, sa polypose tellement importante à l’origine, qu’à chaque écart alimentaire important il ressentait son nez se boucher à nouveau. Cela l’a beaucoup motivé pour ne pas reprendre ses mauvaises habitudes.

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LES ALLERGIES

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Si vous avez un terrain allergique, tous les aliments qui sont négatifs dans le bilan IMUPRO sont autorisés, mais restez raisonnable sur les quantités, en particulier pour ceux qui surchargent le système digestif : sauce, plats gras, alcool, sucres.

LES ALLERGIES ALIMENTAIRES CROISÉES

Nous avons vu dans le chapitre sur les allergènes qu’il existe des allergies croisées entre certains aliments et les allergènes respiratoires.

Il ne s’agit pas là d’intolérances ou d’hypersensibilités de type 3 et ces allergies croisées ne sont pas mises en évidence par le test IMUPRO, qui dose uniquement les IgG.

Ici, il s’agit de véritables allergies, de type 1, médiées par les IgE. Ces allergies croisées seront donc diagnos-tiquées par l’allergologue grâce à des tests cutanés et éventuellement par des dosages d’IgE spécifiques.

Bien entendu, les aliments qui ressortent positifs dans ces tests devront être totalement supprimés pendant plusieurs mois, voire plusieurs années.

LE RÔLE CENTRAL DE L’INTESTIN

Si l’alimentation est si importante dans le terrain allergique, c’est aussi à cause du rôle central de la flore et de l’intestin dans la régulation du système immunitaire.

Pour agir favorablement sur cet organe, il faut d’abord agir sur l’alimentation et la prise en compte des intolé-rances alimentaires va toujours améliorer la situation digestive et le confort intestinal.

Mais 2 types de traitement me paraissent indispen-sables pour la prise en charge de ce terrain.

Un travail sur la flore par l’utilisation de 2 pro-duits :- les probiotiques, éventuellement associés à des prébiotiques. Il y a tellement de bons produits sur le marché que je vous laisse choisir avec votre thé-rapeute ;- la chlorophylle, pour l’action sur la flore fongique et pour assainir l’intestin. Il faut en moyenne 400 mg de chlorophylle pure tous les jours ou 1 jour sur 2. J’uti-lise pour ma part le Quantaphylle (PhytoQuant) ou la Chlorophylle magnésienne de la gamme Phytomance. Je n’en connais pas d’autres apportant essentiellement une telle chlorophylle pure.En général, je donne un probiotique le matin les jours pairs en alternance avec la chlorophylle le matin les jours impairs.

3 “Effects of the extracts of Desmodium adscendens on anaphylaxis”, Addy M. E., Awumey E. M., J Ethnopharmacol., 1984 Aug;11(3):283-92.4 “An ethnomedicinal, phytochemical and pharmacological profile of Desmodium gangeticum (L.) DC. and Desmodium adscendens (Sw.) DC”, Rastogi S. (1), Pandey M. M., Rawat A. K., J Ethnopharmacol., 2011 Jun 22;136(2):283-96. doi: 10.1016/j.jep.2011.04.031. Epub 2011 Apr 20.

Une action sur la perméabilité intestinale qui dépendra de chaque patient et de l’importance de ses intolérances alimentaires. Je peux ainsi donner :- de la glutamine de façon assez systématique dès qu’il existe plusieurs intolérances alimentaires. Je donne 4 à 5 g de glutamine pure par jour (moitié moins chez l’en-fant) par cure de 2 ou 3 mois deux fois par an en général ;- du curcuma pour ses propriétés anti-inflammatoires au niveau de l’intestin ;- parfois des huiles essentielles (HE) à visée intesti-nale si je dois agir sur une dysbiose importante (HE de cannelle surtout, mais aussi menthe, clou de girofle, thym… en fonction de chaque cas particulier) ;- des plantes anti-inflammatoires qui ciblent l’intes-tin dans les cas plus difficiles : boswellia en priorité, mais aussi mélisse, camomille, achillée millefeuille…

AGIR SUR LE FOIE

L’autre organe digestif impliqué dans les allergies est le foie, dont j’ai déjà parlé.

En fonction du patient, de ses antécédents et éven-tuellement du bilan biologique, mais aussi de ses symptômes digestifs et de ses habitudes, je mettrai en place un traitement plus ou moins complet utilisant essentiellement des draineurs et des protecteurs, et en priorité du DESMODIUM.

Le desmodium est avant tout un protecteur du foie, mais plusieurs études ont montré son rôle dans le traitement de l’asthme grâce à un effet sur les bron-chospasmes3-4. Il ne faut pas en attendre un résultat spectaculaire si on l’utilise seul, mais cette double indication fait du desmodium ma plante préférée dans la prise en charge des allergies respiratoires.

On donnera l’équivalent de 6 à 7 g de plantes, soit en décoc-tion, soit sous forme de sirop concentré. N’utilisez pas les gélules, souvent trop peu dosées. J’utilise pour ma part :- Desmopar - Laboratoire CRP créé par le Dr Tubéry : 2 cuillerées à café matin et soir ;

Les études confirment le lien entre microbiote déséquilibré et eczéma

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- Desmodium Phytomance : 1 bouchon matin et soir ;- Quantasmodium (PhytoQuant) : 30 gouttes matin et soir.À côté de cette plante protectrice du foie, je donne souvent un draineur, soit en phytothérapie – romarin, artichaut, fumeterre, bardane… –, soit en homéopa-thie. Les produits qui ont ma préférence sont :- DRAINALIS (Lescuyer) : 2 comprimés matin et midi, 5 jours sur 7 ;- Complexe ÉMONCTOIRES (Phytomance) : 2 gélules matin et midi, 5 jours sur 7 ;- L 114 (Lehning) : 30 gouttes matin et soir avant le repas.Ce traitement hépatique se fera par cures en fonction des besoins et plus spécialement dans les périodes à risque d’allergies. Par exemple de mars à juin si le patient est allergique aux pollens présents dans cette période.

LES COMPLÉMENTS : DES « COUPS DE POUCE » INDISPENSABLES

Une fois qu’on a réduit les contacts avec les allergènes et les aliments auxquels on est intolérant et après avoir drainé l’organisme, il faut penser à nourrir les cellules avec les nutriments nécessaires au bon fonc-tionnement de notre organisme.

Pour le terrain allergique, je donne surtout :

Du MAGNÉSIUM, indispensable dans ces situations. Il existe de nombreuses formes de magnésium. Deman-dez conseil à votre thérapeute. Je donne surtout, en fonction du patient, du magnésium marin (oxyde) ou du glycérophosphate de magnésium, que je privilégie chez les patients stressés. Il faut au moins faire une cure de 3 mois au printemps et à l’automne.

Des OMÉGA-3. Si le patient ne mange pas assez régu-lièrement de poisson et d’huiles riches en oméga-3, je lui donnerai des cures de 2 ou 3 mois de capsules d’huiles de poisson riches en oméga-3, 2 fois par an. En effet, les oméga-3 sont les précurseurs des prostaglan-dines à action anti-inflammatoire et antiallergique.

On peut compléter cette action par une supplémenta-tion en huile d’ONAGRE, qui permet la synthèse des leucotriènes de type 1, qui sont également des molé-cules antiallergiques. Ces 2 sources d’acides gras étant synergiques, je les donne souvent en même temps : 3 capsules (1,5 g) d’huile de poisson le soir et 2 capsules (1 g) d’huile d’onagre matin et soir.

Évidemment, l’idéal comme toujours est de trouver cet apport en oméga-3 dans notre alimentation (poissons gras et huiles végétales). Mais attention, la chair de certains poissons riches en histamine peut augmenter

5 Koshak A. et al., “Nigella sativa supplementation improves asthma control and biomarkers. A randomized, double-blind, placebo-controlled trial”, Phytother-apy Research, 2017, January 17.

les phénomènes allergiques, ce qui n’est pas le cas avec les capsules d’huiles de poisson. Il faudra donc adapter les conseils à chaque individu.

Des oligoéléments, à commencer par les OLIGOSOLS manganèse-cuivre pour le terrain allergique et cobalt pour les spasmes. Malheureusement, au moment où j’écris ces lignes, ces produits sont souvent en rupture de stock pour des raisons administratives absurdes (on se demande à qui profite le crime !). Rappelez-vous que le MANGANÈSE est l’oligoélément du terrain atopique. On peut le prendre aussi sous forme de granions : 1 ampoule au dîner, tous les soirs ou 1 soir sur 2 en alternance avec les granions de soufre.

Le SOUFRE est un oligoélément qu’on ne trouve plus sous forme d’oligosol, mais il reste présent sous forme de granions, tout aussi bons et très utiles pour la santé des muqueuses. Prendre 1 ampoule de granions de soufre au dîner dans les périodes à risque d’allergies.

La NIGELLE ou cumin noir (Nigella sativa) qu’on peut utiliser en poudre ou en huile. Cette plante, souvent vendue comme complément alimentaire, est connue depuis l’Antiquité pour ses propriétés médicinales. Elle régule le système immunitaire et est utilisée en cas d’allergies même si elle peut avoir aussi un intérêt dans la prévention des infections hivernales. Avicenne (980-1037) la cite dans le traitement des dyspnées et de l’asthme.

Plus proche de nous, une étude anglaise a montré que 500 mg d’huile de nigelle par jour pendant 1 mois per-mettait une amélioration significative des scores de l’asthme et une baisse des éosinophiles dans le sang5. La nigelle peut donc être utilisée dans les allergies respiratoires, et plus particulièrement dans l’asthme.

Les ŒUFS DE CAILLE sont souvent cités dans la prise en charge naturelle du terrain allergique. On les dit plus équilibrés encore que l’œuf de poule sur le plan nutritionnel, mais on lit beaucoup de bêtises à son sujet (surtout diffusées par les vendeurs de gélules !).

L'huile d'onagre stimule la synthèse des molécules antiallergiques

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LES ALLERGIES

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Ainsi, j’ai pu lire sur Internet que cet œuf ne conte-nait pas de cholestérol, ce qui est totalement faux. Le blanc de l’œuf de caille contiendrait des substances réduisant le risque de réactions allergiques. Si c’est vrai in vitro, dans la vraie vie, c’est beaucoup moins efficace qu’on ne le dit. En tout cas, j’ai souvent été déçu par son utilisation thérapeutique. Peut-être parce que les patients n’arrivent pas à manger les 3 à 5 œufs par jour, de préférence crus, nécessaires à une action significative. Et toutes les gélules à base d’œuf de caille que j’ai pu essayer n’ont jamais apporté les résultats escomptés. Mais peut-être n’ai-je pas essayé les bons produits !

COUP DE BOOST SUR LE SYSTÈME IMMUNITAIRE

Nous arrivons à un domaine de prise en charge déli-cat, car il fait appel à des thérapeutiques particulières pour lesquelles il est nécessaire de consulter un méde-cin qui en a l’habitude. Par ailleurs, nous manquons d’études suffisamment puissantes pour valider leur efficacité.

Voici les différents traitements que j’utilise depuis longtemps et qui m’ont donné satisfaction.

La sélongénine, mise au point par le Dr Pierre Tubery, est un complément alimentaire extrait du Securidaca longepedonculata, une polygalacée très utilisée en médecine traditionnelle africaine.

La sélongénine distribuée par le laboratoire CRP a une action de régulation du système immunitaire.

Elle est particulièrement efficace chez les personnes ayant une élévation des IgE, donc dans les allergies.

On l’utilise en général à raison de 2 gélules matin et soir avant les repas, 3 semaines sur 4. Dans toutes les études sur cette plante, on n’a jamais mis en évidence d’effet secondaire, à tel point qu’on peut la donner aux femmes enceintes.

Chez les enfants, on l’utilise à partir de 8 ans à demi-dose, mais avant 15 ans je préfère utiliser en première intention l’homéopathie.

Les Sérocytols SRE

Je cite souvent ces médicaments homéopathiques suisses dans mes dossiers, car ils ont une action très complémentaire des autres traitements naturels et sont sans effet secondaire.

Dans la gamme des Sérocytols, une formule est particu-lièrement utilisée en cas de terrain allergique, le SRE, pour système réticulo-endothélial, un terme un peu ancien pour parler d’une partie du système immunitaire.

Ce produit existe en suppositoires et en gouttes. La plupart du temps, j’utilise les gouttes dans les allergies à raison de 1 ml le matin à diluer dans un peu d’eau et à garder sous la langue 1 mn avant d’avaler. Il se prend 5 jours sur 7 ou 3 semaines sur 4, comme beaucoup de produits immunomodulants.

On doit commander ces médicaments directement au laboratoire SEROLAB en Suisse et se faire conseiller par un thérapeute formé à leur utilisation.

L’immunothérapie homéopathique, appelée aussi immunothérapie à dose infinitésimale (IDI)

Cette approche moderne de l’homéopathie utilise des dilutions des molécules de l’immunité afin d’agir sur l’équilibre du système immunitaire, soit pour le frei-ner soit pour le stimuler.

Les médecins formés à cette approche font parfois faire des formules spécifiques du patient, mais la plu-part du temps on utilise des formules toutes prêtes conçues par le laboratoire LABOLIFE.

Dans les allergies, on utilisera le 2LALLERG à raison de 1 gélule tous les matins à ouvrir sous la langue (les gélules sont en fait des doses homéopathiques). Dans les cas difficiles, on peut prendre 1 gélule matin et midi.

LA VITAMINE D : CE PUISSANT RÉGULATEUR DE L’IMMUNITÉ

1 Mitsuyoshi Urashima et al., “Randomized trial of vitamin D supple-mentation to prevent seasonal influenza A in schoolchildren”, Am J

Clin Nutr, 2010; 91: 1255-60.

La vitamine D est active sur tellement de fonctions qu’il y a tout plein de raisons de faire attention à son taux sanguin de vitamine D et d’en prendre en supplémentation, surtout l’hiver, si ce taux est trop faible. Ainsi, une étude japonaise a montré une réduction de 83 % des crises d’asthme chez des écoliers supplémentés en vitamine D pendant tout l’hiver1. Il faut dire que ces enfants ont vu leurs infections respiratoires baisser également de 42 %, ceci expliquant peut-être cela ! Ce qui montre bien l’importance de la vitamine D l’hiver.

L'homéopathie offre, en traitement de fond, de multiples remèdes spécifiques

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Ces traitements, souvent efficaces, se trouvent dans toutes les pharmacies européennes, sauf en France (on se demande bien pourquoi ?).

L’HOMÉOPATHIE : UNE EFFICACITÉ REMARQUABLE SUR LE TERRAIN

Il existe plusieurs façons d’utiliser l’homéopathie en cas d’allergies respiratoires. Le mieux est de consulter un médecin homéopathe qui cherchera les remèdes de fond du patient. Ce sont souvent les plus efficaces dans ces situations.

Il existe des remèdes pour agir directement sur les mécanismes de l’allergie. Je citerai surtout :- les dilutions d’histamine : à utiliser en basse, moyenne ou haute dilution en fonction du patient. J’utilise sou-vent HISTAMINUM 9 CH ;- un remède plus spécifique des allergies respiratoires que j’utilise presque systématiquement : POUMON HIS-TAMINE, qu’on prescrit souvent en 9 CH et parfois en plus haute dilution à raison de 5 granules au coucher. Suivant l’efficacité du médicament et les autres traite-ments, on peut le prendre entre 1 fois par semaine à 3 fois par jour. Nombre de mes patients contrôlent mieux leur toux allergique grâce à ce remède.Une autre approche très utilisée dans les allergies est d’utiliser des dilutions des allergènes incriminés un peu comme on le fait dans la désensibilisation « classique ».

On dispose des dilutions homéopathiques de la plupart des pollens ainsi que des acariens, dont le nom latin est Dermatophagoïdes pteronyssinus (l’homéopathique se prescrit presque toujours avec la dénomination latine des produits dilués). Chez les allergiques à la poussière, on utilise aussi souvent des dilutions de Blatta orientalis

6 http://www.allergyfree.fr/.

(une dilution d’une blatte particulière aux propriétés allergisantes) particulièrement utile dans l’asthme et les toux allergiques.

Si le patient est allergique uniquement au bouleau, par exemple, ou aux acariens, on prescrira le remède spéci-fique en dilution croissante. Par exemple : BETULA (le bouleau) en granules quotidiens de la 5 CH à la 30 CH sur une période de quelques semaines, puis on répétera les hautes dilutions toutes les semaines ou de façon plus espacée. Plusieurs protocoles sont possibles et votre médecin saura vous conseiller le plus adapté à votre cas.

Quand un patient est allergique à plusieurs pollens, je conseille « POLLENS », un remède qui est un mélange des principaux pollens. Il existe aussi « Pollens de gra-minées » quand les allergies touchent uniquement les graminées.

La méthode NAET

Je n’utilise pas cette approche particulière des aller-gies, mais comme j’ai eu quelques patients bien améliorés par cette technique, je voulais la citer. La méthode NAET (Nambudripad’s Allergy Elimination Techniques) a été fondée en 1983 aux États-Unis par le Dr Devi S. Nambudripad, docteur en médecine, chi-ropraticienne, acupuncteur et elle-même atteinte de multiples allergies. Cette approche de soins naturels aborde le patient dans sa dimension physique, physio-logique et émotionnelle par rapport à une substance allergène donnée.

Suite à son succès outre-Atlantique, la méthode s’est exportée en Europe, dont en France, surtout entre 1999 et 2016, période durant laquelle un grand nombre de patriciens ont été formés à NAET6.

François et Françoise Munsch, ostéopathes, ont créé en 2010 la méthode BBA (Bye Bye Allergies), qui s’ins-pire de la méthode NAET. « Pour nous, l’allergie est la manifestation d’une réponse erronée de l’organisme à une substance, associée à un stress. Le corps mémo-rise le stress comme toxique, mais aussi les autres éléments en présence. Par la suite, chaque fois que vous êtes en contact avec l’un de ces éléments, cette mémoire est réactivée, et votre système immunitaire est stimulé dans une chasse à l’intrus inappropriée », expliquent ces concepteurs. La BBA s’appuie sur un test musculaire de kinésiologie pour identifier les allergènes et sur une phase de traitement par stimu-lation digitale de points d’acupuncture.

Je n’ai pas assez de recul pour donner un avis sur ces méthodes, mais elles paraissent sans danger et peuvent aider des patients ayant des allergies parti-culières. Elles paraissent moins efficaces chez ceux ayant des allergies multiples.

MON PROTOCOLE HOMÉOChez un patient multi-allergique comme on en rencontre souvent, voici le protocole que j’applique au printemps, à partir de février ou mars.LE DIMANCHE MATIN à JEUN, prendre 1 DOSE en alternance de : - 1er dimanche : POLLENS 9 CH le 1er mois – 12 CH le 2e mois – 15 CH le 3e mois – 30 CH le 4e mois- 2e dimanche : BLATTA OR 9 CH le 1er mois – 12 CH le 2e mois – 15 CH le 3e mois – 30 CH le 4e mois- 3e dimanche : POLLENS 9 CH le 1er mois – 12 CH le 2e mois – 15 CH le 3e mois – 30 CH le 4e mois- 4e dimanche : DERMATOPHAGOIDES PTER 9 CH le 1er mois – 12 CH le 2e mois – 15 CH le 3e mois – 30 CH le 4e moisMais là encore, il y a plusieurs façons de procéder.

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LES ALLERGIES

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MA CONCLUSION EN PRATIQUE :

COMMENT TRAITER LES SYMPTÔMES ?

U ne fois qu’on a pris en charge le terrain, ce qui, pour moi, reste la priorité dans le traitement de ces allergies respiratoires, on pourra se pencher sur les remèdes symptomatiques en fonction

de chaque affection. Voici les grandes lignes de ces trai-tements.

LES ANTIHISTAMINIQUES, SEULEMENT QUAND C’EST NÉCESSAIREJ’ai déjà évoqué le bon rapport efficacité/tolérance de ces médicaments antiallergiques. Je veux rappeler ici qu’il ne faut pas hésiter à les utiliser dans les périodes les plus à risque, quelles que soient les maladies en présence.

Les antihistaminiques peuvent être très efficaces sur les rhinites et conjonctivites, beaucoup moins dans l’asthme, même s’ils aident bien le patient, et assez peu sur les polypes.

Leur principal défaut est surtout qu’ils ne guérissent rien. Tant qu’on prend le médicament, on constate une amélio-ration des symptômes, qui réapparaîtront dès leur arrêt. Il est donc évident que je ne peux me satisfaire de ce seul traitement, mais ça ne m’empêche pas de le prescrire à titre de confort chez mes patients allergiques.

Je conseille de prendre des antihistaminiques chaque fois que cela paraît indispensable :- les jours de forte pollinisation au printemps ;- quand on va dans une maison à risques, chargée en pous-sière ou en poils d’animaux ;- dans les périodes où les symptômes semblent s’aggraver sans qu’on en comprenne la raison.Pour moi, les antihistaminiques se prennent au même titre qu’un antalgique chaque fois qu’on en a besoin. Il n’y a aucun risque à les prendre et les arrêter en fonction du moment. Les prendre en continu n’apporte pas de bénéfice supplé-mentaire - sauf si les allergies ne sont pas saisonnières, mais continues – et peut même rendre le médicament moins efficace avec le temps.

À chacun de trouver son antihistaminique le plus efficace et le mieux toléré. N’hésitez pas à demander à votre méde-cin d’en tester un autre si vous trouvez que celui que vous prenez ne répond pas à vos attentes.

SOULAGER LA RHINITE ALLERGIQUELa rhinite allergique peut être très violente au moment du contact avec l’allergène et en particulier en cas d’allergie aux pollens. En dehors du traitement de fond du terrain allergique détaillé plus haut et qui sera adapté à chaque cas, voici les différents traitements symptomatiques afin de soulager le patient.

✔ LES TRAITEMENTS ALLOPATHIQUES

En cas de forte crise, on pourra prendre un antihistami-nique si nécessaire et s’il est bien toléré.

Les allopathes proposent aussi des pulvérisations nasales de cortisone. Leur efficacité est variable et je ne suis pas un grand prescripteur de ces produits, car la cortisone a 2 effets secondaires ennuyeux :- elle va favoriser l’atrophie des muqueuses nasales, ce qui aggrave leur réactivité, et donc, finalement, aggrave le ter-rain atopique local sans parler des risques de saignement ;- elle fait baisser les défenses immunitaires locales, favori-sant les infections locales.D’autant que, contrairement aux antihistaminiques, il est nécessaire de prendre ces médicaments suffisamment long-temps pour qu’ils soient efficaces. Leur principal intérêt, comme on le verra plus loin, est d’agir sur l’importance des polypes et le nez bouché. Mais pour les rhinites « simples », ce traitement me paraît avoir un rapport bénéfice/risque discutable.

Pour déboucher le nez dans les poussées de rhinite, on peut aussi utiliser des pulvérisations nasales à base de vasoconstricteurs qui peuvent être associés à de la corti-sone. Ces produits sont classés dans la catégorie « Service Médical Rendu (SMR) faible », car leurs effets secondaires sont trop importants. Plus que la cortisone, ils favorisent les atrophies des muqueuses, mais aussi l’hypertension. En plus, ce sont des faux amis avec une efficacité clinique rapide qui soulage le patient, mais un effet rebond 2 ou 3 heures après qui incite à une surconsommation. Beaucoup de vasoconstricteurs ont d’ailleurs été supprimés et ils sont tous contre-indiqués chez les enfants de moins de 15 ans.

Pour votre information, les rares médicaments à base de vasoconstricteurs qui restent dans le Vidal sont : Aturgyl®,

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Pernazene®, Rhinosulfuryl® et 2 produits associés à de la cortisone : Derinox® et Deturgylone®.

Il existe également des vasoconstricteurs par voie orale qui ont, eux aussi, en grande partie été interdits. Je vous les déconseille formellement. Ils contiennent surtout de la pseudoéphédrine dont le rapport bénéfice/risque est bien trop mauvais pour être utilisée !

Dans les rhinites allergiques les plus marquées, on prescrit parfois de la cortisone par voie générale, en comprimé, voire en injectable. Il existe même des formes « retard » de cortisone utilisées en intra-mus-culaire à l’entrée du printemps (leur effet dure 2 à 3 mois).

Je suis totalement opposé à ce traitement qui présente un rapport bénéfice/risque particulièrement mauvais à mon sens.

Nous verrons que la cortisone peut se justifier dans l’asthme ou dans les polyposes, mais pour une rhinite allergique, même violente, c’est vraiment dommage de prendre des risques d’effets secondaires non négli-geables.

Évidemment, chez une personne qui ne fera aucune démarche pour son terrain allergique, qui ne voudra faire aucun changement alimentaire ni aucun traite-ment de fond, ces rhinites peuvent s’aggraver d’année en année et la cortisone peut devenir nécessaire et sal-vatrice. Mais à quel prix ! D’ailleurs, l’indication de cette cortisone retard est bien : « rhinite allergique après échecs des autres thérapeutiques ». Mais il se trouve qu’en pre-nant en charge le terrain comme je le propose dans ce dossier, je n’ai jamais d’« échecs ». Évidemment, mes patients ne sont pas totalement guéris, mais ils vont toujours mieux et, depuis 30 ans, je n’ai jamais prescrit de cortisone retard en cas de rhinite chronique ni même dans aucune maladie allergique.

✔ L’HOMÉOPATHIE : LA BASE DE MES TRAITEMENTS

Les traitements homéopathiques sont à mon sens les plus efficaces pour agir naturellement sur les rhinites aller-giques. Il existe plusieurs remèdes symptomatiques utilisés surtout en basse dilution (4 ou 5CH ou encore D8 ou D10 chez Weleda). Voici les principaux :- Euphrasia : écoulement aqueux et non irritant, mais conjonctivite très irritante. Les yeux sont rouges avec sensation de sable. C’est donc le remède des rhinites avec conjonctivite marquée ;- Allium cepa : éternuements importants avec écou-lement nasal aqueux, mais irritant et excoriant. Les narines sont rouges alors que la conjonctivite qui est parfois associée n’est pas inflammatoire. Il y a juste un larmoiement non irritant. Le patient est aggravé par la chaleur et mieux à l’air frais ;- Aralia racemosa : un des remèdes aggravés par les cou-rants d’air avec une rhinite claire irritante et excoriante accompagnée d’éternuements et parfois de toux aggra-vée en s’allongeant. Il n’y a pas de conjonctivite.- Sabadilla : autre grand remède de coryza avec beaucoup d’éternuements. L’écoulement est peu irritant, mais avec des sensations de nez bouché. Il peut exister une conjonc-tivite irritante. Il est aussi caractérisé par une sensibilité de l’odorat (surtout l’odeur des fleurs) qui fait éternuer et par une amélioration par l’air chaud (l’inverse d’Allium cepa) alors qu’il est aggravé par le froid sous toutes ses formes.- Kalium iodatum : écoulement nasal brûlant accompagné d’éternuements et de larmoiement pouvant évoluer vers de la sinusite (constriction à la base du nez) et de surin-fection (l’écoulement devient vert). Il est aggravé la nuit.Cette liste est loin d’être exhaustive. Il existe également des complexes homéopathiques qui regroupent certains de ces remèdes. Il est toujours préférable de cibler le remède le plus spécifique pour obtenir le meilleur résul-tat possible, mais ces complexes ont leur utilité, surtout quand on n’est pas homéopathe :- Allium cepa composé ;- Rhinallergy ;- Coryzalia, qui est plutôt utilisé pour les rhumes et donc les causes virales, mais peut parfois avoir sa place dans les allergies ;- Complexe Weleda C205 en granules.

✔ QUELQUES TRAITEMENTS LOCAUX PARFOIS UTILES

Il existe peu de produits naturels à usage local et leur efficacité est limitée, mais ils restent néanmoins utiles et je les prescris souvent.

Gencydo Weleda en pulvérisation nasale est un des rares remèdes homéo à usage local traditionnellement utilisé dans la rhinite allergique

AVANT DE DÉCOLLER…Les médicaments à base de vasoconstricteurs ont un intérêt principal : les voyages en avion en cas de sinusite ou de nez très bouché. On sait que dans ce cas-là, la modification des pressions au décollage et à l’atterrissage peut être ressentie de façon très douloureuse et les vasoconstric-teurs utilisés à ces moments-là permettent de limiter ces symptômes parfois intolérables. C’est leur principal, pour ne pas dire leur seul, intérêt. Certains patients les utilisent pour déboucher le nez la nuit et mieux dormir, mais, sincèrement, je pense que c’est une mauvaise idée, car on peut devenir dépendant de ces molécules.

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Oligorhine Manganèse ou Stérimar Manganèse sont 2 produits à base d’eau de mer et de manganèse, qui est l’oligoélément du terrain atopique. J’utilise ces pro-duits pour nettoyer le nez au moins 1 fois par jour au coucher. C’est donc plutôt un traitement de fond que de symptôme.

Humer Nez très bouché : derrière ce nom presque comique se cache une association de produits natu-rels – du glycérol et 3 plantes – qui aident vraiment à déboucher le nez. C’est moins spectaculaire que les vasoconstricteurs et, lors de l’application, une sensa-tion de brûlure désagréable peut être ressentie, mais au bout de 15 mn le nez se débouche vraiment. Ce produit n’est pas spécifique des allergies et ne soigne rien, mais il apporte un confort bien utile pour mieux dormir.

Actisoufre est une spécialité à base de soufre, comme son nom l’indique. Or le soufre est important pour les muqueuses nasales. Comme le précédent, ce n’est pas un produit spécifique des allergies, mais à moyen terme il peut améliorer le confort des fosses nasales et proté-ger aussi des surinfections, ce qui est utile quand on a des allergies l’hiver (acariens).

Homéoplasmine est une pommade que je prescris quand le coryza est très irritant et excoriant pour favo-riser une cicatrisation plus rapide des muqueuses et de la peau des narines.

✔ AUTRES TRAITEMENTS À ENVISAGER

L’acupuncture peut être très efficace pour calmer des crises de rhinite allergique.

La phytothérapie et l’aromathérapie, elles, ne sont pas très fidèles dans cette indication.

Je citerai l’huile essentielle d’ESTRAGON qui agit sur les affections spasmodiques (c’est un grand remède de hoquet). On peut donc essayer de prendre 2 gouttes 3 fois par jour par voie orale dans les périodes de crise de rhinite aller-gique afin d’agir sur les symptômes spasmodiques et en particulier le nez bouché.

En phytothérapie, il n’y a pas de plante réellement efficace sur le coryza allergique. En revanche, on utilisera beaucoup les plantes pour agir sur le foie, comme précisé précédem-ment.

LA CONJONCTIVITE ALLERGIQUELes conjonctivites allergiques sont la plupart du temps asso-ciées aux rhinites dans le classique « rhume des foins ». Et de ce fait, la prise en charge de ces allergies est très similaire. J’ai d’ailleurs cité ci-dessus des remèdes homéopathiques qui agissent sur les 2 pôles : nez et yeux.

✔ CERTAINES « GOUTTES » PEUVENT ATTÉNUER L’IRRITATION

En dehors des antihistaminiques, il existe des médi-caments d’action locale qui ont un rapport bénéfice/risque bien meilleur que les produits à pulvériser dans le nez.

C’est pourquoi je n’hésite pas à prescrire certains de ces produits quand les patients se plaignent de conjonctivite très invalidante.

Il existe d’abord des antihistaminiques en gouttes. Allergodil®, Levophta® et Zalerg® ont ma préférence. On peut les associer aux antihistaminiques par voie orale, mais je les utilise surtout à la place pour agir plus énergiquement sur les yeux en limitant les effets secondaires de ces molécules.

L’autre classe de médicaments est le cromoglycate de sodium, peu efficace en pulvérisation nasale, mais plutôt efficace pour les yeux, même si son effet est limité. Ce sont des produits très bien tolérés et ils peuvent être une bonne aide en plus des traitements naturels. Parmi les plus utilisés : Cromabak®, Cromop-tic® ou Opticron®, mais il existe 18 spécialités à base de chromoglycate dans le Vidal.

La troisième molécule utile est l’acide spaglumique vendu sous le nom de Naabak® ou de Naaxia®. Là encore, ce sont des produits d’un bon rapport béné-fice/risque avec une efficacité aléatoire.

NETTOYEZ VOTRE NEZ À LA MODE INDENNE

Il ne faut pas oublier la méthode du LOTA ou Jala Neti (douche nasale), une méthode ayurvédique et ancestrale d’hygiène nasale. Je l’utilise beau-coup dans la prévention des rhumes et sinusites infectieux, mais je m’en méfie un peu plus dans les allergies, car la muqueuse est hypersensible et ne supporte pas toujours cette eau tiède et salée. Si vous en avez l’habitude et qu’elle vous aide, cette approche présente de nombreux avantages.

L'HE d'estragon peut soulager en cas de crise de rhinite allergique

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Toutes ces gouttes ne soignent pas l’allergie, mais uniquement ses conséquences. On les utilisera donc ponctuellement pour calmer l’inflammation.

Pour agir sur ces symptômes, on peut aussi prescrire des gouttes à base de cortisone. À mon sens, il faut l’éviter autant que possible, car la balance bénéfice/risque n’est pas favorable avec un risque de favoriser les infections virales.

Dans tous les cas, il sera utile en cas de conjonctivite de laver régulièrement les yeux pour les débarrasser des particules allergisantes. J’aime bien utiliser pour cela le DACRYOSERUM®.

✔ DES REMÈDES NATURELS CONTRE LA CONJONCTIVITE

J’ai déjà cité dans les rhinites les principaux remèdes homéopathiques utilisés en cas de conjonctivite aller-gique : Euphrasia, Allium cepa, Sabadilla en particulier.

Il existe un remède homéo en gouttes particulière-ment efficace d’après mon expérience : HOMEOPTIC. Je commence toujours par ce remède avant d’envisa-ger les gouttes allopathiques ci-dessus.

Suivant les symptômes, on peut utiliser aussi Euphra-sia 3DH Weleda en collyre si les symptômes évoquent ce remède (voir ci-dessus).

Pour hydrater l’œil et adoucir la sensation de sèche-resse, on peut utiliser Visiodoron Malva de Weleda à base d’acide hyaluronique (une substance utilisée dans les larmes artificielles pour stabiliser le film lacrymal) et un extrait de mauve, qui calme et adoucit. C’est un peu l’équivalent de l’Homéoplasmine pour le nez.

SINUSITE CHRONIQUE ET POLYPOSE NASO-SINUSIENNENous sommes ici face à une pathologie plus complexe et souvent plus ancienne. En effet, les polypes n’appa-raissent pas en quelques mois ni même en 2 ou 3 ans. On

a souvent affaire à des histoires d’allergies respiratoires depuis de nombreuses années.

L’apparition des polypes est une complication d’allergies mal soignées sur un terrain défavorable qui n’a jamais été pris en charge. Le patient présente pendant des années une rhinite allergique récidivante, voire chronique, et n’a pas eu de traitement de fond.

Cette inflammation chronique a fini par créer des excroissances de la muqueuse, appelées polypes, et le patient arrive en général dans le cabinet d’un homéo-pathe, car il ne peut plus respirer par le nez, passe de très mauvaises nuits et a perdu tout son odorat. À ce stade, on lui propose une opération chirurgicale qu’il craint et cherche d’autres solutions, bien tardivement malheureusement !

Je pense que si l’on prenait en charge précocement le terrain allergique comme indiqué dans ce dossier, on verrait très rarement des polyposes naso-sinusiennes. Dommage qu’aucune étude ne soit faite autour de cette prise en charge.

Toujours est-il que le traitement de ces polypes est long et complexe, mais j’ai réussi à avoir de très bons résultats quand le patient veut s’investir dans un traitement de fond et qu’il fait preuve de patience.

✔ LES MÉDICAMENTS ET LA CHIRURGIE : EN DERNIER RECOURS

En cas de polypose, le traitement proposé par les ORL est simple : cortisone locale en pulvérisation pendant toute l’année, parfois accompagnée de cure de cortisone per os et même de cures d’antibiotiques, car des surinfections ne sont pas rares à cause des polypes qui bouchent les différentes cavités ORL.

Si cela ne suffit pas à donner un confort acceptable, on proposera une chirurgie qui va abraser toute la muqueuse nasale afin de retirer totalement les polypes des fosses nasales.

Il faut savoir que si on choisit cette opération et que les polypes récidivent, tous les traitements que je vais expliquer ci-dessous seront beaucoup moins efficaces. Je conseille donc toujours de tenter un traitement de fond avant d’envisager une solution chirurgicale.

DES HYDROLATS POUR LES YEUX ?Il existe également des hydrolats (appelés aussi

« eaux florales ») pour nettoyer et adoucir les yeux. On utilise en priorité l’eau de bleuet, très apaisante, mais on peut aussi y associer des hydrolats de camomille et de rose de damas. Ne choisissez que des produits purs, sans additifs, et de préférence d’origine biologique. Demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.

LA CHIRURGIE DES POLYPES : UN BILAN MITIGÉCette opération est assez délabrante et ses résultats ne sont pas garantis. Pire, la chirurgie ne guérissant pas la maladie de base (le terrain allergique) elle ne dispense pas de la poursuite des corticoïdes locaux, faute de quoi les polypes repoussent.

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✔ AVANT TOUTE CHOSE, LES INTOLÉRANCES ALIMENTAIRES

Elle doit être complète, énergique et personnalisée, mais elle peut donner des résultats surprenants. Il faut aussi avoir un patient motivé et « patient », car les résultats sont pro-gressifs et parfois un peu lents.

La priorité est de rechercher des intolérances alimentaires avec un bilan IMUPRO7 et de faire les exclusions nécessaires de façon rigoureuse et prolongée.

Ensuite, on traitera le reste du terrain allergique comme indiqué dans le chapitre correspondant :- traitement de la flore et de la perméabilité intestinale ;- drainage du foie régulier ;- soufre par voie générale et éventuellement locale ;- magnésium, vitamine D, oméga-3, onagre et éventuelle-ment nigelle seront prescrits par cures.En homéopathie, 3 pistes sont importantes :- des remèdes symptomatiques : Teucrium Marum 5 CH, qui est le principal remède des polypes, et Sanguinaria, un remède de rhinite allergique avec hypersensibilité aux odeurs qui se complique de polypes à tendance hémorra-gique (les symptômes sont plus marqués à droite) ;- des remèdes du terrain homéopathique prédisposant aux polypes. On l’appelle la « SYCOSE » (qui a à voir avec la silicose) et on utilise 2 remèdes en particulier : THUYA et MEDORRHINUM ;- un Sérocytol très efficace en gouttes et suppositoires : Sérum Equi SINUS 4CH : 1 ml le matin du lundi au samedi + Sérocytol SINUS : 1 suppositoire le dimanche au coucher. Je le prescris systématiquement dans ces cas-là.L’association de ces 3 pistes au traitement du terrain aller-gique et la prise en charge des intolérances alimentaires m’ont toujours donné de bons résultats même si, parfois, l’ancienneté et l’importance des symptômes rendent le pro-nostic plus aléatoire.

Localement, il n’est pas toujours simple d’agir, car les fosses nasales peuvent être complètement obstruées. J’utilise l’eau de mer enrichie en manganèse et, quand les polypes ont bien diminué, je fais tester le LOTA. Je ne rejette pas la cor-tisone locale, qui peut avoir un intérêt provisoire le temps que le traitement de fond agisse.

L’ASTHME : NE JAMAIS BAISSER LES BRASNous en arrivons à l’allergie respiratoire la plus complexe et la plus grave potentiellement puisque l’asthme peut aboutir à une insuffisance respiratoire, et même au décès.

Pour l’adulte, ce n’est pas plus confortable avec la conscience et la crainte de faire une crise plus grave que les autres qui pourrait s’avérer mortelle. L’asthme va aussi lui fermer les

7 http://imupro.fr/.

portes de nombreux métiers et l’empêcher de profiter de plusieurs hobbys.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, le traite-ment de l’asthme doit être énergique et les thérapeutiques allopathiques ne seront pas rejetées et même poursuivies le temps nécessaire.

Pour autant, la prise en charge du terrain et des symptômes par des approches naturelles complémentaires a toute sa place.

✔ LES TRAITEMENTS ALLOPATHIQUES

Ils sont essentiellement de 2 types et s’utilisent surtout par voie locale :- les bronchodilatateurs d’action rapide ou lente ;- la cortisone inhalée seule ou associée à un bronchodi-latateur d’action lente.Les autres traitements possibles sont :- la cortisone par voie orale, voire en injectable, utilisée essentiellement en aiguë dans les crises d’asthme qui ne sont pas calmées par les traitements inhalés ;- la théophylline, qui a longtemps été le traitement de référence de l’asthme, mais est de plus en plus aban-donnée ;- des traitements plus récents pour lesquels je me gar-derai de donner un avis, car chaque cas est particulier. Il y a des antagonistes des récepteurs aux leucotriènes, le Tiotropium ou encore des anticorps monoclonaux (Omalizumab).On classe l’asthme en 5 stades de sévérité qui permettent de définir le traitement le plus adapté. Le tableau ci-après vous indique le traitement allopathique pour chaque stade :

L’ASTHME : COMPLIQUÉ, SURTOUT CHEZ LES PLUS JEUNESC’est une maladie d’autant plus délicate que le patient est jeune. Un asthme peut être handicapant pour le développement physique et psychologique de l’enfant. À cause de ce handicap, il peut être exclu de nombreuses activités sportives ou ludiques. Non seulement il est angoissé par ses crises qui lui donnent l’impression qu’il va étouffer, mais en plus il se sent différent et inférieur aux autres. Et dans le même temps, cette maladie grave l’oblige à se responsabiliser plus tôt, le faisant sortir du monde de l’enfance et de l’insouciance parfois bien trop tôt !

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La gravité de l’asthme et la complexité des traitements font que je ne veux absolument pas aller plus loin dans la des-cription ou les commentaires sur ces produits. Pas question d’envisager de l’automédication ou d’arrêter les traitements de l’asthme sans contrôle médical.

Sachez qu’ils protègent de la dégradation du tissu pul-monaire et limitent le risque d’une évolution vers une insuffisance respiratoire. Ils sont indispensables en cas de crise. Suivez les conseils de votre médecin si vous souffrez d’un asthme.

Le médicament le plus connu et utilisé en cas de crise d’asthme est la VENTOLINE. C’est un bronchodilatateur par effet « béta-2-mimétique ». C’est le traitement le plus efficace quand on commence à avoir un gène respiratoire. S’il est utilisé ponctuellement, il a peu d’effets secondaires et est très efficace. Il faut donc savoir le prendre dès le début d’une crise. Par contre, si un patient a besoin de Ventoline tous les jours pour améliorer sa respiration, c’est que sa

prise en charge est insuffisante et que l’éventuel traitement de fond doit être modifié.

La Ventoline n’est pas le traitement de l’asthme, mais uni-quement de la crise, et si vous êtes dans ce cas, méfiez-vous si vous avez besoin de ce médicament quotidiennement. Cela veut dire qu’il faut aller plus loin dans le traitement de fond. Ce dossier vous donnera de nombreuses pistes utiles, mais consultez aussi votre médecin pour évaluer votre maladie.

✔ DE NOMBREUX TRAITEMENTS NATURELS COMPLÉMENTAIRES

Le traitement de l’asthme est donc complexe et déli-cat et je vais simplement citer les principales pistes de traitements naturels en vous précisant bien que, dans un premier temps, ce sont des remèdes com-plémentaires de l’allopathie et certainement pas des traitements à prendre en remplacement.

Cependant, si un patient asthmatique applique tous les conseils vus plus haut pour le terrain allergique, alors il est possible que sa maladie respiratoire s’amende progressivemen t et qu’il n’ait plus besoin de traite-ment de fond allopathique, revenant ainsi au palier 1 de l’asthme.

L’aide précieuse des plantes

Il existe plusieurs plantes qui agissent sur l’inflamma-tion des bronches tout en ayant parfois un petit effet sur la cause allergique :- PLANTAIN ;- BOUILLON BLANC ;- PENSÉE SAUVAGE.Je rappelle l’intérêt du DESMODIUM dans la maladie asthmatique pour son action mixte : foie et spasmes bronchiques.

Mais les plantes ne traitent pas les causes de l’allergie.

Les huiles aident relativement

Peu d’huiles essentielles sont réellement efficaces dans ce domaine et une sera strictement contre-indiquée : la menthe poivrée. On peut néanmoins utiliser les huiles essentielles suivantes :- par voie orale : ESTRAGON pour son action antis-pasmodique ;- en application locale sur les bronches : estragon, camomille noble, myrte rouge et Khella (Ammi vis-naga) en les diluant toujours dans une huile végétale (macadamia, par exemple).Les compléments efficaces

En dehors du traitement du terrain allergique, je vais insister sur :- le magnésium ;- le soufre sous forme de granions l’été et d’huile de Haarlem l’hiver ;

Stade de sévérité de l’asthme

Traitement allopathique de fond classiquement proposé

Palier 1

Asthme intermittentPas de traitement de fond

Palier 2

Asthme persistant léger

Corticoïdes inhalés à faible dose

Palier 3

Asthme persistant modéré

Corticoïdes inhalés à faible dose + Bronchodilatateurs à longue durée d’action

Palier 4

Asthme persistant sévère

Corticoïdes inhalés à dose moyenne ou forte + Bronchodi-latateurs bêta-2-mimétiques à longue durée d’action

Palier 5

Asthme persistant très sévère

Traitement du palier 4 + Oma-lizumab (après avis spécialisé) ou Corticoïdes en comprimé ou Corticoïdes en comprimé + Oma-lizumab ou Tiotropium

La Ventoline soulage en cas de crise mais elle ne traite pas

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DIrectrice de la publication : Clémence BaudenRédacteur : Dr Eric MénatGuérir & Bien Vieillir – BioSanté EditionsSiège social : Rue du Lion d’Or 4, 1003, Lausanne Registre journalier N° 2043 du 3 février 2016 CHE-208.932.960

Abonnement annuel : 114 euros Abonnement : Pour toute question concernant votre abonnement, contacter le +33 3 59 55 36 42 ou écrire à https://www.sante-corps-esprit.com/vos-questions/ ou adresser un courrier à BioSanté Editions - Service Courrier - 679 avenue de la République 59 800 Lille - FranceISSN : 2504-4052

REVUE MENSUELLE N°23 - MARS 2019

Le Dr Eric Ménat ne prend plus de nouveaux patients.Son carnet de rendez-vous est plein jusqu’à fin 2020. Il est donc inutile de contacter son cabinet.

Avis aux lecteursL’objectif de Guérir & Bien Vieillir n’est pas de remplacer vos consultations médicales. Il est de vous donner les clés pour

créer un dialogue riche et constructif avec votre médecin.

- le manganèse - oligosols ou granions ;- la nigelle.L’ostéopathie est souvent très utile chez le patient asth-matique. Quel que soit votre âge, je vous recommande de consulter un ostéopathe si vous souffrez de cette maladie. Il existe des manœuvres qui peuvent enrayer une crise. Je vous recommande en particulier ce blog qui explique une méthode pouvant être utilisée par l’entourage du patient : http://www.zen-blogs.com/fr/arret_asthme.php.

L’acupuncture est également efficace et complète bien les traitements de terrain listés ci-dessus. Si vous êtes asthmatique, il est très utile de consulter un acupuncteur.

Encore une fois, l’asthme est une maladie complexe et délicate à traiter. Je vous recommande de ne jamais modi-fier votre traitement de fond sans l’avis d’un médecin et, si vous désirez mettre en place un traitement com-plémentaire naturel, prenez contact avec un thérapeute spécialisé.

Pour autant, si vous ne réduisez pas le traitement de fond de votre médecin, vous pouvez mettre en place les traitements du terrain allergique détaillés dans les pré-cédents chapitres, à commencer par les modifications alimentaires.

L’homéopathie, en cas d’asthme : consultez

un spécialiste

Il existe beaucoup de remèdes spécifiques des symptômes et de leurs différentes modalités. Il ne servirait à rien de les lister tous ici, car il faut consulter un médecin spécialisé pour repérer les bons remèdes. Je voudrais citer pour l’exemple :- Poumon histamine 9 CH que j’utilise très sou-vent ;- Arsenicum album pour les patients qui font sur-tout des crises nocturnes entre 1 h et 3 h du matin ;- Medorrhinum - Dulcamara et Natrum sulfuricum pour les asthmes aggravés par l’humidité ;- Cuprum metallicum 5 CH et Ehtyl sulfur dichlo-ratum 5 CH pour le début des crises (mais il faudra aussi prendre de la Ventoline dès que nécessaire).Il en existe bien d’autres.- Un complexe homéopathique, SANTA HERBA (Lehning), peut avoir une certaine utilité chez les patients asthmatiques, mais son effet est limité.

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EN BREF !

ANTIULCÉREUX : 40 % DE PRESCRIPTIONS INUTILES… ET DANGEREUSES !

1 « Prescription d’IPP en ville: une utilisation massive inappropriée, selon l’ANSM », Medscape, 27 décembre 2018.2 https://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Pres-de-16-millions-de-personnes-ont-eu-une-prescription-d-inhibi-teurs-de-la-pompe-a-protons-IPP-en-2015-en-France-Point-d-Information.

Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)1 !

En France, en 2015, près de 16 millions de personnes ont eu une prescription d’inhibiteurs de la pompe à pro-tons (IPP), selon une étude observationnelle de l’ANSM2. Dans environ 40 % des cas, le traitement, qui n’est pas sans risques à long terme, est prescrit inutilement.

L’Agence rappelle l’importance de ne pas banaliser les IPP. « Outre son caractère inapproprié, cette utilisation massive est potentiellement problématique en raison des risques potentiels d’effets indésirables associés, en particulier chez les patients âgés et dans le cas de trai-tements au long cours. »

Les IPP sont principalement indiqués dans le traitement du reflux gastro-œsophagien, des ulcères gastroduodé-naux, dans le traitement (préventif ou non) des lésions gastroduodénales provoquées par les anti-inflamma-toires non stéroïdiens (AINS) et dans l’éradication d’Helicobacter pylori, en association avec des antibio-tiques.

En France, en 2015, près de 16 millions de personnes ont eu une prescription d’IPP, soit 85 millions de boîtes vendues ! Dans environ 40 % des cas, le traitement est prescrit inutilement.

L’étude de l’ANSM montre que la moitié des prescrip-tions d’IPP est associée à un traitement par AINS, dans un objectif de prévention, puisque les 2 traitements sont presque toujours entamés au même moment. Or, l’Agence révèle que, dans 80 % des cas, aucun facteur de risque n’a été identifié pour justifier l’ajout d’un IPP.

Entre 2010 et 2015, les ventes d’IPP en France ont aug-menté d’environ 27 %, pour atteindre 85 millions de boîtes vendues sous ordonnance en 2015, selon l’ANSM. Si ces médicaments sont bien tolérés à court terme, plusieurs études ont alerté sur un risque potentiel à plus long terme.

Dans de récents travaux, les IPP ont ainsi été associés à un sur-risque de 15 à 20 % d’infarctus du myocarde. Les auteurs ont mis en cause une baisse de la production de monoxyde d’azote (NO), qui favoriserait l’agglutination des plaquettes sanguines, et une altération de l’endo-thélium vasculaire.

Selon une autre étude observationnelle, les IPP seraient également associés à un sur-risque d’AVC. Une corréla-tion a également été observée avec le risque infectieux à l’hôpital, les démences, les fractures de la hanche et même la dépression. Mais les résultats sont à prendre avec précaution, le lien de cause à effet n’étant pas établi.

Longtemps banalisée, l’utilisation de ces médica-ments est désormais dans le collimateur des autorités sanitaires. Au Canada, des recommandations ont été récemment émises pour favoriser la déprescription des IPP, en particulier chez les seniors.

Selon l’ANSM, « plus de 15,8 millions de patients ont utilisé un IPP délivré en ville sur prescription médi-cale, soit près d’un quart de la population française » ! Pour 32 % des nouveaux utilisateurs, l’indication du traitement n’a pas pu être déterminée !! Au regard de ces résultats, la prescription des IPP en ville « ne semble pas toujours correspondre aux recommandations », souligne l’ANSM.

On attend désormais les résultats concernant les pres-criptions en milieu hospitalier. Les quelques données disponibles font état d’une situation tout aussi préoc-cupante. Selon une enquête menée en 2009 au CHRU de Montpellier, les prescriptions d’IPP étaient « non conformes » dans 82 % des cas.

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Il n’existe pas de mode d’emploi qui donne un plan pour situer le bonheur. Chacun le cherche à sa

façon, aux endroits où il pense pouvoir le trouver. Daniel Glattauer (1960- )

La Septième Vague (2011)

TROIS FAÇONS DE RÉDUIRE SIGNIFICATIVEMENT SON RISQUE DE CANCER DU SEIN

1 Tan M.-M., Ho W.-K., Yoon S.-Y., Mariapun S., Hasan S. N., Lee D. S.-C., et al. “A case- control study of breast cancer risk factors in 7,663 women in Malay-sia” (2018), PLoS ONE 13(9): e0203469. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0203469.

Une très belle étude vient d’être publiée en Asie1. On a étudié 7 663 femmes malaysiennes pour déter-miner certains facteurs de risque et des moyens de prévention efficaces. S’agissant de pays où on ne dépense pas l’argent des services de santé n’importe comment, on doit trouver des approches peu coû-teuses, mais efficaces.

Et cette étude vient confirmer ce que l’on avait déjà démontré dans d’autres circons-tances.

Allaiter son enfant est un moyen de bien le nourrir, mais aussi de réduire de façon significative son risque de développer un cancer du sein.

Ainsi, il y a 2 fois plus de risques de pré-senter un cancer du sein chez les femmes qui n’ont jamais allaité leurs enfants par rapport à celles qui ont nourri au sein tous leurs enfants !

C’est énorme, et aucun médicament ne fera aussi bien ! Et quand on sait toutes les maladies que cela peut réduire chez l’enfant, notamment les allergies dont il est question dans ce dossier, on se demande pour-quoi le ministère de la Santé français ne fait pas plus de promotion de l’allaitement maternel. Ah oui, ça réduirait la vente de lait en poudre !!

Autre élément significatif : l’activité physique et le poids. Les femmes obèses ont 2 fois plus de risques de développer un cancer du sein que les femmes de poids normal. Mais, quel que soit le poids, avoir une activité physique régulière réduit de moitié le

risque de cancer du sein par rapport aux femmes sédentaires !

Pour finir, un autre critère a montré son intérêt : la consommation de soja. On avait déjà démon-tré dans d’autres études que la consommation de dérivés de soja AVANT la ménopause réduisait le

risque de cancer du sein. Cette nouvelle étude vient confirmer ce point : parmi ces 7 663

femmes d’âge moyen de 50 ans au moment de l’étude, celles qui ont bu 1 verre de lait de soja plus d’une fois par semaine dans leur vie ont 30 % de risque en moins de développer un cancer du sein par rapport aux femmes qui n’en boivent jamais !

Il faut prendre cette dernière statistique avec du recul, car il s’agit d’une popula-

tion asiatique avec une flore intestinale différente, dont on sait qu’elle va utili-

ser différemment les phytohormones présentes dans le lait de soja.

Malgré tout, cela montre que la consommation de soja avant la méno-

pause n’augmente pas le risque de cancer hormonodépendant quand elle est raisonnable (pas plus d’une fois par jour). Après la ménopause, aucune étude claire n’a pu être publiée à ce sujet.

Il faut penser aussi que les plus grandes consom-matrices de lait de soja sont aussi les plus faibles consommatrices de lait de vache ! Faut-il y voir là encore une explication des chiffres ? Cela reste à déterminer !

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QUESTION DE PATIENT

J’AI RÉGULIÈREMENT DES PALPITATIONS. QUE FAIRE ?

Palpitations et tachycardies sont 2 mots très proches souvent utilisés pour les mêmes symptômes : le cœur s’emballe et le cœur tape fort et vite dans la poitrine.

Il faut d’abord différencier les vraies tachycardies : le cœur bat trop vite, souvent par crises, sans raison et en l’absence d’effort physique, et les arythmies ou troubles du rythme, qui vont des simples extrasystoles à la fibril-lation cardiaque.

Nous ne parlerons pas ici des troubles du rythme, sauf des extrasystoles banales, qui peuvent être associées à une tachycardie.

Dans tous les cas, ces symptômes (tachycardies ou troubles du rythme) doivent vous amener à consulter le médecin pour avoir son avis sur les causes et procéder éventuellement à un bilan cardiologique plus approfondi.

Les causes sont nombreuses et je parlerai ici uniquement des crises de palpitations en dehors de toute pathologie cardiaque.

Plusieurs raisons peuvent aboutir à ces tachycardies bien désagréables sans maladie sous-jacente :- des carences, en particulier en magnésium, mais aussi calcium et potassium ;- un stress aigu ;- un terrain émotif et hypersensible ;- des troubles digestifs ;- les dérèglements thyroïdiens, qui peuvent être frustes, c’est-à-dire sans réelle pathologie, mais qui peuvent agir sur le rythme cardiaque

Pour faire le tri entre ces différentes causes, là encore une consultation chez le médecin s’impose, en particulier pour envisager une prise de sang pour doser le calcium, le potassium, les hormones thyroïdiennes et quelques autres éléments utiles en fonction de chaque cas.

Il ne faut pas prendre du potassium sans avis médical et sans un dosage sanguin.

Pour le calcium, c’est plutôt le dosage de la calciurie (éli-mination urinaire du calcium) qui pourra orienter vers une supplémentation en calcium qui nécessite un avis médical.

Pour le magnésium, c’est différent, car les examens biologiques ne sont pas très fiables. Si vous avez des palpitations et une tendance à être stressé, alors il est certainement nécessaire de prendre du magnésium, car 80 % de la population est carencée en ce minéral.

Pour ma part, je privilégie les glycérophosphates de magnésium (beaucoup de labos en proposent) ou le magnésium marin (extrait des algues et de la coquille d’huître).

Si la supplémentation en magnésium ne suffit pas à réduire les palpitations, on fera appel à la phytothérapie et à l’homéopathie, très fidèles dans ce domaine.

La prescription n°1 est sans aucun doute l’AUBÉPINE, qui est le meilleur régulateur du rythme cardiaque. D’autres plantes ont aussi leur place, et en particulier le LOTIER et l’AGRIPAUME.

On peut les associer à des plantes de l’émotion et du stress : MÉLISSE et PASSIFLORE, en particulier, mais aussi BALLOTTE, VALERIANE et bien d’autres.

En pharmacie, on peut par exemple prendre :- D-STRESS : 2 comprimés matin et soir ;- CARDIOCALM : 2 comprimés, 2 à 3 fois par jour.

Dans les laboratoires de produits naturels, on peut uti-liser :- Physiomance RELAX (Therascience) : 1 comprimé le matin et 2 le soir, ou Quantamag (PhytoQuant) : 1 gélule matin et soir ;- Phytomance RELAXATION (Therascience), qui asso-cie plusieurs plantes agissant sur ces symptômes, dont Aubépine, Lotier et Mélisse : 2 gélules matin et soir avant le repas.

En homéopathie, plusieurs remèdes sont possibles, mais il faut pour cela consulter un spécialiste. Dans les com-plexes homéopathiques, je citerai en particulier :- SOLUDOR (Lehning), qui associe homéo et phyto : 30 gouttes 3 fois par jour ;- BIOCARDE (Lehning), qui est plus proche de la phyto : 20 gouttes 3 fois par jour.

L’aromathérapie est moins utilisée dans cette indication, mais on pourra envisager d’appliquer sur les poignets et le plexus solaire quelques gouttes d’YLANG-YLANG et de LAVANDE officinale.

Et, bien entendu, des approches complémentaires sont très utiles, comme l’acupuncture, la relaxation et la méditation. Le tai-chi a également montré son intérêt pour ces anomalies cardiaques fonctionnelles.

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Le sous-titre de ce livre nous explique bien sa philosophie : « Un industriel de l’agroalimentaire dénonce ».

Christophe BUSSET est ingénieur de haut niveau devenu dirigeant au sein des groupes agroalimentaires internationaux.

Il a décidé de briser le mur du silence et faire son devoir d’information objective de la population.

Matières premières avariées, marchandises trafiquées, contrôles d’hygiène contournés, autant de dérives, d’anomalies, voire d’escroqueries dont l’auteur a été trop souvent témoin.

C’est donc en tant qu’ancien complice ou témoin de ces dérives et de ces magouilles que Christophe BUSSET a décidé de livrer son expérience.

On sent bien dans son livre le besoin d’expier et de libérer sa conscience. C’est pourquoi on peut parfois y trouver des excès ou des histoires trop grosses pour être vraies. Et pourtant !!!

Bien entendu, comme dans tous les ouvrages de ce type, il faut savoir le lire avec du recul et en prendre et en laisser. Mais cet excellent livre permet néanmoins de nous informer plus objectivement et de nous faire voir l’envers du décor. Car si les emballages de l’agroalimentaire sont toujours beaux et attirants, que renferment-ils réellement ?

Laitages, fromages, additifs, miel, poivre, colorants, épices, légumes… De nombreux exemples vous montreront à quel point nous avons intérêt à privilégier les petits producteurs, les circuits courts, à ne pas faire confiance aux industriels qui transforment nos aliments et de choisir les produits les plus naturels possible pour ne pas nous faire piéger.

Même si regarder la vérité en face n’est jamais confortable, ce livre vous aidera à rester en meilleure santé et à mieux nourrir votre famille !

Vous êtes fous d'avaler ça  ! Éditions J’ai lu, Christophe BUSSET

UN PEU DE LECTURE

« VOUS ÊTES FOUS D’AVALER ÇA !  »

DR ÉRIC MÉNAT

LA RECETTE SANTÉ DU DR MÉNAT

Mousse de carottes au cuminVoici une petite recette qui peut être servie en verrine ou bien en entrée.

INGRÉDIENTS

PRÉPARATION

• Éplucher les carottes et les faire cuire à l’eau ou à la vapeur. Elles doivent être bien cuites pour pouvoir être mixées. Laissez-les refroidir après les avoir bien égout-tées.

• Une fois froides, placer les carottes préalablement cou-pées en petits morceaux dans un blender (bol mixer) et mixer-les en purée onctueuse en incorporant le fromage frais, la crème fraîche, le cumin, l’huile et l’ail. La texture doit être onctueuse, mais pas liquide.

• Goûter et ajouter le sel et le poivre si nécessaire. Le fro-mage sale déjà bien le plat, donc méfiez-vous.

• Server dans des verrines ou des petits bols avec des crac-kers au cumin ou au sésame.

• 800 g de carottes bio• 160 g de fromage frais type Saint-Moret® ou Chavroux® suivant les goûts et les intolérances de chacun• 80 g de crème fraîche liquide – entière ou allégée, de vache ou de soja en fonction des goûts et des intolé-rances de chacun• Cumin en poudre – la quantité dépend des goûts de chacun• 1 cuillerée à soupe d’huile de sésame bio• Sel, poivre et paprika• Ail en poudre ou 1 cuillerée à café de purée d’ail bio

Pers. : 2 / Temps : 60 min / Difficulté : Facile / Coût : Faible

THÉRAPIE PAR LE RIREMesdames, un conseil. Si vous

cherchez un homme beau, riche et intelligent... prenez-en trois !

Coluche, Artiste, comique (1944-1986)