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Rabih ALAMEDDINE HAKAWATI Traduit de l’anglais par Nicolas Richard Flammarion

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Rabih ALAMEDDINE

HAKAWATI

Traduit de l’anglaispar Nicolas Richard

Flammarion

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Livre traduit avec le concours du Centre National du Livre.

Titre original : The HakawatiÉditeur original : Knopf

© Rabih Alameddine, 2008Pour la traduction française :

© Flammarion, 2009ISBN : 978-2-0812-0602-1

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Pour Nicole Aragi,destructrice de démon

colombe lascive.

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LIVRE PREMIER

« Louanges à Dieu, qui a fait des plaisantesanecdotes littéraires un produit qui fourbit lesintelligences et provoque la disparition de larouille des cœurs… 1 »

Ahmad al-Tifashi, Les Délices des cœurs.

« Tout peut être raconté. Il suffit de commen-cer, un mot après l’autre 2 »

Javier Marías, Un cœur si blanc.

« J’ai tant d’Enfers et de Purgatoires enfouis enmoi – et pourtant m’a-t-on jamais vu accomplirun acte en désaccord avec la vie… moi si calmeet si paisible ? »

Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquillité 3.

1. Traduction René R. Khawam, Phébus libretto.2. Traduction Alain et Anne-Marie Keruzoré, Payot & Rivages.3. Traduction Françoise Laye, Christian Bourgois.

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— Un —

Écoute. Permets-moi d’être ton dieu. Laisse-moi t’emmener dans unvoyage au-delà de l’imagination. Laisse-moi te raconter une histoire.

Il y a très, très longtemps, dans un lointain pays, vivait un émir enune splendide cité, une cité verdoyante aux arbres nombreux et auxfontaines exquises dont le murmure, le soir, apaisait les citoyens jusqu’àce qu’ils s’endorment. L’émir avait tout, hormis ce que son cœur dési-rait : un fils. Il possédait des richesses, gagnées et héritées. Il était enbonne santé, avait de bonnes dents. Il avait pour lui le prestige, lecharme, le respect. Sa femme magnifique l’aimait. Son clan le tenait enhaute estime. Il avait un bon pédicure. En vingt ans de mariage, il avaiteu douze filles ravissantes, mais pas de fils. Que faire ?

Il convoqua son vizir.— Vizir, dit-il, toi si avisé, j’ai besoin de ton aide. Comme tu le sais,

ma ravissante femme n’a pas su me donner un fils. Chacune de mes douzefilles est plus belle que sa sœur. Elles ont une peau blanche comme lait,aussi satinée que les soies de Chine les plus raffinées. Les perles étince-lantes du golfe Persique pâlissent à côté de leurs yeux. L’éclat de leurs che-veux éclipse les teintures noires du pays de Sind. La plus âgée a dix-septpoètes qui chantent ses louanges. Mes filles m’ont donné satisfaction etfierté. Cependant j’aspire à voir un bambin avec un petit pénis s’ébattredans le jardin, un garçon qui portera mon nom et mon honneur, un futurchef pour notre clan. Je ne sais plus que faire. Ma femme dit que nousdevrions essayer encore une fois, mais je ne peux pas lui infliger de nou-veau tout cela, si c’est pour avoir une autre fille. Dis-moi, que puis-je fairepour être certain d’avoir un garçon ?

Le vizir, pour la mille et millième fois, suggéra à son maître deprendre une deuxième femme.

— Avant qu’il ne soit trop tard, mon seigneur. Force est de constaterque votre femme ne donnera pas de garçon. Il nous faut trouver

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quelqu’un qui le fera. Mon suzerain est le seul homme au-dedans deces frontières à n’avoir qu’une seule femme.

L’émir avait rejeté cette proposition à d’innombrables reprises, et saréponse ce jour-là ne serait pas différente. Il contempla son jardinavec mélancolie.

— Je ne peux pas en épouser une autre, mon cher vizir. Je suisterriblement épris de ma femme. Elle peut être déplaisante de temps entemps, vaniteuse assurément, irascible et impétueuse, sotte parfois, maldisposée envers nos gens, voire malveillante et mauvaise lorsqu’elle esten colère, pourtant elle est toujours pour moi la seule et l’unique.

— Alors ayez un fils avec l’une de vos esclaves. Fatima l’Égyptienneferait une excellente mère. Ses hanches sont plus que convenables ; sesseins ont été mesurés. Tout cela fait d’elle une candidate de choix, si jepuis me permettre.

— Mais je ne souhaite nullement aller avec une autre.— Sarah a offert son esclave égyptienne à son mari pour qu’elle lui

donne un garçon. Si notre prophète s’en est accommodé, nous pouvonsnous en accommoder aussi.

Le soir même, dans leur chambre à coucher, l’émir et sa femmediscutèrent de leur problème. La femme était d’accord avec le vizir.

— Je sais que tu veux un fils, dit-elle, mais tes désirs ne semblentpas vouloir se concrétiser. L’heure est grave. Notre peuple jase. Tous sedemandent ce qui se passera lorsque tu monteras au ciel. Qui sera lechef de nos tribus ? Je crois comprendre que certains aimeraient poserla question sans attendre.

— Je les tuerai, s’écria l’émir. Je les détruirai. Qui ose discuter lamanière dont je choisis de vivre ma vie ?

— Du calme, sois raisonnable. Tu peux avoir des rapports avecFatima jusqu’à ce qu’elle ait un enfant. Elle est jolie, disponible, elle sepliera à tes désirs. Nous pouvons recourir à elle pour avoir notre garçon.

— Mais je ne crois pas que j’en serai capable.Sa femme se releva en souriant.— Ne te soucie pas, mon mari. Je serai présente et je ferai cette

chose que tu apprécies. J’appellerai Fatima et nous l’informerons de ceque nous voulons. Nous lui donnerons rendez-vous mercredi soir, lanuit de la pleine lune.

Quand Fatima eut été instruite de leurs intentions, elle n’hésita pas.— Je suis toujours à votre service, dit-elle. Toutefois, si l’émir sou-

haite avoir un fils avec sa propre femme, il existe un autre moyen. Dansma ville natale d’Alexandrie, je connais une femme dont les pouvoirs

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sont sans pareils. C’est une descendante en ligne directe, du côté mater-nel, d’Ankara en personne, la guérisseuse de Cléopâtre et gardienne desaspics. Si on lui remet une boucle des cheveux de ma maîtresse, ellesaura voir pourquoi celle-ci n’a pas donné de garçon, et dispensera leremède approprié. Elle n’échoue jamais.

— Mais c’est prodigieux, s’exclama l’émir. C’est le ciel qui t’envoie,ma chère Fatima. Il nous faut de ce pas quérir cette guérisseuse.

Fatima secoua la tête.— Oh, non, mon seigneur. Une guérisseuse jamais ne peut s’en aller

de chez elle. Son domicile est la source de sa magie. Déracinée, elleserait tout à fait inutile, absolument inefficace. Une guérisseuse peutvoyager, se lancer dans des quêtes, mais au final, pour jouir pleinementde ses pouvoirs, elle ne peut jamais s’aventurer trop loin de chez elle.Cependant, moi je peux voyager, lui porter une boucle des cheveux dema maîtresse, et revenir avec le remède.

— Alors, tu dois y aller, déclara la femme de l’émir.L’émir ajouta :— Et que Dieu te guide, qu’Il éclaire ton chemin.

Je me sentais étranger à moi-même. Le doute, cette taupe aveugle,fouissait le long de ma colonne vertébrale. Je m’appuyai à nouveau surla voiture, embrassai du regard le voisinage, sentis le sang palpiter dansles veines de mes bras. J’entendais un doux murmure, sans savoir aveccertitude s’il provenait d’une fontaine ou d’une canalisation d’eauendommagée. Il y avait jadis eu une fontaine en marbre veiné dansl’entrée de l’immeuble, mais elle avait cessé d’exister. Pouf, disparue.

J’étais un touriste dans un pays bizarre. J’étais chez moi.L’endroit paraissait plutôt désert. Un vieillard était assis, l’air abattu,

sur un siège au tressage distendu. Ses cheveux blancs donnaientl’impression d’être naturellement hérissés, un peu comme s’il avait poséles mains sur une boule à électricité statique. Il se fondait harmonieuse-ment dans le décor ambiant, ici, dans l’un des rares quartiers de Bey-routh portant encore les stigmates de la guerre.

— C’était notre immeuble, lui dis-je, car j’avais besoin de direquelque chose.

D’un hochement de tête j’indiquai le vestibule caverneux, dépourvude fontaine, désormais à ciel ouvert. Je me rendis alors compte que ce

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n’était pas moi qu’il regardait mais ma voiture, la berline BMW noirede mon père.

La rue était devenue un passage boueux. Le quartier se situait à l’écartdes principaux axes. Peu d’autos circulaient par ici, à l’époque ; etencore moins à présent, manifestement. Une bétonnière passa cahin-caha. Il y avait deux bâtiments en construction. Les anciens s’effon-draient, sans grand espoir de ressusciter un jour.

Mon immeuble semblait abandonné. Je savais qu’il ne l’était pas –les squatteurs et les réfugiés y avaient élu domicile depuis notre départ,pendant les premières années de la guerre civile – mais je ne voyais pascomment quiconque pouvait y habiter maintenant.

Écoute. J’ai vécu ici il y a vingt-six ans.De l’autre côté de la rue, en face de notre ancien domicile, il y avait

eu naguère un grand jardin ceint d’une grille composée d’un enchevê-trement de pointes hérissées. Ce n’était plus un jardin, et assurément lagrille avait disparu. Des morceaux de métal, des gravats torsadés, desbandes de carrelage et du verre brisé étaient éparpillés sur des monti-cules de terre. Un rhododendron géant blanc fleurissait parmi les débris.Deux bégonias, l’un blanc, l’autre rouge, s’épanouissaient devant unimmeuble de trois étages récemment construit. Ce bâtiment contrastaitavec le reste : pas de cratère, pas d’impacts de balles, aucun arbre y ayantpris racine. Les bégonias, de splendides bégonias, paraissaient éclater dechaque branche, pas un seul bourgeon n’était resté fermé. Une viepétillante, mais une couleur terne. Rouge – mais comme décoloré. Pluspâle que je ne l’aurais voulu. Les rouges de mon Beyrouth, la ville nataledont je me souvenais, étaient plus exubérants, des rouges primaires. Descouleurs plus éclatantes à l’époque, plus vives, plus vivantes.

Un ouvrier syrien passa à pied, tâchant d’éviter les flaques d’eau, etses yeux fuirent mon regard. On était en février 2003, plus de douzeans après la fin de la guerre civile, et pourtant on tardait à reconstruire,dans le quartier. La majeure partie de Beyrouth avait été rebâtie, maisce secteur demeurait endommagé, délabré.

Une Vierge Marie trônait dans un coffret.Une boîte vitrée, devant notre immeuble, prise dans son propre autel

de ciment et de brique, recouverte d’un toit pointu en marbre italien,telle l’œuvre d’un Joseph Cornell catholique. À l’intérieur, une Mariemiséricordieuse, un saint Antoine interrogateur, un rosaire à perles decorail, trois bougies longues et fines, des pétales de rose et de dahliaétaient étalés, ainsi qu’une photo de Père Noël épinglée à un panneaublanc en mousse.

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À quel moment cette œuvre singulière avait-elle été érigée ? La Viergeétait-elle là quand j’étais petit ?

Je n’aurais pas dû venir ici. Je devais passer prendre Fatima avantd’aller à l’hôpital voir mon père, mais je m’étais surpris à rouler endirection de l’ancien quartier, tel un petit camion tiré par un enfantentêté. J’avais prévu ce voyage à Beyrouth pour passer Aïd al-Adha enfamille, et c’est alors que j’avais reçu un choc en apprenant l’hospitalisa-tion de mon père. Cependant, au lieu d’être avec ma famille, j’étaisdevant mon vieil immeuble, égaré et perplexe, la tête dans le passé.

Une jeune femme en jean serré et pull blanc étriqué sortit du bâti-ment. Elle portait des livres d’école et un cahier. Je voulus lui demanderà quel étage elle et les siens habitaient. À l’évidence pas au second ; unfiguier y avait pris racine. Ce devait être l’ancien appartement d’oncleHalim.

La famille, mon père, ses frères et sa sœur, était propriétaire del’immeuble, ils avaient habité cinq des onze appartements. Ma tanteSamia et ses enfants occupaient le penthouse du sixième étage, tout enhaut. Mon père avait un des logements du quatrième étage, et oncleJihad avait l’autre. Oncle Wajih en avait un au cinquième, et oncleHalim un au deuxième – le figuier, supposai-je. L’appartement du rez-de-chaussée appartenait au concierge, dont le fils Élie, devenu à l’adoles-cence un leader de la milice, avait tué pas mal de gens pendant laguerre civile.

Notre concession automobile, l’entreprise al-Kharrat, source de lafortune familiale, se trouvait à quelques minutes à pied de l’immeuble,dans la rue principale. Les Libanais n’avaient pas le sens de l’humour.Personne ne prêtait attention aux petites choses. Personne ne trouvaitétrange qu’un concessionnaire automobile ait un nom signifiant « exa-gérateur », « conteur d’histoires à dormir debout », « hâbleur ».

La fille passa en flânant d’un air indifférent, séduisant, les yeux cachésderrière des lunettes de soleil bon marché. Le vieil homme se redressasur son siège quand elle arriva à sa hauteur.

— Tu ne trouves pas que ton pantalon est trop serré ? lui demanda-t-il.— Occupe-toi de tes fesses, mon oncle, répliqua-t-elle.Il se pencha en avant. Elle s’éloigna.— Plus personne n’écoute, dit-il calmement.

Je n’aurais su dire à quand remontait la dernière fois que j’avais vule quartier, mais je pouvais situer avec précision le dernier jour où nousy habitâmes, car nous en partîmes en catastrophe, dans une vraie

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pagaille, et ce jour-là, mon père se révéla une espèce de héros. Enfévrier 1977, la guerre, qui durait depuis presque deux ans, avait finale-ment atteint notre secteur. Jusqu’alors, pendant ces vingt et un mois deviolences, le parking souterrain de l’immeuble, de même que les autresailleurs en ville, avait constitué un abri plus que convenable. Mais lesmilices commencèrent à installer leurs camps bien trop près. La famille,ceux d’entre nous qui n’étaient pas encore partis, dut trouver refugedans les montagnes.

Ma mère, qui prenait toujours les choses en main en cas d’urgence,nous répartit dans quatre voitures : moi dans la sienne, ma sœur danscelle de mon père, oncle Halim et deux de ses filles avec oncle Jihad,et tante Nazek, la femme d’oncle Halim, dans sa voiture avec May, satroisième fille. Les possessions des trois foyers furent entassées dans lesautos. Nous partîmes séparément, laissant cinq minutes d’écart entreles véhicules, de manière à ne pas rouler en convoi et risquer d’êtreanéantis par un missile perdu ou une bombe nous visant. Le point deralliement était une église dans la montagne, à dix minutes seulementde Beyrouth.

Ma mère et moi arrivâmes les premiers. J’avais beau être quelque peuhabitué aux bruits des bombardements, lorsque nous nous arrêtâmes,mon siège était trempé. En quelques minutes, comme pour saluer l’arri-vée d’oncle Jihad, Beyrouth explosa une fois de plus en une cacophonieenragée. Nous observâmes le déferlement furieux en contrebas et atten-dîmes avec appréhension les deux autres autos. Ma mère étranglait levolant. Mon père arriva ensuite, et comme il était censé partir en der-nier, cela signifiait que, d’une façon ou d’une autre, tante Nazek avaiteu un problème.

Mon père ne sortit pas de sa voiture, ne nous adressa pas la parole.Il expulsa ma sœur, fit demi-tour et redescendit en direction du chaos.Atterrée, les yeux enflammés, ma sœur resta sur le trottoir, le regardadisparaître dans les flammes de Beyrouth. Ma mère voulut le suivre,mais j’étais dans sa voiture.

— Sors, me cria-t-elle. Il faut que je le suive. Je conduis mieuxque lui.

J’étais trop paralysé pour bouger. Sur ce, ma sœur monta dans lavoiture à côté de moi, et il fut trop tard pour suivre mon père.

Nous avions de la chance. La voiture de tante Nazek était tombéeen panne en arrivant à la première colline. En bonne citoyenne, ellel’avait garée sur le bas-côté, bien il n’y eût pas d’autres véhicules sur laroute. Mon père était passé devant elle en montant sans rien remarquer.

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Il les retrouva, et ma cousine May sauta dans sa voiture, toutefois il dutattendre tante Nazek qui essayait de se souvenir où elle avait mis tousses objets de valeur. Il nous les ramena saines et sauves, même si enrevenant une bombe était tombée à cinquante mètres d’eux, un éclatd’obus venant se loger dans le pare-brise. Il n’y eut aucun blessé, maistante Nazek et May furent aphones pendant un certain temps, d’avoirhurlé à s’en dessécher la gorge.

Selon ma cousine May, mon père aussi avait braillé au moment del’impact de l’éclat d’obus, une note aiguë d’opéra. Mon père et tanteNazek, cependant, démentirent tous deux.

— Il s’est comporté en héros, déclarerait ma tante par la suite. Unhéros de la vraie vie.

— Il n’y a rien eu d’héroïque, protesterait mon père, ç’a plutôt étéune question de frousse. J’aurais eu trop peur de me présenter devantmon frère sans être retourné chercher sa femme.

C’était il y a vingt-six ans.

Fatima attendait devant son immeuble, qui était intégralementplaqué de marbre noir, une de ces nouvelles effronteries très en voguedans le Beyrouth moderne. Comme pour faire contrepoids auxquelques quartiers qui n’avaient pas été modernisés depuis la guerre,Beyrouth se parait de béton neuf. Dans toute la ville, des tours d’habi-tation de grand standing étaient construites à chaque coin de rue :nouveau-riche et bétonné.

— Désolé, je suis en retard, dis-je en lui adressant un large sourire.Je pouvais habituellement prédire sa réaction, car c’était une vieille

amie et une confidente. Quoi que je dise, elle allait, pour de rire, meremonter les bretelles.

— Sors de la bagnole.Elle ne vint pas s’asseoir sur le siège passager, mais resta poings sur

les hanches, son sac à main bleu-vert pendant de son poignet presquejusqu’aux genoux. Elle était habillée pour éblouir, tout en elle étincelait,et la bague à sa main gauche irradiait – une grosse mère émeraudehexagonale entourée de ses six rejetons.

— Tu ne me vois pas pendant quatre mois et c’est comme ça quetu me dis bonjour ?

Je sortis de la voiture et elle me couvrit, m’enveloppa littéralement,de baisers et de parfum.

— Voilà qui est beaucoup mieux, ajouta-t-elle. Maintenant allons-y.

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