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Chapitre 1 :Halogénures d’alkyle
Professeur Ahcène BOUMENDJEL
Année universitaire 2011/2012Université Joseph Fourier de Grenoble - Tous droits réservés.
UE Pharmacie - Chimie – Chimie Organique
Halogénures d’alkyle (Halogénoalcanes)
1. Structure
2. Classification
3. Réactivité des halogénures d’alkyle
4. Réactions des halogénures d’alkyle
4.1. Réactions de substitution nucléophile
4.2. Réactions d’élimination
F
Cl
Br
I
Les halogènes
1. Structure des halogénures d’alkyle
Ils résultent du remplacement d’un ou plusieurs atomes d’hydrogène d’un alcanepar un halogène (fluor, chlore, brome, iode).
CH3-CH2-ClCH3-CH3
éthane chloroéthaneou
chlorure d'éthyle
CH3-CH2-CH2-CH3 CH3-CH2-CH2-CH2-Br
butane 1-bromobutaneou
1-bromure de butyle
R-H R-Xalcane halogénures d’alkyle (halogénoalcane)
Certains sont utilisés comme pesticides et insecticides
Les halogénures d’alkyle sont cancérigènes...
Les halogénures d’alkyle n’existent pas à l’état naturel
Utilisés comme réactifs en chimie organique
Certains sont utilisés en chimie organique comme solvants, chloroforme(CHCl3), dichlorométhane (CH2Cl2), tétrachlorure de carbone (CCl4)
R-XLes halogénures d’alkyle
halogénures d’alkyleprimaires
halogénures d’alkylesecondaires
halogénures d’alkyletertiaires
2. Classification des halogénures d’alkyle
C X
Les halogénures d’alkyle sont classés en fonction du nombre de groupementsd’alkyle portés par le carbone halogéné
Les halogénures d’alkyle sont classés en 3 classes :
R C
R'
X
H
R C
H
X
H
R C
R'
X
R''
3. Réactivité des halogénures d’alkyle
3.2. Effet inductif attracteur de l’halogène
- polarisabilité de la liaison C-X
F Cl Br IF Cl Br I C
forte
faible
électronégativité taille (volume)
R C
R'
X
R''
La réactivité des halogénures d’alkyle est liée à deux éléments :3.1. Réactivité de la liaison C-X
3.1. Réactivité de la liaison C-X est liée à la :
- polarisation de la liaison C-X
B2,04
C2,55
N3,04
O3,44
F3,98
P2,19
S2,58
Cl3,16Br
2,96I
2,66
H2,20
Li0,98Na
0,93K
0,82
Echelle d'électronégativité de Pauling
C X
3.1. Réactivité de la liaison C-XPolarisation de la liaison C-X
La polarisation de la liaison C-X est liée à la différence d’électronégativité entre les atomes d’halogène et l’atome du carbone.
C FC I C ClC Br
forte
faible
3.1. Réactivité de la liaison C-XPolarisabilité de la liaison C-XLa polarisabilité correspond à la déformation du nuage électronique de la liaison
C-X à l’approche d’un champ électrique.
+
Halogénure d’alkyle produit
X
L’échelle de polarisabilité est inversée par rapport à l’échelle de la polarisation
F
Cl
Br
I
pola
risab
ilité
pola
risat
ion
+ -R C X> Nu
Nu
+ -R C X>>> R C Nu
XC
Conséquences de la dualité polarisation - polarisabilité
C F C Cl C Br C I
la moins polariséela plus polarisable
la plus polariséela moins polarisable
LA PLUS RÉACTIVELA MOINS RÉACTIVE
< < <
3.2. Effet inductif attracteur de l’halogène
élimination
Base (B )
Base (B ) carbène(extrêmement instable)
- HX
H C
H
C
H
CH2 X
H H
>>>
>
>
alcène
H C
H
C
H
CH2 X
H H
H C
H
C
H
CH2 X
H H
H C
H
C
H
C X
H H
H
H
C
H
C
H
H
CH2 + BH + XH
C
H
C
H
C
H H
H
+ BH + XH
Deux réactions MAJEURES4.1. Réactions de Substitution Nucléophile (SN)
4.2. Réactions d’Elimination (E)
Substitution Nucléophile
Une base possède un doublet électronique lui permettant de réagir avec un hydrogène électrophile (un proton, H+).
Elimination
4. Réactions des halogénures d’alkyle
La nucléophilie et la basicité sont liées :
Un nucléophile (Nu) possède un doublet électronique lui permettant de réagir avec un carbone électrophile (carbone déficitaire en électrons).
BaseB + X
Nu+ X
C C
C
H
C X
alcène
C
H
C Nu
B H+
SN1 : Mécanisme en 2 temps bien distincts : v = k [R – X ]
Deux types de mécanismes de Substitution Nucléophile- Substitution Nucléophile d’ordre 1 (SN1 ou SN1)- Substitution Nucléophile d’ordre 2 (SN2 ou SN2)
4.1. Réactions de Substitution Nucléophile (SN)
Nu C Nu + X
La différence entre SN1 et SN2 réside dans la chronologie :
- de la rupture de la liaison C – X
- de la formation de la liaison C – Nu
SN2 : Mécanisme concerté : v = k [R – X ] [ Nu ]
C X
4.1.1. Substitution Nucléophile d’ordre 1 (SN1) : réaction en deux étapes
Première étape (lente et réversible) : Départ de l’halogène pour former un cation (carbocation)
Deuxième étape (rapide) : attaque du nucléophile sur le carbocation
C NuC
Nu
CNu
C X+ -
halogénure d'alkyle
C
carbocation (plan)
X+
Mélange de deux énantiomères enproportions égales
(mélange racémique)
50%
50%
v = k [R – X ]
Exemple :
Réaction du (S)-2-bromo-2-éthylpentane avec NaOH diluée selon un mécanisme SN1
50%
50%
Réaction non stéréospécifique : obtention de 2 énantiomères possible
OH
OHPr
C EtMe
OH
R
OH
CPr Et
MeS
Br
CPr Et
MeS
NaOHPr C
Et
Me
Pr CEt
Me
Pr CEt
Me
étape
étape
Br+
4.1.2. Substitution Nucléophile d’ordre 2 (SN2)Réaction concertée : une seule étape
v = k [R – X ] [Nu ]
NuCX Nu
état de transition
CX+-
halogénure d'alkyle
C Nu
produit
CX
halogénure d'alkyle
+ XC Nu
produit
Réaction spécifique : obtention d’un seul énantiomère sur les 2 possibles.
Mécanisme concerté : une seule étape (via un état de transition)
Inversion de l’orientation des liaisons (Inversion de Walden)
Inversion des baleines de parapluiepar grand vent
Na OH
+ NaBr
liaison en formation
liaison en rupture
Br
CH CH3
H
H C CH3
HBr
OHétat de transition
HC CH3
H
OH
4.1.2 Substitution Nucléophile d’ordre 2 (SN2)
CBr
CH3
Bu
H+-
S
Na OH
+ NaBrC OH
H3C
BuH R
Exemple 1 : réaction du bromoéthane avec NaOH diluée selon un mécanisme SN2
Exemple 2 : réaction du (S)-2-bromohexane avec NaOH diluée selon un mécanisme SN2
CBr
CH3
BuH
OH
4.1.3 Facteurs orientant la SN vers l’ordre 1 ou 2
Nature du nucléophile
C XNu
C Nu + X
Structure de l’halogénure d’alkyle (R – X)
Type de solvant
Nature du nucléofuge (l’halogène)
SN1 ou SN2
Structure de l’halogénure d’alkyle (R – X)
R CH2 X R CH
R'
X R C
R'
X
R''halogénures d’alkyle
primaireshalogénures d’alkyle
secondaireshalogénures d’alkyle
tertiaires
NuC Nu + X
SN1 ou SN2
> >> >
>
>
Effets des substituants alkyle sur le carbone halogéné
Effet inductif donneur (effet + I)
Effet stérique (encombrement stérique ou bouclier stérique)
> >
C X
Structure de l’halogénure d’alkyle (R – X)
Stabilisation des C+ par : effet inductif donneur (stabilisation « faible ») des groupements voisins effet mésomère donneur (stabilisation « forte »)
Nu
R-X primaire R-X tertiaire
CH3
CX
H
H
CH3
CCH3
CH3
X
stableinstable
>
CCH3CH3
CH3
C+ tertiaire
>>
plus le C+ est stable ou stabilisé, plus SN1 est favorisée.
CCH3H
H
C+ primaire
>
>
CCH3CH3
CH3
C+ tertiaire
>>
Ordre de stabilité des carbocations
le moins stable le plus stablestabilité intermédiaire
favorise SN2 favorise SN1favorise SN1 et SN2
…… mais il existe des exceptions
R Xprimaire SN1
XR Nu +Nu
CCH3H
H
C+ primaire
>
>
CCH3H
CH3
C+ secondaire
>< <
Exemple : réaction du bromophénylméthane avec NaOH diluée
CH2- BrCH2 Br
CH2 Na OH CH2 OH NaBr+
CH2CH2 CH2 CH2CH2
Carbocation primaire mais très stable (effet mésomère donneur du phényle)
SN1
CH2 Br NaOH CH2 OH+ -
Type de solvant
Solvants protiques (donneurs de protons)
H HO CH3-CH2-OH
H2O EtOH
CH3-OH
MeOH
Solvants aprotiques
Favorisent SN1
Favorisent SN2
Les solvants sont répartis en deux classes :
H3C CH3
C
O
acétone
H3C CH3
S
O
diméthylsulfoxideDMSO
H NC
O
CH3
CH3diméthylformamide
DMF
Cas des solvants protiques (donneurs de H +) : 2 effets
Accélère la coupure de la liaison C-X, donc le départ de l’halogène
Ralentit l’approche du nucléophile, le démarrage de la SN2 est ralenti
Effet « cage » : Favorise SN1Défavorise SN2
liaison hydrogène
+ -
C X HO
H+ +
-
Nu
:HO
H HO
H
HO
HHO
H
+ +
+
+
-+
+
+
+
-
-
-
Type de solvant
la liaison hydrogène avec l’halogènefavorise SN1
Réactions de solvolyse : le réactif est le solvant (principalement les alcools et H2O). Toujours des réactions d’ordre 1, sauf pour les R-X primaires
Type de solvant
H O
H
H CCH3
CH3
H O
H
H C
CH3
CH3O
CH CH3
CH3
H H
Cl+
Cl
Exemple : hydrolyse du 2-chloropropane
étape
étape + HCl
O
CH
CH3
CH3
H
+ -CH3
CH
CH3
Cl
+ -CH3
CH
CH3
Cl
4.2. Réactions d’Elimination (E)
Deux mécanismes possibles : Elimination d’ordre 1 (E1) Elimination d’ordre 2 (E2)
est le symbole utilisé pour indiquer «chauffage»
Nécessité d’avoir au moins un H sur un C en (voisin) du carbocation
Conditions : Présence d’une baseChauffage du milieu réactionnel
Les réactions de substitution ne sont pas les seules à se manifester avec les dérivés halogénés
C C
H+
-
R-X (substrat)X
+
+ +
+
++
Base,
Elimination- HX C C
alcène
4.2.1. Elimination E1Mécanisme en 2 temps bien distincts :
- Formation du carbocation- Elimination de H+ pour former l’alcène
E1 et SN1 passent par la même cinétique (formation d’un carbocation) : Réactions compétitives SN1 « contaminée » par E1 et inversement
- H- X
étape étape
Base
Passage par un C+ donc réaction NON STEREOSPECIFIQUE
Si présence de plusieurs C en du C+, alors plusieurs E1 possible :Notion de REGIOSELECTIVITE
C C + Base-H + X
C C
H+
-X
R-X
+ +
C C
H
4.2.1. Elimination E1 : étude de la régiosélectivité
EtO Na
70 °C
EtO Na
+ EtOH + NaCl
+ EtOH + NaCl
alcène trisubstitué
alcène disubstitué
- Cl
Règle de SaytzeffLors d'une réaction d'élimination sur un R-X, l’alcène le plus substitué est le produit favorisé
C C
H
H3C
H+
-
C
CH3
Cl
H
H
H
C C
H
H3C
H
C
CH3
H
H
H
C C
CH3
HCH3
CH3
CH2 C
C
CH3
H
H
CH3
2-chloro-2-méthylbutane
étape
Majoritaire
Minoritaire
4.2.2. Eliminations E2Mécanisme concerté : E2 ( H et X partent ensemble) v = k [ R – X ] [B]
E2 et SN2 passent par la même cinétique (réactions concertées) : Réactions compétitivesE2 «contaminée » par SN2 et inversement
B
- HX
Pour promouvoir les éliminations E2 on utilise des bases fortes à chaudNaOH concentré, alcoolate (MeONa et EtONa), amidure de sodium (NaNH2)
Si présence de plusieurs C avec des H éliminables en du C qui porte l’halogènealors plusieurs E2 possibles (Notion de REGIOSELECTIVITE, Règle de Saytzeff)
C C
H+
-X
+
R-X
C C
+ BH + X
alcène
Réaction stéréospécifique
4.2.2. Elimination E2 : étude de la stéréochimie
C C
R1
R2
R3
R4
1 seul stéréoisomère obtenuZ ou E
- HXC C
H
R2
R1
substrat avec H et Xantiparallèles et coplanaires
R3R4
X
Stéréochimie de l’alcène obtenu dépend de la stéréochimie de l’alcène de départ
Nécessité que H et l’halogène soient antiparallèles et coplanaires
Exemple : réaction du (2S,3S)-2-choloro-3-méthylpentane avec NaOH concentrée à chaudselon un mécanisme E2
Exemple :
Mécanisme E2 :
C C
Cl
H
CH2
CH3C2H5
H
OH Na
H
OH Na
C C
Cl
H
CH2
CH3C2H5
H
H
CH3 CH
Cl
CH
CH3
C2H5SS
NaOHconcentré à chaud
C C
H3C
H
CH3
C2H5
+ NaCl + H2O
alcène MAJORITAIRE (alcène E)
+ NaCl + H2OCH CCH2
CH3C2H5
H
alcène MINORITAIRE
- HX
- HX
3 substituants autour de C=C
1 substituant autour de C=C
Facteurs orientant vers E1 ou E2
Facteurs favorisant E1 Facteurs favorisant E1
dérivés III ou II stabilisés dérivés I ou II non stabilisés
bases fortes
solvants aprotiques
solvants protiques
4.3. Généralisation des réactions de SN et E aux composés autres que leshalogénures d’alkyle
C
H
C X
NuC
H
C Nu + X Substitution Nucléophile
BaseC C B H + X Elimination
X = Cl, Br, I (groupes partants, nucléofuges)
groupe mésylate (OMs) groupe tosylate (OTs)
O
SCH3
O
O CH3 NCH3
CH3
O
S
O
OCH3
triméthylammonium
Exemple : Na+ -OHdiluée H3C C
H
C
CH3
OH
CH3 H
+ MsO- Na+
Exemple :
Na+ -OHconcentrée
chauffage
alcène majoritaire (régiosélectivité selon Saytzeff)
alcool
Remarque : NaOH diluée à froid agit comme nucléophile (SN)NaOH concentrée à chaud agit comme base (E)
+ H2O + MsO- Na+
+-
H3C C
H
C
CH3
OMs
CH3 H
+
-
H3C C
H
C
CH3
H
CH3 OMs
H3C
C CCH3
H3C H
-OH
chauffage
alcène MAJORITAIRE
alcène MINORITAIRE
Exception à la règle de Saytzeff
CH3 C
H
C
C
N
CH3 H CH3
CH3CH3
H HH
-OH
chauffageCH3 C
H
C
C
N
CH3 H CH3
CH3CH3
H HH
CHC
C
H
H H
CH3
CH3
CC NCH3
CH3CH3
HBase
Elimination anti-Saytzeff (Elimination selon Hofmann)
alcène le moins substitué (1 substituant autour de C=C)
alcène le plus substitué (3 substituant autour de C=C)
CH3C C
CH3
CH3 H
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