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HAÏTI: ‘‘UNE TEMPÊTE EN FORMATION’’ Changement Climatique et Pauvreté

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HAÏTI: ‘‘UNE TEMPÊTE EN FORMATION’’Changement Climatique et Pauvreté

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AcknowledgmentsCe rapport a été préparé par Anita Swarup pour Oxfam International en Haïti.

Les auteurs expriment leurs remerciements sincères à toutes les personnes et organisations mentionnées dans le texte et à ceux dont les observations ont malheureusement dû être supprimées pour des raisons d’espace. La recherche a été réalisée en décembre 2008.

Le travail d’Oxfam International en Haïti est un programme conjoint d’Oxfam Québec, Intermon Oxfam, Oxfam Novib, Oxfam Solidarité et Oxfam GB.Ce rapport fait partie d’une série commandée par les programmes nationaux de pays d’Oxfam afin d’explorer et de mettre en évidence les liens entre changement climatique et pauvreté, et entre l’adaptation aux changements climatiques et le développement. La série comprend des rapports sur la Russie, sur l’Ouganda, sur le Vietnam et sur le Royaume-Uni, tous disponibles en ligne sur www.oxfam.org

Pour de plus amples informations sur les problématiques soulevées dans ce rapport, s’il vous plaît contacter:

Oxfam Great Britain Haïti Programme#4 Rue MarcadieuPort-au-Prince, HaïtiTel: 509.2.245.9077 / 2.244.9779Email: [email protected]

Première publication par Oxfam International en 2009.© Oxfam International 2009

Tous droits réservés. Tous les droits relatifs à cette publication sont réservés, mais le texte peut être reproduit gratuitement à des fins de plaidoyer, de campagne, d’éducation et de recherches pourvu que les sources soient clairement spécifiées. Les détenteurs de droits d’auteur réclament que toute utilisation de cette publication aux fins précédemment citées leur soit notifiée à des fins d’évaluation d’impact. Pour toute reproduction sous toutes autres circonstances ou pour la réutilisation au sein d’autres publications ou pour la traduction ou l’adaptation, il faut s’assurer d’avoir une autorisation et des frais peuvent être exigés. E-mail [email protected].

Les informations contenues dans ce rapport sont correctes au moment de la mise sous presse.

Image de couverture: David Viñuales Mise en page par Andrea Perdomo Alvarez.

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Table des Matières

Résumé Exécutif 7

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Recommandations

Changement Climatique: Passé, Présent et Future

Changement Climatique, Environnement et Pauvreté en Haïti

Changement Climatique, Inondations et Cyclones

Changement Climatique et Sécurité Alimentaire

Changement Climatique et Gestion des Risques de Désastres

Haïti PANA – Plan d’Action National d’Adaptation

Conclusion

Appendice

Références

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Changement climatique est plus qu’un défi environnemental. C’est aussi un défi pour le développement et qui réclame une action urgent. © Abbie Trayler-Smith/Oxfam

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Résumé Exécutif‘‘La situation était grave avant les ouragans de 2008—il y avait la sécheresse—mais c’est devenu pire et encore plus compliqué les gens ont perdu le peu qu’ils avaient—maisons, récoltes, animaux—ce qui a créé une faim catastrophique dans cette zone. Nous avons honte, nous devons quémander de l’aide auprès de l’Etat et d’autres agences internationales’’, dit Lissage Généus, représentant officiel du gouvernement (CASEC) dans la localité de Baie d’Orange

Le changement climatique représente plus qu’un défi environnemental – il est également un défi de développement qui réclame une action urgente. Haïti, tout comme beaucoup de pays sous-développés, est appelée à souffrir beaucoup plus du changement climatique à cause de sa position géographique, de sa sensibilité aux phénomènes météorologiques extrêmes et de la vulnérabilité de ses habitants. En plus des désastres humanitaires qu’il provoque, le changement climatique peut réduire la production agricole, épuiser les ressources en eau déjà rares et accentuer les problèmes environnementaux comme le déboisement et l’érosion.

Haïti, après des années de conflits et d’instabilité politique caractérisée par des coups d’état, des émeutes et des affrontements politiques, est en train de connaître des avancées. La Police Nationale d’Haïti, avec le

support de la Mission de Stabilisation des Nations Unies (MINUSTAH), a amélioré la situation sécuritaire et les taux de kidnapping ont grandement chuté Le changement climatique, cependant, menace de saper tout progrès. L’année dernière, en 2008, quatre ouragans et tempêtes tropicales, Fay, Gustave, Hanna et Ike, ont frappé cette île montagneuse située dans la Caraïbe en l’espace de quelques semaines, brisant les vies de millions de gens, les pauvres étant les plus durement frappés. Avec très peu de répit entre les cyclones, la petite île arrivait à peine faire face.

Haïti se trouve sur la trajectoire des ouragans dans la Caraïbe. Ses habitants sont vifs et ils ont de l’endurance et quoique habitués à essuyer des ouragans et des tempêtes tropicales, beaucoup de fermiers, de pêcheurs, de leaders locaux et d’officiels du gouvernement ont remarqué que ces ouragans semblaient devenir plus forts et les pluies plus abondantes. Les bassins versants des mornes déboisés ont augmenté la vulnérabilité du pays aux tempêtes alors que l’eau, la boue, la vase dévalent les pentes inondant les plaines côtières et recouvrant les maisons et les gens de boue entièrement. Les rivières débordent souvent des berges et les lacs sont en crue. Avec plus de 98 pour cent

des arbres abattus au cours des dernières décennies, le déboisement représente un défi majeur; plus précisément, les arbres sont coupés pour produire du charbon de bois utilisé en cuisine par plus de 70 pour cent de la population.

Lors des tempêtes et ouragans de l’année dernière, des récoltes, des maisons et des animaux ont été emportés, des routes et des ponts endommagés, des canalisations d’eau et des établissements scolaires détruits. Les dégâts se sont fait ressentir à l’échelle nationale, affectant environ 900.000 personnes. Gonaïves, troisième ville du pays par sa démographie, a été la plus touchée –—elle s’est retrouvée enterrée sous la boue qui a tué plus de 450 personnes. Des milliers d’autres se sont retrouvées sans abris et sans nourriture. Les moyens de subsistance déjà précaires ont été éliminés. Des diminutions soudaines de revenus causées par le mauvais rendement des terres ont rendu plus de familles vulnérables. Normalement, beaucoup de familles auraient vendu au marché leur surplus de production de haricots et de maïs, mais, l’année dernière, la majorité n’avait rien à vendre. En fait, ils n’avaient rien à manger vu que la plupart de leurs récoltes ont été détruites: il y a donc eu la faim généralisée. Beaucoup survivent jusqu’à présent grâce à l’aide alimentaire.

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Les pertes au niveau de l’agriculture s’élèvent à environ US$ 229 millions1 et on évalue les dégâts à 15% du PNB2 – ce qui rend difficile le progrès économique futur. Actuellement, environ un tiers de la population se trouve en insécurité alimentaire et Haïti importe déjà environ 40% de sa nourriture3. Le prix des produits alimentaires a explosé de 40 pour cent en 20084 provoquant des émeutes de la faim en avril (et éventuellement la chute du gouvernement). En tant que pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental, avec la majorité de la population souffrant déjà d’extrêmes privations et presque 80 pour cent vivant avec US$2 par jour, Haïti est extrêmement vulnérable aux risques inhérents au changement climatique.

Il est impossible de dire que chaque phénomène météorologique extrême est causé par le changement climatique, mais de nombreux scientifiques sont maintenant d’accord sur le fait qu’il est probable que les phénomènes météorologiques extrêmes comme les ouragans deviennent plus violents, même quand ils ne deviendraient pas nécessairement plus fréquents. Le changement climatique est en train de créer des conditions propices pour une augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes. La formation d’un ouragan

1 CNSA, Interview avec le Département de Sécurité Alimentaire, Déc 20082 Appel Flash de l’ONU pour Haiti, 20083 CNSA, Interview avec le Département de Sécurité Alimentaire, Déc 20084 Appel Flash de l’ONU pour Haïti, 2008

est un processus hautement complexe mais, en fin de compte, tous les ouragans tirent leur force de la chaleur des océans—et les océans du monde sont en train de se réchauffer à cause du réchauffement climatique. Des tempêtes plus intenses avec des vents dominants d’une plus haute intensité ainsi que des pluies plus fortes vont probablement se produire. Le réchauffement climatique peut ne pas en être l’unique cause—mais il en constitue l’un des facteurs.

L’incertitude ne justifie pas l’inaction. Les gens à travers le monde se trouvent obligés de s’adapter aux risques climatiques—les plus affectés sont les fermiers pauvres en milieu rural, les habitants des bidonvilles urbains et ceux qui vivent dans les zones sujettes aux sécheresses et aux inondations. Haïti a toujours été et continuera à être frappée par les ouragans et il est probable qu’ils deviendront plus forts dans les années à venir. D’où, la nécessité pour les gens pauvres de s’adapter tant aux menaces existantes qu’à cet avenir incertain, et cela n’a jamais été aussi urgent que maintenant. Ce qu’il faut c’est une adaptation ‘‘sans regrets’’ – des mesures que les gens peuvent prendre et qui pourront les aider à résister aux chocs climatiques d’aujourd’hui et à tout ce que l’avenir leur réserve.

Les pays sous-développés comme Haïti sont les plus sujets tant aux chocs climatiques existants qu’au changement climatique. Leur économie s’appuie sur des secteurs

qui dépendent immédiatement du climat, comme l’agriculture, la pêche, mais ils sont également les moins capables de faire face aux impacts des phénomènes météorologiques extrêmes. Les gens pauvres qui ne disposent pas de ressources pour s’adapter et qui n’ont pas les capacités nécessaires pour le faire sont ceux qui sont particulièrement à risque. Ce sont les gens les plus pauvres qui sont les plus affectés dans ces cas-là. Les femmes dans les communautés pauvres seront particulièrement affectées à cause du rôle qu’elles assument dans les ménages et qui consistent à fournir les repas, l’eau et du bois pour le feu. L’impact du changement climatique peut également retarder les progrès dans le domaine des droits de la femme et saper les perspectives de développement—d’où l’urgence de renforcer les capacités d’endurance des femmes tout comme celle des hommes dans les communautés vulnérables5.

Il incombe aux pays développés de fournir les fonds pour l’adaptation vu qu’ils sont les premiers responsables de l’actuel réchauffement climatique à partir de leurs émissions de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre. Laisser les pauvres du monde affronter les risques et les désastres avec leur maigres ressources est moralement honteux et peut bien se révéler indéfendable au regard de la loi. Ce rapport donne une

5 Oxfam International, 2007, Note de briefing d’Ox-fam : Financer l’adaptation: Pourquoi la Conférence de l’ONU à Bali sur le Climat doit mandater la recherche de nouveaux fonds

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perspective sur la vie des hommes et des femmes pauvres dans le cadre du changement climatique, dans un pays comme Haïti qui est déjà l’un des pays les plus pauvres du monde, et les défis auxquels ils font face actuellement—et continueront à faire face dans l’avenir. Des recherches ont été réalisées dans plusieurs zones du pays, de Belle-Anse dans le sud-est, en passant par Nippes dans le sud, jusqu’au Cap-Haïtien et les localités avoisinantes du nord.

Beaucoup de gens à travers tout le pays croient que, comparé à 20-30 ans plus tôt, le climat est déjà en train de changer, avec des périodes sèches plus longues, des pluies plus courtes mais plus abondantes et des ouragans plus fréquents et plus forts. Les habitants des Nippes et de Belle-Anse ont particulièrement peur de la force des ouragans vu qu’ils sont sur la ligne de front et qu’ils n’ont même pas eu la chance de récupérer après le dernier. Beaucoup d’entre eux affirment qu’ils ont du mal à croire à quatre terribles ouragans et tempêtes les uns tout de suite après les autres. Même les anciens du village ne se rappellent pas en avoir vu autant se produire en si peu de temps et autant de destruction et de misère. Beaucoup de gens en Haïti se sont préparés à l’idée que des ouragans similaires de même intensité frapperont encore cette année et l’année prochaine—mais ils sont mal équipés pour le prochain tour.

Cependant, ces mêmes personnes sont des acteurs cruciaux pouvant agir en conséquence. Par exemple,

dans la municipalité de Bahon où il y a fréquemment des inondations, les communautés ont montré qu’elles pouvaient travailler avec le gouvernement local et être activement impliquées dans la réduction des risques de désastres, ainsi que dans la recherche de nouvelles solutions pour s’adapter au changement climatique. A travers des activités de sensibilisation et la mise sur pied d’une équipe de sauvetage, elles ont prouvé que beaucoup de vies pouvaient être sauvées et que l’inondation provoquée par la rivière débordant de ses berges ne devait pas nécessairement résulter en un désastre. Un mur a été construit pour empêcher l’eau d’inonder la route qui est la seule voie d’accès pour des évacuations d’urgence—et également pour protéger le marché local, principal moteur de l’activité économique de Bahon. La participation de la communauté, l’appropriation des programmes et les actions qu’elle a prises en vue de réduire l’impact des désastres sont cruciales pour le succès de l’adaptation et la réduction des risques de désastres.

Quoique ses ressources et ses capacités soient limitées, le gouvernement joue également un rôle important dans la réponse en cas de désastre à travers le Système National de Gestion des risques et des désastres. C’est un réseau national—formé de comités locaux, municipaux et départementaux qui, eux-mêmes, comprennent des officiels du gouvernement au niveau local et des représentants de la

société civile—chargé de préparer les communautés aux désastres et de fournir un appui en cas de désastre.

Sur la scène internationale, les émissions des pays riches — Etats-Unis, Europe de l’Ouest, Canada, Australie, et Japon – sont responsables, dans le passé, de la majorité des émissions de carbone au niveau mondial qui génèrent des répercussions aujourd’hui. Les pays développés sont responsables d’environ 76 pour cent des émissions de gaz à effet de serre déjà rejetées dans l’atmosphère.

En 1992, ces pays se sont engagés à ramener leur émissions annuelles aux niveaux de 1990 d’ici 2000. Au lieu de cela, vers 2005, ils ont laissé leurs émissions collectives dépasser de plus de 10 pour cent les niveaux de 1990. Leur apathie a augmenté le risque de réchauffement climatique, qui a excédé la barre critique de 2 degrés C6.

De plus, l’inaction peut maintenant coûter, d’après la Revue Stern, jusqu’à 20 pour cent du PNB mondial7. Il est donc essentiel que les pays riches, les premiers pollueurs et les plus capables de faire des réductions, agissent en premier lieu pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre – et minimisent au maximum. Mais, à cause de l’augmentation de la chaleur des

6 Maux du Climat et Droits Humains, Document de Briefing d’Oxfam, Sept. 20087 Revue Stern: Le Côté Economique du Changement Climatique, 2006

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Joseph Saintuillus est cultivateur et vit dans une petite localité en dehors du Cap-Haïtien, dans le Nord d’Haïti. L’ouragan Ike a détruit de nombreuses maisons ainsi que des récoltes, laissant les gens dépendants de l’aide alimentaire. ‘‘C’était le soir, vers 9h, quand l’ouragan Ike a frappé. Ma femme et moi dormions dans une pièce et mes cinq enfants dans une autre. Nous avons tout à coup entendu un grand bruit et un arbre s’est abattu sur notre toit—il avait venté toute la semaine. Maintenant, nous devons tous vivre dans une pièce—ma femme et mes cinq enfants. Nous avons toujours notre plantation de bananes mais je ne peux pas consacrer beaucoup d’attention à ma ferme parce que je suis préoccupé à cause de la maison. Je n’ai pas d’argent pour la reconstruire. Jusqu’à présent, j’ai reçu un peu de nourriture et un peu de riz fournis par l’aide ainsi qu’un peu d’aide du côté du maire local.’’

Mais l’avenir de Joseph, tout comme celui de millions d’agriculteurs en Haïti, est loin d’être certain. © Abbie Trayler-Smith/Oxfam.

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océans et de l’atmosphère, le changement climatique continuera de toute manière même si on réduit maintenant les émissions. De ce fait, l’adaptation et l’aide en cas de désastres sont également indispensables. D’après des études réalisées à ce jour, Oxfam estime au minimum que $50 milliards de dollars d’investissement publics seraient nécessaires annuellement pour faciliter à la fois l’incontournable mitigation (réduction des emissons) et – élément crucial – les actions d’adaptation dans les pays en voie de développement. Bien qu’il s’agisse d’une grosse somme, elle est plusieurs fois inférieur aux $4 milliards de dollars dépensés par les pays développés sur la crise financière à ce jour, ou aux 1,3 milliards de dollars de dépenses militaires mondiales par année. Les propositions à ce jour sont bien en deçà de générer le financement nécessaire dans ce domaine, et n’intègrent pas suffisamment les principes fondamentaux de responsabilité (pour les émissions historiques) et la capacité (de payer) à déterminer qui paie quoi.L’adaptation—qui doit être intégrée dans la planification nationale—peut renforcer l’endurance des communautés vulnérables afin que les inondations, les sécheresses, l’augmentation du niveau des mers et les ouragans ne sapent pas automatiquement leurs droits à la vie, à l’alimentation, à l’eau, au logement et à la santé. Mais, en cas de désasres, l’aide d’urgence en cas de désastres restera essentielle au cas où des phénomènes tels que les

tempêtes tropicales et les ouragans frappent. Avec son statut de Pays Moins Avancé (PMA), Haiti a également développé son propre Plan d’Action National d’Adaptation (PANA) à travers le Ministère de l’Environnement. Les PANA fournissent un cadre permettant aux PMA d’identifier les activités prioritaires qui répondent à leurs besoins immédiats de s’adapter au changement climatique. D’après le PANA, les risques liés à l’eau (ouragans, inondations, fortes pluies) associés à l’érosion affectent le plus grand nombre de régions géographiques et ces risques doivent être priorisés dans le développement de stratégies d’adaptation. Cependant, il y a des défis majeurs -- on reconnaît également dans le PANA qu’Haiti connaît une situation politique instable, souffre de graves raretés de produits alimentaires et, en tant que PMA, ne dispose pas de ressources afin de financer le PANA. Haïti ne devrait pas non plus en avoir. Les pays riches qui ont causé le réchauffement climatique actuel ont la responsabilité et la capacité de fournir l’essentiel des fonds a la fois pour les PANA et pour les plans d’adaptation à long terme afin de remédier à l’injustice internationale au cœur du changement climatique - l’injustice que les PMA comme Haïti dont les émissions de carbone sont relativement négligeables sont en train de porter le plus gros fardeau des effets des changements climatiques. Les pays sous-développés sujets

aux désastres, particulièrement, les pays les moins développés et les petits états insulaires comme Haïti requièrent une aide en matière d’adaptation par rapport aux urgences particulières en raison de leurs vulnérabilité et niveaux de risques plus élevés, et également de leur capacité considérablement plus faible à apporter une réponse et à récupérer après les désastres.

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Recommandations

1. Assurer les moyens de subsistance au niveau local et promouvoir la reconnaissance du savoir local et les activités de sensibilisation. La gestion des risques de désastres doit être intégrée dans les interventions au niveau de l’agriculture, guidant les agriculteurs locaux vers des solutions durables à la dégradation du sol en renforçant les capacités existantes du côté des agriculteurs. Cela doit tenir compte de la nécessité pour les fermiers d’assurer leurs moyens de subsistance d’une manière qui implique des actifs financiers et des bénéfices sous forme de production agricole.

2. Identifier, développer et fournir un appui aux initiatives de reboisement. Les projets de reboisement sont cruciaux pour l’adaptation au changement climatique. Planter des arbres permettra de ralentir les ouragans et la course de l’eau qui descend des mornes lors des fortes averses et contribuera également à la conservation des sols.

3. Diversifier les variétés d’arbres dans les initiatives de reboisement. Planter des arbres fruitiers sur les côtés signifiera également une source d’alimentation et renforcera la sécurité alimentaire.

Les gens peuvent manger les fruits ou bien les vendre au marché.

4. Encourager les cultures appropriées aux bassins versants afin d’éviter que la couche arable ne se détache et soit emportée par les eaux de pluie.

5. Explorer et mettre en place des modèles appropriés de gestion pour la sylviculture. Tant qu’il n’y

aura pas d’alternative en terme de source d’énergie commercialisable en Haïti, la demande en charbon de bois restera élevée à travers le pays

et les gens continueront à abattre des arbres afin de satisfaire cette demande. Le gouvernement doit explorer des modèles de gestion pour la sylviculture- y compris des projets de reboisement clés —qui soient appropriés et adaptables au contexte national. Réglementer la coupe des arbres et fournir un appui aux initiatives qui font la promotion de méthodes de coupe de

bois respectueuses de l’environnement doit être au cœur de n’importe quel modèle du genre.

6. Faire des recherches sur des combustibles alternatifs au bois comme combustible alternatifs au bois et en faire la promotion. Des ressources et du temps devront être investis dans l’expérimentation de nouvelles cultures capables de produire de l’énergie tout en mitigeant les effets négatifs du déboisement des mornes. Cela permettra également d’augmenter les revenus des agriculteurs et de

conserver les espaces boisés.

7. Introduire des technologies afin d’améliorer et de contrôler la

Haiti est située dans la trajectoire des cyclones et est par conséquent sujet à subir des désastres naturels entre juin et novembre. © Jeff Schmaltz, Nasa’s Modis Rapid Response Team

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Le reboisement est crucial pour l’adaptation aux changements climatiques. © Anita Swarup/Oxfam

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production de charbon de bois. Tout en travaillant à identifier et introduire des sources d’énergie alternatives, il faudra également introduire de nouveaux procédés de production de charbon afin de diminuer les pertes dans le processus et rendre l’utilisation de ce type d’énergie plus efficiente.

8. Diversifier les sources de revenus. Il est impératif de trouver une alternative à la fabrication et la vente de charbon de bois comme source de revenu. Les femmes aimeraient un appui pour de petits commerces. Les pêcheurs dans les zones éloignées comme Belle-Anse bénéficieraient de projets de pisciculture dans des lacs naturels et des lagons afin de pouvoir vendre du poisson dans les marchés des villes avoisinantes.

9. Utiliser le changement climatique comme tremplin pour élargir les programmes de réduction de risques et identifier les processus par lesquels les objectifs en matière de réduction de risques peuvent progresser, par exemple, à travers le PANA.

10. Définir le cadre et réaliser des recherches au niveau local et national ainsi qu’une planification de politiques sur l’adaptation basée sur les besoins des gens pauvres. L’impact économique et social du changement climatique sur les gens pauvres doit être au premier rang dans toute recherche et formulation de politiques. Toute planification relative au changement climatique doit tenir compte des stratégies de renforcement des moyens de subsistance, des évaluations de la

vulnérabilité réparties par classe sociale et des capacités de gestion des risques de désastres – tout cela au niveau local.

11. Faire la promotion de la réduction des désastres au niveau local en appuyant des stratégies pour y faire face qui soient axées sur les communautés. Cela est plus efficace et a des bénéfices qui vont au-delà du fait de s’attaquer simplement aux désastres provoqués par le climat. Une bonne adaptation est importante pour le développement. Les efforts locaux d’adaptation et les mesures de réduction de risques de désastres doivent être renforcées, et quand cela s’avère possible, élargies au niveau départemental et national. Les femmes doivent être au centre des réponses apportées au niveau des communautés vu qu’elles sont déjà très efficaces au niveau de certaines communautés dans la mobilisation de la participation locale et dans l’exécution.

12. Intégrer la planification climatique à travers les Directions départementales. Les inquiétudes au sujet du changement climatique ne doivent pas être isolées dans un secteur particulier comme l’environnement mais intégrées dans tous les secteurs – l’agriculture, la pêche, le commerce, le transport, l’énergie, etc.

13. Intégrer l’adaptation dans la planification du développement national. Les politiques d’adaptation au changement climatique doivent être intégrées dans la planification

à long terme pour des politiques de développement durable et de réduction de la pauvreté. Il faut également un lien plus fort entre l’adaptation au changement climatique et la réduction des risques de désastres.

14. Augmenter la recherche spécifique au changement climatique. On doit développer, de concert avec les petits agriculteurs, de meilleures connaissances sur le développement de cultures ou de races animales capables de résister aux inondations et aux sécheresses ainsi que sur l’agriculture appropriée aux zones montagneuses affectées par l’érosion.

15. Augmenter la sensibilisation et le renforcement des capacités. Il y a un besoin pressant d’augmenter les campagnes de sensibilisation du public et de renforcer les capacités du côté des acteurs clés concernés et des principaux leaders au niveau des localités, des communes et des départements.

16. Faire la promotion du développement d’une stratégie régionale Caraïbéenne de Changement Climatique afin de s’attaquer aux impacts du changement climatique et à l’adaptation. Le problème est si complexe et crucial qu’on doit partager les expertises. Il faut également un organe caraïbéen pour mener des études sur le changement climatique.

17. Faire du lobby auprès de la communauté internationale pour le support financier nécessaire à

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l’adaptation. Etant un PMA (Pays Moins Avancé) avec de sérieux problèmes politiques, Haïti ne peut pas mobiliser les fonds nécessaires pour mettre en oeuvre l’adaptation au changement climatique, telle que définie dans sa première version du PANA (Plan d’Action National d’Adaptation) et au-delà. Haïti ne devrait pas non plus en avoir. Les pays riches qui ont causé le réchauffement climatique actuel ont la responsabilité et la capacité de fournir l’essentiel des fonds a la fois pour les PANA et pour les plans d’adaptation à long terme afin de remédier à l’injustice internationale au cœur du changement climatique.Des financements internationaux pour l’adaptation seront nécessaires pour permettre tout un ensemble de mesures, en commençant par des initiatives menées par les communautés et des stratégies de réduction des risques de désastres pour arriver à la planification nationale à long terme et la protection sociale face à des impacts inévitables. Le changement climatique doit maintenant être intégré dans toutes les politiques de développement. 18. Être un PMA (Pays Moins Avancé) face à de graves problèmes politiques, Haïti ne peut pas mobiliser les fonds nécessaires pour mettre en œuvre l’adaptation aux changements climatiques, comme indiqué dans la première étape du programme national d’adaptation de l’action, et au-delà.Haiti n’a pas non plus le droit de le faire. Les pays riches qui ont causé le réchauffement climatique en cours a la responsabilité et la

capacité de fournir l’essentiel des fonds afin de remédier à l’injustice au cœur du changement climatique. Le financement international pour l’adaptation sera nécessaire pour permettre à un large éventail de mesures, d’initiatives menées par la communauté et les stratégies de réduction des risques de catastrophe à long terme de la planification nationale et de la protection sociale face à l’inévitable impact. Le changement climatique doit désormais être intégrée à l’ensemble des politiques de développement.

19. Faire un plaidoyer pour la création de cartes détaillées et d’outils avec lesquels évaluer les impacts du changement climatique. Il y a un besoin urgent du côté de la communauté internationale de développer des cartes détaillées des impacts complexes du réchauffement climatique, qui intègrent les risques liés au changement climatique avec d’autres vulnérabilités. Il y a une compréhension limitée quant aux approches et outils qui pourront maximiser les capacités d’endurance aux niveaux local, national et régional. Par exemple, la santé où les maladies transmises par vecteur, par l’eau et les maladies respiratoires ont toutes démontré des liens avec les changements climatiques – et les changements climatiques ont un impact sur l’agriculture qui à son tour affecte la nutrition.

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Changement Climatique: Passé, Présent et FuturHaïti est un petit pays montagneux situé dans la moitié occidentale de l’île d’Hispaniola, dans la Caraïbe tropicale. Elle est géographiquement située dans un couloir emprunté par les ouragans et, de ce fait, est sujette à de violentes tempêtes tropicales de juin à Novembre. Les observations faites sur place par les agriculteurs, les pêcheurs, les leaders des localités, les conseillers municipaux et le gouvernement national montrent qu’ils sont tous d’avis que les ouragans ont augmenté en intensité et en fréquence, pour atteindre en 2008 quatre ouragans et tempêtes tropicales en l’espace de quelques semaines.

‘‘C’est une crise, nous n’avons jamais eu auparavant quatre ouragans les uns tout de suite après les autres’,’ dit Jean Robert Jean, un planteur de maïs à Pichon, dans le sud-est d’Haïti. Selon Vincent Jamil, coordonnateur du Comité Départemental de Gestion des Risques des Désastres (CDGRD) et Délégué du Département des Nippes, ‘‘la violence des ouragans a empiré cette année. Nous n’avons pas l’habitude de voir des ouragans d’une telle force, les uns tout de suite après les autres, c’est la première fois’’. Patrique Télémague, Maire de la Petite Rivière de Nippes, dit ‘‘Cette année était particulièrement

mauvaise parce qu’il y a eu quatre ouragans. C’est une situation d’urgence, l’année prochaine, nous ne pourrons peut-être pas survivre’’.

La formation d’un ouragan est un processus complexe et les scientifiques du climat ne sont pas tous d’accord sur le fait que les ouragans augmenteront en intensité à cause du réchauffement climatique. D’autres croient, cependant, que les faits actuels suggèrent que le changement climatique provoquera probablement des ouragans plus forts. D’après un rapport récemment préparé par le programme scientifique américain sur le changement climatique, le potentiel destructif des tempêtes tropicales et des ouragans de l’Atlantique, tel que mesuré par l’Index du Pouvoir de Dissipation (qui combine l’intensité, la durée et la fréquence d’une tempête) a augmenté (voir Tableau 1).

Selon ce qu’il indique:‘‘Il est probable que les chiffres annuels des tempêtes tropicales, des ouragans et des cyclones majeurs dans l’Atlantique du Nord aient augmenté au cours des 100 dernières années, période au cours de laquelle les températures de la surface de la Mer Atlantique a également augmenté. Il est très probable que l’augmentation des gaz à effet de serre provoquée par

l’homme ait également contribué à l’augmentation des températures de la surface de la mer et aux zones de formation des ouragans’.’

Pour les ouragans de l’Atlantique du Nord et du Pacifique du Nord, il est probable que les pluies accompagnant les ouragans et les vitesses du vent augmenteront en réaction au réchauffement climatique provoqué par l’homme. Les analyses des cas de simulations suggèrent que pour chaque degré C d’augmentation de la température de la surface de la mer tropicale, les principaux taux de précipitation augmenteront de 6 à 18 pour cent et les vitesses des vents de surface des ouragans les plus forts augmenteront d’environ 1 à 8 pour cent.

De nouvelles analyses dans le journal scientifique Nature8, rapportent que les vitesses maximales des vents accompagnant les ouragans les plus forts ont augmenté et que les ouragans sur l’Atlantique sont en train de devenir plus fort dans l’ensemble, avec une tendance sur 30 ans en rapport avec l’augmentation des températures des océans dans l’Océan Atlantique et ailleurs. Il indique: ‘‘Nos résultats sont

8 Nature, 4 Sept 2008, L’intensité croissante des cyclones tropicaux les plus forts

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En saison sèche on peut aisément traverser une rivière tandis qu’en période de pluies les débordements peuvent causer de graves dommages et isoler les communités éloignées. © David Viñuales/Oxfam

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Avec les pluies torrentielles les terres arables sont précipitées des montagnes pour aller se deposer dans les lacs et rivières. © David Viñuales/Oxfam

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qualitativement cohérents avec l’hypothèse qu’au fur et à mesure les mers se réchauffent, l’océan accumule plus d’énergie à convertir en vent de cyclone tropical.’’

D’après le quatrième rapport d’évaluation du Changement Climatique du Comité Intergouvernemental sur le Changement Climatique (CICC), quoiqu’on attende encore des preuves convaincantes quant aux données enregistrées et observées dans le changement de comportement des ouragans tropicaux, une synthèse des résultats des modèles récents indique que, pour le climat plus chaud qu’il y aura dans l’avenir, les ouragans tropicaux montreront une vitesse record accrue des vents et des averses plus terribles et plus abondantes.

‘‘Il est probable que les intensités maximales des vents accompagnant les ouragans tropicaux s’intensifient de 5 à 10 pour cent d’ici l’année 2050. Avec ce scénario, les taux records de chutes de pluie pourraient augmenter de 25 pour cent par suite des augmentations des intensités maximales des vents accompagnant les ouragans tropicaux, ce qui à son tour provoquera une plus grande poussée de tempêtes’’9.

Paradoxalement, alors que les tempêtes peuvent devenir plus fortes—et en Haïti, quand il pleut, cela tend à être très abondant—les agriculteurs peuvent se trouver

9 IPCC, 2007, Quatrième Rapport d’Evaluation,, Impacts, Vulnérabilité, Adaptation et Vulnérabilité

confrontés à plus de sécheresses en conséquence du changement climatique parce que, dans l’ensemble, il est probable que le nombre de jours de pluie diminue. Les estimations pour 2030 sont revues à la baisse, de -5,9 à -20 pour cent de jours de pluie et pour 2060, de -10,6 à -35,8 pour cent de jours de pluie10, Et les gens disent que le schéma des précipitations est également en train de changer et que les saisons ne sont plus très distinctes—causant des problèmes aux agriculteurs qui ne savent plus quand planter.

D’après le PANA, il y a aussi des faits qui prouvent que les températures sont en train d’augmenter et que les périodes de sécheresse sont en train de devenir plus longues. Beaucoup de fermiers, de conseillers locaux et de leaders interviewés ont parlé de longues périodes sèches et chaudes qui n’existaient pas auparavant. Les données du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR) montrent que durant la période de 1973 à 2003, à Damien où la Faculté d’Agronomie à Damien, un endroit de la Capitale, où la Faculté d’Agronomie de l’Université d’Etat d’Haïti est située dans la capitale de Port-au-Prince, la température s’est élevée de plus de 1 degré Celsius (voir tableau 2). Les données ont permis de prévoir la température pour les années 2030 et 2060—il est prévu une hausse de température respectivement de 0,8 degrés Celsius à 1,0 degré Celsius et de 1,5 degrés

10 PANA, Ministère de l’Environnement, 2006

Celsius à 1,7 degrés Celsius. Et pour la région caraïbe dans son ensemble, il y a eu une augmentation de 8 pour cent du nombre de nuits très chaudes et une augmentation de 6 pour cent du nombre de journées caniculaires pour la période 1958-199911.

Les schémas climatiques régional et mondial ont changé à travers l’histoire de notre planète. Avant la Révolution Industrielle, ces changements avaient des causes naturelles mais depuis la fin des années 1800, les scientifiques croient que les changements ont été surtout dûs à des augmentations dans l’atmosphère de concentrations de dioxyde de carbone et d’autres traces de gaz à effet de serre provoqués par les activités humaines, gaz issus de la combustion de combustible fossile et les changements dans l’utilisation des terres.

La plus grande partie des gaz à effet de serre proviennent des émissions des Etats-Unis, de l’Europe, de l’Australie et du Japon. Haïti n’est responsable que d’une infime partie des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, mais en tant que petit état insulaire, elle sera probablement l’un des pays les plus affectés par le réchauffement climatique.

11 Extrêmes Météorologiques et Climatiques dans un Climat Changeant, Amérique du Nord, Hawaï, Caraïbes et Iles Américaines du Pacifique, Program-me Scientifique Américain pour le Changement Climatique, Produit de Synthèse et d’Evaluation 3.3, Juin 2008

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Changement Climatique, Environnement et PauvretéHaïti est particulièrement vulnérable aux chocs climatiques en raison de la pauvreté, d’un gouvernement faible et d’un manque d’infrastructures.

Cependant, après des années de conflits et d’instabilité politique caractérisées par des coups d’état, des émeutes et des affrontements politiques, Haïti est en train de connaître des avancées. La Police Nationale d’Haïti, avec le support de la Mission de Stabilisation des Nations Unies (MINUSTAH), a amélioré la situation sécuritaire et les taux de kidnapping ont grandement chuté. Depuis la transition politique en 2004, l’économie est également en train de se reprendre graduellement. Le Produit National Brut (PNB) a augmenté de 2,3 pour centen 2006 et, après beaucoup d’années de déclin continu, le PNB per capita a augmenté de 0,7 pour cent12. Cependant, le changement climatique a le potentiel de saper tout progrès qu’Haïti puisse faire—l’année dernière, la série d’ouragans a coûté à Haïti 15 pour cent de son PNB13.

En Haïti, pour plusieurs raisons, dont le manque de financement et l’absence de gestion des ressources naturelles, il y a eu un déboisement

12 BID Stratégie Nationale pour Haïti 2007-2011, Banque Interaméricaine de Développement13 Appel Flash de l’ONU pour Haïti, 2008

à outrance – ce qui a aggravé l’impact des fortes pluies, créant de ce fait plus de pauvreté (à partir des inondations répétées qui ont détruit les récoltes et les moyens de subsistance et augmenté la vulnérabilité des gens pauvres). Aujourd’hui, il reste moins de 2% de couverture forestière. Entre 1990 et 2000, Haïti a perdu le taux effarant de 44 pour cent de la totalité de sa couverture végétale14 . ‘‘Il y a de cela très longtemps, quand vous regardiez la montagne, elle paraissait verte. Maintenant, elle a l’air d’un désert’’ rapporte Patrique Télémague, Maire de la Petite Rivière de Nippes et Président du CCGRD. Par contraste, sa voisine, la République Dominicaine, située sur la même île, a considérablement moins souffert (20 pour cent de couverture végétale) des mêmes ouragans grâce à une meilleure gestion environnementale et une plus grande couverture végétale.

Quand les forêts disparaissent, l’écran naturel qu’elles forment contre les impacts des tempêtes tropicales en terrain montagneux disparaît. La couche arable est alors facilement emportée par la pluie qui coule du bassin versant et est déposée dans

14 Haïti: Stratégie pour alléger la pression de la demande en carburant sur les ressources nationales de bois comme combustible

les rivières, les lacs et les baies. Par conséquent, les agriculteurs qui vivent dans les mornes se retrouvent progressivement avec moins de terres fertiles à cultiver—bien que des cultures inappropriées et de mauvaises méthodes de culture n’aident pas vu qu’elles appauvrissent la terre. Une grande partie de la terre arable a été emportée vers la mer. Haïti est un pays montagneux dont le plus haut sommet atteint 2.684 mètres. Environ 63 pour cent de son territoire est situé sur des pentes de 20 à 40 pour cent. Donc, l’érosion causée par la sécheresse, les vents, les pluies et les facteurs causés par l’homme, comme le déboisement et la construction anarchique dans les zones urbaines, a conduit à la désertification du territoire15.La principale cause du déboisement en Haïti est la production du charbon de bois comme source d’énergie. Vu que la plupart des gens n’ont pas les moyens d’utiliser l’électricité ou du gaz, le charbon de bois est utilisé par plus de 70 pour cent de la population pour la cuisine. De plus, la coupe des arbres et la vente de bois de chauffe constituent l’un des rares moyens d’existence quand les récoltes poussent mal ou sont difficiles à vendre ou quand il y a peu d’opportunités d’emploi—

15 PANA, Ministère de l’Environment, Haïti, 2006

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Les arbres sont coupés pour faire du charbon. Pour nombre de gens, vendre du charbon est l’unique moyen de gagner un peu d’argent pour la nourriture l’éducation et la santé. © Abbie Trayler- Smith/Oxfam

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particulièrement après les désastres quand les récoltes de nourriture ont été détruites.

Pour beaucoup, vendre du charbon de bois représente le seul moyen de gagner un peu d’argent si nécessaire pour la nourriture, les frais scolaires ou les soins de santé. La majeure partie du charbon est vendue dans les grandes villes ou à Port-au-Prince pour être consommé par les gens qui vivent en milieu urbain. Yverose Derisseau, 22 ans, est une marchande de charbon à Belle-Anse. ‘‘Je n’ai pas les moyens de faire quoi que ce soit. J’en ai besoin pour nourrir ma famille—mes trois enfants. L’ouragan a détruit ma maison, ma récolte de bananes et de maïs. Et la terre n’a pas un si bon rendement’’. C’est une histoire courante que la sienne qui peut être entendue à travers Haïti. Et son panier est vendu pour un prix aussi bas que 60 gourdes—environ US$1,50.

Des projets de reboisement sont considérés comme la première priorité pour tous, en partant de la communauté locale, en passant par le gouvernement local jusqu’au gouvernement national—mais avec des structures de gouvernance faibles, une instabilité politique et un manque de ressources et de capacités, reboiser Haïti pour la ramener à l’état où elle était des décennies plus tôt semble être une tâche décourageante.

Les chocs climatiques créent des cycles de pauvreté. Quand la sécheresse, les pluies torrentielles ou

ménages haïtiens. Ces transferts s’élèvent à un montant total annuel d’environ 800 millions de dollars américains et comptent pour 30 pour cent du revenu des ménages. Quoique les transferts d’argent représentent une source importante de revenus pour beaucoup de familles, l’émigration crée également un manque de travailleurs qualifiés—une fuite de cerveaux. En Haïti, la mitigation peut s’accroître vu que les populations en marge commencent à chercher des moyens de subsistance moins vulnérables dans de nouveaux endroits ou au fur et à mesure qu’elles sont forcées par les désastres de laisser leurs maisons. L’investissement privé est virtuellement au point mort et il y a un nombre restreint d’opportunités d’emploi19.

Haïti est par conséquent déjà très vulnérable à n’importe quel changement climatique à cause de sa pauvreté, de la dégradation de son environnement. En raison de ce dernier, le gouvernement reconnaît bien plusieurs obstacles à l’implémentation de son PANA (Plan d’Action National d’Adaptation) . Il affirme : ‘‘Le pays a connu une situation d’instabilité politique pendant quelques années qui ont généré la peur et le désespoir. Cela signifie que la population aura des réserves et qu’il peut y avoir un faible niveau de participation’’20 .

19 Comparaison des Impacts Socio-Economiques des Désastres Naturels sur les Sociétés Caraïbéennes en 2004, PNUD et ECLAC, 200520 PANA, Ministère de l’Environnement, 2006

les ouragans détruisent les récoltes et les moyens de subsistance, les gens migrent vers des villes plus grandes -la migration rurale-urbaine est un sérieux problème. Souvent, les gens se retrouvent à vivre dans des maisons construites dangereusement sur les flancs des mornes-qui sont eux-mêmes vulnérables aux inondations et glissements de terrain.

Haïti ne peut pas se permettre d’autres pertes économiques causées par les impacts du changement climatique. C’est le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidentale et il se classe 146e sur 177 pays dans l’Indice de Développement Humain du Programme des Nations Unies pour le Développement (2007/2008). Cinquante-quatre pour cent des Haïtiens vivent en dessous de US$1 par jour et 78 pour cent en dessous de US$ 2 par jour. Le taux d’alphabétisation (des personnes âgées de 13 ans et plus) est de 43 pour cent16. Quelque 20 pour cent des enfants souffrent de malnutrition, presque la moitié de la population ne reçoit aucun soin de santé et plus des quatre cinquièmes n’ont pas accès à l’eau potable17. Le revenu réel per capita a chuté de 50 pour cent depuis le début des années 198018 . Les transferts d’argent de la Diaspora constituent la gestion privée de risques la plus importante et le système de protection sociale des

16 http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/LACEXT/HAITI17 Comparaison des Impacts Socio-Economiques des Désastres Naturels sur les Sociétés Caraïbéennes en 2004, PNUD et ECLAC, 200518 ECLAC, 2005, Haïti: Problématiques de Dévelo-pement sur le Court et le Long Terme

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Après plusieurs années de déboisement, la régénération de l’environnement est un défi en Haiti. ©Abbie Trayler-Smith/Oxfam

Cependant, le gouvernement a le mérite d’avoir mis sur pied une structure pour la réponse aux désastres sur laquelle on peut capitaliser et qui peut être renforcée. Le Système National de Gestion des Risques de Désastres en Haïti a la responsabilité d’assurer une bonne coordination dans la gestion des risques de désastres dans le pays. Ce réseau national – formé de comités locaux, municipaux et départementaux qui, eux-mêmes comprennent des officiels du gouvernement au niveau local et des représentants de la société civile—est chargé de préparer les communautés aux désastres imminents et de répondre aux besoins immédiats des communautés, particulièrement en temps de désastres.

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Une superficie réduite et le fait d’être sujettes aux dangers naturels et chocs externes augmentent la vulnérabilité des îles au changement climatique.

Les conditions géographiques rendent Haïti particulièrement sujettes aux menaces et désastres naturels récurrents de nature hydro-météorologique. En tant qu’une petite île dans la Mer des Caraïbes et l’Océan Atlantique, Hispaniola est située dans la trajectoire des ouragans. Là où elle se trouve sur la moitié occidentale montagneuse de l’île, Haïti a des pentes dépassant 20% d’inclinaison qui couvrent presque deux tiers du pays. Par conséquent, la probabilité que des glissements de terrain se produisent en cas de tempêtes ou d’ouragans est élevée—particulièrement quand il y un déboisement très avancé.

Haïti a été frappée par quatre tempêtes tropicales et ouragans en 2008 qui lui ont coûté environ 15 pour cent de son PNB et elle continue à chanceler après leur passage. Beaucoup d’îles de la Caraïbe, y compris les Bahamas, la Jamaïque, la Grenade, les Îles Caïmans et la République Dominicaine ont également beaucoup souffert des ouragans et des tempêtes tropicales. Les statistiques de 2004 à la Jamaique ont indiqué que l’impact s’élevait à 8% du PNB21. Les dégâts dans la région des Caraïbes ont été estimés à 2.2 milliards de dollars américains pour quatre pays: les Bahamas, la Grenade, La Jamaïque et la République Dominicaine22.

21 Comparaison des Impacts Socio-Economiques des Désastres Naturels sur les Sociétés Caraïbéennes en 2004, PNUD et ECLAC, 2005.22 UNFCCC, Changement Climatique: Impact, Vulnérabilités et Adaptation dans les Pays Sous-Développés, décembre 2007

Changement Climatique, Inondations et Cyclones

Source: Centre International Feinstein , 2008, Le Coût Humanitaire du Changement Climatique

Les inondations peuvent également augmenter vu que les précipitations deviennent plus variables et plus fortes. En réalité, au cours des trois dernières décennies, le nombre d’inondations a augmenté radicalement dans beaucoup de parties du monde23. D’après les conclusions d’un rapport récent du Centre Feinstein, ‘‘le changement climatique aura un impact considérable sur les coûts humanitaires et l’augmentation pourrait aller de 32 pour cent, en tenant compte uniquement des changements dans la fréquence des désastres, à une augmentation de 1.600 pour cent en tenant compte d’autres critères comme l’intensité’’24. Et le changement climatique et la vulnérabilité combineront pour

23 IPCC, 2008, Document Technique V1 sur l’Eau et le Changement Climatique.24 Centre International Feinstein, 2008, Le Coût Humanitaire du Changement Climatique.

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provoquer non seulement des désastres simples, immédiats, mais aussi d’autres plus complexes, d’une plus grande ampleur.

Sur une période de trois semaines, entre août et septembre 2008, Haïti a été affecté par les tempêtes tropicales et ouragans Fay, Gustav, Hanna et Ike qui ont provoqué de grandes inondations dans 9 des 10 régions du pays, endommageant des maisons, des routes, des écoles et d’autres infrastructures. L’impact a été ressenti à travers tout le pays. Gonaïves, une ville ayant une population estimée à 350.000 habitants, a été la plus touchée. Ce sont les inondations qui ont causé le plus de dégâts. Elles ont complètement recouvert la ville d’eau et de boue provenant des mornes déboisés. Le niveau de l’eau est monté à deux mètres et une moyenne de 40cm de boue a entièrement recouvert la zone. Dans la ville de Gonaïves même, plus de 450 personnes ont perdu la vie. Des milliers d’autres familles ont été affectées et des milliers de maisons ont été détruites et endommagées. A travers Haïti, beaucoup d’agriculteurs pauvres, de leaders locaux et d’officiels du gouvernement ont eu de la difficulté à faire face après le passage des ouragans. A la fin de 2008, il y a eu une rareté de nourriture à travers tout le pays vu que les récoltes et les animaux ont été emportés et que l’accès aux communautés isolées dans les mornes était difficile.

‘‘Les pauvres ne peuvent plus faire face aux ouragans et maintenant il n’y a pas de période de récupération. Et la famine est répandue vu que l’aide alimentaire ne touche pas tout le monde’’, commente Yolette Etienne, Directrice d’Oxfam en Haïti. L’impact a été encore plus terrible du fait qu’il y a eu peu de temps de récupération entre chaque ouragan—pas de temps pour que l’aide alimentaire et d’autres types d’aide arrivent à toucher tout le monde—surtout vu que les routes avaient été gravement endommagées et les rivières et les lacs étaient en crue, coupant l’accès à beaucoup de villages. Des rivières débordant de leurs berges (charriant beaucoup trop d’eau provenant des bassins versants déboisés) détruisant tout sur leur passage avec l’eau, la boue et des roches est une chose avec laquelle beaucoup de gens en Haïti doivent vivre. Santa Charles vit avec ses quatre enfants près de la Rivière Peredo à Marigot, dans le sud-est d’Haïti. ‘‘L’eau est venue tout d’un coup, nous avions très peur et avions mis les enfants sur le toit. Nous avions eu très peur, avant mais cette année, c’est la première fois que nous avons vu quelque chose de ce genre qui a duré aussi longtemps que 14 jours. Dieu seul nous a gardés vivants’.’

‘‘Je ne peux même pas le décrire, les gens qui ont essayé de traverser la rivière ont péri, nous avons perdu nos récoltes et nos animaux. J’ai perdu 3 cabris et ma mère a perdu 5 cabris, des poules et des cochons. Maintenant, nous nous débrouillons

à peine pour vivre bien que nous souffrons de la faim—avant nous avions à manger à profusion’’. A travers tout le pays, les gens sont terrifiés par les rivières qui débordent de leurs berges et changent leur cours. En 2008, la Rivière Gymby à Belle-Anse a débordé de ses berges et l’année prochaine on craint qu’elle n’inonde la ville. D’après Bernadette Pierre, mairesse de Belle-Anse, ‘‘avec le prochain ouragan, avec la rivière qui change maintenant son cours, la ville n’existera plus et toute la population périra.’’Les zones méridionales comme Belle-Anse et Nippes sont habituellement sur la ligne de front quand les ouragans frappent et elles ont été sévèrement touchées en 2004 et 2008. D’après Bernadette Pierre, mairesse de Belle-Anse, presque 60 pour cent de la population souffrent de la faim aujourd’hui. Mapou est une ville qui a connu de terribles inondations lors des ouragans de 2004; plus de 1.000 personnes ont péri et environ 1.600 ont été portées disparues. Les ouragans ont frappé Mapou encore une fois en 2008. Bartélémy Salnave, un officiel du gouvernement (CASEC) dans la localité de Belle-Anse, située dans le sud d’Haïti, a fait la remarque que l’eau est montée à 1,5 mètres et a détruit beaucoup de maisons et tué beaucoup d’animaux. Mais une chose positive très importante a été que les gens avaient entendu à la radio de Belle-Anse qu’un ouragan arrivait et donc certains se sont arrangés pour rejoindre les abris. Contrairement à 2004, personne n’a perdu la vie.

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L’eau est arrivée soudainement. Nous avions très peur et nous avions placé les enfants sur les toits a dit Santa Charles. ©Anita Swarup/Oxfam

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Changement Climatique et Sécurité Alimentaire L’un des moyens par lesquels des chocs climatiques comme les ouragans, les inondations et les changements de précipitation créent des cycles de désavantages est à travers leur impact sur la production agricole. En 2008, le secteur agricole a souffert des pertes d’environ 229 millions de dollars américains. Quand une sécheresse ou une inondation détruit une récolte, la perte de revenus et de biens qui en résulte peut rendre les ménages incapables de se procurer des semences, des engrais et d’autres intrants nécessaires pour redémarrer la production l’année suivante. En Haiti, beaucoup d’agriculteurs ont rapporté qu’ils n’avaient pas les moyens d’acheter des semences pour les prochaines cultures. En réalité, beaucoup d’entre eux n’ont rien à manger maintenant vu que la majeure partie de leurs cultures a été détruite- il y a l’aide alimentaire, mais même là encore, elle ne touche pas tous les recoins du pays. Dans les années précédentes, beaucoup de familles en Haïti vendaient leur surplus de production, par exemple de haricots et de maïs, au marché mais cette année la plupart d’entre elles n’ont rien à vendre.

‘‘Chaque année, nous avons plus d’ouragans et plus d’ouragans forts et le pays et la population sont plus vulnérables’’, remarque Garry Mathieu, Directeur du Conseil National de

Sécurité Alimentaire.

D’après l’Appel Flash de l’ONU pour Haïti, environ 50.000 familles ont perdu l’accès à leurs moyens de subsistance et réduit leur capacité de générer des revenus monétaires. Les cultures de maïs, de sorgho, de haricot, de manioc et de patates douces ont été détruites dans au moins 75 municipalités des 10 départements du pays. Environ 450 hectares de haricots, 250 hectares de maïs, 200 hectares de pommes de terre et de patates douces et plus de 350 hectares de bananes ont été détruits par les eaux d’inondations, l’érosion et les glissements de terrain. De plus, l’Appel Flash de l’ONU signale que l’abandon des terres cultivables et le déplacement forcé feront empirer l’insécurité alimentaire au cours des mois à venir25. En février 2009, le nombre de personnes en état d’insécurité alimentaire en Haiti a été estimé à 2.8 millions, environ un tiers de la population26.

Des périodes de sécheresse associées à des pluies torrentielles, des vents forts et des pressions sur les ressources naturelles, ainsi que l’érosion dans les zones montagneuses (ce qui rend les terres impropres à l’agriculture) auront

25 Appel Flash de l’ONU pour Haiti, 200826 Fewsnet, Fév 2009, Etat de la Sécurité Alimentaire http://www.fews.net/pages/country.aspx?gb=ht&l=en

des implications sur la production alimentaire dans l’avenir. Jean Frito, coordonnateur de la Croix-Rouge à Belle-Anse, dans le sud-est d’Haiti, note ‘‘il y a plus de sécheresses que par le passé et plus d’ouragans que jamais. Tout le maïs que nous avions est mort quand nous avons été frappés par les ouragans. Ensuite, nous avons eu des pluies torrentielles. Vous pouviez voir cinq jours de pluie de suite sans voir le soleil. Et, bien sûr, la ville a été, par conséquent, inondée.’’

Belle-AnseBartélémy Salnave, un officiel du

‘‘L’eau a emporté la terre fertile et il n’est maintenant pas si facile de faire pousser des bananes, des patates douces et du maïs”. © Anita Swarup/Oxfam

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gouvernement (CASEC) dans la localité de Belle-Anse dit ‘‘Beaucoup de gens ont perdu leurs maisons à Mapou et il y a maintenant plusieurs familles qui vivent dans la même maison,’’ explique-t-il, C’est un cercle vicieux—l’environnement s’est dégradé et les parents ne peuvent pas gagner de l’argent sur les cultures, donc ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école bien que cela ne coûte que 125 gourdes (US$ 3) par mois’’. Les gens ont également perdu leurs semences lors des ouragans et ils n’ont pas les moyens d’acheter d’autres semences nécessaires pour replanter. D’après Bartélémy, Mapou était une zone fertile et un ‘‘grenier’’ alimentaire—haricots, bananes, maïs, sorgho.

Pour Denis Phillip, un boulanger de la zone, les temps sont durs et ses affaires ont baissé de 50 pour cent. Beaucoup de gens n’ont pas d’argent pour acheter du pain. ‘‘C’est une vraie

catastrophe après chaque ouragan puisque la problématique de la faim devient un problème sérieux pour les paysans d’ici’ dit-il, ‘c’est également très dur parce que la terre n’est pas de bonne qualité et quand il pleut, il arrive beaucoup d’eau et elle détruit Mapou’’.Dans la ville avoisinante de Pichon, la situation est grave aussi. Il y avait une sécheresse juste avant les ouragans et les quatre tempêtes qui ont détruit les récoltes, les animaux et les constructions. Ici, presque 2.500 cabris et 500 cochons sont morts. ‘‘C’est une crise, nous n’avions jamais eu auparavant des ouragans tout de suite les uns après les autres. Maintenant, nous sommes vraiment entre les mains de Dieu’’ dit Jean Robert Jean, un agriculteur de la zone.

MalnutritionCependant, la localité avoisinante de Baie d’Orange a été la plus touchée. Après les ouragans, les routes ont été endommagées ou coupées et les animaux et les récoltes détruits. Il n’y avait aucune nourriture disponible ou très peu. Les inquiétudes augmentent quant à la situation nutritionnelle des enfants dans les zones affectées qui n’a seulement commencé à devenir apparente que plusieurs semaines après les désastres, en décembre 2008. Tandis que des communautés entières ont perdu leurs récoltes et leurs animaux et que l’accès aux services de santé et à l’aide d’urgence reste difficile, des poches de cas de malnutrition aiguë et sévère ont commencé à paraître dans beaucoup de communautés isolées.Comme il était impossible de les atteindre durant la période où ils ont été

le plus sévèrement touchés, jusqu’à 34 enfants sont morts de faim et de malnutrition. Oxfam a aidé les autorités locales à apporter une réponse. Plusieurs enfants ont été transportés à l’hôpital par avion. Il est maintenant difficile de croire qu’environ deux décennies plus tôt Baie d’Orange était connue pour être une zone très fertile où on produisait de très grandes quantités de café, de haricots et de maïs.

Tanfan Omanie a perdu l’un de ses enfants cette année. ‘‘Il était très enflé, j’ai été à l’école de la zone où ils donnaient à manger aux enfants et ils ont dit d’amener l’enfant—le jour suivant, je m’apprêtais à amener mon enfant mais il est mort’’. Cette année, elle a tout perdu à cause des ouragans, tous ses haricots et toutes ses chèvres—qui étaient toutes pleines. Maintenant, elle n’a pas les moyens d’acheter d’autres semences de haricots et doit s’appuyer sur la vente de charbon de bois pour survivre. Avant, le charbon représentait un revenu supplémentaire. ‘‘Alors, je devrai dépendre de l’aide alimentaire’’, dit-elle. D’après Jean Louisena, une infirmière bénévole de la zone ‘‘ il n’y a pas de centres de santé ici à Baie d’Orange, quand les enfants tombaient malades, les parents ne savaient pas quoi faire. Alors, certains d’entre eux mouraient tout simplement. C’est la première année où nous voyons les enfants mourir de malnutrition. Et le taux de malnutrition est à la hausse—chaque jour, je vois un nouveau groupe d’enfants’’.

Tanfan Omanie a perdu l’une de ses enfants morte de malnutrition après les ouragans. © Anita Swarup/Oxfam

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NippesDans la région des Nippes, beaucoup de gens pauvres dans les zones rurales attendent encore l’aide alimentaire. D’après Vincent Jamil, coordonnateur du CDGRD et Délégué du Département des Nippes, ‘‘la population des Nippes est très vulnérable, particulièrement pour ce qui est de l’alimentation’’.Durant la période cyclonique, beaucoup de rivières dans les Nippes ont débordé de leurs berges coupant l’accès aux villes et aux villages. Lors des ouragans de l’année dernière, les infrastructures à travers le département ont été sévèrement endommagées, y compris 50 écoles, routes, canalisations d’eau et ponts. En fait, une section de la route principale menant des Nippes à la capitale, Port-au-Prince est jusqu’à présent inondée par les eaux de l’Etang avoisinant Miragoâne—dont le niveau est monté à cause de l’eau provenant des montagnes déboisées. ‘‘Pour ce qui est de l’agriculture, au moins 1 milliard de gourdes ont été perdues dans cette région, des plantations ont été dévastées et c’était la saison des récoltes, le riz et les haricots ont été inondés et les agriculteurs complètement décapitalisés. Et beaucoup de pêcheurs ont perdu leurs matériels—bâteaux, filets, etc.’’, ajoute Vincent Jamil, coordonnateur du CDGRD et Délégué Départemental des Nippes.

‘‘Ce cycle est en train de devenir plus grave, dans le passé nous n’avions pas eu d’ouragan chaque année mais maintenant on en a 3 ou 4 fois par année. La saison sèche est

Joseph Saintillus est un agriculteur et vit dans un petit village se trouvant dans la banlieue de la ville du Cap, au nord d’Haïti. La tempête tropicale Ike a détruit de nombreux maisons et jardins, laissant derrière des gens dépendants de l’aide alimentaire. C’était un soir aux environs de 9pm quand la tempête Ike s’abattait. Ma femme et moi dormions dans une chambre et mes cinq enfants dans une autre. © David Viñuales/Oxfam

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plus longue et par conséquent, il y a un retard également dans le cycle agricole. Ceci est nouveau à cause du changement climatique’’.

Dans la localité avoisinante de Petite Rivière de Nippes, le maire, Patrique Télégue dit que toutes les récoltes de haricots et jusqu’à 80 pour cent des récoltes de bananes et plus de 50 pour cent de la canne à sucre ont été détruites. ‘‘N’étaient-ce les ouragans, le marché aurait été rempli de bananes. Nous sommes l’une des municipalités qui produisaient le plus de bananes que nous avions l’habitude d’envoyer à Port-au-Prince et dans d’autres coins du pays’’.

Sedye Désir est un paysan qui cultive le riz près de la ville de Anse-à-Veau et qui a 6 enfants. ‘‘Lors de l’ouragan, il y a eu une inondation qui a recouvert la plantation de riz—2 ou 3 mètres. J’ai perdu ma récolte—j’ai perdu beaucoup d’argent, ma maison a été détruite, nous avons eu beaucoup de boue et elle a détruit ma maison. Maintenant nous vivons dans la misère et nous n’avons pas assez à manger. Cette année a été la pire de toutes. Il y avait avant une sécheresse qui a ravagé le sorgho. Les choses étaient meilleures quand nous étions jeunes, nous avions toujours beaucoup à manger. Nous avons besoin d’aide, nous n’avons pas un endroit pour vivre et pas de cultures. Les enfants doivent aller à l’école et nous n’avons pas les moyens de payer les frais’’.

Pêche

Le changement climatique peut affecter la pêche défavorablement de plusieurs façons : à partir de dégâts dans les infrastructures ou de changements dans les distributions des bancs de poissons, de changements dans les deltas des rivières et la dégradation des écosystèmes sensibles, comme les marécages et les mangroves. En Haïti, des milliers de bateaux, de filets et d’autres équipements de pêche ont été détruits par les ouragans, rendant difficile pour les pêcheurs de reprendre leurs modes de vie par la suite. ‘‘Après chaque ouragan, nous perdons toutce que nous possédons—bateaux, filets, et nous devons recommencer à zéro’’ dit Sanon Camile de l’Association des Pêcheurs de Belle-Anse.

Pire encore, des milliers de tonnes de terre et de sédiments ont été déposés dans la mer par les rivières en crue et les eaux venant des montagnes déboisées qui emportent avec elles la terre fertile. Vu que traditionnellement, la plupart des poissons sont attrapés avec de petits bateaux près du rivage, la terre et les sédiments provenant des mornes ont repoussé les poissons plus loin en mer. ‘‘La vase entre dans la mer et affecte les poissons qui s’en vont plus loin en mer après les ouragans. Maintenant, il est plus difficile d’attraper le poisson et le poisson devient plus cher au marché’’, note Jean Frito, coordonnateur de la Croix-Rouge dans la zone de Belle-Anse. Les pêcheurs n’ont pas malheureusement des bateaux assez grands pour aller plus loin en mer.

Belle-Anse est une province qui a

été durement frappée et beaucoup de pêcheurs ont dû arrêter leurs activités pendant un certain temps pour permettre aux poissons de recommencer à se reproduire près des rivages. Cette année est particulièrement difficile vu que tous les pêcheurs de Belle-Anse ont dû s’entendre (avec le support d’Oxfam et du bureau du maire de la zone) pour arrêter de pêcher pendant une certaine période afin de permettre aux poissons de recommencer à se reproduire près des rivages.

Sanon Camile, de l’Association des Pêcheurs de Belle-Anse, fait référence à l’impact défavorable des ouragans ‘‘tout ceci a des conséquences graves sur notre vie, nous ne pouvons plus subvenir aux besoins de nos familles. Dans le passé, nous avions eu assezd’argent pour payer les frais scolaires mais plus maintenant—nous n’avons pas perdu que nos activités mais également nos bâteaux et nos filets—donc c’est très dur pour nous d’envoyer nos enfants à l’école’’.

Gethno Chéry, Président de l’Association des Pêcheurs de Belle-Anse souhaite voir des projets de pisciculture dans des lagons ou dans un espace fermé—le poisson pourrait alors être vendu dans les marchés locaux. Il y a des lagons tout près qui permettraient de concrétiser cette idée. Bernadette Pierre, mairesse de Belle-Anse, se fait l’écho de cette idée. Elle voit cela comme une opportunité pour les gens de la zone de gagner un revenu—mais qui nécessite des investissements externes.

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Il est plus difficile pour les pêcheurs d’attraper les poissons après les cyclones étant donné que les sédiments introduits repoussent les poissons plus loin en mer. © Abbie Trayler Smith

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eLes Haïtiens sont un peuple qui a de l’endurance et l’esprit communautaire est fort, particulièrement dans les zones rurales. Certaines personnes au niveau local ont trouvé des façons de travailler ensemble et de contribuer à leur propre sécurité alimentaire.

La Coopérative de Café près de Cap-Haïtien en est un exemple. Il y a 850 membres ayant chacun environ un hectare de café. Faire partie de ce réseau est bénéfique pour les agriculteurs mais, en plus de cultiver du café, beaucoup d’entre eux ont maintenant planté d’autres cultures comme les bananes et les légumes.

C’est une bonne chose pour la sécurité alimentaire et, comme le dit un planteur de café, Jean Felix Celicourt, ‘‘Si la récolte de café se perd, nous pouvons vendre les produits alimentaires’.’ Il est important de diversifier. La production de café a également été affectée par les ouragans et une partie des plantations a été sérieusement affectée en 2008. En 1996 et 1997, ils avaient l’habitude de produire environ 85.000 livres de

café mais aujourd’hui, ils produisent environ un tiers en moins à cause des sécheresses, des ouragans plus forts, des parasites, etc. Jean Felix rapporte que durant ces années-là et même avant ‘‘la terre était meilleure. Maintenant, la terre n’est pas si bonne’’.

De nouvelles méthodes de plantations où on laisse plus d’espace entre les caféiers paraissent meilleures, et permettent aux vents forts de passer à travers, remarque Jean Félix. La diversification et la plantation d’autres cultures sont également importantes.

Malheureusement, cependant, le changement climatique et les hausses de températures auront également un impact sur les cultures comme le café. Garry Mathieu, directeur du Conseil National de Sécurité Alimentaire remarque, ‘‘déjà nous sommes en train de constater l’impact des hausses de températures sur le café. Le café est habituellement produit à 700-1.200 mètres, mais maintenant les agriculteurs doivent aller plus haut pour produire’’.

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Changement Climatique et Réduction des Risques de Désastres Sécheresses, inondations, tempêtes et autres événements climatiques ont le potentiel de perturber la vie des gens, ce qui conduit à des pertes de revenus, d’avoirs et de possibilités. Mais quand des ouragans frappent les Etats-Unis, au moins dans de nombreux cas, les biens sont assurés. Quand les mêmes ouragans frappent les bidonvilles d’Haïti ou inondent les villes côtières, il en résulte des dévastations avec très peu d’argent pour redémarrer.

Les aléas naturels ne sont pas des désastres par définition. C’est l’impact défavorable du phénomène naturel sur la vie des gens, leur vulnérabilité au choc et leur incapacité à faire face qui crée le désastre. Les désastres résultent souvent en une vulnérabilité accrue des pauvres et des défavorisés ou marginalisés à partir de la destruction ou de la perte des biens, les plaçant de ce fait dans une spirale décroissante de pauvreté qui s’approfondit et de risque accru. Pauvreté et vulnérabilité sont intimement liées. Le risque de désastre existe à partir du moment où les dangers interagissent avec les vulnérabilités physiques, sociales, économiques et environnementales. Les phénomènes d’origine hydrométéorologique constituent la grande majorité des désastres27.

27 Conférence Mondiale sur la Réduction des Désa-

Les faits prouvent que les mesures de réduction des désastres contribuent à alléger les souffrances humaines. La République Dominicaine n’a pas exploité ses ressources naturelles de la même manière que son voisin d’Haïti, à qui il ne reste aujourd’hui que seulement 2% de couverture forestière. Bien qu’elle ait été frappée par les ouragans en 2008, la République Dominicaine n’a pas eu le même nombre de victimes ou les mêmes dégâts qu’Haïti.

Fournir un appui pour le renforcement des capacités d’endurance des communautés par rapport aux chocs ainsi que leur sensibilisation sur les menaces que constituent les phénomènes météorologiques extrêmes et l’augmentation de la variabilité des températures sont cruciaux pour réduire les impacts des désastres en Haiti. La préparation aux désastres et la réduction des risques constituent une part cruciale de l’intervention d’Oxfam ; et l’effet que le changement climatique peut avoir sur les communautés vulnérables est l’un des facteurs de risque auquel on doit se préparer pour l’avenir. Les objectifs d’Oxfam dans la gestion des risques de

stres, janvier 2005, Kobe, Hyogo, Japon. Cadre de Travail de Hyogo pour l’Action 2005-2015: Stratégie Internationale de Réduction des Désastres. Extrait du rapport final de la Conférence Mondiale sur la Réduction des Désastres www.unisdr.org/wcdr

désastres consistent à:Renforcer les capacités des • communautés/populations à risque à se préparer pour, faire le pladoiyer pour et mettre en oeuvre des initiatives de réduction des risques sur le long terme.

Rendre les communautés/• populations à risque capables de répondre rapidement et efficacement à une situation de désastre.

Pour prendre un exemple, Oxfam intervient dans la municipalité de Bahon dans le nord d’Haïti afin de réduire sa vulnérabilité à l’impact des inondations et prendre des mesures de réduction des risques. La ville de Bahon a environ 20.000 habitants. Au cours des dernières années, elle a été régulièrement inondée par de fortes averses et par la rivière qui a débordé de ses berges. Il y a en moyenne chaque année trois décès de gens qui essaient de traverser la rivière en crue. Les villageois sont en train d’organiser des équipes de secours et l’objectif maintenant est de construire un mur près de la rivière pour prévenir les inondations. A Bahon, Oxfam a fourni un appui au gouvernement dans la mise en place et la formation d’un comité municipal de gestion des risques de désastres—formé d’agriculteurs, d’infirmières, d’instituteurs et d’autres

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représentants locaux, au nombre de 30 en tout. Des comités locaux de gestion des risques de désastres ont été également mis sur pied dans chacun des départements, ainsi qu’un certain nombre de brigades de recherche et de secours pour la municipalité.Les gens reçoivent une formation et puis ils retournent dans leurs communautés et villages pour aider les autres et les sensibiliser. Dans le cadre du projet, des ingénieurs sont également en train de travailler avec la communauté afin de consolider la rive et protéger l’unique voie d’accès à la ville. Ces activités ont été financées par le Service d’Aide Humanitaire de la Commission Européenne.

Wesley Toussaint est l’animateur de Bahon. ‘‘Tout le monde sait que le climat est en train de changer, donc notre projet de mitigation doit être inclusif. Tout le monde en sera affecté. La réduction des risques de désastres est importante, nous ne pouvons éviter d’être frappés par les ouragans, et cela nous permettra de réduire l’impact. Maintenant plusieurs personnes ont été formées pour faire partie d’une équipe de secours’’.

‘‘Former des gens de la communauté les a aidés. Les gens souffraient des ouragans—ils étaient des victimes. Ils savent que cette formation les aidera à se protéger. Je voudrais certainement voir plus de comités comme ceux-là, vous pouvez voir le changement chez les gens qui sont dans les comités’’.

Louis Delouis est technicien agricole dans cette communauté et un membre dévoué du comité. ‘‘Quand

il pleut beaucoup, nous avons plus de désastres parce que la montagne est nue parce qu’il n’y a pas d’arbres. Si rien n’est fait pour les mornes, ce sera toujours le même problème. Nous devons d’une manière ou d’une

dans la rivière L’Acul des Savanes qui, dans le passé, savait inonder la zone avoisinante. ‘‘Grâce à ce mur, la ville n’a pas été complètement inondée—si nous n’avions pas eu le mur, nous serions tous noyés. Avant la construction du mur, les inondations détruisaient les maisons, tuaient les animaux et laissaient les gens de la zone sans rien. Et les gens savaient mourir’’, a dit Jean Claude Thélismé, du comité municipal de gestion des risques de désastres (CCGRD). Maintenant, l’objectif est d’élargir le mur afin de prévenir des inondations plus en aval de la rivière.

Le Système National de Gestion des Risques de Désastres en Haïti a la responsabilité d’assurer une bonne coordination au niveau de la gestion des risques de désastres en Haïti. Ce réseau national—formé de comités locaux, municipaux et départementaux, eux-mêmes formés d’officiels du gouvernement au niveau local et de représentants de la société civile– a pour rôle d’assurer la préparation des communautés aux désastres imminents et de répondre aux besoins immédiats des communautés, particulièrement en temps de désastres. Oxfam a mis sur pied une série d’activités visant à renforcer le Système National de Protection Civile au niveau local et municipal dans le département, particulièrement dans les municipalités du nord, Cap-Haïtien, Limbé, Bas Limbé, Borgne et Port-Margot, Bahon et Grande-Rivière-du-Nord, et dans les communautés du nord-est, Fort-Liberté, Ferrier, Ouanaminthe et Trou-du-Nord. Oxfam a également réalisé un projet similaire dans les Nippes. L’objectif

Wesley Toussaint est l’animateur de Bahon. © Anita Swaruo/Oxfam

autre empêcher cela— en plantant des arbres ou en creusant quelques canaux’’.

Valéry Laguerre, responsable pour Oxfam de la Réduction des Risques de Désastres au Cap-Haïtien, affirme la nécessité de renforcer les capacités et de continuer à renforcer les gens. ‘‘Le changement climatique est un grand défi pour Haïti ; c’est un pays très pauvre avec peu de ressources—il y a une crise humanitaire’’, ajoute-t-il.

En d’autres coins d’Haïti, Oxfam intervient au niveau de la communauté (à travers le renforcement des capacités et la formation), en érigeant des murs près des rivières qui débordent régulièrement de leurs berges, comme à Anse-à-Veau dans le sud d’Haïti. Ici, l’eau, la vase et la boue arrivent tout droit des mornes et tombent

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La gestion des risques de désastres est une part importante du travail d’Oxfam et la préparation des communautés vulnérables aux effets des changements climatiques doit être prise en compte. Abbie Trayler-Smith/Oxfam.

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en œuvre de plans de gestion des risques et des désastres dans leurs départements respectifs. Ces plans et activités visent à diminuer certains facteurs physiques, environnementaux et/ou socio-économiques qui rendent les zones vulnérables aux désastres environnementaux. Dans le cadre de sa réponse humanitaire et ses réponses après-urgence, Oxfam fournit un appui aux résidents de la communauté pour creuser des fossés afin de réduire l’impact des inondations et le cours des inondations et permettre l’irrigation lors des périodes sèches et des sécheresses. Dans les programmes de Argent-par-Travail à Nippes, plusieurs centaines de gens ont reçu du cash pour creuser des fossés. Beaucoup d’entre eux avaient énormément souffert des derniers ouragans et vu leurs récoltes et leurs maisons détruites. Bon nombre d’entre eux sont des femmes qui doivent trouver un moyen de prendre soin de leurs familles parce que leurs maris sont partis, ont migré ou sont trop malades pour travailler.

Casimir Anese est chef d’équipe dans l’un des programmes de Argent-par-Travail de Petite-Rivière de Nippes. Elle a dû trouver un boulot parce que son mari ne travaille pas et qu’elle doit payer pour la nourriture et les frais scolaires des enfants—mais elle a déjà 10.000 gourdes (environ US$250) de dettes. Elle avait l’habitude de vendre des sous-vêtements au marché local mais son business ne marchait pas et elle ne pouvait pas gagner assez d’argent pour nourrir sa famille. Mais elle est contente d’avoir ce boulot qui

paie environ 200 gourdes (US$5) par jour. ‘‘C’est quelque chose qui doit être fait dans la communauté afin que, en cas d’inondation, les maisons et les jardins des gens ne seront pas également inondés—nous perdrions la production agricole. Avec les canaux, les récoltes des gens ne seront pas détruites’’.

Assoneze George est une vieille femme âgée de 75 ans qui a également des dettes. ‘‘Je ne suis pas d’ici mais je suis venue ici pour trouver du travail—l’ouragan a détruit toutes mes récoltes et ma maison. Je n’ai pas de mari et j’ai dû venir par ici chercher de quoi nourrir la famille. J’ai six enfants dont trois vivent encore avec moi parce qu’ils sont malades et trois petits-enfants vivent également avec moi. Le canal est très utile parce que si vous comparez la quantité de dégâts causés auparavant, il y a moins de dégâts maintenant’’.

Samuel Metllus est un brave garçon de 16 ans. Il essaie de payer ses frais d’école. Il avait un boulot avant que l’ouragan ait affecté les choses dans la ville. ‘‘Ça va mal. La vie est très dure. Je me réveille le matin et je ne peux même pas payer une tasse de café’’.

principal de cette initiative est de contribuer à l’amélioration des capacités de gestion des risques de désastres des communautés urbaines et rurales marginalisées vulnérables aux dangers.

Bien qu’en Haïti la présence de l’Etat soit limitée, il y a de nombreux exemples de collaboration réussie entre le gouvernement local et la communauté dans le domaine de la réduction des risques de désastres—quoiqu’il n’y ait pas de capacités ni de ressources adéquates pour faire plus. Beaucoup de ‘membres de la protection civile’ ont joué un rôle important dans la diminution du nombre de morts et de victimes lors de la dernière série d’ouragans grâce à des alertes précoces ou en mettant ensemble des gens dans des maisons plus sûres et/ou des abris temporaires.

Oxfam travaille activement avec le gouvernement au niveau local et les membres de la protection civile dans le cadre de programmes de réduction des risques de désastres. L’objectif global des programmes est de fournir un appui à la Direction de la Protection Civile afin qu’elle devienne un véritable outil de développement durable et de ce fait contribuer à améliorer le savoir, les pratiques et attitudes de la population, des institutions et des autorités en matière de gestion des risques et des désastres.

Le Système National de Protection Civile est renforcé par la création de comités locaux et municipaux. Ceux-ci ont reçu une formation en gestion des risques et des désastres et ils sont capables de faciliter la mise

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Le PANA d’Haïti – Plan d’Action National d’Adaptation

Programme Argent-par-Travail d’Oxfam. Oxfam aide les résidents des communautés à creuser des fossés en prévision des prochaines averses ce qui permettra de diminuer ll’impact des inondations.et facilitera l’irrigation dans les ‘périodes sèches. © Bernard Cherelus/Oxfam

a pendant plusieurs années été consciente des menaces et défis présentés par le réchauffement climatique causé par l’homme. Elle a ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) et le Protocole de Kyoto. En tant que Pays Moins Avancé (PMA), Haïti a aussi développé ses propres Plan d’Action National d’Adaptation (PANA) à travers le Ministère de l’Environnement. Le PANA fournit un moyen aux PMA d’identifier les activités prioritaires qui répondent à leurs besoins urgents de s’adapter au changement climatique. Même si dans un proche avenir les émissions de carbone commencent à diminuer de manière importante—comme il se doit—les impacts continueront à se faire sentir. Par conséquent, l’adaptation est maintenant cruciale et urgente. Le changement climatique apporte un caractère d’urgence vu qu’il est probable que des conditions climatiques nouvelles et incertaines se produisent et qu’il faudra trouver plus de ressources. Le développement et l’adaptation doivent être maintenant considérés de pair28.

Les actions identifiées par le PANA doivent être priorisées pour financement et ce financement se fera

28 IIED Briefing, Prendre des Mesures: Intégrer l’adaptation nationale, novembre 2008

par le truchement du Fonds pour les Pays Moins Avancé de la CCNUCC. L’argent du Fonds pour les Pays Moins Avancé est une contribution volontaire des pays industrialisés. Le PANA d’Haïti est un document qui, s’il est mis en oeuvre, fournira un appui considérable aux communautés rurales vulnérables pour s’adapter aux impacts défavorables du changement climatique. Il faut environ US$ 24.5

millions pour le financer, mais à date, aucun fond n’a été octroyé

Le Ministère de l’Environnement était chargé de soumettre le PANA du gouvernement. Le PANA identifie que les risques liés au changement climatique affecteront de nombreux secteurs de l’économie haïtienne, comme les ressources en eau, l’agriculture, la pêche, les zones

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Le PANA a été rédigé à la suite du Plan d’Action pour l’Environnement (PAE) préparé en 1999 par le Ministère de l’Environnement et le Plan National de Gestion des Risques et des Désastres (PNGRD). Il est clair que le gouvernement d’Haïti reconnaît le changement climatique et ses impacts, mais il est confronté à des défis de taille en terme de financement et d’un manque de capacité à faire face à un phénomène d’une telle envergure. Le manque de recherches et de données constitue également un problème pour s’attaquer aux impacts du changement climatique. Jean Arsène Constant de la Direction de la Protection Civile (DPC) remarque ‘‘qu‘en Haïti nous n’en savons toujours pas assez sur les vulnérabilités et les dangers. Il y a un manque de données—nous sommes limités en terme de données. Il nous manque aussi une stratégie et des fonds’’.

Cependant, le gouvernement national et les autorités locales ne disposent pas actuellement de budgets pour l’adaptation au changement climatique. En Haïti, le Système National de Gestion des Risques et des Désastres (SNGRD) qui intervient à tous les niveaux, du national jusqu’au communal, est un département clé du gouvernement pour réduire l’impact des désastres. La planification dans le cadre d’environnements à haut risque requiert des investissements qui dépassent les capacités de financement de la plupart des gouvernements seuls. Il est très coûteux pour le gouvernement d’Haïti de faire face aux inondations, aux projets de reboisement ou de mettre en

côtières, les infrastructures, le commerce, la santé, l’éducation, le transport, les télécommunications ; bref, tout l’ensemble de l’économie. Cependant, des secteurs comme l’agriculture, le territoire, les zones côtières et les ressources en eau semblent être les secteurs les plus vulnérables du pays du fait de leur haut niveau de sensibilité aux pressions climatiques. D’après le PANA, les risques liés à l’eau (ouragans, inondations, pluies torrentielles) associés à l’érosion affectent le plus grand nombre de régions géographiques. Ces risques doivent être priorisés lors de la mise en place de stratégies d’adaptation. Les objectifs du PANA sont les suivants:

Identifier les besoins urgents du • pays en terme d’adaptation et communiquer ces besoins aux organisations internationales qui financent les initiatives environnementales.

Mobiliser toutes les énergies • au niveau national autour de la lutte pour la protection de l’environnement.

Contribuer à la diminution • du niveau de pauvreté des populations vulnérables pour une plus grande capacité d’adaptation au changement climatique.

Contribuer à un équilibre • écologique national et subséquemment régional et mondial.

œuvre de nouvelles cultures capables de résister aux sécheresses et aux inondations.

Les projets et activités d’adaptation prennent un ensemble de formes. Les projets de construction ou de consolidation des infrastructures, comme les canalisations d’eau et les routes ne sont qu’une partie de la solution. Toute une série d’activités d’adaptation, comme les capacités d’endurance de la communauté et le renforcement des capacités au niveau de tous les ministères concernés à l’échelle nationale et dans les provinces devront faire partie du plan national et des priorités de financement international. Il est important pour la Direction de la Protection Civile d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans la réduction des risques de désastres vu que le changement climatique va probablement aggraver les désastres naturels. Jean Arsène remarque ‘‘nous devons développer un lien—programme de réduction des risques et changement climatique. Et les deux domaines qui nécessitent le plus d’adaptation sont l’agriculture et l’énergie.’’ Les suggestions sont les suivantes:

Projets de reboisement.•

Développement d’une variété • de races améliorées d’animaux capables de résister aux sécheresses ou capables de supporter de grandes variations de sécheresse et de pluie.

Conservation de l’eau vu que les •

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Le changement climatique augmentet l’urgence avec les incertitudes des conditions climatiques associées. Développement et adaptation ont besoin maintenant d’être considérés ensemble. © Abbie Trayler-Smith/Oxfam

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périodes sèches sont en train de devenir plus longues, ce qui crée des problèmes pour l’agriculture.Production de bois à partir de • projets de sylviculture pour aider à résoudre le problème énergétique et le déboisement.

Le déboisement est de loin la plus grande problématique en Haïti qui aggrave considérablement les désastres, les décès et les dégâts causés aux propriétés. Moïse Jean-Pierre, Point Focal National au Ministère de l’Environnement pour la Convention Nationale sur le Changement Climatique, reconnaît le lien avec le changement climatique sous la forme de pluies plus fortes, de déboisement et de désastres. Cependant, le changement climatique est une problématique d’une trop grande envergure pour qu’Haiti puisse s’y attaquer seule comme pays et il requiert le support de la region. ‘‘Le problème est si complexe et si crucial que nous devons travailler et partager les expertises avec d’autres pays de la Caraïbe. Il nous faut plus de recherches sur le changement climatique’’. Il ajoute que ce n’est pas une problématique qui concerne uniquement le Ministère de l’Environnement mais ‘‘ce qu’il faut c’est une approche transversale dans tous les secteurs pour faire face au changement climatique—secteur de l’énergie, transport, agriculture, etc.’’ Pour mettre en œuvre ces actions, on reconnaît dans le PANA qu’il faut un plan d’action pour réduire la pauvreté et un cadre gouvernemental bien défini. Oxfam se fait l’écho de ce souci, mais elle est également inquiète du fait

que les activités prévues dans le PANA mettent beaucoup trop l’emphase sur une approche de projet pour la planification de l’adaptation, qui précise seulement les besoins immédiats ; et il donne une perspective limitée quant au volume de financement requis pour être ‘‘à l’épreuve du climat’’ de manière efficace. ‘‘Ce dont Haïti a besoin c’est d’une stratégie intégrée, complète avec des actions sur le court, moyen et long terme, des mesures et des indicateurs’’, conclut la directrice d’Oxfam en Haïti, Yolette Etienne. “Cette stratégie à son tour doit être appuyée financièrement par la communauté internationale, avec de préférence plus de support provenant des nations qui ont causé le plus de pollution’’.

Les petits agriculteurs ont une perspective plus large. Quand on leur demande ce qu’ils verraient comme ‘‘adaptation’’, ils identifient beaucoup de choses:

Diversification des revenus afin • que les gens puissent gagner un peu d’argent quand les récoltes sont détruites ou pour ne pas avoir à dépendre du charbon comme revenu;

Petit prêts afin de démarrer de • petits business;

Investissement du côté des • business afin de fournir des emplois ou investissements dans des fermes piscicoles;

Appui pour l’acquisition des • semences ou développement

de nouvelles variétés de cultures ou de races d’animaux capables de résister aux inondations ou aux sécheresses;

Réalisation de cultures • appropriées aux bassins versants et, d’une manière plus importante, pour tous les concernés;

Projets de reboisement – qui • comprennent la plantation d’arbres fruitiers qui peuvent renforcer la sécurité alimentaire.

Le déboisement était considéré comme un défi majeur dans le PANA mais l’accent n’a pas été suffisamment mis sur la nécessité d’avoir des projets de reboisement. Pour beaucoup d’agriculteurs, de pêcheurs et de leaders communautaires, le reboisement était considéré comme étant la priorité. Michèle Thomas, de la Protection Civile, Petite-Rivière de Nippes, réaffirme, ‘‘Il faut des projets de reboisement des mornes—reboisement si possible avec des arbres fruitiers afin que nous puissions manger ou vendre les fruits. Et il nous faut également des cultures appropriées. Les agriculteurs doivent recevoir une formation afin de comprendre comment ne pas déstabiliser l’environnement. Si cela avait été fait, nous ne souffririons pas de tels problèmes. Il y aura toujours des ouragans mais l’impact sera moindre’’.

Le PANA n’est que le premier pas vers l’adaptation. Beaucoup d’autres

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choses doivent se passer en plus du PANA—et sans attendre de recevoir des financements pour le PANA. Pour que les pays pauvres s’adaptent avec succès, des changements doivent se produire à plusieurs niveaux. Les communautés doivent être au cœur des efforts visant à renforcer les capacités d’endurance, que ce soit à partir de la diversification des moyens de subsistance ou le renforcement de la sécurité alimentaire et de l’eau. Il sera fondamental pour la réussite des stratégies nationales d’augmenter le genre d’approches dont s’approprient les communautés, comme à Bahon où les communautés se mettent ensemble avec le gouvernement local pour faire la formation et la sensibilisation. Les femmes doivent également être le pilier des stratégies d’adaptation et pour ce faire, il faut des données et des recherches réparties par genre.

Il est également important de renforcer les institutions locales. Les institutions locales ont influencé la manière dont les résidents ont répondu aux défis environnementaux dans le passé, et, en Haïti, des structures gouvernementales comme le SNGRD jouent un rôle vital dans la réduction des risques. Ce réseau peut également être un mécanisme hautement approprié pour faciliter l’adaptation au changement climatique au niveau de la base, façonnant les stratégies d’adaptation et renforçant les capacités des groupes sociaux les plus vulnérables.

Le changement climatique doit également être intégré dans la

planification et la budgétisation nationale et doit également intégrer l’adaptation dans les processus de planification-développement, par exemple, renforcer les institutions, fournir des systèmes d’alerte précoce, analyser et dresser la carte des risques ainsi que mettre sur pied des plans d’urgence pour les communautés à risque. De plus, ils doivent veiller à ce que les risques climatiques soient intégrés dans les plans de réduction des risques de désastres au niveau local et national afin qu’ils puissent s’attaquer aux vulnérabilités sous-jacentes qui rendent les communautés à risque, face aux nombre croissant de désastres liés au climat29.

Il y a beaucoup de défis liés à l’exécution du PANA en Haïti. Il affirme que:

1. ‘Le pays connaît une situation politique instable depuis quelques années qui a généré la peur et le désespoir. Ce qui veut dire que la population aura des réserves et qu’il peut y avoir un faible niveau de participation.

2. La rareté sévère de nourriture signifie que, pour la majorité de la population, la protection environnementale n’est pas une priorité.

3. Le sentiment persistant d’insécurité politique-socio-économique peut

29 Oxfam International, 2007, Note de briefing d’Oxfam: Financer l’adaptation: Pourquoi la Confé-rence de l’ONU à Bali sur le Climat doit mandater la recherche de nouveaux fonds?

perturber la réalisation des activités et faire hésiter les partenaires financiers, ce qui ne fera qu’aggraver les problèmes posés au niveau de l’exécution du projet.

4. Il peut y avoir des conflits entre les organisations partenaires, les partenaires et les autorités locales.5. Beaucoup d’institutions interviennent dans le domaine de l’environnement sans qu’il y ait une coordination efficace. Le rôle et les attributions de chaque organisation sont très mal définis.

6. Un accès difficile et de nouveaux désastres au cours de l’implémentation, dans les zones d’action prioritaires, peuvent constituer des obstacles pour les processus du PANA.

7. Etant un PMA confronté à de sérieux problèmes politiques, Haïti ne peut pas mobiliser les fonds nécessaires pour réaliser le PANA.

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Conclusion Il y a des limites que les communautés des petits états insulaires comme Haiti ne peuvent pas atteindre seules. Au regard de sa vulnérabilité et de ses niveaux de risque plus élevés, qui dépassent largement sa capacité de réponse et de récupération après des désastres, Haïti a besoin du support international - avec une urgence particulière. Les pays industrialisés les plus riches doivent financer la majeure partie de l’adaptation aux changements climatiques dans les PMA comme Haïti, vu leur responsabilité à l’origine du problème et de leur impressionnante capacité financière. Pour Haïti, l’accélération des changements climatiques pourrait se traduire en un nombre croissant d’inondations, de sécheresses ou d’ouragans—causant des dégâts additionnels de plusieurs millions de dollars et des millions de gens souffrant de la faim.

Ce rapport donne une perspective sur l’impact destructif des changements climatiques qui se produisent déjà en Haïti quotidiennement. Les femmes et les hommes pauvres sont considérablement plus vulnérables aux impacts des inondations, des sécheresses, des tempêtes et ont eu de la difficulté à faire face—particulièrement au cours de la dernière série de tempêtes et d’ouragans de 2008 quand il y a eu peu de temps de récupération

dans l’intervalle. Mais beaucoup, à leur façon, ont fait preuve d’une grande endurance et de grandes capacités de survie, tant au niveau de la communauté qu’au niveau institutionnel local à travers le Système de Protection Civile. Par exemple, lors des ouragans de l’année dernière, beaucoup de décès ont été évités parce que les membres de la Protection Civile ont alerté les gens dans les villages et fourni leur appui pour la distribution de l’aide alimentaire par la suite. Les officiels du gouvernement au niveau local, avec le soutien d’organisations comme Oxfam, sont en train de donner une formation aux résidents de la communauté sur la réduction des risques de désastres et la mise sur pied de comités comme à Bahon afin de se mettre ensemble pour mieux faire face aux inondations futures. Ils considèrent les activités de réduction des risques de désastres comme la clé de leur survie et de celle de leurs communautés—et la clé de l’adaptation.

Les agriculteurs, les leaders locaux, les représentants du gouvernement ont identifié plusieurs autres priorités clés pour l’adaptation. Les plus urgentes sont les projets de reboisement vu que les arbres servent efficacement d’écran aux

impacts des fortes pluies et des ouragans et permettent d’empêcher des inondations graves dans les zones côtières où vivent la plupart des gens. Planter des fruits comme mesures additionnelles signifiera également une source d’alimentation et un renforcement de la sécurité alimentaire. Les gens peuvent manger les fruits ou les vendre au marché.

La diversification des revenus et la détermination d’une alternative à la vente du charbon de bois comme source de revenus sont également considérées comme vitales, en démarrant de petits business par exemple. Les pêcheurs des zones éloignées comme Belle-Anse disent que des projets de pisciculture dans des lacs naturels et des lagons leur seraient bénéfiques et ils pourraient vendre les poissons dans les villes voisines.

Les représentants du gouvernement notent que la planification relative au climat à travers les départements gouvernementaux est considérée comme cruciale. Les inquiétudes au sujet du changement climatique ne doivent pas être isolées sous un secteur particulier comme l’environnement mais intégrées dans tous les secteurs—l’agriculture, la pêche, le commerce, le transport,

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La participation communautaire est essentielle au succès des programmes d’adaptation. © Bernard Cherelus/Oxfam

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l’énergie, etc. Cependant, le manque de recherches et de données relatives au changement climatique constitue un défi majeur. Partager les expertises, les recherches et les informations dans la région Caraïbe a également été identifié comme quelque chose d’important vu que Haïti n’a pas les capacités ni les ressources pour le faire toute seule. Comme mentionné plus haut, il est impossible de dire que chaque phénomène météorologique extrême est provoqué par le changement climatique mais beaucoup de scientifiques sont maintenant d’accord sur le fait que les phénomènes météorologiques extrêmes comme les ouragans vont probablement devenir plus fréquents et sévères. Incertitude ne doit pas rimer avec inaction. Ce qu’il faut c’est une adaptation ‘sans regrets’—des mesures que les gens peuvent prendre qui les aideront à résister aux chocs climatiques maintenant et dans l’avenir. Les PANA fournissent quelques indications des étapes qu’il faut maintenant suivre, mais on doit sérieusement capitaliser sur ces étapes.

La participation des communautés et leur appropriation de l’adaptation et de la prise d’actions pour réduire l’impact des désastres est essentielle au succès des programmes d’adaptation. Oxfam croit qu’il faut absolument des citoyens actifs—les gens qui vivent dans la pauvreté doivent avoir une voix dans le choix de leur propre destinée, dans la lutte pour leur droits et dans la justice de

leur propre société. De plus, des états efficaces sont importants également parce que l’histoire a prouvé qu’aucun pays n’a connu la prospérité sans une structure étatique qui puisse activement gérer le processus de développement. Une combinaison d’institutions fortes et de participation communautaire peut réduire considérablement la vulnérabilité aux désastres, tels que les inondations, les sécheresses et les ouragans—et ainsi préparer au changement climatique. Les chocs climatiques ne résultent pas toujours en désastres si les gens ont la capacité d’y résister.

De plus en plus, les gens pauvres dans de petits pays comme Haïti sont contraints d’assumer le fardeau du changement climatique mondial– qu’ils ont à peine contribué à créer. Haïti est responsable seulement d’une infime partie des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et pourtant ses habitants sont en train de payer des millions de dollars pour, à travers des revenus perdus au niveau de l’agriculture, de la pêche et des moyens de subsistance éliminés.

Les pays sous-développés n’ont pas de ressources pour financer l’adaptation nationale—et on ne doit pas s’attendre à ce qu’ils couvrent les coûts tout seuls. En dehors des financements pour des urgences qui se présenteront, Oxfam estime que les pays en développement auront besoin d’au moins US$50 milliards annuellement pour s’adapter au changement climatique, partie intégrante de 150 milliards de dollars par an au total

pour l’investissement public dans l’adaptation et la mitigation (réduction des émissions et de passer à des voies de développement à faible teneur en carbone). Ces fonds doivent être fournis par les nations des pays riches, en rapport avec leur responsabilité d’avoir causé le changement climatique et leur capacité de donner un appui. Ce n’est pas de l’aide mais bien une forme de financement compensatoire et il doit venir en supplément des engagements des bailleurs de fonds de fournir 0,7% du RNB. De manière urgente, doivent être explorés des mécanismes innovateurs de financement qui puissent fournir des flux de financements prévisibles à l’échelle requise30.

De plus, les réponses d’adaptation en faveur des pauvres doivent êtres envisagés comme une opportunité de croissance économique et de développement plutôt que comme un épuisement des ressources financières internationales. Et ces investissements doivent cibler ceux qui sont les plus vulnérables aux effets du changement climatique.

30 Oxfam des mécanismes innovateurs dans Agir ensemble ou chacun pour soi? Note de briefing d’Oxfam 128, Juin 2009

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Cartes2008 a été I’une des pires saisons cycloniques dans l’histoire d’Haïti. Quatre tempêtes tropicales consécutives ont frappé le pays en causant la mort de centaines de personnes et affectant plus de 170.000 familles à travers le pays. © ReliefWeb

Appendice

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Plus de 45.000 maisons ont été détruites ou endommages au cours de la saison cyclonique de 2008. Une grande partie de ces maisons était concentrée aux Gonaïves. © MAPAction

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Tableau 2Evolution annuelle des températures à la Station de Damien, Port-au-Prince, Source: Ministère de l’ Environment, Haïti, PANA, 2006

Tableau 1Température de la surface de la mer (bleu) et Index de Pouvoir de Dissipation pour les ouragans de l’Atlantique du Nord, Source: Programme Américain pour le Changement Climatique – note de bas de page 8.

Tableaux

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EOS, Juin 2006, Tendances des Ouragans dans l’Atlantique liées au Changement ClimatiqueECLAC et PNUD, 2005 Comparaison des Impacts Socio-Economiques des Désastres Naturels sur les Sociétés Caraïbéennes en 2004, ECLAC, 2005, Haïti: Problématiques de Développement sur le Court et le Long Terme

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Instruments d’Assurance pour l’Adaptation aux Risques Climatiques: Se Rapprocher de CopenhaguePrésenté par Koko Warner pour MCII1 au 4e AWG-LCA Atelier de Travail à Poznan4 Décembre 2008

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ODI Note de briefing, 2009, Changement Climatique, eau et sécurité alimentaireODI Note de briefing, 2009, Adaptation au changement climatique au niveau du secteur de l’eau

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