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Vendredi 25- Jeudi 1 er juillet 2010 Prix de l’exemplaire : 25 gourdes 103 e année • un siècle d’information www.lematinhaiti.com No 34224 LE POINT TOUS LES WEEK-ENDS Hebdo PORTRAIT AGORA SOCIÉTÉ CULTURE SPORT ÉCONOMIE « Regrouper à nouveau la famille du basket-ball » Haïti, terre sans repos Les rendez-vous manqués Coupe du monde : un mois pour tout oublier Coupe du monde : hymne officiel en folie sur les ondes haïtiennes ! Les bouchons monstres tarissent les bourses des ménages par Erilande Sully par Jean Métellus par Nicolas Janvier par Jean Panel Fanfan par Hudler Joseph par Gérald Bordes par Pierre Ricardo Placide P7 P16 P17 P19 P20 P9 P27 Incohérence, déficit de leadership et stagnation… photo JJ Augustin Ernst Erilus : l’homme aux multiples réalisations ! ACTUALITÉ par Jacques Desrosiers par Patrick Réma Mandat élargi du CEP : L’opposition prise au dépourvu René Préval réussira-t-il son pari électoral ? P5 P3 Le Sénat américain dénonce Reconstruction d’Haïti Le président haïtien René Préval est mis en cause dans le rapport de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain. (Page 2)

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Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010

Prix de l’exemplaire : 25 gourdes

103e année • un siècle d’information www.lematinhaiti.com No 34224

LE POINT TOUS LES WEEK-ENDS

Hebdo

PORTRAIT

AGORA

SOCIÉTÉ

CULTURE

SPORT

ÉCONOMIE

« Regrouper à nouveau la famille du basket-ball »

Haïti, terre sans repos

Les rendez-vous manqués

Coupe du monde : un mois pour tout oublier

Coupe du monde : hymne officiel en folie sur les ondes haïtiennes !

Les bouchons monstres tarissent les bourses des ménages

par Erilande Sully

par Jean Métellus

par Nicolas Janvier

par Jean Panel Fanfan

par Hudler Joseph

par Gérald Bordes

par Pierre Ricardo Placide

P7

P16

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P9

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Incohérence, déficit de leadership et stagnation…

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Ernst Erilus : l’homme aux multiples réalisations !

ACTUALITÉ

par Jacques Desrosiers

par Patrick Réma

Mandat élargi du CEP : L’opposition prise au dépourvu

René Préval réussira-t-il son pari électoral ?

P5

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Le Sénat américain dénonce

Reconstruction d’Haïti

Le président haïtien René Préval est mis en cause dans le rapport de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.

(Page 2)

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ActualitéVendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010 No 34224

Deux rap-ports, en

moins d’un mois. Le Congrès améri-cain suit de plus en plus de près le déroulement

du processus électoral, somme toute incertain, dans le pays. Au fil des jours, le ton change et monte. Le dernier docu-ment produit par la commis-sion des Affaires étrangères, présidé par le sénateur de Massachussetts, John F. Kerry, semble en témoigner.

Publié le 22 juin 2010, le rapport recommande notam-ment l’organisation d’élections honnêtes et transparentes, avec un CEP crédible. Nulle part dans le texte, on n’a fait mention de la loi prorogeant le mandat du chef de l’État au 14 mai 2011, au cas où il n’y aurait pas d’élections avant le 7 février 2011. Par ailleurs, la commission sénatoriale a in-sisté sur le fait qu’il y ait un président élu pour succéder à René Préval le 7 février de l’année prochaine. Plus loin, le texte parle de préférence d’un CEP structuré. Hormis le par-ti INITE, proche du pouvoir en place, la classe politique haïtienne dans son ensemble exige le renvoi de l’institution électorale, présidée par Gaillot Dorsainvil.

L’Administration publique américaine craint qu’un éven-tuel boycott, par l’opposi-tion politique, des prochaines joutes n’engendre une grave crise sociale en Haïti, déjà en proie aux problèmes post-séisme. La commission des Affaires étrangères du Sénat américain prône la participa-

tion de tous les secteurs dans les prochaines élections qui doivent permettre non seu-lement d’élire un président, mais également de renouveler le tiers du Sénat, la totalité de la Chambre des députés et les Collectivités territoriales.

Rappelons que, dans son rapport en date du 10 juin dernier, l’influent congress-man américain Richard G. Lu-gar de l’État d’Indiana, répu-blicain de son état et membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain , avait plaidé pour l’implica-tion du parti de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide, Fan-mi Lavalas, aux prochaines compétitions électorales. « Le gouvernement doit faire tout son possible pour permettre à Fanmi lavalas de prendre part aux prochaines élections », pouvait-on y lire en substance.

Par ailleurs, le quotidien américain, le Miami Herald, qui rapporte, dans une de ses éditions, les propos tenus par un sénateur républicain, af-firme : « Les Républicains et les Démocrates peuvent être en désaccord sur beaucoup de questions liées à la poli-tique des États-Unis vis-à-vis d’Haïti. Cependant ils s’enten-dent sur l’importance d’avoir des élections justes, transpa-rentes et libres en novembre prochain dans le pays ». Se-lon des informations publiées par la presse, des diplomates étrangers auraient rencontré le président Préval le jeudi 17 juin dernier, l’invitant à ap-porter quelques modifications dans l’actuel Conseil électoral, en panne de crédibilité.

Absence de leadership Le comité rédacteur du

Dans son dernier rap-

port sur Haïti, la commission des Relations étrangères du Sénat américain a, une nouvelle

fois, en moins deux semaines, épinglé l’administration Pré-val/Bellerive. Mais ce coup-ci, c’est le bureau du séna-teur John Kerry, président de cette commission, qui s’en est chargé. Publié en début de se-maine, ce rapport dénonce un certain laxisme du gouverne-ment à démarrer le processus de la reconstruction du pays, cinq mois après le tremble-ment de terre du 12 janvier. Les enquêtes sur le terrain ré-vèlent une stagnation dans les conditions de vie de la popu-lation sinistrée, malgré le dé-but de la saison cyclonique et des ouragans.

D’après ce rapport co- si-gné par 20 sénateurs améri-cains, cet état de fait résulte d’un manque de leadership du président de la République, René Préval. Depuis le 12 jan-vier, la capacité du chef de l’État à prendre des initiatives a été mise en doute. Ce rap-port ne vient donc qu’ajouter aux tonnes de critiques dont est la cible René Préval depuis le séisme, critiques qu’expli-queraient les réponses inadé-quates apportées aux besoins de la population victime.

En effet, pas grand-chose n’a changé depuis le séisme. Le déplacement de la popula-tion sinistrée dans des camps aménagés à cet effet est stoppé en cours de route. Ce qui fait qu’un des premiers objectifs que s’était fixés le gouverne-ment, à savoir le déplacement des sinistrés, n’a justement pas été atteint. Les places pu-bliques, certaines rues de la capitale, certains terrains pri-vés sont toujours bondés de tentes de fortune pour la plupart. Et que dire des dé-combres des bâtiments effon-drés ! Ils occupent toujours les chaussées.

Un tel tableau, selon plu-sieurs leaders d’organisations sociales, justifie parfaitement bien la préoccupation des sé-nateurs américains quant à la reconstruction d’Haïti. Toute-

fois, le Premier ministre Jean-Max Bellerive a un point de vue totalement différent. Ré-pondant à ces critiques, il a avancé que le gouvernement travaille très dur dans les cou-lisses pour assurer la recons-truction. Le chef du gouver-nement a renvoyé la balle aux législateurs américains, en qualifiant d’injuste leur posi-tion alors que le Sénat amé-ricain n’a pas encore approu-vé les fonds que la secrétaire d’État Hillary Rodham Clin-ton a promis à Haïti lors de la conférence des donateurs en mars dernier.

Les sénateurs propo-sent aussi des pistes d’intervention

Préoccupations et inquié-tudes imprègnent le rapport des sénateurs américains. Ils se montrent conscients des diffi-cultés auxquelles le gouverne-ment fait face après la destruc-tion des infrastructures du pays et la perte de nombreux cadres pendant le séisme ; mais ils croient nécessaire que tout soit fait pour rassurer les Haïtiens que la reconstruction d’Haïti n’est pas un vœu pieux. De même, ils estiment que les donateurs ont besoin d’un in-terlocuteur viable, capable de piloter convenablement les ac-tivités de reconstruction. Pour cela, la fonction publique haï-tienne doit être reconstruite. « Presque tous les bâtiments des ministères ont été endomma-gés ou détruits en raison de leur proximité à l’épicentre du tremblement de terre, tuant un nombre énorme de fonc-tionnaires et brisant la co-lonne vertébrale du gouverne-ment haïtien », lit-on dans le rapport qui recommande que la stabilisation du secteur pu-blic soit une priorité.

La reconstruction ne doit pas être seulement l’affaire du gouvernement. Sur ce point, le Sénat américain est ferme. Tandis que plusieurs comp-tent sur le gouvernement pour fournir des conseils et la direc-tion pour la reconstruction, il est également important que la société civile haïtienne et d’autres acteurs de la société mettent les mains à la pâte. « La reconstruction du pays ne devrait pas être politisée, mais devrait être un processus inclu-

sif pour la construction d’une société fonctionnelle, égale et responsable. Le gouvernement haïtien doit embrasser la so-ciété civile, les organisations non gouvernementales haï-tiennes et le secteur privé », re-commande la commission des Relations étrangères du Sénat américain.

Tous ces efforts doivent aussi inclure des solutions pour déplacer des personnes sinistrées qui se trouvent ac-tuellement dans des camps de fortune. « Les Haïtiens, plus longtemps qu’ils continuent à vivre dans des camps de for-tune, plus difficile on pourra les réintégrer et démonter ces camps », souligne le rapport. « Si ces camps ne sont pas confrontés à de graves actes d’insécurité, c’est parce que leurs occupants gardent l’es-poir dans un avenir meilleur. Et cet espoir se dissipe, et que le désespoir survient, il faut s’attendre à une situation d’in-sécurité qui sera très difficile à gérer », préviennent les séna-teurs.

D’un autre côté, les séna-teurs américains estiment né-cessaire que les donateurs parlent d’une même voix et améliorent la coordination de leurs actions en faveur d’Haïti. « Il y a trop de fragmentations dans la communauté des do-nateurs et trop de désaccords », note le rapport, en mention-nant que le président Préval reçoit des messages contra-dictoires sur des questions importantes, menant ainsi à la confusion. Sur ce point, les législateurs américains appel-lent la communauté des dona-teurs a parlé d’une voix unifiée et cohérente pour représenter ses intérêts et prendre des dé-cisions nécessaires pour faire avancer le processus. Plusieurs reconnaissent que le Repré-sentant spécial de l’Onu, l’an-cien président Bill Clinton, peut être dans la meilleure po-sition pour assumer ce rôle. Ils avancent que la Commission intérimaire pour la recons-truction d’Haïti (CIRH) re-présente peut-être la meilleure perspective du pays en ce sens.

Les dés sont donc jetés. Au gouvernement d’assumer ses responsabilités.

[email protected]

par Ladenson Fleurival.

Reconstruction d’Haïti Haïti / Elections

par Patrick Réma

Incohérence, déficit de leadership et stagnation…

Le Sénat américain dénonceSi aucun progrès significatif n’est jusqu’à présent enregistré dans le processus de la reconstruc-tion d’Haïti, c’est le manque de leadership du président de la République qui en est la cause, se-lon le tout dernier rapport du Sénat américain sur Haïti. Les Américains dénoncent le laxisme du gouvernement dans la mise en œuvre des programmes de développement et le déficit de com-munication qui caractérise les rapports de ce gouvernement avec la population haïtienne. Ils soulignent également un manque de cohérence dans les actions des organisations internatio-nales qui s’impliquent dans le dossier de la reconstruction d’Haïti.

L’Amérique monte le ton ! La multiplication des dossiers sur Haïti en provenance des Etats-Unis, qui d’ailleurs exigent entre autres la restructura-tion du Conseil électoral provisoire (CEP), donne du tournis à l’Exécutif. Le rapport de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, rédigé sous la présidence d’un sénateur démocrate, John Kerry, candidat malheureux à la présiden-tielle de 2004, en dit long.

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ActualitéNo 34224 Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010

Former le Conseil électo-

ral provisoire (CEP) sur le modèle de celui de 1987, avec en plus un di-

recteur exécutif, voilà le fil conducteur de cette propo-sition. L’initiative de la so-

ciété civile intervient à un moment où l’opposition poli-tique semble s’essouffler dans les différentes mobilisations entreprises pour obtenir le départ en bloc des conseillers électoraux et une hypothé-tique démission du chef de l’État René Préval.

La formule, proposée par les organisations de la société civile, n’était valable, dit-on, que pour la conjoncture de 1987 et le gouvernement mi-litaire de Henry Namphy. Se-lon le document, un nouveau CEP reconstitué à 80% de-vrait remplacer l’actuel. Sept des neuf secteurs désignés par les dispositions transitoires de la Constitution de 1987 y délégueraient des membres. Il s’agit de : l’Exécutif, la Confé-rence épiscopale, les Organi-sations de droits humains, le Conseil de l’université et l’As-sociation des journalistes haï-tiens. La dernière place est laissée au secteur vaudou.

Il faut noter également que cette proposition tient compte des critères de sélection des conseillers électoraux. Les dirigeants de la Société ci-vile exigent la transparence. Les sélectionnés doivent avoir une certaine compétence en

la matière, ainsi qu’une force de caractère et une personna-lité devant leur permettre de garantir, en tout temps, leur indépendance vis-à-vis des autorités et des acteurs poli-tiques.

Cette proposition est ac-cueillie favorablement par certains leaders de l’opposi-tion. C’est le cas de Myrlande Manigat du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP). Ce-pendant Mme Manigat a tenu à préciser que cette for-mule insérée dans les dis-positions transitoires de la Constitution de 1987 n’a plus aucune valeur légale, car ca-duque.

La dissolution du CEP de Gaillot Dorsainvil, de l’avis de plus d’un, ne garantit en rien la tenue de bonnes élections. C’est dans cette optique que la proposition de la Socié-té civile est intéressante. Elle est de nature à permettre le divorce d’avec une tradition vieille de plus de vingt ans. Le chef de l’État n’a plus à choisir les conseillers électoraux. Ce qui diminuerait son emprise sur l’appareil électoral. De plus, les conseillers électoraux seront uniquement astreints à

une tâche de Conseil d’admi-nistration et ne pourront pas occuper une fonction dans la machine électorale.

De nombreux scandales ont éclaboussé l’image du CEP en fonction ; les mani-festations de rue expriment toute la méfiance et l’hosti-lité de l’opposition politique vis-à-vis de l’appareil électo-ral. Pour Rosny Desroches de l’ISC, la démarche des orga-nisations de la société civile trouve justement son justifi-catif dans le fait que l’actuel CEP est décrié. Aucun acteur politique ne croit ce conseil capable d’organiser des élec-tions crédibles. M. Desroches souhaite que la classe poli-tique, notamment le pouvoir en place, prenne en compte cette proposition afin d’évi-ter que soit gaspillé l’argent que la communauté interna-tionale projette de débloquer pour l’organisation des élec-tions.

L’adhésion totale de la classe politique à cette nou-velle proposition de la société civile, mettrait, dit-on, René Préval au pied du mur.

[email protected]

Politique

par Lionel Edouard

René Préval réussira-t-il son pari électoral ?Les prochaines élections auront donc lieu le 28 novembre, et c’est bien le Conseil électoral provisoire (CEP) en place qui sera chargé de son organisation. En publiant l’arrêté présidentiel convoquant le peuple en ces comices, René Préval donne son appui à l’actuel Conseil électoral provisoire, que l’opposition et la société civile haïtienne ne jugent pas apte à organiser des élections crédibles et démocratiques.

Il est une évidence que la volonté du président de la République à réaliser

les prochaines élections avec l’actuel Conseil électoral est inébranlable. D’ailleurs le mé-pris affiché vis-à-vis des sec-teurs réclamant la destitution des membres de ce conseil est un signe de son obstina-tion à voir les collègues de Gaillot Dorsainvil, contestés depuis leur désignation, s’oc-cuper du processus électoral. Certains soutiennent que, par cette attitude, le chef de l’Etat veut assurer sa mainmise sur ce processus et ainsi garan-tir l’élection d’un ses proches à la présidence. De ces accusa-tions, René Préval fait peu de cas. La date du 28 novembre est officiellement fixée pour l’organisation des élections dans l’arrêté présidentiel pu-blié ce week-end.

Avec la publication de cet arrêté, c’est la consécration définitive du CEP de Gaillot Dorsainvil. D’ailleurs, avant même l’arrêté présidentiel, le

Conseil électoral provisoire (CEP) avait déjà mis le cap sur l’organisation des pro-chaines compétitions électo-rales. Selon un projet de bud-get soumis à l’Exécutif, les élections générales fixées au 28 novembre 2010 coûteront environ 38 millions de dol-lars. Gaillot Dorsainvil avait annoncé, pour la fin du mois en cours, la mise en branle de la machine électorale. Il disait attendre les réactions de l’Exé-cutif sur le calendrier afin d’engager des discussions avec les autres acteurs concernés.

Un grand pas est enregis-tré dans le processus électoral, mais toujours selon l’agenda du chef de l’État. Ce qui doit faire grincer les dents aux res-ponsables politiques de l’op-position qui ne sont jusqu’à présent pas arrivés à obtenir la destitution du Conseil élec-toral provisoire. La pression du béton n’a donc pas dis-suadé René Préval, ni même les appels du Sénat américain qui plaide pour le remanie-

ment de l’appareil électoral. Encore moins la proposition faite par la Société civile d’un CEP formé sur le modèle de celui de 1987, avec en plus un Directeur exécutif. Sur la base d’une telle proposition, le CEP serait constitué de re-présentants de l’Exécutif, de la Conférence épiscopale, de la Fédération protestante, de la Cour de Cassation, du sec-teur des droits humains, du Conseil de l’université d’Etat et de l’Association des journa-listes haïtiens.

Donc la machine électorale suit son cours sans les chan-gements souhaités. L’ambas-sadeur français accrédité en Haïti, Didier Lebret, qui com-mentait la situation électorale, estime normales les contesta-tions observées lors des élec-tions en Haïti. « Même aux Etats-Unis, souligne-t-il, des contestations électorales ont duré plusieurs mois ; il n’y a pas d’élections parfaites ». Se-lon le diplomate, le mieux, c’est d’éviter le boycott qui

ne profitera à personne. « Le boycott compromet la légiti-mité du président élu et en-trave la vie politique dans tout pays », a-t-il dit.

Didier Lebret invite les au-torités haïtiennes à donner des garanties aux partis de l’oppo-sition ainsi que des moyens nécessaires à leur campagne électorale. « Que l’État haïtien prenne le plus grand soin de leur demande légitime, leur accès aux medias, leur repré-sentation dans les bureaux de vote pour observer le proces-sus électoral », recommande Didier Lebret, affirmant que la France est prête à répondre à tous les besoins liés à l’as-sistance technique en matière électorale.

Le diplomate s’est cepen-dant abstenu de faire le point sur la remise en question de la crédibilité du Conseil élec-toral provisoire. « C’est pas dans notre intérêt », s’est-il excusé.

[email protected]

rapport a produit son rapport, après des visites en Haïti et des interviews réalisées avec des personnes intéressées. Il cri-tique le manque de leadership du président de la République après la catastrophe du 12 jan-vier dernier. Le retard dans la publication de l’arrêté pré-sidentiel donnant aux actuels membres du CEP mandat d’or-ganiser la prochaine présiden-tielle au cas où il n’y aurait pas de remaniement, le retard dans la fixation d’une date pour la réalisation de ces joutes, sem-blent motiver l’allure du rap-port de la commission qui ren-force les conclusions de celui du sénateur Lugar, publié 12 jours avant.

Entretemps, la communau-té internationale s’impatiente des nombreux ajournements dans le processus électoral. L’éventualité d’une crise poli-tique au-delà du 7 février 2011 est à redouter. « Si des élec-tions ne seront pas réalisées avant la fin du mandat du pré-sident Préval, Haïti peut être confrontée à un vide institu-tionnel… Le pays n’a pas be-soin d’ajouter une crise poli-tique à celle occasionnée par le tragique tremblement de terre du 12 janvier qui a causé près de 300 000 morts », lit-on dans le document.

La commission note le re-fus systématique du président de porter des changements au sein du CEP, alors que c’est une condition posée par l’opposi-tion politique pour prendre part aux prochaines joutes. La crédibilité du CEP est essen-tielle pour éviter un boycott ou une crise politique.

La commission prévient que toute crise politique pour-rait constituer un obstacle aux efforts du gouvernement amé-ricain pour aider Haïti à sor-tir de l’état lamentable où elle se trouve après le 12 janvier.

[email protected]

La société civile propose, à René Préval de disposer…Plusieurs organisations de la société civile, notamment le Conseil national des acteurs haïtiens non étatiques (Conahne), l’Ini-tiative de la société civile (ISC) ont rendu publique, lundi, une proposition devant permettre la réalisation d’élections honnêtes, crédibles et démocratiques dans le pays avant la fin de l’année 2010.

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ActualitéVendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010 No 34224

Opposition / mobilisation :

Double jeu ou incapacité ?L’opposition n’arrive pas à mobiliser l’opinion publique contre René Préval. A l’approche des élections, les citoyens paraissent peu emballés et boudent la mobilisation antigouvernementale lancée depuis plus d’un mois.

Le mouvement enclenché par l’opposition poli-tique haïtienne, depuis

le début du mois de mai, pour obtenir le départ du chef de l’État et des conseillers électo-raux semble s’essouffler. Déjà loin, la grande foule des pre-miers jours de mobilisation. Malgré un bilan contrasté et contesté, René Préval est confortable. L’opposition ne propose pas mieux. Sans chef de file confirmé, elle se dé-bat dans une crise identitaire et stratégique stérile. L’apport quantitatif plus que considé-rable de Fanmi Lavalas, qui continue d’alimenter les mo-bilisations, ne change en rien la situation.

Selon les observateurs, l’opposition a raté, après le séisme du 12 janvier, l’occa-sion de marquer les esprits.

Elle n’a jamais su contraindre le chef de l’État à la table des négociations pour participer dans l’élaboration du projet de reconstruction du pays. Les faibles capacités de mobi-lisation constatées du côté de l’opposition et un manque de leadership apparent ont long-temps fait office d’argument dans les milieux du pouvoir pour justifier la mise à l’écart de cette opposition. « Pour être une force de proposi-tion, il faut avoir deux choses : la force et les propositions », avancent certains analystes politiques. Les démarches en-treprises contre René Préval, depuis le début du mois de mai, sont caractérisées par un problème d’identité sérieuse, voire de paternité. Aucun lea-der n’incarne ce mouvement. Et la défection de certains

fleurons de l’opposition n’est pas pour arranger les choses.

D’autres éléments font éga-lement obstacles à la réussite de ce mouvement. La Coupe du monde de Football et la période des fêtes champêtres, qui débute le 24 juin avec la St Jean, vont réduire considé-rablement la participation po-pulaire aux rassemblements convoqués par l’opposition. « Il y a des moments qui se prê-tent plus à ces genres de mou-vement que d’autres», avance le politologue Gracien Jean. A l’heure où la reconstruc-tion du pays focalise l’atten-tion, tant de la communauté nationale qu’internationale, l’homme politique estime que le spectacle offert par les ac-teurs de l’opposition est hi-deux. Cette démarche, fait-il remarquer, s’apparente « aux

anciennes pratiques préda-trices de l’opposition ». « Il est temps, dit-il, de divor-cer d’avec le discours ‘je suis mieux que toi, je peux faire mieux’, sans rien proposer ».

Que veut vraiment l’opposition !

Depuis quelque temps, l’opposition a appris à se contenter des miettes. Au lieu de s’unir autour d’un idéal commun en vue de conquérir le pouvoir, elle se contente de faire pression et de négocier pour occuper des fonctions dans le gouvernement (le par-tage du gâteau). De l’avis de plusieurs observateurs dont Gracien Jean, les objectifs du mouvement de l’opposition ne sont pas clairement expri-més. Comme à l’accoutumée, quelle que soit l’ampleur de leur contestation, les princi-paux leaders de l’opposition viennent toujours à la ren-contre de l’Exécutif, à la table des négociations.

La dissonance observée dans le mouvement rend l’opposition impuissante et confirme de plus en plus les velléités sectaires des partis politiques. Les groupes en-gagés n’arrivent pas à trou-ver la bonne formule pour faire avancer cette mobilisa-tion qui s’enlise dans la sta-gnation. Chacun tente d’im-poser ses propres doléances. Pour certains, le chef de l’État représente le véritable pro-blème ; pour d’autres groupes, il s’agit du CEP, et, pour un dernier groupe, ce sont les deux. Chaque leader nourrit ses rêves d’accéder à la pré-sidence lors des prochaines joutes. Aucun projet de so-ciété, fait remarquer Gracien Jean, ne les unit. Aucun lea-dership devant permettre au mouvement d’aboutir n’a été dégagé.

Le jeu de l’usureEn réclamant à la fois le

départ du CEP et du chef de l’État, les partis engagés dans la mobilisation antigouver-nementale paraissent ne pas maitriser la réalité électorale du pays. Gracien Jean ex-plique que le chef de l’État

est le seul capable légalement d’opérer des changements et/ou de former un nouveau CEP. En exigeant son départ, cette tâche reviendra donc à un président provisoire, ajoute-t-il. Toutefois, un pro-blème majeur se pose. Pour la communauté internationale, présente en Haïti à travers la mission onusienne, et toutes les autres entités qui œuvrent depuis six ans pour la « stabi-lisation » d’Haïti, ce serait un cuisant échec. Un retour à la case de départ serait donc une gifle pour l’Onu et ses prin-cipes démocratiques.

À l’heure où la communau-té internationale, notamment les Etats-Unis via le Congrès, réclame des élections avant la fin de l’année, René Préval n’a qu’un choix, celui de négo-cier et d’effectuer des change-ments dans l’appareil électo-ral. Cependant, pour Gracien Jean, il fait tarder l’échéance, il pratique le jeu de l’usure, une manière d’affaiblir un peu plus l’opposition et de faire éclater le mouvement. « A l’arrivée, à l’approche des élec-tions, aucun parti de l’oppo-sition ne sera prêt alors que le sien le sera et gagnera les élections », analyse Gracien Jean.

La démission des conseillers électoraux ne peut en rien garantir la tenue d’élections crédibles, honnêtes et démocratiques dans le pays. « Les élections sont une affaire technique. La direction générale, celles des opérations et de tabulation du CEPsont les principaux acteurs qui les réalisent ». Pour corriger les erreurs, avance Gracien Jean, les contestataires devraient également se pencher sur l’as-pect technique des élections, d’autant que les conseillers électoraux n’ont qu’une fonc-tion administrative. Avec les frictions entre les principaux éléments de la classe poli-tique, l’opposition perpétue les pratiques d’avant 2004. Depuis près de dix ans, elle ne progresse en rien et esquisse les mêmes perspectives. Elle s’enlise.

[email protected]

Éducation/Examens d’État

Faire en sorte que tout se passe bien !Les responsables du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle(Menfp) ont retenu la semaine du 30 juin pour les examens de la 6e année fondamentale. Une session spéciale est prévue pour le bac permanent. Mais ces examens ne concernent que les départe-ments non affectés par le séisme du 12 janvier dernier. Au-delà se profile le casse-tête qu’ils doi-vent résoudre quand viendra le tour des départements touchés par le séisme.

La situa-tion est loin d’être

réjouissante. Si un nombre considérable d’écoliers a pu réintégrer les salles de classe,

un autre groupe, tout aus-si important, a tout simple-ment dit adieu à cette année scolaire. Leurs écoles n’ont pu être déblayées et les parents n’ont pas d’argent. Ceux qui sont retournés à l’école ont

grand espoir de subir les exa-mens d’État dans trois mois. Beaucoup de syndicats d’en-seignants et de parents ont dénoncé cet état de fait, mais qu’à cela ne tienne. Il fallait tout de même renvoyer les enfants à l’école, ont répondu les autorités. Une autre raison évoquée : sortir les enfants de l’inaction continue afin qu’ils cessent de penser au séisme et tournent la page.

Les examens officiels dans les départements affectés par le tremblement de terre, sa-

voir l’Ouest, les Nippes, le Sud’Est, sont prévus au mi-lieu du mois d’août. Certains problèmes restent encore à être résolus. Pratiquement, toutes les écoles, qui servaient de centre d’examens et qui pouvaient accueillir un grand nombre de candidats, ont été détruites. Sur ces espaces étendus, des constructions en bois ont été érigées, mais le nombre est assez restreint comparativement aux années d’avant le séisme. « Nous en-visageons d’utiliser dans cette

perspective les abris que nous avons construits pour des éta-blissements », explique Gré-gory Telfort, l’un des res-ponsables de l’Enseignement secondaire au Menfp. Sous les tentes, la situation sera inte-nable, car les mois de juillet et d’août seront très chauds selon les prévisions météoro-logiques. Il faudra donc trou-ver des solutions alternatives pour atténuer la chaleur.

Un jeune élève de la Rhé-to se montre assez impatient, mais aussi un peu anxieux pour les trois mois à venir.

« Je ne sais pas si dans mon école nous verrons tout le programme. Mais, pour l’ins-tant, ce n’est pas le cas et nous n’aimerions pas être victimes de cette situation », craint-il. Toutefois, il se dit confiant dans les promesses des res-ponsables faisant état d’un bac allégé.

En attendant, cap sur les examens

Les épreuves de la 6e année fondamentale se dérouleront les 30 juin et 1er juillet

(suite page 6)

par Jean Panel Fanfan

Quelques manifestants anti-CEP dans les rues de Port-au-Prince. (photo Marc Régis)

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ActualitéNo 34224 Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010

Loin de remanier l’institu-tion électorale, pourtant décriée par l’ensemble des

partis politiques de l’opposition et des secteurs de la société ci-vile, le chef de l’État a étendu les pouvoirs de l’équipe dirigée par Gaillot Dorsainvil en lui don-nant mandat d’organiser la pré-sidentielle de la fin de l’année.

Longtemps en discussion dans les milieux politiques haï-tiens, la date du 28 novembre a été officiellement retenue pour la réalisation des scrutins.

Cet arrêté de 3 articles, pu-blié le 24 juin dernier, auto-rise l’actuel CEP à : « organiser les élections du président de la République, du tiers du Sénat, des Députés, des Conseils mu-nicipaux, des Conseils d’admi-nistration des Sections com-munales, des Assemblées des sections communales, des Dé-légués de ville ; d’organiser des élections pour tout autre poste vacant au Sénat de la Répu-blique ».

L’article premier de l’arrêté indique : « Le Conseil électoral provisoire a pour mandat d’or-ganiser les élections indirectes des membres des Assemblées municipales, des Assemblées départementales, des membres des Conseils départementaux et des membres du Conseil in-terdépartemental. Ces élections seront programmées en tenant compte de l’établissement par le Parlement du cadre légal relatif

à l’organisation et au fonction-nement des Collectivités terri-toriales. »

Ce document est publié dans un contexte particulière-ment troublé. Depuis plus de deux mois, des manifestations populaires anti-gouvernemen-tales se sont étendues à travers les rues de la capitale et dans les villes de province. Le renvoi de l’actuel CEP constituait la prin-cipale revendication des acteurs politiques qui guidaient les dé-bats. L’arrêté du 24 juin vient comme une douche froide pour les opposants politiques et des membres de la société civile qui venaient de soumettre une proposition de formation d’un nouvel organisme électoral.

Par ailleurs, le CEP doit s’at-tendre à de grandes difficul-

tés techniques, notamment à Port-au-Prince où les centres de votes ont été détruits par le séisme du 12 janvier dernier et où la population vit dans la rue. D’autre part, le déplacement de la population vers d’autres ré-gions du pays complique da-vantage la tâche de réaliser des listes électorales définitives.

D’autre part, en cas d’un éventuel boycott des scrutins par l’opposition politique, les nouveaux élus feront face à un déficit de crédibilité et l’on craint que la crise post électo-rale de 2001 ne se reproduise.

En tout cas, dans cinq mois, les électeurs seront appelés à élire un président de la Répu-blique, 12 sénateurs, 99 dépu-tés...

[email protected]

Élargissement du mandat du CEP Haïti/élections

L’opposition prise au dépourvu Les partis politiques de l’opposition s’apprêtaient à s’aligner derrière la proposition d’un groupe d’organisations de la Socié-té civile, quand le président René Préval a publié, le vendredi 24 juin, l’arrêté élargissant le mandat de l’actuel Conseil élec-toral provisoire (CEP), organe en déficit de crédibilité depuis l’affaire du conseiller Jean Enel Désir. Une décision qui choque.

Lundi 21 juin 2010, une quin-

zaine d’organi-sations de la so-ciété civile ont proposé le ren-voi de l’actuel Conseil électo-

ral provisoire et son rempla-cement selon la formule pré-vue dans l’article 289 de la Constitution. Selon cette for-mule, le nouveau CEP devrait être constitué, entre autres, des représentants de l’Exécu-tif, de la Cour de cassation, de la Conférence épiscopale, de la Fédération protestante, du Conseil de l’Université d’État d’Haïti, de l’Association des journalistes.

L’arrêté présidentiel pu-blié, le jeudi 24 juin, met fin aux débats et tractations po-litiques relatives à cette pro-position de la société civile. Il donne à l’actuel Conseil électoral provisoire mandat d’organiser l’élection prési-dentielle, les élections pour le renouvellement du tiers du Sénat, celles pour une nou-velle Chambre des députés et les élections locales. Le CEP

aura à organiser des joutes pour tout poste vacant au Sé-nat.

Le pouvoir de l’actuel Conseil électoral provisoire s’étend jusqu’à l’organisa-tion des élections indirectes. « Le mandat des membres du Conseil électoral provisoire prendra fin avec l’épuisement de la mission définie à l’article 1er du présent arrêté », lit-on dans l’article 2.

Rosny Desroches n’a pas tardé à réagir. Pour lui, le chef de l’État a commis une très grave erreur en publiant cet arrêté. Desroches prévient contre les turbulences poli-tiques à venir. Il invite le pré-sident René Préval à revenir sur cet arrêté.

Au niveau des partis et re-groupements politiques de l’opposition, c’est la concerta-tion. C’est le cas par exemple de la Plateforme des patriotes haïtiens (Plaph) qui devait se réunir le samedi 26 juin en vue de définir une position et une stratégie.

Le chef de l’État aurait pro-fité de l’accalmie constatée avec la fièvre de la Coupe

(suite page 6)

Préval étend le pouvoir du CEP !Les pressions de la communauté internationale conjuguées aux contestations de l’opposition politique n’ont pu dissuader le président René Préval de confirmer les membres de l’actuel Conseil électoral provisoire (CEP) à leur poste dans la perspective des élections générales à la fin de l’année.

par Jacques Desrosiers

RÉPUBLIQUE D’HAÏTILIBERTÉ EGALITE FRATERNITÉ

ARRÊTÉ RENE PREVAL

PRÉSIDENT VU les articles 11, 12-1, 15, 16, 16-1, 16-2, 17,28,31,31-

1,31-2,31-3,52-1,52-2,58,59,59-1, 88, 89, 90, 90-1, 91, 92, 94, 94-1, 94-2, 95, 95-3, 96, 130, 132, 133, 134, 134-1, 134-2, 134-3, 135, 136, et 191 de la Constitution;

Vu la Loi Électorale du 9 juillet 2008; Vu l’Arrêté du 18 janvier 2008 établissant les règlements

généraux du Conseil Électoral Provisoire ; Vu l’Arrêté du 16 octobre 2009 nommant les Membres du

Conseil Électoral Provisoire; Considérant qu’il y a lieu d’or-ganiser les élections du Président de la République, du tiers du Sénat, des Députés, des Conseils Municipaux, des Conseils d’Administration des Sections Communales, des Assemblées des Sections Communales et des Délégués de Ville;

Considérant qu’il y a. lieu d’organiser les élections pour tout autre poste vacant au Sénat de la République ;

Considérant qu’il convient également d’organiser les élections des Membres des Assemblées Municipales, des Membres des Assemblées Départementales, des Membres des Conseils Départementaux et des Membres du Conseil Inter-départemental;

Considérant qu’il y a lieu, à cet effet, de modifier le man-dat du Conseil Électoral Provisoire formé le 16 octobre 2009 ;

Sur le rapport du Ministre de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, du Ministre de l’Économie et des Finances, du Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, et après déli-bération en Conseil des Ministres,

ARRÊTE Article 1.- Le Conseil Électoral Provi-

soire a pour mandat de : Organiser les élections du

Président de la République, du tiers du Sénat, des Députés, des Conseils Municipaux, des Conseils d’Administration des Sections Communales, des As-semblées des Sections Commu-nales, des Délégués de Ville;

Organiser les élections pour tout autre poste vacant au Sénat de la République ;

Organiser les élections in-

directes des Membres des As-semblées Municipales, des Membres des Assemblées Dé-partementales, des Membres des Conseils Départementaux et des Membres du Conseil In-terdépartemental. Ces élections seront programmées en tenant compte de l’établissement par le Parlement du cadre légal relatif à l’organisation et au fonction-nement des collectivités territo-riales.

Article 2.- e mandat des membres du

Conseil Électoral Provisoire

prendra fin avec l’épuisement de la mission définie à l’article 1 er du présent Arrêté.

Article 3.- Le présent Arrêté sera pu-

blié et exécuté à la diligence des Ministres de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales, de l’Économie et des Finances, de la Justice et de la Sécurité Publique, chacun en ce qui le concerne.

Donné au Palais National, à Port-au-Prince, le 24 juin 2010, An 207ème de l’Indépendance.

Gaillot Dorsainvil, le président du CEP.

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ActualitéVendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010 No 34224

Les chroniqueurs sportifs : ces faiseurs d’opinions !À Port-au-Prince, la couverture de la Coupe du monde de football a la priorité dans la programmation des radios et télévisions. Les activités sociopolitiques, la question de la reconstruction du pays sont carrément reléguées au second plan. L’œuvre des chroniqueurs ?

La retransmission de cette 19e édition de la phase finale de la Coupe

du monde de football n’a pas connu de restriction cette an-née en Haïti. C’est d’autant plus surprenant que cet évé-nement se déroule quelque mois seulement après la ca-tastrophe du 12 janvier, tan-dis que le peuple haïtien vit encore les conséquences dou-loureuses du séisme, manifes-tant très peu d’intérêt pour les débats qui se font autour de la reconstruction d’Haïti.

Quasiment tous les me-dias haïtiens assurent la re-transmission de la Coupe du monde 2010. Cette large couverture médiatique de la plus grande fête sportive de la planète a chambardé la pro-grammation des stations de radio et chaines de télévision qui s’y consacrent sans me-sure. Pendant les premiers dix jours du déroulement de l’événement, qui ont vu

certaines équipes s’affronter à 6 heures am (heure d’Hai-ti), on ne parle que de foot-ball du matin au soir dans les stations hertziennes du pays. Tantôt c’est la retransmission d’un match, tantôt des film-documentaires sur le foot, tantôt la diffusion des vidéos clips y relatives, tantôt la re-prise d’un match. Les émis-sions à caractère social, édu-catif, politique ont dû céder la place. Le foot semble occuper l’attention de tous.

Comme d’habitude, des analystes connus comme réfé-rences dans les milieux spor-tifs (Patrice Dumont, Kesner Pharel et Jean Pierre Etienne pour la TNH ; Philippe Vorbe pour Radio Télé Caraïbe ; Berman Gay pour Radio Télé Galaxie, entre autres), as-surent la retransmission du Mondial FIFA Afrique 2010 avec professionnalisme pour le plaisir des auditeurs/télés-pectateurs.

Néanmoins, le contenu des messages, véhiculés par certains chroniqueurs spor-tifs des medias les plus popu-laires, s’avère en général très peu instructif. Les slogans et expressions, souvent vides de sens et grivois, qui se propa-gent à travers certains me-dias de la capitale semblent avoir un impact considé-rable sur la population haï-tienne réveillée de sa léthar-gie pour célébrer cette Coupe du monde.

On a bien noté ce fait lors de la rencontre mettant aux prises les Oliverde à la for-mation ivoirienne, le 20 juin dernier. La fièvre du mondial s’est emparée des fans haï-tiens du Brésil. En effet, tout au long du déroulement de ce match, toutes les activités ont été suspendues, les rues de-venant désertes. Dès le coup de sifflet final, les fans du Bré-sil ont regagné les rues et ren-du la circulation impossible,

à pied ou en voiture. Les ar-tères les plus fréquentées de la zone métropolitaine étaient bloquées à cause de la célé-bration de cette victoire.

Si pour certains citoyens il y avait lieu de célébrer, pour d’autres, c’était l’énervement et la colère. Il fallait attendre plus de trois heures pour que les « fous du Brésil » décon-gestionnent les rues. Phara Léoné Baptiste est écono-miste et travaille à la Fonda-tion Espoir. Il s’en prend au peuple haïtien et particu-lièrement aux chroniqueurs sportifs qui, dit -il, utilisent leur aura pour influencer les auditeurs/téléspectateurs dans le sens de la « honte ». « Ce n’est pas normal que tout un pays soit bloqué juste pour célébrer une victoire de l’équipe du Brésil, alors que la mission de coopération brési-lienne n’a même pas pensé à faire don d’un stade au moins à Haïti », a lâché monsieur

Baptiste. Pour ce dernier, les medias

et le peuple haïtien devraient se concentrer davantage sur les débats autour de la re-construction du pays dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier. Phara Léo-né Baptiste évoque l’absence du pays à cette 19e Coupe du monde de football. « Les gens auraient dû s’intéresser à la première rencontre de la CIRH, au Karibe, la semaine dernière », déplore-t-il.

Emotivité ou rationalité, il reste vrai que le pouvoir que détiennent les journalistes en général, les chroniqueurs sportifs en particulier, ne leur sera pas enlevé. Cela dit, ils canaliseront toujours l’opi-nion nationale dans la mau-vaise ou la bonne direction, dans le sens de leur person-nalité, leur niveau d’éduca-tion, leur vision des choses.

[email protected]

et ceux de la 9e année fon-damentale du 6 au 8 juillet. Les élèves déplacés sont au-tomatiquement intégrés dans le département de leurs nou-veaux établissements. Pour Grégory Telfort, tout est fin prêt pour le déroulement des examens des années fonda-mentales. Les inspecteurs des différents départements ont récupéré les textes. La ten-

dance est à l’allègement des questions pour les postulants et de la prise en compte du contexte. « Nous avons privi-légié le moins de déplacement possible », indique Telfort, ajoutant que les sujets sont adaptés à la situation.

Une session spéciale est prévue pour le bac perma-nent. Quant aux examens pour les départements affec-

tés par le séisme du 12 jan-vier, Telfort affirme que les responsables sont en train d’étudier les possibilités rela-tives aux espaces disponibles. Ils comptent utiliser certains abris provisoires pour faci-liter la tenue des examens. « De toute façon les examens doivent se tenir », tranche Gregory Telfort.

[email protected]

Faire en sorte que tout...(suite de la page 4)

du monde de football, dans les mouvements anti-gouver-nementaux, pour publier cet arrêté.

Le Conseil électoral provi-soire, en plus d’être décrié par les partis politiques de l’op-position et des organisations de la société civile , est sous enquête de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC). Sur demande du commissaire de gouvernement près le Tri-bunal de première instance de Port-au-Prince, l’ULCC conduit une investigation sur des cas de corruption qui di-visent les conseillers électo-raux, particulièrement sur le cas du représentant de l’Église catholique au sein du CEP, Jean Enel Désir, accusé de

confiscation de chèques d’un employé.

Dans l’état actuel des choses, seuls Edmond Mulet, chef civil de la Minustah, et le président René Préval, ont confiance en la capacité de l’actuel Conseil électoral pro-visoire (CEP) d’organiser les prochaines élections, en dé-pit des soupçons et des ac-cusations dont sont l’objet les conseillers électoraux. L’ar-rêté présidentiel est publié le jour même (le jeudi 24 juin) d’une réunion entre le prési-dent René Préval et Edmond Mulet, des représentants de l’Organisation des Etats amé-ricains (OEA), du Brésil, de la Caricom, autour du processus électoral.

Deux rapports, en quinze jours, de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain expriment, entre autres, des inquiétudes quant à l’avancement du processus électoral. Ils ont même appelé à des changements au sein du Conseil électoral provisoire.

L’ambassadeur du Canada en Haïti, dans un entretien avec une station de radio de la capitale, la semaine écoulée, a réaffirmé la volonté de son pays de soutenir le processus électoral. Cependant, Gilles Rivard a insisté sur la néces-sité d’organiser des compé-titions électorales honnêtes, crédibles et démocratiques.

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L’opposition prise au dépourvu(suite de la page 5)

Plus d’un million d’Haïtiens aidés par le Pam

Le Programme alimentaire mondial (Pam) a annoncé, au cours d’un bilan, que cinq mois après le tremblement de terre du 12 janvier, qu’il a déjà fourni une aide alimentaire à 1,3 mil-lion d’Haïtiens. Selon Alejandro Chicheri, plus de 1,3 million de personnes bé-néficient des différents programmes mis en place en Haïti par l’agence onusienne, dans les zones touchées par le séisme à Port-au-Prince et dans les provinces. Il a fait remarquer que durant la phase d’urgence, deux mil-lions d’Haïtiens avaient reçu une assistance alimentaire du Pam. Monsieur Chicheri affirme que la situation des plus vulné-rables est en train de s’améliorer. Toutefois il dit qu’il reconnait que la situation reste difficile pour certains Haïtiens. Par ailleurs , il a précisé que plus 30 mille Haïtiens sont ac-tuellement embauchés dans le cadre du nouveau programme baptisé « Cash and food For work, », mis en place par le Pro-gramme alimentaire mondial. Intervenant à la traditionnelle conférence de presse hebdoma-daire de la Minustah, Monsieur Chichero a indiqué que l’ob-jectif du Pam est d’arriver à 70 mille emplois dans le second semestre de 2010. (Source : metropolehaiti.com)

Haïti-Canada : acheter le café haïtien pour aider le pays

L’Entreprise canadienne, Noir Café, spécialisée dans l’impor-tation de café au Canada, souhaite aider Haïti à travers le commerce équitable en achetant son café pour le vendre au Québec.A cet effet, Marcel Guérin et sa fille Catherine, propriétaires de Noir Café, ont déjà établi des contacts avec la coopéra-tive des planteurs de café à Belle-Anse (COOPCAB) dans le Sud’Est du pays.Leur intention est de retourner 2 dollars canadiens par kilo de café vendu, à des fondations haïtiennes de développement durable, selon le journal canadien Le Soleil.Une première livraison de 1000 sachets de 250 grammes de café équitable et biologique doit bientôt arriver au Québec.La société Équitable, entreprise française spécialisée dans le commerce équitable, a récemment importé du chocolat haïtien en France, toujours dans l’idée d’aider l’agriculture haïtienne et d’accroître les revenus des producteurs haïtien. (Source : Alterpressehaiti.org)

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ActualitéNo 34224 Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010

« Je crois qu’on n’a pas be-

soin d’être riche comme Crésus pour se rendre utile à son pays », déclare Ernst

Erilus, d’un ton ferme et convaincant. Il est de ces per-sonnalités qui ont beaucoup souffert dans leur vie et qui se consacrent, par la suite, au soulagement de la souffrance des autres.

Orphelin de père et de mère, Ernst Erilus a été inspi-ré, dès sa jeunesse, par l’ani-mateur vedette de « Tam Tam 129 », une émission de varié-té musicale animée sur radio Métropole, dans les années 70, par l’immortel Ricot Jean Baptiste, alors grande vedette de la station. Ricot était le seul à soutenir Erilus dans ses études classiques. A en croire les confidences de notre in-terviewé, il se débrouillait durement, tout seul pour poursuivre ses études au Ly-cée Alexandre Pétion. Notre homme a eu l’opportunité de se rendre à Moscou, en Union soviétique, plus précisément à l’université Patrice Lumumba où il a étudié les Sciences po-

litiques et à l’Université popu-laire de la Havane, Cuba, pour étudier la « Guérilla urbaine ».

Militant politique de lon-gue date, Ernst Erilus, qui se présente membre fonda-teur de l’OPL avec les Gé-rard Pierre-Charles, Sauveur Pierre Etienne, Paul Denis, Marc Romilus, entre autres, semble vouloir s’écarter des pratiques politiques tradi-tionnellement en cours dans le pays. Les techniques de « Guérilla urbaine » apprises dans les écoles cubaines et so-viétiques sont jetées aux ou-bliettes, à bien saisir les dé-marches de Ernst Erilus qui se contenterait aujourd’hui d’initiatives moins risquées, mais fort utiles au bien-être de sa communauté..

Maintes réalisations à son actif !

En 1991, au Bel-Air, le très populaire Erilus a fondé le Centre de Formation po-pulaire (Ceforum). En 1992, avec ses modestes fonds, il a lancé une coopérative qui prê-tait de l’argent aux petits mar-chands de Cité Soleil, où il ré-side depuis déjà longtemps. Le centre de santé Solame à Solino, un quartier populaire,

a suivi en 1993. Devenu maire adjoint à l’édilité de Delmas en 1995, Ernst Erilus allait fonder la Fondation Lapraille, différente du mouvement po-litique « La Pway », avec 80% des économies cumulées du-rant son mandat à la mairie de Delmas. Cette fondation a été lancée dans le but de com-penser au manque d’actions concrètes envisagées durant son passage à la municipalité, en raison du fait, a-t-il décla-ré, qu’on lui rognait les ailes.

Et, c’est la Fondation La-praille qui allait inaugurer la plus grand immeuble jamais construit alors au plus grand bidonville du pays, le 14 sep-tembre 1999. L’immeuble de 4 étages qui dominait toute la Cité Soleil. Il s’agit du siège du Complexe socio-médical Ernst Erilus qui prodiguait gratuitement des soins de san-té à la population de Cité So-leil. Ce complexe était aus-si doté d’une école et d’une cantine populaire. Mais les hommes du chef de gang Em-manuel Wilmé, plus connu sous le sobriquet Djed Wilmé, n’ont pas pris beaucoup de temps pour détruire ce bâti-ment. Raison ? Les soldats de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti

(Minustah) avaient occupé le complexe en 2004, question d’avoir une vue périphérique sur les activités des bandits recherchés.

Ces déconvenues n’ont pas pu toutefois décourager Eri-lus. A Sarthes, quartier li-mitrophe de Cite Soleil, sur la nationale # 1, il a fait don de sa résidence privée pour la construction du Centre de santé Christina Erilus, où les services sont encore offerts gratuitement, a appris Ernst Erilus, père de 8 enfants.

En outre, au cours de son mandat de maire adjoint, un village pour rapatriés a été construit à Duvivier sur plus de 60 carreaux de terre- en plaine- et à Carradeux, où près de 50 mille Haïtiens vi-vent aujourd’hui, à en croire les propos de Ernst Erilus. Les planteurs de ce village re-çoivent des engrais, ont ac-cès à un centre de santé, à un centre d’alphabétisation, grâce, semble-t-il, aux lar-gesses de Ernst Erilus qui avoue rêver d’un changement réel pour son pays, Haïti. A Thomassique, dans le haut Plateau central, une radio communautaire, un centre de santé, fonctionnent suite à ses initiatives, rapporte Ernst Eri-

lus. Pourtant, l’homme n’est sa-

tisfait qu’à 60% de ses œuvres de bienfaisance. Ernst Eri-lus dit regretter que son plan d’aménagement de Cité Soleil, conçu par son plus proche collaborateur, l’ingénieur Pierre Azema, lequel plan re-mis personnellement au prési-dent René Préval en 1998, soit resté dans les tiroirs. « Dans ce plan, il était question de la mise à plat de la cité pour construire une ville moderne à l’image de ce que j’ai vu en Allemagne de l’Est, en Russie ou à Cuba ». Mais rien n’a été fait jusqu’ici.

Il croit qu’il est possible d’avoir une autre Cité Soleil.

L’homme âgé de 51 ans, corps strié de balafres laissées par des balles reçues lors dif-férents événements politiques, n’a pas fini de travailler pour son pays. Son prochain projet est la construction d’un centre d’hébergement en faveur des personnes handicapées, des enfants orphelins comme lui. Et les seules institutions qui le supportent toujours dans ses activités, sont le Food for the poor et l’Adra Haïti, à en croire Ernst Erilus.

[email protected]

Ernst Erilus : l’homme aux multiples réalisations !

par Erilande Sully

ActualitéPortrait

Avec très peu de moyens, utilisant souvent ses propres fonds, l’ex-maire adjoint de Delmas, Ernst Erilus, compte à son actif de nombreuses réalisations commu-nautaires. Une volonté exemplaire de servir l’anime depuis bien longtemps.

l’ancien maire de Delmas,Ernst Erilus. (photo Marc Regis)

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Économie Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

Los Angeles. Comment peut-on répondre aux défaillances systémiques

de grande ampleur dans le système financier d’un pays ? Personne ne veut renflouer des banques qui prennent de mauvaises décisions. Mais pour sauver un système finan-cier du désastre, il faut faire en sorte d’éviter que toutes les banques ne s’écroulent en même temps. Il nous faut trouver un moyen de sauver les bonnes banques mais au-toriser les mauvaises à faire faillite. Mais comment peut-on distinguer les bonnes et les mauvaises banques ?

Lorsque les marchés pani-quent, comme en 1929 et en-core en 2008, il est essentiel de soutenir le système financier. L’alternative serait une dépres-sion dans le même esprit de celle des années 30. Mais cela ne veut pas dire qu’il faudrait renflouer les banques privées.

L’histoire économique ré-cente foisonne d’exemples de crises financières : les Etats-Unis à la fin des années 80, la Suède, la Finlande et la Nor-vège en 1992, le Japon en 1998 et pratiquement l’ensemble de l’économie mondiale en 2008. Les traitements qui ont été ap-pliqué à ces crises offrent de nombreuses leçons.

En 1992, la Riksbank, la Banque Centrale de Suède, a autorisé que les détenteurs de capitaux propres de banques privées soient effacés mais elle a sauvé les dépositaires et les créanciers en rachetant les ac-tifs à risque d’institutions en faillite. La Suède s’est rétablie.

Le Japon a recapitalisé ses banques en 1998, mais n’a pas effacé les détenteurs de capi-taux propres. Parce que les banques insolvables ont été maintenues en vie par les ren-flouages et les garanties pu-bliques, le Japon a donné de mauvaises incitations à ses institutions financières. Le Ja-pons n’a donc jamais vraiment récupéré de cette récession.

La leçon est donc que nous devons laisser les détenteurs de capitaux propres perdre parfois de l’argent pour main-tenir un système financier sain.

Un rôle important des banques centrales est de four-nir des liquidités aux banques potentiellement insolvables en périodes de panique lorsque toutes les autres sources de capitaux sont épuisées. La banque centrale est le « prê-teur de dernier ressort ». Mais si les banquiers savent qu’ils

vont être renfloués quand les temps seront difficiles, ils sont incités à faire des prêts ris-qués. Ces prêts offrent des re-tours très élevés lorsque l’éco-nomie est forte, mais sont protégés des pertes par les renflouages gouvernementaux lorsque l’économie faiblit.

En 2007, Lehman Brothers, AIG, et la plupart des autres acteurs des marchés finan-ciers percevaient d’énormes retours en négociant des pro-duits dérivés adossés à des prêts hypothécaires extrême-ment risqués. Lorsque les prix de l’immobilier américain ont chuté, certains de ces acteurs auraient dû faire faillite. Mais lorsque la Réserve Fédérale a permis à Lehman Brothers de faire faillite en septembre 2008, la panique s’est répan-due, amenant la Fed à interve-nir pour éviter l’effondrement des autres acteurs majeurs. Comment aurait-on pu gérer la situation d’une manière dif-férente ?

Comme le suggère Simon Johnson dans son livre 13 Bankers (13 banquiers, ndt) nous devrions démanteler les méga-banques en entités plus petites qui pourront plus ai-sément être autorisées à faire

faillite. Mais il ne suffit pas d’avoir beaucoup de petites banques. Nous devons aussi trouver un moyen de soutenir le système dans son ensemble.

Je propose une nouvelle so-lution qui soutiendrait l’en-semble et non les entités sé-parées. Les banques centrales devraient mettre un seuil sous la valeur du système ban-caire d’un pays en s’engageant à acheter des parts dans un fond indexé de réserves ban-caires à un prix prédéfini. Cet engagement de prix pren-drait effet en période de pa-nique financière. En s’enga-geant à acheter des parts d’un fond mutuel, la banque cen-trale donnerait une incitation aux investisseurs privés pour acheminer l’argent vers les en-tités plus fortes du système bancaire tout en autorisant les plus faibles à faire faillite.

Le fonds indexé serait si-milaire à ceux détenus au-jourd’hui par tant de tra-vailleurs dans les fonds de pension privés. Les banques privées monteraient ou tom-beraient en importance sur la base de leur valeur par rap-port à l’index du marché de toutes les banques dans le fond. En offrant de racheter

des parts du fond mutuel à un prix minimum prédéfini, la banque centrale donnerait un moyen d’acheminer les fonds dans le système financier par temps de crise. Même si ce plan revaloriserait le système financier dans son ensemble, cela permettrait tout de même aux forces du marché de dé-terminer les prix des parts des banques privées.

Si cette structure avait été en place aux Etats-Unis en 2008, lorsque les prix de l’im-mobilier se sont effondrés, les banques détentrices d’impor-tants portefeuilles de titres toxiques sous-performants au-raient entrainé la baisse la va-leur du fond indexé. Mais ces banques auraient aussi perdu de leur importance dans l’in-dex total. L’engagement de la Fed à acheter des parts dans le fond mutuel à un prix prédé-terminé aurait entrainé les in-vestisseurs à remettre du capi-tal neuf dans les banques plus solides pour prendre avan-tage du soutien de prix de la banque centrale.

Ce projet pour recapitaliser les banques a trois avantages sur les autres plans suggérés par les économistes et les po-liticiens. D’abord, il ne néces-

site pas que les régulateurs du gouvernement décident d’eux mêmes la valeur des actifs pri-vés, parce que les marchés pri-vés aiment les titres toxiques.

Deuxièmement, les banques seront moins en-clines à prendre de mauvaises décisions. Le fait de permettre aux mauvaises banques de faire faillite résout les pro-blèmes d’éthique.

Enfin, en proposant d’ache-ter des parts dans un fond mutuel de réserves bancaires, la banque centrale encourage et redonne confiance aux in-vestisseurs privés pour reca-pitaliser le système bancaire. Ce projet nous permettrait de renflouer les bonnes banques et laisserait les mauvaises banques faire faillite. Sans que cela ne coûte un centime au contribuable. Copyright: Project Syndicate, 2010.

www.project-syndicate.org Traduit de l’anglais par Frédé-

rique Destribats* Roger E. A. Farmer est Distin-guished Professor d’économie à UCLA et l’auteur de deux nou-veaux ouvrages sur la crise éco-nomique globale actuelle : How the Economy Works: Confi-dence, Crashes, and Self-Fulfilling Prophecies et Expectations, Em-ployment, and Prices.

Comment renflouer les bonnes banques et laisser échouer les mauvaises banques

Par Roger E. A. Farmer

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ÉconomieNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

par Jean Samuel Vincent

par Ricardo Placide

Depuis quelque temps,

le discours du ministre de l’Economie et des Finances, M. Ronald Bau-din, est marqué

par la fameuse prévision d’un taux de croissance d’environ 10% que l’économie haïtienne doit enregistrer d’ici le pro-chain exercice fiscal. Le mi-nistre souhaite un taux de croissance pas moins de 6% et cela jusqu’en 2015. Il est vrai que par rapport à l’exercice en cours, dont le taux de crois-sance sera certainement né-gatif à cause de la destruction de plus de 120% du Produit intérieur brut (PIB), le taux de croissance de notre écono-mie connaîtra un bond pour le prochain exercice. Mais y a-t-il vraiment lieu de s’attendre à une pareille performance ? Par ailleurs, si cela devrait être possible, quelles sont les conditions sociopolitiques qui doivent prévaloir ?

Les sources de cette croissance de 10%

Il est intéressant de savoir que les raisons qui poussent les autorités économiques na-tionales à une telle prévision se retrouvent essentiellement dans les injections de capitaux qui sont en perspective dans le cadre de la reconstruction du pays. En effet, cette recons-truction, à travers le finan-cement de nombreux pro-grammes et projets, est apte à attirer beaucoup de capitaux dans l’économie haïtienne pour déboucher sur un taux de croissance assez considé-

rable. De fait, aux dernières nouvelles, le Fonds pour la reconstruction d’Haiti (FRH) dispose déjà d’au moins $ 95 millions US pour finan-cer des programmes et pro-jets qui seront approuvés par la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haiti (CIRH).

Il est également intéressant de savoir que, quand on enre-gistre un taux de croissance élevé suite à une injection de capitaux dans une économie, cela ne reflète pas nécessaire-ment une performance réelle de cette économie. On doit se rappeler du taux de croissance de 4,4% enregistré au cours de l’exercice 1994-1995, après le retour à l’ordre constitutionnel et démocratique. Ce dernier taux était dû justement à une série d’injections de capitaux dans l’économie nationale par la communauté internationale (Voir le graphique ci-dessus). Ce n’était pas le résultat d’une quelconque performance de

notre économie.

La croissance à la-quelle il faut aspirer…

Tout cela pour dire que si nous reconnaissons que les in-jections de capitaux sont de nature à favoriser un meilleur taux de croissance de notre économie, il nous sera plus fa-

vorable de faire en sorte que ces capitaux viennent relever l’appareil de production na-tionale. Car, si l’économie haï-tienne n’atteint pas cette ca-pacité de créer de la richesse, d’augmenter ses valeurs ajou-tées et de valoriser la qualité de ses produits (biens et ser-vices), les injections de capi-taux n’auront servi réellement à rien, comme cela a été le cas après le pic de 4,4% en-registré en 1994-1995 ! D’où, des secteurs tels que l’agricul-ture et l’agro-industrie, l’in-dustrie textile et manufactu-rière, le tourisme, l’artisanat et les technologies de la télé-communication sont à renfor-

L’économie haïtienne sur un sentier de croissance ?

Evolution du taux de croissance du PIB sur la période 1990 – 2007

Sources : BRH / IHSI

cer dans le cadre de cette re-construction. Ce n’est qu’alors qu’on pourra parler d’un taux de croissance élevé qui soit la résultante de la performance de l’économie.

Les conditions socio-politiques…

Nous devons comprendre

aussi que la stabilité sociopoli-tique est essentielle si l’on veut que ces injections de capitaux par les bailleurs de fonds in-ternationaux deviennent une réalité. Nous avons à l’hori-zon les élections générales qui arrivent, un Conseil élec-toral provisoire contesté par la classe politique et la mé-fiance que celle classe exprime face à l’Exécutif, qui ne jouit pas d’une bonne réputation dans les questions électorales. Toutes les conditions sont pratiquement réunies pour un éclatement politique et social au sein d’une population qui essaie de se relever d’un puis-sant séisme qui lui a presque tout emporté.

D’un autre côté, M. Ronald Baudin nous a confié qu’au-cun secteur de la vie nationale ne peut délibérément faire

obstacle à la reconstruction du pays : « Tous les secteurs s’occuperont de leurs affaires, et la reconstruction du pays fera son petit bonhomme de chemin ». Nous aurions sou-haité que les choses se pas-sent ainsi, mais nous sommes habitués aux comportements des bailleurs de fonds qui, à la moindre émeute, peuvent surseoir aux décaissements en attendant la stabilisation de la situation ou que le pro-chain gouvernement légitime prenne les affaires de la cité en main.

En dernier ressort, cer-taines conditions sont plu-tôt encourageantes pour por-ter les autorités économiques du pays à prétendre à un tel niveau de croissance. Pre-nons, par exemple : la réaf-firmation de la volonté de la communauté internationale d’apporter son appui à la re-construction d’Haiti lors de la rencontre de Punta Cana (Ré-publique dominicaine) ; l’état actuel des discussions avec les bailleurs de fonds internatio-naux qui, jusqu’à présent, sont plutôt favorables à des décais-sements dans les meilleurs dé-lais pour le financement des travaux ; le fait que l’adminis-tration fiscale haïtienne arrive à recouvrir 80% des recettes publiques en juin 2010 contre seulement 20% en janvier der-nier.

Nous espérons que des ef-forts et une discipline seront consentis du côté de tous les Haïtiens pour ne pas fragili-ser davantage le contexte po-litique et social du pays. Car il serait dommage que nous ayons à attendre indéfiniment des fonds qui ne viendront peut-être jamais au cas où les choses se gâteraient !

Jean Samuel Vincent [email protected]

Les bouchons monstres tarissent les bourses des ménages

L’embouteillage a toujours été un problème quotidien dans la région métropolitaine. Cependant, il semblerait qu’après le séisme du 12 janvier la situation ait empiré. Ce qui affecte considérablement diverses couches de la population qui doivent réviser à la hausse les budgets qu’ils consacrent à leurs déplacements quotidiens.

Nul ne peut ignorer

le rôle prépon-dérant que joue le transport terrestre dans notre société et

plus particulièrement dans la mobilité des personnes et des marchandises. Et de l’avis de plus d’un, la mobilité est un moyen de liberté, de déve-loppement et même de com-pétitivité. C’est la raison pour laquelle certains pays inves-tissent des sommes vertigi-neuses en vue d’établir un ré-

seau routier efficace, capable de résorber les difficultés dues aux surcroîts de trafics. Ce qui est tout à fait logique, car l’in-cidence des coûts directs liés au transport est très préjudi-ciable à la société moderne.

Si, dans certains coins du globe, des solutions sont déjà envisagées pour résoudre le problème des transports rou-tiers, en Haiti ce n’est pas le cas. Force est de constater que, depuis le séisme du 12 jan-vier qui a secoué la capitale, une certaine recrudescence des bouchons monstres sur les grandes artères de la ré-

gion métropolitaine de Port-au-Prince, notamment sur les routes menant à la Croix des Bouquets, Bon Repos, Ge-rald Bataille. Parfois, les usa-gers de ces voies sont obligés de passer plus de deux heures pour parcourir le simple tra-jet reliant Croix des Bouquets à Gerald Bataille, alors qu’un tel trajet, auparavant, ne leur prenait qu’une demi-heure, a déclaré, énervé, un de ces usagers. La situation devient quasiment impossible aux heures de pointe, notamment avant et après la rentrée des classes et à la fin de la journée

de travail.

Les grandes victimesDu simple piéton aux res-

ponsables de la circulation routière, chacun a sa propre interprétation du phénomène de l’embouteillage. Pour Ge-rald Mathurin, qui fréquente quotidiennement la route de la Croix des Bouquets pour se rendre à son boulot, ce sont nos dirigeants qui en sont res-ponsables, pour n’avoir pas pensé à mettre en place les structures d’accompagnement du développement démogra-phique de ces zones.

Selon un policier, assurant la circulation au Carrefour Shada, ce sont les chauffeurs de « tap tap » qui en sont les

grands responsables. De leur côté, les chauffeurs pointent du doigt les agents de la circu-lation

De toute façon, l’intensifica-tion des embouteillages dans certaines artères de la région métropolitaine de Port-au-Prince est la résultante d’une carence de politique nationale de transport. C’est le reflet d’un mode de gouvernance, « le laisser-faire », ne tenant pas compte des besoins futurs du pays. De plus, la majori-té de nos infrastructures rou-tières ne correspondent pas à l’augmentation vertigineuse des voitures circulant à Port-au-Prince, d’autant plus qu’il existe une inadéquation

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Économie Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

1.Un contexte et une mentalité qui nous interpellent tous pour un changement en profondeur

La tragédie du 12 janvier dernier a notamment mis en évidence notre incapacité en tant que dirigeants et élites de ce pays à anticiper les si-tuations critiques qui appel-lent la conception préalable de politiques et la mise en place de stratégies et de dispositifs de mitigation appropriés. Les pertes énormes en vies hu-maines et les immenses dé-gâts matériels enregistrés sont assez éloquents du néant pro-grammatique autour duquel gravitent les décideurs haïtiens privés ou étatiques incluant toute la batterie de suppor-teurs étrangers. Cependant, les leçons apportées par l’ampleur même du désastre ne sont pas encore suffisamment assimi-lées ou tout simplement rete-nues pour provoquer une rup-ture même progressive avec la façon usuelle de penser, de se comporter et d’agir qui s’est révélée défaillante. Or, le re-dressement du pays qui est aujourd’hui exsangue impose une réelle prise de conscience de notre situation et de nos opportunités et commande une totale rupture avec cette étrange mentalité caractérisée à la fois par le gaspillage des ressources vitales dont nous disposons et la mendicité des miettes de la table des autres. Nous avons choisi de dé-pendre des autres autant pour l’alimentation, le logement, que pour l’élimination de nos ordures ménagères. Nos res-ponsables se comportent comme des mineurs orphelins qui ne sauraient survivre sans un tutorat. Le pays n’a presque pas de dernier carré où se re-trouveraient l’orgueil, l’amour propre, la dignité et la fier-té nationale. Ce dernier bas-tion réputé inviolable n’existe-rait plus. L’âme nationale est en péril. Si nous ne nous ré-veillons pas, nous risquons de la perdre.

La catastrophe du 12 jan-vier 2010 avec ses consé-quences dramatiques et dou-loureuses a malheureusement donné raison à ceux qui n’ont jamais eu de cesse de faire le plaidoyer d’une vision qui met le bien-être de la majorité au centre des préoccupations et qui s’articule en priorité au-tour de la prise en compte de nos potentialités. Cette vision nous invite à nous appuyer d’abord sur nous propres

forces, si limitées soient-elles, avant le recours à l’assistance étrangère. Elle fait de l’aide des autres non pas une fin en soi mais un instrument d’appui à construction d’un nouveau savoir-être, à la mobilisation du savoir et du savoir-faire de tous les haïtiens dans le cadre d’une meilleure valorisation de toutes les ressources. Des expériences en ce sens ont donné des résultats promet-teurs qui donnent des raisons d’espérer. L’entreprise « Lèt à Gogo », certaines coopératives de production qui partici-pent de cette logique sont des exemples parmi les quelques succès jusque là enregistrés. En dépit de la tendance de la plupart de nos décideurs, ca-ractérisée par une soumission presqu’aveugle aux dictats de l’étranger, il reste encore des haïtiens qui ont choisi de lut-ter jusqu’au bout pour un re-tour de situation. Ce sont de simples compatriotes, des pro-fessionnels d’horizons divers, membres d’organisation ou non. Ils expérimentent des ac-tions privilégiant la recherche de solutions endogènes aux problèmes confrontés par le pays. Ils font un constant plai-doyer en faveur du développe-ment d’une réelle production nationale. Ils alimentent les débats sur les approches, les stratégies, les techniques, les actions qui seraient capables de galvaniser les efforts de la population vers la recherche d’une amélioration significa-tive de la situation. Pour di-verses raisons, les graines en-semencées n’ont pas encore donné les résultats escomptés. La masse critique nécessaire n’est pas encore atteinte, mais tôt ou tard cela viendra.

Le propos d’aujourd’hui du Groupe de Recherches d’Etudes Environnementales et Foncières (GREF) s’inscrit au cœur de cette profonde conviction et se veut une contribution à une meilleure prise en compte de nos res-sources nationales en géné-ral et des terroirs agricoles proches des villes en particu-lier dans tout plan de dévelop-pement national.

2. De quels terroirs agricoles parlons-nous ?

Les terroirs considérés sont principalement les plaines agricoles qui, de par la qualité de leurs sols et de la disponibi-lité en eau, sont généralement classées parmi les aires les plus fertiles du pays. Nous pouvons citer : la plaine du Nord, la

plaine des Gonaïves, la plaine de l’Artibonite, la plaine de l’Arcahaie, la plaine du Cul de Sac, la plaine de Léogâne, la plaine des Cayes. Situées pour la plupart en périphé-rie des villes, elles sont dotées d’infrastructures hydro-agri-coles et d’organisations so-ciales destinées à maximiser au mieux leur potentiel. Ces installations sont le résultat de beaucoup d’efforts consen-tis par le pays depuis des an-nées dans le but d’améliorer les revenus des exploitants agri-coles et d’augmenter la dispo-nibilité alimentaire nationale. Aujourd’hui, plus que jamais, nous pensons que ces espaces doivent faire l’objet d’une at-tention toute spéciale, dans la mesure où ils sont appelés à jouer un rôle éminent dans toute politique de relance ef-fective de la production agri-cole nationale. Il devient de plus en plus incontournable de renoncer au gaspillage si nous voulons sortir de cette menta-lité de dépendance qui nous empêche d’exprimer et de mo-biliser nos ressources (hu-maines et matérielles) dans le sens d’une amélioration quali-tative de notre situation.

3.Quel est l’objet de notre propos ?

Depuis déjà de nombreuses années, les terroirs agricoles proches des villes sont mena-cés dans leurs fonctions et at-tributs naturels par deux mou-vements différents mais qui se complètent dans leur finalité. Le premier mouvement est vertical et est animé par l’éro-sion des montagnes qui les surplombent. Il affecte pro-gressivement la fertilité des sols des zones concernées en y déposant périodiquement des matériaux grossiers arra-chés des montagnes. A terme, on risque d’assister à une sédi-mentation complète, laquelle conduira à la stérilisation de ces importants espaces agri-coles. Le second mouvement est horizontal et provient des villes avoisinantes sous forme d’une demande croissante de terrains à bâtir, alimentée par une démographie galo-pante et l’argent de la diaspora. Face à ces dangers qui mena-cent de saper l’une des prin-cipales bases de la production agricole et dans un contexte qui réclame une nouvelle ap-proche dans la gestion du ter-ritoire, le GREF estime tout à fait opportun de réanimer le débat en espérant que l’intérêt de la collectivité prévaudra sur les intérêts personnels. Il s’agit

d’attirer l’attention des respon-sables sur la gravité de la si-tuation à l’intérieur des péri-mètres irrigués proches des agglomérations et de les in-citer à agir dans les meilleurs délais afin de protéger ces im-portantes ressources. Nous sommes conscients que beau-coup d’encre, de salive, et même de larmes sont déjà versées sur la question sans qu’une réponse appropriée n’y soit véritablement apportée. L’état actuel de la plaine du Cul de Sac, entre autres, est révéla-teur de l’indifférence ou tout au moins de l’incapacité des responsables directs à appor-ter les solutions nécessaires. Faut-il se décourager pour au-tant et jeter l’éponge ? Nous disons non, mille fois non. A l’instar d’autres professionnels interpellés par cette probléma-tique, nous pensons qu’il faut persévérer jusqu’à une prise de conscience collective. A un moment où le Ministère de l’Agriculture se propose de fi-naliser et de valider un cadre stratégique du développement de l’irrigation, nous pensons que les présentes réflexions peuvent éventuellement servir à faire avancer les choses dans la bonne direction. Tel est l’ob-jet de notre propos.

4. Pourquoi protéger les terroirs agricoles proches des villes ?

Cette question paraît un peu idiote dans la mesure où il est tout à fait normal de proté-ger son patrimoine surtout s’il est de grande valeur. Les prin-cipales plaines agricoles du pays représentent une richesse extraordinaire tant du point de vue agricole et environnemen-tal que du point de vue social et économique. Elles sont clas-sées parmi les terroirs les plus fertiles du pays. Elles sont do-tées d’excellentes potentialités agricoles en termes de qualité des sols et de disponibilité en eau tant en surface (rivières, sources, etc.) qu’en profondeur (nappe souterraine). Elles sont pourvues notamment de sys-tèmes d’irrigation, de routes agricoles pour lesquelles le pays a consenti beaucoup de sacrifices. Elles jouissent d’une position géographique straté-gique parce qu’elles sont rela-tivement proches des grands marchés. Ces espaces agricoles sont en fait des nerfs vitaux pour l’agriculture haïtienne d’autant plus que les capaci-tés de production des sols de montagne sont devenues très faibles à cause de l’érosion. De plus ces terroirs, par la diversi-

té de leurs paysages, les beau-tés panoramiques, le calme et la tranquillité des lieux, repré-sentent des pôles d’attraction pour les citadins en quête de resourcement. Toutes ces ca-ractéristiques placent ces éco-systèmes parmi les ressources naturelles les plus importantes du pays.

Cependant, la question est à la fois opportune et d’une brûlante actualité parce que, comble d’ironie, cette richesse dont nous parlons ne fait pas l’objet d’une protection sys-tématique. Elle est plutôt en grand danger de disparition. Les données générées par le GREF montrent qu’au niveau de toutes les plaines côtières du pays, l’avancée du front ur-bain ensevelit chaque année de quantités importantes de terres agricoles. Dans la plaine de Léogane, au cours de la pé-riode 2002-2008, soixante-dix (70) hectares de terres arables sont enlevées à l’agriculture chaque année(1). Dans la frange côtière Jacmel/Cayes-Jacmel, les calculs et obser-vations faites pour la même période indiquent qu’envi-ron 20 hectares de terres sont consommés chaque année par les constructions. La petite plaine agricole de Saint Marc d’environ 300 hectares avec deux systèmes d’irrigation est en voie de disparition. 80% de sa superficie sont à jamais perdues pour l’agriculture. Il s’agit de quelques exemples qui illustrent une situation gé-nérale. Parallèlement à cette invasion qui se fait à l’horizon-tale, il y a l’érosion des mon-tagnes qui surplombent ces plaines et qui est à la base de l’ensevelissement progressif des sols notamment par du sable et du gravier charriés d’en haut. Cette situation fragi-lise les infrastructures de pro-duction qui sont partiellement ou complètement détruites à l’occasion de désastres natu-rels de moyenne importance. La réhabilitation de systèmes d’irrigation est devenue depuis quelque temps une activité ré-currente dans le pays.

Il s’agit donc d’autant de raisons valables qui imposent la protection durable de ces importants terroirs dans un contexte caractérisé par une baisse de plus en plus inquié-tante de la production agri-cole nationale, la hausse des importations de produits ali-mentaires, et les difficultés d’accès à ces produits. L’inver-sion de cette dynamique in-fernale passe par une valorisa-tion soutenable de ces espaces

Protection des terroirs agricoles proches des villes : passage obligé vers la relance de la production agricole nationale

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ÉconomieNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

à fortes potentialités agricoles qui doivent être au cœur de toute politique de relance de la production agricole nationale.

5.Comment donc pro-téger les terroirs agri-coles proches des villes ?

La protection des terroirs agricoles situés au voisinage des villes est, à notre avis, su-bordonnée à deux conditions préalables. Primo, il faut une réelle volonté politique capable de rompre définitivement avec la pratique du « laisser-faire » de l’indolence institution-nelle, du gaspillage de res-sources et qui met en avant la valorisation de nos potentiali-tés. Deuxio, cette volonté de-vra favoriser la mise en place de mécanismes institutionnels destinés à assurer la durabilité des actions à engager.

En ce qui concerne les me-sures à prendre pour protéger et inciter à la meilleure uti-lisation possible des terroirs agricoles proches des villes, elles seraient de deux sortes. Il y a d’une part les mesures de court terme portant sur les urgences à attaquer et d’autre part celles de moyen et long termes qui seraient beaucoup plus structurantes.

a) Les mesures de court terme

Il s’agit de mesures à prendre sans délai relevant du conservatoire et qui por-tent sur la nécessité et même l’obligation d’empêcher l’aggra-vation de la situation à l’inté-rieur de ces territoires agri-coles. Les occupations de fait qu’on est en train d’observer suite aux mouvements de po-pulation occasionnés par le tremblement de terre du 12 janvier dernier doivent être à tout prix évitées par la propo-sition d’autres options aux si-nistrés. Le cas de la plaine de Léogane où un incendie consi-déré volontaire par plus d’un a facilité l’installation, non loin de l’usine sucrière de Dar-bonne, de beaucoup de sans abris est révélateur d’une nou-velle donne qui risque d’enve-nimer un problème déjà dif-ficile à résoudre. Au niveau de cette même plaine, la plu-part des immeubles sont dé-truits. Il faudra trouver des moyens pour empêcher la re-construction de certains de ces bâtiments et maintenir la plaine de Léogane dans sa vo-cation naturelle. Pour toutes les plaines concernées, les mêmes précautions sont pré-conisées. Un zonage des terres agricoles récupérables à l’in-térieur de ces plaines devra être fait sans délai et des me-sures opérationnelles d’inter-diction de construire même provisoires sont à prendre. La

mise à contribution et la mo-bilisation des autorités locales (Maires, CASECs, etc.), des regroupements d’agriculteurs et de toutes les personnes res-sources intéressées restent et demeurent subordonnées à la durabilité des dispositions prises. A ce niveau, l’appui de l’étranger, fortement pré-sent en Haïti depuis quelque temps, pourrait être sollicité pour l’obtention de photogra-phies aériennes plus récentes et une délimitation plus actua-lisée des aires concernées.

Parallèlement, l’interdiction provisoire de construire dans les zones concernées doit être accompagnée d’un ensemble d’actions visant à susciter l’in-térêt des exploitants agricoles et des propriétaires et à les encourager à investir davan-tage dans l’agriculture. Dans la plaine de Léogane, la FAO, l’ACTED, la CARE, l’IRD, in-terviennent dans l’appui aux travaux de préparation de sol, la distribution de semences et d’outils agricoles, le curage des canaux d’irrigation, la réha-bilitation de pistes. Le Minis-tère de l’Agriculture assurerait la mise en cohérence de ces actions. Il s’agit évidemment d’interventions tout à fait op-portunes qui rentrent dans le cadre de mesures visant à ap-porter un rapide soulagement à la situation de détresse dans laquelle se trouvent des popu-lations agricoles. Cependant, il est nécessaire de les intégrer dans un plan d’ensemble visant à faire de la plaine de Léogane le fer de lance de la production agricole de la commune. Cette proposition vaut autant pour toutes les plaines agricoles qui sont, comme celle de Léogane, menacées dans leurs fonctions naturelles. Il revient au Minis-tère de l’Agriculture de s’assu-rer des niveaux d’appuis tech-niques, logistiques, financiers nécessaires à la protection et à la mise en valeur rentable des terres des plaines du pays.

b) les mesures de moyen et long termes

Ces mesures ciblent les forces motrices à la base de la problématique de la plu-part des plaines côtières du pays. Le Ministère de l’Agri-culture, dans son document de politique de développe-ment agricole 2010-2025, se propose d’atténuer les effets de la dégradation des mornes sur les plaines agricoles à tra-vers une approche qui intégre-rait l’amont et l’aval. La déprise agricole consécutive à l’enva-hissement des espaces consi-dérés par des constructions en dur n’est pas suffisamment prise en compte. Ce problème a été souligné lors des débats organisés récemment par le Ministère de l’Agriculture au-

tour du plan d’investissement pour la croissance du secteur agricole. Nous espérons qu’il sera pris en considération.

Parmi les mesures de moyen et long termes, il y a celles qui rentrent dans le cadre des prérogatives du Mi-nistère de l’Agriculture et celles qui sont de la respon-sabilité d’autres instances de l’Etat. L’appui à de nouvelles formes de mise en valeur des terres relève de la compétence du MARNDR. Cette mesure vise une meilleure rentabilité des ressources mobilisées. Elle requiert des investissements importants qui sont de nature à redonner confiance aux in-téressés à s’engager davantage dans l’agriculture. Il en est de même de l’opérationnalisation d’un dispositif de veille fon-cière destiné à empêcher la dé-saffectation de terres agricoles à d’autres fins. Les autres me-sures concernent notamment l’apaisement de la démogra-phie galopante qui crée, entre autres, une demande sans cesse croissante de terrains à bâtir, l’actualisation du cadre légal et institutionnel por-tant sur l’urbanisme et la ges-tion du territoire, le renforce-ment des collectivités locales. En clair, une coordination de toutes les instances compé-tentes de l’Etat est indispen-sable. En tout état de cause, il faut nécessairement un chan-gement de paradigme qui met le devenir du territoire au centre des préoccupations et qui s’appuie sur les potentiali-tés locales.

Plusieurs scénarios passant du minimaliste (100% res-sources haïtiennes) au maxi-maliste (forte composante de ressources externes) doivent être envisagés afin de parer à toute éventualité et d’être toujours en mesure de faire quelque chose avec les moyens disponibles.

Serge Michel Pierre-Louis Groupe de Recherches

d’Etudes environnementales et foncières (GREF) [email protected]

(1) Programme de recherche-action et de plaidoyer autour de la problé-matique de l’étalement urbain sur les terres agricoles et les paysages naturels en Haïti. Le cas de la Plaine de Léogane et de la frange côtière Jacmel/Cayes-Jacmel. GREF, novembre 2009

majeure entre l’offre et la de-mande de services dans ce sec-teur.

Face à ce problème d’en-vergure, malheureusement ce sont les bourses des ménages qui en paient les frais. C’est le cas de Marcus, chauffeur du circuit du Carrefour aéroport, qui voit ses besoins en carbu-rant doubler pour le même trajet alors que ses recettes continuent de chuter énormé-ment. Cette situation n’est pas aussi profitable pour le pays qui, en tant qu’exportateur de produits pétroliers, doit al-louer des sommes importantes à l’importation de ces produits. Ce qui, à coup sûr, va créer un déséquilibre au niveau de la balance commerciale du pays.

Autres grandes victimes, les écoliers et les employés qui sont obligés d’utiliser le transport en commun pour se rendre à l’école ou du moins à leur travail. La bifurcation des trajets est devenue une pra-tique courante chez certains chauffeurs pour atténuer le poids excessif du coût du car-buran. Par exemple, le trajet Carrefour aéroport - Croix des

Bouquets est subdivisé en cinq sous-trajets (Carrefour aéro-port – trois mains – Gerald – Fleuriau – Carrefour Marassa – Croix des Bouquets), c’est-à-dire, les usagers de cette voie doivent payer cinq fois plus la somme qu’ils payaient avant. Une telle situation a de rudes conséquences sur le budget de certains ménages qui se voient contraints de donner beau-coup plus à leurs enfants pour que ces derniers puissent jouir des bénéfices des premières le-çons. Le plus souvent, ces frais supplémentaires concurren-cent considérablement ceux consacrés à l’alimentation.

Les coûts liés aux embou-teillages sont très catastro-phiques pour notre économie, d’où la nécessité de réfléchir sur de nouvelles alternatives, dans le cadre de la reconstruc-tion de la nouvelle Haiti, en vue de résoudre le problème. Pourquoi pas ne pas exploi-ter les possibilités offertes par les nouvelles technologies de transport en vogue pour ré-soudre la saturation de nos ar-tères ?

[email protected]

Les bouchons monstres...(suite de la page 9)

Haïti reçoit sa part des actifs confisqués à un trafiquant de drogue

Le gouvernement américain a remis jeudi aux autorités haïtiennes 50% des biens confisqués au narcotrafiquant haïtien Serge Edouard, alias Sergot Persévérance.Cette part représente 1 million 376 mille dollars américains. Elle sera dé-posée sur le compte de la Commission nationale de lutte contre la drogue, affirme l’ambassadeur américain en Haïti, Kenneth H. Merten.Serge Edouard a été jugé et condamné à la prison à vie en septembre 2005 par la justice américaine.Il a été reconnu coupable de conspiration d’importation de cocaïne, conspi-ration de blanchiment d’argent et utilisation de profits illégaux pour effectuer des transactions financières.Le diplomate américain se félicite de la franche collaboration entre les insti-tutions judiciaires des deux pays, à savoir Haïti et les Etats-Unis d’Amérique.L’argent remis aux autorités haïtiennes servira au renforcement de la lutte contre le blanchiment des avoirs et le trafic illicite des stupéfiants, précise Paul Denis, ministre de la Justice et de la Sécurité publique.Le garde des sceaux de la République a mis l’accent sur l’importance de la coopération entre les Etats-Unis et Haïti dans ce domaine. Un partenariat qui doit se poursuivre vu la menace que représente le crime organisé à la sécurité et la stabilité de la région, souhaite le ministre Paul Denis.La loi américaine habilite le partage équitable des actifs qui auront été confisqués à un trafiquant de drogue suite à une investigation, selon une note de l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince.(Source : vision-2000haiti.net)

L’ambassadeur américain Kenneth H. Merten et le ministre haïtien de la Justice, Paul Denis. (photo JJ Augustin)

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Économie Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 3422412

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AgoraNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010

Haïti face au défi du développement

Haïti est aujourd’hui en exigence de dévelop-pement. Il est clair et

évident qu’au point où nous sommes parvenus, le déve-loppement est à nous autres Haïtiens « un défi ». Un défi qu’il faut rapidement sur-monter pour cesser d’être le pays le plus pauvre de l’Amé-rique, l’unique Pays moins avancé (PMA) du continent, pour passer au statut, plus ou moins, de pays le moins riche de l’hémisphère.

Qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas, il est aberrant, tenant compte de notre valeur historico-raciale de peuple, de continuer à ac-cepter de vivre dans une si-tuation aussi abjecte de men-dicité, d’assistanat qui ternit notre image sur le plan inter-national. Très certainement, nous pouvons faire de grandes choses, tout comme nous en avons fait d’ailleurs. Mais au-jourd’hui, il faut un élan col-lectif, bien planifié dans le cœur et l’esprit de ceux-là qui sont considérés comme l’élite de ce pays. Nous disons l’élite parce que, justement, toute conscience nationale est une conscience émanant d’une élite. Lorsque les élites d’un pays trahissent, cette société meurt. Et pas avant que ses élites ne se ressaisis-sent, cette société sera l’objet de manipulation et de dik-tats des autres nations pour le bonheur de peuples étran-gers. Il s’agit effectivement de ce que nous sommes en train de voir : véritable appauvris-sement. Pourquoi ? Parce que malheureusement, sans le vouloir, nos élites ont trahi ; parce qu’elles sont encore et à nouveau colonisées. Ensuite, à cause des machinations de peuples étrangers prétextant toujours vouloir nous aider, pendant qu’au fond, ils ne dé-fendent que leurs intérêts et rien que leurs intérêts.

Pour lever le défi du déve-loppement, la responsabilité est d’abord, ensuite et finale-ment haïtienne.

Il y a des discours par exemple qui font croire qu’Haïti n’est pas un pays pauvre, mais appauvri. Evi-demment, ça a un sens, mais, quelque part, ce genre de dis-cours nous anesthésie éga-lement. Il nous rend dépen-dants. Psychologiquement, nous avons tendance à croire que ces pays ont une rede-vance envers nous. À mon avis, c’est un pur prétexte pour ne pas prendre en charge ses responsabilités vis-à-vis de

soi-même.

Si, aujourd’hui, nous nous sentons aussi à l’aise dans notre situation de mendicité, de parasite et d’assistanat, c’est justement parce que nous esti-mons que certains pays nous doivent de l’aide, sous prétexte qu’ils nous ont colonisés ou occupés, qu’ils ont construit leurs richesses en faisant tra-vailler nos ancêtres sans contrepartie. Effectivement, cet épisode a de grandes ré-percussions sur notre société actuelle. Il est évident que si je vous fais travailler pendant au moins trente ans sans salaire, mon fils sera plus éduqué et plus riche également que le tien. Mais il faut toujours être en mesure d’effectuer cet ef-fort de dépassement de soi, nous permettant de transfor-mer – à notre profit –un pas-sé paradoxalement glorieux et douloureux qui ne doit pas nous rattraper. Et c’est un peu ce qui nous arrive aujourd’hui : nous nous plaignons tou-jours de ce que nous ont fait les autres, du fait qu’ils ont volé nos richesses, nos res-sources naturelles…

Personnellement, j’estime que ces approches relèvent de l’enfantillage, de l’hébétude. Si nous sommes aussi étrangers dans le monde actuel, c’est parce que nous n’observons rien, nous ne portons pas vraiment attention. Nous ne faisons que lire et « parcœu-riser », absorber aveuglement ce que nous lisons sans les re-mettre en question ou encore les jauger par rapport à ce qui se fait dans la réalité.

Vous vous direz peut-être : « Mais… Haïti est un petit pays ! ».

Je vous répondrai : non. Pourquoi ? Parce qu’Haïti est un pays petit mais pas un pe-tit pays. Comme l’a fait re-marquer le célèbre historien cubain, M. Guillermo de Zen-degui : « Ce n’est ni par la di-mension du territoire, ni par les niveaux de développement économique social qu’Haïti fi-gure parmi les premières na-tions du continent. La gran-deur d’Haïti ne se mesure pas en milles carrés de superfi-cie, en terme de revenu per capita, en millions de rentes nationales, mais plutôt en ja-lons d’une histoire forgée à coups de valeur et d’audace, en années d’abnégation et de luttes et en suprêmes ins-tants de gloire.»(1) La dimen-sion territoriale d’un pays ne peut nullement l’empêcher d’être une puissance militaire

ou économique. Du point de vue militaire, la définition de puissance a complètement changé. La force d’une armée ne se mesure plus au nombre de poitrines qu’elle peut ali-gner derrière les baïonnettes, mais à la qualité de son ma-tériel et au degré de sophisti-cation des techniques qu’elle y incorpore . Le résultat en ce sens ne peut être obtenu que par l’éducation. En ce qui a trait à la richesse sur le plan économique, le Singapour par exemple, avec ses 620 km2, fait partie des pays les plus riches de la planète. Or nous avons quant à nous plus de 27.000 km(2) et nous sommes aussi misérables, jusqu’à faire de la pauvreté la rente natio-nale. Il faut savoir, comme l’a soutenu Christiane Taubi-ra, que « Haïti est au cœur de l’histoire de l’Humanité. Haï-ti a posé à l’humanité toutes les grandes questions ».(3) Alors, si nous ne connaissons pas notre valeur en tant que peuple, c’est parce que nous avons une cécité historique, une partie de notre histoire nous est occultée. Mais qu’on ne se méprenne pas : l’or, qu’il soit recouvert de poussière ou de boue, reste de l’or. La pous-sière et la boue ne diminuent aucunement sa valeur. Elles peuvent en dissimuler la pré-ciosité, mais sans perte de va-leur. Il ne suffit que d’un petit nettoyage pour que la matière réapproprie sa valeur d’or. Haïti n’a pas perdu de sa va-leur. Il suffit à nous-mêmes de prendre notre responsabilité de nationaux et de citoyens pour nettoyer ce pays duquel nous nous sommes détachés.

Dans le discours d’inves-titure de Nicolas Sarkozy, ce-lui-ci était clair. Dans un pre-mier temps, il a cité le nom du général de Gaulle, de Georges Pompidou, de Valery Giscard d’Estaing, de François Mit-terrand et de Jacques Chirac. Il n’a pas cité le nom William J. Clinton, Georges Bush de la reine d’Angleterre, etc. Pour-quoi ? C’est parce que, comme il l’a signalé dans son discours : « C’est le peuple français qui lui a confié un mandat. Et il a ainsi continué: Je le rempli-rai. Je le remplirai scrupuleu-sement, avec la volonté d’être digne de la confiance que m’ont manifestée les Français. Je défendrai l’indépendance et l’identité de la France parce que la France a une identité »4. Effectivement la France a une identité ! Quel peuple n’a pas d’identité ? Sauf ceux, bien sûr, qui ont toujours peur de prendre en charge leur responsabilité de peuple.

La mission que veut accom-plir Sarkozy est une mission que lui a confiée le peuple français. Il n’est redevable ni aux Américains, ni aux Japo-nais, ni aux Anglais… mais aux Français, les siens.

Si nous laissons le discours d’investiture de Sarkozy pour passer à celui d’Obama, nous verrons qu’il s’agit de la même chose, du même cas de figure. Lors de l’investiture de ce der-nier, il a précisé au tout début de son discours qu’il prenait la parole au nom de ses an-cêtres américains, au nom de son peuple, et a parlé de fidé-lité aux idéaux de ses ancêtres et à la Constitution des Etats-Unis. Il n’a pas demandé d’être fidele à la Constitution de la France ni aux Bill of Rights de l’Angleterre. Les paroles qu’il prononçait engageaient son pays et visaient le bonheur des siens. Dans ce discours, ce qui a attiré le plus mon attention, c’est lorsqu’il a dit : « Nous réaffirmons la grandeur de notre nation en sachant que la grandeur n’est jamais donnée, mais se mérite. Dans notre périple nous n’avons jamais emprunté de raccourcis et ne nous sommes jamais conten-tés de peu. »(4) . Ce discours nous dit clairement la réali-té du monde. Obama affirme que la grandeur n’est jamais donnée mais se mérite. Sur terre on ne reçoit que ce qu’on mérite. Qu’il s’agisse d’hon-neur ou d’insulte, c’est notre mérite. C’est donc à nous, à travers notre responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes, de déterminer notre mérite. Tout comme Obama, construisons notre force sans emprunter de raccourcis.

Quand finalement, nous autres Haïtiens, aurons-nous un président qui prendra la parole avec autant d’autorité et de responsabilité vis-à-vis du pays ? Nos chefs d’État, par un bien triste constat, se sen-tent plus responsables vis-à-vis de pays étrangers que de leur sien propre. Même pour la réalisation d’élections ici, on peut voir combien les étran-gers sont impliqués. Ils finan-cent presque totalement nos élections. Que dire du bud-get de l’Etat tributaire à 80% des étrangers ? Et lorsque nos candidats sont élus, ils pas-sent plus de temps à saluer les présidents étrangers, les am-bassadeurs, les investisseurs… qu’à s’adresser au peuple pour dire ce qui est juste, ce qui est du devoir réel de tout chef d’État. Je n’ai pas vu Obama en train de saluer les ambas-sadeurs étrangers lors de son

investiture. Il a prêté serment et s’est adressé à son peuple.

Pourquoi ne pouvons-nous pas faire autant ? Il est grand temps de nous comporter en tant qu’adultes, en tant que peuple fièrement responsable qui cesse de se plier devant les nations étrangères.

Il est grand temps que nous cessions de suivre les Occiden-taux. Il nous faut marcher sur nos propres pas. Pas à pas. Je n’ai jamais vu nulle part, dans l’histoire de l’humanité, un peuple déterminé à suivre un autre, parvenir à dépasser ce-lui qu’il a suivi. Traçons nous-mêmes notre propre chemin. Si nous voulons nous réapproprier notre valeur de peuple et de na-tion, il nous faut prendre notre propre voie, notre propre direc-tion. Seulement à ce moment-là, à ce prix, nous cesserons d’être des suiveurs, attendant des so-lutions venues d’ailleurs. C’est l’ancien représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Hédi Annabi, en date du 7 janvier 2010, cinq jours avant sa mort à Port-au-Prince sous les décombres du quartier gé-néral de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), qui déclarait : « Haïti est à un moment décisif de son histoire. On a vu se pro-filer à l’horizon, en 2009, l’espoir d’un nouveau départ. Il appar-tient aux Haïtiens, et aux Haï-tiens seuls, de transformer cet espoir en réalité, en travaillant ensemble au service des intérêts supérieurs de leur pays. »

Le temps dans lequel nous vivons actuellement est celui qui invite à profiter d’un cer-tain ressaisissement, pour faire marche arrière, question de re-tourner sur nous-mêmes pour prendre la juste voie, la voie pouvant nous ramener vers l’Haïti réelle où nous aurons à compter sur nous-mêmes, par nous-mêmes et pour nous-mêmes, tout en n’écartant pas la nécessité de coopérer avec les pays estrangers dans le cadre d’échanges fructueux et féconds, au bénéfice de nos dignes compatriotes.

Le 16 juin 2010.

Roudy Stanley Penn [email protected]

(1) Revue Americas, mars 1972(2) Boniface, Pascal, Le

Monde Contemporain : les grandes lignes de partage, les Presses Universitaires de France, 2001, p. 45

(3) Conférence prononcée à l’Institut français d’Haïti, le 29 avril 2008

(4()Consulter www.lepoint.fr, Discours d’investiture de Ba-rack Obama, le 20 janvier 2009

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AgoraVendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010 No 34224

Démocratie et processus électoralLa Chronique hebdomadaire des droits de l’homme (CHDH) s’était interrompue, en raison du cataclysme du 12 janvier qui a touché toute la conscience de l’humanité dans sa dimension la plus profonde. Car, ce séisme dévas-tateur qui n a pas tenu compte de cagoterie et d’apparte-nance sociales, de couleur, de sexe, de religion, d’idéo-logie politique, de position dans la hiérarchie sociale…devait faire environ un demi (½) million de morts, selon les estimations scientifiques. Le Centre d’analyse et de re-cherche en droits de l’homme (Cardh), profite de la dif-fusion de ce bulletin qui annonce la reprise de sa Chro-nique hebdomadaire des droits de l’homme pour adresser ses sympathies à chaque homme, à chaque femme et à chaque enfant, sans considérations aucunes, victimes de ce catastrophe épouvantable.

Généralement, on s’ac-corde sur cette ap-proche de la démocra-

tie comme étant : « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Un système démocratique requiert, en tout premier lieu, l’existence de véritables institutions qui visent à favoriser l’exercice pleine et effective du pouvoir. Car, elle est : « le pouvoir du peuple (…)». L’existence d’ins-titutions dans ce système dit démocratique est, par ailleurs, soumise à un autre facteur in-contournable. Il s’agit du res-pect scrupuleux des normes et des principes tant par le gou-vernants (les dirigeants) que par les gouvernés (le peuple). En deuxième lieu, l’Etat de droit s’impose comme l’un des piliers fondamentaux de la démocratie. L’exercice du pou-voir en question étant : « pour le peuple (…) », la démocra-tie, dans cette logique, doit vi-ser, d’entrée de jeu, « le bien-être du peuple ». Ce qui laisse entendre que le troisième pi-lier de la démocratie est l’hu-manisme. Tout système qui se veut démocratique doit se donner pour mission « le respect et la promotion des droits et des valeurs de l’homme », comme le pres-crivent la Charte des Nations unies, symbole de la nouvelle coopération internationale, et la Déclaration universelle des droits de l’homme (Dudh) qui se veut l’idéal commun à at-teindre par tous les peuples et la grande Charte de l’humani-té tout entière.

Cette trilogie démocra-tique, à savoir l’existence d’institution, l’Etat de droit et le respect et la promotion des valeurs et de la dignité hu-maines, s’exerce par des méca-nismes connus sous le nom de « pouvoirs politiques ». Mais, ces derniers, en tant qu’or-ganes chargés d’exercer la dé-mocratie, ne sont pas consti-tués directement du peuple. Celui-ci désigne ses représen-tants (es), les gouvernants, qui agissent en son nom. Il s’agit de la démocratie représenta-

tive.

Ce processus se matéria-lise via un système connu sous l’appellation d’élections. En d’autres termes, les élections constituent le mécanisme qui permet au peuple, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens, déten-teur de la souveraineté natio-nale, de désigner ses représen-tants (es) au sein des pouvoirs politiques.

Cependant, il y a lieu de comprendre deux choses im-portantes dans le cadre de cette approche politico-juri-dique. D’abord, l’organisation périodique d’élections, selon les normes constitutionnelles, est l’une des exigences de tout système ou de toute société qui se veut démocratique. Elle permet au peuple de designer et de renouveler les person-nels des pouvoirs politiques.

L’autre aspect fondamental est que les élections permet-tent au peuple d’exercer les droits politiques (première gé-nération de droits de l’homme ), soit en désignant les futurs gouvernants (droit de voter )ou en devenant lui-même gouvernants (droit de se por-ter candidat). Elles sont, pour ainsi dire, soumis à des préa-lables.

À l’heure actuelle où le de-vant de la scène est préoc-cupé par l’organisation des prochaines élections pour re-nouveler les personnels des pouvoirs politiques, la Chro-nique hebdomadaire des droits de l’homme (Chdh), le bulletin du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (Cardh), vous pro-pose une série d’articles, sous le titre ; « Démocratie et pro-cessus électoral »

Centre d’analyse et de re-cherche en droits de l’homme (Cardh)

53, Ave. Christophe (Port-au-Prince, Haïti)

(509) 3436-1282/3795-6597/3619-3865/3485-8027

www.cardh.org

Proposition en vue de la formation d’un Conseil électoral digne de confiance Justification

Notre pays vit aujourd’hui une situation de précarité, d’incurie et de dépendance particulièrement dangereuse pour sa souveraineté, sa sur-vie en tant que nation et le bien-être de son peuple. Pour sortir de ce marasme, le pays a besoin d’un leadership com-pétent, éclairé, soucieux du bien-être collectif et jouis-sant de la pleine confiance du peuple haïtien. Seules des élections crédibles, réalisées par un Conseil électoral pro-visoire non partisan, compo-sé d’hommes et de femmes intègres et courageux, peu-vent ouvrir la voie à une sor-tie positive de la crise sociale, économique et politique que nous vivons aujourd’hui.

En raison des fraudes gros-sières et évidentes qui ont émaillé les dernières élections sénatoriales, de la démarche unilatérale de l’Exécutif ayant conduit au récent replâtrage du CEP et des derniers scan-dales administratifs révélés par des parlementaires , l’ac-tuel Conseil électoral a perdu toute crédibilité et représente un sérieux facteur de trouble et d’instabilité sociale et po-litique pour notre pays, qui vit dans des conditions de grande fragilité. De toute évi-dence, le pays a besoin d’un autre Conseil électoral.

Nous saluons les efforts dé-ployés par la Communauté Internationale pour partici-per financièrement et techni-quement à la reconstruction du pays, tout en déplorant que les dispositions légales prises pour faciliter cette participation ne responsabi-lisent ni l’Etat haïtien, ni la Communauté internationale. Toutefois, nous attirons l’at-tention des pays qui se propo-sent de contribuer financière-ment à la reconstruction du pays sur le fait que cette en-treprise louable et nécessaire ne pourra réussir que dans un climat politique apaisé et dans la mesure où un proces-sus électoral crédible permet l’émergence d’un pouvoir vé-ritablement légitime.

En vue d’éviter à notre pays les dérives d’une grave dété-rioration de la situation po-litique dans le contexte dif-ficile de l’après 12 Janvier, le Collectif d’organisations de la Société civile signataires de la présente déclaration, propose à la nation et aux principaux acteurs concernés le méca-nisme suivant pour aboutir à un choix approprié et non partisan des membres du Conseil électoral provisoire.

Proposition1.- Profil des membres

du CEPLe Conseil électoral pro-

visoire appelé à jouer le rôle d’un Conseil d’Administration au sein de l’Institution électo-rale doit être formé de person-nalités bien connues , caracté-risées par leur compétence et leur professionnalisme, leur honnêteté et leur force de ca-ractère , leur ouverture d’esprit et leur indépendance de juge-ment et, le cas échéant, leur ex-périence confirmée de la ques-tion électorale.

2.-Les Instances appe-lées à choisir les 9 membres du CEP

I. Sept des neuf instances qui auront la responsabilité de désigner les membres du Conseil électoral provisoire sont prévues par la Consti-tution de 1987 en son article 289, : l’Exécutif, la Confé-rence épiscopale, les Cultes réformés, la Cour de cassa-tion, les Organismes de dé-fense des Droits humains, le Conseil de l’Université, l’ As-sociation des journalistes. Deux autres entités : l’Eglise épiscopale et le Culte Vo-dou, par exemple, pourraient remplacer le Conseil consul-tatif (qui n’existe plus) et le Conseil national des Coopé-ratives (qui est un appendice administratif de l’Exécutif).

3.- Procédure à suivre pour la désignation des 9 membres du CEP

II. A partir des critères re-tenus pour définir le profil des membres du CEP, cha-cune des neuf instances iden-tifiées aura la responsabilité de proposer une personna-lité, sur une base strictement citoyenne, dans un esprit non sectaire et non partisan. Le choix de cette personnalité devra se faire sur une base institutionnelle et démocra-tique au sein des instances concernées. Aucun membre de l’actuel CEP ne sera éli-gible.

4.- Fonctionnement du Conseil électoral provi-soire

Les membres du Conseil électoral provisoire ainsi constitué, éliront un bureau en leur sein. Ils fonctionne-ront exclusivement en qua-lité de Conseil d’Administra-tion sur une base collégiale et démocratique pour toutes les décisions relatives à la conduite du processus électo-ral. Ils nommeront un Direc-teur exécutif et les membres clés du staff chargés d’orga-niser et de gérer le processus électoral sous l’autorité su-prême du Conseil et selon ses

directives.L’Administration des opé-

rations électorales à travers les différents départements géographiques du pays de-vra être confiée au personnel compétent en la matière sous la supervision du Directeur exécutif et l’autorité ultime de l’ensemble du Conseil. Les membres du Conseil ne pourront point se substituer au personnel de bureau et de terrain chargé des tâches techniques et administratives, ni se partager la responsabili-té exclusive de la gestion des opérations électorales dans chacun des 10 départements géographiques.

Les membres de ce Conseil électoral - qui, nous l’espé-rons vivement, sera le der-nier provisoire - n’étant point considérés comme des sala-riés, percevront de simples frais, et bénéficieront de pré-rogatives compatibles à leur fonction.

Les organisations signa-taires de la présente, dans le souci de préserver le proces-sus démocratique, soumet à tous les acteurs politiques la présente proposition pour la formation d’un Nouveau Conseil électoral provisoire et les invitent à un sursaut pa-triotique, en vue de recher-cher la voie du dialogue et du compromis politique afin d’éviter à la nation une nou-velle période de troubles, à un moment particulièrement dif-ficile de notre vie de peuple. Ces organisations sont à la disposition du pays pour fa-ciliter le dialogue et les négo-ciations.

21 juin 2010

Suivent les signatures :

Rosny Desroches, Initiative de la Société Civile(ISC)

Edouard Paultre, Conseil Haï-tien des Acteurs Non Etatiques

(CONHANE) Organisation des Patriotes Pour

Ayiti (OPA) Léopold Berlanger

Jean Garry Denis, Initiative Ci-toyenne (IC)

Jean-Claude Bajeux, Centre Œcuménique des Droits de

l’Homme (CEDH) Dominique Joseph, Office de

Concertation pour le Dévelop-pement (OCODE)

Bellegarde Berthony, Action Ci-toyenne

Jn Gardy Théodore, Centre pour la Promotion des Droits Hu-

mains et de la Démocratie en Haiti (CEPRODHD)

James Jacques, Grand Front Na-tional des Etudiants Haïtiens.

(GRAFNEH Pierre Espérance, Réseau Na-

tional de Défense des Droits de l’Homme (RNDDH)

Arnold Antonin, Centre Pétion Bolivar

Joseph Jean Midley, Mouvement pour la Démocratie, l’Ordre et

la Démocratie (MODOD)

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AgoraNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010

Pour un CEP crédible

1.- La première partie de la proposition de la So-ciété civile, basée sur la

Constitution – comme celle d’Odette Roy Fombrun – est parfaite. C’est bien de rem-placer deux institutions non fonctionnelles par deux autres qui méritent d’en faire partie (dont le culte Vaudou, comme ORF l’a aussi proposé).

2.- Concernant le profil des membres du CEP, on pourrait ajouter quelques spécifica-tions concernant les capacités des candidats (gestion, admi-nistration, connaissance en

système électoral…).

3.- La nomination des membres est à rejeter, vu qu’elle ne rend les membres ni plus indépendants, ni plus honnêtes.

a) L’honnêteté

Pour l’honnêteté, ce sont les règlements intérieurs qui doi-vent être plus stricts, car, il est certain que l’Eglise catholique, en désignant un membre de l’ancien CEP, avait pensé que cette personne était stricte-ment honnête. Rien n’aura

Keynes et la démocratie sociale aujourd’huipar Robert Skidelsky*

Londres. Pendant des décennies, le Keyné-sianisme a été associé

aux politiques sociale-démo-crates des grands gouverne-ments. Mais la relation de John Keynes avec la social-démocratie est complexe. Bien qu’ayant été l’architecte des composants essentiels de la social-démocratie – parti-culièrement le plein emploi – il n’a pas souscrit aux autres objectifs clé de la social-dé-mocratie, comme la propriété de droit public ou l’extension massive de l’Etat Providence.

Dans La Théorie Générale de l’Emploi, des Intérêts et de la Monnaie, Keynes a finale-ment résumé les forces et les faiblesses du système capita-liste. D’un côté, le capitalisme constitue le meilleur garant de la liberté individuelle, du libre choix, et de l’initiative entrepreneuriale. D’un autre côté, les marchés non régu-lés ne parviennent pas à at-teindre deux objectifs essen-tiels à n’importe quelle société civilisée : « La société dans la-quelle nous vivons commet deux fautes remarquables : elle ne parvient pas à fournir le plein emploi et elle autorise une distribution arbitraire et inéquitable des ressources et des revenus. » Ceci implique un rôle actif du le gouverne-ment, une idée qui flirte avec certains des principes impor-tants de la pensée de gauche.

Jusqu’à la publication de La Théorie Générale en 1936, les sociaux démocrates ne sa-vaient comment parvenir au plein emploi. Les politiques appliquées visaient à dépossé-der les capitalistes de la pro-priété des moyens de produc-tion. Comment cela était-il sensé produire le plein em-ploi n’a jamais été déterminé.

Une idée, dérivée à l’ori-gine de Ricardo and Marx, voulait que la classe capita-liste avait besoin d’une « ar-mée de réserve de sans-em-plois » pour maintenir ses parts de bénéfices. Si les pro-fits disparaissaient, il en serait de même pour cette armée de réserve. Le travail serait payé selon sa valeur et tous ceux qui seraient capables de tra-vailler pourraient trouver un emploi.

Mais, en dehors de l’im-possibilité politique de na-tionaliser l’ensemble de l’éco-nomie de manière pacifique, cette approche avait le funeste défaut d’ignorer le rôle de la demande globale. Elle partait du principe que la demande serait toujours suffisante si les profits étaient éliminés.

Keynes a démontré que la raison principale de périodes prolongées de chômage élevé n’était pas l’empiètement du travail sur les profits, mais les perspectives fluctuantes des investissements privés dans un monde incertain. Presque tous les cas de chômage lors d’une période de déclin cy-clique provenaient d’un manque de demande d’inves-tissement.

L’important n’était donc pas de nationaliser les réserves de capitaux mais de socialiser l’investissement. L’industrie pouvait sans problème être confiée à des mains privées, à condition que l’Etat garan-tisse suffisamment de pouvoir d’achat dans l’économie pour maintenir un niveau d’inves-tissement de plein emploi.

En résumé, Keynes voulait parvenir à remplir un objec-tif social démocrate clé sans transférer la propriété indus-

trielle. Il pensait néanmoins que la redistribution permet-trait d’assurer le plein em-ploi. Une augmentation de la consommation « serait dans le même temps une motiva-tion pour investir. » Et la fai-blesse des taux d’intérêt né-cessaire au maintien du plein emploi entrainerait à terme « l’euthanasie des rentiers » - de ceux qui vivent des rentes du capital.

Une redistribution mo-dérée était l’implication la plus politiquement radicale de la théorie économique de Keynes, mais les mesures soulignées plus haut consti-tuaient aussi selon lui les li-mites de l’intervention de l’état. Aussi longtemps que « l’état est capable de détermi-ner l’ensemble des ressources dévouées à augmenter les ins-truments [c’est-à-dire la base du capital] et une rétribution de base pour ceux qui les pos-sèdent, » il n’y pas de « raison évidente » pour plus d’impli-cation. Le public ne devait ja-mais se substituer au privé, seulement le compléter.

Aujourd’hui, les principes de plein emploi et d’égali-té demeurent au cœur de la social-démocratie. Mais le combat politique doit être mené sur d’autres terrains. Alors que la ligne de front se situait entre le gouverne-ment et les propriétaires des moyens de production – les industriels, les rentiers – elle est aujourd’hui entre les gou-vernements et la finance. Des mesures comme les efforts du Parlement Européen pour ré-guler le marché des produits dérivatifs, l’interdiction des ventes à découvert par le gou-vernement britannique au dé-but de la crise financière ou les demandes pour limiter les

boni des banquiers sont des expressions contemporaines du désir de réduire le pouvoir destructeur de la spéculation financière sur l’économie.

La nouvelle tendance à vouloir maitriser le pouvoir de la finance est en grande partie une conséquence de la globalisation. Le capital tra-verse les frontières plus libre-ment et plus rapidement que les biens ou les personnes. Pourtant, alors que les grandes firmes globales utili-sent habituellement leur forte concentration de ressources financières pour faire pres-sion pour plus de dérégula-tion (« ou nous irons ailleurs »), la crise a fait de leur taille un handicap.

Le fait d’être trop gros pour échouer signifie simple-ment que l’on est trop gros. Keynes avait remarqué que « c’est la précarité des marchés financiers qui est en grande partie responsable de notre problème contemporain de garantir un niveau d’investis-sement suffisant. » Cela sonne encore plus vrai aujourd’hui – plus de 70 ans plus tard – qu’à son époque. Plutôt que de garantir des investissements pour les secteurs productifs de l’économie, l’industrie fi-nancière est devenue une adepte de l’investissement pour lui-même.

Ceci, une fois encore, de-mande une intervention gou-vernementale active. Pour-tant, ainsi que Keynes l’aurait dit, il est important que l’am-plification de l’implication du gouvernement se fasse sur la base d’un raisonnement éco-nomique sain plutôt que par idéologie politique, qu’elle soit sociale-démocrate ou autre.

L’intervention de l’état doit combler les écarts que le secteur privé ne peut rai-sonnablement combler par lui-même. La crise actuelle a montré à l’évidence que les marchés privés sont in-capables de s’autoréguler ; le gouvernement a donc un vrai rôle à jouer dans la ré-gulation interne. De même, les questions d’incompatibili-té temporelles empêchent les grandes firmes internationales de compartimenter leurs mar-chés. Une autre tâche incom-bant au gouvernement est de limiter les flux de capitaux par le biais de taxes internatio-nales, ce qui cloisonnerait les crises avant qu’elles ne devien-nent globales.

La plus grande contribu-tion de Keynes à la social-démocratie, cependant, ne repose pas sur des points spé-cifiques de politique. Keynes insistait sur le fait que l’Etat, en tant qu’ultime protecteur du bien public, a un devoir de compléter et de réguler les forces du marché. Si les mar-chés nous ont utiles pour em-pêcher l’Etat de mal se com-porter, nous avons besoin que l’Etat empêche les marchés de mal se comporter.

Par les temps qui courent, cela signifie d’interdire aux marchés de mal se comporter. Ce qui veut dire limiter leur pouvoir et leurs profits.

Copyright: Project Syndicate, 2010.

www.project-syndicate.org

* Robert Skidelsky, membre de la Chambre des Lords bri-tannique, est Professeur Eme-ritus d’économie politique à l’université Warwick. Il est l’au-teur d’une biographie primée de l’économiste John Maynard Keynes. Il est aussi membre du conseil d’administration de la Moscow School of Political Stu-dies.

donc changé si elle en désigne un nouveau.

b) L’indépendance

Ce nouveau membre sera encore lié à l’institution qui le nommera. Rien n’aura changé.

En conclusion

Il n’y a que la FORMULE ELECTIVE proposée par ORF qui peut rendre un membre du CEP indépendant et plus crédible.

Les institutions crédibles de la Constitution ne peuvent être que des ELECTEURS CRĖDIBLES.

Pour la liste des candidats, un simple consensus entre les concernés par les élections doit permettre de la dresser. Par exemple, chaque parti po-litique, régulièrement inscrit (Dieu seul sait qu’il y en a !) présente un candidat.

Les électeurs crédibles vo-tent sur cette liste pour les neuf membres du CEP : élus par neuf institutions, ils sont supposés de ce fait être plus crédibles que s’ils sont indivi-duellement nommés.

Concernant les membres de l’actuel CEP

La proposition de la Socié-

té civile commet une injustice en les bannissant purement et simplement, alors qu’ils n’ont pas été reconnus coupables de fraudes ou d’infractions.

Pour nous, les noms des membres de l’actuel CEP – non accusés de fraudes ou d’infractions - peuvent figu-rer sur la liste des candidats- pourvu que les partis poli-tiques les désignent comme tels.

Ceux élus par les neuf insti-tutions feraient partie du nou-veau CEP. Ce serait justice.

23 juin 2010.

Odette Roy Fombrun

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AgoraVendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010 No 34224

Haïti, terre sans repos« Au-delà du paysage

Je vois en moi un trou profond Comme la tombe »

F.G. Lorca

C’est par la télévision que j’ai appris, le mar-di 12 janvier, la catas-

trophe survenue dans mon pays, Haïti. Les images défi-laient, apocalyptiques, mon-trant la capitale, Port-au-Prince défigurée. Pendant quelques heures, j’ai cru ou voulu croire que les autres villes étaient épargnées mais les informations sont arri-vées, dramatiques : Léogane, la ville de la reine Anacaona, endommagée à 90%, Petit-Goâve, gravement touchée, Jacmel, ma ville natale, la quatrième ville du pays avec ses 40.000 habitants, véritable capitale culturelle de la répu-blique d’Haïti dans un grave état de désolation : maisons fissurées à tel point que les habitants les fuient pour dor-mir dans les rues de crainte d’être ensevelis sous les dé-combres - ils vont même jusqu’à monter des sortes de barricades afin d’empêcher la circulation des quelques vé-hicules encore susceptibles de rouler -, la plupart des bâti-ments officiels effondrés.

Haïti tout entière est si-nistrée : la quasi-destruction de la capitale et des agglo-mérations dans un rayon de 100km, la détérioration des routes déjà très vulnérables et en mauvais état, l’effondre-ment de l’habitat aussi bien bourgeois que précaire, tout concourt à ce paysage lugubre que chacun peut voir sur son écran.

Mais pourquoi donc un pareil désastre dans un pays qui a plus de 200 ans d’exis-tence ?

Le risque de séisme dans la région est connu depuis long-temps. Moreau de Saint-Méry, grand historien de Saint-Do-mingue d’avant la Révolution a brillamment décrit les dé-gâts provoqués par les com-motions sismiques de 1701,

1752, 1770. Ses descriptions précises, impressionnantes conviendraient fort bien aux ruines qui s’amoncellent ac-tuellement en Haïti.

Il y a donc plus de deux siècles que le pays connaît des malheurs absolument semblables sur les mêmes sites avec des retentissements exactement superposables à ceux que nous constatons au-jourd’hui : ou bien il faut mo-difier la nature ou la fuir ou bien il faut faire face. En tout cas la leçon est très claire, de tels tremblements de terre peuvent recommencer. C’est l’homme qui, par son aveu-glement ou son entêtement, est en grande partie respon-sable des effets désastreux qu’ils provoquent. C’est sa responsabilité si de telles ca-tastrophes peuvent se re-produire avec la même vio-lence, la même intensité, la même fureur. Il faut pointer du doigt l’impéritie, l’impré-voyance des dirigeants et des gouvernements plus attachés au pouvoir pour le pouvoir, et à leur plaisir, qu’à offrir à leurs concitoyens un mini-mum de sécurité. La nature n’est ni bonne ni méchante, elle a sa propre respiration, son propre rythme et ses propres contraintes. L’homme doit simplement savoir vivre avec.

Toutes les puissances du monde savaient qu’Haï-ti, le plus pauvre des États d’Amérique du Sud, pouvait un jour ou un autre être en butte à des phénomènes na-turels d’une grande violence et qu’elle n’était pas préparée à y faire face. On s’en allait partout ironiser sur le pays le plus pauvre sans vouloir s’in-terroger sur cette menace. Les stratèges conseillers de ces puissances, eux, le savaient. Maintenant que la faille géo-logique s’est rouverte, il im-porte aussi d’insister sur la

faille économique et finan-cière créée, dans le passé, par les puissances étrangères : par la France d’abord qui, dès l’Indépendance proclamée le 1er janvier 1804, a mis le pays sous embargo puis lui a imposé, en 1810, le paiement d’une indemnité de 150 mil-lions de francs-or de l’époque dont le règlement n’est pas encore achevé, puis par l’An-gleterre, l’Allemagne qui, au moindre problème survenu à l’un de leurs ressortissants, demandaient des indemni-tés énormes. Ces exigences multiples et répétées n’ont pas permis aux gouvernants haï-tiens de faire véritablement démarrer le pays. L’occupa-tion du pays par les U.S.A, de 1915 à 1934, n’a pas contri-bué au délabrement physique du pays, mais a déstabilisé les élites. Elle a aussi créé une gendarmerie devenue Armée nationale toute puissante avec à sa tête un État-major qui intervenait dans les affaires : cette armée est devenue au fil des ans, la seule force organi-sée du pays capable de faire et de défaire les gouvernements. Grâce à elle, les Etats-Unis ont pu contrôler le pays, c’est ce qui a abouti au mauvais héritage qu’ils nous ont laissé.

Maintenant l’aide interna-tionale afflue : les Etats-Unis en tête avec la volonté du pré-sident Obama d’être là au-jourd’hui, demain et à l’ave-nir, puis la France, le Canada et bon nombre de pays amis dont l’Espagne. Mais il faut que cette aide massive tienne compte des besoins réels de huit millions de nos compa-triotes et qu’elle s’installe dans la durée. Haïti ne se relèvera pas seule. Les médecins et les ingénieurs doivent être nom-breux à son chevet et durable-ment pour que puissent être mises en place des infrastruc-tures modernes : de l’école maternelle jusqu’à l’université et des écoles d’apprentissage

jusqu’à l’embauche. Je rêve, je suis un peu fou de penser que la communauté internationale qui nous a ostracisés pendant si longtemps attachera une quelconque importance à des propos comme ceux-ci. Mais il y a des choses qui doivent être dites.

Malgré toutes les difficul-tés rencontrées au cours de sa jeune existence, Haïti a toujours fait preuve d’une vi-talité étonnante : pays d’ar-tistes admirés par A. Breton, A. Malraux, pays d’écrivains unanimement salués, pays d’artisans créatifs, pays de paysans durs au travail, Haï-ti se relèvera avec l’aide fra-ternelle des autres nations. Mais il importe que cette aide se manifeste dans l’égalité et l’équité.

On reproche habituelle-ment aux Haïtiens de ne pas prendre suffisamment eux-mêmes les choses en main. Mais dans ces circonstances dramatiques, ils savent fa ire preuve de solidarité : en France, 14 associations haï-tiennes, toutes tendances confondues, à l’initiative de Gérald Bloncourt (photo-graphe, peintre, écrivain haï-tien) se sont rassemblées en un collectif unique, le Comité urgence et soutien pour Haïti sous le patronage de l’ambas-sade d’Haïti

Cependant j’accuse, une fois encore, les gouverne-ments passés d’Haïti d’être responsables en partie des malheurs actuels car ils n’ont pas mis en place les struc-tures nécessaires qui auraient permis au pays d’être moins vulnérable. Et nombre de ces gouvernements étaient soute-nus par des puissances étran-gères. La responsabilité des conséquences de cette catas-trophe incombe donc à ces Haïtiens et à ces puissances qui ont permis à de pareils gouvernements de régner, d’exiler les compétences haï-tiennes ou de les maintenir en ex il, de s’enrichir en pillant les caisses de l’État. Si j’accuse les nôtres, je récuse l’hypocri-sie et l’assurance de ceux des technocrates occidentaux qui font peser tout le malheur du

pays sur la seule incurie des Haïtiens. Sur une terre qui ne cesse de vaciller et qui me-nace ses habitants, il faut un courage immense pour dé-blayer le terrain et creuser de nouvelles fondations : vivre sous la tente reste pour l’ins-tant plus sécurisant. L’espoir ne viendra qu’avec la dimi-nution puis la disparition des répliques sismiques. Mais le problème central, fondamen-tal, est non seulement la pré-vention de ces catastrophes mais les rapports au monde de ce pays. Les milliards qui vont être déversés susciteront iné-vitablement des appétits. Oui, l’homme, sur tous les conti-nents, est faible. Je demande-rais donc à l’Onu la création d’une cour des comptes spé-ciale pour suivre la destina-tion et l’utilisation réelle du moindre dollar, du moindre euro. C’est à cette condition qu’Haïti, grâce au monde qui l’a jadis maltraitée, pourra se relever. Nos paysans, nos ouvriers,- le petit peuple, comme on dit -, ont donné dans le passé des preuves de leur courage, de leur éner-gie, de leur savoir-faire. Mais la tentation est toujours aux aguets, toujours prête, à sur-prendre l’honnêteté et à la mettre en défaut, surtout dans un pays où la stabilité des si-tuations est rarement acquise.

Mais pourquoi cette catas-trophe en Haïti ?

« Mon Dieu, je suis venu avec la graine des questions !

Je les ai semées et elles n’ont pas fleuri

Mon Dieu, j’irai m’asseoir

sans questions mais avec une réponse

à voir bouger les branches » (F. Garcia Lorca)

Oui, il faut faire bouger les branches pour que tombent les feuilles fanées et les fruits pourris.

Alors une réponse viendra, alors Haïti se remettra, se re-lèvera.

Jean Métellus

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SociétéNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

Brazzaville

Les rendez-vous manquéspar Nicolas Janvier

Voyons vrai !L’on n’y pense pas assez,

mais les affaires de ce pays n’épouseront peut-être jamais les contours de l’orthodo-xie démocratique, telle qu’elle s’observe dans les pratiques occidentales ; les choix dé-mocratiques semblant surtout être question du tempérament des peuples.

Dans cet ordre d’idées, il n’est pas interdit de penser que même la chute de Jean- Claude Duvalier aurait pu être largement différée, si les résul-tats du Référendum de 1983 avaient menti dans d’autres proportions, dans les limites du vraisemblable. Autrement dit, si les puissants de l’heure avaient eu l’intelligence de faire perdre la force convo-cante, dans des proportions qui devaient refléter la réa-lité de la conjoncture d’alors : 52% contre et 48% pour, par exemple.

Car, ne l’oublions pas, la proposition formulée en ques-tion référendaire n’était pas de savoir si l’on voulait encore

continuer avec Jean-Claude Duvalier comme président, mais plutôt comme : président à vie.

Et cela faisait toute une dif-férence.

Si, donc, on lui avait fait perdre avec une marge enten-due, c’est en toute vraisem-blance qu’une élection pré-sidentielle, immédiatement organisée par les soins tradi-tionnels du ministère de l’In-térieur, lui eût confié le pou-voir, cette fois sur une base périodique.

Mais voilà, les Princes du moment choisirent la dialec-tique du lion. Et mal leur en prit…

Un autre rendez-vous man-qué est le sort fait à Lesly F. Manigat, lui qui, bravant l’ana-thème, accepta de donner un semblant de normalité aux élections qui allaient suivre les sanglants comices du 29 no-vembre 1987.

Même si la petite histoire a retenu les maladresses anti-militaires, donc conjoncturel-lement ingrates, de certains

membres du Gouvernement : Célestin – Manigat, il reste que, dans l’ensemble, l’allure que prenait ce gouvernement semblait conférer noblesse à cet État haïtien de plus en plus paria et que les excès de la sol-datesque avaient enfoncé dans l’ignominie.

C’était en juin 1988. Et ce fut alors qu’on commen-ça vraiment à parler de crise. Crise d’où sortir, crise à ju-guler, crise à résoudre, crise sans fin. On parla intermina-blement de crise, jusqu’au jour d’aujourd’hui ; faisant ain-si mentir le Petit Robert qui donne à ce vocable un carac-tère limité dans le temps, en faisant un état passager, de la résolution duquel dépend le retour à l’état normal.

Oui, l’état normal ! Même si l’on n’en garde que lointain souvenir. État normal, qu’on peut, en l’occurrence, prendre dans le sens d’un pays normal.

Crise de nerfs ou crise fi-nancière, crise hystérique ou crise politique, la crise est donc nécessairement une si-

tuation passagère.Sinon, c’est autre chose.Et dans le cas nôtre, où l’on

crée les crises et l’on s’y com-plaît ; telle cette sorte de py-romane qui allume l’incendie pour l’admirer ; dans le cas haïtien, il semble bien qu’il s’agisse d’autre chose…

Même si nous sommes si confortables à donner dans l’abstrait, à forcer la réalité ; travestissant la vérité, pour en faire notre vérité à nous. Au point qu’on ne se sur-prend plus d’entendre de la bouche de tel éminent polito-logue que « l’État d’Haiti est, depuis 1804, en situation de crise permanente, par le fait des élites » (sic et rigoureuse-ment sic).

Une assertion détestable, énoncée dans le seul propos de donner de la voix, de hur-ler avec les loups, d’être dans le ton. Quitte à laisser la bi-zarre impression que cer-tains ont fait « Science Po », comme des oiseaux qui iraient au conservatoire pour chanter mélodieux.

Le meilleur rendez-vous manqué reste, malgré tout, l’accession au pouvoir du petit prêtre des bidonvilles, lui qui, l’eusse-t-il voulu, eût pu, en un mandat, réaliser dans ce pays ce que, par déficit de popula-rité, d’autres, avant lui, ne pu-rent réaliser en cinquante ans

; lui qui, de son seul verbe, eût pu civiliser les manières du petit peuple et le convaincre des vertus de la cohabitation harmonieuse.

Il ne le fit point, il ne le sut pas faire ; pour s’être, au dé-part, piégé par une rhétorique sciemment dépourvue d’abné-gation et de générosité envers ceux-là, légion, qu’il consi-dérait comme « les ennemis du peuple », donc les siens propres.

D’autres rendez-vous sont aussi à retenir et qui furent manqués, parce que noyés dans l’océan des petits calculs, des projets à courte vue, ou bassement revanchards ; comme pour discuter à cer-tain devancier le monopole de l’intolérance.

Et l’instant présent nous re-trouve engouffrés dans « la crise », ou, plutôt, ce qui se voudrait l’être ; les jours à ve-nir ne semblant annoncer qu’une légère éclaircie, dont n’est pas étrangère la dernière proposition des représentants de « la société civile».

Plaise au ciel que l’on sache par où creuser.

Nous avons, en vérité, trop en commun, pour ne pas être capables de transcender nos quelques différences et nous guérir, pour de bon, de ce cri-sis-mania qui n’en finit pas.

Trois cahiers et un bout de pain pour éviter la rue

« Je suis parti parce que ma mère n’avait plus rien pour me nourrir et que

je n’avais pas de quoi m’ache-ter des cahiers », raconte Ro-flan. À 22 ans, il a aujourd’hui retrouvé l’harmonie familiale, après avoir passé plus d’un an dans la rue quand il était ado-lescent. Comme lui, beaucoup d’autres fuguent quand la pau-vreté est intenable chez eux. « Le manque d’un bout de pain suffit pour qu’un enfant se re-trouve dans la rue », affirme Paloulou Hervé, coordonna-teur de l’ONG Éducation en milieu ouvert (EMO).

« Ma fille avait honte de me demander de l’argent. C’est ce qui l’a poussée à partir », ex-plique Rosalie. Les huit en-fants à la charge de cette ma-man écoutent désormais plus attentivement ses conseils. Il y a quatre ans, ils ont pour-tant failli se retrouver tous à la rue, faute de moyens et d’en-cadrement. « Je ne les contrô-lais plus. Toute la journée, ils étaient dehors. Cela me faisait honte et mal », confie cette veuve. Parmi ces enfants, trois

sont ceux de sa sœur cadette décédée en 2005. « Je m’oc-cupe de mes neveux, car toute la famille a refusé », ajoute Rosalie. Aujourd’hui, elle a toujours du mal a bien tenir son foyer qu’elle gère seule de-puis la mort de son mari en 2000. Elle en est à son troi-sième logement depuis le dé-but de l’année. Une instabi-lité dont ont souffert aussi les enfants, obligés d’aller men-dier. « Aujourd’hui, vous êtes dans un quartier, demain dans un autre… Ils ont du mal à s’adapter », confirme Hervé dont l’OSC fournit notam-ment du matériel scolaire à ces enfants qui vont désormais à l’école. Globalement, la famille s’en sort mieux qu’avant grâce à l’argent versé par EMO.

Le coup de pouce des parrains

Manquant de moyens, cette association a créé en 2009 le projet Coopération bonne ini-tiative, qui fait appel aux per-sonnes de bonne volonté pour aider les familles. Depuis, plus de 25 parrains y participent. «

Je soutiens les enfants malades en achetant les médicaments, le kit scolaire et je les invite à venir passer les fêtes chez moi », explique par exemple Joseph Ouatimou, parrain de la famille de Rosalie, qui aide trois autres familles. M. Oua-timou a par ailleurs accueilli chez lui un enfant de la rue âgé de 4 ans, qui aujourd’hui est en classe de 3e. « La coha-bitation ne pose aucun pro-blème avec les miens qui le considèrent comme leur frère », ajoute-t-il.

« Le parrainage est une bonne initiative, mais il faut qu’il se fasse en respectant les droits fondamentaux de l’en-fant (nourriture, hébergement et éducation, Ndlr) », déclare Joseph Biviyou, directeur la Direction de la protection lé-gale de l’enfance (DPLE), une structure du ministère de la Justice qui a pour mission de prendre en charge les enfants en danger et les délinquants. Elle aide aussi les ONG à mieux travailler en leur facili-tant notamment la médiation avec les parents. M. Biviyou

insiste : « La place de l’enfant est dans sa famille respective et non dans la rue ». Pour les éducateurs d’EMO également, l’enfant a besoin de cette cha-leur. « Sans quoi, selon un éducateur, il aura tendance à aller dehors et les filles ris-quent de se prostituer. »

Loin de remplacer les pa-

rents, OSC et parrains appor-tent donc une aide à la fois complémentaire, modeste et précieuse, qui aide certaines familles à dépasser leurs dif-ficultés. « Si on pouvait être plus nombreux à aider les en-fants de la rue, ce serait bien », conclut M. Ouatimou.

(Syfia/CRP). Des cahiers et un peu d’argent suffisent parfois pour éviter que des enfants de familles pauvres se retrouvent à la rue. À Brazzaville, une association et quelques parrains apportent une aide modeste des plus précieuses.

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Société Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

En Haïti tout est possible

Ce qu’on peut faire en Haïti et qui serait im-pensable ailleurs.

On peut se garer au milieu de la route, bloquer la circula-tion .

On peut s’arrêter au milieu de la chaussée, converser avec un autre automobiliste sans se soucier des autres usagers de la route qui attendent.

On peut être « notaire »; « arpenteur » et enregistrer, to-pographier un même bien, plusieurs fois dans l’année aux bons grés d’un vendeur sans foi ni loi, sur des diasporas à plumer.

On peut organiser le meurtre de sa femme, de son frère, de son associé, de n’im-porte qui.

On peut organiser le kid-napping de son enfant, de son neveu, …, dans le but de sou-tirer de l’argent à ses proches.

On peut violer la femme, l’enfant de quelqu’un en toute impunité dans le seul but d’exercer une certaine pres-sion psychologique afin d’ob-tenir des contreparties de toutes natures…

On peut soudoyer les fonc-tionnaires de l’État. Attention, il convient « d’arroser » toute la hiérarchie, sinon vous n’ob-tiendrez pas ce que vous cher-chez.

On peut vendre, louer, s’ac-caparer le bien, la propriété d’autrui par la force des armes et grâce à la complicité de ceux qui sont chargés de faire respecter la loi. Quelle loi? Grands et petits participent à la fête!!!

On peut acquérir un véhi-cule de l’État à vil prix après l’avoir mis en panne quelques mois plus tôt.

On peut prendre l’argent de la caisse de la nation pour améliorer son quotidien. L’es-sentiel est de faire en sorte que les comptes « balancent » et que tout le monde reçoive sa part.

On peut « acheter » des journalistes, ou exercer des pressions sur les journaux pour qu’ils se taisent ou pro-duisent des articles « bidon » ou orientés pour contrarier ou favoriser des manigances de tous genres.

Fort heureusement, grâce à ce formidable outil de com-munication qu’est internet, il est tout à fait possible, comme

j’en fais la démonstration, de dénoncer tous les scandales. Hélas, cette liberté d’expres-sion n’est pas à la portée de toutes les bourses et les plus nantis ne l’utilisent pas suffi-samment.

On peut payer des factures d’électricité, de téléphone, de Camep, pour des biens ou des services que vous n’avez pas consommés.

On peut boire de l’alcool en conduisant une auto, un bus, un camion de transport ou un bateau…

On peut fumer un « joint », acheter de la « coke », la goûter chez l’acheteur (per-sonnage fort connu et très in-fluent) sortir dans la rue com-plètement défoncé, conduire sa voiture sans avoir rien à craindre de représailles.

On peut sortir son pistolet. Tirer des coups de feu en l’air, rien que pour démontrer aux passants qu’on est « un chef », qu’on a des relations et que l’on manifeste bruyamment sa joie , parce que le Brésil vient de marquer un but!!!!

On peut aussi s’éclater, s’of-frir les femmes, les hommes, et même les enfants que l’on veut, afin d’assouvir ses fan-tasmes sexuels et ce au vu et au su de tous.

On peut influencer le cours de la justice en achetant tous les intervenants afin d’échap-per au châtiment.

On peut envoyer n’importe qui en prison. Il n’est pas né-cessaire d’avoir un motif. Si vous ne savez pas comment faire, c’est que vous ne vivez pas en Haïti. Renseignez-vous et vous aurez toujours de bonnes âmes qui vous donne-ront, contre rémunération, la marche à suivre pour arriver à vos fins.

On peut avoir son acte de décès avant de passer devant Saint Pierre. On osera même aller réclamer son assurance vie, puisqu’on est mort.

On peut établir tous les « faux vrais » documents, plus vrais que nature, que vous souhaitez: il suffit de payer. Cela passe par les papiers of-ficiels , mais aussi toutes les attestations et les diplômes universitaires qui vous per-mettent de vous élever socia-lement !!!

On peut faire la fête bruyamment, mettre la ra-

dio à fond en pleine nuit, en toute quiétude sans se soucier des voisins qui subissent sans réaction car ils ont peur de vous et de vos réactions.

On peut tout avoir immé-diatement et sans jamais faire la queue. Il suffit de connaître du monde, d’être reconnu et surtout « d’arroser copieu-sement » : la vie est facile en Haïti pour les riches!!!

Il est tout à fait possible de dresser un catalogue des passe-droits .Des exemples comme ceux-là, j’en suis sûr que vous en avez d’autres.

Le but n’est pas de les énu-mérer, mais de faire prendre conscience au maximum de la population que ces procé-dés d’une autre époque sont contraires au bon développe-ment de notre société.

J’ai toujours été impres-sionné par ces Haïtiens qui quittent leur pays pour la pre-mière fois et qui arrivent dans un milieu organisé. Vous serez impressionnés par leur com-portement. Ils connaissent et appliquent mieux que vous les lois et les règles d’usages du pays d’accueil.

Nous sommes peut-être le pays le plus corrompu de la planète : triste record ...

Comment voulez-vous que nous puissions nous en sortir si nous poursuivons dans cette voie.

Il faut rétablir l’ordre constitutionnel, en respon-sabilisant les décideurs et les gouvernants tout en sanction-nant d’une manière exem-plaire tous ceux qui conti-nueront à entraver la bonne marche de nos institutions.

La pauvreté dans laquelle la majorité de nos compatriotes survit tant bien que mal, ne pourra être vaincue que par une remise à niveau d’une so-ciété égalitaire que nos an-cêtres avaient établie en 1804.

La démocratie ne veut pas dire la liberté de tout faire sans interdit, sinon « c’est de la chienlit » (pagaille).

Les vraies valeurs passent par une application réelle et saine de la justice pour tous.

Sommes-nous prêt à rele-ver le défi?

Notre avenir et le devenir de nos enfants sont entre nos mains ....

Didier Frank Waché Df wache (@) yahoo (.) ca

Distributions/T-Shirts

Rob Dnalsi aidant un enfant à enfiler un maillot. (photo JJ Augustin)

Les enfants, les grands gagnants La Coupe du monde bat son plein et plusieurs actions sont entreprises en faveur des démunis et, particulière-ment, des enfants défavorisés. Rob Dnalsi a tenu à jouer, lui aussi, sa partition en procédant, la semaine dernière à une distribution de T-Shirts.

C’est le jeudi 17 juin à l’Athlétique d’Haï-ti (Drouillard) dans

l’après-midi que s’est organi-sée la cérémonie de distribu-tion de maillots de sport par Rob Dnalsi, designer et pro-priétaire de la firme DNAL-SI (www.dnalsi.com). Plu-sieurs centaines d’enfants, les bénéficiaires, étaient présents en la circonstance. Chaque groupe était réparti avec dis-cipline sous la supervision de quelques entraineurs.

Le message principal vé-hiculé en la circonstance par Rob Dnalsi invitait au fair-play et au respect de la parole donnée. « Vous devez savoir que vous pouvez aspirer à être ce que vous souhaitez deve-nir, personne ne peut vous en empêcher ou vous faire croire le contraire », voilà dans quels termes il s’est adressé aux en-fants, leur expliquant qu’ils sont maitres de leur destin. « Ma présence ici se veut un exemple éloquent qu’une pro-messe faite doit être tenue », a-t-il poursuivi, insistant sur le respect de la parole donnée.

Rob Dnalsi a également promis de lancer, dans les pro-chains mois, des projets au bé-néfice des jeunes Haïtiens des deux sexes. Il s’est dit confiant quant au soutien de son parte-naire sur le terrain, la Banque de l’Union haïtienne (BUH). Il a également cité des parte-naires basés aux USA, tels le puissant syndicat américain « 1199 SEIU Union » (où a tra-

vaillé l’actuel Directeur poli-tique de la Maison Blanche, Patrick Gaspard), Crème Ma-gazine – une publication de mode pour professionnels - , Where Itz At Live – une pu-blication caribéenne aux États-Unis - , Red Carpet En-tertainment – une des plus im-portantes compagnies haïtia-no-américaines de promotion de New York et Quad Star Ca-pital LLC.

Rappelons qu’ une pre-mière distribution avait eu lieu à l’Athlétique d’Haïti en septembre 2009. À cette occa-sion, les enfants (environ un millier) qui fréquentaient le programme d’after-school lan-cé par Bobby Duval et dirigé par Stéphanie Péreira n’avaient pu être tous comblés.

Conséquemment, Rob Dnalsi avait promis de revenir dans le meilleur délai, muni d’un plus grand stock. La pre-mière date retenue était le 21 janvier dernier, voyage qui avait dû être reporté suite au séisme du 12 janvier. Cette promesse a finalement été ho-norée le jeudi 17 juin. En-viron 1,300 maillots ont été distribués aux enfants du pro-gramme, résidant tous dans la zone de Drouillard, zone au-trefois dite de non-droit.

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SociétéNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

Un mois pour tout oublierDepuis plusieurs jours la ville s’agite de soubresauts. La Coupe du monde a déjà com-mencé en Afrique du Sud et le verdict pour les équipes qualifiées pour le deuxième tour est rendu. Tout le pays vibre au rythme du football, le sport-roi. Les problèmes cessent le temps que durent les parties. Et le peuple n’attend que de vibrer avec les idoles des temps modernes, Kaka, Messi, Ronaldo, entre autres. Toutefois, entre euphorie et célébration, les comportements peuvent virer à l’excès et des accidents tragiques peuvent subvenir.

Coupe du monde/Société

Impossible d’échapper à la fièvre

qui a saisi le pays, qu’on soit supporter ou pas. Elle est là, oppressante, étouffante. Les

voitures portent toutes un pe-tit drapeau de l’équipe de leurs propriétaires et , dans les rues, les maillots des deux équipes les plus cotées, Brésil et Ar-

gentine, sont omniprésents. Les discussions animées vont bon train entre les supporters. Dans des bases de fanatiques, des écrans géants sont instal-lés pour permettre de regar-der les matchs. Le gouverne-ment s’est impliqué lui-même en installant des panneaux solaires. Une amélioration considérable de la distribution de l’électricité est également constatée. Dans les médias, c’est le branle-bas de combat

et les programmations ont été bouleversées pour donner la priorité au mondial.

Frappés durement par le séisme du 12 janvier, les Haï-tiens restent très friands de football. Nombre de fana-tiques de ce sport vivent dans des camps de sinistrés dans des conditions difficiles et la pluie qui tombe vient aggra-ver les choses. Cette Coupe du monde, ainsi, a une saveur particulière pour beaucoup. «

par Jean Panel Fanfan

Le Mondial en Haïti et ses coulisses

Durant un mois, nous allons nous amuser et oublier notre misère ne serait-ce que l’ins-tant de la partie », lance un jeune homme, comme si les difficultés de survivre pou-vaient être gommées par les exploits des joueurs. Ils sont en petit nombre, ceux qui ne sont pas pris par l’ambiance.

Dans les centres d’héberge-ment, on s’organise comme on peut. Certaines personnes ont pu amener une prise d’élec-tricité dans leurs abris provi-soires ou leurs tentes. Solida-rité de fans, d’autres mettent leurs téléviseurs dans la rue pour en faire profiter au plus grand nombre. Au Champ de Mars, un écran géant a été installé, ainsi qu’au stade Syl-vio Cator, là il faut payer dix gourdes pour y accéder. Un jeune supporter aux couleurs du Brésil souhaite que son équipe puisse brandir le tro-phée du vainqueur pour une sixième fois. « La Coupe du monde reste un moment im-portant qu’on attend tous les quatre ans », poursuit-elle, ajoutant que le moment sert d’exutoire pour la population. Quand leurs regards sont ri-vés à leur petit écran, plus rien n’existe, hormis les acteurs qui sont sur le terrain. À la fin des rencontres, on entend résonner les klaxons des voi-tures et des motos. C’est une joie délirante et totale.

Beaucoup de craintes ont été formulées dès les premiers moments du séisme à cause de la destruction partielle du réseau électrique métropo-litain. Les appréhensions se sont évanouies quelques se-maines après. « Le séisme nous a frappés en plein cœur. La vie continue et regarder le mondial nous aide à chasser le stress d’un quotidien telle-ment dur à supporter », confie Henry B., un responsable d’un

club de supporters de l’équipe d’Argentine.

Gare aux excès : le cas des supporters du Brésil

Les victoires de la sélection brésilienne, celle qui compte en Haïti le plus de fanatiques, donne souvent lieu à des scènes de liesse dans les rues et les fanatiques ne se contrô-lent plus. Les gens courent dans tous les sens avec les dra-peaux dans les mains. Dans certains cas, l’alcool coule à flots. Les voitures passent à toute vitesse. Les bandes à pied et les chars musicaux peuvent investir les rues. La circulation sur la route de Delmas a été complètement bloquée, le dimanche 19 juin dernier. Au grand dam de cer-tains automobilistes qui ne demandaient autre chose que de pouvoir rentrer chez eux.

On a, malheureusement, enregistré un mort au moins et plusieurs blessés au cours de la « fête ». La présence d’agents de police n’a pu éviter le drame. Analysant cette si-tuation, Michel Antoine, jour-naliste sportif à Mélodie FM et communicateur social, es-time qu’il est important d’in-former la population à travers des campagnes de sensibi-lisation. « Les chroniqueurs sportifs ont leur mot à dire. Ils doivent faire comprendre à la population que ce n’est qu’un jeu et qu’il faut refré-ner les passions », déclare-t-il, ajoutant que cela se fera sur le long terme. L’accent est égale-ment mis sur la question de l’éducation de la population. Car il est important d’apaiser les fanatismes et d’éviter des incidents malheureux qui se produisent quand les suppor-ters prennent les rues.

Jean Panel Fanfan [email protected]

Le Mondial sud-africain crée jusqu’ici de fortes sensations en Haïti.

Chaque rencontre comporte ses joies, ses peines, ses dé-lires, ses dérapages à travers les rues ou encore sous les tentes des villes en liesse lors des retransmissions radio-té-lédiffusées.

Bien de choses s’observent dans les coulisses du Mon-dial à Port-au-Prince, capitale de douleurs : la joie retrouvée d’écoliers ou d’étudiants amé-liorant leur amour du sport, baisse du sentiment d’échec total d’Haïti, des arrange-ments sous les tentes après les rencontres, des demoiselles aux vêtements gais et chaus-sures sexy à travers les bars. Une vraie ambiance de carna-

val en cette saison pluvieuse et footballistique assez animée.

Par tradition, quand il s’agit d’une coupe du Monde en Haïti - et ceci remonte peut être à la Coupe du Monde de 1974 où notre an-cienne gloire nationale, Em-manuel Sanon, dit Ti Manno, avait dompté l’invincibilité de Dino Zoff , le portier légen-daire de l’équipe italienne de l’époque. Un Mondial, tel que vécu en Haïti depuis des an-nées - soit à l’aide d’un tran-sistor ou grâce à un télévi-seur - engendre souvent des attitudes plus que délirantes : troubles dans la vie conjugale, et même des cas de divorce. Sans omettre la violence sau-vage ou des accidents mor-tels sans précédent. Pour rap-

pel : en 1998, l’obtention de la Coupe de football par la France de Zidane sur le Bré-sil de Ronaldo, avait provoqué des morts à Port-au-Prince. Le journaliste et directeur de Radio Haïti, le regretté Jean Dominique avait produit un magistral éditorial. Le même drame s’est répété le dimanche 20 juin 2010 à Delmas, com-mune de Port-au-Prince, à la suite de l’élégante victoire du Brésil aux dépens de la redou-table Côte d’Ivoire.

Avec l’intensité des matches de ce Mondial, des sourires reviennent sur des lèvres de fans du ballon rond encore traumatisés par le séisme du 12 janvier qui avait fait en Haïti environ 300. 000 morts. Autres remarques se font de

jour comme de nuit : des lieux encore paradisiaques tels que des bars, des restau-rants dansants attirent bien des clients. On observe des points de vente de casquettes, de T-shirt, de chapeaux aux couleurs des équipes en com-pétition. Certains matches suscitent bien des déborde-ments et alertent souvent la Police nationale d’Haïti.

Il faudra mentionner la présence artistique haïtienne à

cette Coupe du monde par le biais d’une œuvre picturale de Marie-Hélène Cauvin et l’af-fichage sur panneau électro-nique d’un texte poétique du graphiste et communicateur, Gary Saint-Germain, empor-té, lui, par le séisme du 12 jan-vier. Cette coupe du monde aura servi jusqu’à présent de thérapie à des millions Haï-tiens.

Dominique Batraville

Des centaines de « Brésiliens» dans les rues de Delmas... (photo JJ Augustin)

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Culture Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

Haïti/Mondial 2010

par Hudler Joseph

Hymne officiel en folie sur les ondes haïtiennes !Oh Africa 2010, Waka waka This Time for Africa, Waving Flag, ces chansons désignées respec-tivement hymne officiel de la Coupe du monde de la FIFA 2010 occupent, depuis mai, les ondes des principaux médias en Haïti. La chanson la plus captivante ? Certains mélomanes et fans du football interrogés n’ont pas caché qu’ils étaient dans l’embarras du choix.

La musique de Akon « Oh Africa

2010 », celle de Shakira « Waka waka This Time for Africa », et, enfin, la chan-son de K’Naan

baptisée « Waving Flag » font la une des médias en Haïti. Ces chansons diffusées à longueur de journée sont tout naturel-lement sur toutes les lèvres. Excellente campagne de pro-motion en faveur de Alioune Badara Thiam (Akon), chan-teur américain d’origine sé-négalaise, et de la chanteuse colombienne Shakira Isabel Mebarak Ripoll.

Cependant, Keinan Abdi Warsame dit K’naan, chanteur canadien d’origine somalienne, qui n’a pas été très populaire à Port-au-Prince, semble rem-porter la palme dans les son-dages avec sa composition « Waving Flag ». La plupart des musiciens et également des fans du football interro-gés sur leur chanson préférée parmi les trois tubes du mon-dial 2010 votent en faveur de « Waving Flag ». Cette chanson, l’hymne de Coca-Cola pour la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud, inter-prétée dans plusieurs langues, a connu diverses adaptations.

C’est Michaël Benjamin dit Mikaben qui a réalisé la ver-sion créole de « Waving Flag ». Le chanteur haïtien s’est ins-piré de l’esprit du texte origi-nal pour écrire les paroles de la chanson, a fait savoir Lionel Benjamin Jr. Le manager de Mikaben se dit fier parce que les responsables de Coca-Cola ont apprécié le travail effectué par son frère grâce à l’encadre-ment de Joël Widmaier. Celui-ci avait pourtant la charge de réaliser lui-même cette version créole de l’hymne de Coca-Cola pour la Coupe du monde 2010. Joël a expliqué qu’il avait jugé bon de confier la tâche à Mikaben qui a le vocal appro-prié à l’interprétation de cette chanson. Le chanteur et bat-teur de Zèklè déplore que les médias en Haïti n’aient pas suf-fisamment diffusé cette ver-sion créole.

Cette expérience de Mi-kaben peut ouvrir la voie à d’autres musiciens haïtiens qui penseraient à l’avenir proposer des chansons à la Fifa et à Co-

ca-Cola à l’occasion des pro-chaines éditions de la Coupe du monde de football. « C’est un pas important dans cette direction », a commenté un chanteur de style Rapp, tout en applaudissant le succès de Mi-chaël Benjamin avec sa version créole de « Waving Flag ».

Shakira, qui avait fait un pe-tit tour en Haïti dans le but de renouveler l’expression de ses sympathies aux sinistrés du 12 janvier, a vu monter d’un cran sa cote de popularité. Sa chan-son « Waka Waka », qui a bé-néficié d’une diffusion impo-sante, challenge le « Waving Flag ».

« Waka Waka » est une adaptation d’un ancien suc-cès de Golden Sounds, un «band » camerounais formé en 1984 par des musiciens de la garde présidentielle came-rounaise, a rappelé la presse africaine. C’est ce qui justifie la polémique entre les auteurs de la chanson et Shakira. Ce groupe qui a évolué sous la di-rection de Jean-Paul Zé Bella n’est plus en activité. Cela n’a pas empêché les auteurs de la chanson de monter au créneau pour exiger réparation auprès de la chanteuse colombienne. Zé Bella avait confirmé ces démarches dans la presse ca-merounaise. « Nous sommes donc les premiers arrangeurs compositeurs de cette chan-son qui peut être considérée comme faisant partie du pa-trimoine national militaire ca-merounais. Les propriétaires des droits sont les membres du groupe, c’est-à-dire Victor

Dooh Belley, moi et Emile Ko-jidie. C’est d’ailleurs ce dernier, installé aux États-Unis depuis quinze ans, qui a signalé à ses amis l’adaptation de leur chan-son, et saisi un avocat pour obtenir réparation ». Opéra-tion qui s’est révélée bénéfique pour les plaignants, selon les informations rapportées dans la presse internationale. « Lors d’une conférence de presse à Douala le 11 mai, le groupe, qui sommeillait depuis une décennie, a indiqué qu’il avait trouvé un arrangement avec Sony Music, qui produit le titre. Un arrangement dont ni la nature ni le montant n’ont été dévoilés. « Il y a eu un ac-cord. Le groupe n’a pas été pas lésé », avait déclaré Didier Edo, le manager, en se frottant les mains. Car les négociations se poursuivent, une version espa-gnole de Zangalewa étant en-visagée. Et le groupe pense dé-sormais se reformer ».

C’est depuis la 14e édition de la Coupe du monde de football en 1990 que le thème du mondial a commencé à en-vahir les ondes des médias à Port-au-Prince. Jeunes et vieux prennent plaisir à fredonner les refrains. La diffusion à ou-trance de ces chansons favo-rise la popularité en Haïti des artistes qui n’y étaient pas vrai-ment familiers. Durant la pé-riode de la Coupe du monde de football, la musique haï-tienne occupe très peu de temps d’antenne dans la région métropolitaine.

[email protected]

Mikaben interprète de la version créole de Waving Flag. (photo Marc .Régis)

K’Naan’s Waving Flag «Coca Cola Celebration

mix» - official World Cup 2010 - lyrics

Ooooooh Wooooooh, Ooooooh Wooooooh

Give me freedom, give me fire, give me reason, take me higher

See the champions, take the field now, you define us, make us feel proud

In the streets our heads are lifting, as we lose our inhibi-tion,

Celebration, it surround us, every nations, all around us

Singing forever young, sin-ging songs underneath that sun

Lets rejoice in the beautiful game,

And together at the end of the day.

We all say

When I get older I will be stronger

They’ll call me freedom, just like a wavin’ flag

When I get older I will be stronger

They’ll call me freedom, just like a wavin’ flag

So wave your flag, now wave your flag, now wave your flag

Oooohhh, Oooooooooh wooooohh, Oooooooooh wooooohh

Give you freedom, give you fire, give you reason, take you higher

See the champions, take the field now, you define us, make us feel proud

In the streets our heads are lifting, as we lose our inhibi-tion,

Celebration, its around us, every nations, all around us

Singing forever young, sin-ging songs underneath that sun

Lets rejoice in the beautiful game,

And together at the end of the day.

We all say

When I get older I will be stronger

They’ll call me freedom, just like a wavin’ flag

When I get older I will be stronger

They’ll call me freedom, just like a wavin’ flag

So wave your flag, now wave your flag, now wave your flag

Now wave your flag (4x)

Oohhoooohh Woooh Oho-hooooh Wooohoooh

We all sayWhen I get older I will be

strongerThey’ll call me freedom, just

like a wavin’ flagWhen I get older I will be

strongerThey’ll call me freedom, just

like a wavin’ flagSo wave your flag, now wave

your flag, now wave your flagNow wave your flag (4x)

Oooooh woowoo ooh Wooo ooohh ooohoh

And everybody will be sin-ging it

Oooooh woowoo ooh Wooo ooohh ooohoh

And we all will be singing it.

Paroles de Waka Waka de Shakira :

You’re a good soldierChoosing your battlesPick yourself upAnd dust yourself offAnd back in the saddle

You’re on the frontlineEveryone’s watchingYou know it’s seriousWe’re getting closerThis isnt over

The pressure is onYou feel itBut you’ve got it allBelieve it

When you fall get upoh ohAnd if you fall get uphé hé

Zamina mina ZangaléwaCuz this is Africa

Zamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaThis time for Africa

Listen to your GodThis is our mottoYour time to shineDon’t wait in lineY vamos por Todo

People are raisingTheir ExpectationsGo on and feed themThis is your momentNo hesitations

Today’s your dayI feel itYou paved the wayBelieve it

If you get downGet up oh ohWhen you get downGet up hé hé

Zamina mina ZangaléwaThis time for Africa

Zamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ah

Zamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaThis time for Africa

[Chant Sud-Africain]Zamina mina hé hé

(suite page 22)

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CultureNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

Haïti/Piratage Entre les lignes

Exposition d’objets du vodou haïtien au Musée ethnographique de Berlin

Trois cent cinquante objets du vodou haïtien sont exposés, au Musée ethnographique de Berlin pour expliquer les mystères du vodou. « Voodoo (Vodou) : l’art et la religion d’Haïti » est le thème de cette exposition, qui reste ouverte jusqu’au 24 octobre. Les pièces présentées proviennent de la collection de Marianne Lehmann, une Suissesse établie en Haïti depuis 1957 et qui a déjà collectionné 3000 objets du culte vodou.L’exposition commence avec une explication de l’histoire du pays et son développement en rapport avec la pratique de cette reli-gion. « Une atmosphère de mystère » s’installe dans l’espace où a lieu l’exposition, rapporte l’agence espagnole EFE.Le Musée ethnographique de Genève avait accueilli , en janvier 2008, une exposition du même genre sous le thème « Le vodou, un art de vivre ».

Source : Alter Presse

L’art haïtien ou le rejet du silence

par Martial Seide

Les retombées de la com-plexité de cette crise conjoncturelle qui che-

mine inlassablement depuis le séisme du 12 janvier imprè-gnent avec subtilité les sphères d’expression de la créativité haïtienne. En dehors des pertes lamentables consenties malgré soi dans ce patrimoine, sou-vent négligé, voire galvaudé, le secteur bénéficie de l’ap-pui des institutions internatio-nales, beaucoup plus préoccu-pées que nous des incidences regrettables de la tragédie sur le legs précieux qui témoigne de notre identité culturelle. Des accords ont été signés. Des promesses faites. Mieux en-core, des tentatives d’investis-sement hasardées.

Travailleurs culturels d’aca-bit diversifié montent au cré-neau .Les grands discoureurs, comme d’habitude, assautent et briguent les tribunes, bran-dissant l’étendard de la révo-lution culturelle considérée en raison de son caractère col-lectif. Perçus comme ferment de la communauté d’apparte-nance, les éléments de l’identi-té culturelle haïtienne ont tou-jours su exprimer les moindres palpitations de l’âme nationale dans tous ses méandres. L’ac-tualité immédiate en dit long. Écrivains, plasticiens, musi-ciens, cinéastes, dramaturges et chorégraphes s’y mettent. Avec acharnement.

A chaque tournant décisif de notre histoire, l’art haïtien, s’inspirant des détails qui fa-çonnent le quotidien, traduit les soubresauts de notre vécu. Aujourd’hui encore, malgré les contraintes enfantées par les aléas d’une conjoncture étri-quée, la créativité haïtienne maintient la gageure, épousant les contours du présent, s’en-gageant sans détour à signifier ce qu’elle a toujours été en son essence ; la perpétuation donc de nos ressemblances, de nos

différences, en puisant une vi-gueur renouvelée à la source vivante des valeurs, symboles, représentations, manières de sentir, de penser et de vivre qui constituent nos spécificités culturelles.

Évidence irréfutable aussi, le calvaire des artistes à un mo-ment où la disponibilité des moyens de production ne se révèle pas aisée. Sacrée crise, avouons-le.

Au cœur de cette croisée où les postulats d’articulation dif-férente donnent le ton à un re-nouveau moulé dans le creuset des contradictions, des tenta-tives de solidarité nationale, des interdictions et recomman-dations « d’autrui », les expres-sions de la culture haïtienne constituent des « atouts » stra-tégiques importants dans l’éla-boration d’une politique de dé-veloppement humain durable qui prend en compte la culture comme force motrice de déve-loppement. En ce sens, l’artisa-nat haïtien, souvent considéré comme deuxième secteur éco-nomique du pays, aurait gagné en attention, car il permettrait de mieux démarrer la réinser-tion sociale en milieux défavo-risés, et de faciliter l’inclusion économique des milliers de jeunes qui grossissent les rangs de la main- d’œuvre non qua-lifiée.

Les travailleurs culturels re-jettent le silence. Ils estiment que, dans cette conjoncture historique particulière, le dé-veloppement national doit se concevoir comme un proces-sus d’émancipation de toute forme d’aliénation. Selon eux, ce processus doit prendre ra-cine dans le substrat culturel de notre population. Sinon, sa nature imposera de nou-velles formes de dépendance, pesantes à cause de ses hypo-thèques sur un avenir édifié sur des décombres.

Une commission de plus !Formée des personnalités actives dans le secteur musical, une nouvelle commission est mise sur pied et a pour mission de travailler à l’implantation d’une association professionnelle de la musique.

Les débats ne font que commencer sur le phé-nomène du piratage en

Haïti. Comment parvenir à éradiquer ce fléau ? Le mi-nistère de la Culture et de la Communication ainsi que des acteurs évoluant dans le do-maine musical ont profité de la Journée internationale de la musique, le 21 juin dernier, pour réfléchir en ateliers sur les meilleures stratégies à uti-liser pour parvenir à freiner le piratage.

Les échanges dans des ate-liers formés de musiciens et de journalistes semblent avoir été fructueux. Une commis-sion est constituée afin de ré-cupérer les produits de ces ateliers et en assurer un cer-tain suivi auprès de qui de droit. Cette commission dont la mission prendra fin en sep-tembre prochain a pour obli-gation entre autres d’implan-ter une véritable association professionnelle de musique en Haïti. Tâche s’annonçant très difficile de l’avis de plusieurs musiciens qui ont pris part aux débats.

Une entité chargée de dé-fendre les intérêts des mu-siciens a déjà été formée en Haïti. Au cours des années 80, Raoul Denis Jr et feu Ansy Dérose avaient pris l’initiative de fonder l’Association natio-nale des interprètes et musi-ciens haïtiens (Anasimh). Les musiciens et producteurs, vé-ritables poumons de l’asso-ciation, ont contribué à son échec, a déploré un ancien membre de l’Anasimh voulant garder l’anonymat. Aucune institution de l’Etat n’avait supporté cette association en herbe, a-t-il révélé.

Le Bureau haïtien des droits d’auteurs (BHDA), qui est fondé depuis le 23 avril 2007 et placé sous la tutelle du ministère de la Culture, n’a rien fourni en terme de résul-tats pour n’avoir jamais dispo-sé de moyens adéquats. C’est ce qu’a déclaré Joël Widmaier, musicien, lors des débats du 21 juin. Une masse de lois existe et reste lettre morte à cause de l’irresponsabilité du gouvernement et de l’insou-ciance même des musiciens, a critiqué Joël.

C’est une excellente idée d’encourager le dialogue sur le piratage en Haïti. Un débat de ce genre aurait attiré beau-coup plus d’attention s’il était réalisé également le 23 avril dernier, Journée mondiale du livre et des droits d’auteurs, sous la direction du BHDA.

Le ministère de la Culture au-rait profité de l’occasion pour annoncer le train de mesures drastiques qu’il entend adop-ter dans le plus bref délai pour juguler ce cancer. L’interven-tion dudit ministère afin de restructurer le Bureau haï-tien des droits d’auteurs et de mettre à la disposition de ce bureau les fonds nécessaires pour un meilleur fonctionne-ment aurait été bien accueillie le 21 juin dans le cadre d’un bilan partiel. Cela éviterait l’étalage de tout un ensemble de frustrations de la part des responsables du BHDA, ar-guant n’avoir pas les moyens d’exécuter certains projets.

Le Bureau haïtien des drois d’auteurs cite en l’occurrence les deux grands répertoires na-tionaux. Le répertoire général de tous les créateurs haïtiens dans les domaines de la mu-sique, du cinéma, de la pein-ture entre autres et de l’index des œuvres de toutes les disci-plines artistiques. La liste des projets contient également une maison de culture ; une bri-gade anti-piraterie. Plusieurs projets de lois ont été long-temps soumis sans succès au ministère de la Culture pour les suites nécessaires, a révélé Emmanuel Dérivois, directeur général du BHDA. Le gouver-nement haïtien n’a jamais vou-lu signer un ensemble de trai-tés internationaux notamment le Traité de l’Organisation mondiale de la propriété intel-lectuelle (OMPI) sur le droit d’auteur (WCT) et du Traité de (OMPI) sur les interpréta-tions et exécutions et les pho-nogrammes (WPPT), a déplo-ré M. Dérivois.

Un débat sur le thème : comment forcer le gouver-nement à assumer ses res-ponsabilités en vue de frei-ner le piratage en Haïti, serait beaucoup plus intéressant. Actuellement, pour contre-venir au piratage, il faut ab-solument la restauration de l’autorité de l’Etat. La mobili-sation d’une chaîne d’institu-

tions parait inévitable. « Un certain nombre d’institutions de l’État, en l’occurrence les ministères du Commerce, de la Justice et de l’Économie, ont un rôle important à jouer dans la bataille contre le pira-tage », a martelé Emmanuel Dérivois, jugeant difficile d’obtenir de résultats satis-faisants sans la collaboration de la Police nationale d’Haï-ti (Pnh) . « Les interventions de cette institution sont plus que nécessaires en vue de faire respecter les droits d’auteur en Haïti », a-t-il soutenu.

Une association profession-nelle de musique concerne-rait strictement les musiciens, compositeurs, interprètes, producteurs et promoteurs entre autres. Ce devait être une entité indépendante char-gée de défendre les intérêts de ses membres. Joël Widmaier parle « d’un véritable syndi-cat qui pourrait même au be-soin utiliser la grève comme forme de protestation dans les périodes carnavalesques par exemple pour obtenir sa-tisfaction à des revendications légitimes ». Le ministère de la Culture n’a pas à s’impliquer dans la création d’une telle en-tité qui est supposée être libre de ses mouvements.

Plusieurs musiciens, pré-sents à Le Vilatte lundi der-nier, estiment louable la dé-cision de constituer une commission devant accélérer le processus de lutte contre le piratage en Haïti. Cette com-mission aura sûrement besoin d’un ensemble de moyens pour accomplir sa tâche. Si le BHDA, fondé depuis trois ans par le ministère de la Culture, est dépourvu de tout moyen de fonctionnement, comment cette nouvelle commission va-t-elle pouvoir s’y prendre ? Autrement dit, s’il peut exister des fonds à allouer au fonc-tionnement de la dite com-mission, le BHDA pourrait en trouver également pour agir. Méli-mélo !

[email protected]

Le Comité proposé est le suivant :

• Yole Dérose • Richard Adrien • Adolf Janvier • Berthovna Grimard • Carel Pèdre • Lionel Benjamin • Gertrude Séjour • Robert Denis • Milena Sandler Widmaer • Smoye Noisy • Lodie Auguste • Fred Lizaire

• Mimerose Beaubrun Pour représenter le Mi-

nistère de la Culture et de la Communication au sein de

ce comité • Fritz Evens Moїse Pour la représentation de

la diaspora • Alex Abellard New York• Bernard Montréal • Rodney Noël Miami • Farah Larrieux Miami • Charlot Murat France

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Culture Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

La dive bouteille selon Carl Brouard

Les textes poétiques ma-jeurs de Carl Brouard se lisent comme un guide

pratique et presque surréaliste des boissons alcoolisées d’Haï-ti dont le clairin Saint Michel, le rhum Barbancourt ,clairin Sonson Pierre-Gilles ;le rhum Barbancourt et forcément la bière Prestige occupent de-puis quelque temps la tête du classement.

La littérature et le boire font bon ménage à travers le travail poétique de Carl Brouard, ce poète haïtien considéré à mon avis comme le plus absolu des philosophes du « Tractatus philosiphicus » de Bacchus dans un protocole de buveur-poète, immobile devant sa table de boissons et conséquent dans ses ver-sets ou psaumes de Béatitudes .C’est sans aucune tricherie que m’est venue l’idée de po-ser mon regard sur des textes de Brouard liés aux boissons et au goût culinaire , et ceci sous la dictée d’un poète, plus que débonnaire :Monsieur Brouard.

Il s’agit d’un merveilleux voyage autour des boissons haïtiennes .C’est vrai que sur les bancs de l’école, -surtout au bac- j’avais appris à disserter sur Carl Brouard, mais à force de relire « L’anthologie secrète »,travail magistral de l’édi-teur Rodney Saint-Eloi, qui a réuni à peu près l’ensemble des poèmes les plus rares de Carl Brouard , j’ai appris donc à me réinventer un monde de boissons sous le contrôle presque post-mortuaire de Carl Brouard, le dictant .

Si Haïti produit un clairin national, c’est indiscutable-ment l’alcool de canne, sous toutes ses formes : rhum ou «

trempé » .Pour préparer un « trempé », il faut des épices, des fruits, des sirops, des feuilles ou des écorces à macérer dans du rhum blanc .A chaque « trempé » ses propriétés mé-dicales, aphrodisiaques ou autres .Le vendeur de clairin, aussi appelé « pharmacien ou apothicaire par les plus justes, » a forcément le remède qu’il vous faut. C’est bien connu, l’alcool de canne guérit tout…Il suffit de savoir quoi mettre dedans comme feuilles.

Boissons haïtiennes et maximes

Bouteilles et légendes po-

pulaires haïtiennes font par-fois un merveilleux mixage et invitent à un code mo-ral éthique automatique mis souvent à l’usage des grandes masses de la population, pas toujours rompues aux rudi-ments de l’écrit établi depuis des millénaires.

On ne consomme pas la même boisson d’une classe sociale à l’autre , on ne col-lectionne pas la même bou-teille d’une ville à une autre. Certaines meringues carnava-lesques haïtiennes font parfois allusion à nos dirigeants po-litiques illuminés, genre gé-néral « grand buveur et pré-

ô LOULOUSEDouce LoulouseTu buvais de la crème de

mentheDu ginDu « Black and White »Et tu es morte.O Loulouse,Tu sentais la pommade

moelle de bœufLe PompéiaTu fumais le tabac de Vr-

ginieEt tu es morte.Loulouse, tu te dévêtais entièrementQuand tu faisais l’amour,Mais tu es morte Et contemples à jamais Le bout de tes orteils.

Invitation à vider la coupe

Où sont passés les grands conquérants qui furent l’ef-froi des peuples ? Tous les rois de Babylone ou d’Assy-rie, le jeune Macédonien qui soumit la molle Asie, César adoré comme un dieu, Ta-merlan, « e Corse aux che-veux plats ? »

Ils ont passé comme un vent sur le morne.

Comme eux passeront le rusé Hirohito, le César italien, Hitler devant qui trompe la terre. Ils seront broyés comme des grains de maïs, et sur le monde paci-fié, la Croix règnera. C’est pourquoi, ma bien-aimée, ma colombe, ma tourterelle, réjouissons-nous et buvons, durant les jours que Dieu nous accorde.

sident constitutionnel, grand tafiateur devant l’Eternel des armées. »

Haïti est l’un des rares pays du monde ou l’alcotest n’est pas encore obligatoire. On peut même conduire 24h / 24 en Haïti avec sa bouteille de bière dans une main et sa bouteille de tafia dans l’autre.

Boire, se rebeller, se ka-mikaser aurait été des motifs guerriers pour Boukman, Ma-kandal, Boisrond Tonnerre, Dessalines, comme pour les nègres marrons de Saint Do-mingue au temps de la dyna-mite explosive révolutionnaire dans les guildives et les sucre-ries de la légendaire Perle des Antilles.

Les premiers scribes de la république d’Haïti ont presque tous développé un certain penchant pour la dive bouteille et la pratique des of-frandes aux Déités vodou .

On n’a pas une statistique établie jusqu’à présent sur le nombre d’accidents de voi-ture ou autres provoqués par les démons de l’alcool ou de l’éthanol. Aucun panneau de circulation jusqu’à date, ne fait encore mention de l’in-terdiction de boire au volant. Pour parodier le chanteur jac-mélien, Ti Paris chauffeurs, chauffards et buveurs stupides

peuvent entonner sans fin : «Tou lejou mwen sou.»

Voilà la rythmique d’une Haïti fixée dans sa dive bou-teille. Tout cela ne nous éloigne pas du tout des nour-ritures spiritueuses du poète Carl Brouard, saint et mar-tyr comme Rimbaud, Saint –Aude ,Davertige et Rulfo… Il faudra relire ou lire Carl Brouard, avant d’aborder Rou-main, Alexis et Tagore .

Ainsi soit-il !Merci, Monsieur Brouard ,

pour ce traité de la dive bou-

teille.Toutes les cités à venir au-

ront besoin de poètes et de musiciens. Tant pis pour Pla-ton, tant pis pour Athènes.

Dominique Batraville

(suite de la page 20)

Waka waka hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ah

Zamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaThis time for Africa

Django hé héDjango hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ah

Django hé héDjango hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ah

This time for AfricaThis time for Africa

We are all AfricanWe are all African

Akon : Oh Africa!I know that we have to take

it to the goal ’cause everyone is depending on we

see we ain’t got nowhere to go but, it’s our destiny

[Keri Hilson]we’re choosing our way, we’ll

do what it takes to get to the top of the highest mountain

we’ll do anything, we’ve got to prove ourselves ’cause we know

~~OH AFRICA~~[Akon]see we’ll never be able to for-

get this day ’cause it’s the grea-test day of our life

see no matter what happens at least we can say «we came, we saw, we tried»

[Keri Hilson]we’re choosing our way, we’ll

do what it takes to get to the top of the highest mountain

we’ll do anything, we got to prove ourselves ’cause we know

~~OH AFRICA~~

[Akon & Keri Hilson]This is our time to shine, our

time to fly, our time to be in-side the sky

our time to soar, our time of song

the last one in football

Traduction de Waka Waka de Shakira :

Tu es un bon soldatTu choisis tes combatsTu te relèvesEt te dépoussièresEt te remets en selleTu es en première ligneTout le monde regardeTu sais que c’est sérieuxOn se rapprocheCe n’est pas finiLa pression est làTu la sensMais tu as tout pour toiSache leQuand tu tombes relève toioh ohEt si tu tombes relève toihé hé

Zamina mina ZangaléwaCar c’est l’AfriqueZamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaC’est le temps de l’AfriqueÉcoute ton DieuC’est notre deviseTon heure pour brillerN’attends pasOn y vaLes gens se lèventLeurs attentesContinue et donne leur ce

qu’ils veulentC’est ton momentPas d’hésitationsAujourd’hui c’est ton jourJe le sensTu as tracé le cheminCrois leQuand tu tombes relève toioh ohEt si tu tombes relève toihé héZamina mina ZangaléwaC’est l’heure de l’AfriqueZamina mina hé hé

Waka waka hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ahZamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaC’est l’heure de l’Afrique[Chant Sud-Africain]Zamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ahZamina mina hé héWaka waka hé héZamina mina ZangaléwaThis time for AfricaDjango hé héDjango hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ahDjango hé héDjango hé héZamina mina ZangaléwaAnawa ah ahC’est l’heure de l’AfriqueC’est l’heure de l’AfriqueOn est tous AfricainsOn est tous Africains

Carl Brouard.

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LoisirsNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

Bélier (20 mars – 20 avril)C’est clair, aujourd’hui, vous n’allez vous laisser envahir par des broutilles, vous irez droit à l’essentiel ! Il est pro-bable que vos conditions de travail pas-sent en second plan par rapport à l’ob-jectif que vous vous êtes fixé. Quand un Bélier se fixe un objectif, il n’a de cesse de travailler tant qu’il n’est pas atteint, vous le savez bien !

Taureau (21 avril – 21 mai)Si vous pensez - surtout depuis une di-zaine de jours - que vous avez des ef-forts à faire pour progresser dans votre activité principale, vous accepterez plus facilement les contraintes de cette journée. Car il n’est pas impossible que l’on vous demande quelque chose qui ressemble à la perfection ! Faites tout de même attention sabine de ne pas trop vous perdre !

Gémeaux (22 mai – 21 juin)Vous pourriez être obsédée par un fu-tur voyage aujourd’hui ! Vous rêvez d’évasion lointaine, de paysages spec-taculaires, d’exotisme et de cocotiers. Tirez le signal d’alarme et toutes vos copines rappliqueront pour vous ac-compagner au bout du monde ! A moins que vous ne préfériez partir en amoureux ? Votre soif de découvertes ne s’arrête pas là ; vous avez envie d’entreprendre de nouvelles activités, d’apprendre, d’ouvrir votre horizon. Faites attention à ne pas vous disper-ser...

Cancer (22 juin – 23 juillet)Quelle journée ! Que cela soit dans le domaine professionnel ou dans la vie de famille, vous pourriez vivre deux al-ternatives émanant de la même origine : un sentiment d’inquiétude ! Soit vous combattez vos doutes en vous met-tant au travail et là il faut vous attendre à dépenser beaucoup d’énergie pour vous rassurer. Soit vous êtes figée sur place et là vous dépenserez tout autant votre énergie. Dans ces jours prochains tout ira mieux !

Lion (24 juillet – 23 août)Si l’on dit souvent de l’énergie Lion qu’elle se nourrit de fortes émotions, il faut bien comprendre qu’elle les trouve dans des situations un peu risquées... Cela pourrait peut-être vous faire com-prendre le contenu de cette journée ! Effectivement, il faut vous attendre à entrer dans l’arène aujourd’hui et mon-trer qui vous êtes, tant dans votre acti-vité principale que dans votre couple !

Vierge (24 août – 23 septembre)Vous devez agir avec fermeté et être en mesure de dire précisément où vous allez et pourquoi. Car vous possédez toutes les cartes en main aujourd’hui pour faire évoluer de façon positive vos relations familiales et sentimentales. Mais c’est à vous de donner des direc-tives, de vous occuper des autres et de créer l’harmonie au sein de vos rela-tions. On compte sur vous, alors soyez à la hauteur !

Balance (24 septembre – 23 octobre)Attendez-vous à vivre un violent coup de foudre aujourd’hui ! Un homme pourrait faire irruption dans votre vie et la chambouler complètement. Cette histoire sera-t-elle durable ou non ? Dif-ficile à dire. En revanche, il est certain que vous vous en souviendrez long-temps ! Dans un domaine totalement différent, vous pourriez éprouver un in-térêt soudain pour les techniques artis-tiques modernes, comme l’infographie ou la photographie. Lancez-vous !

Scorpion (24 octobre – 22 novembre)Avez-vous fait quelques dessins ? De-puis le mois dernier, et même avant, il est question de toutes ces aptitudes, à dessiner, à photographier, à écrire, que vous avez l’habitude de vous refuser, et qui pourtant sont là, en vous, à at-tendre. Car en effet, on attend plus que vous. Il suffirait que vous preniez un pin-ceau ou un stylo, et le tout serait joué !

Sagittaire (24 novembre -21 décembre)Parmi tous les signes du zodiaque, c’est probablement vous qui serez le plus en harmonie avec le changement d’ambiance qui s’opère à partir d’au-jourd’hui ! Plus que jamais vous expose-rez vos grandes idées, ne vous embar-rassant absolument pas de détails... Et vos paroles seront chargées d’un op-timisme qui va ravir votre entourage. Faites tout de même attention au pro-sélytisme !

Capricorne (22 décembre -20 janvier)Quelque chose d’intéressant se trame dans votre ciel aujourd’hui. Si vous êtes célibataire, vous pourriez faire une ren-contre imprévue et non dépourvue de charme... Car vous êtes au début d’un nouveau cycle favorable au roman-tisme. Et si vous vivez en couple, c’est le moment ou jamais de franchir une étape supplémentaire dans votre rela-tion et de vous engager corps et âme...

Verseau (21 janvier – 19 février)Parfois, pour assainir la situation, il faut revenir « à la case départ ». C’est par-fois frustrant, voire humiliant, mais si l’enjeu est d’assainir vos bases pour pouvoir reconstruire quelque chose de nouveau et de solide, ça vaut le coup. Ne restez pas trop attachée à votre passé professionnel, mais si cela vous en coûte un peu. Il faut avancer, et vous êtes un peu trop chargée. Lâchez du lest !

Poissons (21 février – 20 mars)Si vous cherchez l’âme sœur, vous pourriez la trouver aujourd’hui. Ce n’est pas le moment de tergiverser et de vous demander si le prince charmant existe. Vous devez au contraire prendre des initiatives et aller au-devant des personnes qui vous attirent. Et si vous vivez déjà en couple, le moment est peut-être venu de vous engager plus sincèrement et plus durablement dans votre relation. Ah ! C’est beau l’amour...

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Annonces Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

AVIS DE FORMATION

AVIS JUDICIAIRE

AVIS MATRIMONIAL

AVIS MATRIMONIAL

AVIS MATRIMONIAL

AVIS MATRIMONIAL

Je soussigné, LINOT JEAN PIERRE propriétaire demeurant à Saint Martin, et domicilié a Port-au-Prince identifié par mon passeport au No CU1331510 fais savoir au public en général, au commerce en particulier que je ne suis plus responsable des actes et actions de mon épouse Jocelyne Sainthey pour incompatibilité de caractère, injures graves et publiques en attendant qu'une action en divorce soit intentée contre elle.

Le Tribunal de Première Instance de Port -au-Prince a rendu en ses attributions de divorce un jugement dont le dispositif est ainsi libellé :Par ces Causes et Motifs, le Tribunal après examen, le Ministère Public maintient le défaut octroyé contre le défendeur à l'audience précité, pour le profit déclare fonder la dite action. Admet en conséquence le divorce de la dame Pierre Richard Joseph née Lorine Mingot d'avec son époux Pierre Richard Joseph pour injures graves et publiques aux torts de l'époux. Prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits époux; Ordonne à l'officier d'Etat Civil de Delmas de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans l'un des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de dommages intérêts envers les tiers s'il y échet. Commet l'huissier Canal Gabriel de ce siège pour la signification de ce jugement; compense les dépens.Ainsi jugé et prononcé par nous Maguy Florestal Pierre-Louis, juge en audience civile ordinaire et publique du jeudi trois décembre deux mille neuf en présence de Me Brunet Salomon, Substitut du Commissaire du Gouvernement de ce ressort et avec l'assistance du sieur Joseph Pierre¬Louis Greffier du siège. Il est ordonné à tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution aux officiers du Ministère Public près les tribunaux civils d'y'tenir la main forte lorsqu’ils en seront requis, En foi de quoi la minute du présent jugement est

signée du juge et du greffier sus.-dits. Ainsi signé Maguy Florestal Pierre –Louis et Joseph Pierre Louis .

Le tribunal de première instance de la croix des bouquets compétemment réuni au palais justice de

Cette ville, a rendu en audience publique ordinaire et en ses

attributions civiles, le jugement dont le dispositif est ainsi concu. Entre:

1- Le sieur Jean-René la fleur demandeur en divorce d'une part; Et

2- La dame Jean René Lafleur née Marie Gerty Julien défenderesse d'autre part .

Par ces causes et motifs, le tribunal après examen, le ministère public entendue accueille l'action du sieur Jean René Lafleur pour être juste et fondée, maintient le défaut requis et octroyé à I’audience prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre le sieur Jean René Lafleur et la dame Marie Gerty Julien pour injures graves et publiques aux torts de l'épouse. Ordonne à l'officier de I’ Etat civil de Cabaret de transcrire le dispositif du divorce dudit jugement dans le registre à ce destiné: ordonne en outre la publication de la décision dans l'un des quotidiens de la capitale sous peine de dommages et intérêts envers les tiers; compense les dépenses et enfin commet l'huissier Walky Pierre pour la signification dudit jugement.

AINSI JUGE ET PRONONCE PAR NOUS, Me MARIE ROSIE NICOLAS DEGAND, juge en audience civile ordinaire et publique du jeudi trois juin deux mille dix, en présence de Me Marie Chantale Occenade, substitut du commissaire du gouvernement de ce ressort avec l’ assistance de Me Jean Thomas LansJ greffier du siège.

Il est ordonné a tous huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution aux officiers du ministère public près les tribunaux civils d'y tenir la main à tous les commandants et autres officiers de force publique dJy prêter la main forte lorsqu’ils en seront légalement requis.

EN FOI DE QUOI, la minute du présent jugement est signée du juge et du greffier susdits.

Ainsi signé: Frenot CAJUSTE et JEAN THOMAS LANS, Greffier.

Pour ordre de publication

maintient le défaut octroyé contre la défenderesse à la sus-dite audience, pour le profit du défaut, déclare fondée ladite action, admet en conséquence le divorce du sieur OVINSON CORNET, d'avec son épouse née Marie Edelène DESROCHE, pour injures graves et publiques aux torts de l'épouse, prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre les dits époux, ordonne à l'Officier de l'Etat Civil de la commune de Carrefour, de transcrire dans ses registres à ce destiné le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans l'un des quotipiens s'étiditant à la capitale sous peine de dommages-intérêts envers les tiers s'il échet, commet l'huissier Viineret GABRIEL de ce siège pour la signification de ce jugement, compensé les dépens.

AINSI JUGE ET PRONOCE, par nous, Raymond JEAN-MICHEL, juge, en audience civile, ordinaire et publique~ du vendredi vingt Novembre dex mille neuf, en présence de Me. ST Anaud NORZE, Substitut du Commissaire du Gouvernement de ce ressort, avce l'assistance du Greffier Jean-Claude ALFERIS.

Me. PlacideL.erito, Avocat

Société en Non Collectif COPS Group

Entre les soussignés:

Monsieur Sony LISTHER, propriétaire, demeurant et domicilié à Pétion-ville, Route de frères, Rue Saint Louis Jeanty # 27, identifié au numéro: 003-627-975-1;

Monsieur Marc Dit Milfranc Joseph, propriétaire, demeurant et domicilié à Pétion-ville, Rue Maurepas, # 9, identifié au numéro: 003-097-784-9;

Il est arrêté et convenu ce qui suit :

Art. 1- Il est formé entre les soussignés sus-désignés une Société en Non Collectif dénommée: COPS Group, dont le siège social est à Pétion-ville, Route de frères, Rue Saint Louis Jeanty # 27, laquelle est régie par les lois en vigueur et les présents statuts. Art. 2- Cette société a pour objet principal la prestation de service de gestion et d'administration pour tous tiers.

Elle pourrait donner des consultations à tous intéressés en matière de Protection et faire de formation en Prévention.

Elle pourra entreprendre toutes les opérations mobilières, immobilières et fmancières quelconques se rattachant directement ou indirectement a son but principal, susceptible de faciliter son extension. Les objets dessus mentionnés sont énumératifs et nom limitatifs.

Extrait des minutes du greffe

du Tribunal Civil de la Croix des Bouquets

Le Tribunal de Première Instance de la Croix des Bouquets, compétemment réuni au Palais de Justice de cette vile, a rendu, en audience publique et en ses attributions civiles le jugement suivant:

ENTRE:

1 e) Le Sieur Frédéric PIERRE LOUIS, propriétaire, demeurant et domicilié à Port-au-Prince, identifié au no: 003-383-234-1 pour le présent exercice, ayant pour Avocat Me. Wilson ESTIME, du Barreau de Port¬au-Prince, identifié, patenté et imposé aux nos: 001-381-102-4, 05-01-99-1960-07-00042, 4007063, 254927 ; avec élection de domicile en son Cabinet sis à la rue de la Montagne au no : Il (Pacot), à Port¬au-Prince et à la Croix des Bouquets à la rue St Jean au no : 31 au cabinet de Me. Jean Auguste BRUTUS

Et:

Le Sieur Antoine Edouard LA TORTUE, propriétaire, demeurant aux Etats-Unis d'Amérique et domicilié à Port-au-Prince, identifié au no: 000-796-436-5 poursuites et diligences de sa mandataire, la Dame Jocelyne BELIZAIRE, propriétaire, demeurant et domiciliée à Port-au-Prince, identifiée au no: 003-872-195-2, ayant pour Avocats légalement constitués Mes. Jean Ernst CHERY, Clivens CHERY, du Barreau de Port¬au-Prince; Chenet PAMPHILE, Rockfeller

Le Tribunal de première Instance de Port-au-Prince, compétemment reuni au palais de justice de cette ville, a rendu en audience publique et ses attributions civiles, le vingt Novembre deux mille neuf, le jugement de 'divorce entre les sieur et dame Ovinson Cornet et Marie Edelène Desroche dont le dispositif dudit jugement est ainsi libéllé :

PAR CES MOTIFS, le Tribunal, âpres examen et sur les conclusions du Ministère Public,

- Cette société fonctionnera sous la raison sociale: Listher, Joseph et Co Art. 3- La durée de la société est pour une période de dix ans renouvelable.

Art. 4- Le siège social de la société est à Pétion-ville, Route de Frères, Rue Saint Louis Jeanty # 27. Elle pourra établir et faire fonctionner des bureaux dans n'importe quelle commune du Département de l'Ouest, dès que les soussignés en auront décidé.

Art. 5- Le capital social est de cent mille (100.000) gdes, en nature réparti comme suit:

1- M. Sony LISTHER 95.000 gdes (Président- Directeur Général)

2- M. Marc Dit Milfranc Joseph 5.000 gdes (Vice-Président)

Elle est enregistrée au Ministère du Commerce et de l'Industrie en date du 23 juin 2010, au numéro A276, Folio 144, registre IX

Cabinet AGENOR et Associées

MAXY et Wisny SAINVIL pour le stage, identifiés, patentés et imposés respectivement aux nos: 003-107-540-2, à la rue St-Jean, à l'étage, Croix des Bouquets, défendeur d'autre part

« PAR CES MOTIFS, le Tribunal, après en avoir délibéré conformément au vœu de la loi, le Ministère Public entendu dans ses conclusions, se déclare compétent pour connaître du litige, maintient le défaut requis et octroyé à l'audience par application de l'article 287 du CPC, rejette l'exception de nullité de l'acte introductif d'instance du 22 Septembre deux mille huit, et lui adjugeant les conclusions insérées dans son assignation, déclare nulle la signification du jugement de défaut du 5 Mai deux mille six rendu par le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince et par voie de conséquence la nullité de l'exécution du 19 Juillet deux mille huit, ce avec les conséquences de droit; reconnaît les préjudices résultant de cette exécution nulle; admet qu'il y a lieu à condamnation du défendeur à dommages intérêts et fixe cette condamnation à un million de gourdes au profit du demandeur par application des article 1168 et 1169 du C.C, condamne également le défendeur aux dépens; enfin donne délégation à la Doyenne du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince à l'effet de commettre un Huissier de son Tribunal pour la signification du jugement au défendeur demeurant à Port-au-Prince, le Sieur Antoine Edouard LATORTUE; et commet l'huissier du siège pour la même formalité à la Croix des Bouquets ».

Ainsi jugé et prononcé par nous, Frénot CAmSTE, Juge en audience civile et publique du quatre juin deux mille dix en présence de Me. Aldrin JOAS SAINT Substitut du Commissaire du Gouvernement et avec l'assistance du citoyen Jean Joanem NERETTE, greffier.

Il est ordonné à tous Huissiers sur ce requis de mettre le présent jugement à exécution, aux Officiers du Ministère Public près les Tribunaux Civils d'y tenir la main à tous commandants et autres Officiers de la force publique d'y prêter main forte lorsqu'ils en seront légalement requis.

En foi de quoi, la minute du présent jugement est signée du Juge et du Greffier sus dits. Ainsi signé: Frénot CAmSTE, Juge et Jean Joanem NERETTE, greffier. POUR EXPEDITION CONFORME COLLATIONNEE Le Greffier.-

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AnnoncesNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

AVIS DE FORMATION

AVIS MATRIMONIAL

AVIS MATRIMONIAL

AVIS MATRIMONIAL

AVISAVIS PROFESSIONNEL

AVIS

AVIS JUDICIAIRE

Le Tribunal de Première Instance de la Croix-des-Bouquets compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville a rendu en audience Civil et Publique le Jugement suivant;

Entre:

l) Duvard François propriétaire, demeurant et domicilié à Fontamara # 5, identifié au No. : 009¬698-431-1 ayant pour Avocat Me Jean Gérard Augustin du Barreau d Port-au-Prince dûment identifié, patenté et imposé aux Nos.: 001-979-340-2, PA-3989 et J-39834 pour l'exercice en Cours avec élection de domicile en son Cabinet sis à la Rue Geffrad # 74 à l'Etage, Pétion-Ville¬ Port-au-Prince;

2) La dame Christine Joisaint, propriétaire, demeurant et domiciliée à Fontamara ;

DONT LE DISPOSITIF EST AINSI CONÇU

PAR CES MOTIFS, le Tribunal après examen et sur les conclusions du Ministère Public accueille l'action du requérant pour être juste et fondée; maintien le défaut octroyé contre la défenderesse et pour le profit admet le divorce du sieur Duvard François d'avec son épouse Christine Joisaint pour injures graves et publiques; prononcé la dissolution des liens matrimoniaux ayant existés entre les dits époux; ordonne à l'Officier de l'Etat Civil de Port-au-Prince Section-Nord de transcrire dans les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un extrait sera inséré dans un journal de la place sous peine de dommages intérêts s'il y echet ;

Comme l'Huissier Jean Bernard Pierre Louis pour la signification du présent jugement; Compenser les dépenses vu la qualité des parties.

Donné de nous Frénot Cajuste, Doyen en audience civil et publique du Jeudi Sept (7) Janvier deux mille en présence de Me Chantale Occenade et avec l'assistance du Greffier Lans Jean Thomas.-

Il est ordonné à tous huissiers sur simple réquisition de mettre le présent jugement à exécution aux Officiers du Ministèr~Public près le Tribunal Civil d'y tenir la main à tous Commandements et autres Officiers de la force publique d'y prêter main forte lorsqu'ils en seront légalement requis.-

En foi de quoi la minute du présent jugement est signé du Juge et du Greffier susdits.

POUR COPIE CONFORJ'vIE COLLATIO

Il est porté à la connaissance du public en général et de tous ceux que la question interesse la formation à Port-au-Prince ,entre les sieurs Jean Gary ROUZIER jr,Salcedo Moreta Ramon AUGUSTO RECYCLE MATERIAL

La Société a pour objet principal la récupération et démolition de vieux bateaux ou toute autre opération de recyclage de métaux en vue de les exporter. Elle peut effectuer toutes activités relatives à son objet aussi bien en Haïti qu'a l'étranger. A cet effet, elle pourra se livrer à toutes opérations commerciales, pouvant se rattacher directement ou indirectement à son objet et à tous autres susceptibles d'en faciliter le développement. La société pourra faire toutes ces opérations ou l'une d'elles ou plusieurs d'entre elles, pour son compte ou pour le compte de tiers, soit seule, soit en association avec les tiers. Elle pourra prendre tous intérêts et participation dans toutes entreprises pouvant se rattacher à l'un des objets précités ou de nature à les favoriser. Elle aura la faculté de remplir l'objet en vue duquel elle a été créée au même degré et aussi complètement que pourrait le faire une personne physique.

Port-au-Prince, ce 24 juin 2010

'Lamille LEBLANC, Av.-

Maîtres Ricot JOSAPHAT et Marie Suzy LEGROS remercient tous les confrères et consoeurs - avocats, amis et clients du Cabinet Ricot JOSAPHAT de leurs témoignages de sympathie à la suite du séisme du 12 janvier 2010.

Ils les assurent de la reprise graduelle de leurs activités professionnelles et pour tout contact avec le Cabinet, leur demandent d'appeler les numéros suivants: 34-64-08- SO,

Le sieur Prézilus INNOCENT, identifié au No. 003-~26-719-3 demeurant et domicilié à Port-au-Prince, informe par la présente le public en général et le commerce en particulier qu'il n'est par responsable des actes et actions posés par son épouse Madame Emmanuella P. Innocent née Emmanuella Pierre, demeurant et domiciliée à Port-au-Prince~ Ce, pour injures graves et publiques.

En attendant qu'une action en divorce soit intentée contre elle par devant la juridiction compétente.

Port-au-Prince, le 18 Juin 2010.

Monsièur Prézilus INNOCENT

Avis perte de plaque

Le, soussigné Joseph Jean, avise le public en général que la plaque d’immatriculation, # AA-02457, de son pick-up de marque Ford et de couleur grise, a été égarée au niveau de la rue Vilgrain, Port-au-Prince. En conséquence, le soussigné décline toute responsabilité dans l’utilisation de cette plaque à quelque fin que ce soit.

Joseph Jean

Société en Non Collectif SECURICAP Management

Entre les soussignés:

Monsieur Gluck THEOPHILE, propriétaire, demeurant et domicilié au Cap-haitien, Rue 3 L, # 28, identifié au numéro: 003-950-988-5;

Madame Sylvie THEOPHILE, propriétaire, demeurant et domiciliée au Cap-Haitien, Rue 3 L, # 28 identifiée au numéro: 000-986-696-2;

Il est arrêté et convenu ce qui suit :

Art. 1- Il est formé entre les soussignés sus-désignés une Société en Non Collectif

dénommée: SECURICAP Management, dont le siège social est au Cap- Haitien, Rue 3 L # 28, laquelle est régie par les lois en vigueur et les présents statuts.

Art. 2- Cette société a pour Objet principal la prestation de service de gestion et d'administration pour tous tiers.

Elle pourrait donner des consultations à tous intéressés en matière de protection et faire de formation en Prévention.

Elle pourra entreprendre toutes les opérations mobilières, immobilières et fmancières quelconques se rattachant directement ou indirectement Ii son but principal, susceptible de faciliter son extension. Les objets dessus mentionnés sont énumératifs et non limitatifs.

~ Cette société fonctionnera sous la raison sociale : Théophile, Théophile et Co Art. 3- La durée de la société est pour une période de dix ans renouvelable.

Art. 4- Le siège social de la société est au Cap-Haitien, Rue 3 L, # 28. Elle pourra établir et faire fonctionner des bureaux dans n'importe quelle commune du Département du Nord dès que les soussignés en auront décidé.

Art. 5- Le capital social est de cinquante mille (50.000) gdes, en nature réparti comme suit:

1- M. Gluck THEOPHILE .40.000 gdes (Président- Directeur Général)

2- Madame Sylvie THEOPHILE 10.000 gdes (Vice~Présidente)

Elle est enregistrée au Ministère du Commerce et de l'Industrie en date du 23 juin 2010, au numéro A274, Folio 143, registre IX

Cabinet AGENOR et Associées

le sieur Gilles François.

Par ses motifs : le tribunal après en avoir délibéré conformément au vœu de la loi maintient le défaut requis et octoye contre le cite le sieur Gilles François qui n’a pas comparu a l’audience ni personne pour lui. En conséquence ordonne son expulsion des lieux occupes commet l’huissier Wilner Sulme de ce siège pour la signification du dit jugement avec commandement. Le condamne en outre aux frais et dépends de la procédure, ce, sera justice.

Ainsi juge et prononce par nous, Frantz Guillot juge de paix de la commune de carrefour, en audience civile et publique en date du mercredi cinq (5) aout 2009, avec l’assistance du sieur Willins Peltrop, greffier

Il est ordonne…etc…

En foi de quoi…etc.

Me. Annuel Thélot, avocat

Extrait des minutes du greffe du tribunal de Première Instance de la Croix-des-Bouquets

Le Tribunal de Première Instance de la Croix-des-Bouquets, compétemment réuni au Palais de Justice de cette ville a rendu en audience publique et en ses attributions civiles le jugement suivant:

Entre:

Le sieur Louis Robert Eugène, propriétaire, demeurant et domicilié à la Croix-des-Bouquets, identifié au No. 003-224-777-5, ayant pour avocats constitués Mes Samuel Madistin et Jean Gary Rémy du Barreau de Port-au-Prince, respectivement identifiés, patentés et imposés aux numéros: 003-341-604-3, 1153640 et 1153122 ; 003-265-694-7, 4050286 et 4050286, avec élection de domicile à la rue Rémy # 30, Croix¬des-Bouquets et au cabinet Madistin et associés sis au no 195, avenue John Brown, Port-au-Prince, Haïti, partie demanderesse, d'une part ;

Et:

La dame Yves-Line Fita

Dessources, propriétaire, demeurant et domiciliée à la Croix-des-Bouquets, partie défenderesse, d'autre part ;

PAR CES CAUSES ET MOTIFS, le Tribunal, le ministère public entendu, accueille l'action du sieur Louis Robert EUGENE pour être juste et fondée, maintient le défaut requis et octroyé à l'audience, prononce la dissolution des liens matrimoniaux existant entre le sieur Louis Robert EU GENE et la dame Yves-Line Fita DESSOURCES pour injures graves et publiques aux torts de l'épouse, ordonne à l'Officier de l'Etat Civil de la Croix-des-Bouquets de transcrire le dispositif du divorce dudit jugement dans le registre à ce destiné, ordonne en outre la publication de la décision dans l'un des quotidiens de la capitale sous peines de dommages-intérêts envers les tiers, compense les dépens et enfin commet l'huissier Godbert Humbert pour la signification dudit jugement.

Ainsi jugé et prononcé par nous, Me Frénot Cajuste, Juge en audience civile, ordinaire et publique du jeudi six mai deux mille dix, en présence de Me Marie Chantal OCCENADE, substitut Commissaire du Gouvernement de ce ressort, avec l'assistance du citoyen Jean Amando CHRISPIN, greffier du siège.

Il est ordonné etc.

En foi de quoi etc.

Dispositif d’un jugement rendu par défaut par le tribunal de paix de Carrefour en date du 5 aout 2009 au profit du sieur Manès Chéry contre

25

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Annonces Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

AVIS

AVIS

AVIS DE DIVORCE

AVIS

AVIS

AVIS DE FORMATION

Avis de formation de société en nom collectif

Le public est informé qu'à la date du 22 Juin 2010, le Ministère du Commerce a inscrit au registre IX, folio 142, No A-273, les Statuts de la Société en nom Collectif dont la raison sociale est« DIKENS GUILLAUME ET CO» et pour dénomination commerciale « CAIMITES CONSTRUCTIONS»

Le siège social se trouve au no 706, Santo 8, Croix-des-Bouqucts. Le capital socialde la société est de 1000000.°0 Gdes reparti comme suit:

1- Mr Dikens GUILLAUME 80%, identifié au NIF: 001-285-428-7, demeurant et domicilié au # 56, Rue des remparts, Verrettes,

2- Mr Edouard DENEUS 10%, identifié au NIF . 003-178-994-5, demeurant et domicilié au # 5, Rue Jubilée, Verrettes,

3- Ml' Wilkens GUILLAUME 10%, identifié au NIF: 004-653-880-1, demeurant et domicilié au # 99, Rue Cassagnol, Delmas 33.

La société a pour objet principal: l'aménagement, l'entretien, le décor intérieur et extéteriur des résidentiels, commerciaux ou autres, l'enlèvement des débris, la construction d'infrastructures routières, ponts, Gabions selon les normes internationales de construction. Elle pourra aussi entreprendre toutes opérations commerciales, financières, mobilières et immobilières se rattachant directement ou indirectement à l'objet social susceptible d'en faciliter le développement.

La société est administrée par un conseil de trois membres: 1- Mr Dikens GUILLAUME, président et trésorier du conseil,

2- Ml' Wilkens GUILLAUME, conseiller,

3- Ml' Edouard DENEUS, secrétaire général du conseil.

La durée de la société est de dix ans à compter de son immatriculation aux. registres susdits. Cette durée pourra cependant être prolongée ou au contraire, écourtée en cas de dissolution anticipée de la société.

Le présent avis est publié, conformément aux articles 44 et 45 du code de commerce, aux fins utiles de droit.

Par le cabinet Edler GUILLAUME et ASSOCIES.

Me Edler

Le Tribunal de Paix de la commune de Delmas compétemment réuni en son local sis au no : 206 Route de Delmas a rendu en audience publique et en ses attributions civiles et ordinaires le jugement suivant; entre:

Le sieur Amos TOUSSAINT,

propriétaire, demeurant à SARTROUVILLE-FRANCE et domicilié à Port-au¬Prince, identifié au no: 006-998-445-2, représenté par son mandataire Monsieur Jocelyn PIERRE, propriétaire, demeurant et domicilié à Port-au-Prince, identifié au no :003-626-123-3 procédant par Mes Rodrigue DUMAS, avocat au barreau de Port-au-Prince et Jean Guito ROMAIN, Praticien en Droit, respectivement identifiés, patenté et imposé aux nos :003-350-569-9, 678366, 121, 239 et 005-756¬179-8 avec élection de domicile en leur Cabinet sis à Delmas 62 no 2 (2ème étage), demandeur d'une part;

Et Les sieurs Wilner CHÉRY, Josué Médor dit Patrick MÉDOR et Aristhène BREVIL dit TUE KADAV,Propriétaires, demeurant et domiciliés à Delmas, en leurs demeure et domiciles; Défendeurs d' autre part.

Par ces motifs, Le Tribunal jugeant à charge d'appel et suivant le vœu de la loi; maintient le défaut requis et octroyé à l'audience du mercredi 08 avril 2009 contre les cités les sieurs Wilner CHÉRY, Aristhène BRÉVIL dit TI JE KADAV, et Josué MÉDOR dit Patrick MÉDOR, se déclare compétent pour connaitre de cette affaire, s'agissant d'une action possessoire en réintégrande qui est de compétence exclusive dudit Tribunal, accueillie l'action du requérant pour être juste et fondée. En conséquence ordonne à ce que le requérant soit réintégré dans la possession du terrain sis sur l' habitation « BONNY» section Saint Martin dans la commune de Delmas, dit aux cités les sieurs Wilner CHÉRY , Aristhène BREVIL dit TUE KADAV et Josué Médor dit Patrick Médor de ne plus troubler à l'avenir la possession du requérant, les condamne solidairement à dix mille gourdes (Gdes 10.000.-) de dommages-intérêts; les condamne enfin aux frais et dépens de la procédure, dit en outre que la contrainte par corps sollicitée est écartée; Commet l' huissier SOIGNER DIDIER pour la signification de cette décision.

Ainsi jugé et prononcé par Nous Me AI Duniel DIMANCHE, Juge en audience publique et civile du Mercredi vingt deux avril deux mille neuf (22/04/09) An 206ème de l'Indépendance, assisté du greffier Fredlan BELFORT.

Il est ordonné ...

En foi de quoi ...

en particulier qu'interdiction formelle et de manière la plus énergique leur est faite de recevoir des transactions de quelque nature directement ou indirectement de quiconque relatif aux Propriétés des héritiers de feu Marcelinette Marcelin"Pierre Jeudi,Colonel Celestin Augustin, Joseph Augustin representes par Jeannot Augustin, Michel Augustin , \Vilner Augustin,Emilienne, Dejean Gabriel, Marie PhilOluene Jean Noel Delance, Marie Josue Augustin, Ernest StJuste, Edens St-Juste, lesquelles proprietes se trouvent respectivement a Debuissy morne de l'hôpital, L'aboule 12 zone St-laurent, pacot prolongée Habitation NAlJD, laissant comme habile a leur succéder les héritiers susdits. Déclarant Augustin,Jacqueline Augustin,Pierre Julien, Lesly Julmis~ Raymond CASTIL, ?+V1akenson AUGUSTIN, Solange A TROUILLOT, Lilia AUGUSTIN, Minocles AUGUSTIN que faute par eux d'obtempérer aux fIDS de cette injonction fOlmelle, ils seront tenus personnellement responsables de tous écarts et ou différends causes auxdits héritiers et seront assignes par devant la juridiction compétente, et que personne n'en prétexte cause d'ignorance. Cette interdiction fait défense formelle aux arpenteurs et Notaires d'effectuer desw transactions sous aucune fonne que ce soit avec la nommée Charlotte Debrosse Prince qui n'a. aucun pouvoir de décision sur les dites propriétés et par conséquent tous actes poses par cette dernière est nul et de nullité radicale et les héritiers attendent impatiemment a ce que tous les titres authentiques leurs soient restitues dans le meilleur délai ,et, ce, pour éviter une action judiciaire, et elle est tenue de donner certaines explications sur les transactions par elle faite sur les dites propriétés.

A Bon Entendeur Salut!

Pour les héritiers :

envers les tiers s'il y échet, Commet l'huissier Vilneret GABRIEL de ce siège pour la signification de ce jugement, compense les dépens.

Ainsi jugé et prononcé par nous, Jean-Michel RAYMOND Juge en audience civile, ordinaire et publique du vendredi treize (13) Novembre (2009) deux mille neuf, en présence de Me Saint-Anaud Norze, Substitut du commissaire du Gouvernement de ce ressort, représentant du Ministère Public avec l'assistance du sieur Jean-Claude ALFERIS, greffier du siège.

Pour expédition conforme collationnée. Le greffier

Pour le Cabinet:

Port-au-Prince, le 18 Juin 2010

Me Jean Baptiste Desire CELETIN/Av

Entre:

1) La dame Raphael CHARLES BOOT, nee Solange COULANGE, demanderesse d'une part

2) Le sieur Raphael Charles BOOT, défendeur d'autre part.

P AR CES MOTIFS: Le TribunaL après examen, le Ministère Public entendu, au vœu de la loi, maintient le défaut octroyé contre le defendeur à la susdite audience pour le profit du defaut, declare fondee la dite action de la dame Raphael CHARLES BOOT, nee Solange COULANGE contre son époux le sieur Raphael Charles BOOT; En consequence admet et prononce la dissolution des liens matrimoniaux ayant existés entre lesdits epoux, les renvoie devant l'officier de l'Etat Civil de Delmas pour la transcription du dispositif du présent jugement dont un extrait sera publié dans l'un des quotidiens s'éditant à la capitale sous peine de dommages- intérêts

Il est porté à la connaissance des intéressés que le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince a rendu entre:

1) Le sieur Ossen Jean Pierre LAVAUD, propriétaire, demeurant et domicilié à Port-au-Prince, identifié au No : 003-653-099-9, ayant pour avocats Mes. Lesly ETIENNE, Wilfrid DOLLY, Hervé François ALCINDOR du Barreau de Port-au-Prince, et Luc Albert ETIENNE (pour le stage) identifiés, patentés et imposés aux Nos: 003-159-838-0, 30618-L, 13821-RR; 001-001-058-1, B-1315634, A0226048; avec élection de domicile au Cabinet des dits avocats sis en cette ville, au No 84 de l'Avenue Jean Paul Il, Turgeau, demandeur en divorce d'une part.-

ET

2) La dame Ossen Jean Pierre LAVAUD née Marie Scherlly LAURENT,

Propriétaire, demeurant et domiciliée à Port-au-Prince, défenderesse d'autre part

Le jugement dont teneur suit:

PAR CES MOTIFS, le Tribunal sur les conclusions conformes du Ministère Public après en avoir délibéré maintient le défaut octroyé contre la partie défenderesse à l'audience précitée; POUR LE PROFIT accueille l'action en divorce de la partie demanderesse pour être juste et fondée; ADMET en conséquence le DIVORCE du sieur Ossen Jean Pierre LAVAUD d'avec son épouse née Marie Scherlly LAURENT pour injures graves et publiques aux torts de l'EPOUSE: PRONONCE la dissolution des liens matrimoniaux ayant existé entre lesdits EPOUX; ORDONNE à l'Officier de l'Etat Civil de Pétion-Ville de transcrire sur les registres à ce destinés le dispositif du présent jugement dont un Extrait sera publié dans un QUOTIDIEN s'éditant à la Capitale sous peine de dommages-intérêts envers les tiers s'il y échet; Compense les dépens. Commet l'huissier Dor Hyppolite de ce siège pour la signification du présent jugement.

Ainsi jugé et prononcé par Nous, MARIE JOCELINE CAZIMIR Juge, en audience civile et publique du mardi premier décembre deux mille neuf en présence de Me. Carolle

IL est porté a la connaissance du public en général, les commerçants, usuriers, hommes d'affaires, Directeurs Responsables des banques tant a capitale qu'aux villes de provinces, Directeurs Responsables des transferts en tous genres~ Notaires, arpenteurs

Avis de formation de la société CHARLES ET CHARLES & CO.

Il est porté à la connaissance du public en général et du commerce en particulier la création d'une société en noms collectifs entre:

1- Monsieur Paul Patrick Charles, propriétaire, demeurant et domicilié à Port-au-Prince, Delmas 41 No. 21 A, identifié au No. 003-019-437-9 ;

2- Madame Marie Volette Duplessis Charles, propriétaire, demeurant et domiciliée à Port-au-Prince, Delmas 41 No. 21 A ;

Cette société a un capital social de cents mille gourdes (100.000.00). Monsieur Paul Patrick Charles apporte à la société cinquante mille &% gourdes (50.000.00), Madame Marie Volette Duplessis Charles cinquante mille & % gourdes (50.000.00), elle fonctionnera sous la raison sociale {( CHARLES ET CHARLES & CO », a pour nom commercial {( C & C ENTREPRISES» ayant pour sigle: (CCE)>>. Le siège social et le principal établissement de la société sont au No. 47, Rue de la Réunion, Port-au-Prince, Haïti.

La société dont la durée est fixée à dix ans consécutifs, renouvelable pour une même période, s'adonnera à toutes les opérations d'importation, d'exportation, de stockage, d'entreposage, d'emmagasinage, de transformation de tous produits, marchandises destinés à fins commerciales.

Elle pourra en outre se livrer à toutes opérations commerciales, financières, mobilières ou immobilières pouvant se rattacher directement ou indirectement à son objet et à tous autres susceptibles d'en faciliter le développement. Elle pourra acheter, vendre, prendre et donner à bail, emprunter avec ou sans garantie et d'une manière générale, poser tous actes autorisés par la loi.

Elle est enregistrée au Ministère du Commerce et de l'Industrie le 18 Juin 2010 au No. A-272, Registre IX, Folio: 142.

Le présent avis est publié conformément à la loi pour servir et valoir ce que de droit. Port-au-Prince, le 21 Juin 2010.

Me. Judith Louis .

Perrin AIMABLE, Substitut du Commissaire du Gouvernement de ce Ressort et avec l'assistance du sieur Jean Atassi CADET, Greffier de ce siège.

Il est ordonné .

En foi de quoi .

Ainsi signé: MARIE JOCELINE CAZIMIR et Jean Atassi CADET

Le Greffier

Pour copie conforme.

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SportNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

Gérald Bordes : En 2005, l’organisation de la 19e édition de la Coupe du monde a été confiée à l’Afrique du

Sud de Nelson Mandela. Avez-vous rêvé de partici-per à cette belle fête ?

Gilbert Bailly : Oui, j’ai toujours rêvé d’assister direc-tement aux épreuves d’une Coupe du monde, mais je n’ai jamais pensé que ce jour était si proche.

G.B : Votre rêve est devenu réalité, le 3 mai écoulé, grâce à une attribution de la Digicel. Quelle était votre première réaction quand vous aviez constaté que vous étiez l’heureux

gagnant habilité à assister directement au déroule-ment des matches de de-mi-finales et de finale ?

G. Bailly : J’étais très surpris d’être parmi les participants à

ce tirage. Quand j’ai réalisé que c’est moi le gagnant, c’était tout simplement incroyable ; cela m’a pris deux jours pour réa-liser que je suis effectivement le grand gagnant. Cette prime

par Gérald Bordes

Un rêve devenu réalité !Pour son 4e anniversaire, la Digicel a organisé un tirage dont la prime fut un voyage pour deux, tous frais compris, pour les phases finales du Mondial de football en Afrique du Sud. Le gagnant répond au nom de Gilbert Bailly. Ce dernier laissera le pays, le 7 juillet prochain, afin d’assister aux matches des demi-finales et de la finale de la 19e édi-tion de la Coupe du monde. Il a accepté de répondre à nos questions.

Coupe du monde/Interview

Basket-ball

est d’autant plus spéciale pour moi, car c’est la première fois que j’ai gagné une prime aussi importante. De plus, suite aux dommages subis par ma mai-son, lors du séisme du 12 jan-vier dernier, croyez-moi, un voyage pour des vacances fut loin d’être ma priorité. Mais, je me considérais heureux et chanceux car toute ma famille est sortie saine et sauve de cette terrible tragédie.

G.B : Vous irez seul en Af-rique du Sud ?

G. Bailly : Non, c’est un voyage pour deux et je serai accompagné de ma femme. Nous sommes très heureux, car cela fait longtemps qu’on n’a pas pris de vacances seuls, sans les enfants.

G. B : Vous êtes fan de quelle sélection, pensez-vous que votre équipe sera championne le 11 juillet prochain ?

G. Bailly : Je suis fan du Brésil et ceci dès mon très jeune âge. Je me rappelle qu’en 1972 on avait diffusé un film sur l’équipe du Brésil de 1970 au Drive in ciné (cinéma en plein air) et j’ai découvert Pelé et les autres joueurs de l’époque

; et depuis lors je m’attache à cette équipe. Si l’équipe du Bré-sil sera sacrée championne ? Je le crois à 99 %.

G. B : D’après vous, les gens ont intérêt de switch le vert en rouge ?

G. Bailly : Ceci est un choix personnel, cela dépend des be-soins des gens. Je suis un entre-preneur. Rouge ou vert, j’en ai besoin, car en affaires la com-munication est très importante.

G. B : Le dernier motG. Bailly : Je veux remer-

cier la Digicel pour cette fan-tastique opportunité qu’elle m’a offerte pour me rendre en Afrique, terre des ancêtres de mon pays. Également pour le dynamisme qu’elle apporte au secteur de la télécommunica-tion en Haïti. Je profite pour remercier la Digicel du support apporté au football haïtien qui est le sport roi en Haïti, surtout que le pays rêve d’une autre participation à une des phases de la finale de la Coupe du monde, après celle de 1974. Un grand merci aux employés de Digicel pour leur gentillesse. Je souhaite bonne chance et lon-gue vie à Digicel. Propos recueillis par Gérald Bordes

« Regrouper à nouveau la famille du basket-ball »Le tournoi de la Ligue senior de basket-ball (LSB) « Hoops I am Alive » touche à sa fin. Les Giants et l’Asba ont disputé samedi à Quisqueya Chris-tian School la grande finale. Dans notre prochain numéro nous présenterons un reportage complet sur ce duel. Nous avons rencontré deux jours avant la finale Jason Valbrun, l’un des responsables de la LSB, qui a accepté de répondre à nos questions.

« Après le désastre du 12 janvier écoulé, le monde du basket-ball était inac-

tif et pour pallier cet handi-cap, nous autres de la LBS, avons pris l’initiative de re-grouper la famille du bas-ket en organisant un tournoi afin de permettre aux diri-geants des clubs et aux entraî-neurs de se retrouver avec les joueurs », a déclaré Jason Val-brun au Matin.

« Nous avons organisé le tournoi sans le support des sponsors. Nous avons même demandé aux équipes parti-cipantes de donner une coti-sation dont plusieurs étaient dans l’impossibilité de ré-pondre positivement », a-t-il mentionné.

« Nous avons invité plu-sieurs institutions privés et des ONGs à participer à ce tournoi. C’est seulement la Minustah avec son contin-gent philippin qui a répondu à notre invitation. Au nom de tous les membres de la LSB je les remercie et d’ores et déjà, l’équipe onusienne manifeste son intention de participer au championnat de vacances estivales qui se déroulera en juillet prochain. Nous comp-tons réaliser ce championnat

avec 14 équipes et nous es-pérons que le ministère des Sports va aider à réaliser ce tournoi afin de permettre aux jeunes de se distraire », a-t-il informé.

M. Valbrun a profité de

l’occasion pour annoncer aux fans du sport, plus précisé-ment aux passionnés du bas-ket-ball, l’ouverture du ma-gasin sportif dénommé Slam Dunk le 3 juillet prochain à Delmas 50. « Le 3 juillet pro-

chain, nous allons procéder à l’ouverture du premier maga-sin sportif réservé aux basket-teurs à Delmas 50. À Ce local seront disponibles des infor-mations relatives aux activités de l’Asi, la FBS et la LSB. Les

journalistes pourront avoir aussi tous les résultats des matches et ils pourront appe-ler au 28131629 pour infor-mations supplémentaires » a conclu Jason Valbrun.

[email protected]

Gilbert Bailly et Tatiana Policard.

Giants. Quisqueya Christian School. Minustah.

Centre Roger François. Zèklè. Asba.

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SportVendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

Groupe A PointsUruguay 7 Mexique 4Groupe BArgentine 9C. du Sud 4Groupe C États-Unis 5 Angleterre 5 Groupe DAllemagne 6Ghana 4 Groupe EPays-Bas 9 Japon 6 Groupe FParaguay 5 Slovaquie 4 Groupe G Brésil 7 Portugal 5Groupe HEspagne 6 Chili 6

1/8 finale 26 juinUruguay – C. du Sud (Match HF1) États-Unis - Ghana (Match HF2)27 juinAllemagne - Angleterre (Match HF3) Argentine - Mexique (Match HF4) 28 juin Pays-Bas - Slovaquie (Match HF5 ) Brésil – Chili (Match HF6) 29 juinParaguay - Japon (Match HF7) Espagne - Portugal (Match HF8)

Quart de finale 2 juilletVainqueur HF5 - Vainqueur HF6 (QF1)Vainqueur HF1 - Vainqueur HF2 (QF2) 3 juilletVainqueur HF4 - Vainqueur HF3 (QF3) Vainqueur HF7 - Vainqueur HF8 (QF4)

Demi-finale 6 juilletVainqueur QF2 - Vainqueur QF1 (DF1)7 juilletVainqueur QF3 - Vainqueur QF4 (DF2)

Match pour la 3e place 10 juillet Perdant DF1 - Perdant DF2

Finale 11 juilletVainqueur DF1 - Vainqueur DF2

Calendrier des qualifiées et des matches

Coupe du monde

Vue d’ensembleLa pre-

mière se-maine de

la Coupe du monde n’a pas été riche au strict point de vue du spectacle footballistique,

la faute à la volonté de la plu-part des équipes d’abord de ne pas encaisser de but plutôt que d’en marquer, mais aussi à la faiblesse technique de quelques rivales. Les performances in-dividuelles ont aussi dans l’en-semble déçu si on considère le rayon des stars attendues, aux nobles exceptions de Messi, le Japonais Honda, dont l’équipe a sorti un match plein d’intel-ligence et d’habileté pour éli-miner le Danemark (2-1), et l’Espagnol Villa, auteurs de prestations remarquables, en-core que le compteur buts de l’Argentin reste scandaleuse-ment fermé alors qu’il a tiré vingt fois au but, soit pratique-ment une moyenne de sept par match.

L’intensification de la pra-tique du football à travers le monde et la vulgarisation des méthodes de préparation de-puis ces trente dernières années a certes élevé le niveau général du jeu. Par exemple, en 1974, l’écart entre le Zaïre, représen-tant de l’Afrique défait 9-0 par la Yougoslavie, et les meilleures formations sud-américaines ou européennes, était comme in-commensurable. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, même si l’Ara-bie Saoudite avait ramassé un 8-0 face à l’Allemagne en 2002, niveau de déculottée imposé aujourd’hui à la Corée du Nord (7-0) par le Portugal. À revoir les matchs d’Haïti de 1974, on se rend compte de ce que nous ne nous étions pas encore dé-pouillés de certains réflexes dé-fensifs qui datent des premiers âges du football. L’exploit, fina-lement anecdotique, des Etats-Unis vainqueur de l’Angleterre 1-0 en 1950 au Brésil, vaut moins que le nul 1-1 enregistré entre ces deux pays à l’occasion de leur opposition le 12 juin à Rustenburg. À la fin de ce pre-mier tour, d’aucuns voient la bannière étoilée flotter dans un stade qui accueille un match de demi-finale. Les USA ter-minent 1e de leur groupe de-vant l’Angleterre, la Slovénie et l’Algérie. C’est une Révolu-tion. On a aussi apprécié que la Corée du Nord, il est vrai étonnant vainqueur de l’Italie et quart finaliste en 1966, ne se soit pas fait manger par l’ogre brésilien (seulement 2-1 à Jo-hannesburg le 15 juin). Mais c’était un faux espoir, on l’a vu. L’élimination avec les honneurs

au premier tour des Océaniens néo-zélandais et australien, le premier sans avoir perdu le moindre match, le deuxième en ayant gagné contre les Serbes et partagé les points avec le Ghana, seul africain des 1/8e de finale, témoigne du ni-vellement des valeurs.

N’étaient les particulari-tés raciales et la couleur des maillots, on pourrait presque confondre les équipes na-tionales tant leurs expres-sions techniques et tactiques se ressemblent. C’est que les énormes intérêts économiques et le développement urbain ont tué la poussée des footbal-leurs sauvages de la lignée des Pelé, Garrincha, Best, Charl-ton, Beckenbauer, voire Kee-gan, Zico ou Maradona. La prise en charge des enfants de 8 ans par les centres de forma-tion inculque les gestes de base avec un succès certain : il en sort un footballeur robot à la technique de base moyenne, aiguisé sur le plan tactique, époustouflant athlétiquement, mais aussi fragile musculaire-ment tant son corps est sur- entraîné; on en a la malheu-reuse illustration par les trop nombreuses blessures qui en-tachent cette compétition. Le contrecoup est l’absence de ces joueurs créatifs, subtils, spec-taculaires non moins efficaces qui peuplaient les équipes sud-américaines et européennes. On pouvait espérer de l’arrivée de l’Afrique un renouveau de ce côté-là, mais les meilleures pousses sont exportées préco-cement en Europe où ils sont moulés dans le laboratoire de footballeurs appliqués. Pas étonnant qu’aucune des six na-tions africaines présentes dans cette Coupe du monde n’ap-porte un ton différent tant in-dividuellement que collective-ment.

Mais le football est généti-quement trop riche pour être sacrifié à l’hôtel du calcul de l’efficacité bon marché. Les Al-lemands ont sorti un match spectaculaire dont les Austra-liens ont fait les frais (4-0) ; le Chili a pris du plaisir pour battre le Honduras et la Suisse (1-0), a bousculé l’Espagne du-rant les trente premières mi-nutes avant de céder sur une bévue de son gardien Bravo et un second but d’école d’Iniesta. N’empêche que les garçons de Bielsa ont réduit le score alors (1-2) alors qu’ils jouaient en infériorité numérique injuste-ment. En l’emportant sans ba-vure sur le Danemark, le Japon et le Cameroun, les Pays-Bas a fait la promesse d’un jeu de qualité enfin réaliste qui de-vrait se confirmer au moins

jusqu’aux demi-finales; le Bré-sil n’était pas particulièrement brillant dans son face à face avec la Corée du Nord, mais ce pays a le don de surprendre, cette fois grâce à un excel-lent Robinho et un but venu de nulle part du pied droit de Maicon capable de faire pas-ser le ballon entre le premier poteau et le gardien alors qu’il se trouvait à environ douze à quinze mètres pratiquement sur la ligne de buts. C’était à peine mieux contre la Côte-d’Ivoire (3-1) décevante par rapport à ses individualités de classe internationale, voire mondiales, mais pas plus que le Cameroun défait trois fois. Le Ghana sera finalement le seul représentant africain à connaître au moins un match à élimination directe.

Avec les cousins portugais, on n’a pratiquement pas recon-nu le Brésil. Le Chili sera un adversaire enquiquineur pour les Auriverde en 1/8e. L’Argen-tine s’est rachetée par sa large victoire ( 4-1 ) obtenue aux dé-pens de la Corée du Sud après celle laborieuse concédée par le Nigéria (1-0), et le marquage individuel des Grecs ne leur a pas épargné deux buts, De Mi-chelis et Higuain bénéficiaires des initiatives obstinés d’un Messi étonnant de malchance. Accompagne l’Argentine dans ce voyage des 1/8e de finale la Corée du Sud, co-représentant avec le Japon de la présence asiatique dans la hiérarchie mondiale.

Le Mexique a bien joué son rôle de principal hôte en match d’ouverture face à l’am-phitryon sud-africain (1-1) dont la bonne volonté n’a pas suffi pour éviter l’élimination au premier tour. Les Mexi-cains ont été en outre d’une grande utilité en rossant le jeu-di 17 pour leur second match une arrogante autant que dé-bile équipe française dont une qualification aux huitièmes de finale aurait été littéralement un tort au football. Les Sud-Africains, lors de la troisième journée de ce groupe, ont en-foncé le dernier clou dans le cercueil du cadavre français en putréfaction (2-1). L’Uru-guay a terminé fort par la vic-toire obtenue aux dépens du Mexique (1-0), ce qui lui évite d’affronter Messi aux 1/8e. Au-cun mot n’éclairera les ténèbres françaises de cette Coupe du monde.

Même si les moyens pour le faire n’enrichissent pas le jeu et que l’exploit n’a pas eu de suite, comment cependant ne pas fé-liciter la Suisse tombeuse de l’Espagne (1-0), cette Espagne porte-étendard du football champagne qu’on a hâte de re-voir sous un jour plus brillant après ses victoires laborieuses face au Honduras et au Chili qui le mettent en face du voisin

portugais. La Slovaquie, belle surprise de ce premier tour, a indiqué la voie du retour au pays à l’Italie dans un groupe dominé par le Paraguay, stable dans sa progression depuis 1998. C’est l’incontestable nu-méro 3 de l’Amsud.

Au chapitre des individua-lités, les gardiens suisse Bena-glio, américain Howard, uru-guayen Muslera et surtout, nigérian Enyeama, malheureux sur l’un des deux buts concé-dés au second match contre la Grèce, ont fait le spectacle. Le jeune Allemand Ozil, Sneijder, Van Persie, Lham, le demi dé-fensif américain Bradley, fils de l’entraîneur, Diego Forlan, Lan-don Donovan, Keisuke Honda, Elano, Tiago Mendes (2 buts), Higuain, Vittek, Villa (3 buts) sont en train de réussir une bonne Coupe du monde. Des stars connues, annoncées et at-tendues, les Cristiano Ronaldo, Wayne Rooney, Eto’o, Drogba et Roben blessés, seul l’Argen-tin Lionel Messi maintient son rang. Il n’a pas marqué contre le Nigéria mais a monopo-lisé le spectacle qu’il a trans-formé en un duel avec Enyea-ma vaincu finalement que par une tête plongeante de Heinze après que le gardien nigérian eut concédé un corner sur une de ces frappes liftées qu’il élève au niveau d’un art. Il a affolé les Coréens par ses accéléra-tions en zigzag et ses passes as-tucieuses, et rendu pathétique Papastatopoulos désigné par Rehagel pour éteindre ses feux de joie.

Si le laboratoire médical a sauvé le sportif Lionel Mes-si d’un mal congénital qui le condamnait à ne pas dépasser 1,50 mètre de hauteur, c’est le football sauvage des rues de Rosario qui a pondu le footbal-leur couvé alors par la Masia de Barcelone, l’un des très rares centres de formation à sentir le jeu comme au temps de Gar-rincha.

Les deux premiers matchs des 1/8e, Uruguay-Corée, USA-Ghana, auront été bou-clés à la fin de la consomma-tion de ce numéro de Le Ma-tin. Il sera alors temps de saliver sur la suite où on a le droit d’espérer de la splendeur, de la classe et de la vaillance comme en ont offert jusqu’à présent l’Espagne, belle vic-time du réalisme suisse, l’Al-lemagne large vainqueur de l’Australie et sublime vaincu du chanceux serbe, le Chili frondeur, l’Argentine offen-sive et spéciale par Messi, les Etats-Unis et la Slovénie, géné-reux partageurs de points (2-2) dans un match gâché seu-lement ( !) par la décision de l’arbitre malien Koulibaly d’an-nuler un but valable des Amé-ricains pour hors-jeu.

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par Patrice Dumont

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SportVendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010 No 34224

Le Mondial en images

Bien sûr, les supportrices sud-africaines sont là.

Les supporteurs Oranje sont parfois étranges.... L’humour britannique dans toute sa splendeur.

Les supporteurs brésiliens aimeraient manger du coq cette année, pour se venger de 2006.

Ce joli lapin lusitanien a de drôles d’oreilles....

L’Argentine fait forte impression.

Fanatik kantan wè Almay chanpyon.

Belle Italienne.

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SportNo 34224 Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010

Abit De Bleeckere ap di Messi lè w fin jwe kite mayo a pou mwen.

Espanyòl yo pran lari.

Juan fè Cristiano vole.

Cristiano pran nan cho.

Men m sou dekonb ya fete.

Se sou cheval la wap monte la.

Ivoirien sa gen lè fou.

Xabi Alonso ceinturé par Valdivia.

L’Allemagn a rapidement montré ses arguments.

A la rue Capois c’était la fête...(photo jj Augustin)

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