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NUMÉRO SPÉCIAL Crise sociale N°524 • samedi 28 mars 2009 • 1,5€ EN FRANCE ET EN EUROPE LES SOCIALISTES À L’ÉCOUTE DE LA COLÈRE SOCIALE

hebdo des socialistes n°524

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hebdo des socialistes n°524 http://www.ps-soisy.fr/

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NUMÉRO SPÉCIAL ■ Crise sociale

N°524 • samedi 28 mars 2009 • 1,5€

EN FRANCE ET EN EUROPE

LES SOCIALISTESÀ L’ÉCOUTE

DE LA COLÈRE SOCIALE

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L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 28 MARS 2009

L’hebdo des socialistes•10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61•Fax: 01 45 56 76 83(Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01 45 56 ou écrire à : [email protected]) DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Maurice Braud

• DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Benoît Hamon • RÉDACTRICE EN CHEF: Ariane Gil (78.61) • RÉDACTION: Bruno Tranchant (77.33). Damien Ranger (76.37), Ariane Vincent(76.20), Fanny Costes (76.32). • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION: Élisabeth Philippe (76.27) • MAQUETTE: Pascale Lecomte (79.44) et Joëlle Moreau (77.16)

• PHOTO : Philippe Grangeaud (76.00) • SECRÉTARIAT: Odile Fée (78.61) • COMPTABILITÉ : Michèle Boucher (79.04) • ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57)• FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE (94) Saint-Mandé • ROUTAGE: Inter Routage - 93300 Aubervilliers. N° commission paritaire : 0109 P 11 223)

• ISSN : 12786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 243 137 exemplaires.

Les rendez-vous ■ DU PARTI

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aGenDa Du ParTi■ Mercredi 8 avril• Les entretiens de Solférino :

Emmanuel Maurel, secrétairenational à l’UniversitéPermanente et d’Été vousinvite à débattre avec :Rémi Lefebvre, professeurde sciences politiques àl’Université de Reims,Chercheur au CERAPS Lille 2,sur le thème :« Les transformationsdes pratiques militantes »

Inscription obligatoire :[email protected]él. : 01 45 56 76 13

Forumdes territoires

•Marylise Lebranchu, députée du Finistère • Jean-Louis Bianco,député et Président du Conseil général des Alpes de Haute-Provence • Claudy Lebreton, président du Conseil général desCôtes d'Armor •Olivier Dussopt, député de l'Ardèche •PhilippeMartin, président du Conseil général du Gers

vous invitent à venir échanger avec vos élus«Face à la crise, quelles réponses

de la Gauche dans nos collectivités ?»Le vendredi 3 avril 2009

de 10h à 16h30 à Laval, Cinéville, quai GambettaMerci de bien vouloir signaler votre présence à l'adresse suivante :

Marylise Lebranchu, 126 rue de l'Université 75007 Parisou par mail à l'adresse : [email protected] ou

[email protected]

Depuis l’arrivée au pouvoirde Nicolas Sarkozy, laFrance subit un terriblerecul des libertés. Ce livreélaboré par le Parti socia-liste décrypte lesmultiplesremises en cause des droits individuels et collectifs. DeADN à Zones d’attente, il dresse, en 89 mots clés, un étatdes lieux des atteintes aux libertés publiques orchestréespar Nicolas Sarkozy depuis mai 2007. Défendre les fonde-ments du pacte républicain est un devoir. Cet ouvrageconstitue une première contribution à ce travail.

Prix : 5 e l’exemplaire.Renseignements au 01 45 56 78 15

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■ ÉDITO

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Ils ne veulent rien entendre après l’immense manifes-tation du 19 mars… Le pouvoir a répondu « touche pasmon paquet fiscal ».Ils ne veulent rien entendre après l’effondrement deleur système économique libéral… Les pouvoirs ontrépondu « touche pas à Barroso », « continuons sa poli-tique libérale ».Il est temps,plus que temps,dans cette crise qui démon-tre la faillite des anciennes logiques libérales de remet-tre en cause les dogmes du « laisser-faire » du marchéprovidence, et repenser les fondements même de notreorganisation économique et sociale en Europe.Les droites européennes, l’UMP en tête, n’ont rien com-pris, ni rien appris de cette crise. Sarkozy, Merkel ouBerlusconi n’ont comme préoccupation que de passerau mieux la crise pour recommencer comme avant. Ilsrestent obstinément bloqués dans leur logique libérale.Il est urgent de rompre avec cette politique qui conduitl’Europe à la catastrophe et la France à la ruine.Il est temps d’imposer l’abrogation du paquet fiscal quipermettrait à la France de faire vraiment face à la crise.Il apparaît comme l’injustice érigée en un dogmed’état.Voilà pourquoi le PS lance sa grande campagne natio-nale pour l’abrogation du paquet fiscal.Il est temps d’obtenir un autre modèle pour l’Europeélargie que celui du dumping social. C’est pourquoiavec les 26 autres partis socialistes d’Europe, nous nousbattons pour un pacte européen pour le progrès social,qui est porteur d’un nouveau partage des richesses,garantissant le travail, le dialogue social, le développe-ment durable, l’innovation, la recherche. Nous voulonsune clause de progrès social dans toutes les législationsde l’union qui garantisse qu’en aucun cas une directivepuisse faire jouer la logique du marché contre les droitssociaux. Seule une nouvelle majorité au Parlementeuropéen peut le faire.En France, en Europe, il est urgent, il est possible dechanger de cap. Il faut changer maintenant !

Trois millions de personnes dans la rue, le 19 marsdernier. Trois millions de personnes indignées,angoissées. Alors que le gouvernement reste sourd,le PS entend cette colère sociale. Et c’est pour celaque l’Hebdo lui consacre un numéro spécial, articuléautour de deux séquences. La première, «Défiancegénérale » (p6 à 23) décrit en détail la situationdes Français, leur désarroi face à la crise et à la ges-tion lamentable du gouvernement. La seconde«L’Europe : la première réponse des socia-listes» (p24 à 34) détaille l’engagement des socia-listes qui comptent se battre, lors des électionseuropéennes, contre les ravages du libéralisme etdes politiques de droite, et répondre ainsi auxattentes des Français.

■ Numéro spécial :Crise sociale

Jean-ChristopheCambadélis,secrétaire nationalà l’Europe et auxrelations internationales.

Changer maintenant !

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Actualités ■ FRANCE

L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 28 MARS 2009

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SécuritéCome-backrépressif de Sarkozy

En déplacement à Gagny (93),le 18 mars, le chef de l’État a

annoncé des mesures pour lut-ter contre les violences com-mises en bande ou à l’intérieurdes établissements scolaires.Des propositions inadaptées :«De fait, fidèle à sa méthode,Sarkozy se contente d’annoncerle durcissement de l’arsenalrépressif : or c’est cette mêmepolitique, mise en place depuis2002, qui a échoué », rappellentles socialistes. S’il faut condam-ner les violences commises, lerétablissement d’une police deproximité, dotée de réelsmoyens, pas uniquement tour-née vers la répressionmais aussila prévention, serait uneréponse bien plus efficace.

SantéLe pape capote

B enoît XVI n’est plus en odeurde sainteté. Ses déclara-

tions, lors de sa visite auCameroun, sur le préservatif quiaggraverait l’épidémie du sidaont profondément choqué,même au sein de la commu-

nauté catholique.Mais ChristineBoutin, a, elle, cru bon de défen-dre l’indéfendable : « Vous n'at-tendez tout demême pas que lepape dise qu'on doit mettre unpréservatif ! » Dans une chro-nique du Monde, datée du20mars, la journaliste CarolineFourest s’interroge : « Pourquoine pas souhaiter des imams lut-tant contre le terrorisme avecdes fleurs, des rabbins portantsecours aux enfants de Gaza etun pape distribuant des préser-vatifs en Afrique ? »

FinanceInterdire les créditsrevolving

Christine Lagarde a présentéson pré-projet de loi sur le

crédit revolving (réserve d'argentpermanente, accessible à toutmoment). Le texte veut encadrerun système de crédit pourtantjugé à l’origine du surendette-

ment de nombreux Français : surle million de dossiers de suren-dettement présenté par desfamilles depuis 2004, 84% com-prennentdes crédits revolving.LePS «demande au gouvernementet au législateur de prendre deuxinitiatives fortes pour la défensedu consommateur : l’interdictiondu crédit dit renouvelable,et l’in-terdiction de couplage des cartesde fidélité de grandes surfaces,de magasins ou d’enseignes enligne avec des réserves perma-nentes d’argent ».

ImmigrationLa solidaritén’est pas un délit

Le 18 mars, le groupe socia-liste, radical et citoyen à

l'Assemblée nationale a déposéune proposition de loi visant àsupprimer le « délit de solida-rité» avec les étrangers en situa-tion irrégulière. Suite au place-ment en garde-à-vue d'unebénévole des Restos du Cœur, etaprès la perquisition d'un localEmmaüs à Marseille, les socia-listes ont décidé de proposer untexte pour mettre fin à de telsabus. Il sera soumis à l'examende l'Assemblée dans le cadre dela niche parlementaire dugroupe socialiste, le 30 avril.

Page réalisée par Fanny Costes

Les dépenses de consommation des ménages français enproduits manufacturés ont reculé de 2% en février. « C'estla première alerte sérieuse sur la consommation des ménages. Il fautremonter à avril 2008 pour retrouver un niveau de consommation men-suelle aussi bas », relève l’économiste Nicolas Bouzou. C’est aussi un desdeux moteurs de la croissance qui s’effondre. Cette chute s'explique parle niveau de confiance faible des ménages et le recul du pouvoir d'achatlié à la hausse très rapide du chômage.

2%Le cHiFFre

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EN IMAGE ■ Actualités

Ensemble pour les libertésSocialistes, acteurs du monde associatif, judicaire et médiatique, artistes et citoyensse sont réunis le 22 mars au Zénith, pour débattre des atteintes aux libertéspubliques qui se multiplient depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Autourde trois tables rondes, consacrées à la défense des collectivités locales et des droitsde l’opposition, aux libertés sous surveillance et aux menaces qui pèsent sur laliberté d’expression, les intervenants ont établi un constat alarmant : la droite veutbrider la parole des parlementaires, empiète de plus en plus sur l’indépendance desmagistrats, pourchasse les militants associatifs et cherche à contrôler les médias.Tous ont aussi appelé à la mobilisation. Car « l'atteinte aux libertés ne règlera ni leproblème de la crise sociale, ni le problème de la sécurité », pour reprendre les motsde Martine Aubry. Voir les débats sur www.agirpourleslibertespubliques.net

L’imaGe De La semaine

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Défiance générale

On n’est plus dans le malaise, on n’est plus seulement dans l’inquiétude, plutôt quelque partentre l’angoisse et la révolte. Habités par ce mélange de sentiments, les Français exprimentaujourd’hui, de manif en manif et de grève en grève, leur ressentiment et leur indignationavec force. La défiance est générale. Elle vise, en vrac, Nicolas Sarkozy, les patrons, et les

« riches », comme en témoignent les dizaines de slogans qui émaillaient les cortèges le 19 mars. Cejour-là, la rédaction de l’hebdo a recueilli les témoignages de ces salariés qui se sentent trahis par uneentreprise ou un système, et qui ne parviennent pas à faire entendre leur voix. Nos journalistes ontaussi écouté « les Continental » à Clairoix (pages 11 à 14). Nous nous sommes également interrogés,avec des responsables syndicaux et des élus locaux, sur le durcissement du mouvement, sur lesmotifs de ceux qui en arrivent à séquestrer leur patron par exemple (pages 15-16)… Une radicalitéinjustifiable… si, en face, on était capable de respecter, aussi, les limites de la décence.Mais on ne sait pas. Et les raisons de la colère sont immenses et profondes. L’impression « qu’ils »vivent sur une autre planète, aiguë. Pour nous en convaincre, nous avons simplement listé les aber-rations sociales parmi les plus choquantes de cette dernière année (pages 17 à 20). Eric Heyer, écono-miste à l’OFCE, nous rappelle à quel point, depuis son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy a pour capimmuable d’être faible avec le fort et fort avec le faible. Et puis il y a les provocations de LaurenceParisot, les haussements d’épaules d’un PDG de la Société générale qui ne comprend pas que l’ons’étonne que son revenu soit 600 fois supérieur au salaire le plus bas de la même entreprise (pages21-22). En conclusion de cette première partie de cet hebdo « spécial crise sociale », et avant laséquence « européennes » (pages 24 à 34), Alain Vidalies, secrétaire national au travail et à l’emploidévoile les propositions socialistes pour encadrer les rémunérations des grands patronsqui frisent parfois l’indécence et attisent la colère (page 23).

Ariane Gil

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� SPÉCIAL CRISE SOCIALE

Comment expliquer le succèsde la mobilisation du 19 mars ?Plus généralement, commentexpliquer l’ampleur du mou-vement social actuel ?On compare beaucoup cesmanifestations à celles de2006 contre le CPE. En réalité,elles s’inscrivent dans un cyclequi a débuté avec les grandesgrèves de 1995 et s’insèrentplus généralement dans lemouvement de « grand refusdu libéralisme », pour repren-dre l’expression du sociologueAlain Touraine. Les manifesta-tions sont désormais ancréesdans le paysage social fran-çais. Elles sont devenues uneforme de participation poli-tique, comme les élections oules enquêtes d’opinion. Ellespermettent de rendrepubliques des problématiquessociales.Quant à l’ampleur du mouve-ment actuel, elle est propor-tionnelle à l’ampleur de la criseet à son extrême violence. Les

entreprises ajustent leurmain d’œuvre instantanémentmême si elles ne sont pas endifficulté. Elles suppriment des

230 cortèges à travers le pays, près de 3 millions de personnes dans les rues et 3Français sur 4 qui approuvent la journée de grève… La mobilisation du 19 marsfut d’une rare ampleur, plus importante même que les manifestations anti-CPE de2006. Chercheur et spécialiste des mouvements sociaux, Jean-Marie Pernot ana-lyse le mouvement social actuel. Un cri de colère face à la crise, mais aussi face àl’arrogance du gouvernement.

C’est le pays profond quise réveille contre le rouleau

compresseur libéral

«»

Chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires),Jean-Marie Pernot est spécialiste des mouvements sociaux. Il estl’auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, notamment Syndicats,lendemains de crise ? (Folio,Gallimard) et La Grève, co-écrit avecGuy Groux (2008, Presses de Sciences-Po).

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 28 MARS 2009

emplois par anticipation etnombre d’entre elles se cou-lent dans cette situation « pri-vilégiée » pour délocaliser ouprécariser l’emploi.

Ce sont donc lacolère et l’indi-gnation qui fontdescendre lesgens dans la rue ?S’agissant d’unmouvementd’unetelle ampleur, iln’existe pas qu’un seul facteurcausal. Certes, la crise l’ex-plique en grande partie, maisd’autres aspects doiventêtre pris en considération.L’arrogance du pouvoir poli-tique apparaît ainsi comme un

facteur aggravant, avec ici oulà, l’expression (nouvelle) d’unesorte d’exécration du chef del’État. Sa personnalité cristal-lise une profonde exaspéra-tion. Le 19mars, beaucoup demanifestants arboraient d’ail-leurs des autocollants « Casse-toi pauv’ con », en référence àla fameuse sortie de NicolasSarkozy. Toutes les colères secumulent, notamment cellesdes mondes professionnelsagressés depuis deux ans,celles des magistrats, desenseignants, des chercheurs,des salariés de l’audiovisuelpublic, du secteur hospitalier…Les salariés du privé viennentgrossir les rangs des mécon-tents. Tout le monde est insé-curisé, même les cadres. C’estle pays profond qui se réveillecontre le rouleau compresseurlibéral.

Les syndicats ont su entendrecette colère. Leur unité consti-tue un autre signe distinctifde ce mouvement…En effet, l’intersyndicale n’est

pas une nou-veauté radicale,qu’on se sou-vienne du CPE,mais cette fois,elle se réalise surla base d’un pro-gramme, d’unvolet de proposi-

tions pour faire face à la crise.Les salariés y sont sensibles, ilsveulent resserrer les rangsautour de la défense du statutde salarié. L’un des grandsacquis de l’après-guerre était lasortie du précariat par le sala-

L’arrogancedu pouvoir

politique estun facteuraggravant

“”

À Compiègnelamanifestationa réuni 10000 personnespour une villede 40000 habitants

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riat. Dans les années 90, ce sta-tut se dégrade avec,aujourd’hui,un retour massif du précariat.

Cette crise est-elle une chancepour les syndicats ? Peut-elleleur permettre de regonflerleurs effectifs,au jourd ’hu iclairsemés ?Les syndicatsn’ont évidem-mentpaschoisice qui se passe.Mais la situa-tion les contraint à l’unité.Ils sont aujourd’hui investisd’une énorme responsabilité.Dans l’opinion, leur imagen’est pas mauvaise. S’ils par-viennent à montrer qu’ils peu-vent être utiles, ils inverserontpeut-être la dramatiquetendance actuelle à rester àl’extérieur de la syndicali-sation.

Ne sont-ils pas dépassés par unecertaine forme de radicalisationdumouvement : le PDG de SonyFrance séquestré toute unenuit, le directeur de l’usineContinental de Clairoix bom-bardé d’œufs, l’entreprise phar-maceutique GSK d’Évreux occu-pée par ses salariés…La radicalité est un mécanismede défense face à l’offensive decertains employeurs particuliè-rement cyniques. À ce titre, lecas de Continental est exem-plaire. Les salariés avaientaccepté de revenir à 40 heurespar semaine et vont, malgréleurs efforts, subir un plansocial. Ils ont à juste titre le sen-timent d’avoir été dupés. Et des

scandales comme l’affaire desbonus de la Société générale oules discours provocateurs deLaurence Parisot, la patronnedes patrons, ne font qu’alimen-ter cette colère.Mais ce type de violence

socialen’est pasnouveau. Dansles années 70,c’était mêmeallé beaucoupplus loin.Aujourd’hui, lesgrandes mani-

festations permettent juste-ment de canaliser en partie laradicalité. Nous n’avons pas vuen France de revendicationscomparables au terrible« British jobs for british workers »(Le travail anglais pour les tra-vailleurs anglais).

Que dire de l’attitude du gou-vernement face à ce mouve-ment ?Comme l’analyse très juste-ment l’économiste Jean-PaulFitoussi, cette crise est avanttout la faillite de la gestionprivée. Or les réponses deNicolas Sarkozy pour y faireface sont complètement àcôté de la plaque. Lui et songouvernement restent prison-niers de la vision libérale qu’ilsavaient en arrivant auxaffaires, celle de la privatisa-tion à tous crins. Il n’y a qu’àvoir ce que fait Xavier Darcosavec l’école.Cet autisme du gouverne-ment est évidemment un fac-teur aggravant. Le discours deFrançois Fillon au soir desmanifestations du 19 mars est

« La richesseva toujoursdans les

mêmesmains »

J e suis ténor dans le chœurde Radio France. En quit-

tant l’opéra pour RadioFrance, j’ai perdu en salaireet en qualité de vie. Pendantplus de neuf ans, nousn’avons eu aucune augmen-tation. Nous avons été aug-mentés le mois dernier. Nousmanifestons aujourd’hui parsolidarité avec nos cama-rades de RFI par exemple ; laradio va supprimer plus de200 postes. Les entreprisesdisent qu’elles ont demoinsenmoins besoin demaind’œuvre, tout cela pouramasser encore plus de fric.Les écarts entre les riches etles pauvres sont de plus enplus gros. Nous ne voulonspas du néolibéralismeactuel. Je ne suis absolu-ment pas d’accord avec lesnouvelles orientations éco-nomiques que le pays aprises. Elles couvrent les plusaisés. Où va la richesse ?Toujours dans les mêmesmains ! L’argent ne va pasdans les poches des petitstravailleurs à qui les banquesd’ailleurs ne font pas crédit.C’est pour ça qu’il faut râler !

Euken Ostolaza,48 ans, chanteur

Les mouvementssociaux ont

toujours des effetspolitiques

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exemplaire de cette attitude,de cet enfermement dans unschéma inadapté.

Quelles réponses un parti poli-tique comme le PS doit aucontraire apporter ?Au lieu de courir après lemouvement social, les partispolitiques doivent éclairer lesquestions de fond que posecette crise : le rapport privé-public, le rôle du systèmebancaire, celui de l’Europe, ceque la social-démocratie peutapporter aux salariés…Comment répondre au mou-vement actuel de démolitionde l’État social keynésien, cesystème qui considérait laprotection du salarié commeun moteur de la croissance ?Le changement opéré auxÉtats-Unis avec l’élection deBarack Obama crée un espacenouveau. Il y a moins qu’avantle rouleau compresseur ultra-libéral des États-Unis.

Le mouvement social peut-ilavoir des effets sur la poli-

tique de Nicolas Sarkozy ?Peut-il finir par l’infléchir ?Les mouvements sociaux onttoujours des effets politiques.Alain Juppé ne s’est jamaisremis des grèves de 1995 eton ne sait pas si Dominiquede Villepin se relèvera un jourdu CPE. On ne fait pas impu-nément descendre 2 à 3 mil-lions de personnes dans larue de manière répétée. Lespremiers effets de cettemobilisation se dessinentdans les divisions au sein dela droite. On l’a vu avec lafronde de certains députésUMP contre le bouclier fiscal.La pression sociale va sansdoute amplifier ces failles quivont devenir de plus en plusdifficiles à gérer. Tout celafinira par remonter par lecanal des élections. À com-mencer par les européennesde juin prochain qui pour-raient bien se transformer envote sanction.

Propos recueillis parElisabeth Philippeet Julia Pasquel

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Signez la pétition pour l’abrogation du bouclier fiscal sur www.parti-socialiste.fr

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L’usine Continental de Clairoix dans l’Oise fermera sesportes en 2010. L’annonce est tombée le 11 mars commeun couperet. Un coup de poignard dans le dos dessalariés, qui avaient accepté, 18 mois plus tôt, de reve-nir aux quarante heures hebdomadaires poursauvegarder leurs emplois. Révoltés, ils attendentaujourd’hui de l’État une réaction forte. Mais ils ne sebercent pas d’illusions. Reportage.

Continental, patronsvoyous», « Boucliersocial plutôt que

bouclier fiscal ». Les slogansentonnés par la quasi-totalitédes salariés de l’usine de pneusde Clairoix, le 19 mars, tradui-sent l’indignation. Tous ont lesentiment amer d’avoir étédupés. Il y a 18 mois, la directionpromettait la sauvegarde deleurs emplois s’ils acceptaientde revenir aux quarante heures.Ils ont été contraints de s’ali-gner. Le site a même fait plus de10 millions d’euros de bénéfices.Malgré leurs efforts, l’annoncetombe le 11 mars : l’usine fer-mera ses portes en 2010. Unchoc terrible. Même si du côtédes syndicats, des rumeurs per-sistantes laissaient présagercette issue depuis fin 2008.« Les dirigeants de Continentalse sont comportés de manièrescandaleuse : avidité, brutalité,duplicité. Ils ont exigé des sala-riés de signer un accord deretour aux quarante heuressans compensation de salaireéquilibrée et aujourd’hui, on

leur annonce qu’ils peuventtoujours signer tous les accordsqu’ils souhaitent, ça ne vautrien. On ferme l’usine ! », s’in-surge Laurence Rossignol, vice-présidente du conseil régionalde Picardie. Immédiatement, larégion a mis en place une cel-lule d’urgence pour les salariésafin de les aider dans leursdémarches sociales et juri-diques.Mais pas question pour les élussocialistes comme pour les syn-dicats de l’usine de baisser lesbras. L’heure n’est pas à la recon-version, mais au combat contreune fermeture programmée parle groupe Continental pourdélocaliser et s’enrichir sur ledos des 1 120 salariés.

Abus de confiance« Ce drame aurait pu être évitéen prenant soin d’informer lessalariés sur le système de ges-tion de l’entreprise, les éven-tuelles difficultés qu’elle auraitpu rencontrer, et en écoutant lespropositions alternatives desreprésentants des salariés,

Continental,duperiemonumentale

« On cassele statutdu travail-leur social »

J ’étais à lamanifestation du29 janvier,mais c’est la pre-

mière fois que je fais grève. Jeme sens solidaire des gensvisés par la crise, et jemani-feste pour défendremonmétier. Je suis orthophonisteau Celem, le Centre d’éduca-tion du langage pour enfantsmalentendants à Paris.Noussommes régis par la conven-tion collective 66 qui estmenacée.On nous proposeune augmentation du tempsde travail, qui sera annualisé,la suppression de nos congéstrimestriels accordés jusque-làen compensation de la pénibi-lité de notre travail, un chan-gement de la grille salariale,avec une augmentation desalaire de 1% par an et plusrien après quinze ans d’expé-rience. Cela revient à casser lestatut de travailleur social. Iln’y aura plus aucun avenirpour les institutions spéciali-sées et ceux qui ont fait lechoix d’y travailler.On parle del’intégration des handicapésdans la société,pour cela ilfaut desmoyens commedesenseignements adaptés.Or,on leur coupe les vivres etl’espoir.

LaureHelleringer,30 ans, orthophoniste

«

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dénonce Maryse Dumas, secré-taire confédérale de la CGT.Et ça pourrait encore être évitépar une politique courageusede l’État à l’égard de cetteentreprise, par exemple enl’obligeant à rembourser toutes

les aides qu’elle a perçuesjusqu’à présent : exonérationsde cotisations sociales sur lessalaires et les heures supplé-mentaires notamment. S’il y aévidemment une responsabi-lité de la direction de l’entre-prise, il y a aussi une responsa-bilité de l’État qui, pour lemoins, la laisse faire, et ne lastoppe toujours pas. »Le gouvernement n’a pas réagiimmédiatement sur ce dossier.La direction de Continental apourtant été prise en flagrantdélit d’abus de confiance. Cen’est qu’à l’approche de la

mobilisation nationale du 19mars que le Président s’est dit« pas très content de l’attitudedes gens de Continental » et apromis de faire respecter leursengagements au groupe alle-mand. Une réaction dérisoire,

voire cynique,quand la poli-tique mise enœuvre depuisdeux ans ag-grave la situationdes salariés auprofit des pa-trons. « Des sala-riés qui ont faitconfiance à lapolitique du Pré-sident sur l’idéo-logie du « travail-ler plus », d’uneFrancequi se lèvetôt,de la valorisa-tion du travail,d’exonérationdes heures sup,se retrouventmis à la portecomme des mal-

propres ! On voit aujourd’hui àquel point cette politiquemène à l’impasse », s’indigneencore Maryse Dumas.De plus,dans son plan de relance pourl’automobile, la droite a oubliéles équipementiers, alors qu’ilssubissent de plein fouet labaisse des carnets de com-mande des grands groupesautomobiles. Une insuffisancecaractéristique de la politiquede la droite, selon BenoîtHamon, porte-parole du PS : «L’État n’est pasdirectement res-ponsable des licenciements.Mais il sera directement res-

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ponsable de n’avoir rien faitpour les empêcher.Le gouverne-ment ne fait rien face à toutesles victimes invisibles de la crise,celles et ceux qu’on licencie ensilence en dehors des planssociaux massifs. Et quand degrandes entreprises gagnent del’argent et choisissent de fairedes salariés la variable d’ajuste-ment, on attend autre choseque des gesticulations. Le Partisocialiste propose de rendre sichers les licenciementsdansdesentreprises qui gagnent de l’ar-gent que ça les dissuade de lefaire. On pourrait faire une loisur ce sujet et la négocier avecles partenaires sociaux. »

SaignéeEn grève dès l’annonce de la fer-meture, les salariés ont décidédesebattre.Aupoint dedevenir,bien malgré eux, les icônesd’une bataille nationale pour lapréservation de l’emploi. Ilsattendent du gouvernementqu’il se mobilise comme il s’estengagé financièrement pour lesbanques. « Nous sommes encolère, mais ça fait dix joursqu’on est dans la rue et il y a unregain de vitalité et de moral,assure Didier Bernard, déléguéCGT et salarié de Continental.On attend du gouvernementqu’il arrête Continental danscette démarche et on va le met-

« Démontrer que la société est viable »

On a tous travaillé plus.Mais ça n’a servi à rien. D’ailleurs, le site de Sarreguemines en Moselleest repassé aux 35 heures pour faire des économies ! Pour nous, les conditions de travail se

sont dégradées. Les accidents de travail se sont multipliés. Avant, nous étions en 3X8, aux 35 heures.Ceux du matin pour qui les conditions physiques sont beaucoup plus difficiles - ils se lèvent sur lescoups de 5h - travaillaient quatre jours puis récupéraient.Mais depuis 18 mois, ils étaient contraintsde travailler 5 jours de suite.Ma situation est un peu différente. Je suis technicien méthode, c’est-à-dire que je tente d’amélio-rer la productivité des unités de travail. Je n’ai pas eu à signer l’accord de retour aux quaranteheures car je suis considéré comme un employé improductif. Mais il n’est pas rare de faire bienplus de 40 heures de travail par semaine. Beaucoup de mes collègues sont partis en retraite etn’ont pas été remplacés.Je ne suis pas très inquiet pourtant :ma qualification ne devrait pas poser de problème pour retrou-ver un emploi.Mais ma qualité de vie va changer. Là, je vis à moins de dix minutes du site de Clairoix.Je me lève aux alentours de 7h30 et rentre chez moi vers 18h. Avec un emploi à Paris par exemple, jeserai debout dès 6h et pas rentré avant 19h. J’attends quandmême le 31 mars. Nous allons tenter dedémontrer que la société est viable.Mais quand des groupes commeTotal font 14 milliards d’eurosde bénéfices et peuvent licencier en toute impunité plus de 500 personnes, on doute.Tant qu’il n’y apas de loi pour interdire un tel comportement, les licenciements abusifs continueront. »

Philippe Biernacki,40 ans, délégué CFDT et technicienméthode à Continental-Clairoix

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tre au pied du mur. On a le rap-port de force : l’opinionpublique, les salariés des boîtesenvironnantes... La fermeturehypothétique ou concrète, c'estenmars2010.D'ici là,il vasepas-ser des choses. » Cette ténacitéétait d’ailleurs palpable lors dela manifestation du 19 mars :10000 personnes ont défilédans les rues de Compiègne, àcôtédeClairoix.L’agglomérationne compte que 70000 habi-tants. Du jamais vu ! Car lasituation régionale pourraitdevenir catastrophique d’ici2010. Plusieurs milliers d’em-plois sont en jeu.« Il y avait 1300emplois dans cette entreprise, ily a encorepeude temps.C’est le

plus gros employeur privé dudépartement de l’Oise, déploreLaurence Rossignol. Les emploisinduits sont à multiplier pardeux ou trois. Dans le bassincompiégnois, c’est une véritablesaignée dans la vie sociale quitombe comme une chape deplomb sur une ville totalementdésemparéedevant cetteagres-sion. » En attendant un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy oul’un des ministres en charge dusujet, les salariés ont accepté dereprendre le travail le 23 marssans perte de revenus. Mais lecompte à rebours est lancé : leplan social doit s’enclencher le31 mars prochain.

Fanny Costes

Une réponse européenneLe cas Continental n’est malheureusement pas isolé. En France et partout enEurope, la politique libérale de la droite a permis aux entreprises de licencieravec une facilité écoeurante. « Le dossier Continental est quasiment exemplairepuisque c’est une entreprise allemande avec des sites en France, en Allemagne,en Roumanie, souligne Laurence Rossignol, vice-présidente de la régionPicardie Et pourquoi ferme-t-on Clairoix ? Le site est bénéficiaire, mais le pneusort plus cher qu’ailleurs.C’est-à-dire que les avantages sociaux des salariés deContinental obtenus après 20 ans de lutte coûtent plus cher qu’ailleurs enEurope.Donc la position des dirigeants de Continental est d’aligner les coûts surles coûts les plus bas.C’est pour cela qu’il faut appeler à l’harmonisation socialeet fiscale pour que ces exemples de dumping social à l’intérieur même del’Union européenne ne se reproduisent pas. ». Les élections européennes du7 juin prochain sont pour les socialistes le seul moyen de donner une autremajorité à l’Europe et une autre politique. « Nous demandons au niveau euro-péen un plan de développement pour l’emploi et un pacte de protection dessalariés pour contrer des mesures aussi révoltantes que celles qui s’appliquentaujourd’hui à Continental et ailleurs, déclare Gilles Pargneaux, tête de listesocialiste pour le Nord-ouest aux prochaines Européennes.Aujourd’hui, l’Europec’est celle de Barroso, de Sarkozy, des libéraux qui sont dans le laisser-faire etaggravent les inégalités. Nous, nous souhaitons que l’Europe passe à gauche.Pour faire en sorte de changer l’Europe maintenant. » Il est grand temps.

« Victimes d’un jeudeMonopoly »

Pour lemoment, je n’ai eu àsubir aucune perte de salaire.

La fortemobilisation nous a per-mis d’exiger de la direction de nepas soustraire nos jours de grèvede notre rémunération.Mais àprésent, je veuxme battre pournégocier aumieux le départ.Nous avons tous plus travailler.C’est notre pognon et on veut enprofiter. Car je suis sûr que le sitede Clairoix fermera.D’ici le 31mars, il faut réussir à repousserlamise enœuvre du plan socialpourmieux négocier les condi-tions de licenciement.Après jene sais pas, je pourrai bienessayer de trouver une forma-tion.Mais le chômage touche laFrance entière. Ça ne servirait àrien de déménager puisque c’estlamême situation partout. Pourmoi,on est les victimes d’un jeudeMonopoly à échelle humaine.Des pions jetés pour payer desdélocalisations.Car l’année écou-lée, on a fait 11millions d’eurosde bénéfices sur l’usine deClairoix.Une cellule psycholo-gique vient d’ouvrir sur le site, jesuis sûr qu’elle va vite être rem-plie ! Si Continental ferme, cesont aumoins 3000 emplois quidevraient disparaître.Tout lemonde pourra alors êtretouché.»

BrunoBougraud,42 ans, conceptionneur

en préparation àContinental-Clairoix

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Capitalisme tropanti-social :les salariés perdent leursang-froid

Il paraît que les grèves passent aujourd’hui inaperçues. En réponse à cette déclarationde Nicolas Sarkozy, certains salariés, en bagarre pour leur emploi, sont tentés de sefaire entendre autrement qu’en descendant dans la rue : occupation d’usine, séques-tration de patron… Le pourrissement du climat social s'explique par l'injustice et lespromesses non tenues. La radicalisation comme expression du désespoir.

Un hangar de l’usineContinental de Clairoix

(Oise), le PDGseprenddesœufs,des projectiles et même undrapeau syndical en pleinetête. L’usine va fermer, jetantdehors plus de 1 100 salariés.Licenciement boursier. LesArcelorMittal de Gandrange(Moselle) disent leur amertumeun an après les déclarations trèssociales de Sarkozy : « On ne secontentera pas de dire “il n’y aqu’à”,onmettrade l’argentdansl’outil deproductions’il le faut.»,avait juré le Président, casquesur la tête et main sur le cœur. «Il a joué avec nous. Pourquoi a-t-il laissé espérer les gens ? »,résume Edouard Martin, délé-gué CFDT au Comité d’entre-prise européen de Mittal.Ailleurs, les occupations d’usinese multiplient, comme chez GSKà Évreux, le groupe pharmaceu-tique qui va supprimer 798emplois. Le climat social se tend,passant de la résignation à l'ac-tion, parfois violente.Le vasedespromesses non tenues déborde,provoquantpartout la révoltedeceux qui se sentent trahis. Laviolence des conflits apparaît

ainsi comme l’offensive déses-pérée à la brutalité desannonces de fermeture.

ColèreChez GSK, les salariés, en grèvependant une semaine, en sontvenus à occuper directement lelieu de production. Ils savaientqu'un plan social se dessinait,mais la direction gardait lesecret sur ses victimes. Bonjour,l'angoisse. L'occupation avaitpour but d’obtenir une prime de10 000 euros, qui viendrait enréparation « de la souffrancesubie depuis l’annonce dela restructuration», expliquePhilippe Lecoq délégué FO.Dans

Dans le cortègeparisien,

le 19mars.

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«Trouveruneriposteà lahauteur »

D’une façon générale, jesuis contre toutes les

réformes de Sarko. Lesretraites, l’éducation, le ser-vice public, je souhaite quecette politique s’arrête rapi-dement. À Radio France,nous venons de connaître lapremière conséquence de lanouvelle loi sur l’audiovi-suel public, avec la dissolu-tion du collège employeuret la disparition de notreconvention collectiveacquise en 1984. La négo-ciation d’un nouveau statutpromet déjà d’être difficile.À cela s’ajoutent les 206suppressions d’emplois àRFI. La politique de Sarkozyatteint le général et le par-ticulier.Je ne souhaite pas que touts’arrête avec cette manifes-tation. Il a déjà fallu atten-dre un peu trop entre le 29janvier et le 19mars. Il fauttrouver une riposte à lahauteur de la mobilisationactuelle. Notre seule forceest dans cette mobilisationcar je ne pense pas qu’onsoit en état demodifierbeaucoup de choses.J’espère qu’il y aura un sur-saut du côté de la gauchepour qu’une alternative sedégage.

Catherine,52 ans

les Landes, à Pontonx, la colère afait basculer les ouvriers. Lasemaine dernière, ils ont empê-ché le PDG de Sony France,SergeFoucher venu leur rendre unedernière visite avant fermeture,dequitter l'usine.Des troncsd'ar-bres récupérésde la récente tem-pête barraient la route. Résultat,le patron a passé la nuit dansune salle de réunion. « Les genssont exaspérés, ils n'acceptentpasdesouffrirdecettecrisealorsqu'on continue à faire descadeaux aux riches. Cela peutmalheureusement se traduirepar ce genre d'action », expliqueBernard Subsol, maire PS dePontonx.

“ Tout péter”Les salariés de Sony dans lesLandes ne comprenaient paspourquoi ils ne pouvaient pasbénéficierdesmêmesconditionsde départ que leurs collègues enAlsace.« Ils sentaientaussique lafin de la négociation étaitproche, affirme le maire, c'étaitleur baroud d'honneur ». Lessalariés ont obtenu une rallongesur le plan social. « C’était notredernière chance,onn’avait pas le

choixpour récupérerunpeud’ar-gent, payer l’assurance des voi-tures, lamaisonet les étudesdesenfants»,témoigneunesalariée.En Picardie, chez Continental, onparle de « trahison » et on se batface à l'incompréhension. « Jen'ai jamais vu des gens aussidéterminés à tout péter »,explique Antonio Da Costa,secrétaireCFTCduCEdeClairoix.Ça pourrait mal tourner. « Pourl’instant, c’est de la colère ren-trée, analyseClaudeGewerc,pré-sident de la région Picardie, onpeut la comprendre : ces gensont été trompés, abandonnés,bafoués ». GSK a annoncé unehausse de 16% de ses ventes auquatrième trimestre,Total gagne14 milliards et supprime 555postes, Continental a fait 17 mil-lions d’euros de bénéfices en2008. Et Sony vient d'ouvrir uneusine d'écrans plats enSlovaquie. « Il n’y a aucun senti-ment d’équité conclut ClaudeGewerc, Il faut faire attentionquand on nie autant les gens. »Attention au retour de bâton.

Stéphanie Platat

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Deuxansde ruptureavec les Français

Passage en revue des principalesmesures prises depuis l’arrivée au pouvoir de NicolasSarkozy qui ont exacerbé le sentiment d’injustice et la colère des Français.

� 2007�

Juillet : Comment gaspiller15 milliards avec le bouclier fiscalDans la foulée de sa campagneélectorale,Nicolas Sarkozy a faitpasser, à l’été 2007, la loi dite enfaveur du Travail, de l’emploi, etdu pouvoir d’achat (TEPA).Celle-ci a un petit air d’AncienRégime, instaurant notam-ment le bouclier fiscal à 50 % etla quasi-suppression des droitsde succession. Cet accent missur l’accumulation et la trans-mission des plus gros patri-moines coûtera chaque annéeaux finances publiques 4 mil-liards d’euros pour le bouclierfiscal et 8 milliards pour lesdroitsde successionet dedona-tion. Ce dispositif a faitquelques heureux en 2008. Eneffet, les 1 000 foyers fiscaux lesplus riches se sont partagé270000euros parménage,soittrois années de Smic chacun.Au final, la décision de NicolasSarkozy vient dégrader encoreune fois la justice fiscale déjàmise à mal durant le précédantquinquennat.Décidées avant lacrise, ces mesures ne sont pasremises en cause alors qu’ellesl’aggravent.

L’illusion des heuressupplémentairesLa loi TEPA instaurait égale-ment la défiscalisation desheures supplémen-taires pour un coûtde 4,5 milliards d’eu-ros. Une mesurelogique pour NicolasSarkozy puisque lelevier de commandereste entre lesmains de ses amispatrons, habitués duFouquet’s ou non. La mesuremet surtout de côté les chô-meurs et les salariés à tempspartiel, notamment les900 000 femmes qui tra-vaillent à temps partielcontraint. Enfin, la défisca-lisation des heures supplé-mentaires ampute les re-cettes de la Sécurité sociale.Si bien, qu’au final, ce sontles salariés qui devrontpayer cette baisse de cotisa-tions. Comment dit-on per-dant-perdant en Sarkozie ?

� 2008�

Février : La farce GandrangeQuand Mittal Steel a rachetéArcelor, son PDG avait fait la

834 contribuables sesont vus rembourser368 261 euros dufisc, soit l’équivalent de30 années de SMIC. Mercile bouclier fiscal !

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promesse qu’aucune suppres-sion d’emplois n’aurait lieu enLorraine. Le même annonce, 18mois plus tard, le licenciementde 600 salariés de l’usine deGandrange, condamnant àterme le site. On allait voir cequ’on allait voir ! NicolasSarkozy a fait le déplacement.Muni d’un casque et sous lesapplaudissements des sala-riés, il a promis que l’État nelaisserait pas faire. Les moisont passé. Finalement, c’est lacollectivité publique quipaiera le reclassement dessalariés et qui prendra à sacharge les investissementsque le groupe refuse d’opérer :capitulation en rase cam-pagne devant le numéro unde l’acier. Dans ces circons-tances, il n’est pas inutile derappeler que « le rapportAttali propose justement demodifier le code du travailpour autoriser les licencie-ments "destinés à accroître lacompétitivité de l’entreprise",c’est-à-dire même en l’ab-sence de difficultés écono-miques », souligne AlainVidalies, secrétaire nationalau travail et à l’emploi.

Septembre : Prêts aux banquessans conditionsPour le plan de sauvetage desbanques, c’est l’abondance :l’État leur a promis 15% duPIB. En septembre dernier,après avoir sauvé Dexia enapportant directement 3 mil-liards d’euros, le gouverne-ment a décidé de recapitali-ser les banques françaises àhauteur de 40 milliards et de

leur apporter 320 milliards decrédits afin d’éviter l’effon-drement du système ban-caire. L’effort est colossal,mais la nation était au pieddu mur. Ce qui n’est, enrevanche, pas recevable, c’estl’absence de contrôle exigépar l’État sur ce flot d’argentpublic : contrairement augouvernement anglais, legouvernement Fillon n’arevendiqué ni présence aucapital des banques ni ausein de leurs conseils d'admi-nistration. Il n’a pas non plusimposé ses conditions enmatière de dividendes, debonus ou encore de distribu-tion de crédit aux PME.Mieux, « le gouvernementfrançais a également confiéaux banques les clefs de lasociété créée pour gérer les320 milliards de crédits qu'ils'est engagé à leur apporter,en leur accordant généreuse-ment deux tiers du capitalde cette entité bien que lescrédits en question soientfinancés uniquement parl'État… », déplore l’éco-nomiste Guillaume Duval(27 10 08, Marianne2.fr)

� 2009�

Plan social dans l’administrationNon content d’avoir autorisé laprivatisation de GDF, enmariant le groupe avec Suez, legouvernement Fillon continued’attaquer le service public. En2009,ce sont 30 600 postes defonctionnaires, dont 13 500dans l’Éducation nationale, qui

«Je suisinquiète pourl’avenir demon enfant »

Sarkozy détruit tous lesacquis sociaux des Français.

Pourmoi, le bon sens n’est pasde détruire ce qui existe et quisatisfait les gens. Je suis inter-mittente du spectacle,mais jemanifeste parce que je suis unemaman qui s’inquiète pourl’avenir de son enfant. Je trouvescandaleux qu’on réduise despostes dans l’Éducation natio-nale, qu’on en vienne à vouloirsupprimer les Rased.Commentvouloir gagner de l’argent sur ledos de l’éducation de nosenfants ? Cela fait partie desrégressions de la société que jene souhaite pas connaître.Comment fairemarche arrièreaprès ce détricotage ?

CarolineDeruas,30 ans, intermittente du

spectacle

90 200demandeurs d’emploide plus, en janvier

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passeront à la trappe. L’annéedernière, déjà près de 23 000postes ont été supprimés. Soit40 Gandrange !

Janvier : Une relancehoméopathiqueAprèsbiendes tergiversations,legouvernement a présenté enjanvier dernier un plan derelance de 26 milliards d’euros.L’objectif affiché ?Tenterde rom-pre avec le cercle vicieux danslequel notre économie s’en-fonce. Tout de suite, l’enveloppeparaît nettement insuffisante.En effet, l’effort porte àpeine sur0,3 % de notre PIB quand le FMIencourage les pays riches à yconsacrer entre 2% et 3% de leurproduction de richesse. Et

encore, une fois déduites lesdépenses à la charge des entre-prises publiques, celles qui neseront engagées qu’en 2010 oules simples versements antici-pés, le plan de relance plafonnesous les 9 milliards... Il n’estqu’un trompe-l’œil : lesdépenses qui profiteront auxménages se limitent à uneprime de 500 millions pour lesbénéficiaires du RSA, une dota-tion pour l’accompagnementdes demandeurs d’emploi, uneamélioration de l’indemnisationduchômagepartiel et laprimeàla casse.Il ne reste en réalité qu’un mil-liard affecté à la consommation,la demande et le pouvoird'achat ».

Le bouclier fiscal =458millions attribuésà 14 000 contribuables

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« Ne pas per-dre ce quenos aînés ontacquis »

Bientôt au lieu de pré-senter sa carte vitale

chez le médecin, il va falloirprésenter sa carte bleuepour avoir l’autorisation dese faire soigner. Demoinsenmoins demédicamentssont pris en charge et rem-boursés. Même chose pourles soins pour lesquels ilsont rajouté un système defranchise. Bientôt, il faudraune sur-mutuelle pour êtrecouvert.Mais qu’on prennetous les secteurs, on esttouché pareil. J’aurais pumanifester avec les ensei-gnants, pour défendrel’école, avec les médecins,pour les hôpitaux,etc…Sarkozy dit qu’enFrance personne ne voitquand il y a une grève,maislà il y a dumonde dans larue. Peut-être qu’à force denous entendre râler… Onn’est pas en 1936 à réclamerdes choses, on ne veut sim-plement pas perdre ce quenos aînés ont acquis. Cen’est pas des privilèges,c’est juste un ensemble dedroits qui font la qualité devie en France.

Carole Roy,33 ans, documentalistemédia au chômage

Février : Contraintes minimales pourles constructeurs automobilesEn février, le gouvernement sedécide à accorder un plan d'aidede 6,5 milliards d'euros auxconstructeurs automobiles fran-

çais qui traversent d’impor-tantes difficultés. Un secteurstratégique car il représente3% des emplois en France.Contrairement aux banques, ceplan est assorti d’une contrepar-tie : les constructeurs ne doiventpas fermer d’usines en France.Le lendemain de l’annonce,Peugeot affiche sa premièreperte depuis 1997 et ajoute s'at-tendre au départ de 11 000 sala-riés en 2009, dont 6 à 7.000 enFrance. Le respect des conditionsimposées dans le cadre de l’aidede l’État laisse un goût amer.

Olivier Vilain

42milliards d’euros del’État pour les banquessans contreparties.2,6milliards pour « lesvictimes de la crise »

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Droits dans leurs bottesÀ quel jeu le gouvernement, l’UMP et le patronat jouent-ils donc ? Après la grandejournée de protestation du 19mars, le chef de l’État et son Premierministresemontrent inflexibles, et dans leur sillage, le patronat et notamment certainsgrands patrons jouent la provocation.De quoi attiser un peu plus encore la colèredes Français.

Gagner des clopinettesnuit gravement à votresanté et à celle de votre

entourage », pouvait-on liresur une banderole du cortègele 19 mars. Au diable les sala-riés et leur santé! Et heureuxprésage pour les hauts diri-geants de notre économie,drapés dans leur bonneconscience et leurs parachutesdorés ! Malgré une mobilisa-tion sans pareil, Fillon sur TF1,le soir même ne se disait pasdisposé à engager un nouveauplan de relance. Pas plus qu’iln’envisage d’augmenter lesalaire minimum ou de suppri-mer le bouclier fiscal, cadeaufait aux plus riches au détri-ment des classes moyennes etpopulaires. L’État ne lâcherarien. Mais continue à donnerdans la provocation inutile : « Iln’y a pas de tabou, le gouver-nement n’est pas fermé. Ilentend ce que disent les uns etles autres, ceux qui manifes-tent et ceux, nombreux d’ail-leurs qui ne manifestent pas »,n’a pu se retenir de balancerFrançois Fillon, le jour-mêmede cette mobilisation monstre,aussi « droit dans ses bottes »qu’Alain Juppé en 1995. « Ce nesont pas simplement des défi-

lés ou des manifestations quipermettront de sortir de lacrise. Je ne crois pas qu'il y aitunedemandedechangement »,a renchéri Brice Hortefeux, lelendemain.

IndécenceUne inflexibilité qui frise l’in-décence. Seul mot d’ordre :attendre que le plan derelance de 26 milliards d’euros,lancé à la hâte, produise seseffets. Discours pathétique, en

Fronde UMPcontre le bouclier fiscal

Faire un geste ou pas ? La question a agité l’Assemblée, l’espace dequelques jours. Particulièrement dans les rangs de l’UMP où plusieurs voixse sont élevées pour demander l’assouplissement du bouclier fiscal, que lechef de l’État entend maintenir coûte que coûte.Par exemple, Dominique de Villepin précisait récemment que 61 % de sesbénéficiaires échappent à l’impôt sur le revenu dès lors qu’on retire la CSGet la CRDS de la somme à déclarer. De son côté, René Couanau, député-maire de Saint-Malo, a déposé un amendement pour suspendre cettemesure. Même dans les rangs de l'UMP, nombreux sont ceux qui estimentd’ailleurs que le versement, en pleine crise économique, de 458 millionsd’euros à quelque 14 000 contribuables, dont un tiers comptent parmi lesplus aisés, nourrit le sentiment d’iniquité dans l’opinion. Rappel à l’ordreimmédiat pour étouffer ce début de fronde. Résultat, la majorité UMP arejeté coup sur coup quatre amendements allant dans le sens d’un assou-plissement du bouclier fiscal, lors de l’examen du collectif budgétaire. EtPierre Méhaignerie, auteur d’un texte visant à mettre en place une contri-bution sur les plus hauts revenus, n’avait plus qu’à faire profil bas. BT

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vérité, qui suffit à mesurer lecreusement du fossé socialentre des syndicats, qui atten-dent plus que les 2,6 milliardsd'euros débloqués lors dusommet du 18 février, et ungouvernement qui estime enavoir fait assez. Et s’il y en aune qui donne tout en cemoment, c’est bien LaurenceParisot. La patronne despatrons ne manque pas uneoccasion pour jeter de l’huilesur le feu.Après avoir affirmé, quelquesheures seulement avant ledéfilé, que cette journée avait« un coût en termes de déma-gogie, d’illusions créées », laprésidente du Medef s’en estprise à ceux qui refusent lamain tendue des hauts diri-

geants… « Comme si nous, leschefs d’entreprises, nous nevoulions pas plus que toutdéfendre les emplois. » Avantd’insister sur le « coût direct »de la grève, en référence auxheures non travaillées.

SurditéTout juste Sarkozy, lors de sondiscours « social » à Saint-Quentin, le 24 mars, a-t-il envi-sagé une « évaluation » avantl’été et brandi mollementla menace d’un projet de loi àl’automne, si aucun « progrèssignificatif » n’est enregistrésur la question de la rému-nération des dirigeants d’en-treprise. « Les gens ontconscience de ce qu’on faitpour eux quand ils le reçoivent», se persuade pour sa part leconseiller social du chef del’État, Raymond Soubie.Pas sûr que les Français l’en-tendent de cette oreille. Cette« surdité économico-socialedu pouvoir », selon les termesde Laurent Fabius, se traduitpar un véritable pour-rissement de la situation.L’ambition de la droite : provo-quer des désordres dont elleespère, au bout du compte,tirer profit. Soutenus par unemajorité de plus en plus divi-sée (cf. encadré), le présidentet ses sbires se livrent là à unjeu dangereux, prenant lerisque d’enfoncer un peu plusencore le pays dans la crise,quelques semaines seule-ment avant un 1er mai qui pro-met d’être agité.

Bruno Tranchant

Ils ont osé

« On ne peut pas faire un nouveauplan de relance, un nouveau plansocial à chaque fois qu'il y a unemanifestation. Le calendrier dugouvernement, il ne peut pas êtredicté par le nombre de manifes-tants dans la rue ou par le calen-drier des manifestations ou desgrèves, il est dicté par les pro-blèmes, par le calendrier de la criseéconomique », Henri Guaino, LCI,19 mars.« Le bouclier fiscal est un élémentde justice », Frédéric Lefebvre, LeMonde, 23 mars.

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De nouveauxamendements

Le gouvernement et la majoritésénatoriale avaient refusé dedébattre de la proposition de loique la sénatrice socialiste NicoleBricq avait défendue, le 4 novem-bre 2008, «visant à réformer le sta-tut des dirigeants de sociétés et àencadrer leurs rémunérations».Motif : le code de bonne conduitedu Medef et de l'AFEP (associationfrançaise des entreprises privées)suffisait, alors que tous les codeséthiques proposés depuis 15 ansont été sans effet.Mardi 24 mars, Nicole Bricq, adéposé au nom du groupe socia-liste du Sénat, des amendements àla proposition de loi du groupeCRC-SPG « tendant à abroger lebouclier fiscal et à moraliser cer-taines pratiques des dirigeants degrandes entreprises en matière derevenus ». Elle propose notammentune surimposition de solidarité, parla création d'une cinquièmetranche d'imposition pour les reve-nus supérieurs à 380 000 euros,part fixe et part variable confon-dues (amendement « Obama »).

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Des règles pour les hautesrémunérations

Le 30 avril prochain, les socialistes profiteront d’une niche parlementairepour présenter notamment deux projets de loi visant à démanteler le bou-clier fiscal et mettre en place une législation claire et juste pour les hautesrémunérations patronales. Précisions avec Alain Vidalies, secrétaire nationaldu PS au travail et député des Landes.

Les socialistes veulent légiférersur le « boulet fiscal » ainsi quesur les hautes rémunérations…Oui, le 30 avril prochain, legroupe socialiste présenteradeux projets de loi, déclinai-sons de ce que nous avionsprésenté dans notre contre-plan de relance. Tout naturel-lement, nous souhaitons quele débat ait lieu, à l’Assembléenationale, sur le paquet fiscal,le contrôle des licenciements,la suppression du dispositiffavorisant les heures sup,mais aussi sur la probléma-tique des rémunérations hal-lucinantes du patronat.

Comment légiférer sur cesrémunérations ?Le plus choquant, ce sont cesentreprises qui font appel àl’État et qui, simultanément,continuent à se distribuer desrémunérations. Si la puis-sance publique est suscepti-ble d’agir en leur faveur, elledoit aussi intervenir pour éri-ger des règles en matière derémunération. Nous avonsdonc prévu des dispositifs très

précis : l’interdiction desstock-options, un plafonne-ment des salaires et le condi-tionnement des rémunéra-tions annexes à une informa-tion puis un accord du comitéd’entreprise.

Et pour les entreprises qui nebénéficient pas d’aidespubliques ?Nous prévoyons une modifi-cation de la législation sur lesstock-options, ainsi qu’unmécanisme d’information surla nature de ces rémunéra-tions, pour que les action-naires aient leur mot à dire -ce qui n’est pas toujours le casaujourd’hui - et pour que l’en-semble du comité d’entreprisesoit au courant de ces verse-ments. De plus, s’agissant deshautes rémunérations de cesentreprises, la réponse doitêtre une réponse fiscale : sou-mission de tous les revenus àdes cotisations CGS et cotisa-tions sociales fixées à 15%

Propos recueillispar Ariane Vincent

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L’Europe : la premièreréponse des socialistes

Pour que le gouvernement sourd et provocateur que nous venons de caractériser, entende enfin ladésespérance sociale que nous venons de décrire, il y a au moins une solution :dire non, le 7 juin,àNicolas Sarkozy et à ses amis. Dire oui à un Parlement européen à gauche, qui pourrait peser detout son poids dans la construction d’une Europe qui porte d’autres valeurs que le libéralisme. Ce

sont les urnes qui doivent parler pour obtenir un changement de politique.C'était tout l'objet de la convention nationale du PS le 21 mars,qui a entériné les listes socialistespour cha-cune des 8 eurorégions, et surtout, montré comment des réponses européennes pouvaient être(ap)portées par la gauche à des problèmes nationaux.La campagne que va mener le Parti socialiste pour cette élection du 7 juin se veut ancrée au plus près descitoyens. Elle démontrera que les socialistes écoutent, entendent et répondent aux problèmes auxquelssont confrontés les Français. Durant cette matinée, le PS a donné la parole à des hommes et des femmesengagés dans diverses formes de combats. Et les têtes de listes ont répondu, très concrètement, en fai-sant le pont entre ces blessures et les propositions des socialistes français et européens à leurs problèmes.

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SPÉCIAL CRISE SOCIALE ■

C ’est vrai que la France vamal, que l'Europe vamal.En 2008, déjà, la

Redoute, la Camif, Adecco,Arcelor-Mittal annonçaientdes licenciements et NicolasSarkozy ne changeait pas depolitique. Ces derniers mois,ces derniers jours, les planssociaux tombent en rafale –Alcatel, Seb, Sea France,

Continental, Total, Goodyear,et c’est toujours la même poli-tique de Nicolas Sarkozy.47000 chômeurs sont venusgonfler les rangs de l’ANPE,64000 en novembre, 90000en janvier. L’économie fran-çaise est en berne et NicolasSarkozy ne change pas de poli-tique. 2,5 millions de manifes-tants le 29 janvier, 3 millions le

Samedi 21 mars, les 288 délégués de la Convention nationale du PS réunis à Parisont ratifié, à l'unanimité moins cinq abstentions, les listes PS pour les élections

européennes. Le premier acte de campagne du PS. À cette occasion,Martine Aubry a prononcé un discours dans lequel elle a insisté sur la nécessitéet l’urgence de « changer l’Europe ». Elle a ainsi rappelé que « si l'Europe a perduson originalité et son identité, c’est parce qu’elle est tombée dans les mainsd’une droite idéologue, la même que celle que nous avons en France ».

Et qui produit les mêmes ravages. Extraits.

En Europe aussi,il nous faut changer de cap« »

Martine Aubryentourée des huit

têtes de listesdes européennes.…/…

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Délégué CGTet salariéde l’usine MagnettoAutomotive d’Aulnay-sous-Bois

Magnetto France estun sous-traitant

de PSA.Au bout d’une luttede dix jours et d’une grèvevotée et reconduite, chaquejour et nuit, avec 200 sala-riés de tous âges, nous nousprésentons aujourd’huipour prouver aux citoyensfrançais que la crise, c’esteux et que la solution, c’estnous.La crise, c’est eux.Alors quetous les grévistes étaient autribunal de grande instancele 2mars, l’employeur en aprofité pour externaliserune gamme d’outils deproduction dans une autresociété du groupe.Nousavons finalement obtenu,article 7 du protocole d’ac-cord de fin de conflit, laréinternalisation de lagamme d’outillages avantle 23mars. La solution, c’estnous.Mais si le droit de grève estinscrit dans la Constitution,celui-ci n’est pas payé, lepatron le sait et s’en sert.Article 5 du protocole d’ac-cord, aucune heure de grèvene sera payée. Parce qu’il afallu perdre hier pourgagner aujourd’hui, les200 grévistes ont perdu600 euros qui représententdix jours de grève. »

Karim Dehak 19 mars. La France est dans larue et toujours la même poli-tique de Nicolas Sarkozy. Lesinstitutions internationales,les experts, réclament un vraiplan de relance français. Rien,ou quasiment rien du côté deNicolas Sarkozy.Contrairement à ce qu’a dit lePremier ministre, après queles Français ont crié leur dés-espoir dans la rue jeudi, il y atoutes les raisons aujourd’huide relancer véritablement lapolitique économique de laFrance.Les Français ont dit leursangoisses. Ils ont dit aussi leursdifficultés et il n’y a eu aucuneréponse. Ils ont crié, ils ontlancé un SOS : nous voulonsque vous soyez là, Monsieur lePrésident, vous qui avez été élusoi-disant pour être le prési-dent du pouvoir d'achat.

Le Premier ministre arépondu : RAS, vous pouvezcirculer, on assure.Voilà ce que les manifestants,les Français ont pu entendre.Ils ont dit aussi leur sentimentprofond d’injustice. C’est celaaussi qu’on a entendu lorsqueles Continental ont parlé cettesemaine, lorsqu’ils ont dit : onnous a trahis quand on nous adit il y a quelques mois : tra-vaillez 40 heures payées 35,renoncez à vos primes devacances, renoncez à vosprimes de fin d’année. Nousavons signé pour que notreusine existe encore jusqu’en2012,mais nous avons été tra-his. On nous a dit, il y aquelques semaines : vousallez disparaître, nous avonsdes difficultés et nous avonsappris la semaine dernière aucomité central d’entreprise

Kader Arif,tête de liste dela région Sud-Ouest« L’Europe de la recherche,une chance pour la croissance»Les élections européennesseront pour nous l’occasiond’impulser de nouveaux débatsau Parlement sur la relanced’une politique d’enseignementsupérieur et de recherche.

Nous, socialistes européens,plaidons pour une ambitionrevue à la hausse à l’occasion dela redéfinition des objectifsde Lisbonne, en 2010. Plusieursactes doivent être étudiés.À commencer par la réalisationeffective des objectifs initiauxde 3 % du PIB consacrés à larecherche, à travers uncalendrier précis etl’engagement des Étatsmembres à rendre régulière-ment des comptes sur ce point.Dans le cadre de cette augmen-tation, 700 000 postes dechercheurs doivent être créés,en rendant les carrières

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que notre groupe faisait680 millions d’euros de résul-tats, et même notre entre-prise, notre établissementgagnait de l’argent. Alorsqu’est-ce que c’est cettesociété où les patrons peuventcontinuer à licencier aprèsavoir demandé tant de sacri-fices ? Et un Premier ministrequi répond : rien.

Un entêtementidéologique

C’est pourquoi, MonsieurFillon, nous n’attendrons pasles effets de votre plan derelance qui n’existe pas.L’entêtement de NicolasSarkozy, c’est un entêtementidéologique, c’est un vraidébat politique qui nousoppose aujourd’hui à lui. Cetentêtement a un symbole : lepaquet fiscal.

Rappelez-vous, ce paquet fis-cal, cette loi TEPA, ce prési-dent qui a été élu pour être leprésident du pouvoir d'achat,il y a quelques jours nousdisait : Je n’ai pas été élu pouraugmenter les impôts. Mais iln’avait pas été élu non pluspour baisser les impôts desplus privilégiés.Comment peut-on expliqueraux Français qu’à causede cetteloi, comme l’a très bien montrénotre président de la commis-sion des Finances à l'Assembléenationale, 834 contribuablesont touché un chèque de368 000 euros cette année ?Ce chèque, c’est trente ans dela vie d’un smicard. Commentles Français peuvent-ilsaccepter cela ?Pourquoi sont-ils dans la rue,Monsieur Fillon ? Parce quecela c’est inacceptable. Ces

injustices qui s’accroissent aumoment où nous allons mal,au moment où les licencie-ments sont là.

Par rapport à cela,nousportonsles espoirs, chaque jour, je croisun peu plus. Bien sûr, nous nesommes pas encore au mieuxde notre forme, mais tous lesjours nous sommes plus pré-sents, plus crédibles, plus forts,car nous sommes là, auprès deceux qui souffrent, devant lesusines,dans lesmanifestations,auprès des associations. Làaussi,partout oùnous agissons

SPÉCIAL CRISE SOCIALE ■

Notre Europe,c’est une Europe juste,

capable d’apporterà tous les moyens de

construire sa vie

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scientifiques plus attractives.Une orientation des dépenses endirection des technologiespropres, des nanotechnologies,des biotechnologies, nous paraîtindispensable, au même titreque la création d’un espaceeuropéen de l’innovation, quidoit permettre l’échange desconnaissances sur les éco-inno-vations, renforçant le leadershipeuropéen sur les éco-industries.L'Europe de la recherche est unechance pour la croissance, l’em-ploi, les échanges de savoirsentre chercheurs et leur mise àdisposition pour l’ensemble descitoyens européens.

Harlem Désir,tête de liste dela région Île-de-France« Inventer une économie socialeet durable »Dans toute l'Europe,les travailleurs subissentles conséquences d’une crisequ’ils n’ont pas créée, mais aussid’une politique qui ne lesprotège pas, ni au plan national

ni au plan européen. Ce qui s’estpassé chez Magnetto est àl’image de tout ce qui se passedans tant d’autres entreprisesen France : chez Amora, chezContinental, des patrons quilicencient, qui en profitent pouressayer de délocaliser avecla bénédiction par inactiondu gouvernement.Il serait temps, dans cette crise,qui montre la faillite d’uneancienne logique, d’accepterde remettre en cause certainsdogmes et repenserles fondements mêmes de notreorganisation économique etsociale en Europe, car la droite

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n’a rien compris et n’a rienappris de cette crise,sa principale préoccupationsemble être, une fois la crisepassée, de pouvoirrecommencer comme avant.Elle reste obstinément bloquéepar sa logique et son idéologienéolibérale.Nous disons que dans cetteépoque de bouleversementshistoriques, c’est l’occasion debouleverser l'Europe, d’inventerune économie qui soit à la foissociale et durable et quirespecte ceux qui produisentles richesses, c’est-à-direles travailleurs.

Gilles Pargneaux,tête de liste dela région Nord-Ouest« Nous allons changercette Europe »Nous vivons une récession éco-nomique, une crise sociale sansprécédent. Nous vivons aussiune crise morale, et MartineAubry l’a rappelé encore récem-

Militant associatifde Clermont-Ferrand

T ous les jours, avecles forces syndicales,

avec le mouvementassociatif, nous apprenonsla fermeture de telleentreprise, nous apprenonsque telle entreprise imposele chômage partiel pourtenter de s’en sortir. Alors,on dit que le chômagepartiel, ce n’est pas tropgrave, sauf qu’avec lesattaques menées contrele Code du travail, pour desmilliers de salariésaujourd’hui, cela représenteparfois des baisses derevenus de 50%, avecles huissiers qui viennent.Petit à petit s’installe cetteincapacité de prévoirl’avenir, ce désespoir réeldes salariés et on se dit :la droite ne fait rien, ellene peut d’ailleurs rien faire,prise dans son propresystème de pensée.Que devrait faire l’Europe,que pourrait-elle faire siles socialistes européens,demain, gagnaient labataille, pour imposer unvéritable plan de relanceéconomique? Et pour luttercontre toutes les formesde dumping, fiscal, social,écologique ? »

Philippe Bohelay

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ment devant les manifestants etles leaders syndicaux à Lille.C’est pourquoi nous proposonsdans notre plan de relance unPacte pour l’emploi qui affirmenotre présence dans l’industrieautomobile. À charge pour leParlement européen de déve-lopper un projet digne de cenom. Il s’agit d’un combat quenous allons mener dans le Nord-Ouest, avec l’ambition de défen-dre les salariés. Nous voici ànouveau sur le terrain, auprèsde celles et ceux qui souffrent.C’est parce que vous voterezsocialiste, le 7 juin, que nousaurons une autre majorité au

Parlement européen et qu’ilnous sera possible de changercette Europe que nous ne vou-lons plus, avec un présidentsocialiste à la tête de laCommission européenne.L’enjeu est capital. Il faut quenous puissions en faire prendreconscience à nos concitoyens, encomptant sur l’ensemble descandidats des huit grandesrégions métropolitaines et d’ou-tre-mer. Le 7 juin, l'Europe doitchanger. C’est ici et maintenantque vous devez faire en sorted’accompagner ce grand mouve-ment de progrès social pour per-mettre une nouvelle majorité.

Changer l’Europe, c’est mainte-nant, c’est nous qui allons chan-ger cette Europe.

Vincent Peillon,tête de liste dela région Sud-Est« L’Europe a besoindes socialistes »

avecnos élus,en responsabilité,partout où ils le peuvent, carnous savons bien aujourd’huique nos collectivités localessont étranglées, mais combiende régions aujourd’huimettenten place déjà notre projet deformation tout au long de lavie, de progression profession-nelle, combien de régions, dedépartements, de villes accélè-rent là où elles le peuventencore une fois, leurs investis-sements pour pouvoir mainte-nir l’emploi et les entrepriseschez elles ?Combien de nos élus aujour-d’hui font en sorte de réduirela pesanteur, le poids de labaisse du pouvoir d'achat surles Français, en prenant desmesures adéquates ?Et puis nous avons proposéun plan de relance, on enparle d’ailleurs peut-être plus

dans les autres pays euro-péens qu’en France.Aussi nous avons proposé unplan préparé par l’ensembledes membres de la direction,préparé par les contributionsde nos régions et dont nouspouvons, je crois, être fiers :50milliards d’euros.

Nous avons dit : il faut qu’il soitéquilibré sur la consommationet sur l’investissement.Et puis nous voulons un vraiplan de relance comme l’ontfait les Espagnols, pour neprendre que cet exemple, lelogement social, les infra-structures tout de suite, l’ac-compagnement des collecti-

vités locales pour qu’ellespuissent nourrir les PME quisont auprès de chez elles etles entreprises.Il faut continuer à dire quetout cela est possible, passeulement parce que c’estnotre crédibilité qui est encause, mais bien évidem-ment parce que c’est l’espoirqu’il faut ramener chez lesFrançais, cet espoir qu’ilspourront faire des choix aumoment des élections euro-péennes et régionales avantle grand rendez-vous de2012.Nous voulons tout de suite,ici, le changement, en propo-sant. C’est ce que nous fai-sons tous les jours, maisnous savons bien que si uneautre politique est possibleaujourd’hui, c’est surtout unnouveau modèle qu’il va

La France estdans la rue et toujoursla même politique de

Nicolas Sarkozy”“

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nous falloir construire, unnouveau modèle de dévelop-pement. On ne peut pas direque la crise est totale, systé-mique, et ne pas se mettreau travail pour proposer enFrance et en Europe un vraimodèle politique qui porteles valeurs de notre pays,inscrit au fronton de nosmairies, mais aussi des fon-dateurs de l’Europe. Levolontarisme, l’humanisme,voilà ce sur quoi nousdevons fonder ce modèleque nous allons construire. Ilnous faut fournir donc untravail lourd en notre sein, ilfaut un modèle juste, c’est-à-dire social, efficace, c’est àdire vert et prospère. C’estcela l’efficacité, aujourd’hui,au XXIe siècle.

Changer l’Europemaintenant

On ne peut pas être degauche et ne pas avoir un vraiprojet européen, c’est la pre-mière étape de la reconquête.

En Europe aussi, il nous fautchanger de cap, il nous fautchanger l'Europe maintenant,et c’est effectivement ce quenous allons faire ensemble.Où serions-nous si l'Europen’avait pas, avec Mitterrand,Delors et Kohl, donné uneissue maîtrisée à la chute de

Berlin, 20 ans d’anniversaireaujourd’hui ? Où en seraientl’Espagne, le Portugal et laGrèce et nos régions indus-trielles et agricoles si l'Europen’avait pas été là ? Je crois quenous devons aussi dire cela,même si nous sommes trèscritiques, à juste titre, sur ce

Toute notre famille politique, àtravers la Société des Nations, àtravers les combats de FrançoisMitterrand, de Jacques Delors,s’est toujours battue pour laconstruction européenne, maisla construction européennecomme l’instrument qui peutporter les valeurs de démocratieet de justice sociale qui sont lesnôtres.Une Europe sans budget, et ladroite a voté la limitation dubudget européen à 1% du PIB,est une Europe qui ne peut pasagir comme elle le devraitcontre la crise.Il faut donc voter massivement,

non seulement pour rappeler, ycompris aux nôtres qui auraientdes tentations protectionnistes,que nous avons besoin, pourrépondre à tous les grands défis,économique, environnemental,social, de l'Europe, mais quel’Europe a profondément besoindes socialistes.Avec la liste du Sud-Est, nousallons assumer pleinement lescombats qui sont les nôtresdepuis plus d’un siècle pour laconstruction d’une Europedémocratique et sociale dansune perspective de régulationde l’ordre international, queseuls les socialistes portent dans

Le rassemblement socialiste, à Paris lorsde la manifestation du 19 mars.

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la durée et qu’ils porterontdemain, et qui est aujourd’huice que nos concitoyens atten-dent en Europe comme enFrance. »

Catherine Trautmann,tête de liste dela région Est

« Liberté, respect mutuelet égalité »Notre ambition est de créer unsentiment de proximité en rap-prochant les hommes, d’utiliserleurs compétences dans despolitiques de réseau et de pro-mouvoir une gouvernance véri-table et démocratique. Nosconcitoyens exigent plus de soli-darité, de justice et d’équité. Ilssouhaitent être traités avecdignité, quelle que soit leur ori-gine. L'Europe, après la Premièreet la Seconde Guerre mondiales,surtout, fut une promesse d’in-terdépendance qui s’est trans-formée peu à peu, avant de

devenir un espace de solidaritéentre les pays et les peuples.Mais il nous faut aussi introduiredes valeurs aussi essentiellesque la liberté, le respect mutuelet l’égalité.C’est ce que nous défendons. Laliberté, oui, mais la liberté maî-trisée dans une économie régu-lée. La solidarité, oui, mais avecune véritable égalité. Et noussommes les seuls à pouvoir don-ner un sens, une direction pourchanger l'Europe en l’appelantaussi à devenir plus fraternelleet plus solidaire. Après la paixentre les pays et les peuples, ilconvient de penser aux risques

que l’Europe est devenue.Oui, elle a dérivé, elle s’estlaissé débordée par la vaguelibérale, et la responsabilitéest claire : c’est la majoritédes pays, avec une majoritéde droite, qui a porté cetteEurope vers ce libéralisme.Quelques mots là-dessus,quand même, car la mise enplace du marché unique, quipermet aux biens et aux per-sonnes de circuler librement,aurait pu être une formidablechance pour l'Europe, maisfaute d’avoir été liée à l’har-monisation fiscale et sociale,elle a donné lieu au dumpingsocial, avec les délocalisationsque l’on connaît.Si la politique de la concur-rence a fixé des règles pouréviter le chacun pour soi,faute de véritable stratégieindustrielle, faute d’avoirexclu les services publics de

cette politique, elle a conduitaux difficultés que noussavons.Si l’euro nous a mis à l’abri,surtout dans cette période, defluctuations monétaires quiauraient été préjudiciables ànotre économie, nous savonsaussi que faute de n’avoir eucomme objectif que la baissede l’inflation et non pas lacroissance et l’emploi,aujourd’hui, l’euro nous posedes difficultés quand lesautres monnaies sont plusfaibles.Si l'Europe a perdu son origi-nalité et son identité, c’estparce qu’elle est tombée dansles mains d’une droite idéo-logue, la même que celle quenous avons en France. Ladroite aujourd’hui n’est pascelle du Général de Gaulle oudu Chancelier Adenauer, c’estcelle de Barroso, de Sarkozy

ou de Berlusconi. Ce n’est pasun hasard s’ils se soutiennentet s’ils se serrent les coudes.

Dans le fond, quand on yréfléchit, ils se sont unisautour d’un programmeassez simple : le libéralismepour l’économie, la précarisa-tion pour le social, l’autorita-risme dans la société et l’at-lantisme en guise de poli-tique étrangère. Voilà ce qui

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“ Tous les joursnous sommes plus

présents, plus crédibles,plus forts, car noussommes là, auprès

de ceux qui souffrent,devant les usines, dans

les manifestations,auprès desassociations”

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politiques, économiques, etc’est la paix civile et socialeentre les hommes et les femmesde cette Europe que nousdevons construire. C’est la nou-velle étape qui s’ouvre devantnous.

Bernadette Vergnaud,tête de liste dela région Ouest« Un objectif essentiel :la cohésion sociale etterritoriale»Les socialistes français eteuropéens font de la créationresponsable et durable et de laredistribution des richesses un

enjeu majeur de leur actionpolitique. Nous ne trouveronsune issue à la crise qu’en coor-donnant à l’échelle européenneune orientation politiquenouvelle. La lutte contrele changement climatique,devenue une priorité del’Union, par nécessité absolue,peut et doit aboutir à renouve-ler l’économie européenne, à

réunit aujourd’hui la droiteeuropéenne, voilà ce sur quoinous devons nous réunir pourcombattre.

Alors, voter socialiste le7 juin, pourquoi ?D’abord pour permettre cettealternance au Parlement et àla Commission européenne,pour changer l'Europe main-tenant car parce qu’il sera

trop tard après. C’est celaqu’il faut vraiment expli-quer aux Français. NotreEurope, c’est une Europejuste, capable d’apporter àtous les moyens deconstruire sa vie, capableaujourd’hui de mettre enplace des minima sociauxdans chaque pays, un salaireminimum que nous deman-dons comme devant attein-dre 60% du salaire médianpar pays, étape vers unsalaire minimum européen.Une directive qui garantitl’intégrité des servicespublics, cela veut dire l’effortd’éducation, de formation,de recherche. Notre Europe,c’est une Europe qui créedes emplois.Mais nous, socialistes fran-çais, nous en demandons un

Membre de UDT-CFDTde l’Oise

N os problèmes sociauxsont considérables.

La participation des salariésaux bénéfices, dont onnous rebat tant les oreillesen cemoment s’élève àtrois fois un tiers.Maisun tiers de quoi au juste,puisque les bénéficesdisparaissent ? Un tiersde rien, cela ne fait pasgrand-chose, un tiersde rien, cela ne fait rien !Aujourd’hui, des sociétésdégagent des margesbénéficiaires avec des planssociaux énormes, puisqueles dividendes rentrent.Nous ne supportons pluscette situation.Les Parlements français eteuropéen doivent réagir.Sans compter que lespérimètres d’expertise dansles entreprises doiventêtre modifiés. Enfin, nousdemandons la présence,au sein de ces mêmesentreprises, de commis-sions « informatique etliberté », capables desurveiller l’outilinformatique et certainesinformations pour mieuxsavoir ce qui se passe. »

Jean-Claude Rech

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Si l'Europe a perduson originalité et

son identité, c’est parcequ’elle est tombée dansles mains d’une droiteidéologue, la même

que celle que nous avonsen France”

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créer une nouvelle croissanceverte. Les socialistes français eteuropéens proposent deréorienter le budget européenen ce sens. 30 % du budget de lapolitique régionale pour 2007-2013, soit 105 milliards d’euros,peuvent dès aujourd’hui êtreinvestis dans une deuxièmedynamique de la stratégie deLisbonne, à l’économie de laconnaissance dirigée vers despolitiques innovantes d’énergierenouvelable, de gestion del’eau, des déchets, d’améliora-tion de l’habitat, notammentl’habitat social. Environ 10 mil-lions de nouveaux emplois àl’horizon 2020, dont 500 000 à

court terme pour la France,peuvent ainsi être créés afinde maintenir un objectifessentiel pour nous, socialistes,la cohésion sociale etterritoriale. »

Henri Weber,tête de liste dela région Centre« Un vrai plan de relanceeuropéen »

Pour lutter contre le chômage,la désindustrialisation, le niveaunational et local sont trèsimportants. Mais le niveaueuropéen est essentiel.À cet égard, la droite en Europe,Barroso, Sarkozy,Merkel ontsous-évalué depuis le débutl’ampleur et la gravité de cettecrise. Sous présidence française,le plan de relance qui a étéinstitué est un pseudo plan derelance. Il est riquiqui avec200 milliards d’euros, dont170 milliards d’euros constituentl’addition des plans de relancenationaux. Les leaders de ladroite européenne, qui domi-nent le Parlement européen, la

petit peu plus. Nous voulonsun budget de l'Union euro-péenne augmenté pour fairetout cela, nous voulonsreconnaître le droit pourl'Union européenne de leverdes emprunts, nous voulonsl’harmonisation des fiscali-tés, la coordination des poli-tiques économiques et puisune politique de justeéchange. Et là je suis heu-reuse que nous ayons pudébattre et écrire un textequi ne soit pas protection-niste, mais où nous disionssimplement qu’on est dansla protection que lorsqu’onest dans le progrès social etque Nicolas Sarkozy ne vapas nous expliquer qu’il vaprésenter une Europe de laprotection alors qu’il ver-rouille toutes les libertés

dans notre pays et qu’il créedes injustices.

Oui, nous voulons de la pro-tection, mais de la protec-tion dans le progrès, c’est laraison pour laquelle il nousfaudra protéger nos indus-tries et nos économiesémergentes, mais il faudraaussi penser aux pays endéveloppement qui ontbesoin sans doute quenous nous fassions un peumoins concurrence danscertains domaines. C’estcela le juste échange, c’estcelui-là que nous voulonsdéfendre, ce n’est pas unevision passéiste du protec-tionnisme, c’est une visionprogressiste, je le crois, denos échanges et de la pro-tection. ■ »

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Les 288 délégués de la Convention nationale du PS réunis à Paris le21 mars ont ratifié à l’unanimité moins cinq abstentions les listes

PS pour les élections européennes. Un seul changement, par rapportaux listes soumises aux militants le 12 mars, est intervenu : dans laliste de l’eurorégion Centre-Massif Central, Laurent Lafaye a rem-placé Alain Calmette en troisième position.

Ratification des listes

Commission, le Conseil, se consi-dèrent satisfaits. Ils pensentqu’ils ont fait ce qu’il fallaitfaire et qu’il ne faut pas allerau-delà.Ce que les socialistes européensproposent, dans le cadre de leurmanifeste, c’est un vrai plan derelance européen pour boosterla croissance et retrouver leschemins de l’emploi. Un planambitieux de la même enver-gure que le plan américain. Unplan équilibré qui marche surses deux jambes, l’investisse-ment, mais aussi le volet socialcar il ne sert à rien d’investir sila demande fléchit fortement.La demande fléchissant entraîneun cercle vicieux de désinvestis-sement et de dépression.

Éricka Bareigts,tête de liste dela région OutremerLes Outremer sont la richesse dela France, ils sont aussi une desplus grandes richesses del'Europe. L’Europe nous a beau-coup accompagnés depuis vingt

ans. Elle a investi massivementdans les régions ultrapériphé-riques pour compenser des han-dicaps structurels. Du fait de nossituations géographiques, dufait que nous étions des terri-toires contraints, du fait de ceretard et de nos histoires, nousavions des handicapsqu’il fallait compenser. Ce quinous a permis, en très peu detemps, de construire nos lycées,nos collèges, nos routes…L'Europe a fixé comme objectifd’atteindre un niveau corres-pondant à 75 % du PIB desmoyennes des régionseuropéennes. Aujourd’hui, nousn’en somme pas loin :la Martinique est à 73 %, laRéunion à 68 et la Guadeloupeà 70 ou 73. Pourtant, dans cestrois départements, il y a eu uneexpression de colère etd’insatisfaction.Il va falloir changer de braqueten allant à l’essentiel.On ne construira pas l'Europede demain, l’Europe dudéveloppement durable, enayant des personnes ensituation d’illettrisme. L'Europedoit recentrer ses financementssur l'éducation et la santé.Nous devons soutenir aussi toutce qui relève de la rechercheenvironnementale.Nous représentons 80 %de la biodiversité française.■

Vice-président du Conseiléconimique et socialde la Réunion

L 'Europe, on la connaîtoutre-mer sous forme

de financements desgrands travaux et desinfrastructures. On connaîtl'Europe seulement àtravers cela.Mais la criseque nous avons vécue etque nous vivons encoreà La Réunion, ces jours-ci,traduit à mon sens autrechose. Il y a unmalaisebeaucoup plus profond.Comment, demain,pourrons-nous orienterla politique européennevers l’humain ? Commentfaire en sorte que lajeunesse ultramarinepuisse parvenir à un niveaud’éducation tel qu’onpuisse inscrire l’outre-merdans une politiquede compétitivité etde solidarité digne de cenom ? Cet outre-mer quirayonne dans le Pacifique,aux Antilles, dans l’Océanindien, cet outre-merqui constitue un atoutpour la France et l'Europe,a besoin d’une toute autreconsidération.Nouscomptons sur toi et tescolistiers, Ericka, pourmontrer la voie auxEuropéens, pour qu’enfinon comprenne que cesterritoires ont besoin d’uneautre politique, pas seule-ment de financements. »

Axel Zettor

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Pour la justice sociale,pour la relance,

abrogeons le bouclier fiscal

La France traverse la plus grave crise économique et sociale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Loin de pren-dre la mesure de la situation, le gouvernement n’a toujours pas adopté le plan de relance dont notre pays a besoin.Le bouclier fiscal adopté par la majorité UMP-Nouveau Centre dès le mois de juillet 2007 est une mesure profondémentinjuste qui accentue les inégalités en protégeant les plus fortunés des Français.En 2008, année de déclenchement de la crise, 834 contribuables disposant d’un patrimoine supérieur à 15 millionsd’euros ont, chacun, perçu un chèque de l’État de 368 000 euros !La Grande-Bretagne ou les États-Unis ont décidé de faire contribuer les plus riches à lutter contre la crise ; en Francel'UMP s'accroche désespérément à son bouclier fiscal et s’enferre dans l’inaction.C'est pourquoi, nous demandons sa suppression, ce qui permettrait de dégager 15 milliards d’euros par an pour mener unevraie politique pour améliorer le quotidien des Françaises et des Français et sortir la France de la crise.

PÉTITION À RENVOYER AU PARTI SOCIALISTE, 10 RUE DE SOLFERINO 75007 PARISTÉLÉCHARGEABLE SUR WWW.PARTI-SOCIALISTE.FR

NOM : PRÉNOM : COORDONNÉES / MAILS SIGNATURE :

maquette tract petition 524 p35:Mise en page 1 24/03/09 22:28 Page 1

Pour financer le vrai plan de relancedont la France a besoin,

les socialistes demandentà Nicolas Sarkozy :

� de supprimer le bouclier fiscal, qui a permis aux 834 contribuablesles plus riches de France de recevoir chacun un chèque de l’État de368 000 euros, et le paquet fiscal ;� d’arrêter le plan de suppression de postes dans la fonctionpublique, et d’abord dans l’éducation et à l’hôpital ;� de stopper le gel des dotations d’État aux collectivités locales.

� de verser une aide de 500 euros pour 13 millions de personnesbénéficiaires de la Prime pour l’emploi et des minima sociaux ;� de baisser la TVA ;� d’accompagner les salariés licenciés et d’encadrer les licencie-ments boursiers.

Sur www.parti-socialiste.fr :S’informer sur le plan de relance des socialistesSigner la pétition pour l’abrogation du bouclier fiscal

Face à la crise,il est vraimenturgent d’agir

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