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LA FRANCE EN CRISE Le désarroi des «Fulmen» I NTERNATIONAL Afrique du Sud : élection N°529 • samedi 2 mai 2009 • 1,5€ de Jacob Zuma É LECTIONS EUROPÉENNES Focus sur le Centre PORTRAIT Bruno Delaunay

hebdo des socialistes n°529

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LA FRANCE EN CRISE ■ Le désarroi des «Fulmen» ■ INTERNATIONAL ■ Afrique du Sud : élection

N°529 • samedi 2 mai 2009 • 1,5€

de Jacob Zuma ■ ÉLECTIONS EUROPÉENNES ■ Focus sur le Centre ■PORTRAIT ■ Bruno Delaunay

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L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 2 MAI 2009

L’hebdo des socialistes•10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61•Fax: 01 45 56 76 83(Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01 45 56 ou écrire à : [email protected]) DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Maurice Braud

• DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Benoît Hamon • RÉDACTRICE EN CHEF: Ariane Gil (78.61) • RÉDACTION: Bruno Tranchant (77.33). Damien Ranger (76.37), Ariane Vincent(76.20), Fanny Costes (76.32). • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION: Élisabeth Philippe (76.27) • MAQUETTE: Pascale Lecomte (79.44) et Joëlle Moreau (77.16)

• PHOTO : Philippe Grangeaud (76.00) • SECRÉTARIAT: Odile Fée (78.61) • COMPTABILITÉ : Michèle Boucher (79.04) • ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57)• FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE (94) Saint-Mandé • ROUTAGE: Inter Routage - 93300 Aubervilliers. N° commission paritaire : 0109 P 11 223)

• ISSN : 12786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 243 137 exemplaires.

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aGenDa Du ParTi■ Lundi 4 mai• Clermont-Ferrand, meeting

national pour les électionseuropéennes.

■ Mercredi 13 mai• Paris, meeting national

pour les électionseuropéennes.

Les rendez-vous ■ DU PARTI

EmmanuelMaurel,Secrétaire National à l’Université Permanente et d’Été

Laurence Dumont,Secrétaire Nationale à la Formation

vous invitent à débattre avec :Sylviane Agacinski,Philosophe, Professeur agrégée à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)

Autour de son ouvrage :« Corps enmiettes »Éditions Flammarion, collection «Café Voltaire» 2009

•Inscription obligatoire auprès de Christine •E-mail : [email protected]/Téléphone : 01 45 56 76 13

LesentretiensD E S O L F E R I N O

Mercredi 10 juin 2009 de 18 h 30 à 20 h 30Salle Marie-Thérèse Eyquem • 10, rue de Solférino • 75007 Paris

La nouvelle direction du Parti socialiste issuedu Congrès de Reims a la volonté de consti-tuer un front à la politique deNicolas Sarkozy,

en remplissant son rôle d'opposition mais aussien devenant une force de contre-propositions,comme notre Plan de relance en témoigne.

Cette ambition passe notamment par le désir de redonner audébat d'idées et au travail intellectuel une place centrale.Nous avons donc demandé à un certain nombre de secrétairesnationaux d'écrire un article relatif à leur domaine d'interven-tion afin qu'ils nous fassent part de leur analyse de la situationet nousproposent uneorientationgénérale et éventuellementdespistes d'action.À la fin denotre revuenouspublions le Plande relance qui constitue un document incontournable et lesigne que les socialistes « sont bien de retour ».La Revue socialiste, Perspectives socialistes, n° 33, janvier 2009, 184pages,10 euros. Passez vos commandes auprès de Nathalie Mauroy,Parti socialiste 10,rue de Solférino 75007 Paris - Mail : [email protected]

Perspectives socialistes

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■ ÉDITO

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La campagne des socialistes pour les élections euro-péennes est lancée. Le coup d’envoi a été donné àToulouse le 24 avril dernier, dans un meeting quiinaugurait aussi la campagne des socialistes euro-péens. Le Parti est enordre demarchepour les battrelà-bas, pour gagner ici.Nous avons de bons candidats, nous avons un pro-gramme commun à tous les socialistes européens.Nous avons des propositions pour l’enrichir.Nous avons un objectif : remplacer lamajorité parle-mentaire européenne libérale et conservatrice parune majorité de gauche. Nous voulons la réorienta-tion de la construction européenne. Nous voulonsl’harmonisation fiscale et l’augmentationdubudgetde l’UE pour permettre une véritable relance. Nousvoulons une directive des services publics car elle estessentielle pour une Europe sociale.Nous voulons untraité qui garantisse la supériorité des normessociales sur le marché. Nous voulons un vrai plan decroissance juste, écologique et performant. La crise aclos de manière tragique le temps de l’Europe desmarchés, voici venu le temps pour les socialistes demettre en avant l’Europe des citoyens.Les solutions se trouvent du côté de la social-démo-cratie et de l’Europe car la droite deBarroso-Sarkozy-Berlusconi n’a pas su prévoir la crise ni y répondre.L’UMP dit « quand l’Europe veut, elle peut »,mais lesFrançais ne veulent pas ce que veut l’UMP.Et si les Français votent pour une nouvelle majorité,ce sera un signe fort envoyé à Nicolas Sarkozy qu’ilne pourra ignorer.Cette campagne sera difficile. Il faudra lutter contrele parti abstentionniste et convaincre que le voteefficace et utile n’est ni dans la protestation, ni dansle conservatisme, ni dans le repli.Chaque socialiste, chaque élu, détient par son enga-gement dans cette campagne un bout des condi-tions de la victoire finale. Le 7 juin, il faut une majo-rité à gauche.

Jean-ChristopheCambadélis,secrétaire nationalà l’Europe et auxrelations internationales

Le 7 juin, une majoritéqui change tout

La France en criseLe désarroi des “Fulmen” à Auxerre p.6InternationalLes défis de l’après-Durban II p.9Afrique du Sud : l’élection de Jacob Zuma p.10Élections européennesFocus sur la région Centre p.12Retour sur le meeting de Toulouse p.15Territoires face à la criseL’investissement avant toute chose p.18La Gironde mise sur le social p.20HistoireLes chemins de la liberté p.24PortraitBruno Delaunay p.28

■ sommaire

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Actualités � EN BREF

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EmploiTravail dominical,le retour

En annonçant le 26 avril ledépôt prochain d’une proposi-tion de loi sur le travail dudimanche, Brice Hortefeuxrevient sur une propositiondécriée par les syndicats, l’oppo-sition et même une partie de ladroite. Fin décembre 2008, lessocialistes avaient réussi, grâceà une bataille parlementaireacharnée, à faire reculer le gou-vernement. L’insistance de ladroite constitue pour le PS, une« provocation », dans une situa-tion de forte augmentation duchômage.

Société généraleLa crise n’a pas servide leçon

Selon une enquête publiée parle quotidien Libération, le 27avril, la Société générale auraitperdu 5milliards d’euros à caused’ « investissements hasar-deux » réalisés par l’une de sesfiliales : la SGAM AlternativeInvestments. La responsabilitén’incombe pas à un seul trader,comme pour l’affaire Kerviel,mais à la direction du groupequi a laissé la filiale spéculer,

même après la crise. La pertepourrait d’ailleurs atteindre 10milliards d’euros car les produitstoxiques avaient été rachetéspar la banque à ses clients, etleur valeur continue à baisserchaque jour.

JeunesseSarkozy fait du neufavec du vieux

Le PS et le MJS « regrettent quela question décisive de l’emploides jeunes ait donné lieu à unesimple opération de rafistolagede la part de Nicolas Sarkozy »,estiment-ils dans un communi-qué. Car les propositions faitespar le Président, le 24 avril, nefont que recycler des mesuresexistantes, comme l’alternance.« Dans le budget 2009, le gou-vernement avait pourtant retiré200 millions d’euros aux créditsalloués aux contrats de profes-sionnalisation », rappellent lessocialistes qui doutent de la per-

tinence du plan gouvernemen-tal. En ne leur proposant quedes contrats de formation liésau secteur privé, les jeunes ris-quent de « se heurter à la réces-sion et à la situation catastro-phique dumarché de l’emploi ».

Sécurité socialeLe trou se creuseencore

Les prévisions indiquent que ledéficit de la Sécurité socialepourrait dépasser les 20 mil-liards d’euros en 2009,alors queles déremboursements et lesfranchises santé étaient censésréduire le trou de la Sécu.« Rétrospectivement, cela sou-ligne l’hypocrisie de la loi definancement de la Sécuritésociale soumise au Parlementen novembre dernier et l’inca-pacité du pouvoir à maîtriser lasituation financière », condam-nent les socialistes. Le PSajoute : « L’aggravation du défi-cit de la Sécurité sociale est lerésultat de la diminution desrecettes de la Sécurité sociale,c’est-à-dire la traduction directede la diminution de la massesalariale globale. » À quand unplan de relance digne de cenom ?Page réalisée par Fanny Costes

Le cHiFFreUne nouvelle hausse vertigineusedu chômage a été enregistrée enmars selon l’Insee. 63 400 deman-deurs d’emplois supplémentaires sont venus gonflés les rangs duPôle Emploi qui compte désormais plus de 2,6 millions d’inscrits.

63 400

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EN IMAGE � Actualités

Victoire historique de la gauche islandaiseLa coalition de gauche à la tête du gouvernement intérimaire formé enfévrier a largement battu le parti conservateur, lors des élections législativesanticipées du 26 avril. Réunissant le Parti social-démocrate (AF) et leMouvement Gauche-Verts, la coalition, emmenée par JohannaSigurdardottir, a recueilli 51,5% des suffrages, obtenant 34 des 63 sièges auParlement. Après avoir passé 18 ans au pouvoir, la droite essuie un nouveléchec. Les conservateurs avaient dû démissionner fin janvier après plusieursmois de manifestations face au chômage grandissant (10% attendus en2009) et à une grave récession (environ 10% de contraction du PIB estiméepour 2009). Les deux partis alliés vont désormais devoir se répartir les postesau gouvernement et discuter du sujet sensible de l’adoption de l’euro.

L’imaGe De La semaine OLIVIER MORIN/AFP

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Le site de Fulmen à Auxerre (Yonne) est menacéde fermeture depuis janvier. Fabricants

de batteries d’automobiles et de camions,les 312 salariés ne décolèrent pas faceà la délocalisation de leur productionen Pologne. Les socialistes demandentune réponse européenne forte.

Des dizaines de croix s’alignent auxabords de l’usine Fulmen d’Auxerre.Un cimetière de batteries pour auto-

mobiles et camions pour signifier l’arrêt demort de la production « maison ». Lamise en scène est à la hauteur de l’émo-tion suscitée par l’annonce, le 22 janvierdernier, de la fermeture prochaine dusite. 312 salariés sont concernés. Plus de1000 si on y ajoute ceux et celles quitravaillent dans son giron. La décisiondu groupe américain ExideTechnologiesvient encore gonfler les pertes subiesces derniersmois dans l’industrie fran-çaise et provoque la colère desouvriers. « On parle d’Europeaujourd’hui. Eh bien, Exide a égale-ment prévu de restructurer un site de

plus de 400 personnes enAngleterre.Tout ça pour délo-caliser la production enPologne. Pourtant ce grou-pe, à l’échelle de l’Europe,c’est 32 millions d’euros debénéfice net en 2008. Il faut

me dire ce qu’on va réellementpouvoir faire dans l’UE pour éviter toutesces fermetures injustes», demande JérômeNicaise, secrétaire de l’intersyndicale deFulmen à Aurélie Filippetti. La candidatesocialiste sur la liste Grand Est auxEuropéennes s’est déplacée, ce 23 avril,pour apporter son soutien et écouter lesdoléances de ces salariés. En compagnied’un autre colistier, Mustapha Sadni Jalab,du maire PS de la ville, Guy Ferez et de

À Fulmen, les b

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conseillers municipaux, ellerépond aux interrogations des«Fulmen». Une cinquantained’entre eux s’est réunie devantl’usine pour la rencontre. « Ilfaut investir dans une grandepolitique industrielle euro-péenne. L’Europe doit s’endonner les moyens. Car pourl’instant le budget européenest relativement faible. Il fau-drait, par exemple, contracterun grand emprunt européenpour investir dans les techno-logies de pointe, propres, lesréseaux, infrastructures detransport notamment, etdans la formation des salariés.Une telle initiative prépareraitles métiers de demain et lasortie de crise », développeAurélie Filippetti.

Déboutés

Mais sur les visages des sala-riés se lit toujours la désola-tion. Car si aucun repreneur nese manifeste, leur sort serajoué avant le 7 juin et les élec-tions européennes. Grâce àleur mobilisation, ils ontgagné trois mois. Mais dansl’attente d’une date pour uneréunion sur l’ouverture duplan social, qui devrait se teniravant la mi-mai, ils piétinent.La justice qu’ils avaient saisiecomme dernier recours les adéboutés. Fin mars, l’intersyn-dicale avait poursuivi la direc-tion en justice car cette der-nière voulait entamer les dis-cussions du plan social avant

même la fin des négociationssur la gestion prévisionnelledes emplois et des compé-tences (GPEC). Le tribunal degrande instance de Nanterre ajugé cette requête irrecevable.Depuis le début, les salariésn’ont jamais réussi à dialogueravec la direction. Le directeurdu site, Alain Royer, a mêmeété rapatrié au siège dugroupe, à Gennevilliers, enrégion parisienne. De plus,pour faire pression sur les sala-riés, les dirigeants ont bloquél’arrivée dematières premièresnécessaires à la fabrication desbatteries. L’entreprise qui four-nit les boîtiers, par exemple, aété mise en chômage partiel.Pourtant les « Fulmen » conti-nuent à pointer chaque jour età tourner en trois-huit. « Ducoup, on ne perd pas nos

salaires.Mais on vient et on nefait rien, déplore DanielDevaux, employé depuis qua-tre ans sur le site auxerrois. Cen’est plus du tout motivant etsurtout pas valorisant. Noussommes déjà perdants. »Alors, ils s’occupent tant qu’ilspeuvent et maintiennentl’usine propre. Mais le tempssemble long sans travail et lesinquiétudes grandissentchaque jour. « Je n’ai pasencore assez d’années pouravoir une retraite complète,confie un employé de 56 ans.J’ai une famille à charge, qua-tre enfants et ma femme quine travaille pas. Si je perdaismon emploi ce serait catastro-phique. Et se reconvertir àmonâge,ça fait peur.Ça fait 34ans que je suis à la fonderie.Finir comme ça, ça fait mal. »

s batteries sont à plat

Aurélie Filippetti, candidate socialiste sur la liste du Grand Est,discute avec les « Fulmen».

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AUXERRE

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Actualités ■ LA FRANCE EN CRISE

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Pour éviter des drameshumains supplémentaires,l’intersyndicale a demandé,dès la fin janvier, à lamairie deles soutenir. Conseillermunici-pal et président de la maisonde l’emploi, Guy Paris a doncmis en place avec lemaire unecellule de crise : « Il fallait pou-voir répondre à cette angoisse.On a immédiatement recrutéune psychologue sur la mai-son de l’emploi pour recevoirles salariés qui le souhaitent,les rassurer et les orienter. Unnuméro d’appel est à leur dis-position. Et on a mis au pointun guide d’entretiens pourbalayer l’ensemble des préoc-cupations. »

« Chantage social »

Reste que les salariés, aumême titre que ceux deContinental, Molex ouCaterpillar, n’acceptent pas untel mépris de leurs compé-tences. Au micro, ils crienttous au « pillage », s’insur-gent face à des grandspatrons qui font comme bonleur semble et contre le gou-vernement français etl’Europe qui ne les soutien-nent pas. « Ces gangstersmodernes ne doivent pasoublier qu’on ne peut pas fer-mer site sur site sans éveillerla colère des gens. On nousparle alors de l’Union euro-péenne et de ses avantages.Mais, pour l’instant, onconstate que ce ne sont quedes inconvénients, avec desdélocalisationsmassives d’en-treprises françaises aux-

quelles on retire un savoir-faire, des connaissances dansdifférents métiers de l’indus-trie ou d’autres secteurs. Etpour les transférer où ? Àl’Est, où ça coûte moins cherafin d’augmenter la rentabi-lité des multinationales et dedistribuer plus de dividendesaux actionnaires », s’emporteMourad Youbi, délégué CGTde Fulmen. Aujourd’hui lestravailleurs ont donc uneimage très dégradée desacteurs politiques européens.Et le risque, pointé par lessocialistes sur place, seraitd’attiser les ressentimentsentre salariés européens. « Jel’ai bien vu en Lorraine, avecMittal, observe AurélieFilippetti. Même à l’échelleeuropéenne, les usines ontjoué la concurrence les unescontre les autres pour garderles emplois. Il faut que çacesse. Car les grands groupesmondialisés ont bien comprisleur intérêt à jouer la concur-rence. C’est du chantagesocial. » Les socialistes pré-

sents ont tenu à rappelerqu’une réponse française etune réponse européenneexistaient : la fin de la logiqueconcurrentielle entre leshommes en Europe, en insti-tuant des salaires minimumdans chaque pays membre etune politique commune surl’emploi ; la réduction desrisques de fermeture brutaleen obligeant la présence d’aumoins 30% de représentantsdu personnel dans les conseilsd’administration,pour contrô-ler les décisions prises parl’entreprise. Autant de solu-tions auxquelles ont prêtél’oreille les salariés de Fulmen.Mais la situation est urgente.Jérôme Nicaise, le syndica-liste, l’a rappelé en conviant ladroite à se déplacer àAuxerre : « Nous invitons lePrésident et ses amis pournous dire ce qu’ils comptentfaire pour éviter la ferme-ture ». Des promesses vaines,comme pour Mittal ?

Fanny Costes

Les salariés de Fulmen pointent tous les jours,mais n’ont rien à faire.

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DURBAN II ■ International

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La démonstration a étéfaite, in fine, que la diplo-matiepeut servir àquelque

chose : la déclaration finale deGenève fait référence àl’Holocauste, dénonce l’antisé-mitisme et ne caractérise pas leblasphème – auquel il n’estd’ailleurs plus fait référence –comme une atteinte aux droitsde l’homme. Alors quoi : unpartout, la balle au centre ? Etmaintenant ?Si Durban est désormais der-rière nous, la vigilance reste demise face au racisme et àtoutes les discriminations.Maisles démocraties doivent sur-tout mettre fin à l’affirmationd’un bloc occidental de plus en

plus minoritaire mais toujoursriche et dominateur et admet-tre qu’il existe des démocratiesnon occidentales sur tous lescontinents, égales entre elles,duBrésil au Sénégal,du Japonàl’Afrique du Sud, de l’Inde auVenezuela, en passant parl’Union européenne et lesÉtats-Unis.

Main tendue

C’est sans doute là le principalenjeu des années à venir car àtrop vouloir occidentaliser lesdroits de l’homme,on fait le jeude celles et ceux qui, de l’ArabieSaoudite à la Chine, nient laDéclarationde 1948et sa valeur

universelle. Il faudra aussi en-courager la politiquede lamaintendue de la nouvelle adminis-tration américaine ; elle est detrès loin préférable à la guerredu « West contre le Reste »engagée par George W. Bushdepuis 7 ans.Le prolongement de Genèvesera sans doute le Conseil desdroits de l’hommede l’ONUausein duquel les États-Unisd’Obama veulent reprendretoute leur place, après le boy-cott opéré par son prédéces-seur. Il ne s’agira pas de forma-liser de nouvelles règles nor-matives en termes de droits del’homme, mais de se donnerles moyens de faire avancercelles de 1948. Il existe des ins-truments pour cela, à com-mencer par les instances inter-nationales qui telles l’OIT,l’OMS et la FAO jouent leurrôle d’incitation auprès desÉtats en matière de luttecontre la pauvreté et l’exploi-tation. Lutter contre les causesen changeant radicalementles rapports de production,d’échanges et de répartitiondes richesses dans le mondereste le meilleur moyen dedonner du sens à l’esprit civili-sateur de 1948.Et de faire recu-ler, lentement mais sûrement,les haines qui brûlent encoreceux qui les entretiennent.

Pouria Amirshahi,secrétaire national

aux droits de l’homme

Durban I fut un échec.Que dire de Durban II, la conférencemondiale contre le racisme organisée à Genève du 20 au 24avril ? La crise économiquemondiale et la nouvelle straté-gie américaine fondée sur lamain tendue ont changé ladonne. Résultat : une déclaration finale appelant à luttercontre le racisme et les discriminations basées sur la couleur,la race ou le sexe.

Droits de l’homme : agirau-delà des déclarations

Le secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon et le Haut-Commisssaire aux droits de l’homme, Navi Pillay, pendant laconférence de Durban.

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Actualités ■ INTERNATIONAL

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Quels sont les principaux défisqui attendent Jacob Zuma ?La précédente présidence alaissé deux points capitaux enjachère : la délinquance et lesida. L’Afrique du Sud est l’undes pays avec le plus fort tauxde criminalité. Et la prévalencede l’épidémie de sida quitourne autour de 17% est éga-lement l’une des plus élevéedu monde. Thabo Mbeki anégligé ces problèmes. Il n’ajamais envoyé demessage forten matière de prévention.Même si Jacob Zuma a eu despropos plus que malheureux(il avait prétendu s’être pré-muni du sida après un rapportnon protégé en prenant unedouche, ndlr), il a consciencede la gravité de la situation.L’autre grand défi sera d’orga-niser la Coupe du monde defootball de 2010. Il faudra fairede gros efforts en matière desécurité pour encourager lesvisiteurs à venir.

Il va également devoir faireface à une situation écono-mique nettement dégradée.

Le taux de chômage atteint40%...Globalement, Thabo Mbeki abien piloté le pays sur le planéconomique. Le chômage esten effet toujours très élevé,mais les choses se sont plutôtaméliorées. Jusqu’en 2007, letaux de croissance tournaitautour de 5%, de 3% en 2008.Evidemment, l’Afrique du Sudn’est pas épargnée par la criseet la seule solution pour endi-guer durablement le chômageest de renouer avec les 5% decroissance.

Jacob Zuma, personnalitépolémique et contestée ausein même de son parti, l’ANC,est-il l’homme de la situa-tion ?Zuma a fait l’objet de nom-breuses poursuites et il flirteparfois avec le populisme.Même s’il s’est voulu rassuranten annonçant qu’il garderaitTrevor Manuel au poste deministre des Finances, il aaffolé les investisseurs étran-

gers avec ses discours sur laredistribution des richesses.Cela dit, en Afrique du Sud, lepouvoir appartient davantageà l’ANC qu’au gouvernement.Le parti devrait donc large-ment encadrer l’action deZuma.

Quinze ans après la fin del’Apartheid, où en est lanation « arc-en-ciel » ?La démocratie est désormaissolidement ancrée en Afriquedu Sud. Les partis intègrent enleur sein Noirs et Blancs et l’of-fre politique s’est diversifiée.Seulement, si une classe aiséenoire a vu le jour, elle neconcerne qu’une minorité. Iln’y a pas eu d’élévation duniveau de vie à la base de lapyramide. Thabo Mbeki ainsuffisamment lutté contreles inégalités sociales.Zuma l’abeaucoup attaqué sur cepoint, à lui d’agir.

Propos recueillispar Elisabeth Philippe

En Afrique du Sud,avec65,9% des voix aux électionslégislatives du 22 avril, l’ANC(Congrès national africain), leparti de NelsonMandela, estarrivé largement en tête, por-tant au pouvoir Jacob Zuma,une personnalité polémique.Le point avec ThomasMélonio, délégué national encharge de l’Afrique au PS.

Cap sur la présidence Zuma

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INTERNATIONAL ■ brèves

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Arménie-TurquiePremiers pas vers unrapprochement

94 ans après le génocide armé-nien, la voie d’une réconciliationentre la Turquie et l’Arméniesemble s’ouvrir. Le 23 avril, lesÉtats voisins se sont entendussur une feuille de route visant àdéfinir un « cadre global pour lanormalisation de leurs relationsbilatérales d’une manière pro-pre à satisfaire les deux par-ties ». Le PS applaudit cetaccord. Mais reste « prudent »en attendant de connaître lecontenu exact de la feuille deroute. En outre, il rappelle sonengagement contre le néga-tionnisme du génocide.

États-UnisEn lutte contrele réchauffementclimatique

Organisé à l’initiative de BarackObama, du 27 au 29 avril, leforum sur l’énergie et le climatde Washington, a été l’occasionpour les États-Unis de réaffir-mer un changement de cap.Désormais, ils « sont prêts àmener la lutte contre le change-ment climatique et décidés àrattraper le temps perdu », a

déclaré la secrétaire d’ÉtatHilary Clinton. La conférence del’ONU prévue en décembre, àCopenhague, sur ce sujet, met-tra à l’épreuve cette nouvelledétermination.

ÉquateurCorrea rééluau premier tour

Rafael Correa a été réélu triom-phalement, le 26 avril,dès le pre-mier tour de l’élection présiden-tielle. Son principal concurrentet ancien Président, LucioGutiérrez,arrive loin derrière.Unrésultat historique : depuis lerétablissement de la démocratieen 1979, aucun chef d’État n’aété réélu. La popularité deCorrea est notamment due auxprogrammes sociaux qu’il a misen œuvre grâce à l’argent dupétrole utilisé pour les retraites,les écoles ou la santé. Mais ildevra redresser l’économienationale s’il veut tenir sa pro-messe de faire construire davan-tage de logements et de routeset faire baisser le chômage dansles quatre années à venir.

Sri LankaUne guerre sans finL’opposition de l’armée natio-nale aux rebelles tamouls n’enfinit pas de secouer le Sri Lanka.Les Tigres Tamouls réclamentdepuis 1972 l’indépendance dunord et du nord-est du pays.Mais ils sont minoritaires. Etdepuis janvier, l’État a encoreaccentué les représailles contreles séparatistes en lançant son

«offensive finale». Aujourd’hui,les deux parties refusent un ces-sez-le-feu malgré les pressionsde l’ONU qui réclame une trêvehumanitaire pour sauver lespopulations prises au piège. Enmoins de quatre mois, la guerrea tué 6500 civils. Le gouverne-ment sri lankais empêcheaujourd’hui tout accès humani-taire à la zone de conflit.

MexiqueGrippe porcine :l’angoissed’une pandémie

Une épidémie de grippe porcinefrappe durement le Mexique oùl’on compterait déjà plus de 120décès et 1600 malades. Mais lerisque dépasse les frontièresmexicaines car le virus se trans-met d’homme à homme. Descas ont été décelés aux États-Unis, au Canada ou encore enEspagne. L’Organisation mon-diale de la Santé a mis en gardecontre le « potentiel pandé-mique » du virus et recom-mande « que tous les paysintensifient leur surveillance detous les cas inhabituels demaladie ressemblant à unegrippe ou à une grave pneumo-nie ».Page réalisée par Fanny Costes

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Actualités ■ ÉLECTIONS EUROPÉENNES

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Au cœur de la rParticularité de la région Auvergne-Centre-Limousin, elle n’échappe à aucune descompétences européennes … sauf à la question de la pêche. Cette région est pleinede contrastes, partagée entre une agriculture demoyennemontagne et les grandesplaines céréalières de la Beauce. Elle fait également preuve d’un réel dynamismeindustriel,mais n’est toujours pas desservie par le TGV. Enfin, riche de pôles d’excellence,elle est également touchée de plein fouet par la crise du secteur industriel traditionnel.

• Accélérer le projetd’une ligne à grandevitesse

Paris-Clermont Ferrand. Letrain est beau, mais il est lent.Il faut en effet entre trois àcinq heures pour relier lesdeux villes. Entre la capitale etles volcans d’Auvergne, pas deligne à grande vitesse, et plusde train de nuit non plus,depuis 2001. « C’est toujours leSud, l’Est ou les côtes qui sontprivilégiés, s’énerve Françoise,une Clermontoise. Le Centreest vide de lignes TGV. Qu’onne nous sorte pas l’argumentqu’il faut traverser les mon-tagnes, il y a une ligne entre

Lyon et Turin,et il faut bien tra-verser les Alpes ! » En mai2008,René Souchon,présidentPS du Conseil régional, a lancéune pétition sur Internet,« Faisons bouger les lignes »,qui affiche 87 305 signatures.Cette pétition a permis d’inté-grer la ligne Paris-Clermont etle barreau est-ouest aux2 500 km de nouvelles lignes,objectifs du Grenelle I de l’en-vironnement. Mais le combatn’est pas terminé. « Il y a leprojet de Corridor V, le corri-dor européen, expliqueCatherine Guy-Quint, eurodé-putée sortante. C’est la liaisonAltro qui relie Kiev à Lisbonneet permettrait de relier Lyon-Clermont-Limoges-Poitiers. »Ce corridor représente uneopportunité unique pour leMassif central d’être enfinirrigué par une ligne à grandevitesse. « Dans le plan derelance socialiste, il y a unvolet « grands travaux », rap-pelle Laurent Lafaye (en3ème position sur la listeCentre). Il y a un intérêt nonnégligeable à porter cettequestion au Parlement euro-péen vu que les crédits d’Étatsont au point mort. »

• Sauver l’agriculturede moyenne montagne

La régionCentre,avec laBeauce,est la première région céréalièred’Europe. En Limousin, le poidsde l’agriculture dans l’emploirégional est deux fois plus élevéque la moyenne nationale.L’agriculture représente 4 % duPIB régional (contre moins de3 % au niveau national). EnAuvergne, le secteur agricoleoccupe 60 % du territoire,8,5 % des emplois régionaux,soit deux fois plus que lamoyenne nationale. La rené-gociation de la PAC pour 2013n’est pas à prendre à la légère.Si la Beauce s’en tire plutôtbien, l’inquiétude pèse surl’agriculture de moyennemontagne. Le danger vient dela suppression annoncée dela jachère et des quotas lai-tiers notamment, considéréscomme des carcans par laCommission européenne. Ilspermettent toutefois à l’agri-culture à handicap de subsis-ter. « La libéralisation du mar-ché favorisera les gros produc-teurs laitiers comme lesHollandais, explique FrançoisCassany, en 5ème position sur laliste. Conséquence prévisible :

Chaquesemaine,l’hebdofait lepoint sur les

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a région Centre

une baisse des prix. » Cettebaisse condamnera les petitsproducteurs de lait de mon-tagne qui ne survivront passans compensation. « Il s’agitégalement de pérenniser l’éle-vage de vaches allaitantes, unélevage extensif, affirmeFrançois Cassany. De manièregénérale, nous souhaitonsrééquilibrer les aides euro-péennes pour les redistribuer àceux qui en ont le plus besoin.Un éleveur de moutons gagne10 000euros par an,un éleveurde bovins tourne autour de20 000 euros. Alors que lesrevenus des céréaliers sontcompris entre 40 000 et60 000 euros, les aides nesont pas faites pour aiderceux qui en ont le moinsbesoin mais les plus défavori-sés. » Les députés socialistesmettent également l’accentsur les productions de leurterritoire, riche en AOC et enlabels rouges. « Il nous fautprotéger nos appellations,

prévient François Cassany,face au risque d’uniformisa-tion des goûts prônée par laCommission libérale, et quenous refusons totalement.

• L’industrie automobileen péril

Bien sûr il y a des pôles d’excel-lence et de compétitivitécomme la cosmétotextile (tex-tiles innovants).Mais il y a sur-tout de multiples sous-trai-tants de l’industrie automo-bile qui, en cascade, déclen-chent des plans sociaux :Forecreu, Valeo, JPM serrures,Omega (jantes), ou du chô-mage partiel, Michelin,Dunlop… Pour le seul cas del’Auvergne, 598 emplois vontdisparaître en 2009, plus dudouble, 1367, sont en balance.Ces fermetures ne sont pasuniquement dues à laconjoncture. « Veyance (fabri-cation de soufflets en caout-chouc) a annoncé sa ferme-

ture àMontluçon,mais va ren-forcer son usine de Slovénie,détaille François Cassany.Bréalu (équipementier pour lesecteur automobile) va licen-cier 110 personnes, mais aconstruit une usine enRoumanie. ». Pour le candidataux élections européennes, ilfaut se battre contre de tellesdélocalisations masquées. « Ilfaut une législation socialeeuropéenne, affirme-t-il, pouréviter ce dumping social. Ilfaut instaurer un SMIC euro-péen, équivalent à 60 % dusalaire médian, pour qu’on nenivelle pas vers le bas le droitsocial en Europe. Il en va del’intérêt général, celui de nossalariés en France mais égale-ment des salariés roumains ouslovènes. »

Stéphanie Platat

sur lesgrandsenjeuxdesEurorégionsCentre

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L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 2 MAI 2009

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Tête de liste de l’euro-région Centre-Limousin-Auvergne,HenriWebers’est engagé dans une campagne de proximité où il multiplie chaque jourles rencontres.Une campagne optimiste pour faire connaître l’Europe dontrêvent les socialistes.

Comment entamez-vous cettecampagne sur le terrain ?J'ai fait le tour des treizedépartements qui constituentla grande euro-circonscriptionCentre-Limousin-Auvergne.Ma pré-campagne a pour butde mobiliser nos militants etnos élus. De sensibiliser aussiles électeurs par des interviewsaux télés et aux radios localeset des articles dans la pressequotidienne régionale.Chaque jour, j'arrive dans unenouvelle fédération, je rencon-tre les élus et les responsablessocialistes pour prendreconnaissance des dossiers.Puis je visite avec certainsd'entre eux une entreprise(Thalès, par exemple, à

Vendôme, Loiret) ou uneexploitation agricole (à St-Germain-Beaupré, dans laCreuse) ou encore un établis-sement scolaire (le CFA deTours Nord en Indre-et-Loire),un hôpital (celui du Puy-enVelay)... Je rencontre des syn-dicalistes, salariés ou paysans.Mes neuf colistiers s'activentaussi beaucoup dans leursdépartements et leur région.En soirée, je rencontre lesmilitants. Ceux qui veulentsuivre mes pérégrinationspolitiques peuvent consultermon « Journal de bord » sur :http://www.changerleurope.fr/journal-de-campagne-d-henri-weber/. Ils peuvent aussi, s'ils ledemandent, le recevoir parmail ([email protected]).

Sur quels points du Manifestoallez-vous insister ces pro-chaines semaines ?Sur notre grand plan derelance de l'activité écono-mique, de l'ampleur de celuid'Obama, pour sortir de lacrise et défendre l'emploi. Etsur le Pacte de progrès social,en vue de soutenir la consom-mation populaire, principalmoteur de la reprise.

Quelles seront les étapes mar-quantes de votre campagne ?Notre campagne proprementdite va vraiment démarrer lelundi 4 mai avec le meetingnational de Martine Aubry àClermont-Ferrand. J'y ai invitéMartin Schulz, leader dessociaux-démocrates allemandset président du groupe parle-mentaire socialiste auParlement de Strasbourg.En mai, plus d'une vingtainedemeetings sont organisés. Lacaravane du MJS-Centre, par-tie de Tours dès le 21 avril, vaparcourir les 13 départements,en six semaines. Je serai pré-sent dans toutes les grandesmanifestations (Printempsde Bourges, EuropaVox àClermont-Ferrand,...) et dans lesnombreux débats contradic-toires organisés par les médias.Chaque section socialiste s'estengagée à mettre sur pied uneou plusieurs initiatives. Toutcela sera relayé sur notresite http://www.changerleurope.fr/centre/, magistralementanimé par ChristopheDesportes-Guilloux et JérômeBornet.

Propos recueillis parAriane Vincent

« Un plan de relance del’ampleur de celui d’Obama »

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En meeting ÉLECTIONS EUROPÉENNES ■ Actualités

C’est parti !Lancement de la campagne dans la ville de Jaurès, à Toulouse, à la Halle aux grains, avec des militants très enthou-siastes et des candidats des 27 partis socialistes européens. Accueillis par Pierre Cohen, le maire de la ville rose, cettesoirée était placée sous le signe de l’espoir, celui de faire changer l’Europe, pour qu’enfin, l’Union soit le premier vec-teur de la justice sociale. Outre les têtes de listes européennes, Poul Nyrup Rasmussen, le président du PSE, MartinSchulz, le président du groupe socialiste au Parlement européen, Georges Papandréou, le président de l’Internationalsocialiste, Zita Gurmai, présidente du PSE femmes et la Première secrétaire, Martine Aubry, ainsi que le directeur dela campagne en France, Jean-Christophe Cambadélis, étaient réunis pour transmettre leur volonté de voir l’Europebasculer à gauche le 7 juin prochain.

Le 24 avril, les socialistes de toute l’Europe étaient réunis à Toulouse pour le lancementde la campagne européenne du PS.Dans une ambiance festive et chaleureuse, tous ontréaffirmé leur volonté de changer l’Europe. Récit en images.

« Une Europe fraternelle,humaniste et juste »

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L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 2 MAI 2009

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Georges Papandréou,président del’Internationalesocialiste (IS)

« Toutes les forces démocratiqueset progressistes de la planète,de la grande famille del’Internationale socialiste,que je représente ici, sontsolidaires envers les socialisteseuropéens dans leurs efforts,dans nos efforts d’instaurerune nouvelle organisationdémocratique de notre société.Elles attendent la victoire dela social-démocratie en Europepour contribuer au renforcementdu mouvement progressistemondial, un autre modèleéconomique et politique estpossible. C’est un défi historiquepour nous tous, on va réussir. »

C ette Europe nouvelle,libérée de la guerre,mais aussi de la bruta-

lité d’un capitalisme financier,un siècle après, c’est à nous dela construire. C’est le messagede Toulouse, le message duParti socialiste français, lemessage du Parti socialisteeuropéen, le message qu’at-tendent des millions de per-sonnes. Oui, le 7 juin, nouspouvons changer l'Europe enchangeant de majorité auParlement européen. La voilà,l'Europe nouvelle !Alors oui, il nous faut voir selever une nouvelle générationqui retrouve l’idéal européen.(…)Oui, il faudra relever ce défi duchangement. La colère montepartout, il y a urgence.Les raisons de la colère, nousles connaissons bien : unepolitique inefficace et injuste.Il va falloir le faire ce bilan duprésident de la République :

inefficace, et tellementinjuste.Voilà les raisons essentiellesde la colère dans notre pays.La colère contre ce bouclierfiscal qui est un bouclier pourles plus riches et qu’il ne veutpas remettre en cause. Lacolère aussi pour ce pouvoird’achat. Nous avons rencontréencore beaucoup de salariésce matin qui nous ont dit qu’ilétait si difficile de joindre lesdeux bouts. La précarité pourles jeunes. Quand un pays nesait pas faire sa place à desjeunes, c’est qu’il ne va pasbien du tout. Et cette sourdeangoisse pour les personneslicenciées.Les atteintes aux libertés, lesvoilà les raisons de cettecolère dans notre pays, maisaussi de cette désespérance,cette souffrance, et c’est pourcela que nous devons agirpour dénoncer, bien sûr, maisaussi pour proposer.

Retrouvez l’intégralitédu meeting surwww.changerleurope.fr

Actualités ■ ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Extraits du discours de Martine Aubry

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(…)Je le dis souvent, mais je leredis au président de laRépublique : il n’y a pas d’or-dre sans justice. Et dans unpays qui accroît les injusticestous les jours, qui fait voterdes lois parce qu’il y a desbandes dans les quartiers etqu’on ne fait pas voter de loispour empêcher les bonusscandaleux, alors oui, il n’y apas d’ordre sans justice.(…)Notre Europe, c’est celle qu’ontrouve dans leManifeste : c’estcelle qui crée des emplois,qui aune véritable politique indus-trielle, une politique agricole,qui sait financer pour demainl'Europe de l’intelligence, de larecherche. C’est une Europejuste qui répartit différem-

ment les fruits de la crois-sance, grâce à des salairesminima que nous proposons.C’est une Europe qui portehaut l’émancipation de cha-cun. Oui, nous défendons lesservices publics, nous voulonsune directive générale qui lessacralise, car c’est cela, porterau plus haut l'Europe, parl’éducation, le logement, lesservices publics...(…)Nous voulons que l'Europesoit porteuse de paix, d’autresrapports entre les hommes,porteuse des droits del’homme. Il n’y a pas de projetde gauche sans un projetpour l'Europe, une Europe fra-ternelle, humaniste, juste.C’est cela que nous défen-drons le 7 juin. �

Poul Nyrup Rasmussen : « Dans la tête des travailleurs,des gens partout en Europe, il y a un nouvel espoir, unenouvelle ouverture pour nos idées, une nouvelle chance :nous sommes les chances progressistes et nous devonsdonner une direction progressiste en Europe d’abord. Pourl’emploi, la justice, une mondialisation plus équitable, pourun monde plus juste... Maintenant, c’est le travail, mainte-nant c’est la campagne, et maintenant, c’est la patience,parce que gagner, ce n’est pas quelque chose d’automa-tique, gagner, c’est du travail. C’est être heureux aussi. Ilfaut parler de la crise, mais dire que ce n’est pas nous qu’ilfaut critiquer, c’est la spéculation. »

Martin Schulz : « Nous avons une Commission à Bruxelles quia mené l’Europe dans un désastre. Nous avons encore 45 jourspour bouger l'Europe à gauche ! C’est notre objectif. (…)Il faut qu’une majorité de la gauche fasse un point à la lignedans la politique des deux décades qui a mené l'Europe dansle désastre. Oui, vous avez tout à fait raison, l'Europe àgauche ! »

Des militantsenthousiastes

Munis de banderoles aux couleursde la campagne, « Les citoyensd’abord », près de 2000 personnessont venues soutenir chaleureuse-ment le lancement de la campagnedes socialistes européens. CommeSamia et son mot d’ordre « L’Europeà gauche, ici et maintenant »ou Anton : « Nous avions besoind’un événement fort pour montrernotre détermination. Nous pouvonsêtre fiers de cette soirée quimarque l’espoir de voir enfinle « poing et la rose » majoritaireau Parlement européen. »

Poul Nyrup Rasmussen, présidentdu PSE et Martin Schulz,président du groupe socialisteau Parlement européen

Pages réalisées par Ariane Vincent

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L’HEBDO DES SOCIALISTES n 24 MAI 2008

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Territoires � FACE À LA CRISE

L’HEBDO DES SOCIALISTES �2 MAI 2009

Àl’heure où le pays tra-verse l’une des crises lesplus dures de son his-

toire, les conseils générauxredoublent d’efforts pour évi-ter qu’elle ne produise deseffets irréversibles sur l’écono-mie, l’emploi et le tissu social.Rien ne doit être négligé. Etsurtout pas les efforts d’inves-tissement et d’aménagement,indispensables en ces temps sidifficiles.

Réponse

En Ardèche, comme sur lereste du territoire, le secteurdu BTP subit de plein fouet lesconséquences du marasmeimmobilier et financier. Aupoint que l’activité des entre-prises du secteur est en chute

libre. Dans le même temps,plusieurs groupes industrielsont connu une baisse de pro-duction importante. « Partout,des entreprises ont recours auchômage technique, lorsqu’ilne s’agit pas de vastes plans delicenciement, ou de nonrenouvellement de contratsd’intérim, déplore PascalTerrasse, président du Conseilgénéral. Des annonces simi-laires se succèdent : baisse deproduction de 40 % pour leséquipementiers automobiles,arrêt momentané de la pro-duction dans des PME. » Avecdes conséquences souventbrutales pour les salariés, lessous-traitants et les catégoriesles plus fragiles. Face à l’incuriede l’État, Pascal Terrasse et sonéquipe ont pris les choses en

main. « La réponse à la crise,c’est l’investissement, martèlele député. Appuyer sur lapédale de frein dans cecontexte serait une erreurmajeure dont nous payerionslongtemps le prix ! » D’où lavolonté de l’élu d’engager lacollectivité dans un plan anti-crise d’unmontant de 106mil-lions d’euros, au profit desentreprises, des commandes,de l’emploi et dumieux être dela population locale.

Urgence sociale

Plus au sud,c’est 1milliardd’eu-ros que le Conseil général desBouches-du-Rhône a mobilisécontre la crise. Le bâtiment y asubi une véritable saignée,dans des proportions similairesà celles de l’Ardèche. Côtéindustrie, c’est aussi l’héca-tombe. Le nombre d’intéri-maires est passé ainsi de 5 000à 4 000 depuis la rentrée.Preuve que le pays est mainte-nant en pleine récession.« Soutenir l’activité pour sau-ver les emplois d’aujourd’hui etpréparer les emplois de

Dans un contexte de crise, la tentation pourrait être degeler les investissements. Pour les socialistes, ce serait aucontraire une erreurmajeure. L’investissement s’imposemême comme la seule réponse à la crise. La preuve avec lespolitiquesmenées en Ardèche et dans les Bouches-du-Rhône.

Investir pour s’en sortir

Isère : priorité à l’emploi

Le département de l’Isère vient de se doter d’un plan exceptionnel de soutienà l’emploi. Façon,pour l’exécutif piloté par André Vallini, de booster les entre-

prises locales en les aidant à affronter la crise. Montant de l’opération : 26 mil-lions d’euros destinés aux artisans et autres PME du secteur du bâtiment et destravaux publics. Ce dispositif doit aboutir au lancement de 395 chantiers dans ledomaine du logement, de l’entretien des locaux départementaux, des collèges etde la voirie, en plus des travaux communaux et intercommunaux d’assainisse-ment, d’économies d’énergie, d’accessibilité et d’amélioration des équipementsscolaires, sportifs ou administratifs. Le tout, sans augmenter le poids de la fis-calité, aumoment où les entreprises et les ménages subissent des pressions detoutes parts. B.T

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demain, c’est la manière defaire face ! », estime Jean-NoëlGuérini, président du Conseilgénéral. Premier donneur d’or-dre de tous les départements,avec près de 480 millions d’eu-ros d’investissements produc-tifs, en 2008, celui-ci s’estengagé dans un plan quin-quennal de 500millions, répar-tis entre les infrastructuresroutières, le soutien aux projetsde la Communauté urbaine deMarseille, les transports et lecadre de vie. Il entend égale-ment renforcer le dialogueavec les acteurs économiques,via un comité d’experts« chargé de nous éclairer surles projets susceptibles deconforter l’avenir de notredépartement », selon les pro-pres termes de Jean-NoëlGuérini. Lequel n’a pas hésité àrevoir à la hausse le Fonds desolidarité logement (+ 1,5 mil-lion) et à doter les grandesassociations caritatives d’unplan d’aide exceptionnel de600 000 euros . Car le soutienaux plus démunis doit resterune priorité.

Bruno Tranchant

En Aquitaine, des aidespour les aides-soignants

Les Français n’attendent pas seulement une réponseou un complément au plan de relance annoncé par le

chef de l’État. Ils guettent des réponses adaptées à leursbesoins. L’exemple vaut, en particulier, pour les poli-tiques de santé publique. L’État se désengage, alors lescollectivités prennent le relais.La Région Aquitaine assure ainsi la gratuité des forma-tions d’aides-soignants. Le 19 décembre dernier, AlainRousset, président de l’exécutif, William Sarraute, patrondu Conseil d’administration de l’Assedic Aquitaine etMichel Gaussens, vice-président, signaient une conven-tion qui en validait le principe, à l’adresse des deman-deurs d’emploi. Ici, comme sur le reste du territoire, lebesoin d’aides-soignants se fait de plus en plus pres-sant. Et la gratuité indispensable, à l’heure où les coûtsdes formations - 3 500 euros pour dix mois - sans priseen charge par l’État, constituent un obstacle souventinsurmontable pour les plus modestes. « Ces diplômes

débouchent directementsur des emplois qualifiéset durables, notammentde services de soins auxpersonnes, assure leConseil régional. Or lamajorité des stagiairesest issue des catégoriespopulaires, pour un tauxde retour à l’emploiproche de 100 %. »Ce partenariat est le fruit

d’une action concertée de longue date. « La politiqued’égalité des chances, développée depuis 1998 par laRégion prend ici, avec le concours de l’AssedicAquitaine, une réalité concrète », se félicite AlainRousset. Au total, la contribution des deux acteurs insti-tutionnels pour la formation de 1 190 aides-soignantss’élève à 3,5 millions d’euros pour 2009, soit 2,6 millionspour la collectivité et 900 000 euros pour son alliée, horsrémunération des stagiaires. Un remède efficace.

Bruno Tranchant

La preuvepar l’exemple

AlainRousset,présidentde la régionAquitaine

Desformationsdiplômantesquidébouchentsur desemploisdurables.

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Territoires � FACE À LA CRISE

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 2 MAI 2009

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Miser sur le travail social.C’est le pari du Conseilgénéral de Gironde pourfaire face à la crise et créerdes emplois.Une politiquequi donne de vrais résul-tats, malgré le désengage-ment croissant de l’État.

La crise ne doit pas tournerà la crise de nerfs. Voilàpourquoi Philippe Ma-

drelle et les élus du Conseilgénéral de Gironde ont optépour un budget « prudent etresponsable ». À l’instar desautres départements, l’exécu-tif doit faire face à une baissedes droits de mutations,importante source de revenuspour les collectivités, passéede 182 millions, en 2007, à 170millions d’euros, l’année sui-vante, et une décroissance quise poursuivra en 2009, avec166 millions estimés.

1000 assistantes sociales

Côté emprunts, le faibleniveau de liquidités s’ajoute àune majoration des margesbancaires conduisant à unehausse des frais financiers. Letout, conjugué à la baisse desdotations de l’État et un trans-fert de charges non compenséqui occasionnent un manqueà gagner de 109 millions d’eu-ros pour la période 2004-2007.« Non seulement nous assu-mons, mais nous pouvons le

dire très clairement, lesdépenses sociales telles quenous les gérons sont généra-trices d’emplois, soulignePhilippe Madrelle. À chaquefois que j’inaugure une mai-son de retraite, ça veut direque le Conseil général a injectépas moins de 10 millions dansl’artisanat local du BTP et créé50 emplois nouveaux ». Milleassistantes sociales exercenten Gironde, tandis que l’APA etla Prestation de compensationdu handicap génèrent à ellesseules trois millions d’heuresd’activités par an. « Ce sont devrais emplois, durables, solva-bilisés par la collectivité dépar-tementale et non délocalisa-bles, ajoute l’élu qui n’a jamaiscessé de soutenir l’investisse-ment : 283 millions d’eurossont consacrés ainsi à ce postedans le cadre de l’exercice encours, contre 243 millions, en2008. Manière, pour l’actuelle

majorité,demaintenir un tauxde réalisation élevé, tout enstabilisant la pression fiscale(+ 1%pour lesménages,+ 1,5%pour la taxe professionnelle).

Tiroir-caisse

Le département n’en est pasmoins contraint de recourir àl’emprunt pour maintenir lecap,après avoir longtemps pré-servé ses marges d’autofinan-cement. Et contribuer ainsi à larelance de l’économie locale, àl’heure où la dette de l’État àl’égard de la Gironde s’élève à150 millions d’euros. « Nousn’avons pas attendu les préco-nisations du gouvernementpour agir, conclut PhilippeMadrelle. Mais qu’il cesse denous considérer non commeun partenaire,mais comme untiroir-caisse ! L’Histoire serajuge de nos actes ! »

Bruno Tranchant

Gironde : travail social,emploi durable

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BRÈVES � Territoires

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TVA : Saint-Étienneveut une dérogationAprès le rejet par leministre de laRelance, Patrick Devedjian, de lademande de dérogation de lamunicipalitédeSaint-Étiennequisouhaite bénéficier du rembour-sement anticipé de la TVA, sonmaire, Maurice Vincent, devait ànouveau saisir le gouvernementpourobtenir uneprise en compteparticulière de la ville. « Cettemesure du plan de relance nouspermettrait de réaliser un inves-tissement supplémentaire de7 millions d’euros en 2009,estime l’élu. Cette décision,approuvée en conseil municipal,répond à la volonté de soutenirl’économie locale et de mener àbiendesprojetsd’investissementsupplémentaires ».

Strasbourg,modèlede gestion

Pas ques-tion detoucher àl’impôt. Àl’heure oùles arbi-t r a g e ssont tom-

bés et le budget voté, le mairede Strasbourg, Roland Ries, res-pecte ses engagements : « Lesinvestissements que nous avonsprivilégiés doivent apporter desréponses concrètes aux attentesde l’ensemble de la populationstrasbourgeoise. Nous avonsdonc décidé de créer les condi-tions pour être en prise directeavec les citoyens. » Lemaire rap-pelle également les secteurs

prioritaires de l’exercice encours :droits et services à la per-sonne, action sociale, aide à lapetite enfance, sport, jeunesse,école, vie associative et inser-tion. « Cette nouvelle vision dela dépense publique s’appliquenaturellement au fonctionne-ment interne à la collectivité :nos dépenses de personnel sontcontenues, le taux de croissancedes dépenses de communica-tion sera nul pour l’année 2009et les dépenses de réceptiondiminueront de 2 % », conclutRoland Ries.

Un plan anti-criseen CorrèzeLe président du Conseil généralde Corrèze, François Hollande, aannoncé, fin mars, le lancementd’un plan anti-crise pour sondépartement. Avec, à la clé, une

enveloppe de 25millions d’eurosaffectée aux transports routiers,aux bâtiments communaux,aux logements sociaux, ainsiqu’aux investissements propresaux maisons de retraite. Cesinvestissements, programméspréalablement pour 2010 ou2011, seront réalisés par antici-pation, d’ici la fin de l’année. Ce,afin de relancer l’économielocale et d’anticiper une hausseprévisible du chômage enCorrèze.

Bruno Tranchant

Un chèque initiative en LorraineLa Région Lorraine a pro-cédé au lancement duChèque initiative Lorraine(CIL) visant à financer desprojets associatifs deproximité dans lesdomaines de l’intégrationet du lien social. Depetites opérations ayant

un impact direct sur la vie locale peuvent ainsi faire l’objet d’unsoutien pour un montant maximum de 500 e. Toutes les associa-tions sont concernées, à commencer par celles qui ne fonctionnentqu’avec des bénévoles, ayant un impact sur la vie locale, et les pro-jets élaborés en direction des publics les plus fragiles (personnesâgées ou handicapées, jeunes, population vivant en milieu rural…).Financé par le Conseil régional et la Caisse d’Épargne, via un fondsde 200 000 e qui permettra de financer 400 projets associatifs, cedispositif a abouti à la présentation de 218 dossiers, pour un mon-tant global de 98 237 e.

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vie du parti � ACTUALITÉS

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 2 MAI 2008

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Repenser la police« La police doit demeurerune institution publique,parce que la sécurité est undroit constitutionnel acces-sible à tous et plus particu-lièrement, aux plus dému-nis ». Les militants PS duministère de l’Intérieur et dela préfecture de police deParis se sont dotés d’un sitevisant à « relayer le projetcollectif mené par le Partisocialiste pour construire lapolice de demain », selonles propres termes de PierreWillem, secrétaire de sec-tion du ministère.(http://www.interieur.parti-socialiste.fr/). Leur objectif :

veiller aux besoins de lapopulation, en assurant uneprésence « constante et suf-fisante », en redéfinissantles missions policières,« aussi bien préventives querépressives », et en luttantcontre le crime organisé.

Une ou desEurope(s) ?Ardents défenseurs du pro-cessus de construction euro-péenne, les socialistes onttôt fait d’affirmer leur voca-tion « internationaliste ».Les militants se sont d’ail-leurs ralliés majoritairementau processus d’unification,après le Traité de Rome,

avant d’afficher leurs divi-sions. Preuve qu’il n’existepas une « Europe des socia-listes, mais des Europe(s)chez les socialistes »,résume Laurent Jalabertdont la contribution serévèle particulièrement utilepour saisir les approches quiopposent « fédéralistes »,tenants d’une Europe ambi-tieuse, et « jacobins », peuen accord avec l’idée d’uneUnion qui concède trop decompétences à des ins-tances supranationales.

Laurent Jalabert, Les socialistes etl’Europe (1958-2008),L’Encyclopédie du socialisme,novembre 2008, 125 pages, 7,5

Veille sur les droitsde l’homme

À l’initiative dePouria Amir-shahi, le secré-tariat nationalaux droits de

l’homme s’est doté d’unenewsletter. Dans le numérodaté du 22 avril, il y dénoncela « directive retour » qui nerespecte pas les droits despersonnes en situation régu-lière et ne prévoit aucunedisposition pour les plus vul-nérables. « En portant ledélaimaximal de rétention à18mois, l’UE légitime un sys-tème d’enfermement orga-nisé qui génère en outre desdépenses importantes pour

l’État », déplore le SN auxdroits de l’homme. Un com-ble, lorsqu’on sait que la plu-part des personnes incarcé-rées n’ont commis aucuneautre infraction que celled’être en situation irrégu-lière. Pour plus d’informa-tions :[email protected]

L’économieautrementLe SN à la poli-tique industriel-

le, aux entreprises et auxnouvelles technologiespublie, lui aussi sa lettre.L’occasion, pour GuillaumeBachelay, de présenter les

contours d’une alternativeau libéralisme « court-ter-miste », qui transite par lamise en œuvre d’un « nou-veau modèle de développe-ment à la fois économiqueet écologique, technolo-gique et social ». Et de pas-ser au peigne fin les proposi-tions socialistes pour lafilière automobile. Un nou-veau numéro sera publié àla mi-mai. Avec, en ligne demire, un séminaire d’étudeprogrammé le 27 juin sur lesnouvelles formes d’organi-sation des PME et la démo-cratie sociale.Contact :[email protected]

Bruno Tranchant

Sur le Net…@

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 2 MAI 2009

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La question des rapports entresocialisme et liberté est-elleune constante dans l’histoiredu mouvement socialiste ?Elle est posée très tôt. Le socia-lisme est né d’une constata-tion et d’une révolte. D’uneréaction contre la misère, lechômage, la faim, l’exploita-tion, le refus des privilèges -donc d’une revendication éga-litaire - et contre l’absence deliberté.Comme l’a écrit Léon Blum,« sa doctrine est économiqueplutôt que politique ». Sansdoute parce que l’économieconditionne tout ou presque :l’économie et les faits écono-miques, c’est-à-dire « lesformes de la propriété, les phé-nomènes de production,d’échange et de distributiondes denrées. » Malgré tout, ladimension politique - et philo-sophique - n’est évidemmentpas absente des revendicationsavancées par les socialistes.

La servitude vient de l’écono-mie, de l’argent, de la nais-sance. Et les socialistes enten-dent - dans cette période où lamisère est visible, où les condi-tions de travail sont pénibles,où la faim et les maladies sontdes fléaux - ne pas s’adresser à« l’animal humain, à la bêtehumaine » mais, pour repren-dre un texte de Léon Blum, « àce qu’il y a de plus pur, de plusélevé dans l’homme : l’espritde justice, d’égalité, de frater-nité. Dans l’esclave opprimé,nous voulons susciter cettemorale nouvelle qui s’éveilleavec la liberté ». « La liberté ducorps entraîne celle du cœur etde l’esprit », précise-t-il encore.Liberté... Le mot est présentdans nombre des écrits despenseurs socialistes del’époque.

Qui au juste est « libre » danscette société du XIXe siècle ?Dans leur ensemble, les socia-listes pensent que la libertéest différente selon que l’onsoit riche, puissant, cultivé, ouqu’on ne soit rien. Ils sontconvaincus qu’elle n’existe quepour le premier et que pour lesecond, c’est-à-dire l’immensemajorité de la population, elleest tout entière à créer.Les bénéficiaires du systèmecapitaliste opposent le mot« liberté » à toutes les reven-dications populaires, et donc àtous les progrès sociaux. Car,finalement, tout progrès,toute réforme, toute avancée

dérangent toujours la liberté...de quelques privilégiés.À ce niveau, intervient bienévidemment l’État, dont ledevoir, pour les socialistes, estbien tracé : intervenir au nomde l’intérêt commun. Ils sontmajoritairement convaincusqu’il faut réformer l’État : c’estle but de leur combat poli-tique. Pour ce faire, ils préconi-sent la lutte électorale, mêmes’il y a entre eux un débat surla question d’un État garant etpromoteur des libertés. Ettoutes les opinions sont repré-sentées, de Proudhon à LouisBlanc, de l’anarchie mutualisteà l’organisation de l’économiepar l’État.

Le vieux débat « démocratieformelle, démocratie réelle »,peut-il être transposé à pro-pos de la liberté ?Les socialistes en sontconvaincus, comme ils sontpersuadés que dans le sys-tème capitaliste, la démocratieréelle n’est qu’un mythe,qu’une fable. Qui dispose, parexemple, d’argent pour propa-ger ses idées, acheter et créerdes journaux, se faire élire, etdonc diriger la France ? Mêmechose pour la liberté. À la findu XIXe siècle,dans son Essai decatéchisme socialiste, JulesGuesde développe ce point :les diverses libertés, ou plusexactement fractions de laliberté, ne sont que de simplesdroits, et « les droits, sans lesmoyens de les faire valoir,

Histoire � SOCIALISME ET LIBERTÉ

La question des rapportsentre socialisme et libertés’est posée très tôt.Touteavancée transite par une

réforme del’État, au nomde l’intérêtcommun. Unentretien avecDenisLefebvre,Secrétairegénéral de

l’OURS (Office universitairede recherche socialiste).

Les chemins de la liberté

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constituent autant de men-songes ».

Que retenir, finalement, de cedébat sur la liberté dans lemonde socialiste, multiple etvarié, de cette époque ?Les socialistes font leur larevendication de liberté, unerevendication fondamentale,partant d’un constat de lasociété,et échafaudant un sys-tème futur idéal qui, seul, per-

mettra de réaliser la vraieliberté. Cette liberté, dans lasociété de leur temps, ne peutpas être réalisée, établie. Toutau plus pourra-t-on faire, parl’action quotidienne, par l’édu-cation, quelques progrèsautour de ce mot d’ordre, decette revendication supé-rieure. Mesures qui prépare-ront l’avenir.

Propos recueillispar Bruno Tranchant

Vers le bonheurcommun

« Le socialisme a pour but le bon-heur commun, c’est-à-dire lasatisfaction de tous les besoinsphysiques, intellectuels etmoraux, autrement dit, la vie laplus conforme à la nature del’homme, par le développementlibre et régulier de l’être, estimeDenis Lefebvre. Il réalise lamaxime révolutionnaire : liberté,égalité, fraternité, mais aussil’unité totale, c’est-à-dire l’iden-tification parfaite de tous lesintérêts et de toutes les volon-tés ». Toute production étant fon-dée sur le travail, tous ceux quiusent des produits sociaux doi-vent prendre part au travail, en serépartissant librement entre lesfonctions qui contribuent à l’acti-vité commune, poursuit l’histo-rien.Donc, la collectivisation desmoyens de production etd’échange, la socialisation estindispensable, nécessaire. JeanJaurès écrira en décembre 1898 :« Les socialistes (…) savent quel’appropriation collective desmoyens de production est prépa-rée par le grand mouvementcapitaliste, et ils savent aussique seule cette appropriationcollective permettra, dans lesconditions de la techniquemoderne, d’universaliser la pro-priété, c’est-à-dire la liberté ».

ÉcLairaGePour Jules Guesde « les droitssans les moyens de les fairevaloir constituent autant demensonges »

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Culture � À VOIR, À LIRE

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 2 MAI 2009

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LIVRESCINÉMA

Coup d’œildans le rétro

En ce début de XXIe siècle, etaprès trois défaites consé-

cutives aux élections prési-dentielles, la gauche a dumalà trouver un nouvel essor luipermettant à la fois de ne

plus subir l’agenda imposépar Nicolas Sarkozy et lesattaques répétées d’uneextrême gauche radicale quijoue un jeu complexe avec ladroite au pouvoir. Il est tempspour la gauche de se penchersur son histoire.Assez critique contre unegauche qu’il trouve impuis-sante, l’auteur en appellenotamment à Pierre MendèsFrance, qui, beaucoup cité(même par Jean-PierreRaffarin!), n’est plus suffisam-ment lu. « Ceux qui veulentconjuguer l’égalité et laliberté doivent toujours met-tre et remettre au premierplan le souci de l’exigence dela démocratie politique »,écrivait celui qui fut le plusimportant Président duConseil de la IVe République.

Une famille japonaise

Still Walking met en scèneune famille japonaise

éprouvée par la mort de l’unde ses membres. À l’occasionde la commémoration decette disparition, toute lafamille se retrouve sous lemême toit. Les difficiles rela-tions entre parents vont pro-gressivement poindre jusqu’àtransformer les non-dits etviolences sourdes en franchesaltercations.Mais ce film resteavant tout réservé et délicat. Ildéploie en toile de fond demagnifiques plans sur les cou-tumes et pratiques nipponnes

aussi bien culinaires que reli-gieuses, et s’interroge sur lerapport complexe entre lacommunauté, l’individu etl’isolement. Il est facile de selaisser porter par ces person-nages, ces scènes suspenduesqui nous révèlent le mystèredes relations familiales. Unthème universel. J.P.Still Walking, film japonaisd’Hirokazu Kore-Eda, 1h55.Sortie : 22 avril

Photographe décisif

Àl’occasion du centenaire desa naissance, la Maison

européenne de la photogra-phie rend hommage au bril-lant photographe françaisHenri Cartier-Bresson.

Pionnier du photojournalismeet fondateur de l’agenceMagnum Photo, ses photogra-phies réalisées entre 1931 et ledébut des années 1970 figentles évènements majeurs et lavie quotidienne au XXe siècle.Des chauffeurs de taxi de

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EXPO

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À VOIR, À LIRE � Culture

Pages réalisées par Thomas Colognac, Julia Pasquel, Corentin Segalen et Bruno Tranchant

BDUne vie dans lescases

On dit que les romans - fus-sent-ils graphiques – ser-

vent à cacher un secret, unefaute, une erreur, une faille…Le sentiment laissé à la lec-ture de Ma vie mal dessinée,c’est au contraire que Gipi,l’auteur, a creusé dans sesdouleurs les plus profondes.Son trait noir, fragile, griffe lepapier. La vie réelle n’estqu’esquisses et lorsque lacouleur apparaît, c’est para-doxalement pour décrire sescauchemars : longtemps lespeurs se sont superposées etimposées au réel ; ellesseules étaient nettes quandla vie demeurait encore floue.Gipi offre une autobiographieémouvante au dessinsuperbe. En se mettant à nu,il livre un destin, le sien,contrarié par la lâcheté, la cul-

pabilité, la fuite, la maladie…Le sujet est grave,mais le pro-pos reste volontairementléger. Gipi décrit avec justesseet humour ce territoire oùalternent sensations de force,d’immortalité et découvertede la faiblesse. Avec cettenouvelle œuvre, il confirmequ’il est l’un des auteursmajeurs de la bande dessinéeet sans doute davantage. T.C.Gipi,Ma vie mal dessinée, éditionsFuturopolis, 139 pages, 20 euros

Une leçon précieuse en cestemps de crise économique,politique et démocratique.

C.S.Vincent Duclert, La Gauche devantl’Histoire, Le Seuil, 2009, 161 pages,15 euros

« Le caillou »mis à nu

Voici l’histoire revisitée de laNouvelle-Calédonie, terre

d’Océanie, où les Accords deMatignon-Oudinot de 1988,suivis dix ans plus tard del’Accord de Nouméa, apportè-rent la paix entre deux forcesantagonistes.Fruit d’un colloque internatio-nal organisé sous la prési-dence de Michel Rocard, l’ou-vrage de Jean-Marc Regnaultet Viviane Fayaud vise très

clairement à faire connaîtreauprès du grand public cette

terre des antipodes, enouvrant des pistes à larecherche. Les intervenants ydémontrent qu’on ne sortjamais vraiment intact ducontact avec cette île sur-nommée « le Caillou ». Ilsnous plongent au cœur de laréalité mélanésienne, sansjamais céder à une suren-chère statutaire ou idéolo-gique. B.T.Jean-Marc Regnault, VivianeFayaud, La Nouvelle-Calédonie.Vingt années de concorde (1988-2008), Publications de la Sociétéfrançaise d’histoire d’Outre-mer,2009, 225 pages, 32 euros

ee-eta.e

Berlin aux mendiants deVarsovie, en montrant les pre-miers congés payés et la libéra-tion de Paris, Henri Cartier-Bresson a capturé la pauvreté,la ruralité,mais aussi l’esprit del’Europe et de la France de cesannées-là. Témoin de l’Histoire,il a capté « l’instant décisif »,l’instant précis où la photogra-phie allie le fond et la forme etsaisit la réalité profonde et sen-sible de la vie. J.P.«Henri Cartier-Bresson, à vue d’œil» àla Maison Européenne de laPhotographie, 5/7 rue de Fourcy,75004 Paris. Tel : 01 44 78 75 00.Jusqu’au 30 août.

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Portrait � BRUNO DELAUNAY

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En 2002, Bruno Delaunay s’encarte.Pas seulement au PS,mais aussi à laCGT. 2002, année d’élection prési-

dentielle, de belles rencontres avec desmilitants, mais aussi et surtout celle dela vente par Alcatel de son usine, dans laManche, à une firme américaine, Sanmina.L’électromécanicien voit dans cette transactionle début de la fin. « L’idéed’Alcatel était de devenir unconstructeur sans usine, ex-plique-t-il. Les patrons ont signéavec Sanmina un contrat d’exclu-sivité de 4 ans et dès lors, nousavions conscience que le compteà rebours avait commencé. »Bruno, comme les autres salariésde Sanmina, avait vu juste. En2006, prétextant des coûts trop élevés, le géantaméricain décide de délocaliser. « On s’estretrouvé avec un plan de charge diminué demoitié », raconte-t-il. Puis en novembre 2007, le« coup fatal » a été porté : fermeture définitivedu site en avril et 300 employés sur le carreau.Pour lot de consolation, la firme propose despostes dans ses usines à l’étranger. BrunoDelaunay se souvient : « Nous avons tous eudes propositions complètement loufoques. Ilsvoulaient m’envoyer aux États-Unis, pour unsalaire annuel de 9000 dollars alors que jegagne ici 1 500 euros parmois.Mais je ne faisaispas partie des plus mal lotis ! À l’un demes col-lègues, on a proposé un job au Mexique, payéune misère, dans une usine qui a fermé troismois plus tard ! » Résultat des courses, pas un

seul n’est parti à l’étranger et 217 dos-siers ont été déposés aux prud’hommes.Mais Bruno Delaunay est en quelquesorte un cas isolé. Membre du comitéd’entreprise, il est, comme le prévoit la

loi, toujours rémunéré par Sanmina jusqu’auterme de sonmandat, en juin prochain.Le grand saut aura lieu dans deux mois. Après

20 ans de bons et loyaux ser-vices, une formation solide etune motivation sans faille, lejeune quadragénaire ne se faitpourtant pas d’illusions.Seul untiers de ses anciens collèguesont retrouvé un emploi, moinsde la moitié dans la région, et lapériode s’annonce encore plusdure qu’il y a quelques mois.

« Je n’ai pas attendu pour faire des démarches.J’envoie des CV, je prospecte, je suis prêt à mereconvertir,mais je n’obtiens rien », raconte-t-il,avant d’évoquer son angoisse de devoir faireface à « de vrais problèmes financiers ». Il est lepère de deux enfants de 4 et 7 ans et son épousequi travaille dans la restauration ne pourra,seule, financer toutes les charges de la famille.Alors Bruno Delaunay insiste : « Honnêtement,je ne vois même pas quelle formation pourraitme faire décrocher un emploi. Vu l’urgence, jeprendrai la première chose que je trouverai. » Ilavoue son inquiétude :« On essaie parfois de nepas y penser, de se dire qu’on va s’en sortir,maison ne maîtrise plus rien, si ce n’est le sens ducombat. »

Ariane Vincent

Déboussolé

À un collègue,on a proposé un jobau Mexique, payé une

misère, dans uneusine qui a fermé

trois moisplus tard !

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