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Territoires Toulouse innove Histoire Tienanmen Portrait Frédéric Engelmann France L’hôpital public en danger Europe Focus sur l’eurorégion Île-de-France Présidence Sarkozy Deux ans, la France à cran Présidence Sarkozy Deux ans, la France à cran N°530 • samedi 9 mai 2009 • 1,5€

hebdo des socialistes n°530

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hebdo des socialistes n°530 http://www.ps-soisy.fr/

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Territoires ■ Toulouse innove ■ Histoire ■ Tienanmen ■ Portrait ■ Frédéric Engelmann

France ■ L’hôpital public en danger ■ Europe ■ Focus sur l’eurorégion Île-de-France ■

Présidence SarkozyDeux ans,la Franceà cran

Présidence SarkozyDeux ans,la Franceà cran

N°530 • samedi 9 mai 2009 • 1,5€

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L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 9 MAI 2009

L’hebdo des socialistes•10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 • Tél. : 01 45 56 78 61•Fax: 01 45 56 76 83(Pour obtenir vos correspondants, composez d’abord le 01 45 56 ou écrire à : [email protected]) DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Maurice Braud

• DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Benoît Hamon • RÉDACTRICE EN CHEF: Ariane Gil (78.61) • RÉDACTION: Bruno Tranchant (77.33). Damien Ranger (76.37), Ariane Vincent(76.20), Fanny Costes (76.32). • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION: Élisabeth Philippe (76.27) • MAQUETTE: Pascale Lecomte (79.44) et Joëlle Moreau (77.16)

• PHOTO : Philippe Grangeaud (76.00) • SECRÉTARIAT: Odile Fée (78.61) • COMPTABILITÉ : Michèle Boucher (79.04) • ABONNEMENT : Sabine Sebah (78-57)• FLASHAGE ET IMPRESSION : PGE (94) Saint-Mandé • ROUTAGE: Inter Routage - 93300 Aubervilliers. N° commission paritaire : 0109 P 11 223)

• ISSN : 12786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications. Ce numéro a été tiré à 203000 exemplaires.

Les rendez-vous ■ DU PARTI

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aGenDa Du ParTiMercredi 13 maiParis, meeting national pourles élections européennesMardi 19 maiMarseille, meeting nationalpour les élections européennesMercredi 27 maiRézé, meeting national pour lesélections européennesJeudi 4 juinLille, meeting national pour lesélections européennes

9h00 � Ouverture de la journée PME9h20 � introduction par Pierre-Alain Weill - Chargédes PME et TPE au parti socialiste9h30 � Nouvelles formes d’organisation des PMEet démocratie socialeDébat animé par Vincent Guibert, spécialiste en organisa-tion et en informatique décisionnelle. Il est l'auteur de« Comment manager ».

11h00 � Innovation et FormationDébat animé par Rémi Benayoun – Chef d’entreprise deformation ; élu PS de Villemomble

12h45-14h � Pause déjeuner

14h15 - développement et exportDébat animé par Laurent Blaizac –secrétaire adjoint duGSE PME/ Commerces spécialiste du financement et de latransmission des pme.

15h30 � Faire coexister les différentes formes decommercesDébat animé par Francis Palombi, responsable d’un grou-pement d’achat pour commerces de chaussures et mem-bre du GSE PME/commerces.

16h30 � Conclusion par Guillaume Bachelay, secré-taire national à la politique industrielle, aux entre-prises et aux NTIC.

LA JOURNÉE PME DU PSSamedi 27 juin 2009 au Musée Social -5, rue Las Cases 75 007 Paris

Suite au colloque de janvier à l’Assemblée nationale sur les PME et la crise, au séminaire de mars surles grandes entreprises, le but de cette journée sera, par une série d’auditions et de débats, de réflé-chir à la sortie de crise et à nos propositions pour les PME, l’artisanat et le commerce de proximité.Inscription obligatoire : [email protected]: 01 45 56 78 86

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■ ÉDITO

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Cela fait deux ans que Nicolas Sarkozy est présidentde la République. On pourrait s’arrêter sur son styleet sa méthode. Les critiques seraient abondantes.Mais l’essentiel est ailleurs. Derrière la communica-tion tous azimuts se cache un échec sidérant.Échec sur le pouvoir d’achat, échec sur l’emploi,échec sur la sécurité. Pas besoin d’être antisarkozystepour constater froidement que les deux premièresannées de la politique du nouveau locataire del’Élysée sont marquées par l’échec et le mensonge.C’est l’absence de résultats qui frappe. Et pour unPrésident qui voulait réhabiliter les notions demérite et de responsabilité, observons que le bien-heureux s’abstient d’appliquer à lui-même les prin-cipes qu’il veut imposer à tous les autres.La crise financière a sans doute incliné davantage lapente. Mais la France était entrée en crise avantmême que ne résonnent les premiers échos du krachdes « subprimes » dont Nicolas Sarkozy vantaitencore les mérites, il y a deux ans, lors de sa cam-pagne présidentielle.Les politiques néolibérales, conservatrices et autori-taires mises en œuvre par Nicolas Sarkozy ont pro-voqué un recul sans précédent de la qualité de la vieet de la confiance en l’avenir en France.Les inégalitésont progressé comme jamais. La précarité et la pau-vreté aussi. Les services publics disparaissent. Lesdroits individuels et collectifs reculent. La violence sediffuse. Il fait aujourd’hui objectivement moins bonvivre en France. Et cela, les Français le doiventd’abord à la politique de Sarkozy et à son incroyablevanité dans l’échec.La France se mure par le recul des libertés. La Francese divise par la perte des solidarités. La France seperd dans les atteintes répétées à la laïcité. La Francemérite mieux. Bien mieux. Aux socialistes, à nous, laresponsabilité de faire du 7 juin prochain une étapede la reconquête !

Actualités FranceHôpital public en danger : «Un textequi brade la spécificité du service public » p.6À Saint-Etienne, CHU en fin de vie p.8Deux ans de Nicolas SarkozyBilan d’un échec p.10Interview de Éric Heyer : «Nicolas Sarkozy est arrivéà l’Élysée avec des idées reçues» p.14Élections européennesÎle-de-France : les défis de l’avenir p.16Harlem Désir : « Proposer une véritablealternative » p.18En meeting : «À Strasbourg, dont le cœur bat aurythme de l’Europe » p.19Territoires face à la criseToulouse : le Capitole ne capitule pas p.20Vie du PartiImmigration : interview de Sandrine Mazetier p.22HistoireIl y a vingt ans, Tienanmen p.24L’invitéFrédéric Engelmann p.28

■ sommaire

Benoît Hamon,Porte-parole du partisocialiste

Deux ans, un échec sidérant

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Actualités � EN BREF

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

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EmploiLes intérimaireséjectablesEntre décembre 2007 et décem-bre 2008, le nombre de travail-leurs en intérim a chuté de21,2%. Soit plus de 139 000postes supprimés. En situationprécaire, ils sont la premièrevariable d’ajustement pour lesentreprises en difficulté. Sanssurprise, la baisse la plus impor-tante (33%) a été constatée dansl’industrie.

PrisonsLe ras-le-boldes gardiensDix suicides de surveillants deprison depuis le début de l’an-née. Les conditions de travaildes gardiens dans les établisse-ments pénitenciers français necessent de se dégrader. En causela surpopulation qui nuit à lafois aux détenus mais aussi auxsurveillants, crée des tensions etfavorise les agressions. Rap-pelons que la France compte

63 351 détenus pour 52 000places. Depuis le 4 mai, la pro-fession a décidé de hausser leton. Si elle ne peut pas fairegrève, elle a bloqué 120 des 194établissements français pourdemander, notamment, deseffectifs supplémentaires. Lesgardiens de prison sont particu-lièrement remontés contre laministre de la Justice, RachidaDati, dont le projet de loi péni-tentiaire, déjà caduc, traîne tou-jours à l’Assemblée nationale.

Bouclier fiscalL’autre mensongede SarkozyLe bouclier fiscal à 50% ? « LesAllemands y sont tellementattachés qu’ils l’ont inscrit dansla Constitution », déclarait fiè-rement le chef de l’État fran-çais, le 24 mars, à Saint-Quentin. Mensonge, révèle LeMonde du 30 avril. La courconstitutionnelle de Karlsruhea certes donné gain de cause enjuin 1995 à un contribuable quiestimait illégal le fait d’avoirune imposition supérieure à50%. Mais les juges visaient lepatrimoine et non les revenus.De plus, cet arrêt n’a jamais eude valeur constitutionnelle.Enfin, cette Cour a complète-ment éliminé la possibilité d’un

bouclier fiscal allemand dansun arrêt de janvier 2006 : « Ledroit à la propriété, garanti parl’article 14 de la Loi fondamen-tale, ne saurait justifier de limi-ter à 50% demanière“générale,obligatoire et absolue” l’impo-sition directe des revenus d’uncontribuable. »

RetraiteLes Français toujoursplus inquietsAvec la crise, les Français sontanxieux pour leur retraite. Dansune enquête menée parl’Observatoire français des

retraites, 67% d’entre eux sedisent préoccupés par leurniveau de vie à la retraite et 75%se déclarent inquiets du mon-tant de la pension qui leur seraversée. 58% se montrent égale-ment soucieux pour l’accès auxsoins dans l’avenir. Un senti-ment qu’ils expliquent par unmanque de confiance à l’égarddes entreprises. La majoritépense qu’elles ne favoriserontpas l’emploi des plus de 50 ans.Et face à la dégradation desconditions de retraite, ils esti-ment qu’une épargne retraitecomplémentaire est aujour-d’hui indispensable.Page réalisée par Fanny Costes

Le cHiFFreSelon une information dévoilée parle quotidien Libération du 4 mai,21 747 dossiers de surendettementont été déposés en mars à la Banque de France. Un niveau quin’avait jamais été atteint jusqu’alors. Comparés à mars 2008, leschiffres sont en hausse de 30%.

21 747

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EN IMAGE � Actualités

Un 1er mai dans la rue, aux côtés des FrançaisPlus d’un million de personnes étaient dans la rue, le 1er mai. En 2008, ellesétaient 200 000. Une mobilisation massive qui fait écho à l’ampleur de lacrise et aux inquiétudes grandissantes de la population. Dans les 283 mani-festations organisées un peu partout en France, les slogans portaient trèssouvent sur le chômage et demandaient au gouvernement d’agir vraiment.Le PS était en première ligne pour dénoncer l’inefficacité du système actuelet réclamer un vrai plan de relance. À Paris, Martine Aubry a indiqué que lessocialistes étaient « aux côtés de ceux qui, comme nous, se battent pour aug-menter le pouvoir d’achat et pour faire des investissements dans (...) desdomaines qui créent des emplois ».

L’imaGe De La semaine

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 24 MAI 2008

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Actualités � L’HÔPITAL PUBLIC EN DANGER

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

�Une dérive versl’hôpital-entreprise

« Cette loi s’inscrit dans unelogique de restriction budgé-taire. Nicolas Sarkozy aime àrépéter que l’hôpital public abénéficié de 26 milliardsd’euros en 10 ans, mais ilomet de dire qu’à la mêmepériode, 30 milliards ont étéalloués à la médecine deville. L’essentiel des efforts adonc été assumé par l’hôpi-tal public. Aussi, lui imposeraujourd’hui une cure d’aus-

térité budgétaire, c’est nierles efforts engagés. En outre,cela se traduira par 20 000pertes d’emplois.Tout aussi grave, le textebrade la spécificité duservice public en confirmantla convergence tarifairepublic/privé : la prise encharge d’un malade sera lamême que ce soit à l’hôpitalou dans une clinique privéealors que l’hôpital assumedes missions d’enseigne-ment, prend en charge la pré-

carité et ne choisit ni sespatients ni ses pathologies.Enfin, en instituant un modede gouvernance qui donnetous les pouvoirs aux direc-teurs, y compris en matièrede projet médical, la loi HPSTvient acter la dérive vers l’hô-pital-entreprise. Les critèresbudgétaires passeront avantles critères sanitaires. Lesconséquences peuvent êtredésastreuses. Un exemple :parce qu’une amputationrapporte plus qu’un traite-

« Une catastrophe »Une dizaine de représentants des personnels hospitaliers étaient reçus le mardi 28 avril, par legroupe socialiste au Sénat. Tous ont exprimé leurs craintes. Parmi eux, Professeur LaurentBrochard, réanimateur médical, pneumologue, président du comité consultatif médical de l’HôpitalHenri Mondor de Créteil.

“Depuis de nombreuses années, l’hôpital public subit desbouleversements considérables : la tarification à l’acte(T2A), la création des pôles, les agences régionales d’hospi-talisation (ARH). Le projet HPST est en quelque sorte laréforme de trop. Cette loi est une illusion. La ministre pensequ’en transférant tout le pouvoir aux directeurs, elle va leurfaciliter la tâche. Mais ce ne sera pas facile ; ce sera unecatastrophe ! On leur demande d’atteindre l’équilibre budgé-taire en vue de la convergence programmée du public et duprivé. Cela signifie forcément des suppressions d’emplois.

Nous avons le sentiment que l’hôpital public que l’on sert et que l’on aime servir est aujourd’hui menacé. Nouscomprenons que la santé a un coût, nous sommes prêts à y participer, mais pas de cette manière. ”

Après une première lecture à l’Assemblée nationale, le projet de loi« Hôpital, Patients, Santé,Territoires » (HPST) est examiné auSénat. Parce qu’il menace gravement notre système de santéfondé sur la solidarité, ce texte fait l’unanimité contre lui, tantparmi les professionnels du secteur que dans les rangs socialistes.Secrétaire nationale du PS à la santé et à la sécurité sociale,Marisol Touraine revient en détail sur les dangers de cette loi.

« Ce texte brade la spécificité d

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�7ment long, en diabétologie

par exemple, elle risqued’être privilégiée ! »

�Aucune réponseà la désertificationmédicale

« Pour nous, socialistes, laquestion essentielle est cellede l’égalité d’accès aux soins.Cela signifie l’accès de tous àdes soins de qualité. Voilàpourquoi nous regrettonsparticulièrement le recul dugouvernement sur les dépas-sements d’honoraires. Maisc’est aussi une égalité géo-graphique qu’il faut mettreen œuvre. Les zones ruraleset les quartiers sensibles semuent en véritables désertsmédicaux. Sur ce point, la loiest très décevante car elle negarantit en rien une meil-leure répartition des méde-cins sur le territoire. Certes, il

y a ce projet de bourse pourles étudiants enmédecine enfonction de leur lieu d’instal-lation. C’est bien, mais loind’être suffisant. Il faut élabo-rer une politique d’ensemble,qui aille de la réforme desétudes médicales en impo-sant, par exemple, des stagessur le terrain, jusqu’à l’incita-tion et l’accompagnement denouvelles pratiques, tellesque les maisons de santé.Nous voudrions égalementplafonner les installationsdans les zones surdenses,mais le gouvernement ren-voie cette question auxcalendes grecques. Les ques-tions des territoires, de lamédecine de ville et de l’hô-pital sont profondémentliées.Les dysfonctionnements dela médecine ambulatoire deproximité (le manque demédecins, les gardes non

assurées…) se répercutentsur l’hôpital qui ne peut pastout assumer. »

� La santé publiqueoubliée

« Ce texte ne dit pratique-ment rien sur la santépublique si ce n’est l’interdic-tion de la vente d’alcool auxmineurs. Le projet de loi estaussi d’une grande hypocrisiesur la question de la luttecontre l’obésité. Des amende-ments avaient été déposéspour encadrer la publicitépour les produits gras etsucrés à la télévision durantles programmes pourenfants. Il a été rejeté. Laministre a sans doute préféréfaire plaisir aux lobbies del’industrie agro-alimentaire. »

Propos recueillispar Elisabeth Phililppe

é du service public »

Le service des urgences de l’Hôtel-Dieu, à Paris

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Actualités ■ L’HÔPITAL PUBLIC EN DANGER

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

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Déjà handicapés par unfinancement trop chiche,les hôpitaux vont souffrirdu nouveau tour de vis etde la gestion en direct parl’État que promet le projetde loi Bachelot.À Saint-Étienne (Loire), les élus etles syndicats s’organisentpour protéger leur CHU,garant du service public desoins, face aux appétits duprivé.

CHU en danger. Mobi-lisées depuis des mois,les professions de santé

ont contribué au succès desdéfilés du 1er mai, notammentà Saint-Étienne. Le défilé y aréuni entre 6 000 et 11 000manifestants : « Au moinsautant de monde que le 19mars », se réjouit Jean-PierreLaroche, kinésithérapeute etresponsable de la CGT qui adéfilé derrière une bannièreappelant à la défense du CHUmenacé par le projet de loi«Hôpital, Patients, Santé etTerritoires ». Après les fran-chises médicales instauréesen 2007, ce texte est une nou-velle étape dans le démantè-lement du système de santéorchestré par Nicolas Sarkozyet mis en œuvre par sa minis-tre, Roselyne Bachelot.La disparition de l’hôpitalserait un drame pour les180000 habitants de Saint-Étienne, après la fermeturedes usines Giat Industrie,

Berthier... Le CHU stéphanoisest le premier employeur dela ville avec ses 6 700 salariéset ses 2 000 lits. « S’il fautfaire comme dans les univer-sités pour faire reculer le gou-vernement, on le fera ! », ton-ne Jean-Claude Bertrand,médecin-chef du service desurgences et adjoint au maire.

Dans le rouge

La future loi Bachelot prévoiten effet une réorganisationdes CHU sur le modèle del’entreprise. « Loin de répon-dre aux besoins de la popula-tion, cette logique financièrenous poussera à sélectionnerles malades qui coûtent le

moins cher, comme le fait leprivé », analyse Paul Bouilhol,infirmier et cadre de FO.Ce chantage à l’équilibre bud-gétaire n’est qu’un outil pourreformater l’hôpital public. Eneffet, la future loi Bachelotcontinue de sous-estimer lefinancement de l’hôpitalpublic. Avant la mise en placede la tarification à l’acte en2004, le fonctionnement desCHU était assuré par unfinancement global.Désormais, leur budgetdépend principalement del’activité de chacun. Seul pro-blème, les tarifs en vigueur necouvrent pas les coûts réelsdes interventions.Résultat, lesCHU cumulent 800 millionsd’euros de déficit, dont 32 mil-lions pour le seul CHU deSaint-Étienne, ce qui en faitl’un des plus dans le rouge.« Le plan de relance socialiste

À Saint-Étienne, CHU en fin d

Le député PS Régis Juanico etMaurice Vincent, maire deSaint-Etienne, avec le médecinchef des urgences.

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propose 1,4 milliard pour leshôpitaux, mais le gouverne-ment ne veut pas en entendreparler », rappelle MauriceVincent, le maire PS de la villeet président du conseil d’ad-ministration du CHU. Commetous les élus socialistes deSaint-Étienne, Régis Juanico,député de la Loire, estime qu’ilfaut relever les tarifs dontbénéficie l’hôpital public. « Demême, la loi de financementde la Sécurité sociale devraitétablir des critères favorisantla péréquation entre les éta-blissements et les terri-toires », poursuit-il.

Deux vitesses

Du coup, pour combattre lesdéficits, le gouvernementdiminue les capacités d’ac-cueil en fermant des struc-tures ou en supprimant deslits. Sauf que, « le regroupe-ment de services sur le CHU agénéré 280 millions d’eurosde travaux et 7,3 millions defrais financiers annuels »,souligne Michel Coynel, pre-

mier adjoint au maire etancien vice-président de laCaisse primaire d’assurancemaladie de la ville. Ces ferme-tures accélèrent la mise enplace d’un système de soins àdeux vitesses. « Nous ac-cueillons au CHU des patientsde l’Ardèche et de Haute-Loirequi doivent faire deux heuresde route, depuis la fermetured’unités au Puy-en-Velay et àRoanne », s’alarme DanielCosta, infirmier en psychiatrieet élu CGT.Autre source d’économie, lessuppressions de postes. « Jene peux pas laisser dire que,globalement, dans le systèmede santé (...), on diminue lesemplois. Bien au contraire, onen crée », s’est énervée laministre de la Santé devant lesdéputés, le 28 avril. Pourtant laFédération Hospitalière deFrance évalue, très prudem-ment, à 20 000 le nombre depostes menacés si tous lesCHUexécutent les plans d’éco-nomies qui leur sont imposés.Rien qu’à Saint-Étienne, lesévaluations varient de 400,

selon les élus, à plus de 500,pour les syndicats. Pour piloteren direct la gestion des hôpi-taux, le projet de loi Bachelotprévoit un accroissement dupouvoir des AgencesRégionales de Santé, dont leresponsable est nommé enConseil des ministres, et lasuppression de la représenta-tion des élus et des syndicatsau conseil d’administrationdes CHU. « Où est la démocra-tie ? », s’interroge MichelVincent qui a voté contre leplan de rigueur imposé à sonCHU. Ce démantèlement pro-grammé de l’hôpital publicprépare des lendemains quichantent au secteur privé. ÀSaint-Étienne, l’État a autoriséen 2004 l’implantation duCentre Hospitalier Privé de laLoire qui n’est pas soumis auxmêmes obligations. « Avec leprojet Bachelot, commentvoulez-vous que l’hôpitalpublic puisse rivaliser ? »,dénonce Régis Juanico. Lesravages du libéralisme appli-qués à la santé.

Olivier Vilain

n de vie ? Ensemble à Creil contre le projet de loiLes 12e Rencontres nationales des comités de défense deshôpitaux publics et desmaternités de proximité sedérouleront à Creil (Oise) les 15, 16 et 17mai 2009

En pleine lutte pour le retrait du projet Bachelot-Sarkozy, ces rencontresvont permettre d’accroître les convergences et les mobilisations en cours.Et surtout rappeler que les destructions liées aux choix politiques menésdans le domaine de la santé depuis de nombreuses années risquent de semultiplier.Pour tout renseignement, contactez Paul Cesbron : [email protected] fiches d’inscriptions sont disponibles sur le sitehttp://www.coordination-nationale.org

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Actualités � DEUXANS DE NICOLAS SARKOZY : L’ÉCHEC

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

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La justice méprisée

«Nicolas Sarkozy a affaibli l’institution judi-ciaire et l’a transformée en machine à

punir, tacle Emmanuelle Perreux, présidente dusyndicat de la magistrature (SM). Depuis deuxans, on va dans le sens d’une justice qui seraituniquement pénale. On assiste à un alignementprogressif de la justice des mineurs sur celle desmajeurs. C’est catastrophique. »Autre attaque frontale de Sarkozy contre la jus-tice : la réforme de la carte judiciaire. Une refonteterritoriale uniquement comptable qui fait fi desmissions primordiales de la justice en France.« Cette carte judiciaire a finalement supprimé cequi fonctionnait le mieux. Les tribunaux d’ins-tance notamment (179 sont supprimés) alors qu’ils’agit d’une justice de proximité, relativementrapide. Les répercussions seront inévitables, pastant pour les magistrats que pour les justiciables.L’attente sera rallongée et les déplacements éga-lement, déplore encore laprésidente du SM. Lerecours au juge, pourtant,est aussi unmoyende fairereconnaître ses droits.Mais la droite se méfie denotre indépendance. Nonque le fonctionnement dela justice française soitparfait. Mais son affaiblis-sement est un signe del’affaiblissement de l’Étatde droit. »

Ensemble, ça devient vDeux ans que Nicolas Sarkozy est au pouvoir.Deux ans que le président de la Républiques’attaqueméthodiquement aux acquis sociaux et aux contre-pouvoirs, rompant chaquejour un peu plus le lien social. Pratiquement personne n’est épargné par cette politiqueinjuste et destructrice. Résultat, la colèremonte de toutes parts : étudiants, profs, cher-cheurs, professionnels de santé,magistrats, salariés, immigrés, internautes… Selon unrécent sondage Ifop pour le Journal du dimanche, 59% des Français se déclarent mécon-tents de l’action de Nicolas Sarkozy. Sourd aux appels de la rue, auxmanifestations quirassemblent desmillions de personnes, le chef de l’État poursuit son travail de sape, avecarrogance.Tour d’une France au bord de la crise de nerfs.

Les étrangerscriminalisés

Le gouvernement s’enorgueillitdes chiffres de reconduites

aux frontières. 25 000 environchaque année. « Un acharnementcomptable qui mène à des rafles,des contrôles au faciès, l’enferme-ment de familles entières dans lescentres de rétention », condamneViolaine Carrere, chargée d’étudesau Gisti (Groupe d’information etde soutien aux immigrés). Unedémarche que le Président sau-poudre de discours sur l’intégra-tion et la volonté de la France defavoriser l’immigration de travail,la fameuse « immigration choi-sie». « Aujourd’hui, les immigrésprésents légalement sur le terri-toire rencontrent d’importantesdifficultés pour obtenir une carte“vie privée familiale”, qui permetde travailler n’importe où enFrance et dans n’importe quelsecteur. On leur dit de faire leurdemande de carte “salarié”,laquelle donne beaucoup moins dedroits et n’autorise le travail quesur une région donnée. Ainsi, ongonfle le nombre de migrants dutravail pour pouvoir afficher deschiffres “présentables” au mo-

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t vraiment plus possible

ment du bilan. À côté, la possibilitédes mariages mixtes a considéra-blement été durcie depuis deux ans.Les contrôles sont fréquents. Lescouples sont souvent soupçonnésde contracter un mariage de com-plaisance. On criminalise l’étran-ger », souligne Violaine Carrere. Et levolet intégration dans tout ça ? Desrègles strictes sont fixées, mais lesassociations et organismes spéciali-sés continuent à voir baisser leurssubventions chaque année.

Le démantèlement du sys-tème de santé a débuté le

1er janvier 2008 avec l’instaura-tion de la franchise médicaledans la limite de 50 euros paran. Les personnes âgées et les

7,7 millions de personnesatteintes d’affection longuedurée (ALD) souffrent déjà dela mesure. Bruno-Pascal Che-valier, malade du sida, travail-leur social de 45 ans, a fait unegrève de la faim pendant plusde trois mois en 2008.« Finalement, on oblige lesgens à ne plus se soigner»,dénonce-t-il à l’époque. Avecla mise en place des fran-chises, des dérembourse-ments toujours plus nom-breux, on retire sa substanti-fique moelle à la sécuritésociale : établir une solidaritéentre le bien portant et lemalade. Et malgré ces me-sures successives, le trou de lasécu devrait atteindre un nou-veau sommet en 2009. Quipaiera alors ? Les détenteursde stock-options comme cer-

tains l’ont demandé ? Ce n’estpas la voie prise par NicolasSarkozy. Le nouveau projet deloi de réforme de l’hôpital nedit rien d’une meilleure priseen charge des patients.« Bientôt, et ça se fait déjàdans des petits hôpitaux deprovince, on pourra dire aupersonnel :vous neprenez pasce patient qui va nous coûtertrop cher, envoyez-le vers unautre hôpital, déplore JeanJarric, praticien hospitalier auservice anesthésie-réanima-tion du CHU de Nancy. Il fautdire aussi que les non-rempla-cements de postes ces der-nières années et les suppres-sions à venir vont peser sur lesmalades. Déjà cet hiver, nousavons dû fermer des lits enréanimation par manque depersonnel soignant. »

Les malades saignés financièrement

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Actualités � DEUXANS DE NICOLAS SARKOZY : L’ÉCHEC

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

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Les libertés sousétroite surveillance

Les gardes à vue ont augmenté de54% depuis 2000. Récemment,

journalistes ou bénévoles associa-tifs en ont fait les frais. Tout lemonde est un coupable en puis-sance. Avec le projet de loi Hadopisur la création et Internet, c’est autour des internautes d’être visés. Endeuxième lecture à l’Assembléenationale, le texte prévoit sinond’empêcher les téléchargementsillégaux, de lancer une véritablechasse aux internautes. Après deuxavertissements pour télécharge-ment illégal, la connexion Internetest coupée. Et aucun recours n’estpossible. Pourtant, le titulaire d’unaccès Internet n’est pas nécessaire-ment à l’origine de tous leséchanges effectués via saconnexion : s’il utilise un réseauWifi, d’autres personnes ou ses pro-pres enfants peuvent téléchargerillégalement. Et ça, le projet de loin’en tient pas compte. Il opère un fli-cage du Net incompatible avec lesdroits fondamentaux. «Le principemême de la riposte graduée est paressence contradictoire avec le droiteuropéen sur la protection des don-nées, déclarait Phi-lippe Aigrain, co-fon-dateur de la Quadra-ture du Net, à l’Hebdo,début avril. Cela ad’ailleurs été soulignépar la Commissioneuropéenne et par lecontrôleur européende la protection desdonnées qui craint devoir se développer unesurveillance systéma-tique. »

Les jeunes laissés pour compte

En 2007, Nicolas Sarkozy promettait une uni-versité rénovée, plus riche, plus profession-

nalisante. Deux ans après, lesmesuresmises enœuvre par sa ministre de l’Enseignement supé-rieur, Valérie Pécresse, n’ont fait que renforcer ladéfiance de la jeunesse envers le gouverne-ment. Car en révisant le système des bourses,en favorisant une augmentation des droitsd’entrée à l’université, en négligeant les réelsproblèmes du chômage des jeunes, le chef del’État et la droite ont fait preuve d’autisme.« Onassiste depuis deux ans,à une politique dogma-tique. Concernant l’université, l’État a démis-sionné, dénonce Jean-Baptiste Prévost, prési-dent de l’UNEF. Les moyens ont stagné. Et pen-dant ce temps, la paupérisation des étudiantsest croissante, leur incertitude face à l’avenir,renforcée par la crise. À la rentrée dernière,9 étudiants sur 10 ont vu leur situation sedégrader. Mais le plan contre le chômage desjeunes annoncé par Nicolas Sarkozy ne répondpas aux vrais problèmes. Il favorise les effetsd’aubaine pour les entreprises,mais ne cherchepas à développer l’emploi. Pourtant, ce quimanque aujourd’hui en France, ce sont desoffres d’emplois qualifiés. » Les jeunes rencon-traient déjà des problèmes structurels, la droiteles a renforcés.

AFP

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«Du mot d’ordre “La Franceau travail”, on est passé

à la réalité de la France au chô-mage ! Le gouvernement serepose sur les mauvaises prévi-sions des grandes organisa-tions internationales, comme siça lui permettait de ne rienfaire », accuse Maryse Dumas,secrétaire confédérale de laCGT. Il y a deux ans, NicolasSarkozy martelait son « travail-ler plus pour gagner plus ». Etcertains salariés l’ont cru. ChezContinental Clairoix, ils ont

accepté de travailler plus chaquesemaine pour maintenir leurs emplois.Pour quels résultats?Le site ferme.Nicolas Sarkozy a déréglementé ladurée du travail, repoussé l’âge de la

retraite à 70 ans et rendu possible lecumul emploi-retraite. « Toute sa poli-tique va à contre-sens de la crise. Et lenon-remplacement d’un fonctionnairesur deux entraînera la suppression de30000 emplois en 2009. 30000 postesque les jeunes ne pourront pas préten-dre occuper. Ce Président qui donnedes leçons au monde entier sur larefonte du système capitaliste estincapable de modifier sa propre idéolo-gie, souligne encore Maryse Dumas. SiSarkozy a fait illusion au moment deson élection sur sa capacité à revalori-ser le travail, aujourd’hui il ne dupeplus personne. Les salariés se sententtrahis. À Gandrange, le chef de l’État apromis des milliards et la sauvegardedes emplois. Il n’a rien fait. »

Pages réalisées par Fanny Costes

L’enseignement et la recherche dévalorisés

Les salariés abandonnés face à la crise

Retrouvez l’intégralité du bilan «Deux ans de Nicolas Sarkozy : l’échec » sur le site du PS : www.parti-socialiste.fr

Les enseignants et les chercheurs sontparticulièrement remontés contre le

Président. En déclarant en décembre2007 à Latran que « dans la transmis-sion des valeurs et dans l’apprentissagede la différence entre le bien et le mal,l’instituteur ne pourra jamais remplacerle curé ou le pasteur », Nicolas Sarkozya, tout en attaquant le principe de laï-cité, dévalorisé les enseignants. Il aensuite annoncé des suppressions depostes en cascade. Et depuis 2007, ilaccumule les mesures visant la destruc-tion des IUFM,organismes de formationdes maîtres d’école. Il voudrait que toutétudiant cumule l’obtention d’un mas-ter 2 avec le passage du concours deprofesseur des écoles. Il veut donc pro-longer le niveau d’études des ensei-gnants du primaire. Une façon de nier

l’importance de l’apprentissage pra-tique de cemétier. À l’université, ce sontles enseignants-chercheurs qui ont faitles frais du méprisprésidentiel. Le der-nier décret Pécressedonne au présidentd’université le pou-voir d’organiser letemps de travail desenseignants.En fonction de quelscritères certains éco-peront de davantaged’heures d’enseigne-ment et d’autresd’un temps de travailpresque entière-ment dévolu à la recherche ? Encore ettoujours, le règne de l’arbitraire.

AFP

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Actualités � DEUX ANS DE NICOLAS SARKOZY : L’ÉCHEC

L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

Depuis son arrivée à l’Elysée, il y a deux ans,Nicolas Sarkozy a pris l’habitude d’être fortavec le faible et faible avec le fort.Une politique injuste et inefficace détaillée parÉric Heyer, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE.

Voyez-vous une justificationà ce que les prêts accordésaux banques dans l’urgencel’aient été sans contrepartie ?Il est très étonnant que lerenflouement des banquesait été effectué sans condi-tion... si ce n’est le prixqu’elles devront acquitterau Trésor. Nous devons êtretrès vigilants sur l’utilisa-tion des fonds publics prê-tés aux banques. Pour cela,l’État devrait être repré-senté aux conseils d’admi-nistration des établisse-ments bancaires, mais aussià la tête de la structure miseen place pour coordonnerces aides qui a été confiée àun banquier... Cette absencede contrôle se justifie d’au-tant moins que nousn’avons certainement pas

encore découvert l’ensem-ble des créances douteuses.

En matière d’accroissementdes inégalités, le bouclierfiscal fait figure de pêchéoriginel…Nicolas Sarkozy est arrivé àl’Élysée avec l’idée reçueselon laquelle le contribuablefrançais paierait trop d’impôtsur le revenu. Il faut savoirque c’est le plus progressif etle plus redistributif desimpôts. Or, depuis 2002, sesrecettes ont constammentété abaissées. Désormais,elles représentent à peine7,7% du PIB, contre 10% enmoyenne pour les pays del’OCDE, y compris les États-Unis. Dans le même temps,les prélèvements obliga-toires, plus injustes, ont aug-menté légèrement. Le bou-clier fiscal accentue encorecette tendance. En effet, les460 millions d’euros quecoûte la mesure profitentavant tout aux 14 000ménages qui disposent desplus hauts revenus. Et encore,800 foyers se partagent lesdeux tiers de l’enveloppe. Parcontraste, songez que le plande relance français prévoitune prime de 500 millionsd’euros pour les huit millions

de bénéficiaires du Revenu deSolidarité Active (RSA). Enmettant fin au bouclier fiscalon pourrait la doubler.

Le bouclier fiscal prive-t-ill’État de recettes nécessairesà la relance de l’économie ?Nous traversons actuelle-ment une période de réces-sion d’une ampleur inéga-lée. Il faut actionner lesdeux leviers à notre disposi-tion : les politiques moné-taire et budgétaire. Labaisse des taux de la Banquecentrale européenne n’a pasréussi à relancer l’économie,si bien qu’il ne reste guèreaujourd’hui que la relancebudgétaire, c’est-à-dire lesdéficits publics. Lorsquenous serons sortis de larécession, nous devronspayer une facture qui s’an-nonce colossale. Dans cesconditions, nous sommesobligés de revenir à un bou-clier fiscal à 60%, sinon ceseront les classes moyenneset populaires qui devrontsupporter l’intégralité del’effort et pas les super-riches.

La défiscalisation des heuressupplémentaires et lavolonté d’imposer le travail

« Nicolas Sarkozy est arrivé àl’Élysée avec des idées reçues »

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dominical trouvent-ellesplus de grâce à vos yeux ?Les deux mesures procèdentde la même erreur. Le candi-dat Sarkozy croit que lesFrançais travaillent moinsque leurs concurrents. C’estfaux ! L’OCDE montre queles Français, y compris ceuxà temps partiel, consacrentchaque année plus detemps à travailler que lesautres Européens. L’écartatteint 10% avec lesAllemands et même 17%avec les Néerlandais. Laquestion du temps de tra-vail durant la vie activereprésente, en revanche, unréel enjeu, mais il est laisséde côté par le gouverne-ment. En effet, les Françaisont une vie active courte,diminuant d’autant lefinancement du système deprotection sociale. Il fau-drait donc faire en sorte queles entreprises cessent de se

séparer de leurs seniors.Voilà pour le cadre généralde la discussion, mais dansle contexte actuel de graverécession, la défiscalisationdes heures supplémentairesa eu pour effet d’accentuerla destruction d’emplois.En 2008, les patrons ontainsi préféré les utiliseret mettre fin à 100 000contrats d’intérimaires et deCDD. Un mouvement d’uneampleur inédite.

Parallèlement, le gouverne-ment cherche à faire des éco-nomies dans la fonctionpublique. Est-ce justifié ?Penser que l’on peut réduireles dépenses en ne rempla-çant pas un fonctionnairesur deux partant à laretraite, c’est faire fausseroute. La mesure représente900 millions d’euros d’éco-nomie, ce n’est pas à la hau-teur des enjeux. Il faut bien

dire aux Français que la pro-tection sociale coûte cher.Si le gouvernement refused’augmenter les impôtspour la financer, il secondamne à effectuer desmesures d’économie sansfin qui nous rapprocheronsdu modèle de société desÉtats-Unis où les servicespublics sont presque entiè-rement privatisés. Une pro-tection sociale étenduecoûte cher. Le gouverne-ment devra ouvrir le dossierde l’augmentation de sesressources en posant auxFrançais une question sim-ple : quelles recettes supplé-mentaires met-on en œuvrepour assurer le bon fonc-tionnement de notre sys-tème social ? C’est un choixde société.

Propos recueillispar Olivier Vilain

s »Symbole de la politique“bling-bling”de

Nicolas Sarkozy : son séjour sur le yacht deVincent Bolloré,au lendemain de son élection.

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Bory

Card

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AFP

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Actualités � ÉLECTIONS EUROPÉENNES

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� Investir dans lamatière grise« L’Île-de-France possède laplus forte concentrationd’universités et de centres derecherche en Europe », avanceMehdi Ouaroui, colistier deHarlem Désir. On peutnotamment citer le pôlescientifique et technologiquede Saclay, qui, dans le projetdu Grand Paris, a pour ambi-tion de devenir un territoireparmi les plus innovants enEurope. Les compétences sontprésentes, mais comme lemontre la mobilisation deschercheurs, particulièrementforte en Île-de-France, lesfonds manquent. L’Europe estune chance à ce niveau. Pourautant, elle donne parfoisl’impression de se gâcher ensous-finançant la recherche.L’effort de recherche enEurope est trois fois inférieurau budget qu’y consacrent lesÉtats-Unis (1% du PIB contre3% outre-Atlantique).« L’Europe doit investir davan-tage dans l’innovation, la

recherche et le développe-ment pour relancer son éco-nomie et créer les emplois dedemain », affirme PervencheBerès, députée européenne,en deuxième position sur laliste Île-de-France. La prioritéde l’Europe en direction de sajeunesse est en effet de luiassurer une formation initialede qualité et de rattraper lescarences existantes. « La for-mation tout au long de la vie,avec une priorité à la forma-tion de la “deuxième chance”doit être encore renforcée »,explique Pervenche Berès. Cesoutien peut être apporté pardes politiques européennes,nationales et régionales.« Nous proposons d’augmen-ter dans le budget européenles crédits destinés auxéchanges notamment pourélargir cette mobilité auxapprentis et aux adultes »,conclut la députée euro-péenne. « Pour la nouvellegénération de citoyens euro-péens, ajoute Mehdi Ouraoui,nous voulons obtenir uneliberté de circulation effective

en Europe, pour que chaqueélève puisse passer un trimes-tre durant sa scolarité dansun pays européen». Et decréer une nouvelle générationde Jean Monnet.

� Relancerl’industrie automobileFaurecia, premier sous-trai-tant de l’industrie automo-bile va supprimer 405 postessur le site d’Étampes dansl’Essonne. L’entreprise adécidé de délocaliser enPologne, Inde, au Brésil et enAllemagne. L’Île-de-France estcernée par l’industrie auto-mobile, elle est donc touchéede plein fouet par la crise éco-nomique. « Il y a beaucoupd’entreprises en lutte à causede plans sociaux non-justi-fiés », explique Mehdi Ou-raoui. « Il n’y a pas de rentabi-lité économique dans le planqui nous est proposé», recon-naît Jean-Marc Judic, déléguéCFDT de Faurecia. Les proposi-tions de la liste Île-de-Francesur la question sociale collent

L’Île-de-France, avec pourcœur Paris, fait figure depôle d’attraction. En décor-tiquant son territoire, onremarque toutefois quec’est une région en proieauxmêmes difficultés queles autres régions fran-çaises. Il lui faut réussir lepari d’aider ses entreprisesautomobiles à redresser latête pendant la crise,défendre ses servicespublics et soutenir larecherche.

Chaque semaine, L’Hebdo fait le point sur

Île-de-France : les d

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17au Manifesto rédigé par lePSE « Il faut lutter contre ledumping social et fiscal »,reprend Mehdi Ouraoui, etl’élu de citer le cas des salariésde Continental qui ont pris letrain de Compiègne pour par-tir à Hanovre manifester auxcôtés de leurs collègues alle-mands. La fraternisation surfond de plan social. « Nousdevons établir une clause desauvegarde sociale pour quel’Europe ne soit pas syno-

nyme d’une atteinte auxacquis sociaux des travail-leurs et d’un nivellement parle bas de ces acquis, insiste lecolistier de Harlem Désir. Demême, les salariés doiventêtre mieux représentés dansla gouvernance de l’entre-prise. » Pour que les salariésn’apprennent plus par lapresse les plans en prépara-tion, qu’ils disposent detemps pour faire des contre-propositions et des expertisesnécessaires avant le baisserde rideau fatal.

� Préserver lesservices publicsIl n’y a pas que dans les cam-pagnes que les servicespublics sont menacés. Lagrande région Île-de-Francen’est effectivement pas àl’abri des coups de ciseaux de

la dérégulation. Dans le Val-de-Marne, l’hôpital JeanRostand d’Ivry-sur-Seine doitfermer ce mois-ci. La mater-nité réalise près de 2 300naissances par an. « C’est unevéritable perte pour le servicepublic de la santé mais sur-tout et avant tout, pour lapopulation qui le fré-quente », dénonce Jean-YvesLe Bouillonnec, député PS.L’hôpital, les bureaux de Postelocaux, l’annexe du commis-sariat, tous souffrent du dés-engagement de l’État. AuParlement européen, lessocialistes franciliens s’oppo-sent à cette dérégulation etveulent faire du service publicà la française un exemple.« Notre objectif est de définirau niveau européen un cadrelégislatif, explique PervencheBérès, qui doit dépasser lestrict cadre national et garan-tir les missions et le finance-ment des services publicstrop souvent mis à mal parune application farouche dudroit de la concurrence et uneconception du marché inté-rieur qui fait fi notamment del’aménagement du terri-toire. » Les services publicssont un gage du bien être col-lectif, ils sont à manipuleravec précaution. « Il s’agit degarantir que les règles euro-péennes en matière deconcurrence et du droit desentreprises ne s’opposerontpas à l’accomplissement desmissions de services publicset à leur financement. »

Stéphanie Platat

oint sur les grands enjeux des Eurorégions

s défis de l’avenir

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

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Tête de liste de l’euroré-gion Île-de-France,HarlemDésir détaille les traits desa campagne, enthousiasteet revendicatrice d’un nou-veaumodèle européen.

Comment avez-vous entamécette campagne ?Je mène une campagne toutterrain, à la rencontre descitoyens, des salariés dans lesentreprises, comme Magnetoou Faurecia, confrontés à desplans sociaux. Avec mes colis-tiers, nous rencontrons lesusagers des services publics,les jeunes dans les quartiers etles universités. Les militantssont à nos côtés pour assurernotre présence sur les mar-chés, à la sortie des RER etpour les réunions publiquesque nous tenons dans tous lesdépartements. Chacun doit semobiliser pour convaincre sesamis, ses collègues, sa famille,d’aller voter car l’abstention etla dispersion sont de grandsdangers pour la gauche.D’autant que la droite a mani-festement décidé d’escamoterle débat démocratique. L’UMPméprise cette élection etméprise l’Europe : elle n’a nilistes, ni programme et achoisi des candidats dontl’Europe n’est manifestementni la priorité, ni la passion. Lesélections européennes pour ladroite, ce sont les mines de selpour les ministres en disgrâce.

Sur quels grands axes duManifesto allez-vous vousappuyer ?Le Manifesto est en lui-mêmeun événement historique : lespartis socialistes des 27 payseuropéens se sont unis autourd’un programme précis deréorientation des politiqueséconomiques et sociales del’Europe, avec 71 propositionsconcrètes pour offrir une véri-table alternative aux poli-tiques menées par les conser-vateurs et les libéraux depuis 5ans. Et seule une Europe degauche, majoritaire auParlement, pourra faire naîtreune nouvelle société euro-péenne. Avec un pacte de pro-grès social, l’obligation d’unsalaire minimum dans chaquepays, une clause de sauve-garde sociale. Et avec une vraierelance coordonnée face à lacrise, notamment grâce à ungrand emprunt de 100 mil-liards pour financer des grandstravaux européens, des inves-tissements d’avenir dans lesréseaux de transports, l’isola-

tion thermique des loge-ments, les énergies renouvela-bles, soutenir la recherche etl’innovation. Il faut changernotre modèle de développe-ment pour créer une nouvellecroissance verte, potentielle-ment riche de 10 millionsd’emplois, et une économie dela connaissance fondée sur laformation du plus grand nom-bre.

Quelles vont être les pro-chaines étapes de votre pré-sence sur le terrain ?Dans cette bataille, chaquejournée est une étape impor-tante. Je vous donne deux ren-dez-vous. Le 13 mai, au Cirqued’Hiver, pour un grand mee-ting avec Martine Aubry,Bertrand Delanoë, Jean-PaulHuchon et Antonio Costa, lemaire de Lisbonne. Il estimportant que nous y soyonsnombreux. Et avant cela, lelancement d’un nouveau blog,en ligne depuis le 4 mai !

Propos recueillispar Ariane Vincent

Actualités � ÉLECTIONS EUROPÉENNES

«Proposer une véritablealternative »

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Après le succès du meeting de lancementde la campagne des socialistes européensà Toulouse, le rendez-vous de Strasbourg

cinq jours plus tard, le 29 avril, se devait d’êtreréussi. Et ce fut le cas. Plus de 800 personnesétaient au rendez-vous pour encouragerCatherine Trautmann et les représentants de laliste socialiste de l’euro-région Est. Dans l’après-

midi, la tête de liste etMartineAubry, la Premièresecrétaire du PS au Parlement européen rencon-traient le Président du gouvernement espagnol,José Luis Zapatero, au Parlement européen. Lesoir, au Palais des congrès et de la musique,l’heure était à la mobilisation contre le bilan dutrio «Sarkozy-Barroso-Berlusconi ». Retour enimages sur cette soirée.

La parole auxcitoyensMartine Aubry et CatherineTrautmann ont rencontré les repré-sentants syndicaux des entre-prises en difficulté dans la région.Lors du meeting, la tête de liste asouhaité donner la parole à troiscitoyens pour qu’ils évoquent leurattentes vis-à-vis de l’Union euro-péenne. Trois citoyens, trois situa-tions emblématiques : un salariéd’Arcelor-Mittal (photo), un agri-culteur bio et un jeune utilisateurdes sites de téléchargement surInternet.

L’appel de Martine Aubry

« Monsieur le Président Sarkozy, je vous lance de Strasbourg un appel. Vous quiavez fait de vibrants discours sur les “patrons voyous” comme vous les appe-lez, faites voter des lois qui réduisent réellement l’écart des salaires, qui empê-chent les stock-options et les parachutes dorés dans les grandes entreprises.(…)« Certains nous reprochent de faire du vote du 7 juin, un vote sanction. Bien sûrque nous le voulons, même si nous ne nous arrêtons pas là. Mais la politiqueproposée par la droite en France et en Europe est la même que celle qui nous amenés dans le mur, il faut donc la dénoncer. La gauche doit obtenir la majoritéau Parlement européen pour changer de politique et mettre fin à celle conduitepar le trio Sarkozy-Barroso-Berlusconi. »

«Strasbourg, dont le cœurbat au rythme de l’Europe »

En meeting

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 24 MAI 2008

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Territoires � FACE À LA CRISE

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Touchée par la fermeturede Freescale et la crise dusecteur automobile, l’ag-glomération toulousainepeut compter sur uneactivité aéronautique enplein essor. Dans cecontexte, les élus multi-plient les initiatives pourfavoriser la diversité dutissu économique etpréparer au mieuxl’après-crise.

Un couperet. L’annonce dugroupeaméricaindesemi-conducteurs, Freescale, de

la fermeture, d’ici fin 2011, de sonsite de Toulouse a provoqué unvéritable tollé dans la ville rose.Au point que le maire, PierreCohen, est monté au créneaupour réaffirmersonattachementà une entreprise qui emploie1 700 salariés. Il a invité ses diri-geants à conserver l’unité derecherche menacée, en réorien-

tant son activité vers les nano-technologies. «D’autant,précise-t-il,qu’elle est financée,enpartie,par des fonds régionaux ». D’oùsa volonté de rencontrer salariéset patronat « au plus hautniveau, en allant les voir auxÉtats-Unis, s’il le faut ! »

Synergies

« 1 000 postes sont menacés dedisparition, déplore BernardKeller, maire de Blagnac, conseil-

ler général de Haute-Garonneet vice-président de laCommunauté urbaine duGrand Toulouse. J’ai bon espoirque l’entreprise maintiendra500 emplois dans le domaine dela recherche et développementet que des synergies s’opèrerontavec le pôle de compétitivité« aéronautique, espace et sys-tèmesembarqués»,qui tire l’éco-nomie locale vers le haut. » Avecune moyenne de 8 000 emploispar an et une croissancedémographique importante(+ 15 000 habitants par an), l’ag-glomération s’appuie, en partie,sur la richessede l’industrie aéro-nautique et spatiale. « Jamais lesdotations financières n’ont étéaussi importantes, se féliciteBernard Keller. Ce secteurdépend, pour l’essentiel, de mar-chés publics et de programmesde développement élaborés surle long terme. » Il peut égale-ment compter sur la présenced’Airbus et du constructeurd’avions régionaux ATR. « Le pre-mier compte 600 appareils surson carnet de commande, ce quiest exceptionnel, se félicite l’élu.

Le Capitole ne capitule pas

Un éco-quartier pour accompagner le lancement de l’A380. Depuis 2001,Andromède compte parmi les trois opérations du programme « Constellation »,

projet d’aménagement majeur du Grand Toulouse. Il compte parmi les trois ZACsituées au nord-ouest de la ville rose.Basé sur Blagnac et Beauzelle, cet espace de 210 hectares, s’inscrit dans unedémarche de qualité environnementale certifiée. Riche de 70 îlots accueillantprès de 5 000 logements et 10 000 emplois, il est entièrement dédié au secteurtertiaire. Avec trois priorités à la clé : respect de la mixité sociale, diversité desformes et fonctions urbaines, mise en œuvre de principes ciblés en matière dedéveloppement durable (priorité auxmodes de déplacement doux, préservationde la qualité naturelle du site, optimisation de la gestion de l’eau, des déchetset de l’énergie). À ce jour, Andromède est la plus grande opération d’aménage-ment urbain du Grand Sud.

B.T.

Andromède, fierté du Grand Sud

Assemblage des pièces de l’Airbus à Blagnac

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Des ruches contrele bourdon économique

L’affaire remonte à 1988. Le département du Norddécide alors de mettre au point les premières ruches

d’entreprises pour relancer l’emploi sur un territoiresinistré. Vingt-et-un an après, les sites d’Armentières,Denain, Douai, Lille-Helemmes, Maubeuge, Roubaix,Saint-Pol-sur-Mer et Villeneuve d’Ascq sont parvenus àrelever le défi. En l’espace de deux décennies, 930 entre-prises ont ainsi vu le jour, occasionnant la création de2 270 emplois. Au 31 décembre 2008, 144 PME occu-paient les lieux, pour un total de 762 salariés. Preuve quelaméthode a du bon.Et qu’il est désormais possible d’ac-cueillir, au même endroit, des entreprises traditionnellesou innovantes, quels que soient les secteurs d’activité.Dernière initiative en date : l’ouverture, à la mi-mars, dela ruche de Beauvois-en-Cambrésis, qui vient consoliderle réseau du Nord, au profit des créateurs du cru. « Cechoix s’inscrit dans une démarche d’équité territoriale,résume Bernard Derosier, président du Conseil généraldu Nord. La ruche pourrait capter chaque année 7 à8 projets et héberger ainsi, sur trois ans, entre 20 et25 sociétés traditionnelles ou innovantes. »Pour parvenir à ses fins, le département a investi3,35 millions d’euros (hors foncier) pour un local occu-pant une surface de 1 750 m2et composé de 19 bureaux,4 ateliers, 4 locaux technologiques, d’une salle de réu-nion, d’un espace de convivialité et d’un bureau informa-tique. « Notre action doit valoriser ceux qui par leursinitiatives concourent au dynamisme du territoire »,confie Bernard Derosier.Avant d’évoquer lamise en place

d’un Conseil de dévelop-pement chargé de favo-riser l’insertion de cetéquipement dans sonenvironnement politiqueet économique.

BrunoTranchant

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Pour l’heure, aucune annulationn’est à déplorer, en dépit dequelques reports sans effet surles livraisons. »

Diversification

Au-delà du cas particulier de l’aé-ronautique, c’est tout le tissuindustriel qui peut s’appuyersur l’aide des collectivités.« À Blagnac, nous avons libéré380 hectares pour créer la zoneAéroconstellation entièrementdédiée à l’Airbus A380, confieBernard Keller. Preuve que nousjouons un rôle d’aménageurs etde facilitateurs. » Une action quiencourage aussi la diversité, àl’heure où la dépendance au pôlede compétitivité ne cesse de s’af-firmer. En témoigne l’actionmenée par Pierre Cohen et sonéquipe en direction du pôleCancer-Bio-Santé et les effortsdéployés par les élus envers leslaboratoires régionaux Fabre etSanofi.« Nous nous efforçons égale-ment d’anticiper les effets de lacrise, en multipliant les rencon-tres avec les dirigeants et leurssalariés, renchérit le vice-prési-dent de l’agglo. Enfin, nousencourageons les incitations à lacréation d’entreprises, par le biaisde pépinières accolées à des sec-teurs d’activités spécialisés. »L’exemple vaut en particulierpour le secteur automobile et lessociétés de service qui subissentde plein fouet la baisse du carnetde commande.

Bruno Tranchant

La preuve par l’exemple

Bernard Derosier,Président duConseil généraldu Nord

Ruche du Cambrésis (vue de face)

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Brèves � TERRITOIRES

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L’Aquitaine au cœurde l’innovation

Du chantierÉole au centreAeropolis, enpassant parles entreprises

GFI-Chronotique et Otech,l’Aquitaine se met en quatrepour soutenir l’innovation.Ainsi, le réseau d'acteurs de l'in-sertion et de la formation Éoleest financé par le Conseil régio-nal, à hauteur de 12 millionsd’euros. Ce, afin de favoriser leregroupement de nombreusesPME sous-traitantes. « Le plusbel exemple de lutte contre lesdélocalisations », assure AlainRousset. Le Centre de formationde l’industrie et Espace deconférences Aeropolis s’inscrit,pour sa part, dans le cadredu pôle de compétitivitéAerospace Valley. Financé par laRégion, pour un montant de6,5 millions d’euros, il vise àfavoriser l’apprentissage indus-triel dans le domaine aéronau-

tique, du Bac Pro au titre d’ingé-nieur, afin de répondre auxbesoins du secteur.

Auvergne : un parisur la durée

Réunis en session extraordi-naire, les élus de la RégionAuvergne ont pris quatre déci-sions : l’injection de 14 millionsd’euros dans l’économie auver-gnate dès 2009, dans le cadredu dispositif de versementanticipé de la TVA 2008 ; ledéveloppement de l’outil deformation au service desdemandeurs d’emploi et dessalariés touchés par la crise ;une aide spéciale allouée auxPME en facilitant l’accès au cré-dit et la gestion de trésorerie ;le renforcement des voletsrecherche/développement/innovation, via un apport de1,5 million d’euros. Ces disposi-tions sont des « mesures desauvegarde immédiates, desmesures qui consolident notreéconomie » ou des initiatives

permettant « d’agir ensembleet dans la durée », résumele patron de l’exécutif, RenéSouchon.

Nantes misesur ses atouts

À Nantes, acteurs publics, pri-vés et associatifs ont décidé dese serrer les coudes pour ren-forcer la solidarité, la qualité devie et l’attractivité du territoire.« Nous avons la chance de pou-voir compter sur une économiediversifiée et entreprenanteavec un socle industriel impor-tant et un tissu de PME-PMIextrêmement diversifié, confieJean-Marc Ayrault. Depuis dixans, 60 000 emplois ont étécréés dans l’agglomération etils l’ont été pour une grandepart dans les PME-PMI. »Autre atout : une économienon délocalisable, soutenuepar la présence du secteurmutualiste, des services à lapersonne et des équipementspublics. « Nantes fait partie desquelques grandes villes dont lapopulation continue d’aug-menter, avec 2 000 nouveauxhabitants chaque année, sefélicite le maire. La dynamiqueest en marche et nous allonscontinuer de la soutenir. »

Bruno Tranchant

Reims emploie les grands moyens

Adeline Hazan, maire de Reims, et sonéquipe viennent d’injecter 81 millionsd’euros dans le tissu économique. Ainsi, laparticipation de la ville au chantier dutramway, de la Maison de quartier, dugroupe scolaire Jasmin et la constructiondu gymnase Clairmarais sont la preuved’une politique volontariste et innovante.Avec, en prime, le lancement de grandsprojets préparant le positionnement de laville centre au cœur d’une agglomérationde premier plan à l’échelle européenne.

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Vie du Parti � ACTUALITÉS

Que vous inspire la politiquemenée par le gouvernement enmatière d’intégration et d’immi-gration ?Pour ce qui concerne l’intégra-tion, pasgrand-chose,puisque lesbudgets 2009 sont soumis à unebaisse de plus de 30 %. Côtéimmigration, je ne peux quedéplorer l’absence d’efforts signi-ficatifs, au-delà d’une politiquedu chiffre dont le gouvernements’est fait une spécialité. Rien n’estmaîtrisé, tout est discrétionnaireet l’efficacité n’est pas au rendez-vous.

Et la décision d’Éric Besson,minis-tre de l’Immigration, de décon-centrer vers les préfectures le trai-tement des demandes de natura-lisation ?Alors qu’une récente étude de lasous-direction des naturalisa-tions fait part de la très grandehétérogénéité des avis émis parles préfectures, le ministre décidede généraliser et de déconcentrerles demandes vers les préfec-tures. C’est le règne de l’arbitraire! Cette décision aura pour princi-pal effet de mettre les préfetssous tension. Elle signifie la fin del’égalité de traitement, à l’heure

où les grandes démocraties ontfait le choix de la centralisationdes demandes.

Les arrestations massives de sans-papiers à Calais ne sont-elles pasla preuve manifeste de l’incuriegouvernementale face à l’immi-gration clandestine ?LorsqueNicolasSarkozydécide,en2002, de procéder à la fermeturede Sangatte, il émet un signal fortau reste de la planète pour évitertoute intrusiondans cehangardubout du monde. Cinq ans plustard, la Direction départementalede lapoliceaux frontières (DCPAF)dénombre 17 377 interpellationsd’étrangers en situation irrégu-lière pour le seul département duPas-de-Calais.Le problème s’est amplifié pours’étendre à l’ensemble du littoralde la Manche et de la Mer duNord. C’est bien la preuve quele gouvernement échoue surtoute la ligneet favorise les filièreset les réseaux de trafiquants.

Existe-t-il une alternative crédibleà la politiquemenéepar l’actuellemajorité ?Oui, à condition de définir des cri-tèresclairsenmatièrederégulari-

sation, d’attribution des titres deséjour et de naturalisation. Nousdevonsmettre fin,unebonne foispour toutes, à la fabrique dessans-papiers et des personnes ensituation irrégulière, au profitd’une circulation harmonieusedes individus. L’immigration doitêtre une réussite pour tous. Lesterritoires concernés par l’accueilet le séjour des étrangers doiventêtre étroitement associés à ladécision. D’où la nécessité demobiliserdesmoyens importantsen matière de logement, de for-mation et d’éducation. Je suisconvaincue qu’il est possible deconstruire une politique cohé-rente, sereine et harmonieuse,digne de la France et des per-sonnes qu’elle accueille.�

Propos recueillispar Bruno Tranchant

En matière d’immigration, la droite faitrégner l’arbitraire. Pour le PS, il est tempsd’élaborer une politique sereine etharmonieuse,digne de la France et despersonnes qu’elle accueille. Le point avecSandrine Mazetier, secrétaire nationaleen charge de ces questions

« L’immigration doit êtreune réussite pour tous »

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L’HEBDO DES SOCIALISTES � 9 MAI 2009

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Histoire � TIENANMEN

Du 15 avril au 4 juin 1989,desmanifestations enflammentla place Tienanmen.En l’es-pace de quelques jours,Pékins’embrase. Lesmouvementsd’étudiants,d’intellectuels etd’ouvriers dénoncent la cor-ruption qui sévit dans le payset réclament des réformespolitiques de fond.Vingt ansaprès, ces événements sonttoujours un sujet tabouen Chine.

L’image restera à jamais gra-véedans lesmémoires.Celled’un étudiant chinois usant

desoncorpspour fairebarrageàun char. La scène se déroule àPékin, le 5 juin 1989, à deux pasde la place Tienanmen, au sudde laCité interdite.Audeuxièmejour des violentes répressionsd’un gouvernement aux aboisqui a proclamé l’état de siège etfait intervenir l’armée, la veille.Depuis le 15 avril, la capitalede laRépublique populaire de Chineest la scène d’affrontementsquotidiens entre l’armée et lesmouvements d’étudiants, d’in-tellectuels et d’ouvriers quidénoncent la corruption etréclament des réformes d’ur-gence. Les premiers pointent, enparticulier, l’insécurité qui règnedans les campus et le manquede débouchés dans les villes dulittoral. Les enseignants récla-ment,pour leurpart,unmeilleurtraitement, pendant que lesintellectuels font circuler tractset pétitions pour obtenir lalibération des prisonnierspolitiques.

Grève de la faim

Ces revendications ont reçu unécho favorable auprès deproches de Deng Xiaoping, leSecrétaire général du Parti com-muniste chinois (PCC).Nombreux sont ceux qui reven-diquent la liberté d’associationet une réelle transparence enmatière de revenus.Le décès de l’ex-Secrétaire géné-ral du PCC, Hu Yaobang, le 15avril,admirépoursoncourageetson sens des réformes, accélèrele mouvement. Le lendemain,des manifestations spontanéess’organisent, place Tienanmen,pour obtenir la réhabilitation dudéfunt, limogé en 1987. Le 18,plusieurs milliers d’étudiantsorganisent un sit-in devant leGrand Palais du Peuple et ten-tent de pénétrer dans leZhongnanhai, lieu de résidencedu gouvernement. Dans la nuitdu 21 avril, quelques heures seu-lement avant les funérailles deHu Yaobang, 10 000 personness’installent placeTienanmen, endépit de l’interdiction des auto-rités policières. Une délégationfait savoir qu’elle souhaite assis-ter aux obsèques. Le 22, des étu-diantsdemandentàvoir Li Peng,principal opposant à HuYoapang, pendant que desmanifestations dégénèrent enprovince. Le 26, l’agitation batson plein. Les étudiants fondentleur propre association et choi-sissentdes représentants.Le len-demain, ils sont 50000àdéfilerdans la rue. Le mouvement

gagne la province et les ouvriersse joignent aux cortèges,en fus-tigeant la corruption du régimeet en protestant contre l’infla-tion, le chômage et le luxe danslequel les cadres du PCC se sontinstallés. Le 12 mai, les étudiantsentament une grève de la faim,place Tienanmen. Ils sont plusde 1 000, auxquels se rallientbientôt des délégations provin-ciales. À Pékin, des manifesta-tions de soutien s’organisent,réunissant, à la mi-mai, plu-sieurs centaines de milliers depersonnes.

Loimartiale

Répression ? Solutionnégociée ?Lepouvoirest partagé.Le 19mai,

Il y a vingt ans, Tienanmen

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• 15 avril : Mort de Hu Yaobang, ex-secrétaire général réformiste duPC chinois.

• 17 avril : 2 000 étudiants manifes-tent leur deuil place Tienanmenet demandent la démissiondu gouvernement.

• 19 avril : Attaque du siège du PC etrésidence des dirigeants par 8 000personnes. Interventions de la police.

• 21 avril : 200 000 manifestants surla place Tienanmen.

• 27 avril : Entre 100 000 et 500 000personnes manifestent dans Pékincontre l'éditorial du Quotidien dupeuple de la veille, qui taxe le mou-vement de « complot antiparti ».

• 13 mai : 2 000 étudiants entamentune grève de la faim, placeTienanmen.

• 19 mai : Création d'une Unionautonome des ouvriers de Pékin,qui se met aussitôt en grève.

• 20 mai : Loi martiale.

• 31 mai : Le gouvernement orga-nise une contre-manifestation.

• 4 juin : L'armée tire à vue et fait3 300 victimes.

• 6 juin : Combats dans Pékin.Barricades et violents affrontementsà Shanghai : 50 morts.

• 8 juin : L'armée occupe Pékin.Émeute à Hongkong.

• 9 juin : Deng Xioping, annoncémort par la télévision taïwanaise,réapparaît sur les écrans.

• 15 juin : Premières condamnationsà mort (1 500 arrestations environ).

• 20 juin : Premières exécutionsofficielles.

CHRONOLOGIE

le réformiste Zhao Ziyang rendvisite aux étudiants, prononceun discours qui se veut consen-suel. Une annonce officielle estprévue le soir même pour trou-ver une solution pacifique.Maismis en minorité par les parti-sans d’une ligne dure, conduitepar Li Peng, Zhao Ziyang doitplier. Le porte-parole du gouver-nement décrète la loi martiale.Les soldats de la 38e arméepren-nent position autour de la capi-tale, pendant que les étudiantsdressent des barrages. Le 20mai, ils reculent devantles contestataires pacifistes.S’ensuivent des heurts violentsqui conduisent les militaires àécraser des manifestants restéssous leurs tentes.

Du 3 au 9 juin, une purge sévèreest organisée à Pékin et danstout lepays.Les sourcesocciden-tales et la Croix-Rouge chinoisedéplorent 2 600 à 3 000 morts.Zhao Ziyang perd son siège etreste en résidence surveilléejusqu’à sa mort. Il est remplacépar Deng Xiaoping. Des cam-pagnes d’opinion suivent, tandisque lesmédias,pourtant favora-bles aux étudiants, sont mis aupas. L’idée de réforme sera ren-voyée aux calendes grecques.Vingt ans après, les événementsde 1989 sont toujours un sujettabou en Chine.

BrunoTranchant

Étudiants rassemblés sur la place Tienanmen,au cinquième jour de la grève, 17mai 1989

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Sous le voile

Zanân ou « femme » enpersan, retrace la viedu mensuel féministe

éponyme publié en Iran de1991 à 2008. L’album de cejournal, qui entremêleextraits d’articles, entre-tiens, illustrations et cou-vertures de quelques-uns de

ses 153 numéros, rend hom-mage à la belle entreprisepolitique et journalistiquequ’a menée ce magazineavant d’être suspendu etaccusé de "compromettre lasanté mentale de ses lec-trices" par le gouvernementde Mahmoud Ahmadinejad.Porte-parole des revendica-tions féministes, Zanân n’aeu de cesse de remettreen question un systèmepatriarcal discriminant etliberticide. Ce mensuel, par-fois badin mais toujours enlutte, est un aperçu de l’his-toire discontinue et contras-tée des droits des femmesen Iran.

J. P.

Shahla Sherkat, Zanân, le journalde l’autre Iran, CNRS éditions,187 pages, 35 euros.

Gaïa en danger :un sursaut est-ilpossible ?

Dans ces deux livrescomplémentaires, lesouci de clarté a été

poussé par les auteursjusqu’à indiquer, en uneformule sur la couverture,l’essentiel de leur propos :la philosophe des sciences,Isabelle Stengers, nousexhorte à « résister à labarbarie qui vient », tandisque Bertrand Méheust veutnous montrer « commentceux qui nous gouvernentnous masquent la réalitédu monde ».Selon Méheust, la crois-sance et le mode de viequ’elle rend possible dansles sociétés occidentaliséesne sont ni soutenables à

L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 9 MAI 2009

Culture ■ À LIRE,À VOIR

LIVRES

EXPO

Lille complètementà l’Est

Après avoir été capitaleeuropéenne de la cul-ture en 2004, la ville

de Lille accueille un nouveaufestival : « Lille3000 ». Sa pre-mière édition, « Bombaysersde Lille », il y a déjà deux ans,

avait connu un franc succès.La seconde « Europe XXL »durera jusqu’au 12 juillet pro-chain. Autour du thème del'Europe de l'Est, la ville et lecomité d’organisation de Lille2004 proposent près de500 événements et une cin-quantaine d'expositions plu-

ridisciplinaires. Entre musique,cinéma, théâtre, danse, expo-sitions et rencontres, dansune ambiance créatrice etcitoyenne, la ville et ses nom-breux visiteurs réfléchissentet dialoguent sur l’Europe,son histoire, son avenir, sesvaleurs et ses frontières.

J.P.Pour découvrir le programme lilloisde cet événement, un calendrier estdisponible sur le site :www.lille3000.com

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long terme ni généralisa-bles à l’humanité entière.Or ce mode de vie estséduisant : voyager, variernotre nourriture, avoir del’espace pour vivre, nouschauffer, consommer… Iln’est pas illégitime d’y êtreattaché ni de souhaiter quechacun accède à ces agré-ments.De là naissent bien desdangers. Isabelle Stengersmontre que les possibilitésde Gaïa ne sont pas illimi-tées et que nos mauvaisesmanières ont déjà deseffets désastreux avec desimplications moralementdangereuses : « S’il y a eubarbarie à La Nouvelle-Orléans, c’est bien dans laréponse qui a été donnée àKatrina : les pauvres aban-donnés, alors que les richesse mettaient à l’abri. »La destruction ou l’accapa-rement des ressources quisont le bien commun deshommes s’accélère, et nousne voulons même pas levoir. Méheust souligne quela généralisation de cer-tains bienfaits du mondemoderne à toute l’huma-nité met en danger la viemême de l’humanité.Alors que Stengers rappelleces constats auxquels nulne peut échapper, Méheustmontre leur interdépen-dance et pronostique quenous serons bientôt obligésde changer toutes nospratiques.

J. G.

Isabelle Stengers, Au temps descatastrophes, Les empêcheursde penser en rond, LaDécouverte, 210 pages, 13 euros;Bertrand Méheust, La Politiquede l’oxymore, même collection,dirigée par Philippe Pignarre,168 pages, 12 euros

Une jeunessehumiliée

Jacqueline Costa-Lascoux vient depublier L'humiliation,

les jeunes dans la crisepolitique. Dans cet essaiincisif, qui veut « inciterchacun à la responsabi-lité », la directrice derecherche au CNRS, estimeque « nous payons l'irres-ponsabilité des années1990, qui ont été celles dulibéralisme triomphant etde la critique du "modèlerépublicain" au profit de lasegmentation de lasociété ». Elle dresse untableau très noir de lamanière dont le pouvoiréconomique et politique atraité la jeunesse de notrepays. « Dans nos écono-mies, écrit-elle, le pouvoirtend vers le harcèlement

e t l ' a s su j e t t i s sement ,trouvant sa raison d'êtredans sa perpétuation et sajouissance. Le but est demettre l'autre dans unecondition d'infériorité etde dépendance », et cin-glante, elle conclut :« L'humiliation n'est pasune conséquence, elledevient une fin en soi. »Appelant à la remise encause des hiérarchiesimposées, à l'innovationdans les méthodes éduca-tives et les relations detravail et à la réforme desinstitutions et des entre-prises, elle offre des pistesintéressantes pour que lesjeunes soient enfin réinté-grés dans la vie politiquede notre pays.

C.S.

Jacqueline Costa-Lascoux,L'humiliation, les jeunes dansla crise politique, Les éditionsde l'Atelier, 2009, 230 p.,18 euros

Pages réalisées par Jacques Goulet, Julia Pasquel et Corentin Segalen.

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Portrait ■ FRÉDÉRIC ENGELMANN

L’HEBDO DES SOCIALISTES ■ 9 MAI 2009

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Frédéric Engelmann a dumal à lâcherson téléphone portable. Dansquelques jours, les membres de la

section du SPD (le parti social-démocrateallemand) de Berlin-Mitte (Berlin centre)débarquent dans le XIIe arron-dissement de Paris. Rien ne doitêtre laissé au hasard. Ce jume-lage, c’est une de ses initiatives.« L’objectif est d’échanger, d’ap-prendre à se connaître, de pou-voir dialoguer tant sur les ques-tions de politique européenneque sur les problématiqueslocales ». Frédéric l’avoue, ilmène « deux vies à la fois ». Le jour, il développe,suit et gèredes systèmespouruneentreprised’in-formatique financière. L’ingénieur reconnaît queson DEA d’astrophysique ne lui a pas permis detrouver un emploi et que son job n’est pas sa pas-sion première. Alors, dès qu’il en sort, c’est le mili-tant qui prend le relais.Militant PS,militant PSE etmilitant SPD.Un père allemand, une mère française, tous deuxprofs. Ils se rencontrent à Paris,en 1968,alors qu’ilspoursuivent leurs études.Frédéric commenteavecamusement la réactiondesonpèredevant lesbar-ricades :« Il trouvait çabizarre.»Lecouples’installeàBerlin,avant d’êtremutéà l’École européenneduLuxembourg. Le « déclic européen » pour lejeune Frédéric.À quelques semaines d’une échéance électoralequ’il juge « primordiale », celui qui s’avoue volon-

tiers fédéraliste est en permanence sur lepont. S’il insiste sur le volet social duManifesto, le programme commun à tousles socialistes européens, avec notam-ment la directive sur les services publics,

son cheval de bataille est toutaussi intéressant, mais bienmoins évident. Pour FrédéricEngelmann, l’Europe souffred’un déficit d’espace public évi-dent. « Quand on sait qu’il estimpossible de créer une asso-ciation à l’échelle européenne,et que les médias européens,hormis le « Café Babel » que

j’apprécie beaucoup, sont quasi-inexistants, com-ment peut-on espérer que le volet démocratiquede notre Union voie le jour, explique-t-il. Tant qu’iln’y a pas d’espace d’expression européen, on nepeut pas créer un système démocratique et poli-tique achevé. Comme la démocratie est un outilnécessaire pour une société vivante, l’espacepublicest l’instrumentpour faireavancer lesques-tions politiques. »Alors le jeune homme crée ses réseaux, notam-ment sur Internet,où il anime le site de sa section,mais aussi www.27roses.eu, un blog dense, crééavec ses camarades « activistes » du PSE. Son télé-phonesonneànouveau.C’est justement l’und’en-tre eux. Les affaires reprennent. Une choseest sûre, le rythme restera soutenu jusqu’au7 juin prochain.

Ariane Vincent

Europhileet fier de l’être

Tant qu’il n’y a pasd’espace d’expressioneuropéen,on ne peutpas créer un systèmedémocratique etpolitique achevé

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